tag:theconversation.com,2011:/nz/topics/e-fran-49588/articlese-FRAN – The Conversation2018-06-26T20:11:15Ztag:theconversation.com,2011:article/968262018-06-26T20:11:15Z2018-06-26T20:11:15Z« Parcours connectés » : accompagner la formation des enseignants dans la transformation numérique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/224669/original/file-20180625-19404-11vcuz5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C139%2C2105%2C1337&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Testing effect…</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/dierkschaefer/2961565820/in/photolist-5vGNkE-4YKKw4-7XtJNd-h8UhV-o3EVhm-64zrPn-9UwYi-815VWu-a3vLfi-off1YR-2vfT-bPewqD-bpydp-cdeNh-5MjkCE-5MfXVM-bPbME2-4HwWMS-7APj3z-nXLBAv-bJa77V-ihD6Dc-763uLi-nXKK6K-5Nrged-e4CcRp-2GD3A-qdqqts-o3KF16-7Zfsv7-62srhZ-quC2pw-acg5vF-p9hCJ4-8Kik7-gayZDq-qwVhCH-6J7EYR-7Zftmo-5MfXWP-8B7oY2-2v1uWb-ihD64e-5pms8T-jypVk8-yEqgm-a3vLfM-6MaCW8-bCVYWK-6EoSxo">Dierk Schaefer/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Le projet « Parcours connectés » dans lequel ma thèse s’inscrit est parmi les <a href="https://ecolenumerique.education.gouv.fr/2016/09/23/1244/">22 lauréats</a> de l’appel à projets e-FRAN (espaces de formation, de recherche et d’animation numérique). E-FRAN vise à soutenir des projets de transformation de l’École et la création de « territoires éducatifs d’innovation numérique » en prenant appui sur la recherche. Cet appel à projets a été lancé dans le cadre du <a href="https://www.caissedesdepots.fr/investissements-davenir">Programme d’Investissement d’Avenir</a> par la mission sur le numérique éducatif confiée au recteur Jean‑Marc Monteil. L’objectif est notamment de créer une communauté scientifique de niveau international en matière de numérique éducatif et de favoriser le transfert des résultats de la recherche vers l’école en stimulant les interactions entre les laboratoires et le terrain.</p>
<p>Les projets sélectionnés sont liés à de la recherche appliquée. Ils réunissent des acteurs variés de l’éducation et de la recherche dans le domaine : des laboratoires et les instituts auxquels ils sont rattachés (CNRS, INRIA), des entreprises (dont un certain nombre de start-up), des établissements scolaires (du primaire au lycée), des établissements d’enseignement supérieur, des ESPE, et enfin plusieurs associations.</p>
<p>Nous sommes environ une cinquantaine de doctorant·e·s à avoir bénéficié d’une bourse de thèse dans le cadre d’e-FRAN et dans des disciplines variées allant de l’informatique à l’ergonomie en passant par la psychologie sociale, les neurosciences, la psychologie cognitive, en bien entendu les sciences de l’éducation.</p>
<h2>Un projet impliquant laboratoires, associations, start-up… et doctorants</h2>
<p>Un tel projet implique un ensemble de partenaires très variés. C’est l’association <a href="https://syn-lab.fr/lassociation/">Synlab</a>, porteur de <a href="https://bit.ly/2lAi3y2">Parcours connectés</a> qui pilote et coordonne les actions menées par les différents parties prenantes.</p>
<p>En dehors du comité « recherche » impliquant 4 laboratoires, l’ESPE de Créteil est également impliquée, ainsi que la start-up <a href="https://www.didask.com">Didask</a> avec qui je travaille en étroite collaboration.</p>
<p>Le projet Parcours connectés emploie en tout trois doctorant·e·s rattachés à un laboratoire du consortium (Niluphar Ahmadi, en thèse de psychologie cognitive au Laboratoire de Psychologie : Cognition, Comportement, Communication de l’université de Rennes 2 et Benoît Choffin, en thèse d’informatique au Laboratoire de Recherche Informatique à Paris-Saclay).</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/HdElKrPeRNo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<h2>Mieux comprendre et accompagner la formation des futurs professeurs</h2>
<p>Deux grands axes guident le développement et le suivi de Parcours connectés :</p>
<ul>
<li><p>Un premier axe qui se concentre sur des expérimentations à l’ESPE de l’académie de Créteil à la fois sur la partie formation initiale des étudiants qui se préparent au métier de professeurs des écoles, mais aussi sur l’accompagnement des néo-titulaires qui ont tout juste obtenu leur diplôme. Plusieurs cohortes sont suivies sur les 4 années du projet.</p></li>
<li><p>Un second axe se concentre sur des expérimentations de recherche à la fois fondamentale et appliquée. D’une part, il vise à mieux comprendre les mécanismes sous jacents de l’apprentissage ; mais aussi à réaliser l’évaluation et l’amélioration de la plate-forme numérique d’enseignement créée par la start-up Didask, partenaire du projet.</p></li>
</ul>
<p>Mon projet de thèse est directement lié à ce 2<sup>e</sup> axe, Didask est en fait mon terrain d’expérimentation !</p>
<h2>Des premiers résultats sur l’optimisation des apprentissages</h2>
<p>Je m’intéresse à l’optimisation des apprentissages par le prisme de la psychologie cognitive. Ces vingt dernières années, de <a href="https://bit.ly/2MTHS8B">nombreux travaux de recherche</a> ont été réalisés, répliqués et démontrés dans divers contextes d’apprentissage sur les stratégies qui permettent de <a href="http://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674729018">maîtriser et mémoriser</a> durablement de nouvelles connaissances.</p>
<p>Pourtant, ces résultats robustes sont peu diffusés et exploités pour créer des <a href="https://theconversation.com/et-si-les-reformes-de-leducation-sappuyaient-sur-les-donnees-de-la-science-79713">outils et environnements d’apprentissage fondés sur des preuves</a> ; alors que <a href="http://www.indiana.edu/%7Epcl/rgoldsto/courses/dunloskyimprovinglearning.pdf">certaines méthodes d’apprentissage peu efficaces persistent</a>. L’hétérogénéité dans les classes est toujours bien présente, et à l’heure où l’on valorise la personnalisation des parcours d’apprentissage et la formation tout au long de la vie, peu de dispositifs permettent vraiment de répondre à ses problématiques et besoins (du moins en France…).</p>
<p>L’intuition de Didask a été de se dire que le numérique est un environnement très intéressant pour permettre à toute personne d’apprendre et acquérir de nouvelles compétences, se former à tout âge, et à son rythme. De plus, les fondateurs de Didask ont compris que les résultats de la recherche en psychologie pouvaient tout à fait être intégrés dans l’essence même d’une plate-forme d’enseignement/pour la formation.</p>
<p>Un résultat particulièrement significatif a attiré l’attention de Son Thierry Ly, président et co-fondateur de Didask : l’<a href="http://video.lefigaro.fr/figaro/video/big-bang-eco-2018-l-intervention-de-son-thierry-ly/5775785248001/">effet de récupération en mémoire</a> (<em>testing effect</em> en anglais). <a href="https://www.didask.com/blog/articles/testing-effect-apprendre-durablement">Cet effet</a> se définit comme le bénéfice sur la mémorisation de nouvelles informations lorsque celles ci sont entraînées et testées par un exercice de recherche en mémoire par rapport à une méthode plus passive de relecture répétée.</p>
<h2>Autour du « testing effect »</h2>
