tag:theconversation.com,2011:/uk/topics/tempete-68240/articlestempête – The Conversation2022-12-16T14:40:28Ztag:theconversation.com,2011:article/1944142022-12-16T14:40:28Z2022-12-16T14:40:28ZVoici pourquoi il est déconseillé de prendre une douche pendant un orage<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/495156/original/file-20221114-18-q4e8bi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C2%2C989%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En règle générale, si vous pouvez entendre le tonnerre au loin, alors vous êtes suffisamment proche de l’orage pour que la foudre vous atteigne, même s’il n’y a pas de pluie.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le <a href="https://www.metoffice.gov.uk/">Met Office</a>, service national britannique de météorologie, a émis plusieurs « alertes d’orages jaunes » pour le Royaume-Uni, soulignant le <a href="https://www.metoffice.gov.uk/about-us/press-office/news/weather-and-climate/2022/days-of-thunder-ahead-for-some">potentiel d’éclairs fréquents</a>. Bien que la probabilité que vous soyez frappé par un éclair soit faible, il est important de savoir comment demeurer en sécurité pendant un orage. Chaque année dans le monde, environ 24 000 personnes sont <a href="https://www.vaisala.com/sites/default/files/documents/Annual_rates_of_lightning_fatalities_by_country.pdf">tuées par la foudre</a> et 240 000 autres sont blessées.</p>
<p>La plupart des gens connaissent les règles de sécurité de base en cas d’orage, comme éviter de se tenir sous les arbres ou près d’une fenêtre, et ne pas utiliser un téléphone filaire (les téléphones cellulaires sont sans danger).</p>
<p>Mais saviez-vous que vous devriez vous abstenir de prendre une douche, un bain ou de laver la vaisselle pendant un orage ?</p>
<p>Pour en comprendre la raison, il faut d’abord expliquer un peu comment fonctionnent les orages et les éclairs.</p>
<p>Deux éléments fondamentaux favorisent le développement d’un orage : l’humidité et l’air chaud ascendant, qui vont bien sûr de pair avec la saison estivale. Les températures élevées et l’humidité créent de grandes quantités d’air humide qui s’élève dans l’atmosphère ; cette masse d’air peut alors se transformer en orage.</p>
<p>Les nuages contiennent des millions de gouttelettes d’eau et de glace et leur interaction est à l’origine de la <a href="https://www.weather.gov/safety/lightning-science-electrification">foudre</a>. Les gouttes d’eau qui montent entrent en collision avec les gouttes de glace qui tombent, leur transmettant une charge négative et repartant avec une charge positive. Lors d’un orage, les nuages agissent comme d’énormes générateurs Van de Graaff, séparant les charges positives et négatives pour créer de gigantesques différences de charge à l’intérieur des nuages.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/laDmuQFmK3Y?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le fonctionnement d’un générateur de Van de Graaff.</span></figcaption>
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<p>Lorsque les nuages orageux se déplacent au-dessus de la Terre, ils génèrent une charge contraire dans le sol, et c’est ce qui attire l’éclair vers celui-ci. L’orage cherche l’équilibre et il le trouve en se déchargeant entre les régions positives et négatives. Le trajet de moindre résistance est généralement emprunté par ce courant ; les objets offrant une plus grande conductivité (comme le métal) sont plus susceptibles d’être frappés pendant une tempête.</p>
<p>Le meilleur conseil en cas d’orage est le suivant : lorsque le tonnerre gronde, rentrez sans perdre une seconde. Toutefois, cela ne signifie pas que vous êtes totalement à l’abri. Certaines activités à l’intérieur peuvent être presque aussi risquées que de rester dehors pendant la tourmente.</p>
<h2>Trajet de moindre résistance</h2>
<p>À moins que vous ne soyez assis dans un bain à l’extérieur ou que vous ne preniez une douche sous la pluie, il est incroyablement peu probable que vous soyez frappé par la foudre. Mais si un éclair atterrit sur votre maison, l’électricité empruntera le trajet de moindre résistance jusqu’au sol. Des éléments tels que des fils métalliques ou de l’eau dans vos canalisations constituent un chemin conducteur idéal que le courant peut suivre pour rejoindre la terre.</p>
<p>La douche fournit ces deux choses (eau et métal), ce qui en fait un itinéraire parfait pour l’électricité. Une bonne douche apaisante pourrait se transformer en quelque chose de beaucoup moins relaxant. Aux États-Unis, les <a href="https://www.cdc.gov/disasters/lightning/safetytips.html">Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention)</a> encouragent fortement les gens à éviter toute activité en rapport avec l’eau pendant un orage – même la vaisselle – afin de réduire le risque d’être touché.</p>
<p>D’autres dangers sont à craindre pendant un orage. L’un d’entre eux, qui peut ne pas sembler évident, consiste à s’appuyer sur un mur en béton. Bien que ce matériau ne soit pas lui-même très conducteur, s’il a été renforcé par des poutres métalliques (appelées « barres d’armature »), celles-ci peuvent représenter un bon chemin pour la foudre. Évitez également d’utiliser tout ce qui est branché sur une prise électrique (ordinateurs, téléviseurs, machines à laver, lave-vaisselle), car tous ces appareils peuvent constituer des voies d’accès pour l’éclair.</p>
<p>En règle générale, si vous pouvez entendre le tonnerre au loin, alors vous êtes suffisamment proche de l’orage pour que la foudre vous atteigne, même s’il n’y a pas de pluie. Les foudroiements peuvent se produire jusqu’à seize kilomètres de l’orage dont ils sont issus. En principe, une demi-heure après avoir entendu le dernier coup de tonnerre, on peut retourner sous la douche en toute sécurité.</p>
<p>Les orages aiment généralement une finale en apothéose, et la dernière chose que vous souhaitez, c’est faire partie du feu d’artifice !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194414/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>James Rawlings ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La foudre tue 24 000 personnes chaque année. Voici comment rester en sécurité pendant un orage.James Rawlings, Hourly Paid Lecturer in Physics, Nottingham Trent UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1923812022-10-26T13:50:39Z2022-10-26T13:50:39ZLa tempête Fiona a dévasté les communautés côtières, mais aussi perturbé le fleuve en profondeur<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/490456/original/file-20221018-8262-xkol0u.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=21%2C0%2C3549%2C2396&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des vagues déferlant sur le rivage de l'Étang-du-Nord, aux Îles-de-la-Madeleine, lors de la tempête post-tropicale Fiona, le samedi 24 septembre 2022.</span> <span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Nigel Quinn</span></span></figcaption></figure><p>La <a href="https://ici.radio-canada.ca/info/en-direct/1008905/direct-tempete-fiona-ouragan-maritimes-iles-madeleine-degats">tempête Fiona</a> a causé bien des dégâts matériels ainsi que de l’érosion sur les côtes de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard et des Îles-de-la-Madeleine.</p>
<p>Mais saviez-vous que ses effets se répercutent dans les eaux du golfe du Saint-Laurent jusqu’à une cinquantaine de mètres de profondeur et même plus ?</p>
<p>Après avoir touché le sol canadien à l’île du Cap-Breton avec des vents violents, l'oeil du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyclone">cyclone</a> a repris la mer dans le golfe du Saint-Laurent et a passé tout près de deux bouées océanographiques, opérées par Pêches et Océans Canada. Ces bouées sont équipées de senseurs qui permettent de mesurer la vitesse et direction du vent, la pression atmosphérique, la température de l’air et l’humidité de l’air, à l’image d’une station météorologique terrestre. Mais elles comportent également des senseurs qui mesurent la température et la salinité à la surface de la mer, ainsi que la hauteur des vagues. Elles peuvent également être munies d’une sonde qui descend jusqu’au fond de l’eau pour mesurer la température et la salinité sur toute la profondeur.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><strong><em>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/fleuve-saint-laurent-116908">Le Saint-Laurent en profondeur</a></em></strong>
<br><em>Ne manquez pas les nouveaux articles sur ce fleuve mythique, d'une remarquable beauté. Nos experts se penchent sur sa faune, sa flore, son histoire et les enjeux auxquels il fait face. Cette série vous est proposée par La Conversation.</em></p>
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<p>Ces bouées nous transmettent leurs mesures toutes les 30 minutes, via le réseau cellulaire ou par communication satellitaire, même au travers d’une tempête intense comme Fiona.</p>
<p>Chercheur en océanographie physique avec Pêches et Océans Canada à l’Institut Maurice-Lamontagne (IML) et l’un des responsables de ces bouées et utilisateur de leurs données, je propose d’apporter un éclairage sur les effets des tempêtes sur les eaux du golfe du Saint-Laurent tels qu’observés par ces bouées océanographiques.</p>
<h2>Des bouées au rôle précieux</h2>
<p>La première bouée sur le parcours de la tempête était la AZMP-ESG, pour « <a href="https://www.dfo-mpo.gc.ca/science/data-donnees/azmp-pmza/index-fra.html">Atlantic Zone Monitoring Program</a> East Southern Gulf », qui est située entre l’Île-du-Prince-Édouard et les Îles-de-la-Madeleine. Le 24 septembre 2022 à 11h30 UTC, l'oeil du cyclone passe près de la bouée et la pression atmosphérique atteint brièvement une dépression de 949 millibars (unité de mesure pour la pression), alors qu’elle était de 1 000 millibars le jour précédent et déjà sous la pression normale de 1 010 millibars.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="bouée qui flotte dans l’eau" src="https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Bouée AZMP-ESG, située entre l’Île-du-Prince-Édouard et les Îles-de-la-Madeleine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Roger Pigeon et Michel Rousseau)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>L’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C5%92il_(cyclone)">oeil d’un cyclone</a> est la pression atmosphérique la plus faible, située en son centre. Dans l’hémisphère Nord, les vents tournent en sens antihoraire autour de celle-ci, en raison de la rotation de la Terre.</p>
<p>La mesure d’un minimum de pression atmosphérique à une bouée fait plus que nous indiquer le passage le plus près de l'oeil de la tempête de la bouée. La pression atmosphérique représente le poids de l’atmosphère au-dessus de l’instrument de mesure. Or, une différence d’un seul millibar correspond à la pression exercée par 1 cm de hauteur d’eau. Alors que la pression atmosphérique à la bouée AZMP-ESG a chuté de 51 millibars, la pression dans toute la colonne d’eau chuterait d’autant sans rajustement de la part de l’océan.</p>
<p>La faible pression dans l’eau crée un appel d’eau pour rééquilibrer la pression océanique et ce mouvement peut ainsi faire monter la surface de l’eau jusqu’à 51 cm pour retrouver l’équilibre ! Ce rajustement de la mer face à une basse pression atmosphérique est responsable d’une bonne partie des surcotes du niveau de la mer associées aux ondes de tempêtes qui inondent les terres côtières. Une surcote est l’excédent du niveau de la mer en comparaison aux prévisions de marées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="maison au bord de la mer avec fortes pluies" src="https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’auberge de jeunesse Paradis Bleu, aux Îles-de-la-Madeleine, est entourée de hautes eaux causées par la tempête post-tropicale Fiona, le 24 septembre 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Nigel Quinn</span></span>
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<h2>Vagues records et chute de température</h2>
<p>La hauteur maximale de vague, mesurée à la bouée AZMP-ESG, a atteint 9,9 m pendant la tempête et les rafales ont atteint 126 km/h. Il faut savoir que les vagues ne dépassent une hauteur de 3 m que très rarement dans le golfe.</p>
<p>Quelques heures plus tard, à 20h30, la pression atmosphérique atteint 953,9 millibars à la bouée IML-10 située au nord-est des Îles-de-la-Madeleine. Les rafales y ont atteint 124 km/h et les vagues ont atteint le record de 15,9 m enregistré sur notre réseau de bouées, surpassant le précédent record de 13,1 m mesuré au même endroit en septembre 2019 lors de la <a href="https://www.ledevoir.com/societe/562221/dorian-dans-les-maritimes">tempête Dorian</a>.</p>
<p>Ces effets dramatiques ne sont par contre pas les seuls sur l’océan. À la bouée AZMP-ESG, la température de surface de la mer a chuté de 6,5 °C au passage de la tempête Fiona, passant de 16,4 °C le 23 septembre à 9,9 °C le 25 septembre. En temps normal, la température des eaux de surface du golfe décroît d’environ 1 °C par semaine en automne, alors qu’une couche mélangée se forme pour finalement englober près de la moitié du volume de toutes les eaux du golfe en hiver.</p>
<p>Le refroidissement de 6,5 °C en deux jours représente donc l’équivalent de plus de six semaines de changement saisonnier. Mais de façon plus importante, elle est compensée par un réchauffement inhabituel en profondeur due à une redistribution de la chaleur en profondeur par le mélange vertical occasionnée par le vent et les vagues.</p>
<h2>Les impacts en profondeur</h2>
<p>Prenons l’exemple <a href="https://www.dfo-mpo.gc.ca/csas-sccs/Publications/ResDocs-DocRech/2020/2020_030-fra.html">mieux documenté survenu durant la tempête Dorian en septembre 2019</a>, alors que la température de surface a chuté de 7 °C à la bouée AZMP-ESG à son passage.</p>
<p>Un profil de température fait avec la sonde descendue d’un treuil sur la bouée avant la tempête montre une colonne d’eau très stratifiée (c.-à-d. l’eau de mer moins dense qui flotte par-dessus des eaux plus denses) avec une température de 21 °C à la surface et de 1,5 °C à 35 m de profondeur. À 35 m de profondeur, les eaux sont habituellement très froides.</p>
<p>Sur près de 200 profils pris par la bouée entre juin et août, la température moyenne à cette profondeur était de 1,1 °C avec peu de variations. C’est donc habituellement une profondeur où les températures demeurent froides, constituant un habitat thermique favorable au crabe des neiges.</p>
<p>Le profil fait le 10 septembre, deux jours après la tempête, indique 12 °C à la surface (donc plus froid qu’avant la tempête) et 8,6 °C à 35 m (donc plus chaud). Ainsi, le refroidissement à la surface a été compensé par un réchauffement équivalent à 35 m et la température moyenne sur les 45 premiers mètres est presque identique entre les deux profils, indiquant une redistribution de la chaleur vers les profondeurs.</p>
<p>Dans l’habitat thermique habituellement stable et froid à 35 m de profondeur, un saut de température à 8,6 °C constitue donc un choc thermique important qui peut perdurer plusieurs semaines, car la couche mélangée a une grande inertie thermique et conservera sa température. Au bout de plusieurs semaines, la température de l’air descend sous la température de l’eau et le refroidissement et l’épaississement de la couche mélangée se produisent jusqu’à la fin de l’hiver.</p>
<p>Sans aucunement minimiser les effets dévastateurs que des tempêtes comme Fiona et Dorian ont sur les communautés côtières, elles ont aussi des effets marquants en profondeur dans l’océan.</p>
<p>Même le crabe des neiges sur le fond en ressent les effets !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/192381/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Peter Galbraith dirige le Programme de monitorage de la zone atlantique de Pêches et Océans Canada, donc ce programme est financé par ce Ministère. Le réseau de bouée est opéré par Pêches et Océans Canada.</span></em></p>La tempête Fiona a causé bien des dégâts matériels ainsi que de l’érosion sur les côtes canadiennes. Mais ses effets se répercutent également dans les profondeurs du golfe du Saint-Laurent.Peter Galbraith, Chercheur scientifique avec Pêches et Océans Canada et Professeur-associé, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1867762022-07-27T19:26:08Z2022-07-27T19:26:08ZD’où viennent les aurores boréales, et pourquoi sont-elles si différentes sur Jupiter?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/473573/original/file-20220712-25-lnr1ws.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C0%2C3176%2C2400&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vues d’artiste des aurores ultraviolettes sur Jupiter (gauche, liées au volcanisme d’Io) et la Terre (droite, dues au vent solaire).</span> <span class="attribution"><span class="source">NASA/JPL-CALTECH/SWRI/UVS/STSCI/MODIS/WIC/IMAGE/ULIÈGE/Bonfond</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>À gauche, nous avons une représentation des aurores de Jupiter, et à droite, une représentation des aurores terrestres. Et bien entendu, la Terre a été agrandie près de 10 fois, sinon, elle nous paraitrait bien insignifiante face à sa grande sœur.</p>
