tag:theconversation.com,2011:/uk/topics/associations-38336/articlesassociations – The Conversation2023-12-06T17:40:01Ztag:theconversation.com,2011:article/2173402023-12-06T17:40:01Z2023-12-06T17:40:01ZInterdiction des distributions alimentaires, quels moyens d’action pour les associations ?<p>Le 10 octobre dernier, journée internationale de lutte contre le sans-abrisme, a été cyniquement l’occasion pour la Préfecture de Police de Paris de prendre un <a href="https://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr/sites/default/files/Documents/Arr%C3%AAt%C3%A9%20n%C2%B02023-01196.pdf">arrêté</a> qui a interdit les distributions alimentaires pour une période d’un mois dans certaines zones des X<sup>e</sup> et XIX<sup>e</sup> arrondissements, connues pour abriter – à défaut d’accueillir – des lieux de vie informels d’exilés et demandeurs d’asile.</p>
<p>Cette pratique, récente et localisée, n’a été constatée qu’à Paris et Calais. Il n’est pas étonnant que la pratique ait commencé à Calais, <a href="https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=16846">« ville-laboratoire »</a> en ce qui concerne la « chasse » aux étrangers.</p>
<p>Le risque qu’elle se répande reste important malgré des <a href="https://www.gisti.org/IMG/pdf/jur_ta-lille_2017-03-22_1702397.pdf">annulations prononcées par le juge</a>, surtout que les arrêtés n’ont pas toujours été annulés immédiatement, ce qui donne un signal positif aux autorités qui pourraient reprendre des moyens qui ont pu être, à un moment, acceptés par le juge.</p>
<h2>Les premiers arrêtés calaisiens</h2>
<p>L’historique des interdictions de distribution alimentaire commence à Calais. En réponse aux associations de défense des exilés qui réclamaient l’ouverture d’un lieu pour pouvoir distribuer des repas, la maire – <a href="https://www.europe1.fr/societe/la-maire-de-calais-veut-empecher-la-distribution-de-repas-aux-migrants-2992127">ouvertement hostile aux exilés</a> – a pris <a href="https://www.gisti.org/IMG/pdf/arrete_2017-03-02_calais-maire.pdf">deux arrêtés</a> les <a href="https://gisti.org/IMG/pdf/arrete_2007-03-06_calais-maire.pdf">2 et 6 mars</a> 2017. Ils visent les distributions alimentaires en interdisant les « occupations abusives, prolongées et répétées », notamment dans la zone industrielle des Dunes, où, justement, les distributions conduisent quotidiennement à des rassemblements.</p>
<p>Les associations saisissent le 13 mars 2017 le tribunal administratif de Lille afin que l’arrêté soit annulé et que la commune de Calais leur fournisse « les moyens matériels au fonctionnement d’un service de distribution de repas ».</p>
<p>Pour les associations, les décisions attaquées sont en effet en contradiction avec les droits fondamentaux, notamment « à la liberté de réunion, à la liberté de manifester et à la liberté d’aller et venir ; elles violent le principe de dignité humaine posé par la <a href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/le-bloc-de-constitutionnalite/preambule-de-la-constitution-du-27-octobre-1946">Constitution de 1946</a> et consacré par le Conseil constitutionnel dans <a href="https://www.conseil-constitutionnel.fr/la-constitution/la-dignite-de-la-personne-humaine">sa décision Bioéthique du 27 juillet 1994</a> et le principe de prohibition des traitements inhumains et dégradants posé par l’article 3 de la convention européenne des droits de l’homme ».</p>
<p>C’est d’ailleurs, pour elles, « d’autant plus grave que l’autorité municipale en est l’auteure ». En effet, en vertu de ses pouvoirs de police, la <a href="https://www.dalloz.fr/documentation/Document?id=RFDA/CHRON/2021/0152">maire est chargée d’assurer l’ordre public</a>, au rang duquel figure la préservation de la dignité de la personne humaine, alors qu’elle fait primer ici, pour des raisons politiques, des <a href="https://shs.hal.science/halshs-03276760">motifs sécuritaires</a>, en empêchant des personnes en situation de dénuement total de satisfaire leurs besoins élémentaires. Pour la municipalité, les distributions entraînent des débordements, rixes, et atteintes à l’hygiène à cause des déchets (à noter que cette même municipalité refuse de mettre à disposition des bennes à ordures).</p>
<p>Néanmoins, le juge annule <a href="https://www.gisti.org/IMG/pdf/jur_ta-lille_2017-03-22_1702397.pdf">l’arrêté le 22 mars 2017</a> car la commune ne fait état d’aucun trouble lié aux distributions et que « la maire a porté une atteinte grave et manifestement illégale » aux libertés et droits fondamentaux des associations et exilés.</p>
<h2>Le renouveau à la faveur de la crise sanitaire</h2>
<p>C’est à la faveur de la crise sanitaire que l’interdiction renaîtra par un <a href="https://www.pas-de-calais.gouv.fr/contenu/telechargement/49220/294676/file/RAA%20-%20recueil%20sp%C3%A9cial%20n%C2%B058%20du%2010%20septembre%202020.pdf">arrêté préfectoral du 10 septembre 2020</a> justifié, entre autres par le non-respect des mesures sanitaires au cours des distributions. L’interdiction est accompagnée de sanctions (essentiellement des amendes, d’un montant de 135€).</p>
<p>Cette fois-ci, le juge sera moins protecteur des droits fondamentaux des exilés. En effet, par une <a href="http://lille.tribunal-administratif.fr/Actualites/Communiques/Arrete-interdisant-la-distribution-gratuite-de-denrees-et-boissons-dans-le-centre-ville-de-Calais">ordonnance du 22 septembre 2020</a>, il rejette la demande des associations d’annuler l’arrêté, solution qui sera confirmée par le <a href="https://www.conseil-etat.fr/actualites/le-juge-des-referes-refuse-de-suspendre-en-urgence-l-interdiction-de-la-distribution-de-repas-aux-migrants-dans-le-centre-ville-de-calais">Conseil d’État</a>, et ce, malgré le soutien <a href="https://juridique.defenseurdesdroits.fr/index.php?lvl=notice_display&id=33970">du Défenseur des droits</a> contre l’arrêté.</p>
<p>Le Conseil d’État n’y voit aucune atteinte disproportionnée aux droits fondamentaux et considère que l’urgence n’est pas caractérisée : une association mandatée par l’État fait déjà des distributions – bien que manifestement <a href="https://juridique.defenseurdesdroits.fr/doc_num.php?explnum_id=20107">insuffisantes</a> selon les requérants – et considère que les exilés peuvent toujours accéder aux distributions, même si « elles sont, il est vrai, distantes de plus de 3 kilomètres » du centre-ville où ils sont installés. Solution qui peut laisser perplexe et qui conduira au renouvellement quasi systématique des interdictions entre septembre 2020 et le 19 septembre 2022.</p>
<p>Elles n’ont, à ce jour, plus repris suite à une <a href="http://lille.tribunal-administratif.fr/Actualites/Communiques/Arrete-interdisant-la-distribution-gratuite-de-denrees-et-boissons-dans-le-centre-ville-de-Calais">décision</a> longtemps attendue du tribunal administratif de Lille du 22 octobre 2022 et qui conduit à l’annulation des arrêtés.</p>
<p>Écartant le motif tiré de la crise sanitaire, le juge considère les arrêtés comme disproportionnés, puisque les « troubles établis à l’ordre public sont épars, ponctuels, sans caractère de gravité et non liés à la distribution » et que par ailleurs, de nombreux exilés « dépendent directement des associations humanitaires requérantes pour leur approvisionnement en nourriture et en eau », les distributions assurées par l’État étant insuffisantes. Ainsi, pour le rapporteur public, les arrêtés ont seulement « pour effet de compliquer l’accès pour ces populations précaires à des biens de première nécessité ».</p>
<h2>La récidive parisienne</h2>
<p>Le 10 octobre dernier, la Préfecture de Police de Paris va suivre les (faux) pas de son homologue du Nord, en interdisant aux associations de distribuer des denrées aux exilés puisqu’elles contribueraient à « stimuler la formation de campements dans le secteur du boulevard de la Villette, où se retrouvent des migrants, des personnes droguées et des sans domicile fixe » selon la Préfecture. Cette dernière met aussi en avant l’aspect sécuritaire pour défendre son arrêté parlant d’« attroupements », de « débordements sur la voirie », de la présence de « toxicomanes » et de « troubles à l’ordre public ».</p>
<p><a href="https://www.ldh-france.org/17-octobre-2023-tribune-collective-interdiction-des-distributions-alimentaires-a-paris-nourrir-lerrance-et-lisolement-publiee-dans-mediapart/">La réaction des associations est immédiate</a>, et le tribunal administratif de Paris rend une <a href="http://paris.tribunal-administratif.fr/Actualites-du-Tribunal/Espace-presse/Distribution-de-repas-dans-un-secteur-delimite-des-dixieme-et-dix-neuvieme-arrondissements-de-Paris-l-arrete-du-prefet-de-police-du-9-octobre-2023-l-interdisant-du-10-octobre-au-10-novembre-2023-est-suspendu">ordonnance</a> le 17 octobre qui suspend provisoirement l’arrêté. En effet, il n’apparaît pas que la mesure soit nécessaire car la Préfecture ne prouve la réalité d’aucun trouble à l’ordre public.</p>
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<p>Par ailleurs, « compte tenu de la taille du périmètre d’interdiction et de la saturation des autres dispositifs d’aide alimentaire, cette mesure a pour effet de compliquer pour des centaines de personnes en situation de grande précarité l’accès à une offre alimentaire de première nécessité ».</p>
<p>Cette solution retenue en référé était prévisible (et souhaitable) vu l’arrêt rendu en 2022 par le tribunal de Lille.</p>
<p>Néanmoins, il est probable que des arrêtés similaires soient édictés, à Paris, Calais ou ailleurs. Dans ce cas, les associations et exilés concernés pourraient se tourner vers la Cour européenne des droits de l’homme en se fondant notamment sur les articles 3 (interdiction des traitements inhumains et dégradants) et 11 (qui protège la liberté d’association et de réunion) de la <a href="https://www.echr.coe.int/documents/d/echr/Convention_FRA">Convention</a>.</p>
<p>Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il y a de nombreux demandeurs d’asile parmi les exilés présents dans les zones visées par les interdictions. Or, en vertu de la <a href="https://euaa.europa.eu/sites/default/files/public/reception-FR.pdf">directive européenne dite « Accueil »</a> de 2013, l’État est tenu de leur fournir – outre un hébergement et une allocation – de la nourriture. Il est donc assez ironique qu’il empêche des associations – dont beaucoup ne sont pas subventionnées – de pallier la carence de l’État.</p>
<h2>L’inscription de ces pratiques dans une politique migratoire répressive</h2>
<p>Cette nouvelle pratique s’inscrit dans une politique de criminalisation de la solidarité, comme l’illustre notamment l’amende de 135€ prévue pour les personnes solidaires des exilés qui auraient bravé l’interdiction. Aussi, si les interdictions portent en premier lieu atteinte aux droits fondamentaux des exilés, ils attaquent également le droit des associations de les aider. Or, en vertu <a href="https://blogdroitadministratif.net/2018/08/28/la-liberte-daider-autrui-dans-un-but-humanitaire/">d’une jurisprudence récente du Conseil constitutionnel</a>, découle du principe de fraternité la liberté d’aider autrui dans un but humanitaire.</p>
<p>D’ailleurs, des députés ont déposé en 2022 une <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/textes/l15b5195_proposition-loi#D_Article_1er">proposition de loi</a> visant clairement à interdire les distributions alimentaires aux exilés.</p>
<p>Reste que les pouvoirs publics parviennent quotidiennement à entraver la solidarité, en dehors de textes juridiques. Ils ne manquent pas de créativité pour <a href="https://twitter.com/CalaisFoodCol/status/1570803256506613762/photo/1">gêner les associations</a> : <a href="https://utopia56.org/face-aux-entraves-a-la-solidarite-sur-les-campements-de-loon-plage-mobilisons-nous/">béton</a>, grillages, contrôles des bénévoles, privation des conteneurs d’eau…</p>
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<p>Cette démarche d’entrave à l’aide humanitaire s’inscrit dans le cadre de la « théorie » de l’appel d’air, <a href="https://crde-bearn.fr/appel-dair-un-mythe-venu-de-lextreme-droite/">largement démentie</a> : pour les autorités publiques, offrir des conditions de vie dignes aux exilés risque de les attirer.</p>
<p>Néanmoins ces arrêtés ne parviendront pas à stopper tout aide humanitaire : de façon assez pragmatique, il suffit aux associations de se déplacer de quelques mètres pour sortir de la zone prévue. Si cela complique leur action, ça ne suffira pas à les empêcher. D’ailleurs, à Paris, malgré l’interdiction et la menace de l’amende, les distributions ont repris dès le lendemain.</p>
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<p>Finalement, ce n’est qu’une illustration de plus du jeu de chat et de la souris que mènent les pouvoirs publics aux associations et exilés.</p>
<p>À Calais, c’est désormais <a href="https://reporterre.net/A-Calais-la-mairie-empeche-les-refugies-de-boire">« une guerre de l’eau »</a> qui est menée, par le retrait régulier des sources en eau et conteneurs. Tandis qu’à Paris, le « nettoyage social » et l’entrave des associations risque de se poursuivre <a href="https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/les-francais/plus-de-60-associations-alertent-sur-le-risque-de-nettoyage-social-des-rues-de-paris-pour-les-jo-de-2024_6152391.html">au moins jusqu’à la tenue des Jeux olympiques</a>. Reste à savoir qui le prochain tentera d’interdire les distributions alimentaires ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217340/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lilou Abou Mehaya ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les arrêtés pris pour freiner les distributions alimentaires n’ont pas pour le moment porté leurs fruits mais cela envoie un signal fort aux populations visées.Lilou Abou Mehaya, Doctorante en Droit Public - Droit d'asile, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2156082023-10-30T19:07:27Z2023-10-30T19:07:27ZLe don aux associations, une incitation efficace pour changer les comportements<p>Imaginez qu’à chaque fois que vous choisissez le vélo plutôt que la voiture pour aller au travail, que vous diminuez la consommation électrique de votre domicile ou que vous renoncez à la cigarette, une somme soit versée à une cause qui vous est chère. Surprenant ? C’est en tout cas ce que proposent de récentes études, selon lesquelles l’incitation à soutenir une <a href="https://theconversation.com/fr/topics/associations-38336">association</a> pourrait être un puissant levier pour vous encourager à adopter des comportements plus responsables.</p>
<p>Depuis quelques années, les <a href="https://theconversation.com/topics/sciences-comportementales-84125">sciences comportementales</a> ont acquis une reconnaissance croissante au sein des services de conception de politiques publiques. Elles permettent d’en améliorer l’efficacité en s’appuyant sur une connaissance scientifique du comportement humain et de sa cognition. Cette reconnaissance se manifeste notamment par la création de groupes de travail dédiés à l’application des sciences comportementales au service des politiques dans plusieurs pays, tels que la <a href="https://www.bi.team/">Behavioral Insight Team</a> au Royaume-Uni ou l’équipe <a href="https://www.modernisation.gouv.fr/loffre-daccompagnement-de-la-ditp/sciences-comportementales">Sciences comportementales</a> au sein de la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP) en France.</p>
<p>L’un des défis majeurs pour les politiques publiques est aujourd’hui de trouver des moyens d’encourager les citoyens à adopter des comportements jugés plus bénéfiques (car plus écologiques pour l’environnement ou plus sains pour les citoyens par exemple). Dans ce contexte, une pratique issue de l’économie comportementale est régulièrement utilisée : celle de l’incitation financière. Le principe est de conditionner la délivrance d’une récompense monétaire à la réalisation d’un comportement souhaité, afin de motiver les individus à réaliser ce comportement.</p>
<p>Par exemple, c’est le cas en France lorsque vous bénéficiez du <a href="https://www.economie.gouv.fr/cedef/bonus-ecologique-velo-electrique">bonus écologique</a> lors de l’achat d’un vélo électrique, d’une <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A16213">prime de 100 euros</a> pour proposer en covoiturage votre trajet quotidien pour vous rendre au travail, ou que votre facture de gestion des déchets ménagers est allégée à <a href="https://www.linfodurable.fr/conso/besancon-la-redevance-incitative-pour-reduire-les-dechets-la-source-1239">Besançon</a> (Doubs) si vous réduisez la quantité que vous produisez.</p>
<h2>Une efficacité qui reste débattue</h2>
<p>Bien que ces pratiques soient largement répandues, leur efficacité reste débattue dans la littérature scientifique, notamment dans le cadre de ces comportements visés par les politiques publiques. Plusieurs méta-analyses (agrégations statistiques de nombreux articles scientifiques portant sur un domaine) révèlent une efficacité parfois limitée. Soit parce que le changement comportemental observé est de faible ampleur (voir par exemple <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0272494416300676">ici</a> pour des comportements écologiques), soit parce qu’il tend à revenir rapidement à la normale lorsque l’on arrête l’incitation (voir <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25843244/">ici</a> pour des comportements sains). Le changement de comportement via cette stratégie ne semble donc pas toujours si efficace.</p>
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<p>Dans ce contexte, une alternative prometteuse existe qui, en plus, permet de conserver une pratique similaire : l’incitation financière à base de don associatif. Son principe est simple, il consiste à conditionner le versement d’un <a href="https://theconversation.com/fr/topics/don-105808">don</a> vers une association caritative à la réalisation du comportement visé. Mais comment ce changement de paradigme, passant d’une rémunération directe à un don associatif, peut-il affecter l’efficacité de cette pratique pour changer les comportements ? Pour convaincre les responsables de politiques publiques d’explorer cette possibilité et d’en faire bénéficier la société (et les associations !), examinons comment une théorie majeure de la motivation en psychologie, la théorie de l’autodétermination, offre des éclairages sur cette question.</p>
<h2>« Crowding-out effect »</h2>
<p>Selon la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1207/s15327965pli1104_01">théorie de l’autodétermination</a>, développée par les psychologues et professeurs de psychologie américains Edward Deci et Richard Ryan dans les années 1970, pour qu’un comportement soit adopté par les individus, il est essentiel que la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/motivation-60842">motivation</a> à réaliser ce comportement soit la plus autonome possible (c.-à-d., issue de sa propre initiative, par conviction ou par plaisir).</p>
<p>La théorie de l’autodétermination distingue ainsi plusieurs formes de motivation, toutes regroupées au sein d’un continuum de la motivation. Ce continuum représente le degré auquel ces différentes formes de motivation sont intégrées à la volonté propre de l’individu, en allant de l’amotivation, qui est un état d’absence totale de motivation à s’engager dans une activité, à la motivation intrinsèque, où l’activité est réalisée pour le simple plaisir et la satisfaction qu’elle procure.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/553648/original/file-20231013-22-95uaun.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/553648/original/file-20231013-22-95uaun.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/553648/original/file-20231013-22-95uaun.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=136&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/553648/original/file-20231013-22-95uaun.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=136&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/553648/original/file-20231013-22-95uaun.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=136&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/553648/original/file-20231013-22-95uaun.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=170&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/553648/original/file-20231013-22-95uaun.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=170&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/553648/original/file-20231013-22-95uaun.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=170&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Continuum de la motivation.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Entre ces deux extrêmes, 4 autres formes de motivations (dites extrinsèque) sont décrites, qui prennent en compte 4 sources de motivation de plus en plus internes à l’individu :</p>
<p>la régulation externe : comportement perçu comme contrôlé par les autres, souvent par le biais de récompenses et/ou de menaces (lorsque vous évitez de vous garer sur un passage piéton par peur d’une amende).</p>
<p>la régulation introjectée : comportement motivé par la recherche d’approbation, de statut ou de reconnaissance (lorsqu’un enfant finit son assiette pour faire plaisir à ses parents).</p>
<p>la régulation identifiée : comportement motivé par l’importance de sa réalisation, elle-même intégrée à la volonté propre de l’individu (lorsqu’un étudiant révise ses examens car c’est important pour son avenir).</p>
<p>la régulation intégrée : comportement motivé par certaines valeurs et pour lesquelles on se sent personnellement concerné (lorsqu’une personne est bénévole aux restos du cœur car c’est important pour elle d’aider son prochain).</p>
<p>L’intérêt de cette théorie est ainsi de pouvoir proposer une explication sur l’efficacité limitée que peuvent parfois avoir les incitations financières classiques pour changer les comportements. En mettant en place des récompenses monétaires (par le biais de remboursements par exemple), la régulation « externe » du comportement est favorisée.</p>
<p>Autrement dit, on favorise ici l’une des formes de motivation les moins autonomes, limitant ainsi l’adoption du comportement visé. D’ailleurs, en économie, cette baisse de la motivation à réaliser un comportement après incitation porte également un nom : « le crowding-out effect » (effet initialement étudié par le chercheur britannique Richard Titmuss pour comprendre pourquoi récompenser financièrement des <a href="https://thenewpress.com/books/gift-relationship">donneurs de sang</a> pouvait parfois réduire leur motivation à réaliser ces dons).</p>
<h2>Une incitation moins coûteuse</h2>
<p>En parallèle, la théorie de l’autodétermination permet également d’expliquer en quoi une incitation à base de don associatif permettrait d’être théoriquement plus efficace. En effet, le don associatif peut permettre à la fois de se sentir « bien vu » par la société (c’est-à-dire une régulation introjectée) et de rester en accord avec des considérations et des valeurs importantes pour les individus à titre personnel (autrement dit, une régulation identifiée et intégrée). Utiliser ce type d’incitation permet ainsi de renforcer plus facilement des formes de motivation plus autonomes, qui favorisent l’adoption du comportement visé.</p>
<p>Une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10865-021-00218-w">étude récente</a> menée aux États-Unis soutient cette idée. L’étude visait à utiliser des incitations à base de dons associatifs pour encourager les survivants d’un cancer à faire de l’exercice physique plus régulièrement. En plus d’un effet significatif et positif du don associatif sur l’augmentation de l’activité sportive des participants, les chercheurs ont également observé des différences sur les formes de motivation impliquées dans la réalisation du comportement.</p>
<p>Comparativement à une condition de contrôle (c’est-à-dire sans don associatif conditionné à la réalisation du comportement), les participants de la condition « don associatif » déclaraient en effet des formes de régulation intrinsèque et intégrée significativement plus élevées, et une régulation externe plus faible. Autrement dit, conditionner l’activité sportive des participants à la réalisation d’un don associatif permettait bien d’augmenter la motivation autonome des individus à réaliser cette activité sportive. Une piste donc très prometteuse pour changer les comportements.</p>
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<p>Sans compter que l’incitation à base de don associatif coûte moins cher ! C’est en tout cas l’une des conclusions qui peut être tirées de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0047272713002168">l’étude</a> du chercheur en économie comportementale Alex Imas de 2014. En s’intéressant à l’effet des incitations à base de <em>don associatif</em> vs de <em>récompense monétaire</em> sur une tâche d’effort (serrer plus ou moins fort un objet), ce chercheur a montré que, lorsque le montant est faible, l’incitation à base de <em>don associatif</em> est significativement plus efficace que celle à base de <em>récompense monétaire</em> (autrement dit, davantage d’effort réalisé par les participants dans la condition <em>don associatif</em> que dans la condition <em>récompense monétaire</em>).</p>
<p>De plus, augmenter le montant de l’incitation avait pour seul effet de rendre l’incitation à base de <em>récompense monétaire</em> aussi efficace que celle à base de <em>don associatif</em>. Pour un même effet, une incitation à base de don associatif coûterait donc moins cher qu’une incitation financière plus classique.</p>
<p>En conclusion, les incitations financières basées sur des dons associatifs représentent une approche prometteuse pour accompagner le changement comportemental. En renforçant la motivation autonome des individus, et en étant moins coûteuses, elles méritent l’attention des politiques publiques cherchant à promouvoir des changements de comportement plus durables.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215608/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Quentin Victeur a reçu un financement de la Fondation MAIF pour la recherche ainsi qu’un financement de la région Hauts-de-France. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Antoine Deplancke a reçu un financement de la Fondation MAIF pour la recherche ainsi qu’un financement de la région Hauts-de-France.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Florent Varet a reçu des financements de la Fondation MAIF pour la recherche, de la Région Hauts-de-France ainsi que de la Délégation à la sécurité routière.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Vincent Lenglin a reçu un financement de la Fondation MAIF pour la recherche ainsi qu’un financement de la région Hauts-de-France.</span></em></p>Les individus se montrent davantage motivés à réaliser une action si une somme est versée à une association plutôt qu’à eux-mêmes, montrent plusieurs études.Quentin Victeur, Ingénieur de recherche en psychologie, consultant scientifique, Institut catholique de Lille (ICL)Antoine Deplancke, Lab Manager - Anthopo-Lab (laboratoire ETHICS), Institut catholique de Lille (ICL)Florent Varet, Chargé de recherche en psychologie sociale, Institut catholique de Lille (ICL)Vincent Lenglin, Chargé de recherche en économie experimentale, Institut catholique de Lille (ICL)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2094462023-08-10T21:17:04Z2023-08-10T21:17:04ZFestivals, associations, services publics : les bénévoles font-ils tourner la France ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/540189/original/file-20230731-238580-yodjzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=337%2C249%2C4076%2C2874&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’État utilise les bénévoles pour mettre en œuvre ses politiques climatiques, antiterroristes ou démographiques, en délèguant des missions d’intérêt général aux associations. Ici des bénévoles gèrent une banque alimentaire pendant le confinement, 2020.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/Cns0h4ypRyA">Ismael Paramo / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Ce sont près de 21 millions « participations bénévoles » – un même bénévole pouvant avoir plusieurs participations – qui irriguent le monde du bénévolat <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/5365639">selon l’Insee</a>. Ces « participations » représentant 580 000 emplois en équivalent temps plein dans <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/5365639">1,25 million d’associations</a> (là où a traditionnellement lieu <a href="https://www.cairn.info/revue-recma-2019-4-page-135.htm">l’activité bénévole</a>).</p>
<p>Plus récemment, on observe une montée de groupes informels : <a href="https://theconversation.com/les-mobilisations-contemporaines-contre-les-injustices-rehabilitent-la-radicalite-politique-168414">collectifs radicaux</a>, <a href="https://theconversation.com/les-zad-et-leurs-mondes-89992">ZAD</a>, <a href="https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2017-2-page-66.htm">réseaux sociaux</a>, <a href="https://theconversation.com/le-rond-point-fabrique-quotidienne-de-solidarites-122808">gilets jaunes</a>, <a href="https://www.carenews.com/carenews-info/news/le-benevolat-ponctuel-est-il-l-avenir-de-l-engagement">engagements à la carte</a>. Les bénévoles s’y engagent sans contrepartie financière, librement et pour aider d’autres personnes, y compris pour la <a href="https://www.cairn.info/revue-gestion-et-management-public-2014-1-page-5.htm">gestion administrative</a> de ces structures et souvent pour défendre une cause. Ce phénomène a pris beaucoup d’ampleur depuis plusieurs décennies. Les motifs ? Un désir d’aider les autres (<a href="https://journals.openedition.org/socio-anthropologie/5248?lang=en">matériellement</a> ou <a href="https://www.cairn.info/revue-jusqu-a-la-mort-accompagner-la-vie-2021-3-page-133.htm">psychologiquement</a>), une envie de lien social, d’être un citoyen actif ou de militer, parfois parce qu’on est concerné (<a href="https://www.cairn.info/revue-projet-2012-2-page-98.htm">associations de malades</a>). Beaucoup de secteurs attirent les bénévoles : droits humains, écologie, culture, patrimoine, sécurité, etc.</p>
<h2>Multiplication des dispositifs de travail bénévole</h2>
<p>Cette attraction pour le bénévolat est encouragée par l’État. Au-delà des <a href="https://www.cairn.info/les-associations--9782130558057-page-89.htm">atouts fiscaux traditionnels</a> dont les associations bénéficient sur les dons (66 % de réduction) et sur leur imposition, l’État utilise les bénévoles pour mettre en œuvre ses politiques climatiques, antiterroristes ou démographiques, etc. Pour cela, il <a href="https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2019-1-page-88.htm">« désétatise »</a> et délègue des missions d’intérêt général aux associations, et même à des structures lucratives.</p>
<p>Créées par une loi de 2001, les <a href="https://www.cairn.info/revue-recma-2016-2-page-23.htm">Sociétés coopératives d’intérêt collectif</a> (SCIC) où collaborent des associations, des collectivités territoriales et des entreprises sont de <a href="https://www.lagazettedescommunes.com/766920/ess-une-nouvelle-loi-pour-les-societes-cooperatives-dinteret-collectif/">plus en plus plébiscitées</a>. <a href="https://www.vie-publique.fr/loi/20691-economie-sociale-et-solidaire-ess-scop">La loi Économie sociale et solidaire de 2014</a> a créé l’agrément « Entreprise solidaire d’utilité sociale ». <a href="https://www.cairn.info/revue-recma-2019-3-page-124.htm">La loi dite Pacte de 2019</a> a imposé de prendre en considération les impacts sociaux et environnementaux, et encourage les sociétés à but lucratif à « redéfinir leur raison d’être ».</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="La page d’accueil du site jeveuxaider.gouv.fr" src="https://images.theconversation.com/files/539302/original/file-20230725-29-eiiyij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/539302/original/file-20230725-29-eiiyij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=546&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/539302/original/file-20230725-29-eiiyij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=546&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/539302/original/file-20230725-29-eiiyij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=546&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/539302/original/file-20230725-29-eiiyij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=687&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/539302/original/file-20230725-29-eiiyij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=687&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/539302/original/file-20230725-29-eiiyij.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=687&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La page d’accueil du site jeveuxaider.gouv.fr.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.jeveuxaider.gouv.fr/?utm_source&utm_medium&utm_campaign">Droits réservés</a></span>
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<p><a href="https://hal.science/hal-03561315/document">La loi « Égalité Citoyenneté » de 2017</a> augmente les « réserves » de la Police nationale qui sont constituées de bénévoles directement mobilisables par l’État. Elle crée aussi les <a href="https://www.vie-publique.fr/eclairage/19444-egalite-et-citoyennete-qua-change-la-loi-du-27-janvier-2017">« congés d’engagement »</a> ouverts aux salariés et aux agents publics 6 jours/an. En parallèle, les <a href="https://www.dicopart.fr/dispositifs-participatifs-2022">dispositifs de démocratie participative se développent</a> : conseils citoyens (créés en 2014, renforcés en 2017), conventions citoyennes, grands débats, budgets participatifs, conseils (de quartier, des enfants, des sages, de développement), projets de référendums (RIP, RIC).</p>
<h2>Les jeunes particulièrement ciblés</h2>
<p>Pour « bénévoliser » les jeunes, les statuts de <a href="https://www.cairn.info/revue-journal-du-droit-des-jeunes-2010-4-page-29.htm">« volontaire »</a> et de <a href="https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2016-4-page-95.htm">« service civique »</a> ont été créés en 2006 et 2010 pour mener des actions d’intérêt général (en échange d’une indemnisation de 610 euros par mois). <a href="https://www.vie-publique.fr/eclairage/19444-egalite-et-citoyennete-qua-change-la-loi-du-27-janvier-2017">Depuis 2017</a>, pour valider leur cursus étudiant ou scolaire, les jeunes doivent avoir acquis des compétences lors d’un engagement citoyen, bénévole ou d’une activité professionnelle. Les mineurs peuvent participer à la création et à l’administration d’association. Le <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-question-du-jour/quelle-part-d-heritage-militaire-dans-le-projet-de-service-national-universel-9655425">Service National Universel</a> – dans le programme du candidat Macron – devrait être intégré au temps scolaire sur la forme d’un stage de 12 jours.</p>