<p>L’architecture de la <a href="https://www.didask.com/">plate-forme Didask</a> a été pensée et développée autour de l’apprentissage par la récupération en mémoire, en mettant au cœur des formations l’utilisation de quiz et exercices variés pour engager activement les apprenants et consolider la mémorisation à long terme de nouvelles informations. Lors de la création des contenus de formation, des ressources pédagogiques sont implémentées en appui des quiz, et peuvent prendre différentes formes : vidéos, articles, illustrations, textes, powerpoint… Les utilisateurs apprennent via les quiz, et peuvent accéder à la partie théorique du cours quand ils le souhaitent.</p>
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<figcaption><span class="caption">Testing effect (test-enhanced learning) in learning theory.</span></figcaption>
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<p>Lorsque j’ai commencé ma thèse, une question restait encore ouverte dans la littérature sur le <a href="https://bit.ly/2Kh2Z2V">testing effect</a>, et intriguait également beaucoup Didask : à quel moment est-il plus opportun et bénéfique de faire les quiz d’entrainement ? Après après eu recours à la ressource pédagogique, autrement après avoir lu le cours ? ou avant même d’y accèder, sans avoir lu le cours ? Nous avons donc réalisé avec mon équipe de recherche et Didask une expérimentation sur de nombreux apprenants (285) pour répondre à cette question de l’emplacement optimal des quiz par rapport à la lecture des contenus d’apprentissage.</p>
<p>Nous avons trouvé que l’entrainement par des quiz après la lecture des contenus permettaient une meilleure mémorisation qu’un entrainement avec des quiz avant de lire les contenus du cours. Ces deux méthodes d’apprentissage menaient à des performances supérieures par rapport une méthode d’apprentissage sans quiz, avec une simple relecture des contenus (l’article associé à cette expérience a été soumis dans une revue internationale).</p>
<h2>Suivi et impacts du projet e-FRAN</h2>
<p><a href="https://bit.ly/2K77aT8">Synlab</a> assure le suivi des différentes sous-projets de Parcours connectés, notamment en réunissant le consortium régulièrement dans l’année. Cela nous permet de faire un point de l’avancement de chacun, de tisser des collaborations inter-laboratoires, et de présenter la suite des événements. Du côté de mon laboratoire, une nouvelle expérimentation est en cours, de nouveaux résultats sont donc attendus pour la rentrée !</p>
<p>Plusieurs livrables sont inclus dans le projet et transmis directement à la Caisse Des Dépôts qui se matérialisent par des rapports intermédiaires faisant office de bilan ; et la mise en ligne d’une formation à destination des enseignants sur des compétences transversales (coopération, climat de classe, attention et concentration, créativité, pédagogies actives) sur Didask.</p>
<p>Enfin, le <a href="https://bit.ly/2K3TjNc">premier colloque e-FRAN</a> a été organisé en janvier 2018 afin de réunir tous les projets lauréats, ce qui a permis une première rencontre de tous les acteurs impliqués aussi bien du côté éducation nationale que côté recherche. Les doctorant·e·s ont pu présenter leurs travaux, ce qui a permis d’apprécier la diversité des projets financés et implantés partout en France. Dans cette logique de créer un écosystème autour du numérique éducatif tout en créant un vivier de futur·e·s chercheur·e·s.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96826/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mon équipe de recherche a reçu des financements de Caisse Des Dépôts - Programme d'Investissement d'Avenir. </span></em></p>Un système qui vise à accompagner au mieux les enseignants en début de carrière.Alice Latimier, Doctorante, Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique, École normale supérieure (ENS) – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/983982018-06-19T18:59:39Z2018-06-19T18:59:39ZCréer des dispositifs numériques pour une meilleure prise en compte de l’hétérogénéité scolaire des élèves<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/223771/original/file-20180619-126556-17kq9s1.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=29%2C378%2C3550%2C2994&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Trouver des contextes porteurs.</span> <span class="attribution"><span class="source">PIXNIO</span></span></figcaption></figure><p><em>e.P3C (<a href="https://bit.ly/2yrGwiu">Pluralité des Contextes, Comportements et Compétences</a>) est le fruit d’une réflexion concertée entre cadres et enseignants de l’éducation nationale, chercheurs et acteurs économiques, réunis en 2016 par le Rectorat de Clermont-Ferrand sous forme d’un consortium pour répondre <a href="https://bit.ly/2C4NmqH">à l’appel à projets e-FRAN (espaces de formation, de recherche et d’animation numériques)</a></em>.</p>
<p><em>Ce consortium intégre à ce jour une cinquantaine d’<a href="https://bit.ly/2JQK7I6">IA-IPR</a>, de chefs d’établissements et d’enseignants, deux laboratoires de l’Université Clermont Auvergne et du CNRS (le Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive/<a href="https://bit.ly/2LT6yNr">LAPSCO-UMR 6024</a> ; le Laboratoire d’Informatique, de Modélisation et d’Optimisation des Systèmes, <a href="https://bit.ly/2HR9xTO">LIMOS-UMR 6158</a>), la <a href="https://bit.ly/2JH7Hef">Maison pour la Science en Auvergne</a> (MPSA), l’<a href="https://bit.ly/2HTD2o1">Institut de Recherche pour l’Enseignement des Mathématiques</a> (IREM), et deux entreprises (<a href="https://bit.ly/2HRPtRo">Maskott</a> et <a href="https://bit.ly/1ONdNlT">Perfect Memory</a>)</em>.</p>
<p><em><strong>Son objectif : la création de dispositifs numériques innovants pour une meilleure prise en compte de l’hétérogénéité scolaire des élèves</strong></em>.</p>
<h2>La toile de fond du projet e.P3C</h2>
<p>La classe, cette cellule de base du système éducatif, est le plus souvent hétérogène. Au sein d’une même classe, les élèves diffèrent généralement les uns des autres s’agissant de leurs sensibilités et capacités cognitives propres, de leurs origines sociales et/ou migratoires, du niveau de soutien scolaire attaché à l’environnement familial, etc.</p>
<p>Les contenus délivrés à l’école étant quant à eux encore assez souvent uniformes, les difficultés scolaires sont dès lors inévitables.</p>
<p>Cette hétérogénéité demeure régulièrement débattue avec parfois la conviction – idéologiquement saturée – qu’elle représente un obstacle pour la réussite de tous les élèves alors même que la diversité du vivant (et donc l’hétérogénéité des élèves) est la règle.</p>
<p>De plus, des travaux scientifiques attestent ses effets souvent bénéfiques et montrent dans le même temps les influences contre-productives – stigmatisantes – du regroupement par niveau de compétences pour les élèves les plus faibles (et parfois même pour les plus forts ; <a href="https://bit.ly/2ybVRUc">Huguet et coll., 2009</a>).</p>
<p>Précisément, en suggérant <strong>l’intérêt de diversifier les contextes d’apprentissage et les modes d’accès au savoir</strong>, les recherches en psychologie sociale et cognitive offrent des repères innovants pour la prise en charge non stigmatisante de l’hétérogéité scolaire.</p>
