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mer – The Conversation
2024-02-08T16:57:47Z
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Sauvetage des migrants-naufragés en Méditerranée : comment la politique de l’UE doit évoluer
<p>Des voix <a href="https://defishumanitaires.com/2023/06/27/en-panne-ou-a-sec-une-discussion-necessaire-sur-le-deficit-de-financement-de-laide-humanitaire/">s’élèvent de toutes parts</a> pour alerter sur les limites financières et politiques auxquelles se heurte désormais l’aide humanitaire internationale dans sa capacité de déploiement.</p>
<p>Les fonds gouvernementaux, qui représentent 80 % des ressources annuelles de cette aide humanitaire internationale, traduisent des choix directement liés aux priorités politiques des pays donateurs. La situation des secours à l’égard des migrants naufragés en Méditerranée illustre de façon caricaturale les logiques d’une « compassion à géométrie variable », alors que c’est dans cette mer que l’on dénombre désormais le plus de décès sur le chemin de la migration. De 2014 à janvier 2024, le nombre de morts est ainsi estimé à <a href="https://missingmigrants.iom.int/fr/region/mediterranee">presque 29 000 personnes</a>.</p>
<h2>Une obligation morale et juridique</h2>
<p>On ne peut que regretter qu’il ne soit fait aucune mention explicite de la question du sauvetage des naufragés dans la toute récente publication de la <a href="https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/strategie-humanitaire-fr_cle8c1cde.pdf">stratégie humanitaire du gouvernement français pour sa programmation 2023-2027</a>. Il n’est toutefois pas trop tard.</p>
<p>Rappelons notamment que la France affirme dans cette stratégie qu’elle « défendra l’action humanitaire comme priorité européenne » (point 4.1.b du plan), et qu’elle portera une attention particulière aux femmes et aux enfants, populations particulièrement fragiles parmi les migrants, a fortiori parmi ceux qui tentent la traversée (points 2.4 et 2.5 du plan). 14 % de l’ensemble des personnes arrivées en Italie en 2016 après avoir traversé la Méditerranée étaient des enfants non accompagnés. Entre 2014 et 2020, <a href="https://www.migrationdataportal.org/fr/themes/child-and-young-migrants">au moins 2 300 enfants sont morts ou ont disparu au cours de leur voyage migratoire</a>. Les femmes représentent 20 % des arrivées maritimes en Europe, avec une <a href="https://journals.openedition.org/lhomme/43037">moindre chance de survivre à la traversée que les hommes</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/572486/original/file-20240131-15-g07hqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/572486/original/file-20240131-15-g07hqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/572486/original/file-20240131-15-g07hqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/572486/original/file-20240131-15-g07hqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/572486/original/file-20240131-15-g07hqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/572486/original/file-20240131-15-g07hqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=475&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/572486/original/file-20240131-15-g07hqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=475&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/572486/original/file-20240131-15-g07hqb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=475&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Nombre de décès le long des routes migratoires du 1ᵉʳ janvier 2014 au 27 janvier 2024. Cliquer pour zoomer.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://missingmigrants.iom.int/data">Organisation internationale pour les Migrations (OIM)</a></span>
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<p>Il est un aspect des questions migratoires qui ne se prête pas à de rudes et parfois manichéennes controverses politiques : c’est le devoir de recherche et d’assistance aux naufragés. Car cette obligation relève d’un cadre juridique qui ne fait pas débat, que ce soit au regard du <a href="https://www.imo.org/fr/ourwork/legal/pages/unitednationsconventiononthelawofthesea.aspx">droit de la mer</a> ou du point de vue du <a href="https://www.unhcr.org/fr/media/convention-et-protocole-relatifs-au-statut-des-refugies">droit international humanitaire</a>.</p>
<p>Dès lors, comme <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/15/aucune-disposition-en-matiere-de-lutte-contre-l-immigration-illegale-ne-saurait-justifier-un-renoncement-aux-obligations-du-droit-international_6206048_3232.html">l’a réaffirmé la Commission nationale consultative des droits de l’homme</a> (CNCDH), l’inertie des gouvernements des États membres de l’UE – sous couvert de lutte anti-migration – devant les drames récurrents est intolérable aux plans moral, légal et politique.</p>
<p>Certaines agences des Nations unies se sont, elles aussi, exprimées publiquement en 2023 pour dénoncer la situation qui prévaut en Méditerranée. Dans une prise de parole commune, l’OIM, le HCR et l’UNICEF ont <a href="https://news.un.org/fr/story/2023/08/1137522">publiquement appelé les États à « prendre leurs responsabilités »</a>.</p>
<h2>L’abandon du dispositif Mare Nostrum, témoin du défaut de solidarité des pays européens</h2>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-multitudes-2014-1-page-20.htm">Le naufrage survenu le 3 octobre 2013 à Lampedusa</a>, qui a coûté la vie à 366 migrants, provoqua une profonde émotion en Italie. Enrico Letta, alors président du Conseil, déclencha une opération militaro-humanitaire baptisée <a href="https://www.la-croix.com/Actualite/Europe/L-Italie-lance-la-mission-Mare-Nostrum-2013-10-16-1043279">Mare Nostrum</a>, destinée à la fois à secourir les migrants naufragés et à dissuader les passeurs.</p>
<p>Ce dispositif, souvent salué pour son efficacité et son humanité, a eu une durée de vie éphémère.</p>
<p>Le coût du déploiement militaire était élevé, estimé à environ 9 millions d’euros par mois. Il fut presque entièrement supporté par l’Italie, l’UE n’ayant accordé qu’une aide minime, dont Rome demandait avec constance l’augmentation.</p>
<p>Outre son coût, cette opération fut aussi critiquée car elle aurait eu, selon ses détracteurs, l’effet inverse de celui recherché dans la mesure où elle aurait facilité le passage de clandestins. En effet, certains passeurs se contentaient d’acheminer leurs passagers dans les eaux italiennes à l’aide d’un navire mère, avant de les abandonner à bord de petites embarcations, récupérées ensuite par les navires italiens opérant dans le cadre de Mare Nostrum.</p>
<p>Pour ces raisons, de nombreuses personnalités en Italie demandèrent l’arrêt de l’opération. Ce fut notamment le cas du ministre de l’Intérieur Angelino Alfano. Il annonça finalement le 27 août 2014 que cette opération serait remplacée par « Frontex Plus », un programme de contrôle des frontières géré et financé par l’UE.</p>
<p>Mare Nostrum prit donc fin le 1<sup>er</sup> novembre 2014. En remplacement, Frontex mettra en place <a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/eu-migration-policy/saving-lives-sea/">l’opération Triton</a>, bien moins ambitieuse, qui se contentera de patrouiller dans les eaux territoriales italiennes, n’ayant ni mandat ni équipement pour procéder à des opérations de recherche et sauvetage en haute mer.</p>
<p>L’abandon de Mare Nostrum traduisit ainsi une triple défaillance de l’UE : l’absence de solidarité entre les pays membres, en particulier dans leur soutien à l’Italie ; une incapacité à mesurer la détermination de personnes voulant à tout prix échapper à la violence de leur pays d’origine ; et une myopie collective sur les risques encourus par les migrants lors de traversées sauvages.</p>
<p>Ce repli est d’autant plus inacceptable que l’UE est par ailleurs <a href="https://devinit.org/resources/global-humanitarian-assistance-report-2023/">l’un des contributeurs majeurs à l’enveloppe annuelle consacrée à l’aide internationale d’urgence</a>.</p>
<h2>Le problème de la zone de recherche et de sauvetage libyenne</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/572487/original/file-20240131-23-jextzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/572487/original/file-20240131-23-jextzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/572487/original/file-20240131-23-jextzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=291&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/572487/original/file-20240131-23-jextzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=291&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/572487/original/file-20240131-23-jextzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=291&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/572487/original/file-20240131-23-jextzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=365&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/572487/original/file-20240131-23-jextzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=365&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/572487/original/file-20240131-23-jextzd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=365&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le découpage de la Méditerranée en zones de recherche et de sauvetage (Search and Rescue, SAR).</span>
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<p>Une zone SAR (« Search and rescue ») est un espace maritime aux dimensions définies, où un État côtier assure des services de recherche et de sauvetage, à commencer par la coordination des opérations. Une zone SAR s’étend à la fois sur les eaux territoriales et internationales ; ce n’est pas une zone où l’État jouit d’une autorité ou de droits étendus, mais plutôt un espace de responsabilité.</p>
<p>Au sein de sa zone SAR, l’État côtier doit <a href="https://sosmediterranee.fr/sauvetage-en-mediterranee/">assurer la prise en charge et la coordination des secours en mer, et trouver un lieu sûr où débarquer les rescapés</a>. Un « lieu sûr » se définit comme une destination où les naufragés verront assurés leurs besoins vitaux fondamentaux (abri, nourriture, eau, accès aux soins…) ; où ils seront en sécurité ; et où ils pourront bénéficier d’un examen de leurs droits en vue d’une éventuelle demande d’asile.</p>
<p>La zone SAR libyenne, principal théâtre d’intervention des navires de sauvetage, a été créée en 2018. Depuis, elle concentre des dysfonctionnements et des violences passés sous silence par l’UE qui finance le dispositif mis en place dans ce pays.</p>
<p>Jusqu’à 2018, la Libye n’avait pas déclaré de zone SAR au large de ses eaux territoriales, faute d’une flotte suffisante et, surtout, d’un « centre de coordination » fiable, capable de communiquer avec la haute mer. Pour éviter un « triangle des Bermudes » des secours, l’Italie avait alors élargi de fait – sinon en droit – son champ d’activité. Le 28 juin 2018, Tripoli a soudainement <a href="https://www.cairn.info/revue-migrations-societe-2020-1-page-29.htm">déclaré</a> auprès de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) sa zone « SAR » et son « Centre de coordination et de secours maritime » (Maritime Rescue Coordination Center, MRCC), officialisés du jour au lendemain. Les Italiens ont alors passé le relais aux Libyens.</p>
<p>Cette évolution résulte d’un vaste programme européen de soutien à la Libye datant de 2017, doté de 46 millions d’euros, qui visait tout à la fois à renforcer les frontières de l’Union, à lutter contre l’immigration illégale et à améliorer les opérations de sauvetage en mer. Ce plan prévoyait des moyens financiers de 6 millions d’euros par an, sur plusieurs années, pour aider Tripoli à créer sa propre SAR et son Centre de coordination. À ce budget étaient adjoints 1,8 million d’euros, <a href="https://www.mediapart.fr/journal/international/111018/migrants-le-hold-de-la-libye-sur-les-sauvetages-en-mer">via le Fonds pour la sécurité intérieure de l’Union</a>, sans que l’on connaisse précisément le contenu des demandes faites aux autorités libyennes pour qu’elles jouent ce rôle.</p>
<p>Malgré les <a href="https://fr.africanews.com/2023/07/11/libye-des-ong-denoncent-des-tirs-de-garde-cotes-lors-dun-sauvetage//">dénonciations récurrentes par les ONG</a> du comportement des garde-côtes libyens, l’UE <a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/infographics/eu-action-migration-libya/">se félicite des résultats obtenus</a>.</p>
<p>On assiste donc en Méditerranée à la mise en place d’une stratégie de « défaussement » de l’entité qui se revendique comme la plus grande démocratie mondiale, au profit d’autorités libyennes aux comportements obscurs et violents, et – par transfert de mandat – d’ONG. Ces organisations sont pourtant régulièrement soumises par les autorités des pays riverains de la Méditerranée à des stratégies délibérées de harcèlement et d’empêchement à agir, sous le regard indifférents de l’UE.</p>
<h2>La stupéfiante stratégie européenne : ne pas aider, et entraver ceux qui aident</h2>
<p>« Primum non nocere » (tout d’abord, ne pas nuire) : cette formule – familière pour les professionnels de santé – ne semble pas inspirer la politique européenne, bien au contraire.</p>
<p>L’UE, malgré sa puissance économique et financière, se refuse à toute implication financière dans son soutien aux ONG œuvrant au large de ses côtes.</p>
<p>Elle cautionne les incessants et longs déplacements des bateaux et des rescapés pris en charge à leur bord pour leur permettre de débarquer dans des ports sûrs.</p>
<p>Ainsi, en décembre 2023, <em>l’Ocean Viking</em>, navire affrété par SOS Méditerranée, a <a href="https://sosmediterranee.fr/sauvetages/sauvetage-26-personnes/">secouru 26 personnes</a>. Pour le débarquement des rescapés, c’est le port lointain de Livourne qui a été assigné au navire. Ce port se trouvait à plus de 1 000 km (soit plusieurs jours de navigation) de la zone de secours des naufragés, alors qu’il y avait à cette période des besoins cruciaux de capacités de recherche et de sauvetage.</p>
<p>Ce scénario s’est renouvelé dès janvier 2024 : nouvelle désignation, pour le débarquement, de Livourne, à 1 100 km du point de prise en charge <a href="https://sosmediterranee.fr/sauvetages/recap-ocean-viking-71-personnes-livourne/">d’un groupe de 71 personnes</a> (dont 5 femmes et 16 mineurs non accompagnés). Il résulte de ces désignations obligatoires, dont le contournement expose les sauveteurs à des sanctions immédiates, à la fois l’incapacité du bateau à agir pendant plusieurs jours, et l’aggravation des dépenses en carburant que doit engager l’association (plus de 500 000 euros de surcoût en 2023).</p>
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<span class="caption">« Port sûr » imposé au navire de SOS Méditerranée en décembre 2023, avec 26 personnes secourues à son bord.</span>
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<h2>La question cruciale de l’immobilisation récurrente des navires de sauvetage</h2>
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<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Une photographie de la situation globale des navires de sauvetage à l’approche de l’été 2021 rend compte des paralysies répétées des moyens de secours. La quasi-totalité des navires <a href="https://www.vuesdeurope.eu/question/sur-les-10-navires-humanitaires-menant-des-operations-de-recherche-et-de-sauvetage-de-migrants-en-mediterranee-combien-etaient-immobilises-au-15-juin/">était ainsi immobilisée à la mi-juin 2021</a>. Le <em>Geo Barents</em>, affrété par l’ONG Médecins sans frontières depuis le 26 mai, était alors le seul bateau d’ONG opérationnel en Méditerranée centrale, avec l’<em>Aita Mari</em> du collectif espagnol Maydayterraneo.</p>
<p>Si certains navires furent retenus à quai pour effectuer une quarantaine ou des opérations de maintenance, la plupart ont été immobilisés par les autorités italiennes pour des raisons beaucoup plus opaques, notamment pour des « irrégularités de nature technique ».</p>
<p>Le <em>Sea-Eye 4</em> de l’ONG allemande Sea-Eye fut bloqué le 4 juin par les garde-côtes italiens pour « non-respect des règles de sécurité » après avoir effectué une quarantaine au port sicilien de Pozzallo. Il en alla de même pour l’<em>Open Arms</em> (Proactiva Open Arms), le <em>Louise Michel</em> (Banksy), le <em>Mare Jonio</em> (Mediterranea Saving Humans) ainsi que pour <em>Sea-Watch 3</em> et 4 (Sea-Watch) et l’<em>Alan Kurdi</em> (Sea-Eye), immobilisé par les autorités italiennes pendant près de six mois en Sardaigne.</p>
<p>Cette stratégie d’immobilisations et de rétentions de navires s’est renforcée à partir de début 2023.</p>
<p>La législation italienne a alors intégré les effets du <a href="https://www.vuesdeurope.eu/italie-un-nouveau-decret-entrave-les-operations-de-sauvetage-en-mer-des-ong/">décret-loi « Piantedosi »</a>, qui limite la capacité des navires de recherche et de sauvetage appartenant à des ONG à effectuer plusieurs opérations de secours consécutives. Tout écart, pour des motifs parfois aussi futiles que pernicieux, peut désormais conduire le navire et son équipage à une immobilisation forcée.</p>
<p><a href="https://www.coe.int/fr/web/commissioner/-/le-gouvernement-italien-devrait-envisager-de-retirer-le-d%C3%A9cret-loi-qui-pourrait-entraver-les-op%C3%A9rations-de-recherche-et-de-sauvetage-en-mer-des-ong">L’interpellation du ministre italien</a> à l’origine du décret par la Commissaire aux droits de l’homme de Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović, pour demander le retrait du décret, est pourtant restée sans effet.</p>
<h2>Les foucades climatiques de la Méditerranée : « les médicanes »</h2>
<p>Ainsi se déploient en toute impunité des situations de « non-assistance à personnes en danger » alors même que les tentatives de traversée se déroulent dans une mer connue pour ses brusques accès de colère. La montée en puissance de ces tempêtes est aujourd’hui connue sous le néologisme <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/qu-est-ce-que-le-medicane-ce-cyclone-de-type-mediterraneen-qui-a-ravage-la-libye_6059961.html">« médicane »</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/573092/original/file-20240202-27-xmm2so.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/573092/original/file-20240202-27-xmm2so.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573092/original/file-20240202-27-xmm2so.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573092/original/file-20240202-27-xmm2so.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573092/original/file-20240202-27-xmm2so.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573092/original/file-20240202-27-xmm2so.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573092/original/file-20240202-27-xmm2so.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573092/original/file-20240202-27-xmm2so.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Théodore Gudin, « Coup de vent du 7 janvier 1831 dans la rade d’Alger. »</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010055650">Musée national de la Marine, Paris</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>On appelle Médicane (contraction de « Mediterranean Hurricane ») un système dépressionnaire orageux générant des vents forts en Méditerranée, et tourbillonnant autour d’un centre à cœur chaud. Ces tempêtes sont plus scientifiquement dénommées « cyclones subtropicaux Méditerranéens ». Même si leur taille et leur puissance sont nettement moins importantes que celles d’un véritable cyclone tropical (les vents y atteignent rarement les 150km/h, sauf dans les cas les plus extrêmes), elles possèdent <a href="https://www.meteo-paris.com/actualites/le-medicane-helios-provoque-d-importantes-intemperies-sur-la-sicile">certaines caractéristiques proches</a>.</p>
<p>Durant les sauvetages effectués en décembre 2023, <em>l’Ocean Viking</em> s’est non seulement vu attribuer un port de débarquement lointain, mais a aussi essuyé un refus, en chemin pour Livourne, quand il a demandé à pouvoir se mettre à l’abri dans un port protégé, alors que sévissait une tempête de force 8…</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/572835/original/file-20240201-27-zd4nwf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/572835/original/file-20240201-27-zd4nwf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/572835/original/file-20240201-27-zd4nwf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/572835/original/file-20240201-27-zd4nwf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/572835/original/file-20240201-27-zd4nwf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/572835/original/file-20240201-27-zd4nwf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/572835/original/file-20240201-27-zd4nwf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/572835/original/file-20240201-27-zd4nwf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Historique des trajectoires des médicanes recensés entre 2000 et 2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Navigation-Mac</span></span>
</figcaption>
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<p>Des mesures urgentes et concrètes sont dès lors impératives pour réaffirmer la dimension humanitaire des actions développées par les navires de secours et la priorité du <em>primum non nocere</em>.</p>
<h2>Les nécessaires évolutions dans l’organisation des secours en mer</h2>
<p>Il convient de rappeler le caractère intolérable au plan moral et politique de l’inertie des gouvernements des États membres de l’UE devant les drames récurrents, et de mettre fin au cercle vicieux que provoquent les financements européens à destination de la Libye et de la Tunisie, devenue aujourd’hui le <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/01/09/en-2023-l-europe-a-fait-face-a-un-rebond-migratoire-venu-du-sud_6209816_3212.html">principal point de départ des tentatives de traversée</a>.</p>
<p>Une réaffirmation des éléments de droit international, européen et national concernant la mise en œuvre impérative des secours pourra se fonder sur l’explicitation des textes de références qui régissent le droit de la mer et le Droit international humanitaire.</p>
<p>Ces éléments de droits pourront utilement comprendre l’explicitation des condamnations pénales auxquelles s’exposent les personnes qui se refusent à secourir les naufragés. Les équipages des navires qui croisent des embarcations en détresse – et qui pourraient intervenir – dérogent, en ne portant pas secours aux embarcations en perdition, à l’impérative assistance à personnes en danger.</p>
<p>Il est également nécessaire d’accroître la transparence des mécanismes de soutien mis en œuvre à destination des autorités libyennes et tunisiennes par l’UE, d’enquêter sur la nature et l’utilisation des ressources (matériel, financement, formations, RH…), et de mettre en œuvre des <a href="https://www.infomigrants.net/en/post/51021/tunisia-and-libya-share-responsibility-for-hundreds-of-migrants-at-border">mécanismes de redevabilité</a> efficaces.</p>
<p>Il faut, aussi, se doter de <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/08/30/migration-inscrivons-l-obligation-d-identification-des-defunts-anonymes-dans-le-droit-europeen_6187087_3232.html">tous les moyens nécessaires pour permettre d’identifier les noyés</a> dont les corps sont retrouvés. Cette identification est impérative pour que soit ainsi réaffirmée leur inaliénable humanité, et les moyens d’informer objectivement les familles des personnes décédées.</p>
<p>Plus généralement, la Méditerranée centrale, de même que d’autres théâtres de crise humanitaire en haute mer, doit être reconnue comme <a href="https://www.urd.org/fr/thematique/espace-humanitaire/">espace humanitaire</a>.</p>
<p>Les bailleurs de fonds bilatéraux (étatiques), européens (<a href="https://civil-protection-humanitarian-aid.ec.europa.eu/index_fr">ECHO</a>), et multilatéraux (dont les Nations unies) doivent intégrer la Méditerranée centrale dans leurs plans de financement de l’aide humanitaire internationale.</p>
<p>Les opérations de recherche et de secours ne peuvent pas être criminalisées pour ce qu’elles sont, mais reconnues comme des opérations humanitaires et protégées comme telles.</p>
<p>Une coordination effective des activités de recherche et de secours en Méditerranée doit être mise en place par les pays riverains concernés, avec le soutien de l’UE. Les États européens doivent coopérer plus étroitement et plus efficacement pour améliorer le déroulement des opérations de sauvetage elles-mêmes.</p>
<p>Les modalités d’assignation d’un « lieu sûr » pour le débarquement des rescapés doivent être explicitées, systématisées et améliorées dans la perspective de faciliter les sauvetages. L’assignation délibérée – non argumentée – de ports très éloignés pour le débarquement des naufragés doit être prohibée. Cette stratégie « déshabille » en permanence les faibles moyens de secours existants, pour des naufragés, dont une proportion non négligeable est composée de mineurs. Elle renforce les risques de naufrages mortels. Elle est incompréhensible à l’heure ou l’Europe prône l’exemplarité environnementale.</p>
<p>Les mesures contraignantes et répétitives d’immobilisation des navires, pour des motifs parfois fallacieux, doivent cesser.</p>
<p>L’ensemble de ces demandes a fait l’objet, en France, d’une <a href="https://www.cncdh.fr/actualite/sauvetage-des-migrants-en-mediterranee-la-cncdh-adopte-une-declaration">déclaration en urgence de la CNCDH</a>, parue au <em>Journal officiel</em> le 23 octobre 2023.</p>
<p>Le dispositif <em>Mare Nostrum</em> continue de servir de repère. Les organisations humanitaires appellent de leurs vœux le réinvestissement solidaire et concret des <em>États européens</em> dans les sauvetages en Méditerranée. Elles ne peuvent se satisfaire de la seule délégation de responsabilité dont elles ont hérité <em>par défaut des politiques publiques de l’UE</em>, comme antidote à la violence incontrôlée en vigueur dans les pays de la rive sud de la Méditerranée.</p>
<p>La récente signature du <a href="https://www.touteleurope.eu/societe/que-contient-le-pacte-europeen-sur-la-migration-et-l-asile/">« Pacte sur les migrations et l’asile »</a> n’a rien de rassurant pour l’avenir. En retenant une définition du nouveau concept d’« instrumentalisation des migrations » qui pourra inclure les ONG si elles ont « pour objectif de déstabiliser l’Union », le pacte laisse le champ libre aux États européens pour <a href="https://www.lacimade.org/accord-sur-le-pacte-ue-migrations-et-asile-leurope-renonce-a-lhumanite-et-la-solidarite/">criminaliser les organisations civiles de secours et de sauvetage en mer</a>.</p>
<p>La composition du futur Parlement européen, que les prévisions donnent dominé par la droite, après les élections de juin 2024, pourrait avoir des conséquences sur la gestion des naufrages aux portes de l’Europe. Le rôle et la vigilance des organisations issues de la société civile restent ainsi d’une cruciale importance.</p>
<hr>
<p><em>Pierre Micheletti a récemment publié <a href="https://langagepluriel.org/publications/tu-es-younis-ibrahim-jam/">« Tu es Younis Ibrahim Jama »</a>, roman inspiré de faits réels dont l’action se déroule entre le Soudan, le Tchad et la France.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222453/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre Micheletti est membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) et administrateur de l'ONG SOS Méditerranée.</span></em></p>
Quelque 29 000 personnes sont mortes en Méditerranée depuis 2014. Ce sont surtout des ONG qui portent secours aux naufragés, du fait de la politique restrictive de l’UE.
Pierre Micheletti, Responsable du diplôme «Santé -- Solidarité -- Précarité» à la Faculté de médecine de Grenoble, Université Grenoble Alpes (UGA)
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2024-02-06T14:39:47Z
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Le retour des blocus navals en mer Noire et en mer Rouge : vers le démembrement d’un espace commun ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/572169/original/file-20240130-29-1hyeoa.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=43%2C0%2C3189%2C2157&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">189 octobre 2023 : le destroyer américain USS Carney abat des missiles tirés par les Houthis en mer Rouge.</span> <span class="attribution"><span class="source">Aaron Lau/U.S. Navy </span></span></figcaption></figure><p>Les conflits actuels remettent au goût du jour une pratique que l’on avait oubliée : le blocus naval, entendu largement comme la volonté de bloquer le transport maritime afin de priver l’adversaire de ses approvisionnements et/ou des ressources financières tirées de ses exportations.</p>
<p>À la suite de son agression de février 2022, la Russie a tenté de mettre en place un <a href="https://www.latribune.fr/economie/international/cereales-le-blocage-des-exportations-ukrainiennes-par-la-russie-tire-les-prix-a-la-hausse-970339.html">blocus des exportations céréalières ukrainiennes</a> depuis les ports de la mer Noire. De même, le groupe yéménite des Houthis a entrepris, depuis le <a href="https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2023/11/19/yemen-un-roulier-et-son-equipage-capture-par-les-houthis-en-24255.html">19 novembre 2023 et la prise en otage d’un navire et de son équipage</a>, de perturber le commerce au travers du détroit de Bab El Mandeb afin de peser sur le conflit entre Israël et le Hamas.</p>
<p>Les infrastructures maritimes sont elles aussi visées, comme le montre le <a href="https://www.tf1info.fr/international/guerre-en-ukraine-russie-sabotage-des-gazoducs-nord-stream-1-et-2-en-mer-baltique-en-2022-un-an-apres-le-point-sur-les-enquetes-2270997.html">sabotage des deux pipelines gaziers <em>Nord Stream</em></a> de la mer Baltique le 22 septembre 2022. La zone Asie-Pacifique connaît de graves tensions qui pourraient dégénérer en <a href="https://meta-defense.fr/2022/10/25/chine-blocus-de-taiwan-2027/">blocus naval</a>, autour de Taïwan et en mer de Chine du Sud. Notons enfin que la perturbation du transport maritime passe par l’emploi de moyens militaires, comme les missiles et les drones, mais aussi d’instruments juridiques, comme les sanctions occidentales imposées à la Russie pour empêcher l’assurance du transport maritime de pétrole au-delà d’un certain prix (<a href="https://eu-solidarity-ukraine.ec.europa.eu/eu-sanctions-against-russia-following-invasion-ukraine/sanctions-energy_en"><em>Price Cap Coalition</em></a>).</p>
<h2>Le développement de la conflictualité en mer</h2>
<p>Le premier constat est simple : les conflits terrestres ont naturellement tendance à s’étendre sur la mer, même s’il ne s’agit pas de l’enjeu originel du conflit.</p>
<p>Ainsi, les guerres en cours en Ukraine et au Proche-Orient sont d’essence territoriale. Cependant, les <a href="https://www.areion24.news/2022/05/18/transport-maritime-la-mondialisation-sur-les-oceans/">sociétés modernes dépendent de plus en plus des mers</a> – pour l’écoulement des exportations via les porte-conteneurs, l’approvisionnement en matières premières par les vraquiers et les pétroliers, et le passage des données numériques au travers des <a href="https://theconversation.com/si-la-russie-coupe-les-cables-sous-marins-leurope-peut-perdre-son-acces-a-internet-169858">câbles sous-marins</a>. En conséquence, les mers ne sont pas contestées pour <em>elles-mêmes</em> mais pour les usages qu’elles permettent. Les conflits terrestres s’étendent sur les mers car les parties au conflit cherchent à se dénier réciproquement l’accès aux espaces maritimes.</p>
<p>Du point de vue politique, le blocus naval a naturellement tendance à <em>internationaliser</em> un conflit bilatéral : couper le commerce affecte simultanément les vendeurs et les consommateurs.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/y3uXH-sindo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Ainsi, les <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/03/02/guerre-en-ukraine-au-moyen-orient-et-en-afrique-l-approvisionnement-en-ble-inquiete_6115819_3234.html">pays consommateurs d’Afrique et du Moyen-Orient</a> ont été touchés par la rupture des exportations céréalières ukrainiennes en 2022. De leur côté, les Houthis perturbent une artère centrale du transport maritime, bien au-delà du transit lié à Israël, ce qui oblige les compagnies de porte-conteneurs à <a href="https://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20231216-mer-rouge-les-attaques-des-houthis-inqui%C3%A8tent-les-compagnies-de-transport-maritime">faire le tour de l’Afrique</a> pour assurer la liaison entre l’Asie et l’Europe. Cet allongement du parcours va nécessairement <a href="https://www.challenges.fr/monde/desorganisation-flambee-des-prix-penuries-les-houthis-destabilisent-le-fret-maritime-en-mer-rouge_879365">augmenter les coûts du fret maritime</a> pour des États qui ne sont pas directement partis au conflit.</p>
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<h2>Un combat entre la terre et la mer</h2>
<p>Les actions militaires en cours n’opposent pas deux forces navales mais une force navale à une force basée à terre. Chose remarquable, l’Ukraine est en passe de gagner la bataille de la mer Noire, en ayant détruit une quinzaine de navires russes, dont le <a href="https://theconversation.com/de-la-perte-du-croiseur-moskva-au-naufrage-de-la-russie-en-ukraine-181403">croiseur amiral <em>Moskva</em></a> et un <a href="https://www.lefigaro.fr/international/guerre-en-ukraine-kiev-annonce-avoir-touche-un-sous-marin-russe-pour-la-premiere-fois-20230914">sous-marin</a> à sa base, avec des missiles et des drones (aériens et de surface). Le président de la Confédération agraire ukrainienne a déclaré début 2024 que les capacités d’exportation du pays étaient <a href="https://legrandcontinent.eu/fr/2024/01/18/le-commerce-ukrainien-de-cereales-en-mer-noire-a-presque-retrouve-ses-niveaux-davant-guerre/">« presque revenues à leur niveau d’avant-guerre »</a>.</p>
<p>De même, avec des missiles plus ou moins <a href="https://nationalinterest.org/blog/buzz/where-did-houthis-get-anti-ship-ballistic-missiles%C2%A0-208127">sophistiqués issus d’Iran</a>, les Houthis sont en mesure de menacer les navires en mer Rouge.</p>
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<p>Depuis le 11 janvier 2024, les États-Unis <a href="https://www.bfmtv.com/international/moyen-orient/les-etats-unis-et-le-royaume-uni-frappent-les-houthis-au-yemen-plusieurs-villes-ciblees_AV-202401120042.html">mènent des frappes aériennes au Yémen</a> pour démanteler cet arsenal et garantir la liberté de navigation, mais il semble que cette action <a href="https://theconversation.com/les-etats-unis-vers-un-conflit-a-grande-echelle-avec-les-houthis-du-yemen-et-les-organisations-politico-militaires-irakiennes-221671">ne sera pas suffisante</a> pour rétablir la sécurité et donc le transport maritime.</p>
<p>D’autres moyens peuvent être utilisés pour bloquer la navigation des navires civils. Ainsi, la mer Noire a vu l’emploi par la Russie de mines dérivantes, dont une a <a href="https://www.france24.com/en/europe/20231228-cargo-ship-hits-naval-mine-in-black-sea-en-route-to-ukraine">frappé un navire en route vers un port ukrainien</a> en décembre 2023, ce qui a conduit les pays riverains – <a href="https://www.rfi.fr/en/podcasts/international-report/20240120-turkey-agrees-deal-to-clear-black-sea-of-mines-that-threaten-ukrainian-exports">Bulgarie, Roumanie et Turquie</a> – à engager une opération navale de déminage.</p>
<h2>Un enjeu essentiel : la diversification des voies d’approvisionnement</h2>
<p>Face à ces tentatives plus ou moins réussies de blocage du commerce maritime, une réponse non militaire consiste à chercher des voies alternatives d’écoulement et d’approvisionnement.</p>
<p>Ainsi, l’Ukraine et l’UE ont cherché à mettre en place des <a href="https://transport.ec.europa.eu/news-events/news/european-commission-establish-solidarity-lanes-help-ukraine-export-agricultural-goods-2022-05-12_en">« corridors de solidarité »</a> pour acheminer les céréales par l’ouest. En réaction aux attaques des Houthis, le reroutage des navires par le sud de l’Afrique pourrait ne pas avoir d’impact trop important sur les prix s’il s’avère que les compagnies ont des capacités disponibles.</p>
<p>Pour les pays acheteurs, la diversification des approvisionnements permet de limiter l’exposition à une rupture des approvisionnements, qui peut être voulue s’il s’agit d’un embargo. Ainsi, les Européens se sont retournés vers le gaz importé par bateau depuis les États-Unis et le Qatar en substitution du gaz russe. Mais cela ne fait que renforcer la dépendance à la mer des Européens, <em>via</em> une <a href="https://www.defense.gouv.fr/cesm/nos-publications/breves-marines-du-cesm/breves-marines-ndeg274-decontinentalisation-flux-energetiques-europe">« décontinensalisation »</a> des flux énergétiques.</p>
<h2>Un témoignage de la période post-hégémonique</h2>
<p>Le retour du blocus naval pourrait marquer un changement du <em>statut géopolitique</em> des mers. Ces dernières décennies, les mers étaient considérées comme un <em>global common</em> – c’est-à-dire un espace commun, non approprié par les États et susceptible d’usage par tous.</p>
<p>Ainsi, la <a href="https://treaties.un.org/pages/ViewDetailsIII.aspx?src=TREATY&mtdsg_no=XXI-6&chapter=21&Temp=mtdsg3&clang=_fr">Convention de Montego Bay de 1982</a>, considérée comme la « Constitution des océans », pose un principe de non-souveraineté des États sur la haute mer et garantit la libre navigation, en particulier dans les détroits internationaux. Cependant, au-delà du droit international, de <a href="https://www.belfercenter.org/publication/command-commons-military-foundation-us-hegemony">nombreux analystes</a> considèrent que le caractère commun et non disputé des mers reposait en réalité sur la puissance américaine. Force militaire incontestée du fait de ses porte-avions et de son réseau mondial de base, l’<em>US Navy</em> était capable d’assurer l’ouverture des mers, et aussi d’en dénier l’usage à ses adversaires.</p>
<p>Aujourd’hui, l’intensification de la conflictualité en mer témoigne de l’effritement de la position hégémonique américaine qui garantissait le caractère commun des mers. Au-delà du conflit israélo-palestinien, la confrontation entre les États-Unis et les Houthis est en réalité un enjeu international, car elle pose la question de la capacité de l’<em>US Navy</em> à « discipliner » un acteur non étatique qui bloque un détroit stratégique.</p>
<p>Du point de vue opérationnel, la prolifération des missiles et des drones opérés depuis la terre questionne la capacité de déploiement de l’<em>US Navy</em>. C’est la question stratégique centrale dans l’Asie-Pacifique : en cas de blocus naval de Taïwan par la Chine, les navires américains ne seront-ils pas repoussés au loin par la menace des missiles balistiques anti-navires ?</p>
<p>On le voit : les opérations de blocage du transport maritime en cours en mer Noire et en mer Rouge pourraient être les manifestations d’une tendance de fond, celle d’un démembrement de l’espace commun mondial que sont les mers et les océans.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221782/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emploi échu dans une entreprise de la construction navale.</span></em></p>
La Russie veut bloquer les exportations ukrainiennes en mer Noire, tandis les Houthis tentent d’empêcher le passage des navires en mer Rouge. Les mers redeviennent un espace de conflictualité majeur.
