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Dans le passé, les épidémies nous ont permis d’améliorer nos modes de vie. Si les gouvernements agissent avec intelligence, la COVID-19 pourrait produire les mêmes résultats. Shutterstock

Lueur d’espoir : la crise du coronavirus mènera-t-elle à un avenir meilleur ?

Même s’il est difficile de l’admettre, c’est un fait historique incontestable que les grandes pandémies entraînent fréquemment une réforme sociale.

Les historiens nous rappellent que c’est à la suite de la peste bubonique, également connue sous le vocable de Peste noire, entre 1347 et 1351, que les conditions de vies et de travail des travailleurs à faibles revenus se sont améliorées, ce qui s’est ensuite traduit par une alimentation plus saine et une plus grande résistance aux épisodes pandémiques subséquents.

En 2014, des ouvriers de la construction à Londres ont déterré les squelettes de ceux que l’on croit avoir été victimes de la peste noire au 14e siècle. AP Photo/Lefteris Pitarakis

L’épidémie de choléra de 1854 a permis à l’épidémiologiste John Snow d’établir une corrélation entre l’eau potable et la maladie, ce qui a poussé par la suite les gouvernements à investir dans des infrastructures hydrauliques et sanitaires.

Tout comme la peste bubonique et le choléra, l’épidémie dite de grippe espagnole de 1918-19 a été une « maladie de foules » nourrie par les inégalités sociales. Ceux qui vivaient dans des habitations surpeuplées, ou combattaient dans les tranchées de la Première Guerre mondiale souffraient de malnutrition et du froid et, de ce fait, ont été plus réceptifs à la maladie.

À la suite de cette pandémie, vieille désormais d’un siècle, de nombreux pays ont reconnu l’importance d’un système de santé universel et de meilleures conditions de logement. Aux États-Unis où la main-d’œuvre masculine a été décimée en raison de l’absence de distanciation sociale, les femmes qui l’ont remplacée ont acquis une certaine indépendance financière, ce qui a fait avancer le mouvement des suffragettes.

Faire face aux besoins élémentaires

Au cours de chacun de ces épisodes, il est apparu évident que le confort des plus privilégiés dépendait de la capacité à répondre aux besoins de base des plus démunis.

Or, où en sommes-nous au Canada, à peine quelques semaines d’une pandémie qui pourrait durer des mois et se déployer en plusieurs vagues ?

Voici quelques faits saillants

Des failles dans l’infrastructure de santé

Le coronavirus nous permet aussi de voir comment nos infrastructures de soins dépérissent :

Que faire ?

La Covid-19 a mis au grand jour la menace que représentent toutes ces lacunes de notre filet de sécurité sociale. Alors, que faire maintenant ?

Pour faire face aux crises économique et sanitaire provoquées par le Covid-19, une réponse fondée sur les droits collectifs est indispensable si le Canada veut avoir une chance d’éviter des morts par milliers et l’effondrement social. Pour sauver les vies des plus fragiles, les mesures d’urgence doivent inclure :

  • Dans les foyers d’accueil, un système permettant de placer en quarantaine les sans-abris malades, tout en protégeant ceux qui ne sont pas infectés.

  • L’arrêt immédiat de toute procédure d’éviction ou d’interruption de services essentiels pour les locataires en retard de paiement.

  • Des mesures sanitaires temporaires comme les centres de tests mobiles.

  • De l’aide alimentaire, en particulier pour les personnes âgées ou handicapées, et des mesures énergiques contre l’accumulation de marchandises, quitte à recourir au rationnement.

Des mesures à long terme

Les mesures à moyen terme (de six mois à cinq ans) devraient comprendre les éléments suivants :


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Il faut croire à la science

Nous assistons à l’émergence de changements à long terme. Notre recours au leadership et aux conseils scientifiques fiables de l’Organisation mondiale de la santé souligne l’importance d’une collaboration internationale et du partage des informations.

Mais le manque de personnel médical capable de répondre aux urgences sociétales semble indiquer le besoin solutions nationales sur le long terme.

Une femme examine les tablettes vides au magasin Target de Overland Park au Kansas, le 19 mars. AP Photo/Charlie Riedel

L’échec lamentable de l’approche égoïste et paniquée d’accumulation de marchandises contraste avec les succès rencontrés par la Corée du Sud et Singapour grâce à leur coordination nationale et un contrat social basé sur la confiance.


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Le Canada se doit de rebâtir son filet de sécurité sociale érodé par trois décennies d’idéologie néolibérale. Cet effort devrait être financé par un retour à une fiscalité progressive des individus et entreprises fortunées.

Le Canada a rapidement mis en place un plan d’intervention économique pour répondre au Covid-19. Même si les risques sanitaires varient en fonction de l’âge et des conditions de logement, les pandémies sont une menace pour nous tous. La seule façon de nous en sortir est de se mettre ensemble pour rebâtir.

This article was originally published in English

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