tag:theconversation.com,2011:/us/topics/apprentissage-21392/articlesapprentissage – The Conversation2024-03-25T16:55:38Ztag:theconversation.com,2011:article/2258102024-03-25T16:55:38Z2024-03-25T16:55:38ZFace à ChatGPT, apprendre à apprendre avec la méthode du « Maître Ignorant »<p>Tous les enseignants et parents le savent désormais, les <a href="https://theconversation.com/chatgpt-face-aux-artifices-de-lia-comment-leducation-aux-medias-peut-aider-les-eleves-207166">agents conversationnels comme ChatGPT posent un défi de taille à l’apprentissage</a> : il faut désormais s’assurer que ce ne sont pas ces outils, par leur capacité extraordinaire à produire des textes adaptés aux demandes de l’utilisateur, qui ont alimenté les dissertations, dossiers et mémoires rendus par les élèves.</p>
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<p>Comment, désormais, s’assurer que les apprenants travaillent réellement par eux-mêmes, dans une optique d’appropriation des connaissances ? Les enseignants, s’improvisant philosophes de la technique et psychologues de l’éducation, tentent d’apprendre aux élèves à utiliser intelligemment et avec une certaine éthique ces outils, en les intégrant par exemple dans leur enseignement. Mais on peut aussi proposer des méthodes plus structurées pour les y aider.</p>
<p>Nous avions mis au point, avant l’arrivée des technologies proposées par OpenAI, une méthode pédagogique pour s’assurer que les étudiants font l’effort d’assimiler réellement un savoir tout en apprenant à se servir des outils numériques : la <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2019-3-page-107.htm">méthode du « Maitre Ignorant »</a>, qui s’inspirait de la méthode de Joseph Jacotot, redécouverte par le philosophe <a href="https://www.fayard.fr/livre/le-maitre-ignorant-9782213019253/">Jacques Rancière</a>. Ce pédagogue iconoclaste du XIX<sup>e</sup> siècle avait étonné l’Europe du Nord en parvenant à faire apprendre le français à des élèves dont il ne parlait pas la langue, donc sans pouvoir passer par des explications. Cette méthode ancienne, simple et originale, trouve une nouvelle pertinence aujourd’hui avec l’arrivée des OpenAI.</p>
<h2>Promouvoir une attitude active face au savoir</h2>
<p>Cette méthode, <a href="https://www.pressesdesmines.com/produit/former-les-managers-de-demain/">que j’ai expérimentée de longues années en école de management</a>, pose pour principe que l’on n’apprend vraiment que ce dont on a soi-même besoin. Par exemple, les enfants apprennent leur langue maternelle sans aucun cours : ils apprennent par tâtonnement, par essai-erreur, par persévérance et effort, et surtout, par nécessité. C’est ce savoir qui sera réellement approprié pour toute la vie. Dès lors, le principal rôle du professeur est de vérifier que l’apprenant fait, réellement, un effort sur son apprentissage.</p>
<p>Pour cela, on remet en cause à la fois le rôle de l’élève et celui du professeur. Côté élève, on évite de le placer dans une position où il serait simplement amené à répéter, comme cela pouvait se faire dans l’enseignement traditionnel, ou de « retrouver » le savoir détenu par le professeur, comme le proposent des méthodes plus actives. Côté professeur, on évite que celui-ci se pose en « sachant » qu’il faut imiter. L’élève est alors évalué non sur ce qu’il produit comme résultat, mais sur l’effort et l’attention qu’il fournit (le travail rendu étant considéré plutôt comme un indice de ce niveau d’effort, et non un but en soi).</p>
<p>C’est ainsi que j’impose aux étudiants des sujets que je ne connais pas. Puis j’impose des discussions régulières avec l’étudiant ou le groupe d’étudiants. Je relance alors l’effort de l’apprenant par des questions du type : « qu’est-ce que c’est ? », « quelles sont vos sources ? », « qu’est-ce qui est intéressant ? » En posant régulièrement ces questions, je peux constater et surveiller qu’un effort est effectué, et qu’il y a une évolution de la pensée. Notamment, les apprenants se rendent compte alors qu’un rapide survol de Wikipédia ne suffit pas pour répondre vraiment à ces questions.</p>
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<p>Pour répondre à une objection qui y est souvent légitimement opposée, précisons toutefois que cette méthode est à l’opposé d’une conception « méprisante » ou relativiste du savoir. Au contraire,elle vise à encourager la lecture réelle de sources fiables (livres, articles scientifiques), et une attitude mature de l’apprenant face au savoir : celui-ci sera placé dans l’obligation de s’approprier réellement la connaissance, en recourant aux sources bibliographiques et aux paroles d’experts.</p>
<p>Cette méthode constitue un bon complément aux autres méthodes pour lutter, ponctuellement, contre une attitude trop passive des élèves face au savoir.</p>
<h2>Comprendre l’importance du « vécu d’apprentissage »</h2>
<p>Parce que les « agents conversationnels » comme ChatGPT présentent le danger de se substituer à l’effort d’apprentissage, on comprend pourquoi cette méthode du XIX<sup>e</sup> siècle reste d’actualité. Revenons sur les trois questions posées par le Maitre Ignorant pour voir comment elles sont adaptées aux défis posés par les OpenAI.</p>
<p><strong>« Qu’est-ce que c’est ? »</strong> : par cette question, on demande à l’apprenant de nous parler de quelque chose, de décrire et de faire comprendre à l’autre ce dont il parle. Bien entendu, ChatGPT peut le faire avec talent à la place de l’étudiant, et c’est bien là le problème. Avec les méthodes traditionnelles, qui consistent à vérifier qu’une « bonne réponse » attendue a été apportée par l’étudiant subsistera toujours le doute que cette « bonne réponse » n’a pas été artificiellement fabriquée.</p>
<p>Avec la méthode du Maitre Ignorant, en revanche, on pourra déceler facilement qu’une appropriation n’a pas eu lieu : le discours est stéréotypé, trop lisse, trop superficiel, etc. À la première tentative d’approfondissement, ce discours s’effondrera. L’apprenant se rend compte alors que ChatGPT ne suffit pas, car, ce qui lui manque, ce ne sont pas les réponses, mais le vécu d’apprentissage, le chemin parcouru, qui donnera chair à son propos.</p>
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<p><strong>« Quelles sont vos sources ? »</strong> : Par cette question, le Maitre Ignorant vérifie simplement que l’étudiant a bien réellement lu ou vu les sources qu’il cite. Si celle-ci est ChatGPT, professeurs et élèves se rendent compte assez rapidement du manque d’effort fourni pour trouver et s’approprier ces sources.</p>
<p><strong>« Qu’est-ce qui est intéressant ? »</strong> : enfin, par cette question, on invite l’étudiant à s’intéresser et à s’engager dans le savoir. On lui demande d’exercer sa réflexivité et son esprit critique pour trouver ce qui, dans un sujet, le touche personnellement, fait sens pour lui. Il ne s’agit pas alors de développer un argumentaire tel que ChatGPT excellerait à le produire : <a href="https://theconversation.com/la-pedagogie-de-la-resonance-selon-hartmut-rosa-comment-lecole-connecte-les-eleves-au-monde-197732">il s’agit d’entrer en « résonance » avec le savoir</a> pour reprendre le mot du philosophe Hartmut Rosa.</p>
<p>Face au défi que représente ChatGPT pour l’enseignement, on a coutume de dire que ce n’est qu’un outil, et qu’il faut apprendre aux étudiants à le maitriser. Cela est vrai sur le principe, mais encore faut-il se demander comment y parvenir. La méthode du Maitre Ignorant y participe en préservant le sens de ce qu’est un réel apprentissage.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225810/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Régis Martineau ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Créée au XIXᵉ siècle pour inciter les élèves à s’investir dans leurs apprentissages, la méthode du « Maitre Ignorant » trouve une nouvelle pertinence face aux agents conversationnels. Explications.Régis Martineau, Phd. en Management, ICN Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2252292024-03-21T15:42:32Z2024-03-21T15:42:32ZApprendre la langue des signes grâce à l'IA générative et aux avatars en 3D<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/583405/original/file-20240321-18-isscmy.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C577%2C2216%2C1642&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Grâce à de l'intelligence artificielle, des « avatars signant » peuvent communiquer en langue des signes et produire des ressources numériques pour les personnes sourdes.</span> <span class="attribution"><span class="source">3DPro et Motion-Up</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Face aux problèmes d’accessibilité qui touchent un nombre croissant de personnes sourdes, les chercheurs s’intéressent aux nouvelles technologies pour l’apprentissage des langues des signes. Dans le domaine du numérique, les recherches se focalisent aujourd’hui sur le développement d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/intelligence-artificielle-ia-22176">intelligences artificielles (IA)</a> permettant de traduire automatiquement une <a href="https://theconversation.com/fr/topics/langue-21327">langue</a> vocale écrite ou parlée en langue des signes et vice-versa, en utilisant des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/3d-31451">avatars signant en 3D</a>.</p>
