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Silhouettes de gens se tenant sur une plage au crépuscule.
Nos traits de personnalité s’expriment dans des proportions variables, et font notre singularité. Mario Purisic/Unsplash

Troubles de la personnalité : apprenez à les reconnaître !

Les troubles de la personnalité touchent entre 10 % et 15 % de la population et sont à l’origine d’une réelle souffrance, de relations difficiles et d’une mauvaise image de soi. On a longtemps pensé que les personnes concernées n’en avaient pas conscience, et que l’on ne pouvait rien faire pour changer. Or, c’est faux. Il est possible de repérer ses principaux traits de personnalité, de mieux en comprendre les causes et de les assouplir pour mieux s’adapter aux stress de l’existence.

En fin d’article, vous trouverez un test en 20 questions afin de déterminer les orientations de votre personnalité. Mais avant, revenons sur ce que sont les troubles de la personnalité.

La personnalité, qu’est-ce que c’est ?

La personnalité est une notion très ancienne, qui trouve notamment son origine dans la théorie des humeurs, chez Hippocrate et des tempéraments décrits par Galien : le sanguin, le bilieux, le lymphatique, l’atrabilaire (humeur sombre qui provient de la bile noire).

Au point de vue psychologique, la personnalité est définie comme une façon de réagir, d’être au monde avec soi-même et les autres. Elle est ce qui rend une personne singulière. Le terme « personnalité » dérive d’ailleurs du mot grec persona, qui désignait le masque utilisé par les acteurs du théâtre antique, utilisé pour montrer aux spectateurs que le personnage réagissait de la même façon durant toute la pièce.


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Identifiable assez tôt, la personnalité permet de s’adapter à l’environnement. Elle est stable dans le temps, mais peut évoluer dans certaines dimensions. On parle de personnalité pathologique ou de trouble de la personnalité lorsque la personnalité conduit à une souffrance pour la personne ou son entourage.

D’une façon générale, un trouble de la personnalité se caractérise par une façon stable et inadaptée de percevoir soi-même et les autres, de se comporter, de réagir sur le plan affectif et émotionnel et d’établir des relations avec autrui.

Le DSM-5, le système de classification de l’Association américaine de psychiatrie, décrit 10 troubles de la personnalité répartis en trois groupes, ou « clusters » A, B, C.

Excentricité et étrangeté

Le cluster A regroupe des sujets aux comportements étranges ou excentriques. Y figurent trois troubles de la personnalité :

  • les personnalités schizotypique : elles sont souvent qualifiées d’« étranges » par leur entourage, en raison de leur façon de s’exprimer, de se comporter, voire de s’habiller. Ces personnes se distinguent de celles atteintes de schizophrénie, car elles ne présentent pas de délire, d’hallucinations ou de désorganisation de la pensée. Marquées du sceau de la bizarrerie, elles sont souvent rejetées dans le milieu scolaire, puis dans le milieu du travail. Leur intelligence est normale, mais leurs sentiments, leurs raisonnements sont atypiques et inadaptés (elles peuvent être convaincues de pouvoir sentir qu’un événement négatif va se produire, de lire à travers les pensées ou de comprendre la signification des choses au-delà de la réalité). Le but est les intégrer à notre société pour qu’elles y trouvent leur place ;

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  • les personnalités schizoïdes : introverties, ces personnes dégagent une « froideur émotionnelle » qui met les autres mal à l’aise. Ce sont des individus solitaires qui fuient le contact, non pas parce qu’ils en ont peur, mais par ce que cela ne les intéresse pas. Détachés du monde et des relations sociales, ils cherchent à vivre à l’écart. Ils ne sollicitent pas d’aide, mais le maintien du lien social peut éviter un isolement et un repli sur soi, s’accompagnant de complications psychiatriques.

  • Les personnalités paranoïaques : ils sont interprétatifs, méfiants, convaincus que les autres veulent leur nuire et qu’ils doivent, en conséquence, être en permanence sur leurs gardes et en mode défensif. Ils souffrent, mais font aussi souffrir leur entourage par leur attitude soupçonneuse. C’est par exemple le cas des jaloux pathologiques. Il est souvent difficile de les aider à changer, mais certains peuvent assouplir leurs croyances que le monde est contre eux et faire plus confiance.

Émotion et drame

Le cluster B du DSM-5 comprend des sujets qui se caractérisent par leur comportement dramatique, émotionnel ou erratique. Il regroupe 4 troubles de la personnalité :

  • les personnalité borderline : elles ne maîtrisent pas leurs émotions et réagissent de façon brutale et impulsive à des frustrations ou parfois à des contrariétés minimes. Cela peut les mettre en danger, car ces personnes ressentent parfois un besoin soudain de se soulager en se faisant du mal (prise d’alcool, scarifications). Elles ne trouvent pas leur équilibre psychique tant elles sont emportées par des hauts et des bas, des moments de vide et de solitude, une mauvaise image d’elles-mêmes et des relations conflictuelles. La psychothérapie peut les aider, en les guidant dans l’apprentissage de la gestion des émotions et de l’impulsivité, ainsi qu’en les incitant à s’engager dans des actions bénéfiques plutôt que destructrices.

  • les personnalités antisociales : ces personnes ne respectent pas les règles de vie en société. Elles cherchent à assouvir leurs besoins sans se soucier de ceux des autres. Souvent impulsives, elles peuvent être enclines à des actes de violence (qu’elles ont parfois elles-mêmes vécus) et peuvent rencontrer des problèmes avec la justice. Elles n’éprouvent pas de culpabilité. Certaines ont des comportements adaptés en société : on parle alors de personnalité psychopathique. Si les antisociaux sont visibles et erratiques, les psychopathes sont organisés, manipulateurs et sournois, jusqu’au jour où l’on découvre ce qu’ils font subir aux autres. Face à de telles personnalités, l’objectif de la psychothérapie est de développer la reconnaissance et l’empathie vis-à-vis de la souffrance des autres.