<p>Les jeunes de moins de 30 ans peuvent également participer à l’« adaptation de la société au vieillissement » (<a href="https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-2016-3-page-7.htm">loi de 2015</a>), en utilisant le statut de <a href="https://www.lagazettedescommunes.com/56945/5-questions-reponses-sur-le-contrat-de-cohabitation-intergenerationnelle-solidaire/">« Cohabitation intergénérationnelle solidaire »</a>. Parmi les dispositifs numériques, particulièrement pratiques pour les jeunes, on peut citer la plate-forme <a href="https://www.jeveuxaider.gouv.fr/">jeveuxaider.gouv.fr</a> lancée le 22 mars 2020, soit six jours après le début du confinement. Selon beaucoup d’associations la <a href="https://www.20minutes.fr/societe/3221171-20220121-coronavirus-pourquoi-plus-plus-jeunes-benevoles-depuis-crise-sanitaire">crise sanitaire a incité au bénévolat</a>.</p>
<h2>Ces dispositifs rencontrent-ils du succès ?</h2>
<p>Le nombre de « recrutements » n’est pas toujours à la hauteur des ambitions. La ministre de l’Éducation nationale <a href="https://www.liberation.fr/france/2015/12/04/education-nationale-la-reserve-citoyenne-se-rebiffe_1418191/">se vantait ainsi de compter 5 400 réservistes</a> à la fin 2015, <a href="https://www.chroniquesociale.com/comprendre-la-societe/1312-trouble-dans-le-benevolat.html">mais cette réserve est inactive</a>.</p>
<p>À l’inverse, la <a href="https://www.20minutes.fr/paris/4005801-20221018-jo-paris-2024-45-000-benevoles-recherches-participer-aventure-vie">demande de 45 000 bénévoles</a> pour les JO 2024 – qui a été <a href="https://basta.media/Pas-de-benevoles-pour-les-JOP-jeux-olympiques-paralympiques-2024-tutoriel-pour-gacher-leur-campagne-de-travail-dissimule">dénoncée par un collectif</a> (notamment pour cause de travail dissimulé) – a trouvé <a href="https://www.20minutes.fr/paris/4035487-20230504-jo-paris-2024-300-000-candidats-devenir-benevoles-cloture-inscriptions">300 000 candidatures</a>.</p>
<p>Sur la plate-forme <a href="https://www.jeveuxaider.gouv.fr/">jeveuxaider.gouv.fr</a>, on comptait en <a href="https://www.jeveuxaider.gouv.fr/engagement/wp-content/uploads/2022/10/JeVeuxAider.gouv_.fr-Mesure-Impact-2022.pdf">mars 2022</a> 6700 associations, 1000 organisations publiques, 1650 collectivités territoriales et 30 écoles et universités partenaires. 400 000 bénévoles y étaient inscrits (dont 21 % de 16-24 ans) mais seules 140 000 participations à des missions y avaient été confirmées.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/8I6TLhmpooQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Et si on travaillait tous et toutes gratuitement ?</span></figcaption>
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<p>En juin 2023, on constate un <a href="https://www.jeveuxaider.gouv.fr/engagement/actualite/la-tournee-dete-quelle-aventure-on-fait-le-bilan/">triplement</a> du nombre de bénévoles engagés pour faire du bénévolat pendant l’été par rapport à l’année précédente (5530 bénévoles engagés auprès de 737 structures différentes). Cette nette augmentation peut en partie s’expliquer par le fait qu’en 2022 il n’y avait pas eu de campagne de communication pour recruter des bénévoles estivaux. De manière générale, on ne constate pas de grand élan vers ces plates-formes : les volontaires s’investissent plutôt dans le sport ou lors d’actions urgentes en cas de catastrophes.</p>
<h2>Le bénévolat a changé</h2>
<p>On note plusieurs évolutions – certaines accélérées par la <a href="https://hal.science/hal-04101946/document">crise sanitaire</a> – qui rendent <a href="https://docdoorblog.wordpress.com/2023/06/07/trouble-dans-le-benevolat-france-comores-canada-suisse-dan-ferrand-bechmann-sebastien-poulain/">troubles et floues les limites</a> de la <a href="https://www.chroniquesociale.com/comprendre-la-societe/1312-trouble-dans-le-benevolat.html">définition du bénévolat et de l’action des bénévoles</a> :</p>
<ul>
<li><p>Rajeunissement des bénévoles <a href="https://hal.science/hal-02305413/document">grâce au statut de volontaire</a>, qui améliore l’image d’un engagement civique, mais aussi grâce au bénévolat ponctuel facilité par les plates-formes numériques.</p></li>
<li><p><a href="https://labo.societenumerique.gouv.fr/fr/articles/confinement-comment-le-b%C3%A9n%C3%A9volat-%C3%A0-distance-sest-impos%C3%A9-dans-le-monde-associatif/">Numérisation</a> qui permet de participer à la vie associative depuis son domicile.</p></li>
<li><p><a href="https://www.cairn.info/revue-rimhe-2018-3-page-3.htm">Professionnalisation des bénévoles</a> mieux qualifiés du fait du suivi de <a href="https://journals.openedition.org/sociologies/6758">formations</a>, de l’existence de <a href="https://view.officeapps.live.com/op/view.aspx?src=https%3A%2F%2Fwww.francebenevolat.org%2Fsites%2Fdefault%2Ffiles%2Fuploads%2Fdocuments%2F63541d59f932545d53f8cd346fcba3ccace72245.doc&wdOrigin=BROWSELINK">chartes et contrats</a>, <a href="https://journals.openedition.org/sociologies/6758">référentiels de compétences</a> ou <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/guide-recourir-au-benevolat-grands-evenements-sportifs-janvier-2023.pdf">guides</a>. Cette professionnalisation – facilitée par la loi de modernisation sociale de 2002 consacrant la <a href="https://www.cairn.info/revue-de-l-ires-2007-3-page-17.htm">Validation des acquis de l’expérience</a> – est une nécessité pour répondre aux <a href="https://www.cairn.info/revue-les-politiques-sociales-2015-1-page-66.htm">appels à projets</a> qui financent toujours plus le <a href="https://www.cairn.info/revue-recma-2019-4-page-135.htm">« monde associatif »</a>. Les bénévoles deviennent parfois <a href="https://www.cairn.info/revue-de-l-ires-2020-2-page-29.htm">difficiles à distinguer des salariés</a>.</p></li>
<li><p><a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/hashtag/travail-invisible-travail-gratuit-a-qui-profitent-nos-activites-non-remunerees-3506470">Gratuitisation de temps de travail de certains professionnels</a> (pression à étendre le temps, les tâches et l’espace attribués au travail rémunéré, sans être rémunéré en contre-partie de cette extension). Cette gratuitisation a particulièrement lieu au sein des <a href="https://www.challenges.fr/entreprise/le-harcelement-la-discrimination-et-les-licenciements-abusifs-pullulent-dans-les-start-up_841184">jeunes entreprises</a>) et dans le secteur médico-social (<a href="https://www.cairn.info/revue-jusqu-a-la-mort-accompagner-la-vie-2018-4-page-9.htm">professions du care</a>, formation, <a href="https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2005-2-page-149.htm">insertion sociale</a>, aide pour le <a href="https://journals.openedition.org/remi/18430">droit des migrants, des demandeurs d’asiles</a> et des groupes sociaux en difficulté.).</p></li>
<li><p>« Bénévolisation » des <a href="https://books.openedition.org/putc/650?lang=fr">services publics</a> – y compris les <a href="https://hal.science/hal-03561315/document">services régaliens</a> –, de l’<a href="https://www.academia.edu/61913868/Le_b%C3%A9n%C3%A9volat_dentreprises_entre_nouvelle_d%C3%A9l%C3%A9gation_de_service_public_et_appropriation_entrepreneuriale">économie sociale et solidaire</a> et des <a href="https://comptabilite.ooreka.fr/astuce/voir/627127/benevolat-en-entreprise">entreprises traditionnelles</a>. Au motif d’un travail au service de la communauté, certaines organisations « recrutent » désormais des bénévoles là où on faisait autrefois appel à des professionnels rémunérés. Une forte pression au nom de valeurs et d’impératifs de solidarité s’exerce sur ces « volontaires involontaires ».</p></li>
</ul>
<h2>Du bénévolat dans le service public</h2>
<p>Les bénévoles sont par exemple très sollicités dans le secteur juridique. Ils agissent dans les tribunaux (médiateurs, conciliateurs, jurés, <a href="https://www.cairn.info/revue-histoire-de-la-justice-2007-1-page-129.htm">juges consulaires</a>), les établissements pénitentiaires, les points d’accès au droit (<a href="https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-de-la-justice-2016-1-page-139.htm">pro bono d’avocats</a>) ou les mairies (en appui des commissions et conseils municipaux).</p>
<p>Idem dans le médico-social, où les bénévoles interviennent beaucoup dans les <a href="https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-de-psychosociologie-2021-2-page-85.htm?ref=doi">hôpitaux</a> et les hébergements collectifs. Ils accueillent des personnes âgées ou handicapées, des enfants hospitalisés, des patients en longue maladie ou en <a href="https://www.cairn.info/revue-sciences-sociales-et-sante-2017-2-page-5.htm">fin de vie</a>.</p>
<p>Du fait du <a href="https://theconversation.com/partout-dans-le-monde-la-resilience-des-systemes-de-sante-affaiblie-par-les-reformes-neoliberales-207198">manque de moyens</a> dans ce secteur, des tensions surviennent. Les bénévoles invisibilisés sont mal connus et quelquefois mal perçus. C’est une différence avec les <a href="https://dial.uclouvain.be/downloader/downloader.php?pid=thesis%3A15074&datastream=PDF_01">urgences et lors des périls collectifs</a> où leur rôle est reconnu voire héroïsé aux côtés des <a href="https://www.cairn.info/revue-projet-2017-2-page-92a.html">pompiers</a> ou des services de premiers secours comme la <a href="https://www.cnle.gouv.fr/IMG/pdf/tr_social_1.pdf">Croix-Rouge</a>.</p>
<h2>Pourquoi accepter de travailler gratuitement ?</h2>
<p>Les motivations à l’engagement sont <a href="https://core.ac.uk/download/pdf/6310417.pdf">plurielles</a>, surtout quand il n’y a <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/recma/2012-n323-recma0813/1018345ar/#xd_co_f=ZjZiZmU5MjQtNDk1OC00ZTJiLWI1YmUtM2U5NTMzYzQ5ZmI1">pas d’emploi</a>. Les bénévoles du <a href="https://www.cairn.info/revue-gerontologie-et-societe-2018-1-page-33.htm">3ᵉ âge</a> – moins nombreux du fait de la <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-temps-du-debat/la-reforme-des-retraites-fragilise-t-elle-le-benevolat-5955956">réforme des retraites</a> – sont motivés par l’éthique, par altruisme, par un besoin de socialisation et d’échapper à une « mort sociale ».</p>
<p>Les plus jeunes peuvent vouloir acquérir une <a href="https://sgg-ssup.ch/fr/news/etude-soutenue-par-la-ssup-les-competences-des-volontaires-un-potentiel-sous-estime/">expérience et un meilleur CV</a> mais aussi travailler pour une mission qui les attire (<a href="https://www.cairn.info/festivals-territoire-et-societe--9782724638004-page-95.htm">festival de théâtre</a>, de <a href="https://www.cairn.info/festivals-territoire-et-societe--9782724638004-page-95.htm">musique</a>, <a href="https://www.cairn.info/revue-agora-debats-jeunesses-2014-3-page-113.htm">sport</a>). On peut voir aussi dans l’engagement une attitude anthropologique de solidarité active et citoyenne, surtout quand elle s’exerce sous l’aile de l’État.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/LfZoFLdx860?wmode=transparent&start=1" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Sebastien Poulain, « Pause Culture Recherche » sur le bénévolat, le 14 juin 2023.</span></figcaption>
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<h2>Les bénévoles exploités ?</h2>
<p>Mais on peut s’interroger sur la <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-d-administration-publique-2017-3-page-463.htm">pression des services publics</a> – via les différents dispositifs précités – pour engager cette force bénévole. Dans quelles limites est-elle acceptable ?</p>
<p>Certaines <a href="https://www.fondation-croix-rouge.fr/wp-content/uploads/2023/02/fcrf-pdf-rl-n1-dan-ferrand-bechmann.pdf">recherches sur le bénévolat</a> soulignent un excès dans l’utilisation des bénévoles, voire leur <a href="https://journals.openedition.org/travailemploi/9681">« exploitation »</a> et leur <a href="https://bdr.parisnanterre.fr/theses/internet/2018/2018PA100013/2018PA100013_Diff.pdf">« marchandisation »</a>, d’où une récente grève de bénévoles <a href="https://www.20minutes.fr/societe/4045380-20230712-nord-benevolat-exploitation-communaute-emmaus-centre-scandale">compagnons d’Emmaüs</a> (ce type d’action n’était <a href="https://www.cairn.info/revue-projet-2012-4-page-39.htm">jusqu’ici qu’une hypothèse</a>).</p>
<p>De multiples critiques sont émises lorsque le gouvernement actuel et certains responsables politiques ou administratifs régionaux (<a href="https://www.20minutes.fr/politique/721515-20110510-rsa-travail-interet-general-france-va-t-elle-finir-copier-voisins-europeens">Nicolas Sarkozy en 2007</a>, <a href="https://www.lexpress.fr/economie/emploi/droit-travail/rsa-et-benevolat-j-ai-besoin-de-faire-des-choses_2047213.html">Emmanuel Macron en 2018</a>) souhaitent obliger à travailler « bénévolement » des bénéficiaires du RSA.</p>
<p>Ces projets politiques et les critiques du bénévolat n’entachent pas le rôle et l’importance du bénévolat. En effet, les bénévoles agissent avant tout par <a href="https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-et-traitements-2011-1-page-30.htm">solidarité et subsidiarité</a>. Le problème est moins le bénévolat que son extension toujours plus large, y compris dans de grandes institutions et sans régulation. Quand des citoyens peuvent contribuer gracieusement à une action, pourquoi rémunérer des personnes pour la faire ? L’argument de la compétence et de la qualification tombe quand les <a href="https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-2014-4-page-113.htm">bénévoles sont formés</a>. Celui des bénévoles « voleurs d’emplois » ne tient pas, car <a href="https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782867387678-benevolat-et-solidarite-dan-ferrand-bechmann/">il ne s’agit pas d’un même travail, ni d’un même engagement en temps</a>. Même si on peut parler de « banalité du bien », le trouble demeure.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209446/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dan Ferrand-Bechmann est membre de la Ligue des droits de l'Homme.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sebastien Poulain ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>À quel point la France dépend-elle de ses bénévoles ? Décryptage d’un phénomène qui monte depuis plusieurs décennies.Sebastien Poulain, Docteur en science de l'information et la communication, laboratoire Mica, Université Bordeaux Montaigne, enseignant dans plusieurs universités, spécialiste de médias, ESS, contre culture, Université Bordeaux MontaigneDan Ferrand-Bechmann, Professeure émérite en sociologie, Université Paris 8 – Vincennes Saint-DenisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2033482023-05-03T20:47:03Z2023-05-03T20:47:03ZLutte contre le réchauffement : comment les villes montrent la voie par l’expérimentation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/524133/original/file-20230503-25-xvfehm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C426%2C4128%2C2669&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sur les bords du Rhône à Lyon. </span> <span class="attribution"><span class="source">Romain Girot / Unsplash</span></span></figcaption></figure><p>Novembre 2022 : la COP27 s’achève sur des engagements <a href="https://theconversation.com/cop27-will-be-remembered-as-a-failure-heres-what-went-wrong-194982">manquant d’ambition</a>, <a href="https://www.reuters.com/business/cop/cop27-climate-summit-missed-chance-ambition-fossil-fuels-critics-say-2022-11-28/">étouffés</a> par les producteurs d’énergies fossiles et des garanties financières nettement insuffisantes ; cette fin de conférence mondiale sur le réchauffement climatique avait ainsi laissé les observateurs <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-022-03812-3">frustrés</a> et <a href="https://www.france24.com/en/live-news/20221107-why-are-we-here-climate-activists-shunted-to-cop27-sidelines">déçus</a>. </p>
<p>Malgré la déception, <a href="https://theconversation.com/6-reasons-2023-could-be-a-very-good-year-for-climate-action-197680">l’espoir de trouver des solutions</a> à la hauteur de ces problématiques de plus en plus complexes demeure.</p>
<p>Le constat est bien connu : les politiques ambitieuses, à l’image d’un <a href="https://theconversation.com/green-deal-seeks-to-make-europe-the-first-climate-neutral-continent-by-2050-128887">Green New Deal</a> européen ou des traités approuvés par l’ONU, se heurtent à l’éternelle difficulté d’emporter l’adhésion politique, et sont en outre notoirement peu fiables. </p>
<p>Parmi les échecs récents, citons le fiasco qu’a constitué en 2017 la sortie des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat. Donald Trump avait alors <a href="https://edition.cnn.com/2017/06/01/politics/paris-pittsburgh-trump-nationalist-decision/index.html">clamé</a> avoir été élu pour représenter « les habitants de Pittsburgh, pas ceux de Paris ».</p>
<h2>De Pittsburgh à Paris</h2>
<p>Ce qui aurait pu apparaître comme une mise en garde contre l’imprévisibilité des États à s’engager dans la lutte contre le réchauffement climatique a finalement servi à nous rappeler que les actions concrètes s’opèrent souvent à d’autres échelles. </p>
<p>En 2017, il a ainsi fallu moins d’une semaine aux maires de Pittsburgh et de Paris, Bill Peduto et Anne Hidalgo, pour publier un <a href="https://www.nytimes.com/2017/06/07/opinion/the-mayors-of-pittsburgh-and-paris-we-have-our-own-climate-deal.html">communiqué commun</a> réaffirmant les objectifs de l’Accord de Paris. Depuis, des centaines de villes aux États-Unis et dans le monde ont adhéré à des pactes pour le climat, à l’image de la campagne <a href="https://www.wearestillin.com/">« We’re Still In »</a> ou le <a href="https://www.globalcovenantofmayors.org/">Global Covenant of Mayors</a>, initiatives soutenues par des philanthropes et des personnalités politiques.</p>
<p>La volonté des maires de jouer un rôle significatif dans la résolution des problèmes les plus urgents de la planète suggère qu’un des moyens d’inverser le cours du changement climatique est de se concentrer sur l’expérimentation et l’innovation à partir de la base.</p>
<p>Au lieu d’essayer de mettre en œuvre de grands projets ambitieux, les villes et les communautés peuvent continuer à montrer la voie par l’expérimentation.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/512299/original/file-20230226-2316-j8qqpi.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/512299/original/file-20230226-2316-j8qqpi.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/512299/original/file-20230226-2316-j8qqpi.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/512299/original/file-20230226-2316-j8qqpi.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/512299/original/file-20230226-2316-j8qqpi.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/512299/original/file-20230226-2316-j8qqpi.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/512299/original/file-20230226-2316-j8qqpi.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La maire de Paris Anne Hidalgo s’exprimant sur les villes durables lors de la COP21 de 2015.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/cop21/23460775051">Public domain</a></span>
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<p>Les villes méritent-elles un tel optimisme ? Oui, avec une réserve, comme le montre l’exemple de la construction économe en énergie, que j’ai étudiée ces dernières années au sein du <a href="https://pacscenter.stanford.edu/research/civic-life-of-cities-lab/">Laboratoire de la vie civile des villes</a> de l’université de Stanford et à l’<a href="https://miurban.uchicago.edu/">Institut Mansueto d’innovation urbaine</a> de l’université de Chicago. </p>
<p>La construction verte représente une part essentielle de la solution au problème du changement climatique. Selon les <a href="https://architecture2030.org/why-the-building-sector/">estimations</a>, 40 % des émissions carbone dans les villes industrialisées sont générées par le secteur du bâtiment, tandis que la construction verte connaît depuis deux décennies une croissance rapide et constante.</p>
<p>Les innovations technologiques utilisées dans la construction de bâtiments verts <a href="https://theconversation.com/a-green-trifecta-how-a-concrete-alternative-can-cut-emissions-resource-use-and-waste-192501">existent déjà</a>. Leur application généralisée, en introduisant des standards raisonnablement élevés dans la construction et la rénovation de bâtiments, pourrait <a href="https://www.c40.org/what-we-do/scaling-up-climate-action/energy-and-buildings/">marquer une différence significative</a> dans la lutte contre le changement climatique à l’échelle mondiale. </p>
<p>Si les investissements dans l’efficacité énergétique des bâtiments n’ont jamais été aussi élevés, un <a href="https://www.unep.org/news-and-stories/press-release/co2-emissions-buildings-and-construction-hit-new-high-leaving-sector">rapport de situation</a> de la COP27 indique toutefois que l’augmentation des émissions de CO<sub>2</sub> engendrées par les nouvelles constructions surpasse l’efficacité énergétique des bâtiments. Si construire des bâtiments plus écologiques n’est <a href="https://theconversation.com/we-cant-afford-to-just-build-greener-we-must-build-less-170570">pas suffisant</a>, la construction verte montre que les villes peuvent se trouver à l’avant-garde de profonds changements.</p>
<p>Pour autant, la recherche globale de solutions techniques ne rend pas compte d’un élément essentiel dans l’action menée par les villes en faveur du climat : toutes n’ont pas adhéré d’emblée à ce mouvement en direction de constructions plus vertes, et certaines demeurent à la traîne. Les municipalités de plus petite taille, plus pauvres et dirigées de manière plus conservatrice sont moins susceptibles de prendre des mesures concrètes pour lutter contre le changement climatique. </p>
<p>Mes <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0275074020930362">recherches</a> suggèrent que cette situation n’est pas seulement liée à des raisons politiques ou à un manque de moyens financiers, mais aussi à l’absence d’une société civile dynamique.</p>
<h2>L’écologisation par la base</h2>
<p>Dans une <a href="https://www.journals.uchicago.edu/doi/10.1086/722965">nouvelle étude</a> publiée dans la revue <em>American Journal of Sociology</em>, j’ai analysé le recours au <a href="https://www.usgbc.org/leed">LEED</a> (Leadership in Energy and Environmental Design) – une certification développée par le US Green Building Council qui promeut la haute qualité environnementale des bâtiments – dans plus de 10 000 villes et villages aux États-Unis. </p>
<p>Dans ce cadre, j’ai répertorié les villes qui se sont tournées les premières vers la construction verte. Puis j’ai inventorié le nombre de bâtiments d’une ville faisant partie des quelque <a href="https://www.statista.com/statistics/323383/leed-registered-projects-in-the-united-states/">60 000</a> à avoir reçu la certification LEED, 15 ans après être devenue un standard disponible dans le domaine du bâtiment.</p>
<p>Je montre que les villes qui témoignent d’une présence plus importante d’organisations à but non lucratif et d’une volonté à prendre des risques pour s’engager dans une mission sociale ont emprunté plus tôt le virage vers la construction verte. Les villes qui jouissent d’un secteur associatif plus vigoureux comptent également un nombre plus élevé de bâtiments efficaces sur le plan énergétique. </p>
<p>Washington DC, par exemple, fait partie des villes leaders aux États-Unis en termes de construction verte et bénéficie d’un riche réseau d’organisations à but non lucratif. Un des planificateurs urbains de cette ville m’a dit en 2017 que « le nombre de bâtiments LEED représente un critère de référence important de l’impact du secteur du bâtiment sur le climat ».</p>
<p>Pourquoi ce lien si étroit ? Dans des villes comme Chicago, Cincinnati et San Francisco, ce sont les musées, les laboratoires et les fondations qui, au début des années 2000, ont ouvert la voie aux premiers bâtiments verts. Les immeubles de bureaux, les résidences d’habitation et les commerces leur ont emboîté le pas lorsqu’il est apparu évident que les bâtiments possédant une bonne efficacité énergétique permettaient à la fois de réaliser des économies et de bénéficier d’une reconnaissance nationale. Le lien manifeste entre organisations à but non lucratif et construction verte demeure, même lorsque l’on prend en compte les mesures de réglementation municipales qui relèvent les standards environnementaux.</p>
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<img alt="Le Plateau Mont-Royal" src="https://images.theconversation.com/files/499592/original/file-20221207-11743-ram4pa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C18%2C3159%2C2085&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499592/original/file-20221207-11743-ram4pa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499592/original/file-20221207-11743-ram4pa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499592/original/file-20221207-11743-ram4pa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499592/original/file-20221207-11743-ram4pa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499592/original/file-20221207-11743-ram4pa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499592/original/file-20221207-11743-ram4pa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue aérienne du Plateau Mont Royal, à Montréal, l'un des quartiers les plus densément peuplés au Canada.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Cela ne signifie pas que les maires peuvent se contenter de déléguer les initiatives pour le climat aux communautés locales. La législation locale crée une réelle différence. D’après mes analyses, environ 10 à 18 bâtiments écologiques supplémentaires sont construits chaque année après que la mairie a adopté une mesure d’incitation ou d’obligation d’obtention d’une certification verte pour les nouveaux bâtiments.</p>
<p>Le législateur adopte surtout de telles mesures dans des villes qui possèdent déjà une forte proportion de bâtiments écologiques, construits par des promoteurs passionnés de durabilité. Les États peuvent alors s’inspirer des réglementations locales réussies en matière de construction verte et <a href="https://www.usgbc.org/articles/illinois-and-california-lead-green-building-practices">placer la barre plus haut</a> pour les municipalités et les promoteurs.</p>
<h2>Faire pression en faveur de la neutralité carbone</h2>
<p>En conclusion, ces résultats suggèrent que les initiatives en faveur de la construction écologique ne sont pas issues des politiques nationales et internationales, ni même des politiques proactives développées par les maires. </p>
<p>La solution provient des organisations à but non lucratif qui attestent concrètement de la validité d’un concept, des organismes spécialisés engagés (tels que le <a href="https://worldgbc.org/">World Green Building Council</a> ou encore le <a href="https://www.usdn.org/index.html">Urban Sustainability Directors Network</a>), qui élaborent et diffusent des protocoles d’action, ainsi que des administrations des villes qui rendent les meilleures pratiques visibles – voire obligatoires lorsqu’elles ont fait leurs preuves.</p>
<p>De nombreuses villes, de New York à Buenos Aires en passant par Copenhague, s’engagent sur la voie de la <a href="https://www.bbc.com/future/article/20211115-how-cities-are-going-carbon-neutral">neutralité carbone</a>. Si nous voulons atteindre cet objectif, nous devons faire en sorte que dans les villes du monde entier puisse s’épanouir une société civile qui aura la place d’expérimenter et de partager ses expériences. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/contre-la-clim-concevoir-des-villes-eoliennes-en-zone-tropicale-132483">Contre la clim, concevoir des « villes éoliennes » en zone tropicale</a>
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<p>Il est donc primordial de soutenir le tissu associatif et les communautés locales qui œuvrent pour lutter contre le dérèglement climatique, même lorsque les retours sur investissement ne sont pas immédiats. Cela veut dire fournir à ces structures les moyens financiers et les ressources qui leur permettront de prendre des risques.</p>
<p>Les solutions de « haut niveau », mobilisant de grandes ambitions, ne régleront pas le problème du changement climatique. Les événements tels que la COP demeurent un lieu essentiel pour que les administrations infranationales partagent leurs meilleures pratiques. Néanmoins, la majeure partie de l’action devra s’opérer aux interfaces entre les administrations locales et les organisations citoyennes. </p>
<p>La prochaine grande idée sur la manière dont nous parviendrons à enrayer le changement climatique ne viendra pas de Dubaï, qui accueillera la COP28 en 2023, mais de Lyon, Montréal, Nairobi, Grenoble ou Vienne. Pour que cela se concrétise, nos dirigeantes et dirigeants doivent s’inspirer d’expérimentations et d’innovations vues sur le terrain et s’employer à cultiver une société civile dynamique avec au moins autant de sérieux qu’elles et ils mènent les pourparlers entre États centrés sur leurs propres intérêts.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203348/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christof Brandtner ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Plus que les maires, ce sont les organisations à but non lucratif qui constituent la véritable force des villes pour réaliser les transitions locales face aux dérèglements climatiques.Christof Brandtner, Assistant professor in organisational and economic sociology, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1950572022-11-29T16:14:32Z2022-11-29T16:14:32ZVos dons soutiennent notre indépendance<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/497067/original/file-20221123-18-3il8dy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=808%2C0%2C3780%2C3518&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">The Conversation - Vos dons soutiennent notre indépendance.</span> </figcaption></figure><p>A The Conversation, nous savons qu'un journalisme indépendant, basé sur la collaboration entre journalistes et enseignants-chercheurs, ne serait pas possible sans vos dons.</p>
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<span class="caption">Origine des ressources The Conversation - Chiffres 2020.</span>
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<p class="fine-print"><em><span>Fabrice Rousselot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Un journalisme indépendant basé sur la collaboration entre journalistes et enseignants-chercheurs, sans but lucratif, ne serait pas possible sans vos dons.Fabrice Rousselot, Directeur de la rédaction, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1820882022-05-05T19:02:25Z2022-05-05T19:02:25ZLes podcasts « Jeunes de quartier » : leur quotidien raconté par eux-mêmes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/461545/original/file-20220505-1367-y6s8h0.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C1595%2C1164&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des jeunes habitants de Saint-Denis (93) qui ont participé à la recherche participative Pop-Art.</span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p><em>Banlieues, quartiers, cités. En France ces mots ont trop souvent une connotation négative. Ce que l’État français nomme depuis 2018 les quartiers prioritaires de la politique de la ville regroupe 5,4 millions d’habitants dont 40 % ont moins de 25 ans. Mais qu’est-ce qu’être jeune dans un quartier populaire ? Des jeunes et des chercheurs membres de la <a href="https://jeunesdequartier.fr/">recherche participative Pop-Part</a>, conduite dans dix villes ou quartiers de l’Île-de-France, et portée notamment par l’Université Paris Nanterre, parlent de leur vécu au micro de Cléa Chakraverty et Nils Buchsbaum.</em></p>
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<img alt="Capture d’écran du film documentaire « Admire ma peau noire » (2021)" src="https://images.theconversation.com/files/461532/original/file-20220505-22-oi1qal.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461532/original/file-20220505-22-oi1qal.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461532/original/file-20220505-22-oi1qal.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461532/original/file-20220505-22-oi1qal.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=295&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461532/original/file-20220505-22-oi1qal.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=371&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461532/original/file-20220505-22-oi1qal.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=371&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461532/original/file-20220505-22-oi1qal.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=371&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Capture d’écran du film documentaire « Admire ma peau noire » (2021), réalisé par Hachimia Ibouroi dans le cadre de Pop-Part.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2><a href="https://theconversation.com/jeunes-de-quartier-regarde-moi-178674">« Regarde-moi »</a></h2>
<p>Le regard médiatique porté sur les quartiers populaires enchaîne les clichés. De la beurette des années 80 à la femme voilée puis aux jeunes à capuches ou aux bandes violentes, les représentations sont souvent biaisées si ce n’est parfois ouvertement racistes. Pourtant de nombreuses voix émergent, notamment aujourd’hui pour se réapproprier l’image de ces quartiers.</p>
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<img alt="Capture d’écran du court-métrage « La Fontaine » réalisé dans le cadre de Pop-Part et tourné à Pantin" src="https://images.theconversation.com/files/461534/original/file-20220505-22-4n8mua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461534/original/file-20220505-22-4n8mua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=322&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461534/original/file-20220505-22-4n8mua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=322&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461534/original/file-20220505-22-4n8mua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=322&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461534/original/file-20220505-22-4n8mua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461534/original/file-20220505-22-4n8mua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461534/original/file-20220505-22-4n8mua.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=405&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Capture d’écran du court-métrage « La Fontaine » réalisé dans le cadre de Pop-Part et tourné à Pantin.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2><a href="https://theconversation.com/jeunes-de-quartier-la-ou-tout-le-monde-se-croise-179794">« Là où tout le monde se croise »</a></h2>
<p>Comme beaucoup de communes limitrophes de Paris, Pantin connaît des transformations urbaines de grande ampleur. De nouveaux immeubles de bureaux et d’habitations sortent de terre, de nouveaux cafés ouvrent, de grandes entreprises y établissent leur siège social, des friches industrielles sont utilisées par des théâtres, la jeunesse parisienne vient y faire la fête. Mais certains habitants s’interrogent : pourront-ils continuer à vivre dans le lieu où ils ont grandi ?</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/461535/original/file-20220505-21-cwjpk5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461535/original/file-20220505-21-cwjpk5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461535/original/file-20220505-21-cwjpk5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461535/original/file-20220505-21-cwjpk5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=359&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461535/original/file-20220505-21-cwjpk5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=451&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461535/original/file-20220505-21-cwjpk5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=451&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461535/original/file-20220505-21-cwjpk5.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=451&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Maraudes avec les jeunes de quartiers dans le les Hauts-de-Seine (92).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Pop Part/Jeunes de Quartier</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2><a href="https://theconversation.com/jeunes-de-quartier-la-politique-elle-se-fait-a-cote-179811">« La politique elle se fait à côté »</a></h2>