<p>Les applications visées concernent notamment la traduction automatique qui permet de produire du contenu en langue des signes à partir de texte (SMS, contenu web…) ou de parole, de sous-titrer textuellement des vidéos en langue des signes, ou encore de concevoir des applications pédagogiques et des <em>videobooks</em> destinés aux enfants sourds. Faciliter la communication des personnes sourdes et leur accès à l’information et ainsi favoriser leur inclusion dans la société est l’objectif premier de ces travaux.</p>
<h2>Des contraintes propres aux langues des signes</h2>
<p>Les langues des signes sont des langues à part entière qui constituent des piliers de l’identité et des cultures sourdes. Il existe autant de langues des signes que de communautés de personnes sourdes, avec leurs déclinaisons nationales, leurs spécificités et leurs variantes régionales. Elles sont pratiquées non seulement par les personnes sourdes, mais également par toutes les personnes faisant partie de leur environnement familial, éducatif et professionnel. La langue des signes française (LSF) est la langue gestuelle pratiquée par les personnes sourdes de France. Longtemps interdite, elle n’a été reconnue qu’en 2005, ce qui peut expliquer le fait qu’elle soit peu dotée en matière de ressources telles que des ouvrages de référence lexicographiques, grammaticaux, voire encyclopédiques, ou encore des données numériques annotées.</p>
<p>Les rares bases de données de langues des signes existantes sont généralement constituées de vidéos, éventuellement accompagnées de traductions en langue vocale écrite. C’est vrai en particulier pour la LSF qui dispose essentiellement de dictionnaires lexicaux accessibles sur le Web. De plus, il n’existe pas de consensus dans la communauté internationale travaillant sur les langues des signes pour en définir une forme écrite. Il est donc difficile de procéder, comme pour les langues vocales, à l’alignement entre une vidéo en langue des signes et le texte correspondant. Le développement d’outils numériques dédiés aux langues des signes soulève par conséquent des enjeux linguistiques et technologiques importants.</p>
<h2>Des spécificités linguistiques</h2>
<p>Avec des grammaires qui leur sont propres, les langues des signes viennent bouleverser les théories associées aux langues vocales ou écrites. Portées par les modalités visuelle et gestuelle, elles sont caractérisées par la mise en parallèle et la simultanéité des mouvements et des configurations des mains, mais aussi des mouvements non manuels incluant l’orientation du buste, les expressions faciales et la direction du regard.</p>
<p>De plus elles s’appuient sur des dynamiques iconiques et spatiales. Ainsi, le locuteur sourd déploie son discours dans l’espace qui l’avoisine : il positionne par ses gestes les entités de son discours, animées ou non, à des emplacements spécifiques de l’espace qui permettent de référencer et de rappeler ces entités.</p>
<p>L’iconicité, qui s’exprime par une relation de ressemblance entre le geste et ce qu’il signifie, se manifeste de différentes façons. Certaines configurations manuelles, porteuses de sens, peuvent représenter des signes lexicaux (un avion, une personne), ou être insérées dans un énoncé. Par exemple, la phrase « l’avion décolle » est représentée en LSF par un seul signe réalisé à deux mains : l’une des mains (forme plate) représente la piste statique, l’autre main, dynamique, représente l’avion dont le mouvement suit sa trajectoire relativement à la piste.</p>
<p>Ces caractéristiques iconiques et spatiales, omniprésentes dans les langues des signes, supposent des mécanismes grammaticaux qui exploitent la géométrie dans l’espace ainsi que la temporalité des mouvements. Cela constitue un défi technique à relever pour la synthèse des mouvements.</p>
<h2>Créer des avatars signant animés avec la <em>motion capture</em></h2>
<p>D’un point de vue numérique, la vidéo, qui reste le média privilégié des sourds, ne permet pas de garantir l’anonymat et impose de fortes contraintes au niveau du stockage et du transport des données. Une réponse adaptée pour la production de langue des signes se trouve dans les <a href="https://hal.science/hal-03005762">avatars signant</a>, des personnages virtuels animés en 3D capables de signer des énoncés. Grâce à des interfaces 3D interactives intégrant ces avatars, il devient alors possible d’éditer les animations, de les ralentir, de les rejouer, de changer de point de vue ou de zoomer sur des parties spécifiques du corps de l’avatar, voire de modifier son apparence graphique. Concevoir de tels avatars signant nécessite d’enregistrer au préalable les mouvements d’une personne sourde par des techniques de capture de mouvement (<em>motion capture</em> ou <em>mocap</em>) et d’adapter ces données à un modèle de personnage 3D.</p>
<p>Au cours de la dernière décennie, la traduction d’un texte en une animation signée a été réalisée grâce à des algorithmes s’appuyant sur des données de <em>mocap</em>. Ces algorithmes permettent de synthétiser de nouveaux énoncés par concaténation de mouvements existants. Si ces approches sont satisfaisantes en termes de précision et de qualité de la langue des signes produite, elles nécessitent des traitements des données de <em>mocap</em> très longs, fastidieux et complexes à automatiser. De plus, la création de nouveaux énoncés reste contrainte par le vocabulaire et les structures grammaticales des énoncés initialement enregistrés. Avec ce type de technologie, il semble difficile de construire de grands corpus de données avec des phrases contenant des variations sémantiques dans des domaines thématiques diversifiés.</p>
<h2>Générer du contenu en langue des signes avec des IA génératives</h2>
<p>Les avancées récentes des IA génératives dans le domaine de la génération de textes, d’images ou de vidéos ouvrent des perspectives évidentes en matière de traduction entre langue vocale (parlée ou écrite) et langue des signes. Les travaux de recherche actuels visent à intégrer ces avancées en développant des architectures de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_de_neurones_artificiels">réseaux de neurones profonds</a> adaptées au traitement automatique des langues. Grâce à des algorithmes d’apprentissage automatique, ces derniers apprennent, en exploitant de grandes bases de données, à identifier et reconnaître les tendances et les corrélations cachées dans les données afin de produire de grands modèles de langue de plus en plus efficaces et polyvalents.</p>
<p>Dans le cadre des langues des signes, les réseaux de neurones apprennent en parallèle et en contexte les caractéristiques linguistiques (par exemple une configuration manuelle) et cinématiques (par exemple une séquence de postures de squelette 2D ou 3D) extraites respectivement des phrases et des mouvements.</p>
<h2>L’IA au service de l’insertion des personnes sourdes</h2>
<p>Si les performances de ces systèmes, notamment en termes de précision des animations produites, peuvent être améliorées dans un futur proche, ils permettent d’ores et déjà d’augmenter considérablement les ressources disponibles, notamment en remplaçant les vidéos par des animations d’avatars 3D de haute résolution. De plus, des méthodes qualifiées de bout en bout (<em>end to end</em>) permettront de concevoir un réseau neuronal global pour des tâches complexes de traduction d’une langue vers une autre.</p>
<p>À court terme, il devient possible d’inclure ce type d’outil numérique de traduction automatique dans des applications pédagogiques exploitant les logiques respectives des grammaires en langues vocale et signée, favorisant ainsi l’apprentissage coordonné des deux langues. Ces ressources langagières et ces outils numériques sont indispensables pour assurer l’accès des personnes sourdes aux parcours éducatifs, passages obligés pour l’acquisition des connaissances et des compétences nécessaires à une insertion réussie dans la société.</p>
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<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/Projet-anr-22-ce38-0016">SignToKids</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225229/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvie Gibet a reçu des financements du CNRS, de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) ainsi que de programmes d'investissements d'avenir (PIA).
