tag:theconversation.com,2011:/uk/topics/labels-33624/articleslabels – The Conversation2023-10-19T20:37:08Ztag:theconversation.com,2011:article/2143302023-10-19T20:37:08Z2023-10-19T20:37:08ZLes appellations géographiques, un gage de qualité ? Le cas – ambigu – du whisky écossais<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/550080/original/file-20230925-24-o561bp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=137%2C106%2C1779%2C1161&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comme dans le vin, l’influence du terroir sur les comportements de consommation est avérée dans le monde du whisky.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.rawpixel.com/image/5911843/photo-image-public-domain-shape-wooden">Rawpixel</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Bruichladdich, une distillerie écossaise de whisky renommée, arbore fièrement son slogan :</p>
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<p><a href="https://www.remy-cointreau.com/fr/nos-marques/bruichladdich-portcharlotte-octomore/">« We believe terroir matters »</a> (« Nous croyons en l’importance du terroir »).</p>
</blockquote>
<p>La marque suggère ainsi que sa situation géographique joue un rôle déterminant sur la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/qualite-46094">qualité</a> de son whisky.</p>
<p>Cette philosophie rappelle celle du monde du vin, où l’influence du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/terroir-30486">terroir</a> est avérée et reconnue : la qualité du vin est dépendante de la vigne dont il est issu
et les conditions de développement de la vigne sont intimement liées à la population microbienne de la terre du vignoble. Ce lien entre terre, vigne et vin explique la volonté des acteurs de la filière viticole de protéger la réputation de leur terroir via des réglementations et systèmes d’indications géographiques divers.</p>
<p>À l’instar du vin, le whisky écossais est soumis à plusieurs réglementations, notamment le <a href="https://www.legislation.gov.uk/ukpga/1988/22/enacted">Scotch Whisky Act</a> et les <a href="https://www.legislation.gov.uk/uksi/2009/2890/contents/made">Scotch Whisky Regulations</a>. Ces textes de loi définissent cinq appellations géographiques distinctes : Campbeltown, Highland, Islay, Lowland, et Speyside. Chacune de ces régions est réputée pour produire des styles de whisky uniques, se distinguant par des variations de saveur, de caractère et de méthode de production.</p>
<p>Par exemple, les whiskies de Speyside sont reconnus pour leur élégance, leur complexité et leur vaste palette de saveurs. Quant aux distilleries d’Islay, dont certaines comptent parmi les plus anciennes d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/ecosse-28868">Écosse</a>, elles sont réputées pour des whiskies aux arômes marins, iodés et tourbés.</p>
<p>Ce type d’argument, qui ne manquera pas d’être mis en avant par les distilleries lors du <a href="https://www.whiskylive.fr/">Whisky Live Paris</a>, rendez-vous qui se déroulera cette année du 21 au 23 octobre à Paris, fait globalement mouche auprès des consommateurs.</p>
<p>En effet, nos recherches récentes sur la réputation collective des appellations géographiques, reposant sur l’analyse de plus de 80 000 ventes aux enchères de bouteilles de Scotch single malt, indiquent que les acheteurs attribuent une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0264999323001438">importance significative à l’origine géographique</a> du whisky, et ce même après avoir pris en compte d’autres facteurs que nous avons identifiés dans de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-wine-economics/article/abs/should-you-invest-in-an-old-bottle-of-whisky-or-in-a-bottle-of-old-whisky-a-hedonic-analysis-of-vintage-single-malt-scotch-whisky-prices/6DC8DE57878E49FC2849C6F84E224877">précédentes recherches</a> : l’âge du whisky, le titrage alcoolique, la distillerie, l’embouteilleur, etc. </p>
<p>En l’occurrence, les whiskies en provenance d’Islay sont généralement échangés à des niveaux de prix plus élevés que les whiskies originaires des autres appellations, toutes choses égales par ailleurs.</p>
<h2>Garantie qualité</h2>
<p>Les appellations géographiques regroupent des systèmes de protection et de certification visant notamment à prévenir la contrefaçon et à promouvoir des produits spécifiques liés à une région géographique particulière. En garantissant l’origine du produit, une appellation géographique permet au producteur de garantir à ses acheteurs un certain niveau de qualité, qui dépend étroitement des caractéristiques géographiques du territoire de production que du respect de certaines règles de production.</p>
<p>En effet, les producteurs bénéficiant de la reconnaissance d’une appellation géographique s’engagent à respecter un cahier des charges strict, que ce soit en termes d’étapes de production que d’origines géographiques des matières premières. Les produits bénéficiant d’une appellation sont alors souvent perçus comme uniques et de haute qualité, ce qui permet de les différencier et justifier des prix plus élevés tout en renforçant la confiance des consommateurs.</p>
<p>Dans l’industrie française du vin, les appellations d’origine contrôlée (AOC) imposent aux producteurs-récoltants de cultiver des variétés de raisin particulières sur le terroir de l’appellation et garantissent que les raisins ont été cultivés sur ce terroir. Les AOC permettent ainsi de différencier les vins en termes de caractéristiques gustatives, du fait des propriétés inhérentes au terroir (sol, climat, population microbienne) ainsi que des variétés de raisin utilisées.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Carte des appellations écossaises" src="https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=567&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=567&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=567&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=712&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=712&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=712&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les cinq appellations géographiques des whiskies écossais : Campbeltown, Highland, Islay, Lowland, et Speyside. La zone « Island » est officiellement rattachée à la région du Highland mais certains considèrent qu’il s’agit d’une appellation à part.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Scotch_regions_blank.svg#/media/File:Scotch_regions.svg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>En ce qui concerne le whisky écossais, la réglementation stipule que la seule et unique condition pour pouvoir utiliser une appellation géographique est de distiller et vieillir le whisky sur le territoire correspondant. En revanche, il n’existe aucune règle concernant le type de céréales pouvant être utilisé, l’origine géographique de ces céréales, ou encore des tonneaux, et il est fréquent que les distilleries importent ces intrants. Si les céréales proviennent du continent européen et que les tonneaux viennent de Bordeaux, on peut, <a href="https://thewhiskylady.net/2016/05/20/scotch-whisky-regions-classification-still-relevant/">à l’image de certains professionnels du secteur</a>, s’interroger sur l’impact de la géographie du territoire écossais sur la qualité des whiskies et sur le bien-fondé de leurs appellations géographiques.</p>
<p>Ces appellations garantiraient-elles des conditions de vieillissement spécifiques, en exposant les tonneaux à des conditions climatiques propres à chaque territoire d’appellation ? Une simple visualisation de la carte des appellations permet d’écarter cette piste. L’appellation Highland regroupe par exemple des distilleries s’étalant sur plusieurs latitudes, certaines bénéficiant d’un air iodé du fait de leur localisation sur une île ou en bord de mer tandis que d’autres sont situées en plein cœur des terres, bien loin de toute influence marine !</p>
<h2>L’enjeu des labels</h2>
<p>Nos recherches permettent déjà de montrer que les consommateurs peuvent accorder une valeur plus élevée à certaines appellations même lorsque celles-ci ne permettent finalement pas de différencier la qualité des produits. Au-delà de ce simple constat, nos résultats invitent à s’interroger sur le contenu informationnel des appellations géographiques et sur leur lisibilité pour l’acheteur.</p>
<p>Ces interrogations sont légitimes tant pour le secteur du whisky que pour d’autres produits bénéficiant de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/labels-33624">labels</a> de qualité mettant en avant le lien entre la qualité du produit et son territoire de production : vin, fromage, viande, etc.</p>
<p>Nous pouvons notamment déduire de l’analyse du cas du whisky écossais que des producteurs peuvent bénéficier de la réputation favorable d’une appellation, même lorsque celle-ci ne fournit que peu d’indications sur la qualité réelle des produits. En montrant que les consommateurs peuvent être sensibles à des labels ou signaux de qualité au contenu informationnel particulièrement limité, nos travaux corroborent <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0264999317315468">d’autres recherches</a> qui appellent à réduire le niveau de complexité de certains systèmes d’appellations.</p>
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<p><em>L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. L’alcool ne doit pas être consommé par des femmes enceintes</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214330/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Selon une étude, le consommateur se montre particulièrement sensible à la localisation de la distillerie, bien que cette information donne peu d'indications sur la qualité réelle des produits.Bruno Pecchioli, Professeur associé, ICN Business SchoolDavid Moroz, Associate professor, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2146002023-10-04T18:38:54Z2023-10-04T18:38:54ZRSE : les pays nordiques, un modèle à suivre pour les entreprises françaises<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/550957/original/file-20230928-25-v92w2u.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C13%2C1185%2C815&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Près de trois entreprises sur 10 en France sont «&nbsp;bien engagées dans une trajectoire responsable&nbsp;».
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/en/photo/1444091 ">Pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’<a href="https://resources.ecovadis.com/fr/rse/performances-rse-des-entreprises-fran%C3%A7aises-et-europ%C3%A9ennes-comparatif-ocde-et-bics">étude</a> sur les performances en matière de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-societale-des-entreprises-rse-21111">responsabilité sociale et environnementale</a> (RSE) des entreprises françaises, européennes, de l’OCDE et des BICS (sans la Russie donc pour cette dernière édition) publiée début septembre 2023 par le Médiateur des entreprises et la plate-forme de notation EcoVadis confirme l’essentiel des résultats et tendances présentés à l’occasion des études précédentes, tout en apportant des informations inédites essentielles.</p>
<p>Cette cinquième étude (après les éditions de 2015, 2017, 2019 et 2021) met en effet en évidence une performance extra financière remarquable des entreprises françaises, performance améliorée par rapport à celles observées précédemment, notamment il y a deux ans.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/rse-la-performance-remarquable-des-entreprises-francaises-en-2021-175376">RSE : la performance remarquable des entreprises françaises en 2021</a>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=819&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=819&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=819&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1029&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1029&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551137/original/file-20230929-27-krmlrq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1029&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://resources.ecovadis.com/fr/rse/performances-rse-des-entreprises-fran%C3%A7aises-et-europ%C3%A9ennes-comparatif-ocde-et-bics">Édition 2023 de l’étude RSE EcoVadis/Le Médiateur des entreprises</a></span>
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<p>Les progrès, significatifs, reposent sur de véritables « locomotives » qui représentent une part en nette augmentation des « entreprises bien engagées dans une trajectoire responsable » (selon les termes employés dans l’étude, soit les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/entreprises-20563">entreprises</a> dont le score global RSE s’avère supérieur à 65). Cette part représente ainsi 28 % des entreprises évaluées en 2022 en France, à comparer à la moyenne européenne de 19,8 %. Avec un score global moyen de 57,6, ses entreprises permettent à la France de se classer au 4<sup>e</sup> rang derrière un trio constitué de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/norvege-22151">Norvège</a>, de la Finlande et de la Suède.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=260&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=327&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=327&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551138/original/file-20230929-24-3bx4hf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=327&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://resources.ecovadis.com/fr/rse/performances-rse-des-entreprises-fran%C3%A7aises-et-europ%C3%A9ennes-comparatif-ocde-et-bics">Édition 2023 de l’étude RSE EcoVadis/Le Médiateur des entreprises</a></span>
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<h2>Les performances remarquables de la catégorie « Nordics »</h2>
<p>Les performances des pays qui la constituent ont conduit les réalisateurs de l’étude à créer une nouvelle catégorie de pays, à côté des traditionnelles catégories que sont l’OCDE ou les BICS. Cette catégorie dite « Nordics » partage avec la France le fait de voir les plus fortes progressions sur les deux dernières années. L’« avance » prise par les entreprises de ces pays a donc tendance à s’accroître. </p>
<p>De façon générale, il est possible de conclure de ces observations que plus une entreprise (et au niveau agrégé un pays) est engagée dans le développement et le déploiement de pratiques RSE, plus elle (ou il) a tendance à aller plus loin, comme si les bénéfices récoltés (en partie émergents ou induits, c’est-à-dire allant au-delà des effets attendus, bien compris au départ) encourageaient les « plus avancées » à produire davantage d’efforts.</p>
<h2>Des progrès dans tous les secteurs</h2>
<p>En France, des progrès en matière de RSE sont ainsi observés pour toutes les tailles d’entreprises françaises, avec des améliorations particulièrement fortes pour les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/petites-et-moyennes-entreprises-pme-21112">petites et moyennes entreprises (PME)</a> et les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Cette tendance témoigne du fait que les « locomotives » évoquées plus haut, encore souvent des grandes entreprises, ne sont pas les seules à progresser. Les plus grandes organisations ont en effet embarqué progressivement dans leur démarche leurs partenaires, notamment leurs fournisseurs.</p>
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<p>Les progrès sont également notables dans tous les secteurs observés (de l’agroalimentaire, à la construction ou aux transports). Plus intéressant encore, toutes les dimensions de la RSE enregistrent des progrès, ses entreprises permettant même à la France de se classer à la deuxième place (derrière la Finlande) sur le thème « Social et droits humains ».</p>
<p>La France gagne également deux places (se classant 6<sup>e</sup>) sur le thème « Éthique » et une sur le thème « Environnement » (se classant 4<sup>e</sup>). Les « Achats responsables », qui constituent le 4<sup>e</sup> thème observé voient la France <a href="https://index.ecovadis.com/country?regions=EU&regions=Denmark&regions=Finland&regions=France&regions=Norway&regions=Sweden&size=All&theme=SUP">reculer d’une place (4ᵉ) au profit de la Norvège</a>. Cette dernière dimension, qui voit pourtant le score de la France progresser de façon non négligeable par rapport à 2020 (en dépit de la perte d’une place) reste néanmoins essentielle pour la diffusion des pratiques responsables dans toute l’économie. Nous retrouvons bien ici le rôle de « locomotive » des entreprises les plus avancées, rôle que nous évoquions dans un précédent article.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-grandes-entreprises-un-role-de-locomotive-a-assumer-pour-leconomie-francaise-113863">Les grandes entreprises, un rôle de locomotive à assumer pour l’économie française</a>
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<p>Essentielles du point de vue de la bonne santé des entreprises et de l’économie en général, les pratiques responsables observées dans le cadre de cette étude s’appuient sans doute sur des leviers différents d’un pays à l’autre.</p>
<p>Le rôle de la réglementation reste fondamental et tire incontestablement de façon importante les pratiques vers plus de responsabilité. Citons ici, par exemple, le rôle du <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000034290626/">devoir de vigilance</a> en vigueur en France depuis 2017 que l’on peut lier à un certain nombre de progrès mesurés par l’étude. Reposant sur une démarche volontariste, les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/labels-33624">labels</a> (comme le <a href="https://www.economie.gouv.fr/mediateur-des-entreprises/label-relations-fournisseurs-et-achats-responsables">label Relations fournisseurs et achats responsables</a>) amènent en outre les entreprises qui entrent dans une démarche de labellisation à ajouter des contraintes à des contraintes légales qui se renforcent. Ces organisations y gagnent souvent de façon non négligeable en visibilité et s’appuient généralement sur des convictions fortes et les valeurs de leurs dirigeants.</p>
<h2>Pragmatisme nordique</h2>
<p>Les pays nordiques nous montrent une autre voie, plus pragmatique, dans le sens où elle repose sur des intérêts économiques mieux compris, bien plus que sur les valeurs des dirigeants (ce qui ne les exclut pas bien entendu). En matière d’achats responsables, les progrès réalisés par les pays nordiques reposent ainsi en grande partie sur des démarches très poussées en termes d’analyse et d’évaluation des risques (RSE).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=314&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/551139/original/file-20230929-17-xkiv80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://resources.ecovadis.com/fr/rse/performances-rse-des-entreprises-fran%C3%A7aises-et-europ%C3%A9ennes-comparatif-ocde-et-bics">Édition 2023 de l’étude RSE EcoVadis/Le Médiateur des entreprises</a></span>
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<p>La cartographie des risques liés aux achats est en effet en place au sein de 20 % des entreprises évaluées sur la zone Nordics contre 14 % en France. La différence provient essentiellement des niveaux de pratiques des grandes entreprises de 1000 salariés et plus (53 % contre 40 % en France). Les intérêts visés se définissent alors de façon précise en termes de réduction de risque, mais aussi de capacité à saisir des opportunités.</p>
<p>Il ne s’agit bien sûr pas ici d’opposer les valeurs et les intérêts économiques bien compris, mais plutôt de permettre aux seconds de renforcer la mise en pratique des premières. Il est souvent important, en effet, pour les dirigeants d’entreprise, de prendre conscience du fait que si les pratiques responsables coûtent généralement (même si de nombreux exemples montrent qu’elles s’avèrent de réelles <a href="https://formation-professionnelle.lemonde.fr/guide/articles/la-rse-levier-de-performance-pour-les-entreprises-22393">sources d’économies</a>), ne pas les mettre en œuvre risque de coûter beaucoup plus cher. Forts d’arguments financiers robustes et particulièrement utiles dans les discussions avec les actionnaires, ils ont alors la possibilité de décider et d’agir en meilleure cohérence avec leurs valeurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214600/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugues Poissonnier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une étude mondiale sur la performance en matière de responsabilité sociale et environnementale des entreprises classe la France au 4ᵉ rang derrière la Norvège, la Finlande et la Suède.Hugues Poissonnier, Professeur d'économie et de management, Directeur de la Recherche de l’IRIMA, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-Etre au travail et Paix Economique, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2056912023-05-17T18:13:06Z2023-05-17T18:13:06ZLe commerce équitable ne connaît pas la crise<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/526249/original/file-20230515-25619-7g22tf.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4007%2C2921&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Malgré les crises sanitaires et économiques, les produits de la filière gardent le vent en poupe.</span> <span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Ce 11 mai 2023, à l’occasion de la <a href="https://www.quinzaine-commerce-equitable.org/">Quinzaine du commerce équitable</a>, le principal label de la filière, <em>Fairtrade–Max Havelaar France</em>, a dévoilé ses <a href="https://maxhavelaarfrance.org/fileadmin/fairtrade/communiques/CP_QCE_2023_def_.pdf">chiffres de vente pour l’année 2022</a>. Malgré l’inflation et les tensions sur les marchés internationaux qui ont provoqué un recul en volume de vente (5 %), le chiffre d’affaires des <a href="https://theconversation.com/topics/labels-33624">produits labellisés</a> « Fairtrade » a progressé de 7 % par rapport à 2021, atteignant 1,3 milliard d’euros et <a href="https://www.commercequitable.org/actualites/observatoire-du-commerce-equitable-2021/">plus de 2 milliards d’euros</a> si on prend en compte l’ensemble de la filière équitable.</p>
<p>Hormis les bananes, la progression s’applique aux <a href="https://www.fairtrade.net/news/farmers-and-workers-harvested-more-benefits-in-2021-despite-Covid-19-pandemic">principales catégories de produits</a> : + 19 %, par exemple pour le <a href="https://theconversation.com/topics/chocolat-46790">chocolat</a>, ou + 11 % pour le thé. Observable aussi bien à l’échelle de la <a href="https://www.commercequitable.org/actualites/observatoire-du-commerce-equitable-2021/">France</a> que du monde, ces hausses ont permis de maintenir le niveau de soutien aux producteurs tant dans les pays du « Sud » qu’au niveau local et d’<a href="https://www.fairtrade.net/library/fairtrade-certification-and-producer-resilience-in-times-of-crises">amortir l’impact des crises sanitaire et financière</a>.</p>
<p>Le <a href="https://theconversation.com/topics/commerce-equitable-33623">commerce équitable</a> fait ainsi, dans une certaine mesure, figure d’exception. La croissance de la consommation durable, par exemple <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/transitions-ecologiques/bio-globalement-la-consommation-a-baisse-de-1-3-en-2021-921042.html">l’agriculture biologique</a>, a en effet été freinée après la crise du Covid. Le commerce équitable bénéficie, lui, d’une forte croissance presque ininterrompue depuis son émergence dans les années 1960-1970. Son déploiement à travers la grande distribution à la fin des années 1990 et la multiplication plus récente des systèmes de certification l’ont catalysée.</p>
<p>Avec une large gamme de produits distribués dans 143 pays et permettant le <a href="https://files.fairtrade.net/publications/FI_Annual-Report_2021_web_sp.pdf">paiement d’un prix supérieur au prix du marché à plus de 2 millions de producteurs dans 70 pays</a>, le développement du commerce équitable a tout d’une « success story ». Il fait pourtant également l’objet de <a href="https://www.researchgate.net/publication/254225448_Where_now_for_fair_trade">critiques</a> : en s’ouvrant aux entreprises « conventionnelles » et en s’intégrant dans les circuits « mainstream », il en aurait finalement repris les principales caractéristiques pour maximiser les volumes de vente, se détournant de ses ambitions d’origine.</p>
<p>La réalité semble plus nuancée. Dans un <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/joms.12925">article récent</a>, publié avec des collègues britanniques dans le <em>Journal of Management Studies</em>, nous avons examiné les principaux changements dans les critères de certification de <em>Fairtrade International</em> (représenté en France par Max Havelaar France) et les réactions suscitées alors parmi les acteurs pionniers du commerce équitable, comme Artisans du Monde ou Ethiquable en France. Nous montrons comment le mouvement a su dépasser, sans pour autant éliminer, les divergences de points de vue entre les acteurs qui le composent de façon à allier croissance des ventes et maintien d’une certaine légitimité morale.</p>
<h2>Le commerce équitable, réformiste ou radical ?</h2>
<p>Parmi les <a href="https://www.commercequitable.org/wp-content/uploads/guide-label-2019-francais-web.pdf#page=35">évolutions</a> d’importance, décision a été prise en 2005 d’élargir la certification aux grandes plantations dans lesquelles les producteurs travaillent comme ouvriers salariés. Initialement, elle était réservée aux coopératives dont les producteurs sont propriétaires. Plus récemment, en 2014, une certification spécifique, le « Fairtrade Sourcing Program » (FSP), a été introduite pour des produits dont uniquement certains ingrédients (par exemple le cacao ou le sucre) ont été produits selon les standards du commerce équitable.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1657309833945554945"}"></div></p>
<p>Chaque changement a suscité des critiques parmi la base du mouvement et en particulier au sein des organisations pionnières. Au lancement du programme FSP elles ont ainsi dénoncé une <a href="https://artisansdumonde.org/actualites-nationales/fsp-une-nouvelle-demarche-de-certification-qui-ne-repond-pas-aux-exigences-du-commerce-equitable">dilution des idéaux d’origine</a>, un risque de confusion pour le consommateur, et un impact négatif pour les plus petits producteurs. Certaines organisations ont même <a href="https://artisansdumonde.org/actualites-nationales/artisans-du-monde-vers-un-retrait-du-label-fti-max-havelaar">cessé d’utiliser la certification <em>Fairtrade</em></a> pour privilégier des certifications avec un agenda alternatif plus marqué comme <a href="https://wfto.com/our-fair-trade-system">celle de la <em>World Fair Trade Organization</em></a> ou du <a href="https://www.ethiquable.coop/page-dactualites-mag/symbole-producteurs-paysans">Symbole des Producteurs Paysans (SPP)</a> qu’Ethiquable a contribué à développer.</p>
<p>On retrouve là une dualité de lectures assez typique pour les initiatives marchandes émergeant des mouvements sociaux : là où une tendance « réformiste » se réjouit du développement au-delà de la niche initiale et de la maximisation de l’impact social, une tendance plus « radicale » dénonce les compromis effectués et la dilution de l’ambition d’alternative au marché conventionnel présente initialement.</p>
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<p>Ce qui surprend néanmoins dans le cas du commerce équitable, c’est la <a href="https://theconversation.com/quel-est-le-bilan-de-30-ans-de-commerce-equitable-77608">coopération continue entre ces deux tendances</a>. Les critiques des tenants d’une ligne plus radicale sont principalement restées confinées à l’intérieur du mouvement et n’ont entravé ni la croissance des ventes de produits certifiés ni sa <a href="https://globescan.com/2021/06/23/social-environmental-values-increasingly-drive-consumers-choices/">réputation morale auprès de l’opinion publique</a>.</p>
<p>En cela, le commerce équitable se distingue d’autres initiatives au sein desquelles les divergences de vues entre réformistes et radicaux ont mené à des conflits ouverts, parfois au détriment de l’ensemble des acteurs du mouvement. Dans le <a href="https://theconversation.com/la-concurrence-croissante-entre-banques-et-institutions-de-microfinance-106363">domaine de la microfinance</a> par exemple, la participation de grandes banques commerciales, moins soucieuses d’accompagner les emprunteurs précarisés hors de la pauvreté et appliquant des taux d’intérêt élevés, a provoqué de fortes dissensions en interne.</p>
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<p>Le créateur de la première institution de <a href="https://theconversation.com/topics/microcredit-64890">microcrédit</a>, le <a href="https://theconversation.com/retour-dexperience-muhammad-yunus-un-leadership-inspirant-113495">prix Nobel de la paix 2006, Muhammad Yunus</a>, a rapidement pris ses distances par rapport à la « microfinance commerciale » et a appelé à <a href="https://www.nytimes.com/2011/01/15/opinion/15yunus.html">dénoncer les banques dont il avait initialement souhaité la participation</a>. Que ce soit pour la <a href="https://theconversation.com/topics/microfinance-62430">microfinance</a> ou pour d’autres initiatives marchandes à finalité sociale, les acteurs réformistes qui s’allient aux acteurs économiques conventionnels sont régulièrement taxés de <a href="https://theconversation.com/microcredit-meme-bien-intentionnee-la-reglementation-peut-eloigner-des-objectifs-sociaux-149305">« dérive de mission »</a> par les tenants d’une ligne plus radicale.</p>
<h2>Une coopération permanente avec les acteurs pionniers</h2>
<p>Comment se fait-il, dès lors, que le commerce équitable ait pu allier une croissance continue sans voir sa légitimité morale remise en question, du moins ouvertement, par les acteurs pionniers et la base du mouvement ? Selon notre analyse, l’organisme de certification <a href="https://www.fairtrade.net/"><em>Fairtrade International</em></a>, regroupant les différents acteurs nationaux tels que Max Havelaar France, a su déployer différentes stratégies pour poursuivre la croissance du secteur sans se mettre à dos les acteurs pionniers.</p>
<p>Premièrement, il a su légitimer l’augmentation des revenus des producteurs comme objectif prépondérant, là où les ambitions initiales du commerce équitable étaient plus diverses. Avec des ventes de produits du commerce équitable qui augmentent, les producteurs voient leur revenu grimper. Cet objectif prioritaire s’est donc révélé plus compatible avec la croissance des ventes que, par exemple, celui de plaider politiquement pour un commerce plus juste.</p>
<p>Deuxièmement, l’organisme a su poser des garde-fous rassurants pour les acteurs originels. Il a ainsi affirmé que certains principes tels que le <a href="https://theconversation.com/un-commerce-plus-equitable-pour-accompagner-la-transition-ecologique-et-sociale-143760">« juste prix »</a> n’étaient pas négociables. L’évolution de la gouvernance de <em>Fairtrade International</em> qui est désormais <a href="https://www.fairtrade.net/about/ga-and-board">détenue et gouvernée à 50 % par les producteurs</a> a également agi comme un signal de confiance pour limiter les craintes de « dérive de mission ».</p>
<p>Enfin, <em>Fairtrade International</em> et ses membres nationaux ont su cultiver une culture de coopération permanente avec les acteurs pionniers, tel que reflété par la <a href="https://www.fair-trade.website/">rédaction de chartes et l’organisation de campagnes de sensibilisation communes</a> aux divers acteurs et tendances. En France par exemple, la plate-forme <a href="https://www.commercequitable.org/notre-collectif/">Commerce équitable France</a> regroupe à la fois Max Havelaar France, d’autres systèmes de certification plus récents, des entreprises ainsi que des organisations pionnières telles qu’Artisans du Monde. Cette dynamique de partenariat a notamment permis à la France de se doter d’une <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/article_lc/LEGIARTI000043980732">loi sur le commerce équitable</a>.</p>
