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Le laboratoire créatif

Cette sensation de « ce qui est vrai »

Mervyn Chan/Unsplash

Cette chronique est dans la droite ligne et se nourrit des recherches et rencontres publiées sur mon site Les cahiers de l’imaginaire.


S’agit-il de logique pure ? Bien sûr que non, il serait ridicule de dire cela. Mais s’il est juste de considérer un raisonnement comme étant la somme de deux éléments : l’intuition et la pensée analytique, quelle est la part de chacun ?

Des chercheurs canadiens proposent l’hypothèse suivante : lorsqu’un raisonnement s’opère et qu’une solution, une idée, une pensée nous vient à l’esprit, il est à chaque fois accompagné d’un processus de métacognition, une « sensation de ce qui est vrai ». Cette métacognition nous indique alors si oui ou non nous devons suivre notre intuition initiale sur une analyse.

Dans chacune de leurs expériences, les chercheurs ont noté une correspondance étroite entre la « sensation de ce qui vrai » et deux paramètres de la pensée analytique :

  • Une « sensation de ce qui vrai » de faible intensité associée à un temps de réflexion long et à une probabilité accrue de changer d’avis.

  • Une « sensation de ce qui vrai » de forte intensité correspond, à l’inverse, à un temps de réaction rapide. La décision est prise et il est peu probable que nous changions d’avis.

Pour que nous puissions obtenir de meilleurs résultats, l’intuition et la pensée analytique doivent procéder conjointement.

Dans le domaine de la production artistique, la pensée analytique puise son savoir dans la virtuosité de l’artiste. Cette habileté se construit au fil de la pratique. L’artiste qui pratique intensément son art, accumule une connaissance pratique de ce qui est réalisable ou ne l’est pas, de ce qui aura un impact émotionnel.

Mais, au-delà de cette « sensation de ce qui est vrai », comment définir ce qu’est l’intuition ? Pourquoi faudrait-il s’en préoccuper ?

Innover est un impératif. Les problèmes que devra surmonter l’humanité au cours des années à venir la forceront à trouver de nouvelles solutions. Pour innover, il faut être créatifs. Et pour être créatifs, il faut faire preuve d’intuition.

Il existe, selon des chercheurs japonais qui ont mené une étude sur le rôle de l’intuition et de la capacité de synthèse sur la créativité et l’innovation, deux types de créativité :

  • La créativité qui cherche à générer des idées qui se démarquent des concepts traditionnels.

  • La créativité qui aboutit à de nouveaux produits à partir d’une combinaison des connaissances et des technologies existantes.

Quelle part d’intuition dans ce processus ?

L’intuition, toujours selon les chercheurs japonais, est ce qui initie une prise de décision suite à la reconnaissance de motifs et de correspondances lors d’une expérience sensorielle. Cette intuition expérientielle ou associative peut être décrite comme la prise de conscience qu’une chose est reliée à une autre, cette prise de conscience est basée sur la sensibilité propre à l’observateur.

Le processus de design

Le processus de design comprend à la fois l’analyse et la synthèse :

Analyser, consiste à comprendre la nature d’un objet en le décomposant. Synthétiser, pour innover, consiste à combiner des éléments existants en un tout qui n’existe pas encore.

Le cycle de création du design intégrateur comprend les étapes suivantes :

  • Identification de connexions entre différentes données et technologies.

  • Formulation d’hypothèses découlant des connexions établies.

  • Les applications possibles (les produits) deviennent apparentes, ou se révèlent d’elles-mêmes en examinant les connexions établies.

Les chercheurs ont tenté de mettre à profit l’approche du design intégrateur en la proposant à un groupe d’étudiants en design.

Les résultats sont intéressants et constituent des exemples d’innovations originales :

Creativity in Innovation Design.
  • Une caméra-fourmis : une petite caméra pouvant s’introduire dans un espace difficile d’accès pour les humains et se déployer en essaim pour prendre des photos. Théâtre d’opérations : lieux de sinistres.

  • Une montre-guetteuse : une montre qui transmet des données (heure, lieu, dangers) par conduction osseuse, telle une abeille qui communique sa position par bourdonnement. Théâtre d’opérations : lieux publics ou à l’intérieur d’une automobile, par exemple.

  • Une lampe-singe : une lampe qui peut être installée de différentes façons, à l’instar d’un singe qui peut s’agripper à l’aide de ses pattes ou de sa queue. Théâtre d’opérations : à l’intérieur d’un bâtiment.

  • Un filet à poissons : un petit sous-marin qui fonctionne comme une baleine. Le sous-marin produit des bulles d’air et des sons. Il opère en coordination avec d’autres sous-marins de même type pour confondre des poissons et les diriger vers un filet. Théâtre d’opérations : milieu sous-marin.

Cette semaine, je vous propose d’animer un atelier avec les membres de votre famille, vos amis ou vos collègues. Donnez-vous la mission de créer quelque chose de nouveau en suivant les conseils de cet article. C’est l’exercice de la semaine !

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