<p>S’agissant des mathématiques, par exemple, les mêmes individus peuvent échouer ou réussir un même exercice selon que sa présentation est formalisée ou fait au contraire écho à un problème de la vie quotidienne (pour un exemple classique cf. <a href="https://bit.ly/2ldnz9N">Carraher, Carraher, & Schliemann, 1985</a> ; pour d’autres illustrations avec des tâches Piagetiennes, cf. <a href="https://bit.ly/2JOPzuT">Light et Butterworth, 1992</a>).</p>
<p>C’est aussi ce que nous enseigne la recherche sur les « schémas pragmatiques de raisonnement » (depuis <a href="https://bit.ly/2tac2vq">Cheng et Holyoak, 1985</a>) qui montre l’importance de l’expérience personnelle et des facteurs contextuels (et donc les insuffisances des approches strictement logico-mathématiques) pour comprendre la manière dont raisonne le sujet humain (jeune ou adulte).</p>
<p>En effet, de très nombreux travaux montrent que les difficultés scolaires expriment souvent davantage l’influence de représentations de soi construites au fil du temps par les élèves à l’égard de certaines disciplines ou objets d’apprentissage que leurs faiblesses, incompétences, ou limites supposées (<a href="https://bit.ly/2LPHbvN">Huguet, 2001</a> ; <a href="https://bit.ly/2t0zXhH">2006</a>, <a href="https://bit.ly/2JY3QZx">2017</a> ; <a href="https://bit.ly/2sVL1MX">Huguet et Régner, 2007</a>, <a href="https://bit.ly/2JSSwKM">2009</a> ; <a href="https://bit.ly/2HTeXxP">Monteil & Huguet, 2013</a> ; <a href="https://bit.ly/2Mv9UqU">Pansu et coll., 2017</a> ; <a href="https://bit.ly/2JG3IyH">Régner, 2010</a> ; <a href="https://bit.ly/2HTbKOC">Selimbegovic et coll., 2011</a>, <a href="https://bit.ly/2JXoHwa">2016</a>).</p>
<p>Tous ces travaux (et d’autres conduits avec des primates non humains, cf. <a href="https://bit.ly/2ybXEIU">Demolliens, Isbaine, Takerkart, Huguet & Boussaoud, 2017</a>) plaident pour <strong>une pluralité des contextes d’apprentissage et des modes d’accès au savoir</strong> dans le but d’augmenter la probabilité que tous les élèves expriment davantage sinon tout leur potentiel.</p>
<p>Or, les technologies numériques, en permettant des présentations plus variées de l’information, offrent des possibilités sans précédent pour développer cette stratégie.</p>
<p>Sur cette base, l’ambition du projet e.P3C est d’enrichir le répertoire des pratiques pédagogiques des enseignants pour créer ou renforcer les <strong>contextes susceptibles de permettre à des élèves nécessairement différents d’exprimer toutes leurs capacités, sans ségrégation aucune</strong>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/223772/original/file-20180619-126531-10i3z6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/223772/original/file-20180619-126531-10i3z6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/223772/original/file-20180619-126531-10i3z6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/223772/original/file-20180619-126531-10i3z6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/223772/original/file-20180619-126531-10i3z6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/223772/original/file-20180619-126531-10i3z6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/223772/original/file-20180619-126531-10i3z6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/223772/original/file-20180619-126531-10i3z6i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Collège connecté.</span>
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<h2>Une expérimentation à grande échelle</h2>
<p>Testée sur 8000 collégiens et lycéens, la solution e.P3C couple une stratégie dite de la pluralité des contextes d’apprentissage à un système de tutorat intelligent (<a href="https://bit.ly/2t1hQI8">STI</a>).</p>
<p>Concrètement, il s’agit de présenter un même objet d’apprentissage (un théorème, un principe de physique, un phénomène biologique ou historique) et leurs exercices afférents selon différentes modalités (des plus formelles aux plus ludiques ou concrètes), pour en augmenter la probabilité de compréhension par tous les élèves. Le tout au sein d’un STI capable de recommandations en fonction des actions, erreurs et succès de chacun dans toutes les modalités proposées.</p>
<p>L’efficacité de cette solution est évaluée à partir de tests de performance standardisés via une méthodologie expérimentale, en comparant les élèves utilisateurs du STI à ceux non utilisateurs ou exposés à une pédagogie innovante mais différente de celle testée dans les groupes expérimentaux (pédagogie par investigation adossée à l’action <a href="https://bit.ly/2MrIZw2">« La main à la pâte »</a>).</p>
<p>Cette grande expérimentation intègre au total 39 collèges et lycées et 750 enseignants issues de 8 disciplines. Les indicateurs d’efficacité sont recueillis et centralisés sur une plateforme « big data » pour des analyses permettant de quantifier précisément les conséquences des actions entreprises (effets expérimentaux) en matière de performances scolaires mais aussi d’observables généralement ignorés dans la littérature sur le numérique éducatif (sur ce point, cf. <a href="https://bit.ly/2HRsxBU">Leroux, Monteil, & Huguet, 2017</a>) : auto-évaluations dans les différentes disciplines scolaires, sensibilité à l’erreur, buts et stratégies d’auto-régulation, capacités de contrôle cognitif…</p>
<p>Très riches du fait de la variété des indicateurs considérés, ces analyses sont en outre combinées à des modélisations multi-niveaux pour tenir compte de la nature nécessairement emboitée des données individuelles en contexte scolaire (des élèves dans des classes dans des établissements) et éviter ainsi des interprétations par ailleurs souvent erronées liées à la confusion entre deux types de variance (la variabilité des données individuelles et la variabilité attachée aux classes et aux établissements).</p>
<p>Les résultats jugés les plus solides et les plus attractifs, outre leur diffusion dans des revues scientifiques spécialisées, feront l’objet d’un essaimage intra- et inter-académiques.</p>
<p>À ce jour, le projet e.P3C a généré plus de 90 réunions de travail (associant cadres/chefs d’établissements/enseignants, chercheurs, et acteurs économiques), 8 prototypes de STI, et la production de 200 000 données de pré-tests. Deux millions de données sont attendues après deux déploiements des protocoles à grande échelle (39 établissements) où l’efficacité des STI sera comparée à l’efficacité de méthodes alternatives déployées dans les groupes contrôles.</p>
<hr>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/223756/original/file-20180619-126553-1909wnj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/223756/original/file-20180619-126553-1909wnj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/223756/original/file-20180619-126553-1909wnj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/223756/original/file-20180619-126553-1909wnj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/223756/original/file-20180619-126553-1909wnj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/223756/original/file-20180619-126553-1909wnj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/223756/original/file-20180619-126553-1909wnj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/223756/original/file-20180619-126553-1909wnj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