<p>Il faudra faire face à de nouveaux défis à ne pas minimiser, comme la <a href="https://theconversation.com/comment-sy-retrouver-dans-la-jungle-des-labels-environnementaux-111760">concurrence croissante de labels « durables » pas toujours exigeants</a>. Néanmoins, le cas du commerce équitable semble démontrer qu’il est possible d’allier une croissance des ventes avec le maintien d’une exigence éthique forte. Cela passe par une coopération entre acteurs réformistes et radicaux malgré les divergences de vues inévitables. Il semble évident que c’est cette coopération, plus que des querelles intestines, qui est la plus susceptible de favoriser le développement de la filière et d’accroître l’impact sur les premiers intéressés, à savoir les producteurs tant dans les pays du Sud qu’au <a href="https://www.tdc-enabel.be/fr/2021/05/03/la-france-pionniere-du-commerce-equitable-local-en-europe/">niveau local</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205691/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benjamin Huybrechts ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La « success story » de la filière équitable repose notamment sur un dialogue maintenu entre des réformistes prêts à des compromis pour élargir le mouvement et les tenants d’une ligne plus radicale.Benjamin Huybrechts, Full professor, IÉSEG School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1916952022-10-06T18:32:08Z2022-10-06T18:32:08ZLa coopétition dans les vins d’Auvergne : pour le meilleur et pour le pire ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/487505/original/file-20220930-22-5p5ek.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C12%2C1180%2C785&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vignes de l'AOC Côtes d'Auvergne à Boudes dans le Puy-de-Dôme.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vignes_côtes-d%27auvergne_Boudes_2016-07-16_n2.jpg">Marie-Lan Nguyen/Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La <a href="https://theconversation.com/fr/topics/coopetition-62125">coopétition</a>, qui désigne une situation de coopération entre concurrents, est un <a href="https://theconversation.com/la-coopetition-moteur-de-levolution-des-especes-106264">phénomène ancien</a> qui n’a bénéficié que récemment d’un intérêt de la part des entreprises et des chercheurs en gestion. Sans doute parce que l’association de ces deux notions, concurrence et coopération, paraissait trop antinomique pour trouver sa place dans le corpus théorique des sciences économiques et de gestion, à l’exception de quelques apports de la théorie des jeux.</p>
<p>Depuis une vingtaine d’années, les recherches s’amplifient cependant, portées par l’évidence de l’intérêt stratégique de cette modalité de développement interorganisationnel. Elle peut paraître contre-intuitive, mais se nourrit de nombreux exemples de succès : s’allier avec un concurrent peut permettre de faire grossir un « gâteau » à se partager ensuite (la coopération permettant d’être plus efficace à plusieurs que seul), et s’avère préférable à la lutte à mort concurrentielle qui permet au mieux, souvent, une modeste part supplémentaire d’un gâteau bien amaigri.</p>
<p>L’idée part donc d’une hypothèse forte : la coopération entre concurrents permettrait, à certaines conditions, de créer davantage de valeur en favorisant l’innovation, le partage de savoirs, de compétences, de techniques ou de matériel, en permettant des économies d’échelle par des investissements ou des achats communs, etc.</p>
<h2>Le cas des vins d’Auvergne</h2>
<p>C’est le cas, par exemple, de Salomon, Millet et Babolat qui, bien que concurrents directs sur un certain nombre de produits, s’associent au sein de l’Advanced Shoe Factory 4.0 pour <a href="https://www.lesechos.fr/pme-regions/auvergne-rhone-alpes/sport-chamatex-fait-le-pari-du-made-in-france-avec-salomon-millet-et-babolat-1252326">relocaliser en France la production de chaussures de sport</a> (voir à ce sujet l’étude de <a href="https://www.chairecooinnov.com/cas">cas proposée par la Chaire Coo’Innov</a>).</p>
<p>Autre exemple dans le monde audiovisuel, Canal+, qui connaît une sévère perte d’abonnés ces dernières années, s’est finalement allié à ses anciens rivaux, Netflix, Disney et OCS, pour proposer aux spectateurs les offres de ses concurrents, en plus des programmes originaux. Cette <a href="https://theconversation.com/fr/topics/strategie-21680">stratégie</a>, combinée à d’autres actions, semble à ce jour porter ses fruits.</p>
<p>Notre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0019850122001183">recherche</a> porte quant à elle plus spécifiquement sur les vins d’Auvergne, <a href="https://www.inao.gouv.fr/produit/14878">regroupés depuis 2010 au sein de l’Appellation d’origine contrôlée (AOC) « Côtes d’Auvergne »</a>. Elle met clairement en évidence les bénéfices issus de la coopétition pour ce vignoble, longtemps peu prestigieux et peu renommé, qui connaît un net sursaut et une amélioration significative de sa qualité depuis quelques années. Dans un petit vignoble comme celui de l’AOC Côtes d’Auvergne, véritable <a href="http://www.vin-vigne.com/images/vin_vigne/carte_vin_france.jpg">« nain » parmi les 16 appellations génériques des vins de France</a> au côté des prestigieux vins de Bourgogne, de Bordeaux ou de Champagne, le partage des ressources est essentiel.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/strategie-volcanique-pour-le-cotes-dauvergne-un-petit-vin-devenu-grand-133937">Stratégie volcanique pour le côtes d’Auvergne, un « petit » vin devenu grand</a>
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<p>Les vignerons et viticulteurs ont mis en commun certains matériels (par exemple pour les vendanges), des ressources financières, mais s’apportent aussi une entraide très significative, alors qu’ils sont pourtant, en même temps, concurrents. La stratégie de coopétition mise en place a rapidement permis aux acteurs de la filière de créer de la valeur, d’abord sur la qualité du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/vin-20325">vin</a> avec des <a href="https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/cinq-raisons-pour-lesquelles-les-vins-d-auvergne-ont-la-cote_14062593/">résultats plutôt probants</a>, induisant un cercle vertueux et des <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-vin-de-dominique-hutin/le-souffle-nouveau-de-l-auvergne-authentique-eldorado-du-vin-7453425">conséquences remarquables sur la notoriété</a>.</p>
<h2>Les nouveaux arrivants plus que bienvenus</h2>
<p>Créer de la valeur est une première étape évidemment essentielle, mais pas la seule. Le deuxième étage de la « fusée coopétition » est celui de l’appropriation de la valeur, c’est-à-dire le fait, pour les acteurs engagés dans une telle stratégie, de retirer les fruits, collectivement ou individuellement, des gains ainsi créés. De façon individuelle, la notoriété accrue par la production semble <a href="https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/pierre-desprat-il-est-plus-facile-de-valoriser-nos-cotes-d-auvergne-a-new-york-qu-a-clermont-ferrand_12824584/">aider certains à mieux exporter</a>, tandis que d’autres acteurs ont pu accroître leur volume de production et/ou leurs prix de vente. Mais il y a plus surprenant, et intéressant : nos interlocuteurs nous le disent nettement, les nouveaux arrivants sur le terroir sont non seulement les bienvenus, mais même souhaités, encouragés par les vignerons et viticulteurs déjà installés. Au point, par exemple, de leur réserver des terres : une caractéristique surprenante et peu intuitive de ces relations de coopétition, entre concurrents qui coopèrent.</p>
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<p>Pourtant, le tableau n’est pas complètement idyllique, et fait ressortir une face cachée de la coopétition qui peut aussi engendrer des formes de « destruction de valeur ». Ce qui prouve si besoin était que la coopération entre concurrents ne va pas de soi : elle conduit parfois, de façon non intentionnelle, à des résultats qui vont à l’encontre des effets initialement recherchés.</p>
<p>Prenant ici la forme d’une AOC, par définition dotée d’un cahier des charges précis et contraignant – gage de qualité, justement – elle semble avoir de possibles effets pervers. Par exemple, les <a href="https://vin-champagne.ouest-france.fr/quest-ce-que-le-rendement/">rendements d’une vigne en AOC sont bien inférieurs</a> à ceux d’une « simple » indication géographique protégée, et a fortiori, d’une parcelle commercialisée en « vins de France ».</p>
<h2>« L’union fait la force »</h2>
<p>Pour l’AOC Côtes d’Auvergne, le rendement maximum autorisé est de 55 hectolitres par hectare, quand il s’élève à 70 en Indication géographique protégée (IGP). De quoi inciter certains à privilégier cette IGP et à sortir de la logique d’AOC et donc de la stratégie collective adoptée d’une montée en qualité et en notoriété. Si l’AOC implique souvent une augmentation du prix de vente des vins, supposée surpasser la baisse des rendements, il n’est pas certain que la marge de manœuvre soit significative pour les vins d’Auvergne de ce côté-là, tout de même concurrencés par d’encombrants (et réputés) voisins.</p>
<p>Ainsi, notre recherche conforte, pour le secteur des vins d’Auvergne, tout l’intérêt de mécanismes de coopétition, notamment pour des petites structures, relativement homogènes, sur des territoires peu renommés. Comme le dit le dicton, « l’union fait la force ». Si, donc, les raisons pour lesquelles la coopétition constitue aujourd’hui une stratégie très utilisée par les entreprises semblent clairement ressortir, et sont adaptées aux petites entreprises, notre étude montre aussi certaines limites de l’exercice, qui justifient probablement une approche sur-mesure selon les situations rencontrées.</p>
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<p><em>L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. L’alcool ne doit pas être consommé par des femmes enceintes</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191695/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les viticulteurs auvergnats expérimentent la coopération entre concurrents avec succès, mais pas sans pointer quelques limites de l'exercice.Anne Albert-Cromarias, Directrice Académique et de la Recherche. Enseignant-chercheur HDR, management stratégique, ESC Clermont Business SchoolAlexandre Asselineau, Directeur de la Recherche, Professeur associé en Management stratégique, Burgundy School of Business Grégory Blanchard, Doctorant en sciences de gestion. Enseignant en négociation - vente, ESC Clermont Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1908512022-09-21T18:28:54Z2022-09-21T18:28:54ZBrewDog, succès d’une bière artisanale et amertumes managériales<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/485076/original/file-20220916-21-8n9xnp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C233%2C2048%2C1293&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En 15&nbsp;ans, les tireuses BrewDog sont apparues dans de nombreux établissements comme ici à Londres.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/brostad/9307755393/in/photostream/">Bernt Rostad / FlickR</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le brassage de la bière artisanale a vu le jour dans les années 1980. Les débuts ont été lents, mais l’activité est depuis devenue un marché relativement important. Parmi les histoires à succès dans ce milieu, il y a celle de l’entreprise écossaise BrewDog, fondée en 2007 par James Watt et Martin Dickie.</p>
<p>Quinze ans après avoir servi leur première pinte, ils ont fait de BrewDog l’un des leaders du secteur. En 2020, le chiffre d’affaires global de l’entreprise a augmenté de 10 %, les ventes en ligne de 900 % et la marge bénéficiaire brute de 48 %. Tout cela malgré la pandémie et le fait que la majorité des 100 bars possédés par l’entreprise ont été fermés pendant de longues périodes au cours de l’année. L’entreprise, actuellement évaluée à près de 2 milliards de livres sterling, emploie désormais plus de <a href="https://d1fnkk8n0t8a0e.cloudfront.net/docs/BrewDog-Reports_Accounts-2020.pdf">1 600 personnes</a> dans le monde.</p>
<p>BrewDog s’est développée grâce au crowdfunding (« financement par la foule » en français) et à la participation de milliers de petits investisseurs, convaincu par sa réputation de faire des affaires avec à cœur des valeurs sociales et environnementales. Souhaitant se distinguer des entreprises traditionnelles, la société a cherché à devenir « le meilleur employeur du monde » et parle de ses employés comme « le cœur battant de notre entreprise » et « la raison de notre existence ».</p>
<p>Malgré cette rhétorique, 2021 a été une année turbulente pour l’entreprise, à la suite d’allégations d’anciens employés selon lesquels il existait tout un système d’intimidation en interne. Dans une <a href="https://www.punkswithpurpose.org/dearbrewdog/">lettre ouverte</a> datant de juin 2021, plus de 300 travailleurs anciens et actuels accusent l’entreprise d’avoir créé une « <a href="https://www.thetimes.co.uk/article/brewdogs-ethical-status-at-risk-over-allegations-of-rotten-culture-lg9stcnnb">culture pourrie</a> », au sein de laquelle la croissance est recherchée à tout prix et où les employés se sentent épuisés, misérables et ont peur de s’exprimer.</p>
<h2>Une certification en trompe-l’œil ?</h2>
<p>Ironiquement, la lettre a été publiée quatre mois seulement après que l’entreprise a été <a href="https://www.bcorporation.net/en-us/find-a-b-corp/company/brew-dog">certifiée B Corp</a>. Cette certification s’adresse aux entreprises qui répondent à des normes élevées de performance sociale et environnementale, de transparence et de responsabilité en vue de générer un impact positif sur leurs parties prenantes, travailleurs, communautés, clients, fournisseurs et environnement. BrewDog a reçu la note la plus élevée pour la dimension travailleurs.</p>
<p>Ces accusations, couplées à la décision de l’entreprise d’offrir des conditions financières attrayantes à des groupes de capital-investissement, ont suscité une <a href="https://www.ft.com/content/5ad0e222-a35b-4ae8-aa16-27f1feb964a5">vive inquiétude</a> chez les 18 000 personnes qui avaient participé à la campagne de financement de BrewDog. B Lab, l’organisation qui gère la certification B Corp, a également fait part de ses préoccupations.</p>
<p>[<em>Plus de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>En réponse, la société a présenté ses excuses et a annoncé son intention de mener une enquête indépendante pour vérifier le bien-fondé des allégations. Celle-ci a conclu que des erreurs avaient été commises et que la société allait <a href="https://www.thetimes.co.uk/article/brewdog-draws-a-line-under-culture-row-whg22lm7d">prendre des mesures</a> pour y remédier. Mais c’était trop peu, trop tard.</p>
<p>Un mois après l’annonce, les accusations font même la une des journaux après la diffusion d’un documentaire de la BBC, « <a href="https://www.bbc.co.uk/programmes/m0013yfj">The Truth about BrewDog</a> » (en français, « la vérité sur BrewDog »). Le dirigeant et cofondateur de l’entreprise, James Watt, se trouve particulièrement ciblé : il aurait tenté de <a href="https://www.theguardian.com/business/2022/jan/21/brewdog-boss-accused-of-trying-to-intimidate-ex-staff-over-tv-expose">faire pression</a> sur d’anciens employés pour qu’ils n’apparaissent pas dans le documentaire.</p>
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<figcaption><span class="caption">« The Truth about Brewdog », BBC.</span></figcaption>
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<p>Ce dernier, en mai 2022, annonce faire don d’un cinquième de ses actions personnelles à 750 de ses 2 200 employés via des options d’achat. Bien qu’il s’agisse d’une forme limitée d’actionnariat salarié, il a décrit ce geste comme étant « <a href="https://www.ft.com/content/134f78ef-1291-4bb4-af0f-75ef99994a5d">radical</a> » et « fortement lié à la volonté de créer un nouveau type d’entreprise et de rendre à ceux qui se donnent pour elle ».</p>
<h2>Le leadership et ses limites</h2>
<p>Le cas de BrewDog soulève des questions importantes sur les limites des systèmes de certification comme sur le potentiel de l’actionnariat salarié. Ma <a href="https://research-information.bris.ac.uk/en/publications/b-corp-certification-and-its-impact-on-organizations-over-time">thèse doctorale</a> a comparé de manière approfondie quatre B Corps brésiliens de premier plan au cours de l’année 2015. Elle combine 57 entretiens de dirigeants et d’employés, des observations de terrain et une analyse de documents, notamment les rapports d’évaluation rédigés par B Lab.</p>
<p>L’enquête a révélé trois points essentiels : le rôle des dirigeants est décisif pour façonner la culture de ces entreprises ; cependant, la certification n’est pas toujours suivie de plans visant à combler les lacunes critiques restantes, notamment en ce qui concerne les processus de gouvernance des entreprises et les relations avec les travailleurs ; la gouvernance d’entreprise est un point clé pour trouver un équilibre entre objectifs et profits.</p>
<p>Suffit-il d’améliorer le leadership ou bien, est-ce en plaçant les travailleurs au centre du processus décisionnel que l’on fera la différence ? Des <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10551-018-3924-0">recherches</a> menées auprès d’un groupe de petites et moyennes entreprises montrent que celles qui avaient une forme de propriété et/ou un modèle de gouvernance partagé avec les employés présentaient des niveaux d’engagement plus élevés avec les parties prenantes externes. En ayant une participation dans l’entreprise, les employés se sentent plus investis et intéressés par le développement de relations positives avec les clients, les fournisseurs, les communautés et l’environnement.</p>
<p>L’importance de l’actionnariat salarié pour renforcer la mission sociale est peut-être un aspect sur lequel le mouvement B Corp pourrait être plus explicite. Quant à BrewDog, c’est encore un pas timide, mais le brasseur semble aller dans la bonne direction pour privilégier la démocratie collective au leadership individuel sur le lieu de travail.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=158&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=158&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=158&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=198&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=198&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=198&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Créé en 2007 pour aider à accélérer et à partager les recherches scientifiques sur des enjeux sociaux majeurs, le Fonds d’Axa pour la recherche soutient près de 700 projets dans le monde mené par des chercheurs issus de 38 pays. Pour en savoir plus, visiter le site ou bien suivre sur Twitter <a href="https://twitter.com/AXAResearchFund">@AXAResearchFund</a>.</em></p>
<p><em>L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. L’alcool ne doit pas être consommé par des femmes enceintes</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190851/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Malu Villela a reçu des financements du Axa Research Fund.</span></em></p>Le brasseur écossais passait pour un champion sur les plans environnementaux et sociaux, avant que des employés ne dénoncent une culture d’entreprise « pourrie ».Malu Villela, Senior Research Associate at the School of Management, University of BristolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1871912022-08-25T16:56:04Z2022-08-25T16:56:04ZLe vin nature est-il le futur de l’industrie vitivinicole ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/475394/original/file-20220721-10129-gzxs2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C9%2C1220%2C839&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La recherche d’authenticité et d’une alimentation plus saine favorise aujourd’hui l’engouement pour les vins nature.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/vin-bouteille-de-vin-boisson-3678884/">Gábor Adonyi/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>À la différence des vins biologiques (certifiés par un des organismes indépendants accrédités) ou biodynamiques (certifiés par <a href="https://demeter.net/">Demeter</a> ou <a href="http://www.biodyvin.com/fr/accueil.html">Biodyvin</a>), les vins dits « nature » n’ont pas de définition unanimement acceptée par les acteurs de la filière vitivinicole française. Une telle définition n’existe pas non plus d’ailleurs à l’international. Alors de quoi parle-t-on ?</p>
<p>En France, le père spirituel du vin nature s’appelle Jules Chauvet. Né en 1907, ce chercheur à l’institut de chimie biologique de Lyon, dégustateur, et vigneron dans le <a href="https://www.rue89lyon.fr/2014/08/24/vin-naturel-va-t-il-sauver-le-beaujolais/">Beaujolais</a> affirmait : « Le vin, moins on le touche, mieux ça vaut ». Père spirituel, parce que si le vin nature est difficile à définir c’est qu’il s’agit avant tout d’une philosophie : s’approcher au plus près de la définition idéale du vin, qui ne serait que du jus de raisin fermenté, et rien d’autre.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1222828311098941440"}"></div></p>
<p>Le vin nature n’a pas d’existence légale. En France, l’emploi des dénominations composées « vin nature » ou « vin naturel » pour des vins n’est pas autorisé. En l’absence de définition réglementaire, l’usage des termes « nature » ou « naturel » peut être autorisé pour qualifier un mode d’élaboration spécifique ou une qualité particulière, c’est-à-dire une « méthode ». Un label « vin méthode nature » répondant à une <a href="https://vinmethodenature.org/le-label/">charte</a>, validée par <a href="https://www.inao.gouv.fr/">l’Institut National de l’Origine et de la qualité</a> (INAO) et <a href="https://www.terredevins.com/actualites/la-denomination-vin-methode-nature-est-nee">reconnue par la Direction générale de la consommation</a>, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) depuis mars 2020. Créée à l’initiative du <a href="https://vinmethodenature.org/qui-sommes-nous/">Syndicat de défense des vins naturels</a>, qui comptait 109 vignerons en 2020 et 156 en 2021, elle garantit notamment aux consommateurs : des vendanges manuelles, des raisins 100 % biologiques, des levures indigènes, aucun intrant oenologique, pas de sulfites ajoutés ni avant ni durant les fermentations.</p>
<p>Si les tentatives d’organisation semblent encore peiner à fédérer massivement les vignerons, c’est que le vin nature est apparu comme un espace de liberté fonctionnant en auto-certification autour du concept clef de transparence (je dis ce que je fais et je fais ce que je dis). Certains refusent la standardisation d’une définition pour les vins nature car ils craignent la possible récupération par les industriels de cette dénomination. Nombreux sont les vignerons nature qui se sont affranchis du système des <a href="https://www.20minutes.fr/magazine/sent-bien-fruit-mag/3022711-20210416-mention-aoc-bouteille-vin-ca-change-quoi">AOP/AOC</a> (appellations d’origine protégée/contrôlée) considéré comme trop rigide afin de pouvoir expérimenter avec davantage de liberté. D’autres sont devenus des références au sein de leur appellation : Ganevat ou Overnoy dans le Jura, De Moor ou Derain en Bourgogne, Breton dans la Loire. La notoriété de certains vignerons nature a permis de remettre en lumière des régions viticoles comme le Beaujolais, le Jura, la Savoie ou encore l’Auvergne.</p>
<h2>Tendance ou mouvement de fond ?</h2>
<p>Les vignerons nature doivent utiliser des raisins biologiques. Selon les <a href="https://www.agencebio.org/observatoire-de-la-production-bio-nationale/">organismes certificateurs</a>, les vignobles certifiés totalisent 90 298 hectares en 2021 (sur les 750 000 hectares que compte le vignoble français), en hausse de plus de 13 % par rapport à 2020. Presque 70 000 hectares sont actuellement en conversion, ce qui signifie que 20 % de la superficie du vignoble français pourrait être certifiée biologique en 2024.</p>
<p><iframe id="NQQxD" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/NQQxD/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Contrairement aux vins certifiés biologiques, il est impossible de trouver des données fiables concernant le volume de production, de consommation, d’exportation ou même le nombre de domaines produisant des vins nature. Si l’on s’en tient aux informations disponibles sur les pages des fédérations, il y aurait un peu moins de 200 vignerons nature en France. Or certains <a href="https://www.vinsnature.fr/domaines">sites de vente en ligne</a> en recensent plus de 400. La majorité de ces vignerons travaillent sur de petits domaines, avec des productions limitées.</p>
<p>Plus de 80 % des volumes de vin vendus en France le sont toujours en supermarché, où l’on trouve peu de vins sans sulfites, encore moins de vins nature. Ceci s’explique en partie par la taille souvent limitée des domaines produisant du vins nature (il leur serait difficile de fournir une centrale d’achat nationale si toutefois ils en avaient l’envie, la plupart des vignerons nature ne souhaitant pas vendre en supermarché).</p>
<p>De par leur visibilité, les vins nature semblent pourtant omniprésents sur le marché. Certains producteurs, s’ils ne se fédèrent pas, se rassemblent dans des <a href="http://www.dive-bouteille.fr/la-playlist-de-la-dive/">salons nationaux</a> et <a href="https://www.rawwine.com/fairs">internationaux</a> de plus en plus prisés. Ils sont l’extrême pointe médiatique du marché du vin qui rompt avec la normalisation des appellations en France. L’esthétique nouvelle que l’on peut facilement distinguer sur la plupart des étiquettes de vin nature, brise les codes connus du vin. Les vins nature répondent à une recherche d’authenticité, de procédés plus transparents et d’une alimentation plus saine, plus respectueuse de l’environnement de la part des consommateurs.</p>
<p>[<em>Près de 70 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Pour les cavistes et les restaurateurs, le caractère limité des volumes de production oblige souvent à travailler sur allocation, et à payer des coûts de transport élevés pour de petits volumes, ce qui peut à terme faire émerger des problèmes de trésorerie. Le coût des vins nature représente également un frein à son expansion : les faibles volumes et les importants coûts de production impliquent des prix de vente élevés, et rares sont les références disponibles à moins de 10 euros la bouteille. D’autres questions se posent : la conservation des vins natures, moins ou pas sulfités serait plus problématique, les vins nature étant susceptibles d’être plus sensibles au transport ou aux variations de température.</p>
<p>S’il n’existe pas de définition légale du vin nature, le consommateur ne peut pas évaluer facilement la qualité des méthodes de production qui ont été utilisées. Le vin est régi par un cadre juridique qui prend en compte plusieurs aspects de sa composition, notamment sa teneur en alcool, en dioxyde de soufre et en acidité volatile. Un bon vin conventionnel se définit en général par l’absence de défauts. Or des défauts tels que la <a href="https://www.rue89lyon.fr/2015/02/18/pourquoi-le-vin-naturel-sent-il-le-cul-de-vache/">réduction</a>, l’oxydation, l’acidité volatile, les <a href="https://www.larvf.com/,brettanomyces-definition-dictionnaire-du-vin-vocabulaire-lexique,13178,4245381.asp">bretts</a>, ou le goût de souris peuvent être appréciés dans certains vins nature. Les critiques de vin traditionnels s’intéressent encore peu à cette catégorie. Si les défauts n’en sont plus nécessairement, comment déterminer si un vin nature est mauvais ?</p>
<h2>Esthétique nouvelle</h2>
<p>Des catégories à part entière, comme les pet’nat’ (pétillants naturels) ou les vins oranges (vin blanc de macération – un vin blanc fait comme un vin rouge) sont apparus sur les cartes des vins et chez les cavistes à l’initiative des vignerons nature. Les vins nature ont le droit de cité dans les plus grands restaurants du monde. Ces petites structures s’appuient en général sur des agents, qui distribuent les vins directement aux cavistes et aux restaurateurs, en circuit court, et leur permettent de capter de la marge.</p>
<p>L’élimination des intrants réintègre l’aspect exploratoire du vin : pas besoin de connaissance préalable lorsque chaque bouteille peut être abordée comme une surprise, le vin étant “vivant”. Le vin nature devient ainsi une porte d’entrée potentielle pour des consommateurs souvent effrayés par la complexité de la catégorie : les néoconsommateurs et les femmes. Cette absence de standardisation du goût renforce le besoin de conseil. C’est peut-être une des raisons qui justifient l’engouement des cavistes et des sommeliers : acheter un vin conventionnel en supermarché en se laissant guider par une marque bien connue et très constante dans son profil organoleptique ne nécessite pas autant de conseils que des vins « vivants ». Leur expansion dans le domaine de la gastronomie s’appuie sur un réseau de prescripteurs : cavistes, bistrotiers, cuisiniers, mais également sommeliers. Ces derniers, souvent jeunes, profitent de cette opportunité pour se distinguer de leurs collègues plus expérimentés, mais paradoxalement souvent moins connaisseurs de cette nouvelle catégorie de vin.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/or-et-argent-ces-couleurs-qui-nuisent-a-la-vente-en-ligne-du-vin-133460">Or et argent… ces couleurs qui nuisent à la vente en ligne du vin</a>
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<h2>Effort de transparence</h2>
<p>Qu’il s’agisse d’une tendance ou d’un mouvement de fond, le vin nature fait pour le moins bouger les lignes, et fait des émules. Gérard Bertrand, important négociant languedocien réutilise le langage et la simplification des codes en produisant un vin orange biologique sans indication d’origine (Vin de France) et promeut une <a href="https://www.gerard-bertrand.com/collections/naturae">gamme de vins</a> sans souffre ajouté et sans additif.</p>
<p>La <a href="https://www.sitevi.com/SITEVI/Actualites-du-SITEVI/2023-les-nouvelles-regles-pour-l-etiquetage-des-vins">nouvelle réglementation européenne</a> relative à l’étiquetage des vins applicable dès décembre 2023 (déclaration nutritionnelle et liste des ingrédients) permettra d’atténuer l’asymétrie d’information jusque-là prégnante dans l’industrie. L’effort de transparence des vins nature sera ainsi mis en lumière pour tous les consommateurs, qui pourront comparer les ingrédients oenologiques de leurs vins conventionnels avec leur absence dans leurs pendants nature.</p>
<p>Le vin nature apparaît comme l’un des futurs de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/industrie-viticole-108443">l’industrie vitivinicole</a>, car il répond à une demande des consommateurs (santé, transparence, circuits courts, respect de l’environnement) qui passe notamment par la réduction des intrants et en particulier des sulfites. Le rôle des pouvoirs publics sera déterminant dans les années à venir pour permettre d’étudier avec précision (et chiffres à l’appui) l’ampleur du phénomène. Il conviendra également de suivre l’engouement des importateurs pour les vignerons nature superstars. Il est évident que l’impact de ce mouvement sur l’industrie ne se fera pas via l’effet volumique ni via le nombre de consommateurs, mais parce qu’il constitue la pointe médiatique et incarne la direction que doit prendre l’industrie dans son ensemble pour relever les défis de demain.</p>
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<p><em>L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. L’alcool ne doit pas être consommé par des femmes enceintes</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187191/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La tendance aux vins sans intrants constitue un levier de développement prometteur pour l’industrie dans une période de baisse globale de la consommation.Magalie Dubois, Doctorante en Economie du vin, Burgundy School of Business François Pariseau, Auxiliaire de recherche, Université de Sherbrooke Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1849542022-06-16T20:42:34Z2022-06-16T20:42:34Z« Ville fleurie », « station touristique »… bien plus que des panneaux à l’entrée des communes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/468498/original/file-20220613-15-1s5eth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=16%2C7%2C1182%2C790&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Panneau «&nbsp;Ville fleurie&nbsp;» avec 3 fleurs à Courbevoie près du pont de Levallois (Hauts-de-Seine).
