tag:theconversation.com,2011:/us/topics/afrique-du-sud-37411/articlesAfrique du Sud – The Conversation2024-03-18T16:16:45Ztag:theconversation.com,2011:article/2260012024-03-18T16:16:45Z2024-03-18T16:16:45ZAbus financier de la part d'un partenaire intime ? Trois façons de vous protéger<p>Il y a <a href="https://www.abus.ca/index3.html">abus financier</a> lorsqu'une personne prend le contrôle de la capacité d'une autre personne à acquérir, utiliser et conserver des ressources financières. Cela peut prendre la forme, par exemple, de se voir refuser l'accès à ses propres fonds ou d'être contraint de déposer son salaire sur un compte bancaire commun sans pouvoir y accéder. Cela peut également se produire lorsque des retraits importants sont effectués sur des comptes bancaires communs sans aucune explication. </p>
<p>Selon l’<a href="https://www.isdj.org.za/">Institut pour le développement social et la justice</a>, une société sud-africaine à but non lucratif, l'abus financier peut varier et changer de forme, mais elle se produit lorsque l'accès aux opportunités économiques est contrôlé ou restreint par un partenaire intime. </p>
<p>Cela peut se produire lorsque votre partenaire retient des informations financières ou vous cache de l'argent. Un autre exemple est celui où votre partenaire refuse de vous laisser travailler, contrôlant ainsi votre capacité à générer un revenu. Vous pouvez aussi être contraint de payer la plupart des dépenses du ménage lorsque vous gagnez moins que votre partenaire. Il peut également arriver que le coupable accumule des dettes sur une carte de crédit, sachant que la carte n'est pas à son nom. </p>
<p><a href="https://www.justice.gov.za/legislation/acts/2021-014.pdf">La loi sud-africaine sur la violence domestique</a> considère l'abus financier comme un acte criminel. Plusieurs autres pays africains, tels que le Ghana, le Kenya, l'Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe, reconnaissent également qu'il s'agit d'une infraction pénale. Mais elle reste largement impunie.</p>
<p>Malheureusement, l'exploitation financière n'est pas un problème nouveau. Au fil des ans, mes <a href="https://researchprofiles.canberra.edu.au/en/persons/bomikazi-zeka">recherches</a> ont montré qu'une utilisation judicieuse des services financiers peut aider les personnes défavorisées à transformer leurs revenus en richesse. Mais lorsque l'argent est mêlé à des relations, la situation peut devenir difficile à gérer. </p>
<p>Les abus financiers peuvent toucher n'importe qui, indépendamment de l'âge, du sexe, de la situation matrimoniale, de la situation professionnelle ou du niveau de revenu. En cas d'abus financier, les femmes risquent le plus de voir leur sécurité financière menacée si la dynamique de la relation se détériore. Les femmes sont plus vulnérables aux abus financiers, car cela peut aller de pair avec <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10896-023-00639-y">d'autres formes d'abus</a>. </p>
<p>En identifiant les signaux, vous pouvez prendre les trois mesures suivantes pour renforcer votre sécurité financière : la prévention, la préparation et la protection. </p>
<h2>La prévention</h2>
<p>Se renseigner sur les antécédents financiers de votre partenaire est un premier pas important pour prévenir les abus financiers. Demandez-lui comment il a géré ses dettes dans le passé (et comment il s'est retrouvé dans cette situation) ou s'il épargne activement de l'argent. </p>
<p>Aborder le sujet sur l'argent peut être difficile, mais ces informations peuvent vous donner un aperçu de ses comportements financiers passés, qui pourraient influencer et expliquer ses comportements financiers futurs. </p>
<p>Une autre stratégie préventive consiste à interroger votre partenaire sur son attitude concernant de l'argent dans les relations. Par exemple, estime-t-il la façon de gérer l'argent varie selon qu'on est homme ou femme? Aborder ce sujet dès le début peut également vous aider à fixer des limites à la gestion de l'argent dans la relation. </p>
<h2>La préparation</h2>
<p>Se familiariser avec les signes des abus financiers peut vous aider à vous préparer. Si vous soupçonnez que des abus financiers commencent à se manifester, surveillez-les de près en consignant tous les éléments de preuve. C'est important, car les auteurs d'abus peuvent vous faire croire que vous exagérez, surtout si les signes sont subtils. Consignez autant de preuves que possible et assurez-vous d'avoir des copies de tous les documents juridiques importants, car cela vous sera utile si vous avez besoin d'une assistance juridique. </p>
<p>Si vous n'en avez pas encore, demandez à un conseiller financier comment vous pouvez protéger vos finances et vos biens. </p>
<h2>La protection</h2>
<p>Dans la mesure du possible, conservez une source de revenus indépendante, car cela réduit le risque de dépendance à l'égard d'un partenaire. La dépendance financière peut entraîner des sentiments d'isolement et de désespoir, ce qui rend plus difficile la possibilité de quitter votre bourreau parce qu'il contrôle les finances. </p>
<p>Une autre mesure pour protéger votre situation financière est de veiller à ne pas signer de documents que vous ne comprenez pas. Souvent, les auteurs d'abus financiers acquièrent des actifs au nom de leur partenaire et leur imposent la charge financière des remboursements, les piégeant ainsi dans un endettement.</p>
<h2>Obtenir de l'aide</h2>
<p>Bien que les mesures énumérées ici ne soient pas exhaustives, elles constituent un bon point de départ pour réfléchir lorsque vos finances sont fusionnées avec celles de quelqu'un d'autre. </p>
<p>Si vous vous inquiétez de votre sécurité financière, il existe des moyens d'obtenir de l'aide. FIDA-Kenya, une organisation de défense des droits des femmes au Kenya, propose une <a href="https://www.fida-kenya.org/">aide juridique gratuite</a>. Au Nigeria, la Women at Risk International Foundation gère une <a href="https://warifng.org/contact-us/">ligne d'assistance</a> gratuite et confidentielle fonctionnant 24 heures sur 24. </p>
<p>Vous pouvez obtenir des conseils gratuits auprès d'un travailleur social via le <a href="https://gbv.org.za/about-us/">site web</a> du ministère sud-africain du Développement social , qui met à votre disposition un centre d'appel 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, qui dispose d'un numéro d'urgence : 0800 428 428. Le centre d'appel dispose d'une ligne d'urgence au 0800 428 428. Vous pouvez visiter le <a href="https://thewarriorproject.org.za/helplines/">site web</a> du Warrior Project, une organisation à but non lucratif, pour plus d'informations sur les lignes d'assistance et les ressources.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/226001/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bomikazi Zeka does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>Lorsque l'argent est mêlé aux relations, les choses peuvent vite devenir compliquées.Bomikazi Zeka, Assistant Professor in Finance and Financial Planning, University of CanberraLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2225372024-02-07T14:52:47Z2024-02-07T14:52:47ZLes pays africains confrontés à une dette élevée, des exigences de dépenses accrues et l'effondrement de leurs monnaies : voici quelques solutions politiques utiles<p>Les pays africains très endettés sont confrontés à des compromis difficiles entre le service d'une dette coûteuse, le soutien à des besoins de développement élevés et croissants et la stabilisation des monnaies nationales.</p>
<p>La dette publique a augmenté dans au moins <a href="https://www.imf.org/fr/Publications/REO/SSA/Issues/2023/04/14/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-april-2023">40 pays africains</a> au cours de la dernière décennie. Par conséquent, certains se trouvent confrontés à une situation délicate associant une dette élevée, des besoins accrus en matière de dépenses de développement dans un contexte de déficit budgétaire, et des contraintes défavorables sur les taux de change. </p>
<p>Ces questions sont devenues plus pressantes depuis 2022, lorsque la persistance d'une inflation élevée a incité les principales banques centrales du monde à se lancer dans la <a href="https://www.worldbank.org/en/publication/global-economic-prospects">campagne de resserrement monétaire</a> la plus agressive depuis des décennies. La politique monétaire se resserre lorsque les banques centrales augmentent les taux d'intérêt. </p>
<p>Depuis lors, les taux d'intérêt mondiaux ont <a href="https://www.imf.org/fr/Publications/REO/SSA/Issues/2023/04/14/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-april-2023">continué de croître</a>, entraînant une augmentation des remboursements des prêts extérieurs et alourdissant le fardeau de la dette accumulée au cours de la dernière décennie. En outre, certains pays dont la situation d'endettement s'aggrave ont subi d'importantes dépréciations de leur taux de change et se sont efforcés de stabiliser la valeur de leur monnaie nationale. </p>
<p>Mon point de vue, forgé par des années de recherche sur les défis du développement de l'Afrique, est que de nombreux pays sont confrontés à trois dilemmes qu'il n'est pas facile de résoudre. S'attaquer à l'un de ces problèmes compromet les autres.</p>
<p>En voici quelques exemples : </p>
<ul>
<li><p>endiguer l'augmentation de la dette publique et contenir les baisses de taux de change rendrait plus difficile la satisfaction de besoins plus importants en matière de dépenses publiques </p></li>
<li><p>rechercher une réduction de la dette publique tout en soutenant des dépenses supplémentaires risque de peser davantage sur les monnaies nationales </p></li>
<li><p>donner la priorité à des besoins de dépenses plus importants et atténuer les tensions sur la monnaie risque d'entraîner une augmentation de la dette publique. </p></li>
</ul>
<p>Il est possible d'adopter des mesures pour avoir une plus grande marge de manœuvre afin de relever ces défis tout en facilitant les arbitrages difficiles. Il s'agit notamment de donner la priorité aux mesures de dépenses publiques qui stimulent la croissance, de résoudre le problème de collecte des recettes auquel sont confrontés tous les pays africains et de restructurer la dette publique insoutenable.</p>
<h2>Augmentation de la dette publique et dilemmes politiques</h2>
<p>Le triple dilemme s'est développé au fur et à mesure que la dette publique a augmenté de manière substantielle au cours de la dernière décennie. Comme le montre la figure 1, la dette publique médiane a plus que doublé depuis 2012 et a atteint <a href="https://www.imf.org/fr/home">61 % du PIB</a> en 2023. </p>
<p>Dans un premier temps, les <a href="https://www.economist.com/briefing/2023/11/02/markets-think-interest-rates-could-stay-high-for-a-decade-or-more">taux d'intérêt mondiaux historiquement bas</a> au cours de la décennie qui a suivi la crise financière mondiale de 2008 ont fortement contribué à l'explosion de la dette en rendant l'emprunt de sommes importantes à bas coût plus facile. </p>
<p>Depuis lors, l'évolution de la dette des pays s'est fortement détériorée. La pandémie de COVID-19, qui a déclenché une crise du coût de la vie, et l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a contribué à une hausse rapide des taux d'intérêt mondiaux, font partie des facteurs ayant contribué à cette détérioration. </p>
<p>En Afrique, les gouvernements ressentent vivement le poids de l'augmentation des coûts d'emprunt, car la dette publique représentait <a href="https://databank.banquemondiale.org/reports.aspx?source=world-development-indicators">près de 60 %</a> de la dette extérieure totale de la région en 2022 (figure 1). <a href="https://www.imf.org/fr/Publications/REO/SSA/Issues/2023/04/14/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-april-2023">Dix-neuf pays</a>, dont le Ghana et la Zambie, sont déjà en situation de surendettement (c'est-à-dire qu'ils ne sont pas en mesure de faire face à leurs obligations financières) ou présentent un risque élevé de surendettement.</p>
<p>La dette publique du Ghana a plus que doublé depuis 2012 et s'élève à <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">85 %</a> du PIB. Celle de la Zambie a augmenté bien davantage, s'établissant à <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">98 %</a> en 2022. </p>
<p>Le <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-12-11/ethiopia-is-about-to-become-africa-s-next-debt-defaulter">Ghana</a> et la <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-12-11/ethiopia-is-about-to-become-africa-s-next-debt-defaulter">Zambie</a>, ainsi que l’<a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-12-11/ethiopia-is-about-to-become-africa-s-next-debt-defaulter">Éthiopie</a>, sont en défaut de paiement sur leur dette extérieure, ce qui fait craindre une crise plus large de la dette souveraine sur le continent si d'autres pays tombent en situation de surendettement. </p>
<p>D'autres pays sont confrontés à un risque élevé de surendettement. Le Kenya frôle la détresse financière après une augmentation constante de sa dette, atteignant <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">70 %</a> du PIB. </p>
<p>L'Afrique du Sud est également confrontée à une dette publique élevée, qui a presque doublé au cours de la dernière décennie et représente actuellement <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">74 %</a> du PIB. </p>
<p>Cependant, il ne sera pas facile de réduire les dettes élevées. Les besoins en matière de développement sont élevés, les caisses ayant été vidées par des dépenses plus importantes liées à la pandémie et aux répercussions de la crise en Ukraine. </p>
<p>Le Fonds monétaire international estime que les pays d'Afrique subsaharienne avec un ratio médian doivent augmenter leurs dépenses d'au moins <a href="https://www.imf.org/en/Publications/Departmental-Papers-Policy-Papers/Issues/2023/09/15/Navigating-Fiscal-Challenges-in-Sub-Saharan-Africa-Resilient-Strategies-and-Credible-529230">20 % du PIB</a> pour atteindre les objectifs de développement durable en matière de santé, d'éducation et d'infrastructures d'ici 2030. L'adaptation au changement climatique devrait nécessiter <a href="https://www.imf.org/en/Publications/Departmental-Papers-Policy-Papers/Issues/2023/09/15/Navigating-Fiscal-Challenges-in-Sub-Saharan-Africa-Resilient-Strategies-and-Credible-529230">des milliards de dollars</a> de plus chaque année pour le continent. </p>
<p>Les caisses sont également vidées par l'augmentation des dépenses liées au remboursement d'emprunts coûteux. Cela a pour effet supplémentaire d'épuiser les réserves de change, contraignant ainsi les pays surendettés à faire face à la dépréciation de leur monnaie. </p>
<p>La part des intérêts de la dette dans les recettes du Kenya est passée de <a href="https://databank.banquemondiale.org/reports.aspx?source=world-development-indicators">11 % en 2014</a> à plus de <a href="https://databank.banquemondiale.org/reports.aspx?source=world-development-indicators">20 %</a> après 2020. Cette évolution a entraîné une réduction de ses réserves, représentant une part de la dette extérieure, passant de 47 % à moins de 20 % au cours de la même période. Cette pression sur le shilling kenyan s'est traduite par une perte de <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2023-11-28/-paramilitary-tax-agents-deployed-in-kenya-budget-revenue-drive">19 %</a> par rapport au dollar américain l'année dernière.</p>
<p>Dans le cas du Ghana et de la Zambie, les paiements d'intérêts sur la dette ont atteint des niveaux encore plus élevés. Pour le Ghana, ils représentaient environ <a href="https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators">45 %</a> des recettes. Pour la Zambie, environ <a href="https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators">39 %</a>. En 2022, les réserves avaient chuté à <a href="https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators">22 %</a> au Ghana et à <a href="https://databank.worldbank.org/source/world-development-indicators">10 %</a> en Zambie. </p>
<p>Cette situation a entraîné une forte dépréciation des réserves de change.</p>
<p>En 2023, les recettes collectées représentaient <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">16 %</a> du PIB au Ghana, <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">17 %</a> au Kenya et <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/weo-database/2023/October">21 %</a> en Zambie. Ces chiffres sont nettement inférieurs au niveau médian de <a href="https://www.imf.org/en/Publications/REO/SSA/Issues/2023/10/16/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-october-2023">27 %</a> observé dans d'autres économies en développement. Bien que ce niveau médian soit égalé par l'Afrique du Sud, l'augmentation des coûts des transferts sociaux, y compris les aides sociales et les subventions aux entreprises publiques telles que la compagnie d'électricité Eskom et la compagnie de transport Transnet, a ajouté une pression sur <a href="https://www.worldbank.org/en/publication/global-economic-prospects">la dette publique dans un contexte de ralentissement de la croissance</a>. </p>
<h2>Ce qui peut être fait</h2>
<p>Un certain nombre de mesures peuvent être prises pour atténuer les compromis que les pays doivent faire.</p>
<p>Tout d'abord, les gouvernements devraient donner la priorité aux mesures de dépenses publiques qui stimulent la croissance. </p>
<p>Il s'agit notamment des dépenses essentielles en matière d'éducation, de santé, d'infrastructures et d'autres investissements de qualité qui favorisent la croissance. La reprise de la croissance économique devrait générer davantage de recettes publiques pour le remboursement de la dette.</p>
<p>Cela signifie également qu'il faut allouer davantage de dépenses aux réformes de première génération. Il s'agit de réformes structurelles qui atténuent les principaux obstacles à la croissance. Par exemple, les réformes de longue date en matière de gouvernance restent essentielles dans les pays africains, qui sont généralement à la traîne par rapport aux pays d'autres régions en ce qui concerne diverses mesures de la qualité de la gouvernance, telles que l'État de droit, la lutte contre la corruption et la responsabilité du gouvernement. </p>
<p>Deuxièmement, les pays doivent résoudre leurs problèmes de collecte de recettes. Alors que la croissance entraîne une expansion de l'économie qui génère des revenus supplémentaires, les faibles niveaux de collecte des revenus nationaux restreignent la capacité des gouvernements à rembourser la dette et à financer les secteurs sociaux et de croissance essentiels.</p>
<p>En Afrique, plusieurs pays, dont l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Ghana, la Zambie, le Kenya et l'Éthiopie, ont déployé des efforts pour stimuler la collecte des recettes. Il s'agit notamment de nouveaux prélèvements, de taxes plus élevées, de l'inscription d'un plus grand nombre de magasins au registre des impôts, de l'élargissement de l'assiette fiscale, du renforcement de l'administration fiscale et d'autres mesures d'amélioration des recettes.</p>
<p>Enfin, les gouvernements doivent restructurer leurs portefeuilles de dettes. Lorsqu'une crise de la dette ne peut être évitée, la restructuration de la dette peut réduire le montant dû aux créanciers en révisant le montant et le calendrier des futurs paiements de capital et d'intérêts. Le Tchad a conclu un accord de restructuration de sa dette extérieure au titre du <a href="https://www.imf.org/en/Publications/REO/SSA/Issues/2023/10/16/regional-economic-outlook-for-sub-saharan-africa-october-2023">Cadre commun du G20 pour les traitements de dette en 2022</a>. Il s'agit d'une initiative destinée à soutenir les pays en développement à faible revenu dont la dette est insoutenable. Depuis, le Ghana et la Zambie ont également entamé des négociations sur la restructuration de leur dette au titre du <a href="https://clubdeparis.org/sites/default/files/annex_common_framework_for_debt_treatments_beyond_the_dssi.pdf">Cadre commun du G20</a>. </p>
<p>D'autres pays très endettés qui luttent pour assurer le service de leur dette pourraient être amenés à faire de même, alors que la lenteur des progrès du cadre commun suscite de plus en plus d'inquiétudes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222537/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jonathan Munemo est affilié au Council on Foreign Relations. Il a été nommé International Affairs Fellow for Tenured International Relations Scholars pour l'année académique 2023-24.</span></em></p>De nombreux pays sont confrontés à trois tpes de dilemmes, ce qui crée une situation complexe à gérer.Jonathan Munemo, Professor of Economics, Salisbury UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2220152024-01-29T08:32:00Z2024-01-29T08:32:00ZLe procès pour génocide intenté contre Israël est le moment le plus glorieux de la politique étrangère de l'Afrique du Sud depuis trois décennies<p>Le 11 janvier 2024, l'Afrique du Sud a <a href="https://www.icj-cij.org/case/192">traduit</a> Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour violation de la <a href="https://www.un.org/fr/genocideprevention/genocide-convention.shtml">Convention sur le génocide de 1948</a>. Cette accusation porte sur les bombardements indiscriminés et le siège de Gaza par Israël à la suite de l'attaque meurtrière du 7 octobre contre Israël par le Hamas, qui a coûté la vie à 1 200 Israéliens.</p>
<p>Plus de 25 000 Palestiniens, dont au moins la moitié sont des enfants, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2043356/gaza-plus-25000-morts-israel-poursuit-bombardements">auraient été tués</a> dans les attaques de représailles israéliennes. Le siège a provoqué une crise humanitaire, avec des civils ayant du mal à se procurer de la nourriture et n'ayant pas accès aux hôpitaux, qui ont été <a href="https://www.aa.com.tr/fr/monde/gouvernement-de-gaza-isra%C3%ABl-a-d%C3%A9truit-plus-de-61-des-maisons-dans-la-bande-de-gaza/3079004">presque totalement détruits</a>.</p>
<p>L'équipe d'avocats sud-africains a plaidé auprès de la Cour pour l'instauration de <a href="https://theconversation.com/south-africas-genocide-case-against-israel-expert-sets-out-what-to-expect-from-the-international-court-of-justice-220692">mesures provisoires</a> - des ordonnances temporaires visant à mettre fin à des dommages irréparables, incluant un cessez-le-feu immédiat - pendant que la Cour examine le bien-fondé de l'affaire.</p>
<p>En tant qu'observateurs des relations internationales de l'Afrique du Sud, nous considérons cette initiative comme le couronnement de la politique étrangère du pays depuis la fin de l'apartheid en 1994.</p>
<hr>
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Read more:
<a href="https://theconversation.com/south-africas-foreign-policy-under-ramaphosa-has-seen-diplomatic-tools-being-used-to-provide-leadership-as-global-power-relations-shift-218966">South Africa's foreign policy under Ramaphosa has seen diplomatic tools being used to provide leadership as global power relations shift</a>
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<hr>
<p>La libération de l'Afrique du Sud est parfois présentée comme le <a href="https://global.oup.com/academic/product/postscripts-on-independence-9780199479641?cc=us&lang=en&%20;">dernier acte</a> de la décolonisation du XXe siècle : l'apogée de la solidarité du <a href="https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire/1517">tiers-monde</a>. La nouvelle approche du pays en matière de politique étrangère symbolisait les espoirs des pays qui luttaient pour la liberté. Le document de discussion de l'ANC (aujourd'hui au pouvoir) de 1994 <a href="https://www.anc1912.org.za/policy-documents-1994-foreign-policy-perspective-in-a-democratic-south-africa/">déclarait</a> : </p>
<blockquote>
<p>une Afrique du Sud démocratique sera solidaire de tous ceux dont la lutte se poursuit.</p>
</blockquote>
<h2>De Mandela à Ramaphosa</h2>
<p>Nelson Mandela, le premier président de l'Afrique du Sud démocratique, <a href="https://www.dakaractu.com/Les-combats-de-Mandela-pour-la-paix-et-la-justice-en-Afrique_a57484.html">plaidait en faveur des droits de l'homme</a>, parfois même aux dépens des <a href="https://www.icirnigeria.org/mandela-begged-abacha-not-to-execute-ken-saro-wiwa-and-companions/">partenaires africains</a>. Cette promesse initiale a été progressivement mise en veilleuse. </p>
<p>En 1995, par exemple, Mandela a supplié le chef d'État militaire nigérian de l'époque <a href="https://www.liberation.fr/planete/1998/06/09/nigeria-mort-brutale-du-dictateur-abacha-le-chef-d-etat-aurait-ete-victime-d-une-crise-cardiaque_240764/">Sani Abacha</a> d'épargner la vie de <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/ken-saro-wiwa/">Ken Saro-Wiwa</a> et de huit autres militants Ogoni. Ils étaient des critiques de l'inaction du gouvernement nigérian à l'égard des compagnies pétrolières étrangères qui causent des dommages à l'environnement, ils furent accusés d'avoir assassiné des chefs ogoni. Les supplications de Mandela étaient restées lettre morte et ils furent <a href="https://www.hrw.org/legacy/french/reports/nigeria96/6.htm">exécutés</a>.</p>
<p>Dans sa <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1995/11/12/le-commonwealth-suspend-le-nigeria-apres-la-pendaison-d-opposants-l-ecrivain-ken-saro-wiwa-et-huit-autres-militants-de-la-cause-ogonie-ont-ete-executes-vendredi-10-novembre_3883656_1819218.html">réponse cinglante</a>, Mandela avait demandé que le Nigeria soit exclu du Mouvement des non-alignés et du Commonwealth jusqu'à ce qu'il établisse un régime démocratique. L'Afrique du Sud avait également rappelé son ambassadeur à Lagos pour consultations.</p>
<p>Depuis la fin des années 1990, sous les présidences successives de Thabo Mbeki, Jacob Zuma et Cyril Ramaphosa, le gouvernement sud-africain a souvent apporté son soutien à des régimes autoritaires dans le Sud, souvent au détriment des luttes populaires. Parmi les exemples, on peut citer la <a href="https://www.theguardian.com/world/2011/sep/27/dalai-lama-banned-south-africa">Chine</a>, la <a href="https://www.actionsa.org.za/human-rights-will-be-the-light-that-guides-actionsas-foreign-policy/">Russie</a>, le <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/07/07/arrestation-d-al-bachir-la-cpi-juge-que-l-afrique-du-sud-a-manque-a-son-devoir-mais-s-abstient-de-sanction_5157268_3212.html">Soudan</a> et le <a href="https://www.aljazeera.com/opinions/2023/6/8/south-africa-is-failing-and-its-failing-zimbabwe-too">Zimbabwe</a>. </p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
Read more:
<a href="https://theconversation.com/south-africa-and-russia-president-cyril-ramaphosas-foreign-policy-explained-198430">South Africa and Russia: President Cyril Ramaphosa's foreign policy explained</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>La politique étrangère sud-africaine est souvent décrite comme <a href="https://open.uct.ac.za/items/9dbfd78a-e95b-469c-8131-f2bd263f385d">incohérente</a>, <a href="https://www.jstor.org/stable/10.18772/22010105027.14">peu claire et peu sincère</a>. </p>
<p>La Palestine demeure le seul dossier de libération d'un peuple sur lequel le soutien de l'Afrique du Sud a été indéniablement constant. </p>
<h2>Solidarité avec la Palestine</h2>
<p>Pendant la guerre froide, les États sud-africain de l'apartheid et israélien ont <a href="https://www.sahistory.org.za/archive/unspoken-alliance-israels-secret-relationship-apartheid-south-africa-sasha-polakow-suransky">collaboré</a> sur des questions militaires, diplomatiques et nucléaires. Les mouvements de libération de ces deux pays - à savoir l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le Congrès national africain (ANC) - pratiquaient une forme alternative d'internationalisme. Il s'agissait d'un internationalisme subversif, inspiré par la solidarité des peuples du tiers-monde. </p>
<p>En 1974, lorsque le chef de l'OLP, Yasser Arafat, <a href="https://www.un.org/unispal/wp-content/uploads/1974/11/a238ec7a3e13eed18525624a007697ec_French.pdf">s'est adressé</a> à l'Assemblée générale des Nations unies, devenant ainsi le premier dirigeant de mouvements de libération à le faire, il a demandé que ce droit soit étendu à d'autres mouvements de libération. Arafat avait profité de l'occasion pour dénoncer le régime d'apartheid avec la même véhémence que celle qu'il mettait à critiquer Israël.</p>
<p>Deux ans plus tard, le président de l'ANC de l'époque, <a href="https://theconversation.com/south-africas-anc-is-celebrating-the-year-of-or-tambo-who-was-he-85838">Oliver Tambo</a>, a pris la parole devant la même instance et a <a href="http://www.gutenberg-e.org/pohlandt-mccormick/pmh03i.html">salué</a> le leadership d'Arafat sur cette question tout en exprimant sa “solidarité inébranlable” avec les Palestiniens.</p>
<p>Outre le soutien diplomatique, les deux mouvements partageaient les mêmes tactiques de résistance.</p>
<p>La faction d'Arafat au sein de l'OLP, le Fatah, a aidé l'ANC et d'autres mouvements de résistance <a href="https://global.oup.com/academic/product/armed-struggle-and-the-search-for-state-9780198292654?lang=en&cc=gb">à acquérir des formations et des armes</a>. Il est important de noter que les relations entre Tambo et Arafat étaient basées sur la confiance. En 1988, Tambo a demandé à Arafat de l'aider à obtenir des fonds des pays du Moyen-Orient et a demandé à l'OLP de devenir l'administrateur financier des fonds provenant de cette région. </p>
<h2>Le pilier</h2>
<p>Cette cohérence d'approche et de soutien s'est reflétée dans le dossier de l'Afrique du Sud devant la Cour Internationale de Justice, ramenant ainsi la promesse de libération au coeur de la conscience nationale sud-africaine. Cette initiative illustre une clarté souvent négligée dans la politique étrangère du pays en raison de ses <a href="https://open.uct.ac.za/items/9dbfd78a-e95b-469c-8131-f2bd263f385d">incohérences</a> qui ont abouti à des choix contradictoires au 21e siècle. </p>
<p>Elle reste fidèle aux <a href="https://www.foreignaffairs.com/articles/south-africa/1993-12-01/south-africas-future-foreign-policy">principes fondateurs</a> de la politique post-apartheid. Non seulement cela était nécessaire dans l'approche du pays sur les questions internationales, mais cela revêt également une importance capitale pour la restauration de l'estime de soi. </p>
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Read more:
<a href="https://theconversation.com/south-africas-foreign-policy-new-paper-sets-the-scene-but-falls-short-on-specifics-188253">South Africa's foreign policy: new paper sets the scene, but falls short on specifics</a>
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<p><a href="https://theconversation.com/south-africas-legal-team-in-the-genocide-case-against-israel-has-won-praise-who-are-they-221019">L'équipe sud-africaine</a> à La Haye comprenait des opposants au gouvernement de l'ANC. Alors que les membres de l'équipe exposaient les arguments juridiques et éthiques contre les ambitions génocidaires d'Israël, la nation les observait avec espoir. </p>
<p>Pouvait-on enfin s'attendre à ce que sa diplomatie soit à la hauteur des idéaux élevés que le pays s'était fixés à la fin de l'apartheid? </p>
<p>La comparution de l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice confirme le besoin de retrouver la boussole morale que le gouvernement de l'ANC a <a href="https://pari.org.za/new-book-state-capture-in-south-africa-how-and-why-it-happened/">perdue</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222015/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>The authors do not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and have disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>La uestions palestine demeure le seul dossier de libération d'un peuple sur lequel le soutien de l'Afrique du Sud a été indéniablement constant.Peter Vale, Senior Research Fellow, Centre for the Advancement of Scholarship, University of Pretoria., University of PretoriaVineet Thakur, Assistant Professor, International Relations, Leiden UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2207272024-01-11T14:27:15Z2024-01-11T14:27:15ZIsraël devant la Cour internationale de justice : celle-ci est-elle devenue un substitut à un Conseil de sécurité dysfonctionnel ?<p>Le 29 décembre, l’Afrique du Sud a déposé devant la <a href="https://www.icj-cij.org/fr/accueil">Cour internationale de justice</a> (CIJ), une <a href="https://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/192/192-20231228-app-01-00-en.pdf">Requête introductive d’instance</a> contre l’État d’Israël. </p>
<p>La Requête stipule que ses actions dans la bande de Gaza, initiées au nom de son droit à la légitime défense, dans la foulée des attaques menées par le Hamas le 7 octobre 2023, revêtaient « un caractère génocidaire ».</p>
<p>La CIJ a tenu des audiences publiques sur la requête le 11 et 12 janvier à La Haye. </p>
<p>Le fait que <a href="https://theconversation.com/south-africas-genocide-case-against-israel-expert-sets-out-what-to-expect-from-the-international-court-of-justice-220692">l’Afrique du Sud ait choisi de déposer sa requête devant la CIJ</a> n’est pas anodin. En effet, non seulement le bureau du procureur de la <a href="https://www.icc-cpi.int/fr">Cour pénale internationale</a>, qui enquête sur la situation en Palestine depuis plusieurs années, <a href="https://theconversation.com/la-guerre-a-gaza-la-cour-penale-internationale-et-la-lutte-contre-limpunite-219523">n’aboutit pas à des résultats concrets</a>, mais le Conseil de sécurité, l’organe qui devrait être le principal garant du maintien de la paix et de la sécurité internationale, apparaît foncièrement <a href="https://theconversation.com/gaza-war-deadlock-in-the-security-council-shows-that-the-un-is-no-longer-fit-for-purpose-219772">dysfonctionnel</a>. </p>
<p>À l’inverse, la CIJ en est venue à jouer un rôle de plus en plus diligent. <a href="https://www.ejiltalk.org/provisional-but-not-always-pointless-compliance-with-icj-provisional-measures/">Au cours des 10 dernières années</a>, la Cour a ainsi prononcé plus d’ordonnances (11) que durant ses cinquante premières années d’existence (10).</p>
<p>Mes travaux sur la <a href="https://www.pulaval.com/livres/de-la-responsabilite-de-proteger-les-populations-menacees-l-emploi-de-la-force-et-la-possibilite-de-la-justice">responsabilité de protéger</a> et sur le <a href="https://www.cairn.info/annuaire-francais-de-relations--9782376510550-page-95.htm">droit de la guerre</a> m’ont conduit à porter une attention particulière aux modes alternatifs de règlement des différends, notamment par l’intermédiaire des tribunaux internationaux. Deux organes sont fréquemment mentionnés : la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale (CPI).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des personnes sont assises de chaque côté dans une vaste pièce" src="https://images.theconversation.com/files/568670/original/file-20240110-30-2p1xe4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568670/original/file-20240110-30-2p1xe4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568670/original/file-20240110-30-2p1xe4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568670/original/file-20240110-30-2p1xe4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568670/original/file-20240110-30-2p1xe4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568670/original/file-20240110-30-2p1xe4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568670/original/file-20240110-30-2p1xe4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La Cour internationale de justice lors d’une audience.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(UN Photo/CIJ-ICJ/Frank van Beek)</span></span>
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</figure>
<h2>Des compétences différentes</h2>
<p>La CIJ est le principal organe judiciaire de l’Organisation des Nations unies (ONU). Elle dispose d’une compétence universelle sur les différends d’ordre juridique pouvant survenir entre États. </p>