Maxence Brischoux, Chercheur en relations internationales au Centre Thucydide, Université Paris-Panthéon-Assas
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2024-01-15T16:43:35Z
2024-01-15T16:43:35Z
Qui sont les Houthis, cette milice yéménite visée par les frappes américaines et britanniques ?
<p>Les Houthis, également connus sous le nom d’Ansar Allah (ou « partisans de Dieu »), sont un groupe militaire qui exerce actuellement un contrôle de facto sur la majeure partie du nord du Yémen. Formée dans les années 1990, la milice porte le nom de son fondateur, Hussein Badreddin al-Houthi, et suit la branche zaïdite de l’islam chiite, qui représente <a href="https://orientxxi.info/magazine/la-revanche-inattendue-du-confessionnalisme-au-yemen,0677">20 à 30 % de la population du Yémen</a>.</p>
<p>Les dirigeants du groupe sont issus de la tribu Houthi, qui fait partie de la confédération Bakil, la <a href="https://www.france24.com/fr/20110607-yemen-pays-tiraille-entre-tribalisme-democratie-ali-abdallah-saleh-manifestation-revolte-tribus-hached-bakil">plus grande des trois grandes confédérations tribales</a> du Yémen avec les Hashid et les Madhaj. Alors que les États-Unis et le Royaume-Uni ont effectué une série de <a href="https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20240112-les-%C3%A9tats-unis-et-le-royaume-uni-ont-men%C3%A9-avec-succ%C3%A8s-des-frappes-contre-les-houthis-au-y%C3%A9men">frappes militaires</a> contre le groupe yéménite, après une série d’attaques menées par la milice contre des navires de la mer Rouge, voici quatre choses qu’il faut savoir au sujet des Houthis.</p>
<h2>1. Pourquoi les Houthis se sont-ils formés ?</h2>
<p>Pour comprendre la montée en puissance des Houthis, il convient tout d’abord de retracer l’histoire mouvementée du Yémen. Depuis sa création en 1990, le Yémen a peiné à édifier un État unifié et efficace, et a été en proie à la faiblesse de ses institutions et de son nationalisme, à l’insurrection et au sécessionnisme.</p>
<p>La région qui comprend aujourd’hui le Yémen a été divisée en <a href="https://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1990_num_36_1_2960">deux territoires, le nord et le sud</a> du XIX<sup>e</sup> siècle à 1990. Après l’effondrement de l’empire ottoman, le <a href="https://www.lesclesdumoyenorient.com/Republique-Arabe-du-Yemen-Yemen-du-Nord-1970-1990.html">Yémen du Nord est devenu indépendant en 1918</a> tandis que le sud du Yémen est resté sous contrôle britannique jusqu’en 1967 avant de gagner son indépendance cette année-là sous le nom de République démocratique populaire du Yémen <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/index/pays/yemendusud">(Yémen du Sud)</a>, au régime marxiste et soutenu par l’URSS. Les deux Yémens ont ensuite été unifiés en 1990.</p>
<p>Les identités tribales restent fortes, en particulier dans le nord, et de nombreux groupes différents ont détenu le pouvoir dans l’histoire de la région. Les chiites zaydites se sont battus pendant des milliers d’années pour le contrôle du territoire que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Yémen, avec un <a href="https://orientxxi.info/magazine/la-revanche-inattendue-du-confessionnalisme-au-yemen,0677">certain succès</a>. Aujourd’hui, sous l’égide des Houthis, ils contrôlent certaines parties du nord du Yémen.</p>
<p>Si nous avançons rapidement jusqu’à l’ère moderne, le Yémen a été confronté à des conflits constants et à la faillite de l’État. Le nord du pays était dirigé depuis 1978 par le dictateur Ali Abdullah Saleh, qui a ensuite pris la tête du <a href="https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMBiographie?codeAnalyse=140">Yémen nouvellement unifié</a> en 1990. Les proches de Saleh contrôlaient alors des pans entiers de l’armée et de l’économie – et la <a href="https://www.lapresse.ca/international/moyen-orient/201502/25/01-4847373-yemen-lex-president-saleh-aurait-amasse-plus-de-30-milliards-par-la-corruption.php">corruption était un fléau extrêmement répandu</a>.</p>
<p>Des tensions sont apparues parce que la grande majorité des ressources du Yémen alimentaient Sanaa, la capitale du Yémen du Nord, et en particulier le clan Sanhan de Saleh, membre de la fédération Hashid. Bien que le gouvernement central ait réussi à maintenir l’unité du pays (Saleh a notamment déclaré que gouverner le Yémen revenait à « <a href="https://www.letemps.ch/monde/moyenorient/ali-abdallah-saleh-devore-serpents">danser sur la tête de serpents</a> ») après la tentative de sécession du sud en 1994, de nombreux groupes ont exprimé des griefs à l’encontre du gouvernement dirigé par Saleh.</p>
<p>Les Houthis ont été parmi les principaux contestataires du gouvernement central du Yémen. En plus de subir des décennies de marginalisation politique, de négligence, d’exclusion économique et parfois de terreur de la part du gouvernement central, les Houthis étaient préoccupés par l’influence saoudienne croissante dans le pays – et en particulier par le pouvoir grandissant du <a href="https://www.lesclesdumoyenorient.com/Rebellion-chiite-au-Yemen.html">salafisme et du wahhabisme</a> (considérés comme des doctrines religieuses saoudiennes importées).</p>
<p>Mais le point de basculement pour le mouvement houthi a probablement été l’invasion américaine de l’Irak en 2003. Influencés par le succès des combattants du Hezbollah basés au Liban qui ont affronté avec succès les forces occidentales en Irak, les Houthis se sont inspirés et ont obtenu le soutien du groupe basé au Liban, ainsi que de l’Iran – bien que leurs responsables <a href="https://fr.timesofisrael.com/yemen-le-chef-des-rebelles-houthis-vante-liran-et-le-hezbollah/">nient ces liens</a>.</p>
<h2>2. Comment les Houthis ont-ils pris le pouvoir ?</h2>
<p>Pour faire face à la montée en puissance des Houthis, Saleh a lancé une campagne militaire en 2003, avec l’aide de l’Arabie saoudite. Bien que les forces de Saleh aient réussi à tuer le chef des Houthis, Hussein al-Houthi, en 2004, les Houthis ont souvent infligé des revers à Saleh et à l’armée saoudienne, malgré les milliards de dollars <a href="https://www.brookings.edu/articles/who-are-the-houthis-and-why-are-we-at-war-with-them/">dépensés par cette dernière</a>.</p>
<p>En effet, les Houthis se sont révélés être un adversaire redoutable pour les Saoudiens, osant pénétrer en Arabie saoudite en 2009 et forçant le royaume à déployer son armée pour faire face à la <a href="https://www.ouest-france.fr/monde/yemen/qui-sont-les-houthis-qui-attaquent-les-navires-israeliens-1187027c-9284-11ee-8602-1e868188f4e2">menace croissante</a>.</p>
<p>Depuis que la révolution yéménite a éclaté en 2011, les Houthis se sont battus pour chasser Saleh du pouvoir, avant de <a href="https://www.lemonde.fr/yemen/article/2017/08/25/au-yemen-l-alliance-entre-saleh-et-les-rebelles-houthistes-se-fissure_5176463_1667193.html">s’allier avec lui en 2015</a>. Lorsque cette alliance s’est effondrée, ce sont les Houthis qui ont pris le dessus, le groupe rebelle <a href="https://www.lemonde.fr/yemen/article/2017/12/04/yemen-l-ex-president-saleh-est-mort-tue-par-des-rebelles-houthistes_5224391_1667193.html">finissant par assassiner Saleh</a> en décembre 2017.</p>
<p>Les Houthis ont également été une force majeure dans la guerre civile yéménite en cours (qui a commencé en 2014), qui a causé environ <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2021/11/24/en-sept-ans-la-guerre-du-yemen-aura-cause-la-mort-de-377-000-personnes-d-ici-la-fin-de-l-annee-2021_6103373_3210.html">377 000 morts</a>, dont de nombreux civils. Bien que le gouvernement du sud soit reconnu par la communauté internationale, les Houthis se sont emparés d’une grande partie du nord du Yémen depuis qu’ils ont pris d’assaut Sanaa en 2014. Ils contrôlent aussi le port clé de Hudeidah, qui génère jusqu’à 1 milliard de dollars de revenus pour le <a href="https://www.lorientlejour.com/article/1281828/la-prise-de-hodeida-par-les-houthis-redefinit-les-lignes-de-front.html">gouvernement houthi</a>.</p>
<h2>3. Quelle est leur influence régionale ?</h2>
<p>Aujourd’hui, les Houthis comptent <a href="https://www.theguardian.com/world/2024/jan/12/yemen-houthi-rebels-who-are-they-what-attacking-us-uk-airstrikes-red-sea-crisis">environ 20 000 combattants</a>. Depuis la mort d’al-Houthi, le mouvement est principalement dirigé par son frère, Abdul-Malik al-Houthi, qui a déclaré qu’il n’hésiterait pas à attaquer les <a href="https://fr.timesofisrael.com/le-chef-des-houthis-pro-iran-du-yemen-menace-de-riposter-en-cas-de-frappe-americaine/">États-Unis et leurs alliés</a>.</p>
<p>Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre, les Houthis ont tenté de tirer parti du conflit à travers une démonstration de puissance visant à rehausser leur statut international.</p>
<p>Se proclamant solidaires du peuple palestinien, les Houthis ont lancé une série d’attaques contre des navires commerciaux en mer Rouge, dont le Yémen est riverain. L’attaque la plus effrontée a eu lieu le 19 novembre 2023, lorsque des combattants ont utilisé un hélicoptère pour enlever l’équipage d’un transporteur de voitures lié à un <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/guerre-entre-le-hamas-et-israel-pourquoi-les-rebelles-houthis-du-yemen-attaquent-des-navires-israeliens-en-mer-rouge_6222711.html">homme d’affaires israélien</a>.</p>
<h2>4. Contrôlent-ils l’accès à la mer Rouge ?</h2>
<p>Bien que la plupart des attaques des Houthis sur la mer Rouge n’aient pas été couronnées de succès, elles ont forcé des milliers de navires à contourner cette route et à se diriger vers l’Afrique du Sud, ce qui a entraîné des <a href="https://www.lepoint.fr/monde/attaques-en-mer-rouge-les-geants-du-transport-maritime-evitent-la-traversee-jusqu-a-nouvel-ordre-16-12-2023-2547347_24.php">coûts et des délais considérables</a> pour le transport maritime.</p>
<p>En représailles aux dizaines d’attaques menées en mer Rouge, les États-Unis et le Royaume-Uni ont répondu par leur plus grande attaque contre les <a href="https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/10/13/yemen-les-etats-unis-ont-bombarde-trois-sites-sous-controle-des-houthis_5012747_3218.html">Houthis depuis 2016</a>, quand les États-Unis avaient frappé trois sites de missiles des Houthis après que les Houthis aient tiré sur des navires de guerre américains et des navires commerciaux. Cela avait mis un terme temporaire aux attaques des Houthis. Mais aujourd’hui, alors que les Houthis sont convaincus d’avoir remporté la victoire contre les Saoudiens et l’Occident au Yémen, les rebelles semblent plus désireux que jamais de <a href="https://fr.timesofisrael.com/le-chef-des-houthis-pro-iran-du-yemen-menace-de-riposter-en-cas-de-frappe-americaine/">s’attaquer de front aux États-Unis</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221149/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Natasha Lindstaedt ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
En réponse à de nombreuses attaques commises en mer Rouge ces dernières semaines, les États-Unis et le Royaume-Uni ont décidé de bombarder des sites stratégiques houthis le 11 janvier 2024.
Natasha Lindstaedt, Professor, Department of Government, University of Essex
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/219125
2024-01-03T17:36:32Z
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Dans les mers, des tonnes de déchets radioactifs laissés à l’abandon
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/564809/original/file-20231211-19-wbrfv3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4992%2C2851&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Rien qu'en Atlantique nord-est, près de 200 000 fûts de 200 litres de déchets radiacatifs ont été immergés, et n'ont pour l'heure toujours pas été récupérés.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La gestion des <a href="https://www.lefigaro.fr/conjoncture/la-france-compte-1-76-million-de-m3-de-dechets-radioactifs-a-gerer-20231212">déchets radioactifs</a> est <a href="https://www.ouest-france.fr/environnement/nucleaire/uranium-issu-des-combustibles-uses-les-liens-sont-tenaces-entre-le-nucleaire-francais-et-la-russie-10900e3a-bcd9-11ed-95d7-ae0463183236">l’une des faces sombres</a> du recours à l’énergie nucléaire. La NASA avait un temps envisagé de les envoyer en <a href="https://www.science-et-vie.com/questions-reponses/pourrait-on-envoyer-nos-dechets-dans-le-soleil-62359.html">orbite autour du Soleil</a>, avant de renoncer à ce projet dispendieux et risqué.</p>
<p>Les États nucléarisés ont vite opté pour la solution la plus simple et la moins coûteuse, en immergeant ces déchets en mer. <a href="https://hal.science/hal-01091818/document">Le principe de dilution</a> justifiait cette pratique : on considérait la mer si vaste que les déchets radioactifs allaient se diluer sans conséquence notable pour la faune et la flore marines. Les campagnes de <a href="https://www.bing.com/videos/riverview/relatedvideo?&q=zodiacs+greenpeace+dechet+radioactifs&&mid=2C8F9C3FC0D81BCD2AF92C8F9C3FC0D81BCD2AF9&&FORM=VRDGAR">Greenpeace</a> ont toutefois marqué l’opinion dans les années 1970, en <a href="https://www.dailymotion.com/video/xfdqno">mettant des images</a> sur une réalité qui n’était pas secrète, mais que l’on pouvait avoir du mal à se représenter.</p>
<p>Rien qu’en Atlantique nord-est, près de <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/atlantique-sur-la-piste-des-futs-radioactifs">200 000 fûts</a> de 200 litres de ces déchets ont ainsi été immergés, et n’ont pour l’heure toujours pas été récupérés. Nombre d’entre eux sont désormais en état de détérioration avancé, ce qui rend cette récupération presque impossible. L’Agence Internationale de l’Énergie Atomique (AIEA) précise que dans ces fûts « des <a href="https://theconversation.com/quappelle-t-on-un-dechet-radioactif-179347">déchets radioactifs</a> provenant de la recherche, de la médecine, de l’énergie nucléaire et des activités militaires ont été emballés […], enrobés dans une matrice en béton ou en bitume ».</p>
<p><a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/atlantique-sur-la-piste-des-futs-radioactifs">Une mission scientifique est prévue en 2024</a> pour cartographier le fond des zones maritimes concernées, et estimer la dangerosité de ces dépôts. Il s’agira alors d’évaluer le comportement des <a href="https://energie-nucleaire.net/qu-est-ce-que-l-energie-nucleaire/radioactivite/radionucleide">radionucléides</a> là où les fûts ont été détériorés. L’incertitude actuelle porte sur leur mobilité et la possibilité qu’ils migrent dans la <a href="http://www2.ecolex.org/server2neu.php/libcat/docs/TRE/Full/Fr/TRE-001268.pdf">colonne d’eau</a>, présentant un <a href="https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/pollution-futs-radioactifs-mer-70-ans-apres-y-t-il-risque-environnement-marin-97798/">risque potentiel encore mal évalué pour les animaux</a> qui y vivent.</p>
<h2>De 1946 à 1982 : des immersions tous azimuts</h2>
<p>Rapidement <a href="https://afcn.fgov.be/fr/dossiers/dechets-radioactifs/gestion-des-dechets-radioactifs/immersion-en-mer-de-dechets-radioactifs">imitée par d’autres pays</a>, la <a href="https://www.andra.fr/sites/default/files/2018-01/585.pdf">première immersion a été réalisée par les États-Unis</a>, à 80 km des côtes californiennes, en 1946. En France, un projet similaire du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) envisageant des immersions dans la Méditerranée a été enterré dans les années 1960, à la suite des contestations des populations locales concernées et des écologistes, le <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1960/10/11/le-commandant-cousteau-critique-les-conditions-dans-lesquelles-a-ete-organisee-l-immersion-de-dechets-radio-actifs_2109120_1819218.html">Commandant Cousteau en tête</a>.</p>
<p>Les pratiques étrangères d’immersion ont eu un impact réel en France, comme l’attestent les <a href="https://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_1965_num_11_1_1847">témoignages de marins-pêcheurs en Atlantique de l’époque</a>, au large de La Rochelle, de Guilvinec ou de Concarneau, déplorant remonter dans leurs filets des déchets radioactifs immergés dans leurs lieux de pêche.</p>
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<figcaption><span class="caption">Au fond de la Manche, ces déchets nucléaires qui inquiètent….</span></figcaption>
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<p>Dans l’Atlantique nord-est, la France a elle aussi participé à <a href="https://www.youtube.com/watch?v=rUDwK5IEaGw">deux campagnes d’immersions coordonnées</a> par l’agence nucléaire de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), avec l’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. En 1967, 11 000 tonnes de déchets radioactifs sont ainsi immergés au large de la Galice, et deux ans plus tard, 9 000 nouvelles tonnes le sont à 900 km des côtes bretonnes.</p>
<p>La construction du <a href="https://www.ouest-france.fr/environnement/nucleaire/nucleaire-le-stockage-de-surface-des-dechets-a-la-hague-confronte-a-la-realite-du-temps-long-b8fdde4e-95ba-11ed-9400-7aba786c7303">centre de traitement de la Hague</a> dans la Manche a mis un terme à la pratique française de l’immersion en Atlantique, tandis que d’autres États nucléarisés l’ont poursuivie plusieurs années durant. Toutefois, dans son inventaire national publié en 2018, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (<a href="https://www.connaissancedesenergies.org/sites/default/files/pdf-actualites/andra-synthese-2018-web.pdf">l’Andra</a>) indique que la France a continué à immerger 3200 tonnes de déchets radioactifs produits par ses essais nucléaires dans le Pacifique, en Polynésie, jusqu’en 1982, au large des atolls de Hao et Mururoa.</p>
<h2>Une interdiction progressive de l’immersion en mer</h2>
<p>En 1958, la <a href="https://legal.un.org/ilc/texts/instruments/french/conventions/8_1_1958_high_seas.pdf">Convention sur la haute mer</a> commence par préciser en son article 25 que « tout État est tenu de prendre des mesures pour éviter la pollution des mers due à l’immersion de déchets radioactifs ». Mais cette convention ne concerne alors que la haute mer, et aucune définition de la notion de « pollution des mers » n’y est précisée.</p>
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<figcaption><span class="caption">Dans les années 1960, la France décide d’immerger une partie de ses déchets radioactifs dans l’Atlantique. INA.</span></figcaption>
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<p>Il faut attendre la <a href="https://www.imo.org/fr/about/Conventions/pages/convention-on-the-prevention-of-marine-pollution-by-dumping-of-wastes-and-other-matter.aspx">Convention de Londres de 1972</a>, pour que soit interdite l’immersion des <a href="https://www.andra.fr/les-dechets-radioactifs/tout-comprendre-sur-la-radioactivite/classification">déchets de haute activité</a>, et limitée celle des autres déchets radioactifs de plus faible activité. Surtout, la Convention arrête une définition large de l’immersion, qui désigne « l’élimination délibérée dans la mer de déchets ou autres matières à partir de navires, aéronefs, plates-formes ou autres ouvrages artificiels, ainsi que le sabordage en mer de ces navires ou plates-formes ». Les annexes énumèrent les déchets dont l’immersion est interdite et ceux pour lesquels un permis spécifique d’immersion est requis.</p>
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<p>Puis, en 1983, est décidée la suspension provisoire et volontaire de toute immersion de déchets radioactifs en mer, <a href="http://www.informationnucleaire.ch/pdf_fiche_1/01_RAPPORT_AIEA.pdf">jusqu’à ce que de nouvelles études sur les effets de ces activités</a> soient disponibles en 1985. Mais cette suspension a été prolongée afin que les gouvernements puissent analyser les résultats obtenus. <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1993/11/16/le-vote-de-la-convention-de-londres-l-immersion-des-dechets-radio-actifs-est-definitivement-interdite_3971903_1819218.html">L’adoption d’une résolution, en 1993</a>, a rendu pérenne l’interdiction de toute immersion, devenue ainsi totale et définitive.</p>
<h2>L’étape essentielle du Protocole de Londres en 1996</h2>
<p>Le <a href="http://www2.ecolex.org/server2neu.php/libcat/docs/TRE/Full/Fr/TRE-001268.pdf">Protocole de Londres en 1996</a> remplace quant à lui la Convention de 1972 depuis son entrée en vigueur, en 2006. Il comprend trois apports principaux.</p>
<p>Premièrement, il inverse la logique de l’interdiction. En 1972, on avait énuméré les matières qui ne pouvaient plus être immergées. Le Protocole, lui, érige en principe l’interdiction d’immerger des déchets radioactifs, à l’exception de ceux qui sont énumérés dans une annexe. Pour ces déchets toutefois, un permis d’immerger est nécessaire.</p>
<p>Deuxièmement, le Protocole définit une approche de précaution. Il convient ainsi de « prendre les mesures préventives appropriées lorsqu’il y a des raisons de penser que des déchets ou autres matières introduites dans le milieu marin risquent de causer un préjudice et ce, même en l’absence de preuves concluantes de l’existence d’un lien causal entre les apports et leurs effets ».</p>
<p>Troisièmement, sans s’attarder sur les modalités, le Protocole précise que le pollueur « devrait, en principe, assumer le coût de la pollution » et que les parties contractantes doivent s’assurer que ledit Protocole n’a pas simplement pour résultat de déplacer la pollution d’un secteur de l’environnement à un autre.</p>
<h2>Que faire des déchets radioactifs déjà immergés ?</h2>
<p>L’appréhension juridique des immersions de déchets radioactifs se heurte à des difficultés intrinsèques. Si tant est qu’au sein de l’immensité océane on parvienne un jour à déceler la présence de déchets radioactifs non déclarés, il restera difficile de savoir qui les a immergés, à quel moment, et même à quel endroit, puisque les courants pourraient les avoir déplacés. Aussi, la désignation du responsable peut être complexe à établir. Excepté si un navire était pris sur le vif, l’effectivité de cet assemblage juridique resterait difficile à mettre en œuvre si un État ayant signé le Protocole décidait d’y faire entorse. Son existence a cependant le mérite d’acter l’engagement des États nucléarisés à ne plus utiliser la mer comme le dépotoir de leurs activités nucléaires.</p>
<p>L’une des interrogations qui subsistent réside toutefois dans la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=iEPJO62qEk8">pratique de l’immersion réalisée par la Russie</a>, l’un des États nucléarisés les plus pollueurs qui semble plus réticent à suivre le mouvement d’interdiction des immersions. Le peu de données disponibles laisse augurer le pire scénario, notamment en mer de Kara, en mer de Barent et en mer Blanche. L’eau y est peu profonde, et il s’agit de zones géographiques très sensibles au réchauffement climatique. Outre les fûts et conteneurs que l’on retrouve ailleurs, elles abriteraient aussi plusieurs sous-marins et réacteurs nucléaires.</p>
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<figcaption><span class="caption">Océan Arctique, cimetière atomique. Arte.</span></figcaption>
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<p>Les <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/atlantique-sur-la-piste-des-futs-radioactifs">missions scientifiques prévues dans l’océan Atlantique</a> détermineront si ces déchets radioactifs sont en l’état dangereux ou non. Quoi qu’il en soit, l’interdiction de leur immersion en mer est essentielle à la construction d’une éthique en la matière. Celle-ci reste incomplète, tant qu’une solution n’aura pas été trouvée pour le devenir des déchets immergés en état d’être repêchés. Cela serait cohérent avec la préoccupation émergente dans notre droit contemporain de ne pas compromettre la capacité des générations futures et des autres peuples à satisfaire leurs propres besoins.</p>
<p>Dans son principe au moins, celle-ci vient d’être consacrée en France par le <a href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/actualites/communique/decision-n-2023-1066-qpc-du-27-octobre-2023-communique-de-presse">Conseil constitutionnel</a>, à l’occasion du contrôle des dispositions législatives instituant le <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/complement-d-enquete/complement-d-enquete-dechets-nucleaires-quand-nos-poubelles-debordent_6077022.html">projet d’enfouissement sous terre des déchets radioactifs à Bure</a>. Il a néanmoins estimé ici que les conditions de stockage permettent « de protéger l’environnement et la santé contre les risques à long terme de dissémination de substances radioactives », et que la charge de la gestion de ces déchets n’est pas « reportée sur les seules générations futures ». Depuis, le <a href="https://www.conseil-etat.fr/actualites/stockage-de-dechets-radioactifs-le-conseil-d-etat-confirme-l-utilite-publique-du-projet-de-stockage-de-dechets-radioactifs-cigeo">Conseil d’État</a> s’est notamment appuyé sur cette décision pour considérer que le projet Cigéo était bien d’utilité publique.</p>
<p>Le régime juridique devant traduire en droit la <a href="https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-la-justice-2019-3-page-441.html">prise en compte d’une telle capacité des générations futures</a> reste toutefois encore à l’état larvaire. D’ici à ce qu’il gagne en consistance, les fûts encore en état solide qui tapissent les planchers océaniques ont le temps de subir l’inexorable détérioration à laquelle ils semblent promis.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/219125/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Pauthe est membre de la Société Française de l'Environnement (SFDE) et de l'Association Française de Droit Constitutionnel (AFDC)
</span></em></p>
Depuis 1993, l’immersion de déchets radioactifs en mer est interdite. Mais que faire des déchets jetés auparavant dans les océans ?
Nicolas Pauthe, Docteur en droit public, enseignant-chercheur post-doctorant, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)
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tag:theconversation.com,2011:article/211094
2023-10-25T15:59:45Z
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Comment explorer les systèmes hydrothermaux des grands fonds marins ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/551195/original/file-20230929-29-fd6joi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=44%2C0%2C5996%2C3366&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Cheminées du site hydrothermal de
TAG (Atlantique), photographiées lors de la mission HERMINE en 2017.</span> <span class="attribution"><span class="source">Ifremer</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les grands fonds marins sont aujourd’hui, plus que jamais, sous le feu des projecteurs. La présence de potentielles ressources minérales qui pourraient contribuer à la transition énergétique suscite en effet l’intérêt croissant de certains pays et acteurs industriels. Aux côtés des nodules polymétalliques et des encroûtements cobaltifères, les <a href="https://doi.org/10.1016/j.marpol.2020.104183">dépôts de minéraux associés aux systèmes hydrothermaux</a> constituent une des cibles actuellement identifiées.</p>
<p>Mais, avant de songer à exploiter – ou explorer – ces fameux sites hydrothermaux, difficiles d’accès et encore largement méconnus, encore faut-il pouvoir les trouver. Pour cela, il est possible d’utiliser des stratégies d’exploration océanique adaptées.</p>
<h2>Les sources hydrothermales : une découverte récente</h2>
<p>En 1977, une petite révolution a lieu lorsque les hommes observent pour la première fois des sources chaudes par 2500 mètres de profondeur. Les scientifiques y observent entre autres une toute nouvelle forme de vie inconnue, qui se nourrit des composés expulsés par ces « geysers » sous-marins. Ils viennent de découvrir les systèmes hydrothermaux, <a href="https://theconversation.com/des-oasis-de-vie-dans-les-abysses-la-faune-hydrothermale-du-pacifique-ouest-115409">véritables oasis de vie</a> dans le désert des grands fonds.</p>
<p>Quarante-cinq ans après, un peu plus de <a href="https://doi.org/10.1002/2013GC004998">300 sites hydrothermaux actifs</a> sont connus dans les océans. Certains ne sont que des cheminées isolées dont la durée de vie peut être très courte, d’autres font la taille d’un stade de football et étaient déjà actifs il y a plusieurs dizaines de milliers d’années.</p>
<p>En effet, les explorations qui se sont succédé depuis 1977 ont permis de montrer que, contrairement aux premières idées, il existe une <a href="http://www.soest.hawaii.edu/oceanography/faculty/rouxel/publications/29_Fouquet,2010.pdf">très grande diversité de sites hydrothermaux</a>. Cela est lié à la variabilité des roches traversées par le fluide, la nature de leurs interactions, les effets de pression et de température ou encore les apports directs en lien avec le magmatisme.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551176/original/file-20230929-23-mhoc6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Trois images de fumeurs ; la première chemine est basse mais avec une fumée noire épaisse ; la seconde a une forme de cheminée assez haute, avec une fine fumée blanchatre ; le dernier est vaguement conique et la fumée est presque invisible" src="https://images.theconversation.com/files/551176/original/file-20230929-23-mhoc6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551176/original/file-20230929-23-mhoc6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=248&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551176/original/file-20230929-23-mhoc6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=248&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551176/original/file-20230929-23-mhoc6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=248&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551176/original/file-20230929-23-mhoc6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=312&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551176/original/file-20230929-23-mhoc6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=312&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551176/original/file-20230929-23-mhoc6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=312&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Trois exemples de cheminées hydrothermales et des fluides associés. À gauche : fumeur noir (>300 °C) associé à une cheminée composée de sulfures, Atlantique Nord. Au centre : fumeur translucide (270 °C) associé à une cheminée composée de sulfates de calcium et rare sulfures, Pacifique Sud-Ouest. À droite : cheminée de carbonate associé à un fluide translucide de moyenne température (<100 °C), Atlantique Nord.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://image.ifremer.fr/data/00569/68094/">Ifremer, CNRS/Sorbonne Univ/Ifremer, Ifremer</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malgré ces 45 ans d’exploration, l’océan profond reste donc encore très méconnu, et de nombreuses découvertes sur les systèmes hydrothermaux restent encore à faire !</p>
<h2>L’exploration des grands fonds, ou chercher une aiguille dans une meule de foin</h2>
<p>Jusqu’au milieu du XIX<sup>e</sup> siècle, les grands fonds étaient presque totalement inaccessibles aux humains. En conséquence, la vision que nous en avions était pour le moins parcellaire, comme l’écrivait Théodore Monod dans son ouvrage <em>Plongées profondes : bathyfolages</em>.</p>
<blockquote>
<p>« Nos coups de drague, de chalut, de filet vertical demeurent, par rapport à l’immensité des surfaces, ridiculement sporadiques, accidentels et punctiformes. Imaginez ce que l’on pourrait savoir de la faune de France pour ne l’avoir explorée : (1) que d’un ballon ; (2) à travers une couche permanente et épaisse de nuages ; (3) au moyen d’un grappin et d’un panier à salade balancés à l’aveuglette au bout d’une ficelle ? »</p>
</blockquote>
<p>Puis, le développement de technologies spécifiques, telles que les bathyscaphes, les sous-marins habités, les robots télé-opérés ou encore les drones autonomes, a permis des <a href="https://theconversation.com/a-plus-de-1-000-metres-sous-leau-des-observatoires-pour-etudier-la-richesse-de-locean-profond-147036">avancées importantes dans l’accès aux grands fonds</a>.</p>
<p>Toutefois, les scientifiques doivent les utiliser intelligemment pour maximiser les chances de succès lors de campagnes d’exploration. En effet, explorer les grands fonds uniquement avec un sous-marin habité (comme le Nautile) ou un robot télé-opéré (ROV) reviendrait à explorer les terres émergées de notre planète à pied, de nuit et avec une lampe torche pour seul éclairage. En d’autres termes, pour explorer de manière systématique une surface de 10 000km2 (équivalent à la surface de l’Île-de-France) avec un ROV, il faudrait plus de 50 ans en continu !</p>
<p>C’est pourquoi, contrairement à l’exploration dite locale où les scientifiques partent d’un <a href="https://theconversation.com/chronique-en-mer-explorer-les-dorsales-au-large-des-acores-par-plus-de-2-000-metres-de-fond-183457">site hydrothermal déjà connu, observé et étudié</a>, l’exploration régionale constitue une véritable plongée dans l’inconnu. Autrement dit, il s’agit de « chercher une aiguille dans une meule de foin » !</p>
<p>Il est donc nécessaire de développer une stratégie adaptée multi-outils et multi-échelles pour être en mesure de détecter de nouveaux systèmes hydrothermaux à l’échelle de l’océan tout entier.</p>
<h2>Questions de méthodologie : comment chercher cette fameuse aiguille ?</h2>
<p>Les stratégies modernes d’exploration nécessitent d’alterner entre différents outils ou submersibles, afin de passer d’une surface équivalente à un département français (les meules de foin) jusqu’à la découverte d’un site hydrothermal souvent plus petit qu’un stade de football (l’aiguille).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/551177/original/file-20230929-23-z7n11g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Vu en coupe de l’océan, avec les fonds marins en bas, et montrant l’emplacement de différents engins d’analyse" src="https://images.theconversation.com/files/551177/original/file-20230929-23-z7n11g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551177/original/file-20230929-23-z7n11g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551177/original/file-20230929-23-z7n11g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551177/original/file-20230929-23-z7n11g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551177/original/file-20230929-23-z7n11g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=447&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551177/original/file-20230929-23-z7n11g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=447&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551177/original/file-20230929-23-z7n11g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=447&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La détection des sites hydrothermaux nécessite l’emploi de plusieurs outils technologiques combinés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ewan Pelleter/Ifremer</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le point de départ est une carte, souvent peu précise (ex. données des satellites), à partir de laquelle les chercheurs identifient de larges zones pour réaliser les premières étapes de l’exploration.</p>
<p>Puis, tout commence par l’acquisition de la morphologie du fond, grâce aux sondeurs acoustiques du navire océanographique. Les cartes obtenues, où chaque pixel représente environ 30m x 30m sur le fond, permettent d’identifier les grandes structures géologiques du plancher océanique : les volcans, les grandes failles, les dômes où affleurent des roches du manteau.</p>
<p>À partir de ces données, les géologues sélectionnent des zones d’intérêt pour le déploiement des bathysonde ou des rosettes, des instruments d’analyse physico-chimique et de prélèvement d’eau de mer. Ces équipements permettent la détection d’un panache hydrothermal dans un périmètre allant jusqu’à quelques dizaines de km autour des fumeurs.</p>
<p>Plusieurs paramètres sont mesurés directement <em>in situ</em> (température, conductivité, turbidité) et des échantillons d’eau de mer sont prélevés pour l’analyse d’éléments ou composés chimiques diagnostiques d’une activité hydrothermale (manganèse, fer, méthane), analyses effectuées en mer à bord ou à terre de retour au laboratoire.</p>
<p>Plusieurs opérations de bathysonde/rosette permettent ainsi de restreindre la zone d’investigation à quelques dizaines de km<sup>2</sup>, une zone suffisamment petite pour réaliser des plongées de submersibles autonomes (AUV).</p>
<p>Ces submersibles autonomes sont équipés de sondeurs acoustiques et opèrent près du fond (généralement entre 50 et 70m au-dessus du fond). Le sondeur émet une onde qui réfléchit sur le plancher océanique et revient vers une antenne de réception, permettant de situer précisément le fond. Les cartes obtenues sont de résolution métrique (1 pixel = 1 mètre) et permettent d’identifier de petits objets, comme une cheminée hydrothermale même inactive.</p>
<p>De plus, l’onde acoustique ne réfléchit pas uniquement contre le sol, mais aussi contre les masses d’eau présentant des caractéristiques physiques différentes (température, densité, charge de particules). En enregistrant ces faibles réflexions acoustiques enregistrées dans la colonne d’eau, il est désormais possible de visualiser le panache hydrothermal et donc de localiser à 10 mètres près un fumeur noir : une véritable révolution !</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/541338/original/file-20230805-111508-x59wgw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Trois images avec une précision croissante" src="https://images.theconversation.com/files/541338/original/file-20230805-111508-x59wgw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/541338/original/file-20230805-111508-x59wgw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=280&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/541338/original/file-20230805-111508-x59wgw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=280&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/541338/original/file-20230805-111508-x59wgw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=280&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/541338/original/file-20230805-111508-x59wgw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=352&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/541338/original/file-20230805-111508-x59wgw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=352&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/541338/original/file-20230805-111508-x59wgw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=352&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le même endroit cartographié par (1) un satellite, (2) un navire (3) un submersible opéré près du fond. Tous les polygones rouges sont des dépôts hydrothermaux. Les cartes obtenues par des submersibles, tels les AUV, sont les seules à avoir la précision nécessaire pour détecter des dépôts hydrothermaux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ifremer</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À partir de ces résultats, il est finalement possible d’envoyer le sous-marin habité ou télé-opéré pour observer les nouveaux sites hydrothermaux, et réaliser toute une batterie de mesures et de prélèvements (fluide, roches, faune).</p>
<h2>L’exploration de la dorsale médio-atlantique : un travail de collaboration nationale et internationale</h2>
<p>La stratégie d’exploration présentée ici a été appliquée lors de deux campagnes océanographiques regroupant une équipe pluri-disciplinaire composée de géologues, chimistes, biologistes et microbiologistes.</p>
<p>La première campagne, <a href="https://www.geo-ocean.fr/Campagnes/Campagnes-oceanographiques/Bienvenue-sur-le-blog-de-la-mission-HERMINE2">HERMINE2</a>, menée par l’Ifremer, s’est déroulée du 9 juillet au 24 août 2022 sur la dorsale médio-Atlantique entre 21°N et 26°N [1].</p>
<p>Une <a href="https://schmidtocean.org/cruise/in-search-of-hydrothermal-lost-cities/">deuxième mission d’exploration</a>, pilotée par l’institut américain NOAA et réalisée en collaboration avec Ifremer, s’est rendue à nouveau du 3 mars au 11 avril 2023 sur certains secteurs prospectifs du contrat d’exploration (22°N et 24°N).</p>
<p>Les deux campagnes scientifiques avaient pour objectif de localiser de nouveaux champs hydrothermaux, sur une surface couvrant 10 000 km<sup>2</sup> de la dorsale médio-atlantique. Elles s’appuyaient sur une stratégie commune, construite autour d’équipements tels que la bathysonde/rosette mais également les AUV en couplage avec les submersibles habités (Nautile) ou télé-opérés (Subastian). Cette multiplicité d’approche avait pour but de minimiser le temps de recherche et d’améliorer les chances de découvertes de nouveaux sites hydrothermaux.</p>
<p>Après ces deux campagnes, cinq nouveaux sites hydrothermaux ont été découverts avec certitudes. Des indices de présence d’activité hydrothermale ont également permis de déterminer de nombreux autres sites potentiels, qui nécessiteront des investigations supplémentaires.</p>
<p>Ces nouvelles découvertes permettent de mieux évaluer la fréquence et la quantité de dépôts hydrothermaux actifs et inactifs sur plusieurs segments de dorsales. Les nouvelles connaissances acquises, sur la chimie des fluides, les roches et les communautés biologiques associées, serviront également à alimenter toutes les études associées aux systèmes hydrothermaux, aux environnements marins vulnérables et à leur préservation.</p>
<hr>
<p><em>L’Ifremer, sous mandat de l’état français, a obtenu, en 2014 et pour une durée de 15 ans, un contrat d’exploration dans l’océan Atlantique entre 21°N et 26°N auprès de l’Autorité Internationale des Fonds Marins. Les travaux d’exploration et les études associées sont financées par l’État au titre de France 2030. Cette aide est gérée par l’Agence Nationale de la Recherche : référence « ANR-22-MAFM-0001 ».</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211094/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ewan Pelleter a reçu des financements de l'Etat au titre de France 2030. Cette aide est gérée par l'Agence Nationale de la Recherche: référence «ANR-22-MAFM-0001». </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cécile Cathalot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les sites hydrothermaux des grands fonds marins sont encore peu connus. Ils sont en effet très difficiles d’accès, et leur détection nécessite l’emploi coordonné de plusieurs outils et instruments.
