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bras robotisé à l'extérieur de la station spaciale lunaire
Représentation artistique du Canadarm3, le système robotisé intelligent canadien, à l’extérieur de la station spatiale lunaire Gateway. (Agence spatiale canadienne, NASA)

Les innovations spatiales canadiennes sont essentielles aux missions Artemis

Ce mois-ci marque le 50e anniversaire du dernier pas de l’humain sur la Lune, lors de la mission Apollo 17. La NASA a récemment franchi une première étape importante dans le retour des humains sur la Lune avec la mission Artemis I.

Orion est un vaisseau d’exploration utilisé dans la mission Artemis I ; c’est la fusée la plus puissante jamais construite. Le 11 décembre, le vaisseau spatial sans équipage est revenu sur Terre après 25,5 jours dans l’espace.

Images en direct de la NASA de l’amerrissage d’Orion dans l’océan Pacifique le 11 décembre.

Avec cette mission, le Canada est prêt à s’engager dans une nouvelle ère d’exploration lunaire.

Je suis un astrogéologue qui étudie les roches provenant de la Terre, de la Lune et de Mars dans le but de comprendre l’origine et l’évolution de notre système solaire et de la vie elle-même ; j’assure également la formation en géologie des astronautes d’Artemis. Je suis aussi le chercheur principal de la mission de rover lunaire canadienne.

D’Apollo à Artemis

Bien qu’il soit dirigé par la NASA, ce retour sur la Lune est une entreprise mondiale qui s’inscrit dans l’esprit de la Station spatiale internationale. En effet, même à bord d’Artemis I, le module de service européen (ESM) fourni par l’Agence spatiale européenne, qui produit de l’énergie, de l’oxygène et de l’eau pour le module d’équipage Orion, a apporté une contribution essentielle.

Artemis I représente un programme complet consacré non seulement au retour des humains sur la surface de la Lune (y compris l’atterrissage lunaire de la première femme et du premier astronaute BIPOC), mais aussi à l’établissement de la première présence à long terme à la fois sur la Lune et dans la station lunaire Gateway en orbite autour de la Lune.

Faisant preuve d’une grande clairvoyance, le Canada a été l’un des huit premiers pays à signer les accords d’Artemis, une série d’ententes multilatérales entre les États-Unis et les gouvernements des pays souhaitant participer à ce programme. Depuis la signature initiale en octobre 2020, 13 autres pays ont rejoint cet effort véritablement international.

représentation artistique d’un vaisseau spatial en orbite autour de la Lune
La station lunaire Gateway est une station spatiale qui doit graviter autour de la Lune. (NASA/Flickr)

Le premier Canadien sur la Lune

La deuxième mission prévue, Artemis II, marquera la première fois en 50 ans que des humains retourneront sur la Lune avec une manœuvre de survol analogue à celle de la première mission Apollo, Apollo 8, effectuée en 1968.

Le Canada a peut-être réussi l’un des plus grands coups de l’histoire de l’exploration spatiale en obtenant un siège pour un astronaute canadien sur la mission Artemis II, planifiée pour 2024.

Cette mission, qui durera jusqu’à trois semaines, permettra de tester toutes les technologies nécessaires à la prochaine mission Artemis III qui fera atterrir des humains sur la Lune, et se déroulera à une distance la plus éloignée de notre planète jamais atteinte par un Canadien.

Le Canada sera ainsi le deuxième pays au monde à envoyer un humain dans l’espace lointain. Pour la première fois dans l’histoire, des yeux canadiens assisteront à l’emblématique « lever de Terre » lorsque le vaisseau spatial surgira de derrière la Lune au cours d’un survol lunaire.

Le rôle du Canada dans l’exploration lunaire

Alors que nous attendons le lancement d’Artemis II et III, une quantité incroyable d’activités liées à l’exploration lunaire se déroule au Canada. Le gouvernement canadien a annoncé un nouveau financement pour l’Agence spatiale canadienne (ASC) en février 2019, donnant ainsi un sérieux coup de pouce aux aspirations lunaires du Canada. Ce financement soutient la participation du pays à la station lunaire Gateway dirigée par la NASA et à l’établissement du Programme d’accélération de l’exploration lunaire (PAEL).