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Panneau_Ville_fleurie_Courbevoie_1.jpg">Chabe01/Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Nous les croisons aux entrées des villes, affichant fièrement un nombre de fleurs, d’étoiles, de couronnes, mais nous connaissons peu les <em>labels urbains</em> dont le nombre explose depuis 2000. 37 labellisations communales sont aujourd’hui recensées, les villes en détenant en moyenne 5 avec, pour certaines, un comportement compulsif de labellisation (Metz, Nancy, Strasbourg). Ces labels, à la diffusion très inégale, s’inscrivent dans toutes les thématiques : culture, patrimoine, tourisme, environnement, économie, durabilité, innovation, services à la population, services fonctionnels (énergie, santé, mobilité, sport, sécurité, déchet, numérique).</p>
<p>Distinct des prix et classements, un label territorial signale et garantit le respect de critères de gestion ou la mise en œuvre de projets sur une durée et un territoire donné. L’adhésion à un label peut permettre aux territoires d’accéder à des diagnostics techniques, des conseils, des formations, des financements, des avantages fiscaux ou légaux, des kits de promotion et surtout des échanges de bonnes pratiques entre adhérents. Une aide de plus en plus précieuse à mesure que les problèmes des communes deviennent plus complexes et l’État plus distant.</p>
<p><iframe id="d0ztC" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/d0ztC/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Les labels sont donc bien autre chose que de simples panneaux décoratifs à l’entrée des villes. Comme nous le montrons dans notre article de recherche à paraître dans la <em>Revue Gestion et Management Public</em>, ils servent <a href="https://www.cairn.info/revue-d-economie-regionale-et-urbaine-2019-1-page-153.htm">l’un des objectifs aujourd’hui jugé crucial du développement territorial</a> : l’attractivité, qu’elle soit résidentielle (<em>solde des entrées sorties des résidents</em>), touristique (<em>capacité d’hébergement touristique</em>), ou entrepreneuriale (<em>taux de création d’entreprises</em>).</p>
<p>L’étude des 182 premières villes françaises montre que la labellisation explique une partie significative de l’attractivité urbaine au-delà des facteurs classiques (infrastructures, richesse, géographie, offre culturelle, composition sociale, etc.). Cependant, elle le fait de manière différente selon le type d’attractivité et la taille des villes : les labels renforcent l’attractivité touristique pour les grandes villes (plus de 100 000 habitants) tandis qu’ils améliorent l’attractivité résidentielle et entrepreneuriale pour les villes moyennes (entre 25000 et 100 000 habitants).</p>
<p>Plus précisément, les résultats révèlent que l’effet d’un label urbain sur chaque type d’attractivité peut prendre 4 formes distinctes :</p>
<ul>
<li><p>Les labels de <strong>renforcement</strong> vont accentuer l’effet positif d’un facteur fondamental. Ainsi, une ville balnéaire présentant des aménités environnementales attractives pour les touristes accroît son flux touristique par sa labellisation en station touristique. Bayonne ou Royan illustrent le propos.</p></li>
<li><p>Les labels d’<strong>exigence</strong> réduisent l’effet positif d’un facteur fondamental en termes de flux mais peuvent accroître la qualité de celui-ci (niveau de dépenses touristiques, catégories socio-professionnelles des néo-résidents, employabilité ou durabilité des entreprises). Ainsi, une ville patrimoniale peut vouloir limiter son flux touristique pour préserver ses actifs en adoptant un label <em>Qualicities</em> (Arles). Une ville du littoral peut en faire de même avec le label environnemental <em>Pavillon bleu</em> (Dieppe).</p></li>
<li><p>Les labels de <strong>correction</strong> atténuent les effets négatifs d’un facteur fondamental (par exemple les effets d’une désertification commerciale ou médicale, d’une dégradation environnementale) sans parvenir toutefois à les éliminer totalement. Par exemple, le label <em>Ville amie des enfants</em> ne parvient pas à compenser la perte d’attractivité résidentielle liée au vieillissement de la population (Charleville-Mézières ou Châteauroux illustrent ce cas).</p></li>
<li><p>Les labels de <strong>redressement</strong> réussissent au contraire des précédents à compenser l’effet négatif d’un facteur fondamental sur l’attractivité. Par exemple, en moyenne les labels <em>Villes et villages Internet</em> et <em>Eco-cité</em> ont tendance à redresser la perte d’attractivité résidentielle des villes moyennes.</p></li>
</ul>
<h2>Un témoignage d’un relatif déclassement</h2>
<p>Le tableau de synthèse ci-dessous affiche l’appartenance de chaque label à chacune de ces 4 catégories selon la dimension d’attractivité et la taille des villes. Lorsque le nom du label est suivi d’une parenthèse contenant un facteur d’attractivité, son affectation dans une catégorie dépend de son interaction avec ce facteur.</p>
<p><iframe id="s5M4W" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/s5M4W/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Par exemple, le label <em>Ville amie des aînés</em> renforce l’attractivité résidentielle moyenne des petites villes lorsque la part des plus de 60 ans augmente. Les effets constatés sont des effets moyens dont aucune ville ne peut être le symbole. Délaissant les labels de correction, chaque catégorie mérite une lecture détaillée.</p>
<p>Les labels d’exigence forment un petit groupe (<em>Qualicities, Unesco, Pavillon bleu, France station nautique, Destination pour tous</em>). Ils agissent de manière assez similaire quelle que soit la taille des villes ou la dimension d’attractivité bien qu’ils appartiennent par nature au domaine touristique. Ils relèvent donc, à divers degrés, d’une volonté d’attraction plus exigeante des villes servant l’inclusion, la durabilité, mais aussi la création de valeur.</p>
<p>Les labels de renforcement eux, diffèrent selon le type d’attractivité et la taille des villes. Observons que les grandes villes ont plus d’opportunités dans cette catégorie que les villes moyennes et les petites villes. L’influence des labels sur l’ensemble des dimensions d’attractivité des petites villes est fondamentalement liée à leurs aménités environnementales (<em>Station touristique, Commune touristique classée, Famille plus</em>), patrimoniales (<em>Unesco, Ville et métiers d’art</em>) et la qualité de services offerts à la population (<em>Ville amie des aînés, villes actives et sportives</em>). On retrouve un schéma assez similaire pour les villes moyennes, ce qui témoigne encore de leur relatif déclassement.</p>
<h2>Des enseignements pour les villes moyennes et petites</h2>
<p>Dans les grandes villes, l’attractivité résidentielle est d’autant plus forte que les labels structurent et organisent leurs avantages comparatifs en matière sanitaire (<em>Ville santé, Ma commune a du cœur</em>), commerciale (<em>Commerce et artisanat dans la ville</em>), sportive (<em>Villes actives et sportives</em>) et environnementale (<em>Villes territoires cyclables, Villes écopropres, Territoires à énergie positive</em>). Leur attractivité entrepreneuriale est stimulée en grande partie par les mêmes labels auxquels s’ajoutent des labels de développement touristique (<em>Villes et pays d’art et d’histoire, Famille plus</em>) et numérique (<em>Territoire numérique libre</em>). Notons enfin que l’attractivité touristique des grandes villes est stimulée par des labels purement touristiques (<em>Famille plus, France station nautique, Unesco</em>) mais aussi des labels environnementaux (<em>Ecocité</em>).</p>
<p>Les labels de redressement doivent retenir toute notre attention en particulier pour les villes moyennes et petites, les plus affectées par les baisses d’activités et de population. Dans les petites villes, les labels <em>Ville nature</em> et <em>Ecocité</em> compensent les effets négatifs des dégradations environnementales sur l’attractivité résidentielle. Les labels <em>Villes et villages Internet</em> et <em>Ville santé</em> compensent l’insuffisance de services en termes d’attractivité entrepreneuriale. Enfin le label <em>Villes et Village Fleuris</em> permet aux petites villes à l’environnement dégradé de retrouver une attractivité touristique. Dans les villes moyennes <em>Villes et villages Internet</em> et <em>Eco-cité</em> sont susceptibles de renverser le manque d’attractivité résidentielle. Les labels environnementaux (<em>territoire à énergie positive, cit’ergie, villes et villages fleuris</em>), numérique (<em>territoire numérique libre</em>) et commerciaux (commerce et artisanat dans la ville) ont des effets similaires sur l’attractivité entrepreneuriale.</p>
<p>Compte tenu des ressources communales allouées aux processus de labellisation, il était légitime de s’interroger sur leurs performances. Cependant au-delà de l’attractivité, d’autres objectifs de la labellisation devront être explorés. Dans le domaine social, les labels ont aussi vocation à faciliter l’acceptabilité sociale de certains projets urbains. Dans le domaine politique, les labels suggèrent des effets de club entre labellisés. Dans le domaine du management public enfin, les processus de labellisation facilitent les coopérations entre services communaux ou acteurs civils dans le traitement des problèmes complexes. Néanmoins, cette première étude de l’attractivité des labels change déjà notre regard sur leur signalisation à l’entrée de nos villes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184954/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les labels urbains constituent notamment un levier d’attractivité touristique pour les grandes villes et reflètent les atouts résidentiels et économiques dans les plus petites.Benoît Faye, Full Professor Inseec Business School, Chercheur associé LAREFI Université de Bordeaux Economiste des marchés du vin, de l'art contemporain et Economiste urbain, INSEEC Grande ÉcoleStéphanie Prat, Enseignant-chercheur INSEEC Grande Ecole, Chercheur associée au LAREFI, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1810992022-04-13T18:43:54Z2022-04-13T18:43:54ZLe scandale Orpea, un cas de « greatwashing » au détriment des patients… et des soignants<p>L’enquête menée par les inspections générales des finances et des affaires sociales, <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/04/06/orpea-rendu-public-le-rapport-administratif-confirme-un-systeme-d-optimisation-des-couts-a-tous-les-niveaux_6120774_3224.html">rendue publique ce mardi 5 avril</a>, confirme ce que dénonce le journaliste d’investigation Victor Castanet dans son livre <em>Les Fossoyeurs</em> (Fayard, 2022) autour du « scandale Orpea » : le leader privé européen des maisons de retraite a instauré un réel système d’optimisation des coûts à tous les niveaux au détriment du bien-être et de la santé de ses résidents. Rationnement des repas, abandon, absence de soins suffisants des personnes âgées, maltraitance… Mais les patients sont-ils les seules victimes ? Quid des soignants, placés en ligne de front ?</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1511586489133670400"}"></div></p>
<p>Dans un <a href="https://theconversation.com/qualite-de-vie-au-travail-bienvenue-dans-lere-du-greatwashing-115241">article</a> publié sur The Conversation en avril 2019, nous décrétions l’arrivée de l’ère du <em>greatwashing</em>, traduisant le découplage entre réalités internes de l’organisation en santé au travail et affichage externe. Cet affichage stratégique vise ainsi à communiquer en externe autour de la « bonne santé » de l’organisation (discours positifs, notations officielles, labels, etc.) et, de fait, à invisibiliser une partie de la souffrance réelle du travail, celle vécue en interne par les salariés.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1116490900774039552"}"></div></p>
<p>Ce greatwashing, concept présenté et discuté à plusieurs <a href="https://www.cairn.info/revue-de-l-organisation-responsable-2020-3-page-7.htm">reprises</a> en <a href="https://dauphine.psl.eu/dauphine/media-et-communication/article/management-de-la-sante-au-travail-lere-du-greatwashing-seminaire-drm-actualites-et-enjeux-interdisciplinaires-du-bien-etre">séminaires</a> et en <a href="https://agrh2021.sciencesconf.org/data/pages/AGRH_2021_Programme_Final.pdf">congrès scientifique</a>, contribue donc à passer sous silence des situations de travail manifestement délétères pour la santé des salariés. Les notations positives récoltées par Orpea, sur la base de critères sociaux et environnementaux mesurés par des agences réputées ont pu servir de paravent à la réalité vécue par les patients, mais également par les soignants : impossibilité de bien faire son métier, <a href="https://www.changerletravail.fr/tags/yves-clot">qualité empêchée</a>, manque de reconnaissance, sous-encadrement…</p>
<p>Il n’existe ainsi aucun baromètre, aucun label, aucune norme rendant compte explicitement des réalités de ces salariés. Les labels existants (notamment labels tels que Humanitude, Bleuet de France, etc.), censés juger la qualité du travail réalisé dans ces Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) ne dépeignent malheureusement pas la complexité du réel du travail, et les souffrances du terrain.</p>
<h2>La fabrique des monstres</h2>
<p>Au-delà des limites, pour ne pas dire des défaillances, des systèmes de notation de responsabilité sociale et environnementale (RSE), le greatwashing donne à voir un découplage majeur entre les résultats des outils d’évaluation et les réalités d’un travail aux actions parfois schizophréniques pour les acteurs de terrain.</p>
<p>D’un côté, le pilotage de l’organisation s’appuie sur des tableaux de bord, ratios et autres indicateurs visant à éclairer la prise de décision stratégique, à guider l’action opérationnelle et à maîtriser la dérive des coûts (pouvant amener à des décisions grotesques telles la modification des ingrédients d’une recette, comme l’a montré l’enquête du magazine <em>Cash investigation</em>, et parfois même dangereuse quand il s’agit de sous-effectif et de sous-qualification). De l’autre côté, les soignants sont pris entre l’impossibilité de bien faire leur travail et l’obligation morale de le faire, source de souffrance mentale, voire physique.</p>
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<figcaption><span class="caption">Ehpad Korian : un ancien directeur dénonce les économies sur les repas (Cash investigation, mars 2022).</span></figcaption>
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<p>Cette approche de la gestion, qui s’appuie largement sur des batteries d’indicateurs et de ratios, favorise l’apparition de situations critiques dans lesquelles le travailleur n’arrive plus à faire face et n’a pas d’autre alternative que de faire du « mauvais travail », c’est-à-dire un travail dans lequel il ne se reconnaît pas.</p>
<p>Dans le domaine de la santé, les conséquences peuvent être encore plus graves, surtout dans un contexte où ces outils ont pris une place centrale avec la T2A (tarification à l’activité) à l’hôpital ou avec la grille AGGIR, qui permet d’estimer le volume de personnel (les ressources) à attribuer un établissement en fonction des patients et de leurs pathologies (leur emploi).</p>
<h2>« Folie optimisatrice »</h2>
<p>Ce constat ne semble pas limité au cas des Ehpad ou des hôpitaux : certains secteurs publics (police, éducation nationale…) ou privés (restauration rapide, plateaux téléphoniques…) sont, eux aussi, directement touchés par le phénomène de <em>greatwashing</em>. Ce constat doit profondément nous questionner sur les modalités réelles de pilotage et d’évaluation des situations de travail.</p>
<p>La dimension déclarative de nombreux classements a clairement montré ses limites, tandis que la logique de notation/labellisation sombre souvent dans une folie optimisatrice, les entreprises sondées souhaitant maximiser les résultats obtenus pour chaque <em>item</em>, au détriment d’une action en profondeur sur l’organisation interne.</p>
<p>Cette optimisation tend clairement à aggraver la situation : focalisation sur l’individu et injonction au bonheur, les individus devenant potentiellement responsables de leur propre malheur, et abandon de la dimension organisationnelle.</p>
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<figcaption><span class="caption">Pour en finir avec le bonheur au travail | Tarik Chakor | TEDxUSMBAnnecy (TEDx Talks, 2020).</span></figcaption>
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<p>D’une stratégie de communication type « marque employeur », à une minimisation des coûts liés à la gestion des individus au travail et une maximisation des résultats d’évaluation dans une optique opportuniste et utilitariste, le <em>greatwashing</em> témoigne clairement d’un mal de notre époque, où la forme prime sur le fond, où le chiffre prime sur l’humain.</p>
<p>Est-ce une fatalité ? Il conviendrait de repenser les méthodes de pilotage et d’évaluation, mais surtout leurs critères : trouver le bon équilibre, ne pas être noyé dans une batterie de plusieurs centaines d’indicateurs, etc. Le choix de critères pertinents, avec une « dimension humaine » et qualitative, nous semble être une piste intéressante à suivre. La dimension déclarative est évidemment à questionner, tandis que la sensibilisation des entreprises à sortir de l’urgence court-termiste devient quant à elle… urgente.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181099/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La logique d’optimisation des coûts exercée par l’opérateur privé de maisons de retraite a conduit à un découplage entre réalités internes du travail et affichage externe.Tarik Chakor, Maître de conférences en sciences de gestion, Aix-Marseille Université (AMU)Jean-Christophe Vuattoux, Maître de Conférences en Sciences de Gestion, IAE de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1788972022-03-14T19:00:47Z2022-03-14T19:00:47ZLabel ISR : comment mieux identifier les investissements socialement responsables ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/450895/original/file-20220309-15-h111hp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=40%2C43%2C1779%2C1149&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au 31&nbsp;décembre 2021, 749 fonds étaient labellisés ISR en France, représentant un total de 693&nbsp;milliards d’euros d’encours.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/meantux/3986241868">Denis-Carl Robidoux/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Un récent sondage effectué pour l’Autorité des marchés financiers (AMF) souligne que plus <a href="https://www.amf-france.org/fr/actualites-publications/communiques/communiques-de-lamf/finance-durable-pour-76-des-francais-limpact-des-placements-sur-lenvironnement-est-un-sujet">d’un Français sur deux</a> affirme prendre en compte les enjeux de développement durable en matière d’épargne. En particulier, si 76 % d’entre eux estiment que l’impact de leurs placements sur la qualité de l’environnement est un sujet important, seulement 11 % disent connaître précisément les différents types de placements durables et responsables ou assimilés.</p>
<p>Pour les aider à se retrouver dans la jungle des produits financiers, l’État français et le ministère de l’Économie et des Finances ont créé le label ISR en 2016 afin de « rendre plus visibles les produits d’investissement socialement responsables pour les épargnants ». Pour obtenir ce sésame, les sociétés de gestion ou fonds d’investissement doivent investir leurs argents dans des entreprises respectant des critères ESG : environnementaux (E), sociaux (S) et de gouvernance (G).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/450891/original/file-20220309-15-1qqw19c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/450891/original/file-20220309-15-1qqw19c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450891/original/file-20220309-15-1qqw19c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450891/original/file-20220309-15-1qqw19c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450891/original/file-20220309-15-1qqw19c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450891/original/file-20220309-15-1qqw19c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450891/original/file-20220309-15-1qqw19c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450891/original/file-20220309-15-1qqw19c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’impact des placements financiers sur l’environnement dans lequel les Français évoluent est.