</span></em></p>Comment pallier le manque de ressources en langues des signes disponibles en lignes ? Des avatars 3D, aidés d’intelligence artificielle, permettent de générer des énoncés signés automatiquement.Sylvie Gibet, Professeure des universités en informatique, Université Bretagne SudLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2208782024-01-16T16:19:30Z2024-01-16T16:19:30ZLe Monopoly et le Catan : deux façons bien différentes d’enseigner l’économie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568687/original/file-20240110-23-k7lhdo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2048%2C1364&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Très populaire, le Catan est un jeu dans lequel les joueurs doivent étendre leur territoire à partir de ressources qu'ils peuvent s'échanger.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/lansun/5024733655/in/photolist-8E25fT-KjhTu-dRPniF-5VczsF-8WGtP7-7e7FDA-eduzWG-6WVm3Y-U62Jna-aigsb-4UHfE7-6GUs7d-5PXwac-288pVAa-2m5JiwU-2oqLnvy-2jQFWnK-2kkewtr-4aSryc-2dQQrKz-SUo7ku-7HSQ7f-26mfQ-4nrhMG-6dTmyV-zrdUN-9pUEcG-8BsNq-qwmVq-7CNS1i-3cbEqj-FjFgXo-2iRCVs8-NmTED6-2ovekfA-QEG1hp-s1YyuE-BHVSd-2owP2nZ-9ccd2F-6pgGuw-cLr4Tu-cLkMYG-6pgGHy-ATzqVo-6pcyGF-6pcyF4-DUfJA-Gb4Dqs-4aSrB6">Andy Chow</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Le début du XXI<sup>e</sup> siècle a vu l’émergence de nouveaux <a href="https://theconversation.com/topics/loisirs-21601">produits de divertissement</a> d’une diversité et d’une quantité jamais vues. Les propositions numériques, certes, dominent nos loisirs avec les jeux vidéo, les chaînes de streaming et les podcasts. Mais au milieu de tant d’écrans, il est presque surprenant qu’un produit analogique, dont les racines remontent aux origines de notre civilisation, fasse un <a href="https://www.caminteresse.fr/histoire/levolution-fascinante-des-jeux-de-societe-a-travers-lhistoire-11189230/">retour en force</a> : le <a href="https://theconversation.com/topics/jeux-25850">jeu</a> de société.</p>
<p>Ils sont populaires depuis des siècles. Les produits créés au XX<sup>e</sup> siècle tels que le Risk, le Trivial Pursuit ou le Monopoly sont probablement les plus connus. Au-delà de ces classiques, le Vieux Continent et plus particulièrement l’Allemagne en a développé de nouveaux, que l’on appelle « eurogames » ou jeux de style européen, dont le premier grand succès fut le Catan, lancé en 1995.</p>
<p>Depuis lors, le phénomène <em>eurogame</em> a transformé ces loisirs au point que l’on peut trouver des caractéristiques typiques de ce genre dans n’importe quel jeu de société moderne : des scénarios dans lesquels les joueurs doivent combiner différents mécanismes afin d’atteindre le succès ; des conditions de victoire conçues de manière à ce qu’aucun joueur ne soit exclu du jeu ou n’ait aucune chance de gagner ; un impact minimisé si ce n’est éliminé du hasard afin que le vainqueur soit le joueur qui a pris les meilleures décisions.</p>
<p>Au-delà du divertissement, les jeux font appel à une partie très importante de notre cerveau, si nous nous définissons, comme le propose le philosophe Johan Huizinga comme <a href="https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2015-1-page-61.htm"><em>Homo ludens</em></a>. Selon lui, ce qui définit l’existence humaine, c’est l’intérêt pour le jeu, toute la culture découlant de cet intérêt. L’idée peut être complétée par la <a href="https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.1100290108">réflexion évolutionniste</a> suivante : l’apprentissage est ce qui définit l’espèce humaine, et la manière la plus efficace d’apprendre est de jouer. Tout jeu peut être considéré comme une machine d’apprentissage potentielle, puisque pour gagner un jeu, nous devons en comprendre les mécanismes, les objectifs que nous devons atteindre, et appliquer ces connaissances de manière critique pour prendre nos décisions et affiner nos stratégies.</p>
<p>Qu’apprend-on exactement en jouant lorsque le sujet du jeu est aussi important et potentiellement applicable à notre vie quotidienne que l’économie ? C’est un thème populaire dans les jeux de société classiques tels que le Monopoly, mais aussi dans les jeux modernes comme le Catan. Quels mécanismes chaque jeu simule-t-il, et pourquoi ?</p>
<h2>Spéculation et économie de marché</h2>
<p>La version du Monopoly que nous connaissons, publiée par Parker Brothers dans les années 1930, a été fortement inspirée, pour ne pas dire autre chose, par le jeu <em>The Landlord’s Game</em>, conçu par l’écrivaine féministe Elizabeth Magie au début du XX<sup>e</sup> siècle. L’intention de cette dernière était avant tout éducative : le jeu devait être un outil permettant de comprendre le grave problème causé par la concentration de la propriété entre quelques mains et la nécessaire intervention de l’État était nécessaire pour réguler le marché de la propriété. Quiconque a joué au Monopoly a pu constater que le jeu transforme ce concept en un produit de divertissement dans lequel les joueurs aspirent à s’enrichir en spéculant sur les biens, et où le hasard, plutôt que la compétence économique, détermine le gagnant.</p>
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<p>Plus récent, nous avons le Catan, un jeu qui, comme tout bon Eurogame, combine plusieurs mécanismes qui interagissent les uns avec les autres. Tout d’abord, il met en avant l’importance de la géographie, car les positions de départ détermineront quelles ressources seront abondantes et quels joueurs y auront directement accès. Ensuite, personne ne pourra disposer de toutes les ressources par sa simple position : il se créera donc un marché libre dans lequel les joueurs devront acheter celles qui leur manquent. Leur abondance fluctuera en fonction de l’offre (contrôlée par la géographie et le hasard) et de la demande (définie par les besoins des joueurs).</p>
<p>Les capacités de négociation et de planification sont essentielles : au début, tout le monde aura besoin de bois et de briques pour construire des routes et des villes ; au fur et à mesure que le jeu progressera et que les joueurs tentent de transformer les villes en cités, le prix du minerai et du blé augmentera. Enfin, la diversité des stratégies possibles pour remporter la victoire amènera certains joueurs à se concentrer sur le développement du plus grand nombre de villes possible, tandis que d’autres achèteront des cartes de développement. Même celui qui est en retard sur le score pourra tenter d’allonger les routes et d’accéder aux ports pour faciliter le commerce.</p>
<h2>Un reflet de leur époque</h2>
<p>Le Monopoly et le Catan sont des jeux d’époques différentes, et il est clair que le second répond à un niveau de maturité beaucoup plus élevé de ce type de loisirs grâce à l’expérience accumulée par de nombreuses innovations mécaniques au cours des décennies qui les séparent.</p>
<p>Comme tout produit culturel, ces jeux reflètent la société dans laquelle ils sont nés, et chacun à sa manière nous enseigne quelles sont les stratégies qui mènent au succès, au moins au sein du jeu. Ils ne sont pas les seuls ; des milliers de nouveaux jeux de société sont publiés chaque année, et la diversité de leurs thèmes et de leurs approches s’est accrue de façon exponentielle depuis que Catan a vu le jour, il y a plus de 25 ans. Ainsi, peut-on recréer la révolution industrielle du XIX<sup>e</sup> siècle dans <em>Brass : Birmingham</em>, créer une nouvelle économie verte sur une autre planète dans <em>Terraforming Mars</em>, ou encore mener une révolution ouvrière au XXI<sup>e</sup> siècle dans <em>Hegemony</em>.</p>