<p>Les jeunes des quartiers populaires s’engagent de multiples façons. À l’échelle locale comme à l’échelle internationale. Sur des enjeux de solidarité, d’accueil de justice. S’ils expriment un éloignement vis-à-vis de la politique institutionnelle, cela ne les empêche pas de prendre la parole, y compris en se présentant aux élections locales ?</p>
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<h2><a href="https://theconversation.com/jeunes-de-quartier-2005-ca-a-marque-lhistoire-179799">« 2005 ça a marqué l’histoire »</a></h2>
<p>En 2005, Nawufal Mohammed était adolescent lorsque sont survenues les révoltes en réaction à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois et qui ont gagnent rapidement l’ensemble du pays. Rapports avec la police, avec la politique, avec les instituions : les choses ont-elles changé depuis ?</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/461536/original/file-20220505-19-g51din.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461536/original/file-20220505-19-g51din.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=328&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461536/original/file-20220505-19-g51din.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=328&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461536/original/file-20220505-19-g51din.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=328&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461536/original/file-20220505-19-g51din.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=412&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461536/original/file-20220505-19-g51din.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=412&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461536/original/file-20220505-19-g51din.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=412&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Capture d’écran du court-métrage « La frontière » réalisé dans le cadre de la recherche participative Pop-Part (2021).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2><a href="https://theconversation.com/jeunes-de-quartier-jai-toujours-fait-attention-179804">« J’ai toujours fait attention »</a></h2>
<p>La vie au quartier est aussi faite de vie ordinaire, de microrésistances, de stratégies permettant, lorsque l’on est une femme en particulier, de ne pas rester enfermé dans les clichés.</p>
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<img alt="Capture d’écran du court-métrage « A l’ouest » issu du projet Pop-Part" src="https://images.theconversation.com/files/461537/original/file-20220505-19-kqevjw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461537/original/file-20220505-19-kqevjw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461537/original/file-20220505-19-kqevjw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461537/original/file-20220505-19-kqevjw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461537/original/file-20220505-19-kqevjw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461537/original/file-20220505-19-kqevjw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461537/original/file-20220505-19-kqevjw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Capture d’écran du court-métrage « A l’ouest » issu du projet Pop-Part.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2><a href="https://theconversation.com/jeunes-de-quartier-etre-un-grand-cest-etre-une-reference-les-jeunes-choisissent-les-leurs-179807">« Être un grand c’est être une référence, les jeunes choisissent les leurs »</a></h2>
<p>Dans les quartiers populaires, les notions de « petits » et de « grands » revêtent un sens particulier. La figure du grand est polysémique. Il est à la fois un modèle, un protecteur, un garant de l’histoire du quartier, mais aussi un supérieur auquel les petits doivent le respect voire l’obéissance. Dans le pire des cas, le grand peut même jouer un rôle négatif et orienter les plus jeunes vers la violence ou la drogue. Entre petits et grands c’est le concept de transmission qui est central.</p>
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<strong>Générique :</strong><br></p>
<h2>● <a href="https://www.youtube.com/watch?v=kxh4S2A8Q4U">« Broke for free »</a>, Something Elated, 2011.<br></h2>
<p><em>Crédits, Conception et Animation Cléa Chakraverty & Nils Buchsbaum, Réalisation Romain Pollet, Chargé de production, Rayane Meguenni</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/182088/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Qu’est-ce qu’être jeune dans un quartier populaire ? La recherche participative Pop-Part, conduite dans dix villes ou quartiers de l’Île-de-France, s’est associée à 120 jeunes pour se saisir du sujet.Clea Chakraverty, Cheffe de rubrique Politique + Société, The Conversation FranceNils Buchsbaum, Journaliste éditeur rubrique Politique + Société, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1812102022-04-26T19:47:56Z2022-04-26T19:47:56ZQui pour « incarner » l’action climatique en France ?<p>Les rapports du GIEC se succèdent, tirant de toujours plus nombreuses sonnettes d’alarme ; malgré cela, la prise en considération de l’urgence climatique semble très souvent en <a href="https://wires.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/wcc.547">décalage avec les faits</a>.</p>
<p>Dans ce sens, on peut dire qu’il existe un écart important entre l’action politique et les éléments <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01227851/">mis en lumière par les scientifiques</a>.</p>
<p>La campagne pour la présidentielle française 2022 a été à ce titre « exemplaire » : la question du climat aura peu occupé les débats entre candidats, malgré des demandes répétées pour une meilleure prise en compte et des <a href="https://laffairedusiecle.net/le-replay-du-debat-du-si%C3%A8cle/">propositions alternatives</a>.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/qui-parle-du-climat-en-france-ce-que-nous-apprennent-les-reseaux-sociaux-180176">Ces différentes manières de « parler du climat »</a>, notamment sur les réseaux sociaux, ont fait l’objet de travaux récents réalisés dans le cadre de l’étude d’Impakt Faktor qui avait pour objet les <a href="https://sysdiscours.hypotheses.org/1038">narratifs climat</a> pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron (2017-2022).</p>
<h2>Un écosystème activiste très dynamique</h2>
<p>L’un des nombreux enseignements de l’étude concerne la problématique de l’incarnation dans le champ de l’action climatique.</p>
<p>Sous le premier quinquennat Macron, le mouvement climat a été particulièrement actif, soit en organisant des marches au retentissement important, soit en proposant des actions médiatisées. Qu’il s’agisse de l’Affaire du siècle, des actions d’Extinction Rebellion ou de Greenpeace, ou encore des manifestations menées tambour abattant par Anv-Cop 21, les Amis de la Terre ou Alternatiba, sans parler des données compilées par RAC France, on sait que la France dispose d’un écosystème activiste particulièrement actif.</p>
<p>Une dynamique liée à la fois à la prise de conscience concernant le climat, et à un sentiment d’urgence concernant les actions à entreprendre, <a href="https://www.theses.fr/2020UNIP7241">comme l’a souligné Jean Le Goff</a>.</p>
<p>Mais on le sait : au-delà de ces mouvements essentiels et riches, l’espace public doit aussi permettre à des figures d’incarner ces luttes, afin de cristalliser une manière d’en parler et de les médiatiser plus aisément.</p>
<h2>Jancovici… et les autres</h2>
<p>C’est sur ce point que <a href="https://sysdiscours.hypotheses.org/1038">l’étude d’Impakt Faktor</a> attire plus particulièrement l’attention : dans cette dimension, si l’on étudie les réseaux sociaux (YouTube, Facebook, Reddit et Instagram), une figure émerge nettement en France – et de très loin par rapport aux autres.</p>
<p>Cette figure, c’est celle de Jean-Marc Jancovici : ingénieur de l’École polytechnique, vulgarisateur hors pair, consultant, président du Shift Project et membre du Haut Conseil pour le climat, il participe depuis plusieurs années à sensibiliser l’opinion publique à la cause climatique, tout en <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2017.00812/full?date=2016-12-25&addUrlParams=true&view=zertifikate&matchday=3&league=3liga&season=2016&i=0&id=20618228265&facelift=true&game_id=863436">co-signant des études scientifiques</a> sur le sujet.</p>
<p>Du point de vue des réseaux sociaux, il est très clairement le plus présent, le plus lisible, le plus suivi ; bref, celui qui provoque le plus fort taux d’engagement et de commentaires.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/h9SuWi_mtCM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">En 2019, la leçon inaugurale de Jean-Marc Jancovici à Sciences Po : CO₂ ou PIB, il faut choisir (Sciences Po).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Des figures encore très homogènes</h2>
<p>Cette singularité n’a rien d’un accident. D’une certaine manière, la figure de l’ingénieur à la française apparaît particulièrement « câblée » pour incarner une forme de rationalité rassurante face à la crise climatique, tout en étant en capacité d’alerter l’opinion publique <a href="https://www.cairn.info/revue-les-sciences-de-l-education-pour-l-ere-nouvelle-2007-3.htm">grâce à la légitimité professionnelle</a> qui lui est publiquement conférée.</p>
<p>Là où, à l’international, ce sont des figures militantes comme Greta Thunberg qui sont préférées, la France semble faire figure d’exception. La jeune Suédoise est <a href="https://journals.openedition.org/aad/4747?lang=fr">particulièrement mal perçue</a> dans notre pays.</p>
<p>Jean-Marc Jancovici n’est certainement pas le seul à engranger du soutien sur les réseaux sociaux : le journaliste militant Hugo Clément, l’astronaute Thomas Pesquet, le réalisateur Cyril Dion ou encore le scientifique Aurélien Barrau ont tous, à des degrés divers, rassemblé des taux d’engagement forts en fonction de leurs publications.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/hWMk2g1fm_U?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Extrait de l’émission « Sur le front des glaciers » avec Hugo Clément. (France TV).</span></figcaption>
</figure>
<p>Toutes ces figures ont toutefois un point commun : elles représentent des hommes blancs, issus d’une certaine sociologie.</p>
<p>Il convient ici d’être immédiatement clair : il ne s’agit pas de critiquer leur présence, car elle est plus que nécessaire face à la crise climatique ; en revanche, on se doit de noter les spécificités sociologiques des figures climatiques en France. Les noter, c’est en souligner les évidences, mais aussi peut-être les limites.</p>
<p>Pour le moment, il y a peu de place en France pour des figures issues de la diversité ou pour des femmes, même si l’écoféminisme est en train d’émerger <a href="https://www.erudit.org/en/journals/rf/1900-v1-n1-rf3334/037793ar/abstract/">comme un courant légitime</a> sur un certain nombre de questions. S’agit-il ici d’une limite qui empêche justement une prise en considération plus large des thématiques climatiques ? C’est une hypothèse qu’il ne faut pas s’interdire de questionner.</p>
<h2>L’effet Greta Thunberg</h2>
<p>Au-delà de ce constat, c’est le principe même de la figure ou de l’incarnation qui peut poser question.</p>
<p>Après tout, ce concept fait débat depuis longtemps en <a href="https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2018-4.htm">sciences politiques</a>, et l’émergence de mouvements collectifs et de demandes d’une plus grande prise en considération de la représentativité citoyenne pourrait plaider pour un abandon de cette question.</p>
<p>Pourtant, on le voit bien : sur les réseaux sociaux, mais pas uniquement, la personnalisation fonctionne particulièrement bien pour relayer des messages, <a href="https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2021-2-page-140.htm">comme l’a souligné Nadia Hassani</a> – sans aller bien sûr <a href="https://www.cairn.info/revue-etudes-2022-3-page-33.htm">jusqu’à l’incarnation providentielle</a> face à l’urgence climatique.</p>
<p>Néanmoins, la circulation médiatique des personnages publics, avec toutes les limites que cela comporte, <a href="https://journals.openedition.org/communication/6497">permet de constituer un véhicule utile</a> pour la transmission d’informations.</p>
<p>Ainsi, dans une étude collective particulièrement riche, plusieurs chercheurs britanniques et états-uniens <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jasp.12737">faisaient état d’un « Greta Thunberg effect »</a> auprès des populations engagées pour la cause climatique.</p>
<p>Cet effet n’a rien d’anodin et montre à quel point les figures populaires et médiatiques, lorsqu’elles incarnent des causes politiques, peuvent provoquer des effets d’entraînement à même de sensibiliser plus d’individus et, au final, de conquérir l’espace public et médiatique.</p>
<p>Cela pose aussi les limites et les <a href="https://penseedudiscours.hypotheses.org/4734">risques de l’énonciation ventriloque</a>, chère à Marie-Anne Paveau, mais mérite également de poser un fait : si nous ne nous sentons pas représentés et légitimés par les personnes qui parlent du climat, comment faire pour nous sentir nous-mêmes légitimes pour agir et nous engager ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181210/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>L'étude dont est tirée cet article a été financée par Open Society Foundations et Komons.</span></em></p>Sur les réseaux sociaux, c’est l’ingénieur et consultant Jean-Marc Jancovici qui provoque le plus fort taux d’engagement, souligne une récente étude d’Impakt Faktor.Albin Wagener, Chercheur associé l'INALCO (PLIDAM) et au laboratoire PREFICS, Université Rennes 2Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1776482022-03-16T11:29:53Z2022-03-16T11:29:53ZLes jeunes et le politique : au-delà du vote, des formes d’engagement multiples<p>Les jeunes Français et les jeunes Françaises, comme l’ensemble des jeunes Européens et dans une certaine mesure comme leurs aînés et aînées, tendent à s’abstenir toujours davantage de voter. Une attitude qui semble se renforcer au fil des décennies. Cet éloignement est encore plus prononcé chez les jeunes peu diplômés et rencontrant des difficultés d’intégration sociale.</p>
<p>Le phénomène a été étudié de manière approfondie par un certain nombre d’auteurs et d’autrices. Anne Muxel, en particulier, a souligné l’existence d’un moratoire concernant les jeunes et leur relation au vote (c’est-à-dire d’une période de transition pendant laquelle les jeunes ne votent pas) ainsi que le <a href="https://www.jean-jaures.org/publication/politiquement-jeune/">caractère politique de leurs abstentions</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/retour-sur-les-municipales-les-jeunes-a-la-pointe-du-vote-vert-142133">Retour sur les municipales : les jeunes à la pointe du vote vert ?</a>
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<p>Analysant ainsi les raisons de l’abstention des jeunes lors des élections de 2017, elle montre que 48 % des jeunes se déclarent insatisfaits et insatisfaites de l’offre électorale : ils utilisent l’abstention pour manifester leur mécontentement (31 %) et expriment des doutes sur la capacité de l’élection à changer réellement les choses (31 %). Ainsi que le soulignent les résultats d’un <a href="https://www.ipsos.com/fr-fr/presidentielle-2022/chiffres-cles-0">tout récent sondage Ipsos</a>, seulement 47 % des jeunes de moins de 24 ans se déclarent certains de se rendre aux urnes au printemps 2022 (contre 65 % de la population générale et 79 % des plus de 70 ans). Les jeunes insistent, comme en 2017, sur leur faible enthousiasme vis-à-vis des candidates et candidats déclarés.</p>
<h2>Une conception exigeante de la démocratie</h2>
<p>Comme le pointe Vincent Tiberj, si le vote reste l’outil de participation politique le plus massif, les différentes générations n’ont pas la même attitude vis-à-vis de cet outil – cet auteur rappelle qu’en 2020, à l’occasion des élections municipales et malgré l’épidémie de Covid, 20 millions de Françaises et Français se sont déplacés alors que les manifestations massives « Je suis Charlie » n’ont rassemblé « qu’un » million et demi de personnes.</p>
<p>Alors que les plus âgés tendent à recourir au vote de manière systématique, les plus jeunes en <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02975231">font un usage intermittent</a>, et ce même parmi les plus diplômés. L’explication de cet éloignement des jeunes vis-à-vis du vote est sans doute à rechercher du côté de la défiance institutionnelle de cette population vis-à-vis des responsables politiques.</p>
<p>Ainsi que le met en évidence Tom Chevalier, par le biais de travaux comparatifs, plus l’action publique se base sur des critères de citoyenneté socio-économique inclusive, plus les jeunes <a href="https://www.puf.com/content/La_jeunesse_dans_tous_ses_%C3%89tats">ont confiance dans les institutions</a> et, à l’inverse, plus les jeunes se trouvent confrontés à des normes restrictives (une citoyenneté refusée pour reprendre les termes de l’auteur), plus la confiance des jeunes à l’égard des institutions <a href="https://doi.org/10.3917/rfs.601.0013">tend à décroître</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/GYrOeOewKT8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Abstention : des jeunes expliquent pourquoi ils ne sont pas allés voter aux élections régionales (Ouest-France, 2022).</span></figcaption>
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<p>Cela dit, pour comprendre les relations entretenues entre les jeunes et le politique, il faut sans doute sortir d’une perspective essentiellement dépréciative.</p>
<p>Tout d’abord, les travaux de recherche montrent que les jeunes, de plus en plus diplômés et au fait des enjeux sociaux, ont une <a href="https://injep.fr/publication/generations-desenchantees-jeunes-et-democratie/">conception exigeante de la démocratie</a>, basée sur une <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/pour-une-politique-de-la-jeunesse-camille-peugny/9782021492439">relation à la fois distante et critique</a>, alimentée par leurs capacités à décoder les discours, à comprendre les jeux de la scène politique et à remettre en question la capacité des gouvernants à vraiment agir sur les défis globaux.</p>
<p>En outre, ils et elles font preuve d’une <a href="https://www.institutmontaigne.org/publications/une-jeunesse-plurielle-enquete-aupres-des-18-24-ans">plus grande tolérance</a> vis‑à‑vis de certaines questions sociales comme celle de l’immigration par exemple. Dans la même veine, <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02993298">Camille Bedock</a> souligne que, si les jeunes se disent moins attachés que leurs aînés à l’importance d’être gouvernés démocratiquement (8.3 sur une échelle de 0 à 10 pour les personnes nées après 1990 contre 8.6 en moyenne), ils et elles considèrent que l’égalité des droits entre les hommes et les femmes est particulièrement importante (8.6 contre 8.3 en moyenne), que la redistribution par l’impôt est un outil intéressant (6.2 contre 6 en moyenne) de même que l’égalisation des revenus (6.2 contre 5.8). Ils et elles se montrent donc dans le même temps plus détachés des règles démocratiques et plus attachés à des valeurs sociales fortes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1462717596017508353"}"></div></p>
<p>Ensuite, en dehors des rencontres électorales, les jeunes développent des formes d’engagement multiples. Là encore, un certain nombre de chercheurs et chercheuses ont pu mettre en évidence des évolutions dans les manières dont les jeunes s’engagent aujourd’hui. Dès les années 1990, Jacques Ion avait souligné une <a href="https://www.cairn.info/la-fin-des-militants--9782708232822.htm">prise de distance</a> vis-à-vis des modes classiques de représentation politique à travers le vote, l’adhésion à un parti politique, à un syndicat ou encore à une association nationale, et avait insisté sur l’émergence de ce qu’il a appelé des formes d’engagement « Post-it », plus réversibles, en pointillé et marquées par des exigences du point de vue de la délégation de la parole.</p>
<h2>Grande diversité des engagements</h2>
<p>Plus récemment, Sarah Pickard a proposé la notion de <a href="https://link.springer.com/book/10.1057/978-1-137-57788-7">« Do it yourself politics »</a> pour qualifier les comportements politiques des jeunes. Selon elle, ces derniers développent de nouvelles conceptions dans lesquelles l’engagement devient composite et multiforme dans la mesure où la même personne peut à la fois s’engager dans la sphère privée (en pratiquant la réduction des déchets par exemple) et au local (en adhérant à une association de son territoire) tout en militant à l’échelle nationale pour une cause particulière et en signant des pétitions internationales sur des sujets devenus globaux comme #Metoo, Black lives matter ou encore Fridays for Future.</p>
<p>Par ailleurs, il est possible d’insister sur le fait que l’engagement des jeunes peut s’exprimer à la fois dans une certaine proximité avec les institutions, car les jeunes s’impliquent dans les dispositifs de participation promus par les pouvoirs publics (qu’il s’agisse de Conseils de jeunes, du Service civique ou bien des bourses de soutien aux projets de jeunes) ou bien totalement en marge des pouvoirs publics ou encore en opposition avec ces derniers.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1456552877556748292"}"></div></p>
<p>Dans une recherche européenne récente sur l’engagement des jeunes au niveau local en Europe, nous avons ainsi eu l’occasion de montrer la grande diversité de ces formes d’engagement dans les domaines de l’écologie, de l’accueil des personnes exilées, de la lutte contre la précarité ou bien encore pour la défense des personnes LGBTQ. Si, dans certains cas, peu fréquents, les responsables politiques <a href="https://www.routledge.com/Young-People-and-the-Struggle-for-Participation-Contested-Practices-Power/Walther-Batsleer-Loncle-Pohl/p/book/9781032091136">s’appuient sur ces mouvements</a>, dans la vaste majorité des cas, ils et elles ont tendance à les mettre de côté ou à simplement ne pas les considérer comme des formes d’expression politique.</p>
<p>Pourtant, les mobilisations de jeunes peuvent parfois jouer des rôles tout à fait importants alors même que les pouvoirs publics refusent de s’impliquer. C’est singulièrement le cas pour les personnes exilées déboutées du droit d’asile où la solidarité <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-01143473/">déployée par les jeunes</a> vient pallier l’absence d’intervention publique.</p>
<p>Il est donc sans doute nécessaire, pour comprendre quels sont les rapports noués entre les jeunes et le politique aujourd’hui, de reconnaître à la fois la distance critique qu’exercent les jeunes quand ils et elles s’abstiennent et l’importance de leurs capacités de mobilisation sur des sujets sociaux cruciaux et parfois peu couverts par les pouvoirs publics.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177648/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Patricia Loncle ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si le vote reste l’outil de participation politique le plus massif, les différentes générations n’ont pas la même attitude vis-à-vis de cet outil.Patricia Loncle, Professeure en sociologie, École des hautes études en santé publique (EHESP) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1779702022-03-01T20:12:18Z2022-03-01T20:12:18ZComment repenser le pilotage des politiques publiques après la crise du coronavirus ?<p>Depuis le début de l’année 2020, la pandémie liée au coronavirus met en évidence l’importance des structures publiques, notamment locales, pour l’organisation de la vie sociale et économique de nos pays et de leurs habitants. Elle en fait également éclater les limites et les insuffisances. Se rendent ainsi visibles plusieurs problèmes de pilotage des politiques publiques, auxquels des solutions paraissent devoir être trouvées.</p>
<p>C’est là l’objet de l’ouvrage récemment publié aux éditions Berger-Levrault <em>Le pilotage des politiques locales : de la planification à l’évaluation – Concepts, pratiques et normes</em>. Il analyse différents exemples qui nous invitent à considérer la crise du Covid-19 comme une opportunité de développement de l’innovation publique.</p>
<p>Force est de constater que les organisations publiques ne peuvent plus se contenter d’une gestion fondée sur le seul contrôle de leurs ressources, notamment financières, sur une gouvernance fermée et passive, sur des outils de gestion court-termistes, ainsi que sur des logiques de changement « top-down » et peu préventives.</p>
<h2>Changer de paradigme</h2>
<p>Le premier point d’achoppement mis en évidence par la crise est celui de la gestion des ressources. La période récente a révélé les capacités limitées des organisations publiques, à prévenir, à planifier, ou à prioriser. Dans les années à venir, les pratiques de gestion des risques, les outils de détection et d’analyse des besoins sociaux sont ainsi invités à se développer. Il s’agit d’anticiper, mais surtout de savoir s’adapter rapidement aux ruptures contextuelles et conjoncturelles. Pour l’heure, nos équipes dirigeantes conduisent l’action publique souvent à vue en restant focalisés sur les seuls moyens à leur disposition avec de faibles capacités collectives projectives.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/448602/original/file-20220225-21-fv4miv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/448602/original/file-20220225-21-fv4miv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448602/original/file-20220225-21-fv4miv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=540&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448602/original/file-20220225-21-fv4miv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=540&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448602/original/file-20220225-21-fv4miv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=540&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448602/original/file-20220225-21-fv4miv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=679&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448602/original/file-20220225-21-fv4miv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=679&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448602/original/file-20220225-21-fv4miv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=679&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Cette pandémie met aussi en évidence des limites qui relèvent de la coordination et de la coopération des différents acteurs de la sphère publique. L’engagement d’acteurs individuels ou associatifs des territoires permet souvent de trouver des solutions dans la gouvernance locale. On l’a, par exemple, vu pour la réalisation des masques ou des blouses manquantes, ou encore avec le financement sous forme de dons aux hôpitaux publics. Mais, les répartitions entre acteurs n’étant pas explicites, chacun se renvoie parfois un peu la balle lorsqu’il s’agit d’endosser une responsabilité.</p>
<p>Ces problématiques appellent un changement de paradigme au sein du management public. Très influencé par une culture du contrôle bureaucratique, il semble devoir se réformer dans une logique développée par le <a href="https://books.openedition.org/igpde/5756?lang=fr"><em>Post New-Public Management</em></a>. Celle-ci est centrée sur une ouverture à l’usager, sur une collaboration multipartite, sur l’anticipation et la transparence.</p>
<p>Des <a href="https://journals.openedition.org/pmp/4423">chercheurs</a>, qui interrogeaient les logiques de la loi Lolf, ont observé que les premières mises en place de véritables pilotages des politiques publiques se sont opérées dans les grandes villes anglo-saxonnes telles que Charlotte, Melbourne, Sydney ou Auckland. On les a également retrouvés à un niveau fédéral aux États-Unis ou en Australie. Avec la crise économico-financière de la fin des années 2000, on a pu les retrouver à <a href="https://hal-univ-pau.archives-ouvertes.fr/hal-02431100">l’échelle française</a>.</p>
<h2>Des collectivités innovantes</h2>
<p>Piloter une politique publique, c’est d’abord effectuer des diagnostics stratégiques, ce qui reste peu fait en pratique, mais aussi planifier l’activité sur le long terme. À ce titre, plusieurs outils peuvent être mobilisés : segmentations stratégiques, arbres à objectifs, outils de priorisation… S’ouvrir à d’autres acteurs, tels que les associations, permet le développement d’une intelligence collective et d’une gouvernance partagée, plus à même d’anticiper ou de faire face à des évolutions sociales ou environnementales. L’information circule alors mieux, que cela soit de manière descendante, des dirigeants vers la population, ou ascendante.</p>
<p>Ces pratiques commencent à être mises en œuvre de manière volontariste par des collectivités innovantes que notre ouvrage est venu étudier.</p>
<p>Le Sicoval, un établissement intercommunal du Sud-Est toulousain, a su réaliser un bilan à mi-mandat et modifier son projet politique 2014-2020 pour fixer un nouveau cap pour 2018-2020. Pour améliorer ses modes de gouvernance, plusieurs priorités ont alors été privilégiées et l’on a alors observé une organisation politique et administrative responsabilisée et des tableaux de bord produits pour évaluer les actions engagées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/448607/original/file-20220225-21-9ji2hq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/448607/original/file-20220225-21-9ji2hq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448607/original/file-20220225-21-9ji2hq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448607/original/file-20220225-21-9ji2hq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448607/original/file-20220225-21-9ji2hq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448607/original/file-20220225-21-9ji2hq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448607/original/file-20220225-21-9ji2hq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448607/original/file-20220225-21-9ji2hq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">A mi-mandat, le conseil départemental a pris le temps d’analyser son projet « Ambitions 2021 ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">rostichep/Pixabay</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Plus au nord, la métropole d’Angers a engagé au début des années 2020 une relecture de ses politiques publiques. Elle se donne alors les moyens de répondre à plusieurs questions : que doit développer la collectivité ? Que doit-elle arrêter ? Que doit-elle faire différemment ? Que doit-elle continuer à faire ? La méthode y est ouverte et collaborative, mêlant élu et agents, fonctions métiers et support, en mode projet et en transversalité.</p>
<p>Plusieurs outils sont alors mobilisés comme une segmentation stratégique, un arbre à objectifs, des indicateurs d’évaluation, un budget par politiques publiques, un système d’information d’aide à la décision. Un plan d’action par axes d’intervention en a découlé. Cette démarche et ces outils ont permis de revoir les politiques locales, en particulier sur le plan budgétaire, pour déterminer les priorités et trouver de nouvelles marges de manœuvre dans un contexte contraint.</p>
<p>Dernier exemple à une échelle plus large, le conseil départemental de l’Isère a défini un projet intitulé « Ambitions 2021 » au service de son territoire, ses usagers et ses autres partenaires. Une démarche de pilotage des politiques y est déployée, mobilisant des indicateurs dans plusieurs documents de communication. Un bilan à mi-mandat du projet d’administration est venu évaluer plusieurs politiques publiques comme la famille, le cadre de vie, ou encore l’attractivité du territoire.</p>
<p>Ces quelques cas constituent une invitation pour les politiques publiques à se tourner vers un paradigme de fonctionnement intégrant le pilotage de leurs politiques et services publics, vers des modes de gouvernance ouverts et proactifs, vers des outils de gestion mobilisant aussi des dimensions stratégiques, organisationnelles et individuelles, ainsi que des logiques de changement participatives et anticipatrices.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177970/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Carassus a reçu des financements de différentes collectivités locales pour faire fonctionner la chaire OPTIMA (chaire de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour), mais aussi de partenaires de collectivités locales. </span></em></p>Certaines collectivités territoriales françaises emboîtent le pas de leurs homologues anglo-saxonnes dans des pratiques qui visent à renforcer la collaboration, l’anticipation et la transparence.David Carassus, Professeur en sciences de gestion, IAE Pau-BayonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1767452022-02-09T20:43:26Z2022-02-09T20:43:26ZPeut-on appliquer à des bénévoles les outils de gestion des salariés ?<p>Sanitaire et social, éducation, jeunesse, développement local, protection de l’environnement, humanitaire ou encore activités culturelles et de loisirs… Partout en France, le nombre d’associations, quel que soit le domaine, ne cesse de croître. On l’estime à <a href="https://institut-isbl.fr/paysage-associatif-francais-mesures-evolutions-3eme-edition/">1,5 million à l’heure actuelle</a>, c’est 200 000 de plus qu’en 2011. Cela représente en moyenne 30 000 organisations de plus chaque année.</p>
<p>44 % d’entre elles ne s’adressent pas qu’à leurs seuls membres mais se tournent vers des publics extérieurs. Leur budget cumulé reste important : 113,3 milliards d’euros, soit environ 3,3 % du PIB français, et augmente aussi chaque année, en moyenne de 1,6 % entre 2011 et 2017.</p>
<p>La vie associative repose largement sur l’engagement de bénévoles, sujet d’un <a href="https://www.lecese.fr/actualites/une-journee-avec-les-benevoles">questionnement récent du Conseil économique social et environnemental (Cese)</a> au cours d’une journée intitulée « l’engagement bénévole, indispensable facteur de cohésion sociale et de citoyenneté ».</p>
<p>On recense ainsi près de <a href="https://www.liberation.fr/france/2020/11/23/precarite-22-millions-de-citoyens-sont-engages-dans-des-actions-benevoles_1803735/">22 millions de membres actifs</a> en France, représentant un volume de travail de l’ordre de 1 425 000 emplois en équivalents temps plein. Seules 10,6 % des associations ont recours à l’emploi salarié. Bien qu’elles n’aient pas de but lucratif, les associations restent des organisations à part entière, avec des objectifs, une coordination des activités individuelles à mettre en place et des actions collectives à gérer.</p>