d’ailleurs un sujet important.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.amf-france.org/sites/default/files/private/2021-09/les-francais-et-les-placements-responsables-_opinionway-pour-amf_juillet-2021_vf_1.pdf">AMF (2021)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le label ISR français occupe aujourd’hui une place de choix. Au 31 décembre 2021, <a href="https://www.boursorama.com/bourse/actualites/en-2021-les-fonds-durables-font-un-carton-7ad60b35ee6178b57c90d3082bed859e">749 fonds ont obtenu le label</a>, représentant un total de 693 milliards d’euros d’encours. Sur l’année 2021, ces fonds affichent une collecte cumulée de plus de 81 milliards d’euros.</p>
<h2>Un nouveau règlement dans l’UE</h2>
<p>Malgré ce <a href="https://theconversation.com/que-peut-attendre-lepargnant-de-linvestissement-socialement-responsable-146883">succès</a>, un <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/video-la-finance-verte-pas-si-verte_4871669.html">reportage</a> lors d’un JT de France 2 a révélé les conclusions d’un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) sur le label ISR aux yeux du grand public. Il lui est reproché de faire « à l’épargnant une promesse confuse » pouvant « occasionner des malentendus ». Sans vraie réforme, les experts de Bercy ajoutent qu’il s’expose « à une perte inéluctable de crédibilité et de pertinence ».</p>
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<p>En filigrane, se pose notamment le problème de sa comptabilité avec le nouveau règlement de l’Union européenne sur la publication d’informations de durabilité dans le secteur des services financiers (<a href="https://ec.europa.eu/info/business-economy-euro/banking-and-finance/sustainable-finance/sustainability-related-disclosure-financial-services-sector_en">Sustainable Finance Disclosure Regulation</a>, ou SFDR) entré en application en mars 2021.</p>
<p>Ce règlement identifie trois grandes catégories de fonds :</p>
<ul>
<li><p>Article 6 (ces fonds n’intègrent pas d’objectifs de durabilité) ;</p></li>
<li><p>Article 8 (ces fonds promeuvent les caractéristiques environnementales et sociales) ;</p></li>
<li><p>Article 9 (ces fonds, les plus vertueux en matière d’environnement, visent l’investissement durable).</p></li>
</ul>
<p>Cette catégorisation a été pensée pour les gérants d’actifs afin d’identifier en fonction du positionnement de chaque fond les exigences en matière de reporting et de communication vis-à-vis des clients finaux, à savoir les épargnants. Elle n’aura donc qu’une utilité limitée pour aider les clients à filtrer les fonds en fonction de leurs critères d’investissement ESG spécifiques.</p>
<p>Certains gérants d’actifs risquent alors de considérer la catégorisation SFDR comme une opportunité de marketing pour positionner leurs fonds comme étant axés sur le vert ou sur l’ESG. Or, l’Article 8 n’est pas destiné à être une gageure de qualité, mais un risque que les gestionnaires d’actifs le traitent comme tel existe.</p>
<h2>Gradation en niveaux</h2>
<p>Par ailleurs, « on voit déjà des petits malins qui affichent leur “auto-classement” dans l’article 9, en le valorisant visuellement <a href="http://www.revue-banque.fr/article/michele-pappalardo-madame-plus">comme si c’était un label</a> », indiquait Michèle Pappalardo, la présidente du Comité du Label ISR dans une récente interview à <em>Revue banque</em>. De nombreux fonds pourraient ainsi être étiquetés « article 8 ou 9, d’autant que les obligations de reporting et de transparence imposées ne sont pas encore connues des gérants d’actifs lorsque les exigences de niveau 2 du SFDR entreront en vigueur.</p>
<p>Autrement dit, si ces mêmes obligations mettent en place des normes de transparence fondée sur des catégories de fonds, elles ne sont pas conçues pour vérifier les nuances de « vert » ou de durabilité de ceux-ci. Par ailleurs, il y a un risque réel qu’ils soient noyés par cette quantité d’informations prévues par SFDR et qu’ils soient incapables de prendre une décision d’investissement éclairée.</p>
<p>Ce faisant, la reconnaissance du label ISR français, notamment due à son antériorité et son nombre, en fait un outil pertinent pour l’épargnant et le gérant d’actif à condition d’<a href="https://www.igf.finances.gouv.fr/sites/igf/accueil/rapports-publics/nos-dernieres-publications.html">évoluer vers une gradation en niveaux</a> comme le préconise le rapport de l’IGF.</p>
<p>Notre récente <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=4037373">recherche</a> académique s’est ainsi intéressée à la pertinence du label ISR français comme outil de différenciation des stratégies d’investissement vertes.</p>
<p>Elle a étudié la performance environnementale de 380 fonds européens sur la période 2015-2020 en se basant sur six critères complémentaires largement utilisés par les professionnels :</p>
<ul>
<li><p>trois en rapport avec les émissions carbone : niveau total, intensité carbone (émissions rapportées au montant investi par le fonds dans l’entreprise), empreinte carbone (émissions rapportées au chiffre d’affaires de l’entreprise) ;</p></li>
<li><p>trois en rapport à la consommation énergétique non verte : niveau total (consommation d’énergie nette de production d’énergies renouvelables), intensité énergétique (consommation d’énergie nette rapportée au montant investi par le fonds dans l’entreprise), empreinte énergétique (consommation d’énergie nette rapportée au chiffre d’affaires de l’entreprise).</p></li>
</ul>
<p>Cette recherche a ensuite mobilisé des techniques de regroupement, dites de <em>clustering</em>, afin de distinguer les fonds en groupes (ou clusters) homogènes en matière de performances environnementales mesurées à partir des critères ci-dessus.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/450897/original/file-20220309-13-6klogt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450897/original/file-20220309-13-6klogt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450897/original/file-20220309-13-6klogt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450897/original/file-20220309-13-6klogt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450897/original/file-20220309-13-6klogt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450897/original/file-20220309-13-6klogt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450897/original/file-20220309-13-6klogt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les normes actuelles ne sont pas conçues pour évaluer les nuances de « vert ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/gotcredit/33583627230">Gotcredit/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les résultats démontrent que le groupe de fonds (ou cluster) le plus vertueux <strong>vert foncé</strong> est le plus homogène et concerne environ 34 % des fonds labellisés en 2020, soit à peu près la proportion de fonds classés Article 9 (36 %) lui correspondant.</p>
<p>Le cluster <strong>vert clair</strong>, un peu moins vertueux concentre environ 50 % des fonds en 2020. Il se révèle très hétérogène en raison du fait que les fonds y appartenant suivent l’approche d’investissement <em>best-in-class</em>, privilégiant une optique de diversification du risque carbone avec plus de valeurs en portefeuille, en particulier les grandes capitalisations boursières françaises.</p>
<p>Enfin, le <strong>cluster brun</strong>, le moins vertueux, concerne 16 % des fonds soit un chiffre bien plus important que celui des fonds Article 6 (3,2 %) n’ayant aucun objectif environnemental et de durabilité affiché. Même si ce dernier chiffre laisse à penser à une certaine tentation au <em>greenwashing</em> des gérants, une vraie tendance à la décarbonation des fonds est pourtant observée : la part du <strong>cluster vert</strong> est deux fois plus importante fin 2020 comparée à fin 2015 alors que la part de fonds appartenant au <strong>cluster brun</strong> a été divisée par 2 entre 2015 et 2020.</p>
<p>Autre phénomène observé, les fonds ayant un univers d’investissement mondial ou hors Europe ont en proportion 1,5 plus de chances d’être dans le <strong>cluster vert</strong> que les fonds ayant un univers d’investissement uniquement européen.</p>
<p>Pris globalement, ces résultats montrent l’importance de graduer le label ISR en quatre niveaux pour distinguer leur caractère vert soit <strong>un</strong> appelé <strong>vert foncé</strong>, <strong>deux</strong> appelés <strong>vert clair</strong>, et <strong>un</strong> appelé <strong>brun</strong> pleinement compatibles avec les Articles SFDR 9, 8 et 6 respectivement.</p>
<p>De cette façon, le label ISR deviendra un outil réellement pertinent à la fois pour le producteur (gestionnaire d’actifs) et le consommateur final (l’épargnant) afin de distinguer l’investissement vert de celui brun, moins respectueux de l’environnement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178897/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Yves Rannou a reçu des financements du laboratoire CleRMa (Clermont Recherche Management) dont il est membre pour cette recherche sur le label ISR français.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mathieu Mercadier et Mohamed Amine Boutabba ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Un travail de recherche met en évidence l’intérêt d’une graduation plus fine du label ISR français pour mesurer le respect de l’environnement des placements des fonds.Yves Rannou, Enseignant-chercheur en Finance, ESC Clermont Business SchoolMathieu Mercadier, Professeur associé en machine learning & finance, ESC Clermont Business SchoolMohamed Amine Boutabba, Maître de conférences en économie, Université d’Evry – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1605132021-08-01T16:30:22Z2021-08-01T16:30:22ZL’eau, la grande oubliée du label bio ?<p>Selon le baromètre « Les Français et l’eau », publié en 2018 par le <a href="https://www.cieau.com/">Centre d’information sur l’eau</a>, la conscience que cette ressource est limitée progresse au sein de l’opinion publique française.</p>
<p>De même, les Français sont toujours plus nombreux à associer le changement climatique avec le manque d’eau (84 %) et la dégradation de la qualité des ressources (79 %). Soulignons également que si l’année 2020 a été marquée par une crise sanitaire et économique, les Français ont confirmé <a href="https://presse.ademe.fr/2020/12/barometre-les-franc%CC%A7ais-et-le-changement-climatique-edition-2020-lenvironnement-reste-une-preoccupation-majeure-des-franc%CC%A7ais-malgre-la-crise.html">leur préoccupation pour l’environnement</a>.</p>
<p>73 % des Français <a href="https://www.businessinsider.fr/lenvironnement-devient-la-premiere-preoccupation-des-francais-et-ca-change-leur-maniere-de-consommer-161986">considèrent ainsi plus particulièrement les labels</a> pour orienter leurs achats alimentaires vers des « produits plus respectueux de la nature et de l’environnement ».</p>
<p>Mais ces labels prennent-ils bien en compte la question d’une gestion durable de l’eau et notamment de ses usages en agriculture, secteur très consommateur de cette ressource ? </p>
<p>Pour le savoir, nous nous sommes concentrées sur le label bio (AB), le plus plébiscité par les Français en matière de préservation de l’environnement.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1103898322497036294"}"></div></p>
<p>Avant toute chose, il est important de rappeler qu’il existe plusieurs échelles et aspects à prendre en compte pour comprendre les pratiques favorables à la gestion de l’eau au niveau agricole. Au niveau de la parcelle et de l’exploitation, une gestion économe implique d’améliorer les pratiques d’irrigation, et de modifier et adapter les pratiques agronomiques.</p>
<p>Du fait des interactions entre les activités agricoles d’une part, et le cycle de l’eau et les écosystèmes locaux d’autre part, il est aussi crucial d’intégrer à l’analyse le niveau territorial (bassin ou sous-bassin hydrographique).</p>
<h2>L’eau bien présente dans le label bio</h2>
<p>Comme inscrit dans le <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A32018R0848">règlement européen 2018/848</a>, la production biologique doit faire une « utilisation responsable » de la ressource en eau et le processus de production doit prendre en compte « les conditions climatiques et locales ».</p>
<p>Elle a pour principe de « préserver et développer la capacité de rétention d’eau » des sols et de choisir les « variétés végétales » en considérant « l’adaptation aux diverses conditions pédoclimatiques locales ».</p>
<p>Ce label met donc l’accent sur l’amélioration des propriétés physique, chimique et biologique du sol afin d’obtenir une meilleure régulation du cycle de l’eau – meilleure rétention et infiltration, ainsi que sur l’intégration des spécificités territoriales pour développer le système de production.</p>
<p>De ce fait, plusieurs travaux de recherche montrent que la production biologique a un <a href="http://itab.asso.fr/downloads/amenites/amenites-ab-rapport-nov2016.pdf">effet positif avéré sur cette régulation</a>.</p>
<h2>Aucune mention de l’irrigation</h2>
<p>Bien que la production biologique prône une « utilisation responsable » de la ressource en eau, il n’y aucune mention de l’irrigation ou de son optimisation dans le label, contrairement à d’autres, comme le label « haute valeur environnementale » (HVE).</p>
<p>Celui-ci a d’ailleurs reçu le meilleur score concernant la préservation de la ressource en eau par <a href="https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2020-dt-agroecologie-aout.pdf">France Stratégie</a>. Son cahier des charges inclut effectivement une partie entière sur la gestion de l’irrigation. L’évaluation porte principalement sur l’enregistrement des pratiques d’irrigation et la présence de certains types de matériel.</p>
<p>Cependant, <a href="https://www.iddri.org/sites/default/files/PDF/Publications/Catalogue%20Iddri/Propositions/202103-PB0421_HVE_0.pdf">d’après la dernière étude de l’Iddri</a>, la certification HVE peut être accordée « sans avoir aucun résultat réel en matière de limitation des besoins d’irrigation […] et sans limitation des prélèvements à l’étiage ».</p>
<p>Enfin, le label HVE intègre une dimension territoriale par la prise en compte de « l’adhésion à une démarche collective de gestion de l’eau ». Dans la pratique, cet item fait principalement référence aux dispositifs de gouvernance locale prévus dans la loi, comme les organismes uniques de gestion collective.</p>
<p>Or, en France, l’adhésion est obligatoire sur les zones où existent ces organismes… HVE n’apporte donc à cet égard qu’une faible valeur ajoutée.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1060511254421237761"}"></div></p>
<h2>Le label bio, soucieux des pratiques agronomiques</h2>
<p>Certaines pratiques agronomiques peuvent améliorer la résistance des cultures aux périodes de sécheresse ou réduire les besoins en irrigation.</p>
<p>Parmi elles, on peut citer des pratiques de non-labour ou de labour léger, d’introduction de couvert ou d’agroforesterie, de décalage de la date de semis et enfin de diversification en utilisant des variétés de plantes précoces ou plus tolérantes à la sécheresse.</p>
<p>Le label encourage en ce sens les engrais verts (on parle aussi de couverts hivernaux semés), préconise des pratiques de labour limitant l’érosion et l’entassement des sols. Les rotations sont mises en avant pour le maintien et l’augmentation de la fertilité du sol, avec une obligation d’y inclure des légumineuses. Cette pratique participe aussi à la diversification du système de production. Par contre, le cahier des charges ne mentionne pas les décalages de semis ou l’agroforesterie.</p>
<p>Une étude utilisant la méthode de <a href="https://www.ademe.fr/expertises/consommer-autrement/passer-a-laction/dossier/lanalyse-cycle-vie/comment-realise-t-acv">l’analyse du cycle de vie</a> révèle ainsi que l’empreinte hydrique de l’agriculture biologique <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1470160X11004110?via%3Dihub">est plus faible</a> pour des produits comme le soja, grâce notamment à l’interdiction de produits phytosanitaires de synthèse.</p>
<h2>Diversification et agroécologie</h2>
<p>Le label bio préconise des mesures favorables à la préservation de l’eau au niveau de l’exploitation dont la diversification des cultures et certaines pratiques agroécologiques, sans pour autant mettre l’accent sur l’intérêt de ces pratiques en matière de gestion de l’eau.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1222605710652997634"}"></div></p>
<p>Néanmoins, trop peu de données scientifiques existent sur la quantification des économies d’eau effectives liées à la mise en place de ces nouvelles pratiques. La recherche en la matière doit donc encore déterminer les conditions pour qu’une pratique ait un réel impact positif sur les économies en eau.</p>
<h2>Effets rebonds et spécificités territoriales</h2>
<p>Bien que les pratiques d’irrigation et d’agronomie puissent aider à diminuer les besoins en eau à l’échelle de l’exploitation, leur mise en place peut avoir des conséquences négatives à l’échelle du territoire.</p>
<p><a href="http://www.g-eau.fr/index.php/fr/umr-geau/actualites/item/758-etude-irstea-2017-sur-l-evaluation-des-economies-d-eau-potentielles-a-la-parcelle-realisables-par-la-modernisation-des-systemes-d-irrigation-c-serra-wittling-et-b-molle">De nombreuses études</a> ont par exemple montré que la promotion de matériel optimisant l’irrigation peut parfois favoriser son développement sur le territoire et donc entraîner, par effet rebond, une augmentation globale des prélèvements d’eau pour l’agriculture.</p>
<p>De même, la généralisation à l’échelle d’un territoire des couverts vivants, telle qu’évoquée précédemment, pourrait avoir un <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03130201/document">impact négatif sur la recharge des réserves souterraines</a>.</p>
<p>La pression locale sur les ressources en eau n’est pas prise en compte dans les décisions en matière de labellisation. En fonction de l’état de la ressource et des conditions pédoclimatiques, un label pourrait envisager de prescrire ou de limiter certaines cultures dans la part de l’assolement-rotation et d’en faire un critère pour la certification – ce qui est déjà le cas dans certains labels étrangers.</p>
<h2>Intégrer ces critères aux projets de territoire</h2>
<p>Si le processus de labellisation bio n’intègre pas de réflexion à l’échelle territoriale sur le type d’agriculture et de cultures que doit soutenir l’irrigation, il pourrait toutefois jouer un rôle involontaire dans les projets de territoire de gestion de l’eau.</p>
<p>En conditionnant, par exemple, l’accès à de nouvelles ressources en eau, comme il avait été envisagé pour le projet de territoire de gestion de l’eau de la Sèvre niortaise.</p>
<p>Dans ce cas, le développement de la certification ne doit toutefois pas devenir un simple argument pour soutenir la création d’infrastructures de stockage d’eau.</p>
<p>L’amélioration des labels existants devrait d’abord être envisagée comme une manière de s’adapter et d’atténuer les effets du changement climatique et non un moyen d’augmenter l’offre en eau.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/160513/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Amale Zeggoud a réalisé l’étude citée dans cette publication dans le cadre du mastère spécialisé « Innovations et politiques pour une alimentation durable » (IPAD) à Montpellier SupAgro. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Caroline Lejars ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour guider leurs achats durables, les Français font confiance aux labels et notamment au label bio. Mais le cahier des charges de ce label se montre lacunaire sur la question de l’eau.Caroline Lejars, Agro-économiste, UMR « Gestion de l’eau, acteurs, usages », CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1470542020-10-04T18:05:47Z2020-10-04T18:05:47ZBientôt la fin du SF₆, le plus puissant des gaz à effet de serre ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/361333/original/file-20201002-17-62ypl0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Intervention sur un disjoncteur de circuit à moyenne tension, un appareillage électrique utilisant du gaz SF6. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Vous saviez sans doute que nous sommes entourés d’appareillages électriques (disjoncteurs, interrupteurs…) dont l’objectif est de protéger nos réseaux de distribution. Mais saviez-vous qu’une grande partie de ces dispositifs, principalement utilisés dans le système de transport et de distribution d’électricité et dans les installations commerciales ou industrielles, intègrent le plus puissant des gaz à effet de serre, l’hexafluorure de soufre (SF<sub>6</sub>) ? Heureusement, les fuites et les accidents sont rares.</p>
<p>Le volume de SF<sub>6</sub> utilisé dans les réseaux d’alimentation électrique soulève toutefois des préoccupations environnementales, d’autant que sa présence devrait s’intensifier avec l’extension du réseau électrique et l’intégration croissante des énergies renouvelables.</p>
<p>Existe-t-il des alternatives efficaces au SF<sub>6</sub> ? La réglementation entraînera-t-elle une diminution de son utilisation dans un avenir proche ?</p>
<p>Pour répondre à ces questions, nous avons utilisé les <a href="https://www.iee.fraunhofer.de/content/dam/iee/energiesystemtechnik/de/Dokumente/Projekte/f-gas-free/sf6_report_gem_final2.pdf">résultats de notre récente</a> étude empirique sur l’impact environnemental et socio-économique du SF<sub>6</sub> et de ses alternatives.</p>
<p>Notre étude se focalise sur le secteur de la moyenne tension (MT) où les alternatives sont plus avancées et devraient gagner du terrain plus rapidement que dans le secteur de la haute tension.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/HUk3KCqNMvE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le gaz SF6 dans les équipements électriques. (Schneider Electric France/Youtube, 2020).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Le plus puissant des gaz à effet de serre</h2>
<p>Avec un impact de réchauffement climatique <a href="https://www.ghgprotocol.org/sites/default/files/ghgp/Global-Warming-Potential-Values%20%28Feb%2016%202016%29_1.pdf">plus de 23 000 fois supérieur</a> à celui du CO<sub>2</sub>, et une durée de vie atmosphérique de 3200 ans, le SF<sub>6</sub> est le gaz à effet de serre (GES) le plus nocif. Sans surprise, le protocole de Kyoto le liste parmi les six GES pour lesquels les usages doivent être restreints (avec le CO<sub>2</sub>, CH<sub>4</sub>, N<sub>2</sub>O, HFC et PFC).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/360886/original/file-20200930-16-1cmud24.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360886/original/file-20200930-16-1cmud24.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360886/original/file-20200930-16-1cmud24.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360886/original/file-20200930-16-1cmud24.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360886/original/file-20200930-16-1cmud24.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360886/original/file-20200930-16-1cmud24.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360886/original/file-20200930-16-1cmud24.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360886/original/file-20200930-16-1cmud24.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Pouvoir réchauffant pour les différents gaz à effet de serre sur une période de 100 ans.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://ourworldindata.org/grapher/global-warming-potential-of-greenhouse-gases-over-100-year-timescale-gwp">GWP100 -- IPCC 2014</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malgré cela, le SF<sub>6</sub> est largement utilisé dans l’industrie électrique en raison de ses excellentes propriétés techniques : on l’emploie depuis les années 1950 en Europe et dans le monde pour ses capacités d’isolant et de coupure d’arc électrique au sein des équipements de moyenne et haute tension.</p>
<p>L’un de ses principaux atouts réside dans la compacité qu’il apporte aux équipements de moyenne tension (notamment par rapport aux autres isolants employant par exemple de l’air), critère particulièrement important dans les zones urbaines où l’espace est limité.</p>
<p>« L’appareillage moyenne tension » est un terme général qui désigne les <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/engineering/switchgear">dispositifs de protection et de coupure</a> : il s’agit d’une combinaison d’équipements de contrôle, de mesure, de protection et de régulation. Ils sont présents dans tout le système de transport et de distribution d’électricité.</p>
<p>Considérée comme rentable et performante, la technologie SF<sub>6</sub> joue un rôle important pour la fiabilité des réseaux de transport et de distribution d’électricité en Europe. Ce sont ces réseaux qui se trouvent <a href="https://www.tdeurope.eu/publicationss/position-papers.html">au cœur de la transition énergétique</a>.</p>
<h2>La Commission européenne garde un œil sur le SF<sub>6</sub></h2>
<p>La réglementation européenne sur le gaz fluorés <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A32014R0517">interdit l’utilisation du SF<sub>6</sub></a> dans les applications non électriques, mais pas dans les appareillages moyenne tension.</p>
<p>Aujourd’hui, environ <a href="https://www.iee.fraunhofer.de/content/dam/iee/energiesystemtechnik/de/Dokumente/Projekte/f-gas-free/F-gas-free-study-summary-final.pdf">deux tiers des 15 millions</a> d’unités fonctionnelles d’appareillage de moyenne tension installées en Europe (UE28) utilisent du SF<sub>6</sub>. La dernière révision, en 2014, de cette réglementation considérait qu’il n’existait pas d’alternative rentable et fiable. Dans le secteur de la moyenne tension, cette situation évolue lentement.</p>
<p>Au vu des progrès technologiques dans le domaine, la Commission européenne s’est engagée à publier dans les mois qui viennent un rapport et des recommandations réévaluant la disponibilité des alternatives au SF<sub>6</sub> dans les appareillages moyenne tension.</p>
<p>Sur la base de ce rapport, la Commission pourrait suggérer des modifications de l’actuelle réglementation, notamment une élimination progressive du recours à ce gaz.</p>
<h2>Les utilisateurs adopteront-t-ils des alternatives ?</h2>
<p>Aujourd’hui, il existe différentes alternatives au SF<sub>6</sub> pour les appareillages moyenne tension. Pourtant, les utilisateurs – distributeurs d’électricité, sites industriels, secteur tertiaire et infrastructure – semblent réticents à les adopter.</p>
<p>Dans un tel contexte, nous avons mené une enquête à grande échelle pour mieux comprendre les critères d’achat (techniques, économiques et environnementaux) des utilisateurs.</p>
<p>Les participants à l’enquête ont été sélectionnés parmi des représentants d’entreprises ayant des connaissances sur les appareillages électriques MT. L’enquête a été complétée de manière anonyme par un total de 443 participants dans cinq pays européens entre novembre 2019 et janvier 2020.</p>
<p>Nos résultats révèlent que les utilisateurs anticipent d’ici trois ans une diminution de l’utilisation du SF<sub>6</sub>. Cependant, la technologie qui le remplacera demeure encore incertaine. Les alternatives actuellement disponibles ne sont pas attrayantes pour de nombreux clients potentiels, principalement parce qu’ils estiment qu’elles prendront trop de place, sont ou seront trop chères, qu’il n’y a pas de fournisseurs fiables.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/360887/original/file-20200930-20-fhdfh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360887/original/file-20200930-20-fhdfh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360887/original/file-20200930-20-fhdfh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=287&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360887/original/file-20200930-20-fhdfh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=287&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360887/original/file-20200930-20-fhdfh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=287&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360887/original/file-20200930-20-fhdfh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=361&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360887/original/file-20200930-20-fhdfh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=361&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360887/original/file-20200930-20-fhdfh2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=361&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Résultats de l’enquête à la question : « Selon vous, quelles sont les principales raisons incitant votre entreprise à utiliser une technologie avec du SF₆ ? Vous pouvez sélectionner cinq raisons maximum »..</span>