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</figure>
<p><strong><em>L’équipe e.P3C</em></strong></p>
<ul>
<li><p><strong>Loreleï Cazenave</strong> (Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive, LAPSCO UMR 6024, Université Clermont Auvergne & CNRS) ;</p></li>
<li><p>•<strong>Marie-Claude Borion</strong> (Rectorat de Clermont-Ferrand et LAPSCO) ;</p></li>
<li><p><strong>Mickaël Berthon</strong> (Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive, LAPSCO UMR 6024, Université Clermont Auvergne & CNRS) ;</p></li>
<li><p><strong>Pierre Chausse</strong> (Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive, LAPSCO UMR 6024, Université Clermont Auvergne & CNRS) ;</p></li>
<li><p><strong>Julien Guegan</strong> (Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive, LAPSCO UMR 6024, Université Clermont Auvergne & CNRS) ;</p></li>
<li><p><strong>Nicolas Rocher</strong> (Rectorat de Clermont-Ferrand) ;</p></li>
<li><p>•<strong>Delphine Pailler</strong> (Rectorat de Clermont-Ferrand) ;</p></li>
<li><p>•<strong>Rémi Cadet</strong> (Université Clermont Auvergne & Maison pour la Science en Auvergne) ;</p></li>
<li><p><strong>Malika More</strong> (Université Clermont Auvergne & Institut de Recherche sur l’Enseignement des Mathématiques) ;</p></li>
<li><p><strong>Norbert Maïonchi-Pino</strong> (Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive, LAPSCO UMR 6024, Université Clermont Auvergne & CNRS) ; </p></li>
<li><p><strong>Ruben Martinez</strong> (Université Clermont Auvergne, Laboratoire d’informatique, de modélisation et d’optimisation des systèmes, LIMOS UMR 6158, Université Clermont Auvergne & CNRS) ;</p></li>
<li><p>•<strong>Marie Demolliens</strong> (Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive, LAPSCO UMR 6024, Université Clermont Auvergne & CNRS) ;</p></li>
<li><p><strong>Farouk Toumani</strong> (Université Clermont Auvergne, Laboratoire d’informatique, de modélisation et d’optimisation des systèmes, LIMOS UMR 6158, Université Clermont Auvergne & CNRS) ;</p></li>
<li><p><strong>Benoît Petitcollot</strong> (Université Clermont Auvergne, Laboratoire d’informatique, de modélisation et d’optimisation des systèmes, LIMOS UMR 6158, Université Clermont Auvergne & CNRS) ;</p></li>
<li><p><strong>Vincent Mazenod</strong>(Université Clermont Auvergne, Laboratoire d’informatique, de modélisation et d’optimisation des systèmes, LIMOS UMR 6158, Université Clermont Auvergne & CNRS) ;</p></li>
<li><p>•<strong>Pascal Huguet</strong> (Porteur du projet e.P3C ; Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive, LAPSCO UMR 6024, Université Clermont Auvergne & CNRS)</p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/98398/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pascal Huguet a reçu des financements de Caisse des Dépôts et Consignations Action EFRAN PIA 2. </span></em></p>Présentation et enjeux du projet e.P3C, dont l'objectif est la création de dispositifs numériques innovants face à l’hétérogénéité scolaire des élèves; pour diversifier les contextes d’apprentissage.Pascal Huguet, Directeur de Recherche au CNRS: Comportement Cerveau Cognition, Université Clermont Auvergne (UCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/946832018-04-26T21:44:55Z2018-04-26T21:44:55ZDévelopper l’éducation par la recherche avec un carnet numérique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/215439/original/file-20180418-163986-yh4frk.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4881%2C3092&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Élèves Savanturiers en pleine expérience, mai 2017.</span> <span class="attribution"><span class="source">Savanturiers</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Dans la plupart des pays développés, l’enseignement des sciences poursuit sa lente mutation. Les considérations méthodologiques occupent dans les discours une place croissante. Au moins sur le papier, les nouvelles générations d’enseignants sont encouragées à mettre davantage l’accent sur l’appropriation de la démarche scientifique, du raisonnement, et moins sur la mémorisation de faits ou de lois.</p>
<p>On rappelle à loisir que les enjeux dépassent la formation des futures générations de scientifiques, car il s’agit aussi, au travers de la maîtrise de la démarche scientifique, de développer l’esprit critique de chaque citoyen.</p>
<h2>Initier à la méthode scientifique</h2>
<p>Pour ce faire, il est utile de s’attacher à ce que les enseignements portent davantage sur la manière dont les savoirs ont été créés. On a longtemps véhiculé dans l’enseignement une vision dogmatique de la science – qui s’apparente pour beaucoup d’élèves à une collection de vérités gravées dans le marbre. Pour contrecarrer cette tendance, quoi de mieux que d’engager ces élèves dans une démarche de création de savoirs, par la conception d’un projet de recherche miniature.</p>
<p>C’est dans ce contexte de mutation de l’enseignement qu’a émergé l’idée du <a href="https://bit.ly/2qhZFN8">Cahier Numérique de l’Élève Chercheur</a> (CNEC), application qui vise à aider élèves et enseignants à structurer de petits projets scientifiques.</p>
<p>L’outil n’est encore qu’au stade du prototype. Il faudra encore une ou deux années supplémentaires avant qu’il ne soit pleinement opérationnel, mais dévoilons néanmoins quelques-unes de ses caractéristiques.</p>
<h2>« Les Savanturiers du numérique »</h2>
<p>L’application est développée au sein du consortium eFRAN « Les Savanturiers du Numérique », assemblage d’acteurs aux compétences diverses :</p>
<ul>
<li><p><a href="https://bit.ly/2II0WUx">Les Savanturiers</a>, programme fondée par une ancienne professeure des écoles qui revendique l’enseignement de la démarche scientifique au travers de projets d’une dizaine de séances, mentorés par des experts du domaine</p></li>
<li><p><a href="https://www.tralalere.com/">Tralalère</a>, entreprise spécialisée dans les ressources numériques pour l’éducation, qui assure la co-conception, le développement et le maintien de la technologie</p></li>
<li><p>Les Académies de Paris et de Créteil, qui apportent expertise et opportunités de mise à l’épreuve des prototypes</p></li>
<li><p><a href="http://eda.recherche.parisdescartes.fr/">EDA, laboratoire de sciences de l’éducation</a>, pour apporter l’éclairage de la recherche.</p></li>
</ul>