<p>Il s’agit de représentations en 3D, mais basées sur de vraies données satellitaires. En plus de la surface visible et familière, ont été ajoutées les aurores polaires, représentées en bleu. Ces aurores ont été observées dans les longueurs d’onde ultraviolettes par la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Juno_(sonde_spatiale)">sonde Juno</a> pour Jupiter et par le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/IMAGE_(satellite)">satellite IMAGE</a> pour la Terre.</p>
<p>Il est important d’expliquer comment nous créons nos images de communication scientifique et d’expliquer que non, vous ne verriez pas ça si vous pouviez observer ces astres à l’œil nu, histoire d’éviter les malentendus. Il ne s’agit bien entendu pas de tricher, mais au contraire de montrer ce qui existe, mais que nos sens nous dissimulent.</p>
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<a href="https://theconversation.com/comment-sont-faconnees-les-images-du-ciel-dans-les-pas-du-telescope-pionnier-hubble-168138">Comment sont façonnées les images du ciel? Dans les pas du télescope pionnier Hubble</a>
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<h2>Comment naissent les aurores polaires ?</h2>
<p>Les aurores sont la conséquence de l’impact de particules chargées (en général, des électrons) sur le sommet de l’atmosphère d’une planète. Suite à cet impact, les atomes et molécules de l’atmosphère émettent de la lumière dans une série de longueurs d’onde (de couleurs, si vous préférez) qui leur sont propres. Ces aurores sont qualifiées de « polaires » car le champ magnétique de la planète guide ces particules chargées provenant de la magnétosphère vers les régions polaires. Au nord, nous avons les aurores boréales et au sud, les aurores australes.</p>
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<p>La magnétosphère d’une planète est une « bulle » dans l’espace, où le mouvement des particules chargées est contrôlé par le champ magnétique de la planète, plutôt que par celui du soleil. La plupart des particules d’une magnétosphère se contentent de tourner autour des lignes de champ magnétique et d’osciller le long de celles-ci. Mais toute une série de phénomènes, tels que l’excitation par diverses ondes, la présence de courants électriques ou encore la « reconnexion magnétique », peut précipiter les particules dans l’atmosphère polaire et créer des aurores. Les aurores constituent donc une image du mouvement des particules dans cette magnétosphère.</p>
<h2>Les magnétosphères de la Terre et de Jupiter sont radicalement différentes</h2>
<p>Celle de la Terre est très sensible aux variations du vent solaire. En particulier, lorsque le champ magnétique du vent solaire et celui de la Terre sont alignés, mais de sens opposé, sur l’avant de la magnétosphère, se produit un phénomène, appelé reconnexion magnétique, qui permet aux particules solaires de s’engouffrer dans la magnétosphère terrestre.</p>
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<p>La magnétosphère de Jupiter est, elle, essentiellement peuplée de particules provenant des volcans de sa lune Io. Ces électrons et ces ions de soufre et d’oxygène sont ensuite emportés par le champ magnétique de la planète et commencent à tourner à la même vitesse que Jupiter tourne sur elle-même, s’accumulant le long de l’orbite d’Io et formant ce que l’on appelle le <a href="https://doi.org/10.1029/2019JA027485">« tore d’Io »</a>. Ces particules vont ensuite s’échapper lentement, entraînant un cortège d’ondes, de courants électriques et de reconnexions magnétiques.</p>
<p>On perçoit donc bien que les magnétosphères de la Terre et de Jupiter ne fonctionnent pas du tout de la même manière. Par conséquent, les aurores de Jupiter présentent de nombreuses différences par rapport aux aurores terrestres.</p>
<h2>Étudier les aurores pour mieux comprendre les planètes</h2>
<p>Prenons par exemple la tache allongée située le plus à gauche dans les aurores de Jupiter. Elle s’appelle l’empreinte aurorale d’Io. Elle est provoquée par les remous qu’Io génère dans le tore qu’elle a elle-même créé.</p>
<p>Il y a par contre une structure qui est quasiment identique dans les deux images : c’est cette forme étrange en forme d’œil, en bas à droite sur Jupiter et en bas pour la Terre. On les appelle <a href="https://doi.org/10.1029/2020AV000275">« tempête de l’aube »</a> sur Jupiter et <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11214-017-0363-7">« sous-tempête aurorale »</a> sur Terre. Toutes deux sont causées par reconfiguration soudaine la partie arrière de la magnétosphère (la magnétoqueue). En effet, bien que ce soit pour des raisons totalement différentes, l’une à cause de la matière éjectée d’Io et l’autre à cause du vent solaire, les deux magnétosphères peuvent accumuler de la masse et de l’énergie dans cette magnétoqueue, jusqu’à ce que celle-ci craque et libère de la même façon de grandes quantités de particules dans les zones aurorales.</p>
<p>Cet exercice s’appelle la planétologie comparée, et il permet, comme on vient de le voir, d’isoler les phénomènes universels des particularités propres à chaque planète. En observant ces planètes lointaines, on en apprend ainsi presque autant sur ces mondes exotiques que sur notre propre planète.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/186776/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bertrand Bonfond a reçu des financements du FNRS-FRS et de Belspo. </span></em></p>Sur Jupiter, les aurores sont liées au volcanisme d’Io, une des lunes de la géante rouge.Bertrand Bonfond, Chercheur Qualifié FNRS, Université de LiègeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1800082022-07-06T12:49:29Z2022-07-06T12:49:29ZEst-il possible de prédire l’arrivée de grandes marées dans le Saint-Laurent ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/467582/original/file-20220607-40890-dmbt3p.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=15%2C3%2C1004%2C679&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">De grandes marées ont frappé l'Est du Québec en 2010 et en 2016. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.facebook.com/180153525343495/photos/a.180153842010130/180153845343463/">Groupe Facebook Grandes Marées 2010</a></span></figcaption></figure><p>Les riverains de l’Est-du-Québec se souviennent sans doute du <a href="http://ici.radio-canada.ca/sujet/grandesmarees">6 décembre 2010</a>, quand des conditions météorologiques exceptionnelles, combinées à de très <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/759265/grandes-marees-tempete-inondations-vagues-deferlement-estuaire-saint-laurent">grandes marées</a>, ont provoqué des inondations le long du littoral du Saint-Laurent. Ces marées ont causé des dommages de plusieurs millions de dollars aux infrastructures publiques et privées.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><strong><em>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/fleuve-saint-laurent-116908">Le Saint-Laurent en profondeur</a></em></strong>
<br><em>Ne manquez pas les nouveaux articles sur ce fleuve mythique, d'une remarquable beauté. Nos experts se penchent sur sa faune, sa flore, son histoire et les enjeux auxquels il fait face. Cette série vous est proposée par La Conversation.</em></p>
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<p>Ce jour-là, le niveau d’eau enregistré au marégraphe (appareil permettant de mesurer le niveau de la mer) de Rimouski a atteint 5,5 mètres, <a href="https://www.ledevoir.com/environnement/312622/grandes-marees-reveil-penible-dans-l-est-du-quebec">dépassant de 20 centimètres le précédent record datant de 1914</a>. Bien qu’ayant atteint un niveau historique le 6 décembre 2010, ce phénomène des grandes marées se produit plus souvent qu’une fois aux 100 ans, comme en témoigne l’<a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/759062/vague-deferlement-debordement-perce-gaspesie-meteo">événement du 11 janvier 2016</a>, quand de forts vents et de grandes marées ont de nouveau provoqué des inondations le long de la côte de l’Est-du-Québec.</p>
<p>Alors, quand pourraient avoir lieu les prochaines grandes marées du Saint-Laurent ?</p>
<p>Chercheurs en océanographie physique à l’<a href="https://www.ismer.ca/">Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER)</a>, c’est sur cette question que nous nous sommes penchés, dans un <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/natcan/2016-v140-n1-natcan02274/1034101ar.pdf">article publié en 2016</a> dans la revue scientifique <em>Le Naturaliste canadien</em>. Nous en présentons ici les faits saillants.</p>
<h2>Qu’est-ce qui cause les grandes marées ?</h2>
<p>Il faut d’abord comprendre quels ingrédients sont nécessaires pour produire une grande marée. La <a href="https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/mar%C3%A9e/49418">marée</a> est une oscillation quotidienne de la mer dont le niveau monte et descend alternativement. Cette oscillation est principalement due à l’attraction gravitationnelle de la lune et du soleil s’exerçant sur les masses d’eau contenues dans les océans. On parle alors de marée astronomique.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/d2c__2lHKfo?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Qu’est-ce qui provoque les marées ?</span></figcaption>
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<p>Mais des oscillations du niveau de la mer peuvent aussi être causées par des variations de la pression atmosphérique et des vents. On parle dans ce cas de marée météorologique. Pour obtenir de grandes marées exceptionnelles, il faut obtenir de grandes marées astronomiques et météorologiques au même moment. Les grandes marées astronomiques sont prédictibles des dizaines d’années, voire des centaines d’années à l’avance, car les mouvements des astres sont bien connus. En revanche, les grandes marées météorologiques sont associées aux tempêtes, et ne sont prévisibles que quelques jours à l’avance, avec de grandes incertitudes sur leur amplitude.</p>
<p>Il est donc impossible de prédire longtemps d’avance quand les prochaines coïncidences de grandes marées astronomiques et météorologiques du Saint-Laurent se produiront. Cependant, il est possible de prévoir les moments de l’année favorables au phénomène des grandes marées. Pour cela, il faut comprendre les rouages de la marée astronomique.</p>
<h2>Des marées au gré des astres</h2>
<p>Commençons par examiner les marées causées par l’attraction gravitationnelle exercée par la lune, qui est plus forte que celle exercée par le soleil. En effet, bien que la lune soit beaucoup plus petite que le soleil, elle est aussi beaucoup plus proche de la terre de sorte que sa force d’attraction l’emporte sur celle du soleil. Pour des raisons <a href="https://theconversation.com/gaston-pourquoi-la-mer-elle-monte-et-elle-descend-153496">expliquées ailleurs</a>, la lune va générer deux marées hautes et deux marées basses par jour. On parle alors de marée semi-diurne (deux fois par jour).</p>
<p>Elle est caractérisée par le marnage, qui est la différence entre une marée haute et une marée basse successives. À Rimouski, le marnage de la marée semi-diurne causée par la lune <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/natcan/2016-v140-n1-natcan02274/1034101ar.pdf">est de 2,54 m</a>.</p>
<p>Examinons maintenant les marées causées par l’attraction gravitationnelle exercée par le soleil. Tout comme la lune, celui-ci va générer deux marées hautes et deux marées basses chaque jour, mais avec un marnage plus faible : 0,81 m à Rimouski.</p>
<p>Lorsque le soleil et la lune sont du même côté de la Terre (nouvelle lune) ou chacun d’un côté opposé (pleine lune), leurs effets sur les marées s’additionnent, c’est-à-dire que la marée haute causée par la lune arrive au même moment que la marée haute causée par le soleil. Cela génère de grandes marées appelées marées de vives-eaux, avec un marnage de 3,35 m à Rimouski.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/466459/original/file-20220531-48861-gffx97.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466459/original/file-20220531-48861-gffx97.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466459/original/file-20220531-48861-gffx97.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466459/original/file-20220531-48861-gffx97.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466459/original/file-20220531-48861-gffx97.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466459/original/file-20220531-48861-gffx97.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466459/original/file-20220531-48861-gffx97.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466459/original/file-20220531-48861-gffx97.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cycle des marées de vives-eaux et de mortes-eaux (le dernier quartier de lune, qui correspond à des mortes-eaux, n’est pas montré, car il est similaire au premier quartier, mais avec la lune de l’autre côté de la Terre).</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Cédric Chavanne), fourni par l’auteur</span></span>
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</figure>
<p>En revanche, lorsque le soleil et la lune sont à angle droit par rapport à la Terre (premier et dernier quartier de lune), leurs effets sur les marées se soustraient, c’est-à-dire que la marée haute causée par la lune arrive au même moment que la marée basse causée par le soleil. Cela génère de faibles marées appelées marées de morte-eau, avec un marnage de 1,73 m à Rimouski.</p>
<p>Les marées hautes de vives-eaux sont donc en moyenne plus hautes de 0,8 mètre que les marées hautes de morte-eau à Rimouski. La période du cycle vives-eaux/mortes-eaux est d’environ 15 jours.</p>
<h2>Solstices et équinoxes</h2>
<p>Mais pour obtenir de très grandes marées astronomiques, il faut considérer d’autres cycles encore plus longs, dont certains sont moins bien connus du public. Vous avez peut-être entendu parler des marées d’équinoxes, qui arrivent deux fois par an autour du 20 mars et du 22 septembre (plus ou moins une semaine à cause du cycle vives-eaux/mortes-eaux).</p>
<p>Aux équinoxes, le soleil se trouve au-dessus de l’équateur et les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mar%C3%A9e#Grandes_mar%C3%A9es">marées semi-diurnes sont alors maximales</a>. En revanche aux solstices (autour du 21 juin et du 21 décembre), les marées semi-diurnes sont minimales. Cependant à Rimouski, les marées de vives-eaux aux équinoxes ont seulement 5 centimètres de plus de marnage que celles aux solstices.</p>
<p>Si l’on s’intéresse au niveau maximal des marées hautes, et non au marnage, il faut aussi considérer le niveau d’eau moyen sur un cycle de marée, qui a lui aussi un cycle semi-annuel : il est presque 10 centimètres plus élevé aux solstices qu’aux équinoxes à Rimouski, et l’emporte donc sur le cycle semi-annuel des marées semi-diurnes.</p>
<p>Les marées astronomiques les plus hautes arrivent donc autour des solstices à Rimouski, et non autour des équinoxes, mais la différence sur ce cycle semi-annuel n’est que de quelques centimètres, ce qui n’explique pas l’occurrence des grandes marées exceptionnelles.</p>
<h2>Le rôle de la pression atmosphérique</h2>
<p>Revenons donc à notre deuxième ingrédient nécessaire pour produire une grande marée exceptionnelle : la marée atmosphérique. Lors du passage d’une tempête, la pression atmosphérique diminue. L’atmosphère exerce alors moins de poids sur la mer et le niveau a alors tendance à monter localement. De plus, des vents soufflant en direction de la côte vont pousser l’eau vers la côte et faire augmenter le niveau de la mer à la côte. Les fortes vagues générées par le vent vont ainsi pouvoir déferler plus haut sur le rivage.</p>
<p>Lors de la tempête du 6 décembre 2010, le niveau d’eau maximum enregistré au marégraphe de Rimouski a dépassé d’environ 1 mètre le niveau maximum prédit par la marée astronomique. C’est beaucoup plus élevé que les variations semi-annuelles des marées astronomiques, mais c’est similaire aux variations du cycle vives-eaux/mortes-eaux.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/466461/original/file-20220531-48845-1fkd0z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466461/original/file-20220531-48845-1fkd0z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466461/original/file-20220531-48845-1fkd0z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466461/original/file-20220531-48845-1fkd0z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466461/original/file-20220531-48845-1fkd0z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466461/original/file-20220531-48845-1fkd0z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466461/original/file-20220531-48845-1fkd0z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466461/original/file-20220531-48845-1fkd0z.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Niveau de la mer enregistré au marégraphe de Rimouski lors des grandes marées du 6 décembre 2010. Modifié de Bourgault et collab. (2016).</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Cédric Chavanne), fourni par l’auteur</span></span>