<span class="attribution"><span class="source">Guetlein/Sebi</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La diminution envisagée d’utilisation du SF<sub>6</sub> dans ces appareillages pourrait survenir principalement grâce à des actions politiques : une majorité de 54 % des participants indique que les politiques et les réglementations sont les principales raisons qui pousseraient leur entreprise à adopter des alternatives sans SF<sub>6</sub>.</p>
<p>Plus précisément, ils considèrent que des incitations financières (comme les subventions) et une interdiction complète du SF<sub>6</sub> seraient les plus utiles pour promouvoir les appareillages électriques moyenne tension sans SF<sub>6</sub>.</p>
<h2>Payer pour des appareillages plus écologiques</h2>
<p>Selon les personnes interrogées, un prix d’achat plus élevé serait l’un des principaux obstacles à l’adoption d’une alternative sans SF<sub>6</sub>.</p>
<p>En même temps, les participants semblent prêts à payer plus cher pour des options respectueuses de l’environnement – en moyenne jusqu’à 20 % de plus par rapport au prix d’achat habituel. Le respect environnemental a par ailleurs été identifié comme l’un des critères d’achat les plus importants pour les appareillages MT.</p>
<p>Tout cela indique que les utilisateurs seraient prêts à opter pour des solutions de rechange sans SF<sub>6</sub> – donc plus écologiques – bien que des obstacles subsistent.</p>
<h2>Un label et des décisions politiques</h2>
<p>Au vu de ces résultats, la mise en place d’un label contribuerait à accélérer l’adoption de technologies alternatives ; d’autant que notre enquête montre un réel intérêt de la part des utilisateurs concernant les aspects environnementaux. Ce label pourrait comporter, par exemple, une évaluation de l’impact environnemental du produit ou être utilisé pour certifier ces appareillages sans gaz fluoré.</p>
<p>Pour être largement adoptées, les alternatives sans SF<sub>6</sub> doivent non seulement répondre à des exigences environnementales mais aussi techniques et économiques.</p>
<p>Compte tenu de ces contraintes, il semble peu probable que les forces du marché suffisent à elles seules pour que la majorité des utilisateurs d’appareillages MT se tournent vers des technologies de substitution dans un avenir proche.</p>
<p>Un label pourrait soutenir cette transition, mais des interventions politiques plus drastiques sont probablement nécessaires. Si les volumes de production des produits de substitution restent faibles et leurs prix élevés, des incitations financières ciblant les utilisateurs pourraient stimuler leur adoption.</p>
<p>Enfin, un bannissement progressif du SF<sub>6</sub> dans les appareillages MT pousserait inévitablement les fabricants et les utilisateurs vers des solutions de remplacement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147054/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pour réaliser l’enquête et les travaux de recherche évoqués dans cet article, Marie-Charlotte Guetlein a reçu des financements de la part de grands acteurs du management de l’énergie électrique, Schneider Electric et Siemens. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pour réaliser l’enquête et les travaux de recherche évoqués dans cet article, Carine Sebi a reçu des financements de la part de grands acteurs du management de l’énergie électrique, Schneider Electric et Siemens.</span></em></p>Omniprésent dans les appareillages électriques, le SF₆ devrait faire l’objet d’une nouvelle réglementation européenne pour promouvoir des alternatives.Marie-Charlotte Guetlein, Professeur d’économie, Grenoble École de Management (GEM)Carine Sebi, Associate Professor and Coordinator of the "Energy for Society" Chair, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1437602020-08-20T18:23:50Z2020-08-20T18:23:50ZUn commerce plus équitable pour accompagner la transition écologique et sociale<p>Le commerce conventionnel, notamment au niveau international, est régulièrement accusé d’accroître les inégalités. Il est souvent source d’injustices envers les travailleurs, qu’ils soient hommes, femmes ou enfants, mais également d’injustices à l’égard (ou de dégradations) de la nature.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/350601/original/file-20200731-17-h8xbfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/350601/original/file-20200731-17-h8xbfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/350601/original/file-20200731-17-h8xbfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=466&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/350601/original/file-20200731-17-h8xbfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=466&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/350601/original/file-20200731-17-h8xbfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=466&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/350601/original/file-20200731-17-h8xbfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=585&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/350601/original/file-20200731-17-h8xbfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=585&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/350601/original/file-20200731-17-h8xbfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=585&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les revenus des petits producteurs et productrices sont très faibles.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://maxhavelaarfrance.org/les-produits-fairtrade-maxhavelaar/cacao-chocolat-equitable/">Max Havelaar France</a></span>
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<p>On peut prendre l’exemple du marché du cacao, sur lequel les producteurs vivent souvent malgré leur travail dans une pauvreté extrême. <a href="https://www.youtube.com/watch?v=bXhl608VbZc">Le travail des enfants</a> y est d’ailleurs très fréquent. Plus précisément, les producteurs ne perçoivent en moyenne que <a href="https://maxhavelaarfrance.org/les-produits-fairtrade-maxhavelaar/cacao-chocolat-equitable/">4 % du prix de vente</a> d’une tablette de chocolat.</p>
<p>Le cacao n’est évidemment pas le seul produit concerné. Récemment, des dizaines de grandes marques mondiales de vêtements ont été accusées par une <a href="https://uhrp.org/press-release/press-release-180-orgs-demand-apparel-brands-end-complicity-uyghur-forced-labour.html">coalition de 180 groupes de défense des droits humains</a> de commercialiser des produits liés au travail forcé des musulmans ouïghours victimes d’une répression de masse en Chine. <a href="https://www.businessinsider.fr/zara-h-m-adidas-des-associations-denoncent-la-complicite-des-marques-dans-la-repression-des-ouighours-185062">Un vêtement en coton sur cinq</a> vendu dans le monde contiendrait du coton ou du fil provenant du Xinjiang, où vivent majoritairement les Ouïghours.</p>
<p>A contrario, le commerce équitable nous rappelle que l’échange, et l’économie plus généralement, peuvent être justes et que ce goût pour la justice existe toujours chez les agents économiques.</p>
<p>Alors que la pandémie de coronavirus constitue une occasion supplémentaire pour questionner nos manières de produire et de consommer, le commerce équitable sous toutes ses formes apparaît comme un modèle alternatif pertinent pour faire face aux réalités socio-économiques et environnementales.</p>
<h2>Payer le prix juste</h2>
<p>Le principe du commerce équitable est d’instaurer un nouvel échange permettant aux producteurs de « s’aider eux-mêmes » (« Trade, not aid ») grâce à leurs efforts et leur travail. Il entend donc lutter contre la pauvreté en améliorant les conditions de travail et de vie des travailleurs, notamment des producteurs défavorisés, et en se basant sur le paiement d’un prix considéré comme juste.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/xFkTdlolJ_E?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Une comparaison de la décomposition des prix dans les commerces conventionnel et équitable montre qu’une partie plus importante du prix est versée au producteur dans le commerce équitable. Par exemple, selon une <a href="https://maxhavelaarfrance.org/actualites/a-la-une/actualites-detail/news/les-resultats-de-notre-etude-dimpact-aupres-des-producteurs-de-riz-en-inde/">étude de l’association Max Havelaar</a>, des producteurs indiens de riz biologique et équitable gagnent, grâce à ce prix de vente réparti autrement, 16 à 45 % de plus que les producteurs de riz biologique, mais non équitable.</p>
<p>Ainsi, il ne s’agit pas tant d’échanger que de « bien » échanger, dans le respect des besoins et de la dignité de chaque agent.</p>
<h2>Un commerce en forte croissance</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/351982/original/file-20200810-16-1y4d55j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/351982/original/file-20200810-16-1y4d55j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/351982/original/file-20200810-16-1y4d55j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/351982/original/file-20200810-16-1y4d55j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/351982/original/file-20200810-16-1y4d55j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/351982/original/file-20200810-16-1y4d55j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/351982/original/file-20200810-16-1y4d55j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/351982/original/file-20200810-16-1y4d55j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Croissance du marché français entre 2015 et 2018.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.commercequitable.org/wp-content/uploads/le-commerce-equitable/infographie_chiffres2018.pdf">Données : Commerce équitable France</a></span>
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<p>Le commerce équitable est aujourd’hui en plein essor. Il a dépassé pour la première fois en 2017 le milliard d’euros sur le <a href="https://www.commercequitable.org/wp-content/uploads/le-commerce-equitable/infographie_chiffres2018.pdf">marché français</a>, pour atteindre 1,3 milliard d’euros de vente en 2018.</p>
<p>La crise de 2008 n’a pas remis en cause sa progression, et on peut supposer qu’il en sera de même dans le contexte sanitaire et économique actuel.</p>
<p>En France, la période de ralentissement imposée par le confinement a en effet poussé un grand nombre de consommateurs à repenser leurs achats.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/351991/original/file-20200810-24-111x4sh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/351991/original/file-20200810-24-111x4sh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/351991/original/file-20200810-24-111x4sh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=396&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/351991/original/file-20200810-24-111x4sh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=396&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/351991/original/file-20200810-24-111x4sh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=396&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/351991/original/file-20200810-24-111x4sh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/351991/original/file-20200810-24-111x4sh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/351991/original/file-20200810-24-111x4sh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Proportion de réponses positives à la question : « Concernant le mode de vie ralenti durant le confinement, diriez-vous… ? ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://observatoirecetelem.com/wp-content/uploads/2020/05/rapport-harris-t2s2-vecu-et-leons-du-confinement-cetelem.pdf">Les zoom 2020 de l’Observatoire Cetelem</a></span>
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<p>Malgré une recherche de prix bas, les consommateurs sont en effet <a href="https://observatoirecetelem.com/wp-content/uploads/2020/05/rapport-harris-t2s2-vecu-et-leons-du-confinement-cetelem.pdf">plus enclins</a> à une relocalisation des échanges, tiennent de plus en plus à connaître l’origine des produits qu’ils achètent, et se soucient davantage de l’impact environnemental de leur consommation.</p>
<p>Dans cette perspective, il faut noter la forte progression du commerce équitable <a href="https://www.commercequitable.org/notre-collectif/nos-programmes/#section-commerce-quitable-origine-france">origine France</a> dont les ventes ont triplé entre 2015 et 2018 pour atteindre les <a href="https://www.commercequitable.org/wp-content/uploads/cahier-de-recommandations-vf.pdf">434 millions d’euros</a> (dont près de la moitié également labélisées bio).</p>
<p>Rappelons en effet que le commerce équitable s’est initialement construit après la seconde guerre mondiale comme échange international, entre pays du Sud et pays du Nord. Mais en 2014, la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000029313296&categorieLien=id">loi relative à l’économie sociale et solidaire</a> entre en vigueur et étend sa définition à des relations avec tous les producteurs, y compris en France.</p>
<p>Aujourd’hui le <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/le-commerce-equitable-pousse-par-le-made-in-france.N840875">commerce équitable « made in France »</a> constitue une voie prometteuse pour garantir des revenus décents aux petits producteurs français, respecter davantage l’environnement et encourager les circuits courts. Un commerce équitable « Sud-Sud » se développe également.</p>
<p>Le commerce équitable a donc l’intérêt de raviver des questions anciennes oubliées par les économistes (l’échange marchand peut-il être juste, à quelles conditions, qu’est-ce qu’un prix juste ?), et en soulève également de nouvelles, par exemple en lien avec les labels et leur construction, l’environnement, et l’éducation des consommateurs.</p>
<p>Notons néanmoins que la croissance de ce marché n’est pas sans danger, dans la mesure où elle s’accompagne de tentatives de récupération avec un risque de « <a href="https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-conditions-de-travail/20130719.RUE7792/fairwashing-quand-les-marques-font-du-blanchiment-d-ethique.html"><em>fairwashing</em></a> » (soit l’utilisation abusive d’une communication ou d’un label éthique).</p>
<p>Il convient donc d’être vigilant pour que le commerce équitable, dans sa volonté compréhensible de convaincre un maximum de consommateurs, ne s’éloigne pas de son projet original. C’est là le principal défi pour cette volonté de concilier échange marchand et équité.</p>
<h2>Favoriser le développement des populations</h2>
<p>Les conséquences économiques du commerce équitable s’évaluent donc principalement par le biais du revenu supérieur que vont toucher les producteurs. Mais les objectifs et effets du commerce équitable ne se limitent pas à un accroissement des revenus : c’est bien en matière de développement humain (et de développement durable) qu’il faut raisonner ici et non en termes de croissance.</p>
<p>Le prix juste du commerce équitable se compose en effet d’un <a href="https://www.maxhavelaarfrance.org/le-commerce-equitable/impacts-et-changements/">prix minimum garanti</a> (parfois construit ad hoc), auquel s’ajoute toujours une prime de développement sous la forme d’un pourcentage. Cette prime fait que le prix juste global est toujours situé de par sa construction au-dessus du prix de marché (le prix de marché se substituant au prix minimum lorsqu’il lui est supérieur).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/350616/original/file-20200731-21-75z182.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/350616/original/file-20200731-21-75z182.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/350616/original/file-20200731-21-75z182.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/350616/original/file-20200731-21-75z182.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/350616/original/file-20200731-21-75z182.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/350616/original/file-20200731-21-75z182.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/350616/original/file-20200731-21-75z182.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/350616/original/file-20200731-21-75z182.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les impacts positifs et multidimensionnels du commerce équitable.</span>
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<p>La prime est utilisée pour la construction d’infrastructures, d’écoles, de dispensaires… Les producteurs gagnent certes en revenu, mais surtout en autonomie et en estime de soi. Leurs conditions de travail et leur santé s’améliorent et les enfants accèdent davantage à l’éducation. C’est donc bien de <a href="https://www.maxhavelaarfrance.org/le-commerce-equitable/impacts-et-changements/">développement humain</a> dont il s’agit.</p>
<p>À moyen terme, le commerce équitable pourrait ainsi constituer un des leviers en faveur de la nécessaire transition écologique et sociale (notamment pour les pays ne disposant pas de politiques suffisantes en la matière).</p>
<p>À court terme, le partenariat qu’il constitue, qui s’accompagne généralement de préfinancement, offre une sécurité aux producteurs. Une <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/07/31/le-coton-equitable-un-espoir-pour-les-paysans-de-l-odisha-en-inde_6047776_3244.html">enquête récente du journal Le Monde</a> indique qu’il a notamment permis à certains agriculteurs de mieux supporter les conséquences de la pandémie actuelle en Inde.</p>
<h2>Une autre conception de l’économie</h2>
<p>Dans la mesure où les bénéfices sont à la fois économiques, sociaux, et environnementaux, le commerce équitable doit ainsi être appréhendé en tant qu’alternative globale au commerce conventionnel.</p>
<p>Si les effets du commerce équitable sur les producteurs sont bien documentés, le commerce équitable peut également améliorer le sort des consommateurs de ces produits. Cette dimension est beaucoup moins souvent mise en avant, mais nous paraît tout aussi essentielle pour mieux cerner l’essence de ce commerce.</p>
<p>En effet, l’existence même du commerce équitable suppose que les agents économiques soient désireux de ne plus payer les prix injustes pratiqués par le commerce conventionnel, au-delà de la qualité (souvent supérieure ou affichée comme telle) des produits équitables.</p>
<p>Du côté des consommateurs de ces produits, comme nous l’avons montré dans nos travaux, leur conception de la vie bonne inclut le fait de vivre dans un monde (plus) juste, donc le paiement d’un prix juste participe également de l’accroissement de leur bien-être : bonheur et justice sont ici inséparables, comme économie et justice.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/352007/original/file-20200810-20-ta0v0p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/352007/original/file-20200810-20-ta0v0p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/352007/original/file-20200810-20-ta0v0p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/352007/original/file-20200810-20-ta0v0p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=470&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/352007/original/file-20200810-20-ta0v0p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=590&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/352007/original/file-20200810-20-ta0v0p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=590&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/352007/original/file-20200810-20-ta0v0p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=590&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Amartya Sen, « prix Nobel » d’économie en 1998 pour ses travaux en économie du bien-être et du développement.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Amartya_Sen,_c2000_(4379246038).jpg">LSE Library</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cela suggère comme nous avons pu le mettre en évidence dans <a href="https://presses-universitaires.univ-amu.fr/commerce-equitable-prix-juste">nos travaux</a> une autre conception de l’économie, qui trouve son origine lointaine dans les réflexions du philosophe grec Aristote et plus récemment dans les <a href="https://www.persee.fr/doc/forem_0759-6340_2004_num_85_1_1959_t1_0106_0000_14">travaux</a> de l’indien, prix Nobel d’économie, Amartya Sen ou encore de la philosophe américaine <a href="https://www.youtube.com/watch?v=sYfFGDhbHUk">Martha Nussbaum</a>.</p>
<p>Ces trois penseurs partagent l’idée selon laquelle la richesse n’est qu’un moyen en vue d’autre chose : le bien-être, l’épanouissement, la qualité de vie. À notre sens, l’intérêt du commerce équitable est surtout de nous rappeler la finalité véritable de l’économie, à condition toutefois que sa croissance ne se fasse pas au détriment de ses principes fondateurs. Le commerce équitable témoigne donc du lien indéfectible qui unit économie, bonheur et justice.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/143760/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Delphine Pouchain ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Face aux urgences exacerbées par la crise du Covid-19, il convient de rééquilibrer le partage des revenus dans l’économie en garantissant le prix le plus juste aux producteurs étrangers et locaux.Delphine Pouchain, Maîtresse de conférences en sciences économiques, Sciences Po LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1339372020-04-29T17:25:10Z2020-04-29T17:25:10ZStratégie volcanique pour le côtes d’Auvergne, un « petit » vin devenu grand<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/331008/original/file-20200428-110765-vnkbs5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=42%2C0%2C1736%2C1120&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le vignoble côtes d’Auvergne est le seul en France à être situé sur un sol volcanique. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.fedeviti-puydedome.com/">Pierre Soissons / Fédération Viticole du Puy-de-Dôme (D.R.)</a></span></figcaption></figure><p>Qu’on se le dise, avoir un volcan sur son territoire n’est pas une sinécure : une partie de l’aviation mondiale clouée au sol par le volcan islandais <a href="https://www.maxisciences.com/eyjafjallajokull/eyjafjallajokull-le-volcan-islandais-dont-l-eruption-a-paralyse-l-europe-en-2010_art38250.html">Eyjafjallajökull</a>, une île touristique néo-zélandaise qui se transforme en <a href="https://www.ouest-france.fr/monde/volcan-eruption-volcanique/eruption-en-nouvelle-zelande-le-bilan-monte-18-morts-6654925">enfer</a> : oui, un volcan n’est définitivement pas un cadeau.</p>
<p>Et ce ne sont probablement pas les <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-amants-de-pompei-etaient-en-fait-deux-jeunes-hommes_1897078.html">amants de Pompéi</a>, récemment en un des journaux, qui nous auraient contredits… Sauf ? Sauf quand le volcan est éteint, ce qui est le cas de la plupart des volcans dans le monde. Un volcan éteint, c’est en effet une belle opportunité touristique, qui peut dynamiser un territoire entier.</p>
<p>La <a href="https://www.chainedespuys-failledelimagne.com/">chaîne des Puys</a>, inscrite en 2018 au patrimoine mondial de l’Unesco, est un bel exemple de ce qu’un groupe de volcans peut amener de bon à un territoire, lui apportant une notoriété mondiale.</p>
<h2>Quand les acteurs locaux s’emparent des volcans</h2>
<p>Un volcan éteint <a href="https://www.clermontauvergnetourisme.com/fiches/volcan-de-lemptegy/">favorise donc le tourisme</a>, mais pas que… Certains font en effet du vin avec leur volcan, même si cette idée pourrait, à première vue, paraître saugrenue. À l’inverse du plat paysage bordelais par exemple, les reliefs escarpés rendent difficile le travail de la vigne, et la mécanisation du travail n’est pas toujours possible, ce qui augmente de facto les coûts de production.</p>
<p>Mais à y regarder de plus près, les avantages seraient finalement plus nombreux que les inconvénients.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/320997/original/file-20200317-60906-1bpabja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/320997/original/file-20200317-60906-1bpabja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/320997/original/file-20200317-60906-1bpabja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/320997/original/file-20200317-60906-1bpabja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/320997/original/file-20200317-60906-1bpabja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/320997/original/file-20200317-60906-1bpabja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/320997/original/file-20200317-60906-1bpabja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les sols constitués de roche volcanique constituent des terres propices à la pousse de vignes (ici, en Espagne).</span>
<span class="attribution"><span class="source">E travelview/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Premièrement, la nature des sols est atypique (sablo-siliceux, argilo-calcaires ou basaltiques), et transmet ainsi aux vins des propriétés spécifiques. Deuxième point, les vignobles volcaniques sont peu nombreux : <a href="https://www.lecourrierdesentreprises.fr/vinora-2020-il-nexiste-que-7-vignobles-au-monde-sur-terroir-volcanique-un-seul-est-en-france-le-vignoble-auvergnat/">on en dénombre seulement sept</a> dans le monde.</p>
<p>Ce qui fait de la vigne sur un volcan éteint une ressource valable, rare, inimitable et non substituable : ce que les stratèges appellent communément un avantage concurrentiel.</p>
<h2>Stratégie de coopétition et avantage concurrentiel</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/330994/original/file-20200428-110734-rrl13p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/330994/original/file-20200428-110734-rrl13p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/330994/original/file-20200428-110734-rrl13p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=849&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/330994/original/file-20200428-110734-rrl13p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=849&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/330994/original/file-20200428-110734-rrl13p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=849&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/330994/original/file-20200428-110734-rrl13p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1067&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/330994/original/file-20200428-110734-rrl13p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1067&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/330994/original/file-20200428-110734-rrl13p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1067&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le vignoble côtes d’Auvergne et ses appellations.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.fedeviti-puydedome.com/">Fédération Viticole du Puy-de-Dôme (DR)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le vignoble côtes d’Auvergne reste fort petit (moins de 0,2 % de la surface viticole française), à tel point qu’il ne figure pas sur la carte des vins de France de la célèbre revue <a href="https://www.hachette-pratique.com/la-carte-des-vins-de-france-9782013962674"><em>Hachette vins</em></a>. Et c’est bien lui pourtant, le seul en France à être situé sur un volcan.</p>
<p>Autrefois <a href="https://fr-fr.facebook.com/AOCCotesdAuvergne/photos/a.353411478116603/1707660932691644/?type=3&theater">vin de rois</a>, et troisième plus grand vignoble au début du XIX<sup>e</sup> siècle avec 45 000 hectares de vigne, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Phyllox%C3%A9ra">phylloxera</a> et deux guerres mondiales auront raison de lui, et laisseront un vignoble exsangue, sur quelques centaines d’hectares.</p>