<p>De son côté, la CPI tire sa compétence d’un traité entré en vigueur en 2002, et dont Israël n’est pas signataire. Ses responsabilités sont d’enquêter et de poursuivre des personnes physiques pour crimes graves de droit international (crimes contre l’humanité, crimes de guerre, génocides et crimes d’agression).</p>
<p>Alors que la CIJ doit être sollicitée par un État avant de pouvoir se saisir d’un contentieux, comme c’est le cas avec la démarche engagée par l’Afrique du Sud, la CPI dispose de l’autorité pour ouvrir une enquête et éventuellement déposer une accusation contre un individu.</p>
<h2>Avant Israël, la Russie</h2>
<p>Dans sa requête contre Israël, l’Afrique du Sud avance que les actions de l’État hébreu (et son défaut de prendre des mesures pour contrecarrer les incitations « directes et publiques » à commettre de telles actions) témoigneraient « de l’intention spécifique… d’entraîner la destruction d’une partie substantielle de la population palestinienne en tant que partie d’un groupe national, racial et ethnique plus large de Palestiniens dans la Bande de Gaza ». </p>
<p>De ce fait, avance l’Afrique du Sud, Israël contreviendrait aux « obligations » lui incombant en vertu de la <a href="https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/convention-prevention-and-punishment-crime-genocide">Convention pour la prévention et la Répression du Crime de Génocide</a>, dont elle est signataire. </p>
<p>La question que la CIJ est appelée à trancher consiste uniquement, selon l’Afrique du Sud, à déterminer si les actions qui sont identifiées dans la Requête sont ou non « susceptibles de relever des dispositions » de la Convention. La Cour n’a pas à se prononcer sur le fond à ce stade. Le cas échéant, cela pourrait prendre des années. </p>
<p>On se rappellera qu’une <a href="https://icj-cij.org/sites/default/files/case-related/182/182-20220227-APP-01-00-FR.pdf">Requête</a> similaire avait également été déposée par l’Ukraine contre la Russie dans la foulée de l’« opération militaire spéciale » initiée par cette dernière le 24 février 2022. </p>
<p>La Russie était alors accusée d’avoir mensongèrement allégué « que des actes de génocide avaient été commis dans les oblasts ukrainiens de Louhansk et de Donetsk » afin de lui permettre de justifier une intervention armée. L’Ukraine affirmait que cette intervention avait engendré « des violations graves et généralisées des droits de la personne de la population ukrainienne ». Dès le 16 mars 2022, la CIJ rendait son <a href="https://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/182/182-20220316-ord-01-00-fr.pdf">Ordonnance</a> et intimait à la Russie de « suspendre immédiatement les opérations militaires ».</p>
<h2>Les limites de la CIJ</h2>
<p>Dans le cas de la requête de l’Afrique du Sud, une ordonnance de la CIJ pourrait suivre au cours des prochaines semaines étant donné l’urgence de la situation.</p>
<p>Or, il ne faut pas faire preuve de trop d’optimisme. Car même dans le cas où la Cour indiquerait comme mesure conservatoire la suspension immédiate des opérations militaires, comme elle l’a fait dans le cas de l’Ukraine, et même si cette ordonnance avait bel et bien un « caractère obligatoire », comme l’a avancé la Cour en 2001 dans une autre <a href="https://icj-cij.org/sites/default/files/case-related/104/104-20010627-JUD-01-00-FR.pdf">affaire</a>, cela ne signifierait pas que la situation sur le terrain soit appelée à changer. </p>
<p>Malgré leur caractère obligatoire, les mesures d’exécution sont souvent difficiles à mettre en œuvre dans des situations hautement sensibles et controversées.</p>
<h2>Le nouveau rôle des pays tiers</h2>
<p>Ce qui est relativement nouveau, c’est que la Cour internationale de justice accepte désormais d’entendre des requêtes, telle celle parrainée par l’Afrique du Sud, présentées par un État partie à un traité ou une convention, qui allèguent un manquement à ses obligations <em>erga omnes partes</em>. De telles obligations reposent en effet sur les valeurs que les États partagent en commun et que tout État a donc un intérêt à faire respecter, sans égard au fait d’avoir ou non soi-même subi les conséquences d’un manquement.</p>
<p>Ainsi, en 2019, la Gambie a déposé une <a href="https://icj-cij.org/sites/default/files/case-related/178/178-20191111-APP-01-00-FR.pdf">Requête</a> contre le Myanmar, concernant ses actions envers les membres de la communauté rohingya. C’est aussi sur cette base d’obligations <em>erga omnes partes</em> que le Canada et les Pays-Bas ont déposé en juin 2023 une <a href="https://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/188/188-20230608-req-01-00-fr.pdf">Requête</a> contre la Syrie l’accusant de contrevenir à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.</p>
<p>La reconnaissance par la CIJ de telles obligations <em>erga omnes partes</em> revendiquées par un État n’étant pas directement impliqué apparaît comme une innovation majeure. Elle permet, à défaut d’empêcher en amont qu’un État ne contrevienne à ses obligations, de lui rappeler en aval et publiquement ses obligations. </p>
<h2>Assumer un rôle émergent en maintien de la paix</h2>
<p>Au-delà de la question qu’aura à trancher la Cour, le plus important reste le rôle que les États semblent désormais vouloir lui faire jouer en lui soumettant de telles requêtes. La CIJ a compétence en matière de règlement pacifique des différends et, par extension, elle a un rôle à jouer dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale. Mais si ses ordonnances ne sont pas suivies d’effets, sont-elles seulement destinées à marquer les esprits, ce qui contribuerait à politiser la justice internationale ?</p>
<p>S’il est certes douteux qu’une ordonnance incite un État à mettre un terme à sa conduite et à ses activités sur le terrain, la procédure elle-même demeure toutefois importante. Elle peut permettre de documenter une situation et d’établir les faits d’une manière telle qu’il pourrait être plus difficile d’en faire abstraction par la suite. </p>
<p>Ainsi, dans le cas de la Syrie, l’<a href="https://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/188/188-20231116-ord-01-00-fr.pdf">Ordonnance</a> rendue par la Cour la sommait de prendre « toutes les mesures en son pouvoir afin de prévenir les actes de torture et autres… traitements cruels, inhumains ou dégradants », et lui intimait de « prendre des mesures effectives pour prévenir la destruction et assurer la conservation de tous les éléments de preuve relatifs aux allégations ». Ces éléments pourraient ultérieurement être utilisés dans le cadre de procédures judiciaires ou afin de justifier des réparations.</p>
<p>À cet égard, la Cour pourrait également faciliter la création et l’accès au terrain d’une mission visant à établir les faits et à documenter les circonstances. Il s’agit là d’un aspect important du règlement des différends qui peut contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationale. </p>
<p>Le défi pour la Cour consistera à assumer ce rôle émergent en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationale et à naviguer à travers ces questions d’interprétation qui demeurent éminemment politiques. Les décisions que les juges ont à prendre seront capitales pour le futur d’un ordre international qui apparaît pour le moment bien désordonné.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220727/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-François Thibault ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La Cour internationale de justice élargit de plus en plus son mandat, palliant au dysfonctionnement du Conseil de sécurité, qui devrait être le principal garant du maintien de la paix dans le monde.Jean-François Thibault, Professeur en relations internationales, École des hautes études publiques, Université de MonctonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2181842023-12-06T13:45:28Z2023-12-06T13:45:28ZChangement climatique et agriculture : les économistes alertent sur la nécessité d'intensifier les efforts d'adaptation en Afrique subsaharienne<p>Les pays d'Afrique subsaharienne dépendent fortement des secteurs agricole et forestier. L'agriculture représente jusqu'à <a href="https://data.worldbank.org/indicator/NV.AGR.TOTL.ZS?locations=ZG">60 %</a> du produit intérieur brut de certains pays. Mais ce secteur est très vulnérable au changement climatique car il dépend fortement des facteurs climatiques. Cette vulnérabilité est particulièrement marquée dans la région en raison de la lenteur des progrès technologiques.</p>
<p>En tant qu'économistes agricoles, nous avons effectué une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652623016451">revue</a> de la littérature sur le défi du changement climatique pour l'agriculture en Afrique subsaharienne. Nous avons étudié la répartition de divers facteurs climatiques (tels que les précipitations, les températures et les événements météorologiques extrêmes) dans la région, ainsi que leur impact sur l'agriculture. Nous avons également étudié les mesures prises par les agriculteurs ruraux pour faire face au changement climatique. </p>
<p>Nous avons constaté que les implications du changement climatique sur le développement agricole et économique sont diverses dans la région. Il est difficile de prédire exactement comment le changement climatique affectera l'agriculture et le développement économique. </p>
<p>Mais il est clair que les pays d'Afrique subsaharienne comme le Nigeria, l'Afrique du Sud, le Botswana et le Kenya sont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652623016451">extrêmement vulnérables</a> au <a href="https://www.afdb.org/en/cop25/climate-change-africa">changement climatique</a>. </p>
<p>Les agriculteurs n'utilisent pas de stratégies d'adaptation efficaces. Il s'agit notamment de planter des variétés de cultures résistant à la sécheresse et de conserver l'eau et le sol. Le manque de ressources et d'infrastructures les a freinés. Les programmes d'atténuation tels que la taxation du carbone, la gestion de l'eau, le recyclage, le boisement et le reboisement n'ont eu qu'un impact limité. Le manque de sensibilisation au changement climatique, l'instabilité des politiques gouvernementales et l'instabilité politique ont entravé les programmes.</p>
<p>L'impact du changement climatique sur les ménages vulnérables sera extrême si des mesures adéquates ne sont pas prises à temps. Des études indiquent qu'en l'absence d'adaptation, des pays comme le Togo, le Nigeria, le Congo et le Mali connaîtront davantage de <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/AR5_SYR_FINAL_SPM.pdf#page=13">pertes agricoles</a>. Les gouvernements, les organisations internationales, les communautés locales et les autres parties prenantes doivent élaborer des stratégies pour répondre aux divers besoins des agriculteurs d'Afrique subsaharienne.</p>
<h2>Ce que notre étude a révélé</h2>
<p>Les études que nous avons examinées indiquent que les régimes de précipitations, les températures et les phénomènes météorologiques extrêmes ont changé de manière significative dans la région. Cette tendance ne devrait pas changer au cours des prochaines décennies.</p>
<p>L'Afrique subsaharienne connaît <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652623016451">des régimes pluviométriques divers</a>. Les précipitations annuelles peuvent descendre jusqu'à 100 millimètres dans les zones arides du Sahel et dans certaines parties de l'Afrique de l'Est, et dépasser 500 millimètres dans les zones tropicales de l'Afrique centrale et de l'Ouest. </p>
<p>Les températures peuvent souvent dépasser 40° C (104° F) pendant les mois les plus chauds. Au cours du siècle dernier, la température moyenne a <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2405880722000292">augmenté</a> d'environ 0,74° C. </p>
<p>La région <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2405880722000292">connaît</a> divers phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des sécheresses, des inondations et des vagues de chaleur. Les zones côtières, en particulier dans les régions de l'est et du sud, subissent <a href="https://africacenter.org/spotlight/cyclones-more-frequent-storms-threaten-africa/">des cyclones ou des tempêtes tropicales</a>.</p>
<p>De nombreuses études montrent que ces conditions affectent la production agricole et la société de plusieurs manières :</p>
<ol>
<li><p>Réduction des rendements : le changement climatique réduit le rendement des cultures. La hausse des températures, la modification du régime des précipitations, les sécheresses et les inondations affectent les récoltes. Au Nigeria, par exemple, les agriculteurs ont constaté une baisse des rendements due à l'apparition de nouveaux parasites, à l'apparition de maladies et à l'assèchement des cours d'eau. </p></li>
<li><p>L'insécurité alimentaire : une faible productivité agricole entraîne souvent l'insécurité alimentaire, qui touche à la fois les populations rurales et urbaines. La baisse des rendements agricoles peut entraîner une hausse des prix. Un accès réduit à la nourriture peut aggraver la malnutrition et la faim.</p></li>
<li><p>Perte de revenus et pauvreté : la baisse de la production agricole affecte le revenu des petits exploitants. Cela peut accroître les niveaux de pauvreté et la vulnérabilité économique. Nous avons constaté une baisse de la production céréalière au cours de la dernière décennie au Ghana, au Congo et en Afrique du Sud. </p></li>
<li><p>Diminution de la productivité du bétail : la hausse des températures, les changements dans la disponibilité du fourrage et la rareté de l'eau constituent un défi pour les éleveurs. Ces facteurs rendent le bétail vulnérable aux maladies et à la mort. Les agriculteurs doivent supporter des coûts élevés pour vacciner et traiter les animaux.</p></li>
<li><p>Vulnérabilité des petits exploitants agricoles : ces agriculteurs n'ont pas toujours les ressources et la capacité de s'adapter à l'impact du changement climatique.</p></li>
</ol>
<h2>Recommandations et implications politiques</h2>
<p>L'examen des études a montré que l'Afrique subsaharienne pourrait se développer économiquement si les agriculteurs ruraux prenaient des mesures plus efficaces contre le changement climatique.</p>
<p>Nous avons formulé les recommandations suivantes pour protéger les agriculteurs de l'impact du changement climatique :</p>
<ul>
<li><p>Renforcer les institutions pour l'élaboration et la mise en œuvre des politiques. La coordination des efforts d'adaptation au changement climatique et des pratiques agricoles durables améliore la productivité des exploitations. </p></li>
<li><p>Améliorer les infrastructures rurales. Cela permettrait de promouvoir la croissance économique, de réduire la pauvreté et de rendre les communautés rurales plus résilientes. </p></li>
<li><p>Lancer des programmes d'action sociale. L'amélioration de l'accès au financement, aux marchés, à l'éducation et aux informations sur le climat renforcerait la protection sociale.</p></li>
<li><p>Créer davantage de plantations forestières et maintenir les plantations existantes. Elles contribueraient à absorber l'impact du changement climatique sur l'agriculture et à promouvoir le développement économique.</p></li>
<li><p>Le boisement et le reboisement peuvent également contribuer à l'absorption du carbone et à la conservation de la biodiversité.</p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/218184/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Abiodun Olusola Omotayo est financé par le programme Climap Africa, l'Office allemand d'échanges universitaires (DAAD-Grant Ref : 91838393), en Allemagne, et la National Research Foundation (NRF), Incentive Funding for Rated Researchers (Grant number : 151680), en Afrique du Sud.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Abeeb Babatunde Omotoso does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>Les petits exploitants subissent de plein fouet les effets du changement climatique en Afrique subsaharienne. Il faut des mesures volontaristes pour soutenir et stimuler la production agricole,Abeeb Babatunde Omotoso, Postdoctoral research associate, North-West UniversityAbiodun Olusola Omotayo, Senior lecturer/researcher, North-West UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2183712023-11-28T13:01:09Z2023-11-28T13:01:09ZLa résistance aux antibiotiques cause plus de décès que le paludisme et le VIH/sida réunis : ce que fait l'Afrique pour lutter contre cette épidémie silencieuse<p><em>Chaque année, la <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/antimicrobial-resistance#:%7E:text=L'OMS%20a%20d%C3%A9clar%C3%A9%20que,de%20pathog%C3%A8nes%20r%C3%A9sistants%20aux%20m%C3%A9dicaments.">résistance aux antimicrobiens</a> - la capacité des microbes à survivre aux agents conçus pour les tuer - fait plus de victimes que le paludisme et le VIH/sida réunis. L'Afrique subit de plein fouet cette évolution, qui se nourrit d'inégalités et de pauvreté. Nadine Dreyer a demandé à Tom Nyirenda, chercheur scientifique ayant plus de 27 ans d'expérience dans le domaine des maladies infectieuses, ce que les organismes de santé du continent font pour lutter contre cette menace qui pèse sur le progrès médical.</em></p>
<h2>Qu'est-ce que la résistance aux antimicrobiens ?</h2>
<p>La résistance aux antimicrobiens se produit lorsque les bactéries, les virus, les champignons et les parasites changent au fil du temps et ne répondent plus aux médicaments (y compris les antibiotiques). Cela rend les infections plus difficiles à traiter et augmente le risque de propagation des maladies, de maladie grave et de décès. </p>
<p>En Afrique, la résistance aux médicaments est déjà un problème avéré pour <a href="https://africacdc.org/document-tag/amr/#:%7E:text=In%20Africa%2C%20AMR%20has%20already,%2C%20meningitis%2C%20gonorrhoea%20and%20dysentery.">le VIH, le paludisme, la tuberculose, la typhoïde, le choléra, la méningite, la gonorrhée et la dysenterie</a>. </p>
<h2>Quelle est l'ampleur du problème de la résistance aux antimicrobiens ?</h2>
<p>C'est l'une des <a href="https://www.who.int/fr/news-room/spotlight/ten-threats-to-global-health-in-2019">10 principales menaces mondiales</a> pour la santé publique qui risque de compromettre des années de progrès médical.</p>
<p>Près de <a href="https://www.fao.org/animal-health/our-programmes/antimicrobial-resistance-(amr)/fr">5 millions de décès</a> ont été associés à la résistance aux antimicrobiens en 2019. </p>
<p>C'est sur le continent africain que le fardeau est le plus lourd. </p>
<p>La première <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)02724-0/fulltext">évaluation complète</a> de la charge mondiale de la résistance aux antimicrobiens a estimé qu'en 2019, plus de 27 décès pour 100 000 étaient directement imputables à la résistance aux antimicrobiens en Afrique. Plus de 114 décès pour 100 000 personnes y ont été associés à cette résistance. </p>
<p>Dans les pays à revenu élevé, la résistance aux antimicrobiens a été directement à l'origine de 13 décès pour 100 000. Elle est associée à 56 décès pour 100 000 personnes.</p>
<p><a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(21)02724-0/fulltext">L'étude</a> a montré que les jeunes enfants sont particulièrement exposés. La moitié des décès survenus en Afrique subsaharienne en 2019 concernaient des enfants de moins de 5 ans.</p>
<h2>Comment les inégalités et la pauvreté interviennent-elles ?</h2>
<p>Dans de nombreux pays africains, la pauvreté et les inégalités favorisent la résistance aux antimicrobiens.</p>
<p>L'accès à une eau courante propre, à un assainissement adéquat et à une gestion sûre de l'eau est un défi majeur dans de nombreux hôpitaux et cliniques des pays africains. </p>
<p>De plus, il y a souvent un grave manque drastique de personnel de santé. Les services sont souvent débordés. En conséquence, les infections se propagent plus rapidement. Certaines de ces infections sont résistantes aux antibiotiques. </p>
<p>L'utilisation inappropriée des antibiotiques, l'insuffisance des ressources sanitaires et l'accès limité aux médicaments appropriés ont également alimenté la résistance aux antibiotiques en Afrique subsaharienne. </p>
<p>Les médicaments <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14787210.2023.2259106">de qualité inférieure et falsifiés</a>, en raison de leurs doses inférieures, peuvent permettre aux bactéries de s'adapter, de résister, de se développer et de se propager. Des études montrent que le continent africain est touché par ces produits médicaux. </p>
<p>La pénurie mondiale d'antibiotiques encourage également l'utilisation de médicaments de qualité inférieure.</p>
<p>En raison d'une faible réglementation, la prescription d'antibiotiques <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14787210.2023.2259106">en vente libre</a> est très répandue en Afrique subsaharienne. Les taux les plus élevés de prescription d'antibiotiques en vente libre ont été relevés en Érythrée (jusqu'à 89,2 %), en Éthiopie (jusqu'à 87,9 %), au Nigeria (jusqu'à 86,5 %) et en Tanzanie (jusqu'à 92,3 %). En Zambie, jusqu'à 100 % des pharmacies ont délivré des antibiotiques sans ordonnance. </p>
<h2>Y a-t-il de bonnes nouvelles ?</h2>
<p>Si la lutte contre la résistance aux antimicrobiens sur le continent africain est plus difficile que dans d'autres régions, de nombreux décès peuvent sont évitables. </p>
<p>Il y a eu quelques initiatives encourageantes pour protéger les systèmes de santé et les communautés contre la résistance aux antimicrobiens.</p>
<ol>
<li><p>L'Union africaine a mis en place le <a href="https://africacdc.org/download/african-union-framework-for-antimicrobial-resistance-control-2020-2025/">Cadre de l'Union africaine sur la lutte contre la résistance aux antimicrobiens</a>. Ce cadre vise à renforcer la recherche, à promouvoir les politiques, les lois et la bonne gouvernance, à améliorer la sensibilisation et à impliquer les organisations de la société civile.</p></li>
<li><p>La lutte contre la résistance aux antimicrobiens implique le développement de nouveaux antibiotiques tout en s'assurant qu'ils atteignent les personnes qui en ont besoin. C'est pour cela que des organisations comme le <a href="https://gardp.org/">Partenariat mondial de recherche-développement d'antibiotiques</a> ont été créées. Nous constatons des progrès encourageants pour un antibiotique contre la gonorrhée résistante aux médicaments, un <a href="https://www.who.int/news/item/22-06-2023-who-outlines-40-research-priorities-on-antimicrobial-resistance">agent pathogène hautement prioritaire</a>. </p></li>
</ol>
<p>Six sites sud-africains ont participé à l'essai clinique.</p>
<ol>
<li><p>La mesure et le suivi de la résistance aux antimicrobiens et de l'utilisation des antimicrobiens jouent un rôle essentiel. Là aussi, des progrès ont été accomplis. Le consortium <a href="https://africacdc.org/download/mapping-antimicrobial-resistance-and-antimicrobial-use-partnership-maap-country-reports/">Mapping AMR and AMU Partnership</a> a récemment publié 14 nouveaux rapports nationaux sur la situation en Afrique. </p></li>
<li><p>Le <a href="https://www.edctp.org/">Partenariat d'essais cliniques entre l'Europe et les pays en développement</a> finance la recherche clinique d'outils médicaux permettant de détecter, traiter et prévenir les maladies infectieuses liées à la pauvreté en Afrique subsaharienne. Le domaine vital de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK531478/#:%7E:text=Neonatal%20sepsis%20refers%20to%20an,middle%20and%20lower%2Dincome%20countries">septicémie néonatale</a> en fait partie.</p></li>
<li><p>Il est essentiel de modifier les comportements à l'égard des antibiotiques afin qu'ils soient utilisés à bon escient. Des organisations telles que <a href="https://www.reactgroup.org/news-and-views/news-and-opinions/2023-2/react-africa-conference-2023/">ReAct Africa and the South Centre</a> ont bien progressé sur cet aspect. </p></li>
</ol>
<p>Elles plaident pour une utilisation responsable des antibiotiques ainsi que pour des moyens de prévenir et de contrôler les infections bactériennes. </p>
<p>Au Kenya et dans d'autres pays africains, les champions de la résistance aux antimicrobiens sensibilisent les écoles, les universités, les cliniques et les communautés. </p>
<p>6.<a href="https://www.afro.who.int/regional-director/speeches-messages/strategic-imperative-boosting-local-pharmaceutical-production">Une initiative audacieuse</a> des pays africains pour établir et développer la fabrication locale de produits médicaux nécessite une réglementation stricte afin de ne pas alimenter la résistance aux médicaments avec des produits de qualité inférieure ou des contrefaçons. </p>
<h2>Que nous réserve l'avenir ?</h2>
<p>Les défis posés par la résistance aux antimicrobiens dans les pays africains sont énormes. Mais la dynamique de lutte contre ce phénomène est en train de se mettre en place. </p>
<p>Les étapes cruciales sont les suivantes</p>
<ul>
<li><p>un investissement accru</p></li>
<li><p>l'expansion des programmes de prévention et de contrôle des infections, y compris les bonnes pratiques de prescription clinique</p></li>
<li><p>l'amélioration de l'accès aux antibiotiques essentiels et aux outils de diagnostic</p></li>
<li><p>le développement de nouveaux antibiotiques capables de traiter les infections multirésistantes. </p></li>
</ul>
<p><em>Cet article fait partie d'un partenariat médiatique entre The Conversation Africa et la Conférence 2023 sur la santé publique en Afrique. L'auteur remercie Carol Rufell du Partenariat mondial pour la recherche et le développement des antibiotiques en Afrique pour sa précieuse contribution.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218371/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tom Nyirenda does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>L'Afrique est plus touchée par la résistance aux antimicrobiens, largement alimentée par la pauvreté, mais des signes encourageants montrent que le continent prend des mesures pour la combattre.Tom Nyirenda, Extraordinary Senior Lecture in the Department of Global Health, Stellenbosch UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2176762023-11-15T14:29:29Z2023-11-15T14:29:29ZCommerce Afrique/États-Unis : l'Agoa expire en 2025, un expert analyse ses réalisations en 23 ans<p>Les gouvernements africains <a href="https://www.voaafrique.com/a/washington-favorable-%C3%A0-la-prolongation-de-l-agoa-selon-un-porte-parole-du-d%C3%A9partement-d-%C3%A9tat/7343343.html">cherchent</a> à prolonger la <a href="https://agoa.info/about-agoa.html">Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (Agoa)</a> au-delà de 2025. Cette <a href="https://agoa.info/images/documents/2/AGOA_legal_text.pdf">loi</a> a été promulguée en 2000 pour “encourager l'accroissement du commerce et des investissements entre les États-Unis et l'Afrique subsaharienne”. Nous avons demandé à <a href="https://www.lse.ac.uk/africa/people/Staff/David-Luke">David Luke</a>, <a href="https://www.wto.org/english/forums_e/public_forum18_e/pf18_bios_e.htm?bio=david_luke">spécialiste</a> de la politique commerciale africaine et des négociations commerciales, quels avantages l'Agoa a apportés aux pays africains éligibles et comment elle peut être améliorée.</p>
<h2>Dans quelle mesure l'objectif de l'Agoa a-t-il été atteint ?</h2>
<p>L'accès libre de droits et de quotas au marché américain accordé par l'Agoa a contribué à stimuler le commerce et l'investissement entre l'Afrique subsaharienne et les États-Unis. De nombreux pays africains <a href="https://ustr.gov/sites/default/files/IssueAreas/Preference%20Programs/AGOA%20Eligible%20and%20Ineligible%20Countries%202022.pdf">qui remplissent les critères</a> ont enregistré des <a href="https://www.brookings.edu/blog/africa-in-focus/2021/11/15/how-the-biden-administration-can-make-agoa-more-effective/">succès spécifiques</a> sur les biens exportés vers les États-Unis dans le cadre de l'Agoa. Il s'agit notamment de textiles et de vêtements provenant du Kenya, de l'Éthiopie, de Maurice, du Lesotho, du Ghana et de Madagascar. Au Kenya, par exemple, les <a href="https://agoa.info/images/documents/15557/kenya-agoa-guide-and-trade-overview-.pdf#page=2">ventes Agoa</a> dominées par l'habillement sont passées de 55 millions de dollars US en 2001 à 603 millions dollars en 2022, représentant 67,6 % des exportations totales du pays vers les États-Unis. </p>
<p>L'Afrique du Sud possède la liste d'exportations la plus diversifiée d'Afrique subsaharienne. La valeur de ses <a href="https://tradeunionsinafcfta.org/fr/commerce-entre-lafrique-et-les-etats-unis-laccord-agoa-expire-en-2025/">ventes automobiles</a> aux États-Unis a augmenté de 447,3 % entre 2001 et 2022 dans le cadre de l'Agoa. Les exportations de véhicules de l'Afrique du Sud vers les États-Unis ont augmenté de 1 643,6 % au cours de la première année de l'Agoa, passant de 853 unités en 2000 à 14 873 unités en 2001.</p>
<p>Parmi les autres réussites nationales, citons le Ghana, où <a href="https://share.america.gov/fr/grace-al-agoa-les-americains-decouvrent-les-saveurs-dafrique/">les produits non pétroliers</a> tels que les racines végétales, les textiles et les articles de voyage accèdent au marché américain dans le cadre de l'Agoa. Les <a href="https://agoa.info/images/documents/15553/ghana-agoa-guide-and-trade-overview-.pdf#page=2">exportations</a> du Ghana vers les Etats-Unis sont passées de 206 millions de dollars en 2000 à 2,76 milliards de dollars en 2022, bien que seulement 26 % de ce commerce aient été réalisé dans le cadre de l'Agoa. </p>
<p>Le guichet Agoa a également également permis l'exportation de chocolat et des matériaux de vannerie de <a href="https://www.business-magazine.mu/actualites/enjeu/agoa-un-potentiel-commercial-exploite-a-79-2/">l'Ile Maurice</a> ; du sarrasin, des articles de voyage et des instruments de musique du <a href="https://tradeunionsinafcfta.org/fr/commerce-entre-lafrique-et-les-etats-unis-laccord-agoa-expire-en-2025/">Mali</a> (suspendu en 2022) ; du sucre, des noix et du tabac du <a href="https://agoa.info/news/article/21-country/4092-mozambique.html">Mozambique</a> ; ainsi que du blé, des légumineuses et des jus de fruits du <a href="https://ustr.gov/countries-regions/africa/west-africa/togo#:%7E:text=AGOA%20Status%3A%20Togo%20is%20eligible,Investment%20Framework%20Agreement%20(TIFA).">Togo</a>.</p>
<p>Peut-être que l'Éthiopie, qui a été <a href="https://www.lepoint.fr/afrique/les-etats-unis-excluent-l-ethiopie-le-mali-et-la-guinee-de-l-agoa-02-01-2022-2458891_3826.php#11">suspendue</a> de l'Agoa en janvier 2022, illustre le mieux l'impact de ce guichet commercial sur l'industrialisation de l'Afrique.</p>
<p>Selon la <a href="https://documents1.worldbank.org/curated/en/099350011132228872/pdf/P1741950a12ef10560af5008750d1393b7c.pdf">Banque mondiale</a>, l'Éthiopie a attiré <a href="https://documents1.worldbank.org/curated/en/099350011132228872/pdf/P1741950a12ef10560af5008750d1393b7c.pdf#page=7">l'attention du monde</a> avec ses plans d'industrialisation ambitieux, en particulier grâce à ses <a href="https://documents1.worldbank.org/curated/en/099350011132228872/pdf/P1741950a12ef10560af5008750d1393b7c.pdf#page=37">parcs industriels</a>. Les parcs industriels, qui produisent principalement des textiles et des vêtements, ont prospéré grâce à l'accès libre de droits et de quotas au marché américain. </p>
<p>En moins de dix ans, les parcs industriels éthiopiens ont <a href="https://documents1.worldbank.org/curated/en/099350011132228872/pdf/P1741950a12ef10560af5008750d1393b7c.pdf#page=46">créé</a> 90 000 emplois directs, principalement pour les femmes âgées de 18 à 25 ans. L'emploi de ce groupe est <a href="https://www.imf.org/external/pubs/ft/sdn/2013/sdn1310.pdf">généralement</a> associé à une série de retombées positives sur la société et l'économie. </p>
<p>Les exportations de l'Éthiopie vers les États-Unis <a href="https://agoa.info/images/documents/15558/ethiopiacountrybrochureagoafinal.pdf#page=2">ont augmenté</a> de 29 millions de dollars US à 525 millions de dollars US en 2020, dont 45,3 % dans le cadre de l'Agoa. Les exportations de textiles et de vêtements qui, jusqu'en 2014, ne représentaient que 10 % des échanges, ont augmenté régulièrement pour atteindre 69 % au cours de la période. </p>
<p>Les parcs industriels <a href="https://documents1.worldbank.org/curated/en/099350011132228872/pdf/P1741950a12ef10560af5008750d1393b7c.pdf#page=57">ont attiré</a> 66 entreprises étrangères investissant environ 740 millions de dollars depuis 2014/15, l'Agoa étant le principal moteur de l'investissement dans le secteur ainsi que de l'augmentation des emplois et des recettes d'exportation.</p>
<h2>Quel a été l'impact de l'Agoa sur les exportations africaines ?</h2>
<p>Entre 2017 et 2020, les États-Unis sont devenus la <a href="https://doi.org/10.31389/lsepress.hat.d">troisième plus grande destination</a> pour les produits industriels africains, après l'Union européenne et le commerce intra-africain. L'Agoa y est pour quelque chose. Cela signifie que l'Agoa a stimulé la création de valeurs ajoutées dans la région, traditionnellement connue pour ses exportations de produits non transformés. </p>
<p>L'impact positif sur les chaînes de valeur explique pourquoi des pays africains tels que le Kenya, le Lesotho et l'île Maurice ont investi autant de capital diplomatique, et parfois de fonds de lobbying, dans l'articulation d'un <a href="https://doi.org/10.31389/lsepress.hat.d">dossier permanent</a> pour plaider en faveur du renouvellement de l'Agoa.</p>
<p>Les pays africains ont exploité cette opportunité pour vendre leurs produits manufacturés aux États-Unis. C'est le type de commerce <a href="https://au.int/en/agenda2063/aspirations">qui compte vraiment</a> pour l'objectif de transformation économique de l'Afrique à travers “<a href="https://blogs.lse.ac.uk/usappblog/2023/06/05/how-the-us-can-support-the-african-trade-that-matters-for-the-continents-goal-of-economic-transformation/">les produits manifacturés, l'industrialisation et la valeur ajoutée</a>”.</p>
<p>En comparaison, au cours de la période 2017-2020, 87 % des exportations africaines vers la Chine étaient constituées de combustibles, des minerais et des métaux. </p>
<h2>Quel type d'accord les États-Unis et le Kenya négocient-ils ?</h2>
<p>Les États-Unis et le Kenya ne négocient pas un accord bilatéral de zone de libre-échange, comme on le croit souvent à tort. Ce qu'ils négocient, c'est un <a href="https://ustr.gov/about-us/policy-offices/press-office/press-releases/2023/october/united-states-and-kenya-hold-second-negotiating-round-under-strategic-trade-and-investment">partenariat stratégique en matière de commerce et d'investissement</a> qui ne peut être décrit comme un accord de libre-échange puisqu'il n'inclut pas de nouvelles dispositions en matière d'accès au marché. </p>
<p>Le principal objectif de ce partenariat est d'accroître les investissements et de promouvoir une croissance économique inclusive. Il est censé profiter aux travailleurs, aux consommateurs et aux entreprises (y compris les petites). Il a aussi pour objectif de soutenir l'intégration économique régionale africaine. </p>
<p>Compte tenu des disparités économiques mondiales actuelles, si les pays africains veulent se développer, ils ont besoin <a href="https://doi.org/10.31389/lsepress.hat.d">de concessions commerciales comme l'Agoa</a>, et non d'accords de libre-échange bilatéraux et réciproques. </p>
<h2>Comment rendre l'Agoa plus bénéfique pour l'Afrique subsaharienne ?</h2>
<p>Tout d'abord, l'Agoa doit être prolongée d'au moins 20 ans. Cela garantira la prévisibilité de la concession d'accès au marché et renforcera la confiance des investisseurs qui disposeront d'un délai suffisant pour récupérer leurs investissements. Deuxièmement, les pays d'Afrique du Nord devraient être inclus dans l'Agoa. Cela permettra d'étendre l'Agoa à tous les pays africains et de soutenir l'intégration commerciale du continent par le biais de <a href="https://au-afcfta.org/">l'Accord de libre-échange continental africain</a>. </p>