<p>N’y aurait-il pas, cependant, un paradoxe à associer bénévolat et management ? Le second terme, issu du monde de l’entreprise, est souvent confondu avec une logique simplement financière et comptable, de baisse des coûts et d’augmentation des résultats. Le bénévolat demeure, lui, un engagement libre et non rémunéré : n’est-ce pas illogique, voire immoral, de vouloir y appliquer des logiques gestionnaires ?</p>
<h2>Cadre formel et identité partagée</h2>
<p>Ces questions sont abordées par l’ouvrage collectif <a href="https://www.editions-ems.fr/livres-2/collections/business-science-institute/ouvrage/637-b%C3%A9n%C3%A9volat-et-management.html"><em>Bénévolat et management : pratiques, paradoxes et préconisations</em></a>, récemment paru, auquel 14 enseignants-chercheurs et experts du monde associatif ont contribué. Il explique notamment que se tourner vers les sciences de la gestion pour de manager des volontaires n’est pas inutile.</p>
<p>Comment attirer et recruter des bénévoles ? Quelles tâches leur affecter ? Comment satisfaire et récompenser les bénévoles ? Comment les fidéliser ? Ces questions de management se posent au même titre que pour d’autres ressources humaines. Aucune organisation ne peut être performante sur le long terme sans réussir la gestion opérationnelle qui doit permettre d’atteindre les objectifs fixés. Il en est de même pour les organisations mobilisant des bénévoles.</p>
<p>De nombreux aspects du management de bénévoles ne diffèrent pas tellement du management de salariés. Ainsi, une association d’assistance psychologique aux personnes en détresse a mis en place des procédures de recrutement des bénévoles semblables à celles de salariés en grande entreprise. Elle publie des annonces de recrutement dans la presse et sur Internet et les personnes intéressées passent plusieurs entretiens avec des psychologues avant d’entrer dans un parcours de formation et d’intégration progressive.</p>
<p>Même pour des postes de bénévoles moins sensibles, il convient de s’assurer d’une bonne adéquation au poste à pourvoir, et aux valeurs de l’organisation. La question du sens et de la motivation est importante pour laisser des espaces de choix et d’autonomie pour les bénévoles. Expliciter autant que possible ce que l’organisation leur propose (ou pas !), est essentiel. La contractualisation via des conventions d’engagement, des contrats civiques ou encore la mise en place d’entretiens de suivi s’observe aussi de plus en plus dans les grandes associations. Cela s’est avéré opportun dans le cas de plusieurs associations présentées dans l’ouvrage.</p>
<p>Parallèlement au cadre formel, il est important de créer une identité partagée par les membres actifs. Dans le cas d’un grand événement sportif, par exemple, la convivialité et l’esprit d’appartenance passent par des soirées réservées aux bénévoles, à la fin de chaque journée de l’événement. Pareillement, une association d’aide aux immigrants organise des événements sociaux semestriels, et des sorties dans les environs.</p>
<h2>Différencier bénévoles et salariés</h2>
<p>Ceci étant dit, il ne faut toutefois pas confondre le rôle des bénévoles avec celui des salariés. Dans l’ouvrage, une association dans le domaine de l’action sociale et de la santé confie ainsi son activité d’accueil des bénéficiaires aux bénévoles, mais leur suivi administratif aux salariés.</p>
<p>Instaurer une « hiérarchie » propre aux bénévoles s’avère pertinent. Ils peuvent alors s’adresser à leur référent bénévole en charge d’identifier et de définir les tâches, organiser les éventuelles formations ou apprentissages, et répondre à leurs questions.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1488166058796138501"}"></div></p>
<p>L’articulation entre les rôles des uns et des autres permet une stabilité pour l’organisation et favorise la fidélité comme le renouvellement des bénévoles. Lorsqu’une grande association de solidarité a choisi de confier la réorganisation de son bureau au comité de direction, elle a ainsi très vite compris la nécessité d’avoir recours à des experts tiers pour accompagner la construction du collectif, et ne créer aucune ambiguïté et asymétrie entre les rôles respectifs. Les divergences entre bénévoles et salariés sur des sujets sensibles sont souvent réduites aux compétences et à leur investissement. Or, la prise en compte de la dimension subjective et intersubjective s’avère un facteur déterminant. Il faut donner du sens à l’engagement de chacun.</p>
<p>La séparation par le statut, bénévole ou salarié, ne constitue cependant pas toujours une frontière hermétique pour organiser les compétences et éviter le sentiment de concurrence. Avec parfois des risques. Dans une association du secteur du handicap, la direction a négligé la gestion des ressources humaines salariées et laissé se multiplier les heures de travail des salariés non payées. L’association a ainsi dérivé vers une « bénévolisation » de ses salariés qui pèse sur leur bien-être au travail, et sur l’attractivité employeur de l’association qui a connu de nombreux départs.</p>
<h2>En quête de reconnaissance</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/445148/original/file-20220208-20-1r9g3gw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/445148/original/file-20220208-20-1r9g3gw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/445148/original/file-20220208-20-1r9g3gw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=946&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/445148/original/file-20220208-20-1r9g3gw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=946&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/445148/original/file-20220208-20-1r9g3gw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=946&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/445148/original/file-20220208-20-1r9g3gw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1189&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/445148/original/file-20220208-20-1r9g3gw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1189&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/445148/original/file-20220208-20-1r9g3gw.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1189&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Alors qu’ils sont par définition non rémunérés, il est essentiel de valoriser le travail fait par les bénévoles. Leur accompagnement, notamment par des échanges réguliers, et des remerciements, formels et informels, y participe. Car, si les bénévoles s’engagent pour s’épanouir, ils le font aussi en quête d’une certaine reconnaissance (y compris écrite).</p>
<p>La perception des « récompenses » reçues dépend des attentes des bénévoles et il convient donc de les questionner en amont et d’expliciter les contreparties proposées. Ce qui leur a été « promis », ou ce qu’ils pensent qu’il leur a été promis, forme ce que l’on appelle des <a href="https://www.cairn.info/revue-de-gestion-des-ressources-humaines-2009-2-page-2.htm">« contrats psychologiques »</a>. Plus ceux-ci seront réalistes, plus les bénévoles estimeront que le contrat a été « tenu », ce qui renforcera leur satisfaction et leur engagement. Le grand événement sportif déjà évoqué précédemment décrit ainsi sur son site Internet différents « packs », dans lesquels des durées d’engagement bénévole déterminent les objets et événements offerts en contrepartie.</p>
<p>Gérer des bénévoles requiert en tout état de cause une approche spécifique, qui ne consiste ni à transposer simplement le management de salariés, ni à « ne rien faire ». La mobilisation du bénévolat n’est pas une action spontanée : ces contributions sont à organiser, hiérarchiser, favoriser au sein de l’organisation, en un mot… à manager.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176745/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Un ouvrage récent tente de répondre à la question à partir de nombreux cas. Ils montrent qu’une simple transposition reste inadéquate, les bénévoles s’engageant notamment en quête de reconnaissance.Anne Bartel-Radic, Professeure des universités en sciences de gestion et du management, Université Grenoble Alpes (UGA)Amélie Artis, Enseignant-Chercheur et Maître de conférences HDR à Sciences Po Grenoble, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1736662021-12-16T20:06:08Z2021-12-16T20:06:08ZPour Noël, évitez de déposer des chèques et des billets sous le sapin<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/437174/original/file-20211213-19-1sx1oes.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=47%2C51%2C1443%2C884&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La valeur d’un cadeau ne se résume pas à sa valeur monétaire.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Fake_one_dollar_with_Santa_Claus.jpg">Lloydoramcdowell / Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Quel jouet acheter à ma nièce pour Noël ? Pas facile, moi qui n’ai jamais été une petite fille de huit ans. Pour mon frère : une bouteille de whisky. Mais n’a-t-il pas arrêté d’en boire dernièrement ? Et ma tante ? Le Goncourt de l’année, comme toujours. Pas sûr pourtant que l’histoire, cette fois, l’intéresse.</p>
<p>À ma compagne, c’est plus facile, je connais ses goûts et tout ce qu’elle possède déjà. En tout cas, pas d’argent ni aux uns ni aux autres. Éventuellement un chèque-cadeau si je n’ai pas le temps de courir les magasins et les sites Internet. De toute façon lorsqu’elles ne plaisent pas, ces étrennes peuvent se revendre sur Leboncoin. L’économie des cadeaux pour les fêtes est déconcertante !</p>
<p>Au début des années 1990, elle a dérouté un jeune assistant-professeur de l’Université de Yale. Fasciné par la théorie économique du choix rationnel du consommateur, il tique devant la tradition de Noël qui consiste à offrir un bien pour une autre personne <a href="https://www.amherst.edu/media/view/104699/original/christmas.pdf">sans connaître parfaitement ses préférences</a>. En dépensant 50 dollars pour un cadeau à un proche, il est probable que ce dernier aurait acheté avec cette somme quelque chose qui lui aurait plu davantage.</p>
<p>Il demande alors aux étudiants de son cours de microéconomie d’estimer le prix des cadeaux qu’ils ont reçus il y a peu pour Noël, ainsi que ce qu’ils seraient prêts à payer pour obtenir leurs cadeaux s’ils ne les avaient pas reçus. L’un répond, par exemple, que le sweatshirt qu’il a découvert sous le sapin vaut 50 euros dans le commerce, mais qu’il aurait été prêt à payer seulement 43 euros s’il avait eu à l’acheter.</p>
<h2>Perte économique sèche</h2>
<p>Le jeune assistant-professeur observe chez les étudiants interrogés un écart systématique de l’ordre de 20 % entre leurs deux estimations. Appliquant ce ratio au chiffre des ventes réalisées au Noël 1992, il en déduit que l’échange de cadeaux conduit une perte sèche pour la société de plusieurs milliards de dollars. Pour corriger cette allocation inefficace des ressources, il conviendrait selon lui de donner de l’argent plutôt que d’offrir des présents emballés. Un billet de 50 euros plutôt que 7 euros perdus pour un sweatshirt surprise.</p>
<p>Or, son raisonnement économique est erroné et absurde.</p>
<p>Mais avant d’expliquer pourquoi, observons que si son raisonnement avait été juste, la perte de richesse serait encore beaucoup plus grande aujourd’hui. Les dépenses de cadeaux pour les fêtes de Noël ont en effet considérablement augmenté depuis le début des années 1990. La Chine et sa production à bas coût sont passées par là.</p>
<p>Prenons l’exemple des jouets. L’empire du Milieu concentre <a href="https://www.economist.com/graphic-detail/2017/12/25/china-is-still-a-toy-manufacturing-powerhouse">environ les trois quarts de la production mondiale</a>.</p>
<p>Toutes les entreprises du reste de la planète s’y approvisionnent ou bien y fabriquent. Même <a href="https://theconversation.com/economie-du-jouet-le-jeu-de-lego-52608">Lego a fini par y construire une usine</a>. Les consommateurs français apprécient car ils ont ainsi vu le prix des jouets chuter de <a href="http://www.insee.fr/fr/bases-de-donnees/bsweb/graph.asp?idbank=000638945">près d’un cinquième entre 1995 et 2015</a>. Cette tendance vaut également pour les présents que se font les adultes entre eux.</p>
<p><iframe id="LdLeT" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/LdLeT/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Parallèlement à cette baisse unitaire, le budget alloué aux cadeaux de Noël gonfle régulièrement. Aux États-Unis, la dépense par ménage a augmenté de près de <a href="https://think.ing.com/reports/special-report-presents-of-mind-christmas-2016/">40 % au cours des 30 dernières années</a>. Cet emballement n’est pas sans poser problème à certains. Deux Américains sur dix déclarent qu’ils se sont endettés pour Noël. Il faut dire qu’ils sont un peu plus d’un sur deux à considérer que c’est le moment de l’année où ils se permettent de ne pas se soucier de dépenser de l’argent. Il en est peut-être de même pour vous. En tout cas, les experts en marketing et les vendeurs le savent et ils s’en donnent à cœur joie pour nous pousser à la dépense en ces périodes de fin d’année.</p>
<p>Si Joel Waldfogel, puisque c’est le nom de notre jeune assistant-professeur, avait raison en calculant qu’un cinquième des dépenses des cadeaux de Noël s’envolait en fumée en pure perte, l’addition, ou plutôt la soustraction, serait donc devenue encore plus salée aujourd’hui. Il ne faut pas cependant s’en inquiéter car, comme annoncé, il a tort.</p>
<h2>Réciprocité</h2>
<p>Intuitivement, cela ne vous surprendra pas. Imaginez offrir de l’argent à votre compagne ou à votre compagnon sous le sapin plutôt qu’un présent. Il y a peu de chances que sa réaction soit plus positive que devant un cadeau joliment emballé. Même chose pour l’ami qui vous a invité pour le réveillon de la Saint-Sylvestre devant un billet de 10 ou 20 euros que vous lui tendriez sur le pas de la porte au lieu d’une bouteille de vin ou d’un bouquet de fleurs !</p>
<p>Et puis, les cadeaux de Noël sont en général réciproques. Imaginez un échange d’enveloppes entre conjoints, chacune contenant 50 euros. Super, les deux dons s’annulent ! Notez que la situation serait sans doute plus délicate encore si l’un mettait beaucoup moins de billets dans son enveloppe que l’autre…</p>
<p>D’ailleurs, les économistes d’aujourd’hui ne s’y trompent pas. Près de cinquante, la plupart enseignant à Chicago, Harvard, MIT, Stanford et Berkeley, ont été sollicités pour réagir à la <a href="https://www.igmchicago.org/surveys/bah-humbug/">proposition</a> suivante :</p>
<blockquote>
<p>« Donner des présents spécifiques comme cadeaux de fête est inefficace car les bénéficiaires pourraient beaucoup mieux satisfaire leurs préférences avec du cash. »</p>
</blockquote>
<p>Seule une petite minorité s’est déclarée d’accord. Quant aux sept lauréats du prix « Nobel » d’économie interrogés parmi le groupe, ils se sont unanimement prononcés contre.</p>
<p>Les anthropologues auraient été encore plus sûrement unanimes. Fins <a href="https://journals.openedition.org/lectures/520">observateurs du don</a> dans les sociétés traditionnelles et modernes, ils en savent plus que quiconque sur ce sujet complexe. Ils ne peuvent que dénoncer le réductionnisme d’un Joel Waldfogel. Mais en cherchant la réfutation du côté même de l’économie, nous allons pouvoir actualiser nos connaissances sur la théorie du consommateur.</p>
<p>La perte entre le don d’un présent emballé et le don d’argent trouve en effet son origine dans le modèle maintenant dépassé d’un consommateur choisissant de façon parfaitement rationnelle ce qu’il achète : il connaît intimement ses préférences et calcule face à tous les biens et selon ses moyens ce qui maximiserait son plaisir, son utilité, disent les économistes. Du genre <em>Homo œconomicus</em>, il est donc imbattable dans le choix de ses achats.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/437177/original/file-20211213-21-1twe7l5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/437177/original/file-20211213-21-1twe7l5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/437177/original/file-20211213-21-1twe7l5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/437177/original/file-20211213-21-1twe7l5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/437177/original/file-20211213-21-1twe7l5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/437177/original/file-20211213-21-1twe7l5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/437177/original/file-20211213-21-1twe7l5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les cadeaux de Noël sont en général réciproques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/vintagehalloweencollector/2084765580/">Dave/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le mérite de Joel Waldfogel serait alors d’avoir le premier mesuré de combien celui qui choisit à la place du consommateur est battu. Sauf que sa démarche n’est pas très canonique. Aux yeux d’un puriste, il commet un sacrilège : il objective l’utilité par une mesure monétaire et il compare l’utilité entre les personnes. Cela revient en quelque sorte à faire de l’argent l’instrument universel de mesure du plaisir et qu’un dollar pour le donateur vaut autant qu’un dollar pour le donataire, alors même que le premier peut être plus riche que le second, ou l’inverse ; une double position contestée par les théoriciens.</p>
<p>Par ailleurs, la théorie du consommateur parfaitement rationnel est battue en brèche par les travaux de psychologie expérimentale et d’économie comportementale, travaux qui se sont multipliés depuis plusieurs dizaines d’années.</p>
<p>Ils ont notamment mis en évidence l’importance de la réciprocité comme interaction sociale. Soit un joueur 1 qui décide quelle part d’un prix de 100 unités il est prêt à offrir à un joueur 2, alors que ce dernier a seulement la possibilité d’accepter ou de refuser la part proposée. La plupart des offres sont comprises entre 42 et 50 % tandis que les <a href="https://www.nber.org/system/files/working_papers/w18687/w18687.pdf">offres à moins de 20 % sont refusées</a>. La théorie prédit pourtant que le joueur 1 devrait par intérêt garder presque tout pour lui et que joueur 2 devrait accepter même une petite part du gâteau car c’est toujours mieux que rien du tout !</p>
<p>Dès lors, il devient également possible de battre le consommateur lui-même. Par exemple, en lui offrant en cadeau un bien ou service auquel il n’aurait pas pensé car il n’en connaissait pas l’existence ou n’en connaissait qu’insuffisamment les caractéristiques et les usages. Sans parler d’autres barrières comme la crainte que son achat soit jugé déplacé aux yeux d’une partie de son entourage.</p>
<h2>Plaisir d’offrir</h2>
<p>Le <a href="https://www.nber.org/system/files/working_papers/w18687/w18687.pdf">modèle théorique du consommateur</a> s’éloigne ainsi aujourd’hui de la parfaite rationalité et cherche à intégrer les affects (sentiments et émotions) et les motivations (dévouement familial, altruisme, socialisation, etc.) qui guident ses choix. Le cadeau emballé peut dès lors être apprécié comme un signal de l’attachement du donateur puisqu’il a réfléchi et a <a href="https://sites.duke.edu/djepapers/files/2016/10/Yao.pdf">passé du temps à le choisir</a>, ou même parce qu’il procure tout simplement quelques minutes passées à découvrir une surprise, le temps d’enlever le ruban et d’ouvrir le paquet.</p>
<p>Bref, la valeur du cadeau ne se résume pas à sa valeur monétaire. D’ailleurs, dès lors que la question posée aux étudiants n’est plus d’estimer le prix du cadeau reçu en l’enjoignant de laisser de côté la valeur sentimentale, mais que l’interrogation porte sur sa valeur totale comprise comme sa valeur matérielle plus sa valeur sentimentale, c’est un <a href="https://www.jstor.org/stable/pdf/116876.pdf">gain et non plus une perte</a> qui apparaît.</p>
<p>En toute rigueur, il conviendrait aussi de comptabiliser la satisfaction du donateur. Ne dit-on pas que le plaisir d’offrir est souvent plus grand que celui de recevoir ? La consommation du cadeau reçu peut être à l’origine aussi d’un <a href="https://www.jstor.org/stable/pdf/116876.pdf">effet positif en retour</a>, comme le sourire et le remerciement du donataire. Sans parler de la réaction d’Annie Hall recevant de son mari joué par Woody Allen une pièce de lingerie fine « Oh mais c’est un cadeau pour toi ! ».</p>
<p>Après ces considérations sur les façons dont nous devrions et dont nous pourrions nous comporter avec nos cadeaux de Noël, il serait peut-être temps d’observer comment nous nous comportons. Que disent les sondages et les enquêtes ?</p>
<p>En premier lieu, les donataires sont dans leur très grande majorité satisfaits des présents qu’ils reçoivent. En Europe, seul un <a href="https://think.ing.com/reports/special-report-presents-of-mind-christmas-2016/">sur sept a recueilli un cadeau qu’il n’apprécie pas</a> ; la France se distinguant par une proportion plus forte. Les donateurs voient donc plutôt juste. Peut-être d’ailleurs pour certains aidés par les suggestions de l’entourage de la personne à qui ils voulaient faire un présent. Ou même en demandant directement ce qu’elle veut pour Noël !</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1342531217003061248"}"></div></p>
<p>En second lieu, le don d’argent est très minoritaire – une personne sur 10 en reçoit parmi tous ses cadeaux. Il reste largement dépassé par la carte cadeau. Elle évite de remettre un chèque ou des billets sans âme et réduit les chances d’un cadeau spécifique qui déplairait. Mais elle reporte sur le donataire la tâche d’aller en magasin, qu’il soit en brique ou en ligne. Selon une association de consommateurs, un Américain consacre une <a href="https://www.consumerreports.org/cro/news/2010/11/americans-spend-42-hours-each-on-holiday-shopping-and-partying/index.htm">quinzaine d’heures à magasiner plus trois à emballer</a> les cadeaux.</p>
<p>En dernier lieu, les présents qui ne plaisent pas connaissent toutes sortes de devenirs. Ils restent le plus souvent au fond d’une armoire ou d’un tiroir, mais sont parfois aussi jetés avec les papiers d’emballage, une pratique que les <a href="https://mumbrella.com.au/ing-champions-sustainable-gift-giving-this-christmas-with-give-me-something-good-dreamstarter-campaign-606875">éboueurs de Sydney</a> dénoncent en chœur dans « Give me something good », un clip réalisé par la banque ING pour sensibiliser à ce gâchis.</p>
<p>Pour éviter le gaspillage, les cadeaux peuvent être remis en circulation. De façon traditionnelle, en réoffrant l’air de rien ce que l’on a reçu, en échangeant en boutique, ou en donnant à une organisation caritative.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Give Me Something Good » (ING Australia, 2019).</span></figcaption>
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<p>Aujourd’hui, la revente sur Internet a pris le dessus. Pour le 25 décembre 2020 et rien que pour la France, Rakuten annonçait <a href="https://www.lci.fr/economie/revente-de-cadeaux-de-noel-des-objets-remis-en-vente-en-ligne-par-millions-la-france-championne-d-europe-2173835.html">300 000 cadeaux postés mi-journée</a>, eBay estimait le double pour la fin de soirée et Leboncoin plus encore. Plusieurs millions de cadeaux changent ainsi de main pendant les fêtes et quelques jours au-delà. S’il avait connu ces plates-formes d’échanges, notre jeune assistant-professeur d’économie de Yale aurait revu son calcul de perte à la baisse grâce à la réallocation efficace des ressources qu’elles permettent.</p>
<p>Devant l’ampleur commerciale qu’ont prise les fêtes de Noël et l’avalanche de cadeaux qu’elles déclenchent, on peut aussi être tenté de renouer avec une tradition plus sobre et tournée vers son prochain. De nombreuses associations caritatives acceptent des cadeaux pour les redistribuer.</p>
<p>Vous pouvez donner parmi ceux que vous avez reçus ceux qui vous déplaisent ou dont vous disposez déjà. Vous pouvez aussi faire don d’un cadeau qui vous plaît, mais qui plairait plus ou serait plus utile encore à d’autres ; ce ne serait pas une hérésie économique, pas plus qu’envoyer un chèque ou passer un virement à une association caritative !</p>
<hr>
<p><em>Note : la littérature économique sur les cadeaux de fêtes est abondante. Vous trouverez une courte recension <a href="https://www.bruegel.org/2018/12/the-microeconomics-of-christmas/">ici</a>. Joel Waldfogel lui-même a publié d’autres articles notamment <a href="https://www.jstor.org/stable/40042886?seq=1#metadata_info_tab_contents">ici</a> et même un <a href="https://press.princeton.edu/books/hardcover/9780691142647/scroogenomics">livre</a>.</em></p>
<p><em>François Lévêque a publié chez Odile Jacob <a href="https://theconversation.com/bonnes-feuilles-lere-des-entreprises-hyperpuissantes-touche-t-elle-a-sa-fin-157831">« Les entreprises hyperpuissantes. Géants et Titans, la fin du modèle global ? »</a>. Son ouvrage a reçu le <a href="https://www.melchior.fr/note-de-lecture/les-entreprises-hyperpuissantes-prix-lyceen-lire-l-economie-2021">prix lycéen du livre d’économie 2021</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/173666/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’idée, bien que séduisante d’un point de vue économique car elle permet de maximiser l’utilité de celle ou celui qui reçoit, souffre de nombreux de défauts.François Lévêque, Professeur d’économie, Mines ParisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1715602021-11-30T18:57:58Z2021-11-30T18:57:58ZQuand la crise sanitaire rebat les cartes entre les acteurs de la solidarité nationale et internationale<p>Alors que la France est officiellement entrée dans la cinquième vague de la crise sanitaire, on peut raisonnablement s’interroger sur les impacts durables de la pandémie liée au Covid sur l’organisation des acteurs de la solidarité.</p>
<p>Le champ de la solidarité a pendant longtemps été marqué en France par une définition nette des rôles entre, d’un côté, les grands <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2007-8-page-83.htm">acteurs de la solidarité internationale</a> qui opèrent dans les pays des Suds (regroupés sous le terme d’<a href="https://www.editionsladecouverte.fr/les_ong-9782707182081">ONG</a>), et de l’autre, les acteurs de la solidarité nationale (souvent approchés sous le qualificatif d’<a href="https://www.decitre.fr/livres/l-association-9782818503119.html">associations</a>).</p>
<p>Dans ce contexte, la collaboration entre ONG et associations était loin d’être évidente tant les différences semblaient prégnantes : celle des lieux d’intervention, celle des cultures organisationnelles ou celle des processus organisationnels. À grands traits, les ONG internationales étaient perçues comme des organisations dotées de nombreuses expertises et de moyens financiers importants, quand les associations nationales étaient réputées pour leur connaissance des territoires et leur capacité à mobiliser de larges équipes de bénévoles.</p>
<p>La crise du Covid et la fermeture des frontières qu’elle a engendrée ont cependant rebattu les cartes en contraignant temporairement les ONG à <a href="https://www.urd.org/wp-content/uploads/2020/07/Note11_Covid-19-et-solutions-locales-1.pdf">redéfinir leur champ d’action au niveau national</a>. Ces acteurs ont ainsi initié ou développé leurs missions en France.</p>
<p><a href="https://www.actioncontrelafaim.org">Action contre la faim</a> a, par exemple, démarré fin 2019 une <a href="https://www.actioncontrelafaim.org/missions/france/">mission de sécurité alimentaire des populations précaires</a> vivant en Île-de-France et à Marseille. De son côté, l’ONG <a href="https://www.solidarites.org/fr/">Solidarités International</a> spécialisée dans les opérations d’eau et assainissement à l’international (la majorité de ses missions sont en Afrique), a ouvert en 2020 une mission d’assainissement et de <a href="https://www.solidarites.org/fr/missions/france/">raccordement à l’eau potable de plusieurs bidonvilles</a> en Île-de-France et dans les métropoles de Nantes et Toulouse.</p>
<p>Les deux années passées ont été l’occasion pour ONG et associations nationales de travailler ensemble en recherchant des synergies nouvelles afin de bénéficier d’un maillage terrain et d’un réseau fort à l’échelle des territoires. Pour ses missions en France, ACF a ainsi travaillé en étroite collaboration avec l’Armée du Salut, tandis que Solidarités International s’est entouré de plusieurs organisations comme Médecins du monde France ou la Fondation Veolia.</p>
<p>Il paraît légitime de se demander si ce type de rapprochements entre monde associatif et ONG relève de la conjoncture ou d’une tendance de fond. Nous penchons clairement pour la seconde option. Le travail sur des terrains partagés a révélé de nombreuses complémentarités : les associations sont capables d’impulser des solutions innovantes avec peu de moyens tandis que les ONG savent associer un grand savoir-faire opérationnel à une réactivité importante. Ces compétences plurielles permettent d’ouvrir de <a href="https://www.coordinationsud.org/document-ressource/lancrage-en-france-des-ong-francaises-un-contiguum-des-solidarites-ici-et-la-bas/">nouvelles perspectives de collaboration</a> et de croiser les regards (par exemple sur <a href="https://www.coordinationsud.org/nos-appuis-aux-ong/integrer-genre-organisation/">l’approche « genre », sur laquelle certaines ONG sont pionnières</a>).</p>
<p>Au-delà des valeurs et des causes semblables, ONG internationales et associations nationales partagent d’autres points communs dans l’évolution de leurs métiers et du financement de leurs activités.</p>
<h2>La coopération en réponse à la mise en concurrence</h2>
<p>Depuis plusieurs années, les acteurs de la solidarité internationale sont mis en concurrence pour l’obtention de fonds institutionnels (européens et internationaux). En particulier, le <a href="https://www.coordinationsud.org/wp-content/uploads/synthese-etude-localisation-aide.pdf">principe de localisation de l’aide</a>, poussé depuis 2016 par les bailleurs internationaux (non sans <a href="https://cdn.odi.org/media/documents/C19__localisation_diary_methods_WEB.pdf">difficultés</a>), interroge la place des ONG françaises dans l’architecture de l’aide internationale, et questionne leurs territoires d’intervention.</p>
<p>La structuration croissante des sociétés civiles au Sud ainsi que la globalisation des enjeux permettent de faire émerger de nouvelles logiques de solidarité entre territoires, davantage fondées sur la résolution de problèmes communs que sur des relations d’aide asymétriques.</p>
<p>Les associations nationales se retrouvent, de leur côté, en concurrence pour bénéficier des fonds nationaux. ONG et associations se voient donc contraintes de répondre à des enjeux communs en matière de légitimité, de recherche de financements, de gestion de leurs membres et de rationalisation de leurs activités.</p>
<p>La coopération permet à ces acteurs de répondre à leurs enjeux respectifs en mutualisant leurs ressources et en bénéficiant des expertises de chacun. En ce sens, la collaboration est devenue un moyen de répondre aux pressions institutionnelles mais aussi de développer des synergies.</p>
<p>Le partage d’enjeux communs et la mise en œuvre d’activités collectives ont par ailleurs engendré une meilleure intercompréhension de ces organisations. Elles ont construit et affiné des logiques multi-acteurs afin de mieux coordonner leurs intérêts respectifs et ceux de leurs parties prenantes (bailleurs, bénéficiaires, acteurs publics locaux, etc.) avec qui elles interagissent.</p>
<p>La régulation concurrentielle a été, en ce sens, un catalyseur de la collaboration entre organisations de la solidarité, en les amenant à trouver les moyens de mutualiser leurs ressources et de travailler en commun.</p>
<p>La crise sanitaire a contribué à ce rapprochement (comme le montrent les exemples cités plus haut). Cependant ce travail de coopération a été initié bien en amont par des acteurs que l’on peut qualifier d’hybrides, à savoir capables de <a href="https://www.coordinationsud.org/wp-content/uploads/ancrage_france_web_16.06.20.pdf">conjuguer intrinsèquement des compétences</a> d’ONG internationales et d’associations nationales.</p>
<p>Il en est ainsi pour Médecins du Monde ou pour la Croix Rouge qui ont su habilement conjuguer les talents et font aujourd’hui figure de précurseurs. Moins connues, des initiatives comme <a href="https://www.cfsi.asso.fr/programme/cooperer-autrement/">« coopérer autrement en acteurs du changement »</a> du Comité français pour la solidarité internationale expérimentent déjà depuis 2014 les coopérations de territoire à territoire.</p>
<p>Ces organisations intègrent la dimension multi-acteurs propre à ces nouvelles coopérations, privilégiant ainsi des collaborations plurielles entre acteurs associatifs, chercheurs, acteurs publics et entrepreneurs, à la fois au Sud et au Nord.</p>
<p>La crise sanitaire n’a fait, finalement, que révéler – et sans doute accélérer – une tendance de fond de rapprochement des acteurs de la solidarité œuvrant aux niveaux national et international, dans la lignée des enjeux de localisation cités. Si les effets de ces nouvelles logiques sont encore à apprécier, ces pratiques font primer la demande (à l’opposé des approches par l’offre).</p>
<p>Dès lors, les logiques d’intervention des ONG et des acteurs associatifs sont moins guidées par les opportunités de financement que par les demandes et besoins de communautés d’usagers et d’usagères inscrites dans une pluralité de territoires. Une <a href="https://www.pantheonsorbonne.fr/page-perso/e2397005716">thèse de doctorat est actuellement engagée</a> à <a href="http://www.iae-paris.com/fr">l’IAE Paris</a> en partenariat avec <a href="https://www.coordinationsud.org">Coordination Sud</a> pour collecter des données sur ces questions.</p>
<h2>De nouveaux rapprochements pour de nouvelles solidarités</h2>
<p>Ce rapprochement entre niveaux d’action constitue par ailleurs une réponse aux grands défis à venir pour la solidarité. La crise de l’accueil de migrants a montré que les sujets de la solidarité internationale sont aussi ceux de la solidarité nationale.</p>
<p>Pour y répondre, les ONG sont contraintes de mobiliser une pluralité de territoires d’intervention (au Nord et au Sud) et d’acteurs (associations, groupements de citoyens et institutions nationales et internationales). Elles construisent alors des stratégies d’intervention qui allient à la fois lutte contre le réchauffement climatique (par des actions d’atténuation et d’adaptation) et lutte contre la pauvreté et les inégalités (par des actions médico-sociales, d’urgence ou encore d’éducation), en pleine adéquation avec la logique de l’<a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/globalpartnerships/">objectif de développement durable 17</a> qui consiste à nouer des partenariats efficaces et inclusifs.</p>
<p>De même, les enjeux environnementaux font peser des menaces communes à toutes les populations du globe conduisant à la diffusion de problématiques sanitaires sur de nouveaux terrains autrefois épargnés. Il en est ainsi avec des maladies ou des espèces invasives qui suivent l’évolution des courbes de température et entraînent une évolution des pathologies dans les pays du Nord (l’arrivée sur le territoire français du <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine">moustique tigre</a> en étant l’exemple le plus connu).</p>