<p>Le CNEC vise à outiller les projets Savanturiers de bout en bout au travers d’une assez vaste palette d’outils. La Fiche Recherche structure la démarche, « étaye » les élèves dans le passage des différentes étapes du projet, de leur question de recherche aux conclusions finales en passant par la rédaction des hypothèses et du protocole.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/215440/original/file-20180418-163998-libyz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/215440/original/file-20180418-163998-libyz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/215440/original/file-20180418-163998-libyz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/215440/original/file-20180418-163998-libyz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/215440/original/file-20180418-163998-libyz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/215440/original/file-20180418-163998-libyz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/215440/original/file-20180418-163998-libyz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/215440/original/file-20180418-163998-libyz7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Jeunes Savanturières présentant leur projet sur la glace (juin 2017).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Savanturiers</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Structurer une démarche de découverte</h2>
<p>À chaque étape, les points d’attention sont rappelés. Vous avez rédigé une question ? C’est parfait, mais est-ce une question dont la réponse appelle la mise en œuvre d’une démarche scientifique ? On évitera par exemple les questions qui appellent des réponses binaires : oui/non. Vous avez produit un protocole – très bien – mais que vouliez-vous tester ce faisant ? Vous aviez une hypothèse en tête n’est-ce pas ? De quel matériel allez-vous avoir besoin, quelles sont les différentes étapes ?</p>
<p>En somme, il s’agit de structurer la démarche sans pour autant donner aux élèves les réponses clefs en main – de toute façon, ces réponses n’existent pas toujours. L’élève n’a pas à se cantonner à suivre pas à pas une recette toute prête, sans comprendre les tenants et les aboutissants des choix expérimentaux effectués.</p>
<p>Les programmes encouragent l’élève à être plus investi dans la formulation des hypothèses, dans la conception expérimentale. Mais on ne peut pas le laisser seul face à une feuille blanche et quelques menus conseils, d’où l’importance de l’étayage. Que pensez-vous qu’il advienne sinon ? Ils se mettront éventuellement à manipuler le matériel qu’on leur aura fourni. Mais l’utiliser pour tester des hypothèses, pour s’insérer dans une démarche scientifique, il y a là un fossé qui ne peut être franchi seul.</p>
<p>Étayer la démarche d’un élève, voilà qui n’a rien de révolutionnaire me direz-vous ; c’est le pain quotidien de centaines de milliers d’enseignants en France. Certes, mais ceux qui utilisent le numérique pour le faire ne sont a priori pas monnaie courante. Par ailleurs, d’autres éléments sont intégrés dans l’application, comme des outils de brainstorming, qui facilitent la génération et la catégorisation d’idées.</p>
<h2>Du Carnet numérique aux travaux personnels encadrés ?</h2>
<p>Enfin, le CNEC est pensé pour être utilisé en groupe. Le travail en équipe reste encore peu développé dans nos enseignements, et il est temps que gagnent en importance les technologies éducatives qui facilitent les dynamiques de groupe. D’où l’importance donnée à la question dans l’outil, qui vise à aider la mise en place d’une alternance entre les différentes modalités de travail – seul, en groupe, en classe entière – après tout, la recherche est une œuvre collective, et il peut être bon que cela se reflète dans les projets qui ont vocation à initier à la démarche scientifique.</p>
<p>Qu’on se le dise, personne ne prétend qu’une technologie éducative permettra de produire à la chaîne de futurs scientifiques. Évidemment, l’outil ne se substitue pas au travail du professeur ; tout au plus accompagne-t-il la démarche, dont la qualité est fonction du niveau de formation des enseignants. Il est néanmoins indubitable que la technologie constitue une composante essentielle de toute stratégie visant à faire évoluer à grande échelle les pratiques sur le terrain.</p>
<p>Notons à ce propos que l’enjeu dépasse le seul cadre des projets Savanturiers. Les Travaux Personnels Encadrés – les fameux TPE – sont une autre application possible de l’outil, mais on peut en imaginer bien d’autres. De manière générale, toute pédagogie fondée sur les projets en équipe, en particulier dans le domaine des sciences, pourrait bénéficier du CNEC.</p>
<p>À bien des égards, sa vocation est de contribuer au développement d’approches pédagogiques, qui, si elles constituent sans aucun doute un défi pour l’enseignant tant l’orchestration de la pédagogie par projet comporte de difficultés, n’en ont pas moins de beaux jours devant eux. Du moins l’espère-t-on.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/94683/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Matthieu Cisel est l'un des porteurs du projet « Le Savanturiers du numérique ».</span></em></p>Le projet de Cahier Numérique de l’Élève Chercheur développe une application qui vise à aider élèves et enseignants à structurer des projets scientifiques miniatures.Matthieu Cisel, Post-doctorant en Sciences de l'éducation, Learning Planet Institute (LPI)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/940742018-03-29T20:01:05Z2018-03-29T20:01:05ZLes apprentissages premiers en école maternelle à l’ère du numérique : contribution du projet LINUMEN<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/212447/original/file-20180328-109193-1b5i2d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C149%2C2544%2C1628&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Autour de la tablette…</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/f2/photo/5581238453/8768787c99/">Ficoneva/VisualHunt</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>Depuis une dizaine d’années, les applications mobiles proposées pour smartphones et tablettes ont vu leur nombre croître de façon exponentielle. Les différentes plateformes de téléchargement (par exemple, App Store, Google Play) ont développé une abondante offre de logiciels dont une part importante est consacrée aux applications à finalités éducatives ou ludo-éducatives destinées à des enfants fréquentant l’école maternelle ou élémentaire.</p>
<h2>Quelle place pour le numérique à l’école ?</h2>
<p>Pour autant, la place du numérique à l’école ne va pas de soi et reste une question encore fort controversée à la fois dans la sphère publique et dans la sphère scientifique. Chez les parents et les enseignants, comme chez les politiques ou les chercheurs, le débat se cristallise autour de quelques grands enjeux liés à l’efficacité du numérique, à son pouvoir de transformation des pratiques pédagogiques ou encore à son rôle dans la réduction des inégalités.</p>
<p>Alors que certains décrivent le numérique <a href="https://bit.ly/2IcNmZ3">comme une chance pour l’école</a> et une révolution copernicienne pour la pédagogie, d’autres ont des craintes et tendent à le considérer <a href="https://bit.ly/2ewY6XQ">comme porteur de futurs désastres</a>. Des questions se posent, en effet, à propos de l’usage de ces outils en situation de classe et de leur impact sur l’attention, la motivation ou les apprentissages des élèves.</p>