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</figure>
<p>Et donc, pouvons-nous prédire l’occurrence de très grandes marées ? Les grandes marées exceptionnelles dans le Saint-Laurent peuvent arriver à n’importe quel moment de l’année, et pas seulement aux solstices ou aux équinoxes, à condition qu’il y ait une très forte tempête pendant des marées de vives-eaux.</p>
<p>Les tempêtes étant en général <a href="https://doi.org/10.1029/2000JC000686">plus intenses en hiver qu’en été sur le Saint-Laurent</a>, les grandes marées exceptionnelles ont plus de chance d’arriver en hiver, comme le montrent les récents événements du 6 décembre 2010 et du 11 janvier 2016. Or, en hiver, la glace de mer limite la génération de vagues et protège le rivage de l’impact de celles-ci.</p>
<p>Cependant, avec le raccourcissement de la présence de glace de mer <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/07055900.2015.1029869">dû au réchauffement climatique</a>, le risque que de grandes marées submergent les rives de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent en hiver va très certainement augmenter dans les prochaines décennies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180008/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cédric Chavanne a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), du Fonds de recherche du Québec - Nature et technologie (FRQNT), du réseau Marine Environmental Observation, Prediction and Response (MEOPAR), et du Réseau Québec maritime (RQM).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Daniel Bourgault a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, du Fonds de recherche du Québec - Nature et technologie (FRQNT), de la Fondation canadienne pour l'innovation, du réseau Marine Environmental Observation, Prediction and Response (MEOPAR), et du Réseau Québec maritime (RQM).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Dany Dumont est directeur général du Réseau Québec maritime Il détient et a reçu des financements notamment du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), du Fonds de recherche du Québec - Nature et technologie (FRQNT), du réseau Marine Environmental Observation, Prediction and Response (MEOPAR), du Réseau Québec maritime (RQM) et de plusieurs ministères provinciaux et fédéraux (Ministère de la sécurité publique du Québec, Ministère des transports du Québec, Environnement et changement climatique Canada, Pêches et Océans Canada).</span></em></p>Il existe une croyance populaire que les marées les plus hautes sont atteintes autour des équinoxes dans le fleuve Saint-Laurent, alors qu’en réalité, elles le sont autour des solstices.Cédric Chavanne, Professeur en océanographie physique, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Daniel Bourgault, Professeur en océanographie physique, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Dany Dumont, Professeur-chercheur en océanographie physique, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1804742022-05-10T18:00:18Z2022-05-10T18:00:18ZRapports du GIEC : il faut cesser de réchauffer la planète<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/461082/original/file-20220503-19379-pmjkcy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=39%2C0%2C6511%2C4922&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des personnes marquent le Jour de la Terre par une marche, le 22 avril 2022, à Montréal.</span> <span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Ryan Remiorz</span></span></figcaption></figure><p>Le dernier rapport du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié le 4 avril, a suscité de grandes inquiétudes, comme le précédent publié au début de l’année 2022. Le premier porte sur les <a href="https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-ii/">impacts</a> des changements climatiques. Le deuxième présente un <a href="https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-3/">portrait</a> des solutions possibles en réponse à la crise du climat.</p>
<p>Cet article vise à créer un lien entre ces deux rapports majeurs et revient sur les points essentiels qu’il faut retenir.</p>
<p>Chargé de cours à l’Université de Montréal, je suis directeur de la diplomatie climatique internationale du Réseau action climat Canada. J’analyse et je suis les négociations climatiques internationales, surtout en ce qui concerne les obligations et responsabilités climatiques du Canada à l’échelle internationale, l’implantation des plans climatiques à l’échelle domestique et la finance climatique internationale.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/climat-le-rapport-du-giec-est-bouleversant-il-est-maintenant-temps-dagir-165851">Climat : le rapport du GIEC est bouleversant. Il est maintenant temps d’agir</a>
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<h2>Accélérer l’action climatique, c’est possible</h2>
<p>Selon le rapport sur les solutions d’atténuation aux changements, nous pouvons respecter les objectifs climatiques dans le cadre de <a href="https://unfccc.int/fr/processus-et-reunions/l-accord-de-paris/l-accord-de-paris">l’Accord de Paris</a>. Cela exige cependant une transformation des systèmes politiques, économiques et sociaux qui nous gouvernent. Cela demande également une plus grande mobilisation de tous les acteurs de la société civile, du secteur privé et de tous les paliers du gouvernement. Par exemple, les experts du GIEC concluent que les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_%C3%A9tudiante_pour_le_climat">grèves pour le climat</a> ont contribué à accélérer l’action climatique en donnant la parole aux jeunes dans plus de 180 pays.</p>
<p>Les solutions d’atténuation pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de moitié d’ici 2030 et atteindre la carboneutralité des émissions en 2050 sont aujourd’hui moins chères que jamais et disponibles. Par exemple, entre 2015 et 2019, le coût unitaire de plusieurs sources d’énergie renouvelable a rapidement chuté. Par conséquent, on remarque une augmentation dans le déploiement de l’énergie solaire de <a href="https://report.ipcc.ch/ar6wg3/pdf/IPCC_AR6_WGIII_FinalDraft_TechnicalSummary.pdf">170 % et de l’énergie éolienne de 70 % entre 2015 et 2019</a> (section 5.1).</p>
<p>Mais nous devrons également faire face à plusieurs défis sociaux et politiques alors qu’on accélère l’implantation des politiques climatiques à l’échelle globale.</p>
<h2>Trois défis</h2>
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<li><strong>Les impacts de la crise climatique s’accélèrent</strong></li>
</ol>
<p>On observe aujourd’hui de plus en plus des pertes et dommages dus aux changements climatiques dans tous les écosystèmes et dans toutes les régions du monde. Environ <a href="https://report.ipcc.ch/ar6wg2/pdf/IPCC_AR6_WGII_FinalDraft_TechnicalSummary.pdf">3,3 milliards de personnes</a> vivent dans des contextes très vulnérables face au réchauffement planétaire. Depuis 2008, plus de <a href="https://report.ipcc.ch/ar6wg2/pdf/IPCC_AR6_WGII_FinalDraft_TechnicalSummary.pdf">20 millions de personnes</a> ont été déplacées à l’intérieur de leur pays chaque année en raison d’événements extrêmes liés aux conditions météorologiques. S’en suivent des effets négatifs sur la santé mentale, le bien-être, la satisfaction dans la vie, le bonheur, les performances cognitives et l’agressivité des populations exposées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/461092/original/file-20220503-11804-nnewan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="homme marche dans une rue inondée" src="https://images.theconversation.com/files/461092/original/file-20220503-11804-nnewan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461092/original/file-20220503-11804-nnewan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461092/original/file-20220503-11804-nnewan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461092/original/file-20220503-11804-nnewan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=403&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461092/original/file-20220503-11804-nnewan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461092/original/file-20220503-11804-nnewan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461092/original/file-20220503-11804-nnewan.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=506&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Sur cette photo d’archive du 6 novembre 2020, un résident marchant dans une rue inondée regarde les dégâts causés par l’ouragan Eta à Planeta, au Honduras.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Delmer Martinez, File)</span></span>
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</figure>
<p>Déjà, entre 2010 et 2020, la mortalité humaine due aux inondations, aux sécheresses et aux tempêtes était 15 fois plus élevée dans les régions très vulnérables, par rapport aux régions très peu vulnérables.</p>
<p>Un dépassement du réchauffement climatique au-delà de 1,5 °C entraînerait des impacts majeurs inévitables et irréversibles. Par exemple, il accélérerait la dégradation des récifs coralliens, la perte du patrimoine culturel ou la perte des petites îles en raison de l’élévation du niveau de la mer. Une fois survenus, les impacts persisteraient même si les températures mondiales baissaient par la suite.</p>
<ol>
<li><strong>Les émissions continuent d’augmenter… surtout chez les riches</strong></li>
</ol>
<p>Les émissions nettes totales de GES sont désormais supérieures de <a href="https://report.ipcc.ch/ar6wg3/pdf/IPCC_AR6_WGIII_SummaryForPolicymakers.pdf">54 % à celles de 1990</a> (section B.1.1), année du début des négociations internationales sur le climat. Le GIEC confirme la plus forte augmentation absolue des émissions de GES jamais enregistrées dans l’histoire de l’humanité.</p>
<p>D’ailleurs, ce rapport du GIEC s’attaque aux enjeux liés aux inégalités des revenus et inégalités des émissions. Depuis 1980, on observe une croissance économique disproportionnée pour les individus faisant partie du groupe des 1 % les plus fortunés de la planète. D’après certaines recherches analysées par les scientifiques du GIEC, ce groupe aurait une empreinte carbone moyenne 175 fois supérieure à celle d’une personne faisant partie des 10 % les plus pauvres. Les ménages dont les revenus se situent dans les 10 % les plus élevés contribuent à environ 36-45 % des émissions mondiales de GES.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/461094/original/file-20220503-23-nl12sj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="paysage avec centrales électriques" src="https://images.theconversation.com/files/461094/original/file-20220503-23-nl12sj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461094/original/file-20220503-23-nl12sj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461094/original/file-20220503-23-nl12sj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461094/original/file-20220503-23-nl12sj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=366&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461094/original/file-20220503-23-nl12sj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461094/original/file-20220503-23-nl12sj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461094/original/file-20220503-23-nl12sj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=460&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La centrale électrique de Liddell, à gauche, et la centrale électrique de Bayswater, une centrale thermique alimentée au charbon, près de Muswellbrook, en Australie, en novembre 2021. Le premier ministre australien Scott Morrison a lancé un fonds d’investissement d’un milliard de dollars australiens pour accélérer les technologies émergentes à faibles émissions, notamment le captage et le stockage du carbone.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Mark Baker)</span></span>
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</figure>
<ol>
<li><strong>La résistance au changement</strong></li>
</ol>
<p>Tout retard additionnel dans l’action mondiale nous fera manquer une courte fenêtre d’opportunité, qui se refermera rapidement si nous souhaitons garantir un avenir viable et durable pour tous.</p>
<p>Nous disposons de suffisamment de ressources, de capitaux mondiaux et de liquidités pour combler l’écart en matière d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.</p>
<p>Mais les institutions et gouvernements tardent à débloquer, institutionnaliser et accélérer les politiques qui conduisent à de profondes réductions des émissions. Il y a résistance des entreprises dans les secteurs à forte émission de carbone qui ne souhaitent pas voir l’implantation de politiques ambitieuses à l’échelle domestique.</p>
<p>Les fonds publics sont mal utilisés. Nous devons rapidement arrêter de subventionner les combustibles fossiles. La fin des subventions aux énergies fossiles peut réduire les émissions mondiales de CO<sub>2</sub> de <a href="https://report.ipcc.ch/ar6wg3/pdf/IPCC_AR6_WGIII_SummaryForPolicymakers.pdf">1 à 4 %</a> (section B.1.1), et les émissions de GES jusqu’à 10 % d’ici à 2030.</p>
<h2>Il faut cesser de réchauffer la planète</h2>
<p>Ces deux rapports nous présentent un même constat. Les plans et les politiques climatiques actuels nous rendront plus vulnérables et plus pauvres. Ils finiront par miner le bien-être de centaines de millions de personnes à haut risque de vagues de chaleur extrêmes.</p>
<p>L’approvisionnement alimentaire se verra perturbé, les dommages économiques s’intensifieront et les systèmes naturels s’effondreront. Et ce, avec des coûts bien plus importants que ceux observés jusqu’à maintenant, en particulier sur les groupes traditionnellement marginalisés, les peuples autochtones et les habitants des pays vulnérables.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1510998128224317448"}"></div></p>
<p>Nous avons encore des choix. Plus nous émettons de GES, plus la situation s’aggrave. Chaque fraction de degré de réchauffement entraîne des conséquences plus graves. Moins nous réchauffons la planète, moins nous verrons d’impacts. Il s’agit d’une question de justice sociale et d’équité puisque cette crise représente déjà une menace pour notre bien-être et pour la santé de la planète.</p>
<p>En octobre, un autre document sera présenté : le rapport de synthèse, qui reprendra les messages clés des trois groupes de travail. Il s’agit de la plus ambitieuse contribution scientifique du GIEC aux décideurs politiques et aux citoyens de tous les coins de la planète.</p>
<p>Toutefois, le défi sera de transformer ce savoir en action lorsque les États-nations se rencontreront en novembre pour la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_Charm_el-Cheikh_de_2022_sur_les_changements_climatiques">grande conférence onusienne sur le climat en Égypte, la Cop 27</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180474/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eddy Pérez est membre du Réseau action climat international. </span></em></p>Le dernier rapport du GIEC dresse un portrait des solutions visant à freiner le changement climatique. Cela exige une transformation des systèmes politiques, économiques et sociaux qui nous gouvernent.Eddy Pérez, Lecturer, certificat en coopération internationale, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1748412022-02-07T20:28:11Z2022-02-07T20:28:11ZSur les côtes françaises, 14 stations de mesure scrutent les effets du changement climatique sur l’océan<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/441151/original/file-20220117-15-3ctujq.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=37%2C25%2C1850%2C1165&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Activité phytoplanctonique dans le Golfe de Gascogne (Loire et Baie de Vilaine) vue par le satellite Sentinel-2 le 27 mars 2020.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://ovl.oceandatalab.com/?date=1495795251000&timespan=1d&products=3857_Sentinel-3_OLCI_true_RGB!3857_Sentinel-3_SRAL_1Hz_Sigma0&extent=-3934366.8420627_4494625.94031_3110069.6837185_7860301.1692944&opacity=100_100&stackLevel=90.01_90.04&zoom=5&selection=11">OceanDatalab/Sentinel-2</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Les récents <a href="https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/climat/chaleur-pluie-de-records-pour-un-mois-de-mars">records de températures historiques au mois de mars 2021</a> et de précipitations lors de <a href="https://meteofrance.com/actualites-et-dossiers/actualites/climat/hiver-2020-2021-tres-arrose-avec-une-alternance-de-temps-hivernal">l’hiver 2020-2021 en France</a> illustrent les changements auxquels l’océan côtier doit faire face. Ces évènements extrêmes <a href="https://www.ipcc.ch/srocc/">tendent à s’intensifier et à se multiplier</a> dans les années à venir.</p>