<p>La coopération entre ONG internationales et associations nationales est donc un enjeu majeur que ce soit au Nord comme au Sud. Elle est à même de déboucher sur des pistes essentielles pour définir le chemin étroit de la transition écologique et sociale. Les missions communes déjà engagées sont prometteuses et ont abouti à de belles réussites. L’action française de Solidarités International a d’ores et déjà touché près de 6 000 personnes. Et Oxfam et les trois ONG réunies au sein de l’<a href="https://laffairedusiecle.net/qui-sommes-nous/">« Affaire du siècle »</a> ont réussi, en 2021, à faire reconnaître la faute de l’État en matière de lutte contre le réchauffement climatique par le tribunal administratif de Paris, avec injonction à agir.</p>
<p>Il est maintenant souhaitable qu’elles perdurent dans le temps. Cela passe par une prise de conscience de ces enjeux par les décideurs politiques et les bailleurs nationaux et internationaux mais aussi par une sollicitation plus systématique des acteurs des Suds, encore trop souvent cantonnés à un rôle de bénéficiaires et non de producteurs de savoirs et d’expertises.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/171560/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vincent Pradier travaille actuellement en tant que chargé d'études et d'analyses, et en tant que doctorant en CIFRE en sciences de gestion à l'IAE de Paris 1, pour Coordination SUD, la plate-forme des ONG françaises de solidarité internationale. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emmanuelle Garbe et Philippe Eynaud ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Depuis la crise sanitaire, de nombreuses associations et ONG conjuguent leurs compétences et leurs réseaux afin de développer de nouvelles synergies.Philippe Eynaud, Professeur en sciences de gestion, IAE Paris – Sorbonne Business SchoolEmmanuelle Garbe, Maîtresse de conférences, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneVincent Pradier, Doctorant en sciences de gestion, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1634402021-07-06T17:22:27Z2021-07-06T17:22:27ZDes médecins militant pour la prévention de la guerre nucléaire : l’IPPNW et son double prix Nobel de la paix<p>En janvier 2021 est entré en vigueur le <a href="https://theconversation.com/vers-une-mise-au-ban-de-la-bombe-nucleaire-153995">Traité d’interdiction des armes nucléaires</a> (TIAN), une victoire pour la <a href="http://icanfrance.org/">Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires</a> (ICAN), regroupement de près de 500 associations militant pour la paix et le désarmement, fondé en 2007 à Vienne et dont l’action a été saluée par le prix Nobel de la paix en 2017.</p>
<p>Parmi ces associations, représentant plus de 100 pays, figure en bonne place <a href="https://www.ippnw.eu/fr/accueil.html">l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire</a> (IPPNW), créée en 1980, et qui a elle-même reçu le <a href="https://www.ippnw.org/about/ippnw-a-brief-history/nobel-peace-prizes">prix Nobel de la Paix en 1985</a>.</p>
<p>Pourquoi l’IPPNW et sa branche française, <a href="https://www.amfpgn.org/">l’Association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire</a> (l’AMFPGN-IPPNW France), ne sont-elles pas davantage connues, et leur combat plus médiatisé ?</p>
<p>Des entretiens inédits avec des membres et avec le président de l’association permettent de braquer le projecteur sur l’action menée par cette structure.</p>
<h2>Une approche pluridisciplinaire</h2>
<p>Anne-Marie Roucayrol, médecin anatomo-pathologiste, membre du bureau de l’association, que nous avons rencontrée, s’est intéressée à la question de l’arme nucléaire de par sa spécialité, l’étude des lésions et les diagnostics de cancer :</p>
<blockquote>
<p>« C’était un choix politique pour moi d’entrer à l’association. J’ai adhéré dans les années 1980, c’était encore l’époque de la guerre froide. Dans l’association, nous nous centrons sur la prévention des conflits nucléaires. Cette notion de prévention est vraiment le mot clé car, en tant que médecins, nous savons qu’il n’y a pas de remède aux retombées radioactives d’une guerre nucléaire. Il faut donc à tout prix l’empêcher. Nous nous sommes intéressés aux enjeux géopolitiques et au face-à-face des deux Grands, et à partir des années 1990 nous avons intégré les pays émergents, avec l’idée de la pyramide de la violence, dont le sommet est la guerre nucléaire et la base est constituée par la violence sociale, dont les inégalités sociales sont l’un des principaux moteurs. L’association a travaillé dans de nombreuses directions. Nous avons étudié tous les échelons de la filière nucléaire et des causes de tensions dans le monde. »</p>
</blockquote>
<p>L’IPPNW condamne les essais nucléaires français menés sous la présidence Chirac (1995-2007) et leurs conséquences, notamment en Polynésie française, en particulier dans <a href="https://www.liberation.fr/france/2018/09/07/bombe-h-moruroa-un-silence-des-morts_1677269/">l’atoll de Mururoa</a>.</p>
<p>Anne-Marie Roucayrol ajoute : « Jacques Mongnet, qui s’occupait de la revue de notre association, et Christian Chenal ont initié un travail remarquable au Kazakhstan, sur le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Polygone_nucl%C3%A9aire_de_Semipalatinsk">polygone nucléaire de Semipalatinsk</a> », qui était l’un des principaux sites d’essais nucléaires soviétiques.</p>
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<p>L’IPPNW et sa branche française ont suscité et publié de nombreux rapports et études, en s’appuyant sur les compétences médicales de ses membres, aussi bien en radiophysique, en radiobiologie qu’en épidémiologie, ou même en matière d’aspects psychologiques. L’un de ses membres, <a href="https://maitron.fr/spip.php?article179635">Stanislas Tomkiewicz</a> (1925-2003), Juif polonais rescapé du ghetto de Varsovie et des camps de la mort, est devenu psychiatre pour adolescents et a travaillé sur les aspects psychologiques des conflits. Il a d’ailleurs eu pour compagne la fille d’une rescapée d’Hiroshima. « Ainsi, dans l’association nous étudions tous les aspects du problème, avec une dimension de militantisme pacifiste », témoigne la militante.</p>
<p>L’association fournit une expertise et des études rigoureuses sur de nombreux sujets, comme les cas de <a href="https://www.ippnw.eu/fr/accueil/artikel/5f54786b06b290bc9e9d05e14ef60598/les-cas-de-cancer-de-la-thyroide-che.html">cancers de la thyroïde chez les enfants de Fukushima</a>, les <a href="https://dailygeekshow.com/guerre-nucleaire-famine/">risques de famine liés à une guerre nucléaire</a>, ou encore les <a href="https://www.amfpgn.org/">risques d’écocide liés aux armes nucléaires</a>.</p>
<h2>Un plaidoyer difficile…</h2>
<p>Cependant, analyse A.-M. Roucayrol, « le problème de cette association, c’est que c’est un groupe d’experts, plus qu’une association de masse. » Elle apporte de l’expertise, elle vulgarise les connaissances médicales sur le nucléaire et elle s’efforce d’influencer les dirigeants politiques, ce qui est difficile étant donné que la France est une grande puissance nucléaire :</p>
<blockquote>
<p>« Notre association est reçue de temps en temps au Quai d’Orsay, et aussi à l’Élysée. Nous leur exposons nos arguments, mais les fonctionnaires du Quai d’Orsay n’en démordent pas, restent attachés à la théorie de la dissuasion, donc à la bombe. »</p>
</blockquote>
<p>Afin de s’adapter aux sensibilités de la société actuelle, l’association insiste aujourd’hui davantage sur les enjeux humanitaires et environnementaux. Elle s’efforce de faire prendre conscience à la population que la question de la bombe est d’actualité dans un contexte marqué par les risques posés par le terrorisme et la cyber-guerre.</p>
<p>L’IPPNW, qui a des branches actives dans de nombreux pays (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Australie, Nouvelle-Zélande, mais aussi Russie et d’autres pays issus de l’URSS, Chine, Inde, Pakistan et Japon), a permis et permet des échanges et des circulations transnationales d’idées et d’expertise par-delà les frontières, y compris par-delà le rideau de fer au début de son existence, lors de la guerre froide.</p>
<p>Cependant, aujourd’hui en France, « l’association a du mal à recruter des jeunes internes et des jeunes médecins, ces derniers se méfiant de tout embrigadement politique et étant déjà surchargés de travail ».</p>
<p>Pourtant, l’association mène des travaux scientifiques et rigoureux sur des sujets cruciaux, comme la question des dédommagements à apporter à l’Algérie pour les essais nucléaires menés par la France au Sahara.</p>
<h2>… mais couronné de plusieurs succès</h2>
<p>L’association a, depuis sa création, organisé des délégations qui se sont rendues à des commémorations à Hiroshima ; elle a été représentée au Forum social mondial ; elle a également contribué à la création du réseau international <a href="https://afcdrp.com/">« Maires pour la paix »</a>. Elle alerte sur les situations humanitaires dramatiques des migrants et réfugiés, des ouvriers sous-traitants, précaires, travaillant dans les centrales nucléaires. « Avec <a href="https://aven.org/">AVEN (l’association des vétérans des essais nucléaires)</a>, nous avons réussi à faire bouger le gouvernement français », se félicite Anne-Marie Roucayrol, en particulier en matière de reconnaissance des dégâts causés par les essais nucléaires français au Sahara et dans le Pacifique. L’association fait connaître le fait que « même une faible dose d’irradiation a des effets toxiques, c’est l’effet micro-dose, avec la notion d’exposome, qui modifie l’ADN ; ainsi, plusieurs facteurs se potentialisent. »</p>
<p>Nous avons également rencontré <a href="https://maitron.fr/spip.php?article212146">Abraham Béhar</a>, le président de l’AMFPGN, et ancien co-président de l’IPPNW. Ancien médecin nucléaire, il a dirigé un laboratoire de radiobiologie et a beaucoup travaillé sur les essais nucléaires français dans l’atoll de Mururoa, montrant que les normes de radioprotection n’étaient pas appliquées et que les essais dégradaient le corail, et appelant donc à un moratoire sur les essais nucléaires :</p>
<blockquote>
<p>« Cet engagement était dangereux pour ma carrière. Le Quai d’Orsay a demandé à mon patron de me mettre à la porte, il y a eu toute une coalition pour m’empêcher d’être nommé médecin des hôpitaux, j’ai fini par l’être mais j’ai perdu dix ans. […]. Avec d’autres collègues de l’association, nous avons effectué une mission à Mururoa en 1990. Nous savions depuis 1981 qu’à la suite d’un tsunami, deux kilogrammes de plutonium avaient été répandus sur l’atoll. Il y a eu des hurlements du CEA pour dire que c’était un mensonge éhonté. Quand nous avons été sur place avec notre équipe envoyée par Michel Rocard, les militaires ont voulu nous montrer combien ils avaient bien travaillé pour colmater les taches radioactives du plutonium. »</p>
</blockquote>
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<p>C’est une victoire de l’association d’avoir obtenu le <a href="https://www.liberation.fr/france/2021/01/27/c-etait-un-27-janvier-le-dernier-essai-nucleaire-francais_1818583/">moratoire sur les essais nucléaires</a> décrété par le président Mitterrand en avril 1992.</p>
<p>Abraham Behar a mené des enquêtes médicales en Polynésie, à Tahiti et à Mururoa :</p>
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<p>« Notre association a placé le problème sur le plan de la santé publique, c’est notre spécificité, alors que d’autres organisations l’ont mis sur le plan politique, ou environnemental. Il y avait alors le débat sur les faibles doses : les gens pensaient qu’une faible dose de radioactivité était inoffensive, or nous avons montré que même une faible dose est nocive. Nous avons montré les effets délétères sur les 15 000 hommes de Polynésie qui avaient été recrutés par le gouvernement français, déracinés de leur atoll, pour travailler aux essais nucléaires : ils se sont retrouvés dans les bidonvilles de Tahiti où leurs conditions de vie et de santé se sont dramatiquement dégradées. »</p>
</blockquote>
<p>Il a également eu une action internationale :</p>
<blockquote>
<p>« Au titre de l’IPPNW, j’étais envoyé à l’étranger pour plaider en faveur du désarmement nucléaire. Dans ce cadre, je me suis rendu plusieurs fois en Chine, en Inde, au Pakistan, ainsi qu’en Russie, et dans ces différents endroits nous avons essayé de plaider au sommet, on s’est vite rendu compte que ça ne servait à rien du tout, on était très bien reçus, j’ai été invité à dîner avec des ministres, mais cela ne changeait rien, on s’est aperçus que la bataille était autour de l’opinion publique. »</p>
</blockquote>
<p>Abraham Behar a par ailleurs enquêté sur l’arme nucléaire israélienne ainsi que sur les effets secondaires des bombardements sur les populations civiles lors de la guerre du Vietnam, dans le cadre du <a href="https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve/730">Tribunal Russell sur les crimes de guerre au Vietnam</a>, ce qui l’a amené ensuite à fonder l’Association médicale franco-vietnamienne.</p>
<h2>La campagne « No First Use »</h2>
<p>Au fil des années, les pays non nucléaires se sont de plus en plus affirmés au sein de l’IPPNW et sur la scène internationale. C’est de ces pays émergents, et en particulier d’Australie, qu’est venue l’idée du TIAN.</p>
<p>Cependant, aucun pays de l’OTAN n’a signé le TIAN. Ainsi, « actuellement, le TIAN, bien qu’entré en vigueur, marque le pas », selon Abraham Behar :</p>
<blockquote>
<p>« Il y a un grand danger avec le réarmement accéléré auquel se livrent des pays comme la France, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde et le Pakistan. Profitant du fait que l’opinion publique est occupée par la pandémie, ils avancent leurs pions de façon énorme. »</p>
</blockquote>
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<p>C’est pourquoi, face à ce danger, l’IPPNW a déclenché une nouvelle campagne en Europe : celle du « No First Use » (« Non-recours en premier aux armes nucléaires »). « Cela permettrait de supprimer la logique de la dissuasion qui est basée sur le principe de la menace du <em>first use</em> », explique Abraham Behar.</p>
<p>« Cette bataille du <em>no first use</em> est importante, elle arrive à un moment opportun ; si cela marche, la France sera obligée de suivre. La campagne a en partie porté ses fruits : le communiqué final de l’entrevue Biden/Poutine fait allusion, de manière alambiquée, à cette question – un premier pas, donc, vers cet objectif. »</p>
<p>Les deux dirigeants ont en effet ébauché <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2021/06/16/entre-joe-biden-et-vladimir-poutine-des-retrouvailles-sous-le-signe-de-la-defiance_6084308_3210.html">l’amorce d’un nouveau système de sécurité collective et de contrôle des armements</a> entre les États-Unis et la Russie, après l’abandon ces dernières années de plusieurs traités de désarmement entre ces deux pays.</p>
<p>La question de l’arme nucléaire est plus que jamais d’actualité aujourd’hui : la pandémie de 2020-2021 ayant accaparé l’attention médiatique, les puissances nucléaires en ont profité pour augmenter leurs dépenses d’armement sans que cela n’attire l’attention des populations, si bien qu’aujourd’hui, avec <a href="https://passes-composes.com/book/285">près de 1 800 milliards de dollars</a>, la dépense militaire mondiale a atteint son maximum depuis la fin de la guerre froide. Les États-Unis sont toujours en tête des dépenses militaires mondiales, suivis de la Chine, puis de l’Arabie saoudite, puis de la Russie.</p>
<p>Malgré l’entrée en vigueur du TIAN en janvier 2021, et la remise du prix Nobel de la paix à l’ICAN en 2017, la prolifération nucléaire continue. Il est donc crucial d’accorder de l’importance à l’action salutaire menée par ces associations et par les pays non nucléaires qui ont signé le TIAN.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163440/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Chloé Maurel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire multiplie les actions de plaidoyer depuis sa création en 1980. Malgré des succès, la route est encore longue.Chloé Maurel, SIRICE (Université Paris 1/Paris IV), Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1611242021-06-20T17:01:33Z2021-06-20T17:01:33ZL’éducation populaire est-elle toujours d’actualité ?<p>Quel point commun entre les maisons des jeunes et de la culture, les auberges de jeunesse ou le scoutisme ? Chacun de ces mouvements ou associations se rattache à ce qu’on appelle l’éducation populaire, qui entend améliorer le fonctionnement de la société hors de l’appui des institutions classiques.</p>
<p>Mais comment définir plus précisément cette démarche éducative non scolaire ? L’éducation populaire a une histoire, des principes et des pratiques spécifiques. Que représente-t-elle aujourd’hui ? En quoi peut-elle être un vrai projet politique et éducatif novateur au XXI<sup>e</sup> siècle ?</p>
<h2>Des savoirs pour s’émanciper</h2>
<p>Les historiens de l’éducation populaire soulignent le flou de sa définition <a href="https://www.cairn.info/revue-agora-debats-jeunesses-2017-2-page-65.htm">sur le plan scientifique</a>, tout en affirmant son <a href="https://www.cairn.info/revue-savoirs-2016-3-page-11.htm">importance</a> pour comprendre notre histoire éducative. S’agit-il seulement d’une démarche visant à donner la possibilité au plus grand nombre d’accéder aux savoirs ? L’éducation populaire est bien plus que cela.</p>
<p>À la fois élément d’éducation permanente, formation tout au long de la vie, avec l’ambition d’une éducation accessible à tous, elle peut se définir comme une volonté d’émancipation individuelle et collective à partir de pratiques actives et concrètes.</p>
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<figcaption><span class="caption">Mais, au fait, c’est quoi l’éducation populaire ? (Le Planning familial, 2017).</span></figcaption>
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<p>Permettre à tous d’accéder aux connaissances et aux savoirs pour s’émanciper et transformer la société est un idéal issu de la Révolution française. Mais, c’est au début du XIX<sup>e</sup> siècle, avec l’essor de la société industrielle et capitaliste, que l’ambition <a href="http://atelierdecreationlibertaire.com/Instruire-le-peuple-emanciper-les-travailleurs.html">d’une instruction du peuple et de l’émancipation des travailleurs</a> se dessine concrètement.</p>
<p>Cette <a href="https://www.cairn.info/revue-agora-debats-jeunesses-2017-2.htm">éducation populaire naissante</a> a de multiples formes. Le courant républicain, en créant, en 1866, la <a href="https://laligue.org/">ligue de l’enseignement</a>, pense à l’encadrement des jeunes hors temps scolaire, avant même l’élaboration de l’école laïque et obligatoire.</p>
<p>Le courant syndicaliste ouvrier propose autour des bourses du travail et des <a href="https://injep.fr/wp-content/uploads/2018/09/rapport-2018-01-univpop.pdf">universités populaires</a>, une formation politique des travailleurs. De leur côté, les courants chrétiens fondent leurs propres associations d’éducation populaire à l’image de la jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) et la jeunesse agricole catholique (JAC).</p>
<h2>Un âge d’or ?</h2>
<p>L’essor de l’éducation populaire est perceptible à partir de la création des congés payés en 1936 et de la politique progressiste du Front populaire mise en œuvre par le ministre de l’Éducation nationale Jean Zay et par le secrétaire d’État à la jeunesse et aux sports Léo Lagrange.</p>
<p>C’est le début d’un rayonnement de l’éducation populaire avec la création des Cemea (<a href="https://www.cemea.asso.fr/spip.php?rubrique552">Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active</a>) en 1937 et des multiples associations de <a href="https://journals.openedition.org/rfp/184">colonies de vacances</a>, espaces d’éducation et de sociabilisation des jeunes. Le mouvement se poursuit à la Libération avec la création de la <a href="https://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_1997_num_118_1_1178">Fédération nationale des Francas</a> (Mouvement des Francs et Franches Camarades) et la création des <a href="https://www.cairn.info/revue-histoire-urbaine-2010-2-page-181.htm">Maisons des Jeunes et de la Culture</a> (MJC) qui perpétuent et amplifient cette éducation populaire d’accès à la culture et aux savoirs pour tous.</p>
<p>Parallèlement, l’éducation populaire <a href="http://www.theses.fr/s139918">s’institutionnalise</a>. En 1953, l’institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) fédère les différents mouvements et un statut officiel d’animateur professionnel est créé. Tout en se pérennisant, l’éducation populaire semble perdre de vue son caractère émancipateur du point de vue social en se cantonnant au domaine socioculturel.</p>
<h2>De nouveaux domaines d’action ?</h2>
<p>En 1998, la création d’Attac a illustré ce retour vers une conception politique de l’éducation populaire. <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/05/04/crise-sanitaire-et-pauvrete-les-degats-sociaux-attenues-par-la-solidarite-nationale-vont-perdurer_6078984_3224.html">Les dégâts sociaux</a> encore exacerbés par la crise sanitaire actuelle nécessitent, plus que jamais, une prise de conscience des inégalités croissantes de notre société et de <a href="https://www.inegalites.fr/Le-Rapport-sur-la-pauvrete-en-France-2020-2021-vient-de-paraitre">l’aggravation de la pauvreté en France</a>.</p>
<p>ATD Quart Monde ou Emmaüs, pour ne citer que ces deux associations emblématiques, participent activement depuis des décennies à la lutte contre les inégalités sociales par des actions d’éducation populaire et de formation.</p>
<p>Faut-il donc y voir, comme le souligne un <a href="https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2019/2019_12_education_populaire.pdf">rapport</a> du Conseil économique et social de mai 2019, un « concept moderne et précurseur » et un « laboratoire permanent de l’innovation et des méthodes actives » ? Car on assiste aujourd’hui à un renouveau,une <a href="https://www.ciriec-france.org/ciriec/cms/7147-7652/christian-maurel-education-populaire-et-bifurcation-de-l-histoire-avril-2021.dhtml">bifurcation</a> précise le sociologue Christian Maurel, ou peut-être un retour aux sources même de l’éducation populaire.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/UOhoLuL50fo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’éducation populaire, une exigence du XXIᵉ siècle (Cese).</span></figcaption>
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<p>En effet, en mai 2021, la note de l’Injep sur la <a href="https://injep.fr/publication/la-fabrique-de-leducation-populaire-et-de-lanimation/">fabrique de l’éducation populaire</a> précise les multiples champs possibles d’intervention de l’éducation populaire au XXI<sup>e</sup> siècle : éducation permanente, universités populaires, mais aussi appui aux mesures de politiques urbaines, de luttes contre les inégalités ou toutes les formes de discriminations.</p>
<p>L’éducation populaire s’ancre dans tous les domaines et représente un levier éducatif pour toutes les catégories sociales et toutes les générations à l’image du travail de la <a href="https://www.centres-sociaux.fr/">Fédération des centres sociaux</a> sur le vieillissement.</p>
<h2>Un projet de société au XXIᵉ siècle</h2>
<p>En raison de son histoire, l’éducation populaire possède ses figures pédagogiques, à l’instar de <a href="https://www.cairn.info/revue-reliance-2008-2-page-113.htm">Fernand Oury</a> ou <a href="https://www.cemea.asso.fr/spip.php?article2774">Gisèle de Failly</a>. Elle possède aussi ses propres pédagogies comme celle de la décision – « permettre aux individus de décider de ce qui les concerne » – la <a href="https://www.icem-pedagogie-freinet.org/sites/default/files/principes_elementaires_de_la_pedagogie_sociale_v_1.1.pdf">pédagogie sociale</a>, théorisée en France notamment par <a href="https://www.cairn.info/revue-journal-du-droit-des-jeunes-2012-6-page-44.htm">Laurent Ott</a>, ou les pédagogies critiques inspirées par le pédagogue brésilien <a href="https://freire.org/">Paulo Freire</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1115477150222704641"}"></div></p>
<p>La présence de <a href="https://www.meirieu.com/">Philippe Meirieu</a>, grand nom de la pédagogie, à la présidence nationale des Cemea est à cet égard un symbole de cette réaffirmation que <a href="https://ec56229aec51f1baff1d-185c3068e22352c56024573e929788ff.ssl.cf1.rackcdn.com/attachments/original/2/5/9/002618259.pdf">l’éducation</a> peut être au cœur d’un projet de société.</p>
<p>Mais la vigueur de l’éducation populaire est aussi dans ce lien entre méthodes actives et <a href="http://www.theses.fr/2011PA083546">éducation au politique</a> soulignant ce besoin de repenser une démocratie vivante où tous les habitants ont une place, peuvent agir et peser sur les décisions.</p>
<p>Les champs d’action de l’éducation populaire au XXI<sup>e</sup> siècle sont donc innombrables. La volonté de créer des activités de <a href="https://nuit-debout.fr/">démocratie directe</a>, des formes d’expression publique spécifique comme les <a href="https://conferences-gesticulees.net/">conférences gesticulées</a> ou des espaces éducatifs nouveaux, à l’image des <a href="https://theconversation.com/des-terrains-daventure-pour-redessiner-la-place-des-enfants-en-ville-159936">terrains d’aventure</a> qui redessinent la place des enfants dans la ville ne sont que quelques exemples de ce dynamisme éducatif et politique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161124/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>On y retrouve des colonies de vacances, les maisons des jeunes et de la culture ou encore les universités populaires. Mais que vise vraiment l’éducation populaire ? Son projet résonne-t-il encore ?Sylvain Wagnon, Professeur des universités en sciences de l'éducation, Faculté d'éducation, Université de MontpellierMathieu Depoil, Doctorant en Science de l'éducation au Liderf - Université de Montpellier, Université Paul Valéry – Montpellier IIILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1577872021-04-13T19:41:18Z2021-04-13T19:41:18ZInnover pour faire face à la crise : que peut-on apprendre des organisations humanitaires ?<p>Du 17 mars au 11 mai 2020, alors que toute la France se confine sous l’effet de l’épidémie de la Covid-19, les sans-abris, encore isolés, sont les seuls à occuper les rues désertées. Les associations humanitaires se mobilisent plus que jamais pour continuer à leur apporter de l’aide. Elles se réorganisent, se réinventent et s’adaptent pour un seul objectif : <a href="https://www.franceinter.fr/societe/sans-abris-au-temps-du-covid-ces-prochains-mois-vont-etre-difficiles-au-bois-de-vincennes-">« éviter de remettre les SDF à la rue ! »</a></p>
<p>Peut-on apprendre de ces organisations humanitaires et la façon dont elles ont innové pour gérer les situations de crise ?</p>
<p>Au-delà de ses conséquences économiques, politiques et sociales, la pandémie de la Covid-19 constitue aussi une crise humanitaire, une crise en matière de sécurité et de droits de l’homme, ayant provoqué une croissance exponentielle du nombre de personnes ayant besoin d’aide humanitaire, une <a href="https://www.un.org/sites/un2.un.org/files/un_comprehensive_response_to_covid19_french.pdf">forte augmentation</a> de la pauvreté, d’importantes fragilités et de graves inégalités au sein et entre les nations.</p>
<p>Sous l’effet de la pandémie, le nombre de nouveaux pauvres dans le monde est estimé entre 119 et 124 millions en 2020. Sur la base des prévisions de janvier 2021, on estime que ce nombre devrait s’établir <a href="https://blogs.worldbank.org/fr/opendata/actualisation-des-estimations-impact-pandemie-covid-19-sur-pauvrete">entre 143 et 163 millions</a>. De même, l’ONU estime que le nombre de personnes dans le monde ayant besoin d’une aide humanitaire s’élèvera à 235 millions en 2021, soit une augmentation de 40 % <a href="https://news.un.org/fr/story/2021/01/1087682">par rapport à l’année dernière</a>.</p>
<p>En France, malgré cette crise, la solidarité ne faiblit pas. Bien au contraire, elle s’organise et se raffermit pour atténuer l’isolement des plus vulnérables et maintenir le lien social. Dès le début du confinement, le gouvernement lance la Réserve civique-Covid 19 <a href="https://www.jeveuxaider.gouv.fr">jeveuxaider.gouv.fr</a> qui met en lien les citoyens et les associations afin de continuer à aider les plus démunis et les plus vulnérables. Grâce à cette plate-forme, plus de 330 000 bénévoles en France soutiennent d’aujourd’hui plus de <a href="https://www.jeveuxaider.gouv.fr">5000 associations et organisations publiques</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1371774994716319750"}"></div></p>
<p>Des initiatives solidaires très importantes <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-face-au-coronavirus-solidarite-et-lien-social-1186060">se multiplient</a>, que ce soit par des dons, des actions bénévoles, des plates-formes, de multiples hashtags comme <a href="https://bit.ly/2QycqQJ">#quarantaide #COVID19france</a> #TousSolidaires…</p>
<h2>Le cas Emmaüs Solidarité</h2>
<p>Comme de nombreuses associations humanitaires, <a href="https://www.emmaus-solidarite.org/">Emmaüs Solidarité</a> a subi de plein fouet la crise sanitaire. Cette association œuvre au quotidien pour que chacun trouve une place dans la société à partir des services élémentaires qu’elle réalise (hygiène, santé, vestiaire), des missions d’accueil, d’écoute, de réconfort et d’orientation qu’elle propose pour les personnes les plus fragiles, les plus désocialisées et les plus blessées par la vie : <a href="https://www.emmaus-solidarite.org/wp-content/uploads/2015/07/EMMA%86S-Solidarit%8E-Plaquette-de-pr%8Esentation-2017.pdf">celles qui vivent à la rue</a>. Le confinement a durement touché son activité comme le souligne Monsieur Bruno Morel, DG de l’association :</p>
<blockquote>
<p>« Une situation particulièrement difficile à gérer, marquée par la croissance du nombre de personnes suivies, l’impossibilité à tenir des réunions entre bénévoles et salariés confinés et à organiser des évènements publics, la suspension des ateliers d’information auprès des personnes accueillies et hébergées. »</p>
</blockquote>
<p>Pour ces personnes déjà précaires, le manque de nourriture s’ajoute à <a href="https://www.leparisien.fr/societe/coronavirus-le-confinement-ce-n-est-pas-pour-moi-constate-charly-sdf-21-03-2020-8285103.php">l’isolement social et psychologique</a> puisque les services de première nécessité et de santé ne sont quasiment plus accessibles :</p>
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<p>« Il est devenu impossible d’accéder aux toilettes des bars et des restaurants ou difficile de faire la manche dans les rues. »</p>
</blockquote>
<p>Avec la pandémie, l’association se trouve confrontée à un nouveau public composé de plus de femmes et de jeunes, avec de nouveaux défis comme les violences sexuelles ou conjugales, l’abandon, la rupture de soins… <a href="https://www.liberation.fr/societe/droits-des-femmes/femmes-isolees-au-centre-dhebergement-durgence-on-est-une-famille-20210315_SV5JKRXKXZELFP67WIOQ5G3XFU">Selon le DG</a>, « la fréquentation par les femmes a augmenté de 32 % entre 2019 et 2020 ».</p>
<h2>Mobiliser des ressources</h2>
<p>La crise impose aux associations des contraintes fortes en termes de capacités en ressources humaines, moyens techniques, matériels adaptés et une disponibilité des <a href="https://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-2012-3-page-59.htm">ressources financières</a>.</p>
<p>Face à ces contraintes, de nombreuses associations humanitaires comme Emmaüs Solidarité, <a href="https://www.emmaus-international.org/fr/actualites/2213-covid-19-d%C3%A9fi-de-solidarit%C3%A9-face-%C3%A0-l%E2%80%99%C3%A9pid%C3%A9mie.html">Emmaüs International</a>, la <a href="https://www.croix-rouge.fr/Actualite/coronavirus-Covid-19">Croix-Rouge française</a>, <a href="https://coallia.org/mobilisation-covid-19/">Coallia</a>, <a href="https://www.solidarites.org/fr/missions/france/">Solidarités International</a> et autres multiplient les mesures et renforcent les capacités : veille informationnelle continue, multiplication des maraudes, distribution de tickets services et répartition équitable des dons reçus auprès des personnes fragilisés par la pandémie, gestion intensive des stocks de matériel de protection pour répondre à tous les besoins…</p>
<p>Les gestes barrières imposés par la crise Covid-19 représentent par ailleurs un vrai dilemme pour les professionnels des associations humanitaires en contact avec les personnes en difficulté ; un dilemme qui impose de renoncer à la création du lien social qui est au cœur de leur métier, leurs priorités et leurs valeurs.</p>
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<p>« Avec les règles de distanciation sociale, on se sent un peu dans la contradiction d’assumer notre rôle de partager, de créer un lien social et de vivre ensemble. » (Chef de service de maraude, Emmaüs Solidarité)</p>
</blockquote>
<p>Les professionnels des associations humanitaires sont mobilisés plus que jamais pour resserrer les relations avec les personnes vulnérables, les écouter, comprendre leurs besoins et leur apporter une aide humanitaire de qualité malgré la gravité de la situation sanitaire. De nombreux partenariats sont créés entre les associations comme le cas Emmaüs Solidarité avec <a href="https://www.samusocial.paris">Samusocial de Paris</a>, <a href="https://www.secours-catholique.org">Secours catholique</a>, la <a href="https://www.croix-rouge.fr/Actualite/coronavirus-Covid-19">Croix-Rouge française</a>, mais aussi avec les collectivités, les restaurants et les établissements hôteliers afin de continuer à accueillir gracieusement et solidairement les personnes en besoin d’aide.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/KQ-lxUKlqtI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Pour continuer d’aider les sans-abris en pleine pandémie, les associations humanitaires ont dû s’adapter.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Modifier les pratiques et repenser le mode d’organisation</h2>
<p>La pandémie a imposé une <a href="https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2021-1-page-151.htm">révision profonde et durable des pratiques organisationnelles et managériales des organisations</a>, quelles que soient leur nature. A ce titre, l’association la <a href="https://www.croix-rouge.fr/Actualite/coronavirus-Covid-19">Croix-Rouge française</a> a dû repenser en urgence son mode d’organisation en procédant à la suspension de certaines activités, au maintien, à l’adaptation et au rajout d’<a href="https://www.croix-rouge.fr/Actualite/coronavirus-Covid-19/Covid-19-la-Croix-Rouge-est-a-l-ecoute-des-personnes-isolees-2382">autres activités liées spécifiquement à la Covid-19</a>.</p>
<p>De son côté, Emmaüs Solidarité a procédé au remplacement des salariés en arrêt de travail (garde d’enfants, personnes à risque et autres) par le recours à des renforts externes et à l’intérim ; à la réalisation de ses missions sur des sites plus proches géographiquement des personnes en besoin d’aide humanitaire…</p>
<h2>Quelles leçons peut-on tirer ?</h2>
