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Parents « hélicoptères », enfants sous pression !

Les enfants dont les parents sont trop investis ont tendance à être plus inquiets que les autres. Shutterstock

Ces deux dernières décennies ont vu émerger des parents d’un nouveau style. De ces parents anxieux qu’on surnomme parents « hélicoptères » aux « mamans tigres », réputées pour leur exigence, ces différentes catégories ont un point commun : elles ont tendance à surinvestir leur rôle de parents, et à gérer la vie de leurs enfants. Elles leur laissent peu d’autonomie, leur mettent trop de pression pour atteindre leurs objectifs scolaires et personnels, leur donnant peu de chances d’expérimenter l’échec et la frustration.

Il s’agit de ces parents qui reviennent en courant à l’école lorsque leurs enfants ont oublié leurs affaires de sport, font leurs devoirs scolaires et demandent aux autres parents d’élèves de les renseigner sur WhatsApp quand leur enfant n’a pas noté ses devoirs. Ces parents pensent que leurs enfants ont toujours raison. Ils n’hésiteront pas à protester auprès des enseignants si leurs enfants ont l’impression de ne pas avoir été traités justement, ou à se heurter aux autres parents si leur enfant n’a par exemple pas été invité à une fête.

À mesure que leurs enfants grandissent, ces parents décident quelles filières et options leurs adolescents doivent prendre et ils ne les autorisent pas à voyager par eux-mêmes car ils ont peur qu’ils soient kidnappés. Ils peuvent aller jusqu’à les accompagner à leurs entretiens d’admission à l’université ou même lors d’entretiens d’embauche. Et ils ont tendance à se considérer plus comme les meilleurs amis de leurs enfants que comme leurs parents.


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S’il ne fait aucun doute que ces parents agissent ainsi par amour, le problème est qu’en empêchant leurs enfants de rater une tâche, d’être mis en retenue, ou de connaître la déception de ne pas être invités, ils ne les laissent pas se confronter à l’échec. Et, ce faisant, ils entravent leur développement.

Des échecs formateurs

En apprenant à surmonter l’échec, les enfants développent leur résilience. Ils apprennent à gérer leur frustration et à réguler leurs émotions à propos. Et il est crucial que les jeunes développent très tôt ces compétences pour être capables de réussir dans la vie.

La plupart des recherches autour de ces parents surinvestis se sont concentrées sur les étudiants. Mais les effets négatifs de cette implication excessive s’observent à tous les âges. D’ailleurs, en âge préscolaire et en primaire, les enfants concernés souffrent souvent d’une timidité et d’une anxiété plus élevées, et entretiennent de plus mauvaises relations avec leurs camarades.

Si on considère les adolescents et les étudiants, ces effets négatifs perdurent. Des jeunes de 16 à 28 ans déclarant avoir eu des parents hélicoptères ont plus tendance à douter de leurs compétences et ont moins d’échanges avec leurs pairs.

Dans une recherche similaire, des jeunes dont les parents sont surinvestis ont connu des niveaux de dépression et de stress plus élevés, ils sont moins satisfaits de leur vie et ont plus de mal à réguler leurs émotions. Ils ont une conscience plus aiguë de leurs responsabilités et consomment plus de drogues que les jeunes dont les parents s’impliquent moins.

Les parents en font-ils trop ?

Anxiété contagieuse

Le surinvestissement parental ne nuit pas seulement aux enfants, mais aussi aux parents qui connaissent dans ce cas des niveaux d’anxiété, de stress et de regret beaucoup plus élevés. Ces effets ont à leur tour des conséquences négatives pour leurs enfants, qui peuvent relever cette inquiétude et se laisser envahir par elle.

C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles le nombre d’étudiants aux prises avec l’anxiété et la dépression est à un niveau record. Au Royaume-Uni notamment, un sondage a révélé qu’un étudiant sur cinq était concerné.

Faut-il en conclure que les parents devraient se mettre en retrait et éviter de s’impliquer dans la vie de leurs enfants ? Pas tout à fait. Pour compliquer les choses, la recherche montre clairement que les enfants dont les parents sont investis réussissent en général mieux à l’école, ont une meilleure confiance en eux-mêmes et de meilleures relations sociales que les enfants dont les parents ne le sont pas.

Un soutien à doser

Les enfants dont les parents sont chaleureux, aimants, avec beaucoup d’attentes se débrouillent mieux que ceux dont les parents sont froids et peu exigeants. Toute la difficulté en matière d’attachement et d’exigence consiste à trouver la juste mesure. L’aspect décisif sur lequel se concentrent actuellement les chercheurs est celui du niveau optimal d’investissement parental.

Il est normal que les parents veuillent protéger leurs enfants et leur éviter d’être blessés, mais il doivent aussi se demander à quel moment cette attention devient excessive. La prochaine fois, donc, que votre enfant vous appelle de l’école pour vous demander de lui apporter ses affaires de sport, réfléchissez à deux fois avant d’obtempérer.

La vie a son lot inévitable de déceptions et de problèmes. Il est préférable d’apprendre aux enfants à affronter ces difficultés plutôt que de les résoudre pour eux. C’est ainsi qu’on les aide à développer leur résilience et à gérer la frustration – des outils qui leur permettront de s’épanouir le jour où ils auront quitté le foyer parental.

This article was originally published in English

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