À l’automne 2016, un an après l’ouverture de The Conversation France, nous avons mené l’enquête auprès de ses lecteurs. Vous avez été près de 2000 à nous répondre, l’équipe de The Conversation France et moi-même tenions à vous en remercier. Cette « photographie » est aussi utile au pilotage éditorial du média qu’à la recherche universitaire dont il fait l’objet. Cette dernière porte plus particulièrement sur l’appropriation d’un média innovant par le monde universitaire, dans le cadre de ses missions de médiation des connaissances et des savoirs.
Au regard d’entretiens avec des auteurs de la première heure, nous avons déjà eu l’occasion de souligner pourquoi The Conversation répond à bien des attentes des universitaires. L’enquête de lectorat confirme l’intérêt du monde universitaire pour le média. Comme nous le verrons, il apparaît en revanche que les étudiants bénéficient peu de cette dynamique. Les diplômés de l’enseignement supérieur pourraient pourtant constituer un relais dans le monde du travail et la société.
Les abonnés à la lettre électronique ont été nombreux à nous répondre : près de 1 700, soit environ 8 % de la totalité des abonnés à cette date. 98 % des répondants se déclarent satisfaits, voire très satisfaits (51 %) en tant que lecteurs de The Conversation. Le média est jugé très utile par plus de quatre répondants sur cinq vis-à-vis de l’ensemble des sources d’information à leur disposition. Notre analyse porte donc principalement sur ceux qui plébiscitent le média : 94 % ont déclaré avoir déjà évoqué The Conversation de vive voix (66 %) ou en ligne (49 %).
Une population concentrée autour des pôles d’enseignement supérieur
90 % des répondants déclarent résider en France métropolitaine. Les principaux bassins étrangers de lectorat sont situés dans les pays francophones tels que la Belgique, la Suisse ou le Canada.
Parmi les résidents de métropole, 37 % déclarent résider en île-de-France. À l’échelle de la France métropolitaine, la répartition géographique des lecteurs ayant répondu à notre enquête présente une certaine corrélation avec les principaux territoires de l’enseignement supérieur, considérés au travers des effectifs étudiants.
Des lecteurs diplômés… parfois de longue date
Les deux tiers des répondants revendiquent un diplôme de niveau master au moins. The Conversation France a su convaincre un lectorat éduqué, mais dont la majorité (58 %) déclare avoir plus de 50 ans.
Confirmant le rôle du monde universitaire dans l’appropriation du média, 42 % des répondants déclarent être (ou avoir été) affiliés à titre professionnel à un établissement d’enseignement supérieur ou de recherche. Les cadres du public (15 %) comme du privé (16 %) montrent une appétence certaine pour The Conversation France. En revanche, moins de 5 % des répondants se déclarent étudiants. Contribuer à faire connaître The Conversation France des futurs diplômés constituerait pourtant un levier important pour diffuser la culture scientifique et les savoirs au sein du monde du travail et de la société.
Des usages numériques marqués par les écarts de générations
90 % des plus de 35 ans déclarent être abonnés à la newsletter. En dessous de 35 ans en revanche, c’est le cas de moins de trois répondants sur quatre. Le plus souvent, l’abonnement aux réseaux sociaux compense l’absence d’abonnement à la newsletter. La différence entre les deux classes d’âge se traduit également dans la part des usages conjugués des réseaux sociaux et de la newsletter : 27 % des moins de 35 ans qui sont abonnés à la newsletter suivent aussi The Conversation France via au moins un réseau social, contre 15 % au-delà de 35 ans.
L’appel à répondre à l’enquête de lectorat a été diffusé par le biais de la newsletter (environ 20 000 abonnés à la date de l’enquête), des profils Facebook et Twitter de The Conversation France (environ 5 000 abonnés chacun à cette date), ainsi que de son site Internet (environ 100 000 visiteurs mensuels). Nos résultats peuvent être en partie imputés à un meilleur potentiel d’engagement de la newsletter quotidienne, mais aussi à l’investissement plus récent des réseaux sociaux par The Conversation France (dont les profils comptent aujourd’hui deux fois plus d’abonnés).
Cependant, c’est bien le facteur générationnel qui semble primer compte tenu des données sociodémographiques déjà évoquées. The Conversation France tarde à rencontrer directement le public des jeunes adultes et cela se traduit dans les usages déclarés. Si les initiatives éditoriales en préparation promettent de faire la part belle à de nouveaux formats susceptibles d’attirer l’attention de cette population (data visualisations, web radio, podcasts), on peut également souhaiter que le monde universitaire encourage plus ouvertement les étudiants à s’intéresser à « son » média.