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Pourquoi il est impératif de sécuriser ses clouds

L’informatique dématérialisée est devenu un outil du quotidien mais sa sécurité est remise en cause. Mark Warner/Flickr, CC BY-ND

Cet article est publié dans le cadre de la deuxième édition du Festival des idées, qui a pour thème « L’amour du risque ». L’événement, organisé par USPC, se tient du 14 au 18 novembre 2017. The Conversation France est partenaire de la journée du 16 novembre intitulée « La journée du risque » qui se déroule à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco).


Vous êtes adepte de Facebook, Snapchat, Gmail, Dropbox, Slack, Google Drive, Spotify ou Minecraft ? Tous, peut-être ? Quoi qu’il en soit, si vous utilisez un réseau social, un programme de messagerie, un service de stockage de données ou une plateforme de musique en ligne, il y a fort à parier que vous ayez recours au cloud computing (ou infonuagique en bon français).

Le cloud computing est un moyen d’avoir accès à des ressources partagées telles que des réseaux, des serveurs, du stockage, des applications et des services informatiques. Individus et entreprises peuvent mettre leurs données sur le cloud et bénéficier, gratuitement ou pour un coût relativement faible, d’un espace de stockage illimité. Il permet également aux entreprises de se décharger de certains services, comme la messagerie, et ainsi de réduire leurs coûts de développement et de maintenance.

Les atteintes à la protection des données sont quotidiennes

L’informatique dématérialisée a certes d’énormes avantages, mais elle pose de sérieux problèmes de sécurité et de confidentialité des données aux utilisateurs, chez eux ou dans leur entreprise. Pare-feux, virtualisation (utilisation de plusieurs systèmes d’exploitation ou applications en même temps) et politiques de règlementation tentent aujourd’hui de protéger leurs données. Néanmoins, les utilisateurs doivent souvent fournir aux prestataires de service des informations « en clair », c’est-à-dire sans aucune protection.

D’autre part, les logiciels et le matériel de l’informatique dématérialisée n’étant pas exempts de bugs, des informations sensibles peuvent être communiquées à d’autres utilisateurs, applications et tiers. D’ailleurs, les atteintes à la protection des données sont quotidiennes.

Les plus grandes fuites de données du XXIᵉ siècle. CSO Online, CC BY

Le site de cybersécurité Csoonline.com a dressé la liste des 16 atteintes aux données les plus graves du XXIᵉ siècle. Elles se sont toutes produites au cours des 11 dernières années.

Yahoo! se retrouve en tête de liste. En septembre 2016, la société annonçait avoir été victime d’un piratage de grande ampleur deux ans plus tôt, concernant les noms, adresses e-mail et autres données de 500 millions d’utilisateurs. En décembre, l’entreprise revoyait ses estimations et déclarait qu’un milliard de comptes étaient concernés par une attaque survenue en 2013 (noms et mots de passe des utilisateurs mais aussi questions et réponses de sécurité).

En octobre 2017, Yahoo! a de nouveau révisé ses chiffres. Trois milliards de comptes auraient été compromis.

Lutter contre un nouveau type de menace

Dans le cadre d’un projet de recherche que je mène actuellement, nous tentons de sécuriser et protéger la confidentialité des données du cloud en utilisant un nouveau modèle de menace qui reflète plus fidèlement le côté ouvert, hétérogène et distribué de l’informatique dématérialisée. Ce modèle repose sur l’idée que les serveurs qui stockent et traitent les données dématérialisées des utilisateurs ne sont pas en mesure de préserver la confidentialité des résultats du traitement, ni d’exécuter correctement les restrictions d’accès. Il est aux antipodes du modèle classique des systèmes fermés des entreprises, qui part du principe que les serveurs sont fiables.

L’approche centrale de nos recherches consiste donc à intégrer des mécanismes de protection, tels que le chiffrement et l’authentification, dans les données elles-mêmes, afin de préserver leur confidentialité même si le cloud est compromis, tout en permettant aux personnes autorisées de continuer à accéder aux données partagées.

Protéger les données et leurs utilisateurs

Nous avons donc mis au point un ensemble de techniques de contrôle d’accès évolutives et de calculs de données chiffrées, et construit le prototype d’un système de messagerie sécurisé basé sur des attributs pour en démontrer la faisabilité. Conçu pour fournir une confidentialité de bout en bout pour les entreprises, il repose sur l’hypothèse que l’informatique dématérialisée ne garantit pas la confidentialité des messages des utilisateurs.

Pour comprendre comment il fonctionne, imaginez que vous déposez des objets de valeur dans une maison dont vous avez la clé. De temps à autre, vous voulez les entreposer chez des amis, où des inconnus sont susceptibles d’aller et venir. Chacun de vos amis possède une clé mais tous n’ayant pas les mêmes droits d’accès, celle-ci n’ouvre pas toutes les portes. Les droits d’accès et les jeux de clés sont gérés par une personne extérieure.

Imaginez-vous dans une maison, vos amis ont tous la clé d’entrée mais pas la clé de toutes les pièces. Tom Cull/Flickr, CC BY

Pour protéger vos données et pénétrer dans un système informatique dématérialisé, le système vous fournit un jeu de clés séparé correspondant à votre statut d’accès.

Chaque utilisateur dispose d’une série d’attributs spécifiant ses droits à recevoir et décoder des messages. Par exemple, la série d’attributs d’Alice pourrait être « étudiante, école de commerce », tandis que ceux de Bob seraient « étudiant, école d’informatique ». Pendant l’étape d’enregistrement, le détenteur des clés délivre à chacun un code de chiffrement fondé sur ses attributs.

Pour envoyer un message sécurisé, l’utilisateur l’encode et génère une politique d’accès appropriée. Ce message chiffré est appelé « ciphertexte » ou texte chiffré. Seuls les utilisateurs dont les attributs correspondent à la politique d’accès du message peuvent le recevoir et le déchiffrer. Par exemple, si un message s’adresse à « tous les étudiants », Alice et Bob pourront y avoir accès et le lire. En revanche, si la politique d’accès du message est « étudiants en école de commerce », Bob ne le recevra pas.

Ce système est très efficace : un seul message est généré et distribué, quel que soit le nombre de destinataires, et il reste confidentiel même si le serveur de messagerie dématérialisé et les réseaux de communication sont ouverts.

Il a suscité beaucoup d’intérêt et nous espérons qu’il pourra rendre service aux personnes qui ont recours au stockage et à informatique dématérialisés, en leur garantissant une plus grande confidentialité.


Créé en 2007, Axa Research Fund soutient plus de 500 projets à travers le monde portés par des chercheurs de 51 nationalités. Pour en savoir plus sur le travail de Robert Deng, rendez-vous sur le site du Axa Research Fund.

This article was originally published in English

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