Le bras robotisé Canadarm3 est la principale contribution du Canada à la station lunaire Gateway. Construit par la société canadienne de technologie spatiale MDA, cet équipement revêt une importance capitale : il s’agit d’une pièce d’infrastructure essentielle sans laquelle la NASA et ses autres partenaires internationaux ne seraient pas en mesure de bâtir ou d’exploiter la Gateway.

photographie d’un vaisseau spatial avec la Lune et la Terre en arrière-plan
Orion acquiert une vue unique de la Terre et de la Lune, observée depuis une caméra montée sur l’un des panneaux solaires du vaisseau spatial. (NASA)

La technologie spatiale canadienne

Le 14 novembre, le gouvernement canadien a annoncé que la Canadensys Aerospace Corporation avait obtenu un contrat de 43 M$ dans le cadre du programme PAEL pour concevoir et construire un rover lunaire. Il s’agira de la première mission de rover dirigée par le Canada à la surface d’un autre corps planétaire.

Le rover étudiera la géologie de la région du pôle Sud de la Lune et recherchera de la glace hydrique. En tant que chercheur principal de cette mission, je travaillerai avec cinq universités et huit entreprises canadiennes.

Il est important de souligner que la conception de ce rover compte parmi les plus grands projets d’ingénierie jamais réalisés par les Canadiens quant aux difficultés techniques. Je suis incroyablement fier de ce que notre équipe a accompli jusqu’à présent, mais il nous reste beaucoup de travail à faire pour être prêts pour 2026.

En plus de devoir tout entasser, y compris sept instruments scientifiques, dans un minuscule boîtier de 30 kilogrammes, il faut s’assurer que tout peut résister à une nuit sur la Lune. À titre de comparaison, le rover Perseverance actuellement en service sur Mars pèse la bagatelle de 1 025 kilogrammes.

Bien que cela puisse sembler négligeable, une nuit lunaire peut durer jusqu’à 14 jours terrestres et les températures peuvent chuter à -200 °C. La réalisation de cet objectif pourrait s’avérer utile pour nos longs hivers canadiens.

Heureusement, nous n’aurons pas à attendre trois ans pour voir la technologie canadienne atteindre la surface de la Lune.

Le jour même où la capsule Orion est revenue sur Terre, la mission lunaire des Émirats a été lancée de Cap Canaveral, en Floride. Elle représente l’avenir de la collaboration mondiale : une mission internationale de micro-rover dirigée par les Émirats arabes unis, avec un module atterrisseur conçu et construit par la société japonaise ispace, et un lancement assuré par SpaceX.

Grâce au financement du programme PAEL de l’ASC, l’entreprise d’Ottawa Mission Control Space Services travaille actuellement à la conception d’un logiciel d’apprentissage profond pour les missions lunaires.

Canadensys travaille également à la mise au point d’une caméra panoramique pilotée par l’IA à bord du rover lunaire et testera d’autres technologies lors de trois missions lunaires ultérieures.

une image de la Terre prise depuis la surface de la Lune
La photo emblématique du « lever de Terre », capturée par l’astronaute William Anders en 1968. (NASA)

Des perspectives renouvelées

Au moment où nous retournerons sur la Lune, j’espère que toute l’humanité pourra revivre ce moment où Apollo 8 a capturé la première image du « lever de Terre » ou quand Apollo 17 a immortalisé la célèbre image de la bille bleue de 1972.

L’espace témoigne de ce que l’humanité peut accomplir lorsque nous collaborons pour relever des obstacles apparemment insurmontables. Les images d’Apollo et d’Artemis nous rappellent que nous sommes tous des passagers du vaisseau spatial Terre, un point bleu pâle à la dérive dans l’immensité de l’espace, notre seule maison, une maison que nous devons préserver et protéger.

This article was originally published in English

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