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Les Canadiens ont une confiance relativement élevée dans leurs médias comparativement à d'autres pays, mais cela ne signifie pas qu'ils veulent payer pour leurs nouvelles. Shutterstock

Les Canadiens satisfaits de leurs médias mais peu nombreux à payer pour s’informer en ligne

Les Canadiens sont généralement satisfaits du travail des médias et tendent à faire confiance aux nouvelles en général. Mais lorsqu’il s’agit de payer pour des services en ligne, les actualités ne sont pas une priorité.

Ce sont quelques-uns des constats que l’on peut tirer des données canadiennes du Digital News Report 2019 du Reuters Institute for the Study of Journalism de l'Université d'Oxford. Il s'agit d'une enquête internationale annuelle en ligne s’intéressant aux habitudes des consommateurs d’information, dont les résultats viennent de paraître.

En 2019, 9 % des répondants ont déclaré avoir payé pour de l’information en ligne (par exemple pour un abonnement à un média numérique, un paiement unique pour un article ou l'achat d’une application de nouvelles) ou avoir accédé à des sites d’information payants dans l’année précédant le sondage. Les Canadiens sont deux fois plus susceptibles que les Canadiennes d’avoir payé pour des nouvelles en ligne (12 pour cent contre 6 pour cent).

Seul 1 pour cent de l’ensemble des personnes interrogées rapportent avoir fait un don à un service de nouvelles en ligne pour cette même période. Ceci n’est pas surprenant, compte tenu de la rareté des producteurs de nouvelles au Canada qui sollicitent des dons. Par ailleurs, si les Canadiens sont peu portés à payer pour s’informer en ligne, c’est sans doute parce que les contenus gratuits y sont abondants.

Ces résultats soulèvent des interrogations quant à l’effet incitatif des crédits prévus dans le dernier budget fédéral pour les abonnements numériques et les dons à des médias écrits canadiens. Ces deux mesures, accompagnées d’un crédit remboursable pour les frais de main-d’oeuvre, visent à soutenir le journalisme dans l’environnement numérique. Rappelons que les journaux peinent à compenser des pertes de plus de 60 pour cent de leurs revenus publicitaires. La majorité des dépenses publicitaires en ligne sont maintenant versées à des plateformes étrangères qui ne produisent pas de contenus d’information.

Les quotidiens s'efforcent d'élaborer de nouveaux modèles de financement pour compenser cette baisse. Verrons-nous plus de murs payants ou d'organismes à but non lucratif dans les années à venir ? Et les Canadiens contribueront-ils ainsi de façon plus substantielle aux financements des nouvelles ?

Les jeunes plus enclins à payer

Nos résultats suggèrent qu’il y a un potentiel de croissance.

En effet, les jeunes adultes sont deux fois plus nombreux à avoir payé pour des nouvelles en ligne (14 pour cent chez les 18-34 ans, 7 pour cent chez les 35 ans et plus). Il en est de même pour les hommes (12 pour cent) comparativement aux femmes (6 pour cent).

Bien que le cinquième des répondants qui ne payaient pas pour des nouvelles en ligne ont affirmé, lors de l’enquête 2018, qu’ils envisageaient de le faire dans l’année à venir, la proportion des répondants qui ont réellement acheté du contenu est demeurée identique depuis (9 pour cent).

S’ils devaient choisir un seul service d’abonnement payant en ligne pour la prochaine année, 40 pour cent des répondants privilégieraient un service de diffusion de vidéos en ligne comme Netflix et 10 pour cent un service de diffusion de musique comme Spotify. Seulement 9 pour cent conserveraient un abonnement à des nouvelles en ligne.

Les Canadiens âgés entre 18 et 34 ans sont encore moins susceptibles (4 pour cent) que les autres de choisir un abonnement à des nouvelles s’ils n’avaient droit qu’à un seul service payant pour l’année à venir.

Confiance et satisfaction

Environ la moitié (52 %) des Canadiens disent faire confiance « à la plupart des informations, la plupart du temps ». Cette proportion a quelque peu varié depuis 2016 (voir graphique). La baisse depuis le pic de 58 % observé en 2018 est particulièrement importante parmi les francophones (-12 points) et les répondants de moins de 35 ans (-11 points). Il faut souligner que l’échantillon francophones a été sondé en février, au plus fort de l’affaire SNC-Lavalin.

Les répondants font nettement moins confiance aux nouvelles dans les médias sociaux et les moteurs de recherche qu’aux nouvelles en général, et encore moins qu’aux nouvelles qu’ils consomment.

Niveau de confiance dans les nouvelles en général, nouvelles consommées, nouvelles dans les médias sociaux et les moteurs de recherche, 2016-2019. The 2019 Digital News Report, Author provided

Le Canada et l'Irlande en tête pour la profondeur de la couverture médiatique

Les Canadiens ont une opinion relativement positive du contenu journalistique qu'ils consultent, particulièrement en ce qui concerne les nouvelles de dernière heure et la profondeur des reportages et analyses. En effet, pour cette dernière considération, le Canada et l'Irlande sont en tête de la liste des pays sondés dans le Digital News Report.

Les Canadiens apprécient un peu moins le ton de la couverture médiatique et la pertinence des sujets choisis pour les reportages. Une majorité d'entre eux (60 pour cent) sont cependant d'accord pour dire que les médias de leur pays les aident à comprendre les nouvelles - parmi les proportions les plus élevées dans les 38 pays étudiés.

Enfin, la plupart semblent se prémunir contre la désinformation, surtout les jeunes répondants. Les deux tiers des Canadiens (70 pour cent) et les trois quarts des répondants de moins de 35 ans (76 pour cent) ont consulté plusieurs sources pour comparer la couverture d'un reportage. Ils ont décidé de ne pas partager le contenu lorsqu'ils n'étaient pas certains de son exactitude ou ils ont commencé à se fier davantage aux sources de nouvelles qui sont considérées plus fiables, entre autres pratiques.

Nous ne pouvons qu'espérer que ces bonnes habitudes se poursuivront pendant la campagne électorale fédérale de cette année au Canada et au-delà.

This article was originally published in English

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