Menu Close
Particules virales roses, en forme de brique, aux bords arrondis
Le virus de la mpox provoque des symptômes semblables à ceux de la grippe accompagnés d’éruptions cutanées. (NIAID), CC BY

Mpox : l'OMS déclare une « urgence de santé publique de portée internationale ». Faut-il s'inquiéter ?

C'est désormais officiel : l'épidémie de mpox qui sévit dans plusieurs pays africains est désormais une «urgence de santé publique de portée internationale» selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Par cette annonce faite le 14 août, l'OMS espère ainsi mobiliser les organismes de santé publique nationaux et internationaux afin de mieux surveiller la menace de cette maladie aussi appelée «variole du singe» et d'y répondre.

Dans le sillage de la Covid, revivrons-nous le traumatisme collectif du confinement généralisé face à un virus potentiellement mortel ?

En tant qu'épidémiologiste étudiant les liens entre maladies infectieuses et vie sociale, je m'en préoccupe, certes. Mais à ce stade, il n'y a pas lieu non plus de paniquer. À mon sens, l'avis de l'OMS se veut d'abord un appel à la prudence et à la coopération.

Qu'est-ce que la mpox et comment se propage-t-elle ?

La «variole du singe» ou «simienne», rebaptisée «mpox» par l'OMS d'après son nom anglais (monkeypox), est un virus qui provoque des symptômes grippaux accompagnés d'éruptions cutanées.

Le virus se transmet principalement par contact direct avec des lésions ou des fluides corporels infectés, ou avec des surfaces contaminées, comme de la literie.

Il n'est donc pas aussi contagieux que les maladies respiratoires telles que la Covid. Toutefois, il peut se propager par le biais de gouttelettes respiratoires, quoique surtout par contact étroit et prolongé dans des espaces mal aérés.

Ces caractéristiques expliquent pourquoi les épidémies de cette maladie, identifiée en 1958, se sont généralement limitées à des réseaux sexuels densément interconnectés et à des lieux où le contact physique peut être prolongé, comme les boîtes de nuit.

Les mains gantées d'un agent de santé insèrent une aiguille IV dans la main d'un patient
Un patient atteint de mpox en traitement à Munigi, dans l'est de la RDC, en août 2024. (AP Photo/Moses Sawasawa)

Toutefois, l'évolution de la situation en Afrique indique que ces caractéristiques seraient en train de changer. En République démocratique du Congo (RDC) et dans les pays voisins, une variante plus mortelle et plus virulente– issue d'une souche appelée Clade 1b– serait en train de s'installer. Et le virus se propage actuellement dans plusieurs pays africains où la maladie n'avait jamais sévi.

En outre, les responsables de la santé publique notent une transmission chez les enfants, ce qui suggère que cette forme plus virulente pourrait nécessiter moins de contacts physiques que l'autre version du virus, appelée Clade 1, qui avait connu une brève flambée internationale en 2022.

Cette souche serait également plus mortelle, de l'ordre de 3 et 5 %, soit considérablement plus que le taux de mortalité moyen de la Covid-19.

Il est donc naturel de se demander s'il faut s'inquiéter.

Comprendre les risques au Canada

Pour l'heure, la déclaration et les mesures de l'OMS signifient que la communauté internationale de la santé publique devrait être attentive et se préparer à une éventuelle épidémie internationale de mpox à grande échelle - alors qu'elle s'en est peu préoccupée jusqu'à présent.

Cette déclaration de l'OMS vise surtout à renforcer la coopération et la solidarité internationale afin de surveiller la situation en RDC et les pays voisins. Elle a pour effet de prioriser l'envoi de vaccins vers cette région afin de maîtriser la transmission virale.

Le Canada a la chance de disposer d'un excellent système de santé publique. Il dispose d'une réserve de vaccins, lesquels sont par ailleurs sûrs et efficaces. Actuellement, ceux-ci sont administrés en priorité aux populations à haut risque — homosexuels et bisexuels masculins et travailleurs du sexe.

Une main brandissant un paquet contenant huit flacons de vaccin
Les vaccins mpox existants sont sûrs et efficaces, mais leur utilisation priorise homosexuels et bisexuels masculins et travailleurs du sexe. (Alain Jocard, Pool via AP)

Si le virus commence à circuler dans d'autres populations, on peut s'attendre à voir la production et les réserves de vaccins augmenter afin de répondre à une éventuelle hausse de la demande. Toutefois, il est important de noter que cela pourrait avoir pour effet de limiter la disponibilité des vaccins dans les pays africains qui n'ont pas la capacité de bioproduction requise.

Par ailleurs, le Canada dispose d'installations médicales de haut calibre capables de fournir les traitements et les soins nécessaires aux malades les plus gravement atteints par la maladie.

Tous ces facteurs suggèrent que le Canada sera en mesure de répondre à d'éventuelles flambées du virus, à condition, bien sûr, que la population réponde adéquatement aux consignes.

Priorité à l'équité en matière de santé

La leçon la plus précieuse à tirer de la situation concerne la coopération et l'équité en matière de santé à l'échelle mondiale. Cette forme de variole est endémique sur le continent africain depuis des décennies. Or, la menace actuelle découle du fait que la communauté internationale aurait dû s'en préoccuper beaucoup plus tôt.

Permettre la propagation incontrôlée d'un virus aussi potentiellement dangereux témoigne d'un échec massif de la coopération en matière de santé publique — d'autant qu'il existe des vaccins efficaces qui, s'ils sont employés correctement, peuvent mener à l'éradication de la maladie.

La question d'équité en matière de santé n'est pas une nouvelle en soi. L'épidémie de mpox en 2022, qui touchait les hommes gais et bisexuels, a été stoppée grâce à la collaboration des communautés atteintes avec la Santé publique. Les individus les plus susceptibles ont observé les consignes afin de limiter leurs risques personnels et les organismes de santé publique ont financé les efforts de sensibilisation et de promotion des vaccins.

Si jamais cette nouvelle souche plus virulente de mpox devait atteindre une échelle mondiale, le même niveau de collaboration sera nécessaire.

Rester informés, rester préparés

Bien qu'il faille se préoccuper de la mpox, il ne faut surtout pas céder à la panique devant la situation actuelle.

Mais si la situation évolue, nous devrons être attentifs aux consignes de la Santé publique et être prêts à prendre les mesures qui s'imposent.

Et il est à souhaiter que la population accepte une action raisonnée en matière de vaccination qui donnera la priorité aux communautés qui en auront le plus besoin.

This article was originally published in English

Want to write?

Write an article and join a growing community of more than 189,800 academics and researchers from 5,044 institutions.

Register now