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<p>Dans quelle mesure le jeu pourrait-il nous aider à surmonter les défis actuels tels que la spéculation immobilière, les inégalités sociales ou l’urgence climatique ? Les jeux ont certes la <a href="https://www.ted.com/talks/jane_mcgonigal_gaming_can_make_a_better_world">capacité de transformer notre vision du monde</a>, mais ils n’enseignent pas tous des choses aussi utiles ou valables. Pour que les jeux soient des outils d’apprentissage utiles, nous aurons surtout besoin de la capacité critique d’extrapoler l’expérience du jeu en solutions viables dans le monde réel. Or, les règles et objectifs y sont beaucoup plus diffus que sur un plateau et nous devons parfois jouer même lorsque nous savons que les dés sont pipés contre nous. <em>Alea jacta est</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220878/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Xavier Rubio-Campillo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le Monopoly plonge dans un univers de spéculation, le Catan conduit les joueurs à élaborer un marché où s’échangent des ressources : deux façons d’appréhender des mécaniques de l’économie réelle.Xavier Rubio-Campillo, Investigador Ramón y Cajal en Humanidades Digitales y Didácticas Aplicadas, Universitat de BarcelonaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2206452024-01-09T18:36:17Z2024-01-09T18:36:17ZRetour à l’école : le tutorat, une des solutions au rattrapage scolaire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568312/original/file-20240108-15-s5ntry.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=49%2C0%2C5490%2C3649&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Après avoir manqué plusieurs jours, voire semaines d'école, le tutorat peut permettre d’aider certains élèves au Québec. Mais sa forme doit être repensée. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les élèves québécois reviennent à l’école après une grève d’enseignants du secteur public variant de plusieurs jours à plusieurs semaines, selon les cas. Cette interruption n’est pas sans rappeler celle provoquée par la pandémie de Covid-19. À chaque fois, le tutorat a été évoqué comme un recours potentiel pour favoriser une certaine continuité dans les apprentissages ou un rattrapage scolaire. </p>
<p>Sociologue de formation et professeure en éducation, je m’intéresse <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-le_tutorat_de_pairs_dans_l_enseignement_superieur_enjeux_institutionnels_technopedagogiques_psychosociaux_et_communicationnels_cathia_papi-9782343004143-40007.html">au tutorat sous différentes formes depuis plusieurs années</a>. J’ai mené, de 2021 à 2023, une recherche sur quelques mesures mises en œuvre par le ministère de l’Éducation du Québec en 2021, notamment celle concernant le tutorat. En attendant la publication des résultats en avril, je propose dans cet article de revenir sur ce recours au tutorat.</p>
<h2>Des pertes d’apprentissage</h2>
<p>Dès les premiers mois de confinement visant à endiguer la pandémie, les <a href="https://doi.org/10.3102/0013189X20965918">projections internationales</a> prévoyaient des pertes d’apprentissage, concernant tant ceux prévus, mais n’ayant pas pu avoir lieu, que les oublis des apprentissages précédemment réalisés.</p>
<p>De fait, en 2022, il a été possible de constater un <a href="https://www.oecd-ilibrary.org/fr/education/pisa-2022-results-volume-ii_a97db61c-en">important déclin du niveau des élèves dans la plupart des pays de l’OCDE</a>. Le Québec n’y a pas échappé. En effet, malgré des <a href="https://www.cmec.ca/Publications/Lists/Publications/Attachments/438/PISA-2022_Canadian_Report_EN.pdf">scores toujours parmi les meilleurs aux tests PISA en mathématiques</a>, les résultats aux examens ministériaux de 2022 (français écrit de cinquième secondaire et mathématiques de quatrième secondaire) ont mis en évidence que, dans l’ensemble, les <a href="https://www.journaldequebec.com/2023/01/26/des-eleves-ont-reussi-lexamen-de-math-avec-55">élèves avaient un niveau plus faible que ceux ayant passé ces examens avant la pandémie en 2019</a>. </p>
<p>Par ailleurs, au printemps 2023, les trois quarts des 309 directions d’écoles publiques primaires et secondaires ayant participé à notre enquête nous ont indiqué qu’en dépit d’un retour en classe sans interruption en 2022-2023, davantage de lacunes et de difficultés qu’avant la pandémie étaient toujours constatées chez les élèves. Ces dernières concernaient aussi bien les apprentissages, que la socialisation et le bien-être, et venaient alourdir la charge de travail du personnel scolaire, notamment des enseignants.</p>
<p>Alors que les élèves n’avaient encore pas récupéré de la pandémie, l’interruption scolaire du mois de décembre, suivi des vacances de Noël, ont fait en sorte que certains élèves n’ont pas été en classe pendant une durée pouvant aller jusqu’à un mois et demi. Les recherches existantes sur les <a href="https://doi.org/10.1111/caje.12035">grèves d’enseignants en Ontario</a> ou <a href="https://doi.org/10.4000/ries.9950">à l’étranger</a> font état de pertes d’apprentissage, tout comme les recherches sur les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.3102/0002831220937285">interruptions liées aux vacances estivales</a>. Cette récente interruption scolaire — une des <a href="https://www.journaldemontreal.com/2023/12/16/nos-ecoles-fermees-une-greve-rare-a-lechelle-mondiale#:%7E:text=21%20jours%20%C3%A9tal%C3%A9s%20sur%20cinq,dans%20les%20annales%20du%20Qu%C3%A9bec.">plus longues enregistrées dans le monde</a> — va sans doute exacerber les difficultés déjà rencontrées par plusieurs élèves.</p>
<h2>Le tutorat, une forme d’aide connue et efficace</h2>
<p>Durant la pandémie, le tutorat a constitué une des <a href="https://www.torontomu.ca/diversity/reports/the-evidence-for-tutoring-to-accelerate-learning-and-address-educational-inequities-during-canada-s-pandemic-recovery">solutions privilégiées par plusieurs gouvernements pour aider les élèves</a>, notamment en Australie, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Ontario et au Québec. De plus, bon nombre de parents <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/education/2022-01-04/le-recours-au-tutorat-en-pleine-croissance.php">ont eu recours à des services de tutorat pendant et à la suite de la pandémie</a>, de même que <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2032995/greve-fae-tutorat-parents-popularite">durant de la grève des enseignants</a>.</p>
<p>Existant de longue date, le tutorat est une forme d’aide connue, proposée par diverses organisations (écoles, organismes à but non lucratif, entreprises) et mêlant généralement soutien scolaire et socioaffectif grâce au lien privilégié qui se tisse entre le tuteur et le tutoré. De plus, <a href="https://theconversation.com/le-tutorat-pour-soutenir-les-eleves-une-bonne-idee-196268">comme je l’ai écrit dans un précédent article</a>, le tutorat, surtout <a href="https://annenberg.brown.edu/sites/default/files/EdResearch_for_Recovery_Design_Principles_1.pdf">dans sa formule intensive</a> (assuré par des professionnels de l’éducation ou des intervenants formés et effectué de manière individuelle ou auprès de petits groupes d’au plus trois ou quatre élèves, de manière régulière au moins trois fois par semaine), s’avère être <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.3102/0034654316687036">l’approche de soutien à l’apprentissage la plus efficace selon la littérature scientifique</a>.</p>
<h2>Les limites d’une bonne idée</h2>
<p>Au Québec, depuis 2021, un financement est accordé pour encourager le déploiement du tutorat pour les élèves en difficulté. Dans la mesure où d’autres dispositifs de soutien à l’apprentissage étaient déjà en place dans les écoles (réponse à l’intervention, coenseignement, récupération, etc.) le <a href="https://theconversation.com/le-tutorat-pour-soutenir-les-eleves-une-bonne-idee-196268">financement du tutorat a parfois été utilisé pour développer davantage ces dispositifs</a>, plutôt que pour en ajouter d’autres, propres au tutorat.</p>
<p>Certains parents peuvent ainsi avoir l’impression que leurs enfants n’ont pas bénéficié ou ne bénéficient pas de la mesure tutorale, alors qu’ils en profitent indirectement dans un autre dispositif. Les sommes allouées semblent effectivement avoir été utilisées pour soutenir les élèves, mais dans des dispositifs n’ayant pas toujours l’appellation « tutorat » ni toutes les caractéristiques du tutorat intensif.</p>
<p>Le tutorat intensif est peu connu du milieu scolaire. Les méta-analyses ont donné lieu <a href="https://www.povertyactionlab.org/publication/transformative-potential-tutoring-pre-k-12-learning-outcomes-lessons-randomized">à des publications scientifiques en anglais, pour la plupart récentes</a> et ne semblent pas avoir été diffusées dans les milieux scolaires. </p>