Ewan Pelleter, Chercheur en Géosciences Marines, Ifremer
Cécile Cathalot, Research scientist, Ifremer
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/214094
2023-10-03T16:35:09Z
2023-10-03T16:35:09Z
La mer en feu : les effets des vagues de chaleur marines sur les forêts de gorgones méditerranéennes
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/549981/original/file-20230925-21-e96mgq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=20%2C8%2C1964%2C1320&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Lors d'une plongée, les scientifiques estiment la partie encore vivante des gorgones et les parties «brûlées» en conséquence de vagues de chaleur marines.</span> <span class="attribution"><span class="source">©Alexis Rosenfeld avec l'UNESCO</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Sur cette image, nous pouvons observer les effets dévastateurs d’une vague de chaleur marine sur une forêt méditerranéenne de gorgone rouge (<em>Paramuricea clavata</em>). Tout comme les incendies de forêt détruisent les forêts d’arbres, les vagues de chaleur marines « brûlent » les forêts de gorgones, entraînant la perte d’un habitat d’une grande valeur écologique.</p>
<p>Les gorgones sont des coraux, c’est-à-dire des animaux (et non des plantes) composés de centaines de petits polypes munis de tentacules urticants qui capturent leurs proies dans la colonne d’eau. Elles se distinguent des coraux des récifs coralliens par leurs polypes à huit tentacules (au lieu de six) et par leur squelette flexible, composé non de carbonate de calcium, mais d’une protéine appelée gorgonine.</p>
<h2>Mais si les gorgones sont des animaux, pourquoi parlons-nous de forêts ?</h2>
<p>Les gorgones se caractérisent par une morphologie arborescente et ramifiée, et lorsqu’elles se trouvent en densités suffisamment élevées, elles forment de véritables forêts, très semblables aux forêts d’arbres, à la différence qu’il s’agit d’animaux. C’est pourquoi nous avons dû inventer le terme de <a href="https://doi.org/10.1007/978-3-319-21012-4_1">« forêts animales »</a>.</p>
<p>Ce <a href="https://doi.org/10.1007/978-3-030-57054-5_12">parallélisme avec les forêts d’arbres</a> nous permet, d’une part, d’expliquer au grand public les effets dévastateurs des mortalités massives qui touchent ces organismes. En effet, lorsque nous parlons d’une forêt qui brûle, tout le monde comprend la gravité de l’événement, liée à la perte non seulement des arbres qui composent la forêt, mais aussi de toutes les espèces qui y vivent. Tout le monde sait qu’une forêt est un habitat qui abrite de nombreuses espèces animales grâce à ses conditions microclimatiques favorables.</p>
<p>En revanche, lorsque nous parlons d’une mortalité massive de gorgones due au réchauffement de la colonne d’eau, le message est moins efficace car personne ne tient compte du fait que ce ne sont pas seulement les gorgones qui meurent, mais que toute la biodiversité associée est perdue, c’est-à-dire tous les animaux qui trouvent refuge au sein des forêts de gorgones.</p>
<p>Ainsi, pour comprendre l’ampleur des dégâts causés par les vagues de chaleur marines, il faut imaginer un instant ces forêts sous-marines, un monde foisonnant de vie et de couleurs, abritant une multitude de créatures fascinantes. Tout comme une forêt terrestre offre refuge à une variété d’animaux, les gorgones servent de maison à un éventail diversifié d’espèces marines, des poissons aux crustacés en passant par les invertébrés. Ces précieuses communautés marines prospèrent au sein de ces forêts animales, chacune jouant un rôle crucial dans l’équilibre délicat de l’écosystème.</p>
<p>Du point de vue scientifique, le parallélisme avec les forêts d’arbres nous permet d’utiliser tous les outils intellectuels et pratiques développés par l’écologie forestière et de les appliquer à l’étude de l’environnement marin.</p>
<h2>Comment les vagues de chaleur marines provoquent-elles la mort des coraux ?</h2>
<p>Sur la photo, on voit que la vague de chaleur provoque des nécroses tissulaires qui affectent une partie ou la totalité de la gorgone. Les petites parties encore violettes sont les rares parties vivantes d’une gorgone, tandis qu’à côté, on peut voir les squelettes nus d’autres gorgones ayant perdu tout leur tissu vivant.</p>
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<p>Les mortalités massives de gorgones rappellent le phénomène plus connu de blanchissement des coraux, qui entraîne la [perte de vastes portions des récifs coralliens]. Ces deux phénomènes sont liés à l’augmentation de la température de l’eau… mais la similitude s’arrête là, car les mécanismes sous-jacents sont très différents : le blanchiment des coraux est lié à la <a href="https://doi.org/10.1007/978-94-007-0114-4_23">perte d’algues photosynthétiques vivant en symbiose avec les coraux</a>, qui ne peuvent pas survivre longtemps sans cette symbiose ; tandis qu’en Méditerranée, la mortalité des gorgones est due à une <a href="https://doi.org/10.1111/j.1365-2486.2007.01423.x">infection bactérienne déclenchée par une température trop élevée</a>.</p>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0079661116000057">vagues de chaleur marines</a> sont des périodes relativement courtes au cours desquelles la température de la mer est extrêmement élevée. En <a href="https://doi.org/10.5194/os-19-629-2023">juillet et août 2022</a>, la température de surface de la Méditerranée occidentale a atteint des valeurs extrêmes (jusqu’à 30 °C dans la partie septentrionale) pendant 45 jours, une durée sans précédent. C’est l’effet combiné de la haute température et de la longue durée qui a provoqué l’incendie dévastateur des forêts de gorgones, avec une <a href="https://doi.org/10.1111/gcb.16931">mortalité estimée 142 % plus importante qu’en 2003</a>, la précédente vague de chaleur d’une telle envergure.</p>
<h2>Les conséquences pour les écosystèmes marins</h2>
<p>Avec la disparition des gorgones, toutes les espèces qui en dépendent sont condamnées. Les poissons perdent leurs abris, les crustacés perdent leurs cachettes, et les autres invertébrés perdent leurs refuges. La biodiversité de ces zones marines exceptionnelles s’effondre rapidement, laissant un vide où autrefois régnait une profusion de vie.</p>
<p>Les conséquences de cette perte de biodiversité sur l’écosystème marin sont incommensurables. Les interactions complexes entre les espèces sont perturbées, les <a href="https://doi.org/10.1016/j.ocecoaman.2013.07.004">chaînes alimentaires brisées</a>, et la stabilité de tout l’écosystème est mise en péril. Les <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0102782">effets se propagent bien au-delà des limites des forêts de gorgones, affectant l’ensemble de la biodiversité marine</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, il est impératif que nous comprenions l’urgence de préserver ces écosystèmes précieux et de prendre des mesures pour atténuer les effets du changement climatique. L’avenir de nos forêts sous-marines et de la diversité marine qui les habite dépend de notre engagement collectif à préserver la santé de notre planète et de ses océans.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214094/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lorenzo Bramanti a reçu des financements de Fondation BNP PARIBAS (DEEPLIFE); Fondation Prince Albert II de Monaco (ROMERO); COST Action CA20102 Marine Animal Forests of the World (MAF-WORLD)</span></em></p>
Les gorgones forment de véritables forêts animales qui abritent tout un écosystème. Quand elles sont touchées par la chaleur, c’est l’ensemble de la communauté qui en pâtit.
Lorenzo Bramanti, Chargé de Recherches CNRS à l'Observatoire Océanologique de Banyuls, au Laboratoire d'écogéochimie des environnements benthiques, Sorbonne Université
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2023-09-13T19:52:44Z
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Les cétacés en détresse sur nos côtes sont-ils condamnés à mourir ?
<p>En 2022, on se souvient tous de l’<a href="https://www.ouest-france.fr/sciences/animaux/orque-dans-la-seine-cinq-questions-sur-la-situation-de-l-animal-dont-le-pronostic-vital-est-engage-30e5757a-dd9c-11ec-8402-b465269db5a0">orque Sedna</a> qui remonta la Seine. Puis, ce fut au tour du <a href="https://www.ouest-france.fr/normandie/evreux-27000/l-animal-repere-dans-la-seine-mardi-serait-un-beluga-5062d282-1346-11ed-8f9b-665e497af072">béluga</a>, de la <a href="https://www.ouest-france.fr/bretagne/video-une-baleine-a-bosse-piegee-dans-l-estuaire-de-la-rance-en-bretagne-625c4c98-a86f-11ed-aeeb-69381795ad8f">baleine coincée dans l’embouchure de la Rance</a> en février 2023, et <a href="https://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/vielocale/un-baleineau-a-bosse-repere-devant-le-ponton-de-lhotel-de-bateliere-a-schoelcher-931194.php">du baleineau isolé dans un port en Martinique</a> en avril 2023. Fin août 2023, c’est également un <a href="https://www.francetvinfo.fr/animaux/la-reunion-mort-d-un-baleineau-echoue-dans-le-lagon_6021338.html">baleineau qui s’est retrouvé prisonnier dans le lagon à la Réunion, séparé de sa mère</a>.</p>
<p>Leur point commun : ces cétacés étaient tous isolés et ont été découverts rapidement. Mais si certaines interventions se sont « bien terminées » (par exemple pour la baleine de la Rance), d’autres ont montré certaines limites dans la préparation et la mise en œuvre de l’intervention, avec au final des issues tragiques (pour l’orque, le béluga et les baleineaux à la Martinique et à la Réunion).</p>
<p>Est-il possible de faire mieux pour sauver des cétacés en détresse ? Peut-on améliorer le taux de réussite des interventions de sauvetage en France ?</p>
<p>Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires lance un groupe de travail national sur les mammifères marins en détresse, qui se réunira pour la toute première fois jeudi 14 septembre. L’objectif est de traiter de la gestion de ces mammifères en difficulté.</p>
<h2>Des détresses très fréquentes sur nos côtes</h2>
<p>En 1970, la France a créé le <a href="https://www.observatoire-pelagis.cnrs.fr/echouages/reseau-national-echouage/">Réseau national échouages</a> (RNE). Particulièrement actif, son but est de recenser l’ensemble des mammifères marins qui s’échouent sur les plages de la France continentale et d’outre-mer. En 2021, <a href="https://www.observatoire-pelagis.cnrs.fr/wp-content/uploads/2022/11/rapport_echouage_2021_20221125.pdf">1522 échouages de cétacés ont été rapportés au RNE en 2021</a> sur les côtes de l’hexagone, et 15 de plus sur nos côtes ultra-marines, soit 4 par jour en moyenne. Ce terrible chiffre ne prend pas en compte les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1462901116301514">captures dans les engins de pêche professionnelle estimées entre 2 et 7000 par an sur la côte atlantique</a>.</p>
<p>Les <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00480169.1982.34865">causes des échouages peuvent être multiples</a> : naturelles (virus, bactéries, âge avancé, séparation du groupe social, attaque d’un prédateur) ou résultantes d’une ou d’une combinaison d’activités humaines (<a href="https://academic.oup.com/icesjms/article/76/4/781/5288134?login=false">pêcheries</a>, <a href="https://conbio.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1523-1739.2012.01934.x">collisions</a>, <a href="https://www.gecc-normandie.org/rapport-scientifique-contamination-chimique-grands-dauphins-echoues-etude-preliminaire-mer-de-manche/">pollution chimique</a>, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X13007984">plastique</a>, <a href="https://cdnsciencepub.com/doi/abs/10.1139/Z07-101">bruits sous-marins</a>, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666900521000095">dérégulation climatique</a>).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/collision-entre-les-orques-et-les-bateaux-sagit-il-vraiment-dattaques-210071">Collision entre les orques et les bateaux : s’agit-il vraiment d’attaques ?</a>
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<p>Toujours d’après le Réseau national échouages, seuls 3 % des cétacés étaient vivants lorsqu’ils ont été observés en difficulté. Dans ce cas, on peut envisager de les renflouer, c’est-à-dire de les transporter au large, si plusieurs conditions sont réunies, comme leur état de santé, leur poids, leur accessibilité. Il faut aussi s’assurer de la sécurité des opérateurs et des opératrices, et d’avoir des moyens humains et matériels suffisants.</p>
<p>Ça, c’est la théorie, mais que se passe-t-il réellement sur le terrain ?</p>
<h2>Comment se passe le sauvetage d’un cétacé en détresse ?</h2>
<p>Tout d’abord, le Réseau national échouages fait appel à son réseau et choisit généralement de confier la responsabilité de l’intervention au membre le plus près de la zone où a été vu le cétacé. Un référent·e est alors désigné·e pour gérer les opérations, en accord avec la préfecture ou de l’autorité administrative qui va sécuriser les lieux.</p>
<p>Commence alors la prise en charge de l’animal : identification de l’espèce et bilan de santé permettent d’évaluer ses chances de survie à court terme. Pour cela, un·e vétérinaire dresse un diagnostic clinique, qui peut s’avérer plus ou moins précis suivant l’accessibilité du cétacé. Ces éléments, même approximatifs, seront très importants pour choisir entre le ramener au large ou l’euthanasie.</p>
<p>Pour aider à cette décision, il est possible de faire appel à un·e ou des experts cétologues. Par exemple, pour le béluga, c’est <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1903485/baleine-france-perdu-fleuve-beluga">Robert Michaut, chercheur québécois reconnu mondialement, qui avait été sollicité</a>. Pour l’orque, Charlotte Curé, spécialiste internationale en bioacoustique, était venue proposer une solution intéressante utilisant des <a href="https://www.cerema.fr/fr/actualites/acoustique-cerema-pilote-volet-technique-intervention">émissions sonores d’orques pour guider Sedna</a> vers l’océan.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/zZBg5ymOEuQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Immersion dans l’univers de Charlotte Curé, bioacousticienne, lauréate 2010. Source : Fondation de la Vocation.</span></figcaption>
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<h2>Anticiper des scénarios détaillés permettrait d’agir plus vite</h2>
<p>Dans ces interventions, on a vu les opérateurs se retrouver à imaginer des solutions in situ dans le moment présent – un point malheureusement plus négatif que positif, car, pour les cétacés en difficulté, qui ne peuvent pas vivre dans l’eau douce, qui ont faim, qui sont stressés et peut-être malades, chaque heure qui passe fait diminuer les chances de survie.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-animaux-ces-etres-doues-de-sentience-82777">Les animaux, ces êtres doués de « sentience »</a>
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<p>Les interventions sont également contraintes par la défense d’activités économiques et/ou la nécessité de sécurité des citoyens.</p>
<p>Enfin, la prise de décision peut aussi être ralentie par les discours disparates de différents acteurs, indépendamment de leurs expertises, qui mettent parfois en cause l’avis des autres – ce qui empêche un consensus rapide et contribue également au stress de l’équipe en charge du dossier.</p>
<p>Pour éviter cela, la seule solution est d’envisager les interventions largement en amont et ne surtout pas les penser devant le cétacé en détresse.</p>
<p>En fait, la démarche proposée ici revient à copier celle des pompiers : lorsqu’un début de feu est constaté, ils ne dédient pas les 1<sup>ères</sup> heures qui font suite à l’alerte, par une réunion de travail pour envisager les actions à mener. Au contraire, ils ont déjà, en tête, des scénarios parfaitement réfléchis en amont et clairement décrits par étape. Ils les connaissent par cœur. Et même s’il y a toujours la possibilité de faire des adaptations ou de demander, une fois sur place, l’aide d’un·e spécialiste dans des cas particuliers, ce sont bien la réactivité et la rapidité qui déterminent le succès de leurs interventions.</p>
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<p>On devrait faire exactement pareil pour les cétacés : préparer dès aujourd’hui un très faible nombre de scénarios, tenant compte de l’espèce, du nombre de cétacés impliqués, de l’examen clinique avec l’établissement d’un catalogue préétabli de soins vétérinaires, et des conditions de mer. Les opérateurs et les opératrices pourront les apprendre et surtout s’entraîner pour être le plus efficaces et le plus rapides possible sur place.</p>
<p>Ainsi, c’est en préparant largement en amont les interventions qu’il sera possible d’appréhender, plus justement, l’ensemble des enjeux environnementaux, sanitaires et économiques pour traiter chaque cas particulier.</p>
<h2>Inclure le grand public</h2>
<p>Ces cétacés en détresse attirent le grand public, sensible et curieux. Plutôt que de tenir éloignées ces personnes de façon autoritaire, on peut regretter de ne pas choisir ces moments pour répondre à leurs questions et à leur angoisse/espoir. La préoccupation de leur sécurité est louable mais ne devrait pas interdire de les informer sur ces mammifères marins, leur vie, leur structure sociale, leur culture, et les raisons des échouages.</p>
<p>On a tout à gagner d’expliquer pourquoi il y a une intervention, et notamment en s’adressant aux plus jeunes pour leur montrer la fragilité des écosystèmes marins et la nécessité de les préserver. Il n’y a pas de raisons qu’inclure le public se passe mal, car du fait de l’empathie naturelle pour les cétacés, tout le monde a envie de voir, de parler, de se sentir inclus, comme <a href="https://la1ere.francetvinfo.fr/mayotte/un-baleineau-a-bosse-de-12-metres-s-echoue-pres-des-cotes-de-la-grande-comores-1420859.html">lors de l’échouage d’une baleine à bosse aux Comores</a>.</p>
<h2>Quelle gouvernance internationale ?</h2>
<p>Le nombre de cétacés en détresse pourrait augmenter dans les prochaines années puisque les pays continuent de structurer leur politique d’<a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/l-economie-mondiale-de-la-mer-un-enjeu-majeur-du-21e-si%C3%A8cle-896518.html;https://www.oecd-ilibrary.org/sites/8d846fcd-fr/index.html?itemId=/content/component/8d846fcd-fr">exploitation des océans</a>, alors que les écosystèmes sont déjà en grande difficulté par la pression anthropique, qui entraîne une <a href="https://www.science.org/doi/abs/10.1126/science.1255641">défaunation marine</a>.</p>
<p>La poursuite de l’extension des aires marines protégées, <a href="https://taaf.fr/actualite/le-president-de-la-republique-annonce-lextension-de-la-reserve-naturelle-nationale-des-terres-australes-francaises-qui-devient-la-deuxieme-plus-grande-aire-marine-protegee-au-monde/">dans les eaux territoriales françaises</a> notamment, le <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/01/17/les-deputes-se-prononcent-pour-un-moratoire-sur-l-exploitation-miniere-des-fonds-marins_6158260_3244.html">moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds, porté notamment par la France</a>, et la <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/03/05/un-accord-sur-la-protection-de-la-haute-mer-obtenu-a-l-onu_6164184_3244.html">signature à l’ONU du traité de protection de la haute mer</a> montrent que des actions nationales et internationales raisonnables sont possibles. Il faut profiter de cette volonté de protéger nos océans pour aller encore plus loin, par exemple avec des régulations plus contraignantes des activités anthropiques qui fragilisent les cétacés et qui expliquent leur échouage.</p>
<p>En attendant, à cause de ce que nous faisons subir aux océans, il est de notre devoir, de porter assistance à ces mammifères marins en difficulté. Il existe, d’ailleurs, des formations proposées par la Commission baleinière internationale et des protocoles pour les sauvetages de cétacés dans d’autres pays, comme par le <a href="https://www.marinemammalcenter.org/animal-care/patient-journey/rescue">Marine Mammal Center</a> ou par l’<a href="https://www.ifaw.org/international/journal/new-rescue-center-lifeline-dolphins-cape-cod">IFAW</a> par exemple, desquels nous pourrions nous inspirer. L’objectif est de proposer, à partir de ce qui a été fait depuis 1970 en France, des scénarios adaptés pour, si cela est possible, améliorer les interventions et sauver, sinon tous les cétacés en détresse, le plus grand nombre. Cette démarche s’inscrirait dans notre volonté de faire plus et mieux pour les écosystèmes marins, et nous rendre l’espoir de croire en un océan durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212554/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Adam ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
De nombreux cétacés s’échouent sur nos côtes, mais il est possible d’améliorer l’efficacité des sauvetages en France.
Olivier Adam, Bioacousticien, Sorbonne Université
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tag:theconversation.com,2011:article/210071
2023-07-27T19:38:56Z
2023-07-27T19:38:56Z
Collision entre les orques et les bateaux : s’agit-il vraiment d’attaques ?
<p>Récemment, des navigateurs ont témoigné avoir été attaqués par des orques. Comme explication de ces comportements, l’attrait du jeu est évoqué. Mais une autre hypothèse fait également référence à la vengeance d’une femelle nommée <a href="https://www.orcaiberica.org/fr/catalogo">Gladis</a> (diminutif de gladiateur) qui aurait été percutée par un bateau et qui, maintenant, mènerait son clan dans un « combat » contre les humains.</p>
<p>Que se passe-t-il exactement ? Peut-on réellement parler d’attaques ? Les navigateurs ou pêcheurs sont-ils vraiment en danger ?</p>
<p>Depuis 2020, il a été recensé <a href="https://www.theca.org.uk/orcas/reports">plus de 500 interactions</a> initiées par les orques, principalement contre des voiliers, dans la péninsule ibérique et en particulier dans le Détroit de Gibraltar. Elles viennent pousser les bateaux, créant une très forte appréhension des skippers, et aussi parfois des dégâts matériels sur la coque.</p>
<p>Même si c’est déjà trop, seulement trois bateaux ont été coulés et heureusement, à ce jour, aucune personne n’a été attaquée et blessée physiquement par une orque.</p>
<h2>Des orques présentées comme des dangers de l’océan</h2>
<p>Sur ce sujet, tout le monde donne son avis, même sans expérience des océans et sans connaissance des cétacés. On assiste, au cours du dernier mois, à une multiplication d’articles et de reportages dont la majorité présente les orques comme les réels dangers des océans. Les éléments de langage sont brutaux, à l’image de leur nom anglo-saxon « killer whale » (baleine tueuse).</p>
<p>Mais pourquoi ce discours alarmiste, pourquoi nous inciter à percevoir les orques de cette façon ? Peut-être parce que certains voudraient les rajouter sur la liste des <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006074220/LEGISCTA000006188861/">espèces nuisibles</a>. D’autres voudraient ainsi justifier des représailles par « légitime défense », comme faire machine arrière pour heurter ces cétacés, jeter des kilos de sable au moment de leurs passages sous la coque, klaxonner à tout-va pour tenter de les faire fuir au risque d’endommager leur audition, ou leur <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/07/06/orque-de-la-seine-la-balle-retrouvee-dans-le-crane-du-cetace-ne-serait-pas-directement-la-cause-de-sa-mort_6133652_3244.html">mettre une balle en pleine tête</a>, comme cela a été constaté pour l’orque qui a remonté la Seine en mai 2022.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le bateau du skippeur Sébastien Destremau endommagé par des orques (<em>Le Parisien</em>).</span></figcaption>
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<p>Aujourd’hui, rien n’indique que ces interactions vont cesser prochainement, tant les témoignages continuent d’affluer. Et qu’avons-nous appris ? On sait maintenant que ces orques sont issues de plusieurs familles. Elles peuvent rester parfois plus de 40 minutes autour des bateaux, avec toujours le même scénario : approche rapide et intentionnelle, début d’appuis et de chocs sur la coque, avec, semble-t-il, une attirance toute particulière pour mordre et arracher le safran (partie du gouvernail d’un navire).</p>
<h2>Un projet de sciences participatives pour observer les orques</h2>
<p>Tout cela a été documenté avec des photos et des vidéos. Moi qui crois beaucoup en la science participative, me voilà servi. Ainsi, si vous vous rendez sur la zone, n’oubliez pas de charger votre smartphone ! Et filmez, sans prendre de risque (c’est-à-dire en vous tenant fermement), l’arrivée des orques, leurs comportements pendant l’interaction, y compris celles qui resteraient à distance, et continuez à les filmer quand elles partent. Vous pouvez faire un rapport sur l’interaction sur le site de la <a href="https://www.theca.org.uk/orcas/interaction-report-form/fr">Cruising Association</a> pour aider la communauté scientifique.</p>
<p>Si vous avez un hydrophone (microphone étanche), profitez-en pour enregistrer leurs émissions sonores. Vous serez surpris par la diversité et la beauté de leurs vocalisations, leurs sifflements et leurs clics. Vos observations sont précieuses, car elles vont permettre de mieux comprendre leurs motivations et donc de résoudre la première énigme : la cause. Car les hypothèses restent jusqu’à maintenant spéculatives : est-ce un jeu, un apprentissage ou une vengeance ?</p>
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<figcaption><span class="caption">Bande annonce du film <em>Orca</em> de Michael Anderson.</span></figcaption>
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<p>Cette dernière idée n’est pas nouvelle puisqu’elle était à la base du célèbre film <em>Orca</em> de Michael Anderson paru en 1977. Comme l’écrit Camille Brunel dans son livre <a href="https://www.payot-rivages.fr/rivages/livre/eloge-de-la-baleine-9782743655808">« Éloge de la baleine »</a> : « est-ce qu’on vit les derniers moments de leur incroyable indulgence ? » Car en tant qu’humain, conscient du sort qu’on inflige volontairement à la Nature, on aimerait tellement que les animaux se révoltent, montrent leur colère, nous en veuillent.</p>
<p>Pour les cétacés, il y aurait de quoi, car la liste des activités anthropiques impactantes est longue : pêcheries, pollution plastique, réchauffement climatique, trafic maritime, prospection pétrolière, explosion, sonar militaire, éoliennes en mer. Il ne s’agit pas de s’opposer idéologiquement sans discernement à nos activités en mer, mais d’évaluer scientifiquement leur effet négatif, qui va de simples dérangements aux échouages.</p>
<p>Cela passe par l’observation continue de l’état biologique des milieux marins. La finalité est clairement de réguler intelligemment les activités économiques, en tenant vraiment compte de l’écologie et pour ne plus mettre les océans en péril. Le temps du pillage incontrôlé des ressources naturelles et des destructions volontaires des habitats sans stratégie de réhabilitation devrait être révolu, pour que le concept d’« océan durable » ne soit pas à un oxymore.</p>
<p>D’ailleurs, en ce qui concerne l’extraction minière des grands fonds marins, le moratoire, soutenu notamment par la France, semble aller dans le bon sens, car justifié par le peu voire l’absence des connaissances actuelles des écosystèmes à ces profondeurs et des impacts importants inhérents à la technologie envisagée aujourd’hui.</p>
<h2>Des animaux sentients et d’une étonnante intelligence</h2>
<p>Pour les cétacés, il faut également rajouter, à cette liste, la chasse toujours d’actualité. Nous avons même capturé les orques et les avons enfermées dans des bassins avec comme seul but de nous amuser. Aussi, une volonté de revanche serait logique et attendue. Et même si jusqu’à maintenant, cela n’a pas été prouvé scientifiquement, on pourrait néanmoins considérer cette hypothèse, tant les orques sont étonnamment intelligentes. Êtres sentients (c’est-à-dire capables d’avoir de l’empathie, de ressentir des émotions, de la douleur), elles savent prendre des décisions et innover, c’est-à-dire s’adapter en trouvant et développant elles-mêmes une compétence dans une situation donnée.</p>
<p>Leur culture s’exprime, d’ailleurs, via des signatures sonores propres à leur clan, ou à travers leur grand nombre de <a href="https://www.researchgate.net/publication/312892935_The_killer_whale_Foraging_specializations_and_group_hunting">stratégies de chasse incroyables</a> pour accéder à leurs proies, comme, par exemple, s’échouer volontairement sur la plage pour attraper des otaries ou se coordonner pour créer une vague suffisante afin de déstabiliser le phoque réfugié sur un bout de banquise. Cette culture est transmise d’adultes à des juvéniles ; on parle de transmission culturelle verticale.</p>
<p>Sur ce nombre incroyablement élevé d’interactions avec les orques depuis 2020, il faut aussi admettre qu’il est dû aux nouvelles technologies qui nous permettent de prendre si facilement de grandes quantités de photos datées et géolocalisées. Il s’explique aussi par notre propre motivation pour la communication massive et instantanée sur les réseaux sociaux. Nous sommes de plus en plus d’observateurs en mer, prêts à tout poster directement sur nos comptes Internet. Car pour tout dire, les relations humains-cétacés ne datent pas d’hier, révélées par des légendes et des récits de tout temps. Et même si, sur les 90 espèces de cétacés, la majorité est discrète ou se tient éloignée des activités humaines, <a href="https://www.businessinsider.com/gray-whales-or-devil-fish-friendly-to-humans-baffling-scientists-2023-7?inline-endstory-related-recommendations=&r=US&IR=T">quelques-unes se rapprochent intentionnellement</a>, comme, par exemple, les grands dauphins, les globicéphales, les baleines grises ou les baleines à bosse. </p>
<p>Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que ces situations opportunistes ne sont pas guidées pour assouvir une fonction vitale (comme obtenir de la nourriture) mais plutôt dans une volonté de nous observer. Et pourquoi pas, peut-être même de vouloir rentrer en contact avec nous. Alors, il ne faudrait surtout pas mettre fin à ces échanges, mais au contraire les soutenir pour aller encore plus loin. C’est d’ailleurs ce que certains musiciens, comme Jim Nollman et David Rothenberg par exemple, ont cherché à faire en établissant une communication interespèce. Aussi, plus que de nous faire peur, voir les orques venir à nous devrait nous faire rêver, nous porter vers de nouvelles considérations d’échanges avec les animaux et de nouvelles opportunités de nous réconcilier avec la nature.</p>
<p>Finalement, cette question d’attaques des orques ne reflète-t-elle pas notre perception du vivant, et la place que nous réservons aux espèces non humaines ? Avec notre culture occidentale, depuis l’Antiquité, nous nous sommes convaincus de notre unicité en nous appropriant des facultés intellectuelles et sociales et en en excluant systématiquement les animaux, en leur refusant autoritairement un langage, une sensibilité, des sentiments.</p>
<p>À l’image de la célèbre <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-etoile-du-jour/happy-lelephante-star-du-zoo-du-bronx-que-des-defenseurs-des-animaux-veulent-faire-reconnaitre-comme-personne-morale_5128096.html">éléphante Happy</a> du Zoo du Bronx qui n’a pas été légalement reconnue avoir une personnalité, c’est bien le statut de l’animal qui est abordé dans ce débat. Allons-nous continuer à nous considérer supérieurs ? Pourquoi s’autoriser à aller nager avec les orques et refuser qu’elles s’approchent de nous ? Allons-nous continuer à leur distribuer des bons ou de mauvais points, comme c’est le cas dans les médias actuellement ?</p>
<p>En France, il aura fallu attendre 2015 pour que soit écrite dans le code civil la notion d’êtres vivants doués de sensibilité et que certaines espèces, dont les orques, soient protégées par notre droit de l’environnement. Car ne l’oublions pas : aujourd’hui et demain, il s’agit de tout faire pour sauver les cétacés et leur milieu naturel. Toute action, toute décision doit être prise pour les défendre, quitte à accepter ces dégâts matériels sur nos bateaux et à collectivement prendre en charge leur indemnisation comme contre partie de nos impacts sur les océans. Il est grand temps d’avoir une perception positive de la nature pour mieux la respecter, en nous laissant guider par notre éthique et par la morale.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr">ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210071/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Adam ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Plus de 500 interactions entre orques et bateaux ont été recensées depuis 2020, certaines se sont soldées par un navire coulé. Que peut-on dire de ces comportements ?
