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Les leviers inactivés du développement international des PME françaises

À l'heure actuelle, seules 30% des PME françaises exportent. Krunja / Shutterstock

Cette contribution s’appuie sur l’article intitulé « Déterminants de l’internationalisation des PME françaises » publié dans la « Revue internationale PME ».


L’économie monde crée des opportunités de production à moindre coût ; la convergence politique, sociale et commerciale permet d’accéder à de nouveaux clients aux modes de consommation homogénéisés et à une diminution des droits de douane. Enfin, la globalisation financière permet la levée de capitaux dans le monde entier. Les opportunités à l’international pour les PME existent bel et bien. Pourtant, ces dernières réalisent aujourd’hui moins de 20 % de leur chiffre d’affaires à l’exportation et seules 30 % d’entre elles exportent.

Des chiffres qui contrastent avec la place importante de ces quelque 3,8 millions de PME dans le tissu économique français. Selon l’Insee, elles représentaient en 2015 plus de 95 % de l’ensemble des entreprises, 48,3 % de l’emploi salarié (en équivalent temps plein). Les PME étaient par ailleurs à l’origine de 82 % des créations d’emplois et 57 % de la valeur ajoutée.

Les déterminants de l’internationalisation mal identifiés

Comment expliquer alors une si faible intégration des PME dans les exportations françaises ? Pour le comprendre, il s’agit de réfléchir aux déterminants de l’internationalisation. L’analyse des recherches antérieures et trois enquêtes que nous avons menées permettent de dégager trois aspects principaux :

  • D’abord, l’importance des facteurs d’ordre organisationnel, telles la capacité à développer une structure tournée vers l’international (encadrement, formation du personnel) et l’ouverture à l’information (technologies de l’information et de la communication, e-business, knowledge management). La structure organisationnelle, ou compétence export en interne, est aujourd’hui le principal déterminant de l’internationalisation. Or, cette compétence est généralement mal identifiée en tant que telle dans les PME, même si, dans certains cas, elle existe.
« Ces erreurs managériales qui pénalisent nos exports », interview de Stéphan Bourcieu pour Xerfi canal, février 2015.
  • Des facteurs humains, tels le dynamisme social du dirigeant, sa formation, son ouverture, ses expériences à l’étranger (voyages fréquents, réseaux d’entrepreneurs, pratique des langues étrangères), constituent aussi un déterminent essentiel. L’entrepreneur joue en effet le rôle d’un catalyseur d’ouverture vers les marchés étrangers. Cela ne correspond pas à un mode de fonctionnement préétabli mais à une recherche de conquête constante.

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  • Enfin, des facteurs techniques, comme la maîtrise d’un niveau technologique avancé (recherche et développement, brevets), entrent en jeu. En 2016, les PME représentaient seulement 21,2 % des demandes de brevets publiées. Ceci s’explique par le fait qu’elles se développent généralement autour d’un savoir-faire central. Cette spécialisation les conduit à nouer des liens avec d’autres entreprises pour mener à bien leurs projets innovants. Or, comme innover revient à redéfinir les savoir-faire de l’entreprise, une démarche d’innovation peut bouleverser une entreprise mono-métier. Les PME rechignent donc à s’y risquer par leurs propres moyens.

Dispositifs d’accompagnement mal ciblés

On comprend, à l’étude de ces déterminants, que la PME française doit à l’heure actuelle trouver des alliés qui combleront ses manques si elle veut croître à l’export, d’autant plus que la compétition internationale requiert des expertises multiples, ainsi qu’une optimisation de chaque fonction de l’entreprise. Parmi ces alliés potentiels figurent également les pouvoirs publics, qui proposent des accompagnements à l’internationalisation. De nouvelles mesures de soutien, pour l’essentiel financier, prévues dans le projet de loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), viennent d’ailleurs étoffer les dispositifs existants.

On peut toutefois regretter que ces dispositifs n’accompagnent pas les dirigeants de PME vers une évolution organisationnelle, une montée en compétences adaptée ou le développement d’outils existants mais inexploités dans l’entreprise. Autrement dit, qu’ils ne jouent pas sur les déterminants de l’internationalisation. Selon une étude récente, le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) n’a d’ailleurs pas eu d’impact sur le volume d’exportations, ce qui illustre parfaitement les limites du soutien public lorsqu’il n’est que financier. Seules des structures régionales, dotées d’interlocuteurs suffisamment proches des PME, sont en mesure de construire et mettre en place un soutien adapté à ces dernières.

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