  • Les personnalités histrioniques : mus par le besoin de se mettre en avant, ces individus prennent beaucoup de place en société. Ils sont en quête permanente d’attention et cherchent à séduire. Au-delà des apparences, la souffrance est bien réelle et cette attitude masque une hypersensibilité et des failles dans les liens d’attachement. La psychothérapie aide à la gestion des émotions face aux frustrations, à l’autonomie affective et au détachement du regard des autres.

  • Les personnalités narcissiques : les personnes atteintes par ce trouble de la personnalité ressentent un sentiment de supériorité par rapport aux autres, accompagné d’un besoin d’être admiré et d’un manque d’empathie. Elles ont tendance à surévaluer leurs qualités et leur valeur et à minimiser celles des autres. Pour certaines d’entre elles, cette arrogance peut dissimuler un manque affectif dans l’enfance et une quête permanente d’approbation. La psychothérapie met en avant le manque d’estime de soi et cherche à la restaurer pour stimuler ensuite l’intérêt pour les autres.

Anxiété et crainte

Le cluster C concerne quant à lui les sujets anxieux ou craintifs. Il regroupe trois troubles de la personnalité :

  • Les personnalités dépendantes : ces personnes doutent beaucoup d’eux-mêmes. Craignant d’être abandonnées, elles sont en quête permanente de réassurance. Elles ne sont pas autonomes, et peuvent être « collantes ». Confrontées à des situations difficiles, telles que des changements importants ou des séparations, elles ressentent une grande souffrance. La psychothérapie doit leur apprendre à mieux supporter l’anxiété et les rendre plus autonomes, afin qu’elles cessent de chercher quelqu’un qui les rassure en permanence.

  • Les personnalités évitantes : elles évitent les situations sociales, car elles en ont peur, alors même qu’elles aimeraient être moins timides, moins inhibées. Elles manquent de confiance en elles et sont sensibles au jugement des autres. La psychothérapie doit les aider à avoir une meilleure estime d’elles-mêmes, à maîtriser leur anxiété de performance, à s’affirmer et à oser prendre leur place en se préoccupant moins du regard des autres.

  • Les personnalités obsessionnelles-compulsives : on qualifie ces personnes de « maniaques », car leurs exigences d’ordre et d’organisation les conduisent à dépenser beaucoup de temps et d’énergie pour réaliser les tâches du quotidien. Cela peut les amener à se perdre dans les détails, à être lents et souvent en retard. Elles sont perfectionnistes et ont des exigences et des standards très élevés. La thérapie leur apprend à accepter l’imperfection, lâcher prise et moins être dans le contrôle.

Il faut souligner que souvent, les personnes ne présentent pas toutes les caractéristiques d’un trouble de la personnalité, mais possèdent des traits appartenant à un ou plusieurs troubles. Par exemple, le perfectionniste qui est un trait de la personnalité obsessionnelle compulsive peut être associé à un manque de confiance en soi, la timidité à une recherche de réassurance de la personnalité dépendante, l’impulsivité fréquente chez les personnalités antisociale ou psychopathique à des traits histrionique ou narcissique.

Quels sont les causes et les remèdes ?

Les troubles de la personnalité trouvent leur origine dans la combinaison de 3 facteurs : les tempéraments innés qui peuvent être génétiquement (déterminés comme l’impulsivité, l’introversion, l’anxiété…), l’histoire de vie (marquée par les stress ou les traumatismes) et l’éducation que l’on a reçue.

Un troisième facteur, probablement le plus important, est notre capacité psychologique à nous adapter. Il est possible d’influer sur ce paramètre : c’est le but des thérapies comportementales cognitives et émotionnelles (TCCE). Celles-ci reposent sur plusieurs points :

  1. identifier correctement les troubles et les traits de personnalité dont on souffre ;
  2. modifier les croyances erronées sur soi-même et sur les autres. Il s’agit davantage de moduler et assouplir les schémas cognitifs plutôt qu’à en changer radicalement le contenu ;
  3. identifier les stratégies d’adaptation qui sont utilisées automatiquement pour lutter contre l’angoisse, et les aménager selon le contexte ;
  4. mettre en lumière les blessures émotionnelles anciennes puis, sans les effacer, les reprogrammer pour qu’elles ne se répètent pas indéfiniment ;
  5. interagir différemment, en prenant si nécessaire de la distance avec des relations familiales et affectives qui se rejouent et font souffrir ;
  6. établir une relation de confiance avec son psychothérapeute, avec des objectifs définis, dans l’alliance et le respect mutuel.

Testez-vous !

Répondez à ces 20 questions portant sur des traits normaux de notre personnalité, mais qui, parfois, peuvent s’avérer intenses et persistants et peuvent mener à réagir automatiquement. Il ne s’agit pas d’un test diagnostique, mais d’un test d’orientation, destiné à identifier plus précisément les traits de personnalité qui vous font souffrir, dans le but de les rendre moins rigides et plus flexibles.

Si vous cochez plusieurs cases, pas d’inquiétude : il est fréquent d’avoir un mélange de traits divers, qui s’activent de façon variable, selon les circonstances et le vécu. Les proportions dans lesquelles ils s’expriment constituent notre personnalité. C’est ce qui nous rend, chacun, singulier.


Pour en savoir plus :

- Servant D. (2024) « Les troubles de la personnalité. Évaluation et prise en charge par les TCCE », Elsevier-Masson

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