<p>Si des effets positifs de l’accompagnement ainsi offert sont constatés par les directions d’école, ils ne sont pas toujours aussi importants qu’ils pourraient l’être. De plus, alors que le tutorat est le plus souvent exercé par du personnel scolaire, les contraintes en termes de disponibilités et de budget amènent en général à réserver ces services aux élèves les plus en difficulté. </p>
<p>Par ailleurs, le fait que certaines familles recourent à des services de tutorat privé est susceptible d’accentuer les <a href="https://www.quebecscience.qc.ca/societe/ecole-trois-vitesses-egalite/#:%7E:text=Son%20rapport%20de%20recherche%2C%20publi%C3%A9,retrouvent%20ensemble%2C%20en%20petite%20communaut%C3%A9.">inégalités déjà importantes dans un système à trois vitesses</a>.</p>
<p>Bien qu’il offre un soutien incontestable à certains élèves, le tutorat, dans sa forme actuelle, ne permet donc pas forcément d’aider tous les élèves en ayant besoin, ni de réduire les inégalités autant que cela pourrait être souhaité. </p>
<p>Pour accroître sa portée, il semblerait pertinent, non seulement de poursuivre le tutorat déjà en place (et pourquoi pas d’en augmenter le budget), mais aussi de faire enfin connaître les critères du tutorat intensif, de soutenir davantage les organismes à but non lucratif en proposant, voire de créer des aides financières en fonction des revenus pour les familles faisant appel à des services de tutorat privé. </p>
<p>Tous les élèves ne se sont pas encore remis de la pandémie, tant en termes de bien-être que d’apprentissage, et la majorité vient de vivre une nouvelle interruption scolaire. Il parait ainsi important d’accorder à ces élèves tout le soutien nécessaire et d’envisager de se centrer une année de plus sur l’évaluation des savoirs essentiels.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220645/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cathia Papi a reçu des financements du ministère de l'Éducation du Québec pour la réalisation de cette recherche. </span></em></p>Bien qu’il contribue à soutenir certains élèves, le tutorat tel qu’il existe actuellement ne permet pas d’aider tous les élèves en ayant besoin ni de réduire toutes les inégalités.Cathia Papi, Professeure, CURAPP-ESS, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2171232023-11-08T20:43:31Z2023-11-08T20:43:31ZUn effondrement de la productivité des salariés français en trompe-l’œil<p>Aujourd’hui, le secteur privé produit 2 % de plus qu’en 2019. Pourtant, pour produire ces 2 % supplémentaires, il a besoin de 6,5 % de salariés en plus.</p>
<p>Avant la crise sanitaire liée au coronavirus, le salarié était chaque année <a href="https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/22-152.pdf">plus productif de 0,8 %</a> : à ce rythme, les salariés de 2019 produiraient près de 3 % de plus aujourd’hui. Autrement dit, puisque la production a été moindre, si la hausse de la <a href="https://theconversation.com/topics/productivite-37011">productivité</a> du travail avait suivi son rythme, il aurait fallu détruire autour de 180 000 <a href="https://theconversation.com/topics/emploi-20395">emplois</a> ; or, 1,13 million ont été créés.</p>
<p>Il y aurait ainsi 1,3 million d’emplois dont l’existence interroge : les travailleurs et travailleuses français seraient-ils donc devenus moins productifs ?</p>
<p><iframe id="HCeJp" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/HCeJp/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>On pourrait évoquer des facteurs comme la perte de sens ou l’émergence du télétravail. Avant d’émettre ces hypothèses néanmoins, d’autres pistes doivent être explorées.</p>
<h2>Non, le salarié n’est pas devenu beaucoup moins productif</h2>
<p>La première consiste à vérifier si la perte de productivité ne serait pas qu’apparente dans la mesure où le salarié, en moyenne, travaillerait moins longtemps. Le taux d’absence au travail, supérieur aujourd’hui à ce qu’il était avant crise (6,5 % contre 3,5 %), constitue un élément d’explication. En effet, même en arrêt de travail, un salarié reste comptabilisé dans l’emploi. Celui-ci ayant besoin d’être remplacé, il y aura mécaniquement plus de personnes comptabilisées pour produire autant. Au niveau macroéconomique, la productivité apparente diminue alors mathématiquement, mais cela ne revient pas à dire que l’individu en place est lui-même moins efficace à la tâche.</p>
<p>Un autre élément à prendre en considération est la forte croissance de l’<a href="https://theconversation.com/topics/apprentissage-21392">apprentissage</a>. De 350 000 avant la crise sanitaire, le nombre d’apprentis s’élève aujourd’hui à 900 000. Cela compte pour une bonne part des 1,13 million d’emplois créés. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/enseignement-superieur-lalternance-est-elle-en-train-de-simposer-comme-le-mode-de-formation-dominant-217143">Enseignement supérieur : l’alternance est-elle en train de s’imposer comme le mode de formation dominant ?</a>
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<p>Or, un salarié apprenti reste moins productif qu’un salarié non-apprenti. À nouveau, ce n’est peut-être pas le salarié en place qui est devenu moins productif mais la moyenne qui est tirée vers le bas en raison de l’arrivée de travailleurs qui ont encore besoin d’apprendre et qui ont généralement une durée du travail moins longue.</p>
<p>Il faut également garder en tête que le coût réel du travail a diminué depuis 2019 : le niveau des rémunérations s’est élevé moins rapidement que l’inflation. Si le travail est moins coûteux pour les entreprises, cela peut expliquer qu’elles aient recruté davantage.</p>
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<p>Enfin, la période récente a été marquée par les nombreuses aides apportées par l’État aux entreprises, avec notamment les prêts garantis par l’État. Elles ont peut-être été telles qu’ont été sauvées des entreprises qui auraient dû faire faillite même sans la crise sanitaire, et avec elles les emplois qu’elles abritent, c’est-à-dire les entreprises et les emplois les moins productifs. Des aides ont pu aussi être versées à des entreprises qui n’avaient pas particulièrement besoin de trésorerie et qui ont utilisé ce surplus pour embaucher.</p>
<p>D’après nos <a href="https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/14-180OFCE.pdf">estimations</a>, ces quatre facteurs expliqueraient les deux tiers des créations d’emploi. Deux tiers de la baisse de productivité mesurée n’ont pas vraiment eu lieu donc.</p>
<h2>Quelles conséquences sur les salaires ?</h2>
<p>Quid du tiers restant ? Une analyse par secteur montre que ces quatre facteurs expliquent la totalité des créations d’emplois observées dans les services. En revanche, ils se montrent assez limités pour rendre compte des dynamiques dans les secteurs de l’industrie et de la construction. Le tiers inexpliqué réside ainsi dans ces secteurs.</p>
<p><iframe id="9qt70" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/9qt70/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>On peut ici formuler l’hypothèse que ce sont des phénomènes de rétention de main-d’œuvre qui s’exercent. L’emploi industriel est un emploi plutôt qualifié, et les qualifications requises deviennent des denrées rares. Aussi les entreprises du secteur sont-elles réticentes à licencier, même lorsqu’elles rencontrent des difficultés comme cela a été le cas ces dernières années avec les chocs consécutifs qu’ont été la pandémie et la crise énergétique liée à l’invasion de l’Ukraine : ce serait risquer de ne pas réussir à recruter au moment où l’activité repart à la hausse. Un retour de croissance dans l’industrie se ferait alors sans création d’emplois mais en utilisant à son plein potentiel une main-d’œuvre aujourd’hui comme un peu mise en veille.</p>
<p>Dire que tout ne s’explique pas par des baisses de productivité des salariés n’est pas chose anodine. Si les salariés étaient véritablement moins productifs, il faudrait que les salaires réels baissent d’autant pour que le partage de la valeur ajoutée entre travail et capital reste stable. Et donc que les salaires nominaux (ceux affichés sur la feuille de paie), augmentent bien moins vite que l’inflation. Autrement dit, on pourrait justifier des salaires qui augmentent moins vite que l’inflation par une efficacité au travail individuelle plus faible ; or, les pertes apparentes de productivité semblent majoritairement liées à d’autres éléments.</p>