<p>La gestion des associations humanitaires en temps de crise comporte des enjeux importants de continuité et de pérennisation de leur mission sociale. Celle-ci prend un sens très littéral en faisant face à des contraintes de coordination et de gouvernance multiples, en amont, mais aussi en aval, puisque la crise impacte drastiquement les personnes en besoin de l’aide humanitaire qui leur représente <a href="https://www.cairn.info/gestion-de-crise-maintien-et-consolidation--9782804116392-page-209.htm">« une question de vie ou de mort »</a>.</p>
<p>Nous pouvons ainsi retenir que les maîtres mots de la gestion de la crise sont la veille informationnelle et la communication ; le redéploiement des ressources ; la capacité de se réorganiser, de faire face aux paradoxes et d’adapter « en urgence » les pratiques et le mode de travail. Au-delà de toutes ces mesures, l’essence même de la gestion de la crise est sans doute l’harmonie entre tous les collaborateurs de l’organisation qui doivent rester unis et déterminés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/157787/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fadia Bahri Korbi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Confrontées à la pandémie, les organisations humanitaires ont du adapter leurs pratiques pour continuer d’aider au mieux les plus démunis. De quoi donner des idées au gouvernement ?Fadia Bahri Korbi, Maître de conférences en sciences de gestion, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1542012021-02-03T20:19:09Z2021-02-03T20:19:09ZPourquoi les entreprises déjà engagées dans la RSE deviennent-elles aussi des « sociétés à mission » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/381971/original/file-20210202-19-kz83rc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=231%2C186%2C794%2C600&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Afin d’aller plus loin dans l’affirmation de ses engagements en termes de RSE, la MAIF a acquis le statut de société à mission.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Vincent NGuyen / MAIF</span></span></figcaption></figure><p>Le statut de « société à mission », défini depuis 2019 par la loi relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite loi Pacte, est censé permettre de redessiner les contours de la contribution de l’organisation qui l’adopte à la société. Cette nouvelle forme d’engagement favorise l’articulation de l’impératif économique aux nécessités sociales et environnementales, et invite les entreprises à appréhender leur <a href="https://www.ademe.fr/expertises/produire-autrement/production-industrielle-services/passer-a-laction/dossier/performance-globale/quest-performance-globale">performance globale</a>.</p>
<p>Depuis que ce dispositif existe, certaines entreprises se sont dotées de ce nouveau statut juridique qui devient ainsi opposable, par exemple, aux actionnaires. Pour ces organisations, cela permet d’aller plus loin dans l’affirmation de leurs engagements en termes de responsabilité sociétale et environnementale (RSE), dont les chartes n’ont pas de valeur juridique.</p>
<p>Dans ce contexte, certaines entreprises qui déclarent placer la RSE au cœur de leurs activités, comme la mutuelle d’assurance <a href="https://www.maif.fr/files/pdf/annexes/adherer-a-la-maif/statuts-maif.pdf">Maif</a>, la société de commerce en ligne <a href="https://www.camif.fr/lesbelleshistoires/la-camif-une-entreprise-mission-la-francaise.html">Camif</a>, ou en encore le fabricant de produits bio <a href="https://corporate-leanature.com/nous-y-croyons/lea-nature-entreprise-a-mission/">Léa Nature</a>, ont récemment franchi le pas.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=274&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=274&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=274&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=345&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=345&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/381100/original/file-20210128-23-1c6p7qr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=345&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">« La raison d’être » d’entreprises à mission « bisociées » à la RSE.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs.</span></span>
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</figure>
<p>Dans ces entreprises, les deux concepts, RSE et « société à mission » coexistent désormais et se renforce même dans certains cas.</p>
<h2>La MAIF, une entreprise « politique »</h2>
<p>À l’origine, la MAIF fut créée en 1934 pour proposer une alternative aux pratiques tarifaires des sociétés d’assurance de l’époque. Au départ, centrée sur les instituteurs, la MAIF a progressivement ouvert la base de son sociétariat et élargi ses offres.</p>
<p>Comme nous l’avons observé dans nos <a href="https://www.cairn.info/revue-entreprendre-et-innover-2018-4-page-84.html">travaux de recherche</a>, les évolutions stratégiques successives ont permis aux mutuelles de se différencier de ses concurrents : d’une organisation mutualiste avec objet social vers une responsabilité sociétale affirmée (RSE), celles-ci ont souhaité réaliser une étape supplémentaire dans leur engagement.</p>
<p>Cette singularité s’est même invitée dans les derniers plans stratégiques de la MAIF : engagement dès 2006 dans les objectifs du <a href="http://www.globalcompact-france.org">Global Compact des Nations unies</a>, <a href="https://www.ethifinance.com">évaluation de sa performance par Ethifinance</a> en 2010 ; puis par l’Association française de normalisation (<a href="https://www.afnor.org">Afnor</a>) en 2016, investissements prenant en compte depuis 2019 une analyse des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), etc.</p>
<p>La formulation de sa mission en 2020 engramme cette expertise accumulée et les engagements successifs. De plus, le passage en société à mission ne constitue pas une finalité, mais bien une étape supplémentaire pour représenter sa performance globale dans laquelle celle-ci s’inscrit comme une <a href="https://entreprise.maif.fr/actualites/2019/publication-livre-pascal-demurger">organisation « politique »</a>. Le débat n’entend pas porter sur la primauté d’une démarche sociétale plus qu’une autre (RSE ou « société à mission ») mais plutôt sur l’articulation et la cohérence d’engagements sociétaux recherchées par la MAIF.</p>
<h2>La Camif, « société à mission » depuis… 2017</h2>
<p>Depuis 2009, la Camif a placé la RSE au cœur de son modèle. Pourtant animée par une stratégie de différenciation, sa démarche s’est inscrite rapidement dans la continuité d’un engagement de responsabilité sociale.</p>
<p>Alors qu’elle publie son premier rapport RSE en 2013 et qu’elle obtient la <a href="https://start.lesechos.fr/societe/environnement/comprendre-le-label-b-corp-en-5-questions-1175344">certification BCorp</a> en 2015, la Camif se dote à cette période de ce qui va préfigurer son comité à mission, une « Cellul’OSE ». Cette entité s’assure de l’articulation des orientations stratégiques avec les enjeux économiques, sociaux et environnementaux de l’entreprise.</p>
<p>La volonté d’être un des acteurs du changement des modes de production et de consommation se concrétise par des actions symboliques qui avaient pris sens dans sa stratégie RSE : transparence sur l’origine des produits et leur lieu de fabrication, fermeture du site Internet pour le Black Friday, plaidoyer pour une TVA réduite pour des produits responsables à impacts positifs, promotion d’une plate-forme pour rénover, réparer ou recycler les meubles, etc.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1335856579858497539"}"></div></p>
<p>Nourrie par sa responsabilité sociale, la Camif avait déjà, dès 2017, inscrit une mission dans ses statuts alors que la loi Pacte n’était pas encore promulguée ! Devenue une société à mission en 2020 conformément aux dispositions légales, la Camif s’inscrit désormais dans une volonté d’organiser au mieux ses actions sociétales à l’aide de sa politique RSE appuyé par sa stratégie d’entreprise à mission.</p>
<h2>Léa Nature « grave dans le marbre » ses engagements</h2>
<p>Léa Nature est une entreprise agroalimentaire spécialisée dans la production de produits naturels et bio. Son leitmotiv est « agir en cohérence pour concilier économie et écologie ».</p>
<p>Depuis plus de 20 ans, Léa Nature s’est construite à travers une durabilité de l’ensemble de sa chaine de valeur. À travers une politique RSE forte, l’entreprise a pu diminuer son impact carbone, optimiser sa consommation énergétique, aider au développement de filières bio locales, etc. Léa Nature a ainsi versé 13,5 millions d’euros à 1 900 projets environnementaux avec le 1 % for the Planet.</p>
<p>L’entreprise a aussi créé la fondation Léa Nature/Jardin Bio dès 2011 afin de sensibiliser à des causes d’intérêt général. Enfin, en 2013 elle a pu obtenir le niveau excellence par <a href="https://www.ecocert.com/fr/home">l’organisme Ecocert</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1331183354797027329"}"></div></p>
<p>Pourtant, l’avènement de l’entreprise à mission en 2019 lui a permis d’élargir différemment la soutenabilité de son organisation. « Nous nous sentions déjà entreprise à mission depuis longtemps. La loi nous a juste permis de l’inscrire officiellement ».</p>
<p>Le DG de Léa Nature affirmant que « La loi Pacte nous permet de graver dans le marbre, c’est-à-dire dans nos statuts, notre mission environnementale. Nous essayons d’exercer cette mission au mieux depuis plus de 20 ans. Les engagements environnementaux ne sont plus une option mais une obligation pour nous ».</p>
<h2>Vers une performance globale ?</h2>
<p>Comment les concepts de RSE et société à mission peuvent-ils conjointement aider une entreprise à concevoir et à prendre en charge sa performance globale ? Cette question nécessite d’opérer un développement théorique au regard des pratiques de plus en plus prégnantes à ce stade. Le concept de <a href="https://www.cairn.info/les-grands-auteurs-en-management-de-l-innovation--9782847698121-page-615.htm">bisociation</a> formulé par l’essayiste Arthur Koestler nous permet d’apporter un éclairage sur les liens que peuvent entretenir société à mission et RSE.</p>
<p>Le lien entre les deux matrices de pensée, l’expertise opérationnelle en RSE et la formalisation de la qualité de société à mission, repose sur l’objectif commun d’une responsabilité élargie de l’entreprise pour réduire des externalités négatives et favoriser des externalités positives. Le lien repose aussi sur l’apport d’une démarche de RSE pour fixer et atteindre les objectifs sociaux et environnementaux que la société à mission aurait formalisés.</p>
<p>Penser par bisociation permet de dépasser les éventuelles mises en opposition des deux approches et la recherche de simples complémentarités ou synergies. Elle permet aussi de mieux comprendre pourquoi les deux concepts coexistent et s’entre-renforcent dans certaines entreprises.</p>
<p>Les trois exemples étudiés montrent avec acuité que les engagements RSE et le statut de « société à mission », loin d’être antinomiques, apparaissent complémentaires. S’emparer du dispositif prévu par la loi Pacte permet même d’affirmer un peu plus la volonté d’améliorer la performance globale visée par ces organisations. Ces exemples peuvent ainsi inspirer d’autres entreprises qui souhaitent renforcer leurs engagements.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/154201/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Adopter le statut prévu dans la loi Pacte de 2019 renforce la performance globale des organisations affichant depuis longtemps leurs engagements sociaux et environnementaux. Trois cas l’illustrent.Thibault Cuénoud, Professeur associé en Economie, ExceliaPhilippe Schäfer, Professeur associé en sciences de gestion, ExceliaVincent Helfrich, Professeur, ExceliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1516582020-12-08T19:15:16Z2020-12-08T19:15:16ZLa difficile organisation de l’islam en France<p>La loi « séparatisme », rebaptisée « loi confortant les principes républicains » doit être présentée en Conseil des ministres le 9 décembre. Le texte incite notamment les lieux de culte musulmans à s’inscrire sous le régime du titre 4 de la loi du 9 décembre 1905 relatif aux associations cultuelles, avec pour objectif davantage de transparence, y compris sur le plan comptable et financier.</p>
<p>C’est l’occasion de dresser un état des lieux de l’organisation du culte musulman aujourd’hui en France : comment l’islam est-il régi, quelles différences avec d’autres religions et comment comprendre le projet de loi ?</p>
<h2>Organismes représentatifs et situation marginale</h2>
<p>Actuellement, les organismes représentatifs du culte musulman en France sont le Conseil français du culte musulman (CFCM) et les Conseils régionaux du culte musulman (CRCM). Ils sont, contrairement aux cultes catholique, protestants et juif, statutairement organisés dans le cadre du droit commun d’association, (loi du 1<sup>er</sup> juillet 1901 relative au contrat d’association) conformément à l’accord-cadre de 2001 signé par les fédérations musulmanes.</p>
<p>Le CFCM est une union d’associations qui regroupe : les Conseils régionaux du culte musulman (CRCM), « également constitués sous forme d’association régie par la loi de 1901 ; des fédérations d’associations, régies par la loi de 1901, ayant pour but la gestion et l’animation de lieux de culte musulman et des mosquées représentées par leur association gestionnaire dénommées ‘grandes mosquées’ ».</p>
<p>À la base, les 2 500 mosquées locales – équivalent des paroisses chrétiennes – sont elles aussi à près de 80 % représentées par des <a href="https://www.senat.fr/rap/r15-757/r15-7579.html">associations de la loi de 1901</a> et beaucoup plus rarement par des associations cultuelles de la loi du 9 décembre 1905.</p>
<p>Or ces dernières constituent l’épine dorsale du régime des cultes en France, alors que la loi de 1905 a notamment pour fonction de normaliser les relations entre l’État et les religions et d’intégrer ces dernières dans la société, à travers sont titre 4. Mais les associations de mosquée ont préféré une organisation dans le cadre de la loi de 1901 en raison d’un contrôle moins sévère de l’administration sur ces associations.</p>
<p>Cette situation n’est pas sans conséquence pour le culte musulman dont la marginalisation par rapport au régime des cultes français peut, en [l’absence de contrôles de l’administration], accélérer et même normaliser certaines dérives fondamentalistes.</p>
<h2>Un montage bancal</h2>
<p>La représentation du culte musulman (CFCM/CRCM) a en réalité un caractère administratif et une faible légitimité religieuse. Ces organismes ne bénéficient pas par ailleurs des avantages fiscaux attachés au statut particulier des associations cultuelles de la loi de 1905</p>
<p>Cet évitement du statut d’association cultuelle dans la représentation du culte musulman découle aussi de la volonté de distinguer les compétences respectives des CFCM/CRCM et des fédérations musulmanes souvent liées à des États étrangers (Turquie, Algérie, Maroc). Aux premiers les tâches administratives, aux secondes la tutelle des activités en rapport avec le spirituel, la doctrine et la théologie.</p>
<p>Force est de constater que le montage manque de visibilité pour les non-initiés, dont font partie la grande majorité des musulmans. Avec de nombreuses questions sur <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/11/22/qui-seront-les-imams-homologues-les-limites-du-futur-conseil-national-des-imams_6060684_3224.html">l’influence</a> de ces puissances étrangères.</p>
<p>Toutefois, l’argument parfois invoqué d’un financement pouvant être octroyé plus facilement à une association non cultuelle par l’État et les collectivités publiques est pour le moins fragile. En effet, l’interdiction de financement du culte inscrite dans l’article 2 de la loi de 1905 fait obstacle au financement de toute activité cultuelle – à l’exception des dérogations prévues par la loi – même si elle est portée par une association de la loi de 1901.</p>
<p>Ce montage institutionnel quelque peu bancal a probablement constitué une première étape nécessaire de la structuration du culte musulman en France aux fins de trouver un accord entre les différentes tendances, qui est au cœur de la volonté de clarification portée par l’actuel gouvernement.</p>
<p>La situation actuelle contribue ainsi à brouiller l’image et le rôle des CFCM/CRCM, à diluer les responsabilités et à favoriser un <a href="https://journals.openedition.org/remmm/6309">relatif rejet de ces instances par les membres des communautés musulmanes</a>.</p>
<h2>Éclatement, manque de visibilité et d’efficacité</h2>
<p>Le culte musulman, en raison d’un éclatement savamment cultivé par les différentes fédérations musulmanes, a facilité la mise en place d’une organisation asymétrique caractérisée par un manque de visibilité et d’efficacité.</p>
<p>Le CFCM n’exerce jusqu’à présent aucune compétence en matière de <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/11/19/islam-de-france-le-cfcm-presente-a-l-elysee-un-projet-de-conseil-des-imams_6060279_3224.html">formation et d’habilitation des imams</a> et de construction et d’entretien des édifices cultuels.</p>
<p>Aucune tentative de réorganisation en profondeur du CFCM et des CRCM et plus largement du culte musulman n’a abouti jusqu’à présent. Une seule réforme mineure a été adoptée par le congrès du CFCM de décembre 2018. Elle prévoit la possibilité de créer des Conseils départementaux du culte musulman (CDCM).</p>
<p>Pour pallier ces faiblesses, le gouvernement, sous la présidence de François Hollande, avait encouragé la <a href="https://www.vie-publique.fr/discours/201153-declaration-de-m-bernard-cazeneuve-ministre-de-linterieur-sur-les-gr">création d’une association cultuelle musulmane nationale</a> exerçant des compétences en matière de formation théologique des imams et des cadres religieux, de statut, de charte ou de cahier de charges des imams, de planification de la construction de mosquées, de transmission des croyances à destination des adultes, des jeunes et des enfants.</p>
<p>Cette mesure aurait pu constituer un premier pas en direction d’une organisation plus efficace centralisée du culte musulman avec une instance nationale exerçant une tutelle sur les associations de mosquées. Mais elle n’a pas été suivie. CFCM et CRCM, placés sous le régime de la loi de juin 1901, sont finalement maintenus.</p>
<p>Une première association intitulée <a href="https://www.leparisien.fr/societe/les-federations-musulmanes-lancent-une-association-sur-le-financement-du-culte-musulman-09-07-2018-7813803.php">Association pour le financement et le soutien du culte musulman</a> (AFSCM) a toutefois été créée en 2018 par les fédérations constitutives du CFCM. Elle s’est imposée très clairement comme une émanation du CFCM.</p>
<p>Chargée au niveau national du financement de l’islam « pour les musulmans et par les musulmans », son conseil d’administration est composé par des membres de droit, soit six membres issus de la présidence collégiale du CFCM, 20 membres du collège des fédérations et des Grandes Mosquées, et 15 personnalités qualifiées élues pour deux ans par les deux autres collèges.</p>
<p>L’essayiste Hakim El Karaoui, auteur d’un rapport en 2017 avec l’Institut Montaigne intitulé <a href="https://www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/rapport-un-islam-francais-est_-possible.pdf">« Un islam français est possible »</a> a quant à lui déposé les statuts de deux associations nationales.</p>
<ul>
<li><p>La première, une association loi 1901 s’occuperait de « la régulation économique des marchés du halal et du hadj en France. » En clair, elle collecterait des fonds auprès des acteurs de l’abattage rituel musulman et du pèlerinage.</p></li>
<li><p>La seconde, une association cultuelle loi 1905, serait en charge de « la construction, l’aménagement, l’équipement, et la rénovation de mosquées et de salles de prière », mais aussi de « la formation des cadres religieux et des responsables d’associations cultuelles » et de la rémunération du personnel religieux.</p></li>
</ul>
<p>Mais dans les faits, aucune de ces associations précitées n’est opérationnelle.</p>
<h2>Un projet de loi qui renforce les contrôles</h2>
<p>À l’initiative du gouvernement, l’avant-projet de loi confortant les principes républicains présenté au conseil des ministres, tend à accélérer et à faciliter l’organisation du culte musulman dans le cadre des associations cultuelles qui devraient devenir plus attractives.</p>
<p>Ce projet de loi lèvera ainsi tout obstacle à l’acquisition d’immeubles acquis à titre gratuit (dons et legs) non nécessaires à leur objet mais dont les revenus serviront à financer les activités cultuelles. Cette possibilité n’est pas sans rappeler les <a href="https://books.openedition.org/ifpo/6372?lang=fr">Waqf</a>, fondations pieuses instaurées dans les États musulmans.</p>
<p>Le caractère cultuel d’une association lui permettant notamment de bénéficier d’avantages fiscaux doit désormais être constaté par le préfet, représentant de l’État dans le département, lors de sa création. Cette démarche préalable met fin aux régimes des rescrits administratifs ou fiscaux sollicités lors d’une demande d’acceptation d’un don ou d’un legs notarié. Elle permet donc plus de transparence sur le financement des organisations.</p>
<p>Si les pouvoirs publics ne peuvent pas contraindre les communautés musulmanes locales de s’organiser dans le cadre de la loi de 1905, ils se donnent la possibilité de les détourner des associations de la loi de 1901 en faisant évoluer leurs moyens de contrôle.</p>
<p>Ces associations le plus souvent mixtes, culturelles et cultuelles, seront en effet désormais assujetties, pour leurs activités liées aux cultes, aux mêmes contrôles financiers et aux mêmes obligations que les organismes cultuels sans bénéficier des mêmes avantages fiscaux. Les associations de droit commun (loi 1901) en charge de l’exercice du culte cumuleront donc tous les inconvénients sans pouvoir accéder aux avantages accordés aux associations cultuelles.</p>
<p>Les risques de prises de pouvoir (putsch) d’une association cultuelle par des éléments extérieurs aux fins d’expulser des dirigeants libéraux au profit d’une ligne fondamentaliste dure, par exemple, seront désormais limitées grâce à l’instauration d’un organe délibérant qui décidera de l’adhésion de tout nouveau membre.</p>
<p>De surcroît, le contrôle financier des associations cultuelles sera accru. Est ainsi instaurée l’obligation de faire certifier les comptes par un commissaire aux comptes lorsque ces associations bénéficient <a href="https://www.senat.fr/rap/r15-757/r15-7579.html">d’avantages ou de ressources provenant de l’étranger</a>.</p>
<p>De plus, les ressources dépassant 10 000 euros en provenance d’une personne morale étrangère ou d’une personne physique non résidente en France doivent être déclarées et l’administration peut s’opposer à leur versement pour des raisons de sécurité et d’ordre public.</p>
<p>Le projet de loi confortant les principes républicains constitue une seconde étape vers une meilleure intégration du culte musulman dans le régime des cultes en France et par voie de conséquence dans la société. Il démontre qu’une politique religieuse est possible en France.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/151658/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Francis Messner ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La loi « confortant les principes républicains » vise une organisation plus efficace et transparente du culte musulman.Francis Messner, Directeur de recherche émérite, professeur conventionné à l'Université de Strasbourg, droit des religions, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1453272020-09-06T16:06:23Z2020-09-06T16:06:23ZQuel modèle pour lancer son entreprise sociale ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/355527/original/file-20200831-18-smitki.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C38%2C866%2C542&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le secteur de l’ESS pèserait actuellement au moins 10&nbsp;% dans le PIB français.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pikist.com/free-photo-sjfyo">Pikist</a>, <a class="license" href="http://artlibre.org/licence/lal/en">FAL</a></span></figcaption></figure><p>Selon les chiffres du gouvernement français, depuis 2000, l’emploi dans le secteur de <a href="https://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/ess-brochure.pdf">l’économie sociale et solidaire</a> a augmenté de 24 %, pour représenter au moins 10 % du PIB. Une autre <a href="https://group.bnpparibas/en/news/social-business-intersection-ethics-innovation-social-impact-entrepreneurship-profitability">étude</a> précise que cette montée en puissance devrait se poursuivre.</p>
<p>Le secteur social a en effet été largement encouragé ces dernières années, comme l’illustre l’entrée en vigueur au 1<sup>er</sup> janvier 2016 de la <a href="https://www.oecd-ilibrary.org/industry-and-services/boosting-social-enterprise-development/the-law-on-the-social-and-solidarity-economy-sse-france_9789264268500-10-en;jsessionid=nfyo62nQipk64PGNNnCAceC5.ip-10-240-5-38">loi dite ESS</a>, pour Économie sociale et solidaire, qui réforme notamment le statut juridique des entreprises sociales.</p>
<p>Malgré ces avancées, des freins à une accélération de l’ESS subsistent, en particulier la difficulté d’élaborer puis de mettre en œuvre un business model social viable. Ce dernier doit permettre d’atteindre les objectifs premiers de création de valeur sociale, sans pour autant compromettre l’apport d’un flux de revenus stables généré par une activité commerciale.</p>
<h2>Prioriser la dimension sociale</h2>
<p>Lors du lancement d’une entreprise sociale, l’élaboration du business model reste donc une étape aussi cruciale que compliquée. Pour éclairer les entrepreneurs sociaux, nous avons mené une <a href="https://www.senatehall.com/entrepreneurship?article=628">recherche</a> qui a permis l’élaboration d’une feuille de route (voir ci-dessous) pour les aider dans leur analyse.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/355526/original/file-20200831-18-5afs32.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/355526/original/file-20200831-18-5afs32.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/355526/original/file-20200831-18-5afs32.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/355526/original/file-20200831-18-5afs32.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/355526/original/file-20200831-18-5afs32.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/355526/original/file-20200831-18-5afs32.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=514&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/355526/original/file-20200831-18-5afs32.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=514&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/355526/original/file-20200831-18-5afs32.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=514&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.researchgate.net/profile/Paulami_Mitra/publication/336944401_The_Rise_of_Hybrids_A_Note_for_Social_Entrepreneurship_Educators/links/5dbc091b92851c81801e5ba6/The-Rise-of-Hybrids-A-Note-for-Social-Entrepreneurship-Educators.pdf">Auteurs</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ils pourront ainsi sélectionner le business model qui correspondra le mieux à leurs missions sociales et à leurs objectifs économiques parmi les trois principaux que nous avons identifiés : à but non lucratif, à but lucratif, ou hybrides. Dans les trois cas, la dimension sociale reste priorisée par rapport à l’activité commerciale ou génératrice de revenus.</p>
<p>Les <strong>entreprises sociales à but non lucratif</strong>, contrairement à ce que leur nom indique, peuvent générer des profits ou des bénéfices grâce à leurs activités commerciales. Cependant, les revenus supplémentaires ne peuvent pas être partagés ni redistribués entre les propriétaires ni les actionnaires. Dans ce genre de modèle, le profit doit être réinvesti dans l’entreprise pour créer de la valeur sociale.</p>
<p>Pour autant, une entreprise à but non lucratif présente un avantage non négligeable : celui de sa flexibilité en termes de solution de financement. En plus de générer des revenus grâce à ses activités commerciales, elles ont aussi la possibilité de lever des fonds par le biais de subventions privées ou publiques, des dons d’entreprises ou grâce à la philanthropie de particuliers ou de plus grandes institutions.</p>
<p><a href="https://hotbreadkitchen.org/">Hot Bread Kitchen</a>, basée à New York, est un exemple d’entreprise sociale à but non lucratif qui offre des opportunités de travail à des femmes migrantes sous-qualifiées, souvent contraintes de vivre en marge de la société. <a href="https://ledbyher.org/">Led By Her</a> en est un autre exemple, basé cette fois en France, à Paris. Son objectif est de permettre à des femmes ayant souffert de violences conjugales de concrétiser leur rêve d’entrepreneuriat. D’ailleurs, en 2019, la <a href="https://fr.media.groupe.renault.com/actualites/la-fondation-renault-sengage-aupres-de-led-by-her-une-association-dediee-a-lincubation-de-start-up-creees-par-des-femmes-21222498-e3532.html">Fondation Renault</a> a alloué une subvention philanthropique de 3 ans à Led By Her afin de soutenir la mission que Renault s’est fixée en matière de diversité et d’inclusion par l’entrepreneuriat féminin.</p>
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<p>Mais les entreprises sociales peuvent aussi être <strong>à but lucratif</strong>. Elles se différencient alors de leurs homologues sans but lucratif à deux niveaux. D’abord, le point fort de ce type de structure à but lucratif est de pouvoir lever des fonds de capital-risque et d’investisseurs providentiels. Comme elle peut générer des profits, les excédents peuvent être redistribués entre ses propriétaires et ses investisseurs.</p>
<p>En revanche, les entreprises sociales à but lucratif n’ont généralement pas la possibilité, comme le font les entreprises sociales à but lucratif, de profiter de donations ni de subventions philanthropiques, ce qui permet à l’entrepreneur de garder une certaine indépendance, et de moins compter sur des solutions de financement de court terme telles que celles-ci.</p>
<p>Ainsi, opter pour un modèle d’entreprise sociale à but lucratif permet à l’entrepreneur un meilleur contrôle des activités de son entreprise, sauf quand des investisseurs externes ont placé une somme conséquente dans l’entreprise et estiment avoir leur mot à dire.</p>
<p>Comme pour le modèle précédent, les entreprises sociales à but lucratif peuvent appartenir à des secteurs d’activité très différents. Par exemple, <a href="https://wearephenix.com/">Phenix</a>, lancée à Paris en 2014 par deux entrepreneurs français, vise à créer une économie circulaire en proposant des solutions de gestion des déchets.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1291648385179680768"}"></div></p>
<p><a href="https://www.unicus.com/">UNICUS</a>, qui a ouvert ses portes en 2010 en Norvège, crée des opportunités de carrières dans le conseil informatique à des personnes atteintes de troubles autistiques. Depuis 2016, un investisseur financier norvégien a même réalisé un investissement en capital qui a permis à UNICUS de s’implanter sur 3 autres sites. Dans les deux cas, les fondateurs de Phenix et d’UNICUS veillent scrupuleusement à ce que les valeurs de leurs investisseurs coïncident avec les missions sociales de leur entreprise.</p>
<h2>Explorer les solutions innovantes</h2>
<p>Il existe enfin des entreprises entre les modèles à but lucratif et sans but lucratif : ces structures tirent leur caractère hybride du choix qu’elles ont d’adopter un type de structure ou un autre, selon la flexibilité juridique et financière attendue pour rester au plus proche de leurs missions. L’objectif principal de l’élaboration d’un modèle d’entreprise hybride émerge souvent de la nécessité de séparer les activités sociales de l’entreprise de ses activités commerciales.</p>
<p>C’était précisément le genre de séparation que se devait d’opérer <a href="http://destinyreflection.org/">Destiny</a>, une entreprise sociale à but non lucratif qui entend autonomiser de jeunes femmes prises au piège de l’industrie du trafic sexuel en Inde. La fondation Destiny représente la branche sociale à but non lucratif qui assure la mission sociale de l’organisation, alors que Destiny Reflection est une maison de mode et qui assure les obligations financières de l’entreprise.</p>
<p>On peut aussi citer une autre structure hybride grâce au cas <a href="https://www.puravidacreategood.com/">Pura Vida Coffee</a>, une entreprise à but lucratif. Tandis que Pura Vida Coffee génère des rentrées d’argent et des bénéfices par la vente de café équitable, la <a href="https://www.puravidacreategood.com/create-good-foundation">Fondation Pura Vida Create Good</a> est conçue comme une entreprise sans but lucratif qui soutient des projets sociaux dans des pays tels que le Costa Rica ou le Guatemala.</p>
<p>Dans le monde entier, les entrepreneurs sociaux n’ont de cesse d’explorer des solutions toujours plus innovantes pour faire face aux problèmes urgents du monde. Leur rôle est considérable dans la création d’impact social et économique. Par conséquent, les décisions qui concernent la conception et la structure juridique du modèle d’entreprise sociale doivent absolument être prises au sérieux.</p>
<p>Une évaluation minutieuse des modèles mentionnés plus haut peut aider les entrepreneurs sociaux à fonder une entreprise sociale efficace qui permettra de créer une planète saine et riche !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/145327/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le double impératif de création de valeur sociale et économique complique l’élaboration d’un business model viable. Un travail de recherche vient aider les entrepreneurs sociaux.Paulami Mitra, Lecturer in Management; Academic Director, IÉSEG School of ManagementJill Kickul, Narayan Research Directorship in Social Entrepreneurship, Brittingham Social Enterprise Lab and Professor, Lloyd Greif Center for Entrepreneurial Studies, University of Southern CaliforniaLisa Gundry, Professor of Management and Entrepreneurship, DePaul UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1401372020-06-29T19:14:09Z2020-06-29T19:14:09ZLa crise du Covid-19 met en lumière la nécessaire remise en cause de l’aide alimentaire<p>Avec la crise du Covid-19, de nombreux foyers ont été précipités dans une situation d’insécurité alimentaire grave. Grâce à la réactivité des associations et à une multitude d’initiatives <a href="https://utaa.fr/2020/05/18/de-laide-alimentaire-a-laide-humanitaire-recit-dun-derapage-social/">locales, citoyennes et bénévoles</a>, l’aide alimentaire a pu être multipliée au moins par 3.</p>
<p>Face à l’urgence, le gouvernement a décidé de verser une aide ponctuelle à environ 4 millions de ménages. Il a annoncé une enveloppe de 39 millions d’euros, dont 25 millions à destination des associations d’aide alimentaire et 14 à destination des territoires. On ignore sur quelles bases les modalités de ces aides d’urgence ont été définies.</p>
<p>En France, le système d’aide alimentaire est principalement basé sur des dons de produits et il est entièrement délégué au monde associatif. Il recèle de très nombreuses failles structurelles : économiques, nutritionnelles, sociales, éthiques, organisationnelles…</p>
<h2>Casse-tête logistique</h2>