<p>Troisièmement, l'Agoa devrait cesser de punir les investisseurs en raison les erreurs des gouvernements. Il est regrettable que les pays qui ne remplissent pas les conditions d'éligibilité à l'Agoa, qui incluent les normes de gouvernance et de droits de l'homme, soient suspendus du programme. Cela pénalise les entreprises privées qui investissent et commercent, ainsi que les personnes qui dépendent de ces entreprises pour leur emploi. Mais il est peu probable que les États-Unis modifient les critères d'éligibilité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217676/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Luke does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>L'Agoa devrait être prolongée de 20 ans et étendu aux pays de l'Afrique du Nord.David Luke, Professor in practice and strategic director at the Firoz Lalji Institute for Africa, London School of Economics and Political ScienceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2165542023-10-30T16:17:24Z2023-10-30T16:17:24ZLes hommes déclarent qu'ils consacrent plus de temps aux tâches ménagères et qu'ils aimeraient en faire plus : enquête réalisée dans 17 pays<p>Dans les pays du Sud, les femmes effectuent entre <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=7">trois et sept fois plus de tâches de soins</a> que les hommes. Ces tâches comprennent les travaux domestiques et se concentrent principalement sur les soins aux enfants. </p>
<p>Il faut espérer que cette situation évolue. Le <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf">Rapport 2023 sur la situation des pères dans le monde</a>, intitulé “Centrer les soins dans un monde en crise”, a exploré les expériences et l'implication dans les soins de 12 000 hommes et femmes, dont beaucoup sont des parents, dans 17 pays. L'enquête s'est penchée sur ceux qui s'occupent des soins, comment ils s'en occupent, pour qui, et sur ce que les hommes et les femmes pensent des soins.</p>
<p>Je suis l'un des cinq coauteurs du rapport, qui révèle une remarquable appréciation des soins de la part des personnes interrogées. Dans une enquête en ligne, ils ont massivement associé les soins à des termes positifs. L’“amour” est le mot le plus fréquemment mentionné dans tous les pays. </p>
<p>Parmi les autres mots fréquemment cités figurent “aide”, “protection”, “attention”, “responsabilité”, “santé”, “gentillesse” et “famille”.</p>
<p>La plupart des hommes ayant participé à l'enquête ont déclaré qu'ils effectuaient des tâches de soin et qu'ils étaient disposés à en faire davantage. Mais de nombreux obstacles se dressent sur leur chemin, notamment les normes sociétales et les contraintes financières. Si les résultats de l'étude laissent entrevoir des changements, ils montrent également que le rythme de ces changements est beaucoup trop lent. </p>
<h2>Pression croissante en faveur d'une plus grande égalité</h2>
<p>Au début de cette année, les États membres des Nations unies ont désigné à l'unanimité le 29 octobre <a href="https://www.un.org/fr/observances/care-and-support-day">journée internationale des soins et de l'assistance</a>. Cela veut dire qu'il y a de plus en plus de reconnaissance de la valeur des soins et du travail de soins et met en évidence le besoin urgent de répartir plus équitablement les responsabilités en matière de soins. </p>
<p>Fournir des soins à une autre personne peut être une expérience positive, favorisant l'empathie et des relations constructives. Cependant, la répartition inégale des <a href="https://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_633115/lang--en/index.htm">soins</a> entre les hommes et les femmes entrave depuis longtemps la participation des femmes au travail rémunéré. </p>
<p>En 2018, l'Organisation internationale du travail a estimé que 606 millions de femmes en âge de travailler n'étaient pas en mesure de le faire en raison des tâches de soin non rémunérées. Et le lourd fardeau de ce travail de soins a eu des <a href="https://www.researchgate.net/publication/354252144_Women's_wellbeing_and_the_burden_of_unpaid_work">conséquences néfastes </a>sur le bien-être physique et mental des femmes.</p>
<h2>Aller dans la bonne direction</h2>
<p>Le rapport sur la situation des pères dans le monde révèle que les mères continuent d'assumer une plus grande part de responsabilité dans les tâches de soins, telles que le nettoyage, les soins physiques et émotionnels pour les enfants, la cuisine et les soins pour le/la conjoint(e). Les femmes ont déclaré avoir effectué 1,32 fois de plus de soins physiques aux enfants et avoir fait 1,36 de fois de plus de ménage que les hommes dans tous les pays étudiés dans le rapport. </p>
<p>Mais les pères de pays aussi divers que l'Argentine, l'Irlande, la Chine, la Croatie et le Rwanda ont également déclaré consacrer un nombre d'heures important à diverses tâches non rémunérées au sein du foyer.</p>
<p>L'étude sur la situation des pères dans le monde attribue cette évolution à plusieurs facteurs, dont l'impact du <a href="https://www.who.int/europe/emergencies/situations/covid-19#page=58">COVID-19</a>, l'évolution des normes sexospécifiques relatives à la prestation de soins et des facteurs structurels tels que les systèmes de soins et les politiques en matière de congé parental.</p>
<p>Dans 15 pays, entre 70 et 90 % des hommes sont d'accord avec l'affirmation suivante : “Je me sens autant responsable des tâches de soins que ma partenaire”. </p>
<p>Fait encourageant, dans certains pays comme <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf">l'Afrique du Sud (85 %) et le Rwanda (93 %)</a>, les hommes n'étaient pas d'accord avec l'affirmation suivante : “On ne devrait pas apprendre aux garçons à coudre, à cuisiner, à faire le ménage ou à s'occuper de leurs frères et sœurs”.</p>
<p>Les hommes plus conscients de leurs émotions et ouverts à solliciter un soutien émotionnel étaient <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=22">deux à huit fois</a> plus susceptibles de s'occuper d'un membre de leur famille que ceux qui n'étaient pas conscients de leurs émotions. </p>
<p>Les hommes qui passaient plus de temps à s'occuper des autres ressentaient un plus grand bien-être. Les personnes interrogées qui se sont déclarées satisfaites de leur participation à l'éducation de leurs enfants étaient <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=8">1,5 fois</a> plus susceptibles d'être d'accord avec l'affirmation “Je suis la personne que j'ai toujours voulu être” et de faire état d'un sentiment de gratitude dans la vie que les personnes interrogées qui ne se sont pas déclarées satisfaites de l'éducation de leurs enfants. </p>
<h2>Tout le monde doit participer</h2>
<p>Il est important de reconnaître que la prise en charge d'un enfant ne peut pas dépendre uniquement des efforts individuels. Les hommes et les femmes ont besoin du soutien des communautés, des systèmes de soins et des politiques pour prodiguer des soins de manière efficace. </p>
<p>Plus de la moitié des mères et des pères considèrent que <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=8">l'activisme</a> en faveur des politiques de congé pour soins est une priorité. Ce sentiment varie : 57 % des pères et 66 % des mères en Inde, et 92 % des pères et 94 % des mères au Rwanda soutiennent cette cause.</p>
<p>Les femmes sont plus enclines que les hommes à <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=54">donner la priorité aux politiques de soins</a>, au même titre que les politiques de santé et d'égalité entre les hommes et les femmes. Les préoccupations concernant le coût de la vie étaient sont assez répandues chez les deux sexe, avec un peu plus de femmes (58 %) que d'hommes (53 %) exprimant cette inquiétude. </p>
<p>L'étude a révélé qu'une proportion importante de personnes dans tous les pays ont déclaré <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=54">prendre des mesures </a> pour améliorer les politiques de soins. La majorité d'entre elles (74 %) ont discuté de la question avec leurs amis et leur famille, tandis que 39 % des femmes et 36 % des hommes ont signé ou partagé des pétitions en ligne. En outre, 27 % des femmes et 33 % des hommes ont participé à des manifestations appelant à l'amélioration des politiques de soins.</p>
<p>Les décideurs politiques ont un rôle important à jouer dans les réformes visant à améliorer le congé parental. De meilleures données permettent d'élaborer de meilleures politiques. Il faut donc disposer de statistiques plus précises sur, par exemple, le nombre de pères qui prennent un congé parental et la répartition du temps consacré aux soins entre les hommes et les femmes. </p>
<p>Il est essentiel de faciliter le partage des tâches ménagères entre les hommes si l'on veut que les pays <a href="https://www.equimundo.org/wp-content/uploads/2023/07/State-of-the-Worlds-Fathers-2023.pdf#page=81">prospèrent</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216554/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Wessel Van Den Berg travaille pour Equimundo : Centre pour les Masculinités et la Justice Sociale</span></em></p>Le dernier rapport sur la situation des pères dans le monde indique que dans 15 pays, entre 70 et 90 % des hommes se sentent autant responsables des tâches ménagères que leurs conjointes.Wessel Van Den Berg, Research fellow, Stellenbosch UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2028022023-04-20T14:04:01Z2023-04-20T14:04:01ZLes pays du BRICS veulent un nouvel ordre mondial. Sera-t-il multipolaire ou sino-américain ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/521953/original/file-20230419-16-htdkgk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva serre la main du président chinois Xi Jinping après une cérémonie de signature qui s'est tenue au Grand Hall du Peuple à Pékin, en Chine, le 14 avril 2023. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Ken Ishii/Pool Photo via AP)</span></span></figcaption></figure><p>Dans son <a href="https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/08/27/discours-du-president-de-la-republique-a-la-conference-des-ambassadeurs-1">discours d’ouverture de la conférence des ambassadeurs en août 2019</a>, le président français, Emmanuel Macron, a évoqué que « nous sommes sans doute en train de vivre la fin de l’hégémonie occidentale sur le monde. » </p>
<p>Une hégémonie occidentale qui, selon lui, était vraisemblablement française au XVIII<sup>e</sup> siècle, par l’inspiration des Lumières, sans doute britannique au XIX<sup>e</sup> siècle grâce à la révolution industrielle, puis américaine au XX<sup>e</sup> siècle à la suite des deux guerres mondiales.</p>
<p>Mais avec l’émergence des pays du BRICS, acronyme regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, on assiste à une des plus importantes mutations des relations internationales depuis la révolution industrielle. Initialement créé en 2009 sous le nom de BRIC, un « S » a été ajouté en 2011 avec l’adhésion de l’Afrique du Sud.</p>
<p>La volonté affichée des pays du BRICS est de transformer la structure « occidentalo-centrée » de l’ordre économique mondial actuel vers un système international polycentrique ou multipolaire. </p>
<p>Sont-ils en train d’y parvenir ?</p>
<p>Senior fellow à la <a href="https://ferdi.fr/biographies/zakaria-sorgho">FERDI</a> et à <a href="https://acetforafrica.org/our-people/zakaria-sorgho/">ACET-Africa</a>, et chercheur associé au <a href="https://www.create.ulaval.ca/chercheurs/zakaria-sorgho">CREATE</a> à l’Université Laval, je m’intéresse à l’économie internationale et aux enjeux de développement. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521957/original/file-20230419-24-3bcl76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les amis du BRICS : le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, à droite, inspecte une garde d’honneur avec le président chinois Xi Jinping lors d’une cérémonie de bienvenue tenue à l’extérieur du Grand Hall du Peuple à Pékin, Chine, le 14 avril 2023.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Ken Ishii/Pool Photo via AP)</span></span>
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</figure>
<h2>Des pays en forte croissance</h2>
<p>Totalisant en 2022 une population de plus de 3,2 milliards d’individus, soit plus de quatre fois celle des sept pays du G7 (environ 773 millions d’habitants), le groupe des BRICS constitue un vaste marché économique.</p>
<p>Leur place dans l’économie mondiale n’a cessé de croître ces dernières décennies, au détriment de celle du G7. Ainsi, la part du produit intérieur brut (PIB) total des BRICS dans le PIB mondial, calculé en parité de pouvoir d’achat (PPA), a surpassé celle du G7 (31,02 % contre 30,95 %) et la tendance ne semble pas s’inverser. </p>
<p>Le PIB en PPA est l’indicateur approprié pour comparer des pays, car il tient compte du fait que la même quantité d’argent ne représente pas la même richesse dans des pays différents. Il élimine donc le différentiel des pouvoirs d’achat lié aux monnaies nationales, ce qui permet de comparer des pommes avec des pommes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521961/original/file-20230419-14-p2fsv6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521961/original/file-20230419-14-p2fsv6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521961/original/file-20230419-14-p2fsv6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521961/original/file-20230419-14-p2fsv6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521961/original/file-20230419-14-p2fsv6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521961/original/file-20230419-14-p2fsv6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521961/original/file-20230419-14-p2fsv6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 1.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce résultat des pays du BRICS est particulièrement dû à la croissance économique soutenue des deux leaders asiatiques du groupe, la Chine et l’Inde, dont les parts individuelles dans le PIB (PPA) mondial sont passées respectivement de 3,29 % et 3,78 % en 1990 à 18,64 % et 7,23 % en 2022. On assiste sur la même période à un recul marqué de la contribution des deux leaders du G7 dans l’économie mondiale, les États-Unis passant de 20,38 % à 15,51 % et le Japon, de 8,56 % à 3,79 %. Les dernières prévisions de croissance économique du FMI pour la <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WEO/Issues/2023/04/11/world-economic-outlook-april-2023">Chine et l’Inde en 2023 sont 5,2 % et 5,9 % respectivement, contre 1,6 % pour les États-Unis et 1,3 % pour le Japon</a>. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521954/original/file-20230419-26-8r7yr8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521954/original/file-20230419-26-8r7yr8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521954/original/file-20230419-26-8r7yr8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521954/original/file-20230419-26-8r7yr8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521954/original/file-20230419-26-8r7yr8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521954/original/file-20230419-26-8r7yr8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521954/original/file-20230419-26-8r7yr8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des milliers d’Indiens prennent un bain sacré à l’occasion du festival Ramnavi, le 30 mars 2023. L’Inde est en voie de devenir la nation la plus peuplée du monde, dépassant la Chine de 2,9 millions d’habitants d’ici à la mi-2023, avec 1 4286 milliard d’habitants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Manish Swarup)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Toutefois, les <a href="https://www.20minutes.fr/economie/4021526-20230201-croissance-dix-plus-grandes-economies-mondiales">États-Unis demeurent la première puissance économique</a>, avec un PIB de 25 billions de dollars en 2022, soit un peu plus du quart de l’économie mondiale. La Chine suit de près, avec un PIB de 18,3 billions de dollars, soit près de 20 % du total. </p>
<p>Par ailleurs, les pays du BRICS ont un niveau d’endettement en pourcentage de PIB et un ratio de dette publique par habitant beaucoup plus modérés en comparaison à ceux des pays du G7. En 2022, le montant moyen de la dette publique par habitant s’élevait à environ 72 303 $ dans les pays du G7, contre environ 5 950 $ dans les pays du BRICS.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521962/original/file-20230419-16-8j5a9e.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521962/original/file-20230419-16-8j5a9e.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521962/original/file-20230419-16-8j5a9e.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521962/original/file-20230419-16-8j5a9e.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521962/original/file-20230419-16-8j5a9e.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521962/original/file-20230419-16-8j5a9e.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521962/original/file-20230419-16-8j5a9e.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 2.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le dollar américain mis au défi</h2>
<p>Depuis quelques années, nombreux pays et leurs multinationales, utilisant largement le dollar américain dans les transactions internationales, font face à l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Extraterritorialit%C3%A9_du_droit_am%C3%A9ricain">extraterritorialité du droit américain</a>. </p>
<p>En effet, les États-Unis se servent de plus en plus du dollar comme une « arme » de diplomatie au gré de la politique étrangère de Washington. Ainsi, les États-Unis ont su globalement contraindre les autres États à respecter une loi votée en 2017 au Congrès américain <a href="https://www.dhs.gov/news/2021/02/11/countering-america-s-adversaries-through-sanctions-act-faqs">« Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act »</a>, qui renforce les sanctions déjà existantes contre l’Iran, la Corée du Nord et la Russie.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521956/original/file-20230419-24-wg1vh0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les deux poids lourds du BRICS : le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping portent un toast lors de leur dîner au Kremlin, à Moscou, le 21 mars 2023.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Pavel Byrkin, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce « chantage » du dollar exaspère des pays, notamment ceux des BRICS, et les incite à mettre en œuvre des alternatives pour assurer leurs transactions commerciales hors du contrôle de Washington. Jusqu’à maintenant, malgré les fluctuations des taux de change, la place du dollar américain contre les autres monnaies de réserve est demeurée passablement stable, selon le FMI. </p>
<p>Toutefois, toujours selon le FMI, la <a href="https://www.imf.org/en/Blogs/Articles/2021/05/05/blog-us-dollar-share-of-global-foreign-exchange-reserves-drops-to-25-year-low">part du dollar américain dans les avoirs officiels des banques centrales mondiales a chuté de 71 % en 1999 à 59 % en mai 2021, son plus bas niveau depuis 25 ans</a>, au profit d’autres devises telles que l’euro, le rouble, le yuan (ou Renminbi) ou même l’or. En décembre 2022, le billet vert a encore perdu un point de pourcentage pour s’établir à 58 % dans les avoirs officiels des banques centrales mondiales. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521963/original/file-20230419-14-i3uq23.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 3.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le yuan, la prochaine monnaie commune du BRICS ?</h2>
<p>La <a href="https://rightsindevelopment.org/notre-travail/la-nouvelle-banque-de-developpement-des-bric/?lang=fr">Nouvelle banque de développement (NBD) du groupe des BRICS</a>, basée à Shanghai, et inaugurée en 2015, vise à mettre fin à l’hégémonie de la devise américaine dans leurs transactions internationales. </p>
<p>Sa mission est de financer les infrastructures et le développement durable dans les marchés émergents et les pays en développement. Elle se veut une alternative au système de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale), plus orientée vers les pays en développement. La volonté des membres fondateurs de la NBD est de créer une monnaie commune.</p>
<p>Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, <a href="https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2022-06-29/guerre-en-ukraine/etats-unis-et-allies-ont-gele-330-milliards-de-dollars-russes-depuis-le-debut-du-conflit.php">plusieurs centaines de milliards de dollars</a> d’avoirs de la banque centrale russe ont été gelés par les États-Unis et leurs alliés occidentaux. Cette sanction sans précédent contre Moscou envoie un signal fort à certains dirigeants (qui seraient tentés de mal se comporter) sur les possibilités d’action de l’Occident.</p>
<p>Cela a apporté un argument aux pays du BRICS dans leur diplomatie contre l’ordre économique actuel. Depuis, plusieurs pays ont décidé d’effectuer leurs échanges commerciaux sous autres monnaies que le dollar américain, essentiellement le yuan. </p>
<p>Dans ce contexte, la <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2023/04/15/la-visite-de-lula-en-chine-illustre-les-ambitions-et-les-limites-des-brics_6169645_3210.html">visite du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva en Chine le 14 avril</a> n’est pas passée inaperçue. Il s’est dit prêt à augmenter ses échanges avec la Chine réalisés désormais en yuan.</p>
<p>Outre le Brésil, la Chine a aussi conclu des ententes commerciales avec le Venezuela, <a href="https://www.courrierinternational.com/article/geopolitique-la-chine-et-l-iran-annoncent-un-partenariat-strategique-global">l’Iran</a>, l’Inde et la Russie, lui permettant d’utiliser le yuan (à la place du dollar) dans ses transactions avec ces pays. <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1940243/petrole-chine-arabie-saoudite-cooperation-golfe">Le président Xi Jinping a aussi participé en décembre à un sommet avec les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG)</a>, soit l’Arabie saoudite, le Koweït, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Qatar et Oman. La Chine souhaite une entente avec les pays du CCG pour régler en yuan ses importations de pétrole et du gaz. Ce qui affaiblirait davantage le dollar américain.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=320&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521955/original/file-20230419-16-qacnzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=402&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le président Xi Jinping a participé en décembre à un sommet avec les six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), soit l’Arabie saoudite, le Koweït, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Qatar et Oman. On le voit, sur cette photo prise le 9 décembre 2022, avec des dirigeants des pays du Golfe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Xie Huanchi/Xinhua via AP)</span></span>
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<p>Le projet des pays du BRICS est né de frustrations et d’exaspérations face à l’imposition d’un ordre international très occidentalo-centré du monde. Dans leur <a href="http://www.brics.utoronto.ca/docs/090616-leaders.html">déclaration commune du 16 juin 2009</a>, les dirigeants des BRICS souhaitent « un ordre mondial multipolaire plus démocratique et plus juste, fondé sur l’application du droit international, l’égalité, le respect mutuel, la coopération, l’action coordonnée et la prise de décision collective de tous les États ». </p>
<p>Cet idéal fédérateur des BRICS pourrait être mis à mal par des ambitions potentielles de Pékin de partager le leadership mondial avec Washington. L’Inde et la Russie n’appuieront pas une domination bicéphale sino-américaine du monde.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202802/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Zakaria Sorgho est Senior fellow à ACET-Africa (Ghana) et du FERDI (France). </span></em></p>Les pays du BRICS souhaitent un ordre mondial multipolaire. Mais cet idéal pourrait être compromis si Pékin décide de partager le leadership mondial avec Washington.Zakaria Sorgho, Senior fellow at FERDI & ACET-Africa, and Research associate at CREATE, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1801672022-04-13T18:42:00Z2022-04-13T18:42:00ZComment la fonte de la calotte glaciaire groenlandaise pourrait déplacer le paludisme en Afrique<p>Une fonte rapide de la calotte groenlandaise fait partie des risques connus du changement climatique, notamment pour la hausse du niveau marin qu’elle engendrerait.</p>
<p>Un tel phénomène aurait toutefois d’autres conséquences plus inattendues, à des milliers de kilomètres de là. En Afrique, par exemple, cette fonte pourrait affecter la transmission du paludisme par les moustiques, comme nous le montrons dans une <a href="https://www.nature.com/articles/s41467-021-24134-4">récente étude publiée dans <em>Nature Communications</em></a> et réunissant des chercheurs de différents laboratoires en France (LSCE), en Italie (ICTP) et au Royaume-Uni (Université de Liverpool).</p>
<p>Pour rappel, le paludisme est une maladie provoquée par le parasite <em>Plasmodium</em>, qui a causé en 2020 la mort de 627 000 personnes <a href="https://www.who.int/publications/i/item/9789240040496">selon le dernier rapport de l’OMS</a>, dont 96 % en Afrique. Le continent concentre également 228 des 241 millions de cas reportés dans le monde au cours de cette même année, soit 95 %. 77 % des décès concernent en outre des enfants de moins de cinq ans.</p>
<h2>Température et transmission</h2>
<p>Cette transmission n’est pas possible directement entre êtres humains : le parasite a besoin d’un vecteur, en l’occurrence un moustique femelle de l’espèce <em>Anophèles</em>. Lorsque ce dernier pique une personne malade, il absorbe les parasites présents dans le sang de celle-ci, qui se développent dans le corps de l’insecte avant d’être retransmis à un nouvel hôte lors d’une prochaine piqûre.</p>
<p>La durée de développement du parasite dans le moustique, entre son ingestion et sa transmission, dépend de la température : plus elle est élevée, plus cette durée sera courte. Le moustique étant un insecte ectotherme, sa température corporelle dépend directement de celle ambiante. En cas de développement trop lent, lié à une température basse, le moustique sera mort avant d’avoir pu retransmettre le parasite.</p>
<p>Les moustiques <em>Anophèles</em> sont aussi sensibles aux conditions météorologiques. Pour qu’ils puissent vivre et grandir les températures doivent être comprises entre 16 et 40 °C. Ils ont également besoin d’eau pour la ponte des œufs et le développement des larves, qui se fait en milieu aquatique (flaques, mares…). En revanche, des précipitations trop intenses peuvent détruire les œufs et les larves.</p>
<h2>La survie des moustiques menacée ?</h2>
<p>Avec le réchauffement climatique, les températures en Afrique augmentent. Des régions pourraient devenir trop chaudes au cours du XXI<sup>e</sup> siècle pour que les moustiques y survivent, <a href="https://www.pnas.org/content/111/9/3286.short">c’est le cas dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest</a>.</p>
<p>D’autres zones, qui étaient auparavant trop froides pour rendre possible une transmission soutenue du paludisme, atteindront au contraire des températures suffisamment élevées pour permettre la survie du moustique, le développement du parasite et donc théoriquement la transmission de la maladie ; <a href="https://www.pnas.org/content/111/9/3286.short">c’est le cas des hauts plateaux Est africains</a>.</p>
<p>Ceci a été démontré grâce à des simulations numériques du climat futur. Pour les réaliser, il faut choisir un scénario décrivant les émissions de gaz à effet de serre au cours du siècle selon certaines hypothèses. À partir de ces émissions de gaz à effet de serre, le modèle qui inclut des équations physiques décrivant le système climatique, simule les conditions climatiques du siècle à venir.</p>
<p>Les valeurs de précipitations et de températures ainsi générées alimentent d’autres modèles numériques permettant d’étudier, cette fois, le risque de transmission du paludisme lié aux changements.</p>
<h2>Fonte de la calotte et circulation océanique</h2>
<p>Les modèles climatiques ne représentent néanmoins pas toute la complexité du système terrestre. Ils ne prennent pas en compte, par exemple, l’impact d’une fonte rapide possible de la calotte de glace du Groenland.</p>
<p>Or, les <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/BF00193540">scientifiques savent</a> grâce à l’étude des climats passés, qu’une grande quantité de glace est susceptible d’être ainsi relâchée de manière soudaine et difficilement prévisible. En fondant, celle-ci viendrait alimenter en eau douce le Nord de l’océan Atlantique, qui constitue une région clé du climat global.</p>
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<figcaption><span class="caption">Fonte record de la calotte glaciaire en 2019, une tragédie pour l’avenir (Euronews, 21 août 2020).</span></figcaption>
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<p>Dans cette zone en effet, les eaux chaudes de surface venant de l’équateur se refroidissent et se salinisent, car l’eau de mer qui forme la banquise y relâche le sel qu’elle contient. Cela densifie ces eaux qui plongent vers les fonds marins en tractant les courants océaniques, suivant le principe d’un tapis roulant. Ce mouvement constitue le moteur de la circulation océanique, dite « circulation thermohaline ».</p>
<p>L’éventualité d’un apport d’eau douce en Atlantique Nord diminuerait donc la densité des eaux et ralentirait cette plongée des eaux froides. Si le moteur de la circulation thermohaline est freiné, c’est toute la circulation océanique qui change. Le transport de chaleur par l’océan en serait alors ralenti.</p>
<h2>L’élévation des températures atténuée</h2>
<p>L’océan et l’atmosphère étant en perpétuelle interaction, une transformation des courants marins impactera également la circulation atmosphérique, ce qui se traduirait par des changements climatiques (pressions atmosphériques, vents, températures, précipitations…) qui peuvent atteindre l’Afrique.</p>
<p>L’élévation des températures liée à l’augmentation des gaz à effet de serre est atténuée par la fonte des glaces du Groenland. La modification de la circulation atmosphérique entraîne également un déplacement des pluies tropicales vers le Sud.</p>
<p>Ces changements de températures et de précipitations diffèrent des simulations standards ne prenant en compte que l’augmentation des gaz à effet de serre. Mais ils affectent aussi le cycle de vie du moustique, le développement du parasite et donc la transmission du paludisme en Afrique, qui se décale alors vers le sud dans ces simulations.</p>
<h2>Le paludisme déplacé vers le sud de l’Afrique ?</h2>
<p>L’objet de notre article est justement de comparer l’effet du réchauffement climatique avec et sans simulation d’une fonte abrupte des glaces du Groenland sur le paludisme en Afrique. Lorsque les simulations tiennent compte de l’impact additionnel de cette fonte rapide des glaces, trois résultats importants sont à noter.</p>
<p>Dans la région du Sahel, le phénomène de diminution du risque de transmission du paludisme est d’une part amplifié. En plus de l’augmentation des températures liée au réchauffement climatique, cette région reçoit aussi moins de précipitations, la bande de pluie s’étant significativement déplacée vers le sud.</p>
<p>L’augmentation du risque de transmission du paludisme sur l’Est africain est par ailleurs atténuée, les températures n’augmentent pas autant lorsque l’on intègre la fonte de glace. En revanche, un risque de transmission du paludisme apparaît dans le Sud de l’Afrique, du fait des précipitations plus importantes.</p>
<p>Si le climat est en mesure d’entraver la transmission du paludisme, ne comptons pas sur lui pour éradiquer la maladie : les politiques de santé publique et le développement économique et social constituent aujourd’hui la clé principale capable de faire obstacle à ce fléau. Plusieurs pays, comme la Chine, ont d’ailleurs <a href="https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20210630-apr%C3%A8s-70-ans-de-lutte-la-chine-a-r%C3%A9ussi-a-%C3%A9radiquer-le-paludisme">réussi à l’éliminer de leur territoire</a> malgré un climat encore favorable à la transmission.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180167/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alizée Chemison a reçu des financements du CEA.</span></em></p>Les moustiques étant sensibles aux températures, la fonte de la calotte glaciaire et ses effets sur le climat pourraient affecter la transmission du paludisme en Afrique.Alizée Chemison, Doctorante sur l’impact des instabilités climatiques sur les maladies vectorielles infectieuses, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1789132022-03-13T17:39:07Z2022-03-13T17:39:07ZLa Russafrique : combien de votes ?<p>Le 2 mars, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une <a href="https://news.un.org/fr/story/2022/03/1115472">résolution</a> déplorant l’agression commise par la Russie contre l’Ukraine et exigeant que Moscou retire immédiatement ses troupes du territoire ukrainien.</p>
<p>Cette résolution a été <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/03/03/resolution-a-l-onu-contre-la-guerre-en-ukraine-qui-a-vote-pour-ou-contre-et-qui-s-est-abstenu_6115936_4355770.html">adoptée à une très large majorité</a> : 141 pays ont voté en sa faveur et seulement 5 pays contre – la Corée du Nord, la Syrie, l’Érythrée, la Biélorussie et bien évidemment la Russie. Mais plus que les « pour » et les « contre », ce sont les abstentions qui retiennent l’attention. 34 pays se sont abstenus, dont 16 pays africains.</p>
<p>Pour être complet, ce décompte doit aussi inclure les pays qui ont opté pour la stratégie de la chaise vide en ne participant pas au vote, ce qui constitue une abstention cachée. Ces derniers sont au nombre de 13 ; parmi eux, 8 pays africains. En additionnant l’abstention assumée et l’abstention cachée, 24 pays africains sur 54 ont préféré ne pas condamner la Russie, soit près de la moitié du continent.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/450912/original/file-20220309-13-1sg8rwu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/450912/original/file-20220309-13-1sg8rwu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=615&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/450912/original/file-20220309-13-1sg8rwu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=615&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/450912/original/file-20220309-13-1sg8rwu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=615&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/450912/original/file-20220309-13-1sg8rwu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=772&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/450912/original/file-20220309-13-1sg8rwu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=772&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/450912/original/file-20220309-13-1sg8rwu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=772&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Votes des pays africains sur la résolution exigeant la fin immédiate de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.</span>
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<p>Face à ce conflit inédit qui menace la paix mondiale, la moitié de l’Afrique diplomatique est abstentionniste. Comment interpréter ce choix ?</p>
<h2>Anciens et nouveaux leviers d’influence</h2>
<p>Une première lecture attribue cette attitude à la forte influence que la Russie exerce aujourd’hui en Afrique, même si l’Union européenne demeure le premier bailleur et le premier partenaire commercial du continent. Cette influence est le résultat cumulé de l’héritage de l’histoire et de la nouvelle politique africaine de Moscou.</p>