<p>En 2011, le phœnix rejaillit pourtant de ses cendres (volcaniques, donc), et <a href="https://www.lepoint.fr/vin/le-grand-retour-des-cotes-d-auvergne-10-02-2011-1296111_581.php">obtient une AOC</a>. Les vignerons et la cave coopérative vont collaborer au sein de cette nouvelle AOC pour tenter de redorer un <a href="https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/pierre-desprat-il-est-plus-facile-de-valoriser-nos-cotes-d-auvergne-a-new-york-qu-a-clermont-ferrand_12824584/">blason plus que terni</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/321020/original/file-20200317-60915-foyuds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/321020/original/file-20200317-60915-foyuds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/321020/original/file-20200317-60915-foyuds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/321020/original/file-20200317-60915-foyuds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/321020/original/file-20200317-60915-foyuds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=315&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/321020/original/file-20200317-60915-foyuds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/321020/original/file-20200317-60915-foyuds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/321020/original/file-20200317-60915-foyuds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=395&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le côtes d’Auvergne, le vin des rois.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr-fr.facebook.com/AOCCotesdAuvergne/photos/a.353411478116603/1707660932691644/?type=3&theater">Capture d’écran Facebook/AOC Côtes d’Auvergne</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ils mènent cette tâche avec succès, comme en témoignent à la fois leur notoriété grandissante dans la presse et la présence de plus en plus importante de leurs vins dans les cafés, hôtels et restaurants auvergnats et français ainsi qu’une <a href="https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/economie/pierre-desprat-il-est-plus-facile-de-valoriser-nos-cotes-d-auvergne-a-new-york-qu-a-clermont-ferrand_12824584/">reconnaissance croissante à l’international</a>.</p>
<h2>Une stratégie gagnante dans un secteur plombé ?</h2>
<p>Pari réussi, le volcanisme ? La réponse est oui. La production s’est envolée, atteignant en 2018 un record de 12 906 hectolitres (ce qui reste, donc, un petit vignoble), mais ce volume représente 20 % de plus que la moyenne des années 2011 à 2017. Dorénavant, les côtes d’Auvergne peut tenir le devant de la scène.</p>
<p>Le 30 janvier 2020, se déroulait le premier salon international des vins volcaniques, Vinora. En collaborant avec les autres vignobles volcaniques (des concurrents !), les porteurs du projet Vinora ont réussi à faire ouvrir le parc européen du volcanisme Vulcania en hiver pour la première fois en 20 ans, et à y faire venir des représentants des 7 vignobles volcaniques mondiaux, ainsi que le <a href="https://www.volcanicwinesinternational.com/szabo">spécialiste canadien John Szabo</a> pour une conférence.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/331011/original/file-20200428-110748-142v0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/331011/original/file-20200428-110748-142v0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/331011/original/file-20200428-110748-142v0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/331011/original/file-20200428-110748-142v0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/331011/original/file-20200428-110748-142v0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/331011/original/file-20200428-110748-142v0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/331011/original/file-20200428-110748-142v0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/331011/original/file-20200428-110748-142v0q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Parcelle à Boudes, dans le sud du Puy-de-Dôme.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.fedeviti-puydedome.com/">Pierre Soissons/Fédération Viticole du Puy-de-Dôme (D.R.)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un beau coup de projecteur et une bonne visibilité dans un secteur viticole français qui, on peut le dire, <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/la-question-du-jour/filiere-viticole-francaise-la-fin-de-lage-dor">ne voit pas l’avenir en rose</a>.</p>
<p>Que ce soit le changement climatique, le coronavirus qui paralyse l’activité, ou encore la <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/les-etats-unis-vont-finalement-taxer-le-vin-francais_fr_5d9544bbe4b0da7f66213d2b">hausse des droits de douane</a> imposée par les États-Unis pour le vin français, l’avenir est déjà semé d’embûches.</p>
<p>Est-ce que le volcanisme va aider le vignoble côtes d’Auvergne à sécuriser son avenir ? Peut-être. L’effet est déjà présent dans la capitale auvergnate, elle qui jadis boudait son vin, où l’on voit à présent fleurir le mot volcanisme sur les vitrines des cavistes du centre-ville. Si l’effet marketing est visiblement apprécié, attention toutefois à ne pas brouiller le message.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1223935199601418240"}"></div></p>
<p>En effet, parallèlement au salon Vinora, s’est créée l’association Loire Volcanique, qui regroupe une trentaine de vignerons indépendants du Forez, du roannais, de Saint-Pourçain et du Côtes-d’Auvergne. Nous touchons ici à l’un des écueils de la coopétition : les tensions. Collaborer avec son concurrent, ce n’est pas toujours facile. Si pour certains c’est une évidence, pour d’autres, c’est plus difficile.</p>
<p>La récente <a href="https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/aoc-cotes-d-auvergne-yvan-bernard-president-depuis-cinq-ans-demissionne_13698222/">démission du président de l’AOC Côtes-d’Auvergne</a> fait peut-être écho à ce propos.</p>
<p>En lançant simultanément deux projets volcaniques différents dans un même vignoble, le message ne va-t-il pas perdre en clarté, et finalement limiter la portée de l’avantage concurrentiel qu’est le volcanisme ? Est-ce que trop de volcan ne va pas tuer le volcan ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/133937/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La vigne poussant sur un volcan éteint une ressource valable, rare, inimitable et non substituable. Pour les producteurs, il s’agit là d’un véritable avantage concurrentiel.Anne Albert-Cromarias, Enseignant-chercheur HDR, management stratégique, ESC Clermont Business SchoolGrégory Blanchard, Doctorant en sciences de gestion. Enseignant en négociation - vente, ESC Clermont Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1323782020-02-26T20:23:28Z2020-02-26T20:23:28ZPourquoi les consommateurs aiment le bio mais en achètent peu ?<p>Le marché français du bio alimentaire pèse 9,7 milliards d’euros en 2018 et est en <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2019/06/DP-AGENCE_BIO-4JUIN2019.pdf">croissance de plus de 15 %</a> par rapport à l’année précédente.</p>
<p>Le dernier <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2020/02/AGENCE-BIO-DOSSIER-DE-PRESSE-BAROMETRE-2020-def.pdf">baromètre de l’Agence bio</a>, dont les résultats ont été dévoilés jeudi 20 février, montre que ce sont près de neuf Français sur dix (89 %) qui consomment des produits biologiques en 2020 contre un peu plus d’un sur deux en 2003, année de la première édition.</p>
<p>La perception des produits bio semble faire <a href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2020/02/AGENCE-BIO-DOSSIER-DE-PRESSE-BAROMETRE-2020-def.pdf">consensus en France</a> : 87 % des Français considèrent qu’ils contribuent à préserver l’environnement et 82 % pensent qu’ils sont meilleurs pour la santé.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=234&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=234&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=234&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=293&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=293&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316853/original/file-20200224-24672-1g0vjr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=293&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Évolution de la part de consommateurs de produits biologiques en France.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2019/02/Rapport_Barometre_Agence-Bio_fevrier2019.pdf">Agence Bio</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Un écart entre croyance et consommation</h2>
<p>Pourtant le bio ne représente que 4,4 % de la consommation générale de produits alimentaires en 2017 et la fréquence de consommation demeure faible. Seuls 14 % des Français consommeraient bio quotidiennement et 25 % auraient une consommation diversifiée, c’est-à-dire régulière et variée de produits biologiques, selon <a href="https://www.anses.fr/fr/content/inca-3-evolution-des-habitudes-et-modes-de-consommation-de-nouveaux-enjeux-en-mati%C3%A8re-de">l’étude INCA 3</a> de 2017. Comment expliquer un tel écart entre des croyances positives à l’égard du bio et une consommation quotidienne assez faible ?</p>
<p>Une <a href="https://www.editions-ems.fr/revues/decisions-marketing/articlerevue/2081-le-bio,-c%E2%80%99est-bien-mais-tr%C3%A8s-peu-pour-moi%20-comprendre-les-strat%C3%A9gies-de-neutralisation-des%20consommateurs-occasionnels-et-des-non-consommateurs.html">étude qualitative</a> publiée dans la revue de recherche <em>Décisions Marketing</em> s’est intéressée spécifiquement à ces consommateurs occasionnels et non consommateurs de produits alimentaires bio, qui représentent respectivement 42 % et 11 % de la population française.</p>
<p>À travers l’analyse de 25 entretiens, elle a permis d’identifier cinq types de discours que les Français utilisent pour conserver une cohérence cognitive entre une appréciation globalement positive des effets du bio sur la santé et des comportements qui s’en éloignent.</p>
<p><strong>1. « Le bio théorique oui, le bio pragmatique, non ! »</strong></p>
<p>L’analyse de ce type de discours fait ressortir une distinction forte entre, d’une part, un bio « théorique » (ce qu’il devrait être) et, d’autre part, un bio « pragmatique » (ce qu’il est réellement, le bio labellisé). C’est sur cette réalité commerciale des produits biologiques que s’opère une relativisation du bénéfice des produits bio sur la santé, voire un déni. L’association mentale entre le bio et ses effets bénéfiques sur la santé existerait bien, mais serait questionnée dans le contexte marchand actuel.</p>
<p><strong>2. « Je m’interroge sur les pratiques agricoles, commerciales et de labellisation »</strong></p>
<p>Trois types de pratiques sont aujourd’hui mises en cause par les consommateurs :</p>
<ul>
<li><p>les pratiques agricoles qui ne permettraient pas d’obtenir un produit « 100 % bio » : est-il possible de produire sans traitement, de contrôler l’effet de facteurs exogènes comme la pollution de l’air ou des champs voisins ?</p></li>
<li><p>Les pratiques commerciales qui confrontent deux formes d’acteurs : d’un côté, ceux qui profiteraient de l’engouement pour le bio pour accroître leurs marges (grande distribution principalement) et, de l’autre, les consommateurs qui se feraient duper.</p></li>
<li><p>Enfin, les pratiques de contrôle mises en œuvre par les organismes de labellisation, qui soulèvent un certain scepticisme.</p></li>
</ul>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=325&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=409&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=409&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316855/original/file-20200224-24680-9rdsnt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=409&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pourquoi les Français sont parfois sceptiques quant aux produits bio.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2019/02/AgenceBio-DossierdePresse-Barometre2019.pdf">Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France Agence BIO/Spirit Insight</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong>3. « Mon plaisir ne passe pas par le bio »</strong></p>
<p>Le plaisir est un critère de choix prépondérant dans les achats alimentaires. Certains consommateurs occasionnels opposent des aliments bons, beaux et qu’ils peuvent manger quand ils en ont envie aux aliments bio, aux goûts différents, à l’aspect moins attirant et dont la production est soumise à des contraintes saisonnières.</p>
<p><strong>4. « Je voudrais bien acheter bio mais je ne peux pas »</strong></p>
<p>Certains consommateurs expliquent leur faible consommation par des éléments indépendants de leur volonté : le manque de moyens financiers principalement ou le manque de temps pour cuisiner ou pour s’approvisionner.</p>
<p><strong>5. « Je peux être en bonne santé autrement qu’en consommant bio »</strong></p>
<p>Le bio peut permettre d’être en bonne santé, mais est-ce suffisant ? N’existe-t-il pas d’autres moyens de parvenir aux mêmes fins ? Le bénéfice santé du bio est ainsi neutralisé de deux manières. D’abord, manger bio ne suffirait pas. D’autres actions seraient nécessaires pour être en bonne santé comme manger équilibré ou faire du sport. Ensuite, il serait possible de manger sainement, souvent à moindre coût, sans consommer bio. Comment ? Par l’achat de produits locaux. Et si le producteur est présent, personne qui inspire confiance de par sa proximité, c’est encore mieux !</p>
<p>Ces cinq discours sont souvent mobilisés simultanément et permettent aux consommateurs de faire coexister la norme « bio : bon pour la santé » avec des comportements qui s’en éloignent en la rendant non applicable au contexte marchand actuel (discours 1 et 2), au contexte individuel (discours 3 et 4) et en évoquant un objectif, être en bonne santé, qu’ils peuvent atteindre autrement (discours 5).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=103&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=103&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=103&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=129&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=129&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/316868/original/file-20200224-24676-9bmwo1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=129&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les principaux freins à la consommation de produits biologiques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2019/02/AgenceBio-DossierdePresse-Barometre2019.pdf">Agence Bio</a></span>
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<h2>Déconstruire des biais cognitifs</h2>
<p>Réduire l’utilisation de ces croyances neutralisatrices n’est pas chose aisée. Chercher à contrer l’une d’entre elles pourrait en effet amener les consommateurs à se réfugier derrière d’autres. Néanmoins, plusieurs recommandations peuvent être formulées à destination des acteurs du développement de l’agriculture biologique en France et/ou des producteurs/fabricants d’aliments biologiques.</p>
<p>L’un des axes majeurs de réflexion vise à réduire l’écart entre « bio théorique » et « bio pratique » dans l’esprit de ces consommateurs. En lien avec les <a href="https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2018/2018_18_qualite_origine_produits_alimentaires.pdf">préconisations</a> du Conseil économique social et environnemental formulées en 2018, un plan de communication à visée informative répondant aux principaux arguments avancés par les consommateurs semblerait pertinent.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1009344194530496512"}"></div></p>
<p>La question des canaux de communication à utiliser serait un élément clé dans la mesure où ces consommateurs ne sont pas en recherche active d’informations sur le sujet. De leur côté, les producteurs/fabricants auraient également tout intérêt à ne pas se reposer que sur le label bio. Le <a href="https://theconversation.com/agriculture-bio-attention-au-fetichisme-du-label-73926">« fétichisme du label »</a> semble bien moins marqué auprès des consommateurs occasionnels et non consommateurs.</p>
<p>Montrer la complémentarité entre le bio et d’autres indicateurs du « bien manger » (le produit local, le circuit court, la vente directe et la qualité nutritionnelle) semblerait aussi un levier important pour lever les confusions dans l’esprit des consommateurs. Plusieurs recherches ont, par exemple, montré l’existence d’associations erronées entre <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0767370115602851">« produit local et produit bon pour la santé »</a> ou entre <a href="https://cpb-us-e1.wpmucdn.com/blogs.cornell.edu/dist/4/3419/files/2014/12/Schuldt-Schwarz-2010-sh9lkp.pdf">« produit transformé bio et produit moins calorique »</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/132378/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les Français avancent cinq raisons principales qui les détournent de ces produits malgré les qualités qu’ils leur reconnaissent.Aurélie Merle, Professeur de marketing et comportement du consommateur, Grenoble École de Management (GEM)Mathilde Piotrowski, Maître de conférences en sciences de gestion, Université Jean Monnet, Saint-ÉtienneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1275302019-11-21T20:51:24Z2019-11-21T20:51:24ZFoodtech : la France s’organise pour combler son retard<p>La France, pays de la gastronomie, s’affiche comme aussi une « start-up » nation, mais accuse paradoxalement un retard sur les autres pays en matière de foodtech. Ce terme est apparu au début des années 2010 aux États-Unis, pour se diffuser en France au milieu de la décennie. Il désigne « l’<a href="http://foodtech-mag.com/">alliance</a> entre les nouvelles technologies d’une part et les secteurs de l’alimentation et de la restauration d’autre part ».</p>
<p>Avec 2,6 % des investissements mondiaux, la France se situe aujourd’hui loin des États-Unis, qui représentaient 80 % des investissements dans la foodtech avant 2016. Elle est encore derrière les leaders européens que sont le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui représentent <a href="https://www.alliancy.fr/a-laffiche/start-up/2018/11/08/infographie-la-foodtech-en-europe">63 % des montants investis en Europe</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/302864/original/file-20191121-547-13kmsn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/302864/original/file-20191121-547-13kmsn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/302864/original/file-20191121-547-13kmsn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=792&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/302864/original/file-20191121-547-13kmsn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=792&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/302864/original/file-20191121-547-13kmsn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=792&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/302864/original/file-20191121-547-13kmsn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=995&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/302864/original/file-20191121-547-13kmsn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=995&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/302864/original/file-20191121-547-13kmsn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=995&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La foodtech en Europe.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.alliancy.fr/a-laffiche/start-up/2018/11/08/infographie-la-foodtech-en-europe">Alliancy.fr</a></span>
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</figure>
<p>Les investissements récents (227 millions d’euros en 2018) sont toutefois un signe que la France est en train de combler ce retard et pourrait même devenir un <a href="https://www.digitalfoodlab.com/reports/2019-france-january-extract/download">leader européen à terme</a>. Le pays compte déjà un certain nombre de sociétés innovantes combinant technologie, numérique et alimentation. Parmi elles se trouvent des start-up en plein essor telles qu’Ynsect, ChefClub et Frichti.</p>
<h2>Nombreuses opportunités</h2>
<p><a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/jura/dole/dole-producteur-proteines-ynsect-leve-125-millions-dollars-1627407.html">Ynsect</a> développe depuis 2014 une technologie de pointe dans le domaine de l’élevage d’insectes destinés à l’alimentation animale et aux engrais organiques, en vue de répondre aux enjeux de pénurie des ressources naturelles. Implantée dans le Jura, à Dole elle a pu, suite à des levées de fonds successives (dont la dernière de <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/ynsect-le-specialiste-des-proteines-d-insectes-leve-125-millions-de-dollars.N744599">110 millions d’euros</a>), construire la plus grande ferme d’insectes du monde avec un nouveau site à Poulainville dans la Somme.</p>
<p>ChefClub, start-up parisienne créée par trois frères en 2016, propose via les réseaux sociaux des vidéos de « recettes extraordinaires avec des ingrédients ordinaires ». Elle affiche aujourd’hui plus de <a href="https://www.chefclub.tv/fr/story">70 millions d’abonnés dans le monde</a>, une équipe de 32 personnes et déploie une boutique à Paris.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1098580692827623424"}"></div></p>
<p>La start-up Frichti, lancée en 2015 à Paris, est un traiteur qui propose des plats cuisinés sur mesure avec des produits frais de qualité et livrés rapidement. Les commandes se font via un site Internet ou une application. L’entreprise s’est développée très rapidement grâce à des levées de fonds (<a href="https://www.maddyness.com/2017/05/23/foodtech-frichti-leve-30-millions-euros/">43 millions d’euros</a> depuis sa création) et peut prétendre aujourd’hui concurrencer les leaders internationaux bien connus que sont Deliveroo ou Uber Eats par exemple.</p>
<p>Comme le montrent ces exemples, les opportunités et champs à investir sont nombreux. La <a href="https://www.lesechos.fr/2018/03/la-foodtech-tricolore-prend-ses-marques-969312">foodtech française</a> se divise en effet en différentes sous-catégories qui recouvrent les grands domaines de la production, transformation, distribution et consommation alimentaires : « agtech » (élevage ou culture agricole assistée par les outils numériques), « food science » (transformation alimentaire, création de produits nouveaux), « food service » (restauration et plats préparés), « retail & delivery » (livraison à domicile), « coaching alimentaire » et « media ». Elle englobe donc ce qui part du champ pour arriver dans l’assiette en allant jusqu’à la lutte contre le gaspillage alimentaire.</p>
<h2>Des entreprises d’origines diverses</h2>
<p>La foodtech est susceptible de se trouver au cœur de la transformation de l’appareil productif français, en intégrant le numérique dans les secteurs traditionnels forts – mais en <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/agroalimentaire-la-france-perd-la-main-en-europe-1035838">perte de vitesse</a> – de l’économie française que sont l’agriculture et l’agroalimentaire. Sous certaines conditions, elle peut contribuer à clore 30 ans de déclin industriel par l’investissement, la conception et le développement de technologies et activités créatrices de valeur, d’emplois non-délocalisables et donc génératrices de revenus bénéficiant à la population sur l’ensemble du territoire national. Pour reprendre les termes du président de la République Emmanuel Macron dans son <a href="https://www.vie-publique.fr/discours/268532-emmanuel-macron-25042019-grand-debat-national">discours</a> du 25 avril 2019, elle est à la jonction d’un « nouveau pacte productif » visant à renforcer la base productive nationale et d’un « nouveau pacte territorial » articulant métropoles, villes moyennes et espaces ruraux.</p>
<p>En quelques années, la foodtech est en conséquence devenue un enjeu de politique publique. En 2013, Fleur Pellerin, alors ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique, avait lancé une première vague de labellisation « FrenchTech » pour distinguer les métropoles françaises investissant dans le numérique. Puis, en 2015, Axelle Lemaire, alors secrétaire d’État chargée de la numérique annonce une deuxième vague de labellisation concernant des écosystèmes dynamiques et matures et des réseaux thématiques, tels que medtech en Alsace, culturetech à Avignon, designtech à Saint-Étienne, ou encore IoT-tech (Internet des objets) à Angers.</p>
<p>Les régions se mobilisent elles aussi à leur niveau. En Bourgogne Franche-Comté, une association loi de 1901 « Foodtech Dijon-Bourgogne-Franche-Comté » a été créée pour répondre à une deuxième vague de labellisation thématique, qu’elle obtiendra en juillet 2016. L’ambition de ce réseau est « <a href="https://lafoodtech.fr/">devenir la référence</a> pour le développement de start-up en Europe, sur une thématique où la France, Dijon et sa grande Région Bourgogne-Franche-Comté, ont une légitimité, un savoir-faire et une attractivité forte ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1195399405127512067"}"></div></p>
<p>Ses membres affichés sont d’origines <a href="https://lafoodtech.fr/ecosysteme/">extrêmement diverses</a> : on y trouve des start-up, essentiellement dans le domaine du « food service », des TPE ou PME souvent liées à la restauration, des PME innovantes, ainsi que des grands groupes agroalimentaires, industriels et de services. Les organismes d’enseignement supérieur et de recherche, ainsi que les collectivités locales, sont eux aussi présents.</p>
<p>Un grand groupe comme Seb ambitionne de ne pas seulement être un leader du petit électroménager, mais aussi de répondre à la question « qu’est-ce que je mange ce soir ? ». Être un acteur fédérateur de cet écosystème est un enjeu vital comme le souligne Xavier Boidevezi, secrétaire national du réseau foodtech et vice-président digital du Groupe Seb :</p>
<blockquote>
<p>« C’est bien en fédérant un écosystème d’acteurs qu’on arrivera tous ensemble à répondre à cette question. Seb a du coup l’ambition d’être un acteur de cet écosystème plutôt que de laisser les autres le faire à sa place ».</p>
</blockquote>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"939259121118871552"}"></div></p>
<p>Pour une start-up, appartenir au réseau permet d’échanger, de s’ouvrir, d’être mis en avant sur des technologies et de faire connaître ses besoins. De son côté, l’entreprise va contribuer à dynamiser l’écosystème. Les collectivités locales attendent quant à elles de ce réseau qu’il développe une « capacité à être le spécialiste de la transversalité numérique appliquée à l’alimentation » et soit un levier d’attractivité et de promotion du territoire rapporte Madame Riamon, chargée de la filière agroalimentaire de Dijon métropole.</p>
<h2>Le pari des écosystèmes</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/302869/original/file-20191121-467-1mfdv3q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/302869/original/file-20191121-467-1mfdv3q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/302869/original/file-20191121-467-1mfdv3q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/302869/original/file-20191121-467-1mfdv3q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/302869/original/file-20191121-467-1mfdv3q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/302869/original/file-20191121-467-1mfdv3q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/302869/original/file-20191121-467-1mfdv3q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/302869/original/file-20191121-467-1mfdv3q.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’écosystème de la foodtech française.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://lafoodtech.fr/ecosysteme/">lafoodtech.fr</a></span>
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</figure>
<p>Ce réseau est toutefois encore jeune et doit faire face à certaines limites, dont le manque et de moyens propres et une portée internationale encore trop réduite pour permettre aux entreprises de la filière agroalimentaire française d’améliorer significativement leur positionnement concurrentiel face à leurs concurrents internationaux, au premier rang desquels les entreprises américaines et chinoises.</p>
<p>Mais, cette première tentative de structuration illustre bien le fait que l’innovation et la compétitivité ne sont plus de nos jours l’affaire d’entreprises isolées, mais le fruit de la coopération au sein de communautés, ou « écosystèmes », comprenant des grandes entreprises et des start-up, des universités, des capital-risqueurs et les pouvoirs publics. Les entreprises y tissent des relations de coopération-concurrence complexes, favorisant le développement de ressources et compétences communes dans un contexte d’<a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2011-1.htm">innovation ouverte</a>, sources d’avantages concurrentiels durables.</p>