<p>Encadrée par des politiques publiques, l’aide alimentaire est un enchevêtrement de <a href="http://www.senat.fr/notice-rapport/2018/r18-034-notice.html">diverses sources de financement (public, privé, bénévolat)</a> croisant différentes formes de distribution par le biais d’une myriade d’associations de tailles et missions différentes. Ces politiques génèrent un énorme dispositif bureaucratique et un véritable <a href="http://www.igas.gouv.fr/spip.php?article754">casse-tête logistique</a>.</p>
<p>L’essentiel des ressources à distribuer arrive aux associations sous forme de denrées. C’est le cas pour les produits issus du Fond européen d’aide aux plus démunis (FEAD) et pour les produits dits de « la ramasse ». Ceux-ci proviennent des invendus de la grande distribution et des dons industriels ou agricoles, encouragés par les <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/gaspillage-alimentaire-0">dispositifs fiscaux des récentes lois Garot et Egalim</a>.</p>
<p>Cette logique de flux poussés des « donateurs » vers les utilisateurs exige des moyens logistiques (matériels et humains) conséquents pour stocker massivement les produits du FEAD, organiser les tournées de ramasse, trier les produits et les distribuer dans des délais très courts.</p>
<h2>Une dépendance paradoxale au gaspillage</h2>
<p>L’idée du législateur est qu’un usage « noble » des excédents alimentaires de nos sociétés opulentes consiste à les « recycler » dans l’aide alimentaire, dans une démarche anti-gaspillage.</p>
<p>Cette approche génère des gisements de denrées auxquels les associations, sur le terrain concret de la distribution de l’aide, se réjouissent d’accéder. Paradoxalement, gaspillage et aide alimentaire fonctionnent en vases communicants : la baisse souhaitée du premier met la seconde en difficulté. Ainsi, face à des approvisionnements fluctuants, les associations dépensent beaucoup d’énergie à essayer de conserver un niveau stable de satisfaction des besoins alimentaires.</p>
<p>L’administration des dispositifs d’aide étatique ou européenne induit une bureaucratie croissante. Pour recevoir les denrées issues du FEAD (dont les achats sont contrôlés par l’organisme public France Agrimer) et pour pouvoir défiscaliser les dons issus de la ramasse, plus de 2 000 associations sont concernées ou impactées par une procédure d’habilitation.</p>
<p>Les directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) publient la liste des associations agréées.</p>
<p>De nombreuses tâches de contrôle requises pour garantir le bon usage des deniers publics sont déléguées aux associations (par exemple les documents administratifs attestant de dons ouvrant droit aux avantages fiscaux pour les entreprises). Elles mobilisent ainsi leurs ressources pour des activités administratives et logistiques, ce qui les empêche de se consacrer pleinement à la promotion de l’insertion sociale et à la prévention de l’insécurité alimentaire.</p>
<h2>Une couverture insuffisante</h2>
<p>L’aide alimentaire ne touche qu’une partie des personnes en insécurité alimentaire et ne couvre qu’une partie des besoins de ses utilisateurs. En 2017, une <a href="https://www.anses.fr/fr/content/inca-3-evolution-des-habitudes-et-modes-de-consommation-de-nouveaux-enjeux-en-mati%C3%A8re-de">étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation</a> a estimé le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire en France à 8 millions.</p>
<p>La même année, le Secours populaire <a href="https://www.secourspopulaire.fr/sondage-ipsossecours-populaire-2018">a évalué à 13 millions</a> le nombre de personnes en situation de précarité alimentaire.</p>
<p>L’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a de son côté annoncé que le <a href="http://www.igas.gouv.fr/spip.php?article754">nombre d’usagers de l’aide alimentaire était de 5,5 millions</a> en 2018.</p>
<p>Sur la base de ces trois études, il apparaît donc qu’entre 3 et 8 millions de personnes éprouvent des difficultés financières pour s’alimenter, mais n’ont pas recours à l’aide alimentaire. Elles doivent donc se procurer 100 % de leur alimentation au sein du circuit commercial.</p>
<p>Une enquête réalisée en 2008 et jamais actualisée depuis 15 ans, montre que même pour les utilisateurs de l’aide alimentaire, les dons alimentaires ne couvrent en moyenne que 40 % de leurs <a href="https://www.researchgate.net/publication/250766033_Enquete_aupres_des_associations_d%E2%80%99aide_alimentaire_E3A_mode_de_fonctionnement_des_structures_et_valeur_nutritionnelle_des_colis_et_repas_distribues">besoins énergétiques</a>. Il leur faut donc se procurer les 60 % restant dans les circuits de distribution classiques.</p>
<p>À ces chiffres, s’ajoute en creux le <a href="http://www.mdpi.com/2072-6643/10/2/205/pdf">rôle des cantines scolaires</a>, qui contribuent à hauteur de 40 % des besoins énergétiques des enfants les jours d’école. Pendant la crise du Covid-19, leur fermeture inopinée – comme celle des restaurants universitaires – a aggravé l’insécurité alimentaire d’un nombre important de personnes, dont on ne connaît pas, à ce jour, le nombre.</p>
<h2>Déséquilibres nutritionnels</h2>
<p>Trop souvent, <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/nutrition-et-activite-physique/documents/article/enquete-aupres-des-associations-d-aide-alimentaire-e3a-mode-de-fonctionnement-des-structures-et-valeur-nutritionnelle-des-colis-et-repas-distri">l’aide apportée présente des déséquilibres nutritionnels</a>, liés au manque de produits frais et de certaines familles de denrées (le pain par exemple).</p>
<p>Dépendantes de dons en nature dont elles ne maîtrisent pas le contenu, les structures d’aide sont souvent confrontées à d’importantes difficultés financières et pratiques (approvisionnement, stockage, transport…), qui favorisent, assez logiquement, des aliments secs, pratiques d’emploi, faciles à transporter et à stocker, et qui ne risquent pas de se périmer et <a href="http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/6522/expcol_2014_inegalites-sociales.pdf">donc d’être gaspillés</a>.</p>
<p>Ainsi, l’aide alimentaire n’est pas en mesure de rééquilibrer l’alimentation des personnes qui y ont recours.</p>
<p>Le dispositif d’aide alimentaire existant ne permet pas d’assurer le respect des droits <a href="https://www.un.org/fr/universal-declaration-human-rights/">humains fondamentaux</a>. Le système est asymétrique dans sa construction et n’offre pas l’égalité de dignité : l’utilisateur (la personne aidée ou même l’association « intermédiaire ») est dans une situation d’infériorité, de dépendance à ce qui est proposé en quantité et en qualité.</p>
<p>Une étude nationale réalisée par ATD Quart Monde <a href="https://www.atd-quartmonde.fr/wp-content/uploads/2016/07/Se-nourrir-lorsquon-est-pauvre.pdf">a recueilli des témoignages édifiants à cet égard</a>. Le donateur, quant à lui, en retire une image sociale positive en plus de l’avantage fiscal associé au don.</p>
<h2>L’aide alimentaire n’assure pas l’égalité des droits</h2>
<p>La couverture territoriale de l’aide alimentaire est inégale. Les critères d’accès sont parfois spécifiques aux associations et sont mal connus ou mal compris des utilisateurs. Le volontariat rend le système dépendant de la disponibilité des bénévoles.</p>
<p>L’aide alimentaire est la seule réponse apportée face à l’insécurité alimentaire et ne permet pas le libre et plein développement de la personnalité. Si elle apparaît nécessaire pour gérer des situations d’urgence, elle devrait être uniquement positionnée comme transitoire et « constituer une porte d’entrée vers l’insertion sociale ».</p>
<p>Ce constat a été posé par les pouvoirs publics dans la politique de <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074069&idArticle=LEGIARTI000037550332">lutte contre la pauvreté</a>. Mais dans les faits, il n’existe pas de dispositif public assurant la construction de parcours de vie permettant à toutes et tous de s’alimenter de façon autonome, de pouvoir partager ses connaissances et convictions, et ainsi participer pleinement à la vie démocratique.</p>
<p>L’esprit de fraternité repose presque essentiellement sur du bénévolat peu valorisé et peu soutenu par les pouvoirs publics.</p>
<p>Le financement public ne représente que <a href="http://www.senat.fr/notice-rapport/2018/r18-034-notice.html">30 % des ressources de l’aide alimentaire</a>. L’activité des associations repose en grande partie sur le travail bénévole (valorisé à 30 % de leurs ressources) et elles doivent par ailleurs mobiliser une part croissante de leurs ressources à la recherche de financements privés. La dépendance aux bénévoles, majoritairement retraités, a montré ses limites au début de la crise du Covid-19, ceux-ci ne pouvant plus intervenir sur le terrain.</p>
<p>La fraternité envers les générations futures est absente de la gestion publique de l’aide alimentaire : l’impact environnemental de ce casse-tête organisationnel (impacts du transport et des modes de conditionnement notamment) n’est jamais pris en compte dans les politiques publiques.</p>
<h2>Pour une sécurité sociale de l’alimentation</h2>
<p>L’aide alimentaire ne permet pas d’assurer la sécurité alimentaire des citoyens, elle ne fait que panser les symptômes de l’insécurité alimentaire. Elle doit donc être fondamentalement remise en question.</p>
<p>Mettre en place une sécurité sociale de l’alimentation, <a href="https://www.academia.edu/39880534/Pour_une_S%C3%A9curit%C3%A9_Sociale_de_lAlimentation;https://declic-solutions.org/">ainsi que le proposent des voix de plus en plus nombreuses</a>, permettrait de changer de paradigme.</p>
<p>Il s’agirait de passer de l’assistance alimentaire à l’instauration d’un droit à l’alimentation, à savoir un accès autonome de chacun·e à son alimentation.</p>
<p>Un budget mensuel de l’ordre de 120 euros par personne serait attribué (soit le <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0174679">montant minimal nécessaire pour accéder à une alimentation équilibrée</a>) pour l’achat d’aliments dans des circuits d’approvisionnement répondant à des critères de santé, d’environnement et d’éthique.</p>
<p>Les associations de terrain seraient ainsi déchargées de la gestion logistique complexe des stocks de denrées, et pourraient se consacrer à de l’accompagnement pour créer du lien social – animer des ateliers de prévention ou de cuisine, gérer un restaurant social – et prendre en charge les cas urgents.</p>
<p>Cette transformation n’est pas envisageable sans politiques publiques ambitieuses s’inscrivant dans le long terme et qui soutiendraient une dynamique d’innovations sociales coconstruites et portées localement par des collectifs d’acteurs : associations, chercheurs, travailleurs sociaux et collectivités territoriales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/140137/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le système d’aide alimentaire a bénéficié à de nombreux foyers durant la crise du Covid-19. Mais il repose quasi entièrement sur le monde associatif et recèle de nombreuses failles.Nicole Darmon, Directrice de Recherche en Nutrition et Santé Publique, InraeCatherine Gomy, Chargée d'enseignement AgroParisTech, consultante-formatrice en stratégies de transition, systèmes alimentaires et économie circulaire, AgroParisTech – Université Paris-SaclayDoudja Saïdi-Kabeche, Enseignante-Chercheuse en siences de Gestion, AgroParisTech – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1350622020-04-02T18:41:04Z2020-04-02T18:41:04ZLe secteur associatif doit tenir bon<p>L’État doit-il seul continuer d’organiser le combat contre une crise sanitaire inédite ? La pénurie de masques – reconnus depuis seulement quelques semaines comme efficaces contre la transmission du virus–, ajoutée aux blouses dépareillées récupérées, demi-doses et autres faux gels, présente selon les professions médicales, une <a href="https://www.bastamag.net/temoignage-quotidien-medecin-cabinet-generaliste-colere-penurie-materiel-maladie-chronique-covid19-coronavirus-confinement">crise sans précédent</a>, si ce n’est depuis la Seconde guerre mondiale.</p>
<p>Le marché noir <a href="http://www.leparisien.fr/faits-divers/coronavirus-ces-soignants-forces-d-acheter-des-masques-au-marche-noir-30-03-2020-8290905.php">se développe</a>. Les personnes les plus à risque <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-dentistes-infirmieres-et-auxiliaires-de-vie-s-inquietent-du-manque-de-masques-6769883">ne sont plus protégées</a>.</p>
<p>Depuis le 3 mars 2020, l’ensemble des masques détenus par les associations et autres personnes morales ont été confisqués par application du <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041721820&dateTexte=20200320">décret n° 2020-247 du 13 mars 2020</a> relatif aux réquisitions nécessaires dans le cadre de la lutte contre le virus Covid-19.</p>
<p>Mais les associations ne peuvent-elles faire plus ? L’histoire du <a href="http://docs.eclm.fr/pdf_annexe/AssociationsCitoyennesPourDemain-EclairageDeLHistoireAssociative.pdf">tissu associatif français</a> a été forgée en partie grâce à de nombreuses initiatives privées. L’héritage social de ces dernières sera-t-il mobilisé aujourd’hui et comment se compare-t-il à d’autres initiatives qui émergent ailleurs dans le monde ?</p>
<h2>Des citoyens mobilisés par territoires</h2>
<p>Dans les déserts médicaux des départements du 93 et du 95, plusieurs associations procédant à des distributions de masques auprès de personnes à risques et de personnes âgées ont été sommées de <a href="https://lejsd.com/content/don-de-masques">remettre leurs masques</a> aux représentants de l’État, alors même que, selon le Sénat, plus de 700 millions de masques auraient été achetés <a href="https://www.youtube.com/watch?v=QLYtiqxQz0M">par le gouvernement</a>.</p>
<p>D’autres viennent en aide au personnel hospitalier et aux femmes de ménage, ou nettoient des halls d’immeubles pour éviter la propagation du coronavirus.</p>
<p>A <a href="https://actu.fr/ile-de-france/melun_77288/pendant-confinement-cet-infirmier-veut-aider-publics-plus-fragiles-face-covid-19_32693948.html">Melun</a>, Abdelaali El Badaoui a fondé Banlieues Santé, une association qui aide les publics les plus éloignés à <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/30/un-infirmier-aux-petits-soins-pour-aider-les-habitants-des-quartiers-populaires-a-rester-confines_6034908_3224.html">accéder aux soins</a>, notamment face au virus.</p>
<p>Si la Seine-Saint-Denis concentre un nombre anormalement important d’amendes dressées pour <a href="https://www.lopinion.fr/edition/politique/seine-saint-denis-banlieues-revelateur-l-epidemie-coronavirus-214924">déplacements non autorisés</a>, on a trop tendance à oublier que, dans ces mêmes territoires, on trouve aussi un <a href="https://aulnaycap.com/2020/03/28/en-seine-saint-denis-les-jeunes-des-cites-aident-les-personnes-agees-pendant-le-confinement/?fbclid=IwAR3Pgtn22M2IhxIx_mrxUAhNZXqiOQnZ9Q7J8W33LaDe-sCYJmGexiZV1Yc">élan de solidarité</a>.</p>
<p>Ainsi la cité des Indes ou la la cité 84, à <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-les-jeunes-des-cites-de-sartrouville-viennent-en-aide-au-personnel-hospitalier-et-aux-femmes-de-menage_3884009.html">Sartrouville</a> (Yvelines) se sont mobilisés autour du message #CleanTonHall.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1244542468441456641"}"></div></p>
<p>Pourtant, ces initiatives saluées dans les médias font face à une réelle fragilisation de leur écosystème. Les résultats des dernières enquêtes de la Banque des territoires sur le <a href="https://www.banquedesterritoires.fr/associations-les-financements-publics-ont-pour-la-premiere-fois-baisse-en-volume">paysage associatif</a> mettent en exergue certaines tendances lourdes, dont une baisse importante des financements publics et la fragilisation des associations de taille intermédiaire.</p>
<h2>Une polarisation du paysage associatif</h2>
<p>On observe en effet une polarisation du paysage associatif, entre de toutes petites structures ad hoc reposant essentiellement sur le bénévolat et de très grosses associations recevant l’essentiel des subventions publiques. Comme le rappelle l’étude de la <a href="https://www.banquedesterritoires.fr/associations-les-financements-publics-ont-pour-la-premiere-fois-baisse-en-volume">Banque des territoires</a>.</p>
<blockquote>
<p>« Les grandes associations, gérant un budget supérieur à 500 000 euros, ont vu leur nombre relatif baisser dans la dernière période de 2,1 % mais leur poids économique augmenter de 1,9 %. »</p>
</blockquote>
<p>De fait, la part des subventions publiques dans les ressources associatives est passée de 34 % en 2005, à seulement 20 % en 2017 dans le cadre <a href="https://iste-editions.fr/products/strategie-financiere-du-secteur-public">d’un plus grand effort de maîtrise de la dépense publique</a>.</p>
<p>Cette baisse des budgets alloués aux associations interroge aujourd’hui. Les associations de taille intermédiaire vont-elles complètement disparaître ?</p>
<h2>L’exemple britannique</h2>
<p>Les associations britanniques ne disposent pas de budgets plus importants qu’en France, mais le Royaume-Uni moderne a su se doter d’une Charity Commission fédérant la société civile et l’encourageant à lutter contre la propagation du virus comme autant de « helping hands » ayant vocation à épauler l’État.</p>
<p>Des réseaux tels Covidmutualaid.org se sont organisés très rapidement, avec pour mission de démultiplier l’action gouvernementale.</p>
<p>Le quotidien britannique <a href="https://www.telegraph.co.uk/politics/2020/03/18/ministers-must-harness-power-civil-society-want-beat-coronavirus/"><em>The Telegraph</em></a> écrivait il y a quelques jours sur un ton très churchillien :</p>
<blockquote>
<p>« Le gouvernement britannique a eu raison de se concentrer d’abord sur les défis médicaux et économiques, mais nous entrons maintenant dans une phase très différente, où nous devrons déployer l’une des meilleures armes de ce pays pour maintenir notre tissu social : les organisations caritatives et la société civile au sens large… »</p>
</blockquote>
<p>Il n’est donc pas surprenant que, alors que les <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/01/epidemie-due-au-coronavirus-dans-le-monde-le-bilan-s-alourdit-avec-plus-de-40-000-morts_6035113_3244.html">cas de coronavirus explosent au Royaume-Uni</a>, l’« esprit du Blitz » soit invoqué dans les médias et par les politiciens, appelant les citoyens britanniques à se remémorer l <a href="https://www.economist.com/britain/2020/03/21/spirit-of-the-blitz">es élans de solidarités</a> survenus durant la Seconde Guerre mondiale.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/fLkdgncv3fk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Covid Mutual Aid.</span></figcaption>
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<h2>Qu’en est-il en Asie ?</h2>
<p>En Asie, si la Chine a opté pour un confinement strict ne laissant que peu de place à la société civile par ailleurs <a href="https://www.persee.fr/doc/perch_1021-9013_2007_num_100_3_3559">très encadrée</a> Singapour, Taïwan et la Corée du Sud ont de leur côté largement misé sur la société civile, l’autodiscipline des acteurs privés et un <a href="https://www.worldscientific.com/worldscibooks/10.1142/q0073">tissu associatif</a> particulièrement fort.</p>
<p>Les commerces et les associations y sont libres de <a href="https://www.todayonline.com/singapore/retailers-bumping-supply-face-masks-sales-soar-week-due-wuhan-virussource">se procurer et de fournir</a> des masques et des gels à la population. Ces équipements ont été distribués de façon particulièrement efficace, dès les premiers jours de la crise.</p>
<p>La confiance manifestée par les gouvernements envers la société civile et le marché libre a eu pour conséquence l’absence de pénurie, à comparer aux marchés noirs apparus en <a href="https://www.franceinter.fr/societe/le-nouveau-marche-tres-noir-des-masques-de-protection-contre-le-coronavirus">France</a> et en <a href="https://www.ilmessaggero.it/roma/news/coronavirus_mascherine_roma_termini-5022559.html">Italie</a> suite aux confiscations.</p>
<p>Les sociétés civiles des démocraties asiatiques ont par ailleurs largement relayé les messages de leurs gouvernements respectifs, exhortant la population à respecter les mesures de distanciation, éviter les contacts, améliorer l’hygiène et limiter les déplacements.</p>
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<figcaption><span class="caption">L’esprit « civique » est particulièrement invoqué, ici à Singapour.</span></figcaption>
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<h2>L’exemple d’outre-Rhin</h2>
<p>Le chemin suivi par l’Allemagne est, lui aussi, fondamentalement différent de celui de la France et se rapproche plutôt de celui montré par le Royaume-Uni, Taïwan, Singapour ou la Corée du Sud. L’objectif des autorités allemandes est d’apporter une réponse « adaptée et proportionnée » à l’épidémie, conjointement avec les acteurs de la société civile, les Nichtregierungsorganisationen (ONG). Fédérées par <a href="https://www.venro.org/start">VENRO</a>, l’Association fédérale des organisations humanitaires non gouvernementales, ces dernières ont effectué un lobby auprès du gouvernement fédéral afin que les masques demeurassent en vente libre.</p>
<p>Selon la chaîne bavaroise <a href="https://www.br.de/nachrichten/bayern/coronavirus-run-auf-schutzmasken-aber-schuetzen-die-ueberhaupt,RorwRH2">BR24</a>, certaines pharmacies se sont retrouvées temporairement en rupture de stock, du fait d’un afflux de demandes. Mais il n’y eut en Allemagne ni pénurie nationale, ni développement du marché noir. Selon <a href="https://www.thelocal.de/20200129/coronavirus-demand-for-face-masks-in-germany-jumps-but-do-they-actually-work">l’association fédérale des pharmaciens</a>, seule une partie de la Basse-Franconie aura subi une pénurie, apparemment toute temporaire.</p>
<p>L’Allemagne possède également un système d’alerte efficace, géré par le secteur public à travers l’Institut Robert Koch. Or cet institut travaille en coopération très étroite avec les Nichtregierungsorganisationen, dont certaines figurent à son conseil d’administration, une caractéristique « hybride » du modèle de gouvernance des entreprises comme des associations, <a href="https://books.openedition.org/septentrion/16280?lang=en">propre au modèle rhénan</a>.</p>
<p>La mise en réseau transsectorielle, par opposition à la tradition française de verticalité, et la démocratie associative constituent deux piliers essentiels de la gouvernance allemande moderne. Le <a href="https://cdn.ymaws.com/www.istr.org/resource/resmgr/MunsterAbstracts/Panel2_The_German_Civil_Soci.pdf">concept de « démocratie associative »</a> attribue un rôle important aux acteurs de la société civile dans la mise en place des décisions politiques. Ainsi le « Bundesnetzwerk Bürgerschaftliches Engagement », Réseau national pour l’engagement civique comptant plus de <a href="https://www.bp.com/de_de/germany/home/gesellschaft/buergerschaftliches-engagement/bundesnetzwerk-buergerschaftliches-engagement.html">23 millions de membres</a>, joue-t-il un <a href="https://www.b-b-e.de/corona/">rôle majeur</a> dans la lutte contre le coronavirus.</p>
<p>Les hôpitaux publics allemands nouent des conventions avec des <a href="https://books.google.fr/books?id=WZa1Rrl9S1AC&pg=PA11&lpg=PA11&dq=bbe+krankenhaus+bundesnetzwerk-buergerschaftliches&source=bl&ots=asp2aoTLW3&sig=ACfU3U2cs3H6rA17KdAOLsM88XuRYi3t5Q&hl=en&sa=X&ved=2ahUKEwjYpoSlv8noAhUnx4UKHcUlBm8Q6AEwCnoECAsQKQ#v=onepage&q=bbe%20krankenhaus%20bundesnetzwerk-buergerschaftliches&f=false**">associations liées au BBE</a> ou des prestataires privés afin d’offrir une solution d’hébergement aux parents d’enfants atteints de maladies chroniques et aux patients nécessitant des soins réguliers.</p>
<p>Dans le secteur hospitalier public, le pays dispose déjà à ce jour d’environ 25 000 lits de type Covid-19, un nombre nettement plus important qu’en France (4 000) ou en Italie (2 700). Les associations et autres partenaires privés sont en mesure de doubler ce chiffre. Puisque « nous avons peut-être le meilleur système de santé au monde », selon la chancelière, « il n’y a pas lieu de s’affoler. » De fait, outre-Rhin, l’accent est plutôt mis sur la <a href="https://www.lefigaro.fr/international/coronavirus-en-allemagne-merkel-mise-sur-la-pedagogie-et-la-solidarite-20200318">pédagogie, la solidarité</a> que sur les restrictions.</p>
<p>Dans un contexte budgétaire serré, il est permis de se demander s’il revient aux pouvoirs publics d’apporter seuls une réponse à la pandémie. Même inquiet quant aux multiples restrictions pesant sur son activité en France, le monde associatif reste solidaire.</p>
<hr>
<p><em>Serge Besanger est co-auteur, avec Fabrice Roth, de l’ouvrage « Stratégie financière du secteur public », publié aux Éditions ISTE.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/135062/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Besanger ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le combat contre le Covid-19 redonne à l’État un rôle central légitime, mais la France ne pourra pas résister efficacement sans la mobilisation de la société civile.Serge Besanger, Professeur à l’ESCE International Business School, INSEEC U Research Center, ESCE International Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1348372020-04-02T14:19:53Z2020-04-02T14:19:53ZCovid-19 : comment aider en temps de crise ou le grand défi de la philanthropie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/324149/original/file-20200330-165012-1mekgj5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=31%2C0%2C2959%2C2240&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un travailleur de la santé distribue une boisson chaude à un homme dans un centre de jour extérieur pour sans-abri à Montréal, le dimanche 29 mars 2020, alors que les cas de COVID-19 augmentent au Canada et dans le monde. </span> <span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Graham Hughes</span></span></figcaption></figure><p>Au Québec, comme ailleurs, la pandémie de la Covid-19 provoque un état d'urgence sans précédent. Fait rassurant : nous observons une multiplication des <a href="https://plus.lapresse.ca/screens/995b718b-f192-409f-babf-ef82ed42911b__7C___0.html">gestes de solidarité</a>, et d'entraide représentant une réponse collective à la hauteur des défis posés par l'apparition du coronavirus.</p>
<p>La robustesse et la résilience de la philanthropie face à des enjeux internationaux de grande ampleur sont un phénomène que nous avions déjà évoqué en janvier dernier lors des feux australiens.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/largent-ne-sauvera-pas-la-planete-la-philanthropie-doit-sadapter-130863">L'argent ne sauvera pas la planète, la philanthropie doit s'adapter</a>
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<p>La population, les entreprises, les organisations et les institutions, tant canadiennes que québécoises, se sont rapidement mobilisées devant la menace posée par la Covid-19. Parmi elles se trouvent des <a href="https://thephilanthropist.ca/2020/03/charities-unite-to-request-support-and-collaboration-as-covid-19-crisis-leads-to-increased-need-and-new-operational-risks/">organismes de bienfaisance</a>, qui regroupent des œuvres de charité ainsi que des fondations subventionnaires publiques, privées et communautaires.</p>
<p>Notre <a href="https://philab.uqam.ca/quebec/">groupe de recherche</a> s’intéresse aux actions du secteur philanthropique en réponse à l’enjeu des inégalités sociales et des défis environnementaux. Nous sommes d’avis que pour bien répondre à la crise, les organismes de bienfaisance peuvent regrouper leurs actions autour de quatre stratégies :</p>
<h2>1. Adapter les modalités d’intervention</h2>
<p>Le principal effet de la crise du coronavirus est de nous contraindre au confinement afin de générer de la distanciation sociale. Toutefois, les besoins d’aide aux personnes ne sont pas disparus et de nouveaux besoins sont apparus.</p>
<p>Pendant la Covid-19, il est essentiel de maintenir les services aux personnes les plus vulnérables. Différentes actions sont requises, telles le <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1674060/besoin-criant-benevoles-organismes-communautaires-covid19-quebec">renouvellement des banques de bénévoles</a>, pour mobiliser des personnes de moins de 60 ans ou encore l’adoption de nouvelles façons de venir en aide aux <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1674649/coronavirus-solidarite-personnes-agees">personnes isolées</a>, dont les sans-abri ou les « sans chèque », car non éligibles aux différentes mesures de sécurité sociale.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/324150/original/file-20200330-177851-1aoj3hm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/324150/original/file-20200330-177851-1aoj3hm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/324150/original/file-20200330-177851-1aoj3hm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/324150/original/file-20200330-177851-1aoj3hm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=409&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/324150/original/file-20200330-177851-1aoj3hm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=514&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/324150/original/file-20200330-177851-1aoj3hm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=514&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/324150/original/file-20200330-177851-1aoj3hm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=514&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des personnes s’abritent de la pluie dans un centre de jour extérieur pour sans-abri à Montréal, le dimanche 29 mars 2020, alors que les cas de coronavirus Covid-19 augmentent au Canada et dans le monde entier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Graham Hughes</span></span>
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<p>Nous observons une mouvance importante d’adaptation dans les façons de donner du temps, de l’argent ou d’offrir à la population différents services. Les exemples sont nombreux et se multiplient de jour en jour. Pensons à la formation de groupes d’entraide à l’échelle des quartiers grâce à des plates-formes virtuelles, ou à l’utilisation du sociofinancement pour mobiliser les dons en argent.</p>
<p>Des fondations canadiennes se regroupent également pour mettre en commun leurs ressources financières afin de venir en aide directement à des organismes de bienfaisance ou communautaires. Des <a href="https://www.centraide-mtl.org/fr/covid-19/fonds-durgence/?utm_campaign=COVID-19_25+mars&utm_medium=email&utm_source=Infolettres+g%C3%A9n%C3%A9rales">fonds d’urgence</a> sont aussi mis en place par des organisations philanthropiques pour intervenir rapidement auprès des populations les plus vulnérables. À cela s’ajoute <a href="https://journalmetro.com/actualites/national/2433341/coronavirus-legault-lance-un-appel-aux-benevoles/">l’appel du premier ministre, François Legault</a>, qui a demandé aux travailleurs mis à pied de faire du bénévolat pour pallier les besoins des organismes communautaires.</p>
<p>Enfin, l’action adaptative revêt aussi une dimension cognitive. Les organisations philanthropiques doivent avoir accès à une information crédible et à des données fiables pour pouvoir départager le vrai du faux et ainsi prendre des décisions éclairées. Pour ce faire, il faut compter sur des médias robustes et sur un bon niveau de communication avec les milieux scientifiques. Une bonne information est non seulement une information juste et crédible, mais aussi une information qui jette un regard critique sur la réalité.</p>
<h2>2. Faire sa juste part dans l’effort global</h2>
<p>Au plan international, des actions d’envergure sont actuellement posées. D’abord l’alliance entre la Fondation des Nations unies, la Swiss Philanthropy Foundation et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) afin de mettre sur pied le <a href="https://covid19responsefund.org">Covid-19 Solidarity Response Fund</a> le 13 mars dernier.</p>
<p>L’objectif de ce fonds est de recueillir les dons en argent de la part d’individus, d’entreprises et d’institutions à travers le monde afin de soutenir le travail de l’OMS, qui intervient de manière globale pour lutter contre la propagation du virus.</p>
<p>Selon les données en date du 28 mars, le Covid-19 Solidarity Response Fund avait recueilli un peu plus de 112 millions de dollars auprès de 205 000 donateurs individuels et corporatifs. L’ONU a aussi lancé le <a href="https://news.un.org/fr/story/2020/03/1064942">« Plan de réponse humanitaire »</a> qui vise à amasser 2 milliards de dollars. Des instruments financiers deviennent ainsi disponibles pour soutenir le travail de grandes organisations à l’échelle internationale.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/JW4RtTLfJ4w?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">En quelques jours seulement, l’OMS avait amassé 5 millions de dollars pour lutter contre le coronavirus.
3. Préparer la sortie de crise
Il faut prévoir l’après Covid-19 en tenant compte des inégalités sociales.
Rappelons que la pandémie a des impacts différents d’un groupe à l’autre. À ce sujet, l’Observatoire québécois sur les inégalités a produit une analyse très éclairante qui explique comment certains groupes sociodémographiques sont particulièrement affectés par la crise. Ainsi, nous sommes tous concernés en ce moment, mais nous ne le sommes pas de la même façon.
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À lire aussi :
Covid-19: quatre actions à prendre dès maintenant pour protéger les enfants vulnérables
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Pendant que des personnes bénéficient de conditions favorables, ont un revenu garanti et peuvent faire du télétravail, d’autres personnes, moins privilégiées, sont au front : les travailleurs des services essentiels, dont les « anges gardiens », qui œuvrent pour le bien commun. Or, le risque sanitaire n’est pas le même pour les concierges, les professionnels de la santé, les commis ou les chauffeurs de bus que pour les gestionnaires ou les universitaires – dont nous sommes – qui peuvent accomplir leurs tâches à domicile.
Certes, il importe de reconnaître l’importance de leur travail actuellement, mais cette reconnaissance symbolique devra se traduire de façon tangible par des améliorations de leurs conditions de travail.
La crise actuelle soulève des enjeux en matière de justice sociale puisque les dynamiques inégalitaires déjà présentes au sein de la société se font sentir avec plus d’acuité. Cette réalité est à garder en mémoire. Elle interpelle l’écosystème philanthropique sur les actions à poser pour trouver des façons novatrices de s’attaquer aux injustices sociales.
4. Soutenir une économie locale et durable
Le présent temps d’arrêt est l’occasion de réfléchir à la grande fragilité de notre système économique, qui repose sur le libre marché et l’interdépendance généralisée des économies nationales.
Dès lors, l’idée d’un « retour à la normale » ne devrait pas constituer notre vision de l’avenir. Nous observons aujourd’hui la grande fragilité induite par l’hyperconnectivité des sociétés. En plus d’avoir favorisé une propagation extrêmement rapide du virus sur tous les continents, celle-ci menace les chaînes d’approvisionnement et nous rappelle les bienfaits d’avoir une économie locale en santé.
