Les Jeux olympiques de Paris affichaient d’importantes ambitions en matière d’économie circulaire. Si la nomination d’un responsable allait dans le bon sens, quel bilan affiche-t-il ?
Alors que la planète est confrontée à des défis environnementaux de plus en plus pressants, notamment la diminution rapide des ressources naturelles, l’idée d’une économie circulaire est souvent présentée comme une alternative prometteuse.
Les organisations sportives n’échappent pas à cette tendance. En France, plusieurs d’entre elles s’efforcent de réduire l’empreinte carbone de leurs événements. Ecotrail, par exemple, qui organise chaque année des courses à pied en banlieue parisienne, offre à tous ses participants des tickets de transport en commun pour se rendre sur la ligne de départ et prend en charge les trajets en train des coureurs participants. Toutefois, la circularité des mégaévénements sportifs n’est pas encore acquise.
Nomination d’un responsable
Leader dans ce domaine, le comité d’organisation de Paris 2024 s’est fixé pour objectif de diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre émises par rapport aux Jeux de Rio 2016 ou de Londres 2012, estimées en moyenne à 3,5 millions de tonnes d’équivalent CO₂ (Mt eq CO2). C’est le premier comité d’organisation des Jeux olympiques à avoir nommé un responsable de l’économie circulaire.
Mais qu’est-ce que l’économie circulaire ? Le concept peut se résumer à trois principes clés :
Utiliser moins de ressources en donnant la priorité aux ressources existantes
Mieux utiliser ces ressources en promouvant une conception régénératrice
S’appuyer entièrement sur les ressources renouvelables et éliminer l’utilisation de ressources vierges
Les 10 engagements de l’économie circulaire
En novembre 2023, le comité d’organisation de Paris 2024 a publié dix engagements sur la manière de concrétiser l’économie circulaire :
Bâtiments : 95 % des infrastructures temporaires pour les sites des Jeux, 100 % de seconde vie pour les structures et infrastructures temporaires
Mobilier : 100 % de mobilier de salle en seconde vie, 90 % des produits de marketing et de signalisation réutilisés ou recyclés
Équipements : 100 % des contrats prévoient une seconde vie des équipements, au moins 60 % des équipements sportifs, technologiques et de sécurité sont loués
Restauration : 50 % de plastique à usage unique en moins dans la restauration, 80 % des déchets de consommation évités ou récupérés pendant les Jeux
Produits olympiques : 15 % des produits sous licence fabriqués en France, 15 % des produits sous licence fabriqués à partir de matériaux biologiques ou recyclés
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Mobilier en prévente pour l’après-JO
La plupart de ces engagements correspondent au premier principe de priorisation des ressources existantes par rapport aux nouvelles. En ce qui concerne la section sur le mobilier, nous pouvons noter que la commission a déjà progressé dans son objectif de réutilisation.
Ainsi, en mars, plusieurs mois avant leur première utilisation dans le cadre des Jeux olympiques, une partie des 62 400 chaises de bureau, bureaux et étagères, étaient déjà en prévente pour la période suivant les Jeux. D’autres annonces concrètes ont été faites pour honorer l’engagement d’assurer une seconde vie aux infrastructures, comme l’information selon laquelle le nouveau centre aquatique de Seine Saint Denis servirait désormais aux cours de natation des écoliers.
Peut mieux faire ?
Cependant, la stratégie ne mentionne pas les sources d’énergie ni les émissions liées à l’énergie nécessaire à la réalisation des Jeux olympiques de Paris. Peu d’attention est accordée aux modèles de consommation alternatifs tels que la location, le leasing et le partage. Par exemple, 60 % des équipements sportifs, technologiques et de sécurité sont loués.
La production locale est favorisée, mais dans une très faible mesure, puisque seuls 15 % des produits sous licence sont fabriqués en France et utilisent des matériaux biologiques ou recyclés. Il s’agit d’un résultat plutôt médiocre dans la perspective des petites productions locales et des circuits de consommation comme autre caractéristique de l’économie circulaire.
En mars 2024, Paris 2024 a fait pour la première fois le point sur les impacts de la stratégie circulaire. Grâce à l’application d’une stratégie d’achat responsable « 90 % des six millions d’éléments de ressources utilisés seront (re)déployés »](https://press.paris2024.org/news/18-march-2024-paris-2024-presents-the-first-results-of-its-circular-economy-strategy-07c4-7578a.html).
Dans l’ensemble, le Comité d’organisation de Paris 2024 a fait un effort réel, sérieux et respectable pour rendre les Jeux olympiques plus circulaires, mais la balle est déjà dans le camp de Los Angeles pour rendre les Jeux vraiment circulaires.