<p>Cette évolution ouvre de nombreuses questions sur l’impact qu’auront ces nouvelles conditions climatiques sur l’océan côtier, sa dynamique (courants, température), sa biodiversité et sa capacité de résilience face à de tels changements restent ouvertes.</p>
<p>Pour anticiper, voire prédire la réponse de l’océan côtier aux situations atmosphériques extrêmes auxquelles il est exposé (tempêtes, vagues de chaleur, fortes précipitations entraînant des crues), des stations de mesures, réelles vigies de l’océan côtier, ont été déployées le long des côtes françaises depuis plus de 20 ans.</p>
<h2>Comprendre les impacts des évènements extrêmes</h2>
<p>Prenons quelques exemples. Il arrive que des crues amènent des conditions favorables au développement de certaines algues potentiellement toxiques, dont les floraisons sont susceptibles de rendre ponctuellement impropres à la consommation certains fruits de mer.</p>
<p>Après des vagues de chaleur, les écosystèmes côtiers sont parfois marqués par des déplacements géographiques d’espèces et des changements généralisés dans la composition des espèces qu’ils abritent.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"915425603251245056"}"></div></p>
<p>Dans d’autres cas, les tempêtes peuvent être à l’origine de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Surcote">surcotes</a> – c’est-à-dire d’une augmentation du niveau de la mer au-delà du niveau de marée haute, comme c’est arrivé durant la tempête Xynthia – ayant des conséquences graves sur le littoral, tout particulièrement dans les régions côtières urbanisées.</p>
<p>Il est essentiel pour comprendre les mécanismes et l’enchaînement d’évènements océaniques qui vont provoquer un changement du milieu marin, de pouvoir les observer pour, selon l’état de l’environnement marin, déterminer comment le milieu marin en sera affecté.</p>
<h2>Observer avec des bouées automatisées</h2>
<p>C’est pourquoi depuis plus de 20 ans, des systèmes de mesures organisés dans un réseau nommé <a href="https://coast-hf.fr/">COAST-HF</a> et opéré en collaboration entre différents instituts de recherche (Ifremer, CNRS, universités marines) veillent sur les côtes françaises.</p>
<p>Ce système haute fréquence – une mesure environ toutes les 20 minutes – capte les évènements extrêmes, y compris s’ils n’interviennent que sur quelques heures ou jours.</p>
<p>Les stations de mesures automatisées du réseau sont déployées sur des bouées et conçues pour fonctionner en continu, y compris durant des épisodes extrêmes. Elles collectent en temps réel des informations sur les conditions physiques, biogéochimiques voire biologiques de l’océan côtier.</p>
<p>Aujourd’hui, le réseau compte 14 stations équipées et réparties le long des côtes métropolitaines de la Manche, l’Atlantique et la Méditerranée.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/441148/original/file-20220117-21-15otyck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/441148/original/file-20220117-21-15otyck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/441148/original/file-20220117-21-15otyck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/441148/original/file-20220117-21-15otyck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/441148/original/file-20220117-21-15otyck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/441148/original/file-20220117-21-15otyck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/441148/original/file-20220117-21-15otyck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/441148/original/file-20220117-21-15otyck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Station de mesure autonome COAST-HF située en rade de Brest et composante du réseau COAST-HF.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ifremer</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Un écosystème sous pression en hiver</h2>
<p>Elles ont notamment mis en lumière comment l’augmentation des épisodes intenses de précipitations ces dernières années affecte directement les conditions hydrologiques marines – température et salinité de l’eau de mer – déterminées d’après les informations collectées sur place.</p>
<p>Ces apports d’eau douce sur les bassins versants viennent directement, en hiver en particulier, alimenter les rivières et fleuves, et donc augmenter les nutriments dans l’océan côtier. Ces apports plus intenses et pour des périodes limitées ne sont pas étrangers aux évolutions des conditions atmosphériques à l’échelle de l’Atlantique Nord.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1310793206540447745"}"></div></p>
<p>Depuis 2010, l’augmentation des évènements extrêmes hivernaux est plus marquée par rapport à la décennie précédente. Les observations ne permettent cependant pas d’avoir un recul à plus long terme. Reste à déterminer si ce constat correspond à une tendance – à plus long terme comme simulé dans les projections climatiques – ou à une période transitoire.</p>
<h2>La croissance du phytoplancton retardée</h2>
<p>Au-delà de ces évènements hivernaux, des évolutions sur le démarrage des efflorescences de phytoplancton sont observées. En rade de Brest et en baie de Vilaine, le début de la saison productive est de plus en plus tardif – environ 30 jours plus tard aujourd’hui qu’en 2011. Ce retard traduit la réponse de l’écosystème côtier à différents paramètres allant de l’ensoleillement à la turbulence océanique.</p>
<p>Les évènements extrêmes viennent amplifier ces évolutions interannuelles avec par exemple des vagues de froid de fin d’hiver qui retardent d’autant plus le démarrage de la croissance du phytoplancton.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1480637381980082178"}"></div></p>
<p>Il s’agit maintenant d’analyser ces évolutions en lien avec la pression climatique au regard de la pression anthropique sur ces écosystèmes, qui demeure importante. De nouveaux systèmes doivent être développés pour mieux observer les transformations et les pressions humaines sur l’océan côtier aux différentes échelles de temps et d’espace (par exemple, plastiques, contaminants).</p>
<p>Les stations d’observation en continu et à haute fréquence de l’océan côtier constituent l’un des piliers du suivi de ces changements.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174841/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Depuis 20 ans, des systèmes observent le long des côtes les impacts qu’ont les événements extrêmes sur les écosystèmes.Coline Poppeschi, Doctorante en océanographie physique, IfremerGuillaume Charria, Chercheur en océanographie physique côtière, IfremerMichel Repecaud, Ingénieur hydrodynamique - Réseaux de mesure automatisés en milieu côtier, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1700442021-10-26T18:28:24Z2021-10-26T18:28:24ZLire les secrets des ouragans depuis le ciel<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/426709/original/file-20211015-26-1sp6rre.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C1%2C1303%2C824&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le cyclone tropical Ida, le 30 août 2021.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://appliedsciences.nasa.gov/what-we-do/disasters/disasters-activations/hurricane-ida-2021">NASA</a></span></figcaption></figure><p>Cette image a été prise le matin du 30 août 2021 par l’instrument <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Visible_Infrared_Imaging_Radiometer_Suite">VIIRS</a> du satellite américain Suomi-NPP depuis son orbite à 824 kilomètres d’altitude, deux fois plus loin de la Terre que la station spatiale internationale. Une image magnifique, exceptionnelle à plus d’un titre. </p>
<p>C’est d’abord une image satellite prise de nuit, par un capteur nyctalope capable de voir la terre et son atmosphère de nuit avec une précision de quelques centaines de mètres seulement, une véritable prouesse technologique. Aux lumières nocturnes des villes soulignant les côtes américaines se superpose un amas de nuages, en forme de spirale : c’est l’ouragan Ida quelques heures après qu’il a touché la Louisiane. Il s’agit d’un monstre météorologique, d’un événement extrême et exceptionnel dont les chercheurs n’ont pas encore percé tous les secrets.</p>
<p>Chaque année, à la fin du mois d’août, la saison des ouragans bat son plein : en cette fin d’été boréal, les océans atteignent leurs températures les plus chaudes de l’année, une manne pour les ouragans qui puisent leur énergie destructrice dans les eaux chaudes de surface. Le golfe du Mexique et ses eaux pouvant atteindre les 30 °C sont particulièrement propices à l’intensification des ouragans. Le tristement célèbre ouragan Katrina en 2005 et l’ouragan Ida se sont tous deux violemment intensifiés grâce à la chaleur et à l’humidité des eaux du golfe : après s’être engouffrés par le détroit de Floride (Katrina) ou par la mer des Caraïbes (Ida), ils sont devenus en quelques heures des ouragans majeurs. Katrina a atteint la catégorie 5 sur l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chelle_de_Saffir-Simpson">échelle de Saffir-Simpson</a> avec des vents soufflant à 280 km/h – soit seulement 40 km/h de plus que les vents de l’ouragan Ida, affublé de la catégorie 4.</p>
<h2>Que voit l’œil d’un chercheur sur cette image ?</h2>
<p>Sur cette image, l’enroulement nuageux est le seul témoin de la présence de l’ouragan Ida proprement dit. Il s’étend sur plusieurs centaines de kilomètres et son épaisseur est d’une quinzaine de kilomètres. Sur l’image, les nuages les plus épais et sous lesquels les pluies sont les plus intenses correspondent aux zones les plus blanches. L’enroulement dans le sens inverse des aiguilles d’une montre est caractéristique des cyclones de l’hémisphère Nord ; son sens change avec l’hémisphère.</p>
<p>On ne distingue pas ici de région centrale dénuée de nuages, signature du fameux « œil du cyclone » souvent visible sur les images satellites de cyclone. L’absence d’œil est le signe du déclin de l’ouragan. Son arrivée sur les côtes de Louisiane a signé en quelque sorte son arrêt de mort. Une fois à l’intérieur des terres, sans source d’énergie, les vents ralentissent et les pluies faiblissent. Il est alors rétrogradé au rang de tempête tropicale puis de simple dépression ; <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/03/ouragan-ida-joe-biden-declare-l-etat-d-urgence-dans-les-etats-du-new-jersey-et-de-new-york_6093230_3244.html">il achèvera sa route</a> quelques jours plus tard, après avoir parcouru quelques milliers de kilomètres vers le Nord.</p>
<p>L’arrivée d’Ida sur les terres de Louisiane a provoqué des dégâts considérables. Très peu d’infrastructures résistent aux vents violents et surtout aux inondations provoquées par les vagues soulevées par l’ouragan et par ses pluies torrentielles. Sur cette image nocturne, les seuls dégâts visibles sont les <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/29/l-ouragan-ida-se-renforce-et-s-approche-dangereusement-des-cotes-de-la-louisiane_6092672_3244.html">coupures d’électricité</a> provoquées par le passage d’Ida ; une comparaison avec une photo prise quelques jours plus tôt suffirait à identifier les pannes électriques. On comprend ici comment ce type d’images satellite peut constituer un support logistique de taille face aux catastrophes naturelles qui nous menacent.</p>
<h2>Des informations pour les chercheurs</h2>
<p>Au-delà de ces considérations logistiques, <a href="http://rammb-data.cira.colostate.edu/tc_realtime/">ces images satellite</a> constituent également une mine d’informations pour les chercheurs puisqu’elles leur donnent accès à tous les cyclones tropicaux de la planète en temps quasi réel. Leur géométrie, leurs dimensions, la vitesse de leurs vents (des algorithmes permettent en effet de déduire la vitesse des vents à partir d’images satellites) sont autant de données précieuses pour les chercheurs qui travaillent à mieux comprendre les cyclones.</p>
<p>Ces données viennent compléter les données dites <em>in situ</em>, plus rares et plus disparates, acquises par exemple lors des vols de reconnaissance par des avions de la NASA. À l’instar de l’imagerie satellitaire de nuit, la technologie des drones est en train de <a href="https://journals.ametsoc.org/view/journals/bams/101/7/bamsD190119.xml">révolutionner les mesures</a> <em>in situ</em> : il y a quelques semaines, un drone flottant (Saildrone) a pour la première fois filmé la mer déchaînée à l’intérieur d’un ouragan dans l’Atlantique.</p>
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<figcaption><span class="caption">Un drone flottant filme l’intérieur du cyclone Sam, dans l’océan Atlantique le 30 septembre 2021 (Saildrone).</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/170044/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ludivine Oruba ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Cette image est exceptionnelle, notamment car elle est prise de nuit. On peut y voir l’ouragan IDA quelques heures après qu’il a touché la Louisiane en 2021.Ludivine Oruba, Maître de conférences, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1684302021-09-29T18:20:01Z2021-09-29T18:20:01Z« Cher convoi » : lettres à la vallée blessée de la Roya<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/422991/original/file-20210923-23-111i5d8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En attendant le convoi.</span> <span class="attribution"><span class="source">Hélène Michel</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/423753/original/file-20210929-22-1vf132g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/423753/original/file-20210929-22-1vf132g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423753/original/file-20210929-22-1vf132g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=699&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423753/original/file-20210929-22-1vf132g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=699&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423753/original/file-20210929-22-1vf132g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=699&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423753/original/file-20210929-22-1vf132g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=878&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423753/original/file-20210929-22-1vf132g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=878&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423753/original/file-20210929-22-1vf132g.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=878&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le cours du fleuve côtier la Roya, entre la France et l’Italie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Roya#/media/Fichier:Roya_(fleuve).png">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Un an après la tempête Alex, la vallée de la Roya panse toujours ses plaies. En octobre 2020, des <a href="https://theconversation.com/une-plongee-pleine-denseignement-dans-deux-siecles-dinondations-60389">inondations destructrices</a> ont coupé cette vallée du reste du monde.</p>
<p>Pour comprendre les mécanismes de reconstruction, nous sommes allés collecter des lettres d’amour, de regrets, ou rupture, adressées par les habitants au territoire.</p>
<p>À l’aide d’un bureau nomade et d’une machine à écrire disposés dans différents lieux du territoire (dans le cadre du dispositif de recherche <a href="https://fabularium.fr/">Fabularium</a>), les habitants, ouvriers ou touristes ont rédigé leurs déclarations.</p>
<p>Nostalgiques, revendicatrices, poétiques ou ironiques, elles s’adressent à la vallée elle-même, au chantier de reconstruction et à un élément clé : le convoi qui, des mois durant, a rythmé la vie en définissant scrupuleusement des horaires d’accès à la vallée.</p>
<p>Véritable cordon ombilical avec l’extérieur, il a endossé un rôle de « passeur », bien connu dans cette vallée concernée par les flux de migrants.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/423541/original/file-20210928-27-t6d5q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423541/original/file-20210928-27-t6d5q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423541/original/file-20210928-27-t6d5q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423541/original/file-20210928-27-t6d5q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423541/original/file-20210928-27-t6d5q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423541/original/file-20210928-27-t6d5q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423541/original/file-20210928-27-t6d5q0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le bureau nomade utilisé dans le cadre du projet Fabularium.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Hélène Michel</span></span>
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<h2>À l’heure de la reconstruction</h2>
<p>Pour les habitants, la catastrophe reste omniprésente. Et si l’inondation est passée, ils ont dû apprendre à vivre avec le chantier de reconstruction. La sensation de subir est alors double.</p>