<h2>Un rattrapage de la productivité attendu</h2>
<p>Ces quatre effets que nous mentionnons ne devraient en toute logique pas durer et la productivité va ainsi repartir à la hausse.</p>
<p>Les prêts garantis par l’État sont petit à petit en train d’être remboursés alors que l’échéance avait plusieurs fois été repoussée jusqu’à septembre 2022. Aujourd’hui, seulement 27 % des 143 milliards empruntés ont été remboursés. Les défaillances, les pertes d’emplois et par la même la productivité moyenne augmentent parallèlement aux remboursements.</p>
<p>L’effet lié à l’apprentissage lui aussi n’est vraisemblablement que transitoire. L’objectif gouvernemental est d’atteindre le million d’apprentis mais il ne semble pas tenable dans la mesure où une génération n’est composée que de 800 000 individus. Aujourd’hui, la hausse du nombre de contrats de ce type concerne plusieurs générations, mais à terme, il ne pourra logiquement pas dépasser le nombre d’individus d’une seule. Pour partie, de surcroît, la dynamique actuelle est liée à une prime exceptionnelle versée aux employeurs qui, comme son nom l’indique, n’est pas pérenne.</p>
<p>Il est plus délicat d’inférer ce qu’il adviendra de la durée du travail. Néanmoins, les dernières données montrent qu’elle se rapproche de son niveau d’avant crise. Les salaires, enfin, commencent aujourd’hui à augmenter légèrement plus vite que les prix.</p>
<h2>Hausse de la productivité, hausse du chômage ?</h2>
<p>Si la productivité est ainsi amenée à rattraper le cours qu’elle avait avant crise, alors sans doute que le <a href="https://theconversation.com/topics/chomage-20137">chômage</a> lui aussi devrait repartir à la hausse. C’est en tout cas l’<a href="https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/pbrief/2023/OFCEpbrief121.pdf#page=16">estimation</a> que fait l’Observatoire français de la conjoncture économique (OFCE). Mesuré à 7,2 % à la fin du deuxième trimestre 2023, le taux de chômage est estimé à 7,4 % pour la fin de l’année et 7,9 % pour la fin 2024.</p>
<p>Deux différences majeures existent ici avec les projections du gouvernement. Les perspectives de croissance en 2024 sont estimées à 1,4 % par ce dernier quand nous les envisageons plutôt à 0,8 %. Surtout, nous estimons, contrairement à Bercy, qu’une partie de la productivité perdue va être rattrapée car les pertes ne sont pas structurelles. Peu de croissance avec des gains de productivité conduit mathématiquement à des destructions d’emplois.</p>
<p><iframe id="wCAq9" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/wCAq9/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>Pour anticiper le taux de chômage, il faut de plus formuler des hypothèses sur la population active. Nous avons, dans nos calculs, utilisé les projections de l’Insee, critiquées par la direction générale du Trésor (une croissance moindre de la population active est envisagée par cette dernière). Elles intègrent notamment les premiers effets de la réforme des retraites. Les <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2023-08/RETRAITES23MAJ2928.pdf">modèles de simulation</a> suggèrent que 80 % des actifs supplémentaires seront en emploi et 20 % au chômage. Nous expliquons ici 0,1 point de taux de chômage en plus. La hausse anticipée du chômage est ainsi majoritairement liée aux destructions d’emplois et aux rattrapages en matière de productivité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217123/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éric Heyer ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La baisse observée de la productivité du travail s’explique par d’autres facteurs qu’une efficacité moindre des salariés. Ces causes s’estompant, des destructions d’emplois sont à anticiper.Éric Heyer, Directeur à l'OFCE, Sciences Po Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2150322023-10-30T13:54:59Z2023-10-30T13:54:59ZApprendre le piano en ligne, est-ce possible ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/555660/original/file-20231024-23-y1e3u3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C2%2C994%2C646&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les moyens d'apprendre le piano sont nombreux et diversifiés.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Apprendre le piano, ou tout autre instrument de musique, n’est pas facile et demande une grande discipline. </p>
<p>Mais en faire l’apprentissage en ligne, est-ce possible ? </p>
<p>Avec la pandémie, les musiciens en herbe, enfants, adolescents ou adultes, se sont tournés vers des méthodes moins traditionnelles pour apprendre la musique. </p>
<p>Nous sommes un groupe de chercheurs en éducation dont les intérêts de recherche touchent notamment la littératie, la culture, la formation à distance et la technologie éducative. </p>
<p>Le thème de l’apprentissage du piano en ligne, qui fait l’objet de cet article, touche ces quatre domaines.</p>
<h2>Les différents modes de fonctionnement</h2>
<p>Les moyens d’apprendre le piano sont nombreux et diversifiés. </p>
<ul>
<li><strong>En personne</strong></li>
</ul>
<p>Apprendre le piano en personne est, bien entendu, la façon la plus traditionnelle d’apprendre cet instrument. </p>
<p>Les professeurs demandent normalement à leurs élèves de pratiquer quotidiennement, de manière autonome, quelques mesures, de peaufiner une partition déjà apprise, puis de présenter le fruit de leurs efforts lors du cours suivant. </p>
<p>Selon les approches préconisées par les professeurs, il peut y avoir une alternance entre les exercices techniques, les gammes, le solfège et les pièces musicales au fil des séances.</p>
<ul>
<li><strong>Par correspondance, avant l’avènement des cours à distance</strong></li>
</ul>
<p>Dans les dernières décennies, de nombreux cours ont été donnés à distance, par correspondance, y compris pour apprendre à jouer d’un instrument de musique. Ainsi, les personnes qui n’avaient pas accès à un professeur de piano pouvaient tout de même l’apprendre. Dans ce cas, elles recevaient leurs partitions de musique et leurs cassettes/DVD à écouter par la poste et pratiquaient individuellement. Après avoir suffisamment pratiqué de manière autonome, elles s’enregistraient afin de retourner une cassette à leur professeur et ainsi obtenir de la rétroaction sur leurs nouvelles cassettes de consignes. </p>
<ul>
<li><strong>En mode synchrone, par visioconférence</strong></li>
</ul>
<p>Durant la pandémie de Covid-19, divers types d’apprentissages relevant de la sphère des loisirs ont été proposés en ligne tels que des <a href="https://theconversation.com/la-danse-en-ligne-une-bouee-de-sauvetage-pour-les-danseurs-148968">cours de danse</a>, d’arts martiaux ou de musique. Ainsi, des cours de piano ont commencé à être donnés de façon synchrone, c’est-à-dire en direct, par l’entremise de la visioconférence. Pour certaines personnes, revoir leur professeur de piano fut bénéfique et motivant. Pour d’autres, la <a href="https://revue-mediations.teluq.ca/index.php/Distances/article/view/260/200">visioconférence fut une barrière au côté humain et relationnel</a>. </p>
<p>À l’écran, la rétroaction donnée par le professeur de piano peut être plus difficile à cerner pour les élèves puisque le non verbal semble plus ardu à comprendre. Il est aussi plus difficile d’indiquer à l’élève comment placer ses mains adéquatement. Le professeur doit alors modéliser encore plus, et de façon différente, en fonction de cette situation d’apprentissage atypique. Le but est que l’élève pianiste puisse bien comprendre ce que le professeur est en train d’expliquer de l’autre côté de l’écran pour pouvoir finalement le reproduire.</p>
<p>L’enseignement par visioconférence peut être très déstabilisant : le professeur a moins de contrôle sur la situation. <a href="https://revue-mediations.teluq.ca/index.php/Distances/article/view/201/198">L’effet enseignant est donc primordial ici, mais il est tout de même « dilué »</a> ; en effet, les rétroactions explicites et le renforcement positif peuvent s’avérer encore plus importants qu’en présentiel en raison de la distance physique. Les attentes du professeur doivent aussi être adaptées à la situation d’enseignement-apprentissage à distance. </p>
