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Pour lutter contre les maladies cardio-vasculaires, le sport fonctionne à tout âge

Pour prévenir le risque de maladies cardio-vasculaires, l’activité physique adaptée reste bénéfique même très au-delà de 60 ans. Shutterstock

Jusqu’à présent, les études visant à évaluer l’efficacité de l’exercice physique pour lutter contre les pathologies cardio-vasculaires concluaient que son bénéfice diminuait avec l’âge. Mais nos derniers travaux indiquent le contraire : il n’y a pas de limite d’âge aux bénéfices que procure l’activité physique.

On sait que la sédentarité et le manque d’activité physique augmentent le risque de survenue de maladie cardio-vasculaire. Or avec l’âge, les capacités physiques se dégradent, ce qui diminue notre propension à l’exercice. Et moins nous nous dépensons, plus notre forme physique se délabre. Un cercle vicieux s’enclenche, qui peut s’aggraver si l’on est victime d’une maladie cardio-vasculaire amoindrissant encore notre état physique.

La prescription d’un programme de réhabilitation cardio-vasculaire peut permettre de sortir de cette spirale du manque d’activité. Elle présente en outre un autre avantage : nos résultats suggèrent qu’elle peut s’avérer déterminante dans le rétablissement psychologique des patients.

Or, ce point est point important, car on sait que le stress et l’anxiété jouent un rôle non négligeable dans le développement des maladies cardio-vasculaires.

L’âge du patient, une donnée centrale pour les programmes de réhabilitation cardiaque

Les maladies cardio-vasculaires touchent de plus en plus de personnes de moins de 65 ans (environ 680 000 décès en 2016) et de plus de 80 ans. Ces augmentations seraient respectivement liées à la généralisation de modes de vie plus sédentaires que par le passé, ainsi qu’au vieillissement de la population française.

En 2016, rien qu’en Europe, 4 millions de personnes sont décédées des suites de maladies cardio-vasculaires, ce qui fait de ces affections la première cause de mortalité en Europe et la deuxième en France derrière le cancer.


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Jusqu’ici, les études visant à évaluer l’efficacité de l’exercice physique pour lutter contre ces pathologies concluaient que son bénéfice diminue avec l’âge. Cependant, ces travaux présentent deux limites majeures. Tout d’abord, ils ne font pas de distinction d’âge au-delà de la limite de 60 ans. Ensuite, aucune analyse conjointe sur les bénéfices physiques et psychologiques des programmes de réhabilitation n’a jamais été effectuée.

Pour remédier à cette situation, nous avons mené entre janvier 2015 et septembre 2017 une étude consistant à comparer les résultats physiques et psychologiques de 733 patients répartis en trois sous-catégories d’âge : jeunes (moins de 65 ans), âgés (entre 65 et 80 ans) et très âgés (plus de 80 ans).

Pédalage des jambes, pédalage des bras, exercices sur tapis roulants… Pendant deux mois ces patients ont réalisé, à la clinique Les Rosiers de Dijon, un programme de réhabilitation composé de 25 sessions d’activité physique (5 par semaine), encadrés par des professionnels en physiologie et cardiologie. En parallèle, ils ont participé à des ateliers d’éducation thérapeutique visant à les sensibiliser aux enjeux du tabagisme, du sport ou encore de la nutrition.

Les exercices d’endurance réalisés étaient les mêmes pour tous, indépendamment de l’âge. Seule l’intensité requise était spécifique à chaque patient : elle était déterminée par les résultats obtenus lors des premiers tests ayant servi à mesurer leurs capacités cardio-vasculaires. Les progrès physiques des patients ont été scrupuleusement examinés. Leur état psychologique était également évalué de manière régulière au moyen des questionnaires types HAD (hospital anxiety depression), comportant une série de questions dont les réponses permettent d’établir un profil, du plus inquiétant au plus rassurant.

Les personnes âgées ont tout à gagner à faire de l’exercice

Le résultat est sans appel : tous les patients ont amélioré leur condition physique et la quasi-totalité d’entre eux se sont renforcés psychologiquement. En outre, les progrès les plus importants ont été accomplis par les patients dont la condition physique initiale était la plus mauvaise.

Les patients de moins de 65 ans en souffrance psychologique avant le programme sont ceux qui ont tiré le plus de bénéfices de ces deux mois de réhabilitation par l’exercice. Même constat chez les patients dont l’âge était compris entre 65 et 80 ans. Seuls les patients de plus de 80 ans ne montrent pas de lien entre facteurs psychologiques et amélioration des performances physiques.

Comment expliquer la différence entre les conclusions de notre étude et les précédentes ? Elle tient probablement à plusieurs aspects : différence de méthodes de mesure de l’activité physique, de programme de réhabilitation, d’assiduité des patients… Ce dernier point, en particulier, est crucial. Or dans notre étude l’assiduité des patients a été excellente, avec 98,6 % de présents aux séances en moyenne.

Redonner de la vie aux jours

Envisagée initialement pour répondre à un manque de données sur l’efficacité de la réhabilitation cardiaque chez les personnes les plus âgées, notre étude souligne l’importance de l’exercice à tout âge.

Malheureusement, en France, les places sont peu nombreuses dans les programmes de réhabilitation et les prescriptions échoient plus souvent aux patients les plus jeunes. Cela n’empêche en rien d’insister sur l’importance de l’activité physique, y compris pour les patients les plus âgés, et d’inciter les médecins à conseiller à ces derniers à s’adonner le plus régulièrement possible à des exercices d’endurance.

Ces recommandations sont particulièrement importantes non seulement pour lutter contre les maladies cardio-vasculaires, mais aussi parce que les suivre permet d’accroître l’indépendance et l’autonomie des personnes âgées, tout en leur offrant une meilleure qualité de vie. Pour paraphraser le professeur Jean Bernard, il ne s’agit pas seulement d’ajouter des jours à la vie, mais de redonner de la vie aux jours…

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