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Pourquoi nous allons devoir partager de plus en plus d’espaces avec les animaux sauvages

Girafe du Parc National de Nairobi, avec, en arrière-plan des immeubles.
Girafe du Parc National de Nairobi, avec, en arrière-plan des immeubles. rjmiguel/Shutterstoock

La cohabitation entre l’humain et la faune sauvage devrait augmenter sur plus de la moitié des terres du globe d’ici à 2070. La première cause de cette évolution est la croissance de la population humaine. Telle est la principale conclusion de notre nouvelle étude publiée dans la revue Science Advances.

Nos recherches suggèrent de fait qu’avec l’augmentation de la population humaine, les hommes et les animaux se partageront des espaces de plus en plus peuplés. Par exemple, si de plus en plus de personnes s’installent dans les forêts et les régions agricoles, les cohabitations entre l’homme et la faune y augmenteront fortement. Mais ils croîtront également dans les zones urbaines à mesure que les gens se déplacent vers les villes à la recherche d’emplois et d’opportunités.

Les animaux migrent également, principalement en réponse au changement climatique, qui déplace leurs aires de répartition. Dans la plupart des régions, la richesse spécifique, c’est-à-dire le nombre d’espèces uniques présentes, diminuera à mesure que les animaux suivront les climats qu’ils supportent le mieux. Mais étant donné que la croissance de la population humaine augmente, il y aura, malgré cela, toujours plus de cohabitation entre l’homme et la faune sur la plupart des territoires.

Nous avons également pu identifier des régions où la cohabitation entre l’homme et la faune diminuera à mesure que les populations humaines se déplacent, mais ces zones demeurent beaucoup plus rares que les endroits où l’on verra ce phénomène augmenter.

La carte du haut montre les zones où l’on prévoit une augmentation de la cohabitation entre l’homme et la faune d’ici 2070. Dans les zones orange, la densité de la population humaine augmentera, tandis que la richesse spécifique – le nombre d’espèces présentes – diminuera. Dans les zones violettes, la densité de la population humaine comme la richesse spécifiques augmenteront. La carte du bas montre les zones où les interactions diminueront. Dans les zones vertes, la densité de la population humaine comme la richesse spécifique diminueront. Dans les zones roses, la densité de la population humaine diminuera, tandis que la richesse des espèces augmentera. Ma et coll., 2024, CC BY-ND

Nous avons ainsi pu constater que l’Afrique est le continent où les interactions entre homme et animaux sauvages augmenteront le plus (70,6 %), suivie par l’Amérique du Sud (66,5 %). À l’inverse, c’est en Europe que la cohabitation entre hommes et faune sauvage diminuera (21,4 %) le plus fortement.

Pourquoi c’est important

Partout dans le monde, les humains et les animaux sauvages sont de plus en plus en concurrence pour un espace terrestre limité. Cette situation peut générer des conséquences néfastes, telles que l’augmentation des conflits entre l’homme et la faune et la propagation de maladies entre l’humain et l’animal.

Cependant, les interactions avec la faune sauvage peuvent également avoir des avantages. Par exemple, les oiseaux permettent de lutter contre les parasites de certaines cultures. De plus, des études montrent que l’observation des oiseaux et des animaux dans la nature peut améliorer la santé mentale des individus.

Il est donc important de penser ces interactions de façon à minimiser les impacts négatifs et à maximiser les bénéfices. Il s’agit d’ailleurs d’un objectif clé du Cadre mondial pour la biodiversité que 196 pays ont adopté en 2022 comme ligne directrice pour conserver la vie sur Terre et ralentir la perte d’espèces sauvages.

Nos résultats soulignent également qu’une bonne gestion de la coexistence entre l’homme et la faune est nécessaire, tout particulièrement dans les zones identifiées par nos recherches comme celles où les interactions seront les plus fréquentes à l’avenir.

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Comment nous avons travaillé

Nous avons pour cela mis au point un indice spatial pour mesurer le degré futur de cohabitation entre l’homme et la faune sauvage dans le monde entier. Afin d’évaluer ce phénomène région par région, nous avons multiplié la densité de la population humaine par le nombre d’espèces présentes dans une zone donnée. Nous avons pour cela inclus 22 374 espèces terrestres d’amphibiens, d’oiseaux, de mammifères et de reptiles.

En combinant des ensembles de données publiées sur les populations les plus récentes (2015) et les prévisions futures (2070), nous avons pu analyser comment la cohabitation entre l’homme et la faune changera d’ici 2070 et identifier les endroits où le partage d’espace augmentera le plus drastiquement. Nous avons ensuite étudié les changements en termes de richesse spécifique pour chaque type paysage (terres cultivées, prairies, zones urbaines et forêts) en fonction de l’augmentation ou non des interactions entre l’homme et la faune.

Prochaines étapes

Nos travaux montre globalement comment la cohabitation entre l’homme et la faune va changer, mais la recherche va également avoir besoin d’études locales pour mieux en comprendre les conséquences. Les futurs travaux sur les terres partagées par l’humain et la faune sauvages devront donc tâcher d’analyser des facteurs tels que l’abondance, le comportement et l’écologie des espèces, ainsi que les types d’interactions entre l’homme et la faune.

Les décideurs politiques peuvent aussi utiliser les résultats de notre travail pour guider la planification de la conservation dans un avenir où les territoires de certaines espèces seront plus densément peuplés par l’homme. Par exemple, nos projections peuvent aider à identifier les emplacements des corridors d’habitat, ces espaces cruciaux qui permettent aux espèces sauvages de se déplacer entre des zones clefs d’une zone d’habitat fragmentée. Elles pourraient également aider à identifier les zones qui sont relativement protégées des effets du changement climatique au fil du temps et qui pourraient servir de refuge aux espèces menacées.


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Nos recherches peuvent également aider à flécher les futurs investissements en matière de conservation, tels que le réensauvagement des zones où la densité de la population humaine diminue, ou bien la préservation et l’amélioration des habitats de la faune et de la flore dans des endroits de plus en plus urbanisés.

Enfin, notre étude rappelle combien il est important d’impliquer les communautés locales dans la conservation de la faune et de la flore. Nous sommes convaincus que l’utilisation de nombreuses stratégies de conservation et la prise en compte des besoins humains constituent le moyen le plus efficace d’assurer une coexistence durable.

This article was originally published in English

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