<p>Avec l’essoufflement de la pandémie, certains professeurs de piano ont proposé un mode de fonctionnement hybride, alternant le présentiel et le virtuel.</p>
<p>En visioconférence, le mode de fonctionnement pour l’élève reste cependant le même qu’en personne : pratiquer chaque jour et présenter le fruit de ses efforts la semaine suivante.</p>
<ul>
<li><strong>En mode asynchrone</strong></li>
</ul>
<p>Avec la pandémie, les cours de piano en ligne, de façon asynchrone, sont devenus populaires. Nous vous présentons ici l’exemple de l’<a href="https://www.academiegregory.com/">Académie Gregory</a>. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="des enfants jouent du piano en regardant une vidéo sur une tablette" src="https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/555658/original/file-20231024-17-4uf7x7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Apprendre le piano en ligne, c’est bien possible.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Isabelle Carignan)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En 2017, bien avant l’arrivée de la Covid-19 dans nos vies, l’artiste aux multiples talents et pianiste Gregory Charles a créé une académie en ligne. Il s’agit d’une plate-forme pour les personnes qui désirent apprendre le piano à leur rythme. Son slogan : <em>tout ce qu’il nous faut pour jouer d’un instrument, ce sont des oreilles, des doigts et un cœur</em>. </p>
<p>Ce slogan peut sembler simpliste, mais il est surtout réaliste. Pourquoi ? Parce que la méthode utilisée par Gregory Charles (le <em>Gregory Piano System</em>) permet d’apprendre le piano de manière intuitive, sans savoir lire la musique. </p>
<p>La méthode traditionnelle liée à l’apprentissage de la musique demande d’abord d’apprendre à lire la musique sur une portée, en clé de sol et en clé de fa, de comprendre les notions de durée des notes, le rythme et les annotations musicales de base. Le fait de ne pas connaitre cette « littératie musicale » est souvent ce qui freine les gens à apprendre à jouer d’un instrument de musique.</p>
<p>L’Académie Gregory propose des cours pour débutants, intermédiaires ou avancés pour les enfants et les adultes. La structure proposée : 100 capsules de leçons vidéos par session et une pratique de 10 minutes par jour. <a href="https://youtu.be/ecHC9-skAaA">De petites bandelettes descendantes montrent sur quelles notes jouer</a> et comment jouer à partir des pièces musicales composées par l’artiste. Cette approche imite en quelque sorte le célèbre jeu <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Guitar_Hero_(video_game)">Guitar Hero</a>, créé en 2005, où les joueurs jouent de la musique en suivant les signaux lumineux. Ce mode de fonctionnement existe également sur YouTube ou sur différents sites web comme l’application <a href="https://yousician.com/lp/yousician">Yousician</a>. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/ecHC9-skAaA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">De petites bandelettes descendantes montrent sur quelles notes jouer et comment jouer à partir des pièces musicales composées par l’artiste.</span></figcaption>
</figure>
<p>Pour ceux qui savent déjà lire la musique, les partitions de toutes les pièces apprises pendant la session sont disponibles. Des capsules audios permettent également d’entendre intégralement les pièces. Il s’agit donc d’une méthode qui permet à qui le souhaite d’apprendre la musique, peu importe son âge ou son niveau. </p>
<p>Les principaux avantages du mode asynchrone sont la possibilité de regarder les capsules vidéos à toute heure de la journée (horaire flexible) et de les revoir autant de fois que désiré pour répéter. De plus, les cours asynchrones (par correspondance ou en ligne) permettent aux apprenants d’être moins stressés dans leur pratique puisque personne ne les regarde jouer.</p>
<h2>Apprendre le piano en ligne… est-ce possible ?</h2>
<p>Oui, à condition de faire preuve d’autonomie et d’assiduité dans ses apprentissages. </p>
<p>Une astuce pour éviter la procrastination peut être de mettre son cours ou sa pratique dans son emploi du temps et d’essayer de ne pas en déroger, car l’<a href="https://revue-mediations.teluq.ca/index.php/Distances/article/view/334">autorégulation</a> et la <a href="https://www.puq.ca/catalogue/livres/perseverance-abandon-formation-distance-4047.html">persévérance</a> sont les clés de tout apprentissage à distance. </p>
<p>Rappelons-nous que la musique apporte de nombreux bienfaits, peu importe l’âge. </p>
<p>Enfin, pour progresser en piano, que ce soit en présentiel ou en <a href="https://www.hellovirtuoso.com/blog/cours-piano-ligne">ligne</a>, il est nécessaire de pratiquer au moins 10 minutes par jour. Par contre, à ce jour, aucune recherche sérieuse ne semble avoir été réalisée pour savoir quel mode de fonctionnement prioriser. Il n’est donc pas possible de déterminer quelle <a href="https://www.hellovirtuoso.com/blog/methode-piano-debutant#:%7E:text=La%20m%C3%A9thode%20Alfred%20d%E2%80%99apprentissage,qui%20compl%C3%A8te%20l%E2%80%99apprentissage%20pratique">méthode</a> peut permettre d’apprendre le piano plus facilement ou de façon plus efficace. </p>
<p>Mais il s’agit certainement d’une question qui pourrait faire l’objet de l’une de nos recherches à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/215032/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Gérin-Lajoie est professeur à l'Université TÉLUQ. Il y a agi à titre d'expert en formation à distance et y réalise des projets de recherche financés par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) et le Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cathia Papi, Isabelle Carignan, Ph.D. et Marie-Christine Beaudry ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Apprendre le piano en ligne, est-ce possible ? Avec la pandémie, enfants, adolescents et adultes se sont tournés vers des méthodes moins traditionnelles pour apprendre la musique.Isabelle Carignan, Ph.D., Professeure titulaire en éducation, Université TÉLUQ Cathia Papi, Professeure, CURAPP-ESS, Université TÉLUQ Marie-Christine Beaudry, Professeure en didactique du français, Université du Québec à Montréal (UQAM)Serge Gérin-Lajoie, Professeur, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2047862023-09-19T13:49:55Z2023-09-19T13:49:55ZLa flexibilité cognitive est essentielle pour naviguer dans un monde en mutation. Voici comment votre cerveau apprend de nouvelles règles<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/531648/original/file-20230613-15-y6xoup.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C1920%2C1276&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une classe de neurones inhibiteurs peut établir des connexions à longue distance entre les deux hémisphères du cerveau.</span> <span class="attribution"><span class="source">(kinbostanci/iStock via Getty Images Plus)</span></span></figcaption></figure><p>Dans un monde en constante évolution, la flexibilité et l’adaptation sont des qualités que l’on met en pratique tous les jours. Modifier des comportements familiers en réponse à de nouvelles situations, comme dans le cas d’un nouveau chantier qui vous oblige à changer d’itinéraire ou pour retrouver votre émission préférée après avoir téléchargé une nouvelle application de diffusion en continu, est une compétence essentielle.</p>
<p>Pour réaliser ces adaptations, votre cerveau modifie ses schémas d’activité au sein d’une structure appelée <a href="https://doi.org/10.1146/annurev.neuro.24.1.167">cortex préfrontal</a>, une zone du cerveau essentielle pour les fonctions cognitives telles que l’attention, la planification et la prise de décision. Mais on ignore quels circuits précis « demandent » au cortex préfrontal d’actualiser ses schémas afin de modifier le comportement.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/i47_jiCsBMs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le cortex préfrontal du cerveau est responsable des fonctions exécutives telles que la maîtrise de soi et la prise de décision.</span></figcaption>