Olivier Adam, Bioacousticien, Sorbonne Université
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/206778
2023-05-31T16:21:40Z
2023-05-31T16:21:40Z
Podcast « Zootopique » : Stressé comme un poisson dans l’eau
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/529313/original/file-20230531-23-2p7b3q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C0%2C3967%2C2982&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les poissons sont soumis à de nombreux stress, notamment à cause du changement climatique.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/ePvBOHsAA54">Jean Wimmerlin/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><iframe src="https://embed.acast.com/7f7f5b1b-ba8f-4be1-833e-f8c62a47f850/64760bff28633f0011d95c3d" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p>« Zootopique » est une série de podcasts réalisés en partenariat avec l’Anses (Agence nationale sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui interroge nos relations avec les animaux au prisme de la santé. Après une première saison portant sur des thèmes aussi variés que le déclin des abeilles ou les maladies portées par les moustiques et les tiques, nous vous proposons une deuxième saison.</p>
<p>Pour ce deuxième épisode, Morgane Danion, chargée de projets scientifiques en immuno-écotoxicologie dans l’unité VIMEP de l’Anses et Thierry Morin, responsable de l’unité de virologie, immunologie et écotoxicologie des poissons à l’Anses font le point sur la santé des poissons. </p>
<p>Entre pollutions, virus et changement climatique, comment se portent-ils ? Quelles sont les espèces les plus menacées ? Que faire pour les protéger ?</p>
<p>Alors, stressé comme un poisson dans l’eau ?</p>
<hr>
<p><em>Crédits : Conception : Anses et The Conversation France. Réalisation : <a href="https://www.moustic-studio.com/">Moustic Studio</a>. Animation : Benoît Tonson.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/206778/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Entre pollutions, virus et changement climatique comment se portent les poissons ? Que faire pour les protéger ?
Thierry Morin, Responsable de l’unité de virologie, immunologie et écotoxicologie des poissons, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)
Benoît Tonson, Chef de rubrique Science + Technologie, The Conversation France
Morgane Danion, Chargée de projets scientifiques en immuno-écotoxicologie, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/206515
2023-05-29T14:50:16Z
2023-05-29T14:50:16Z
Aires marines protégées : comment mieux préserver les écosystèmes marins ?
<p>Que ce soit sur les côtes ou en haute mer, les écosystèmes marins sont exposés à des menaces grandissantes, liées à l’intensification des activités humaines. Aucune zone de la planète n’est épargnée, une grande partie (41 %) étant aujourd’hui fortement <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1149345">affectée</a>.</p>
<p>Ces menaces sont multiples, en voici les principales. </p>
<p>Citons en premier lieu la <a href="https://theconversation.com/surpeche-et-changement-climatique-la-mediterranee-et-la-mer-noire-en-premiere-ligne-111688">surpêche qui épuise les stocks de poissons</a>, perturbe les chaînes alimentaires et peut entraîner l’effondrement des écosystèmes marins ; on estime en effet que plus de 55 % de la surface océanique est exposée à une <a href="https://www.science.org/doi/abs/10.1126/science.aao5646">exploitation intense</a> des ressources halieutiques. </p>
<p><a href="https://theconversation.com/peche-ce-que-la-science-nous-dit-de-limpact-du-chalutage-sur-les-fonds-marins-172325">Le chalutage de fond</a>, encore parfois autorisé dans certaines zones protégées (zones Natura 2000, sanctuaire Pélagos et parc naturels régionaux par exemple), cause des dommages considérables aux fonds marins et entraîne, à grande échelle, une remise en suspension des stocks de carbone accumulés depuis des milliers d’années.</p>
<p>Citons ensuite la destruction des habitats côtiers – herbiers et forêts (<a href="https://theconversation.com/preserver-les-herbiers-de-posidonie-ces-precieux-puits-de-carbone-sous-marins-190199">herbiers de posidonie</a>, zostères, varech), mangroves et <a href="https://theconversation.com/trente-annees-dobservations-pour-mieux-comprendre-les-recifs-coralliens-5943">récifs coralliens</a>. Cette destruction est généralement liée à l’urbanisation, à l’exploitation minière, à la pollution et aux pratiques agricoles non durables, telles que l’aquaculture des crevettes, responsable de la <a href="https://www.iddri.org/en/publications-and-events/report/getting-shrimps-share-mangrove-deforestation-and-shrimp-consumption">disparition de plus 35 % des mangroves</a>, espaces qui contribuent pourtant significativement au stockage du carbone. </p>
<p>Il y a aussi toutes ces activités humaines qui génèrent diverses formes de pollution affectant les écosystèmes marins. La pollution par les produits chimiques toxiques (<a href="https://www.ifremer.fr/fr/pollution-contamination/des-pesticides-dans-les-oceans-quelles-consequences">pesticides et autres intrants</a> par exemple), les <a href="https://www.itopf.org/fileadmin/uploads/itopf/data/Documents/TIPS_TAPS_new/TIP_13_Effects_of_Oil_Pollution_on_the_Marine_Environment.pdf">produits pétroliers</a>, les <a href="https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/society/20181005STO15110/pollution-marine-donnees-consequences-et-nouvelles-regles-europeennes">déchets plastiques</a> et les nutriments provenant des activités agricoles, <a href="https://www.greenpeace.org/static/planet4-canada-stateless/2018/06/vers-une-aquaculture-durable.pdf">aquacoles</a> ou urbaines peut avoir des effets néfastes sur les organismes marins. </p>
<h2>Dans le contexte du réchauffement climatique</h2>
<p>Menace globale, le réchauffement climatique <a href="https://theconversation.com/explorer-le-futur-des-oceans-pour-agir-maintenant-sur-le-changement-climatique-49557">a également des impacts importants sur les écosystèmes marins</a>. La hausse des températures de l’eau, l’acidification des océans, l’élévation du niveau de la mer et la fréquence accrue des événements météorologiques extrêmes (comme les tempêtes) menacent les côtes, les récifs coralliens, les poissons, les mammifères marins et d’autres espèces. </p>
<p>L’apparition d’<a href="https://theconversation.com/les-invasions-biologiques-un-fardeau-economique-pour-la-france-165119">espèces exotiques envahissantes</a> dans les écosystèmes marins peut également avoir des effets dévastateurs. Elles peuvent en effet concurrencer les espèces indigènes, altérer les habitats marins et perturber l’équilibre des chaînes alimentaires. Le cas de l’invasion fulgurante des eaux caribéennes par le <a href="https://madibenthos.mnhn.fr/fr/poisson-lion-fauve-recifs">poisson-lion</a> constitue un cas d’école.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/285114/original/file-20190722-11370-5kvany.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=34%2C32%2C1142%2C828&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/285114/original/file-20190722-11370-5kvany.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/285114/original/file-20190722-11370-5kvany.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/285114/original/file-20190722-11370-5kvany.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/285114/original/file-20190722-11370-5kvany.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/285114/original/file-20190722-11370-5kvany.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/285114/original/file-20190722-11370-5kvany.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Aussi appelé rascasse volante, le poisson-lion qui peut atteindre près de 50 cm possède de longues épines le long de sa nageoire dorsale.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/fish-lion-lionfish-warrior-zebra-1418210480?src=4GPFdS_AU-Qx0cgbFUl6ZQ-1-30&studio=1">Vitality6447/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Soulignons enfin l’exploitation non durable des ressources marines – produits pétroliers, gaz, métaux et minéraux –, et celle des ressources halieutiques qui peuvent conduire à la surexploitation et à la dégradation des écosystèmes marins. </p>
<h2>Préserver les ressources marines</h2>
<p>Comment atténuer ces menaces ? Principalement par la création d’<a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/22020_DP_AMP_VF_compressed.pdf">aires marines protégées</a> (AMP), la promotion d’une pêche durable et respectueuse, la sensibilisation des populations à la protection de l’environnement, la réduction de la pollution et l’adoption de politiques de conservation. </p>
<p>La création d’AMP – et tout particulièrement celles hautement ou totalement protégées, <a href="https://ocean-climate.org/aires-marines-protegees-en-france-la-protection-forte-comme-reponse-au-declin-de-la-biodiversite-marine/">différents niveaux de protection existant au sein de ces espaces</a> –, représente un outil clé dans les efforts de préservation. Rappelons, en reprenant la <a href="http://uicn.fr/wp-content/uploads/2010/11/Espaces_proteges-Partie-7.pdf">définition qu’en donne l’UICN</a> (Union internationale pour la conservation de la nature) qu’une aire marine protégée (AMP) constitue : </p>
<blockquote>
<p>« un espace géographique clairement défini, reconnu, dédié et géré, par des moyens juridiques ou autres moyens efficaces, pour assurer la conservation à long terme de la nature et des services écosystémiques associés et les valeurs culturelles. »</p>
</blockquote>
<p>Parmi les effets bénéfiques de ces zones, il y a ainsi le fait qu’elles offrent des habitats essentiels à de nombreuses espèces marines, y compris des espèces menacées ou en voie de disparition, à l’image des <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1890/11-1653.1">grands prédateurs</a>. Elles réduisent le <a href="https://www.int-res.com/abstracts/meps/v384/p33-46">stress</a> des organismes lié aux activités humaines et favorisent la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2351989415000785">diversité génétique</a> indispensable à une bonne résilience face aux changements à venir.</p>
<p>En limitant les activités humaines néfastes, telles que la pêche industrielle ou la destruction d’habitats, ces zones permettent également aux écosystèmes de se renouveler et de retrouver leur fonctionnalité. Il a ainsi été montré que les récifs coralliens protégés par des AMP offrent une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/gcb.12606">meilleure résistance</a> aux inondations.</p>
<p>Les AMP jouent aussi un rôle dans l’<a href="https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.2121705119">atténuation du changement climatique</a>. Les écosystèmes marins, tels que les mangroves, les herbiers marins, les fonds sablo-vaseux et les récifs coralliens, stockent des quantités importantes de carbone et contribuent, dans une certaine mesure, à réduire les émissions de gaz à effet de serre qui détraquent l’équilibre climatique. </p>
<p>Ces espaces apportent également de nombreux avantages socio-économiques aux communautés locales. En permettant de favoriser un tourisme durable, qui attire des visiteurs intéressés par la beauté naturelle et la richesse biologique des zones protégées. À tel point qu’il est parfois nécessaire de réguler le flux des visiteurs, comme au <a href="https://www.francetvinfo.fr/marseille/biodiversite-les-quotas-de-retour-dans-les-calanques-de-marseille_5782154.html">parc des Calanques depuis l’été 2022</a>, pour limiter leur impact. Elles peuvent également soutenir les <a href="https://www.int-res.com/abstracts/meps/v384/p33-46">activités de pêche artisanale</a> en préservant les stocks de poissons et en fournissant des zones de reproduction. Lorsque les AMP bénéficient d’un haut niveau de protection, <a href="https://www.int-res.com/abstracts/meps/v384/p33-46">leur biomasse est plus de 4 fois</a> plus importante à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’AMP ; cela profite à terme à la pêche artisanale locale. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Vue aérienne des calanques marseillaises" src="https://images.theconversation.com/files/527234/original/file-20230519-23-ul9mif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/527234/original/file-20230519-23-ul9mif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/527234/original/file-20230519-23-ul9mif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/527234/original/file-20230519-23-ul9mif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/527234/original/file-20230519-23-ul9mif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/527234/original/file-20230519-23-ul9mif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/527234/original/file-20230519-23-ul9mif.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La Calanque de Sormiou, près de Marseille. À l’été 2022, le parc national des calanques a instauré des quotas d’accès pour lutter contre les effets destructeurs de la surfréquentation.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parc_national_des_Calanques#/media/Fichier:Calanque_de_Sormiou-Cassis.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Pas assez de protection forte</h2>
<p>Aujourd’hui, si l’ambition du gouvernement français d’étendre les aires marines protégées à hauteur de <a href="https://www.ouest-france.fr/environnement/protection-oceans/one-ocean-summit-la-france-depasse-son-objectif-de-30-d-aires-marines-protegees-d426afd0-8b15-11ec-88ed-2ead809b0816">33 % de son territoire maritime</a> est louable, il n’en reste pas moins qu’une très faible proportion de ces AMP sont intégralement protégées. </p>
<p>Si, officiellement, plus de 23 % des eaux françaises ont le statut d’AMP, à peine <a href="https://www.nationalgeographic.fr/environnement/2020/11/la-france-multiplie-les-aires-marines-protegees-quelle-peine-a-proteger">1,7 % bénéficient d’une protection forte</a> : 0,05 % en France métropolitaine et 1,65 % dans les DOM (dont 80 % dans les Terres australes et antarctiques françaises). </p>
<p>Enfin, il est regrettable que les AMP françaises à protection forte soient très inégalement réparties sur le territoire, <a href="https://www.cnrs.fr/fr/france-des-aires-marines-pas-encore-suffisamment-protegees">puisque 97 % d’entre elles sont situées dans les territoires d’outre-mer (si l’on y inclut la Nouvelle-Calédonie)</a> et seulement 3 % en France métropolitaine, là où précisément, les pressions anthropiques sont les plus variées et les plus importantes.</p>
<hr>
<p><em>Benoit Derijard prendra part, ce mardi 30 mai 2023 à 17 heures au Centre universitaire méditerranéen de Nice, à une table ronde organisée par l’Université de Côte d’Azur sur le thème des aires protégées, en compagnie de Jean-Pierre Gattuso, Vanina Pasqualini et Arnaud Allari. <a href="https://csti.univ-cotedazur.fr/table-ronde-aires-marines-protegees-utiles-a-quoi-utiles-a-qui">Consultez toutes les informations pratiques ici</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/206515/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoit Derijard est membre de l'Association Apis Campus pour la préservation des pollinisateurs.
Par ailleurs, il a reçu des financements de la Communauté Européenne (Feampa) et de l'Université Côte d'Azur. </span></em></p>
La création de ces zones, et tout particulièrement celles hautement ou totalement protégées, constitue un outil clé dans les efforts de préservation.
Benoit Dérijard, Chercheur, biodiversité marine, protection des écosystèmes marins, plongée scientifique, Université Côte d’Azur
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/194655
2022-11-29T18:57:57Z
2022-11-29T18:57:57Z
Tilio : « À qui appartient la mer ? »
<p>À personne ! La mer échappe à toute appropriation. Nul ne peut en revendiquer la propriété… pas même l’État côtier, c’est-à-dire l’État riverain de cette mer. Les mers font partie de ce que l’on appelle les « choses communes », elles sont à l’usage de tous, personne ne peut se les approprier.</p>
<p>En revanche, le sol et le sous-sol de la « mer territoriale » appartiennent à l’État, à son « domaine public » car ils constituent le prolongement naturel du territoire national, son prolongement immergé. Ce domaine public maritime s’étend, côté terre, jusqu’au rivage de la mer. Il comprend de ce fait les plages. C’est donc par abus de langage que certains restaurants de plage ou paillotes se présentent comme « plages privées ». Ces plages ne sont pas la propriété des restaurateurs, mais bien de l’État qui les autorise seulement à en occuper une partie. Côté mer, la propriété étatique des fonds marins court jusqu’à la limite de la « mer territoriale », c’est-à-dire à 22 kilomètres au large des côtes, soit 12 milles marins selon l’unité de mesure des distances maritimes. Ainsi, l’exploitant d’un parc d’éoliennes en « mer territoriale » doit obtenir l’autorisation de l’État pour les amarrer au sol marin.</p>
<p>Pour résumer, alors que la masse d’eau de la mer ne peut être la propriété de personne, les fonds marins sont la propriété de l’État côtier dans les limites de la « mer territoriale » et non au-delà.</p>
<p>Mais, le droit de propriété n’est pas l’unique moyen de « contrôler » la mer. Au regard des enjeux économiques, de sécurité et de communication, les états ont depuis longtemps souhaité prolonger leur compétence territoriale en mer et ont dû s’accorder entre eux sur ce point.</p>
<p>Ainsi, au niveau international, des conventions visent à définir la compétence exercée par les États côtiers sur les zones maritimes et les droits reconnus aux tiers. L’intensité de l’autorité exercée par l’État côtier sur les zones maritimes dépend de la proximité de la zone avec son littoral.</p>
<p>Ainsi, dans les eaux de la « mer territoriale », espace maritime le plus proche, l’État exerce sa souveraineté au même titre que sur son territoire terrestre c’est-à-dire qu’il dispose d’une compétence exclusive notamment en matière de pêche, de police ou encore de douanes. Par exemple, dans le cadre du « Brexit », les navires de pêche français souhaitant pêcher dans les eaux britanniques doivent obtenir des licences de pêche octroyées par le Royaume-Uni.</p>
<p>Plus loin, dans sa « zone économique exclusive » qui s’étend jusqu’à 200 milles marins (370 km) des côtes, l’État peut réglementer l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles, mais il doit respecter la liberté de navigation au profit de tous les navires.</p>
<p>Enfin, au-delà de cette zone, la « Haute mer » constitue un espace de liberté qui n’est placé sous l’autorité d’aucun État. Ses fonds marins, appelés « la Zone » sont un élément du « patrimoine commun de l’humanité ».</p>
<p>Conscients de la place des océans dans les enjeux climatiques, les états mènent des négociations pour assurer la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine de cette « Haute mer » qui couvre près de la moitié de la surface du globe. Fin août 2022, à l’issue de la cinquième session de négociations internationales pour la conclusion d’un traité sur la protection de la « Haute mer », les états n’ont toutefois pas réussi à s’accorder sur la question des aires marines protégées ou encore l’obligation de réaliser des évaluations d’impact environnemental préalables à de nouvelles activités d’exploitation des ressources de la Zone.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194655/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nelly Sudres ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Si la masse d’eau que constituent les mers et les océans n’appartient à personne, les fonds marins peuvent être la propriété des états côtiers.
Nelly Sudres, Maître de conférences en droit public, Université de Montpellier
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/194588
2022-11-28T19:03:23Z
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Dans l'océan, des «pollinisateurs» aident les algues à se reproduire
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/497592/original/file-20221128-4861-2f40cx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C43%2C1185%2C1070&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Ce petit crustacé marin habite sur les algues rouges Gracilaria gracilis. Les gamètes mâles libérés par les algues adhèrent aux idotées, qui les déposent sur les algues femelles, de la même manière que certains insectes pollinisent les plantes à fleurs.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://images.cnrs.fr/photo/20220103_0008">© Sebastien COLIN / Max Planck Institute For Biology / Station biologique de Roscoff / CNRS / SU</a></span></figcaption></figure><p>Les pollinisateurs comme les abeilles aident plus de 90 % des espèces de plantes à fleurs à se reproduire. Sur Terre, la pollinisation est bien connue et un exemple parfait de la «co-évolution» de plantes et d'animaux, qui a permis aux plantes d’augmenter l’efficacité de leur reproduction et aux animaux de bénéficier d’une source de nourriture.</p>
<p>De nombreuses études explorent la <a href="https://pelagicpublishing.com/products/pollinators-and-pollination-ollerton-9781784272289">vulnérabilité de ces interactions</a> face au changement climatique et à ses répercussions sur le maintien des écosystèmes terrestres – mais personne, ou presque, ne s’est intéressé à ces relations entre animaux et végétaux dans l'océan.</p>
<p>Pourtant, le milieu marin est soumis à une pression anthropique croissante, et est lui aussi victime d’un effondrement de la biodiversité, qu’il est difficile d’enrayer sans comprendre les relations complexes entre les organismes peuplant l'écosystème.</p>
<p>Notre équipe s’est intéressée aux relations animaux-végétaux dans le cadre de la reproduction des algues, et nous avons montré <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.abo6661">dans une étude récemment publiée dans <em>Science</em></a> que des animaux facilitaient la rencontre des gamètes chez les algues: ces sont les «pollinisateurs des mers».</p>
<h2>La reproduction sexuée en mer</h2>
<p>Dans le milieu marin, de nombreuses espèces animales et végétales relâchent leurs cellules reproductrices mâles et femelles (les gamètes) directement dans l’eau de mer. Ils sont, pour la plupart, guidés par des phéromones sexuelles et pourvus de flagelle, un filament leur permettant de nager la distance finale jusqu’à leur partenaire. Mais, pour parcourir la majeure partie de la distance, les gamètes sont dépendants des mouvements d’eau, longtemps considérés comme le principal vecteur entrant en jeu dans leur rencontre.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/497588/original/file-20221128-20-c23n0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C1%2C1196%2C876&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Petit invertébré sur une branche d’algue rouge" src="https://images.theconversation.com/files/497588/original/file-20221128-20-c23n0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C1%2C1196%2C876&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/497588/original/file-20221128-20-c23n0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/497588/original/file-20221128-20-c23n0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/497588/original/file-20221128-20-c23n0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/497588/original/file-20221128-20-c23n0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=553&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/497588/original/file-20221128-20-c23n0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=553&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/497588/original/file-20221128-20-c23n0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=553&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Une idotée agrippé à une algue rouge, dont elle transporte les gamètes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://images.cnrs.fr/photo/20220103_0004">Wilfried Thomas/Station biologique de Roscoff/SU/CNRS</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce dogme a récemment été levé en 2016 chez la <a href="https://www.nature.com/articles/ncomms12980">plante à fleurs <em>Thalassia testudinum</em></a>, qui constitue le premier cas connu de pollinisation en milieu marin. Nous avons cherché à savoir si les animaux jouent aussi un rôle dans la reproduction d’une autre espèce végétale emblématique de la mer : les algues ?</p>
<h2>Des gamètes mâles sans flagelle</h2>
<p>Cette question est particulièrement pertinente pour l’<a href="https://doris.ffessm.fr/Especes/Gracilaria-gracilis-Gracilaire-gracile-3425">algue rouge <em>Gracilaria gracilis</em></a> dont les mâles libèrent dans l’eau de mer des gamètes dépourvus de flagelle, appelés « spermaties » tandis que les femelles gardent leurs gamètes qui ne sont pas relâchés dans l’environnement.</p>
<p>De même que le grain de pollen, la spermatie est totalement incapable de se déplacer seule et est dépendante des courants marins pour atteindre la femelle, sur laquelle se déroule la fécondation, comme chez les plantes. Comparé aux gamètes flagellés des algues brunes ou vertes par exemple, qui peuvent se déplacer d’eux-mêmes, nous pouvons penser que la probabilité qu’ont les spermaties d’atteindre la femelle est faible. Pourtant, la reproduction chez <em>G. gracilis</em> n’est pas rare comme on a pu le montrer dans des études précédentes sur une population suivie depuis plus de 20 ans, située au Cap Gris-Nez dans le Nord de la France, ce qui en fait un modèle de choix.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="aquarium avec algues et invertébrés" src="https://images.theconversation.com/files/497591/original/file-20221128-13-pugkh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/497591/original/file-20221128-13-pugkh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/497591/original/file-20221128-13-pugkh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/497591/original/file-20221128-13-pugkh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/497591/original/file-20221128-13-pugkh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/497591/original/file-20221128-13-pugkh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/497591/original/file-20221128-13-pugkh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Aquarium contenant algues rouges et idotées, pour tester le transport de gamètes par ces invertébrés.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://images.cnrs.fr/photo/20220103_0001">Christophe DESTOMBE/EBEA/Station biologique de Roscoff/SU/CNRS</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une étude montre même que la <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-the-marine-biological-association-of-the-united-kingdom/article/abs/reproductive-ecology-of-an-intertidal-red-seaweed-gracilaria-gracilis-influence-of-high-and-low-tides-on-fertilization-success/982E5D50960F70CBF991E9147E28D7F2#access-block">majorité des fécondations dans cette population se fait à marée basse</a> lorsque les individus sont immergés dans les flaques avec très peu de mouvements d’eau.</p>
<p>Sur le terrain, l’<a href="https://doris.ffessm.fr/Especes/Idotea-balthica-Idotee-de-la-Baltique-1800">invertébré marin <em>Idotea balthica</em></a> – qui appartient au même ordre que les cloportes (Isopoda) – est souvent associé à l’algue rouge <em>G. gracilis</em>.</p>
<p>Cet animal, couramment appelé « idotée », <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s002270100545">se nourrit des « épiphytes » de <em>G. gracilis</em></a>, c’est-à-dire des petites algues parasites qui poussent sur l’algue rouge. Chez les plantes, c’est l’activité alimentaire des animaux – lorsqu’ils se nourrissent du pollen – qui seraient l’origine involontaire du processus de pollinisation. Notre équipe a donc exploré si l’idotée pouvait participer à la dispersion des spermaties lors de son activité alimentaire, comme l’abeille transporte le pollen.</p>
<h2>Les invertébrés facilitent la fécondation chez l’algue rouge <em>Gracilaria gracilis</em></h2>
<p>Nous avons mis en place des expériences en laboratoire afin de démontrer que les <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.abo6661">idotées favorisent la dispersion et la rencontre des gamètes chez <em>G. gracilis</em></a>.</p>
<p>Nous avons placé des algues mâles et femelles dans des aquariums, soit en présence, soit en absence d’idotées. Lorsqu’une fécondation a lieu, une structure visible à l’œil nu, le « cystocarpe », se forme sur l’algue femelle. Ainsi à l’issue de l’expérience, le nombre de fécondations a pu être estimé en comptant les cystocarpes formés sur les algues femelles. Et le résultat est net : il y a vingt fois plus de fécondation lorsque les idotées sont présentes.</p>
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<p>Mais à ce stade de l’expérience, rien ne permettait d’affirmer que l’idotée agissait comme un pollinisateur en transportant les gamètes mâles jusqu’aux femelles. En effet, les idotées pourraient participer simplement à la dispersion des spermaties par les mouvements d’eau créés lorsqu’elles nagent dans l’aquarium.</p>
<p>Dans une deuxième expérience, des algues femelles seules (sans algues mâles) ont été placées dans un aquarium en présence d’idotées préalablement « incubées » avec des algues mâles. Là encore, de multiples fécondations ont été observées, permettant d’affirmer que ces fécondations n’avaient pu être réalisées qu’avec des spermaties transportées par les idotées. Ces résultats ont été confirmés grâce à des images en microscopie montrant les spermaties accrochées sur le corps et les pattes de l’idotée.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/497590/original/file-20221128-22-cn3ydy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="pattes d’invertébré marin en violet avec des boules en vert" src="https://images.theconversation.com/files/497590/original/file-20221128-22-cn3ydy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/497590/original/file-20221128-22-cn3ydy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/497590/original/file-20221128-22-cn3ydy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/497590/original/file-20221128-22-cn3ydy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/497590/original/file-20221128-22-cn3ydy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/497590/original/file-20221128-22-cn3ydy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/497590/original/file-20221128-22-cn3ydy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Accumulation de gamètes d’algue rouge Gracilaria gracilis sur une idotée vue en microscopie confocale.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://images.cnrs.fr/photo/20220103_0009">Sebastien COLIN/Max Planck Institute For Biology/Station biologique de Roscoff/CNRS/SU</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des implications écologiques et évolutives</h2>
<p>Cette étude démontre pour la première fois le rôle d’un animal dans la fécondation chez les algues rouges, et cette relation pourrait être bien plus forte qu’on ne le pense, puisque les deux partis tirent des bénéfices réciproques de leur association.</p>
<p>Les idotées bénéficient d’une source de nourriture en broutant les épiphytes en surface de l’algue. Ils pourraient également s’en servir d’abris contre les prédateurs grâce à leur pigmentation leur permettant de se dissimuler parfaitement dans l’algue. D’un autre côté, l’élimination des épiphytes par les isopodes permet une meilleure croissance de l’algue et notre présente étude montre que les idotées augmentent le succès reproducteur des algues.</p>
<p>Ce résultat montre que les associations entre végétaux et animaux sont bien plus complexes qu’on ne le pense dans le milieu marin, et questionne sur la spécificité de cette relation : d’autres algues rouges pourraient-elles bénéficier de ce système de dispersion des gamètes ? D’autres invertébrés y participent-ils ? Il est important de répondre à ces questions et de découvrir la place que ces associations occupent dans le fonctionnement des écosystèmes marins, surtout dans un contexte où l’anthropisation et les changements globaux qui en découlent menacent la dynamique de ces écosystèmes.</p>
<p>Ces résultats questionnent également sur l’histoire évolutive des relations entre les végétaux et les animaux. En effet, la pollinisation animale serait apparue il y a 140 millions d’années, avec les premières plantes à fleurs. Or, nos résultats montrent que des relations similaires existent en milieu marin. Les premières algues rouges se sont différenciées <a href="https://www.nature.com/articles/srep21361">il y a environ 900 millions d’années</a> et les premiers animaux pluricellulaires il y a environ 650 millions d’années, soit bien avant la différenciation des plantes à fleurs. L’apparition des associations entre plantes et animaux pourrait ainsi être bien plus ancienne que nous le pensons actuellement et avoir eu lieu bien avant la colonisation du milieu terrestre par les plantes.</p>
<p>Bien sûr, il est également possible que le rôle des animaux dans la fécondation des végétaux ait évolué plus récemment en parallèle dans les milieux terrestre et marin. Un des moyens d’aborder cette question est d’étudier la fréquence de la pollinisation par les animaux dans les différentes espèces d’algues rouges. Si elle est largement répandue, cela suggère que le rôle des animaux est probablement très ancien.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194588/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Faure a travaillé dans l'unité internationale "Evolutionary Biology and Ecology of Algae (EBEA)" de la Station biologique de Roscoff et participé à la réalisation de l'étude qui a mené à cet article.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emma Lavaut ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Des invertébrés marins jouent pour les algues le même rôle que les abeilles pour les fleurs, et transportent les gamètes.
Emma Lavaut, Doctorante dans l'unité internationale "Evolutionary Biology and Ecology of Algae (EBEA)" IRL3614, CNRS, SU, Station biologique de Roscoff,, Sorbonne Université
Antoine Faure, Doctorant en sciences de l'eau, Institut national de la recherche scientifique (INRS)
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tag:theconversation.com,2011:article/194079
2022-11-22T19:26:07Z
2022-11-22T19:26:07Z
Images de science : se protéger de vagues de plus en plus hautes
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/493776/original/file-20221107-15-pveimj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C1%2C1006%2C733&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une vague se brise sur une structure en béton dans une simulation numérique.</span> <span class="attribution"><span class="source">Julien Réveillon</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Lors d’une tempête, une digue peut subir des pics de pression très variables, en particulier lorsque des poches d’air sont emprisonnées entre l’eau et le béton. <a href="https://www.theses.fr/2021PAUU3022">Par exemple</a>, des pressions proches de cinq bars menant à des forces de 400 000 newtons par mètre – soit l’équivalent du crash d’un SUV allant à 80 km/h – ont déjà été mesurées sur la digue Artha de Saint-Jean-de-Luz.</p>
<p>Les digues actuelles sont dimensionnées pour ce type d’impact mais la question se pose de leur renforcement face à l’intensification en force et en fréquence des <a href="https://www.geo.fr/environnement/les-tempetes-extremes-prevues-pour-2080-sont-deja-la-210231">tempêtes extrêmes</a> accompagnant le changement climatique. Les simulations numériques visent à adapter au mieux les installations du littoral face aux transformations à venir.</p>
<h2>Les mesures de défense face à la montée des eaux</h2>
<p>L’<a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/">élévation du niveau de la mer</a> est une conséquence directe de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, ainsi que de l’expansion thermique des océans. C’est une menace majeure pour les régions côtières, car elle provoque la submersion et l’érosion du trait de côte (la limite terre/mer), l’inondation et la destruction des habitations ou encore la contamination des terres agricoles.</p>
<p>La mise en place de mesures de défense est déjà au cœur des préoccupations des décideurs en charge de l’aménagement du territoire et des bâtisseurs d’ouvrages maritimes. Des <a href="https://theconversation.com/elevation-du-niveau-de-la-mer-quels-littoraux-voulons-nous-pour-demain-180711">stratégies nouvelles sont explorées</a> en se basant sur l’état de la mer au large de nos côtes dans plusieurs dizaines d’années afin d’estimer les surcotes provoquées par les tempêtes – des <a href="https://doi.org/10.4000/vertigo.10947">prédictions extrêmement difficiles</a>.</p>
<p>La solution (dite « dure ») de défense la plus commune consiste à tenter de fixer le trait de côte et de construire ou renforcer les ouvrages de défense. Une autre solution (dite « souple ») consiste à préparer le territoire à l’arrivée de la mer. Par exemple, la commune de Quiberville en Normandie – une des <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000045726134">126 communes françaises</a> citées au journal officiel en avril 2022 comme devant s’adapter en priorité – a pris la décision de <a href="https://reporterre.net/Face-a-la-montee-des-eaux-s-adapter-plutot-que-betonner">laisser entrer la mer dans les zones basses de la commune et de réorganiser son agencement</a>.</p>
<h2>Quelle sera la force des vagues dans le futur ?</h2>
<p>Les phénomènes de submersion marine se produisent généralement lors d’événements climatiques extrêmes. Il est très difficile d’en prévoir l’intensité car outre le niveau moyen du niveau d’eau et les effets de la marée, ils dépendent de <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.envsoft.2015.07.021">paramètres locaux</a> tels l’intensité du vent s’appuyant sur l’eau, la baisse de pression locale ou la fréquence de succession des vagues déferlantes. L’ensemble de ces phénomènes surélèvent l’eau auprès des ouvrages de protection.</p>
<p>À ce jour, pour estimer leur impact futur sur les structures côtières, on les reproduit expérimentalement à petite échelle dans un canal à houle, ou on les modélise grâce à la simulation numérique, dans une succession d’impacts représentant trois heures de vagues d’une tempête « centennale » (c’est-à-dire dont la probabilité d’apparition est d’une année sur cent).</p>
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<p>Dans les modélisations, les effets de certains paramètres sont encore très difficiles à caractériser, tels que la présence d’air dans l’eau, sous forme de bulles, résultant de l’écume des vagues précédentes ou de poches et tubes d’air capturés par le déferlement ou encore de coussins d’air se formant entre l’eau et la paroi des digues. En fonction des circonstances, cet air va <a href="https://ascelibrary.org/doi/10.1061/%28ASCE%290733-950X%281993%29119%3A4%28381%29">amortir le choc ou encore l’amplifier</a>. Le pire des scénarios est de piéger une petite poche d’air entre l’eau et la paroi : la masse de la vague en cours de déferlement écrase brutalement la poche et augmente très fortement la pression de l’air et donc les forces que subira l’ouvrage.</p>
<p>Grâce au développement de <a href="https://doi.org/10.1146/annurev-fluid-010816-060121">modèles physiques et numériques adéquats</a>, les futurs aménagements du littoral envisagés pourront être soumis virtuellement à tous les évènements climatiques imaginables afin d’évaluer leur efficacité et résistance. Mais ces simulations numériques doivent sortir du cadre strict de la physique car elles resteront inutiles si elles n’intègrent pas une vision globale, comprenant notamment des dimensions de construction durable et d’<a href="https://theconversation.com/acceptabilite-sociale-il-faut-repenser-la-gouvernance-des-grands-projets-publics-183001">assentiment des populations concernées</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194079/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julien Réveillon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Avec des tempêtes plus fréquentes et plus dures, l’adaptation au changement climatique passe aussi par la construction de structures résistantes à la pression des vagues.