<p>Si les start-up sont les acteurs les plus visibles de la foodtech, il s’en crée une par jour en Europe, elles doivent compter avec les grands groupes industriels (agroalimentaire, électroménager) ou de services (énergie, télécommunications, distribution, restauration), qui peuvent leur <a href="https://www.challenges.fr/entreprise/grande-conso/coca-cola-european-partners-prend-25-du-capital-de-la-start-up-francaise-kol_681193">apporter des financements</a>, de l’accompagnement, de la visibilité, voire des marchés. L’innovation naît de ces écosystèmes, qui deviennent indispensables pour rattraper le retard français en matière de foodtech.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/127530/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les pouvoirs publics cherchent aujourd’hui à structurer le secteur des entreprises qui allient technologies et alimentaire pour rattraper les pays anglo-saxons ou encore l’Allemagne.Jean-Guillaume Ditter, Professeur permanent, Burgundy School of Business Sonia Lequin, ingénieur de recherche, Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1129792019-03-11T20:37:13Z2019-03-11T20:37:13ZPourquoi pense-t-on que les produits bio sont « moins bons » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/262706/original/file-20190307-82692-gq7ice.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C0%2C991%2C682&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les consommateurs peuvent percevoir les autres qualités des produits comme insuffisantes lorsque des avantages écologiques sont mis en avant.</span> <span class="attribution"><span class="source">Yamix / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Un des moyens simples de contribuer au développement durable est de faire la promotion des avantages écologiques des produits ou services (<a href="https://doi.org/10.1080/14693062.2015.1033675">Grolleau et coll., 2016</a>). Mais comment les consommateurs jugent-ils les fonctions principales des produits, notamment lorsqu’ils sont informés que les produits considérés font <em>aussi</em> état de l’engagement pro-environnemental de la part des producteurs ? Certains exemples indiquent que les individus peuvent percevoir les autres qualités de produits comme insuffisantes lorsque des avantages écologiques sont <em>également</em> mis en avant. Par exemple, <a href="https://www.wsj.com/articles/SB113581428707833414">Lieber (2005)</a> rapporte que les nettoyants verts sont perçus comme moins performants que les nettoyants traditionnels. Autrement dit, le consommateur peut penser qu’ils coûtent deux fois plus cher pour n’enlever que la moitié de la saleté.</p>
<h2>Insensibilité aux détergents verts</h2>
<p>En 2015, <a href="https://www.economist.com/business/2015/09/24/green-wash"><em>The Economist</em></a> expliquait que les fabricants de produits détergents, tout en consentant des efforts environnementaux conséquents, ne présentaient pas leurs produits comme étant plus écologiques. Selon eux, bien qu’une proportion croissante de consommateurs recherchent des produits verts, la plupart d’entre eux sont principalement intéressés par leur coût et par leur efficacité.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262682/original/file-20190307-82661-1dpab2p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les consommateurs sont davantage sensibles à l’efficacité des détergents qu’à leurs éventuelles vertus environnementales.</span>
<span class="attribution"><span class="source">VectorMan2017/Shutterstock</span></span>
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<p>« Bien ces produits devraient sembler plus attrayants que leurs homologues <em>non verts</em> pour une population soucieuse de l’environnement, la plupart des consommateurs perçoivent automatiquement ces produits comme moins efficaces, comme si ces produits écologiques ne contenaient pas le super composant chimique impératif pour leur efficacité », confirmait Dana Smith de Rice University dans un <a href="http://ricecatalyst.org/discoveries/2016/2/is-greener-cleaner">article de 2016</a>. Ryan Lupberger, fondateur de la société américaine spécialisé dans les produits d’entretien verts, soutient même que les <a href="https://consciouscompanymedia.com/sustainable-business/marketing/5-reasons-millennials-dont-buy-green-brands-better-way-reach/">« millennials » n’achètent pas de marques vertes</a> parce qu’ils pensent que ces produits, en particulier les nettoyants verts, ne sont pas aussi performants.</p>
<h2>Dilution des objectifs et biais de somme nulle</h2>
<p>Les sciences du comportement expliquent pourquoi les consommateurs peuvent percevoir à tort que les efforts d’écologisation détériorent d’autres dimensions. Il y aurait trois mécanismes principaux :</p>
<p>Premièrement, le modèle de dilution des objectifs (<a href="https://pdfs.semanticscholar.org/ee0c/ffd2cb9ed3500108855966ff6a8175283143.pdf">Zhang et coll.</a> suggère que lorsque plusieurs objectifs sont poursuivis à travers un seul moyen, les individus les perçoivent comme moins efficacement atteints que les objectifs poursuivis individuellement, peu importe la réalité objective. En effet, les individus ont tendance à croire instinctivement qu’un produit remplissant une seule fonction est meilleur en termes de performances sur cette fonction qu’un autre produit remplissant la même fonction plus des fonctions <a href="https://doi.org/10.1002/bse.2280">supplémentaires</a>.</p>
<p>L’ajout d’objectifs réduirait ou diluerait l’efficacité perçue pour atteindre chaque objectif. Zhang et ses collaborateurs ont mené six expériences dans divers domaines qui ont prouvé qu’utiliser un seul moyen (par exemple, faire de l’exercice) pour atteindre plusieurs objectifs (développer ses muscles et perdre du poids) sera jugé comme moins performant que si ce moyen n’était utilisé que pour atteindre un seul objectif (perdre du poids seulement).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262693/original/file-20190307-82672-130czcu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Mieux vaut faire du sport pour mincir uniquement plutôt que pour se muscler ET perdre du poids ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">ANRproduction/Shutterstock</span></span>
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<p>Deuxièmement, l’heuristique à somme nulle (<a href="https://doi.org/10.1509/jmkr.38.3.349.18865">Chernev, 2007</a>) suggère que les consommateurs utilisent une théorie naïve sur l’allocation des ressources des producteurs. En d’autres termes, l’augmentation de la qualité sur une dimension du produit est automatiquement compensée par la diminution de la qualité sur les autres dimensions. Le biais de somme nulle correspond à la tendance à juger intuitivement une situation comme étant à somme nulle : les ressources investies dans une dimension sont automatiquement compensées par une perte équivalente de ressources non investies dans d’autres dimensions.</p>
<p>En ce qui concerne les produits annoncés comme étant écologiques, ce biais pousse les consommateurs à penser que le fait de consacrer des ressources pour générer des avantages écologiques implique nécessairement que le producteur investit moins de ressources dans d’autres dimensions de la qualité. Par conséquent, les consommateurs peuvent percevoir les produits verts comme un sacrifice de la qualité fondamentale du produit.</p>
<h2>La cas du vin bio</h2>
<p>Troisièmement, les individus pensent souvent que l’adoption d’alternatives vertes est souvent associée à une sorte de <a href="https://doi.org/10.1111/kykl.12186">sacrifice</a>, notamment en termes de performance. Par exemple, moins chauffer sa maison ou son bain pour diminuer ses consommations d’énergie est généralement synonyme d’une certaine dégradation de la qualité de vie.</p>
<p>Quid du vin ? Les consommateurs apprécient <a href="https://hbr.org/2018/04/how-organic-wine-finally-caught-on?referral=03759&cm_vc=rr_item_page.bottom&fbclid=IwAR34fa9UVgSfA4r57XidPlhevrfravHP3ffLIz612JX4DBO8EoeUJBjaP_Y">désormais</a> et cherchent à acheter un vin pour lequel le producteur a fait des efforts, notamment environnementaux, dans la production. Le vin bio, qui pendant longtemps a souffert d’une perception négative de la part des consommateurs, a aujourd’hui dépassé cette image.</p>
<p>Pourquoi ? Le consommateur pourrait penser intuitivement que des ressources investies dans le processus de certification bio ne seront plus disponibles pour atteindre les autres objectifs (qualités gustatives notamment). Surtout, l’engagement environnemental d’un producteur ne peut pas être vérifié par les consommateurs au moment de l’achat ou de la consommation. Ces derniers doivent donc faire appel à des tiers crédibles (labels, certificats, tradition, etc.).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/262700/original/file-20190307-82695-1yql3v6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les consommateurs sont désormais sensibles aux efforts environnementaux des producteurs de vins, ce qui n’a pas toujours été le cas.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mateusz Gzik/Shutterstock</span></span>
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<p>Dans le cas du vin, les programmes d’éco-étiquetage réussis ont justement résolu ce problème d’asymétrie de l’information. Par exemple, en Bourgogne, depuis que les grands domaines ont commencé à révéler qu’ils sont bio depuis toujours, les autres producteurs n’ont plus de réticence à poser le label sur leurs vins. Ces tiers ont notamment en transformé un attribut de croyance (le consommateur pense que c’est bio mais ne peut en être sûr), en attribut de recherche (un élément tangible qui pèse dans la décision d’achat). En conséquence, les programmes ont réduit l’incertitude des consommateurs concernant la validité de leurs achats environnementaux.</p>
<p>La leçon à tirer de cas est qu’il est naturel d’informer les consommateurs d’une amélioration qui compte, en particulier si la dimension améliorée n’affecte pas objectivement (et subjectivement) d’autres dimensions. Et pour ce qui est du vin, il semblerait qu’efforts environnementaux et qualité aillent désormais dans le <a href="https://www.wine-economics.org/aawe/wp-content/uploads/2016/12/Vol11-Issue03-Does-Organic-Wine-Taste-Better-An-Analysis-of-Experts-Ratings.pdf">même sens</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/112979/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le consommateur estime inconsciemment que la poursuite d’un objectif de production bien précis se fait au détriment des autres caractéristiques du produit.Angela Sutan, Professeur en économie comportementale, Burgundy School of Business Gilles Grolleau, Chercheur en économie comportementale, Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/930342018-04-10T19:38:29Z2018-04-10T19:38:29ZCompétence en anglais : l’obsédante question de la certification en langues<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/213928/original/file-20180409-114121-35kut9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C4%2C3180%2C1925&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comment être sûr que l'étudiant pourra un jour travailler dans une autre langue ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/141187/">VisualHunt</a></span></figcaption></figure><p>Le 23 février dernier, lors de son déplacement à l’<em>EDHEC Business School</em> de Croix dans le Nord, le premier ministre Édouard Philippe a fait une déclaration portant sur les enjeux de la maîtrise de l’anglais chez les lycéens et les étudiants, notamment dans le but d’augmenter les exportations et de réduire le déficit commercial français.</p>
<p>Il a mentionné l’intérêt de faire certifier ce niveau d’anglais, notamment par le biais de certifications externes aux systèmes d’enseignement secondaire et supérieur français (c’est-à-dire en faisant appel à des organismes anglo-saxons privés).</p>
<p>Comme le note <a href="https://bit.ly/2IHcrf1">Pierre Frath</a>, les linguistes seraient donc inaptes à l’évaluation de leurs propres élèves et étudiants :</p>
<blockquote>
<p>« […] il semble acquis pour la plupart des collègues que les certifications externes sont les seules à pouvoir assurer des évaluations crédibles. Mais si les universités ont le droit légitime de décerner des licences de mathématiques ou de droit, pourquoi ne pourraient-elles pas certifier les langues ? » (<a href="http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article4406">Pierre Frath. 2O12</a>)</p>
</blockquote>
<p>Cette question s’inscrit dans une réflexion plus large sur la mise en place d’une <a href="https://theconversation.com/reflechir-aux-demarches-qualite-dans-lenseignement-superieur-partage-dexperiences-87290">démarche qualité appliquée à l’enseignement supérieur français</a>.</p>
<p>Par exemple, certaines écoles d’ingénieurs et écoles de commerce choisissent de faire labelliser leurs formations dans le cadre d’accréditations délivrées par des organismes internationaux.</p>
<p>Cette démarche ne vise pas la validation du niveau des étudiants. Elle porte sur des indicateurs de qualité des formations, beaucoup plus globaux, tels que la qualité de la mission de l’établissement et de son corps professoral, la stabilité de la gouvernance et la cohérence globale des dispositifs. Dans ce cadre, la certification d’un niveau de compétence en langues est-elle justifiée ?</p>
<p>Pourquoi la démarche qualité ne s’appliquerait-elle pas aux formations en langues dont tout le monde s’accorde à dire qu’elles constituent un atout pour l’internationalisation des formations et l’insertion professionnelle ?</p>
<h2>Pistes et impasses de la certification à grande échelle</h2>
<p>Si les niveaux B2 et C1 du CECRL émergent actuellement comme des points de repère en Licence et en Master (<a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid92442/pour-une-societe-apprenante-propositions-pour-une-strategie-nationale-de-l-enseignement-superieur.html">Béjean & Monthubert</a>, 2015 : 70 ), nous savons également que la question de la compétence est aussi une affaire de contenu en ce qu’elle englobe des savoir-faire en langue pour affronter les situations du monde professionnel et la diversité linguistique (<a href="http://www.ciep.fr/sites/default/files/atoms/files/rapport-d-enquetes-lemp.pdf">Rapport LEMP 2015</a>).</p>
<p>La mesure de la compétence des étudiants suppose donc, d’une manière ou d’une autre, la simulation de situations d’échanges crédibles et relativement complexes (<a href="https://bit.ly/2HmaFAd">Douglas, D. 2001</a>).</p>
<p>Dans ce cadre, les différentes approches de la certification sont-elles de bons indicateurs ? L’approche structuro-psychométrique – le Test of English for International Communication (TOEIC) et Test of English as a Foreign Language (TOEFL) – est certes attractive à première vue mais elle a des effets négatifs (<em>washback effect</em>) sur la formation proposée en amont. Celle-ci est souvent réduite à l’entraînement à un test qui ne rend pas véritablement compte d’un besoin aussi fondamental que la capacité à interagir.</p>
<p>L’approche actionnelle du Certificat de compétences en langues de l’enseignement supérieur (CLES) est certes beaucoup plus pertinente en ce qu’elle teste cette capacité d’interaction mais son manque d’adéquation avec la spécialité fine des étudiants et le coût (humain et organisationnel) d’une mise en place à grande échelle sont des obstacles majeurs à sa généralisation.</p>
<h2>Concevoir la compétence en anglais pour l’insertion professionnelle et académique</h2>
<p>La compétence en anglais dans le monde professionnel d’aujourd’hui est le reflet d’une compétence métier.</p>
<p>Par exemple, la compétence en anglais d’un ingénieur en informatique suppose non seulement qu’il ou elle maîtrise la terminologie et les genres de son métier (rapport technique, procédures, etc.), mais qu’il ou elle affronte également les situations sociales d’échanges parfois très diverses (échanges informels entre collègues, réunion avec des inconnus) dans différents modes (face-à-face, courriers électroniques, conférences téléphoniques, etc.) le tout dans une temporalité pouvant varier d’un contexte à l’autre (l’ensemble des situations énoncées précédemment accumulées en une journée ou utilisation plus ponctuelle).</p>
<p>Il est indéniable que cette complexité pose un problème de taille pour toute <a href="http://www.atilf.fr/spip.php?article4162">tentative de modélisation de la compétence en anglais de spécialité</a> en ce qu’elle dépend, au fond, de notre connaissance du « spécialisé en anglais ».</p>
<p>Mais c’est précisément cette connaissance que les anglicistes de spécialité, en France comme à l’étranger, cartographient depuis maintenant plusieurs décennies si bien qu’il est désormais possible d’envisager la conception d’un vaste ensemble de dispositifs d’évaluation pertinents pour l’attestation de la compétence en anglais à destination de domaines académiques ou professionnels très divers.</p>
<p>Ces dispositifs peuvent en effet se fonder sur les recherches actuelles portant sur la description des variétés spécialisées de l’anglais, nos connaissances des genres académiques et professionnels et, plus largement, notre connaissance de la culture des milieux spécialisés anglophones et internationaux.</p>
<p>Aujourd’hui, des modalités d’attestation des compétences en langues se développent en interne dans un nombre grandissant d’universités. Ces modalités présentent généralement de nombreux avantages tels qu’un coût très faible comparé aux certifications externes, une adéquation aux besoins des filières et la formalisation des connaissances en langue (<a href="http://journals.openedition.org/apliut/5593">Millot 2017</a>).</p>
<p>Alors pourquoi, lorsqu’elles existent, sont-elles largement méconnues des décideurs ?</p>
<p>La première cause tient à un problème de fond lié à la place souvent mineure accordée aux <a href="https://theconversation.com/non-brian-nest-pas-dans-la-cuisine-il-est-au-boulot-quelle-formation-linguistique-pour-les-etudiants-non-linguistes-75671">formations en langues de spécialité dans les universités</a>. Il s’ensuit que les équipes de linguistes sont peu nombreuses et tendent à se tourner vers des solutions « clé en main » faute de pouvoir consacrer suffisamment de temps au développement de dispositifs d’attestation formelle des compétences.</p>
<p>La deuxième tient à la pression commerciale exercée sur les établissements d’enseignement supérieur par des organismes de certification qui, pour la cause précédemment évoquée, formulent des offres sans que les établissements ne soient véritablement en mesure de proposer de contre-offre crédible et reconnue.</p>
<p>La troisième raison découle des deux premières et résulte en une croyance selon laquelle les certifications « externes » seraient les plus à même d’attester efficacement et formellement des compétences. Cette croyance, manifestement relayée au plus haut niveau de l’État, pourrait conduire – conduit déjà ? – à nombre d’effets pervers comme l’accroissement de l’investissement en direction de l’attestation au détriment de la formation.</p>
<p>De la même manière que le thermomètre ne saurait ralentir le réchauffement climatique, la certification systématique ne saurait augmenter massivement le niveau de compétence de nos étudiants. En revanche, il y a fort à parier qu’elle expose, de manière étroite mais avec grande netteté, les dysfonctionnements d’un système parfois à bout de souffle.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/93034/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Séverine Wozniak est membre du Groupe d'étude et de recherche en anglais de spécialité (GERAS).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cédric Sarré est membre du Groupe d'Etude et de Recherche en Anglais de Spécialité (GERAS). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Philippe Millot est membre du GERAS</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Valérie Braud est membre du GERAS.</span></em></p>Pourquoi la démarche qualité ne s’appliquerait-elle pas aux formations en langues qui constituent un atout pour l’internationalisation des formations et l’insertion professionnelle ?Séverine Wozniak, Maître de conférences en anglais de spécialité, Université Grenoble Alpes (UGA)Cédric Sarré, Maître de conférences en anglais et didactique des langues, Sorbonne UniversitéPhilippe Millot, Associate professor, Université Jean-Moulin Lyon 3Valérie Braud, Professeur agrégée d'anglais, Département Langues et Cultures, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/901402018-01-25T21:21:01Z2018-01-25T21:21:01ZQue mettre dans son assiette pour manger « durable » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/203248/original/file-20180124-107950-9lreey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C55%2C7337%2C4297&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les consommateurs n’ont pas toujours conscience des conséquences de leur consommation. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/young-woman-shopping-grocery-store-mature-675852160">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Au-delà des enjeux pour notre santé, les aliments que nous consommons ont aussi un impact sur la santé de la planète ; des indicateurs ont souligné ces dernières années une dégradation de l’environnement et de la biodiversité imputable à certaines pratiques agricoles et certains modes de consommation.</p>
<p>On observe ainsi en France un <a href="http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim1/biblio/pigb17/05_oiseaux.htm">déclin particulièrement élevé du nombre d’oiseaux</a>. Cela est dû à la pollution causée par l’utilisation de produits phytosanitaires et l’intensification des activités humaines. Il s’agit d’un enjeu important : d’après la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), 35 % de la production agricole globale dépendent de la pollinisation.</p>
<p>Il faut également noter une qualité des eaux de rivière <a href="http://www.lemonde.fr/pollution/article/2017/10/17/la-qualite-de-l-eau-se-degrade-encore-en-france_5201907_1652666.html">fortement dégradée</a> par ces mêmes pollutions chimiques issues des activités agricoles. Rappelons enfin qu’en France, l’agriculture contribue à hauteur de <a href="https://www6.paris.inra.fr/depe/Projets/Agriculture-et-GES">20 % aux émissions de gaz à effet de serre</a> dont l’accumulation dans l’atmosphère perturbe le climat.</p>
<h2>Moins de viande</h2>
<p>L’un des leviers pour lutter contre ces dégradations consiste à impliquer les consommateurs pour qu’ils orientent leurs achats vers des aliments plus respectueux de l’environnement. Des travaux de recherche récents – dont ceux de l’IPBES qui rendra ses résultats en mars 2018 – s’intéressent à ces <a href="http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1082013215572029">enjeux environnementaux et nutritionnels</a> de la consommation alimentaire.</p>
<p>Citons à titre d’exemple le Fonds mondial pour la nature <a href="https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2017-11/171109_rapport_vers_une_alimentation_bas_carbone_saine_abordable_0.pdf">(WWF) et ECO₂ Initiative</a> qui se sont basés sur des travaux scientifiques pour proposer des évolutions possibles.</p>
<p>Les principaux changements qu’ils pointent consisteraient en une réduction de la proportion de viande et de poisson au profit des légumineuses (haricots, lentilles, pois, soja, etc.) et des tubercules (pommes de terre, topinambour, navet, panais, etc.) ; ainsi qu’une réduction de la proportion des aliments transformés industriels, au profit d’une augmentation de la proportion de fruits, de légumes et de céréales complètes.</p>
<p>Dans leur rapport, WWF et ECO<sub>2</sub> proposent de ne manger ni viande ni poisson 3 jours par semaine. Cela correspond à une <a href="https://www.wwf.fr/vous-informer/actualites/pour-le-meme-prix-manger-mieux-tout-en-reduisant-notre-impact-sur-la-planete-cest-possible">diminution de 31 %</a> de la consommation de viande et de 40 % de la consommation de poisson.</p>
<p>Il est également possible d’envisager, à budget égal, une alimentation plus équilibrée, comportant des aliments de qualité en privilégiant des produits certifiés ou labellisés (comme les produits bio ou Label Rouge). En effet, selon ce même rapport, la baisse du coût du panier alimentaire obtenue grâce à la diminution de la consommation de viande et de poisson permet d’introduire environ 50 % d’aliments labellisés.</p>
<p>Selon de nombreuses études, une réduction de la consommation de <a href="https://www.unece.org/fileadmin/DAM/env/documents/2014/AIR/WGSR/westhoek_et_al_2014_food_choice.pdf">viande bovine</a> aurait un poids important pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la santé des consommateurs à long terme. Consommer de la viande ne serait pas un non-sens environnemental, à condition qu’elle provienne d’élevages au moins partiellement élevés en plein air ; car les prairies permettent la séquestration du carbone dans le sol.</p>
<p>Une évolution vers des modes d’élevages avec des animaux en plein air permettrait ainsi de préserver ces prairies et donc de séquestrer du carbone. Le bétail consommerait plus d’herbe, réduisant les surfaces agricoles destinées à la production de l’alimentation animale.</p>
<h2>Produire de « meilleurs » aliments</h2>
<p>D’<a href="http://presse.inra.fr/Communiques-de-presse/Developpement-et-innovation-en-agriculture-biologique">autres travaux de recherche</a> s’intéressent à l’amélioration des aliments. Un développement de l’alimentation bio peut être considéré comme un moyen crédible de réduire l’<a href="http://inra.dam.front.pad.brainsonic.com/ressources/afile/234150-6a298-resource-expertise-pesticides-synthese.html">utilisation de pesticides</a> qui dégradent l’état écologique des eaux douces de surface et des eaux côtières, réduisent la biodiversité terrestre et causent la surmortalité des abeilles.</p>
<p>Le développement des légumineuses peut également être envisagé : elles sont en effet particulièrement riches en protéines végétales, en fibres et en minéraux, et elles constituent aussi un excellent moyen d’enrichir les parcelles en fixant l’azote dans le sol, avant de planter les cultures suivantes comme le blé ou le maïs. Cela peut permettre une <a href="https://www.nature.com/articles/sdata201684">économie de 20 %</a> sur les engrais azotés utilisés, contribuant aux émissions de protoxyde d’azote, qui est un gaz à effet de serre.</p>
<p>Bien évidemment, ces pratiques sont pour la plupart très techniques et difficiles à communiquer de manière simple aux consommateurs.</p>
<h2>Comment bien informer ?</h2>
<p>Il n’existe pas aujourd’hui d’obligation d’information des consommateurs sur l’impact environnemental des produits alimentaires. Et l’information disponible ne permet souvent pas aux consommateurs de prendre en compte les caractéristiques environnementales des produits, ni de rémunérer les efforts des producteurs cherchant à développer des pratiques durables, surtout lorsque ces bonnes pratiques n’ont que peu ou pas d’impact sur la qualité organoleptique – à savoir, le goût, l’odeur, la texture en bouche, etc. – et nutritionnelle des aliments.</p>
<p>Cette absence d’information réglementée laisse place à une prolifération de certifications et labels, allégations et mentions plus ou moins liés à l’environnement.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=348&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/201947/original/file-20180115-101498-hv773i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=437&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Par ailleurs, les consommateurs n’ont pas toujours conscience de certaines conséquences de leurs pratiques de consommation comme le gaspillage, les pollutions liées à leurs déplacements pour se rendre au supermarché, ou encore le recyclage imparfait des emballages.</p>
<p>Il serait donc intéressant de s’orienter vers des indicateurs synthétiques et simples à interpréter, associant des couleurs et des lettres, comme ceux indiquant la consommation d’énergie de certains appareils ménagers <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tiquette-%C3%A9nergie">(« l’étiquette énergie »)</a>.</p>
<p>Comme les atteintes à l’environnement sont diverses, complexes et ne font pas consensus dans le monde scientifique, une telle démarche, avant d’être validée, demanderait des recherches sur le contenu, la forme et l’impact de telles informations environnementales sur les comportements alimentaires.</p>
<h2>Au-delà de l’information et des labels</h2>
