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Lèpre, gale et pian : les maladies tropicales négligées de la peau au Togo requièrent une attention particulière

Homme appliquant de la crème sur le dos de sa main
La gale et d'autres maladies de la peau sont encore courantes au Togo. Wikimedia Commons/Flickr

Les maladies tropicales négligées sont un groupe de 20 maladies que l'on trouve principalement dans les régions tropicales et qui sont fortement associées à la pauvreté. Parmi elles figurent des maladies de la peau comme la gale, la lèpre et le pian. Elles sont causées par des bactéries, des virus, des moustiques ou des acariens et, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), elles touchent plus d'un milliard de personnes dans le monde, principalement dans les régions à faible revenu.

Ces maladies de la peau sont particulièrement répandues dans la plupart des pays africains. Par exemple, la population à risque du continent nécessitant une intervention pour la filariose lymphatique (une hypertrophie anormale des parties du corps, causant des douleurs et de graves handicaps) est estimée à 341 millions en 2020. Et 99 % des cas d’onchocercose, également connue sous le nom de cécité des rivières, se produisent sur le continent.

Les enfants sont généralement plus touchés que les adultes et les facteurs de risque comprennent la pauvreté, le surpeuplement, la malnutrition et l'humidité.

Les maladies tropicales négligées de la peau sont stigmatisées et peuvent affecter la qualité de vie ou le bien-être psychologique d'un individu. Elles peuvent être difficiles à diagnostiquer et il n'y a généralement que peu ou pas de dermatologues dans les régions où elles sont courantes.

Notre équipe a mené une étude au Togo, en Afrique de l'Ouest, pour évaluer le poids de ces maladies. Nous avons constaté une forte prévalence de plusieurs infections cutanées et des preuves de l'impact social subi par les patients. Nous suggérons que les autorités sanitaires locales et nationales, au Togo et plus largement en Afrique, envisagent une approche intégrant la prise en charge des infections cutanées et des programmes d'éducation du grand public afin d'encourager le signalement précoce des cas aux services de santé.

Ce que nous avons trouvé

La population étudiée était composée de deux écoles à Lomé, la capitale du Togo, et d'une communauté rurale, le village de Ndjéi. Ndjéi a une population d'environ 3 000 habitants et se trouve à 400 km au nord-est de Lomé.

Des cliniques mobiles ont été mises en place dans les écoles et les sites communautaires, entre juin et octobre 2021. Les médicaments ont été fournis gratuitement aux participants. Le cas échéant, les personnes ont été orientées vers le service approprié du système de santé. L'équipe a cherché à enregistrer les infections cutanées répertoriées par l'OMS, ainsi que les diagnostics d'autres maladies fongiques.

Des examens cutanés ont été effectués sur un total de 1 401 personnes. Parmi elles, 954 se trouvaient à Ndjéi, soit 68,1 % du total. Dans les écoles de Lomé, 447 enfants (31,9 % de l'échantillon total) ont été consultés sur 782 enfants régulièrement inscrits.

Dans l'ensemble, nous avons constaté un grand nombre d'infections cutanées. Nous avons observé 105 cas de maladies cutanées classées comme maladies tropicales négligées (7,5 % de toutes les personnes consultées souffraient d'une de ces maladies). Il y a eu 333 cas de maladies fongiques (23,8 % de toutes les personnes examinées souffraient d'une maladie fongique). Lorsque les données sont disponibles, ces chiffres sont peut-être comparables à ceux d'autres études, bien que les taux puissent varier considérablement. Par exemple, une étude éthiopienne a révélé une prévalence des maladies fongiques de 21 %, similaire aux 23,8 % que nous avons trouvés ici. Cependant, une autre étude réalisée au Bénin a fait état d'une prévalence de 49 %.

Les 105 cas de maladies tropicales négligées de la peau comprenaient 20 cas dans les écoles et 85 cas dans les communautés rurales. Les maladies tropicales négligées sont souvent plus fréquentes dans les zones rurales.

Parmi les données scolaires et communautaires, 68 cas (6,7 % du total) de maladies tropicales négligées ont été recensés chez les enfants et 37 cas (9,7 %) chez les adultes.

La plus répandue des maladies de la peau (autres que les maladies fongiques) était la gale, observée chez 86 patients (6,1 %). La gale est une infection désagréable transmise par des acariens qui creusent sous la peau et y pondent des œufs. Elle peut provoquer d'importantes démangeaisons et entraîner des conséquences secondaires, notamment d'autres infections cutanées et des maladies rénales. En Afrique, le traitement consiste souvent en une lotion cutanée appelée benzoate de benzyle et en un médicament oral, l'ivermectine, qui sont tous deux très efficaces pour tuer les acariens de la gale.

L'efficacité des remèdes traditionnels tels que le cataplasme à base de plantes (une pâte curative faite à partir de différentes herbes et plantes) pour traiter les infections cutanées dans différentes parties de l'Afrique est incertaine. Leur utilisation pourrait favoriser une infection bactérienne secondaire ou provoquer de l'eczéma autour des plaies cutanées.

Parmi les autres maladies observées dans notre étude, l'équipe a également trouvé des cas de lèpre, de pian et d'ulcère de Buruli.

Un appel à l'action

Bien que ce ne soit pas la motivation principale de l'étude, nous avons également posé des questions sur la stigmatisation. En milieu scolaire, cinq (6 %) enfants atteints de maladies tropicales négligées cutanées ont déclaré être stigmatisés, et quatre d'entre eux ont refusé d'aller à l'école pendant un ou plusieurs jours. À Ndjei, 44 participants (4,6 %) ont déclaré avoir été stigmatisés et 41 d'entre eux (93,2 %) ont manqué au moins un jour d'école ou de travail.

La stigmatisation et le problème de l'absentéisme lié aux maladies de la peau devraient inciter les autorités sanitaires à rendre le traitement de ces maladies gratuit, y compris les frais de consultation et les médicaments. La promotion et l'éducation à la santé sont importantes. Elles peuvent contribuer à persuader la population de se faire soigner. Une approche de gestion intégrée ainsi que des programmes d'administration massive de médicaments peuvent être efficaces pour contrôler ces maladies et sont recommandés dans le cadre de la feuille de route de l'OMS sur les maladies tropicales négligées.

Cette étude a fourni des données sur le nombre et les types de maladies tropicales négligées et d'infections fongiques sévissant dans les écoles et les communautés rurales du Togo. Les données ont été présentées au Togo et aux organismes internationaux concernés tels que l'OMS.

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