Julien Réveillon, Enseignant-Chercheur, énergie et mécanique des fluides numérique, Chargé de mission DDRS, Université de Rouen Normandie
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/190199
2022-10-09T15:14:42Z
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Préserver les herbiers de Posidonie, ces précieux puits de carbone sous-marins
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/486850/original/file-20220927-24-1u9xsr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5991%2C3997&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Herbier de Posidonies (_Posidonia oceanica_) sur le littoral de la Corse.</span> <span class="attribution"><span class="source">Gérard Pergent</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les herbiers marins sont des écosystèmes constitués de plantes à fleurs qui se développent en mer ouverte, en estuaires ou en lagunes. Ces prairies sous-marines colonisent les littoraux de tous les continents, à l’exception de l’Antarctique, de la surface à environ 60 m de profondeur.</p>
<p>Ces habitats apportent de nombreux services écosystémiques que ce soit en termes d’approvisionnement (nourriture), de régulation (prévention de l’érosion côtière, modération des évènements extrêmes, amélioration de la qualité des eaux), de soutien (maintien de la biodiversité et des activités de pêche) ou sur le plan culturel (valeur esthétique, opportunités en termes de tourisme et de loisir).</p>
<p>Au même titre que les mangroves ou les prés-salés, les herbiers marins sont aussi reconnus pour leur rôle dans l’atténuation du changement climatique. Ces écosystèmes participent à la capture du dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>) lors de la photosynthèse et à sa séquestration sous forme de carbone (appelé communément carbone bleu). Contrairement à la plupart des écosystèmes terrestres où le carbone est principalement piégé dans la biomasse vivante pendant des décennies ou des siècles, les herbiers marins accumulent ce carbone dans leurs sols (sédiments) durant des siècles voire des millénaires constituant ainsi des puits de carbone significatifs.</p>
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<span class="caption">Banc de castagnoles (<em>Chromis chromis</em>) au sein d’un herbier de Posidonies.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gérard Pergent</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Dans le contexte de changement climatique, leur potentiel exceptionnel revêt un intérêt tout particulier. Les récents efforts portant sur l’inventaire et le fonctionnement de ces puits de carbone ont permis de souligner leur rôle et ont offert l’opportunité d’améliorer la conservation et la restauration de ces habitats vulnérables.</p>
<h2>L’herbier de Posidonies : un puits de carbone majeur</h2>
<p>La Méditerranée présente un atout de taille dans la lutte contre le changement climatique : la Posidonie (<em>Posidonia oceanica</em>). Cette espèce endémique forme de vastes herbiers, entre 0 et 40 m de profondeur, identifiés comme l’un des puits de carbone naturel les plus importants. Cette spécificité méditerranéenne réside dans la <a href="https://doi.org/10.3389/fmars.2022.871799">grande distribution des herbiers de Posidonies</a> et dans leur capacité à édifier un sol (structure unique dénommée « matte »).</p>
<p>Cette matte, composée de rhizomes, de racines et de sédiment qui colmate les interstices, stocke jusqu’à 10 fois plus de carbone que les sols forestiers. Les conditions anoxiques (faibles teneurs en oxygène) et la composition de la matière organique, couplées à l’apport continu de particules sédimentaires, constituent des puits de carbone millénaires pouvant atteindre <a href="https://doi.org/10.1016/j.marenvres.2021.105415">jusqu’à 8 mètres d’épaisseur</a>. En Corse, l’analyse des carottes de matte a permis de mettre en évidence des accumulations de carbone très importantes (700 tonnes par hectare) mais aussi très variées au regard des paramètres environnementaux (profondeur, substrat, dépôts sédimentaires).</p>
<figure class="align-center ">
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<span class="caption">Escarpement de matte de Posidonies atteignant 3 m de hauteur au large de la côte orientale de la Corse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gérard Pergent</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Néanmoins, ces prairies sous-marines restent particulièrement menacées par les activités anthropiques (pollution des eaux, aménagements littoraux, ancrage des bateaux de plaisance) mais aussi par les conséquences du changement climatique (évènements extrêmes, températures, élévation du niveau de la mer). Ces pressions peuvent engendrer une réduction de la capacité de stockage de ces herbiers marins les faisant ainsi passer du statut de puits à celui de sources de carbone.</p>
<h2>La surveillance des herbiers marins</h2>
<p>Face à ces pressions, le recours à des moyens de surveillance adaptés est cruciale pour évaluer l’état de ces écosystèmes. Dans ce domaine, la Corse fait figure d’exemple. L’île s’est dotée au cours des dernières décennies d’un large éventail d’outils :</p>
<ul>
<li><p>Un Réseau de Surveillance Posidonies, visant à évaluer l’état de conservation des herbiers au sein de 39 sites, répartis sur l’ensemble du littoral insulaire, en s’appuyant sur l’étude de paramètres biologiques et environnementaux ;</p></li>
<li><p>Un Réseau TCorseNet, permettant de suivre avec précision l’évolution des températures des eaux marines au niveau de 21 stations ;</p></li>
<li><p>Un Réseau Alien Corse, pour détecter le plus précocement possible l’arrivée de nouvelles espèces exotiques et proposer des mesures de gestions appropriées.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Plongeur réalisant des relevés au sein de l’herbier dans le cadre du Réseau de Surveillance Posidonies.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sandrine Ruitton</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Outre la mise en place de ces actions, un inventaire cartographique des habitats marins et notamment des herbiers marins de Corse est entrepris depuis les années 1990 grâce à plusieurs campagnes océanographiques, menées en collaboration avec l’Ifremer. L’étude de la distribution et de la dynamique spatiale de ces écosystèmes a donné lieu à la réalisation d’une cartographie <a href="https://doi.org/10.12681/mms.19772">continue entre 0 et 100 m de profondeur</a>.</p>
<p>Le déploiement de moyens techniques et scientifiques de plus en plus sophistiqués, tels que les drones ou les robots sous-marins, permet d’affiner ces cartographies et d’identifier les points chauds de dégradations. Ainsi les récents relevés cartographiques, <a href="https://doi.org/10.1016/j.seares.2022.102258">menés dans la baie de Sant’Amanza</a> (Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio – Corse-du-Sud), ont permis de souligner une régression significative des herbiers marins (-72,9 ha), liée à l’ancrage de la grande plaisance, dont une perte de 7,8 ha au cours de la période 2019-2021.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ui_Z0389jD0?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p><em>Vidéo réalisée par Andromède Océanologie pour l’Office de l’Environnement de la Corse (Mission GECT-PMIBB), dans le cadre du Programme de Coopération Italie France Maritime 2014-2020, projet stratégique GIREPAM (Gestion Intégrée des Réseaux Ecologiques à travers les Parcs et les Aires Marines)</em>.</p>
<h2>Les solutions</h2>
<p>Consciente des enjeux écologiques, la Préfecture maritime de Méditerranée a déployé un arsenal législatif à l’échelle du littoral méditerranéen français interdisant, en 2016, l’ancrage des navires de plus de 80 m au sein des herbiers à posidonies, puis étendu à l’ensemble des navires de plus de 24 m, en 2019. À l’échelon local, cette législation est souvent associée à la création de zones de mouillages réglementés ou à l’installation de systèmes de mouillages éco-conçus. C’est le cas de la baie de Sant’Amanza où une zone de mouillages organisés et une zone d’interdiction totale d’ancrage ont été aménagées, renforçant ainsi la conservation et la protection de ces puits de carbone.</p>
<p>Bien que ces récentes mesures permettent d’espérer une forte réduction de ces dommages, la recolonisation naturelle des zones dégradées par l’ancrage (plusieurs centaines d’hectares) nécessitera des décennies voire des siècles aux herbiers, compte tenu de leur faible taux de croissance (quelques centimètres par an). Afin d’accélérer la réhabilitation des écosystèmes, altérés par les activités anthropiques, plusieurs projets de restauration écologique ont récemment vu le jour. Parmi eux, un grand nombre sont dédiés aux herbiers de Posidonies.</p>
<p>À travers la reconstitution de ces paysages sous-marins remarquables, et des services écosystémiques associés, ces actions contribuent aussi à stabiliser les couches sédimentaires riches en carbone, afin d’éviter leur érosion et une libération des stocks millénaires. Ces expérimentations, qui font appel à des méthodes variées (principalement des transplantations de boutures), sont menées dans des conditions environnementales diverses et <a href="https://doi.org/10.3390/w13081034">donnent lieu à des résultats très contrastés</a>. En effet, malgré des moyens financiers conséquents, un <a href="https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2022.158320">projet de restauration écologique sur quatre se solde par un échec</a>, principalement lié à une mauvaise connaissance des sites récepteurs.</p>
<h2>Le programme RenforC</h2>
<p>Suite aux dégradations subies par l’herbier et aux récentes mesures de protections mises en place, la baie de Sant’Amanza a été sélectionnée pour accueillir un projet pilote de restauration écologique : le programme RenforC. Initié en 2021, ce projet inédit a pour objectif de comparer l’efficacité de différentes approches (transplantations), de la comparer à la recolonisation naturelle en l’absence de pression, et ce, afin de valider une stratégie de renforcement de ces puits de carbone. Quatre équipes internationales (France, Espagne et Italie – Sardaigne et Sicile), issues du secteur public et privé, ont été identifiées pour leurs compétences dans le domaine de la restauration des herbiers et pour participer au projet.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/486851/original/file-20220927-16-jqrbf7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/486851/original/file-20220927-16-jqrbf7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/486851/original/file-20220927-16-jqrbf7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/486851/original/file-20220927-16-jqrbf7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/486851/original/file-20220927-16-jqrbf7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/486851/original/file-20220927-16-jqrbf7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/486851/original/file-20220927-16-jqrbf7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Boutures de Posidonies transplantées à l’aide de systèmes modulaires en bioplastique dans la baie de Sant’Amanza (Corse-du-Sud).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gérard Pergent</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Après la réalisation d’un état de référence des sites récepteurs, les actions de transplantation ont été engagées, au printemps 2021, en collaboration avec les différentes équipes. Un suivi annuel des boutures et de l’herbier naturel est mis en place afin de suivre la vitesse de recolonisation et la vitalité des sites sélectionnés. Au terme du projet, l’évaluation de l’efficacité des actions engagées devrait permettre de proposer une stratégie performante de renforcement de ces puits de carbone et réplicable à d’autres sites du littoral méditerranéen.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=416&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=416&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488237/original/file-20221005-24-e96y9j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=416&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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</figure>
<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 7 au 17 octobre 2022 en métropole et du 10 au 27 novembre 2022 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Le changement climatique ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190199/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Briac Monnier a reçu des financements de l'Université de Corse et de la Collectivité de Corse pour la réalisation de ses travaux de thèse de Doctorat et pour mener à bien les recherches qui servent de base à cet article.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Christine Pergent-Martini a reçu indirectement des financements de l'Office de l'environnement de la Corse, l'Office Français de la Biodiversité, la Fondation Setec, pour mener à bien les recherches qui servent de base à cet article. Aucun versement n'a été fait à titre personnel ou privé mais les résultats présentés ont été financés par ces différents organismes. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gérard Pergent a reçu des financements de l'Office de l'Environnement de la Corse, la Collectivité de Corse, l'Office Français de la Biodiversité et la Fondation setec pour mener à bien ces recherches. </span></em></p>
Les herbiers marins sont aussi reconnus pour leur rôle dans l’atténuation du changement climatique. Comment les préserver ?
Briac Monnier, Docteur en Biologie et Écologie marine, Université de Corse Pascal-Paoli
Christine Pergent-Martini, Maître de Conférences HDR en Biologie et Écologie marine, Université de Corse Pascal-Paoli
Gérard Pergent, Professeur des universités
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/191087
2022-10-06T18:34:31Z
2022-10-06T18:34:31Z
Podcast : « Facteur (mal)chance », une bonne étoile nommée Jacques-Yves Cousteau
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/485836/original/file-20220921-19-dusbv5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C16%2C1158%2C765&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La Calypso, emblématique navire de l’équipage de l’explorateur marin Jacques-Yves Cousteau.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/telemax/7218299008">Tilemahos Efthimiadis/Flickr</a></span></figcaption></figure><iframe src="https://embed.acast.com/601af61a46afa254edd2b909/633e76c2b9d3a000119f44f5" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p><iframe id="tc-infographic-569" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/569/0f88b06bf9c1e083bfc1a58400b33805aa379105/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-ecouter-les-podcasts-de-the-conversation-157070">Comment écouter les podcasts de The Conversation ?</a>
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<p>Pourquoi certaines personnes ont-elles de la chance et d’autres n’en ont pas ? Est-ce simplement le hasard ? Comment se fait-il que l’on s’estime parfois chanceux dans notre malheur ? Est-il vraiment possible d’attirer la chance à soi ? Et si oui, comment ?</p>
<p>Dans son dernier livre, <em>Provoque ta chance !</em> (Éditions Albin Michel), Christophe Haag, chercheur en <a href="https://theconversation.com/fr/topics/psychologie-comportementale-64120">psychologie sociale</a> et professeur en comportement organisationnel à l’emlyon business school, tente d’apporter des éléments de réponses à ces questions. Comme pour ses précédents travaux sur la <a href="https://theconversation.com/bonnes-feuilles-lemotion-le-virus-le-plus-contagieux-sur-terre-117866">contagion émotionnelle</a> entre les individus, il recourt à la méthode de la « tératologie », autrement dit l’étude de cas extrêmes, du « pas ordinaire », pour mieux comprendre la normalité.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/485839/original/file-20220921-7766-jrzxdp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="François Sarano lors d’une conférence à Paris en 2013" src="https://images.theconversation.com/files/485839/original/file-20220921-7766-jrzxdp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485839/original/file-20220921-7766-jrzxdp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485839/original/file-20220921-7766-jrzxdp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485839/original/file-20220921-7766-jrzxdp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485839/original/file-20220921-7766-jrzxdp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485839/original/file-20220921-7766-jrzxdp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485839/original/file-20220921-7766-jrzxdp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">François Sarano lors d’une conférence à Paris en 2013.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Conférence_de_François_Sarano_à_Paris_en_2013_3.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le quatrième épisode de notre série de podcasts « Facteur (mal)chance » décrypte le pouvoir de la gentillesse au travers du témoignage de François Sarano, compagnon du Commandant Jacques-Yves Cousteau. L’emblématique explorateur marin se caractérisait en effet par une bienveillance qui lui a permis de vivre et de faire vivre à son équipe des aventures exceptionnelles. De quoi tordre le cou aux idées reçues sur une qualité généralement perçue comme une faiblesse…</p>
<hr>
<p><strong>À écouter aussi</strong></p>
<p>Épisode #1 : <a href="https://theconversation.com/podcast-facteur-mal-chance-le-rescape-du-bataclan-devenu-paraplegique-190087">Le rescapé du Bataclan devenu paraplégique</a> <br>
Épisode #2 : <a href="https://theconversation.com/podcast-facteur-mal-chance-survivre-seule-a-un-crash-aerien-190181">Survivre, seule, à un crash aérien</a> <br>
Épisode #3 : <a href="https://theconversation.com/podcast-facteur-mal-chance-la-peur-moteur-de-la-survie-190952">La peur, moteur de la survie</a></p>
<hr>
<p><em>Crédits, conception et animation, Thibault Lieurade. Réalisation, équipe technique de l’EM Lyon et Romain Pollet. Chargé de production, Rayane Meguenni</em>. Musique , « Episodes », Azoora feat. Graciellita, 2011._</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/482976/original/file-20220906-12-pfmb9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/482976/original/file-20220906-12-pfmb9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/482976/original/file-20220906-12-pfmb9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=881&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/482976/original/file-20220906-12-pfmb9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=881&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/482976/original/file-20220906-12-pfmb9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=881&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/482976/original/file-20220906-12-pfmb9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1107&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/482976/original/file-20220906-12-pfmb9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1107&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/482976/original/file-20220906-12-pfmb9y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1107&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Le livre « Provoque ta chance ! Pourquoi certains en ont et d’autres pas » de Christophe Haag a été publié le 2 mars 2022 aux <a href="https://www.albin-michel.fr/provoque-ta-chance-9782226450586">Éditions Albin Michel</a> et le 24 août 2022 en <a href="https://www.audiolib.fr/livre/provoque-ta-chance-9791035410698/">livre audio</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191087/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Haag ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
François Sarano, compagnon d’équipage de l’explorateur Jacques-Yves Cousteau, estime qu’il n’aurait pas eu le même destin s’il ne s’était pas mis dans le sillage d’un personnage aussi bienveillant.
Christophe Haag, Professeur HDR en comportement organisationnel, EM Lyon Business School
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/178288
2022-08-24T13:30:32Z
2022-08-24T13:30:32Z
Un renouveau gastronomique pour les algues marines du Saint-Laurent
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/474694/original/file-20220718-76291-oa88a0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1000%2C664&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des algues dans le fleuve Saint-Laurent. Les eaux froides du Québec sont propices à leur croissance. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Ce n’est pas d’hier que les algues marines font partie de l’alimentation des humains. En Asie, leur consommation est bien ancrée dans les traditions culinaires. Pensons au fameux <a href="https://ici.radio-canada.ca/mordu/recettes/4770/bouillon-dashi">dashi</a>, ce bouillon japonais des plus savoureux.</p>
<p>Moins connues en Occident, les <a href="https://merinov.ca/wp-content/uploads/2021/10/Merinov-Strategie-Algues.pdf">algues sont une source d’aliments traditionnels dans quelques zones côtières</a> de l’Islande, de l’Irlande, de la France, du Danemark, de la Norvège, des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0268005X1630532X">États-Unis et du Canada</a>.</p>
<p>Une cinquantaine d’algues sont consommées dans le monde. Les plus courantes retrouvées dans le commerce sont notamment le nori (utilisé pour les sushis), la dulse, le haricot ou spaghetti de mer, la laitue de mer, le wakamé et celui d’Atlantique, la fougère de mer, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0007996017300792">et le kombu royal (lasagne de mer)</a>.</p>
<p>Nous retrouvons plusieurs de ces algues marines dans le fleuve Saint-Laurent.</p>
<p>Leur abondance, leur polyvalence et leur qualité font de cette ressource un véritable atout du Québec. Un atout qu’il faut absolument découvrir.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong><em>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/fleuve-saint-laurent-116908">Le Saint-Laurent en profondeur</a></em></strong>
<br><em>Ne manquez pas les nouveaux articles sur ce fleuve mythique, d'une remarquable beauté. Nos experts se penchent sur sa faune, sa flore, son histoire et les enjeux auxquels il fait face. Cette série vous est proposée par La Conversation.</em></p>
<hr>
<p>Je m’intéresse au potentiel des algues marines et à leur mise en valeur en alimentation depuis une douzaine d’années. Mes activités de recherche portent sur l’étude des algues du Saint-Laurent et leurs composantes. Récemment, notre équipe de recherche à <a href="https://www.inaf.ulaval.ca">l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l’Université Laval</a> a investigué le potentiel gastronomique du dashi issu des algues québécoises.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/476308/original/file-20220727-11-pn9cvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476308/original/file-20220727-11-pn9cvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476308/original/file-20220727-11-pn9cvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476308/original/file-20220727-11-pn9cvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476308/original/file-20220727-11-pn9cvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476308/original/file-20220727-11-pn9cvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476308/original/file-20220727-11-pn9cvu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un Océan De Saveurs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Manuel AÑÒ -- Explorateur par l’image)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Les algues du Saint-Laurent</h2>
<p>Les grandes algues marines vivent dans les eaux salées, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1319016409000462">sur le littoral des océans, des mers et des fleuves</a>. Elles sont d’une très grande diversité de taille, de forme et de couleur. <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1529-8817.2012.01222.x">On classe les algues marines par leur couleur selon les pigments qu’elles contiennent : vertes, brunes, rouges</a>.</p>
<p>Les eaux froides du Québec sont propices à leur croissance. Le très faible niveau de pollution d’origine industrielle ou urbaine dans certains endroits y est un atout. Des activités de culture <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10811-016-0850-3">peuvent être mises en place sans problème associé à l’accumulation de métaux lourds ou de microorganismes pathogènes</a> (pouvant causer une maladie).</p>
<p>Avec ses 6 000 km de côtes, réparties notamment dans les régions de la Gaspésie, de la Côte-Nord, et du Bas-Saint-Laurent <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/natcan/2016-v140-n2-natcan02523/1036505ar.pdf">l’estuaire maritime et le golfe regroupent 346 espèces d’algues</a>. <a href="http://exploramer.qc.ca/fourchette-bleue/">On en retrouve quinze parmi les espèces certifiées « Fourchette bleue » 2022</a>, une certification québécoise qui vise à faire découvrir de nouveaux produits marins à la population tout en appuyant l’utilisation durable de la ressource.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/476096/original/file-20220726-22290-9s8vat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476096/original/file-20220726-22290-9s8vat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476096/original/file-20220726-22290-9s8vat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476096/original/file-20220726-22290-9s8vat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476096/original/file-20220726-22290-9s8vat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476096/original/file-20220726-22290-9s8vat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476096/original/file-20220726-22290-9s8vat.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Récolte d’Alaria esculenta (Wakamé d’Atlantique).</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Merinov)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les algues sont disponibles sous différentes formes, soit fraîches, séchées, blanchies, congelées, en flocons ou épices, et même déjà transformées (prêt-à-manger comme le <a href="https://gaspesiegourmande.com/producteurs-transformateurs?id=598">pesto</a>, la relish, le <a href="https://gaspesiegourmande.com/producteurs-transformateurs?id=597">mélange à tartare</a>). L’incorporation des algues du Saint-Laurent dans des produits communs comme les <a href="https://www.lokkodelicieux.com/products/vinaigrette-la-kombu">vinaigrettes</a>, le pain, la <a href="http://lamateurdebiere.com/2018/07/gose-aux-algues-de-riverbend/">bière</a>, le <a href="https://couleurchocolat.panierdachat.app/fr/produit/tablette-chocolat-noir-framboises-et-algues-nori">chocolat</a>, le <a href="https://ifst.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/ijfs.13681">fromage</a>, le <a href="https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/les-annees-lumiere/segments/reportage/401473/inaf-acfas-yogourt-algue-beaulieu-nutriment-">yogourt</a>, le sel et les épices, <a href="https://gaspesiegourmande.com/producteurs-transformateurs?id=603">comme en Gaspésie</a> ou <a href="https://www.lesjardinsdelamer.org/boutique/produits/">dans le Bas-Saint-Laurent</a>, est de plus en plus courue.</p>
<p>Dans les restaurants, les <a href="https://www.mapaq.gouv.qc.ca/pechesicimangesici/Pages/index.aspx">chefs cuisiniers ont aussi apprivoisé les algues du Québec</a> : elles les incitent à revisiter des recettes traditionnelles et à ouvrir des voies pionnières en gastronomie.</p>
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<figcaption><span class="caption">Pêchés ici, mangés ici. (Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec).</span></figcaption>
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<h2>Les vertus des algues pour la santé</h2>
<p>Ces légumes de mer contiennent des fibres, des protéines, des vitamines et des minéraux qui les rendent attrayants d’un point de vue nutritionnel et pour prévenir certaines maladies, <a href="https://cdnsciencepub.com/doi/abs/10.1139/h11-115">comme l’obésité</a>. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34597023/">L’intérêt de les intégrer en alimentation est donc grandissant</a>.</p>
<p>Outre le désir de manger sainement, le mouvement locavore (qui fait prendre conscience de l’importance des ressources locales durables), la mise en valeur des terroirs, la gastronomie et l’innovation culinaire <a href="https://findresearcher.sdu.dk/ws/portalfiles/portal/169333091/Umamipot1.pdf">inspirent aussi l’introduction des algues marines dans nos assiettes</a>. Les plus communes sont celles que l’on utilise dans les sushis, les salades, les <a href="https://www.delachauxetniestle.com/livre/algues-marines">soupes, voire dans les desserts ou comme assaisonnement et rehausseur de saveurs</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/476097/original/file-20220726-33182-tn8vvn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476097/original/file-20220726-33182-tn8vvn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476097/original/file-20220726-33182-tn8vvn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476097/original/file-20220726-33182-tn8vvn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476097/original/file-20220726-33182-tn8vvn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476097/original/file-20220726-33182-tn8vvn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476097/original/file-20220726-33182-tn8vvn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Filet de truite cuit à la vapeur d’algues et sauce à la laitue de mer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(INAF)</span></span>
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<h2>La saveur des algues</h2>
<p><a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10811-022-02731-0">La phycogastronomie</a> (gastronomie scientifique des algues) a récemment fait son apparition afin de développer une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10811-022-02731-0">approche collaborative entre chercheurs et chefs cuisiniers professionnels</a>. Elle a pour but d’appuyer les créations culinaires sur des bases scientifiques, et d’encourager la consommation des algues auprès du grand public.</p>
<p>L’acceptation par les consommateurs de ces nouveaux produits à base d’algues dépend cependant de leurs propriétés organoleptiques, en particulier l’arôme, le goût et une combinaison des deux, la flaveur.</p>
<p>Les algues possèdent une saveur bien spécifique produite par des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0268005X1630532X">minéraux, des sucres et de nombreux composés organiques volatils</a>. Ce goût est étroitement lié à la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Umami">saveur umami</a>, qu’on désigne comme la cinquième saveur s’ajoutant aux quatre autres connues (l’acide, le sucré, le salé, l’amer).</p>
<p>Les composés acides aminés, comme le glutamate et l’aspartate ainsi que des substances dérivées des acides nucléiques dissous dans les cellules de certaines algues, en particulier le nori, <a href="https://www.researchgate.net/publication/257883487_Seaweeds_for_umami_flavour_in_the_New_Nordic_Cuisine">constituent une source de saveur umami</a></p>
<p>Le glutamate, un acide aminé naturellement trouvé dans les aliments, est utile comme rehausseur de saveurs en cuisine. On le retrouve entre autres dans le parmesan, les tomates mûres, mais aussi dans les poissons et la sauce soja. Certaines espèces, particulièrement le kombu et plusieurs autres algues brunes, ont un goût d’iode prononcé. Avec l’iode, le potassium et le sodium apportent aussi un goût marin. La laminaire sucrée (kombu royal) quant à elle contient un sucre, le mannitol, qui lui confère son goût doux et sucré caractéristique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/476313/original/file-20220727-1306-adlfsb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476313/original/file-20220727-1306-adlfsb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476313/original/file-20220727-1306-adlfsb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476313/original/file-20220727-1306-adlfsb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476313/original/file-20220727-1306-adlfsb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476313/original/file-20220727-1306-adlfsb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476313/original/file-20220727-1306-adlfsb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Culture de laminaire sucrée (Saccharina latissima).</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Élizabeth Varennes)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les algues peuvent aussi exhaler des odeurs ou révéler des saveurs associées à des composés organiques volatils. Des descripteurs sont couramment utilisés pour définir les arômes des algues (marin, soufré, végétal, boisé, épicé), qui sont associés à de multiples composés. Les caractéristiques sensorielles étant liées à l’acceptation d’un aliment par les consommateurs, de <a href="https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acs.jafc.1c04409">nombreuses études permettent d’explorer les arômes des algues</a>, et l’impact de leur incorporation à un aliment.</p>
<h2>Dashi à base d’algues québécoises</h2>
<p>L’un des plats les plus célèbres à base d’algues est une spécialité japonaise appelée dashi, qui signifie « un extrait cuit », un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0268005X1630532X">bouillon de soupe à base d’algues japonaises kombu</a>).</p>
<p>Le dashi est un très bon représentant du goût umami, car son procédé de cuisson permet l’extraction d’une grande quantité de glutamate. Afin de mener à bien notre recherche en vue de produire un dashi québécois, nous en avons sélectionné deux en raison de <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10811-019-01846-1">leur historique de consommation</a>, <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/natcan/2016-v140-n2-natcan02523/1036505ar.pdf">leur disponibilité</a> et leur intérêt culinaire : l’algue rouge dulse (bacon de mer) et l’algue brune kombu royal (lasagne de mer).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/476310/original/file-20220727-19-l8rbm0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476310/original/file-20220727-19-l8rbm0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476310/original/file-20220727-19-l8rbm0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476310/original/file-20220727-19-l8rbm0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476310/original/file-20220727-19-l8rbm0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476310/original/file-20220727-19-l8rbm0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476310/original/file-20220727-19-l8rbm0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Plat de dulse (Palmaria palmata).</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Merinov)</span></span>
</figcaption>
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<p>La production de bouillons a été suivie à différentes températures et temps de cuisson. Elle a été analysée pour leur composition chimique (minéraux, protéines et glucides) ainsi que pour leurs caractéristiques physico-chimiques sensorielles (couleur, texture, composés umami et composés organiques volatils).</p>
<p>Les résultats ont montré que les nutriments des algues étaient préservés dans les bouillons. Ceux produits avec la lasagne de mer étaient plus colorés, plus riches en minéraux, et avaient des arômes salés, marins et végétaux. Les bouillons de la dulse étaient plus visqueux, avec une plus grande quantité de glucides, et démontraient des arômes sucrés, fruités, herbacés, et un potentiel intéressant de saveur umami.</p>
<p><a href="https://www.semanticscholar.org/paper/Impact-of-temperature-and-cooking-time-on-the-and-Lafeuille-Francezon/79e2fb5c61649ff3dd4dfae0afb51f34e98de2cf">La dulse est donc l’algue qui produisait un dashi plus diversifié en arômes et riche en saveurs umami</a>.</p>
<p>Les consommateurs sont intrigués par l’idée de manger des algues du Saint-Laurent et ils sont curieux d’en apprendre davantage sur leur origine. Les algues peuvent ainsi gagner une place dans les menus et, dans le futur, être encore plus présentes dans nos repas au quotidien !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178288/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lucie Beaulieu est directrice du groupe d’intérêt sur les produits et co-produits marins de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) et directrice de la thématique – Ressources et économie maritime durable du Réseau Québec maritime (RQM). Elle a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), du Fonds de recherche du Québec - Nature et technologie (FRQNT), du Consortium de recherche et innovations en bioprocédés industriels au Québec (CRIBIQ), du Consortium de Recherche, en Innovation et en Transformation Alimentaire (RITA), de MITACS, du programme Sentinelle Nord, du programme RFI Food for tomorrow - Cap Aliments, de l'Institut France-Québec maritime (IFQM), de plusieurs ministères provinciaux et fédéraux (ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ministère de l'Économie et de l'Innovation, ministère des Relations Internationales, Fonds des Pêches du Québec, Conseil National de Recherche du Canada).</span></em></p>
L’abondance, la polyvalence et la qualité des algues marines du Saint-Laurent font de cette ressource un véritable atout du Québec. Il faut désormais les intégrer dans nos cuisines.