<p>Le vote de certains pays africains est une réminiscence des vieilles loyautés de l’époque de la guerre froide et de la décolonisation. Le souvenir du soutien soviétique à la décolonisation, l’alignement pro-soviétique de certains pays africains (Angola, Algérie, Éthiopie, etc.) et l’avènement au pouvoir d’anciens mouvements de libération soutenus par l’URSS (Mozambique, Namibie, Afrique du Sud, Zimbabwe) font partie de l’héritage historique des relations russo-africaines.</p>
<p>Cependant, cet héritage historique compte sans doute moins que la réactivation récente de la <a href="https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/kalika_russie_afrique_2019.pdf">politique africaine de la Russie</a>. Alors que la diplomatie russe avait oublié l’Afrique depuis la fin de l’URSS, la <a href="https://theconversation.com/lukraine-barometre-de-letat-de-la-relation-russo-americaine-70809">crise ukrainienne de 2014</a> et les premières sanctions occidentales lui ont fait retrouver la mémoire. À partir de ce moment charnière, les autorités russes ont mené une stratégie de réimplantation agressive grâce à leurs deux principaux atouts : les ventes d’armes et la fourniture de prestations de sécurité.</p>
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<p>En effet, les échanges économiques de l’Afrique avec la Russie sont limités (environ 20 milliards de dollars en 2019) par rapport aux autres puissances (Chine : 210 milliards ; Europe : 225 milliards). Cependant, ils sont concentrés sur quelques secteurs stratégiques : l’alimentation, les ressources naturelles et les armes.</p>
<p>Premier exportateur mondial, la Russie a mené une diplomatie du blé, notamment en direction des pays d’Afrique du Nord, très dépendants au niveau alimentaire. L’Égypte achète les trois quarts de ses importations à la Russie et, en froid avec Paris, <a href="https://www.rfi.fr/fr/emission/20181012-attiree-le-ble-russe-algerie-pourrait-detourner-ble-francais">Alger s’est tourné vers le blé russe</a>. Ses autres clients sont principalement le Nigeria, la Tanzanie, le Kenya, l’Afrique du Sud et le Soudan, dont <a href="https://www.rfi.fr/fr/afrique/20220303-la-junte-soudanaise-dans-les-bras-de-moscou">l’un des dirigeants était à Moscou</a> pour finaliser une livraison de blé au moment de l’invasion de l’Ukraine.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1501851579518963712"}"></div></p>
<p>Les grandes sociétés publiques russes du secteur extractif (Rosneft, Lukoil, Alrosa, Rusal, Gazprom, Nordgold, etc.) <a href="https://www.lepoint.fr/economie/mines-nikolai-zelensky-l-afrique-a-une-place-centrale-dans-notre-strategie-17-02-2017-2105586_28.php">ont investi en Afrique</a> mais elles ne sont ni dominantes ni irremplaçables.</p>
<p>En revanche, la Russie est un acteur important du marché africain de la sécurité. De 2016 à 2020, elle a fourni <a href="https://sipri.org/sites/default/files/2021-03/fs_2103_at_2020.pdf">30 % des armes acquises</a> par les pays d’Afrique subsaharienne ; depuis 2017, elle a signé des accords de coopération militaire avec 20 pays d’Afrique subsaharienne, contre seulement sept de 2010 à 2017 ; et elle a peut-être trouvé avec le Soudan un pays hôte pour une <a href="https://www.areion24.news/2021/03/29/russie-soudan-malgre-la-chute-domar-el-bechir-lidylle-continue/">base militaire au bord de la mer Rouge</a>.</p>
<p>Cet activisme sécuritaire est encore renforcé par sa diplomatie du mercenariat incarnée par le <a href="https://www.jeuneafrique.com/1312730/politique/russie-afrique-les-mercenaires-de-wagner-sont-ils-vraiment-efficaces/">désormais célèbre groupe Wagner</a> présent en Libye, au Soudan, au Mozambique, en Centrafrique et au Mali.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le Groupe Wagner en Ukraine et au Mali – Leçon de géopolitique – Le Dessous des cartes | Arte, 26 janv. 2022.</span></figcaption>
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<p>La présence de Wagner permet à Moscou d’élargir <a href="https://www.ifri.org/fr/publications/notes-de-lifri/russieneivisions/societes-militaires-privees-russes-afrique">à moindre coût son espace stratégique</a>. Le groupe fournit aux pouvoirs africains affaiblis un package « mercenaires/propagande numérique » et démarche tous azimuts sur le continent. Son patron <a href="https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/le-groupe-wagner-bottes-secretes-de-poutine-a-letranger-20220218_ZKA4RFPLKZDN3NWOC6GQQYEGL4/">Evgueni Prigogine</a> a, par exemple, <a href="https://information.tv5monde.com/afrique/burkina-faso-le-russe-prigojine-chef-presume-du-groupe-wagner-salue-une-ere-de">personnellement courtisé les putschistes burkinabé</a> en saluant leur coup d’État en janvier et en le comparant à une décolonisation.</p>
<p>Cette forte présence dans la sécurité d’État garantit au Kremlin un accès privilégié aux cercles du pouvoir, voire lui permet de les vassaliser quand ils sont très faibles <a href="https://www.crisisgroup.org/africa/central-africa/central-african-republic/russias-influence-central-african-republic">comme en Centrafrique</a>.</p>
<h2>Affinités politiques</h2>
<p>La forte abstention africaine reflète aussi le <a href="https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/vers_un_retour_de_lautoritarisme_en_afrique.pdf">vent d’autoritarisme qui souffle en Afrique</a> depuis dix ans. Après la décennie de la démocratisation (1990-2000), le continent subit un reflux autoritaire, avec comme conséquence l’éloignement des puissances démocratiques et le rapprochement des puissances autoritaires.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1500124249398280192"}"></div></p>
<p>Silencieuse à ses débuts, cette mécanique géopolitique s’est accentuée au fur et à mesure des troisièmes mandats truqués, des nouvelles guerres civiles et des putschs. Ces dérives autoritaires ont généralement été accompagnées par des condamnations diplomatiques occidentales, voire des sanctions critiquées pour leur sélectivité. Ainsi, au début de cette année, les États-Unis ont sanctionné les gouvernements de l’Éthiopie (pour violations des droits de l’homme), du Mali et de la Guinée (pour leurs coups de force militaires) en <a href="https://www.aa.com.tr/fr/monde/washington-exclut-l-%C3%A9thiopie-le-mali-et-la-guin%C3%A9e-de-l-agoa/2463279">les excluant de l’accord commercial African Growth and Opportunity Act (AGOA)</a>, mais ils restent <a href="https://arabcenterdc.org/resource/agreements-and-tensions-in-us-egyptian-relations/">accommodants avec le régime militaire égyptien</a>.</p>
<p>Ces dernières années, plusieurs bras de fer diplomatiques ont opposé l’Union européenne à des régimes autoritaires africains (Burundi, Madagascar, Zimbabwe, Tanzanie, Bénin, Centrafrique, etc.). De manière révélatrice, la pire dictature du continent africain (l’Érythrée) a voté contre la résolution dénonçant l’agression russe et les récents régimes putschistes condamnés par les Occidentaux (Mali, Guinée, Burkina Faso) ont tous opté pour l’abstention assumée ou cachée.</p>
<p>Au XXI siècle, le regain d’autoritarisme en Afrique joue en faveur du club autocratique dont les présidents russe et chinois se disputent discrètement la présidence. Le jeu des affinités de régimes n’est toutefois pas systématique : des dictatures comme le Tchad et le Rwanda ont voté pour la résolution tandis que les deux pays africains où la démocratie semble la mieux enracinée (le Sénégal et l’Afrique du Sud) se sont abstenus.</p>
<h2>Retour simultané de la géopolitique bipolaire et du non-alignement</h2>
<p>La préférence de l’Afrique pour l’abstention est aussi le fait de sa multi-dépendance dans une géopolitique de nouveau bipolaire. Dans un contexte international de multipolarité dérégulée, la politique de diversification des partenariats menée par de nombreux pays en développement semblait être une stratégie gagnante.</p>
<p>Elle était censée leur permettre de maximiser les opportunités de coopération sur le marché international de l’aide et de regagner des marges de manœuvre politiques en faisant jouer la concurrence entre leurs partenaires. En effet, alors qu’elle est essentiellement perçue <a href="http://www.ledmaroc.ma/pages/numeros_parus/37-9.pdf">sous l’angle économique</a>, la diversification des partenariats <a href="https://www.letemps.ch/opinions/lafrique-pauvre-courtisee-puissances-mondiales">est aussi éminemment sécuritaire et politique</a>. En témoigne la multiplication des présences militaires étrangères et des sommets où un pays invite tout le continent africain.</p>
<p>Ainsi la politique étrangère de certains pays africains est devenue un jeu d’équilibre complexe. La République démocratique du Congo d’Étienne Tshisekedi est politiquement très proche des États-Unis mais dépend économiquement surtout de la Chine. L’Égypte du maréchal al-Sissi a des partenariats sécuritaires étroits avec des pays occidentaux mais achète des armes et du blé russes et <a href="https://new.sfen.org/rgn/russie-construira-premiere-centrale-nucleaire-egyptienne/">compte sur Rosatom</a> pour construire sa première centrale nucléaire.</p>
<p>Le passage rapide de la multipolarité dérégulée à la repolarisation du monde en deux camps expose désormais les tenants de la diversification des partenariats à des <a href="https://lexpress.mg/05/03/2022/sergiusz-wolski-la-position-quun-pays-adopte-est-soigneusement-notee/">pressions multiples</a> et contradictoires qui peuvent les acculer à des choix délicats. Dans certains pays particulièrement fragiles, la survie du régime <a href="https://www.africaintelligence.fr/afrique-est-et-australe_politique/2022/03/07/entre-moscou-et-washington-burhan-et-hemeti-jouent-les-equilibristes,109737998-art">dépend de ses alliances extérieures</a>.</p>
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<p>Pour échapper à ce dilemme stratégique, le <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/index/sujet/mouvementdesnonalignes#:%7E:text=Fond%C3%A9%20en%201961%20lors%20de,effective%20des%20pays%20du%20Sud">non-alignement</a> inventé en 1955 fait son retour en 2021 comme une option prudente et rassurante. Le Mouvement des Non-Alignés né de la conférence de Bandung en 1955 réunissait les États qui ne voulaient s’affilier ni au bloc de l’Est ni au bloc de l’Ouest. Il existe toujours (sa dernière réunion a eu lieu en <a href="https://www.aa.com.tr/fr/politique/la-serbie-accueille-le-sommet-du-mouvement-des-non-align%C3%A9s/2388294">Serbie en 2021</a>) et les États africains constituent toujours la majorité de ses membres.</p>
<p>Le non-alignement, dont l’abstention au vote de l’Assemblée générale de l’ONU est l’expression, évite de prendre parti dans ce conflit entre grandes puissances et permet de naviguer dans les eaux tumultueuses de la nouvelle guerre froide. L’avenir dira si cette stratégie diplomatique permettra de ne pas trop déplaire ou de déplaire à tout le monde, notamment si le conflit s’embrase.</p>
<p>Dans un contexte international ultra-polarisé, le vote de la résolution contre l’invasion de l’Ukraine a été perçu comme un instantané des nouveaux rapports de force diplomatiques. Cependant, si le parti des abstentionnistes compte tant de membres en Afrique, il ne faut pas seulement y voir l’influence de Moscou et la baisse de popularité des Européens et des Américains mais aussi et surtout un réflexe de prudence et de sauvegarde de la part d’une Afrique multi-dépendante qui sait que « quand les éléphants se battent, ce sont les fourmis qui meurent ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178913/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thierry Vircoulon est chercheur associé à l'Institut Français des Relations Internationales et à Global Initiative against Transnational Organised Crime. </span></em></p>Les choix de vote (ou non) lors de la résolution à l’ONU condamnant l’agression russe contre l’Ukraine révèlent la position des différents pays africains vis-à-vis de la Russie.Thierry Vircoulon, Coordinateur de l'Observatoire pour l'Afrique centrale et australe de l'Institut Français des Relations Internationales, membre du Groupe de Recherche sur l'Eugénisme et le Racisme, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1773972022-02-24T12:11:34Z2022-02-24T12:11:34ZAfrique du Sud : une « transition juste » est-elle possible dans une société profondément inégalitaire ?<p>La <a href="https://www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_826729/lang--fr/index.htm">Déclaration pour une transition juste</a>, adoptée lors de la COP26, reconnaît l’importance de développer des actions climatiques qui soient « pleinement inclusives et bénéficient aux plus vulnérables ». L’Afrique illustre bien la complexité de l’équilibre à trouver entre, d’une part, les besoins de développement des États et, d’autre part, la nécessité d’atténuer les émissions des gaz à effet de serre.</p>
<p>Si l’Afrique subsaharienne ne représente que 4 % des 2,5 milliards de tonnes de carbone émises mondialement depuis 1850, il est estimé que pour tenir les engagements actuels en termes de trajectoires d’émissions, la région devrait renoncer à brûler <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/climat-et-energie-fossile-limiter-le-rechauffement-climatique_fr_6138b5afe4b0f1b9706889f6">90 % de ses réserves connues de charbon</a>. On comprend mieux l’importance de repenser les trajectoires de développement.</p>
<p>Cependant, plus largement, c’est le concept même de « transition juste » qui est à préciser. Dans un chapitre consacré à l’Afrique du Sud publié dans l’ouvrage <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/l_economie_africaine_2022-9782348073601">« L’Économie africaine 2022 »</a>, nous soulignons les défis et la nécessité de passer d’une transition juste affirmative, où il suffirait de récompenser les perdants de la transition bas-carbone, à une transition juste transformative qui, en plus de favoriser l’émergence d’une économie décarbonée, restructurerait le système de production et de propriété pour aboutir à une distribution plus équitable des opportunités et de la richesse.</p>
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<h2>L’Afrique du Sud comme cas d’école</h2>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-de-l-ofce-2020-1-page-5.htm">Le concept de transition juste</a> a été élaboré par le Syndicat des travailleurs de l’industrie pétrolière, chimique et atomique en Amérique du Nord en 1973. Il est né de la prise de conscience que les crises environnementales et sociales sont liées, et que la transition doit prendre en compte les travailleurs et les plus pauvres.</p>
<p>Au travers du cas de l’Afrique du Sud, nous montrons dans le chapitre les défis liés à l’émergence d’une transition juste et nous invitons à repenser le concept traditionnel de « transition juste », tel que proposé par les syndicats américains dans les années 1970, pour aller vers une approche qui prendrait en compte les <a href="https://www.afd.fr/en/ressources/inequality-trends-south-africa-multidimensional-diagnostic-inequality">différentes facettes des inégalités</a>.</p>
<p>Celles-ci vont des inégalités d’éducation et de santé entre les populations noires et métisses et la minorité blanche, aux inégalités spatiales entre les provinces et les municipalités, notamment par rapport aux <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/bantoustan/25539">anciens bantoustans</a>, mais également à l’échelle des villes, polarisées et tentaculaires, où les pauvres vivent loin des centres économiques et subissent des coûts de transport significatifs.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/face-au-changement-climatique-les-agricultures-africaines-au-defi-de-la-securite-alimentaire-156770">Face au changement climatique, les agricultures africaines au défi de la sécurité alimentaire</a>
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<p>L’Afrique du Sud est le pays qui symbolise probablement le plus les contraintes et les opportunités de transformation liées au développement d’une économie bas-carbone. Le pays concentre 90 % des réserves de charbon en Afrique et est le premier émetteur sur le continent. C’est également le <a href="https://www.lefigaro.fr/sciences/l-afrique-du-sud-plus-ambitieuse-sur-le-climat-20211111">pays le plus volontaire</a> à s’engager dans une trajectoire bas-carbone, en ayant notamment revu à la baisse ses objectifs d’émission à l’horizon 2030 avant la COP26.</p>
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<p>Mais l’Afrique du Sud est également l’un des pays, sinon le pays, le <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/video/2021/06/27/mappemonde-pourquoi-l-afrique-du-sud-est-encore-le-pays-le-plus-inegalitaire-au-monde_6085880_3212.html">plus inégalitaire</a> au monde. Les 10 % les plus riches reçoivent plus de 66 % du revenu total, alors que les 50 % les plus pauvres ne se partagent que 5,3 % du revenu. Ces niveaux d’inégalités sont liés en partie à l’histoire du pays, mais également à la prédominance du <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/afrique-dynamiques-regionales/corpus-documentaire/mines-energie-afrique-sud">complexe minéral et énergétique</a> dans son économie. Le secteur minier représentait, en 2016, 7,3 % du PIB et plus de 455 000 emplois directs en Afrique du Sud.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/447021/original/file-20220217-19-6sbny7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/447021/original/file-20220217-19-6sbny7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447021/original/file-20220217-19-6sbny7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447021/original/file-20220217-19-6sbny7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447021/original/file-20220217-19-6sbny7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447021/original/file-20220217-19-6sbny7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447021/original/file-20220217-19-6sbny7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447021/original/file-20220217-19-6sbny7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Taux d’accès à l’électricité par municipalité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fourni par l’auteur</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ainsi, dans un pays où le <a href="https://www.dailymaverick.co.za/article/2021-11-30-economic-horror-show-south-africas-unemployment-rate-hits-new-record-of-34-9/">taux de chômage dépasse les 30 %</a> (et les 70 % pour les jeunes), se concentrer sur les employés du secteur du charbon ou de l’énergie, dont le salaire est supérieur au salaire médian, risquerait de creuser davantage les inégalités. En 2017, le salaire médian des mineurs s’élevait à 11 000 rands par mois (environ 633€). En revanche, le salaire médian des travailleurs des raffineries et de l’industrie manufacturière en aval de la chaîne de production était d’environ 5 000 R (environ 288€), soit plus ou moins le même que celui des autres travailleurs du secteur formel.</p>
<h2>La transition juste appliquée aux domaines de l’énergie, de l’agriculture et de l’eau</h2>
<p>Dans notre analyse, nous proposons de repartir de la vision sud-africaine de la transition juste, telle que proposée par la <a href="https://www.nationalplanningcommission.org.za/National_Development_Plan">National Planning Commission</a> – qui est basée sur <a href="http://sgreport.worldhumanitariansummit.org/">l’approche par nexus</a> explicitant les interconnexions entre secteurs – pour mettre en évidence les principaux enjeux dans les trois secteurs interdépendants que sont l’énergie, l’agriculture et l’eau, tout en accordant une attention particulière au bien-être des populations.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/447022/original/file-20220217-15-1xp3sru.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/447022/original/file-20220217-15-1xp3sru.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/447022/original/file-20220217-15-1xp3sru.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/447022/original/file-20220217-15-1xp3sru.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/447022/original/file-20220217-15-1xp3sru.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/447022/original/file-20220217-15-1xp3sru.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/447022/original/file-20220217-15-1xp3sru.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=507&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’Économie africaine 2022, Éditions La Découverte.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>L’approche par nexus telle que décrite dans le graphique ci-dessus montre comment les trois domaines d’insécurité sont interconnectés et affectent de manière complexe et multidimensionnelle les populations. En plus de mettre en exergue la complexité des interrelations, cette approche nous permet de souligner des sujets qui sont parfois délaissés dans les (nombreuses) discussions sur la transition juste.</p>
<p>Par exemple, la question des conflits autour de l’usage de l’eau montre comment l’insécurité hydrique doit être appréhendée dans son ensemble. La moitié des stations d’épuration des eaux usées et des stations de traitement de l’eau se trouvent dans un état critique voire sont totalement dysfonctionnelles. Cela dans un pays très sec où l’eau joue un rôle essentiel pour la production de l’énergie et où les <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/afrique-du-sud/climat-une-secheresse-frappe-l-afrique-du-sud-depuis-cinq-ans_3758977.html">pénuries d’eau sont de plus en plus fréquentes</a>, comme on le constate dans la ville du Cap où la menace du « jour zéro » plane depuis 2018.</p>
<p>Un autre exemple est celui du secteur de l’énergie, basé à plus de 70 % sur le charbon, et dont l’opérateur unique, la compagnie nationale d’électricité Eskom, également acteur majeur de la transition juste, <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/29/l-entreprise-eskom-menace-de-faire-disjoncter-l-economie-sud-africaine_6017283_3212.html">se retrouve dans la tourmente</a>. Celle-ci est due à de multiples problèmes qui vont d’une dette insoutenable à une mauvaise gouvernance, en passant par un manque de personnel qualifié et le <a href="https://businesstech.co.za/news/business/539856/eskom-sabotage-construction-mafia-and-other-criminal-acts-are-eating-into-south-africas-growth/">sabotage de ses réseaux</a>. Cela entraîne des coupures de courant récurrentes, planifiées et non planifiées, qui coûtent entre 8 et 10 % du PIB, exacerbant ainsi les différentes sources d’insécurité énergétique.</p>
<p>L’exemple sud-africain le montre bien : combiner des considérations de développement social et économique avec le respect des limites environnementales tout en diminuant les inégalités multidimensionnelles n’est pas une mince affaire. C’est néanmoins l’ambition que s’est donnée le pays. La vivacité des nombreux débats dans les cercles académiques, politiques et civils souligne la pertinence de ce thème et l’importance qui est donnée à l’émergence d’une transition juste en Afrique du Sud.</p>
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<figcaption><span class="caption">en anglais.</span></figcaption>
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<p><em>Wendy Annecke et Peta Wolpe sont co-autrices de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177397/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anda David est également chercheuse affiliée du Southern Africa Labour and Development Unit (SALDRU) de l'Université du Cap. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Antoine Godin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Lors de la COP26, l’Afrique du Sud s’est engagée pour une transition écologique juste. Cette ambition implique beaucoup de travail pour le pays, qui demeure profondément inégalitaire.Antoine Godin, Économiste-modélisateur, Agence française de développement (AFD)Anda David, Senior researcher, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1742422021-12-27T17:05:21Z2021-12-27T17:05:21ZDesmond Tutu, le père de la « nation arc-en-ciel » d’Afrique du Sud<p>L’archevêque Desmond Mpilo Tutu est mort à l’âge de 90 ans.</p>
<p>L’homme, affectueusement surnommé « the Arch » (en référence à sa charge de prélat) par ses compatriotes, a gagné le respect et l’amour de millions de Sud-Africains et du monde entier, se taillant une place permanente dans les cœurs et les esprits.</p>
<p>Lorsque les Sud-Africains sont descendus dans la rue, le 7 avril 2017, pour protester contre la <a href="https://www.jeuneafrique.com/423651/politique/afrique-sud-jacob-zuma-limoge-ministre-finances/">destitution</a> du respecté ministre des Finances, Pravin Gordhan, par le président Jacob Zuma, l’archevêque Tutu <a href="https://www.ouest-france.fr/monde/afrique-du-sud/les-sud-africains-dans-la-rue-reclament-le-depart-de-zuma-4913949">s’est joint aux protestations</a>, quittant sa maison de retraite pour l’occasion. Âgé de 86 ans à l’époque, sa santé était fragile. Mais il avait la contestation dans le sang. Selon lui, aucun gouvernement n’est légitime s’il ne représente pas bien l’ensemble de sa population. Il le rappela avec justesse le jour même :</p>
<blockquote>
<p>Nous allons prier pour la chute d’un gouvernement qui nous représente mal.</p>
</blockquote>
<p>Ces mots faisaient écho à ses engagements à propos de l’intégrité éthique et morale ainsi que de la dignité humaine. C’est sur la base de ces principes qu’il a lutté vaillamment contre le système d’apartheid et qu’il est devenu, comme <a href="http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:Vm3v7l-pz7wJ:www.tutufoundationusa.org/our-founder/+&cd=3&hl=fr&ct=clnk&gl=fr">l’affirme</a> à juste titre la Fondation Desmond Tutu, « un ardent défenseur des droits de l’homme et un militant des opprimés ».</p>
<p>Mais l’archevêque Tutu n’a pas cessé de lutter pour les droits de l’homme après la fin officielle de l’apartheid en 1994.</p>
<p>De même, son combat pour les droits humains ne s’est pas restreint à l’Afrique du Sud. Il a non seulement continué à critiquer les politiciens qui abusaient de leur pouvoir mais a aussi apporté son soutien à diverses causes dans différentes régions du monde, soutenant ainsi avec force le <a href="https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Finventerre.canalblog.com%2Farchives%2F2009%2F03%2F15%2F12974343.html">Dalaï Lama face à la répression chinoise</a> ou le <a href="https://www.jeuneafrique.com/46356/politique/gaza-ce-que-le-sud-africain-desmond-tutu-a-dit-isra-l/">peuple palestinien</a>. Il s’est aussi beaucoup engagé dans la <a href="https://www.unaids.org/fr/resources/presscentre/pressreleaseandstatementarchive/2011/may/20110503prrobbenislandhivprev">lutte contre le sida</a>, la pauvreté, le racisme, <a href="https://tetu.com/2021/12/27/desmond-tutu-racisme-lgbtphobie-vih/">l’homophobie et la transphobie</a>.</p>
<p>Il était également devenu un soutien important du Dalaï-Lama, qu’il considère comme son meilleur ami, et avait vertement critiqué le gouvernement sud-africain qui avait <a href="https://www.rfi.fr/fr/afrique/20110829-faute-visa-sud-africain-le-dalai-lama-prive-fete-80-ans-desmond-tutu">refusé un visa</a> au chef spirituel tibétain en exil qui devait venir prononcer la <a href="https://www.tutu.org.za/programmes/peace-lectures/">« Desmond Tutu International Peace Lecture »</a> en 2011.</p>
<h2>Débuts</h2>
<p>Desmond Tutu est issu d’un milieu modeste. Il est né le 7 octobre 1931 à Klerksdorp, dans la province du nord-ouest de l’Afrique du Sud, où son père, Zachariah, était directeur d’une école secondaire. Sa mère, Aletha Matlare, était employée de maison.</p>
<p>L’une des personnalités les plus influentes de ses premières années est le père <a href="https://www.sahistory.org.za/people/father-trevor-huddleston">Trevor Huddleston</a>, un militant anti apartheid acharné. C’est leur amitié qui amène le jeune Tutu à être introduit dans l’Église anglicane.</p>
<p>Après avoir terminé ses études, il enseigne brièvement l’anglais et l’histoire au lycée Madibane de Soweto, puis au lycée Krugersdorp, à l’ouest de Johannesburg, où son père était directeur. C’est là qu’il rencontre sa future épouse, Nomalizo Leah Shenxane.</p>
<p>Bien qu’anglican, il accepte de se marier selon la cérémonie catholique romaine. Cet acte œcuménique, à un stade très précoce de sa vie, nous donne un aperçu de son engagement dans les années suivantes.</p>
<p>Desmond Tutu quitte l’enseignement à la suite de l’introduction de la loi sur <a href="https://www.britannica.com/event/Bantu-Education-Act">l’éducation bantoue</a>, en 1953. Cette nouvelle loi stipule que l’éducation de la population africaine autochtone doit se limiter à faire de celle-ci un réservoir de main-d’œuvre non qualifiée.</p>
<p>Deux ans après ces changements, il entre au service de l’église en tant que sous-diacre, puis s’inscrit à une formation théologique en 1958. Il est ordonné diacre de la cathédrale Saint Mary’s de Johannesburg en 1960, et en devient le premier doyen noir en 1975.</p>
<p>En 1962, il se rend à Londres pour poursuivre sa formation théologique grâce à un financement du Conseil œcuménique des Églises. Il y obtient une maîtrise en théologie et, après avoir servi dans diverses paroisses à Londres, il retourne en Afrique du Sud en 1966 <a href="http://www.sahistory.org.za/people/archbishop-emeritus-mpilo-desmond-tutu">pour enseigner</a> au Séminaire théologique fédéral d’Alice, dans la province du Cap-Oriental.</p>
<p>S’intéressant par ailleurs particulièrement à l’étude de l’islam, il souhaite s’y concentrer dans le cadre de ses études doctorales mais sa vie prend un tour qui l’en empêche.</p>
<p>Ses activités du début des années 1970, durant lesquelles il fait le tour de l’Afrique, enseignant au Botswana, au Lesotho et au Swaziland avant de visiter de nombreux pays du continent en tant que <a href="https://www.tutu.org.za/founders-journey/">directeur associé pour l’Afrique</a> au <a href="https://www.presbyterianfoundation.org/tef/">Theological Education Fund</a>, l’amènent à découvrir la <a href="http://www.scielo.org.za/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0259-94222016000100033">théologie noire</a> (un courant de pensée théologique qui articule le christianisme et les questions de droits civils) et jettent les bases de son engagement politique contre l’apartheid. Il revient finalement à Johannesburg en tant que doyen de la ville et recteur de la paroisse anglicane St Mary en 1976.</p>
<h2>Activisme politique</h2>
<p>C’est à cette période que Tutu entre en conflit pour la première fois avec le premier ministre de l’apartheid de l’époque, John Vorster, en lui écrivant une <a href="https://www.sahistory.org.za/archive/letter-desmond-tutu-p-w-botha-letter-pretoria">lettre</a> en 1976, pour dénoncer l’état déplorable dans lequel les Noirs devaient vivre.</p>
<p>Le 16 juin de la même année, <a href="https://www.jeuneafrique.com/175602/politique/16-juin-1976-bain-de-sang-soweto/">Soweto s’enflamme</a>. Des lycéens noirs protestent contre l’utilisation forcée de l’afrikaans comme langue d’enseignement et sont massacrés par la police de l’apartheid.</p>
<p>L’évêque Tutu se retrouve de plus en plus impliqué dans la lutte et prononce l’un de ses discours les plus passionnés et enflammés <a href="https://www.jeuneafrique.com/124975/archives-thematique/mort-de-steve-biko-martyr-de-la-lutte-antiapartheid/">après la mort en détention</a> du leader militant noir, Steve Biko, en 1977.</p>
<p>En tant que <a href="http://sacc.org.za/history/">secrétaire général du Conseil sud-africain des églises</a>, puis en tant que recteur de l’église Saint-Augustin à Soweto, il devient un ardent critique des aspects les plus scandaleux de l’apartheid, notamment des expulsions forcées des Noirs des zones urbaines <a href="http://www.citego.org/bdf_fiche-document-1531_en.html">considérées comme des zones blanches</a>.</p>
<h2>Une cible</h2>
<p>Du fait de son activisme politique croissant, « the Arch » devient la cible de la répression à grande échelle du gouvernement de l’apartheid et fait l’objet de menaces de mort et d’alertes à la bombe dans les années 1980. Son passeport lui est <a href="https://www.upi.com/Archives/1981/04/16/South-Africa-revokes-bishops-passport/8490356245200/">retiré</a> en mars 1980 bien qu’un « document de voyage limité » lui soit octroyé deux ans plus tard suite à de nombreuses protestations et pressions internationales, lui permettant de voyager à l’étranger.</p>
<p>Reconnu dans le monde entier, son engagement lui vaut le <a href="https://www.liberation.fr/international/afrique/le-jour-ou-desmond-tutu-a-recu-le-nobel-20211226_ILMXKAHE4RBUBFBXYSPKPGPXAY/">prix Nobel de la paix 1984</a> et il devient l’évêque de Johannesburg en 1984, puis l’archevêque du Cap en <a href="http://www.sahistory.org.za/people/archbishop-emeritus-mpilo-desmond-tutu">1986</a>.</p>
<p>Au cours des quatre années qui ont précédé la libération de Nelson Mandela après 27 ans de prison, « the Arch » a fort à faire. Il fait campagne sans relâche pour que la pression internationale s’exerce sur l’apartheid et que le régime subisse des sanctions.</p>
<h2>Prolongation de son engagement sous la démocratie</h2>
<p>Après 1994, il dirige la <a href="http://www.justice.gov.za/trc/">Commission de la vérité et de la réconciliation</a>, dont l’objectif principal est de donner à ceux – pour ou contre l’apartheid – qui ont commis des violations des droits humains l’occasion d’avouer leur culpabilité, d’offrir une amnistie légale à ceux qui la mérite et de permettre aux coupables de faire amende honorable auprès de leurs victimes.</p>
<p>Deux des plus grands moments de sa vie personnelle ont porté la vision théologique de Desmond Tutu au-delà des limites de l’Église. L’un d’eux est survenu lorsque sa fille Mpho a déclaré qu’elle était homosexuelle et que l’Église a refusé son mariage. « The Arch » <a href="http://www.capetownmagazine.com/whats-the-deal-with/desmond-tutu/125_22_17533">a alors proclamé</a> son désaccord :</p>
<blockquote>
<p>Si, comme ils le disent, Dieu était homophobe, je ne le vénérerais pas.</p>
</blockquote>
<p>Le second fut lorsqu’il déclara sa <a href="http://www.telegraph.co.uk/news/2016/10/07/archbishop-desmond-tutu-asks-for-the-right-to-an-assisted-death/">préférence pour la mort assistée</a>.</p>
<p>L’Afrique du Sud est bénie d’avoir eu un homme aussi brave et courageux que « the Arch » qui a autant incarné l’idée que le pays est une <a href="https://www.bbc.com/news/world-africa-10734471">« nation arc-en-ciel »</a>. L’Afrique du Sud ressentira la perte de sa boussole morale pour les générations à venir. <em>Hamba kahle</em> (portez-vous bien) Arch.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174242/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>P. Pratap Kumar ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Mort le 26 décembre 2021, l’archevêque Desmond Tutu n’a pas cessé de lutter pour les droits humains après la fin de l’apartheid en 1994, continuant à se battre pour les opprimés toute sa vie.P. Pratap Kumar, Emeritus Professor, School of Religion, Philosophy and Classics, University of KwaZulu-NatalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1727462021-11-28T23:05:24Z2021-11-28T23:05:24ZPour arrêter le variant Omicron, fermer les frontières n’est pas la solution<p>La découverte du variant B.1.1.529 du SARS-CoV-2, baptisé « Omicron » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), suscite l’inquiétude au niveau mondial, et a mis la planète en état d’alerte général. Et pour cause : l’OMS l’a déclaré <a href="https://www.who.int/news/item/26-11-2021-classification-of-omicron-(b.1.1.529)-sars-cov-2-variante-of-concern">« variant préoccupant » </a>, car sa protéine Spike présente un large éventail de mutations, ce qui fait craindre que les vaccins et les traitements actuels s’avérent moins efficaces pour le combattre. </p>
<p>Bien qu’il soit encore trop tôt pour en être certain, Omicron semble par ailleurs être capable de réinfecter les gens plus facilement que les autres souches.