<p>Du côté de la littérature scientifique, si certains auteurs s’accordent à dire que les outils numériques peuvent <a href="https://bit.ly/2IZxzOw">avoir un rôle positif sur les apprentissages</a> des élèves, d’autres sont beaucoup plus <a href="https://bit.ly/2Gl5liA">réservés quant à leur impact réel</a>. Il est vrai que l’expérimentation dans le domaine de l’éducation pose un certain nombre de problèmes et que les travaux scientifiques peinent à apporter des preuves de l’efficacité de ces outils en matière de transmission des savoirs.</p>
<h2>La question de l’expérimentation</h2>
<p>Tout d’abord, nombre d’études ont été menées à la seule échelle d’une classe ou sur des périodes trop courtes pour que l’on puisse détecter des effets significatifs des dispositifs mis en place. Par ailleurs, lorsqu’un effet est détecté, il est fréquent que ce qui marche sur un échantillon d’enseignants motivés par l’expérimentation, ou en laboratoire, ne marche pas de la même manière sur le terrain, dans les classes ordinaires.</p>
<p>Il est donc bien difficile d’extrapoler les résultats obtenus en laboratoire aux conduites des enfants placés en classe dans un contexte d’apprentissage précis. Les solutions efficaces dans un contexte (dans une classe caractérisée par tel niveau initial, tel nombre d’élèves, telle hétérogénéité sociale ou scolaire) peuvent en effet s’avérer inefficaces dans un autre contexte. Par ailleurs, des impératifs d’ordre éthique ou déontologique rendent impossible une expérimentation au sens strictement scientifique et il est donc extrêmement difficile de contrôler tous les paramètres d’une salle de classe.</p>
<p>En outre, l’examen des applications existantes montre qu’elles ne sont pas dotées des qualités requises pour être introduites en salle de classe et intégrées dans les pratiques enseignantes.</p>
<p>Par exemple, le mode de présentation de l’information de celles couramment proposées sur les plateformes de téléchargement favorise bien souvent le caractère ludique et attrayant de l’outil au détriment du développement de compétences spécifiques. Elles guident peu les élèves dans la réalisation des tâches à effectuer et ne leur offrent que des feed-back brefs, peu précis et peu informatifs. De plus, elles fournissent rarement aux enseignants les informations indispensables leur permettant de mieux diagnostiquer les difficultés de leurs élèves et de mieux intervenir.</p>
<h2>Le numérique, les inégalités et l’inclusion</h2>
<p>Une autre question vive souvent débattue dans le champ de l’éducation liée au numérique concerne la question des inégalités. Comme en témoignent les résultats des dernières comparaisons internationales (<a href="https://bit.ly/2sJQlnQ">PISA 2015</a>, <a href="https://bit.ly/2D1myfk">PIRLS 2016</a>), le système scolaire français est marqué par de très fortes inégalités sociales.</p>
<p>On sait de plus que ces inégalités de performances entre élèves en fonction de leur origine sociale apparaissent dès l’école maternelle. En facilitant la prise en compte par les enseignants des différents besoins des élèves en termes de modalités et de rythme d’apprentissage ou d’adaptation au niveau des élèves en début d’année scolaire, le numérique pourrait-il devenir un facteur important de réduction des inégalités et d’inclusion scolaire ? Quelles seraient les conditions requises pour qu’il y contribue efficacement ?</p>
<h2>LINUMEN, un projet numérique en maternelle</h2>
<p>Ce sont ces questionnements et ces enjeux qui sont à l’origine du projet LINUMEN (<a href="https://bit.ly/2GxlyS1">LIttératie et NUMératie Emergentes par le Numérique</a>). Ce projet se fixe pour objectif de concevoir et de tester l’efficacité d’un dispositif numérique destiné à soutenir l’action des enseignants de maternelle dans le développement des compétences des élèves en <a href="https://bit.ly/2E1cijO">littératie et en numératie émergentes</a> (LNE).</p>
<p>La LNE correspond à l’ensemble des connaissances et des compétences, développées avant l’entrée à l’école primaire, nécessaires à l’acquisition ultérieure de la lecture-écriture et des mathématiques.</p>
<p>À titre d’exemples, dans le domaine de la littératie, l’outil aidera les jeunes élèves à analyser comment la parole s’organise en syllabes et en unités plus petites pour préparer la mise en relation entre ces unités, difficiles à concevoir pour les enfants, et les lettres. Dans le domaine de la numératie, il permettra aux élèves d’utiliser les principes de comptage, de comparer des quantités, de composer ou décomposer des ensembles numériques.</p>
<p>Plus précisément, le dispositif que nous nous proposons de concevoir permettra :</p>
<ul>
<li><p>d’effectuer une évaluation diagnostique des compétences des élèves de moyenne et de grande sections d’école maternelle en LNE ;</p></li>
<li><p>de proposer des stimulations cognitives sous forme d’applications numériques destinées à développer ces compétences durant ces deux années ;</p></li>
<li><p>de faire un suivi longitudinal des élèves de la moyenne section à la grande section de l’école maternelle afin de tester les effets immédiats et différés de ce dispositif sur les apprentissages des élèves.</p></li>
</ul>
<h2>Utiliser des bases scientifiques : dialogue chercheurs-praticiens</h2>
<p>La construction du dispositif s’appuie non seulement sur les <strong>avancées récentes de la psychologie cognitive</strong> qui ont conduit à mettre en évidence les différentes dimensions de LNE (par exemple, reconnaissance des lettres et des chiffres, vocabulaire, conscience phonologique, dénombrement, problèmes à histoire…), mais également sur <strong>les travaux de psychologie ergonomique</strong> relatifs à la conception de ressources acceptables pour les enseignants dans l’exercice normal de leur métier et, enfin, sur les recherches en sciences de l’éducation concernant l’efficacité des pratiques enseignantes.</p>
<p>La mise au point du dispositif, actuellement en cours de réalisation, nécessite des interactions fréquentes entre chercheurs et praticiens, de manière à allier apports théoriques, interventions et investigations <em>in situ</em>.</p>
<p>Les applications ainsi conçues, pour des usages sur tablettes tactiles, devront être compatibles avec les pratiques enseignantes ordinaires et adaptées aux besoins et aux progrès de chaque élève. Elles rempliront des fonctions pédagogiques différentes en permettant de dispenser des exercices d’entraînement aux élèves et en leur fournissant des espaces de découverte et d’échanges (jeux collaboratifs et/ou compétitifs).</p>
<p>Leur acceptabilité (conformité avec les programmes et les valeurs culturelles des équipes pédagogiques) et leur utilisabilité (facilité d’utilisation par les élèves et les enseignants) seront contrôlées par le groupe de co-conception composé d’enseignants-chercheurs, de doctorants, d’enseignants, de conseillers pédagogiques et d’inspecteurs.</p>
<p>Enfin, la phase d’expérimentation, qui commencera en septembre 2018, sera conduite selon une méthodologie expérimentale (un groupe contrôle et un groupe expérimental) et longitudinale. Elle portera sur une quarantaine de classes et environ 1 000 élèves qui seront exposés au dispositif pendant trois périodes annuelles de 6 semaines chacune.</p>