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<span class="caption">Extrait de la lettre de Charlie, habitante de la vallée.</span>
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<p>Dans un lieu si enclavé, avec de tels dégâts, l’intervention extérieure est impérative. Les ouvriers des travaux publics font désormais partie du paysage. Et se l’approprient jour après jour. Parmi eux : les cordistes qui travaillent, suspendus des heures durant, dans ces lieux d’accès difficiles tels le pont de Fontan.</p>
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<span class="caption">Extrait de la lettre d’Anthony Dardennes, cordiste sur le pont de Fontan.</span>
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<h2>Une sorte de cordon ombilical</h2>
<p>La reconstruction demande du temps. D’ici là toute circulation est limitée, soumise à une alternance. Il s’agit surtout ne pas rater l’heure du départ. Une file de véhicules attend ainsi, devant le feu rouge, avec un créneau de 15 minutes pour descendre la vallée, un de 15 pour la remonter, puis trois à quatre heures d’attente pour laisser le champ libre aux travailleurs.</p>
<p>C’est le convoi : un groupe de véhicules voyageant ensemble afin de s’assurer soutien et protection.</p>
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<span class="caption">« Retour à la vie », extrait d’une lettre rédigée dans le cadre du projet Fabularium.</span>
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<p>Tout le monde le connaît. Tout le monde en parle et chacun a son avis sur lui. Il est devenu un acteur spécifique de la vallée. Pour les habitants, c’est une source de lien social et économique.</p>
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<span class="caption">« Je t’aime », extrait d’une lettre rédigée dans le cadre du projet Fabularium.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Anthropomorphisé, on lui prête même des traits de caractère humains, des petites manies ! Le considérer comme une personne exige d’en reconnaître les qualités et d’en accepter l’altérité. Cela aide à comprendre des comportements, anticiper des réactions et redéfinir le cadre de nos relations avec le territoire.</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<span class="caption">« Notre relation est récente », extrait d’une lettre rédigée dans le cadre du projet Fabularium.</span>
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</figure>
<h2>Le rejet du tourisme-réalité</h2>
<p>« Je suis allé au bout du monde » : c’est ce que l’on peut lire sur l’autocollant d’un van attendant dans le convoi. Des 4X4 suréquipés, venus de partout en France, mais aussi de Belgique et au-delà patientent au milieu des voitures immatriculées dans la région.</p>
<p>La vallée est devenue un terrain de jeu accidenté.</p>
<p>Sortis de leur véhicule à l’arrêt, quelques touristes prennent des photos de la rivière et des dégâts, sous l’œil circonspect des locaux.</p>
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<span class="caption">« Les voyeurs », extrait d’une lettre rédigée dans le cadre du projet Fabularium.</span>
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<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/423001/original/file-20210923-14-1wv31.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/423001/original/file-20210923-14-1wv31.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/423001/original/file-20210923-14-1wv31.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=83&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/423001/original/file-20210923-14-1wv31.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=83&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/423001/original/file-20210923-14-1wv31.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=83&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/423001/original/file-20210923-14-1wv31.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=104&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/423001/original/file-20210923-14-1wv31.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=104&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/423001/original/file-20210923-14-1wv31.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=104&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">« Le con voit », extrait d’une lettre rédigée dans le cadre du projet Fabularium.</span>
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<p>Ceci renvoie d’une certaine façon au <a href="https://theconversation.com/un-an-apres-tour-de-france-ou-black-m-peut-on-tout-faire-sur-un-site-de-dark-tourism-comme-verdun-59692">« tourisme noir »</a> (<em>dark tourism</em>) : une forme controversée de tourisme dans des lieux étroitement associés à la mort, à la souffrance ou à des catastrophes.</p>
<p>Ainsi, d’un lac nucléaire à une forêt hantée, le journaliste David Farrier visite des sites touristiques inhabituels, et souvent macabres, à travers le monde et partage ses pérégrinations dans la série documentaire <em>Dark Tourist</em> sur Netflix.</p>
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<figcaption><span class="caption">Bande-annonce de la série Netflix « Dark Tourist » (Netflix, 2018).</span></figcaption>
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<p>Cela correspond aussi à une forme de « tourisme-réalité » qui reprend les codes de la télé-réalité afin d’éprouver des situations pénibles.</p>
<p>De voyageur à voyeur, le pas semble vite franchi.</p>
<p>Comment définir une limite ? Pour Daniel Bitran, professeur de psychologie, <a href="https://theconversation.com/why-tourists-go-to-sites-associated-with-death-and-suffering-81015">« c’est l’intention qui compte »</a>. Cela peut se traduire ainsi par le choix de visiter un lieu de compréhension de la culture plutôt que le lieu de la catastrophe lui-même ; ou par des règles de conduite personnelles (ne pas toucher, ne pas emporter d’éléments « souvenirs »)… et encore moins de selfies souriants dans des lieux de souffrance !</p>
<h2>Le convoi, ce passeur</h2>
<p>Finalement, le convoi endosse le rôle du passeur : celui qui fait franchir un obstacle à quelqu’un ou à quelque chose. Que cela soit une rivière ou une frontière.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Cher Convoi », auteur anonyme (datacollection : H.Michel/datavisualisation : S.Beaud/conteuse : Milao).</span></figcaption>
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<p>La vallée de la Roya est en effet <a href="https://passeursdhumanite.com/">connue pour l’hospitalité</a> – parfois débattue – des habitants à l’égard des migrants, que cela soit en les aidant à franchir les cols ou en les accueillant dans leurs fermes. Dans un contexte rendu inhospitalier par les événements tant politiques que climatiques, c’est le recours à l’<a href="https://obsmigration.hypotheses.org/files/2018/03/2017-MEMOIRE-CHLOE.pdf">hospitalité privée</a> qui semble alors prendre le pas.</p>
<p>Fin septembre 2021, le convoi de véhicules a désormais cessé dans la vallée. La voie est-elle libre pour autant ?</p>
<hr>
<p><em>Retrouvez l’ensemble des lettres rédigées sur le site du projet <a href="https://fabularium.fr/">Fabularium</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/168430/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hélène Michel a reçu des financements de la chaire « Territoires en transition » de Grenoble Ecole de Management pour réaliser ce projet. </span></em></p>Grâce à des lettres intimes adressées à la vallée meurtrie par de terribles inondations en octobre 2020, le projet Fabularium propose une lecture sensible de la reconstruction d’un territoire.Hélène Michel, Enseignant-Chercheur - Gamification & Innovation, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1570202021-03-15T18:03:40Z2021-03-15T18:03:40ZComment atténuer les effets des tempêtes de poussière et de sable<p>Février 2021, des tempêtes de poussières provenant du Sahara atteignent l’Europe : un panache provenant du nord-est de l’Algérie colore le ciel en rouge dans une grande partie de l’Europe et d’importants dépôts de poussière brunissent les Pyrénées et les Alpes enneigées. </p>
<p>Puis, fin février, une seconde vague de poussière touche sévèrement les îles Canaries avant de se diriger vers l’Europe, remontant jusqu’en Scandinavie. Cette activité est plutôt anormale pour un mois de février, mais l’Europe connaît quelques grandes vagues de poussière chaque année.</p>
<h2>Pourquoi la poussière est-elle un problème ?</h2>
<p>La poussière des déserts est produite par l’érosion des surfaces arides et semi-arides par le vent. Ces poussières affectent le temps, le climat, la chimie de l’atmosphère. Elles fournissent du fer et du phosphore aux écosystèmes terrestres et océaniques, et augmentent la photosynthèse et la productivité biologique.</p>
<p>Pourtant, malgré certains effets positifs, les tempêtes de poussière ont de graves répercussions sur les sociétés et l’économie, en particulier dans les pays situés sous le vent des principales sources d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Asie centrale et orientale, comme nous l’avons vu <a href="https://www.sudouest.fr/international/chine-pekin-suffoque-sous-la-pire-tempete-de-sable-de-la-decennie-1674588.php">mi-mars 2021 en Chine</a>, quand Pékin a essuyé sa plus grosse tempête de sable de la décennie. Dans ces régions, les niveaux de poussière exceptionnellement élevés qui ont été atteints en Europe en février 2021 sont courants.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/388288/original/file-20210308-18-ewcbio.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/388288/original/file-20210308-18-ewcbio.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/388288/original/file-20210308-18-ewcbio.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/388288/original/file-20210308-18-ewcbio.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/388288/original/file-20210308-18-ewcbio.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/388288/original/file-20210308-18-ewcbio.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/388288/original/file-20210308-18-ewcbio.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/388288/original/file-20210308-18-ewcbio.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Tempête de poussière affectant les îles Canaries – où on appelle ces tempêtes « calima » – et se dirigeant vers l’Europe continentale le 18 février 2021. Les marques noires sont des zones sans information satellite.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://go.nasa.gov/3uymdc2">NASA</a></span>
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<p>Les tempêtes de poussière <a href="https://www.mdpi.com/2073-4433/7/12/158">augmentent</a> les infections oculaires et l’incidence de la morbidité et de la mortalité respiratoires et cardiovasculaires, et sont <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/full/10.1289/ehp.1306640">associées</a> aux taux d’incidence de la méningite dans le Sahel africain. Les vagues intenses <a href="https://www.etasr.com/index.php/ETASR/article/view/2972">perturbent les communications</a>, obligent à <a href="https://public.wmo.int/fr/ressources/bulletin/la-poussi%C3%A8re-atmosph%C3%A9rique-un-danger-pour-la-sant%C3%A9-humaine-l%E2%80%99environnement-et-la">fermer</a> les routes et les aéroports en raison de la mauvaise visibilité, et peuvent <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1755-1307/7/1/012016">endommager les cultures et le bétail</a>. </p>
<p>La poussière affecte aussi la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0038092X17310526">production d’énergie solaire</a> et la poussière déposée sur la neige <a href="https://www.sdsg.org/dust-deposition-on-snow">réduit</a> sa réflectivité et augmente l’absorption du rayonnement solaire, ce qui entraîne une fonte plus rapide du manteau neigeux.</p>
<h2>Atténuer les sources ou atténuer les impacts ?</h2>
<p>L’atténuation des sources est possible dans les régions où l’érosion éolienne est exacerbée par les activités humaines qui perturbent le sol : cultures, pâturage, loisirs, urbanisation, ou encore détournement de l’eau pour l’irrigation. </p>
<p>Un exemple classique est le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dust_Bowl">« Dust Bowl »</a> des années 1930 dans les hautes plaines américaines, où une mauvaise gestion agricole et une longue sécheresse ont entraîné une forte érosion par le vent et des tempêtes de poussière d’une ampleur sans précédent.</p>
<p>Lorsque les sources de poussière sont d’origine naturelle, par exemple dans une zone désertique, l’atténuation des sources peut être mise en œuvre. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0925857412001656">On peut</a> par exemple stabiliser la surface et déployer des clôtures lorsque des dunes de sable mobiles, ou des tourbillons de sable et de poussière, constituent un défi pour les activités humaines. Mais cela n’est ni faisable ni souhaitable à grande échelle. À l’échelle mondiale, le potentiel de l’atténuation à la source est plutôt limité, ce qui rend l’atténuation des impacts encore plus cruciale.</p>
<p>L’atténuation des effets négatifs des tempêtes de poussière, plutôt que de leurs sources, nécessite des systèmes de surveillance, de modélisation, de prévision et d’alerte précoce. Les applications d’atténuation dite « tactique » se concentrent sur les mesures qui peuvent être prises à court terme, lorsque les prévisions annoncent une tempête de poussière à un endroit et à un moment donnés. </p>
<p>Par exemple, les prévisions relatives à la poussière peuvent aider les hôpitaux à anticiper les pics de visites aux urgences liées à des problèmes respiratoires, à mettre le bétail à l’abri, à gérer les calendriers des plantations, récoltes et de la production d’énergie solaire, et à minimiser le temps pendant lequel les procédures de faible visibilité sont en place dans les aéroports.</p>
<p>Les applications d’atténuation « stratégique » sont celles liées à la planification et aux investissements à long terme, comme la décision de l’emplacement d’une centrale solaire. </p>
<p>Une autre application concerne l’aide aux <a href="https://library.wmo.int/doc_num.php?explnum_id=10542">évaluations après tempête de poussière</a>. En effet, les gouvernements et les institutions internationales ont besoin de connaître les causes précises de la dégradation de la qualité de l’air, des épidémies ou des dommages aux cultures. </p>
<p>Enfin, les communautés scientifiques, notamment en santé publique, ont besoin de données sur la poussière résolues dans l’espace et dans le temps afin d’estimer les effets des particules de poussière sur une série de maladies.</p>
<h2>Comment modéliser et prévoir les tempêtes de poussière ?</h2>
<p>Des efforts considérables sont déployés pour mettre au point des modèles et des prévisions fiables de la poussière à l’échelle mondiale et régionale afin d’en atténuer les effets, par exemple au <em>Sand and Dust Storm Warning Advisory and Assessment System</em> de l’Organisation météorologique mondiale, qui a un centre régional <a href="https://sds-was.aemet.es/">pour l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et l’Europe</a>.</p>
<p>Les modèles utilisent des techniques mathématiques et numériques pour simuler le cycle de la poussière atmosphérique, notamment la façon dont elle est émise, transportée et déposée, mais aussi comment elle interagit avec le rayonnement et les nuages.</p>
<p>Pour calculer l’émission de poussière, on utilise des paramètres d’entrée caractéristiques de la surface, du sol et de la météorologie. Le succès de cette approche est limité par les incertitudes sur ces paramètres, y compris celles liées aux hétérogénéités spatiales et temporelles en dessous de la résolution du modèle, et les imprécisions des champs météorologiques moteurs, tels que le champ de vent, car de petites erreurs sur la vitesse du vent entraînent de grandes erreurs dans l’émission des poussières. Les processus contrôlant le dépôt des particules de poussière, en particulier les plus grossières, sont également soumis à des incertitudes importantes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/388289/original/file-20210308-18-u6ufoh.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/388289/original/file-20210308-18-u6ufoh.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/388289/original/file-20210308-18-u6ufoh.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/388289/original/file-20210308-18-u6ufoh.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/388289/original/file-20210308-18-u6ufoh.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/388289/original/file-20210308-18-u6ufoh.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/388289/original/file-20210308-18-u6ufoh.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/388289/original/file-20210308-18-u6ufoh.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Prévision du contenu en poussière de l’atmosphère, pour le 18 février 2021, par le modèle MONARCH du <em>Barcelona Supercomputing Center</em>. Les comparaisons avec les observations montrent que les modèles prévoyaient bien le calendrier et l’extension géographique du panache de poussière atteignant l’Europe.</span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Dans l’ensemble, les modèles de poussière se comportent relativement bien lorsque les foyers de poussière sont causés par des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chelle_synoptique">systèmes d’échelle « synoptique »</a>, c’est-à-dire qui possèdent des éléments qui font 1000 kilomètres de diamètre ou plus. Un bon exemple concerne la <a href="https://atmosphere.copernicus.eu/ground-monitoring-confirms-cams-forecasts-desert-dust-over-northern-europe">prédiction réussie</a> des événements de février 2021 en Europe en termes de calendrier et d’extension géographique.</p>