Sur ce point, les fondations subventionnaires peuvent agir grâce à des stratégies d’investissement d’impact et de finance solidaire pour assurer la viabilité des entreprises locales qui offrent des services essentiels aux communautés.</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/134837/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Marc Fontan a reçu des financements de CRSH. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>David Grant-Poitras et Diane Alalouf-Hall ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>La Covid-19 nous contraint au confinement. Mais les besoins des personnes plus vulnérables, eux, ne disparaissent pas. Les organismes communautaires doivent s’adapter rapidement pour y répondre.David Grant-Poitras, Doctorant en sociologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Diane Alalouf-Hall, Doctorante en sociologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Jean-Marc Fontan, Professeur titulaire, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1329182020-03-10T18:44:39Z2020-03-10T18:44:39ZAu Mali, une cohésion sociale minée par les conflits<p>Si le Mali a connu des soulèvements touaregs répétés, les groupes djihadistes ont commencé à prospérer <a href="http://refhub.elsevier.com/S0147-5967(19)30100-3/sbref0052">à partir de la fin des années 2000</a>, sous l’effet de l’insécurité croissante, du conflit libyen et du retrait du gouvernement central des régions sahéliennes. Début 2012, le pays entre en guerre. À l’époque, plusieurs groupes armés contestent l’autorité du gouvernement central : des groupes rebelles touaregs luttant pour l’indépendance du nord du Mali et des groupes djihadistes désireux d’imposer la charia au pays.</p>
<p>Après trois mois de combats, les principales villes du nord, dont Tombouctou, Gao et Kidal, sont sous le joug des insurgés. Parallèlement, un coup d’État militaire renverse le président Amadou Toumani Touré tenu pour responsable de la crise. Alors que les groupes djihadistes se déplacent vers le sud, la France lance en janvier 2013 l’opération Serval sous l’égide des Nations unies et envoie des troupes pour arrêter leur progression. A la fin du mois, la plupart des villes sont reprises.</p>
<p>Malgré la signature de deux accords de paix en 2014 et 2015 (à Ouagadougou et Alger), le conflit continue de s’intensifier : les groupes djihadistes poursuivent leurs attaques et de nombreux groupes armés aux prétentions très diverses s’organisent. À ce jour, le conflit a causé des milliers de victimes et des centaines de milliers de déplacés. Ces constats alarmants incitent à s’interroger sur les différents mécanismes qui aggravent cette crise ou la font perdurer.</p>
<h2>Un repli communautaire</h2>
<p>Dans nos <a href="https://doi.org/10.1016/j.jce.2019.11.005">recherches</a>, nous avons étudié les répercussions des conflits sur le capital social et la confiance interpersonnelle, essentielle au Mali. Les tendances en la matière contribuent à la compréhension de l’évolution du conflit et de l’activité économique dans le pays. En effet, le capital social et la confiance interpersonnelle sont des indicateurs des interactions personnelles et impersonnelles tant au sein d’un groupe qu’entre différentes communautés.</p>
<p>Ces interactions, surtout entre différents groupes, sont des moyens de partage et de circulation rapide de l’information ; elles <a href="http://refhub.elsevier.com/S0147-5967(19)30100-3/sbref0049">favorisent les échanges</a> et donc <a href="http://www.socialcapitalgateway.org/content/paper/knack-s-keefer-p-1997-does-social-capital-have-economic-payoff-cross-country-investiga">l’activité économique</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/318591/original/file-20200304-66112-ew3fcs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/318591/original/file-20200304-66112-ew3fcs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/318591/original/file-20200304-66112-ew3fcs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/318591/original/file-20200304-66112-ew3fcs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/318591/original/file-20200304-66112-ew3fcs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/318591/original/file-20200304-66112-ew3fcs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/318591/original/file-20200304-66112-ew3fcs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un ouvrier contrôle la qualité de la fibre de coton dans une usine de textile malienne à Ségou (12 décembre 2018).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://c3.mediaforum.afp.com/CacheServer/Cache.svc/g?hid=6B1778C3EB3B0EFF70FC8CF7C4DA86C5BDC3F04B49464AFF917D90AE011302F1">Michele Catani/AFP</a></span>
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</figure>
<p>Les résultats de notre étude sont issus de la combinaison entre deux ensembles de données. Premièrement, des enquêtes auprès des ménages collectées par l’institut national de la statistique du Mali (INSTAT-Mali). Représentatives au niveau national et régional, ses enquêtes ont été réalisées en 2006 (ELIM) et tous les ans entre 2014 et 2016 (EMOP). Elles contiennent des informations sur la participation et la confiance tirées du module d’enquête Gouvernance, Paix et Sécurité (GPS) harmonisé dans le cadre de la <a href="http://refhub.elsevier.com/S0147-5967(19)30100-3/sbref0070">stratégie pour l’harmonisation des statistiques</a> en Afrique (SHaSA).</p>
<p>Deuxièmement, le recensement de tous les évènements violents qui ont été rapportés dans la presse ou par des organisations non gouvernementales opérant dans la région (ACLED). 758 évènements violents ont été comptabilisés entre 1997 et 2015, dont 90 % concernent les trois dernières années de cette période.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/318625/original/file-20200304-66089-yc78a0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/318625/original/file-20200304-66089-yc78a0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/318625/original/file-20200304-66089-yc78a0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/318625/original/file-20200304-66089-yc78a0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/318625/original/file-20200304-66089-yc78a0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/318625/original/file-20200304-66089-yc78a0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/318625/original/file-20200304-66089-yc78a0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/318625/original/file-20200304-66089-yc78a0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Répartition des événements violents liés aux conflits armés au Mali, 2012-2015.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs.</span></span>
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<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/318627/original/file-20200304-66106-k8lu0x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/318627/original/file-20200304-66106-k8lu0x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/318627/original/file-20200304-66106-k8lu0x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/318627/original/file-20200304-66106-k8lu0x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/318627/original/file-20200304-66106-k8lu0x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/318627/original/file-20200304-66106-k8lu0x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/318627/original/file-20200304-66106-k8lu0x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/318627/original/file-20200304-66106-k8lu0x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution des événements liés aux conflits armés dans leur ensemble au Mali, 1997-2015.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs.</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il ressort de notre étude que l’exposition à des évènements violents engendre une hausse de la participation à des associations de l’ordre de +7 à +14 points de pourcentage. Cette augmentation pourrait être interprétée positivement comme témoignant d’une meilleure cohésion sociale et augurant d’une reprise économique rapide à l’issue du conflit. Cependant, nous suggérons une tout autre interprétation. Cette participation accrue s’observe en effet dans des associations particulières : les associations familiales et politiques, dont l’adhésion est basée sur des liens étroits de parenté et partisans.</p>
<p>De plus, l’effet positif de la violence sur la participation dans les zones ethniquement hétérogènes n’est observé que pour les associations où l’adhésion est basée sur la parenté. En revanche, la participation à des associations plus ouvertes et diversifiées diminue dans les zones touchées par des événements violents. C’est le cas des associations les plus répandues, à savoir les associations de développement local.</p>
<h2>Spirale négative</h2>
<p>L’analyse de l’évolution de la confiance interpersonnelle dans les zones touchées confirme cette interprétation. La confiance dans les personnes plus éloignées diminue en cas d’exposition à la violence, tandis que la confiance dans les individus proches reste à des niveaux très élevés et tend même à augmenter.</p>
<p>Notre recherche suggère donc l’existence d’une spirale négative. Les conflits entraînent une forme de repli sur soi et de la méfiance aggravant les tensions entre les groupes. La diminution des échanges interpersonnels et entre communautés pourrait avoir des conséquences encore plus importantes, notamment sur le futur politique du pays. Nos résultats jettent en outre un doute sur le rôle positif attribué au capital social en tant que moteur de la reprise après les guerres et les conflits.</p>
<p>Cette analyse se voit d’ailleurs malheureusement confirmée par les récents développements du conflit malien, où les différends ethniques apparaissent désormais comme la <a href="https://dial.ird.fr/content/download/321598/4914397/version/1/file/Rapport+INSTAT+version+finale+avec+page+couverture.pdf">première cause des tensions locales</a>. Elle conforte aussi les diagnostics de certains experts quant à la nécessité de <a href="http://refhub.elsevier.com/S0147-5967(19)30100-3/sbref0044">solutions autres que sécuritaires</a> pour éviter l’enracinement de la violence au Mali.</p>
<p>Des actions en faveur d’une meilleure gouvernance politique et d’un développement socio-économique plus inclusif, y compris une plus grande représentativité des institutions publiques et des incitations visant à favoriser la mixité ethnique devraient être explorées.</p>
<hr>
<p><em>Cette contribution s’appuie sur l’article de recherche, <a href="https://doi.org/10.1016/j.jce.2019.11.005">« Fear not for man ? Armed conflict and social capital in Mali »</a> publié en novembre 2019 dans le Journal of Comparative Economics.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/132918/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une étude révèle l’affaiblissement du tissu social dans les zones exposées à la violence, ce qui contribue à l’enracinement du conflit et à l’affaiblissement économique du pays, en guerre depuis 2012.Emmanuelle Lavallée, Enseignant-chercheur en économie, Université Paris Dauphine – PSLFrançois Roubaud, Économiste, statisticien, directeur de recherche à l’IRD et membre de l’UMR DIAL, Institut de recherche pour le développement (IRD)Mireille Razafindrakoto, Directeur de recherche IRD, Université Paris Dauphine – PSLThomas Calvo, PhD Candidate in development economics, Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1315322020-02-19T19:44:01Z2020-02-19T19:44:01ZDu Sénat aux lobbies, retour sur le vote de la loi antigaspillage<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/316174/original/file-20200219-11005-afbjpf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Selon l’Ademe, en France, moins de la moitié des appareils ménagers en panne sont réparés. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Suite au <a href="https://www.vie-publique.fr/loi/268681-loi-lutte-contre-le-gaspillage-et-economie-circulaire">vote final de la loi</a> « anti-gaspillage pour une économie circulaire » par le parlement, le 30 janvier 2020, plusieurs mesures phares vont prochainement entrer en vigueur.</p>
<p>Si l’attention médiatique à l’égard de ce texte s’est focalisée sur la <a href="https://theconversation.com/comprendre-la-polemique-sur-la-consigne-des-bouteilles-plastiques-126651">consigne</a> ou le plastique, un autre volet – la lutte contre l’obsolescence programmée – était également au cœur des débats. Plusieurs mesures ont ainsi pour objectif d’allonger la durée de vie des produits pour en finir avec « cette arnaque pour le consommateur comme pour la planète », pour reprendre les termes de la secrétaire d’État Brune Poirson. La création d’un indice de réparabilité pour 2021, figure parmi les initiatives les plus marquantes.</p>
<p>D’autres mesures sont à noter : les éco-organismes devront mettre en place un fonds de la réparation et un fonds du réemploi, pour financer au-delà du recyclage ces piliers de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/economie-circulaire-26694">économie circulaire</a> ; les consommateurs devraient être mieux informés de la durabilité des produits pour faire des choix éclairés ; l’irréparabilité intentionnelle devient un délit au même titre que l’obsolescence programmée ; les fabricants vont devoir respecter de nouvelles obligations sur la disponibilité des pièces détachées…</p>
<p>Or nombre de ces dispositions n’étaient pas prévues dans le projet de loi initial. Comment expliquer ce résultat final ? Nous proposons de dévoiler ici le jeu entre les différents acteurs (élus et lobbies) qui a conduit à l’évolution du cadrage réglementaire concernant la durabilité des objets.</p>
<h2>Des sénateurs pionniers contre l’obsolescence</h2>
<p>Suite aux nombreux échanges organisés par le gouvernement autour de la « feuille de route économie circulaire », un projet de loi a été proposé au banc des sénateurs en septembre 2019 ; cette première copie a ensuite été revue et amendée par les députés, avant l’accord définitif de janvier 2020.</p>
<p>Contrairement à leur réputation conservatrice, les sénateurs ont été à l’avant-garde de l’économie circulaire, votant de nombreuses dispositions en première lecture pour favoriser notamment la réparation et la durabilité des produits.</p>
<p>Ils ont, par exemple, intégré dans le projet de loi un nouvel indice de durabilité ; exigé la transparence des critères permettant de déterminer l’indice de réparabilité proposé par le gouvernement ; obligé la disponibilité des pièces détachées dans le secteur médical pendant 10 ans ou encore la mise en place d’un compteur d’usage sur les produits (à l’instar d’un compteur kilométrique sur les automobiles). Les sénateurs ont également voté deux fonds ambitieux – dédiés à la réparation et au réemploi.</p>
<p>Certains reculs par rapport au projet de loi initial du gouvernement ont toutefois été constatés : date d’entrée en vigueur de l’indice de réparabilité repoussé d’un an, tout comme le délai maximal de livraison des pièces détachées, passé de 20 à 30 jours.</p>
<p>Beaucoup de ces mesures ont été votées contre l’avis du gouvernement, sous l’impulsion de sénateurs écologistes, socialistes, communistes ou républicains, ayant sans doute cherché une caisse de résonance politique pour faire de l’écologie un sujet phare en pointant les lacunes du gouvernement en ce domaine.</p>
<p>Hervé Maurey, président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable a ainsi <a href="https://www.senat.fr/presse/cp20190918.html">dénoncé un projet de loi</a> « pas à la hauteur de la nécessaire “accélération écologique” annoncée par le premier ministre ». Dans ce même communiqué de presse, la rapporteur (LR) souligne que le Sénat a « substantiellement enrichi le texte [pour] promouvoir le réemploi et la réparation par la création d’un fonds d’aide à la réparation permettant de prendre en charge une partie des coûts, souvent dissuasifs » ou encore « d’interdire la publicité incitant à jeter des produits encore en état de marche ».</p>
<p>Les sénateurs avaient donc mis la barre assez haut avant le passage du projet de loi à l’Assemblée nationale.</p>
<h2>Des mesures en demi-teinte</h2>
<p>Les députés et la majorité gouvernementale n’ont pas voulu se montrer moins déterminés que le Sénat en matière d’écologie. Les rapporteurs ont dit chercher à « consolider » le texte afin d’en assurer la sécurité juridique, c’est-à-dire éviter de voter des textes inapplicables ou attaquables au niveau européen.</p>
<p>Dans les faits, l’ambition de la plupart des mesures a été revue à la baisse, tout en restant plus importante que le projet initial de l’exécutif. Ainsi, l’indice de réparabilité a été rétabli pour 2021, et étendu dans son format à un indice de durabilité d’ici 2024. Le gouvernement et les députés ont supprimé le compteur d’usage obligatoire, le réduisant à une démarche volontaire dans le cadre de l’indice de durabilité (les produits ayant un compteur recevraient une meilleure note). La loi a ramené la disponibilité obligatoire des pièces dans le secteur médical à 5 ans, mais l’a étendu à d’autres catégories de produits, comme les ordinateurs et les <em>smartphones</em>, pièces qui devront finalement être fournies dans un délai maximum de 15 jours.</p>
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<figcaption><span class="caption">Brune Poirson et l’obsolesce programmée. (Arte, 2019).</span></figcaption>
</figure>
<p>En septembre 2019, les sénateurs avaient aussi fait preuve de volontarisme en créant une « garantie logicielle », rassurant le consommateur quant au bon fonctionnement de son téléphone ou de sa tablette avec des mises à jour pendant 10 ans. Seulement, les députés sont revenus en arrière : le consommateur aura simplement le droit de refuser toute mise à jour (sans dissociation de confort ou sécurité).</p>
<p>Dans les deux chambres, le sujet de l’extension de la garantie légale de conformité ou de la publicité sont restés tabous. Malgré de nombreux amendements déposés par des parlementaires sur ces deux thèmes, invoquant respectivement la protection des consommateurs face aux risques de pannes prématurées et le rôle de l’obsolescence culturelle, rien de significatif n’a été adopté.</p>
<p>Au-delà des consignes de vote pouvant émaner des ministères, qui influence les parlementaires dans le dépôt d’amendements et leurs arguments ?</p>
<h2>Des lobbies bien organisés</h2>
<p>En coulisses du vote des lois, les groupes d’intérêts s’activent pour freiner de nouvelles dispositions ou aller plus loin. Il est rare, en effet, que les propositions d’amendements d’un projet de loi émergent de la seule initiative des parlementaires. Ces derniers consultent, plus ou moins officiellement lors d’auditions ou de rendez-vous, des ONG, associations, think tank, fabricants, distributeurs, fédérations professionnelles, syndicats…</p>
<p>Depuis peu, certains parlementaires s’engagent dans une démarche de <em>sourcing</em>, afin de renseigner l’origine de l’amendement porté lorsque celui-ci a été proposé par un représentant d’intérêts, garantissant davantage de transparence, sans pour autant remettre en cause le principe selon lequel le mandat impératif est nul et que le droit de vote des membres du parlement est personnel (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=LEGIARTI000006527492&cidTexte=JORFTEXT000000571356&dateTexte=19581005">article 27 de la Constitution)</a>.</p>
<p>Avec seulement <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/ce-que-declarent-les-deputes-sur-les-lobbies-qui-les-influencent_fr_5e187a8ac5b6da971d146d4a?utm_hp_ref=fr-politique">4,4 % des amendements adoptés sourcés (ou 10 % des amendements recevables)</a> dans le cadre de la loi antigaspillage pour une économie circulaire, cette pratique est encore trop récente et peu généralisée, pour permettre d’en tirer des résultats significatifs sur l’origine et la proportion des représentants d’intérêts présents.</p>
<p>Cependant, nous constatons que les acteurs de l’économie sociale, solidaire et de l’environnement ont été très actifs, aux côtés des fédérations professionnelles. Les associations WWF, Zero Waste France, Surfrider, Halte à l’obsolescence programmée et Tara Océan sont le plus souvent citées dans les amendements adoptés.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/316188/original/file-20200219-11000-2854gr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316188/original/file-20200219-11000-2854gr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316188/original/file-20200219-11000-2854gr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1061&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316188/original/file-20200219-11000-2854gr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1061&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316188/original/file-20200219-11000-2854gr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1061&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316188/original/file-20200219-11000-2854gr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1333&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316188/original/file-20200219-11000-2854gr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1333&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316188/original/file-20200219-11000-2854gr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1333&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Quel « sourcing » pour la loi sur l’économie circulaire ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cominst.com/app/uploads/2019/12/Visuel-sourcing-De%CC%81cembre-2019.png">Cominst</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Toutefois, les parlementaires assument, plus ou moins aisément, leurs sources d’influence. Tous les groupes politiques ne le renseignent d’ailleurs <a href="https://www.cominst.com/app/uploads/2019/12/Visuel-sourcing-De%CC%81cembre-2019.png">pas dans les mêmes proportions</a>. Les députés de la République en marche, la France insoumise, les Socialistes, le MoDem, Libertés et territoires sont plus enclin à la transparence que Les Républicains ou l’UDI.</p>
<p>De même, les industriels ou groupements d’entreprises ont certainement moins intérêt à être visibles auprès du grand public, contrairement aux associations qui peuvent ainsi démontrer leur efficacité auprès des citoyens et militants.</p>
<p>Les associations ont joué un rôle clef dans le résultat du débat parlementaire en rehaussant l’ambition de la loi. Dans un climat politique tendu au sujet du climat, illustré par de nombreuses manifestations, <a href="https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/12/07/la-mobilisation-citoyenne-pour-le-climat-prend-racine_5394337_1652612.html">notamment des jeunes</a>, ou encore les résultats du <a href="https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-33248-synthese-debats.pdf">Grand débat</a> ou de la <a href="https://www.conventioncitoyennepourleclimat.fr">Convention citoyenne</a> pour le climat, les jeux d’acteurs ont eu raison d’un texte substantiellement renforcé entre le projet de loi initial du gouvernement et la loi finalement votée.</p>
<p>Bien que restant très mesuré, le texte prend désormais davantage en compte l’allongement la durée de vie des produits, essentiellement via l’incitation des citoyens à une consommation durable et des entreprises à davantage de transparence, voire – dans une moindre mesure – d’obligations, en faveur de la réparation, pour une logique de construction d’une économie plus « circulaire ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131532/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laetitia Vasseur travaille également pour l’association HOP (Halte à l’obsolescence programmée), qu’elle a co-fondée. Elle a reçu des financements publics pour cette association. </span></em></p>Dans les coulisses de l’élaboration de la loi antigaspillage, adoptée par le parlement français fin janvier 2020.Laetitia Vasseur, Doctorante économie circulaire en sciences de gestion, ESCP Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1310682020-02-16T16:31:38Z2020-02-16T16:31:38ZRéforme des retraites : quel impact sur le bénévolat ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/314483/original/file-20200210-109916-8rfj1r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C12%2C1192%2C783&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des bénévoles rangent des denrées alimentaires données par des clients à la sortie de magasins, le 23 novembre 2012 à l'entrepôt de stockage de la banque alimentaire de Marseille.
</span> <span class="attribution"><span class="source">ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP</span>, <a class="license" href="http://artlibre.org/licence/lal/en">FAL</a></span></figcaption></figure><p>La réforme des retraites aura des conséquences sur les futurs retraités, les finances publiques mais, on l’oublie un peu, probablement sur les associations. Les jeunes retraités constituent en effet un groupe dont le temps disponible et l’état de santé favorisent un engagement bénévole nettement au-dessus de la moyenne.</p>
<p>Cela se constate par un fort pourcentage de bénévoles parmi les 55-74 ans soit 48,3 %, par un <a href="https://www.francebenevolat.org/sites/default/files/uploads/documents/3a6bccff16c0afb00c2e609b5d9681f19fd7f20e.pdf">temps de bénévolat plus élevé</a> (58 % des plus de 65 ans engagés dans une association y consacrent plus de <a href="http://observatoire-des-seniors.com/les-seniors-sont-les-plus-nombreux-a-sengager-dans-une-association/">cinq heures par semaine)</a> et par un engagement essentiel à la tête des associations comme le montre la figure 1 (créée sur la base des travaux de <a href="http://addes.asso.fr/wp-content/uploads/2018/10/Tchernonog_associations_FCC_2018.pdf">Viviane Tchernonog</a> et de <a href="https://associations.gouv.fr/IMG/pdf/prouteau_rapport_complet.pdf">Lionel Prouteau</a>).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/315058/original/file-20200212-61917-19bii44.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/315058/original/file-20200212-61917-19bii44.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/315058/original/file-20200212-61917-19bii44.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/315058/original/file-20200212-61917-19bii44.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/315058/original/file-20200212-61917-19bii44.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/315058/original/file-20200212-61917-19bii44.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/315058/original/file-20200212-61917-19bii44.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/315058/original/file-20200212-61917-19bii44.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le bénévolat des jeunes retraités, indispensable aux associations.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Andrea Gourmelen/Ziad Malas</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
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<p>Si de nombreux points de la future loi restent à préciser, on connaît déjà ses grands principes et une <a href="https://www.linternaute.com/argent/guide-de-vos-finances/1400357-reforme-des-retraites-quel-calendrier-pour-le-projet-de-loi/">partie du calendrier</a> de mise en œuvre : arrivée dans l’hémicycle à partir du lundi 17 février et vote définitif avant la fin de la session parlementaire d’ici l’été 2020.</p>
<h2>Vers un assèchement du vivier associatif français ?</h2>
<p>Parmi ces principes, certains peuvent contribuer à un assèchement du vivier de bénévoles des associations. Au-delà des discussions sur l’âge pivot, la future loi accorde plus de liberté aux salariés quant au choix de l’âge de départ et encourage une cessation d’activité tardive. Si la retraite commence plus tard, logiquement, cela devrait impliquer du temps disponible moindre pour le bénévolat.</p>
<p>Sur une base statistique, ce raisonnement se discute du fait de l’allongement de l’espérance de vie et de l’allongement, moins net, de <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/sante/age-pivot-quel-est-l-age-d-esperance-de-vie-en-bonne-sante-en-france_140319">l’espérance de vie en bonne santé</a>.</p>
<p>Mais la logique de décalage des étapes de la vie se heurte à l’inertie des perceptions et des affects associés à l’âge et au temps restant à vivre. Ainsi, prendre en compte ce que les chercheurs nomment la <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0767370116635087">pression temporelle ultime</a> (PTU) ; soit la pression que nous ressentons lorsque le temps passe, devient aussi un temps qui reste. C’est même l’une des clefs de la compréhension de l’engagement bénévole des retraités.</p>
<p>Les futurs retraités du régime universel ont aujourd’hui 45 ans tout au plus, et ne s’interrogent probablement pas encore sur leurs occupations à la retraite… Or d’ici à leur retraite ? La situation économique et sociale aura aussi modifié les valeurs et les priorités des futures générations de retraités.</p>
<p>Pour autant, il est possible d’envisager des scenarii possibles qui commenceront à affecter le bénévolat d’ici 10 ans en s’appuyant sur les profils de bénévoles retraités actuels que nous avons étudié dans un <a href="https://www.jstor.org/stable/44815311?seq=1">précédent article</a>, publié en 2014. Ces profils sont notamment caractérisés par leur pression temporelle ultime et leur <a href="https://www.scholars.northwestern.edu/en/publications/a-theory-of-generativity-and-its-assessment-through-self-report-b">générativité</a> :, c’est-à-dire leur degré de préoccupation pour les générations futures.</p>
<h2>Les bénévoles soucieux de postérité travailleront-ils plus longtemps ?</h2>
<p>Ces profils regroupent environ 38 % des bénévoles retraités, qui apparaissent très marqués par des affects négatifs relatifs à la fin de vie et au temps qui reste à vivre. Ils ont peur de la mort qui se rapproche et du vieillissement. Le bénévolat est ainsi pour eux une manière de contrer le temps qui passe, de se rendre indispensable afin d’obtenir une certaine reconnaissance.</p>
<p>Ainsi, ils cherchent d’abord à se bâtir une réputation de leur vivant, pour transformer cette renommée en une popularité qui perdurera au-delà de leur mort. Les fonctions de direction et celles impliquant une mise en avant publique semblent particulièrement faire écho à leurs motivations.</p>
<p>Avec la réforme actuelle, leur carrière risque de s’allonger. Ainsi, pour être en accord avec leurs ambitions, ils risquent de privilégier des choix professionnels plutôt que du bénévolat comme « seconde carrière ». Les nouvelles incitations financières renforceront ce choix. Aussi, s’impliquer plus tardivement dans une association leur laisserait moins de temps pour s’investir et monter dans la hiérarchie de l’association, ce qui peut engendrer une frustration chez ces personnes et un vide au niveau hiérarchique.</p>
<p>On peut alors s’attendre à ce qu’elles privilégient davantage l’activité professionnelle (travailler le plus longtemps possible) pour gagner en reconnaissance plus rapidement, la retraite pouvant être vue comme un marqueur d’un vieillissement qui les angoisse.</p>
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<figcaption><span class="caption">Benevolt fait la promotion du bénévolat pour les retraités, la réforme pourrait changer cette tendance.</span></figcaption>
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<h2>Les bénévoles coupables : vers une diminution ?</h2>
<p>Ces retraités font du bénévolat par devoir moral et font preuve d’une véritable abnégation. Se sentant coupables d’avoir eu une belle vie ou d’avoir été privilégiés, leur générativité les amène à s’impliquer dans la société tant qu’ils le peuvent. Le soi disparaît, au profit des autres, de la communauté.</p>
<p>Le bénévolat devient alors un moyen de rendre à la société ce qu’elle leur a donné. Ce profil, regroupant environ 13 % des bénévoles retraités actuels, ne risque-t-il pas de disparaître chez les futures générations de retraités ? Cette abnégation, liée au besoin de rendre à la société ce qu’elle nous a donné sera-t-elle toujours aussi forte si le fait de travailler plus longtemps et la peur d’une baisse de niveau de vie amènent à penser que la société nous prend plus qu’elle ne nous donne ?</p>
<p>La culpabilité générationnelle risque ainsi de s’effacer au profit d’une culpabilité individuelle (avoir l’impression de s’en être mieux sorti que les autres de sa génération), du moins pour la génération 1975-1985, correspondant à la phase de transition entre les régimes de retraite.</p>
<p>En effet, cette génération peut se sentir sacrifiée, et de ce fait, non privilégiée par rapport à la génération des baby-boomers (génération encore importante puisqu’elle inclut près de 24 % de la population française). La réforme pourrait ainsi creuser un fossé entre générations et renforcer l’image de privilégiés des « boomers », comme c’est le cas avec le phénomène « OK boomer » sur les réseaux sociaux.</p>
<p>Cela risque d’entraîner des difficultés là où ce profil apparaît le plus adapté : les associations caritatives ou les fonctions d’aide sociale du bénévolat telle que l’écoute de personnes en difficulté, l’aide à la réinsertion ou la distribution alimentaire.</p>
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<figcaption><span class="caption">OK Boomer, une phrase devenue virale.</span></figcaption>
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<h2>Hédonistes et affectifs : vers de nouveaux arbitrages temporels ?</h2>
<p>Ces profils « hédonistes et affectifs » représentent à eux seuls environ la moitié des bénévoles retraités. Ils rassemblent des retraités ayant librement choisi le bénévolat en tant qu’activité divertissante, leur permettant de découvrir de nouvelles opportunités tout en tissant des liens humains. Pas nécessairement préoccupés par l’avenir des générations suivantes, ils aiment pourtant côtoyer une variété de personnes dans leur activité bénévole. En effet, pour eux, il faut profiter du temps restant à vivre. Ils ressentent peu de sentiments négatifs à l’égard du temps qui est compté.</p>
<p>La réforme des retraites, à première vue, semble avoir moins de conséquences sur ces profils, tant le plaisir associé au bénévolat apparaît fort. Cependant, un départ en retraite plus tardif peut amener à ressentir davantage la pression du temps restant à vivre au moment de l’arrêt de la vie professionnelle. Cela pourrait engendrer l’augmentation des sentiments négatifs à propos du temps restant (stress, amertume) et ainsi davantage d’arbitrages relatifs à l’allocation de ce temps restant. Un repli familial ou sur des activités de loisirs au détriment d’activités bénévoles pourrait être envisageable.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/315233/original/file-20200213-11044-1snukrh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/315233/original/file-20200213-11044-1snukrh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/315233/original/file-20200213-11044-1snukrh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/315233/original/file-20200213-11044-1snukrh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/315233/original/file-20200213-11044-1snukrh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/315233/original/file-20200213-11044-1snukrh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/315233/original/file-20200213-11044-1snukrh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certains pourraient choisir de privilégier des activités personnelles familiales ou de loisir plutôt que le monde du bénévolat.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/1004232">Pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Des « jeunes retraités » aux « vieux actifs »</h2>
<p>Si la réforme permettra à ceux ayant eu des métiers pénibles de partir plus tôt (métiers physiques, à risque, horaires décalés) et bien que la <a href="https://theconversation.com/reforme-des-retraites-la-difficile-prise-en-compte-de-la-penibilite-du-travail-130263">notion de pénibilité est encore à l’étude</a>, il faut garder à l’esprit que ces métiers impliquent généralement des études courtes. </p>
<p>Or, les retraités engagés dans les associations ont généralement un niveau d’études élevé (au regard du niveau d’études moyen de leur génération). Ainsi, les futurs retraités potentiellement intéressés par le bénévolat risquent d’être de plus en plus âgés (car ayant fait des études longues, ils risquent de ne pas être concernés par la notion de pénibilité) et pourront finalement rapidement penser qu’ils n’ont plus l’âge de faire du bénévolat.</p>
<p>Les associations doivent-elles pour autant cibler les individus autorisés à partir en retraite plus tôt ? Pas forcément, car les conditions de travail passées pourront impacter le temps restant à vivre en bonne santé perçu par ces derniers et entraîner un raisonnement de type : « Je suis trop fatigué, trop abimé pour travailler et donc… pour faire du bénévolat ».</p>
<p>Ainsi, plutôt que de cibler les « jeunes retraités » qui risquent de se percevoir « trop vieux » ou « pas assez en bonne santé » selon le métier qu’ils exerçaient auparavant, les associations devraient peut-être se concentrer sur les seniors actifs. Cela permettrait d’anticiper leurs objections.</p>
<h2>La nécessité d’un engagement réfléchi</h2>
<p><a href="https://www.francebenevolat.org/">France Bénévolat</a> insiste ainsi depuis quelques années sur le fait qu’un bénévolat réussi résulte d’un engagement réfléchi. Or, pour qu’un engagement soit réfléchi, quoi de mieux que de le préparer en amont de sa retraite ? En complément, on sait que parmi les actifs, les plus de 50 ans sont les <a href="https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2018/03/2501-1-annexe_file.pdf">plus souvent bénévoles</a>, cela s’explique notamment par l’absence de jeunes enfants à charge.</p>
<p>On pourrait rajouter aussi qu’entre 50 ans et la retraite, les contraintes financières sont moindres. Aussi, pour peu que l’anxiété liée au montant des pensions soit apaisée, on a là une population qui sera réceptive à l’engagement bénévole, engagement qui se poursuivra à la retraite et s’accompagnera d’une autre ressource clef pour les associations : les <a href="https://injep.fr/wp-content/uploads/2019/07/Chiffres-cles-Vie-associative-2019.pdf">dons</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131068/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Certains principes de la proposition de réforme des retraites pourraient assécher le vivier de bénévoles dans le monde associatif français.Andréa Gourmelen, Maître de conférences en sciences de gestion (marketing), Université de MontpellierZiad Malas, Maître de conférences en sciences de gestion, Université de Toulouse III – Paul SabatierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1315132020-02-12T19:24:03Z2020-02-12T19:24:03ZRéussir la transformation, une question de méthode<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/314499/original/file-20200210-109951-1gylsgd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=39%2C358%2C3113%2C2096&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un raisonnement « effectual » a permis d'imaginer des solutions originales pour décongestionner la principauté de Monaco.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:V%C3%A9los_libre_service_Monaco.JPG">Kevin B / Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Face à l’urgence perçue d’une transformation, qu’elle soit digitale, organisationnelle, énergétique, écologique voire sociétale, la chose la moins remise en question reste la méthode pour y arriver. En général, celle-ci se résume en deux étapes : savoir ce que l’on veut faire puis s’en donner les moyens. Le problème, c’est que derrière ce postulat considéré comme une évidence, il y a beaucoup d’échecs. En effet, nombreux sont les dirigeants qui témoignent de la difficulté à transformer une situation.</p>
<p>Pour illustrer toute l’importance de repenser la méthode, nous nous appuierons sur une expérimentation que nous avons menée avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) à l’occasion d’un <a href="https://bootcampdelatee.site.ademe.fr/">bootcamp</a> (« camp d’entraînement », à l’occasion duquel se rencontrent collectivités locales et entrepreneurs) organisé les 11 et 12 octobre 2018, visant à relever 10 défis sur les thèmes de l’écologie, l’énergie et l’économie dans les Alpes-Maritimes et à Monaco.</p>
<p>Chaque défi était formulé sous la forme d’un objectif à atteindre. Par exemple : comment atteindre les 9 000 utilisateurs de deux roues électriques et vélos supplémentaires entre la France et Monaco d’ici 2030 ? Il faut savoir que les accès à Monaco sont saturés matin et soir et qu’il n’y a pas de piste cyclable, en raison d’un manque de place mais aussi de la priorité donnée à la voiture.</p>
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<h2>Logique effectuale</h2>
<p>La solution envisagée avant le défi était de développer un parc de vélos électriques et la construction de nouveaux parkings aux entrées de la cité pour éviter de recourir à l’automobile lors des derniers kilomètres (solution n°1). Ainsi envisagée, la transformation procède en deux étapes, celles énoncées précédemment à savoir : définir le but et ensuite inférer les moyens nécessaires pour sa réalisation.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1181207877073195008"}"></div></p>
<p>Une tout autre méthode a été proposée lors de ce bootcamp : trouver une solution consensuelle à partir des moyens disponibles. Le résultat obtenu a été de proposer la mise en place de « bulles cadencées de vélos ». Le terme de « bulle » est généralement employé pour qualifier une pratique de la police pour faciliter un déplacement de véhicules dans un flux saturé, en raison d’une urgence (par exemple une ambulance) et/ou de personnes nécessitant un haut niveau de sécurité (par exemple, un chef d’État).</p>
<p>Cette autre solution a bien été envisagée grâce à une analyse de ce qui était disponible, suivant ainsi le principe de la théorie entrepreneuriale de <a href="https://philippesilberzahn.com/2011/02/28/comment-entrepreneurs-pensent-agissent-principes-effectuation/">l’effectuation</a>. En effet, il suffit de mobiliser les forces de sécurité existantes pour prioriser le passage des vélos par rapport aux voitures tout en garantissant leur sécurité.</p>
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<figcaption><span class="caption">Entrepreneuriat : les principes de l’effectuation (Xerfi canal, 2019).</span></figcaption>
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<p>Cette bascule d’une méthode à l’autre correspond à un choix de posture. Raisonner à partir d’un but mobilise une logique causale (posture 1), celle qui conduit à rechercher les moyens nécessaires (d’où la causalité) pour implémenter la solution n°1. Le raisonnement inverse correspond à une logique effectuale (posture 2), celle qui a conduit à s’appuyer sur tous moyens disponibles suffisants permettant de faire émerger un effet, à savoir la bulle de vélos vue comme la solution n°2.</p>
<h2>Une solution peu onéreuse et consensuelle</h2>
<p>Dans notre cas, la posture 2 a permis d’aboutir à une solution présentant plusieurs avantages par rapport à ce qui aurait pu émerger de la posture 1. Tout d’abord, une idée nouvelle qui répond, au moins sur le papier, au problème de départ, à savoir la saturation du trafic à Monaco le matin et le soir. À l’inverse, l’idée de construire des parkings à l’extérieur de la cité et de mettre en place une flotte de vélo électrique n’est pas nouvelle. L’originalité de la solution est inhérente à la posture 2 qui part d’une réalité spécifique à la région de Monaco, non pas celle de la région parisienne.</p>
<p>Par exemple, c’est l’absence de pistes cyclables, faute de place suffisante sur la chaussée aux abords et dans Monaco, ainsi que le besoin de sécurité dans un flux saturé, qui ont permis d’imaginer la bulle de vélos. C’est donc le contraire du benchmark qui invite à copier-coller ce qui existe déjà. Il ne faut pas sous-estimer aussi la présence de deux associations sur le territoire. L’une, Choisir le vélo, travaille à la <a href="http://www.choisirlevelo.org/page/7/?eo_month=2017-05">promotion de l’usage du vélo</a> pour les transports quotidiens. L’autre, Atmosud, est impliquée dans la <a href="https://www.atmosud.org/">qualité de l’air à Monaco</a>. Toutes deux sont des moyens pour le projet. L’originalité de la solution est donc une conséquence de la spécificité des moyens locaux mis en œuvre. Pleinement assumée, ceci peut faire de Monaco un territoire pionnier de l’écologie puisque la solution n’a jamais été essayée nulle part ailleurs.</p>
<p>L’initiative territoire zéro chômeur est une solution très originale qui est née d’une démarche effectuale. En effet, les entreprises qui ont été créées lors de la phase d’expérimentation développent une activité imaginée à partir des compétences et de la volonté de personnes ayant connu une longue période de chômage. Au lieu d’avoir un produit ou un service prédéfini et ensuite de recruter les personnes qui feront vivre le projet, c’est l’inverse puisque le produit ou service vendu est défini à partir des moyens que représentent les <a href="https://www.contrepoints.org/2019/04/07/341082-la-revolution-cognitive-au-service-des-politiques-publiques">capacités des individus</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1177104536693084160"}"></div></p>
<p>Revenons à Monaco. La démarche effectuale a également permis de faire émerger une solution faiblement onéreuse : aucun investissement n’est en effet requis puisque les moyens suffisants sont disponibles. En effet, nombreux sont ceux qui disposent déjà de vélos électriques ou souhaitent en acquérir. D’autre part, mobiliser les agents de la circulation (qui la font déjà) pour garantir la sécurité de la bulle et faciliter leur passage est envisageable à faible coût. Plus besoin de développer les moyens comme celui de construire de nouveaux parkings ou de développer une flotte de vélos.</p>
<p>Cette manière d’envisager l’action à partir des moyens disponibles trouve de nombreuses applications dans toutes les entreprises. Par exemple, imaginons une d’entre elles qui souhaiterait recenser ses savoir-faire stratégiques. Nombreux seront ceux qui penseront à constituer une équipe interne dédiée alors que le client est sans doute un bon juge d’une compétence de son fournisseur qui lui est indispensable pour son activité. Cela revient à faire faire une partie du travail par le client (identifié comme un moyen), avec en prime un résultat plus objectif et l’occasion de resserrer les liens avec son écosystème. Cerise sur le gâteau, l’entreprise dispose d’une enquête client qui a valeur d’une étude de marché avec le même investissement de départ.</p>
<h2>Un autre rapport au réel</h2>
<p>Lors du bootcamp de l’Ademe, la solution n°2 a fait l’unanimité des parties prenantes puisque ce sont ces mêmes acteurs qui l’ont proposée. À l’inverse, la solution n°1 correspondait au projet initial du gouvernement de Monaco. Si une solution est choisie par une partie prenante, il faut ensuite la vendre aux autres. Ces dernières n’ont donc que le choix de l’accepter (succès) ou de la refuser (échec). L’inférence par les moyens permet d’éviter cette dichotomie d’une situation à prendre ou à laisser puisque les parties prenantes co-créent une solution qui leur convient.</p>
<p>Au-delà de ces quelques avantages, c’est un autre rapport au réel et à sa transformation que propose l’effectuation. Dans la posture 1, le présent est vu comme une contrainte et c’est le futur qui est désirable. Dans la posture 2, le présent nous offre des moyens qui permettent un futur désirable et viable. Même un flux saturé devient un moyen car si ce n’avait pas été le cas, la bulle n’aurait pas sa raison d’être. La seule contrainte qui demeure c’est que les moyens doivent être suffisants. On peut même parler d’abondance de possibilités pour la posture 2, puisque d’un même ensemble de moyens plusieurs effets sont possibles. Il n’y aurait donc pas que la bulle comme solution.</p>
<p>Malgré l’enthousiasme des participants du bootcamp pour la bulle de vélos, le projet n’a pas été lancé par le gouvernement de Monaco qui a préféré demander à une association locale de cyclistes de s’emparer du projet. Ce sont donc des bénévoles et non pas la police locale qui sécurisent les parcours avec des équipements sonores et visuels appropriés.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/314500/original/file-20200210-109939-ehdamu.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314500/original/file-20200210-109939-ehdamu.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314500/original/file-20200210-109939-ehdamu.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314500/original/file-20200210-109939-ehdamu.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314500/original/file-20200210-109939-ehdamu.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314500/original/file-20200210-109939-ehdamu.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314500/original/file-20200210-109939-ehdamu.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314500/original/file-20200210-109939-ehdamu.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Ce ne seront finalement pas les policiers monégasques qui assureront les « bulles de vélos ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Sc%C3%A9nic_II_Police_mon%C3%A9gasque.JPG">Kevin B/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Le non-engagement du gouvernement de Monaco dans le déploiement pourrait s’expliquer par d’autres priorités, mais aussi par le fait qu’une rupture n’évoque rien de connu à l’esprit humain qui a donc du mal à se représenter l’idée. Une communication accessible à tous prend alors une importance considérable pour permettre à des parties prenantes potentielles de comprendre le projet et donc de pouvoir adhérer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131513/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dominique Vian ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Raisonner non pas en fonction des objectifs à atteindre mais des moyens à disposition ouvre le champ des possibles en termes de solutions.Dominique Vian, Enseignant chercheur chez SKEMA Business School, SKEMA Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.