Suivant l’exemple des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni et de l’Union européenne notamment, l’Australie a elle aussi <a href="https://www.abc.net.au/news/2021-11-27/new-quarantine-rules-omicron-covid-variant-australia/100656016">fermé ses frontières aux voyageurs</a> en provenance de plusieurs pays d’Afrique australe. </p>
<p>Les citoyens australiens <a href="https://www.abc.net.au/news/2021-11-27/new-quarantine-rules-omicron-covid-variant-australia/100656016">qui cherchent à rentrer chez eux depuis l’Afrique australe</a> pourront le faire, mais à leur arrivée ils devront rester en quarantaine à l’hôtel et passer des tests. Ceux qui, au cours des deux semaines passées, sont revenus des neuf pays concernés - Afrique du Sud, Namibie, Zimbabwe, Botswana, Lesotho, Eswatini, Seychelles, Malawi et Mozambique - devront quant à eux s’isoler.</p>
<p>Le problème est qu’Omicron a déjà été détecté dans d’autres régions du monde que l’Afrique, notamment au Royaume-Uni, en Allemagne, en Israël, à Hong Kong et en Belgique. Ainsi, si une interdiction de voyager dans les pays d’Afrique australe peut ralentir sa propagation et faire gagner un peu de temps, il est peu probable qu’elle suffise à l’arrêter complètement. </p>
<p>Les gouvernements d’Australie et d’autres pays mettent en place ces restrictions pour tenter de protéger leurs propres citoyens. Cependant, ces mesures devraient s’accompagner d'un déblocage de ressources supplémentaires destiné à soutenir les réponses mises en place par les pays d’Afrique australe et d’ailleurs.</p>
<h2>Quand Omicron a-t-il été détecté ?</h2>
<p>Ce variant a été identifié le 22 novembre en Afrique du Sud, à partir d’un échantillon prélevé sur un patient le <a href="https://www.who.int/news/item/26-11-2021-classification-of-omicron-(b.1.1.529)-sars-cov-2-variant-of-concern">9 novembre</a>. </p>
<p>Les virologues sud-africains ont agi rapidement : ils se sont entretenus avec leurs collègues par l’intermédiaire du <a href="https://www.ngs-sa.org/ngs-sa_network_for_genomic_surveillance_south_africa/">Réseau de surveillance génomique en Afrique du Sud</a>, et ont assuré la liaison avec leur gouvernement tout en informant l’Organisation mondiale de la santé, le 24 novembre. </p>
<p>Cette démarche est conforme au <a href="https://www.who.int/health-topics/international-health-regulations#tab=tab_1">Règlement sanitaire international</a>, qui fixe les directives selon lesquels les pays sont censés réagir dans un tel contexte.</p>
<p>La façon dont se comporte ce nouveau variant n’est toujours pas claire. Certains spécialistes ont affirmé que le taux de croissance des infections par Omicron, qui reflète sa transmissibilité, pourrait être encore plus élevé que celui du variant Delta. Cela reste à prouver, mais si c’est le cas, il s’agit d’une information préoccupante. </p>
<h2>Une réaction « réflexe » qui diffère des recommandations de l’OMS</h2>
<p>Les scientifiques et les hommes politiques africains <a href="https://www.theguardian.com/world/2021/nov/26/south-africa-b11529-covid-variant-vaccination">ont été déçus</a> par la mise en place des mesures dʼinterdiction, qu’ils considèrent comme une réaction « réflexe » de la part des pays qui les imposent. Ils affirment qu’elles auront des effets négatifs importants sur l’économie sud-africaine, qui accueille traditionnellement des touristes du monde entier pendant la période estivale de fin d’année. </p>
<p>Ils soulignent également que l’on ne sait toujours pas si ce nouveau variant provient effectivement d’Afrique du Sud, même s’il y a été identifié pour la première fois. Étant donné qu’Omicron a déjà été détecté dans plusieurs autres pays, il se peut qu’il circule déjà dans des régions non incluses dans les interdictions de voyages. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1464653511560470532"}"></div></p>
<p>Par ailleurs, l’OMS <a href="https://www.who.int/news-room/articles-detail/updated-who-recommendations-for-international-traffic-in-relation-to-covid-19-outbreak">ne recommande généralement pas</a> la mise en place d’interdictions de vol ou d’autres formes d’embargo sur les voyages. Elle préconise plutôt de donner la priorité aux interventions dont l’efficacité est avérée : vaccination, hygiène des mains, distanciation physique, masques bien ajustés et bonne ventilation. </p>
<p>Pour faire face à l’émergence de variants préoccupants, l’organisation appelle tous les pays à renforcer la surveillance et le séquençage, à signaler les premiers cas ou groupes de cas et à entreprendre des enquêtes afin de mieux comprendre la façon dont ils se comportent. Or, les restrictions de voyages imposées aux pays qui détectent de nouveaux variants, et les pertes économiques qui en découlent, pourraient à l’avenir dissuader certains pays de révéler la présence de variants préoccupants sur leur territoire. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1464301533995147270"}"></div></p>
<p>Le variant Omicron doit être pris au sérieux, car ses caractéristiques sont inquiétantes. Mais nos connaissances actuelles à son sujet sont encore largement lacunaires. Tandis que sont entreprises des analyses plus approfondies, il convient de le surveiller en permanence, et de contrôler sa dissémination en appliquant le triptyque de mesures de santé publiques désormais bien connu : tester, tracer, isoler.</p>
<h2>Que peuvent faire les pays à haut revenu pour aider ?</h2>
<p>Les pays comme l’Australie doivent aider les nations africaines et les autres pays à partager les alertes précoces concernant les menaces de maladies transmissibles potentiellement graves, et contribuer à atténuer ces menaces. </p>
<p>Comme l’a noté le <a href="https://theindependentpanel.org/mainreport/">Groupe indépendant sur la préparation et la réponse aux pandémies</a> en mai :</p>
<blockquote>
<p>« (…) les acteurs de la santé publique ne voient que des inconvénients à attirer l’attention sur une épidémie qui a le potentiel de se propager. »</p>
</blockquote>
<p>Ce groupe d’experts recommande de créer des incitations afin de récompenser les actions de réaction rapide. Celles-ci pourraient inclure divers soutiens afin :</p>
<ul>
<li>dʼétablir des partenariats dans les secteurs de la recherche et de l’éducation ;</li>
<li>de renforcer les systèmes de santé et la surveillance des maladies transmissibles ;</li>
<li>dʼaméliorer considérablement la disponibilité des vaccins, améliorer leur mise à disposition et veiller à l’équité de leur distribution ;</li>
<li>dʼenvisager une compensation financière, qui pourrait prendre la forme d’un de fonds de solidarité contre le risque de pandémie.</li>
</ul>
<h2>Il est essentiel de renforcer la couverture vaccinale</h2>
<p>Les vaccins demeurent le principal pilier dans la protection contre les effets les plus graves du COVID-19. Bien que leur degré d’efficacité contre le variant Omicron ne soit pas encore clair, il est probable qu’ils confèrent au moins un certain niveau de protection. Si nécessaire, le laboratoire Pfizer a également indiqué qu’il était en mesure de développer un vaccin efficace contre un nouveau variant tel que celui-ci <a href="https://www.independent.co.uk/news/health/omicron-variant-covid-vaccine-tweaked-b1965155.html">en une centaine de jours</a>. </p>
<p>La persistance de la pandémie de Covid-19 est en partie attribuable à une couverture vaccinale inégale dans de nombreuses régions du monde, notamment dans les pays les moins développés. L’Afrique du Sud elle-même est mieux lotie que la plupart des pays du continent, mais <a href="https://ourworldindata.org/covid-vaccinations">24 % seulement de sa population adulte est pour l’instant complètement vaccinée</a>. À l'échelle de l’Afrique, ce chiffre tombe à 7,2 %. Une aide internationale plus importante est nécessaire de toute urgence pour améliorer ces taux de vaccination.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/yes-export-bans-on-vaccines-are-a-problem-but-why-is-the-supply-of-vaccines-so-limited-in-the-first-place-156569">Yes, export bans on vaccines are a problem, but why is the supply of vaccines so limited in the first place?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Les institutions et les dirigeants africains, soutenus par des experts en santé globale et en vaccinologie, ont plaidé en faveur de l’installation d’usines de production de vaccins à ARNm sur le continent africain. Celles-ci permettraient de donner la priorité aux populations régionales, de surmonter les problèmes des chaînes d’approvisionnement et de répondre en temps réel aux menaces de maladies émergentes. </p>
<p>Pourtant, les pays en développement se heurtent à <a href="https://www.theguardian.com/australia-news/2021/nov/25/australian-government-trying-to-have-it-both-ways-on-covid-vaccine-ip-waiver">d’importants obstacles</a> lorsqu’il s’agit d’obtenir les accords de propriété intellectuelle relatifs au développement et à la production de vaccins contre le Covid-19.</p>
<p>Alors qu’il reste encore beaucoup à apprendre à propos du comportement et de l’impact d’Omicron sur la pandémie, la communauté internationale doit faire montre de son engagement à soutenir réellement les pays qui adoptent des comportements appropriés dans la lutte contre la Covid-19, en partageant rapidement et de manière transparente les informations qu’ils détiennent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/172746/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anthony Zwi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Étant donné que le variant Omicron s'est déjà propagé au-delà de l'Afrique australe, l'interdiction des voyageurs en provenance de cette zone ralentira sa propagation, mais ne la stoppera pas.Anthony Zwi, Professor of Global Health and Development, UNSW SydneyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1717032021-11-14T16:43:00Z2021-11-14T16:43:00ZFrédérik De Klerk, héros de la fin de l’apartheid malgré lui ?<p>Rares sont les figures historiques d’Afrique du Sud qui suscitent autant d’opinions divergentes que <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/frederik-willem-de-klerk/">Frederik Willem De Klerk</a>, qui vient de mourir à l’âge de 85 ans. Président du pays de 1989 à 1994, il est vu par certains comme l’un des principaux artisans de la fin du système de l’apartheid, ayant su éviter que l’effondrement de ce régime s’accompagne d’un bain de sang. Mais, pour beaucoup d’autres, il aura seulement été le dernier chef d’un <a href="https://www.news24.com/news24/southafrica/news/his-hands-are-dripping-with-blood-calls-to-cancel-fw-de-klerk-talk-in-us-on-racism-rule-of-law-20200620">système intrinsèquement violent et injuste</a>.</p>
<p>En reconnaissance de son rôle dans la disparition de l’apartheid officiel, Frederik De Klerk a reçu le prix Nobel de la paix en <a href="https://www.nobelprize.org/prizes/peace/1993/award-video/">1993</a>, aux côtés de <a href="https://fr.unesco.org/courier/november-1995/nelson-mandela-homme-leternite">Nelson Mandela</a>, lequel allait devenir un an plus tard le premier président sud-africain de l’ère démocratique. De nombreux historiens ont souligné l’inhabituel <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/21528586.2000.10419009">renoncement au pouvoir</a> de la minorité blanche de l’époque, qui permit de mettre fin à l’apartheid. Frédérik De Klerk a sans doute joué un rôle important à cet égard.</p>
<p>Il ne faut toutefois pas oublier que, quelques années plus tôt, Mandela avait <a href="https://www.theguardian.com/world/1999/jan/15/nelsonmandela">qualifié</a> De Klerk de « chef d’un régime minoritaire illégitime discrédité […] et amoral » – des mots qui traduisent non seulement l’animosité entre les deux dirigeants, mais aussi les sentiments de beaucoup, sinon de la plupart, des Sud-Africains.</p>
<p>Le fait que Frederik De Klerk ne se soit jamais vu et n’ait jamais vu le régime du <a href="https://www.taylorfrancis.com/chapters/edit/10.4324/9780429033308-1/south-africa-national-party-government-lawrence-schlemmer">Parti national</a> ainsi est paradoxalement ce qui lui a permis de conduire le parti à renoncer au pouvoir de l’État. Bien que ce ne fut pas son intention première.</p>
<p>La fin de la <a href="http://www.irenees.net/bdf_fiche-experience-172_en.html">guerre froide</a> a eu deux conséquences majeures pour l’Afrique du Sud : d’une part, l’Union soviétique a cessé de soutenir les organisations anti-apartheid ; d’autre part, l’Occident n’a plus eu besoin de s’appuyer sur le régime de l’apartheid pour renforcer ses positions sur le continent africain.</p>
<p>Dans le même temps, les <a href="https://thecommonwealth.org/media/news/archive-sanctions-agreed-against-apartheid-era-south-africa">sanctions internationales</a> adoptées à l’égard du régime de l’apartheid, le coût des <a href="https://www.erudit.org/en/journals/ei/1900-v1-n1-ei3045/702845ar.pdf">opérations militaires conduites en Afrique australe</a> et une insurrection populaire <a href="https://omalley.nelsonmandela.org/omalley/index.php/site/q/03lv02167/04lv02264/05lv02335/06lv02357/07lv02372/08lv02379.htm">toujours aussi intense</a> ont plongé le pays dans une crise économique.</p>
<p>Dans ce contexte, l’apartheid a perdu son emprise hégémonique sur l’intelligentsia <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/afrikaner/19206">afrikaner</a>, le monde des affaires, les médias et les Églises : partout, des doutes de plus en plus forts se faisaient jour quant à la moralité et l’applicabilité du régime.</p>
<h2>Un idéologue convaincu de l’apartheid</h2>
<p>Frederik De Klerk sera principalement retenu pour son célèbre <a href="https://www.courrierinternational.com/article/2010/02/03/le-jour-ou-de-klerk-a-change-l-histoire">discours du 2 février 1990</a>, dans lequel il annonçait la levée de l’interdiction du Congrès national africain (ANC) et d’autres mouvements de libération.</p>
<p>Mais il ne faut pas y voir une conversion miraculeuse au principe de la majorité noire.</p>
<p>L’annonce a plutôt été faite par pragmatisme. Frederik De Klerk prenait un risque stratégique pour reprendre l’initiative, dans une situation où les options autres que l’intensification de la répression militaire se réduisaient rapidement.</p>
<figure>
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<figcaption><span class="caption">Frédérik De Klerk annonce la fin de l’Apartheid et la libération de Nelson Mandela, INA, archive du 2 février 1990.</span></figcaption>
</figure>
<p>De fait, au regard de sa vie, le président sud-africain blanc ne sembler guère destiné à être le maître d’œuvre d’un tel processus.</p>
<p>Né le 18 mars 1936 à Johannesburg, il est issu d’une lignée de dirigeants du Parti national, qui est arrivé au pouvoir en <a href="https://www.cairn.info/l-afrique-du-sud-des-afrikaners--9782870274521-page-177.htm">1948</a> en tant que porte-étendard de la politique d’apartheid. Son oncle, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Johannes_Strijdom">Johannes Strijdom</a>, a été le deuxième premier ministre de l’apartheid tandis que son père, <a href="https://www.sahistory.org.za/people/johannes-jan-de-klerk">Jan De Klerk</a>, a été ministre sous trois gouvernements de ce régime.</p>
<p>Frédérik De Klerk était associé à l’aile conservatrice du Parti national. Actif dans les organisations nationalistes afrikaners <a href="https://www.sahistory.org.za/people/frederik-willem-de-klerk">dès son plus jeune âge</a>, il a été élu au Parlement au début des années 1970.</p>
<p>Sa carrière politique confirme son engagement en faveur du système en place. Après avoir accédé à un poste ministériel du Parti national à la fin des années 1970, il a enchaîné les portefeuilles clés, contribuant à la domination exercée sur les Noirs.</p>
<p>Ainsi, il a été le principal responsable politique en charge de la mise en œuvre de « <a href="https://www.sahistory.org.za/article/bantu-education-and-racist-compartmentalizing-education">l’éducation bantoue</a> » en tant que ministre de l’Éducation entre 1984 et 1989. Ce système a été dévastateur, renforçant la hiérarchie raciale par la limitation des opportunités accessibles aux Noirs dès leur plus jeune âge.</p>
<p>Frédérik De Klerk a toujours défendu l’idée que l’apartheid avait pour but de répondre à la complexité de la diversité sud-africaine. Dans sa <a href="https://www.justice.gov.za/trc/hrvtrans/submit/np2.htm">déclaration</a> devant la <a href="https://www.cairn.info/revue-politique-etrangere-2007-2-page-313.htm">Commission Vérité et Réconciliation (CVR)</a> (créée pour examiner les violations des droits humains pendant la période de l’apartheid) à la fin des années 1990, il a protesté contre la qualification juridique internationale, en 1973, de l’apartheid comme <a href="https://legal.un.org/avl/pdf/ha/cspca/cspca_f.pdf">crime contre l’humanité</a>.</p>
<p>Devant la Commission, il a insisté sur le fait que les crimes contre l’humanité sont liés à « l’extermination délibérée de centaines de milliers – parfois de millions – de personnes » et que les Blancs, à l’inverse, partageaient de plus en plus les ressources de l’État avec les Noirs au cours des dernières années de l’apartheid.</p>
<p>Sa position n’avait pas changé vingt ans plus tard, comme en témoigne cette <a href="https://www.youtube.com/watch?v=VBE844vDkx4">déclaration de 2020</a>, qu’il a <a href="https://www.fwdeklerk.org/index.php/en/latest/news/984-statement-by-fw-de-klerk">minorée quelques jours plus tard</a> après une intervention de la Fondation Desmond et Leah Tutu, en reconnaissant la <a href="https://legal.un.org/avl/pdf/ha/cspca/cspca_f.pdf">définition du Statut de Rome de la Cour pénale internationale</a>, qui considère l’apartheid comme un crime contre l’humanité. Toutefois, sa rétractation est restée <a href="https://www.news24.com/news24/SouthAfrica/News/fw-de-klerk-foundation-withdraws-apartheid-statement-apologises-to-sa-20200217">très ambiguë</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Ce n’est pas le moment d’ergoter sur le degré d’inacceptabilité de l’apartheid. »</p>
</blockquote>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/BmE57LbH3qU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les derniers mots de Frédérik De Clerk : il refuse toujours de qualifier l’apartheid de crime contre l’humanité..</span></figcaption>
</figure>
<h2>De Klerk et les forces de sécurité</h2>
<p>Le déni de De Klerk à propos de la violence de l’État sous l’apartheid provient en partie de son insistance à affirmer qu’il n’était pas personnellement au courant des abus commis par ses forces de sécurité. Il ne faisait pas partie du cercle restreint de son prédécesseur « sécurocratique » <a href="https://www.jeuneafrique.com/128360/archives-thematique/botha-raciste-jusqu-au-bout/">Pieter Willem Botha</a>, qui avait créé le répressif <a href="https://open.uct.ac.za/bitstream/handle/11427/25748/Seegers_SA%E2%80%99s%20National%20Security_1991.pdf;jsessionid=C7FEFF2E957BA1FE3BF17BE6B4DE274A?sequence=1">National Security Management System</a>.</p>
<p>Cependant, il était membre du Conseil de sécurité de l’État, la structure au sommet du système de gestion de la sécurité nationale. En conséquence, la Commission <a href="https://sabctrc.saha.org.za/reports/volume6/section1/chapter4/subsection3.htm">a considéré que</a></p>
<blockquote>
<p>« Sa déclaration selon laquelle aucun de ses collègues du cabinet du Conseil de sécurité de l’État ou des comités du cabinet n’a autorisé d’assassinat, de meurtre ou d’autres violations flagrantes des droits de l’homme est indéfendable. »</p>
</blockquote>
<p>Pendant sa présidence, la violence politique a atteint des <a href="https://omalley.nelsonmandela.org/omalley/index.php/site/q/03lv02167/04lv02264/05lv02335/06lv02357/07lv02372/08lv02379.htm">niveaux jamais vus</a>. Toutefois, il a tenté diverses actions pour <a href="https://fas.org/irp/world/rsa/com15e.htm">neutraliser les sécurocrates</a>, ce qui suggère qu’un fossé s’était creusé au sein du gouvernement du Parti national entre ceux qui étaient déterminés à maintenir l’apartheid et ceux qui pensaient qu’il n’était plus possible de continuer sans changement.</p>
<p>Mais le groupe de Frédérik De Klerk n’avait certainement pas pour objectif d’établir l’actuelle démocratie constitutionnelle fondée sur la dignité humaine, l’égalité et la liberté. Au début des négociations multipartites, le parti était convaincu qu’il pouvait poursuivre le simple réformisme de l’apartheid appelé « <a href="https://static.pmg.org.za/working-democracy-FINAL.pdf">partage du pouvoir</a> » entamé par Pieter Botha dans les années 1980.</p>
<p>Le partage du pouvoir proposé impliquait l’intégration d’un « veto blanc » dans la représentation parlementaire, comme contrepoids à l’émancipation de la majorité noire. Mais l’intensification des violences politiques a interrompu les négociations, réduisant de plus en plus les possibilités d’une solution politique.</p>
<p>De plus, la création d’une <a href="https://www.ru.ac.za/perspective/2013archive/thedayin1993whentherewasnoturningbackforsa.html">alliance</a> entre les réactionnaires blancs et noirs de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Afrikaner_Volksfront">Afrikaner-Volksfront</a>, de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_Inkatha_de_la_libert %C3 %A9">Inkatha Freedom Party</a> et du <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1977/12/07/le-bantoustan-du-bophuthatswana-devient-independant_2855202_1819218.html">bantoustan du Bophuthatswana</a>, alors indépendant, a relancé l’urgence de trouver un terrain d’entente.</p>
<p>Ce processus fut grandement facilité par des <a href="http://www.ethikundmilitaer.de/en/full-issues/20181-strategic-foresight/kahane-transformative-scenario-planning-working-together-to-change-the-future/">exercices de planification</a> qui ont rassemblé les factions opposées pour envisager ensemble les futurs possibles de l’Afrique.</p>
<p>Plus que le fond, c’est la forme de ces exercices qui fut déterminante. Pour la première fois, les négociateurs du Parti national se retrouvaient face à leurs ennemis pour discuter. Cet exercice a fait disparaître chez eux le stéréotype du « terroriste communiste noir ». En tant que parties principales des discussions, ces interactions ont permis au Parti national et à l’ANC d’établir une compréhension mutuelle, et, finalement, une confiance, en particulier entre leurs négociateurs principaux respectifs, <a href="https://www.rfi.fr/fr/hebdo/20171222-election-anc-longue-marche-cyril-ramaphosa-conference-parti-zuma-corruption">Cyril Ramaphosa</a> et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Roelf_Meyer">Roelf Meyer</a>.</p>
<h2>Un élan irrépressible</h2>
<p>De Klerk et ses négociateurs ont été emportés par le <a href="https://repository.nwu.ac.za/bitstream/handle/10394/6402/VEREENIGING_APRIL_2012.pdf ;jsessionid=AC1026386C486DDB8CD604D4286D40C8 ?sequence=1">flot des événements</a>. Ils se sont rendu compte que l’instauration d’une démocratie dont la Constitution est fondée sur le respect des droits humains et dont les citoyens sont égaux devant la loi indépendamment de leur « race » représentait, pour eux, le meilleur moyen de conserver leur électorat.</p>
<p>En ce qui concerne la transformation économique, le Parti national et les intérêts du capital blanc qu’il représentait n’ont pas réussi à bloquer une clause constitutionnelle prévoyant expressément l’expropriation de la propriété dans <a href="https://www.gov.za/documents/constitution/chapter-2-bill-rights#25">l’intérêt public</a>. Cette clause comprenait toutefois un avenant stipulant que cette expropriation devait faire l’objet d’une indemnisation. La clause stipule également qu’un « équilibre équitable » doit être trouvé entre les intérêts du public et ceux du propriétaire.</p>
<p>Suivant une ligne très proche des grandes orientations de son parti, De Klerk a poursuivi sur la voie du réformisme de l’apartheid proposé par Botha, y compris par le biais de pourparlers. Mais, contrairement à lui, il n’était pas un sécurocrate et en est donc venu à considérer que le partage du pouvoir ne pouvait finalement <em>pas</em> être imposé par la violence d’État.</p>
<p>Là où Botha avait failli, De Klerk a su prendre des chemins alternatifs. En tant que leader conservateur du Parti national, il pouvait rallier à lui la majeure partie de son personnel et de son électorat. Mais ce n’est pas une soudaine réalisation de l’ignominie de l’apartheid qui a poussé De Klerk à y mettre fin. C’est la force des choses. Une fois le processus lancé, il était entré dans une véritable tempête postcoloniale, sans retour possible.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/171703/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christi van der Westhuizen ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Prix Nobel de la Paix 1993 avec Nelson Mandela pour sa participation à la dissolution de l’apartheid, Frédérik De Klerk n’a jamais cessé d’entretenir le flou sur sa position vis-à-vis de ce régime.Christi van der Westhuizen, Associate Professor, Centre for the Advancement of Non-Racialism and Democracy (CANRAD), Nelson Mandela UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1610222021-05-17T18:55:51Z2021-05-17T18:55:51ZEsclavage : ce que les États-Unis peuvent apprendre de l’Afrique en matière de réparations<p>Quelque 156 ans après l’abolition officielle de l’esclavage, un vote <a href="https://www.nytimes.com/2021/04/14/us/politics/reparations-slavery-house.html">adopté le 14 avril</a> par la commission judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis pourrait conduire à la création d’une commission de 15 personnes, chargée de présenter des « excuses nationales » pour l’esclavage, d’étudier ses effets à long terme et de soumettre des recommandations au Congrès sur la manière d’indemniser les Afro-Américains.</p>
<p>Tout projet de loi fédéral sur les réparations a de grandes chances d’être rejeté en raison de l’opposition des Républicains ; il s’agit toutefois de la plus grande avancée depuis qu’un projet de loi similaire a été introduit il y a plus de 30 ans. Ainsi, la représentante démocrate du Texas Sheila Jackson Lee y voit une étape nécessaire sur le « chemin de la justice réparatrice ».</p>
<p>Alors que les États-Unis débattent des réparations pour les descendants de l’esclavage, l’examen de la pratique de certains pays africains en la matière pourrait aider à dégager une voie à suivre, selon <a href="https://www.colgate.edu/about/directory/kkonadu">mes recherches sur l’histoire et la diaspora africaines</a>.</p>
<h2>Les réparations incomplètes de l’Afrique du Sud</h2>
<p>Aux États-Unis et dans le monde, les arguments en faveur des réparations tournent principalement autour des compensations financières. Mais un examen plus approfondi des efforts de réparation actuels illustre les limites des programmes axés uniquement sur cet aspect.</p>
<p>En Afrique du Sud, Nelson Mandela et son parti, le Congrès national africain (ANC), ont créé une <a href="https://www.justice.gov.za/trc/">Commission vérité et réconciliation</a> (CVR) en 1995, dès leur arrivée au pouvoir. Cette commission a enquêté sur les violations des droits humains commises durant près de cinq décennies d’apartheid, alors que le système législatif imposait des lois ségrégationnistes et perpétuait la violence raciste.</p>
<p>La commission a mis en place un programme de réparations, recommandant dans <a href="https://www.justice.gov.za/trc/report/">son rapport final de 2003</a> que les victimes de l’apartheid reçoivent chacune l’équivalent d’<a href="https://www.law.cornell.edu/wex/south_african_truth_commission">environ 3 500 dollars US sur six ans</a>. Mais la commission a stipulé que seules les personnes qui avaient témoigné devant elle des injustices de l’apartheid – soit environ 21 000 personnes – pouvaient y prétendre, alors que quelque 3,5 millions de Sud-Africains noirs ont souffert sous le <a href="https://www.history.com/topics/africa/apartheid">régime de l’apartheid</a>.</p>
<p>Le successeur de Mandela, Thabo Mbeki, a effectué un <a href="https://www.nytimes.com/2003/04/16/world/south-africa-to-pay-3900-to-each-family-of-apartheid-victims.html">versement unique</a>, de 3 900 dollars, en 2003. Depuis, les gouvernements sud-africains n’ont effectué aucun paiement supplémentaire aux personnes ayant témoigné ou à d’autres victimes de l’apartheid. Aucun des gouvernements de l’après-Mandela n’a non plus jugé les responsables du système de l’apartheid. La structure du pouvoir qui a soutenu l’apartheid est restée <a href="https://www.strifeblog.org/2021/02/05/the-struggle-continues-khulumani-support-group-and-reparations-in-south-africa/">largement intacte</a>.</p>
<p>L’Afrique du Sud est la <a href="https://www.cnn.com/2019/05/07/africa/south-africa-elections-inequality-intl">société la plus inégalitaire du monde</a>, selon la Banque mondiale. Les Blancs constituent la majorité des élites riches, tandis que la moitié de la population noire sud-africaine vit dans la pauvreté. Le fait d’<a href="https://www.jstor.org/stable/3557322">ignorer les dommages sociaux et économiques</a> plus larges causés par l’apartheid – les inégalités de revenus, les terres non restituées saisies par les Blancs, les infrastructures communautaires médiocres – a empêché des millions de personnes ayant subi des violences d’être considérées comme des victimes. Elles ne recevront peut-être jamais de réparations.</p>
<h2>L’effort sous-financé de la Sierra Leone</h2>
<p>À peu près au même moment où l’Afrique du Sud a créé sa Commission vérité et réconciliation, la Sierra Leone, pays d’Afrique de l’Ouest, a entrepris un effort similaire pour <a href="https://www.justiceinfo.net/en/43710-reparations-in-sierra-leone-news-from-the-periphery-of-transitional-justice.html">faire face aux conséquences de ses dix années de guerre civile</a>. La guerre civile en Sierra Leone, qui a duré de 1991 à 2002, a tué au moins 50 000 personnes et en a déplacé 2 millions d’autres. En 2004, la Commission vérité et réconciliation a recommandé des <a href="https://www.un.org/press/en/2004/ecosoc6140.doc.htm">mesures de réparation pour les survivants</a>.</p>
<p>Elle a recommandé des allocations, des soins de santé gratuits et des avantages en matière d’éducation pour les amputés, les personnes gravement blessées, les veuves de guerre et les survivants de violences sexuelles. Les gouvernements de Sierra Leone ont longtemps ignoré ces recommandations mais, en 2008, la pression exercée par la plus grande organisation de survivants du pays, l’Amputee and War-Wounded Association, et une subvention de 3,5 millions de dollars du Fonds de consolidation de la paix des Nations unies, ont relancé cet effort.</p>
<p>Cependant, au lieu de mettre en œuvre les mesures de réparation plus complètes préconisées par la CVR, le gouvernement de la Sierra Leone a versé en 2008 à chacun des 33 863 survivants enregistrés un paiement unique de 100 dollars. Les Nations unies ont par la suite accordé quelques petits paiements, des prêts et des formations professionnelles à d’autres survivants au cours des années suivantes.</p>
<p>Après avoir interrogé des survivants de la guerre civile en Sierra Leone, <a href="https://www.hsfk.de/fileadmin/HSFK/hsfk_downloads/prif129.pdf">l’Institut de recherche sur la paix de Francfort</a> a conclu en 2013 que le programme de réparation de la Sierra Leone avait échoué. Il a pointé du doigt le nombre élevé de victimes, le financement limité et les épidémies de santé publique comme Ebola qui ont rendu les réparations moins prioritaires.</p>
<h2>Réparations par le biais des tribunaux</h2>
<p>Dans d’autres pays africains, les survivants des atrocités coloniales ont demandé réparation par le biais des tribunaux.</p>
<p>En 2013, des <a href="https://www.independent.co.uk/news/world/africa/mau-mau-british-empire-kenya-rebellion-independence-boycott-2017-election-a7474716.html">survivants kényans</a> ont saisi les tribunaux britanniques pour demander des réparations. Le gouvernement britannique a reconnu que « les Kényans ont été soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements aux mains de l’administration coloniale » et a accepté de verser 19,9 millions de livres sterling – 27,6 millions de dollars – en compensation à quelque 5 000 survivants âgés. Mais le gouvernement a bloqué les paiements, et les <a href="https://www.justiceinfo.net/en/42789-colonial-crimes-kenyans-un.html">Kényans ont ensuite exigé plus que ce qui avait été offert</a>.</p>
<p>En Allemagne, une action en justice similaire visant à obtenir des réparations pour le massacre des Hereros par les Allemands en 1904-1908 dans la Namibie coloniale reste <a href="https://www.dw.com/en/namibia-germany-reparations/a-54535589">controversée</a>. Les négociations se poursuivent.</p>
<h2>Repenser les réparations à travers l’Afrique</h2>
<p>Des groupes représentant des nations africaines et caribéennes ont proposé d’autres façons de penser l’esclavage colonial et la violence raciale à l’origine de ces efforts de réparation.</p>
<p>En 2019, l’Union africaine – un organe politique régional composé de 55 pays africains – a défini la <a href="https://au.int/sites/default/files/documents/36541-doc-au_tj_policy_eng_web.pdf">justice réparatrice</a> comme la réparation des « pertes subies » dans toutes les circonstances où les droits de l’homme ont été violés. Cela inclut les réparations financières – le document politique met l’accent sur le soutien matériel à la reconstruction des maisons et des entreprises endommagées par des régimes coloniaux oppressifs. Mais il appelle également les pays membres à penser au-delà de l’argent et à envisager des mesures de réparation visant à guérir les traumatismes et à instaurer une justice sociale plus large.</p>
<p>Une grande partie de la réflexion de l’Union africaine s’aligne sur le <a href="https://caricomreparations.org/caricom/caricoms-10-point-reparation-plan/">plan de réparation en 10 points</a> de la Commission des réparations de la Caricom, basée dans les Caraïbes et établie en 2013. Ce plan prévoit l’annulation de la dette des pays des Caraïbes fondée sur l’esclavage colonial et le droit pour les descendants d’Africains du monde entier de retourner dans une patrie africaine, s’ils le souhaitent, par le biais d’un programme de réinstallation soutenu par la communauté internationale.</p>
<p>Pour ces groupes, les réparations ne sont pas seulement une question d’argent – c’est un plaidoyer pour une restauration collective, pour récupérer quelque chose au nom de ceux qui ont perdu leur force travail ou leur vie au profit de puissants gouvernements et institutions blancs.</p>
<p>À travers l’esclavage et la domination coloniale, l’Afrique a perdu une partie de sa population. Mais le continent a également perdu une main-d’œuvre qualifiée, de la créativité et des innovations. Ces avantages ont été transférés aux sociétés coloniales – et leur récupération reste en jeu pour l’Afrique et les descendants d’Africains dans le monde entier.</p>
<hr>
<p><em>La traduction vers la version française a été assurée par le site <a href="https://www.justiceinfo.net/fr/">Justice Info</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161022/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kwasi Konadu ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Aux États-Unis, la Chambre des représentants recommande la création d’une commission sur les réparations à verser aux descendants d’esclaves. Se tourner vers l’Afrique peut indiquer une voie à suivre.Kwasi Konadu, John D. and Catherine T. MacArthur Endowed Chair and Professor, Colgate UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1563562021-04-18T15:03:57Z2021-04-18T15:03:57ZDes capteurs multitechnologies pour surveiller les champs : les épouvantails 2.0<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/394799/original/file-20210413-23-1fnurl6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C44%2C1200%2C799&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vignobles de Stellenbosch, en Afrique du Sud, qui servent de bancs de test à des réseaux de capteurs.</span> <span class="attribution"><span class="source">Nathalie Mitton</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>L’avènement de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_industrielle#R%C3%A9volution_agricole">révolution industrielle</a> a offert aux agriculteurs des outils mécaniques pour automatiser les tâches répétitives, et donner la possibilité de couvrir des exploitations plus larges pour augmenter le rendement.</p>