<h2>Les défis à venir</h2>
<p>En revanche, la représentation des <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Haboob">« haboobs »</a> – immenses murs de sable et de poussière produits par de forts courants descendants qui se produisent régulièrement dans les régions arides et semi-arides – nécessite de résoudre explicitement la convection, ce qui représente un <a href="http://stream1.cmatc.cn/pub/comet/numerical/HowModelsProducePrecipitationandCloudsversion2/comet/nwp/model_precipandclouds/navmenu.php_tab_1_page_3.7.0.htm">formidable défi</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/a0DLwc_fqss?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Prémunir les populations des tempêtes de sable et de poussière, de l’Organisation météorologique mondiale.</span></figcaption>
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<p>Les prévisions qui utilisent les données satellites donnent de meilleurs résultats que les prévisions qui dépendent uniquement de la modélisation pour définir les conditions initiales. L’amélioration des systèmes d’observation mondiaux et des <a href="http://www.meteofrance.fr/publications/glossaire/149476-assimilation-des-donnees">techniques d’assimilation de données</a> ouvre des perspectives intéressantes.</p>
<p>Outre l’amélioration des modèles et des prévisions, il reste beaucoup à faire pour atténuer efficacement les effets des tempêtes de poussière. Les prévisions quantitatives sont actuellement peu intégrées dans les pratiques sur le terrain et les politiques publiques. C’est souvent dû à un manque de compréhension de l’impact précis des tempêtes de poussière sur certains secteurs, à l’absence de produits adaptés aux besoins des utilisateurs, mais aussi au manque de sensibilisation, de compréhension, de capacité ou de structures pour utiliser ces informations, ainsi qu’au défi plus général de l’<a href="https://www.nap.edu/read/11699/chapter/4">intégration d’informations ou de prévisions incertaines dans les pratiques de gestion</a>.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=158&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=158&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=158&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=198&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=198&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/310261/original/file-20200115-134768-1tax26b.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=198&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Créé en 2007 pour accélérer les connaissances scientifiques et leur partage, le Axa Research Fund a apporté son soutien à environ 650 projets dans le monde menés par des chercheurs de 55 pays. Pour en savoir plus, visitez le site <a href="https://www.axa-research.org/en">Axa Research Fund</a> ou suivez sur Twitter @AXAResearchFund.)</em></p>
<p><em>Article traduit par Elsa Couderc avec l’aide de DeepL.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/157020/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le groupe de recherche _Atmospheric Composition_ mené par Carlos Pérez García-Pando au _Barcelona Supercomputing Center_ est partiellement financé par le _European Research Council_, _European Union H2020_, des contrats Copernicus, des financements publics espagnols et le Fonds AXA pour la Recherche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Le groupe de recherche _Atmospheric Composition_ dont fait partie Sara Basart au _Barcelona Supercomputing Center_ est partiellement financé par le _European Research Council_, _European Union H2020_, des contrats Copernicus, des financements publics espagnols et le Fonds AXA pour la Recherche.</span></em></p>L’Europe, et plus récemment la Chine, ont connu des tempêtes de sable, comment se forment-elles et comment s’en prévenir ?Carlos Pérez García-Pando, ICREA Research Professor, AXA Professor on Sand and Dust Storms and Head of the Atmospheric Composition group at the Barcelona Supecomputing Center, ICREASara Basart, Researcher of the Atmospheric Composition group, in charge of the WMO Sand and Dust Storm Warning Advisory and Assessment System Regional Center for Northern Africa, Middle East and Europe,, Barcelona Supercomputing Center-Centro Nacional de Supercomputación (BSC-CNS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1563472021-03-15T13:38:53Z2021-03-15T13:38:53ZPourquoi il faut se méfier des dépressions polaires<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/389149/original/file-20210311-13-4g84zi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C52%2C4386%2C3156&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pendant des siècles, les marins des mers nordiques ont raconté des rencontres inattendues avec des tempêtes violentes sortant de nulle part et qui semaient le chaos sur les mers.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Bien connues des populations côtières de la Norvège, les dépressions polaires passent souvent inaperçues au Canada. Courtes, mais intenses et difficiles à prévoir, elles n’en sont pas moins dangereuses et peuvent causer des dégâts importants. Il est impératif de savoir mieux les prévoir.</p>
<p>Le 28 février dernier, l’Institut météorologique norvégien a émis un <a href="https://twitter.com/Meteorologene/status/1365998630356873221/photo/1">avertissement de dépression polaire</a>, prévenant la population de s’attendre à des changements abrupts de la météo. Une semaine plus tard, une <a href="https://twitter.com/Meteorologene/status/1368170775182778371/photo/1">autre dépression polaire menaçait la Norvège</a>.</p>
<p>Plus près de nous, le phénomène serait sans doute passé inaperçu. À titre d’exemple, le 7 mars 2019, une majestueuse dépression polaire s’est formée au-dessus de la mer du Labrador, sans que les communautés côtières en aient connaissance. Si les dépressions polaires sont bien connues des Norvégiens et fréquentes là-bas chaque hiver, elles le sont moins dans <a href="https://www.grida.no/resources/13337">cette région peu peuplée</a>.</p>
<p>Mes recherches en tant que doctorante en sciences de l’atmosphère se concentrent sur ces phénomènes météorologiques, pour lesquels il reste encore beaucoup de questions à répondre. Je réalise des simulations de dépressions polaires avec le Modèle régional canadien du climat au sein du <a href="https://escer.uqam.ca/">Centre pour l’étude et la simulation du climat à l’échelle régionale</a> (ESCER), et je constate que ces phénomènes sont particulièrement difficiles à prévoir du fait de leur petite taille et de leur courte durée.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Image infrarouge acquise par l’instrument AVHRR à bord du satellite NOAA-18 le 7 mars 2019. On peut voir la signature nuageuse (en blanc) d’une dépression polaire qui se trouve à l’est de la région du Labrador.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Environnement et Changements climatiques Canada</span></span>
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<p>Plusieurs questions vont probablement vous venir à l’esprit : qu’est-ce qu’une dépression polaire ? Pourquoi n’ai-je jamais entendu parler d’elles alors qu’elles se développent parfois près du Canada ? Après avoir fait une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/16000870.2021.1890412">révision exhaustive de la littérature sur les dépressions polaires</a>, je crois être en mesure de répondre à la majorité de ces questions sur ces mystérieux systèmes météorologiques.</p>
<h2>Petites, mais intenses !</h2>
<p>Les dépressions polaires sont des tempêtes maritimes intenses qui se développent près des pôles pendant la saison froide. Avec un diamètre de moins de 1000 km et une durée de vie qui normalement ne dépasse pas 48 heures, les dépressions polaires sont des tempêtes plus petites et de plus courte durée que les tempêtes hivernales qui frappent souvent le Québec.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Images infrarouge acquises par les instruments (a) AVHRR et (b) MODIS. En fonction de la forme de leur signature nuageuse, on peut diviser les dépressions polaires en deux types principaux : (a) nuage en forme de virgule et (b) nuage spiraliforme. Image tirée de Tellus A : 2021, 73, 1890412. Article sous licence CC BY-NC 4.0.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Taylor & Francis Group</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les dépressions polaires sont associées à des conditions météorologiques sévères, notamment des vents forts (atteignant parfois la force d’un ouragan !) et des chutes de neige importantes. Les <a href="https://www.barentswatch.no/en/services/polar-lows-explained/">changements de météo</a> associés aux dépressions polaires sont abrupts.</p>
<p>Par conséquent, elles posent un risque pour les populations côtières, le transport maritime et aérien, et les plates-formes pétrolières et gazières. À tel point qu’il y a quelques cas documentés de dépressions polaires qui ont causé la perte de vies humaines. Par exemple, en octobre 2001, la <a href="https://projects.met.no/polarlow/polar_lows/torsvaag/">dépression polaire Torsvåg</a>, qui s’est développée près de la Norvège, a provoqué le chavirage d’une embarcation et le décès d’un de ses deux membres d’équipage.</p>
<h2>Plus près qu’on pense</h2>
<p>Les dépressions polaires se développent <a href="https://rmets.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/qj.3309">dans les hémisphères nord et sud</a>, entre les pôles et une latitude d’environ 40°N et 50°S, respectivement. Elles se forment près de la lisière des glaces (démarcation entre la glace marine – la glace qui se forme sur les océans – et l’eau libre de glace) et près des continents enneigés, quand l’air très froid situé au-dessus de la surface se déplace au-dessus de l’océan, qui est relativement chaud.</p>
<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=H5VNPfHIgpE">L’océan fournit de la chaleur et de l’humidité à cet air froid</a>, ce qui constitue une source d’énergie pour le développement des dépressions polaires. Les dépressions polaires se dissipent quand elles arrivent sur terre ou sur la glace marine, car cette source d’énergie disparaît.</p>
<p>Près du Canada, on observe des dépressions polaires qui se développent au-dessus de la mer de Labrador, du détroit de Davis et de la baie d’Hudson. Ces régions étant de faible densité démographique, le risque d’impact sur la population est faible. Cependant, dans d’autres parties du globe, les dépressions polaires peuvent vite s’avérer dangereuses. Par exemple, la Norvège et le Japon sont les principaux pays qui subissent les impacts de ces tempêtes, car ils ont d’importants bassins de population situés dans les zones côtières affectées par ces tempêtes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Image infrarouge acquise par l’instrument AVHRR à bord du satellite NOAA-19, le 1ᵉʳ mars 2021. L’image montre la dépression polaire qui s’est développée à l’ouest de la Norvège (en blanc).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Meteorologisk institutt</span></span>
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</figure>
<p>Avec les changements climatiques, on peut s’attendre à ce que la distribution spatiale des dépressions polaires et leur fréquence soient modifiées. Les résultats de quelques études indiquent que dans l’Atlantique Nord, les régions de formation de dépressions polaires se déplaceront vers le nord avec le retrait de la lisière des glaces, et la <a href="https://doi.org/10.1175/JCLI-D-16-0255.1">fréquence des dépressions polaires diminuera</a>. Cependant, il reste encore beaucoup de questions à répondre sur l’impact des changements climatiques sur la fréquence et la distribution spatiale des dépressions polaires.</p>
<h2>Des tempêtes difficiles à prévoir</h2>
<p>Bien prévoir les dépressions polaires est indispensable afin d’éviter, dans la mesure du possible, les dommages et les dégâts. Malheureusement, la prévision des dépressions polaires est un vrai défi du fait de leur petite taille et de leur courte durée.</p>
<p>Comme pour toute prévision météorologique, les <a href="https://theconversation.com/la-pandemie-a-un-impact-sur-les-previsions-meteo-137046">ingrédients essentiels pour la prévision correcte</a> des dépressions polaires sont un modèle atmosphérique performant et de bonnes conditions initiales. Or le manque d’observations conventionnelles (comme les observations des stations de surface) au-dessus des océans et près des pôles fait en sorte que les conditions initiales ne sont pas toujours assez bonnes.</p>
<p>Grâce au développement des modèles atmosphériques à haute résolution, les dépressions polaires sont mieux capturées qu’auparavant. Cependant, ces modèles doivent être améliorés afin de mieux représenter certains processus clés pour la formation des dépressions polaires, tels que les échanges de chaleur entre l’océan et l’atmosphère.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=663&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=663&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=663&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Carte d’analyse du Centre météorologique canadien (CMC) correspondante au 1ᵉʳ mars 2021 à 06:00 UTC. Les flèches montrent la direction et l’intensité du vent, et les couleurs montrent l’intensité du vent en km/h. Les lignes noires continues sont des isobares, qui rejoignent des points de pression égaux. Les cercles concentriques avec un « L » au centre représentent des cyclones. La dépression polaire est représentée par le petit cercle à l’ouest de la côte nord de la Norvège.</span>
<span class="attribution"><span class="source">MétéoCentre</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malgré le fait que les modèles à haute résolution nous permettent de prévoir correctement certaines dépressions polaires, il reste du travail à faire pour réussir à prévoir correctement tous ces systèmes météorologiques. D’ici là, restez à l’affût : la saison des dépressions polaires dans l’hémisphère nord n’est toujours pas finie !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156347/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marta Moreno Ibáñez est membre individuel du Conseil de l'Association of Polar Early Career Scientists (APECS) et membre de la Société canadienne de météorologie et d'océanographie (SCMO). Elle a reçu une bourse d'excellence de la Fondation familiale Trottier.</span></em></p>Les dépressions polaires, qui sont des tempêtes maritimes intenses et parfois dangereuses, se forment près du Canada sans que personne ne s’en rende compte. Comment les prévoir ?Marta Moreno Ibáñez, PhD candidate in Earth and atmospheric sciences, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1441312020-08-30T15:57:24Z2020-08-30T15:57:24ZComment naissent les tempêtes de sable ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/355114/original/file-20200827-16-ii28dq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C0%2C1587%2C1002&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tempête de sable à El Fasher au Nord Darfour.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://foter.com/ffff/photo/27877172031/3073d58e24/">UNAMID /Foter</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Il est courant pendant le printemps et l’été, en France métropolitaine, de retrouver sa voiture recouverte d’une couche fine des poussières blanches ou jaunâtres, dont leur origine est justement une tempête de poussières au Sahara.</p>
<p>Les tempêtes de poussières se forment lorsque des vents forts soufflent sur des sols composés de matériaux « érodables » et « mobilisables », c’est-à-dire sensibles à l’érosion par le vent. Il s’agit d’un phénomène très courant dans les vastes régions désertiques, telles que le Sahara, où les tempêtes s’étalent sur des centaines à des milliers de kilomètres.</p>
<p>En fait, dans les déserts, ce ne sont pas les grains de sable qui sont emportés par le vent sur de longues distances, car les grains sont relativement lourds et retombent au sol pas très loin de l’endroit de soulèvement. En effet, le vent soulève les grains de sable de quelques centimètres à quelques mètres d’altitude pour ensuite retomber au sol. Cela génère un impact avec les grains présents au sol, qui les fractionnent en plus petites particules. Ce processus, dit de saltation, produit des grains de poussière désertique beaucoup plus légers, qui redescendent très lentement par effet de la gravité.</p>