Lucie Beaulieu, Professeure en Sciences des aliments, Université Laval
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/186414
2022-07-24T15:50:30Z
2022-07-24T15:50:30Z
Comprendre la formation des vagues, et comment les surfeurs les domptent
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/472570/original/file-20220705-1817-lex54z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=29%2C14%2C4928%2C2512&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Faire du surf, c'est aussi comprendre la physique des vagues. Ici à Croyde Bay.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/U9g56y7R7Fk">Surfing Croyde Bay, Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p><em>Les vacances d'été amènent leur lots de questions cruciales: faut-il changer de file quand on est coincés dans les bouchons? Comment ce surfeur tient-il sur sa planche? Comment se protéger du soleil? Où construire un château de sable? D'où viennent les odeurs de la nature, et à quoi servent-elles? Nous vous proposons 5 articles pour bronzer moins bête.</em></p>
<p>Si vous choisissez, comme destination de vacances, la mer qui danse le long des golfes clairs, avec ses reflets changeants, témoins privilégiés des caprices du ciel, vous vous retrouverez sans doute à attendre qu’une vague vous emporte, avant qu’elle ne vienne s’échouer sur le bord. On en a tous fait l’expérience : rien de plus compliqué que de prévoir comment une vague va venir nous emporter ou comment sortir de l’eau une fois dans les flots impétueux.</p>
<p>Au moment d’apprécier l’ampleur d’une vague, pendant quelques secondes et de manière improvisée, on se transforme en physicien modélisateur d’un phénomène très complexe pour en prédire ses effets.</p>
<p>Les vagues sont des phénomènes naturels aussi spectaculaires que dangereux. La hauteur des vagues varie de quelques centimètres à 32,3 mètres pour la <a href="https://angeo.copernicus.org/articles/26/1327/2008/angeo-26-1327-2008.pdf">plus haute enregistrée par un instrument</a>, voire plus de 34 mètres pour la plus haute vague observée visuellement.</p>
<h2>Origine et nature des vagues</h2>
<p>Une vague est une déformation de la surface d’une masse d’eau le plus souvent provoquée par un autre fluide : le vent. À l’interface, le vent crée des vagues sur les océans, mers et lacs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/472568/original/file-20220705-14-bdbi5x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="tableau de naufrage avec des grandes vagues et un ciel de feu" src="https://images.theconversation.com/files/472568/original/file-20220705-14-bdbi5x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/472568/original/file-20220705-14-bdbi5x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/472568/original/file-20220705-14-bdbi5x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/472568/original/file-20220705-14-bdbi5x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/472568/original/file-20220705-14-bdbi5x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/472568/original/file-20220705-14-bdbi5x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/472568/original/file-20220705-14-bdbi5x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La neuvième vague, tableau Hovhannes Aivazovsky, 1850.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/File:Hovhannes_Aivazovsky_-_The_Ninth_Wave_-_Google_Art_Project.jpg">Hovhannes Aivazovsky/Wikipedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>D’autres phénomènes, beaucoup moins fréquents, sont aussi source de vagues : certains séismes, éruptions volcaniques ou chutes de météorites créant des vagues appelées tsunamis ou raz-de-marée. La marée est également à l’origine de vagues très particulières, appelées mascarets, de brusques surélévations de l’eau d’un fleuve ou d’un estuaire, provoqué par l’onde de la marée montante dans l’embouchure et le cours inférieur de certains cours d’eau, lors des grandes marées. Enfin, les navires sont aussi des sources de vagues.</p>
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<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-naissent-les-vagues-scelerates-146646">Comment naissent les vagues scélérates ?</a>
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<hr>
<p>Les vagues sont des ondes, c’est-à-dire des phénomènes qui se déplacent de manière périodique dans le temps (on parle de période) et dans l’espace (on parle de longueur d’onde). Elles peuvent se propager pendant des kilomètres avant de toucher terre, et gagner en force en fonction de la pente du sol océanique. Pour comprendre ce phénomène, il faut rechercher une modélisation physique de la vague.</p>
<h2>Une brève histoire des vagues</h2>
<p>L’astronome et mathématicien George Biddell Airy a fourni la théorie la plus simple pour des vagues régulières (périodiques). L’onde d’Airy possède une surface libre, la surface de l’eau, de forme sinusoïdale. C’est une vision très simplifiée de la réalité, valable pour des vagues de faible « cambrure », c’est-à-dire le rapport de la hauteur sur la longueur d’onde.</p>
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<p>Si on regarde avec attention les vagues en mer, on constate que la plupart d’entre elles ne sont pas sinusoïdales : les crêtes sont plus pointues, les creux plus aplatis.</p>
<p>Mais ce qui est intéressant pour nous aujourd’hui dans la théorie d’Airy, c’est que les particules de fluide décrivent des ellipses presque fermées, dont la taille décroît avec la profondeur. On pense toujours à tort qu’un vague nous emporte : en réalité, si l’on nage en profondeur pendant la propagation d’une vague, on s’aperçoit qu’il y a un mouvement de va-et-vient, pas forcément intuitive du point de vue l’expérience au quotidien mais bien mis en évidence par la théorie d’Airy.</p>
<figure> <img src="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/be/Shallow_water_wave.gif"><figcaption>Unevagueavance et les particules transportées par les flots ont des trajectoires elliptiques. (Kraaiennest/Wikipedia).</figcaption></figure>
<p>En eau profonde, c’est-à-dire pour des profondeurs supérieures à la moitié de la longueur d’onde, ces ellipses sont des cercles. Le fait que les ellipses ne soient pas tout à fait fermées est une manifestation de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9rive_de_Stokes">« dérive de Stokes »</a>. Près de la surface libre, la vitesse d’une particule d’eau est plus importante sous une crête que la vitesse opposée lors du passage du creux suivant. Il en résulte une dérive dans le sens de propagation des vagues qui peut s’inverser en profondeur.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/472567/original/file-20220705-20-20rozd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un homme et une femme jouent et rient, habillés dans une grande vague" src="https://images.theconversation.com/files/472567/original/file-20220705-20-20rozd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/472567/original/file-20220705-20-20rozd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=377&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/472567/original/file-20220705-20-20rozd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=377&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/472567/original/file-20220705-20-20rozd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=377&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/472567/original/file-20220705-20-20rozd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=474&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/472567/original/file-20220705-20-20rozd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=474&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/472567/original/file-20220705-20-20rozd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=474&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Quelle liberté ! Tableau d’Ilya Repin.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:%D0%98%D0%BB%D1%8C%D1%8F_%D0%A0%D0%B5%D0%BF%D0%B8%D0%BD_-_%D0%9A%D0%B0%D0%BA%D0%BE%D0%B9_%D0%BF%D1%80%D0%BE%D1%81%D1%82%D0%BE%D1%80.jpg">Ilya Repin</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Déferlement des vagues à l’approche de la plage</h2>
<p>Revenons à ce qui va nous concerner cet été : faire face aux vagues… dignement ! En fait, « s’approprier une vague », c’est comprendre son <a href="https://www.pourlascience.fr/sr/article-fond/le-deferlement-4923.php">déferlement</a>.</p>
<p>En effet, certaines vagues sont trop cambrées pour être stables : elles déferlent.</p>
<p>À l’approche d’un rivage, la profondeur diminue, la forme des vagues se modifie, d’abord de manière à peu près symétrique puis en général avec une face avant de plus en plus raide dès que la hauteur de la vague est du même ordre que la profondeur. Quand la vague se brise, l’essentiel de son énergie est dissipée en tourbillons et bulles d’air. L’impulsion associée contribue à accélérer le courant dans la direction du déferlement.</p>
<p>La forme d’un déferlement au voisinage du rivage dépend essentiellement de la pente des fonds. En allant dans le sens des pentes croissantes on distingue les plus souvent trois types de déferlement. Le déferlement progressif ou glissant se produit généralement sur les plages à très faible pente. Les vagues commencent à se briser loin du rivage avec une crête à l’aspect mousseux qui s’accentue lors de la progression en laissant derrière une couche d’écume.</p>
<p>Le déferlement plongeant est particulièrement spectaculaire avec ses rouleaux appréciés par les surfeurs. La vague s’enroule autour d’une poche d’air puis s’écroule en créant une éclaboussure notable. Cela tend à se produire le plus souvent sur une forte pente ou sur un changement brutal de la profondeur (un écueil), et c’est pour ça qu’il y a des « spots » appréciés par les surfeurs.</p>
<h2>Tirer son énergie des vagues</h2>
<p>Il y a beaucoup plus d’énergie dissipée que d’énergie réfléchie sur la plage. L’énergie dissipée à la surface de la vague qui s’effondre est bénéfique au surfeur qui peut l’utiliser comme source d’énergie cinétique : la vague lui apporte la dynamique nécessaire pour se déplacer, et réaliser les figures qu’il souhaite sur sa planche en mouvement grâce à la vague.</p>
<p>Le déferlement frontal ou gonflant se forme comme le déferlement plongeant mais la vague gravit la plage avant que la crête puisse s’enrouler. La zone de déferlement est très étroite et une grande partie de l’énergie est réfléchie vers les plus grandes profondeurs. Quand la crête va plus vite que la vague elle-même, une épaisse couche d’écume au sommet se forme au sommet. On parle alors de déferlement glissant, typique d’un rivage à faible pente. Ce type de déferlement désavantage complètement le surfeur puisque l’énergie est donnée aux profondeurs. Le talent du surfer en tant que « physicien occasionnel » est de pouvoir reconnaître les types de déferlement à cet effet.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/472564/original/file-20220705-26-q5cctz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Quatre types de vagues déferlant sur la plage : glissant, gonflant, plogeant et s’effondrant rapidement" src="https://images.theconversation.com/files/472564/original/file-20220705-26-q5cctz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/472564/original/file-20220705-26-q5cctz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/472564/original/file-20220705-26-q5cctz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/472564/original/file-20220705-26-q5cctz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/472564/original/file-20220705-26-q5cctz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=327&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/472564/original/file-20220705-26-q5cctz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=327&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/472564/original/file-20220705-26-q5cctz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=327&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Types de déferlements.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Breaking_wave_types.gif">S.L. Douglas et J. Krolak/FHWA/Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il existe aussi un cas intermédiaire entre les déferlements plongeant et frontal. Au lieu de constituer un rouleau, la vague présente une face verticale avant de s’effondrer.</p>
<p>Les surfeurs sont souvent surnommés les « dompteurs » de vagues. Les bonnes conditions de vagues permettent une bonne pratique de surf (avec beaucoup de technique quand même !). Cela signifie de bonnes conditions de vent ou de houle, pouvant varier selon les lieux.</p>
<p>Les vagues creuses, avec un déferlement plongeant, sont les préférées des « shortboarders », qui utilisent des planches courtes. Les vagues creuses sont les vagues les plus puissantes, mais pas forcément les plus grandes. En effet, certaines vagues que l’on peut qualifier de creuses sont bien plus puissantes qu’une vague molle de la même taille. Le principe du shortboard (planche courte) est de permettre une pratique du surf plus « dynamique » avec des changements multiples de direction sur la vague pour réaliser différentes figures. Ceci est rendu possible avec une vague dont le déferlement est mieux contrôlé.</p>
<p>Finalement, un surfeur fait avant tout de la recherche appliquée discipline « bonnes vagues ».</p>
<p>De manière générale, que vous jouiez avec elles, que vous les contempliez ou les affrontiez, profitez de ces instants de liberté offerts par la Nature. Et souvenons-nous qu’il n’y a qu’une seule planète Terre pour passer de beaux étés !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186414/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Waleed Mouhali ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Le vent, la pente du sol océanique, la vitesse de l’eau – des paramètres à prendre en compte pour profiter des vagues cet été.
Waleed Mouhali, Enseignant-chercheur en Physique, ECE Paris
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/185817
2022-07-24T15:49:54Z
2022-07-24T15:49:54Z
Changement climatique et érosion des côtes rocheuses : peut-on vraiment parler d’un lien de cause à effet ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/475141/original/file-20220720-25-werk56.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Effondrement de la falaise de craie du cap Fagnet, à Fécamp (Seine-Maritime), le 29 mars 2002.</span> <span class="attribution"><span class="source">Anne Duperret </span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Le constat est aujourd’hui sans appel : une grande partie des côtes rocheuses mondiales <a href="https://pubs.geoscienceworld.org/gsa/gsabulletin/article-abstract/93/7/644/202786/Sea-cliffs-Their-processes-profiles-and">est en érosion</a>.</p>
<p>Le trait de côte recule inexorablement, quelles que soient les échelles spatiales d’études, les durées d’observation, le type de roches composant la côte et le contexte climatique. Les taux de recul mesurés apparaissent cependant comme très variables en <a href="https://esurf.copernicus.org/articles/6/651/2018/">fonction de ces différents paramètres</a>. Ils peuvent atteindre plusieurs mètres par an pour les taux les plus rapides ou, au contraire, ne pas être discernables sur la période contemporaine (plusieurs décennies), donnant l’illusion d’une stabilité, parfois trompeuse.</p>
<p>Cette diversité de taux d’érosion n’est qu’une résultante de la complexité du problème.</p>
<h2>L’exemple du littoral normand</h2>
<p>Les falaises littorales de craie de Normandie représentent un bon exemple de chantier d’étude, car diverses équipes y ont travaillé <a href="https://egsp.lyellcollection.org/content/20/1">depuis plus d’une vingtaine d’années</a>.</p>
<p>La grande extension spatiale de côte à falaises de craie (environ 100 km) le long de la Manche orientale, permet des quantifications statistiques solides, caractérisées par une diversité de taux d’érosion, pour une côte taillée dans un même type de roche (la craie) et sous l’influence de conditions climatiques homogènes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/en-20-ans-les-risques-de-submersions-marines-des-cotes-ont-augmente-de-50-162892">En 20 ans, les risques de submersions marines des côtes ont augmenté de 50 %</a>
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<p>Les taux de recul sont calculés sur la base d’un comparatif de photographies aériennes géoréférencées. Le premier jeu de photographies continues date de 1966. Un premier comparatif avec un relevé <a href="http://www.theses.fr/1997PA010522">réalisé en 1995</a> (période de 29 ans) donne des taux d’érosion variant entre 0,09 m/an et 0,23 m/an, pour des secteurs <a href="https://egsp.lyellcollection.org/content/20/1/139">variant de 5 à 30 km de large</a>.</p>
<p>L’utilisation d’une orthophotographie plus récente (2008) a <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01018719">confirmé ces tendances sur 42 ans</a> et donne un <a href="https://www.academia.edu/22179364/Vitesses_et_modalit%C3%A9s_de_recul_des_falaises_crayeuses_de_Haute_Normandie_France_m%C3%A9thodologie_et_variabilit%C3%A9_du_recul">taux moyen global de 0,15m/an</a>, avec des secteurs d’une trentaine de km de large, variant entre des taux faibles (0,09 à 0,10m/an), modérés (0,12 à 0,18 m/an) et forts (0,23 m/an).</p>
<h2>D’un secteur à l’autre, des résultats paradoxaux</h2>
<p>Les raisons évoquées pour ces variations de taux d’érosion ont été la hauteur de falaise (plus la falaise est haute, moins elle recule), le type de craie (plus la craie est résistante, moins la falaise recule), l’épaisseur du cordon de galets situé en pied de falaise (plus le cordon de galets est épais, moins la falaise recule) ; ainsi que l’influence des ouvrages côtiers transversaux qui bloquent le transit littoral de galets et favorisent une accumulation de galets protecteurs en amont-dérive. Cela conduit à une perte de galets en aval-dérive d’ouvrage, donnant lieu à une augmentation localisée de l’érosion des falaises sur plusieurs centaines de mètres.</p>
<p>Alors que les observations récentes semblent montrer une diminution globale des taux d’érosion sur ces côtes entre 1995 et 2008, certains secteurs montrent une accélération du recul entre 2008 et 2012 et d’autres apparaissent <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01018719">comme toujours aussi stables</a>.</p>
<p>Ces résultats paradoxaux sont également reportés <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0169555X22002112">sur les côtes rocheuses californiennes</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-perception-des-risques-derosion-cotiere-et-de-submersion-marine-par-la-population-du-littoral-les-cas-de-wissant-et-oye-plage-147074">La perception des risques d’érosion côtière et de submersion marine par la population du littoral : les cas de Wissant et Oye-Plage</a>
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<p>Les tendances mesurées sur les côtes rocheuses californiennes confirment également cette diminution surprenante de taux d’érosion, alors qu’une augmentation du niveau marin devrait conduire à son augmentation sur la période contemporaine. Ce problème vient en partie du fait que les effets des variations climatiques et marines sur une masse rocheuse sont bien moins évidents à discerner que sur une plage de sable, constituée de particules mobiles les unes par rapport aux autres et donc très sensibles à la moindre variation issue d’un facteur externe.</p>
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<p>En définitive, plus la période d’analyse est longue, plus elle « lisse » le signal instantané, en l’occurrence la marque d’un ou plusieurs effondrements de falaise, parfois responsables du recul instantané de plusieurs dizaines de mètres de falaise, impactant profondément la moyenne du recul calculé sur plusieurs dizaines d’années.</p>
<h2>Comment quantifier une accélération de l’érosion des côtes rocheuses ?</h2>
<p>En géosciences, l’analyse scientifique est basée sur un principe d’analogie. Un fait observable doit pouvoir être relié à un mécanisme, reproductible dans le temps.</p>
<p>Dans le cas de l’érosion des falaises, plusieurs actions mécaniques naturelles peuvent conduire à l’effondrement et donc au recul côtier. L’action des eaux continentales et marines (directement liée aux données climatiques et océanographiques) en fait partie, mais ce ne sont pas les seuls facteurs de déclenchement puisque les propriétés internes de la masse rocheuse rentrent en ligne de compte et, a posteriori, il reste difficile de relier systématiquement un événement à un mécanisme.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/475144/original/file-20220720-11585-im4t19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/475144/original/file-20220720-11585-im4t19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/475144/original/file-20220720-11585-im4t19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/475144/original/file-20220720-11585-im4t19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/475144/original/file-20220720-11585-im4t19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/475144/original/file-20220720-11585-im4t19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/475144/original/file-20220720-11585-im4t19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/475144/original/file-20220720-11585-im4t19.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Débris de l’effondrement du 25 aout 2016 sur la falaise de craie des Petites-Dalles (Seine-Maritime).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Anne Duperret</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce problème est d’autant plus crucial que les relations directes entre l’érosion d’une falaise et les facteurs qui l’ont déclenché sont difficiles à détecter du fait des temps de réponse qui peuvent être longs, de la complexité des processus, de la possibilité de plusieurs facteurs de déclenchement concomitants et de la difficulté de mesurer ces changements à une échelle spatiale et temporelle appropriée.</p>
<p>Pour valider une accélération globale, il faut donc avoir accès à une vitesse, qui dépend directement d’une distance et d’un temps. Pour des vitesses de l’ordre de plusieurs dizaines de centimètres par an, il est nécessaire de remonter le temps et de trouver un marqueur morphologique de la position des falaises, aujourd’hui disparue (distance), correspondant à une très longue période de temps (datation), bien plus ancienne que la période contemporaine pour laquelle des photographies sont disponibles.</p>
<p>L’accès à des paléo-positions et leur datation (distance-temps) constituent les grandeurs nécessaires pour calculer un taux d’érosion sur le long terme, qu’il suffira ensuite de comparer aux taux d’érosion contemporains, secteur par secteur.</p>
<h2>La nécessité d’étudier le passé, sous l’eau</h2>
<p>Comment étudier le passé sur une falaise qui n’existe plus, puisqu’elle a été érodée ? Il suffit d’aller chercher des témoignages de son existence dans le domaine côtier marin, c’est-à-dire sur les plates-formes littorales aujourd’hui marinisées et ennoyées.</p>
<p>Cet espace côtier proche, de faible profondeur d’eau, n’est accessible qu’avec des navires océanographiques de très faible <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Tirant_d%27eau">tirants d’eau</a>, comme la <a href="https://www.flotteoceanographique.fr/Nos-moyens/Navires-engins-et-equipements-mobiles/Navires-cotiers/Haliotis">vedette Haliotis</a> de la flotte océanographique française côtière.</p>
<p>Une cartographie bathymétrique (mesure de profondeur) de haute précision a été réalisée au large de trois secteurs côtiers de Seine-Maritime, de manière à reconstituer la morphologie des fonds marins en liaison avec celle de la côte à falaise. Nous établissons ainsi des modèles numériques de terrain terre-mer de haute précision.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/475157/original/file-20220720-12-g6xk26.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/475157/original/file-20220720-12-g6xk26.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/475157/original/file-20220720-12-g6xk26.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/475157/original/file-20220720-12-g6xk26.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/475157/original/file-20220720-12-g6xk26.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/475157/original/file-20220720-12-g6xk26.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/475157/original/file-20220720-12-g6xk26.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/475157/original/file-20220720-12-g6xk26.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Modèle numérique de terrain terre-mer du secteur de Criel-sur-mer (Seine-Maritime).
Compilation topo-bathymétrique à haute définition (résolution : 1m). Visulisation de la marche sous-marine (bleu/jaune) représentant la position de la paléo-falaise il y a 6500 ans.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Timothée Duguet et Anne Duperret (2018)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>Il est apparu sur chaque secteur étudié qu’un relief sous-marin, constitué d’une marche de plusieurs de mètres de hauteur était localisé sur l’avant-côte et limitait côté mer la plate-forme littorale.</p>
<p>Ce relief étant remarquablement continu et parallèle à la côte actuelle, il marque une paléo-ligne de rivage et l’emplacement de la falaise dans le passé. Le fait que cette structure soit toujours visible dans la bathymétrie indique que la falaise s’est maintenue longtemps à cet emplacement alors que le taux d’érosion était beaucoup plus faible à ce moment.</p>
<p>Cette situation est possible à la faveur d’un niveau marin beaucoup plus bas qu’actuellement, où la falaise a tendance à se continentaliser puisqu’elle n’est plus en contact avec le niveau marin. Ce fut le cas lors des diverses périodes glaciaires du Quaternaire. La dernière période glaciaire connue est globalement datée aux alentours de 18 000 ans.</p>
<p>Depuis ce maximum glaciaire, où le niveau marin global était environ 120m plus bas qu’actuellement, la période interglaciaire (dite Holocène) s’est mise en place progressivement et le niveau marin est remonté d’abord rapidement entre 18 000 et 6 500 ans, pour ralentir ensuite jusqu’à la période actuelle, où il s’est stabilisé pour former nos littoraux actuels.</p>
<p>Ainsi, la marche de bout de plate-forme détectée au large des côtes de Normandie correspond à une paléo-position de la falaise restée stable pendant toute une période glaciaire (plusieurs dizaines de milliers d’années), réattaquée par la mer à la faveur du ralentissement de la dernière remontée du niveau marin à 6500 ans.</p>
<h2>Une indéniable accélération récente, mais…</h2>
<p>La distance à la côte et la date de formation étant trouvées, il a été possible de calculer un taux d’érosion à long terme sur 6 500 ans, pour chaque secteur étudié.</p>
<p>Il s’avère que les taux d’érosion long-terme sont de <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02490264">33 à 57 % plus faibles que les taux d’érosion contemporains</a>, calculés sur 29 ans. Ces données tendent à prouver que les falaises de craie <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0025322720302930">présentent une accélération d’érosion récente</a>.</p>
<p>Cependant, il n’est pas encore possible de déterminer précisément à partir de quand cette accélération a eu lieu. Le niveau marin continue de monter depuis 6 500 ans, alors que l’accélération récente de l’érosion ne peut se quantifier que sur les trente dernières années, avec les méthodes de mesure utilisées.</p>
<p>Est-ce un résultat du changement climatique, enregistré depuis trente ans sur les falaises de craie aujourd’hui érodées ? Ceci supposerait un changement climatique engagé de longue date sous nos latitudes, au sein même d’une période interglaciaire. Nous ne pouvons pas encore l’assurer de manière certaine, par manque de modèles climatiques précis du passé, en particulier sur la dernière partie de l’Holocène (c.-à-d., de 6 500 ans à l’actuel). Du travail en perspective…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185817/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne Duperret a reçu des financements de UE INTERREG II, INSU-CNRS/ PNRN/ RELIEF/ EC2CO/ TelluS-SYSTER. </span></em></p>
Pour déterminer si l’érosion côtière s’accélère sous l’effet des conditions climatiques, il est nécessaire d’utiliser des périodes longues pour dégager de grandes tendances.
Anne Duperret, Maître de Conférences HDR en Géosciences, Université Le Havre Normandie
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2022-07-21T16:33:02Z
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Le bruit sous-marin, cette pollution du littoral peu connue et pourtant facile à réduire
<p>Les paysages sonores se composent de différentes sources d’origines naturelles et anthropiques. Dans le milieu marin, les sources naturelles comprennent des événements géologiques tels que les vagues, les tremblements de terre, la pluie, ainsi que des phénomènes biologiques comme le chant des baleines, les vocalisations des poissons ou les claquements des crevettes.</p>
<p>Les sources anthropiques sont également diverses et sont produites par toutes les activités humaines, en particulier le trafic maritime allant des plus petites embarcations de plaisance près du littoral jusqu’aux superpétroliers et porte containers dans l’océan. Plus le navire est grand, plus les niveaux sonores sont intenses et plus la fréquence de ce son est basse. Le bruit des bateaux de plaisance ou jet-skis, bien moins grands et bruyants que les navires commerciaux, mais plus nombreux, se concentre particulièrement dans les zones côtières.</p>
<p>Si de nombreuses études ont déjà montré les conséquences sur la santé humaine d’une exposition chronique au bruit, principalement liées au stress, très peu d’études ont été entreprises dans ce sens chez les organismes marins, en particulier les poissons. Très probablement car le son se transmet très mal de l’eau vers l’air… L’humain n’est donc pas conscient du bruit qu’il introduit dans le milieu marin.</p>
<p><audio preload="metadata" controls="controls" data-duration="30" data-image="" data-title="Bateau" data-size="465277" data-source="Frédéric Bertucci" data-source-url="" data-license="Author provided" data-license-url="">
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Bateau.
<span class="attribution"><span class="source">Frédéric Bertucci</span>, <span class="license">Author provided</span><span class="download"><span>454 ko</span> <a target="_blank" href="https://cdn.theconversation.com/audio/2543/boat.mp3">(download)</a></span></span>
</div></p>
<h2>Des effets connus sur la faune marine</h2>
<p>Les bruits anthropiques constituent pourtant des nuisances directes pour la faune marine, qui utilise elle-même le son à des fins très diverses. Il intervient notamment dans la communication entre congénères, lors de la parade nuptiale, de l’accouplement, de la défense du territoire et dans la coordination des groupes sociaux. Les signaux sonores sont également utilisés pour la recherche de nourriture, la détection de prédateurs et pour s’orienter dans l’environnement afin de trouver par exemple un habitat favorable ou un site de ponte.</p>
<p>La bande de fréquences des bruits anthropiques étant très large, elle peut ainsi masquer les sons de l’environnement indispensables pour se repérer ou communiquer. Ce masquage peut être de longue durée (chronique), et affecter un animal sur des distances considérables. La gravité de cette perte d’espace de communication reste malheureusement mal connue chez les poissons.</p>
<figure>
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<figcaption><span class="caption">Des dauphins et baleines menacés par trop de bruit sous l’eau (<em>Le Monde</em>, le 10 mars 2020).</span></figcaption>
</figure>
<p>Si les réponses comportementales comprennent des réactions de sursaut et l’évitement de zones pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres carrés, il semble que les poissons puissent <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X22004325">s’habituer au bruit</a>. Cependant, des effets physiologiques avec perte d’audition, stress au moment du passage d’un bateau avec augmentation du rythme cardiaque et du niveau de certaines hormones sont à envisager. Des fonctions vitales comme l’alimentation, la reproduction, les soins apportés aux jeunes sont alors affectées, par exemple chez les mâles poissons <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749120360644">demoiselle Ambon</a>.</p>
<p>Mais des exemples récents ont montré qu’en réponse à un bruit plus faible, moins de sons étaient détectés à proximité de la marina de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749121014809">Pointe-à-Pitre</a>. Suggérant que les environnements moins bruyants pourraient permettre à des poissons vocaux de réduire le nombre de signaux nécessaires pour communiquer, car la transmission d’informations serait plus efficace.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/473887/original/file-20220713-9155-7p7h1u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/473887/original/file-20220713-9155-7p7h1u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/473887/original/file-20220713-9155-7p7h1u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/473887/original/file-20220713-9155-7p7h1u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/473887/original/file-20220713-9155-7p7h1u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/473887/original/file-20220713-9155-7p7h1u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/473887/original/file-20220713-9155-7p7h1u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La gorette dorée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/zsispeo/31911421593">François Libert/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><audio preload="metadata" controls="controls" data-duration="7" data-image="" data-title="La gorette dorée" data-size="39342" data-source="Labex Corail et laboratoire de morphologie fonctionnelle et évolutive de l’Université de Liège" data-source-url="" data-license="Author provided" data-license-url="">
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La gorette dorée.
<span class="attribution"><span class="source">Labex Corail et laboratoire de morphologie fonctionnelle et évolutive de l’Université de Liège</span>, <span class="license">Author provided</span><span class="download"><span>38,4 ko</span> <a target="_blank" href="https://cdn.theconversation.com/audio/2541/gorette-haemulon-aurolineatum-haemulidae-captivite.mp3">(download)</a></span></span>
</div></p>
<p><audio preload="metadata" controls="controls" data-duration="11" data-image="" data-title="La hachette cuivrée" data-size="109567" data-source="Labex Corail et laboratoire de morphologie fonctionnelle et évolutive de l’Université de Liège" data-source-url="" data-license="Author provided" data-license-url="">
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La hachette cuivrée.
<span class="attribution"><span class="source">Labex Corail et laboratoire de morphologie fonctionnelle et évolutive de l’Université de Liège</span>, <span class="license">Author provided</span><span class="download"><span>107 ko</span> <a target="_blank" href="https://cdn.theconversation.com/audio/2542/hachette-pempheris-schomburgkii-pempheridae-captivite.mp3">(download)</a></span></span>
</div></p>
<h2>Le littoral : un chantier d’étude unique</h2>
<p>Dans de nombreuses régions, le littoral a connu un fort développement économique conduisant une quantité croissante d’usagers à se partager l’espace maritime. Le tourisme en particulier constitue une part très importante de ce que l’on appelle l’économie bleue et de nombreux emplois sont en rapport avec le milieu marin, dans les domaines du transport de personnes ou de marchandises, des services portuaires, de la pêche professionnelle ou traditionnelle, et des activités nautiques de loisirs ou la plongée sous-marine. Ce développement s’accompagne souvent de l’agrandissement ou de la construction de ports ou d’une urbanisation des côtes qui gagnent sur l’espace maritime, parfois au détriment de la qualité des habitats.</p>
<p>Les enjeux économiques font donc face à de nombreux enjeux environnementaux et au besoin de préserver certains services écosystémiques du littoral. En particulier, le rôle de nurserie pour les larves et les juvéniles de nombreuses espèces de poissons ou d’invertébrés qui utilisent les sons afin de s’orienter, coloniser et sélectionner un habitat pour y grandir.</p>
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<p>Si le bruit à proximité du littoral affecte le recrutement, c’est tout un pan de l’économie qui pourrait s’effondrer en impactant les activités de pêche par exemple à cause de taux de capture ou d’une biomasse plus faibles ; ou encore l’écotourisme avec des niveaux de biodiversité plus faibles et des environnements dégradés, bien moins attractifs pour les touristes. La fermeture de la célèbre plage de Maya Bay, en Thaïlande, a permis le retour de poissons plus gros, de crabes, de crevettes et de requins pointes noires, le corail a repoussé. Depuis, plus aucun bateau n’approche et un nombre limité de passagers doit marcher jusqu’à la plage pour prendre un selfie, rien de plus.</p>
<p>La faible bande à l’interface entre terre et mer qu’est le littoral peut donc être le lieu où la conservation de la biodiversité, la durabilité des services écosystémiques et le développement économique pourront se réaliser.</p>
<h2>Quelles solutions ?</h2>
<p>Bien que certains des effets sur les organismes marins puissent durer plus longtemps que le bruit lui-même, la pollution sonore s’arrête dès que sa production stoppe, contrairement à d’autres formes de source de pollution comme les composés chimiques par exemple. Un exemple récent a été fourni lors du premier confinement d’avril 2020 en réponse à la crise du Covid-19. L’activité humaine restreinte et la chute du trafic maritime s’est instantanément traduite par une baisse de 6 à 10 décibels (dB) de l’intensité du bruit ambiant enregistré durant la journée (lorsque les activités humaines sont d’ordinaire les plus fortes) dans une marina de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749121014809">Pointe-à-Pitre</a>, en comparaison des niveaux enregistrés lorsque les activités ont repris en mai 2020.</p>
<p>Des mesures d’atténuation peuvent donc être facilement mises en œuvre à court terme dès lors qu’on estime qu’il existe un risque pour une population ou pour un écosystème. Un contrôle du trafic maritime, tel que la mise en place de routes maritimes obligatoires évitant les « points chauds » de la vie marine, une limitation de la vitesse ou de la fréquentation dans ou à proximité de zones vulnérables et protégées peuvent être des stratégies pertinentes pour protéger la faune locale.</p>
<p>Des solutions à plus long terme, certes encore coûteuses en raison des matériaux nécessaires, axées sur la réduction du bruit et des vibrations des moteurs sont également à l’étude. L’un des avantages est que cette révolution dans la conception des navires se fait en parallèle d’efforts destinés à réduire leur empreinte carbone. Un <a href="https://asa.scitation.org/doi/10.1121/10.0001264">ferry électrique</a> serait ainsi moins bruyant de 12 dB qu’un ferry à propulsion traditionnelle. Aux fréquences inférieures à 500 Hz, ces niveaux chutent de 25 dB à une distance inférieure à 5 mètres.</p>
<p>S’il faut accepter que l’utilisation de la mer par l’humain ne va pas s’interrompre, la pollution sonore qui y est associée est un facteur qui peut cependant être contrôlé et atténué plus rapidement que de nombreux autres stress auxquels les écosystèmes littoraux sont déjà confrontés, tels que le réchauffement ou l’acidification des océans, ou la pollution chimique due à l’usage de pesticides, qui réagissent très lentement aux mesures d’atténuation. </p>
<p>Il apparaît donc essentiel de prendre en considération la pollution sonore dans les politiques d’aménagement du territoire et de limiter ou réduire les activités bruyantes afin d’assurer une gestion et une conservation durable des habitats littoraux et de leur biodiversité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185816/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Bertucci a reçu des financements du Laboratoire d’excellence Corail (<a href="https://www.labex-corail.fr">https://www.labex-corail.fr</a>) et de l’Observatoire Homme Milieu Littoral Caraïbe (<a href="https://ohm-littoral-caraibe.in2p3.fr/">https://ohm-littoral-caraibe.in2p3.fr/</a>) en 2019 et 2020.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Malika René-Trouillefou a reçu des financements du Laboratoire d'Excellence Corail (projet EMUL 2019) et de l'Observatoire Homme-Milieux Littoral Caraibe en 2020 pour ce projet. Elle est membre du LABEX Corail et de l'OHM Littoral Caraibe du LABEX DRIIHM. Elle travaille à l'Université des Antilles en Guadeloupe.</span></em></p>
Les littoraux sont particulièrement touchés par cette pollution sonore anthropique qui affecte la faune marine, pour qui l’usage du son remplit des fonctions essentielles.