<p>Face à ces limites des stratégies d’information, d’autres instruments peuvent être utilisés pour venir compléter les labels, à l’image des mécanismes de taxation ou de subvention en fonction du type de produits (respectueux ou non de l’environnement)… même si les consommateurs acceptent parfois de payer plus cher pour conserver leur habitude alimentaire.</p>
<p>Il existe également des normes et des standards imposant un niveau minimal de qualité et/ou de sécurité. C’est par exemple le cas des seuils maximaux de résidus de pesticides dans les aliments ou dans l’eau. Ce pourrait être également le cas concernant une obligation de compléter l’alimentation des vaches laitières <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0306919214000505">par des graines de lin</a>, ce qui réduirait les émissions de méthane par les vaches et augmenterait la teneur en oméga-3 du lait.</p>
<p>Les standards présentent cependant l’inconvénient de réduire la diversité des produits, chaque producteur étant incité à produire un bien satisfaisant juste le niveau minimal de qualité. Ils restreignent également la concurrence en excluant du marché les entreprises incapables de supporter l’augmentation du coût de production liée notamment à l’utilisation de nouveaux procédés de production.</p>
<p>En attendant que les marchés et la réglementation politique mettent en place ces instruments pour orienter les consommateurs vers des produits alimentaires respectueux de l’environnement, il incombe à chacun de s’interroger sur l’impact de ses pratiques environnementales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/90140/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stephan Marette a reçu des financements de la Commission européenne, de l’Agence nationale de la recherche et de la Fondation Carasso. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maïmouna Yokessa a reçu des financements de la région Île-de-France. </span></em></p>Moins de viande, plus de légumineuses et un étiquetage digne de ce nom sur l’impact environnemental des aliments, voici quelques-unes des pistes pour faire rimer alimentation et développement durable.Stephan Marette, Directeur de recherche à l’INRA, économiste, AgroParisTech – Université Paris-SaclayMaïmouna Yokessa, Doctorante, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/866002017-11-05T22:06:37Z2017-11-05T22:06:37ZLe rôle des agences françaises d’évaluation et d’accréditation dans l’enseignement supérieur<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/193287/original/file-20171104-1017-1sg7x8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Diplôme d'ingénieur.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cadrescfdt.fr/sites/default/files/styles/page_actualite_750x360/public/fotolia_27260782_xs.jpg?itok=cJmDkJpV">Fotolia XS</a></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte est publié dans le cadre du <a href="http://www.colloqueannuel.auf.org/">colloque annuel de l’Agence Universitaire de la Francophonie</a> du 7 et 8 novembre 2017 à Beyrouth sur le thème « La francophonie universitaire face au défi de la qualité : pour un rapprochement des forces ».</em></p>
<hr>
<p>La CTI (<a href="https://www.cti-commission.fr/">Commission des titres d’ingénieur</a>) – créée par l’État français en 1934 – est, au sein de l’ensemble des agences qualité concernant l’enseignement supérieur français, avec le <a href="http://www.hceres.fr/">HCERES</a> (Haut Conseil à l’évaluation de la recherche dans l’enseignement supérieur) – créé en 2007 sous le nom initial d’AERES – , l’une des agences les plus importantes en terme de nombre de missions accomplies chaque année.</p>
<p>La CTI s’intéresse uniquement aux formations d’ingénieur et son rôle est d’accréditer les écoles d’ingénieurs à délivrer le titre d’ingénieur diplômé à leurs diplômés. Son rôle est analogue à celui de la <a href="https://www.cefdg.fr/">CEFDG</a> pour les écoles de management.</p>
<h2>Un travail d’évaluation paritaire</h2>
<p>La particularité majeure de la CTI est sa composition paritaire, en effet l’assemblée plénière qui vote les décisions d’accréditation est composée de 32 membres : 16 sont issus du monde académique et 16 proviennent du monde socio-économique.</p>
<p>Après écriture par l’école de son rapport d’auto-évaluation, une visite d’audit est effectuée par une équipe de membres et experts de parités complémentaires incluant un expert étudiant. L’équipe d’audit rédige ensuite un rapport et effectue une présentation de ses observations devant une assemblée plénière qui vote une décision d’accréditation et formule des recommandations.</p>
<p>Il y a actuellement <a href="http://bit.ly/2A7BOCt">206 écoles d’ingénieur en France</a>. Le calendrier des évaluations CTI a beaucoup évolué : au démarrage l’ évaluation se faisait une seule fois, puis en 1997, l’évaluation est devenue périodique et en 2016, cette périodicité est passée à 5 ans pour alignement avec la contractualisation ministérielle.</p>
<h2>Des visions complémentaires</h2>
<p>Bien évidemment, l’évaluation d’une formation (incluant son recrutement et son employabilité) ne peut se faire qu’en regardant de près l’environnement de la formation en terme de gouvernance, de partenariats, mais aussi le système qualité de l’école, principal générateur de l’amélioration continue.</p>
<p>De son côté le HCERES évalue la recherche, les formations, les établissements ainsi que les politiques de site de l’enseignement supérieur. Il en résulte donc une intersection des préoccupations du HCERES et de la CTI qui peut générer pour les établissements concernés, durant l’année de contractualisation avec l’état, une charge de travail importante.</p>
<p>Depuis un an, les deux agences expérimentent des solutions sur les écoles volontaires, afin de réduire la charge de travail lors de l’auto-évaluation (dossier unique) ou lors de l’audit (audits coordonnés). Ces expérimentations nécessitent un travail d’alignement de calendrier qui se fait prudemment avant d’aboutir à une éventuelle généralisation.</p>
<h2>Un double cadre européen</h2>
<p>Il faut souligner que depuis 2007, la CTI est comme le HCERES membre d’ENQA (<a href="http://www.enqa.eu/">European Network for Quality Assurance</a>) ce qui lui impose un certain nombre d’obligations dont la prise en compte dans ses critères (R et O 2016) des <a href="http://www.enqa.eu/index.php/home/esg/">European Standards and Guidelines</a> (ESG 2015) qui évoluent régulièrement en fonction des tendances observées dans l’ESR au sein de l’UE, la dernière évolution importante étant l accroissement du rôle joué par les apprenants : l’éducation centrée sur l’étudiant.</p>
<p>L’ENQA demande aussi que les parties prenantes soient consultées lors de l’écriture du référentiel d’évaluation. La publication grand public des données certifiées des écoles effectuée annuellement sur le site de la CTI est également une résultante des standards d’ENQA.</p>
<p>La CTI est aussi accréditée par un autre organisme l’ENAEE (<a href="http://www.enaee.eu/">European Network for Accreditation of Engineering Education</a>) à délivrer aux formations qui le souhaitent le label EUR ACE ; ce label atteste de la qualité de formation à l’ingénierie des écoles et donc de leurs diplômés, et le référentiel utilisé est l’EAFSG (<a href="http://bit.ly/2lRVAPM">European Accreditation Framework Standards and Guidelines</a>) qui se présente sous forme de « standards et guidelines » destinés aux établissements évalués ainsi qu’aux agences évaluatrices. Ce référentiel est compatible avec celui de la CTI mais le label EurAce ne peut être accordé à une formation dans laquelle aucun diplômé n’est en emploi.</p>
<h2>Un volet international essentiel</h2>
<p>En 1934, le législateur avait été visionnaire puisqu’un volet international existait dans les missions initiales de la CTI. Ce volet s’est fortement développé ces dernières années selon trois axes :</p>
<ul>
<li><p>l’admission par l’État français : il s’agit au terme d’un processus classique d’auto-évaluation et d’audit de délivrer aux diplômés concernés par cette admission le droit de porter le titre d’ingénieur diplômé en France, actuellement des établissements de nombreux pays ont bénéficié de cette procédure : la Chine, la Belgique, le Viet Nam, le Maroc, le Cameroun, la Suisse…</p></li>
<li><p>la délivrance du <a href="http://bit.ly/2hFzcVt">label Eurace</a> selon les procédures de cross-accréditation définies par ENAEE</p></li>
<li><p>l’aide au montage d’agences d’accréditation d’ingénierie locales, c’est le cas actuellement avec la Tunisie, par exemple.</p></li>
</ul>
<p>Les membres de la CTI sont des bénévoles et l’agence n’a pas vocation à accréditer le monde entier ! Cependant les bonnes pratiques de l’école d’« ingénieur à la française » peuvent et doivent être disséminées et partagées lors de ces différentes procédures qui accroissent le rayonnement de l’ESR français.</p>
<p>Il est à noter que lorsqu’elle travaille à l’étranger la CTI cherche à effectuer un travail commun avec les agences locales et éventuellement le poste diplomatique français, l’AUF, l’AFD…</p>
<p>Pour certaines opérations un travail commun avec le HCERES est en cours : label Cequint, labellisation des instituts franco-chinois.</p>
<p>Les activités agences d’évaluation et d’accréditation sont assez méconnues par le grand public. Il était important de les rappeler au moment de la réunion mondiale de l’AUF à Beyrouth ou elles participeront.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/86600/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne-Marie Jolly ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les agences dévaluation et d’accréditation : à quoi servent‑elles ? Comment sont‑elles régulées au niveau européen ? Quel est leur impact à l’international ?Anne-Marie Jolly, Professeur des universités émérite, Polytech Orléans, Université d’OrléansLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/739262017-03-14T22:18:36Z2017-03-14T22:18:36ZAgriculture bio : attention au fétichisme du label<p>Beaucoup d’observateurs parlent aujourd’hui d’un « changement d’échelle » de l’agriculture biologique en France. Selon l’<a href="http://www.agencebio.org/le-marche-de-la-bio-en-france">Agence bio</a>, les ventes de produits dans ce secteur ont doublé en six ans, pour atteindre sept milliards d’euros à la fin de l’année 2016. Pour certains produits, la part de marché commence à être significative : 20 % pour les œufs et 12 % pour le lait, par exemple.</p>
<p>Le dernier <a href="http://www.agencebio.org/comprendre-le-consommateur-bio">baromètre Agence bio/CSA</a> montre également l’appréciation très positive que les Français ont de l’agriculture biologique : pour 92 % des personnes interrogées, celle-ci contribue à préserver l’environnement ; pour 88 %, elle est meilleure pour la santé ; pour 75 %, elle représente une source d’emplois ; enfin 83 % estiment avoir confiance dans les produits bio.</p>
<p>L’engouement est donc réel et ce changement d’échelle s’observe <a href="http://www.agencebio.org/la-bio-en-france">à toutes les étapes des filières</a>. Depuis 2010, les surfaces agricoles biologiques françaises ont également doublé, impliquant 12 000 exploitations supplémentaires, et le nombre des transformateurs et distributeurs proposant des produits bio a augmenté de moitié.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=306&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=385&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=385&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/160678/original/image-20170314-10751-xfu1a8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=385&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.agencebio.org/le-marche-de-la-bio-en-france">Agence Bio/ANDI</a></span>
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<h2>La peur du nivellement vers le bas</h2>
<p>Ces développements suscitent toutefois des sentiments contrastés parmi les personnes qui promeuvent l’agriculture biologique. Des craintes apparaissent face au développement de gammes de produits bio à bas prix dans la grande distribution ou la conversion récente de très grandes exploitations.</p>
<p>Certes, il s’agit là de leviers de croissance importants, mais ne risque-t-on pas d’adopter des pratiques contraires à l’<a href="http://www.novethic.fr/empreinte-terre/agriculture/isr-rse/au-salon-de-l-agriculture-un-bio-a-geometrie-variable-144309.html">« esprit de la bio »</a> ? D’aller vers des modes de production de plus en plus proches de l’agriculture industrielle ? Ou de voir se créer une bio <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/01/18/vers-une-agriculture-bio-a-deux-vitesses_5064854_3244.html">« à deux vitesses »</a> ?</p>
<p>Tous ces risques sont réels, mais la lecture des recherches en <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01447673/document">sociologie rurale</a> invite à ne pas conclure trop vite à l’inévitable « conventionnalisation » de l’agriculture biologique.</p>
<h2>L’action du label AB</h2>
<p>De nombreux facteurs seront déterminants pour l’avenir de la bio : l’évolution de la réglementation européenne, le niveau de soutien des pouvoirs publics, la capacité des producteurs à s’organiser collectivement…</p>
<p>Parmi tous les éléments déterminants, un petit objet mérite une grande attention : le <a href="http://www.agencebio.org/la-marque-ab">label AB</a>. Ce dernier est aujourd’hui un vecteur fort de la confiance des consommateurs. Il constitue une garantie reconnue, attestant du respect de règles précises, interdisant notamment l’usage de pesticides de synthèse.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/160680/original/image-20170314-10727-u1a261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Rayon bio dans un magasin Leader Price.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/padorange/3556071323/in/photolist-6qeN7x-fTEhC">Pierre-Alain Dorange/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Cette garantie est d’ailleurs d’autant plus nécessaire que le marché s’étend vers les circuits conventionnels de la grande distribution ou de l’industrie agroalimentaire. En l’absence des producteurs, présents dans la vente directe, ou d’une histoire militante, que l’on retrouve dans certains réseaux de magasins spécialisés, le label incarne à lui seul la promesse de différence de l’agriculture biologique. À lui seul, il permet au consommateur de projeter toute une série de bénéfices attachés à ses choix de consommation.</p>
<p>Mais l’action du label ne s’arrête pas là. S’il est un vecteur d’information, permettant de différencier les produits bio des produits non bio, il tend aussi à masquer la diversité des agricultures biologiques. C’est ce que j’appelle, en référence au « fétichisme de la marchandise » autrefois décrit par Karl Marx, un <a href="http://www.pressesdesmines.com/sciences-sociales/sociologie-des-systemes-alimentaires-alternatifs.html?options=cart">« fétichisme du label »</a> : l’incapacité à voir la diversité d’organisation existant derrière le seul label.</p>
<p>Le label AB ne dit, par exemple, rien de la taille des exploitations ou des conditions d’embauche des ouvriers agricoles. Il ne permet pas non plus de distinguer les démarches plus exigeantes, qui vont bien au-delà des attentes de la réglementation.</p>
<p>Par exemple, des producteurs légumiers <a href="http://ageconsearch.umn.edu/bitstream/196594/2/94-(1), %2065-92.pdf">refusent d’utiliser les semences CMS</a>, qu’ils considèrent comme des OGM, alors qu’elles sont autorisées en bio. De même, des éleveurs bovins alimentent presque exclusivement leurs bêtes avec des rations produites sur leur ferme, alors que le label n’exige que cela soit réalisé qu’à hauteur de 60 %. Sur un autre plan, des transformateurs et distributeurs établissent avec des producteurs des partenariats inspirés du commerce équitable.</p>
<p>Même si cela n’est pas systématique, beaucoup de ces démarches se soldent par des coûts de production plus élevés que ceux qui résultent d’une bio calée sur la réglementation.</p>
<h2>Se distinguer pour exister</h2>
<p>Il n’est pas difficile d’imaginer le scénario catastrophe qui pourrait découler de ce fétichisme du label.</p>
<p>La bio à deux vitesses ne serait qu’un état provisoire. Dans un marché concurrentiel, les offres les plus exigeantes seraient condamnées, en raison de leurs prix plus élevés, à être supplantées par les offres qui le sont moins. Toute la bio se ferait au minima de la réglementation, ce qui n’est pas rien, mais qui est tout de même en dessous de beaucoup de pratiques actuelles.</p>
<p>Ce risque est parfaitement connu des professionnels de la bio. Pour le contrer, ils développent toute une série de <a href="http://www.cairn.info/revue-pour-2015-3-p-89.htm">nouveaux signes distinctifs</a>, supposés agir en complément du label AB.</p>
<p>La Fédération nationale d’agriculture biologique, principal réseau d’agriculteurs bio français, s’investit depuis plusieurs années dans le développement d’une marque nommée <a href="http://www.biocoherence.fr/">« Bio Cohérence »</a>, rattachée à un cahier des charges plus exigeant que la réglementation. Des groupements de producteurs communiquent de même sur leurs modes de production spécifiques à travers leurs marques propres (par exemple <a href="http://www.biobreizh.org/">« Biobreizh »</a> pour l’Association des producteurs de fruits et légumes biologiques de Bretagne). Des entreprises agro-alimentaires ont initié la certification <a href="http://www.biopartenaire.com/">Bio Partenaires</a> pour identifier des filières bio françaises inspirées des principes du commerce équitable. Le réseau Biocoop rappelle au quotidien à ses clients, dans ses magasins ou sur son site Internet, qu’il s’engage sur une forme de bio <a href="http://www.biocoop.fr/La-bio/la-bio-selon-biocoop">« différente de ce qui se fait par ailleurs »</a> …</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/MMaomZLOczk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Présentation de l’association Biobreizh (APFLBB Biobreizh, 2016).</span></figcaption>
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<h2>Une consommation réflexive</h2>
<p>Il s’agit désormais de savoir jusqu’à quel point ces signes de qualité supplémentaires permettent de contrer le fétichisme du label. Les consommateurs leur accordent-ils de la valeur ?</p>
<p>Chacun peut être tenté de considérer que tous ces ajouts ne font finalement que créer de la confusion, et de conclure à la force renouvelée du fétichisme du label. Pourtant, bien que proposant des prix généralement plus élevés que la grande distribution, le réseau de boutiques Biocoop <a href="http://www.lineaires.com/LA-DISTRIBUTION/Les-actus/La-croissance-spectaculaire-de-Biocoop-48196">se développe rapidement</a>. Pourtant, de nombreux ménages font le choix de privilégier les circuits courts pour s’approvisionner en bio.</p>
<p>Ces tendances invitent à plutôt considérer la capacité des consommateurs, au moins d’une partie d’entre eux, à faire face à des messages complexes et à engager une consommation réflexive, allant au-delà d’un achat un peu automatique de la bio pour la bio.</p>
<p>Fétichisme du label ou non ? L’avenir nous le dira. Le marché de la bio actuellement en forte croissance s’accommode finalement bien de jeux de différenciation qui l’animent. Mais l’on voit aussi les efforts répétés, et les paris sur le comportement des consommateurs, que la création de cette différenciation nécessite.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/73926/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ronan Le Velly a reçu des financements de l’Agence nationale de la recherche. </span></em></p>Le label AB, conçu pour orienter le choix des consommateurs vers des produits durables, cache une grande hétérogénéité de la production bio française.Ronan Le Velly, Maître de conférences en sociologie, Montpellier SupAgroLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/683182016-11-27T22:07:18Z2016-11-27T22:07:18ZLes AMAP, l’économie collaborative les pieds sur terre<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/147417/original/image-20161124-15359-18woqs0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Distribution de légumes organisée par l’AMAP de Barsac, en 2012. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.adiu.fr/a/index.php/BioService/AMAP">Adiu Sud Gironde</a></span></figcaption></figure><p>Mises en place en France au début des années 2000, les Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) constituent une forme originale de réseau agro-alimentaire alternatif profondément enraciné dans le territoire.</p>
<p>Près de 1 600 AMAP participeraient actuellement en France à l’instauration de circuits de vente directe et concerneraient environ <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/04/02/succes-pour-les-paniers-paysans-des-amap_1679057_3244.html">270 000 consommateurs</a>, soucieux de <a href="http://miramap.org/LA-CHARTE-DES-AMAP-2014.html">contribuer</a> à une « agriculture socialement équitable et écologiquement soutenable ». Des chiffres qui font de l’Hexagone un champion dans ce domaine en Europe.</p>
<h2>Un engagement financier et associatif</h2>
<p>S’inspirant des modèles japonais du <em><a href="https://www.canal-u.tv/video/universite_toulouse_ii_le_mirail/teikei_ou_amap_initiatives_feminines_autour_des_experiences_de_circuits_courts_comparaison_france_japon_hiroko_amemiya.11402">Teikei</a></em> et américain de la Community Supported Agriculture <a href="http://www.localharvest.org/csa/">(CSA)</a>, elles sont basées sur des relations de solidarité construites entre des producteurs agricoles et des collectifs de consommateurs. Elles entrent ainsi dans le champ de l’économie collaborative, particulièrement précieuse dans un contexte national de crise agricole.</p>
<p>Ces collaborations de proximité sont matérialisées par la signature de contrats ; ces derniers stipulent un partage des risques liés aux aléas de la production grâce à l’achat à l’avance de parts de récolte par le collectif de consommateurs. Ce contrat repose par ailleurs sur la remise hebdomadaire de paniers de produits frais récupérés sur un lieu de distribution unique.</p>
<p>Si l’engagement du consommateur amapien est financier, il est également associatif, puisque sa participation à la vie de l’exploitation est prévue dans l’accord passé avec son AMAP.</p>
<h2>Soutenir l’entrepreneuriat agricole</h2>
<p>Nos travaux sur la coopération amapienne (qui seront publiés en intégralité dans la <a href="http://revueinternationalepme.com/ojs/index.php/ripme"><em>Revue Internationale PME</em></a>) soulignent le rôle des AMAP dans la création de nouvelles entreprises agricoles ou le maintien d’activités déjà existantes. Un président d’AMAP, que nous avons eu l’opportunité d’interviewer, déclare ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« Nos producteurs ont à peu près une moyenne d’âge de trente ans. C’est vrai que c’est quand même ça qui est intéressant de se dire de pouvoir aider des jeunes à vivre, à développer leur activité. Dans les années 1950-1970, il y avait beaucoup de petites fermes, de petites structures. Après, dans les années 1980, il a fallu abolir toutes ces petites structures pour passer sur des plus grosses. Je pense que tous ces jeunes qui s’installent en agriculture biologique repartent sur de petites structures, ils essaient de relancer le circuit court. »</p>
</blockquote>
<p>Notons que la vente directe prévue par les dispositifs amapiens implique que l’entrepreneur agricole développe ses compétences relationnelles et commerciales pour fidéliser ses consommateurs-adhérents.</p>
<h2>Essaimer</h2>
<p>Certaines AMAP se caractérisent d’autre part par une activité <a href="http://www.lexpress.fr/emploi/emploi-salaries-et-entrepreneurs-dans-leur-propre-boite_1105903.html">« intrapreneuriale »</a>, avec des actions d’essaimage initiées par des consommateurs-adhérents qui créent de nouvelles AMAP.</p>
<p>Ces actions ont pour objectif de diffuser un esprit de solidarité envers les petits producteurs et de mieux répondre aux attentes des consommateurs via une proximité géographique plus forte du lieu de distribution :</p>
<blockquote>
<p>« Les copains de l’AMAP se sont proposés pour prendre en charge les tâches administratives que je faisais sur cette AMAP-là, pour me dégager du temps et aider à la création d’autres AMAP. […] On se refuse d’être trop gros. On limite à une cinquantaine de personnes le nombre de places. […] À partir d’un certain stade, les gens ne s’impliquent plus de la même façon ou ne s’impliquent plus. […] Et dans les AMAP qu’on a aidé à démarrer, on a toujours conseillé de rester à taille humaine, c’est-à-dire cinquante, soixante grand maximum. »</p>
</blockquote>
<h2>Une solidarité assortie de garanties</h2>
<p>La solidarité à l’égard d’un petit producteur, le souhait d’une consommation plus responsable, la proximité géographique ou bien encore le militantisme ne sont pas les seuls facteurs explicatifs de la croissance et de la durabilité d’une AMAP.</p>
<p>La certification biologique, bien que non obligatoire, entre également en jeu en donnant des gages officiels de sécurité quant à la qualité du processus de production, souvent difficile à évaluer.</p>
<p>Une productrice, interrogée lors de nos enquêtes, insiste particulièrement sur le rôle du label :</p>
<blockquote>
<p>« Ils les [créateurs de l’AMAP] sont venus voir sur mon exploitation… Aussi, quand on a commencé l’AMAP, je n’étais pas en reconversion bio, et, comme ils m’ont demandé d’avoir le label, pour leur prouver qu’ils pouvaient avoir confiance aussi en moi, j’ai demandé le label. Donc on a été en reconversion bio pendant trois ans et j’ai eu mon label au mois de mai. J’étais fière de leur montrer au barbecue cet été et ils m’ont même offert un beau panneau AB. […] C’est une question de confiance par rapport au produit. S’il y a un label, c’est qu’ils sont sûrs que les produits ont été contrôlés […], et ils sont sûrs d’avoir dans leurs assiettes des produits sains. »</p>
</blockquote>
<p>La labellisation biologique est d’autant plus importante que, dans certains cas, les consommateurs adhérents ne sont pas spécialement à la recherche d’interactions sociales avec le producteur agricole, comme nous l’a rapporté un autre entrepreneur agricole :</p>
<blockquote>
<p>« Il y a des gens qu’on voit qui sont là trois minutes et puis des gens qui traînassent, qui sont heureux d’être là, qui discutent l’un avec l’autre, voilà, qui voient tout le monde. Je pense que, pour eux, c’est un grand lieu de convivialité et d’échanges. Du coup, c’est un moment agréable pour eux, je pense. En tout cas, pour certains Amapiens, ça se voit bien. Il y en a d’autres, ils viennent chercher leur panier, ils ne cherchent pas à discuter et repartent. C’est très très variable. »</p>
</blockquote>
<p>Cette implication limitée de certains consommateurs s’explique notamment par le caractère relativement contraignant de la coopération amapienne (engagement contractuel, participation à l’organisation de la distribution hebdomadaire et/ou à la vie de l’exploitation, légumes à cuisiner chaque semaine, etc.) et l’apparition d’autres formes concurrentes de distribution sans engagement contractuel telles que le réseau de La <a href="https://reporterre.net/La-Ruche-qui-dit-oui-uberise-t-elle-le-systeme-Amap">Ruche qui dit oui</a> ou bien encore des initiatives de la grande distribution.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68318/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Samuel Grandval a reçu des financements de la région Normandie pour ses recherches sur les AMAP dans le cadre du programme Grand réseau de recherche « Logistique, mobilité, numérique » .</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sonia Aissaoui a reçu des financements de la région Normandie pour sa thèse de doctorat dans le cadre du programme Grand réseau de recherche « Logistique, mobilité, numérique ». </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pascale Bueno Merino ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les Associations pour le maintien de l'agriculture paysanne (Amap) fournissent fruits et légumes en circuits courts à près de 300 000 personnes en France.Pascale Bueno Merino, Professeur de management stratégique, directrice de la recherche, EM NormandieSamuel Grandval, Maître de conférences HDR en sciences de gestion, Université Le Havre NormandieSonia Aissaoui, ATER, Docteur ès Sciences de Gestion, Université Le Havre NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.