<p>À son tour, la révolution numérique apporte des outils de prévision et de décision pour prévenir les maladies et les risques. Parmi ces outils, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_de_capteurs_sans_fil">« réseaux de capteurs sans fil »</a> permettent la surveillance étroite des variations météorologiques – une variable cruciale sur laquelle nous n’avons que peu de contrôle, comme l’a durement rappelé le récent et dévastateur <a href="https://www.lafranceagricole.fr/actualites/cultures/intemperies-le-gel-a-frappe-fort-sur-les-cultures-1,0,486663392.html">épisode de gel</a>.</p>
<p>L’outil numérique, s’il ne permet bien sûr pas de modifier la météo, permet de mieux la <a href="https://www.lachampagneviticole.fr/blog/2018/04/06/sencrop-aide-a-la-decision-pour-lutter-contre-le-gel/">prévoir et de s’adapter</a> à ses conséquences, en protégeant les cultures de façon préventive d’un orage de grêle ou d’une intempérie glaciale, et en adaptant l’arrosage et l’épandage de produits phytosanitaires. Ces outils commencent à être déployés sur certaines exploitations.</p>
<p>Pour améliorer sa fiabilité, la modélisation météorologique doit se baser sur des <a href="https://www.semencesdefrance.com/actualite-semences-de-france/donnees-meteo-ultra-locales-fiables-alimenter-vos-modeles-valoriser-vos-services-agro/">données précises et locales</a>. Pour les obtenir, il faut réaliser des mesures directement sur le terrain. Le relevé manuel n’est pas envisageable au niveau de précision requis, mais l’utilisation de capteurs autonomes en énergie et en décision offre des mesures très précises pour peu d’effort supplémentaire. Quand ces capteurs ne peuvent communiquer directement avec une antenne, ils s’organisent pour relayer l’information de voisin à voisin – mais de façon optimisée, afin d’économiser leur batterie.</p>
<h2>Autonomie énergétique et portée des communications</h2>
<p>La problématique liée à la source d’énergie est déjà très complexe en soi : souvent basée sur une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pile_au_lithium">pile au lithium</a>, elle doit fournir une autonomie de plusieurs années et rester fonctionnelle sous toute condition météo. L’utilisation d’un système de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9colte_d%27%C3%A9nergie">récolte d’énergie</a> tel qu’un panneau solaire est envisageable, mais le fonctionnement des capteurs devient alors dépendant des conditions environnementales que l’on cherche justement à mesurer.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/395020/original/file-20210414-17-11ahmsy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/395020/original/file-20210414-17-11ahmsy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/395020/original/file-20210414-17-11ahmsy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/395020/original/file-20210414-17-11ahmsy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/395020/original/file-20210414-17-11ahmsy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/395020/original/file-20210414-17-11ahmsy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/395020/original/file-20210414-17-11ahmsy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un capteur dans un champ.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nathalie Mitton</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La communication sans-fil est indispensable pour l’agriculture connectée. Les ondes radioélectriques sont aujourd’hui notre meilleur outil pour transmettre l’information de façon fiable et rapide. Mais les possibilités varient énormément selon les technologies considérées : par exemple, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/wifi">wifi</a> et le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bluetooth">Bluetooth</a> sont très adaptés pour un réseau domestique, mais leur utilisation dans un champ de plusieurs hectares se révèle hasardeuse à cause d’une portée limitée : qui n’a jamais vu la qualité de son wifi dégringoler rien qu’en passant d’un étage à un autre ?</p>
<p>Pour différents besoins, il existe différentes technologies. Si l’on veut augmenter la portée des ondes, il est possible par exemple d’en abaisser la fréquence : c’est ce que proposent entre autres les technologies <a href="https://lora-alliance.org/">LoRa</a> et <a href="https://www.sigfox.com/en">Sigfox</a>. La réduction de la fréquence impose toutefois un ralentissement du débit, et donc une connexion plus « lente ».</p>
<p>Voici tout l’enjeu du choix de la technologie de communication : quels compromis peut-on accepter en fonction de notre cas d’utilisation ? Un faible débit, une courte portée, un délai important, ou une couverture limitée ?</p>
<h2>Des réseaux de capteurs multitechnologies</h2>
<p>Un simple canif sera bien souvent un meilleur couteau qu’un outil multifonction, disposant d’une lame étrangement située entre un tournevis et un coupe-ongles. Toutefois, dans une situation nécessitant flexibilité et adaptabilité, l’outil multifonction sera plus polyvalent.</p>
<p>De même, dans un environnement stable et pour un cas d’utilisation particulier, une unique technologie bien choisie sera plus adaptée. Mais pour l’agriculture connectée, où l’on doit composer avec le hasard, où terrain et environnement peuvent changer rapidement du tout au tout, la possibilité de changer de technologie de communication en fonction des besoins serait un atout inestimable. On choisira une longue portée en cas de dégradation de la météo, ou de brouillage de la propagation des ondes par de grands épis de maïs. On préférera un débit élevé pour transmettre un volume important de données, comme des images. Si un orage de grêle menace de ravager les cultures les plus fragiles, on choisira un délai court pour avertir les agriculteurs au plus vite.</p>
<p>Des capteurs multitechnologies auraient non seulement la capacité d’apporter une réponse adaptée à chaque cas d’utilisation, mais aussi de contourner la problématique liée à la couverture.</p>
<p>En effet, si des technologies comme Sigfox ou les réseaux cellulaires sont aisément accessibles dans la majorité des pays occidentaux, il n’en est pas forcément de même <a href="https://www.ox.ac.uk/news/2015-07-13-where-do-most-internet-users-live#">partout sur notre planète</a>, ce qui limite grandement le déploiement de l’agriculture connectée, là où elle pourrait être la plus utile pour aider les populations défavorisées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/395021/original/file-20210414-24-1gstr0o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/395021/original/file-20210414-24-1gstr0o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/395021/original/file-20210414-24-1gstr0o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/395021/original/file-20210414-24-1gstr0o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/395021/original/file-20210414-24-1gstr0o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/395021/original/file-20210414-24-1gstr0o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/395021/original/file-20210414-24-1gstr0o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/395021/original/file-20210414-24-1gstr0o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La couverture 4G en France métropolitaine et en Corse, par tranches de 15 % (du plus clair : 0 % à 15 %, au plus foncé de 87 % à 100 %).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://map.datafrance.info/services?d.d2.id=couverture-4g&d.d2.gr=commune&d.d2.y=2015&d.d2.gp=par-au-moins-un-operateur&d.d2.on=1&d.d2.slug=d2&utm_medium=datagouv&utm_source=datagouv&utm_campaign=reuse_transition_energetique&coords.lat=46.32417161725691&coords.lng=-2.74658203125&zoom=6">Datafrance</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De plus, il existe toujours des « zones blanches », couvertes par aucune technologie et n’offrant donc pas de possibilité d’accès à un réseau externe. Dans un réseau multitechnologie, un capteur isolé de la sorte pourrait relayer ses données à l’un de ses voisins.</p>
<p>C’est ce que l’on appelle un « <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_de_capteurs_sans_fil">réseau multisaut</a> », et c’est un sujet particulièrement bien étudié, mais uniquement lorsque tous les capteurs au sein d’un même réseau utilisent une même technologie de communication.</p>
<h2>Concevoir de nouveaux outils pour de nouveaux usages</h2>
<p>Néanmoins, le prix de l’utilisation de capteurs multitechnologies est l’accroissement de la complexité du système. Les capteurs doivent non seulement être autonomes énergiquement, mais aussi dans leurs décisions.</p>
<p>Ils doivent ainsi être capables de décider par eux-mêmes quelle technologie est la plus adaptée, en fonction de leurs besoins et de leur environnement. Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_de_capteurs_sans_fil">multisaut</a> étend artificiellement la couverture réseau, mais multiplie le nombre de chemins que la donnée peut emprunter, aussi appelés « routes ». Le processus qui consiste à choisir quelle route emprunter se nomme le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Routage">routage</a>, et l’on appelle l’ensemble des règles que plusieurs capteurs doivent respecter pour pouvoir partager et utiliser des routes un « protocole de routage ».</p>
<p>Les protocoles de routage classiques ne sont pas adaptés aux réseaux multitechnologies, partants du principe qu’il n’existe qu’une unique interface de communication. Dans ce cas, la sélection de la route est triviale, car un capteur sélectionne généralement la route la plus courte.</p>
<p>Dans un réseau multitechnologie, chaque capteur peut disposer de plusieurs technologies utilisables pour chacun de ces voisins. De plus, chaque capteur peut vouloir partager différents types de données, comme des données vidéo ou des données urgentes. La sélection de la route doit donc se faire en fonction des nombreux liens disponibles avec les capteurs voisins, mais aussi du type des données transportées.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/395031/original/file-20210414-23-mx634z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/395031/original/file-20210414-23-mx634z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/395031/original/file-20210414-23-mx634z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/395031/original/file-20210414-23-mx634z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/395031/original/file-20210414-23-mx634z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/395031/original/file-20210414-23-mx634z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/395031/original/file-20210414-23-mx634z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un réseau de capteurs multisaut : les capteurs (cercles) peuvent communiquer via différentes technologies (lignes pleines ou pointillées) jusqu’aux antennes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Brandon Foubert</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>L’équipe <a href="https://team.inria.fr/fun/fr/">FUN</a> d’<a href="https://www.inria.fr/fr">Inria</a>, spécialiste des réseaux sans fil, a entamé en 2018 un partenariat avec l’entreprise <a href="https://sencrop.com/fr/">Sencrop</a>, spécialiste de l’agriculture connectée. Sencrop conçoit des <a href="https://sencrop.com/fr/comparaison-stations/">stations météo connectées</a> directement confrontées aux problématiques que nous avons décrites. À ce stade, ce partenariat a débouché sur la conception d’un <a href="https://hal.inria.fr/hal-03186044">protocole de routage</a> adapté aux réseaux multitechnologies basé sur une <a href="https://hal.inria.fr/hal-03141833">méthode mathématique d’analyse multicritère</a> qui permet de sélectionner la route la plus adaptée aux besoins des capteurs.</p>
<p>Suite à de <a href="http://chercheurs.lille.inria.fr/bfoubert/ressources/rodent.mp4">premières expériences</a> concluantes, nous prévoyons de tester l’efficacité de notre proposition en conditions réelles. L’équipe-projet <a href="https://lirima.inria.fr/fr/research-teams/agrinet/">Agrinet</a> du Laboratoire international de recherche en informatique et mathématiques appliquées (<a href="https://lirima.inria.fr/fr/">LIRIMA</a>) est le résultat d’une collaboration internationale entre <a href="https://www.inria.fr/fr">Inria</a> et l’<a href="https://www.sun.ac.za/english">Université sud-africaine de Stellenbosch</a>. Dans ce cadre, nous allons pouvoir mettre à l’épreuve du climat africain les résultats de <a href="https://team.inria.fr/agrinet/publications/">nos recherches</a> pour le suivi de la viticulture.</p>
<p>Les résultats de ces recherches ont vocation à être transférés directement dans l’industrie pour aider toujours plus de travailleurs aux quatre coins de notre monde, pour une agriculture non seulement plus respectueuse de notre environnement, mais aussi de ses agriculteurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156356/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Brandon Foubert travaille avec Sencrop. Il a reçu des financements de CPER DATA, Sencrop, FEDER, I-SITE et du projet Agrinet du Lirima.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nathalie Mitton ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’agriculture connectée offre de nouveaux outils de surveillance et de décision, mais les conditions particulières des exploitations agricoles posent encore de nombreux challenges technologiques.Brandon Foubert, Doctorant en réseaux informatiques, InriaNathalie Mitton, Directrice de recherche en réseau de capteurs sans fil, InriaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1574772021-03-24T19:32:22Z2021-03-24T19:32:22ZEn Afrique du Sud, le logement social peut-il aider à dépasser enfin l’héritage de l’apartheid ?<p>Les villes d’Afrique du Sud connaissent encore une forte ségrégation entre populations blanches et noires et entre riches et pauvres. Depuis 1994, le gouvernement a pourtant distribué <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/28/en-afrique-du-sud-des-logements-gratuits-pour-les-plus-pauvres_5503886_3212.html">3,5 millions de maisons</a>, mais celles-ci se situaient souvent en lointaine périphérie. En 2006, la nouvelle politique de logement social a voulu rompre avec ce modèle, en offrant des logements abordables mieux localisés.</p>
<p>Quinze ans plus tard, des chercheurs du <a href="http://www.hsrc.ac.za/en">Human Science Research Council</a> (HSRC) évaluent les impacts de ce programme, dans une étude financée par la Commission européenne. Les résultats sont mitigés.</p>
<h2>Les politiques de logement post-apartheid</h2>
<p>Le logement était la pierre angulaire des politiques publiques post-apartheid, dans le but de corriger la ségrégation et la discrimination raciale. Les programmes <a href="https://omalley.nelsonmandela.org/omalley/index.php/site/q/03lv02039/04lv02103/05lv02120/06lv02126.htm">Reconstruction et Développement</a> (RDP) dès 1994 puis <a href="https://www.gov.za/about-government/sustainable-human-settlements-breaking-new-ground">Breaking New Ground</a> (BNG) en 2011 ont conduit, nous l’avons dit, à la construction de près de 3,5 millions de maisons subventionnées pour les ménages noirs défavorisés.</p>
<p>Néanmoins, le choix du modèle de la maison gratuite, en propriété individuelle, a conduit à installer la plupart des lotissements en lointaine périphérie urbaine, pour des raisons de coûts de terrain. Ceci a renforcé les divisions spatiales et les inégalités économiques. Certains lotissements se sont vidés d’une partie de leurs résidents, qui ont préféré retourner vers les centres-villes, quitte à habiter dans des appartements insalubres ou à louer des <a href="http://www.hsrc.ac.za/en/review/hsrc-review-january-2015/backyard-schaks-and-urban-housing-crisis"><em>backyard shacks</em></a>, c’est-à-dire des abris de fortune.</p>
<p>De plus, malgré cette construction massive et rapide, l’offre est inférieure aux besoins. Ainsi, aujourd’hui dans les grandes villes, comme Johannesburg, Le Cap et Ekurhuleni, <a href="http://www.statssa.gov.za/?p=11241">un habitant sur cinq</a> vit encore dans un logement précaire.</p>
<h2>L’espoir renouvelé de la politique de logement social</h2>
<p>Bien que la propriété individuelle ait été centrale dans les politiques post-apartheid, des programmes de logement locatif ont aussi vu le jour dès 1995. Des organisations de la société civile ont ainsi aménagé et géré un parc de logement social, en recevant l’appui du gouvernement. Parallèlement, des promoteurs immobiliers privés ont récupéré des bâtiments désaffectés, parfois squattés, en <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2018/12/06/a-la-reconquete-du-centre-ville-de-johannesburg_5393519_3210.html">particulier à Johannesburg</a>, et les ont convertis en appartements à louer.</p>
<p>À la suite de ces initiatives pilotes, une nouvelle politique publique a été mise en place en 2006, qui associe la construction subventionnée de logements sociaux locatifs et la délimitation de zones de <a href="http://www.dhs.gov.za/sites/default/files/documents/publications/Social_Housing.pdf">« restructuration urbaine »</a>, un peu comme les <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1521317">« zones franches urbaines »</a> en France. Le but était de ramener la classe ouvrière noire près des lieux d’activité économique, en s’appuyant sur l’hypothèse que ce rapprochement faciliterait l’accès à l’emploi. Or l’effet d’entraînement n’est pas systématique.</p>
<p>Cependant, depuis, l’économie sud-africaine a connu un ralentissement et une forte inflation. Les subventions gouvernementales versées aux organismes de logement social n’ont pas suivi l’inflation, et ces derniers n’ont pas pu atteindre les objectifs quantitatifs qui avaient été fixés. On compte donc aujourd’hui seulement 35 000 logements sociaux environ pour une population nationale de 60 millions d’habitants. Depuis 2017, néanmoins, les efforts du gouvernement se sont accentués dans ce secteur.</p>
<h2>Glissement vers les lointaines banlieues</h2>
<p>Grâce à la constitution d’une base de données inédite couvrant les sept principales métropoles en 2020, <a href="https://www.afd.fr/en/ressources/role-social-housing-reducing-inequality-south-african-cities">l’étude du HSRC</a> révèle un glissement des programmes d’habitat social vers les périphéries. Entre 1995 et 2005, les projets pilotes étaient implantés majoritairement dans les centres-villes. Dans les années qui suivent la nouvelle politique de 2006, plus de la moitié des projets se situent encore dans les centres-villes ou dans les banlieues proches. Mais, dès 2011, une part croissante se déplace vers les périphéries et même dans les <em>townships</em>, notamment ceux dans lesquels la population noire était cantonnée durant l’apartheid (cf. carte).</p>
<p>Ce glissement est dû à plusieurs facteurs. Le premier est la <a href="https://ideas4development.org/financiarisation-immobilier-tri-social/">hausse des valeurs immobilières</a> sur le marché privé. Les organismes de logement social ne trouvaient alors plus de terrains centraux à bas coût. Le second est la stagnation des subventions gouvernementales. Le troisième est la trop faible mise à disposition de terrains publics.</p>
<h2>Les locataires ressentent-ils un progrès social ?</h2>
<p>Le logement social a pour objectif de promouvoir une mixité sociale et raciale en ciblant les ménages qui gagnent entre 1 500 et 15 000 rands par mois (de 85 à 850 euros). Les <a href="https://www.afd.fr/en/ressources/social-housing-and-upward-mobility-south-africa">enquêtes menées en 2019</a> ont montré qu’un quart des locataires touchaient moins de 2 500 rands par mois, ce qui est proche du seuil de pauvreté. Le niveau des loyers est adapté aux tranches de revenus, mais l’inflation et la hausse du coût des services collectifs (eau, électricité, chauffage) les rendent trop onéreux pour les ménages pauvres, ce qui accentue le risque d’éviction pour non-paiement du loyer.</p>
<p>D’où viennent les bénéficiaires ? La plupart habitaient auparavant dans un rayon de moins de 5 km. Pas de transformation urbaine radicale, donc, ni de disparition de la ségrégation spatiale. Pas davantage de brassage ethnique (cf. graphique). À noter cependant qu’une plus grande mixité raciale ne constitue pas une attente prioritaire pour les habitants, <a href="https://www.afd.fr/en/ressources/social-cohesion-and-inequality-south-africa">d’après les enquêtes d’opinion</a>, dans un contexte de discriminations persistantes. La mixité sociale, mesurée par les revenus, n’est pas non plus au rendez-vous, mais <a href="https://theconversation.com/pourquoi-vouloir-vivre-dans-les-quartiers-riches-quand-on-est-pauvre-94355">son impact</a> sur l’amélioration des conditions de vie ailleurs dans le monde <a href="https://www.cairn.info/le-quartier--9782707150714-page-181.htm?contenu=resume">fait de toute façon débat</a>.</p>
<p>Comment mesurer, alors, l’amélioration des conditions de vie ? Le logement social a-t-il sorti ses bénéficiaires des bidonvilles ? Non, ceux-ci habitaient le plus souvent dans un appartement formel ou dans une maison construite en dur, rarement dans des <em>shacks</em> ou logements précaires. Néanmoins, parmi les causes invoquées pour leur demande de logement social, on note le souhait du ménage d’obtenir un habitat indépendant, et donc de quitter une cohabitation avec des proches les hébergeant, ce qui suggère des conditions de surpeuplement des logements antérieurs.</p>
<p>Le bénéfice principal cité par les locataires est le faible coût des loyers, très inférieur à celui du marché immobilier privé. Un autre avantage exprimé est le sentiment de sécurité dans la nouvelle résidence. Les immeubles sont en effet souvent équipés de systèmes de protection, et surveillés par un gardien. Des services collectifs sont proposés : centres de santé, équipements informatiques, jardins d’enfants sécurisés (voir photo ci-dessous). Ce sentiment de sécurité s’arrête toutefois au seuil de la résidence. Le quartier environnant apparaît rarement sûr aux yeux des locataires.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/390955/original/file-20210322-21-wvo0bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/390955/original/file-20210322-21-wvo0bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/390955/original/file-20210322-21-wvo0bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/390955/original/file-20210322-21-wvo0bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/390955/original/file-20210322-21-wvo0bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/390955/original/file-20210322-21-wvo0bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/390955/original/file-20210322-21-wvo0bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Jardin d’enfants sur le toit d’un immeuble de logement social, Johannesburg, 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Irène Salenson</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Bien que les ménages expriment un ressenti positif, les résultats en termes d’accès à l’emploi et à l’éducation sont plutôt modestes. Les enquêtes montrent que le taux de chômage est similaire à la moyenne nationale (29 %), et que le revenu des ménages n’a pas augmenté. Par ailleurs, de façon surprenante, les enfants sont le plus souvent restés scolarisés dans les établissements de leur quartier d’origine. Néanmoins, des différences considérables apparaissent en fonction de la localisation du projet et de la gestion mise en place par l’organisme de logement social.</p>
<p>Finalement, il semble que les objectifs de la politique de logement social, en Afrique du Sud comme ailleurs, soient souvent trop ambitieux ou irréalistes. Des évaluations socio-économiques d’impact régulières permettraient d’une part de vérifier les résultats en termes de changement social, et d’autre part de définir des finalités plus adaptées aux besoins. Par ailleurs, des efforts pourraient être fournis à la fois du côté du financement et de la localisation, en resserrant davantage les « zones de restructuration », qui ont eu tendance à couvrir progressivement l’ensemble des agglomérations (cf. carte).</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/157477/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cet article est le résultat d'un programme de recherches sur les inégalités, piloté par l'Agence française de Développement et financé par la Commission Européenne (DEVCO). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Andreas Scheba reçoit un financement de la Commission européenne par le biais d'une facilité de recherche sur les inégalités. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Ivan Turok reçoit un financement de la Commission européenne par le biais d'une facilité de recherche sur les inégalités.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Justin Visagie Ivan reçoit un financement de la Commission européenne par le biais d'une facilité de recherche sur les inégalités.</span></em></p>Analyse des effets d’un ambitieux programme de logement social mis en place en Afrique du Sud en 2006.Irène Salenson, PhD, chargée de recherches, Agence française de développement (AFD)Andreas Scheba, Research Specialist in the Economic Performance and Development unit, Human Sciences Research CouncilIvan Turok, Executive Director, Human Sciences Research CouncilJustin Visagie, Research Specialist: Human Sciences Research Council, Human Sciences Research CouncilLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1539382021-01-28T15:25:58Z2021-01-28T15:25:58ZVoici pourquoi les nouveaux variants de la Covid-19 se répandent dans le monde entier<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/381157/original/file-20210128-13-7a2u5b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La technicienne médicale Amira Doudou prépare des échantillons à l’Institut hospitalo-universitaire des maladies infectieuses de Marseille, en France, le 13 janvier 2021, pour étudier le variant hautement contagieux de la Covid-19.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Daniel Cole)</span></span></figcaption></figure><p>Un nouveau variant du coronavirus s’est propagé rapidement au Royaume-Uni et a été détecté, <a href="https://www.lapresse.ca/international/2021-01-27/covid-19/le-variant-britannique-dans-70-pays-et-le-sud-africain-dans-31.php">selon les derniers chiffres de l’OMS, dans plus de 70 pays</a>, dont le Canada, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1765376/barrie-covid-retraite-foyer-soins-longue-duree-roberta-place-variant-britannique">où il est à l’origine d’une éclosion mortelle dans une résidence pour personnes âgées de Barrie</a>, en Ontario.</p>
<p>L’idée que de nouvelles souches puissent se répandre plus facilement <a href="https://www.who.int/fr/news/item/12-01-2021-global-scientists-double-down-on-sars-cov-2-variants-research-at-who-hosted-forum">inquiète les scientifiques</a>.</p>
<p>En tant que biologiste de l’évolution, j’étudie comment les mutations et la sélection se combinent pour modeler les changements dans les populations au fil du temps. Nous n’avions encore jamais eu autant de données en temps réel sur l’évolution qu’avec le SARS-CoV-2 : plus de <a href="https://www.gisaid.org/">380 000 génomes</a> ont été séquencés l’année dernière.</p>
<p>Le SARS-CoV-2 a muté au fur et à mesure de sa propagation, générant de minuscules différences dans son génome. Ces mutations permettent aux scientifiques de retracer qui est apparenté à qui dans <a href="https://nextstrain.org/ncov/global">l’arbre généalogique</a> du virus.</p>
<p>Des biologistes en évolution, dont je fais partie, ont mis en garde contre une surinterprétation de la menace posée par les mutations. La plupart des mutations n’aideront pas le virus, tout comme il est peu probable qu’un coup de pied donné au hasard sur une machine en marche en améliore le fonctionnement.</p>
<p>Mais de temps en temps, une mutation ou une série de mutations confère un avantage au virus. Les données sont convaincantes : les mutations présentes dans le variant apparu au Royaume-Uni, connu sous le nom de B.1.1.7, rendent ce dernier plus « adapté ».</p>
<h2>Plus adapté ou plus chanceux ?</h2>
<p>Quand un nouveau variant s’est répandu, les scientifiques cherchent la raison de sa propagation. Un virus porteur d’une mutation particulière peut devenir plus fréquent dans plusieurs situations :</p>
<ul>
<li><p>s’il a été transporté par un super-contaminateur ;</p></li>
<li><p>s’il s’est retrouvé dans un lieu où l’infection n’était pas présente ;</p></li>
<li><p>s’il a été introduit dans un nouveau segment de la population.</p></li>
</ul>
<p>Ces deux derniers exemples sont appelés « événements fondateurs » : une augmentation rapide de la présence d’un variant peut se produire s’il est introduit dans un nouveau groupe et déclenche une épidémie locale. Des événements fortuits peuvent expliquer la <a href="https://www.cell.com/current-biology/fulltext/S0960-9822(20)30847-2 ?_returnURL=https %3A %2F %2Flinkinghub.elsevier.com %2Fretrieve %2Fpii %2FS0960982220308472 %3Fshowall %3Dtrue">hausse de la fréquence de l’apparition de nouveaux variants</a> du SARS-CoV-2.</p>
<p>Mais le B.1.1.7 est une exception. Il présente un signal de sélection très fort. Au cours des deux derniers mois, la fréquence du B.1.1.7 a augmenté plus vite que celle des variants non-B.1.1.7, et ce, pratiquement chaque semaine et dans toutes les régions sanitaires d’Angleterre. <a href="https://www.gov.uk/government/publications/investigation-of-novel-sars-cov-2-variant-variant-of-concern-20201201">Ces données</a>, rapportées le 21 décembre 2020, ont contribué à convaincre le premier ministre britannique Boris Johnson de <a href="https://www.cnn.com/videos/world/2021/01/04/boris-johnson-full-speech-coronavirus-variant-england-lockdown-vpx.cnn">mettre une grande partie du pays en quarantaine</a> et ont donné lieu à une interdiction généralisée de voyager depuis le Royaume-Uni.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1347691064430374912"}"></div></p>
<p>La montée du B.1.1.7 ne peut s’expliquer par un événement fondateur dans de nouvelles régions, car la Covid-19 circulait déjà partout au Royaume-Uni. Des événements fondateurs dans un nouveau segment de la population (par exemple, après une conférence) sont également peu probables étant donné les restrictions concernant les grands rassemblements.</p>
<p>Notre suivi de l’évolution du SARS-CoV-2 est possible grâce à l’immense effort des scientifiques pour partager et analyser les données en temps réel. Mais les connaissances incroyablement détaillées dont nous disposons sur le B.1.1.7 sont aussi une affaire de chance. Une de ses mutations a modifié une section du génome dont on se sert pour faire les tests de Covid-19 au Royaume-Uni, ce qui a permis de dresser le <a href="https://virological.org/t/transmission-of-sars-cov-2-lineage-b-1-1-7-in-england-insights-from-linking-epidemiological-and-genetic-data/576">tableau de la propagation évolutive à partir de plus de 275 000 cas</a>.</p>
<h2>L’évolution en direct</h2>
<p>Les épidémiologistes ont conclu que le B.1.1.7 est plus transmissible, mais qu’il n’y a rien qui indique qu’il soit plus mortel. Des chercheurs estiment que ce variant augmente de <a href="https://virological.org/t/transmission-of-sars-cov-2-lineage-b-1-1-7-in-england-insights-from-linking-epidemiological-and-genetic-data/576">40 à 80 %</a> le nombre de nouveaux cas causés par un individu infecté (ce qu’on appelle taux de reproduction ou Rt) ; une autre étude préliminaire parle d’une <a href="https://doi.org/10.1101/2020.12.24.20248822">hausse de 50 à 74 %</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/380037/original/file-20210121-15-1xmrigt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/380037/original/file-20210121-15-1xmrigt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/380037/original/file-20210121-15-1xmrigt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/380037/original/file-20210121-15-1xmrigt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/380037/original/file-20210121-15-1xmrigt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/380037/original/file-20210121-15-1xmrigt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/380037/original/file-20210121-15-1xmrigt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une femme pousse un chariot à bagages à l’aéroport de Heathrow à Londres, le 18 janvier 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">AP Photo/Matt Dunham</span></span>
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<p>Une hausse de 40 à 80 % signifie que le B.1.1.7 n’est pas seulement un peu plus adapté, mais qu’il l’est beaucoup. Même lorsque la sélection est aussi forte, l’évolution n’est pas instantanée. Notre modélisation mathématique, ainsi que celle <a href="https://covid19-sciencetable.ca/wp-content/uploads/2021/01/Update-on-COVID-19-Projections_January-12-2021_Final_English-2.pdf">d’autres chercheurs au Canada</a> et <a href="https://www.nytimes.com/live/2021/01/16/world/covid-19-coronavirus#a-fast-spreading-variant-could-become-the-dominant-source-of-infection-in-the-us-by-march-cdc-says">aux États-Unis</a>, montre que le B.1.1.7 a dû mettre quelques mois pour atteindre une ascension aussi fulgurante, car seule une petite fraction des cas portait initialement le nouveau variant.</p>
<p>Pour de nombreux pays, où le nombre de cas de Covid-19 augmente de façon inquiétante, une variante qui accroît la transmission de 40 à 80 % risque de faire déborder la marmite. Cela pourrait entraîner une croissance exponentielle du nombre de cas et surcharger le système hospitalier qui est déjà dépassé. Les changements évolutifs prennent du temps, ce qui nous laisse peut-être quelques semaines pour nous préparer.</p>
<h2>D’autres variants</h2>
<p>Les chercheurs ont été surpris de voir que le B.1.1.7 porte un nombre remarquable de nouvelles mutations. Il en a accumulé de 30 à 35 au cours de la dernière année. Ce n’est pas que le taux de mutation du B.1.1.7 soit plus élevé, mais qu’il semble avoir connu une évolution rapide dans un passé relativement récent.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/379429/original/file-20210119-23-1p1uyv7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/379429/original/file-20210119-23-1p1uyv7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=489&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/379429/original/file-20210119-23-1p1uyv7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=489&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/379429/original/file-20210119-23-1p1uyv7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=489&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/379429/original/file-20210119-23-1p1uyv7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=614&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/379429/original/file-20210119-23-1p1uyv7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=614&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/379429/original/file-20210119-23-1p1uyv7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=614&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Chaque point représente un génome du SARS-CoV-2, avec des branches reliant les virus à leurs ancêtres. Le centre représente le virus qui a été transmis à l’humain. Les virus les plus éloignés du centre sont porteurs d’un plus grand nombre de mutations. Les trois nouveaux variants sont couleur or.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nextstrain.org">NextStrain</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Le virus peut avoir infecté un <a href="https://www.gov.uk/government/publications/investigation-of-novel-sars-cov-2-variant-variant-of-concern-20201201">sujet immunodéprimé</a>. Les personnes dont le système immunitaire est plus faible combattent le virus de manière continue, causant une infection qui dure longtemps, des cycles récurrents de réplication virale et une réponse immunitaire partielle à laquelle le <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMc2031364">virus réagit par une évolution constante</a>.</p>
