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Responsabilité sociétale des entreprises : comment les PME peuvent s’y mettre ?

Dans une PME familiale en région Pays de la Loire. ALAIN JOCARD / AFP

À l’heure où les démarches RSE deviennent de plus en plus incontournables pour les PME, les dirigeants doivent savoir identifier et développer les compétences nécessaires pour définir et mettre en œuvre une telle démarche. Notre étude auprès des dirigeants en Pays de la Loire montre que l’entreprise doit savoir penser sa stratégie RSE, l’organiser et associer l’ensemble de ses parties prenantes.

Comme les acteurs publics et les citoyens, les entreprises ont une responsabilité sociétale qui doit les amener à modifier leurs pratiques, leurs stratégies, voire leurs business models. Elles doivent intégrer de nouvelles attentes de la part des salariés, clients et fournisseurs, mais aussi des banquiers ou assureurs pour améliorer les impacts de leurs activités dans le domaine social, environnemental, économique et territorial dans le cadre d’une gouvernance partagée. Loin de constituer une contrainte, il s’agit d’une opportunité pour renforcer les liens avec les parties prenantes et donc pour renforcer la capacité d’innovation, la compétitivité et la performance économique.

Ces évolutions concernent tous les secteurs économiques et ne se limitent pas aux grandes entreprises. Au contraire, les PME qui constituent l’essentiel de notre tissu économique et qui offrent la majorité des emplois sont de plus en plus interpellées sur leurs démarches de RSE, notamment par leurs donneurs d’ordres privés ou publics. Certaines PME développent d’ailleurs des pratiques innovantes dans ce domaine, souvent pour respecter les convictions de leurs dirigeants. Pour permettre à d’autres PME de s’inspirer de ces démarches, nous nous sommes interrogés sur les compétences nécessaires à la définition et à la mise en œuvre de démarches RSE dans les PME.

Une recherche participative ancrée sur le territoire

Notre recherche a été réalisée avec le soutien de la Région Pays de la Loire. Elle s’est appuyée sur des entretiens approfondis avec vingt dirigeants de PME et TPE ainsi qu’avec dix parties prenantes engagées dans l’accompagnement des démarches RSE dans les PME. Un référentiel de compétences a pu être construit à partir de l’analyse des entretiens. La pertinence de ce référentiel a ensuite été évaluée via un questionnaire en ligne auquel près de 150 dirigeants ou représentants de TPE et de PME du territoire ont répondu.

Trois familles de compétences à développer

La recherche a révélé que trois familles de compétences sont indispensables pour la définition et la mise en œuvre d’une démarche RSE.

Une première famille de compétences que nous appelons « penser la RSE » regroupe celles qui sont nécessaires à la définition de la stratégie RSE de l’entreprise et qui visent donc à analyser ses pratiques et son réseau, dimension indispensable pour 60 % des répondants, à anticiper les évolutions de son environnement (62 %) et, le cas échéant, à remettre en cause les stratégies et pratiques (76 %).

Une deuxième famille de compétences appelée « organiser la RSE » regroupe celles qui permettent de mettre en œuvre la démarche RSE de l’entreprise (64 %) et consistent à fixer des objectifs, à allouer des moyens, à définir et suivre des indicateurs et à valoriser les résultats obtenus (65 %). Dans ce cadre, il paraît indispensable pour 38 % des répondants, et assez utile pour 52 % d’entre eux, de savoir innover tant dans les nouvelles technologies que dans l’organisation du travail.

Enfin, une troisième famille de compétences regroupe celles qui permettent d’associer les différentes parties prenantes internes et externes à la démarche RSE de l’entreprise par la construction d’un dialogue ouvert (70 %) voire de la constitution de véritables associations avec ses parties prenantes (53 %). 77 % des dirigeants déclarent ainsi qu’il est indispensable de savoir donner du sens aux actions et aux finalités de l’entreprise. Nous avons appelé cette dernière famille de compétences, qui stimule les deux autres « agir collectivement pour la RSE ».

Ces trois familles sont complétées par une compétence transversale qui permet à l’entreprise de « développer ses compétences pour la RSE », autrement dit à s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue. La plupart des répondants au questionnaire ont ainsi jugé la maîtrise de ces compétences indispensables au développement d’une démarche RSE. Ces différentes compétences ne sont pas spécifiques à la démarche RSE, mais peuvent être mobilisées sur d’autres objectifs de l’entreprise.

Autrement dit, en investissant dans le développement des compétences pour la RSE, la PME fait fructifier son capital immatériel, renforce son avantage concurrentiel et contribue donc à renforcer, au moins à moyen terme, sa performance. Les résultats de cette recherche tendent ainsi à prouver que le développement d’une démarche RSE passe par la maîtrise de compétences clés qui profitent à la performance globale de l’entreprise.

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