<p>Elle permettra la collecte de données auprès des élèves (performances, temps d’engagement dans la tâche, types d’erreur, etc.) et l’observation des usages effectifs de l’outil dans les différentes classes. L’analyse des données conduira ensuite à tester l’efficacité du dispositif en fonction des caractéristiques des élèves et des classes dans lesquelles il sera implémenté. Nous saurons alors si ce dispositif produit des effets différenciés sur les apprentissages des élèves ayant des compétences initiales ou des caractéristiques sociales différentes.</p>
<h2>Un projet – parmi d’autres- pour réduire les inégalités</h2>
<p>L’ambition du projet LINUMEN est de proposer aux enseignants un dispositif qui intègre les résultats de la recherche sur les apprentissages des élèves et sur les pratiques enseignantes. En permettant la différenciation du parcours des élèves en LNE, il pourrait favoriser la réduction des inégalités cognitives liées à l’origine sociale, et donc aussi un accrochage scolaire précoce. Notre démarche s’inscrit ainsi dans le courant de « l’éducation fondée sur les preuves ».</p>
<p>Pour autant, <em>in fine</em>, si notre dispositif s’avérait efficace et nos résultats valides, on se gardera de tirer de cette expérimentation des prescriptions à prétention universelle en direction des enseignants et de leurs pratiques, les travaux antérieurs nous ayant enseigné qu’un outil numérique n’est ni intrinsèquement bon, ni intrinsèquement mauvais, et qu’il peut faire l’objet de différents usages qui en infléchissent diversement la portée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/94074/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Youssef Tazouti a reçu des financements de la Caisse des dépôts et consignations relatifs au Programme d’Investissements d’Avenir 2 (e-FRAN). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Annette Jarlégan a reçu des financements de la Caisse des Dépôts et Consignations relatifs au Programme d'Investissements d'Avenir 2 (e-FRAN). </span></em></p>Conception d’un dispositif numérique pour soutenir l’action des enseignants de maternelle dans le développement des compétences des élèves en « LNE », littératie et numératie émergentes.Youssef Tazouti, Professeur des universités en Psychologie de l’éducation, 2LPN (Laboratoire Lorrain de Psychologie et Neurosciences, EA. 7489), Université de LorraineAnnette Jarlégan, Professeure des universités en sciences de l’éducation, LISEC (Laboratoire Interuniversitaire en Sciences de l’Education et de la Communication, EA. 2310), Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/913692018-02-11T19:59:07Z2018-02-11T19:59:07ZLe Conseil scientifique de l’éducation nationale face à cinq grands défis<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/205494/original/file-20180208-180801-kpz36z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En classe : expérimentations, sciences et preuves…</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/zFSo6bnZJTw">Neonbrand/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Créé pour combler un double manque (d’« éclairages pertinents », et « d’outils pédagogiques » adaptés), le <a href="http://bit.ly/2D3j3WG">Conseil scientifique de l’éducation nationale</a> a pour tâche d’éclairer, de nourrir, et d’outiller, le travail pédagogique. Pour mener à bien cette triple tâche, qui risque d’être plus difficile que ne l’ont imaginé ses promoteurs, il lui faudra affronter cinq défis, qui n’ont rien d’anodin.</p>
<h2>1. Trouver sa place parmi les autres institutions ou organismes ayant une mission d’éclairage et de recommandation</h2>
<p>Le premier défi, pour le nouveau Conseil, est de trouver, et de prendre, sa juste place. Car paradoxalement, si les praticiens manquent, selon le ministre, d’éclairages pertinents, <strong>l’éducation nationale, comme institution, ne manque pas de conseillers !</strong> Elle était déjà dotée d’un <a href="http://www.cnesco.fr/fr/accueil/">Conseil national d’évaluation du système scolaire</a> (CNESCO), et d’un <a href="http://bit.ly/2opKS2x">Conseil supérieur des programmes</a>.</p>
<p>Elle dispose par ailleurs d’une Inspection générale, et d’une <a href="http://bit.ly/1NpexxI">Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance</a>. Si donc l’on veut s’épargner la création d’un « Conseil chargé de la coordination des conseils », il faudra être capable de faire réellement jouer la « complémentarité » entre ces instances, que le ministre appelle de ses vœux. Ce premier défi exigera diplomatie, et réalisme.</p>
<p>Par ailleurs, certaines « expérimentations », mises en place par le précédent ministère, paraissent se situer dans ce qui sera le champ de travail du nouveau Conseil. Ainsi, dans le cadre de l’action <a href="http://bit.ly/2nUNHa7">« innovation numérique pour l’excellence éducative »</a> du « programme d’investissements d’avenir », l’expérimentation <a href="http://bit.ly/2ruwkBx">ProFan</a> (cf. BO 41 du 10/11/16) a pour fonction de « promouvoir de nouveaux contextes d’apprentissage et d’enseignement ». En travaillant à l’interface entre communauté éducative, monde économique, et recherche, ProFan a déjà le mérite <a href="http://bit.ly/2BL4i9J">d’associer chercheurs et acteurs de terrain</a>.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/iUQ8etvUB1I?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<p>De façon semblable, les <a href="http://www.gouvernement.fr/efran-les-22-laureats">22 projets sélectionnés en 2016</a> par le programme de recherche et développement <a href="http://bit.ly/2C4NmqH">e-FRAN</a> ont pour objectif d’expérimenter de nouvelles manières d’enseigner et d’apprendre, dans un cadre scientifique rigoureux, en associant établissements scolaires, collectivités territoriales, entreprises, unités de recherche, associations, centres de formation. Pour le moins, une coopération s’impose entre le « Conseil » et les personnes et groupes de pilotage responsables de ces actions.</p>
<h2>2. Ne pas se cantonner à un champ réduit d’« avancées »</h2>
<p>Le deuxième défi concerne le choix des « résultats de la recherche de pointe » à valoriser. Le diagnostic sur lequel repose la création du nouveau Conseil a le mérite de souligner l’importance de la pédagogie, naguère vilipendée, en laquelle on voit, de fait, un levier essentiel pour une meilleure réussite des élèves.</p>
<p>Toutefois, si la pédagogie est mise au centre, ce n’est pas pour devenir prisonnière d’un groupe de disciplines (ex : les <a href="http://sciences-cognitives.fr/">neurosciences</a>) devenant dictatoriales. Le défi est ici de « nourrir la réflexion pédagogique » <strong>avec tous les apports utiles, sans en oublier</strong>.</p>
<p>On a pu à cet égard <a href="http://bit.ly/2E9Bo4O">s’interroger</a> sur la <a href="http://bit.ly/2CVvOBL">composition du Conseil</a>, du point de vue non des personnes, mais des disciplines et courants de recherche qui y sont, ou non, représentés. Car la nature et le poids des disciplines retenues apportent une réponse de fait à la question de savoir de quoi le travail pédagogique a vraiment besoin pour être éclairé, nourri, et outillé, de façon efficace.</p>
