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Une fille sur un trapèze recevant des instructions, avec une autre fille grimpant à une corde en arrière-plan.
Les chercheurs ont constaté que les activités de cirque améliorent les compétences en matière de mouvement, la confiance et la motivation. (© Marie-Andrée Lemire, École nationale de cirque, 2019), Author provided

Les nombreux avantages d'apprendre les arts du cirque à l'école

À Winnipeg, douze écoles publiques ont actuellement incorporé un programme de cirque dans leurs cours d'éducation physique.

Les arts du cirque gagnent en popularité dans les écoles du monde entier. Au Québec, par exemple, quelques écoles secondaires les ont intégrés comme option dans leur programme, comme l'école La Seigneurie, dans la région de Québec. L'École nationale du cirque offre aussi des formations aux enseignants des niveaux primaires et secondaires. Ajoutés aux programmes d'éducation physique, les arts du cirque ne motivent pas seulement les enfants à faire de l'exercice, mais leur permettent également de développer d'autres capacités, au-delà des capacités physiques.

Mon équipe de recherche au Centre de recherche, d'innovation et de transfert en arts du cirque (CRITAC) a mesuré la résilience et la littératie physique chez les étudiants qui ont commencé des activités de cirque en éducation physique. La littératie physique ou « savoir-faire physique » est la capacité, la confiance et la connaissance d'être actif pour la vie.

Pourquoi la littératie physique est importante pour les enfants

J.J. Ross, coordinateur d'éducation physique et de santé à la division scolaire de St.James Assiniboia, a aidé à implémenter les activités de cirque dans quatre écoles au Canada, rejoignant ainsi 160 étudiants. Il explique que le plus grand bénéfice qu'il ait remarqué chez les jeunes est dans leur gain en motivation et confiance en eux. Car les arts du cirque ne concernent pas que la littératie physique, il s'agit aussi de performer. Il ajoute:

Je suis ce qu'on appellerait un ‘gars de sport’, et tout ce que j'ai fait dans ma vie avait pour objectif d'être en compétition avec une ou plusieurs personnes. L'objectif ici est de se divertir, pas d'être en compétition. Cela permet ainsi à d'autres enfants de faire du sport différemment et d'être actif pour la vie.

L'initiative mise en place à la division scolaire de St.James Assiniboia faisait partie d'un projet de recherche dans lequel des activités de cirque étaient implémentées dans le cursus d'écoles canadiennes dans des classes de niveau 4-6 (âge de 9 à 12 ans). Les activités comprenaient la jonglerie avec balles et foulards, le bâton-fleur, le rola bola, le diabolo, les échasses, le monocycle, la trampoline, le trapèze, la corde lisse, les cerceaux, le fil de fer et la roue allemande. Mon équipe de recherche a comparé la littératie physique entre ces étudiants et ceux ayant reçu des cours standards d'éducation physique.

La division scolaire de St. James Assiniboia a pris part à un projet de recherche implémentant les arts du cirque dans le cursus scolaire au Canada dans les classes de niveau 4-6.

Nous avons découvert que le cirque améliore les habiletés motrices, la confiance et la motivation. Ils ont également découvert un fait nouveau et marquant: le cirque réduit l'écart entre les garçons et les filles, avec des avantages psychologiques positifs pour les filles, potentiellement en lien avec la nature inclusive et participative du cirque.

Le cirque, dans ses formes variées, alterne entre pratique individuelle et collective. Il s’agit d’une activité non compétitive qui encourage à développer des mouvements artistiques et personnels. Ces aspects motivent les étudiants à participer aux activités physiques, particulièrement les filles, et offrent un défi pour tous les niveaux. Ils permettent de répondre aux différents intérêts de chacun.

L'enseignement des arts du cirque est fort prometteur, car il contribue à casser le cycle de l'inactivité physique qui prévaut dans notre société aujourd'hui. De plus, le concept englobe beaucoup plus que des habiletés physiques, puisque les arts du cirque ont aussi un effet psychologique et émotionnel bénéfique.

Les bénéfices psychologiques et émotionnels

Les résultats montrent que l'apprentissage des arts du cirque permet de développer ses compétences sociales,
d'améliorer son jugement face à la prise de risque, d'aligner son image de soi projetée et réelle et enfin d'améliorer sa créativité, son estime de soi, sa persévérance et sa capacité à résoudre des problèmes.

Une composante importante du cirque est la « recherche de sens » ou la « création artistique » par le mouvement. Les étudiants étendent leur compréhension de leurs propres expériences et de leur environnement en créant du sens ou de l'art.

Les scientifiques ont découvert un lien évident entre la résilience et la littératie physique à travers l'enseignement des arts du cirque au Canada. La résilience signifie l'habileté à surmonter, à s'adapter et à résister à l'adversité. Une autre étude à plus petite échelle a montré que le cirque permet aux réfugiés d’améliorer leur résilience. .

Deux enfants pratiquant les arts du cirque: un tissu aérien et un cerceau aérien
Les arts du cirque promeut la santé physique et ainsi un style de vie plus sain. ( © Marie-Andrée Lemire, École nationale de cirque, 2019), Author provided

Le cirque social

Ainsi, le cirque social se définit par l'utilisation des arts du cirque comme un support pour améliorer la justice sociale ou le bien social. L'objectif est de favoriser le développement psychologique et social de jeunes qui sont marginalisés ou à risque personnel ou social.

Par exemple, Cirque du Monde, le programme de cirque social du Cirque du Soleil, opère dans plus de 80 communautés et 25 pays à travers le monde. Le programme promeut la santé physique et ainsi un mode de vie plus sain. Il aide à construire l'estime de soi et à développer des compétences dans les communautés.

Il a été démontré que le cirque social non seulement promeut la santé mais aussi l'équité en santé et les changements sociaux qui permettent d'en assurer la pérennité. Les chercheuses Jennifer Spiegel et Stephanie Parent ont étudié le cirque social auprès de jeunes marginalisés au Québec. Elles ont trouvé que l'épanouissement personnel était lié à l'inclusion sociale et au développement communautaire.

Spiegel et d'autres collègues du Canada et d'Équateur ont aussi étudié des projets de cirque social en Équateur.. Ils ont analysé comment et pourquoi le cirque est déployé comme un « art pour le changement social », ainsi que ses impacts. Ils ont trouvé que les programmes de cirque non seulement contribuent au bien-être personnel, mais aussi promeuvent l'aide sociale et l'inclusion. Ces programmes aident à établir les futures politiques et institutions qui contribuent au développement social.

Beaucoup de personnes et de chercheurs et chercheuses à travers le monde commencent à réaliser le potentiel inimaginable des arts du cirque. Permettre aux jeunes d'y accéder et étudier les bénéfices qu'ils en retirent sont deux axes majeurs dans l'exploration de ce potentiel.

This article was originally published in English

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