<p>Suite au soulèvement, les poussières peuvent donc rester suspendues dans l’air pendant plusieurs jours et voyager ainsi avec le vent sur plusieurs milliers de kilomètres et même atteindre les pôles.</p>
<h2>Les tempêtes de poussières ont des effets importants</h2>
<p>Les très grosses quantités de poussières soulevées au Sahara ont un rôle majeur sur le climat et le système terrestres. Elles modifient fortement les bilans énergétiques terrestres en réfléchissant et absorbant la lumière solaire et le rayonnement infrarouge. L’absorption de la lumière peut réchauffer significativement l’air où se situent les poussières, <a href="https://www.umr-cnrm.fr/spip.php?article1010">modifiant ainsi la circulation des vents</a>.</p>
<p>Lorsqu’elles se déposent au sol, les poussières sont aussi un apport essentiel des minéraux <a href="https://www.lemonde.fr/sciences/article/2017/05/16/comment-le-sahara-nourrit-la-mediterranee_5128448_1650684.html">pour les écosystèmes marins</a> et terrestres. Par ailleurs, les tempêtes de poussières désertiques dégradent fortement la qualité de l’air et la visibilité en Afrique du Nord, pouvant affecter significativement la santé des populations dans ces régions <a href="https://www.euro.who.int/en/health-topics/environment-and-health/air-quality/publications/2013/review-of-evidence-on-health-aspects-of-air-pollution-revihaap-project-final-technical-report">suite à l’aggravation des maladies respiratoires</a>.</p>
<h2>Comment les tempêtes naissent et évoluent</h2>
<p>Au centre du Sahara, c’est en été que les poussières soulevées dans l’atmosphère sont les plus abondantes. Les conditions atmosphériques durant cette période sont fortement influencées par l’apport d’humidité depuis le golf de Guinée par les <a href="http://www.meteofrance.fr/activites-recherche/mieux-comprendre-les-phenomenes-atmospheriques/mousson-en-afrique">vents associés à la mousson africaine</a>.</p>
<p>Ces masses d’air humide remontent en altitude lors qu’elles rencontrent des obstacles, tels que des montagnes, ou lorsqu’elles passent au-dessus de sols très réfléchissants qui produisent des courants d’air ascendants. Cela déclenche la formation d’orages de très grande magnitude, dont les précipitations refroidissent brusquement l’air en s’évaporant au contact de l’air très chaud du désert. Des poches d’air froid se retrouvent dans un environnement très chaud – la différence abrupte de densité de l’air entre les zones chaudes et froides induit des vents très violents.</p>
<p>Ce sont ces vents qui soulèvent les poussières mobilisables au sol et forment de gigantesques murs de poussière. En somme, ce sont des orages tropicaux dans le désert qui sont à l’origine de ces tempêtes de poussières, que l’on appelle « haboobs », qui vient de l’arabe et signifie « vent fort ».</p>
<h2>Comprendre ces tempêtes depuis l’espace</h2>
<p>On connaît encore assez mal la naissance de ces tempêtes : d’une part, elles ont un caractère sporadique et sont déclenchées par des mécanismes dynamiques complexes ; d’autre part, les conditions atmosphériques rendent les observations difficiles et les moyens d’investigation sont souvent très limités dans les régions désertiques.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/355118/original/file-20200827-16-susuje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/355118/original/file-20200827-16-susuje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=365&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/355118/original/file-20200827-16-susuje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=365&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/355118/original/file-20200827-16-susuje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=365&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/355118/original/file-20200827-16-susuje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=458&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/355118/original/file-20200827-16-susuje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=458&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/355118/original/file-20200827-16-susuje.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=458&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Photo 2D d’une vaste tempête de poussières sahariennes en juin 2020, effectuée par le capteur SEVIRI.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://nascube.univ-lille1.fr/">L. Gonzalez et C. Deroo, Laboratoire d’Optique Atmosphérique</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Dans ces régions, les observations satellitaires jouent un rôle majeur, permettant d’observer les quantités des poussières soulevées dans l’atmosphère et leur parcours vers d’autres régions. Cependant, jusqu’à présent, les observations satellitaires classiques caractérisent uniquement la répartition bidimensionnelle des poussières désertiques via une cartographie horizontale effectuée grâce aux sondeurs passifs, qui fonctionnent de manière similaire aux appareils photographiques très performants. Une information verticale, dans l’épaisseur de la tempête, peut-être obtenue en utilisant un laser embarqué sur le satellite, mais cela fonctionne uniquement sous le passage du satellite – chaque acquisition étant écartée d’environ 2000 km en longitude.</p>
<h2>L’importance des phénomènes 3D dans l’évolution des tempêtes</h2>
<p>Les tempêtes de poussières atteignent des régions très différentes selon leur altitude, car l’intensité et la direction du vent varient fortement sur la verticale. De même, les impacts des poussières sur l’environnement dépendent aussi fortement de leur étendue verticale. Seules les poussières proches de la surface <a href="https://public.wmo.int/en/our-mandate/focus-areas/environment/SDS">affectent directement</a> les conditions de vie des populations par dégradation de la qualité de l’air et de la visibilité.</p>
<p>Les poussières peuvent se déposer sur la surface, soit à cause de la gravité quand elles sont en contact avec le sol, soit à cause du lessivage par des gouttes de pluie. Les impacts sur le bilan énergétique terrestre et sur la circulation atmosphérique se localisent principalement aux altitudes où se trouvent les poussières : ces dernières absorbent la lumière solaire et donc réchauffent l’air autour d’elles.</p>
<p>Par ailleurs, notre connaissance des mécanismes de mélange vertical des poussières désertiques au Sahara est limitée, vu le manque d’observations et les difficultés à les modéliser via des équations ou des outils numériques.</p>
<p>Des recherches scientifiques récentes ont permis de mesurer la distribution tridimensionnelle de poussières lors de la <a href="https://doi.org/10.1002/qj.3814">naissance des tempêtes au cœur du Sahara</a>, pour la première fois depuis l’espace, notamment de la vaste tempête de poussières sahariennes survenue en juin 2020 qui a atteint les <a href="https://www.theguardian.com/world/2020/jun/23/godzilla-dust-cloud-from-sahara-blankets-caribbean-on-its-way-to-us">Caraïbes puis les États-Unis</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/355121/original/file-20200827-20-vptg2p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/355121/original/file-20200827-20-vptg2p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/355121/original/file-20200827-20-vptg2p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=473&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/355121/original/file-20200827-20-vptg2p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=473&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/355121/original/file-20200827-20-vptg2p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=473&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/355121/original/file-20200827-20-vptg2p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=595&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/355121/original/file-20200827-20-vptg2p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=595&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/355121/original/file-20200827-20-vptg2p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=595&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Vue 3D de la vaste tempête de poussières sahariennes de juin 2020, obtenue à partir de mesures dans l’infrarouge thermique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Juan Cuesta</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ces travaux s’appuient sur une méthode innovante développée au <a href="http://www.lisa.u-pec.fr/">Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques</a> utilisant des observations satellitaires du <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Q9bbfukWtUI">sondeur passif IASI</a>, qui mesure l’intensité de la lumière dans l’infrarouge thermique, de manière très précise et détaillée en fonction de longueur d’onde, c’est-à-dire de la couleur de la lumière. Le grand avantage de IASI est sa couverture spatiale : ses mesures couvrent la surface entière de la terre deux fois par jour, tandis qu’un laser sonde l’atmosphère uniquement sous des traces écartées d’environ 2000 km en longitude.</p>
<p>Ces mesures sont sensibles à la répartition verticale des poussières, tout en étant très détaillées sur l’horizontale. On obtient ainsi une vue 3D de l’étendue des poussières, qui permet de mieux comprendre les mécanismes dynamiques à l’origine des tempêtes de poussières au Sahara durant l’été. Elles offrent un vaste potentiel pour étudier les mécanismes de mélange vertical des poussières désertiques, ainsi qu’un moyen original pour améliorer la précision des modèles numériques de la distribution 3D des poussières.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144131/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Juan Cuesta a reçu des financements du CNES, du PNTS et de l’ANR, ainsi que le soutien technique du pôle thématique AERIS <a href="https://www.aeris-data.fr/">https://www.aeris-data.fr/</a> via la mise à disposition des données EUMETSAT.</span></em></p>Les tempêtes de sable forment de gigantesques murs de poussières qui peuvent traverser les océans. Dernières nouvelles de leur étude depuis l’espace.Juan Cuesta, Maître de Conférence en Physique, Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques (LISA), Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1294962020-02-18T17:41:29Z2020-02-18T17:41:29ZÀ Saint-Martin, les catastrophes naturelles boostent les inégalités sociales<p>Plusieurs catastrophes naturelles de grande ampleur ont touché le littoral ces dernières années : Katrina à la Nouvelle-Orléans (2005), Xynthia sur le littoral atlantique français (2010) ou encore Irma (2017) et Dorian (2019) dans les Caraïbes. Ces événements ont causé des dégâts matériels importants, fait des morts et des blessés. Leurs coûts associés augmentent du fait d’une urbanisation croissante dans les zones à risque. Limiter l’exposition à ces aléas est devenu une nécessité pour nos sociétés.</p>
<p>Plus de deux années après Irma – qui a touché les îles françaises de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, tuant 11 habitants et détruisant de nombreuses habitations en 2017 – les dégâts sont encore visibles dans les quartiers pauvres alors que les quartiers riches reviennent ou sont revenus à la normale plus rapidement. Les fortes inégalités sociales préexistantes ont été renforcées.</p>
<p>Aujourd’hui, derrière l’incitation à s’adapter aux catastrophes naturelles à venir, il existe un autre risque : celui d’utiliser ces événements dramatiques comme un outil de réorganisation sociale au profit des plus aisés.</p>
<p>L’approbation du nouveau plan de prévention des risques naturels de Saint-Martin (Antilles françaises), début décembre 2019, a ainsi conduit à des <a href="https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/12/17/blocages-affrontements-vives-tensions-a-saint-martin-a-propos-d-un-plan-prevoyant-de-nouvelles-zones-non-constructibles_6023219_3224.html">blocages importants et des manifestations</a>, principalement dans les quartiers défavorisés, mais avec des répercussions sur l’ensemble de l’île plusieurs jours durant. Ce qui a été remis en cause, c’est à la fois l’impact de ce plan sur les activités économiques de l’île, mais aussi l’effet sur les habitants des quartiers populaires, comme à Sandy Ground ou dans le quartier d’Orléans.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/309099/original/file-20200108-107209-wjhl57.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/309099/original/file-20200108-107209-wjhl57.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/309099/original/file-20200108-107209-wjhl57.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/309099/original/file-20200108-107209-wjhl57.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/309099/original/file-20200108-107209-wjhl57.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/309099/original/file-20200108-107209-wjhl57.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/309099/original/file-20200108-107209-wjhl57.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Voitures calcinées dans Marigot (Saint-Martin) durant les blocages du mois de décembre 2019.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J. Gargani</span></span>
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<h2>Habiter sans cohabiter</h2>
<p>Sur le littoral, la nature n’est pas qu’une menace ou un risque, elle constitue aussi une richesse. C’est un élément du bien-être, même si le traumatisme laissé par les ouragans ou les tempêtes peut être fort.</p>
<p>Le littoral est une zone convoitée mais qui, aux yeux de certains (acteurs économiques, propriétaires de biens immobiliers), ne peut être complètement exploitée du fait de la présence d’une population pauvre jugée trop nombreuse. La beauté des lieux est une ressource à laquelle ont aussi accès les plus modestes…</p>
<p>Pour la frange la plus aisée de la population, la coexistence avec ces habitants pauvres est un obstacle au développement économique de l’île, mais aussi à l’entre soi.</p>
<p>Il faut également rappeler que l’implantation de l’habitat sur la côte, à proximité immédiate de la mer, n’a pas toujours été un choix d’agréments, mais aussi un des derniers espaces disponibles. À Saint-Martin, l’urbanisation des hauts de plages s’est développée tardivement durant la seconde moitié du XX<sup>e</sup> siècle avec le tourisme, ce qui a longtemps laissé ces zones accessibles à des populations modestes et métissées.</p>
<p>Le littoral est désormais convoité par de multiples personnes et activités. De nombreuses constructions et infrastructures s’y sont implantées progressivement. La concurrence pour l’accès à cet espace s’est accrue. L’île s’est transformée, passant d’un territoire agricole, peu électrifié, avec une population éparse dans les années 1950, à un territoire organisé par et pour l’industrie du tourisme balnéaire avec un littoral densément urbanisé à partir du début des années 1990.</p>
<h2>Incitations économiques</h2>
<p>Le développement économique de l’île a été porté par des incitations fiscales à partir de 1986 – comme la loi Pons de défiscalisation pour l’outre-mer ainsi que les lois Paul (2001), Girardin (2003), Scellier outre-mer (2009) et Pinel (2015). Cela a conduit à un développement des activités en relation avec le tourisme, à un aménagement du littoral et à un accroissement démographique important.</p>
<p>Paradoxalement, c’est toujours en 1986 que la loi relative « à l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral », dite loi littoral, a réglementé la construction afin d’encadrer la spéculation immobilière.</p>
<p>Dans la pratique, la construction en zone littoral a continué de se produire, à Saint-Martin comme ailleurs, avec l’extension progressive de l’urbanisation en continuité des constructions préexistantes. Entre 1986 et 2006, <a href="https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/074000695.pdf">530 000 habitants supplémentaires</a> se sont implantés dans les communes littorales en France métropolitaine, sans compter les constructions en relation avec les activités économiques.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/309100/original/file-20200108-107243-rnze8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/309100/original/file-20200108-107243-rnze8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/309100/original/file-20200108-107243-rnze8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/309100/original/file-20200108-107243-rnze8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/309100/original/file-20200108-107243-rnze8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/309100/original/file-20200108-107243-rnze8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/309100/original/file-20200108-107243-rnze8v.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Habitations localisées sur les hauts de plage dans le quartier de Grand Case (Saint-Martin), décembre 2019.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J. Gargani</span></span>