<p>Des rapports de recherche préliminaires qui doivent encore être vérifiés ont décrit deux autres variants préoccupants : l’un originaire <a href="https://www.doi.org/10.1101/2020.12.21.20248640">d’Afrique du Sud (le B.1.351)</a> et l’autre du <a href="https://virological.org/t/genomic-characterisation-of-an-emergent-sars-cov-2-lineage-in-manaus-preliminary-findings/586">Brésil (le P1</a>). Ces deux variants présentent une histoire récente de mutations élevées et une augmentation rapide de la présence au sein des populations locales. Les scientifiques rassemblent actuellement les données nécessaires pour confirmer que c’est la sélection pour une transmission plus élevée, et non le hasard, qui en est responsable.</p>
<h2>Pourquoi la transmission s’est-elle améliorée ?</h2>
<p>La sélection joue deux rôles dans l’évolution de ces variants. Il faut d’abord considérer le rôle chez les personnes à l’intérieur desquelles un grand nombre de mutations sont apparues. Les <a href="https://virological.org/t/preliminary-genomic-characterisation-of-an-emergent-sars-cov-2-lineage-in-the-uk-defined-by-a-novel-set-of-spike-mutations/563">23 mutations de B.1.1.7</a> et les 21 mutations de P1 ne sont pas disposées au hasard dans le génome, mais regroupées dans le gène qui code pour la <a href="https://theconversation.com/new-coronavirus-variant-what-is-the-spike-protein-and-why-are-mutations-on-it-important-152463">protéine de spicule</a>.</p>
<p>Une modification dans cette protéine, la N501Y, est apparue de façon indépendante pour les trois variants, ainsi que chez des patients immunodéprimés étudiés aux <a href="https://doi.org/10.1056/NEJMc2031364">États-Unis</a> et au <a href="https://doi.org/10.1101/2020.12.05.20241927">Royaume-Uni</a>. D’autres modifications du spicule (comme E484K et del69-70) ont été observées dans deux des trois variants.</p>
<p>De plus, les trois variants partagent une mutation qui ne concerne pas la protéine de spicule et qui supprime une petite partie de la « protéine non structurale 6 » (NSP6). Nous ne savons pas encore ce que fait cette délétion, mais <a href="https://doi.org/10.4161/auto.29309">dans un coronavirus apparenté, la NSP6 trompe le système de défense cellulaire</a> et peut favoriser l’infection par le coronavirus. La NSP6 détourne également ce système pour aider à <a href="https://doi.org/10.1080/15548627.2020.1817280">copier le génome viral</a>. Quoi qu’il en soit, la délétion pourrait modifier la capacité du virus à s’installer et à se répliquer dans nos cellules.</p>
<h2>Transmission améliorée</h2>
<p>L’évolution parallèle des mêmes mutations dans différents pays et chez différents patients immunodéprimés suggère qu’elles apportent un avantage sélectif qui permet au virus d’échapper au système immunitaire des individus chez lesquels elles se sont produites. Pour la N501Y, cela a été confirmé par des expériences sur des <a href="https://doi.org/10.1126/science.abc4730">souris</a>.</p>
<p>Mais qu’est-ce qui explique le taux de transmission plus élevé ? Il est difficile de répondre à cette question, car les nombreuses mutations qui sont apparues en même temps sont maintenant regroupées dans ces variants, et ce pourrait être n’importe laquelle ou une combinaison de celles-ci qui ont conduit à l’amélioration de la transmission.</p>
<p>Cela dit, plusieurs de ces variants étaient apparus seuls auparavant et n’avaient pas causé une accélération de la propagation. Une étude a montré que la <a href="https://doi.org/10.1101/2020.12.20.20248581">N501Y n’avait en soi qu’un faible avantage de transmission</a>, qui n’augmentait rapidement que si associée à la série de mutations observées chez le B.1.1.7.</p>
<p>Alors que l’histoire de l’évolution de la Covid-19 est en cours d’écriture, nous venons de recevoir un avertissement. L’avantage de transmission de 40 à 80 % du B.1.1.7, et potentiellement des variants B.1.351 et P1, <a href="https://www.franceinter.fr/le-variant-anglais-du-sars-cov2-sera-bientot-predominant-en-france-mais-quand">va submerger de nombreux pays dans les prochains mois</a>.</p>
<p>Nous sommes dans une course contre l’évolution virale. Nous devons déployer les vaccins le plus rapidement possible, endiguer la production de variants en limitant les interactions et les déplacements, et devancer la propagation en intensifiant la surveillance et la recherche des contacts.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/153938/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sarah Otto est bénévole au sein du groupe de modélisation BC COVID-19, du conseil d'administration du Nature Trust of British Columbia et du comité consultatif sur les espèces en péril auprès du ministre de l'environnement du Canada. Elle reçoit des fonds de recherche du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.</span></em></p>De multiples variantes de la Covid-19 circulent dans le monde entier et deviennent de plus en plus courantes. Ces mutations peuvent altérer la capacité du virus à s’implanter dans nos cellules.Sarah Otto, Killam University Professor in Evolutionary Biology, University of British ColumbiaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1407842020-06-16T15:24:44Z2020-06-16T15:24:44ZCoronavirus : le point hebdomadaire sur la couverture internationale (15)<p>Le monde poursuit sa lutte contre la pandémie de Covid-19. Plus de <a href="https://www.washingtonpost.com/graphics/2020/world/mapping-spread-new-coronavirus/?itid=lk_inline_manual_3.">7,4 millions de cas et 416 000 décès</a> ont été signalés dans le monde. Les États-Unis détiennent le plus grand nombre de cas dans le monde, dépassant la <a href="https://www.washingtonpost.com/nation/2020/06/11/coronavirus-update-us/">barre des 2 millions</a>, et rouvrent des entreprises tout en essayant de contenir la propagation du virus.</p>
<p>Mais sauver l’économie et s’attaquer à la crise sanitaire en même temps est compliqué, des recherches menées dans le monde entier le montrent. C’est une triste réalité, un ralentissement économique entraîne le chômage et réduit le bien-être de la population. Les pauvres sont toujours et encore la frange de la population la plus durement touchée.</p>
<p>Toutefois, on perçoit la lumière au bout du tunnel, et nous pouvons encore espérer tirer des enseignements positifs à la fin de la pandémie. Certains considèrent que c’est le bon moment pour changer les choses, qu’il s’agisse d’améliorer le système alimentaire en Afrique ou de nous obliger à concevoir des bâtiments plus sains.</p>
<p>Cette semaine, dans le résumé des articles sur le coronavirus rédigés par des universitaires du monde entier, nous examinons les effets disproportionnés sur les populations du Covid-19 et les derniers résultats des essais cliniques.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/320875/original/file-20200316-27692-1yzfncb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p><em><strong>Notre point hebdomadaire sur le <a href="https://theconversation.com/topics/covid-19-82431">coronavirus</a>.</strong> Composé d’associations à but non lucratif, The Conversation est un média qui travaille avec des milliers d’universitaires à travers son réseau mondial. Ensemble, nous publions des analyses fondées sur les faits et la recherche académique. Les articles sont gratuits – libres d’accès – et peuvent être republiés.</em></p>
<hr>
<h2>Le chaos continue</h2>
<p>La pandémie continue de faire des ravages : perte de milliers de vies, dévastation des économies ou dégradation de la qualité de vie de nombreuses personnes à travers le monde.</p>
<ul>
<li><p><strong>Le nombre de morts augmente</strong>. Il ne fait aucun doute que le Royaume-Uni a été durement touché par le coronavirus. Le pays est le deuxième le plus touché en termes de décès dans le monde, derrière les États-Unis, qui ont une population pourtant cinq fois plus importante. Jasmina Panovska-Griffiths, experte en modélisation mathématique, explique <a href="https://theconversation.com/coronavirus-five-reasons-why-the-uk-death-toll-is-so-high-140005">où le Royaume-Uni s’est trompé</a> et comment il pourra éviter d’autres décès si une deuxième vague d’infections se produit à la réouverture du pays.</p></li>
<li><p><strong>Impact difficile</strong>. Qui a été le plus durement touché par le blocage de l’Afrique du Sud ? Trois chercheurs de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) ont tenté de répondre à cette question. Channing Arndt, Sherman Robinson et Sherwin Gabriel, ont utilisé un outil de modélisation économique appelé SAM-multiplier analysis (Social Accounting Matrix), qui sert à évaluer les chocs à court terme subis par une économie et aide <a href="https://theconversation.com/who-has-been-hit-hardest-by-south-africas-lockdown-we-found-some-answers-138481">à trouver des solutions</a>.</p></li>
<li><p><strong>Grosse dette</strong>. Le choc macro-économique que la pandémie de Covid-19 a fait subir à l’économie mondiale est sans doute sans précédent dans les temps modernes. La réponse financière des gouvernements des principales économies a été substantielle. Anton Muscatelli, un chercheur de l’université de Glasgow, explique pourquoi la part de <a href="https://theconversation.com/paying-for-coronavirus-will-have-to-be-like-war-debt-spread-over-generations-140406">dette due au coronavirus devra être considérée comme une dette de guerre – répartie sur plusieurs générations</a>.</p></li>
</ul>
<h2>Interventions budgétaires : Covid-19 versus la crise financière mondiale</h2>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/340947/original/file-20200610-34670-l05ktb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340947/original/file-20200610-34670-l05ktb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340947/original/file-20200610-34670-l05ktb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=301&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340947/original/file-20200610-34670-l05ktb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=301&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340947/original/file-20200610-34670-l05ktb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=301&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340947/original/file-20200610-34670-l05ktb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340947/original/file-20200610-34670-l05ktb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340947/original/file-20200610-34670-l05ktb.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=379&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.atlanticcouncil.org/blogs/econographics/how-does-the-g20-covid-19-fiscal-response-compare-to-the-global-financial-crisis/">Atlantic Council</a></span>
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</figure>
<ul>
<li><p><strong>Résoudre les problèmes de santé de l’Indonésie</strong>. La pandémie de Covid-19 devrait creuser le déficit de l’agence gérant l’assurance maladie nationale de l’Indonésie – connue sous le nom de BPJS-Kesehatan – qui s’élevait avant la crise sanitaire à 1,9 milliard de dollars US. Pour soutenir l’agence, le gouvernement prévoit d’augmenter le coût des mutuelles liées à l’assurance maladie nationale. Toutefois, un groupe d’experts estime que cela ne résoudra pas les <a href="https://theconversation.com/raising-national-health-insurance-premiums-doesnt-solve-indonesias-health-care-problems-this-is-what-needs-to-be-done-138941">problèmes de santé de l’Indonésie</a>.</p></li>
<li><p>La Réserve fédérale américaine s’est engagée à financer, à hauteur de 2,3 milliards de dollars, des prêts pour soutenir les ménages, les employeurs, les marchés financiers, et les gouvernements locaux et d’État qui sont en difficulté en raison du coronavirus et du confinement. William J. Luther, expert en économie à l’Université de Floride Atlantique, explique comment la Réserve fédérale fabrique littéralement de l’argent pour <a href="https://theconversation.com/how-the-federal-reserve-literally-makes-money-140305">soutenir l’économie</a>.</p></li>
</ul>
<h2>Encourager les changements</h2>
<p>La pandémie mondiale peut également induire des changements positifs dans de nombreux aspects de notre vie.</p>
<ul>
<li><p>Le Programme alimentaire mondial a averti que la pandémie de Covid-19 pourrait provoquer l’une des pires crises alimentaires depuis la Seconde Guerre mondiale. Il prévoit un doublement du nombre de personnes souffrant de la faim, dont plus de la moitié en Afrique subsaharienne. Un groupe d’experts affirme que l’après <a href="https://theconversation.com/covid-19-recovery-is-a-chance-to-improve-the-african-food-system-139134">Covid-19 est une chance d’améliorer le système alimentaire africain</a>.</p></li>
<li><p><strong>Bâtiments sains</strong>. La pandémie de Covid-19 nous obligera à concevoir et à construire des bâtiments pour une meilleure santé. Comme les recherches montrent que l’on passe 85 % de notre temps à l’intérieur de nos habitations, nous sommes la principale source de bactéries dans ces environnements intérieurs. Jako Nice, expert en bâtiments dit sains, aborde cette question dans son article <a href="https://theconversation.com/the-new-architectural-frontier-buildings-and-their-microbiomes-139777">« The New Architectural Frontier : Buildings and Their Microbiomes »</a>.</p></li>
</ul>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1197213014749040641"}"></div></p>
<ul>
<li><p><strong>Des espaces verts plus sécurisés</strong>. La pandémie de Covid-19 a également obligé les gouvernements à évaluer les avantages liés à l’ouverture des espaces verts et donc aux préoccupations de santé publique découlant de leur utilisation. Les espaces verts ont des effets positifs sur la santé mentale, la forme physique, la cohésion sociale et le bien-être spirituel, mais beaucoup sont fermés pour la sécurité des personnes. À cet égard, un groupe d’experts explique <a href="https://theconversation.com/how-cities-can-add-accessible-green-space-in-a-post-coronavirus-world-139194">comment les villes peuvent ajouter des espaces verts accessibles dans un monde post-coronavirus</a>.</p></li>
<li><p><strong>Révolution des soins de santé</strong>. Dans le monde entier, les obstacles liés à l’accès aux soins à distance – « télémédecine » – sont tombés du jour au lendemain. Le Covid-19 nous a fait passer d’un débat prudent sur l’opportunité d’utiliser la télémédecine à un besoin immédiat. Trois experts de l’université de Bath, Christopher Eccleston, Edmund Keogh et Emma Fisher, expliquent <a href="https://theconversation.com/coronavirus-has-forced-us-to-embrace-digital-healthcare-it-could-transform-how-we-look-after-patients-138557">comment le coronavirus nous a contraint à adopter les soins de santé numériques</a>.</p></li>
</ul>
<h2>La quête d’un remède</h2>
<p>Un vaccin contre le coronavirus n’a pas encore été trouvé, en revanche de nombreux tests sont en cours, pour autant que de controverses.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/337155/original/file-20200523-124855-tksjij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/337155/original/file-20200523-124855-tksjij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/337155/original/file-20200523-124855-tksjij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/337155/original/file-20200523-124855-tksjij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/337155/original/file-20200523-124855-tksjij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/337155/original/file-20200523-124855-tksjij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/337155/original/file-20200523-124855-tksjij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des preuves suggèrent que l’utilisation de l’hydroxychloroquine pourrait entraîner des arythmies cardiaques.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/photo/young-doctor-listening-heartbeat-with-stethoscope-royalty-free-image/1127672089?adppopup=true">Getty Images/Visoot Uthairam</a></span>
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<ul>
<li><p><strong>La vérité sur l’hydroxychloroquine</strong>. Le président américain Donald Trump a déclaré en mai dernier qu’il prenait de l’hydroxychloroquine de manière préventive. Les rapports des médias vont de l’affirmation que l’hydroxychloroquine est efficace à 91 % à son inefficacité et à sa dangerosité. Comment les gens savent-ils ce qu’il faut croire ? Un expert en pharmacie de l’université du Connecticut, C. Michael White, a publié une <a href="https://theconversation.com/hydroxychloroquine-for-covid-19-a-new-review-of-several-studies-shows-flaws-in-research-and-no-benefit-137869">nouvelle synthèse d’études qui montre des lacunes dans la recherche et aucun bénéfice</a>.</p></li>
<li><p><strong>A la recherche des protéines Spike</strong>. Le développement d’un vaccin est, dans le meilleur des cas, difficile. Aujourd’hui, nous sommes dans la situation où nos besoins en connaissances de base sur le virus, doivent être satisfait dans le laps de temps le plus court possible. Deux experts de l’université de Manchester, Sheena Cruickshank et Daniel M. Davis, expliquent <a href="https://theconversation.com/search/result?sg=c29ec286-cc60-4b56-99fb-5d812c5da1dc&sp=3&sr=22&url=%2Fcoronavirus-how-t-cells-are-involved-and-what-it-might-mean-for-vaccine-development-140374">comment les cellules T sont impliquées et ce que cela pourrait signifier pour le développement d’un vaccin</a>.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340802/original/file-20200610-82612-uvn5ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340802/original/file-20200610-82612-uvn5ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340802/original/file-20200610-82612-uvn5ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340802/original/file-20200610-82612-uvn5ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340802/original/file-20200610-82612-uvn5ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340802/original/file-20200610-82612-uvn5ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340802/original/file-20200610-82612-uvn5ao.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">OM85 est fabriqué à partir de molécules extraites des parois des bactéries.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<ul>
<li><strong>Les bonnes bactéries</strong>. Les scientifiques du monde entier continuent à tester d’innombrables vaccins et médicaments dans l’espoir de trouver des moyens efficaces de prévenir et de traiter le Covid-19. Parmi les médicaments testés en Australie, figure un produit appelé OM85. Il ne s’agit pas d’un médicament conventionnel, mais d’une combinaison de molécules extraites des parois des bactéries responsables d’infections respiratoires. Un expert de l’université du Queensland, Peter Sly, écrit sur la façon dont les bactéries contenues dans une capsule pourraient <a href="https://theconversation.com/om85-could-bacteria-in-a-capsule-protect-us-from-coronavirus-and-other-respiratory-infections-140064">nous protéger contre les coronavirus et autres infections respiratoires</a>.</li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/140784/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Dans le tour d’horizon de cette semaine des articles sur les coronavirus rédigés par des universitaires du monde entier, nous explorons les impacts disproportionnés de Covid-19 et les dernières nouvelles sur les essais de médicaments.Yessar Rosendar, Business + Economy (Indonesian edition)Mehdi Harmi, EditorLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1376362020-05-04T19:42:32Z2020-05-04T19:42:32ZDe Managua au Cap, le trafic de drogue au temps du Covid-19<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/331731/original/file-20200430-42935-1tsu3y0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=49%2C261%2C4099%2C2624&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des gangs de trafiquants de drogue ont contribué à imposer des couvre-feux dans les favelas (quartiers pauvres) de Rio, ordonnant aux habitants de rester chez eux après 20 heures.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Un <a href="https://www.theguardian.com/society/2020/apr/13/a-million-volunteer-to-help-nhs-and-others-during-covid-19-lockdown">million de personnes</a> se seraient portées volontaires pour soutenir les activités du département de santé publique (NHS) au Royaume-Uni. Ailleurs des milliers <a href="https://www.un.org/africarenewal/web-features/coronavirus/meet-10-young-people-leading-covid-19-response-their-communities">d’individus</a> prennent des initiatives localement afin d’atténuer les effets de la pandémie. Un peu partout dans le monde, un mouvement de solidarité globale face à la propagation du Covid-19 semble émerger.</p>
<p>Certaines de ces initiatives incluent étonnamment des groupes considérés comme hors-la-loi, tels les gangs. Certains <a href="https://www.theguardian.com/world/2020/mar/25/brazil-rio-gangs-coronavirus">reportages</a> récents rapportent ainsi qu’à Rio de Janeiro, au Brésil, des gangs de trafiquants de drogue ont contribué à imposer des couvre-feux dans les favelas (quartiers pauvres) de la ville, ordonnant aux habitants de rester chez eux après 20 heures.</p>
<p>Les membres de ces gangs <a href="https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-brazil-favelas-fea/gangs-call-curfews-as-coronavirus-hits-rio-favelas-idUSKBN21B3EV">se justifient</a> en affirmant imposer « un couvre-feu parce que personne ne prend cette [pandémie] au sérieux ». Un acte que beaucoup ont salué face à la <a href="https://theconversation.com/face-a-sa-gestion-de-crise-au-bresil-le-pouvoir-de-bolsonaro-ebranle-136158">réponse désastreuse</a> du gouvernement Bolsonaro au Covid-19.</p>
<p>De même, en Afrique du Sud, la propagation du Covid-19 a donné lieu à des <a href="https://www.bbc.com/news/av/world-africa-52205158/how-coronavirus-inspired-a-gangland-truce-in-south-africa">trêves entre gangs rivaux</a> dans la ville du Cap, avec des groupes ennemis allant parfois même jusqu’à s’allier afin d’aider à distribuer de la nourriture dans les townships (communautés pauvres) pour faire face aux pénuries causées par <a href="https://theconversation.com/covid-19-south-africas-neglected-military-faces-mission-impossible-133250">l’imposition de mesures de confinement par l’armée sudafricaine</a>.</p>
<p>À Rio de Janeiro comme au Cap, les gangs constituent souvent la principale forme d’autorité dans les favelas et les townships, soit parce que la présence de l’État y est faible ou inexistante, soit parce que celui-ci leur a <a href="https://books.google.ch/books?id=MYsyc-n1kJ0C&pg=PA192&dq=The+sovereign+outsourced:+local+justice+and+violence+in+Port+Elizabeth&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwjthLKbq-_oAhVcBhAIHV-0BO4Q6AEISjAE#v=onepage&q=The%20sovereign%20outsourced%3A%20local%20justice%20and%20violence%20in%20Port%20Elizabeth&f=false">« délégué »</a> son pouvoir.</p>
<p>Les gangs fournissent souvent déjà aux communautés locales toute une gamme de services, notamment en termes de sécurité, de prêts financiers, ou bien en offrant des formes de justice (violente). Répondre à la menace que constitue le Covid-19 peut être vu ainsi tout simplement comme une extension de ces formes de <a href="https://theglobal.blog/2020/03/18/gang-governance-from-the-local-to-the-global/">« gouvernance gangster »</a>.</p>
<h2>Dynamique des gangs</h2>
<p>Les gangs – tout comme beaucoup <a href="https://theconversation.com/terrorists-militants-and-criminal-gangs-join-the-fight-against-the-coronavirus-135914">d’autres groupes armés</a> – sont des institutions locales fondamentalement imbriquées dans leur contexte social, qui réagissent toujours à l’évolution de leurs <a href="https://theconversation.com/what-gangs-tell-us-about-the-world-we-live-in-114221">circonstances structurelles</a>. Ainsi, l’émergence des gangs peut être liée de manière générale à des conditions plus larges d’inégalité, et de lutte contre la discrimination et l’exclusion sociale. Mais dans quelle mesure les interventions par des gangs dans le contexte de la propagation du Covid-19 sont-elles altruistes ou plutôt instrumentales ?</p>
<p>C’est une question que nous explorons actuellement dans le cadre de notre recherche comparative sur la dynamique des gangs au Nicaragua et en Afrique du Sud pour le projet <a href="https://graduateinstitute.ch/research-centres/centre-conflict-development-peacebuilding/gangs-gangsters-and-ganglands-towards">GANGS</a>. Le matériel de recherche qui a nourri cet article s’adosse à une recherche <a href="https://cdn.theconversation.com/static_files/files/1019/1_-_GANGS_project_overview.pdf?1588060229">en cours</a> qui se déroule en ce moment au <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-latin-american-studies/article/living-in-the-shadow-of-death-gangs-violence-and-social-order-in-urban-nicaragua-19962002/4DF2EFF5663289AACBC6538C126A8E30">Nicaragua</a> et en <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/G/bo6161597.html">Afrique du Sud</a>.</p>
<p>Notre planning de recherche a été considérablement perturbé par la crise de Covid-19. A peine étions-nous arrivés en Afrique du Sud le 12 mars pour un mois de travail de terrain que nos universités respectives nous ont demandé de rentrer dans la précipitation en Europe. Grâce à WhatsAap et aux nouvelles technologies, nous sommes cependant en contact permanent avec de nombreuses personnes-ressources qui nous aident sur le terrain, et que nous connaissons pour la plupart depuis plus de <a href="https://www.cairn.info/revue-cultures-et-conflits-2018-2-page-59.htm">vingt ans</a>.</p>
<p>Nous avons discuté virtuellement avec divers types d’habitants des quartiers pauvres des villes au Nicaragua et en Afrique du Sud dans lesquelles nous effectuons nos recherches, y compris des membres de gangs et des trafiquants de drogue. Nous leur avons demandé comment le Covid-19 avait affecté leurs activités. Leurs réponses apportent une image bien plus nuancée que la plupart des reportages publiés jusqu’à maintenant, suggérant en particulier que dans certains cas, le Covid-19 a donné lieu à la fois à des contraintes mais aussi à de nouvelles opportunités pour les gangs et le trafic de drogue. Les actes des gangs s’inscrivent alors moins dans une dynamique altruiste que dans une recherche de gains personnels ou de rapports de force.</p>
<h2>Le Nicaragua, entre peur et ignorance de la pandémie</h2>
<p>Le Nicaragua est devenu <a href="https://www.thelancet.com/journals/langlo/article/PIIS2214-109X(20)30131-5/fulltext">notoire</a> comme l’un des rares pays au monde à avoir ignoré les réalités du Covid-19. Le pays n’a ni fermé ses frontières, ni imposé quelconques mesures de confinement, ni favorisé une politique de distanciation sociale, et il n’a pas non plus mis en place de mesures de soutien économique face aux perturbations causées par la pandémie.</p>
<p>Ceci étant dit, nos conversations avec des habitants du barrio Luis Fanor Hernández*, un quartier pauvre de Managua, la capitale du Nicaragua, laisse voir qu’en dépit de l’absence de mesures de confinement et de distanciation sociale formelles, nombre d’individus sont plus réticents à sortir dans la rue et de nombreuses entreprises locales ont fermées. Comme nous l’a expliqué Doña Yolanda, une habitante du quartier que Dennis connaît depuis plus de vingt ans :</p>
<blockquote>
<p>« Les gens ont peur du virus, alors ils ne sortent pas, les rues sont désertes et les magasins fermés ».</p>
</blockquote>
<p>Ceci a eu un impact dramatique et extrêmement négatif sur les moyens de survie économique étant donné que beaucoup au Nicaragua – le <a href="https://www.forbes.com/places/nicaragua/">deuxième pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental après Haïti</a> – vivent au jour le jour.</p>
<p>Cela comprend de nombreux petits trafiquants de drogue tel Antonio, qui nous confia :</p>
<blockquote>
<p>« Ce pays est foutu, les gens n’ont pas d’argent, alors ils ne viennent plus acheter de [la drogue]. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/329779/original/file-20200422-47810-vh7v20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/329779/original/file-20200422-47810-vh7v20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=774&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/329779/original/file-20200422-47810-vh7v20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=774&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/329779/original/file-20200422-47810-vh7v20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=774&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/329779/original/file-20200422-47810-vh7v20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=973&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/329779/original/file-20200422-47810-vh7v20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=973&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/329779/original/file-20200422-47810-vh7v20.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=973&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les invendus d’Antonio.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Dennis Rodgers</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il nous a envoyé une photo de son stock de drogue invendu, en se plaignant :</p>
<blockquote>
<p>« Je peux normalement vendre tout ça en une journée, mais je n’ai rien vendu du tout, personne ne vient, les affaires se sont effondrées. »</p>
</blockquote>
<h2>Quand le marché de la drogue s’effondre</h2>
<p>Nous avons demandé à Antonio s’il avait une stratégie afin de pallier la perte de ses revenus. Il nous a expliqué alors qu’il avait recours à deux stratégies différentes. La première consistait à appeler ses clients de classe moyenne et supérieure et de leur proposer un service de livraison à domicile :</p>
<blockquote>
<p>« Comme ça, au lieu de me rencontrer au marché ou qu’ils viennent me trouver dans le quartier, ils m’appellent et je vais chez eux, je dépose la drogue à travers leur portail, je recule de deux mètres, ils la prennent et me laissent l’argent que je récupère ensuite après qu’ils aient reculé de deux mètres. »</p>
</blockquote>
<p>Ceci étant dit, Antonio vendait principalement ses drogues – du crack, de la cocaïne, et de la marijuana – à des membres de gangs et autres jeunes du barrio Luis Fanor Hernández, et il n’a qu’une poignée de clients de classe moyenne et supérieure, auxquels il doit offrir une remise de 20 à 30 % par rapport aux prix qu’il pratiquait avant la crise.</p>
<p>La deuxième stratégie à laquelle Antonio a recours est le recouvrement (musclé) de dettes auprès de ses clients. Il n’est pas rare que les trafiquants de drogue au Nicaragua permettent à leurs clients de s’endetter, afin de les fidéliser. Mais, lorsque ces dettes atteignent un niveau qu’un dealer juge insoutenable, il demande un remboursement partiel de celles-ci, combinant un refus de vendre plus de drogues avec des menaces et de la violence physique afin d’obtenir gain de cause.</p>
<p>Cette violence reste en général maîtrisée, impliquant tout au plus un passage à tabac. Si un trafiquant de drogue par exemple sortait un couteau ou une arme à feu pour une petite dette, il acquerrait une mauvaise réputation auprès de sa clientèle qu’il risquerait de perdre. Le Covid-19 a cependant changé cela, comme Antonio nous l’a expliqué :</p>
<blockquote>
<p>« Maintenant, il est plus facile de demander de se faire rembourser ses dettes. À cause du virus, je ne peux pas tabasser les gens, car cela impliquerait de les toucher, alors maintenant j’ai une excuse valable pour les menacer avec un pistolet à deux mètres et demander mon argent. C’est beaucoup plus efficace, les gens ont vraiment peur des armes à feu, alors ils paient tout de suite. »</p>
</blockquote>
<p>Il est clair qu’une telle stratégie n’est pas viable sur le long terme, mais elle reflète bien les circonstances extraordinaires précipitées par la propagation du Covid-19, et les actions qui en découlent.</p>
<h2>En Afrique du Sud, les gangs forcent les gens à rester dans la rue</h2>
<p>La situation en Afrique du Sud est très différente. Le gouvernement a réagi rapidement à la pandémie en imposant un confinement à l’échelle nationale, et des patrouilles par l’armée sud-africaine. Il a également tenté d’organiser des <a href="https://theconversation.com/gaps-in-south-africas-relief-scheme-leave-some-workers-with-no-income-136403">distributions de vivres</a> auprès des communautés les plus défavorisées. Cependant, ni les mesures de confinement ni la distribution de nourriture n’ont été mises en œuvre de manière très efficace.</p>
<p>Dans certains <a href="https://theconversation.com/whats-driving-cape-towns-water-insecurity-and-what-can-be-done-about-it-81845">« townships » ou quartiers pauvres</a> du Cap, tel que <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Mitchells_Plain">Mitchells Plain</a>, par exemple, les gangs ont mené des émeutes contre le manque de nourriture, tandis que dans les bidonvilles tel que Overcome Heights, dans lequel nous travaillons, les gangs cherchent activement – et parfois violemment – à forcer les habitants locaux à ne pas rester chez eux mais à poursuivre leurs activités quotidiennes dans les rues du bidonville.</p>
<p>La logique sous-jacente de cette stratégie est clairement de faire en sorte que les habitants du bidonville, qui constituent la plus grande partie de la clientèle des trafiquants de drogue locaux, puissent toujours acheter de la drogue (principalement de la méthamphétamine en cristaux, connue localement sous le nom de « tik »). Ainsi, selon Norma, une habitante d’Overcome Heights et une <a href="https://dignity.dk/wp-content/uploads/publication-series-no24.pdf">informatrice clef de Steffen</a>, le trafic de drogue y a en fait prospéré en raison de la pandémie.</p>
<p>En effet, des gangs rivaux du bidonville ont saisi la situation d’urgence provoquée par la pandémie afin de consolider un accord de paix fragile conclu en décembre 2019 après presque deux années de violence extrême qui avait fait plusieurs centaines de morts localement – principalement des membres des gangs, mais aussi parmi les habitants du bidonville. Le trafic de drogue en a bénéficié, se déroulant désormais dans un environnement plus sûr – et plus facilement gérable – qu’avant.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/329785/original/file-20200422-47847-z2yssn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/329785/original/file-20200422-47847-z2yssn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/329785/original/file-20200422-47847-z2yssn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/329785/original/file-20200422-47847-z2yssn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/329785/original/file-20200422-47847-z2yssn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/329785/original/file-20200422-47847-z2yssn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/329785/original/file-20200422-47847-z2yssn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un parc dans un township du Cap transformé en mémorial pour membres de gangs décédés. Chaque ruban symbolise un membre de gang tué.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Dennis Rodgers</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’émergence de nouvelles entreprises</h2>