<p>Sans doute a-t-il besoin, entre autres, des « dernières avancées de la recherche », mais en n’écartant aucune discipline potentiellement contributive. Mais aussi, comme l’indique à juste titre le texte présentant le Conseil, du « savoir-faire empirique des professeurs ». Et peut-être d’autres choses encore ! Le défi sera de ne méconnaître aucun des champs dignes d’intérêt, quand bien même ils ne seraient pas « scientifiques », au sens étroit du terme. Tout en se gardant de croire qu’il suffira d’éclairer l’action éducative pour la rendre plus consistante et moins incertaine.</p>
<h2>3. Se donner les moyens de repérer et de suivre les « expérimentations de terrain » prometteuses</h2>
<p>Le troisième défi concerne la reconnaissance et le suivi des « expérimentations de terrain » que l’on jugera digne d’être « mises à la portée de tous » pour « nourrir la réflexion pédagogique ». Le travail du Conseil sera ici, en quelque sorte, d’identifier celles qui ont fait leurs preuves. <strong>Mais, en pédagogie, la notion de preuve est ambiguë</strong>.</p>
<p>Le président du nouveau Conseil est un farouche partisan de l’idée d’une <a href="http://lemde.fr/2sibq9O">« éducation fondée sur la preuve »</a>. Toutefois, l’on peut s’interroger sur la possibilité même d’apporter une preuve, s’agissant de pratiques (cf. Hadji et Baillé, 1998 : <em>Recherche et éducation</em>, <a href="http://bit.ly/2slg8DO">« La démarche de preuve en 10 questions »</a>). Pour le courant de l’<a href="http://bit.ly/2BhGZ6A">« evidence-based education »</a> (pratique éducative basée sur les preuves), la réponse va de soi. Cependant, la prudence ne s’impose-t-elle pas ?</p>
<p>D’une part, l’hypercomplexité des faits éducatifs rend difficile, sinon impossible, d’isoler une méthode ou un dispositif comme variable indépendante. D’autre part, des impératifs d’ordre déontologique ou éthique rendent impossible une expérimentation au sens strictement scientifique. Et l’évaluation, même la plus rigoureuse possible, n’est jamais une mesure au sens propre.</p>
<p>C’est pourquoi, si une <a href="http://bit.ly/2H0e72T">« évaluation rigoureuse des stratégies éducatives »</a> (Stanislas Dehaene) est en soi souhaitable, le Conseil devra se garder de faire trop vite le tri entre les pratiques qui seraient scientifiquement validées, et les autres. Il faudra donner leurs chances aux innovations qui seraient jugées dignes d’un accompagnement critique.</p>
<h2>4. Assurer véritablement une liaison entre la recherche et le terrain</h2>
<p>Le quatrième défi est de pouvoir <strong>faire concrètement le lien entre la théorie et la pratique</strong>. Il y a là le Graal à la poursuite duquel se sont lancés tous les formateurs depuis de très nombreuses années. Le Conseil parviendra-t-il à être enfin l’acteur de l’articulation tant souhaitée ? L’ambition est clairement affichée. Il doit être celui qui transfert, et qui rend disponible, en mettant à la portée de tous les membres de la communauté éducative les résultats de la recherche de pointe. Il doit être celui qui « conjugue » l’excellence du savoir-faire empirique et le meilleur du savoir théorique.</p>
<p>Mais dispose-t-il pour cela des armes adéquates ? Apparemment, il pourra agir en proposant (en recommandant), trois types d’« objets ». <strong>Des savoirs</strong> : avancées et résultats de recherche. <strong>Des contenus de formation</strong> : ensemble de savoirs (théoriques) et de savoir-faire (empiriques). Et <strong>des outils</strong> : modèles de dispositifs et de pratiques.</p>
<p>Or l’expérience pédagogique quotidienne montre qu’il ne suffit pas de <a href="http://bit.ly/2pO9qTZ">désigner un savoir</a> pour que ceux à qui il serait utile se l’approprient ; qu’aucun contenu n’a en soi le pouvoir de s’imposer à des formés ; et que l’existence d’un outil n’entraîne pas automatiquement son usage. La recommandation est impuissante à assurer l’adoption.</p>
<p>Le conseil devra donc faire preuve de beaucoup de pédagogie pour faire des avancées repérées, et offertes à la communauté éducative, l’aliment d’une amélioration des pratiques. Car il ne dispose que de la parole. Avec trois types d’interlocuteurs ciblés. Les décideurs politiques, qui seront éclairés, mais dont on sait qu’ils agissent surtout en fonction des circonstances. L’ensemble de la communauté éducative, mais pour quels « bénéfices » concrets ? Et les professeurs, que l’on veut doter d’outils adaptés, mais à qui il appartiendra finalement de réaliser, ou non, l’union de la théorie et de la pratique. Ce qui nous conduit au dernier défi.</p>
<h2>5. Contribuer véritablement au changement des pratiques</h2>
<p>Trois pouvoirs sont, de fait, attribués au Conseil : « pouvoir consultatif » ; pouvoir de recommandation ; pouvoir d’outiller, ou plutôt de proposer (d’offrir) des outils. L’exercice de ces pouvoirs est-il de nature à permettre un réel enrichissement des pratiques pédagogiques ?</p>
<p>On sait que le changement de pratiques, comme tout changement, est un processus complexe. Pas plus qu’il ne se décrète, il n’est jamais directement déclenché par des avis, même les plus autorisés. Il suffit de voir combien de rapports, élaborés pourtant par de savantes commissions, sont restés lettre morte. Il faudra pouvoir prendre en compte les modalités de fonctionnement propres aux acteurs, en particulier aux enseignants.</p>
<p>Dans une étude sur <a href="http://bit.ly/2ENJxsE">« le rôle de l’enseignant dans l’innovation en éducation »</a>, R. Vandenbergue (1986) a mis en évidence que l’acceptation par les enseignants d’un changement proposé se fonde sur 3 critères : son <strong>instrumentalité</strong> (l’enseignant doit voir clairement ce qu’il aura à faire) ; sa <strong>congruence</strong> (est-ce crédible, compte tenu de ses expériences concrètes ?) ; et son <strong>coût</strong> (en termes de bilan effort/récompense). La « scientificité » du changement n’est jamais un argument susceptible de l’imposer.</p>
<p>Autrement dit, quand bien même on pourrait apporter la « preuve » de la positivité d’une pratique, il est loin d’être sûr que cela suffise à lui assurer une bonne diffusion. Il faudra avoir la capacité de convaincre les enseignants. Peut-être est-ce là, en définitive, le dernier, et plus difficile, défi à relever pour le Conseil, s’il entend contribuer à l’amélioration des pratiques. Car la rationalité seule des arguments ne suffira pas, comme l’ont monté les récentes tentatives de réforme. Il faudra sans doute trouver d’autres arguments, et ouvrir d’autres chantiers que celui du seul travail pédagogique.</p>
<p>Mais il serait injuste d’attendre d’un conseil « consultatif » plus qu’il ne peut donner. Souhaitons-lui déjà d’accomplir avec succès sa mission princeps, celle « d’apporter des éclairages pertinents en matière d’éducation », et ce sera déjà beaucoup.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/91369/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Charles Hadji ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Analyse des enjeux et des écueils possibles du nouveau conseil. Et réflexion sur la science et l’éducation.Charles Hadji, Professeur honoraire (Sciences de l’éducation), Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.