Frédéric Bertucci, Chercheur en éco-acoustique, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Malika René-Trouillefou, Maître de conférences en biochimie, Université des Antilles
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tag:theconversation.com,2011:article/185716
2022-06-27T16:08:46Z
2022-06-27T16:08:46Z
Chronique en mer : rentrer avec 15 kilos de roches océaniques dans le sac à dos
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/471144/original/file-20220627-7170-4gs4o6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=6%2C9%2C2041%2C1523&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sur le pont du Pourquoi pas? , la Terre est en vue.</span> <span class="attribution"><span class="source">Jean-Arthur Olive, campagne ArcEnSub</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les fonds océaniques sont des lieux obscurs, nimbés de mystère. Sur les deux tiers de la surface terrestre recouverts par des océans, moins de 1 % des fonds a pu être exploré visuellement par des submersibles. Et pour cause, leur étude n’est pas chose aisée ! Avec une profondeur moyenne de 4 000 mètres sous le niveau de la mer et des zones parfois très profondes, les « fosses », pouvant aller jusqu’à 11 kilomètres de profondeur, on s’imagine bien que leur exploration relève d’un réel challenge technologique.</p>
<p>Et pourtant, ces environnements, frontières des plaques tectoniques, sont d’un intérêt majeur pour beaucoup de scientifiques. Qu’ils soient tectoniciens, volcanologues, chimistes ou biologistes, ils veulent en savoir plus sur les conséquences de la tectonique des plaques, de son origine à ses effets sur les échanges chimiques entre la croûte et les océans et l’apparition de la vie.</p>
<h2>De la terre à la mer</h2>
<p>L’expression de la tectonique des plaques actuelle est visible sur terre, par exemple la chaîne de l’Himalaya qui marque la limite entre la plaque indienne et la plaque eurasienne. Les chaînes de montagnes sont aussi des fenêtres sur les mécanismes tectoniques qui ont eu lieu il y a des millions d’années au fond d’anciens océans, et qui sont préservés dans ce que l’on appelle les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ophiolite">« ophiolites »</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="photo de montagne montrant un paléo-détachement océanique" src="https://images.theconversation.com/files/470571/original/file-20220623-52151-p1rr8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/470571/original/file-20220623-52151-p1rr8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/470571/original/file-20220623-52151-p1rr8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/470571/original/file-20220623-52151-p1rr8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/470571/original/file-20220623-52151-p1rr8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/470571/original/file-20220623-52151-p1rr8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/470571/original/file-20220623-52151-p1rr8a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Photographie de terrain montrant un paléo-détachement océanique qui juxtapose des basaltes au-dessus de serpentinites au site de Marmorera-Cotschen, dans le Canton des Grisons, Alpes suisses.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00588/70028/">Rémi Coltat</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est notamment sur ces objets que j’ai débuté, durant ma thèse, l’étude des processus d’interactions fluide-roche dans les roches formant les domaines océaniques. Je m’intéressais alors aux circulations hydrothermales – quand l’eau de mer s’infiltre le long de failles, se chauffe, et réagit avec les roches magmatiques lors de l’écartement des plaques – durant l’exhumation des roches du manteau de la Téthys Alpine, cet océan qui séparait la plaque européenne et apulienne il y a 170 millions d’années.</p>
<p>Déjà à l’époque, ma volonté de faire le lien avec les fonds océaniques actuels était forte. Donc, lorsque Muriel et Javier m’ont proposé de faire partie de la mission Arc-En-Sub, centrée sur un site hydrothermal actif, j’étais évidemment enthousiaste à l’idée de participer à l’aventure et d’explorer ces environnements !</p>
<h2>Vers les entrailles océaniques</h2>
<p>C’est à bord du <em>Pourquoi Pas ?</em>, un navire parfaitement adapté aux missions en haute mer, que nous embarquons. Une fois sur site, l’exploration des fonds peut débuter, comme vous l’ont raconté mes collègues.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/chronique-en-mer-explorer-les-dorsales-au-large-des-acores-par-plus-de-2-000-metres-de-fond-183457">Chronique en mer : Explorer les dorsales au large des Açores par plus de 2 000 mètres de fond</a>
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</p>
<hr>
<p>Que d’émotions sur le pont lors du premier déploiement de ce monstre mécanique et dans le containeur de Victor avec les premières images une fois arrivé au plancher océanique ! Là, beaucoup de sédiments pouvant à s’y méprendre rappeler des pistes de ski à Chamonix. Par endroits des roches affleurent, faisant surgir d’autres questions, dont une qui revient souvent « Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? »</p>
<p>Vous l’aurez compris, la reconnaissance des roches océaniques n’est pas chose évidente au premier coup d’œil. Nous pouvons quand même observer si elles apparaissent déformées, sont plus ou moins massives et voir si elles sont indurées ou non en tentant de les « mordre » avec les pinces de Victor, et le cas échéant de collecter un échantillon qui sera décrit au laboratoire.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/470543/original/file-20220623-51568-x452xp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="le bras mécanique du robot Victor lors d’une exploration sous-marine" src="https://images.theconversation.com/files/470543/original/file-20220623-51568-x452xp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/470543/original/file-20220623-51568-x452xp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/470543/original/file-20220623-51568-x452xp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/470543/original/file-20220623-51568-x452xp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/470543/original/file-20220623-51568-x452xp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/470543/original/file-20220623-51568-x452xp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/470543/original/file-20220623-51568-x452xp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le bras du robot Victor peut mordre et attraper des échantillons lors de ses explorations des grands fonds marins.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Victor, campagne ArcEnSub, flotte océanographique française</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’échantillonnage en géologie, ce n’est pas si simple que ça. Que ce soit à terre ou en mer, on ne peut pas échantillonner tout ce que l’on veut. En mer, on différencie les zones d’exclusivité économique, sous la juridiction d’un pays, des eaux internationales qui n’appartiennent par définition à personne et dont l’exploitation du plancher océanique est régulée par l’<a href="https://www.isa.org.jm/">« International Seabed Authority »</a>. Si l’échantillonnage est rendu possible dans la plupart des zones sans restriction particulière, certaines zones définies comme réserves géologiques naturelles, comme l’<a href="https://bretagne-environnement.fr/Groix-reserve-naturelle-geologique-article">île de Groix en Bretagne</a>, ne permettent pas l’échantillonnage sauf dans le cas d’une dérogation.</p>
<p>Le site hydrothermal actif de Rainbow, bien que situé dans les eaux internationales, a également hérité d’un statut comparable défini dans le cadre de la <a href="https://www.ospar.org/convention/text">convention OSPAR</a>. Enfin, de manière générale, les zones abritant de la vie sont soumises à des conventions internationales comme le protocole de Nagoya, pour assurer une traçabilité ainsi que le partage juste des connaissances et ressources associées – nous n’avons dans ce cas réalisé aucun échantillonnage biologique.</p>
<p>À ces législations ou accords internationaux s’ajoutent des complications très matérielles, les roches étant parfois plus grosses que les pinces de Victor par exemple.</p>
<h2>Une exploration faite de surprises</h2>
<p>L’étude des structures renseignées par la carte bathymétrique n’est pas forcément toujours aisée non plus, car il y a parfois un décalage entre ce que nous prédit la carte et la navigation de Victor. Surprise : nous pensions être au niveau d’une faille, mais une plaine sédimentaire s’étend devant nous et le sonar n’indique aucun relief à 50 mètres à la ronde…</p>
<p>C’est dans ces moments que l’on se rend compte que les cartes topographiques sont vraiment l’outil de base du géologue, qu’il pourra ensuite implémenter avec des données géologiques. Sans elles, l’exploration est fortement perturbée. Je réalise que nous sommes justement en train de construire la carte géologique de la zone, comme les géologues alpins l’avaient fait au début du XX<sup>e</sup> siècle à terre.</p>
<p>Ces moments d’incertitude sont vite oubliés lorsque que nous découvrons un système hydrothermal diffus habité par des colonies de moules ou de palourdes au somment d’une faille, ou encore des constructions hydrothermales éteintes avec des oasis de vie au détour d’un escarpement. La diversité d’espèces colonisant ces lieux est bluffante ! Jamais je ne me serais attendu à observer tant de vie dans des endroits si hostiles.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/chronique-en-mer-une-premiere-mission-au-large-quelle-decouverte-184175">Chronique en mer : une première mission au large, quelle découverte !</a>
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<p>Pourtant nous savons que les fluides hydrothermaux sont chargés en éléments chimiques (comme le fer, le cuivre ou le calcium par exemple) et en gaz dissous (notamment du CO<sub>2</sub>, du méthane, du dihydrogène) qui peuvent être assimilés par les organismes pour leur métabolisme.</p>
<p>Et de fait, les sites hydrothermaux sont de véritables oasis de vie qui accueillent une myriade d’organismes allant de la macrofaune (crevettes, moules, palourdes, annélides…) à la microfaune (bactéries). Les dorsales représentent ainsi un lieu privilégié et bien connu pour étudier les <a href="https://doi.org/10.1038/s41586-018-0684-z">interactions</a> entre les <a href="https://vimeo.com/328844539">processus géologiques et biologiques</a>, depuis la <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.203.4385.1073">découverte des micro-organismes dans ces environnements en 1977</a>. Cependant, observer une telle diversité de vie également dans des sites inactifs où les échanges chimiques avec l’océan sont limités, voire absents, m’a fortement surpris.</p>
<h2>De l’affleurement au microscope</h2>
<p>Après quelques heures de plongée et une heure et demie de remontée, nous découvrons enfin les échantillons collectés. Ils sont sortis des paniers, pesés, mesurés, sciés avant d’être décrits.</p>
<p>La plupart du temps, notre quart écope de la description des échantillons entre midi et 16h. Avec Anna Cipriani, une collègue de l’université de Modène, et les autres personnes de notre quart, nous nous y attelons à l’aide de loupes et d’une loupe binoculaire. Chaque échantillon collecté est ainsi décrit, référencé et sera catalogué dans une <a href="https://www.igsn.org/">base de données IGSN</a> qui permettra à la communauté scientifique d’accéder aux caractéristiques des échantillons.</p>
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<img alt="Anna et Rémi décrivent les roches grâce à une loupe binoculaire afin de les cataloguer et d’en faire profiter la communauté" src="https://images.theconversation.com/files/471096/original/file-20220627-12-vx8lr1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/471096/original/file-20220627-12-vx8lr1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/471096/original/file-20220627-12-vx8lr1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/471096/original/file-20220627-12-vx8lr1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/471096/original/file-20220627-12-vx8lr1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/471096/original/file-20220627-12-vx8lr1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/471096/original/file-20220627-12-vx8lr1.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Anna et Rémi décrivent les roches grâce à une loupe binoculaire afin de les cataloguer et d’en faire profiter la communauté.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Hélène Rouby, ENS, campagne ArcEnSub</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Diverses études pourront être conduites sur ces échantillons : Anna est plutôt intéressée par les processus magmatiques qui opèrent à la dorsale alors que Muriel s’intéresse davantage aux altérations de basse température qui conduisent à la carbonatation des roches.</p>
<p>Personnellement, je regarde les sulfures hydrothermaux de haute température formés dans les cheminées ou les roches à proximité. Je caractériserai d’abord les assemblages minéralogiques puis j’essayerai de contraindre les processus hydrothermaux qui ont abouti à la formation de ces sites hydrothermaux via des analyses géochimiques. Comme nous travaillons sur des thématiques bien distinctes, nous arrivons plutôt bien à nous mettre d’accord sur la répartition des échantillons.</p>
<p>Nous réitérons l’expérience sur les 16 plongées de Victor réalisées durant la campagne, accumulant plus de 350 échantillons et de plus en plus de fatigue. Puis, c’est déjà le 30 mai et il est temps de se remettre en transit pour rentrer au port de Ponta Delgada sur l’île de Sao Miguel aux Açores, où une soirée attend scientifiques et marins, avant de nous quitter dans les jours suivants et nous envoler vers nos laboratoires bien sur terre.</p>
<p>Pour moi, ce sera avec 15 kilogrammes d’échantillons de sulfures hydrothermaux dans le sac à dos. Cette histoire scientifique ne fait que commencer…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185716/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rémi Coltat a reçu des financements de IODP France (bourse postdoctorale et soutien à la recherche) et du CNRS-INSU (soutien à la recherche sur projet TelluS-SYSTER)</span></em></p>
La fin d’une mission en mer, c’est le début de recherches à terre !
Rémi Coltat, Postdoc en Pétrologie et Géochimie océanique, École normale supérieure (ENS) – PSL
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/180165
2022-06-13T19:13:15Z
2022-06-13T19:13:15Z
Les défis de l’innovation dans le domaine des énergies marines renouvelables
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/460808/original/file-20220502-20-d0xv7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2048%2C1161&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Bouée WaveGEM et Eolienne flottante FLOATGEN.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://image.ifremer.fr/data/00723/83468/">O.Dugornay/Ifremer</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Avec près de <a href="http://observatoires-littoral.developpement-durable.gouv.fr/chiffres-cles-r9.html">20 000 km de côtes</a>, le littoral français est l’un des plus étendus au monde. Cette situation offre un potentiel de développement inédit pour les énergies marines renouvelables (<a href="https://theconversation.com/limmense-potentiel-des-energies-marines-renouvelables-90714">EMR</a>), qui regroupent l’ensemble des technologies permettant de produire de l’électricité à partir des ressources renouvelables du milieu marin.</p>
<p>Ces dernières apportent, selon la ressource considérée, une certaine complémentarité par rapport aux énergies renouvelables « terrestres », de par l’importance des ressources disponibles, leur bonne prédictibilité ou l’espace disponible.</p>
<h2>Des technologies variées</h2>
<p>Plusieurs technologies, exploitant différents types de ressources, ont ainsi été développées pour collecter l’énergie des océans :</p>
<ul>
<li><p>L’énergie éolienne offshore utilise l’énergie cinétique (liée à la vitesse) des vents marins, plus forts et plus stables que les vents terrestres. Elle nécessite le déploiement d’éoliennes, soit <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/23/au-large-de-saint-nazaire-le-premier-parc-eolien-sort-de-mer_6095761_3244.html">posées sur le fond marin</a>, soit sur <a href="https://sem-rev.ec-nantes.fr/sem-rev/actualites/leolienne-en-mer-floatgen-bat-de-nouveaux-records-de-production-en-2020">support flottant</a>.</p></li>
<li><p>L’énergie marémotrice utilise la différence de hauteur d’eau engendrée par le passage d’une onde de marée. C’est donc une énergie potentielle (liée à la gravité) utilisée pour remplir et vider le réservoir d’un <a href="https://www.edf.fr/usine-maremotrice-rance/presentation">barrage</a> à travers une turbine hydraulique.</p></li>
<li><p>L’énergie hydrolienne est l’énergie cinétique associée aux courants de marée. En effet, en certains endroits proches des côtes, les marées génèrent des courants pouvant atteindre des vitesses élevées (jusqu’à 4,5m/s) et susceptibles d’entraîner des <a href="https://www.hydroquest.fr/retour-en-images-sur-le-projet-de-demonstration-oceanquest/">turbines</a>.</p></li>
<li><p>L’énergie houlomotrice correspond à <a href="https://www.emec.org.uk/marine-energy/wave-devices/">l’énergie des vagues</a> générées par le vent et qui se propagent à la surface des océans.</p></li>
</ul>
<p>On peut également citer l’énergie thermique des mers (ETM), l’exploitation de la biomasse marine, le solaire flottant ou encore l’énergie osmotique.</p>
<h2>L’exploitation des EMR aujourd’hui</h2>
<p>L’océan demeure toutefois un milieu relativement exigeant et hostile (tempêtes, corrosion, colonisation par des micro-organismes, pression de l’eau…) et les développements technologiques nécessaires à son exploitation sont coûteux. La récupération de l’énergie des mers n’a ainsi pas été sérieusement envisagée avant la crise pétrolière des années 1970, et ne se développe réellement que depuis les années 2000, dans le contexte de la transition énergétique.</p>
<p>En dépit de leur potentiel, les EMR ne représentent en 2020 que <a href="https://www.iea.org/data-and-statistics/data-tools/energy-statistics-data-browser">0,4 % de la production électrique mondiale</a>, soit moins de 0,1 % du mix énergétique. Or, en Europe, les objectifs du <a href="https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/european-green-deal_fr">« pacte vert »</a> nécessitent une multiplication par un facteur 30 de la capacité actuelle de production à partir des EMR d’ici à 2050.</p>
<p>Pour parvenir à ce résultat, le développement de l’exploitation des EMR bénéficie des recherches réalisées dans d’autres domaines, comme les énergies éoliennes et hydrauliques terrestres ou les énergies fossiles offshores. Il existe cependant de grandes disparités entre les différentes technologies EMR, tant au niveau de la maturité de développement que de l’intérêt économique ou des enjeux sociaux et environnementaux.</p>
<p>S’il existe déjà un <a href="https://windeurope.org/data-and-analysis/product/offshore-wind-in-europe-key-trends-and-statistics-2020">grand nombre</a> d’éoliennes offshores, raccordées au réseau et contribuant à la production d’électricité, les hydroliennes et convertisseurs houlomoteurs ne sont pas encore tout à fait au stade du développement industriel, en dépit d’un nombre grandissant de <a href="https://www.oceanenergy-europe.eu/wp-content/uploads/2021/05/OEE-Stats-Trends-2020-3.pdf">prototypes en fonctionnement</a>.</p>
<p>Pour ce qui est des convertisseurs houlomoteurs en particulier, il existe un grand nombre de systèmes s’appuyant sur des technologies variées, et un consensus quant au choix du concept optimal n’a pas encore été atteint.</p>
<h2>Le développement des systèmes EMR</h2>
<p>La démarche qui prévaut dans le développement des systèmes EMR consiste à concevoir un procédé ayant un bon rendement de production, ne nécessitant que peu d’opérations de maintenance (complexes et coûteuses en mer), et assez robuste pour résister aux plus fortes tempêtes.</p>
<p>Les études de conception et de dimensionnement de ces systèmes s’appuient à la fois sur la modélisation numérique et sur l’approche expérimentale, et ce à toutes les étapes du développement technologique. Leur niveau de maturité technologique est caractérisé par un <a href="https://www.emec.org.uk/services/provision-of-wave-and-tidal-testing/pathway-to-emec/technology-readiness-levels/%5d">indicateur appelé TRL</a> (pour <em>Technology Readiness Level</em>), basé sur l’évaluation des capacités démontrées d’une technologie.</p>
<p>L’approche expérimentale est menée à différentes échelles en fonction du TRL. Des maquettes à échelle réduite pour valider un concept dans l’environnement contrôlé d’un laboratoire, comme une soufflerie ou un bassin d’essais (TRL 1 à 3), en passant par des prototypes ou des sous-éléments à échelles intermédiaires que l’on cherche à optimiser lors d’essais en mer dans des sites protégés (TRL 4 à 6), jusqu’à l’échelle réelle sur un prototype industriel déployé sur un site d’essais en mer instrumenté, afin d’en confirmer l’efficacité et la fiabilité (TRL 7 à 9).</p>
<p>Ces différentes étapes de développement, et notamment l’expérimentation, nécessitent des moyens importants. Il faut une capacité à reproduire précisément en environnement contrôlé des phénomènes naturels comme le vent, les vagues ou les courants ; et aussi une capacité à mener des expérimentations sur prototype en environnement réel, ce qui réclame des infrastructures importantes et coûteuses et la mise en place d’opérations à plus haut risque.</p>
<h2>Les infrastructures expérimentales</h2>
<p>Dans leur démarche de soutien à l’innovation, des instituts de recherche comme l’Ifremer, Centrale Nantes et l’Université Gustave Eiffel opèrent des équipements scientifiques tels que des <a href="https://wwz.ifremer.fr/rd_technologiques/R-D-Technologiques/Equipements/Bassins-Canal-d-Essais">bassins à houle et/ou à courant</a>, des <a href="https://wwz.ifremer.fr/rd_technologiques/R-D-Technologiques/Equipements/Caissons-d-essais-hyperbares">caissons</a> <a href="https://wwz.ifremer.fr/rd_technologiques/R-D-Technologiques/Equipements/Caissons-d-essais-hyperbares">hyperbares</a>, une <a href="https://www.univ-gustave-eiffel.fr/universite/nos-equipements-remarquables/">centrifugeuse géotechnique</a> ou encore des <a href="http://theorem-infrastructure.org/version-francaise/navigation/les-sites-dessaism">sites d’essais en mer</a>.</p>
<p>Ces infrastructures servent non seulement aux études de recherche académique, au développement d’outils de mesure océanographique, mais aussi à tester des technologies innovantes, comme des prototypes de système EMR.</p>
<p>Regroupés au sein de l’infrastructure de recherche <a href="http://theorem-infrastructure.org/">THeoREM</a>, les trois instituts opèrent ces installations pour répondre aux besoins des développeurs à chaque étape de leur projet : les bassins à houle et à courant permettent de tester des modèles réduits (TRL 1-4), la centrifugeuse, les caissons de vieillissement et les bancs de traction permettent de tester des composants (TRL 4-5), la plate-forme d’essai de Sainte Anne du Portzic est adaptée à la validation en mer de prototypes à échelle intermédiaire (TRL 5-6), tandis que le site d’essai du SEM-REV permet de valider des démonstrateurs à taille réelle, en opération (TRL 7 et au-delà).</p>
<h2>L’exemple du développement d’une éolienne flottante</h2>
<p>Ces dernières années, les équipes de l’Ifremer ont accompagné de nombreux projets EMR, comme ce concept d’éolienne flottante appelée <a href="http://eolink.fr/fr/">EOLINK</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Éolienne supportée par une pyramide formée par 4 pieds, en appui sur une bouée flottante" src="https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/460812/original/file-20220502-16-sn8m77.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Éolienne flottante Eolink (échelle 1/10ᵉ) en rade de Brest.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://image.ifremer.fr/data/00728/83994/">O. Dugornay/Ifremer</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dès 2016, les premiers tests en bassin sont conduits sur une maquette à l’échelle 1/50<sup>e</sup>. En 2018 et 2019, un prototype est testé sur le site d’essais en mer de Sainte-Anne du Portzic. Les caractéristiques de la machine déployée représentent avec fidélité à l’échelle 1/10<sup>e</sup> celles d’une éolienne de 12 MW. En 2020, un programme de déploiement d’une éolienne flottante Eolink sur le site du SEM-REV au large du Croisic est contractualisé.</p>
<p>L’éolienne sera remorquée sur le site en 2022 pour une phase de test de puissance. En augmentant progressivement sa production, elle devrait atteindre la puissance nominale de 5 MW à l’horizon 2023.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180165/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Maisondieu a reçu des financements de l’Union européenne pour ses travaux de recherche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Martin Träsch ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Le développement des infrastructures liées aux énergies marines renouvelables repose à la fois sur des modèles informatiques et sur des tests grandeur nature, nécessitant des équipements conséquents.
Christophe Maisondieu, Chercheur en comportement des structures en mer, Ifremer
Martin Träsch, Ingénieur essai mer, Ifremer
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/183689
2022-06-06T19:41:38Z
2022-06-06T19:41:38Z
Comment surveille-t-on les microalgues toxiques ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/466052/original/file-20220530-26-ft7g8z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1632%2C913&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'accumulations de mousses poroduites par le phytoplancton peut conduire à une dégradation de l'environnement. Ici, des mousses de_Phaeocystis globosa sur les plages des Hauts de France, observées en mai 2019.</span> <span class="attribution"><span class="source">Alain Lefebvre/Ifremer</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Le phytoplancton est un végétal composé d’algues microscopiques unicellulaires (microalgues), qui se développe dans l’eau de mer ou dans les eaux estuariennes.</p>
<p>Il produit notamment la moitié de l’oxygène que nous respirons et <a href="https://doi.org/10.1038/s41561-017-0028-x">« consomme » le CO₂</a> via le processus de photosynthèse. C’est également le premier producteur primaire du milieu marin, ce qui le positionne à la base de la chaîne alimentaire des océans.</p>
<p>À ce jour, plus de <a href="https://doi.org/10.1093/plankt/13.5.1093">5000 espèces sont identifiées à l’échelle mondiale</a>, dont certaines (environ 200 espèces) sont susceptibles d’être <a href="https://www.marinespecies.org/hab/">nuisibles ou toxiques</a> lors de phénomènes appellés « efflorescences » (ou <em>blooms</em>).</p>
<p>Lorsque les conditions sont favorables, le plancton prolifère de manière très importante, provoquant ainsi des eaux colorées (<a href="https://theconversation.com/images-de-science-quand-linvisible-empourpre-locean-163369">rouges</a>, vertes, marrons), des accumulations de mousse en mer et sur le littoral, ou encore la production de toxines qui s’accumulent dans la chaîne alimentaire et deviennent dangereuses pour l’humain.</p>
<p>Ces efflorescences provoquent ainsi des dysfonctionnements des écosystèmes marins, en altèrent la qualité et présentent un risque pour la santé humaine.</p>
<p>Autant de raisons qui nécessitent une <a href="https://doi.org/10.1038/s43247-021-00178-8">surveillance attentive du phytoplancton</a>.</p>
<h2>Le phytoplancton et sa réponse aux changements environnementaux</h2>
<p>Le phytoplancton réagit très vite aux changements de son environnement et a un rôle clé dans les écosystèmes côtiers. Ceci en fait un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20671703/">excellent témoin des modifications environnementales</a>, et il est par conséquent très souvent utilisé comme un indicateur contribuant à l’évaluation de la qualité des écosystèmes marins.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Photo aérienne d’une cote, une grande portion de l’eau de mer (apparaissant vert foncé) a pris une couleur vert claire ou rouge" src="https://images.theconversation.com/files/466076/original/file-20220530-24-6udte0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466076/original/file-20220530-24-6udte0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466076/original/file-20220530-24-6udte0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466076/original/file-20220530-24-6udte0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466076/original/file-20220530-24-6udte0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466076/original/file-20220530-24-6udte0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466076/original/file-20220530-24-6udte0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les efflorescences de algales peuvent indiquer un déséquilibre dans leur environnement. Ici, un bloom de <em>Mesodinium rubrum</em> colore les eaux de la Méditerranée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://image.ifremer.fr/data/00689/80069/">Pierre Gernez/ISOMer/Nantes Université</a>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p><a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10750-022-04795-y">Plusieurs études</a> ont ainsi porté sur l’analyse des principales caractéristiques du phytoplancton, que ce soit du point de vue de l’abondance globale, des proportions des principaux groupes taxonomiques (exemple du rapport dinoflagellés/diatomées, qui représente souvent la part de phytoplancton potentiellement toxique par rapport au phytoplancton total), de la structure des communautés phytoplanctoniques et de sa dynamique (début, fin et amplitude des efflorescences) dans le temps et dans l’espace.</p>
<p>Ces changements dans la biomasse, l’abondance et la dynamique du phytoplancton sont le plus souvent <a href="https://academic.oup.com/conphys/article/9/1/coab062/6350441">corrélés à des facteurs environnementaux</a> : température, salinité, disponibilité de la lumière et des nutriments (azote, phosphore et silice).</p>
<p>Comprendre les réponses du phytoplancton aux modifications des conditions environnementales, qu’elles soient d’origine naturelles ou anthropiques, permet donc de mieux caractériser ces changements.</p>
<p>Par exemple, l’analyse du phytoplancton apporte des informations sur la vulnérabilité des zones côtières. Lorsque les apports de nutriments (azote, phosphore notamment) sont excessifs et que les conditions sont optimales (lumière, transparence de l’eau, courants), le développement du phytoplancton va être favorisé jusqu’à un point où son accumulation va provoquer des dysfonctionnements au sein de l’écosystème. Ceci correspond au <a href="https://theconversation.com/fleuves-francais-est-il-possible-de-retrouver-un-bon-etat-ecologique-169043">processus d’eutrophisation</a>.</p>
<p>La réduction des apports en nutriments depuis les bassins versants vers la mer va ainsi favoriser la diminution des efflorescences de certaines espèces, entraînant généralement une diminution de la biomasse totale du phytoplancton, comme cela a été montré récemment en <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00513/62514/">Manche et mer du Nord</a>.</p>
<p>Cependant, la réponse du phytoplancton à ces améliorations de la qualité de l’environnement peut ne pas être directe, et il peut se passer plusieurs années, voire plusieurs décennies, avant de voir un effet sur l’environnement. Par ailleurs, c’est l’équilibre entre les différents nutriments (exemple du rapport azote sur phosphore) qui peut être déterminant pour limiter la prolifération d’une microalgue donnée.</p>
<p>L’étude de la dynamique du phytoplancton porte, quant à elle, sur le suivi des dates auxquelles surviennent et se terminent les efflorescences algales, ainsi que leur amplitude et leur durée.</p>
<p>Ainsi, pour certains dinoflagellés, on a pu observer des <a href="https://doi.org/10.1038/nature02808">efflorescences plus précoces en mer du Nord</a>.</p>
<p>Une des conséquences potentiellement les plus importantes sur le fonctionnement des écosystèmes est le décalage dans le temps entre le développement du phytoplancton et celui de ses consommateurs, ce qui revient à <a href="https://doi.org/10.1038/nature02808">limiter les échanges de nourritures entre les différents maillons de la chaîne alimentaire</a>.</p>
<p>Ceci peut amener à des modifications majeures au niveau des espèces se nourrissant directement ou indirectement du phytoplancton (plancton animal, poissons, coquillages). Cela peut amener également à une limitation des ressources marines, sources essentielles de protéines pour l’alimentation humaine.</p>
<p>Mieux connaître les relations entre le phytoplancton et son environnement en se basant sur les données anciennes et nouvelles permet ainsi de mieux comprendre le fonctionnement de ce compartiment biologique complexe. Cela permettra ensuite d’expliquer et d’anticiper des phénomènes nouveaux, comme l’évolution de la biodiversité et de la répartition des espèces en réponse aux changements climatiques.</p>
<h2>Le phytoplancton, danger sanitaire</h2>
<p>Parmi le phytoplancton, certaines espèces sont <a href="https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000247767">productrices de toxines</a>. C’est notamment le cas des genres <em>Dinophysis</em> (producteur de toxines diarrhéiques), <em>Pseudo-nitzschia</em> (producteur de toxines amnésiantes) et <em>Alexandrium</em> (producteur de toxines paralysantes).</p>
<p>Les mollusques bivalves filtrent plusieurs litres d’eau chaque heure et se nourrissent du phytoplancton. Lorsqu’il s’agit d’espèces productrices de toxines, ces dernières <a href="https://doi.org/10.1080/20026491051695">s’accumulent dans les coquillages</a> qui, à leur tour, risquent de <a href="https://doi.org/10.1016/j.hal.2019.101733">contaminer le consommateur humain</a>.</p>
<p>D’autres espèces tropicales du genre <em>Gambierdiscus</em> (producteur de ciguatoxines), sont <a href="https://theconversation.com/la-ciguatera-en-mer-des-caraibes-183996">à l’origine de la ciguatera</a>, une intoxication alimentaire très présente dans le Pacifique, l’océan indien et aux Antilles, entre autres…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/dans-les-cara-bes-des-microalgues-qui-engendrent-des-intoxications-alimentaires-183996">Dans les Caraïbes, des microalgues qui engendrent des intoxications alimentaires</a>
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<p>Au-delà des espèces productrices de toxines, d’autres espèces s’avèrent nuisibles pour les écosystèmes.</p>
<p>Ainsi, lors de fortes efflorescences, le phytoplancton finit par mourir. Sa dégradation est alors susceptible de <a href="https://doi.org/10.1126/science.1156401">consommer beaucoup d’oxygène</a>, au détriment des autres organismes vivants à proximité, notamment parmi les espèces benthiques qui ne peuvent « fuir » la zone, et meurent par asphyxie. C’est par exemple le cas des coquillages élevés pour la consommation humaine.</p>
<p>Certaines espèces, lorsqu’elles blooment, produisent du mucus, susceptible de <a href="https://doi.org/10.3354/meps07373">rendre l’eau de mer plus « épaisse » et visqueuse</a>, de colmater les branchies des poissons (conduisant à leur mort), ou encore de générer des mousses susceptibles de s’accumuler sur les plages ou les ports, impactant les usages (exemple de <a href="https://www.int-res.com/articles/meps/37/m037p239.pdf"><em>Phaeocystis globosa</em> en Manche et mer du Nord</a>.</p>
<h2>Surveiller le phytoplancton</h2>
<p>Pour toutes ces raisons, il est nécessaire d’avoir une <a href="https://archimer.ifremer.fr/doc/00478/58981/">vision de l’évolution du phytoplancton dans l’espace et le temps</a>. Pour cela, l’Ifremer s’appuie sur le <a href="https://wwz.ifremer.fr/envlit/Surveillance-du-littoral/Phytoplancton-et-phycotoxines">REPHY</a>, un réseau d’observation et de surveillance.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466072/original/file-20220530-20-mplaif.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466072/original/file-20220530-20-mplaif.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=660&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466072/original/file-20220530-20-mplaif.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=660&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466072/original/file-20220530-20-mplaif.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=660&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466072/original/file-20220530-20-mplaif.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=830&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466072/original/file-20220530-20-mplaif.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=830&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466072/original/file-20220530-20-mplaif.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=830&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"><em>Dinophysis acuta</em> au microscope à balayage électronique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Véronique Séchet/Ifremer/Phytox/Physalg et Nicolas Chomérat/Ifremer/LERBO</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Il s’agit de prélever de l’eau de mer sur des lieux définis à une fréquence définie, généralement mensuelle à hebdomadaire. Selon les lieux, le prélèvement est fait à partir d’une embarcation ou depuis un ponton ou une digue.</p>
<p>Ces échantillons d’eau de mer sont ensuite analysés au microscope pour identifier et dénombrer (manuellement) le phytoplancton.</p>
<p>Dans le cas où des espèces productrices de toxines sont présentes au-dessus d’un seuil d’alerte, des prélèvements de coquillages sont déclenchés dans les zones exploitées à proximité. Si la concentration en toxine dans les coquillages et au-dessus du seuil réglementaire, les zones concernées peuvent être fermées par les services de l’état pour protéger les consommateurs de coquillages.</p>
<h2>L’apport des nouvelles technologies</h2>
<p>Les développements électroniques et informatiques récents permettent d’observer le phytoplancton avec des méthodes moins conventionnelles, qui permettent d’automatiser l’échantillonnage et d’augmenter le nombre d’analyses et/ou de mesures dans le temps et dans l’espace.</p>
<p>Ainsi, il est désormais possible d’étudier le phytoplancton via :</p>
<ul>
<li><p>des systèmes d’analyses d’images : un algorithme permet la reconnaissance automatique des cellules phytoplanctoniques qui sont passées devant l’objectif d’une caméra</p></li>
<li><p>des études génétiques : on parle de techniques de <a href="https://theconversation.com/explorer-les-grands-fonds-marins-grace-a-ladn-environnemental-ou-comment-reveler-une-biodiversite-insoupconnee-181861">métabarcoding</a>, de métatranscriptomique et de métagénomique</p></li>
<li><p>des capteurs installés sur des bateaux ou des bouées : on peut directement mesurer la biomasse du phytoplancton dans le milieu, et il est même possible de diviser cette biomasse globale en différents groupes phytoplanctoniques en fonction de leur composition en pigments photosynthétiques</p></li>
<li><p>la modélisation : la création d’un écosystème marin numérique permet de tester des scénarios d’évolution en modifiant les paramètres du modèle selon les changements passés, présents ou à venir de l’environnement</p></li>
<li><p>les produits dérivés de l’observation de la couleur de l’eau : il s’agit ici de suivre le phytoplancton grâce à des images satellites.</p></li>
</ul>
<h2>Le projet S-3 EUROHAB</h2>
<p>Ce dernier point peut être illustré par le <a href="https://www.s3eurohab.eu/fr">projet S-3 EUROHAB</a>, qui utilise les données du satellite européen Corpernicus Sentinel 3 pour traquer les efflorescences algales nuisibles et toxiques en Manche.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Image satellite centrée sur la marche, des efflorescences sont indiquées en bleu-vert" src="https://images.theconversation.com/files/466073/original/file-20220530-14-50lufn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466073/original/file-20220530-14-50lufn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=280&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466073/original/file-20220530-14-50lufn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=280&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466073/original/file-20220530-14-50lufn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=280&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466073/original/file-20220530-14-50lufn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=352&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466073/original/file-20220530-14-50lufn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=352&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466073/original/file-20220530-14-50lufn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=352&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Image satellite du 24 avril 2020 montrant un risque plus élevé de bloom de <em>Phaeocystis</em> en Manche orientale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">S3-EUROHAB</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les données satellitaires ont été utilisées pour créer un système d’alerte en ligne, le premier du genre en Europe, afin d’avertir les gestionnaires de la mer et les industries de la pêche de l’apparition d’efflorescences algales potentiellement nuisibles.</p>
<p>Les alertes sont accessibles gratuitement via le <a href="https://www.s3eurohab.eu/portal/">portail EUROHAB</a>.</p>
<p>Enfin, au-delà des risques d’efflorescences algales, l’outil d’alerte en ligne met à disposition des indicateurs de qualité de l’eau ou de propriété physique ou météorologique (turbidité, température de surface…) qui peuvent aussi aider les professionnels et les usagers dans la gestion de leurs activités et l’amélioration de leurs pratiques.</p>
<p>Les enjeux pour les scientifiques sont donc désormais d’intégrer toutes ces connaissances afin de mieux observer, de mieux comprendre et par conséquent de mieux prédire l’évolution et donc mieux gérer ce compartiment phytoplanctonique, essentiel à la vie sur Terre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183689/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maud Lemoine a reçu des financements de la DGAL dans le cadre de la Convention relative aux actions de surveillance sanitaire des zones de production de coquillages pour l'année 2021. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alain Lefebvre a reçu des financements de l'Agence de l'Eau Artois Picardie, du projet Européen Horizon 2020 JERICO-S3/RI (grant agreement N° 654410) et du fond européen de développement régional pour le projet InterReg France Manche Angleterre S3-EUROHAB.</span></em></p>
Le phytoplancton est un excellent outil de suivi de la qualité de son environnement. De plus, il est nécessaire de surveiller sa croissance, car son accumulation peut être nocive ou toxique.