<p>Ce contexte de <a href="https://www.telegraph.co.uk/news/2020/04/12/unprecedented-truce-notorious-south-african-slums-gangs-join">paix relative</a> a également permis aux gangs locaux de développer de nouvelles activités qui profitent de la crise du Covid-19.</p>
<p>Par exemple, les mesures de confinement ont conduit à la fermeture des « shebeens » (bars informels clandestins) et de la plupart des petits magasins dans les townships. Les gangs locaux ont pris le relais, vendant de l’alcool et des cigarettes dans leurs maisons de shoot qui eux, restent encore ouverts. Ils le font cependant à des prix très élevés.</p>
<p>Selon Norma, l’alcool est désormais vendu au double de son prix d’avant la pandémie, tandis que les cigarettes coûtent désormais 5 rands (0,25 €) individuellement, contre un prix moyen d’environ 35 rands par paquet de 20 auparavant. Paradoxalement, le prix des drogues est resté ce qu’il était avant la crise.</p>
<h2>Les gangs face au Covid-19 – volontaires ou profiteurs ?</h2>
<p>Vue depuis Managua et le Cap, les actions des gangs et des trafiquants de drogue par rapport au Covid-19 semblent clairement relever moins de formes de soutien communautaire altruistes, et plus des stratégies liées à leur survie ou bien afin de saisir des opportunités conjoncturelles pour élargir leur base de ressources, aussi bien sur le plan collectif qu’individuellement.</p>
<p>Il en est probablement de même dans d’autres contextes, dont le Brésil, par exemple, où l’emprise des gangs sur les favelas est rarement stable, et différents gangs s’y battent constamment. Ils doivent aussi faire face à d’autres acteurs armés tels que des milices paramilitaires ou bien l’État brésilien. Agir afin de faire respecter les mesures de confinement permet clairement à un gang assiégé de se consolider, et une pandémie telle que celle du Covid-19 offre la possibilité de changer les rapports de force, d’empiéter sur les territoires d’autres groupes, ou bien de conquérir des nouvelles parts du marché de la drogue. À ce titre, ce que les actions des gangs pourraient bien signaler, ce sont en fait les <a href="https://theconversation.com/what-is-solidarity-during-coronavirus-and-always-its-more-than-were-all-in-this-together-135002">limites de la solidarité sociale</a> en temps de crise, et une fenêtre sur le futur si la pandémie devait s’empirer.</p>
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<p><em>Les prénoms et certains noms de lieux ont été anonymisés par mesure de sécurité.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/137636/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dennis Rodgers receives funding from the European Research Council (ERC) under the European Union’s Horizon 2020 research and innovation programme (grant agreement No. 787935).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Steffen Bo Jensen ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>A quel point l’activité des gangs et leur « aide » en temps de crise peuvent-elles vraiment être qualifiées d’altruistes ?Dennis Rodgers, Research Professor, Anthropology and Sociology, Graduate Institute – Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID)Steffen Bo Jensen, Professor, Department of Politics and Society, Aalborg UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1357742020-04-07T10:28:17Z2020-04-07T10:28:17ZLeçons de confinement : comment Mandela a su rester en forme dans sa minuscule maison de Soweto et en prison<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/325838/original/file-20200406-104477-1v77z7z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C0%2C4233%2C2532&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'ancien président sud-africain Nelson Mandela avec l'ancien champion du monde de boxe américain Marvin Hagler. Cette photo non datée a été prise après la libération de Mandela.</span> <span class="attribution"><span class="source">Louise Gubb/Getty Images</span></span></figcaption></figure><p><em>La propagation du Covid-19 a forcé des millions de personnes dans le monde à se confiner chez eux et à abandonner les exercices en plein air. Quand on possède une grande maison et un jardin, la situation est gérable, mais que faire quand on vit dans des maisons exiguës ou des appartements minuscules ? Peut-on éviter de se laisser aller pendant le confinement ? Gavin Evans examine comment l’ancien boxeur et icône de la lutte de libération sud-africaine <a href="https://www.sahistory.org.za/people/nelson-rolihlahla-mandela">Nelson Mandela</a> a réussi à garder la forme alors qu’il était incarcéré dans une minuscule cellule de Robben Island.</em></p>
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<p>15 février 1990 : Nelson Mandela se réveille comme toujours à 5 heures du matin et commence son programme d’exercices d’une heure. La différence, cette fois-ci, est qu’au lieu d’une cellule de prison, sa salle de gym est une pièce de sa maison <a href="https://www.sowetanlive.co.za/news/2008-07-17-matchbox-house-revolution-is-needed-for-soweto/">« boîte d’allumettes »</a> – appelée ainsi pour sa petite taille – située au 8115 Vilakazi Street, à Soweto. Et que, bientôt, il sera assiégé par des journalistes, des sympathisants, des diplomates et des membres de sa famille qui viendront le saluer après sa sortie de prison quatre jours plus tôt.</p>
<p>Je l’interviewe quelques heures plus tard pour lui demander ce qu’il a prévu de faire. Ses réponses sont claires et concises et je suis trop nerveux pour approfondir. Mais vers la fin, je lui pose une question sur la boxe, et son attitude réservée change soudain. Rayonnant de joie, il commence à parler de ses boxeurs préférés et de la façon dont il a suivi l’actualité de ce sport en prison.</p>
<p>Mandela a commencé la boxe quand il était étudiant à <a href="https://www.sahistory.org.za/place/university-fort-hare">l’université de Fort Hare</a>. Il s’est mis à s’entraîner plus sérieusement pendant ses années d’études, de travail et de lutte à Johannesburg dans les années 1940 et 1950, bien qu’il ne soit pas allé jusqu’à combattre en compétition. Des décennies plus tard, il se montrait modeste sur son niveau : « Je n’ai jamais été un boxeur exceptionnel », a-t-il écrit dans son autobiographie <a href="https://www.goodreads.com/book/show/318431.Long_Walk_to_Freedom">Long Walk to Freedom</a>. </p>
<blockquote>
<p>« J’étais dans la division des poids lourds, et je n’avais pas assez de puissance pour compenser mon manque de vitesse, ni assez de vitesse pour compenser mon manque de puissance. »</p>
</blockquote>
<p>Il appréciait particulièrement la rigueur de l’entraînement – une routine périodiquement rompue par les arrestations et les exigences de la « lutte ». Il écrivait ainsi :</p>
<blockquote>
<p>« Je passais ma colère et ma frustration sur un punching-ball plutôt que de m’en prendre à un camarade ou même à un policier. »</p>
</blockquote>
<h2>Se réfugier dans l’exercice</h2>
<p>Mandela considérait que cette routine était la clé à la fois de sa santé physique et de sa tranquillité d’esprit.</p>
<blockquote>
<p>« L’exercice dissipe les tensions, et la tension est l’ennemie de la sérénité. J’ai découvert que je travaillais mieux et pensais plus clairement lorsque j’étais en bonne condition physique, et je me suis donc inflexiblement plié, toute ma vie durant, à la <a href="http://www.mindfulnext.org/mandela-on-peace-of-mind/">discipline de l’entraînement</a>.»</p>
</blockquote>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/325700/original/file-20200406-74206-1oblloc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/325700/original/file-20200406-74206-1oblloc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=893&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/325700/original/file-20200406-74206-1oblloc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=893&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/325700/original/file-20200406-74206-1oblloc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=893&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/325700/original/file-20200406-74206-1oblloc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1123&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/325700/original/file-20200406-74206-1oblloc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1123&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/325700/original/file-20200406-74206-1oblloc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1123&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Nelson Mandela était un passionné de boxe. Ici vers 1950.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Getty Images</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Quatre matins par semaine, il partait courir et trois soirs par semaine, il s’entraînait dans une salle de boxe de Soweto – sa façon de se perdre « dans quelque chose qui n’était pas la lutte ». Il disait qu’il se réveillait le lendemain matin en se sentant plus frais, « mentalement et physiquement plus léger » et « prêt à repartir au combat ».</p>
<p>À partir de 1960, Mandela s’est mis à organiser la campagne clandestine de la branche militaire du Congrès national africain, <a href="https://www.sahistory.org.za/article/umkhonto-wesizwe-mk">umKhonto weSizwe</a>, se déplaçant dans tout le pays déguisé en chauffeur et se rendant à l’étranger pour rallier des soutiens, si bien que son entraînement à la boxe est devenu sporadique. Le « Mouron noir », comme on l’appelait (« Black Pimpernel », en référence au héros du roman de cape et d’épée britannique <em>The Scarlet Pimpernel</em>, le « Mouron rouge »), a été arrêté en 1962 – suite, <a href="https://www.theguardian.com/us-news/2016/may/15/cia-operative-nelson-mandela-1962-arrest">comme on l’a appris plus tard</a>, à un tuyau donné par la CIA à la police de l’apartheid – et a passé les 27 années et demie suivantes en prison, dont dix-huit à Robben Island.</p>
<h2>La vie derrière les barreaux</h2>
<p>À l’arrivée de Mandela à Robben Island, un gardien de prison a ricané : « Bienvenue dans l’île. C’est ici que tu vas mourir. » Une partie de la difficulté de sa vie de prisonnier consistait à s’habituer à la monotonie. Comme il l’a formulé lui-même :</p>
<blockquote>
<p>« La vie en prison est une question de routine : chaque journée est identique à la précédente, chaque semaine également, de sorte que les mois et les années se fondent les uns dans les autres. »</p>
</blockquote>
<p>La routine quotidienne du <a href="https://www.bbc.com/news/world-africa-23618727">matricule 46664</a> consistait en un travail manuel exténuant : il s’agissait de travailler dans une carrière pour extraire le calcaire en utilisant de lourds marteaux pour briser les roches en gravier. Ce travail était épuisant, mais Mandela n’en a pas pour autant abandonné ses exercices physiques d’antan. Désormais, le rituel commençait à 5 heures du matin et se déroulait dans une cellule humide de 2,1 mètres carrés plutôt que dans une salle de boxe de Soweto trempée de sueur. « J’ai essayé de suivre mon ancienne routine de boxe, qui consistait à faire de la course et de la musculation », a-t-il expliqué.</p>
<p>Il commençait par courir sur place pendant 45 minutes, suivi de 100 pompes avec doigts en extension, 200 abdos, 50 flexions profondes des genoux et des exercices de gymnastique appris lors de son entraînement en salle (à l’époque, et aujourd’hui encore, cela comporte des sauts en étoile et des « burpees » – des mouvements où l’on commence debout avant de s’accroupir, de poser les mains au sol, de projeter ses pieds en arrière, puis de revenir en position accroupie et de se relever).</p>
<p>Mandela se tenait à cette routine du lundi au jeudi, puis se reposait pendant trois jours. Il a tenu ce rythme même pendant ses nombreux séjours en isolement.</p>
<h2>Vaincre la tuberculose</h2>
<p>En 1988, âgé de 70 ans, il contracte une tuberculose qu’exacerbe l’humidité de sa cellule. Il est admis à l’hôpital, toussant du sang. Transféré dans la maison d’un gardien de prison à <a href="https://www.sahistory.org.za/dated-event/mandela-moved-victor-verster-prison">Victor Verster Prison</a> près de Paarl, il reprend rapidement une version tronquée de son programme d’exercices, qui comprend désormais des longueurs de piscine.</p>
<p>Il est libéré de prison, avec d’autres prisonniers politiques, le <a href="https://www.youtube.com/watch?v=v1azBzDpmEU">11 février 1990</a>, neuf jours après la <a href="https://theconversation.com/fw-de-klerk-made-a-speech-30-years-ago-that-ended-apartheid-why-he-did-it-130803">levée de l’interdiction</a> du Congrès national africain et d’autres mouvements de libération. Il devient ensuite le premier président d’une Afrique du Sud démocratique, poste qu’il a occupé de <a href="https://www.sahistory.org.za/article/nelson-mandela-presidency-1994-1999">1994 à 1999</a>.</p>
<p>Naturellement, lorsqu’il a atteint la barre des 80 ans, il a allégé son programme d’exercices mais ne l’a jamais abandonné. Il <a href="https://mg.co.za/article/2013-12-05-nelson-mandela-dies/">est décédé le 5 décembre 2013</a>, à l’âge de 95 ans, d’une infection respiratoire.</p>
<p>Mandela pensait que l’habitude de faire de l’exercice toute sa vie durant l’avait aidé à survivre à la prison et à en sortir prêt à relever les défis qui l’attendaient. « En prison, il était absolument essentiel d’avoir un exutoire pour mes frustrations », a-t-il déclaré – des mots qui parleront sans doute à tous ceux qui se retrouvent aujourd’hui, du fait de l’épidémie de Covid-19, contraints d’affronter des mois de confinement dans des conditions d’exiguïté…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/135774/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gavin Evans ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La vie en prison est une question de routine : chaque journée est identique à la précédente, chaque semaine également, de sorte que les mois et les années se fondent les uns dans les autres.Gavin Evans, Lecturer, Culture and Media department, Birkbeck, University of LondonLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1317202020-02-17T18:14:07Z2020-02-17T18:14:07ZLe dilemme des États africains : entre besoin d’investir et risque de surendettement<p><em>Cet article – y compris les données chiffrées dont les sources ne sont pas indiquées en liens – provient du travail réalisé par les auteurs dans le cadre du livre collectif <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-L___conomie_africaine_2020-9782348057465.html">« L’économie africaine 2020 »</a>, paru aux éditions La Découverte en janvier 2020.</em></p>
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<p>Le processus de développement économique induit des financements importants destinés à la mise en place d’infrastructures et de services publics. L’essentiel de ces financements est couvert par l’endettement, notamment public. L’encours de la dette publique africaine s’inscrit ainsi en <a href="https://lelab.info/la-dette-publique-africaine-inquiete/">hausse depuis le début de la décennie 2010</a>. En 2018, elle s’est élevée à 1 330 milliards de dollars, soit 60 % du PIB continental, ou encore 1 060 dollars par habitant. Cette augmentation, bien que marquée par des disparités fortes selon les pays, interroge sur la viabilité de l’endettement des États et pose la question du financement de leur processus de développement.</p>
<h2>Des situations d’endettement public très contrastées</h2>
<p>Après avoir connu une forte décrue dans les années 2000, en lien avec les annulations de dette octroyées dans le cadre de l’<a href="https://www.imf.org/external/np/hipc/prog2/fre/0499f.htm">Initiative en faveur des pays pauvres très endettés</a>, l’encours de la dette publique a repris une trajectoire ascendante au début de la décennie 2010. Le poids relatif de la dette publique africaine est ainsi passé d’un point bas de 35 % du PIB en 2010 à 60 % du PIB en 2018 (soit + 25 points de PIB). Ce taux d’endettement public moyen de l’Afrique reste toutefois encore nettement inférieur aux sommets atteints avant l’entrée en vigueur des allègements de dette (autour de 100 % du PIB) et, répétons-le, les situations d’endettement des pays sont loin d’être uniformes.</p>
<p>En 2018, l’Afrique de l’Ouest présente le ratio de dette publique le plus faible du continent (38 % du PIB). Mais cette performance résulte pour l’essentiel du poids prépondérant du Nigeria, historiquement peu endetté (28 % du PIB), alors que le reste de la zone affiche un ratio nettement plus élevé (56 % du PIB). L’Afrique de l’Est est particulièrement endettée (73 % du PIB) du fait du poids du Soudan qui affiche un taux d’endettement extrême (166 % du PIB) tandis que le reste de la région présente un ratio moyen beaucoup plus raisonnable (52 % du PIB). Le taux d’endettement apparaît plus défavorable dans les pays d’Afrique australe, hors Afrique du Sud, avec un taux de dette moyen de 69 % du PIB, résultant d’une hausse particulièrement dynamique au cours de la dernière décennie, en particulier en Angola, au Mozambique et en Zambie. </p>
<p>L’Afrique du Nord est la région où le taux d’endettement public est le plus élevé (74 % du PIB en 2018) avec des dynamiques haussières particulièrement rapides suite aux printemps arabes. Enfin, en Afrique centrale, la hausse de la dette publique s’est concentrée sur la période 2014-2016, et a été étroitement corrélée avec la baisse des cours internationaux du pétrole. Cette augmentation a été significative (+ 24 points sur trois ans) mais de courte durée puisque l’Afrique centrale apparaît comme la seule région où les ratios d’endettement public ont baissé depuis 2017.</p>
<h2>Une modification de la structure de l’endettement public</h2>
<p>Au-delà de sa dynamique haussière, l’endettement public se caractérise également par la modification significative de sa composition. La première inflexion concerne la substitution des créanciers traditionnels de l’OCDE, rassemblés au sein du <a href="https://clubdeparis.fr/">Club de Paris</a>, par les créanciers des pays émergents, notamment la <a href="https://www.lepoint.fr/economie/chine-afrique-la-dette-s-envole-c-est-grave-docteur-04-01-2019-2283323_28.php">Chine</a>. L’érosion de la contribution du Club de Paris est massive : son encours de dette sur l’Afrique est ainsi passé de 67 milliards de dollars en 2010 à 44 milliards en 2017 tandis que l’encours global des créanciers bilatéraux progressait sur la même période de 70 à 128 milliards de dollars.</p>
<p>La deuxième modification majeure est la montée de la part de la dette émise sur les marchés financiers internationaux. À partir de 2013, l’augmentation de la liquidité internationale et la baisse des rendements dans les économies avancées ont conduit les investisseurs internationaux à s’intéresser à la dette publique de certains pays africains qui n’avaient auparavant pas accès aux marchés internationaux.</p>
<p>Cette nouvelle capacité à émettre a concerné une bonne dizaine de pays (Angola, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Gabon, Ghana, Kenya, Mozambique, Nigeria, République du Congo, Rwanda, Sénégal, Zambie) sur des maturités généralement de 5 à 12 ans mais pouvant monter jusqu’à 30 ans. Les montants de dette émis ont été élevés et, en 2019, l’encours de dette obligataire externe a ainsi atteint 15 % du PIB au Sénégal, 14 % en Côte d’Ivoire, 12 % au Gabon et en Zambie, 11 % du PIB au Ghana.</p>
<p>Cette évolution de la structure de la dette a des impacts à différents niveaux et, en premier lieu, sur le coût des emprunts. Les titres émis sur les marchés internationaux sortent à des taux d’intérêt rarement inférieurs à 5 % et souvent supérieurs à 7 %, soit des taux bien plus élevés que ceux obtenus pour des financements d’institutions multilatérales, type Banque mondiale ou Banque africaine de développement, ou des créanciers publics bilatéraux qui accordent des financements à des taux concessionnels (inférieurs au coût du marché).</p>
<h2>Une viabilité de la dette publique qui se détériore globalement</h2>
<p>Cette montée de l’endettement enregistrée au cours des dernières années pose la question de sa viabilité, c’est-à-dire de la capacité des États à honorer les engagements liés à leurs emprunts. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale conduisent annuellement des <a href="https://www.imf.org/external/pubs/ft/dsa/lic.aspx">analyses de la viabilité de l’endettement</a> et les résultats montrent que la viabilité de la dette s’est globalement détériorée depuis 2014. Dans les 39 pays d’Afrique classifiés à faible revenus, le nombre de pays où la dette publique extérieure est jugée en risque élevé de surendettement ou en situation de défaut est ainsi passé de 7 à 19 entre 2014 et 2018.</p>
<p>Pour ces pays en difficulté, les restructurations de dette qui devraient être éventuellement négociées pour remettre la dette sur une trajectoire soutenable font face à deux défis importants induits par la modification de la structure d’endettement décrite plus haut. D’une part, la fragmentation des créanciers et leur non-coordination impliquent que l’environnement des futures restructurations de dette s’en trouve complexifié, avec des discussions potentiellement plus compliquées pour les débiteurs. D’autre part, la proportion croissante de dette détenue par des créanciers privés expose les pays au risque de connaître des contentieux juridiques coûteux lors des restructurations. En effet, depuis les années 2000, une part croissante des restructurations de dette donne lieu à des <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3171984">contentieux</a> du fait de créanciers non coopératifs, appelés communément « fonds vautours ».</p>
<p>Malgré la montée de la dette publique, la viabilité de cet endettement public reste toutefois relativement satisfaisante, en 2019, dans les 15 pays africains qui sont considérés en risque modéré de surendettement et, plus particulièrement dans les 5 pays qui sont classifiés en risque faible, à savoir le Lesotho, l’Ouganda, le Rwanda, le Sénégal et la Tanzanie.</p>
<h2>Dans un contexte incertain et dégradé, quelle stratégie de financement adopter ?</h2>
<p>S’endetter pour financer ses investissements publics peut être considéré comme soutenable mais deux dimensions apparaissent cruciales pour concilier ce besoin d’investir avec un risque de surendettement limité. Premièrement, le fait que la dette publique serve à financer les investissements publics dont le pays a besoin est certes un facteur positif mais il est essentiel que les outils de gestion de la dette qui recouvrent notamment l’élaboration de stratégies d’endettement, ainsi que la maîtrise des risques de change, d’intérêt et de refinancement, soient adaptés et performants. Deuxièmemement, il convient de s’interroger sur la capacité des investissements financés à assurer le remboursement ultérieur des dettes contractées.</p>
<p>Cela pose la question de la qualité des investissements financés, tant du point de leur pertinence (réalité des effets attendus) que de leur efficience (coût-efficacité). Ces questionnements sur les choix d’investissements publics et sur l’adéquation de leur financement devraient constituer des points de vigilance permanents.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131720/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’Afrique a besoin d’investissements massifs. Mais ceux-ci se réalisent à travers la montée de l’endettement public, ce qui est porteur de certains risques.Christophe Barat, Chef de projets Gouvernance des entreprises publiques, Agence française de développement (AFD)Hélène Ehrhart, Économiste du développement, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1258542019-10-27T20:38:48Z2019-10-27T20:38:48ZBarbara Cassin : « Le discours a le pouvoir de fabriquer du réel »<p>Neuvième femme admise à l’Académie française, la philosophe et philologue a fait son entrée sous la Coupole le jeudi 17 octobre 2019. Dans cet entretien vidéo, elle souligne le pouvoir du langage performatif, et établit un parallèle entre le dispositif de parole adopté par la commission Vérité et réconciliation – créée en 1995 en Afrique du Sud afin de sortir de l’apartheid – et le discours des sophistes.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/Y8KuoB9KH2Y?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p><strong>Interview</strong> : Sonia Zannad / <strong>Réalisation</strong> : Benoît Tonson</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125854/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Premier épisode d’une série d’entretiens avec la philosophe et philologue, admise récemment à l’Académie française.Sonia Zannad, Cheffe de rubrique Culture, The Conversation FranceBenoît Tonson, Chef de rubrique Science + Technologie, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1202342019-07-18T19:08:55Z2019-07-18T19:08:55ZŒnotourisme, la course mondiale à l’innovation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/283653/original/file-20190711-173351-g4lf8c.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C347%2C880%2C662&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'agence de voyage alsacienne LK Tours propose aux touristes de visiter les vignobles à bord d'un bus cabriolet.</span> <span class="attribution"><span class="source">LK Tours </span></span></figcaption></figure><p>Des vignobles vallonnés à perte de vue. Des propriétés de charme. Des caves fraîches où l’on déguste des nectars… le tourisme œnologique ne date pas d’hier. Nombreux sont les connaisseurs qui visitent régulièrement les caves afin de dénicher à bon prix les bouteilles qui, le temps venu, orneront leurs tables. Mais cet œnotourisme traditionnel est aujourd’hui en pleine révolution. Objectif : conquérir de nouveaux publics, plus jeunes, plus internationaux, susceptibles d’apporter aux régions viticoles des compléments de revenu particulièrement précieux dans un temps où la consommation de vin a <a href="https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/la-production-de-vin-s-envole-la-consommation-stagne_2072461.html">tendance à stagner</a> et où la concurrence s’exacerbe.</p>
<p>Organisées fin juin à Strasbourg, les <a href="https://winetourism2019.sciencesconf.org/">premières rencontres scientifiques internationales sur l’œnotourisme</a>, ont permis de mettre en évidence l’ampleur des transformations à l’œuvre dans ce secteur en plein essor au travers la présentation d’<a href="https://winetourism2019.sciencesconf.org/data/pages/Proceedings_V1.pdf">études et de travaux de recherche en cours</a>. Il en ressort notamment que l’Europe s’inspire souvent à sa manière de tendances nées dans le Nouveau Monde.</p>
<h2>Les millenials, cible prioritaire</h2>
<p>La création de « Cités du vin » est un des phénomènes les plus marquants de ces dernières années. Objectif : amener les vignobles dans la ville. Autrement dit, permettre aux touristes de découvrir en quelques heures de nombreux vins, sans avoir à parcourir des kilomètres. Bordeaux a beaucoup communiqué sur l’ouverture récente de sa Cité. Un espace analogue a ouvert à Adélaïde en Australie. Boston, aux États-Unis, est le lieu d’un festival du vin réputé.</p>
<p>Mais c’est l’expérience barcelonaise qui a retenu l’attention des chercheurs. L’Espagne est le <a href="https://www.larvf.com/,vins-espagne-premier-producteur-mondial-de-vin,4364296.asp">premier pays exportateur mondial</a> de vin en volume, et Barcelone la destination d’un tourisme de masse que les Barcelonais aspirent à faire monter en gamme. Ce n’est donc pas un hasard si une offre spécifique combinant dégustations et activités autour des vins et mets locaux s’y est créée ces dernières années, impliquant de nombreux vignerons de la région et des bars à vins associés.</p>
<p>Une étude de cas portant sur la ville de Barcelone, menée par deux chercheurs italiens, montre comment cette offre, devenue régulière, est parvenue à attirer, au-delà du public de connaisseurs qui visite traditionnellement les domaines, des touristes plus jeunes ayant une culture du vin limitée, et qui s’y sensibilisent ainsi, en ayant peu d’efforts à fournir.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/283655/original/file-20190711-173366-1bs4enl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/283655/original/file-20190711-173366-1bs4enl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/283655/original/file-20190711-173366-1bs4enl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/283655/original/file-20190711-173366-1bs4enl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/283655/original/file-20190711-173366-1bs4enl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/283655/original/file-20190711-173366-1bs4enl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/283655/original/file-20190711-173366-1bs4enl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/283655/original/file-20190711-173366-1bs4enl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les millennials, nouvelle clientèle à conquérir pour les acteurs du vin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Natalia Velikova</span></span>
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<p>Les millennials, qui boivent sensiblement moins que leurs aînés, sont justement une des cibles prioritaires des régions qui cherchent à développer l’œnotourisme. Une recherche récente, menée par des chercheurs américains cette fois, a mis en évidence les attentes et les réticences de cette jeune génération. Disposant de peu de temps, ils désirent des expériences relaxantes, et accordent une importance majeure à l’esthétique des paysages et à l’atmosphère des domaines, bien plus qu’aux dégustations à proprement parler.</p>
<p>La qualité de l’image diffusée sur le net par les domaines et plus largement par les régions viticoles joue à cet égard un rôle clé dans leur succès auprès de cette population dont le smartphone est aujourd’hui la boussole.</p>
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<p>De manière générale, l’usage du numérique se développe dans le milieu de l’œnotourisme. En France, <a href="https://www.geovina.com/">Geovina</a> fait figure d’appli pionnière, aidant les amateurs de bons vins à se concocter des voyages sur mesure dans les régions viticoles de l’Hexagone. En Alsace, une agence de voyage, <a href="https://www.lktours.fr/">LK Tours</a>, s’est lancée à échelle régionale, proposant aux touristes non motorisés un parcours dans un bus à cabriolet, le <a href="https://kutzig.fr/">Kutzig</a>, avec une appli leur permettant de repérer facilement les activités offertes dans chaque village.</p>
<h2>Des réussites collectives</h2>
<p>Ces innovations résultent à chaque fois d’un travail collectif mené par des clusters d’innovation solidement implantés. Réalisée en Allemagne, une recherche montre l’importance déterminante de ces écosystèmes dans la création des nouvelles offres touristiques. Ne réussissent à dynamiser leurs activités que les acteurs qui parviennent à travailler de concert, tous métiers associés : vignerons, hôteliers, restaurateurs, voyagistes, cavistes, guides, start-up technologiques, etc.</p>
<p>Une autre recherche, menée cette fois en Afrique du Sud, confirme à quel point les réussites sont toujours collectives. La ferme de Fairview, fondée au XVII<sup>e</sup> siècle à 50 kilomètres de Cape Town et réputée pour sa production de vins et de fromages, a réussi à devenir une attraction de premier plan, avec ses ateliers permettant d’apprendre à reconnaître les vins et à fabriquer les fromages.</p>
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<p>Se sont montées successivement à proximité immédiate une fabrique de bière artisanale, un atelier de torréfaction de café, ou encore une chocolaterie, permettant à chaque fois aux touristes d’apprendre auprès des artisans et de participer symboliquement à la production. L’image d’authenticité du lieu, son ancrage dans l’environnement naturel sont des facteurs clés d’un succès devenu emblématique en Afrique du Sud, avec près de 500 000 visiteurs par an ! Fairview en est venu à servir de modèle à d’autres domaines fragilisés par la concentration accélérée de la distribution des vins et ne pouvant plus vivre de la seule vente de bouteilles aux négociants.</p>
<p>Dans le Sud-Tyrol, en Autriche, une recherche sur les <a href="https://www.vinumhotels.com/en/winehotel/1-0.html">Vinum Hotels</a> met en évidence la manière dont ils ont aussi su jouer la carte de l’authenticité et de la nature, mais dans un cadre tout différent. Ce ne sont pas des vignerons qui ont ici pris le lead, mais cette fois une trentaine d’hôteliers indépendants, proposant aux touristes des moments privilégiés au milieu des vignobles : dégustations et visites, découverte des traditions locales et de l’environnement naturel, rencontre de vignerons et spas luxueux, etc. Une approche un peu comparable à celle qui a fait le <a href="https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/success-stories/1381-la-saga-caudalie-44513.php">succès de Caudalie</a> dans le Bordelais, en s’appuyant sur l’image de marque d’un terroir prestigieux.</p>
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<span class="caption">En Autriche, ce sont les hôteliers qui donnent l’impulsion en matière de développement de l’œnotourisme.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Vinum Hotels Südtyrol</span></span>
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<h2>Mieux connaître les visiteurs</h2>
<p>Les néo-ruraux apportent souvent une contribution majeure à ces évolutions, montre une étude réalisée en France. Décomplexés par rapport aux approches marketing, ils ne sont pas freinés dans leurs actions par des identités professionnelles traditionnelles ancrées avant tout dans la technique vini et viticole. Pour ces viticulteurs venus d’horizons très divers, l’accueil de touristes est une activité qui semble naturellement complémentaire à la production de vins. Et ces nouveaux viticulteurs devraient voir leur nombre sensiblement augmenter. En France, notamment, un domaine sur cinq va devoir trouver un repreneur dans les cinq années qui viennent.</p>
<p>L’ouverture à des publics internationaux sera selon toute vraisemblance le plus grand défi de cette nouvelle génération. Dans un contexte de <a href="http://www.quotidiendutourisme.com/destination/la-croissance-du-tourisme-est-encore-plus-rapide-que-prevue/182778">croissance très rapide du tourisme mondial</a>, c’est toute une industrie touristique qui pourrait se développer loin des régions côtières sur fréquentées et des capitales. Mais cela exige une finesse d’analyse des différents publics susceptibles de visiter vignobles et domaines. Les touristes japonais n’ont pas les mêmes attentes que les Américains, les Chinois ou les Indiens par exemple. Or, dans des territoires pourtant dynamiques comme l’Alsace, une étude montre que peu de professionnels sont aujourd’hui capables de leur proposer des offres différenciées.</p>
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<p><em>Cet article s’appuie sur les <a href="https://winetourism2019.sciencesconf.org/data/pages/Proceedings_V1.pdf">études</a> présentées lors des <a href="https://winetourism2019.sciencesconf.org/">premières rencontres scientifiques internationales sur l’œnotourisme</a> organisées fin juin à Strasbourg.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/120234/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Coralie Haller ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans un secteur en pleine transformation, les initiatives se multiplient pour attirer les visiteurs.Coralie Haller, Enseignant-Chercheur, EM Strasbourg, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.