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<p>Rien qu’à Saint-Martin, la population est passée de <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2527810">8000 habitants en 1982 à 35000 en 2016</a> en raison d’incitations économiques. Les lois de défiscalisation ont favorisé le développement de l’industrie du tourisme et de la construction en permettant des remboursements d’une partie des dépenses engagées pour la construction des hôtels, des commerces ainsi que la construction de résidences principales et secondaires.</p>
<p>Les défiscalisations ont augmenté la prise de risque car le coût de construction effectif a été significativement diminué pour les investisseurs. Ceux qui ont fait construire ont pris peu de précaution en bâtissant là où ils imaginaient que les touristes souhaiteraient s’installer, c’est-à-dire au plus proche de la mer, comme à Baie Orientale et Anse Marcel. Ils ont anticipé les moyens de gagner de l’argent sur le court terme.</p>
<p>La défiscalisation a eu pour effet de reporter une partie des dépenses de construction vers l’État – ce sont donc les contribuables qui ont financé et favorisé des implantations dans des zones à risque de submersion marine par un système de moins-value fiscale. Le marché de la construction et de la reconstruction aiguise toujours les <a href="https://www.stmartinweek.fr/2019/03/08/edito-%E2%80%A2-reconstruction-privee-le-triste-dessous-des-cartes/72387">appétits financiers à Saint-Martin</a>, comme ailleurs en France et dans le monde. L’industrie de la construction et du tourisme offrent actuellement la possibilité de placements ou de gains financiers.</p>
<h2>L’habitat « fragile »</h2>
<p>À Saint-Martin, des quartiers populaires ont aussi été construits dans des zones à risque de submersion marine en cas d’ouragan. L’urbanisation a coïncidé avec le besoin de logements pour la main-d’œuvre, souvent étrangère, nécessaire à l’industrie de la construction et du tourisme.</p>
<p>La population installée dans les quartiers populaires est désormais fortement <a href="https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/962">touchée par le chômage depuis le ralentissement de l’activité dans les métiers de la construction</a>. La réduction de l’activité de la construction a été liée à la réduction des avantages fiscaux dans ce secteur et au durcissement des conditions pour pouvoir en bénéficier. L’État a un rôle important dans l’évolution de l’économie et de nos sociétés. Depuis Irma, le secteur de la construction a été redynamisé, mais conduit dans la majorité des cas à des emplois sans contrat de travail et sans cotisation sociales.</p>
<p>Les habitants affectés par les ouragans ont dû faire face à des dépenses de reconstruction que n’ont pu supporter les habitants les plus pauvres. Beaucoup vivent au rez-de-chaussée d’habitations dont le premier étage est laissé à l’abandon, sans toit, ni fenêtres. Les habitants ne sont souvent pas assurés, ni ne possèdent de quoi effectuer des réparations pérennes. Celles-ci sont réalisées à bas coût et grâce à l’entraide. Les habitations des quartiers populaires sont construites de manière moins solide que celles des beaux quartiers. Non seulement elles sont réalisées en dehors des zones autorisées, mais aussi avec des matériaux de moins bonne qualité et en ne respectant pas les normes de construction anticyclonique et parasismique.</p>
<p>L’habitat fragile est aussi celui des habitants fragilisés par des revenus faibles et des situations administratives précaires (clandestins, travailleurs non déclarés, travailleurs pauvres, ni locataire ni propriétaire, habitat hors légalité). Ces habitations sont endommagées de façon importante et récurrente lors des ouragans. En revanche, les constructions des quartiers aisées résistent mieux aux ouragans, même si les plus fortes rafales d’Irma ont abîmé aussi une partie des résidences luxueuses.</p>
<p>Lors de l’ouragan Dorian dans les Bahamas en septembre 2019, certains des habitants les plus aisés ont eu l’opportunité de ne pas être exposés physiquement aux effets de la catastrophe en évacuant les lieux grâce à des vols sur de petits avions privés. Ainsi, lorsque les destructions affectent de façon indifférenciée le bâti de tous les habitants, les personnes aisées parviennent plus facilement à préserver leur intégrité physique, mais aussi psychologique, en n’assistant pas (ou moins) à la situation de crise la plus critique. À Saint-Martin, il a été estimé que <a href="https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2018/09/dp_irma_-_bilan_1_an.pdf">7 000 à 8 000 habitants avaient quitté l’île après l’ouragan Irma</a>. Souvent les habitations dans les quartiers aisés bénéficient de groupes électrogènes et de citernes d’eau leur permettant de faire face plus facilement à la période de crise, juste après les ouragans, lorsque les réseaux d’eau et d’électricité ne fonctionnent plus.</p>
<p>À Saint-Martin, les catastrophes naturelles sont des catalyseurs de la différenciation sociale parce qu’elles touchent plus les pauvres, mais aussi parce que les aides (assurances, aides psychologiques) ne sont pas perçues par les plus pauvres. C’est aussi eux que l’on expulse en premier, comme cela s’était déjà produit après l’ouragan Luis (1995) à Saint-Martin. Qu’en sera-t-il à présent ?</p>
<h2>Un renforcement des inégalités</h2>
<p>Dans un système capitaliste, les catastrophes accentuent la différenciation sociale. Les aléas naturels sont susceptibles de détruire aussi les liens sociaux en éparpillant les populations. La catastrophe n’est pas que dans la destruction des habitations, mais dans la destruction de la confiance en l’avenir, dans la destruction des communs et des communautés, dans la peur insufflée qui affecte la perception de la nature.</p>
<p>La réorganisation post-catastrophe est un moment délicat pour la reconstruction des liens sociaux, de l’habitat et de l’économie, mais qui peut être considérée comme une opportunité pour certains. Les crues de 1840 et 1856 en France ont été <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/16810">l’occasion de réorganiser les fleuves</a>, leurs abords et les massifs montagneux qui les alimentent, mais aussi de réorganiser les populations limitrophes.</p>
<p>On a vu à La Nouvelle-Orléans que la reconstruction post-Katrina (2005) s’était faite aux <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2018/12/CYRAN/59367">dépens des plus pauvres</a> et au bénéfice de <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2005/10/DAVIS/12817">certaines entreprises</a>. Le risque inondation dans les quartiers portuaires d’une ville <a href="https://journals.openedition.org/cdg/1713">comme Le Havre</a> a pu être l’occasion de favoriser une sélection sociale par le haut des nouveaux arrivants, c’est-à-dire une gentrification des anciens quartiers populaires. Ce fut également le <a href="https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2008-4-page-6.html">cas à Blois</a>.</p>
<p>Les coûts élevés pour construire selon des normes plus élevées constituent un droit d’entrée et une barrière sociale. Les catastrophes, passées et à venir, stimulent la différenciation sociale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/129496/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Julien Gargani a reçu des financements de l’Agence nationale de la recherche (ANR) qui ont permis d’aller sur le terrain. </span></em></p>Derrière l’incitation à s’adapter aux catastrophes naturelles existe le risque d’utiliser ces événements comme un outil de réorganisation sociale au profit des plus aisés.Julien Gargani, Enseignant-chercheur, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1140312019-03-22T12:33:55Z2019-03-22T12:33:55ZIdai, cyclone sans frontières<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/265127/original/file-20190321-93039-24hwn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C9%2C762%2C495&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des personnes fuyant leur domicile, à Beira au Mozambique, après le passage du cyclone tropical Idai.</span> <span class="attribution"><span class="source">Denis Onyodi/IFRC</span></span></figcaption></figure><p>Le cyclone tropical Idai a fait en ce mois de mars la une de l’actualité en Afrique australe. Après 6 jours passés dans le canal du Mozambique, elle a atterri sur la ville de Beira, au Mozambique. Elle a ensuite mis le cap à l’ouest avant de se dissiper.</p>
<p>La tempête a provoqué des inondations, des vents très puissants et des ondes de tempête dans la région centrale du Mozambique. Le <a href="https://theconversation.com/why-malawi-is-failing-to-protect-people-from-floods-and-what-needs-to-be-done-113794">Malawi</a> et le <a href="https://www.iol.co.za/news/africa/cycloneidai-death-toll-in-zimbabwe-soars-to-150-about-2000-missing-19974637">Zimbabwe</a>, pays voisins, ont quant à eux subi de très fortes précipitations, inondations et dégâts causés par des vents extrêmement rapides. <a href="https://www.accuweather.com/en/weather-news/tropical-storm-likely-to-form-near-madagascar-by-end-of-the-weekend/70007641">Madagascar</a>, qui se trouvait sur l’itinéraire qu’a suivi la tempête jusqu’à Beira, a également connu de fortes pluies.</p>
<p>Dans cette région africaine, les inondations ont contraint des centaines de milliers de personnes <a href="https://www.afp.com/en/news/717/mozambique-zimbabwe-cyclone-deaths-exceed-300-un-boosts-aid-doc-1er9m712">à abandonner leur domicile</a>. Le bilan humain n’a quant à lui cessé de s’aggraver au cours de la semaine suivant la catastrophe. Ressentis jusqu’en Afrique du Sud, les effets du cyclone y ont également généré d’importantes <a href="https://city-press.news24.com/News/eskom-blames-cyclone-idai-for-sas-power-outages-20190317">pannes d’électricité</a> : le pays est en effet approvisionné à hauteur de 1 100 MW par des lignes haute tension issues du nord du Mozambique, sérieusement endommagées par le cyclone.</p>
<h2>Des cyclones assez rares dans cette région</h2>
<p>Dans son histoire, le Mozambique a connu <a href="https://rmets.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/joc.3932">neuf tempêtes</a> atteignant l’intensité d’un cyclone tropical. Des événements tropicaux plus faibles, comme des tempêtes tropicales et des dépressions, affectent plus régulièrement la région.</p>
<p>Le <a href="https://rmets.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/joc.3932">plus violent</a> à avoir frappé le Mozambique n’est autre que le cyclone tropical Eline, survenu en février 2000. D’une intensité de catégorie 4 lorsqu’il s’est abattu, il a provoqué à la suite des inondations la mort de 150 personnes. 1 000 autres ont été blessées, 300 000 déplacées et quatre navires ont coulé.</p>
<p>Au large de la côte est de l’Afrique, les tempêtes s’avèrent moins fortes que dans l’hémisphère nord. Dans l’Atlantique Nord et le Pacifique Nord, les cyclones tropicaux de catégorie 4 et 5 frappent presque chaque année.</p>
<h2>Un impact transfrontalier</h2>
<p>Comment expliquer que tant de pays aient été affectés ?</p>
<p>Les cyclones tropicaux constituent des systèmes orageux très importants. Juste autour de l’œil du cyclone – une zone où le temps est calme, sans vent ni pluie – s’étendent sur un rayon minimum d’environ 100 km des spirales de nuages orageux. C’est de ces bandes nuageuses qu’émanent les conditions orageuses, c’est-à-dire la pluie et les vents caractéristiques d’un cyclone tropical.</p>
<p>Ce rayon de 100 km est typique des cyclones tropicaux de catégorie 1, la plus basse intensité. À mesure que la tempête s’intensifie et rejoint les catégories 2, 3, 4 et 5, la <a href="https://journals.ametsoc.org/doi/10.1175/MWR-D-10-05062.1">taille de ce rayon</a> augmente significativement. Une tempête très puissante, comme Idai, a donc une gamme d’impacts beaucoup plus large que la trajectoire qui la précède.</p>
<p>Au cours des dernières années, on a vu émerger une préoccupation croissante autour de l’impact que pourrait avoir le changement climatique sur les cyclones. <a href="https://www.nature.com/articles/nature07234">La recherche</a> a révélé que des variations dans les températures mondiales provoquaient la montée en sévérité des cyclones tropicaux.</p>
<h2>Le rôle du changement climatique</h2>
<p>Des scientifiques se sont récemment <a href="http://www.scielo.org.za/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0038-23532018000600018">penchés sur la question</a> dans le sud de l’Océan indien. Tandis que l’eau se réchauffe, la zone connaissant des températures propices à la formation de cyclones tropicaux s’étend. En parallèle, le changement climatique affecte suffisamment les régions tropicales pour que les cyclones s’y intensifient. Les catégorie 5, que l’Atlantique Nord connaît depuis presque un siècle, ont commencé à frapper dans le sud de l’Océan indien depuis 1994, à un rythme qui n’a fait que s’accélérer depuis.</p>
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<p>À mesure que le changement climatique se poursuit et s’intensifie, ces tempêtes vont donc elles aussi se multiplier. Cela se traduira par une fréquence accrue, non seulement de dommages graves causés par les tempêtes, mais aussi de dégâts touchant une très large région. Outre l’impact du réchauffement sur l’intensité de la tempête, on constate également que les dérèglements climatiques <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-017-08533-6">étendent</a> les tempêtes dans une intensité donnée.</p>
<h2>Des vents à plus de 180 km/h</h2>
<p>Quelle était alors l’intensité du cyclone tropical Idai ?</p>
<p>Plusieurs organisations climatologiques régionales se chargent de documenter les relevés de trajectoires des tempêtes, qui comprennent l’emplacement géographique de la tempête à des intervalles de temps déterminés, la vitesse du vent et la pression atmosphérique. Ces données sont synthétisées par l’Agence océanographique et atmosphérique nationale (organisme américain), qui fournit une ressource utile aux scientifiques qui s’intéressent au comportement des tempêtes.</p>
<p>Les cyclones tropicaux sont classés sur la base de la vitesse de leurs vents et de leur pression centrale. Pour entrer dans la catégorie 1, une tempête doit avoir une vitesse de vent constante minimale de 119 km/h. Celle-ci doit atteindre 178 km/h pour qu’un cyclone soit rangé dans la catégorie 3. On estime que les <a href="http://hydromet.gov.bz/tropical-weather/saffir-simpson-scale">vents dangereux</a> des tempêtes de catégorie 1 peuvent provoquer quelques dégâts, quand ceux de catégorie 3 sont susceptibles d’être réellement dévastateurs.</p>
<p>L’histoire du cyclone tropical Idai est bien documentée par ces enregistrements. Le cyclone a atteint une <a href="http://www.atms.unca.edu/ibtracs/ibtracs_v04r00/index.php?name=v04r00-2019068S17040#intensity">intensité de catégorie 3</a> entre 3h et 6h du matin le 11 mars 2019, alors qu’il se trouve le plus à l’est de la trajectoire de la tempête. Vers 3h, le 12 mars, la tempête s’est rétrogradée en intensité de catégorie 2, et a fluctué entre les intensités de catégories 2 et 3 pendant les 36 heures suivantes.</p>
<p>À partir du 13 mars à minuit, la tempête s’est maintenue à une intensité de catégorie 3 jusqu’à ce qu’elle n’éclate le 14.</p>
<h2>Comment agir pour prévenir</h2>
<p>En affectant plusieurs pays, les tempêtes imposent aux dirigeants de nouveaux défis. Elles impliquent de s’y préparer de manière proactive et d’être en mesure de prévenir les dommages humains et matériels. Cela exige des pays qu’ils communiquent efficacement les uns avec les autres, qu’ils fournissent des messages cohérents en matière de prévision de l’itinéraire de la tempête et de ses dégâts potentiels, et qu’ils facilitent les évacuations.</p>
<p>Cette nouvelle catastrophe n’augure rien de bon pour le futur des cyclones tropicaux, dans cette zone particulièrement menacée par le changement climatique. Une adaptation efficace est essentielle pour minimiser les dommages à venir, en préparant la région à des tempêtes d’une sévérité accrue. Élaborer des plans de gestion des risques liés aux désastres est également indispensable pour limiter les pertes humaines et matérielles.</p>
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<p><em>Traduit de l'anglais par <a href="https://theconversation.com/profiles/nolwenn-jaumouille-578077">Nolwenn Jaumouillé</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114031/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jennifer Fitchett a reçu des financements de la part du DST-NRF Centre of Excellence for Palaeoscience.</span></em></p>Les tempêtes récentes alertent tristement sur l’avenir des cyclones tropicaux dans la région, qui risquent de s’intensifier sous l’influence du changement climatique.Jennifer Fitchett, Senior Lecturer in Physical Geography, University of the WitwatersrandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.