Maud Lemoine, Coordinatrice nationale des réseaux d’observation et de surveillance (REPHY, REPHYTOX, PHYTOBS), Ifremer
Alain Lefebvre, Chercheur en biologie marine, Ifremer
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/183996
2022-06-05T16:19:23Z
2022-06-05T16:19:23Z
Dans les Caraïbes, des microalgues qui engendrent des intoxications alimentaires
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/466405/original/file-20220531-24-30gkws.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1280%2C850&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La consommation de certaines espèces de poissons (ici un barracuda) contaminées par des toxines synthétisées par des microalgues peut provoquer des cas de ciguatera, une intoxication alimentaire.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://image.ifremer.fr/data/00543/65520/">Marc Taquet/Ifremer</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>La ciguatera, aussi appelée « gratte », est l’intoxication alimentaire d’origine non bactérienne la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0041010109004590?via%3Dihub">plus répandue</a> à travers le monde.</p>
<p>Elle survient suite à la consommation d’organismes marins (poissons et invertébrés) contaminés par des toxines de microalgues (algues microscopiques) appartenant au genre <em>Gambierdiscus</em>.</p>
<h2>Ciguatera et microalgues</h2>
<p>Ces microalgues sont des dinoflagellés (groupe de microalgues) benthiques, qui ont besoin d’un support pour se développer (rochers, algues, cordages, plastiques…).</p>
<p>C’est généralement à la suite de perturbations environnementales des récifs coralliens ayant perdu leur capacité de résilience (comme dans les cas de blanchissement) que s’installent des macrophytes (algues macroscopiques ou plantes supérieures aquatiques) propices au développement de dinoflagellés épiphytes (vivant fixés sur des végétaux) tels que <em>Gambierdiscus</em>. Ces dinoflagellés peuvent également proliférer sur des substrats inertes d’origine anthropique (cordes, plastiques immergés).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466395/original/file-20220531-18-5hbo9i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466395/original/file-20220531-18-5hbo9i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466395/original/file-20220531-18-5hbo9i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466395/original/file-20220531-18-5hbo9i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466395/original/file-20220531-18-5hbo9i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466395/original/file-20220531-18-5hbo9i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466395/original/file-20220531-18-5hbo9i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Cellule de <em>Gambierdiscus</em> (diamètre : 85 µm) observée au microscope électronique à balayage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nicolas Chomérat/Ifremer</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Précédemment restreinte aux régions tropicales, l’aire de répartition de <em>Gambierdiscus</em> s’étend depuis les années 2000 vers les régions subtropicales et tempérées.</p>
<p>Le changement climatique global, l’absence de traitement des eaux de ballasts et la dégradation du milieu marin sont autant de conditions à l’origine des <a href="https://www.novapublishers.com/wp-content/uploads/2020/08/978-1-53617-888-3.pdf">problèmes sanitaires, socio-économiques et écologiques</a> liés aux épisodes de ciguatera.</p>
<p>À ce jour, le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7999458/">genre <em>Gambierdiscus</em> comprend 18 espèces</a> formellement décrites, qui possèdent des caractéristiques morphologiques et génétiques distinctes, et présentent des toxicités et des profils toxiniques différents.</p>
<p>Actuellement, des composés identifiables à des ciguatoxines (toxines impliquées dans le syndrome de la ciguatéra) n’ont été retrouvés que dans le Pacifique, notamment chez <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0041010109002955"><em>G. polynesiensis</em></a>.</p>
<p>Ces toxines deviennent problématiques quand elles sont intégrées dans le <a href="https://www.milieumarinfrance.fr/Nos-rubriques/%C3%89tat-du-milieu/Reseaux-trophiques">réseau trophique</a>. Par le processus de bio-amplification, la concentration en ciguatoxines augmente à chaque niveau trophique pour atteindre de fortes concentrations chez les prédateurs supérieurs (comme chez les carangues et les barracudas), les rendant impropres à la consommation.</p>
<p>De plus, des phénomènes de bio-transformation interviennent et les composés sont modifiés dans les organismes marins. Cela rend leur étude particulièrement complexe, car les composés présents chez les poissons peuvent être bien différents de ceux produits par les dinoflagellés.</p>
<p>Les ciguatoxines étant thermostables (elles ne sont dégradées ni pendant la congélation ni lors de la cuisson), la consommation de poisson contaminé expose la population humaine à un risque sanitaire.</p>
<p>Ce syndrome <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4824207/">rarement fatal</a> toucherait chaque année au moins <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/0742841393902179">25 000 personnes</a> dans le monde, une estimation qui ne représenterait que <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1773035X14724037">20 % du nombre réel de cas</a>, compte tenu de la variabilité des symptômes (plus de 170 rapportés) liés à cette intoxication.</p>
<h2>La ciguatera aux Antilles</h2>
<p>Le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1773035X14724037">bassin caribéen</a> est la deuxième région au monde la plus touchée par la ciguatera, après l’océan Pacifique.</p>
<p>Aux Antilles, elle se manifeste généralement par des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5367029/">symptômes</a> gastro-intestinaux (nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées). Ils peuvent être accompagnés ou suivis de troubles neurologiques (démangeaisons, sensations de brûlure au contact d’objets froids, céphalées, fatigue) qui sont moins observés que dans les autres foyers de la ciguatera. Bien que les <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-018-21373-2">symptômes cardiovasculaires</a> les plus fréquemment observés soient des hypotensions et bradycardies, la proportion de ces derniers varie d’une étude à l’autre.</p>
<p>Des études épidémiologiques ont montré que la répartition des taux d’incidence de la ciguatera n’est pas homogène dans cette région : sa prévalence est plus forte dans les îles du nord de l’arc antillais que celles au sud, la <a href="https://www.dcbd.nl/sites/default/files/documents/Olsen%201984%20Ciguatera%20in%20Eastern%20Caribbean.pdf">Martinique étant la zone charnière</a>.</p>
<p>Les taux d’incidence annuels entre 1996 et 2006 excédaient 15 cas/10 000 habitants au niveau de l’épicentre (zone de plus forte prévalence), qui s’étend des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0041010110000978">Iles Vierges à Montserrat</a>, alors que le taux annuel le plus élevé dans la zone de faible prévalence était de 0,67 cas/10 000 habitants entre 2012 et 2018 et concernait la <a href="https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02083290/document">Martinique</a>.</p>
<p>Dans les Antilles françaises, les cas de ciguatera font l’objet de déclaration systématique auprès de l’Agence Régionale de la Santé.</p>
<p>Récemment, le taux d’incidence annuel de la ciguatera en <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-018-21373-2">Guadeloupe</a> a fortement augmenté, atteignant 1,43 cas/10 000 habitants entre 2013 et 2016, ce qui représente une augmentation d’un facteur 5 en 10 ans.</p>
<p>Cette augmentation pourrait être due à la consommation de nouvelles espèces potentiellement vectrices de la ciguatera (comme les <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-018-21373-2">barbarins</a>), qui ne figurent pas sur la liste des espèces à risque.</p>
<p>Les espèces interdites sont variables d’un pays voire d’une région à l’autre.</p>
<p>Ainsi, il existe depuis 2002 un <a href="https://www.guadeloupe.ars.sante.fr/ciguatera-informations">arrêté préfectoral en Guadeloupe</a> encadrant la pêche et la commercialisation de certaines espèces de poissons. Dans cet arrêté, 15 espèces de poissons sont répertoriées comme étant les plus ciguatoxiques.</p>
<p>La pêche et la vente de certaines espèces sont interdites en tous lieux et quel que soit le poids des spécimens capturés, alors que pour d’autres les restrictions ne concernent que la zone de pêche ou le poids des individus pêchés.</p>
<p>À l’inverse, il n’existe à ce jour aucune restriction en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1568988318301732">Martinique</a>, bien que le taux d’incidence de la ciguatera ait été <a href="https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02083290/document">multiplié par 3</a> en 10 ans.</p>
<p>Des <em>Gambierdiscus</em> observés sur le littoral de cette île pourraient expliquer en partie les cas d’intoxications <a href="https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02083290/document">survenus localement</a>, remettant alors en question la croyance locale quant à l’origine des poissons ciguatoxiques en Martinique.</p>
<h2>Carmina, un projet pour le bassin caribéen</h2>
<p>La ciguatera étant en lien étroit avec la dégradation des écosystèmes marins, l’étude de cette intoxication doit être appréhendée selon l’approche <a href="https://www.anses.fr/fr/content/one-health"><em>One Health</em></a> (« Une seule santé »).</p>
<p>Malgré la présence du risque ciguatérique dans les Caraïbes, peu d’études récentes menées à grande échelle ont porté conjointement sur l’étude de la diversité, la toxicité et les profils toxiniques des <em>Gambierdiscus</em>. C’est dans ce contexte qu’a émergé le projet Carmina.</p>
<p>Le projet Carmina est un projet scientifique financé par l’<a href="https://www.afd.fr/fr">Agence française du Développement</a>, qui a pour objectif d’étudier la diversité et la toxicité des microalgues responsables de la ciguatera dans le bassin caribéen.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Pays impliqués : Antigua et Barbuda, France, Trinité-et-Tobago, Venezuela, Colombie, Panama, Costa Rica, Guatemala, Mexique, Cuba, Jamaïque" src="https://images.theconversation.com/files/466399/original/file-20220531-16-qbdttn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466399/original/file-20220531-16-qbdttn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466399/original/file-20220531-16-qbdttn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466399/original/file-20220531-16-qbdttn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=378&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466399/original/file-20220531-16-qbdttn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=475&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466399/original/file-20220531-16-qbdttn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=475&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466399/original/file-20220531-16-qbdttn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=475&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pays caribéens impliqués dans le projet Carmina, financé par l’Agence Française du Développement (AFD).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Aurélie Boisnoir & Nicolas Chomérat/Ifremer</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En collaboration avec les laboratoires de la <a href="https://www.noaa.gov/">NOAA</a> et de <a href="https://www.anses.fr/fr/content/one-health">l’Anses</a>, les équipes de <a href="https://wwz.ifremer.fr/">l’Ifremer</a> ambitionnent d’améliorer les connaissances sur les microalgues associées à la ciguatera pour permettre une meilleure gestion du risque dans cette région.</p>
<p>Les espèces ciblées dans cette étude sont celles appartenant au genre <em>Gambierdiscus</em>, mais aussi celles des genres <em>Fukuyoa</em> et <em>Coolia</em>. En effet, des métabolites synthétisés par <em>Gambierdiscus</em> ont été retrouvés chez certaines espèces des genres <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1568988320301323"><em>Fukuyoa</em> et <em>Coolia</em></a>, laissant supposer qu’elles pourraient elles aussi contribuer à la survenue de la ciguatera.</p>
<p>Ce projet, qui implique 11 états caribéens, a débuté en mai 2022 et permettra de renforcer la coopération scientifique sur la thématique de la ciguatera, qui pourrait prendre de l’ampleur dans les années à venir.</p>
<p>Les premiers résultats de cette étude seront présentés lors d’une réunion d’avancement qui aura lieu en 2023 en Martinique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183996/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurélie Boisnoir a reçu des financements de l'Agence Française du Développement (AFD). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nicolas Chomerat a reçu des financements de l'Agence Française de Développement (AFD). </span></em></p>
La ciguatera est une intoxication alimentaire causée par des toxines synthétisées par des algues microscopiques. Elle pourrait émerger dans de nouvelles régions en raison du changement climatique.
Aurélie Boisnoir, Chercheure en écologie et physiologie des microalgues tropicales, Ifremer
Nicolas Chomerat, Chercheur en taxinomie et systématique des microalgues marines, Ifremer
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/184091
2022-06-02T17:45:50Z
2022-06-02T17:45:50Z
Comment les surfeurs sauvent des vies sur les plages françaises
<p>À la plage, la <a href="https://www.researchgate.net/publication/233514582_Close_is_not_Close_Enough_Drowning_and_Rescues_Outside_Flagged_Beach_Patrol_Areas_in_Australia">surveillance de la baignade</a> reste le meilleur moyen pour lutter contre les risques de noyade. Cependant, avec l’accroissement de la population sur le littoral, l’évolution des modes de consommation et la contraction des moyens disponibles pour financer ces opérations, l’<a href="https://www.sudouest.fr/gironde/lacanau/securite-sur-le-littoral-de-gironde-pourquoi-les-sauveteurs-sont-deployes-tardivement-sur-les-plages-10962779.php">équation devient de plus en plus délicate à résoudre</a>.</p>
<p>En témoigne ces accidents, qui surviennent généralement durant les « ailes de saisons » (c’est-à-dire au printemps et à l’automne), où les températures peuvent être clémentes mais les <a href="https://www.sudouest.fr/gironde/lege-cap-ferret/gironde-une-femme-de-61-ans-meurt-noyee-au-grand-crohot-10961561.php">conditions de mer parfois solides et, surtout, non surveillées</a>. Les bilans pourraient être plus lourds encore, sans l’intervention d’observateurs privilégiés, présents à la plage à ces moments-là, notamment les surfeurs.</p>
<p>En Australie, une des rares études disponibles sur le sujet a ainsi estimé que les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26056968/">surfeurs sauvaient, chaque année, à peu près autant de personnes que les surveillants de baignade</a>. Le surf étant, aujourd’hui, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14775085.2013.766528">répandu un peu partout sur le globe</a>, il y a fort à penser que cela n’est pas un cas à part.</p>
<h2>Une enquête internationale auprès des surfeurs</h2>
<p>Pour vérifier cette hypothèse, le <a href="https://www.beachsafetyresearch.com/">Beach Research Group</a> de l’université de Nouvelles Galles du Sud (UNSWBRG) a lancé, en décembre dernier, une enquête internationale afin de <a href="https://www.beachsafetyresearch.com/blog/the-global-surfer-survey-launch">recenser les sauvetages réalisés par les surfeurs</a>.</p>
<p>Déployée sur Internet, l’enquête comportait plus de 50 questions, abordant, tour à tour, le profil du surfeur lui-même, ses habitudes de pratiques, son opinion vis-à-vis de plusieurs thèmes d’actualité (relatifs à la protection de l’environnement ainsi qu’à la sécurité des baigneurs) mais aussi son éventuelle expérience d’un sauvetage en mer. Dans ce dernier cas, des questions étaient posées sur les conditions dans lesquelles le sauvetage avait eu lieu. Traduit en quatre langues, le questionnaire contenait une version française.</p>
<p>Rappelons que ce type de méthode souffre d’un <a href="http://norden.diva-portal.org/smash/record.jsf?pid=diva2%3A702543&dswid=2823">« biais de sélection »</a> au sens où, contrairement à d’autres techniques de sondage, il est difficile de contrôler a priori qui y répond. Il y a donc de fortes chances que s’expriment, en priorité, des individus se sentant particulièrement concernés par la problématique – soit ceux qui ont déjà réalisé un sauvetage.</p>
<p>Une situation d’autant plus complexe que l’<a href="https://journals.openedition.org/echogeo/12749">on ne connaît pas la population mère des surfeurs</a>. À l’instar d’autres sports de nature, l’activité se déroule le plus souvent hors des <a href="https://www.giplittoral.fr/sites/default/files/2021-06/rapport_diag_surf_vf.pdf">cadres réglementaires et institutionnels</a> (fédérations, compétitions…) standards.</p>
<p>Ces précautions prises, nous pouvons dresser quelques tendances pour la France, grâce à une extraction des données fournies par l’enquête du UNSWBRG, au 31 mars 2022. Nous exploitons les réponses de 585 répondants qui couvrent la quasi-totalité des départements littoraux. 269 sauvetages sont décrits.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1527997346918940673"}"></div></p>
<h2>Qui est impliqué ?</h2>
<p>Dans notre échantillon, 55,9 % des individus ont ainsi déclaré avoir porté secours à quelqu’un depuis qu’ils surfent. Parmi ces derniers, <a href="https://www.francetvinfo.fr/france/nouvelle-aquitaine/pyrenees-atlantiques/pyrenees-atlantiques-pierre-olivier-coutant-professeur-de-surf-sourd-sauve-deux-adolescents-de-la-noyade_5158402.html">presque un sur deux (47 %) l’a fait, ou refait, durant ces 12 derniers mois</a>.</p>
<p>Sur un plan statistique, la probabilité est significativement plus élevée chez les hommes (61 % des hommes ont déclaré avoir réalisé un sauvetage), âgés de 46 à 55 ans, et qui surfent depuis plus de vingt ans (avec, respectivement, 71,4 % et 79,5 % de réponses positives dans chacune de ces catégories). Les surfeurs en question se qualifient, plus souvent que les autres, d’un niveau « avancé » voire « professionnel ».</p>
<p>Ces résultats sont finalement assez proches de ceux obtenus par une autre étude, menée cette fois à l’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34144263/">échelle européenne</a>, avançant que, pour être en mesure de porter secours, il faut disposer, au préalable, d’une connaissance fine du milieu marin et d’une réelle confiance en ses capacités, toutes deux renforcées par une pratique assidue.</p>
<p>S’ajouteraient des compétences spécifiques en matière de sauvetages : dans nos traitements statistiques, la probabilité d’avoir porté secours est en effet plus élevée chez les titulaires d’un diplôme de type BNSSA (Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique), que chez les surfeurs avec des compétences plus générales de premiers secours.</p>
<p>Enfin, plus que leur durée, c’est la fréquence des sessions qui semble augmenter les chances de réaliser un sauvetage. Plus les surfeurs vont souvent à l’eau, sans nécessairement y rester longtemps, plus ils ont de chance de se retrouver dans une situation requérant leur intervention.</p>
<p>Dans notre échantillon, les personnes secourues sont en majorité des hommes (72,8 % des sauvetages décrits), âgés de 20 à 30 ans (36,9 %) ou de 30 à 50 ans (26,1 %). Dans 48,5 % des cas, la victime nageait à des endroits où elle n’avait pas pied. Les surfeurs portent aussi secours à d’autres surfeurs (32,1 %) ou à des bodyboarders (7,5 %). Les répondants estiment que les courants d’arrachement, plus communément connus sous le nom de <a href="https://theconversation.com/ba-nes-et-courants-darrachement-ce-quil-faut-savoir-avant-daller-se-baigner-163755">courants de baïne le long des plages du sud-ouest, sont responsables de près des deux tiers des accidents (66,1 %)</a>.</p>
<h2>Dans quelles conditions les surfeurs interviennent-ils ?</h2>
<p>Lorsque les surfeurs interviennent, la météo est le plus souvent ensoleillée (64,4 % des sauvetages décrits), avec des vagues dont la taille est estimée à deux mètres maximum (68 %). Autrement dit, des conditions pas suffisamment intimidantes pour maintenir les baigneurs hors de l’eau, mais que l’on sait <a href="https://nhess.copernicus.org/articles/21/2075/2021/">propices à l’activation des courants</a>.</p>
<p>Plus de la moitié des interventions citées (59,1 %) ont eu lieu à des endroits, ou à des moments, dépourvus de surveillance : des <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11069-015-2101-3">configurations par définition risquées</a>. Dans la majorité des cas (83,5 %), les surfeurs sont intervenus de leur propre initiative, ayant eux-mêmes repéré la personne en difficulté.</p>
<p>Sur le moment, les victimes sont épuisées (42,2 % de citations), voire paniquées (38,8 %), plus rarement calmes (14,9 % de citations). Dans l’ensemble, elles sont plutôt reconnaissantes (52,6 % de citations, contre 9 % de personnes jugées « non reconnaissantes »). Plus du tiers se sentait « bien » et serait reparti par ses propres moyens (37,3 %). Une minorité (12,3 %) aurait fait l’objet d’un examen médical. Ce dernier résultat concourt certainement à la faible visibilité des sauvetages réalisés par les surfeurs. Cela n’empêche pas la situation d’être jugée « grave » dans 68,2 % des cas.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un surfeur sauveteur los d’une démonstration-formation" src="https://images.theconversation.com/files/466055/original/file-20220530-26-sm0rfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466055/original/file-20220530-26-sm0rfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466055/original/file-20220530-26-sm0rfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466055/original/file-20220530-26-sm0rfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466055/original/file-20220530-26-sm0rfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466055/original/file-20220530-26-sm0rfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466055/original/file-20220530-26-sm0rfq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le sauvetage n’est jamais un acte anodin, y compris pour le surfeur (session de formation à Lossiemouth, Écosse).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jasperimage/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Une nouvelle gouvernance de la surveillance des plages ?</h2>
<p>Il n’est évidemment pas question de faire basculer la responsabilité de la surveillance de la baignade des professionnels vers les usagers des plages, aussi expérimentés soient-ils.</p>
<p>Porter secours dans un environnement où les aléas naturels sont importants est une tâche qui ne s’improvise pas, au risque de <a href="https://www.academia.edu/68450579/The_impulse_to_rescue_Rescue_altruism_and_the_challenge_of_saving_the_rescuer?from_sitemaps=true&version=2">se retourner contre ceux-là mêmes qui tentent d’apporter leur aide</a>. Dans notre échantillon, dix surfeurs ont déclaré se sentir « mal » après cette expérience.</p>
<p>Pour autant, la baignade <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03549020/">hors surveillance est un phénomène avéré</a> qui, dans un contexte de changement climatique (où l’on s’attend à une multiplication des pics de chaleur hors saison estivale), risque de s’accentuer. Dans ces conditions, il n’est pas inutile d’évaluer l’intérêt de telles démarches citoyennes.</p>
<p>Contrairement à l’image encore trop souvent véhiculée, le <a href="https://journals.openedition.org/lectures/48348">surfeur est aujourd’hui pleinement intégré dans la société</a>. Son expérience, et surtout, sa capacité à être à proximité immédiate des terrains d’accidents, sont des atouts non négligeables, que les <a href="https://www.surfingfrance.com/federation/actualites/surfeur-sauveur-veut-passer-a-la-vitesse-superieure.html">instances fédérales cherchent à valoriser</a>. Dans l’enquête, 88,1 % des répondants français estiment qu’ils doivent veiller à la sécurité des autres à l’eau, et près de 9 sur 10 seraient intéressés par des formations aux premiers secours.</p>
<p>Voici peut-être une autre expression de la légendaire solidarité des gens de mer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184091/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
La surveillance de baignade dispose d’un acteur trop souvent sous-estimé, même en France : le surfeur. Retour sur la nature de ses interventions et les précautions à prendre pour préserver chacun.
Jeoffrey Dehez, Chargé de recherche en économie des loisirs et environnement, Inrae
Bruno Castelle, Directeur de Recherche CNRS, Université de Bordeaux
David Carayon, Ingénieur d’études en statistiques, Inrae
Rob Brander, Professor, UNSW Beach Safety Research Group, School of Biological, Earth & Environmental Sciences, UNSW Sydney
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/184175
2022-06-02T17:45:08Z
2022-06-02T17:45:08Z
Chronique en mer : une première mission au large, quelle découverte !
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/466558/original/file-20220601-49160-sx1h57.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=18%2C313%2C4007%2C2704&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Mise à l'eau des sismomètres de fond de mer. Largués au beau milieu de la nuit, ils mettront près d’une heure trente à atteindre le fond. Simon, l'ingénieur en charge de l’équipement, communique avec eux pendant la descente pour s'assurer que tout va bien. Les minutes sont longues…</span> <span class="attribution"><span class="source">Kristel Chanard</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Si la théorie de la tectonique des plaques apparaît de nos jours comme une évidence, on oublie souvent à quel point cette dernière est moderne – on a fêté ses <a href="https://www.college-de-france.fr/site/barbara-romanowicz/symposium-2017-2018__1.htm">cinquante ans en 2018</a> – et à quel point les cartes des fonds marins ont joué un rôle essentiel dans sa démonstration.</p>
<p>Partir en expédition en mer permet de rendre bien plus concrète cette théorie. Pour les explorateurs novices qui écrivent aujourd’hui, c’est aussi l’occasion de participer à une grande aventure humaine et scientifique qui nourrit bien sûr les buts de la mission, mais également leurs propres travaux de recherche, bien au-delà de la géologie marine.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/chronique-en-mer-explorer-les-dorsales-au-large-des-acores-par-plus-de-2-000-metres-de-fond-183457">Chronique en mer : Explorer les dorsales au large des Açores par plus de 2 000 mètres de fond</a>
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<h2>L’histoire mouvementée des mouvements de plaques tectoniques</h2>
<p>Dès le milieu du XIX<sup>e</sup> siècle, la première carte de l’océan Atlantique voit le jour grâce aux mesures bathymétriques réalisées par sondage au fil de plomb. À partir de là, l’exploration scientifique des fonds marins s’accélère grâce à <a href="https://www.wiley.com/en-us/From+Deep+Sea+to+Laboratory+1%3A+The+First+Explorations+of+the+Deep+Sea+by+H+M+S+Challenger+%281872+1876%29-p-9781119610847">plusieurs expéditions</a>. L’une des plus connues, celle du HMS <em>Challenger</em>, écume les océans de 1872 à 1876 et découvre, au centre de l’océan Atlantique Nord, la plus formidable chaîne de volcans jamais rencontrée. Culminant à près de 3 000 mètres au-dessus des plaines abyssales étalées entre 5 000 mètres et 6 000 mètres de profondeur, cette ride volcanique s’étend à première vue du sud de l’Islande jusqu’aux Açores, et peut être même au-delà… La dorsale médio-atlantique est « née » !</p>
<p>Au XX<sup>e</sup> siècle, le développement de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Acoustique_sous-marine">acoustique sous-marine</a> révolutionne la cartographie des fonds marins et de nombreuses données sont acquises pendant la Seconde Guerre mondiale, avec l’obligation imposée par les alliés aux navires commerciaux de réaliser des relevés bathymétriques le long de leurs traversées.</p>
<p>À la fin du conflit, la dérive des continents n’en est pas moins encore considérée <a href="https://www.taylorfrancis.com/books/edit/10.1201/9780429498282/plate-tectonics-naomi-oreskes-homer-le-grand">comme une théorie farfelue et largement controversée</a>. Mais Marie Tharp et Bruce Heezen, de l’université de Columbia à New York, compilent un grand nombre de ces données pour cartographier plus précisément les fonds marins. Grâce à leurs connaissances en géologie, ils décrivent les principales caractéristiques de la croûte océanique, dévoilant la dorsale, les monts sous-marins et les failles de l’Atlantique Nord, puis dans la foulée, ceux de l’Atlantique central, de l’Atlantique Sud, du Pacifique et de l’océan Indien.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/466544/original/file-20220601-48889-vorq0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466544/original/file-20220601-48889-vorq0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466544/original/file-20220601-48889-vorq0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466544/original/file-20220601-48889-vorq0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466544/original/file-20220601-48889-vorq0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466544/original/file-20220601-48889-vorq0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466544/original/file-20220601-48889-vorq0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466544/original/file-20220601-48889-vorq0k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Première carte complète des fond océanique montrant les dorsales médio-océanique, peinte par Heinrich Berann en se basant sur les travaux de Marie Tharp et Bruc Heezen (1977).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:(Manuscript_painting_of_Heezen-Tharp_World_ocean_floor_map_by_Berann).jpg?uselang=fr">Heinrich Berann</a></span>
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<p>À partir des années 50, on découvre l’étendue de la dorsale médio-océanique, encore inconnue dix ans auparavant, parcourant les océans sur plus de 65 000 kilomètres. Dans les abysses, les fonds océaniques sont renouvelés en continu par des volcans sous-marins, qui « poussent » les continents dans leur dérive. Les dorsales jouent un rôle clé dans la théorie émergente de la tectonique des plaques : une révolution scientifique est en marche.</p>
<p>Tout ça, Kristel et Alexandre l’ont appris dans des livres, pendant leurs cours de géodynamique, ils en ont vu et revu les preuves des milliers de fois – par exemple en mesurant depuis l’espace l’écartement entre Paris et New York, qui augmente de quelques centimètres chaque année… Pour eux, tout ça était resté quelque chose de… très théorique.</p>
<h2>La tectonique en direct à bord du <em>Pourquoi pas ?</em></h2>
<p>Et là, ça y est, Kristel et Alexandre y sont, au fond de l’océan, pour la première fois. L’émotion qui les parcoure, chaque soir au moment de la plongée, a quelque chose d’indicible : ils vont enfin voir, pour de « vrai », les fonds marins.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/466557/original/file-20220601-20-wybye3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466557/original/file-20220601-20-wybye3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466557/original/file-20220601-20-wybye3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466557/original/file-20220601-20-wybye3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466557/original/file-20220601-20-wybye3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466557/original/file-20220601-20-wybye3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=374&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466557/original/file-20220601-20-wybye3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=374&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466557/original/file-20220601-20-wybye3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=374&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Au fond de l’océan, dans le Massif de Rainbow de la dorsale médio-Atlantique au large des Açores : une cheminée inactive fossile à gauche et un oasis de vie sur une cheminée fossile à droite.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alexandre Schubnel et robot Victor</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Au cours de la plongée, pendant que les pilotes guident Victor, le robot sous-marin, dans ses aventures, l’équipe scientifique observe tout très consciencieusement en tentant d’interpréter les paysages sous-marins. S’il est très complexe d’observer la forme des fonds marins depuis l’espace, les explorer à la loupe, avec Victor, le robot de l’expédition, en offre une vision bien plus détaillée, avec une résolution sans précédent.</p>
<p>Un monde fascinant défile sur les écrans : des basaltes « en coussin », comme dans les livres, posés au fond de l’océan, le manteau terrestre qui affleure, plein de fer oxydé, formant ces roches vertes qu’on appelle les serpentines, une multitude de failles, qui torturent la croûte océanique et créent la topographie, des montagnes, des vallées sous-marines, et, à plus de 3 000 mètres de profondeur, de vastes plaines désertiques faites de sédiments que l’on traverse à toute vitesse (presque 1 mille nautique par heure, soit près de 2 kilomètres/heure).</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<span class="caption">Poste de contrôle de Victor, le robot équipé de caméras et de bras articulés pour la collecte d’échantillons.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean-Arthur Olive</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>On se lasse difficilement d’explorer les fonds marins. Et même à 4h du matin, quand tout est calme à bord, l’équipe reste concentrée car Victor peut dévoiler à tout moment un de ces fumeurs noirs, avec son écosystème extrême à sa base et son cimetière de cheminées hydrothermales. Car tout à coup, au détour d’une vallée ou au sommet d’une colline, peut aussi surgir une de ces oasis de vie autour d’une source chaude diffuse. Alors, dans le poste de contrôle de Victor, devant l’écran de la caméra, il faut se pincer pour le croire !</p>
<h2>Nos journées sont rythmées par les « quarts »</h2>
<p>Au petit matin, Victor émerge de l’eau après sa longue plongée, les paniers chargés de roches prélevées au fond des océans, qui maintenant, sont bel et bien réelles. Les équipes se croisent. Sur le pont arrière, Kristel a pris l’habitude de venir voir Victor, le robot, remonter à bord à la fin de son quart de nuit, le 4-8, avant de manger un peu et filer dormir.</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<figcaption>
<span class="caption">Victor plonge généralement une fois la nuit tombée et émerge de l’eau au petit matin. Mais ses horaires sont variables et à toute heure du jour et de la nuit, il peut être en train d’explorer le fond de l’océan.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Kristel Chanard</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Pour Alexandre au contraire, le travail commence : durant son quart du matin, le 8-12, il sort les échantillons des paniers un par un, pendant que le reste de l’équipe les numérote, les mesure, les photographie et les pèse. Il y en a des gros, des petits, des moches, des biscornus… Mais avec la croûte d’oxyde de manganèse qui s’est déposée au fil du temps, tout se ressemble un peu, et c’est pratiquement impossible de vraiment savoir à quel type de roche on a affaire.</p>
<p>En fait, c’est tant mieux, parce que, quand on les découpe avec la scie diamantée, c’est un peu comme si on les sortait de leur paquet cadeau. Elles se découvrent et leur intérieur révèle alors ses couleurs, nuancées de verts, de noir, de gris plus ou moins profonds, de marrons allant de l’ocre au caramel en passant par le chocolat, parfois teintées de bleu et de rouge. Il y a des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pillow_lava">basaltes en coussin</a>, un rare <a href="https://www.museum-lehavre.fr/fr/collections/gabbro">gabbro</a> (entre un basalte et un granite), une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9ridotite">péridotite</a> (la roche “mère” du manteau terrestre) plus ou moins hydratée, des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Serpentine_(min%C3%A9ral)">serpentines</a>, des calcaires récifaux, des sulfates, des fossiles de bivalves, des coraux d’eau froide…</p>
<p>Scier tous ces échantillons peut s’avérer un vrai défi, surtout quand la mer est forte et que le bateau tangue ! Ensuite, il faudra nettoyer le pont, décrire les échantillons, les photographier à nouveau, les inventorier, décider qui de l’équipe scientifique repartira avec quoi et fera quelle analyse. Avec ces roches, une multitude d’études scientifiques s’ouvre à nous. Pour Alexandre, ce sera l’analyse des roches provenant des failles sous-marines avec les machines qu’il a construites dans son laboratoire, à Paris.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/466550/original/file-20220601-49160-yvgq1o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466550/original/file-20220601-49160-yvgq1o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466550/original/file-20220601-49160-yvgq1o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=256&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466550/original/file-20220601-49160-yvgq1o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=256&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466550/original/file-20220601-49160-yvgq1o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=256&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466550/original/file-20220601-49160-yvgq1o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=322&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466550/original/file-20220601-49160-yvgq1o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=322&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466550/original/file-20220601-49160-yvgq1o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=322&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Chaque jour, on s’affaire autour des roches fraichement remontées du fond des mers. À gauche : Alexandre et Bobbie cataloguent les roches. À droite : une serpentinite fraîchement sciée. Fred, petit poisson qui est remonté avec le panier du premier jour, en plus de servir d’échelle, est devenu comme une mascotte.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean-Arthur Olive et Alexandre Schubnel</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Après le déjeuner, tout le monde se retrouve dans la salle de conférence, où les chefs de mission expliquent la suite des opérations et où l’équipe découvre et discute des trouvailles des uns et des autres. Et oui, il y a toujours quelqu’un qui travaille sur le <em>Pourquoi Pas ?</em> !</p>
<figure class="align-right zoomable">
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<span class="caption">Dumbo Octopus croisé lors de la plongée de Victor, le robot.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alexandre Schubnel</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Puis, c’est déjà l’heure du 4-8 de l’après-midi. En général, Kristel le passe à décortiquer les données de température rapportées par Victor pour essayer de détecter si le robot a croisé au fond de l’océan des zones où la température serait légèrement plus élevée, ce qui pourrait nous indiquer le chemin vers des sites hydrothermaux encore inconnus. Son quart du soir, Alexandre le passera les yeux à nouveau rivés sur les images envoyées par Victor, à explorer les sites qui ont été retenus et y ramasser des échantillons, souvent distrait par une des nombreuses curiosités, géologiques ou pas, que l’on peut croiser au fond.</p>
<h2>L’apport de la mission à nos sujets de recherche « à terre »</h2>
<p>À bord, les journées se suivent mais ne se ressemblent heureusement pas toutes. Parfois, nous sommes « hors quart » et ce n’est pas pour se prélasser au soleil sur le pont avant, mais pour aider à préparer les sismomètres qui seront déployés sur le plancher océanique. Nous vissons, dévissons, revissons, testons l’électronique, installons les systèmes de largage du lest et des instruments. Heureusement, Simon, le scientifique en charge des sismomètres, nous a formés. Car bien que nous ayons tous les deux l’habitude d’étudier des données sismologiques, la manipulation de ces instruments était bien loin de nos compétences en arrivant. D’ailleurs, les discussions vont bon train sur la coursive en effervescence : ces sismomètres, couplés avec des capteurs de pression de l’eau et de courant marin, nous intriguent… Car nous nous intéressons ensemble depuis longtemps au <a href="https://hal-insu.archives-ouvertes.fr/insu-03590093">lien potentiel</a> entre le <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02397272">déclenchement des séismes et les charges de marées</a>. Si ce lien existe en surface, ne pourrait-on pas aussi l’observer au fond des mers ?</p>
<p>Un mois en mer à explorer les fonds marins est une expérience scientifique et humaine incroyable. Ce voyage aura été une occasion unique d’approfondir notre compréhension du système Terre. Pour Kristel et Alexandre, chercheurs spécialistes d’autres domaines des géosciences, la géologie marine était un monde nouveau, et ils auront aidé comme ils le pouvaient au bon déroulement de la mission. Ils en auront aussi profité pour améliorer leur revers au ping-pong en jouant avec les membres de l’équipage et trouver un souffle d’inspiration nouveau pour leurs futurs travaux de recherche. Si l’opportunité se représente, ils reprendront le large, c’est certain !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184175/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandre SCHUBNEL a reçu des financements de l'INSU, du CEA, de l'ANR et de l'ERC. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kristel Chanard a reçu des financements du CNRS et du CNES. </span></em></p>
Dans les expéditions scientifiques, on ne trouve pas que de vieux loups de mer et des spécialistes du thème de la mission. Aujourd’hui, la vision de deux géoscientifiques novices en mer.
Alexandre Schubnel, Senior researcher, École normale supérieure (ENS) – PSL
Kristel Chanard, Chargée de recherche en Géodésie spatiale et Géophysique, Institut de physique du globe de Paris (IPGP)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.