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<p>Notre équipe de <a href="https://scholar.google.com/citations?user=EYE8lYIAAAAJ&hl=en">neuroscientifiques</a>, étudie la manière dont le cerveau traite les informations et ce qui se passe lorsque cette fonction est altérée. Dans nos recherches récemment publiées, nous avons découvert une <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-023-06012-9">catégorie particulière de neurones</a> dans le cortex préfrontal qui pourrait permettre une flexibilité du comportement et qui, lorsqu’ils présentent des dysfonctionnements, risquent de mener à des pathologies telles que la schizophrénie et les troubles bipolaires.</p>
<h2>Les neurones inhibiteurs et l’apprentissage de nouvelles règles</h2>
<p>Les <a href="https://www.brainfacts.org/brain-anatomy-and-function/cells-and-circuits/2021/how-inhibitory-neurons-shape-the-brains-code-100621">neurones inhibiteurs</a> atténuent l’activité d’autres neurones dans le cerveau. Jusqu’à présent, les chercheurs considéraient que ces neurones n’envoyaient leurs signaux électriques et chimiques qu’aux neurones situés à proximité. Cependant, nous avons découvert une catégorie particulière de neurones inhibiteurs dans le cortex préfrontal qui communiquent sur de longues distances avec ceux de l’hémisphère opposé du cerveau.</p>
<p>Nous nous sommes demandé si ces connexions inhibitrices à longue portée participaient à la coordination des changements dans les schémas d’activité des cortex préfrontaux gauche et droit. Ce faisant, ils pourraient fournir les signaux cruciaux qui vous aideraient à modifier votre comportement au bon moment.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Image microscopique d’un interneurone" src="https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/522868/original/file-20230425-22-cg77ik.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les fluctuations de l’activité neuronale se manifestent sous forme d’ondes cérébrales ou d’oscillations neuronales.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://flic.kr/p/G2ScFK">(NICHD/McBain Laboratory via Flickr)</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Pour tester la fonction de ces connexions inhibitrices à longue portée, nous avons observé des souris effectuant une tâche qui leur exigeait d’apprendre une règle pour recevoir une récompense, puis de s’adapter à une nouvelle règle afin de continuer à recevoir la récompense. Cette tâche consistait pour les souris à creuser dans des bols pour y trouver de la nourriture cachée. Au départ, une odeur d’ail ou la présence de sable dans un bol peuvent indiquer l’emplacement de la nourriture cachée. L’indice caractéristique associé à la récompense change ensuite, ce qui oblige les souris à apprendre une nouvelle règle.</p>
<p>Nous avons découvert que la suppression des connexions inhibitrices à longue portée entre les cortex préfrontaux gauche et droit <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-023-06012-9">provoquait chez les souris un blocage</a>, ou une persévérance, vis-à-vis d’une règle, et les empêchait d’en apprendre de nouvelles. Elles n’ont pas été capables de modifier leur stratégie et d’apprendre que l’ancien repère n’avait plus de sens et que le nouveau repère indiquait la présence de nourriture.</p>
<h2>Les ondes cérébrales et la flexibilité comportementale</h2>
<p>Nous avons également fait des découvertes surprenantes sur la manière dont ces connexions inhibitrices à longue portée créent une flexibilité comportementale. Plus précisément, elles synchronisent un ensemble d’« ondes cérébrales » appelées <a href="https://doi.org/10.1523/jneurosci.0990-16.2016">oscillations gamma</a> dans les deux hémisphères. Ce sont des fluctuations rythmiques de l’activité cérébrale qui se produisent environ 40 fois par seconde. Ces fluctuations peuvent être détectées pour de nombreuses fonctions cognitives, par exemple lorsque vous effectuez une tâche qui nécessite de garder des informations en mémoire ou de faire différents mouvements selon les informations affichées sur l’écran d’un ordinateur.</p>
<p>Bien que les scientifiques aient observé la présence d’oscillations gamma depuis plusieurs décennies, leur fonction est controversée. Beaucoup de chercheurs pensent que la synchronisation de ces fluctuations rythmiques dans diverses régions du cerveau n’a aucune utilité. D’autres ont émis l’hypothèse que cette synchronisation entre différentes régions du cerveau améliorait la communication entre ces régions.</p>
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<figcaption><span class="caption">Les fluctuations de l’activité neuronale se manifestent sous forme d’ondes cérébrales ou d’oscillations neuronales.</span></figcaption>
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<p>Nous avons trouvé un rôle potentiel complètement nouveau pour la synchronisation gamma. Lorsque les connexions inhibitrices à longue portée coordonnent les oscillations gamma dans les cortex préfrontaux gauche et droit, elles semblent également <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-023-06012-9">ouvrir la communication entre eux</a>. </p>
<p>Quand les souris apprennent à ignorer une règle précédemment établie qui ne conduit plus à une récompense, ces connexions synchronisent les oscillations gamma et semblent empêcher un des hémisphères de maintenir des modèles d’activité inutiles dans l’autre hémisphère. En d’autres termes, les connexions inhibitrices à longue portée semblent éviter que les données provenant d’un hémisphère ne « se mettent en travers » de celles de l’autre hémisphère lorsque ce dernier essaie d’apprendre quelque chose de nouveau.</p>
<p>Par exemple, le cortex préfrontal gauche peut « remémorer » au cortex préfrontal droit votre itinéraire habituel pour vous rendre au travail. Mais lorsque des connexions inhibitrices à longue portée synchronisent ces deux zones, elles semblent également interrompre ces rappels, et permettre à de nouveaux schémas d’activité cérébrale correspondant à votre nouveau trajet de se mettre en place.</p>
<p>Enfin, ces connexions inhibitrices à longue portée <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-023-06012-9">déclenchent aussi des effets durables</a>. En coupant ces connexions, ne serait-ce qu’une seule fois, les souris ont eu du mal à apprendre de nouvelles règles plusieurs jours plus tard. À l’inverse, la stimulation rythmique de ces connexions pour synchroniser artificiellement les oscillations gamma peut inverser ces déficits et rétablir un apprentissage normal.</p>
<h2>Flexibilité cognitive et schizophrénie</h2>
<p>Les connexions inhibitrices à longue portée jouent un rôle important dans la flexibilité cognitive. L’incapacité à mettre à jour de manière appropriée les règles apprises précédemment constitue une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16965182/">forme caractéristique de déficits cognitifs</a> dans les troubles psychiatriques tels que la schizophrénie et les maladies affectives bipolaires.</p>
<p>La recherche a également mis en évidence des <a href="https://doi.org/10.1523/jneurosci.0990-16.2016">déficiences dans la synchronisation gamma</a> et des anomalies dans une catégorie de neurones inhibiteurs préfrontaux, dont ceux que nous avons étudiés, chez les personnes souffrant de schizophrénie. Dans ce contexte, notre étude suggère que les traitements qui ciblent ces connexions inhibitrices à longue portée peuvent contribuer à améliorer la cognition chez les individus atteints de schizophrénie en synchronisant les oscillations gamma.</p>
<p>De nombreux détails sur la manière dont ces connexions affectent les circuits cérébraux demeurent inconnus. Par exemple, nous ne savons pas exactement quelles cellules du cortex préfrontal reçoivent des informations de ces connexions inhibitrices à longue portée et modifient leurs schémas d’activité pour apprendre de nouvelles règles. Nous ignorons également s’il existe des voies moléculaires particulières qui produisent des changements durables dans l’activité neuronale. </p>
<p>La réponse à ces questions pourrait dévoiler la façon dont le cerveau passe avec souplesse de la conservation à la mise à jour d’informations anciennes, et conduire éventuellement à de nouveaux traitements de la schizophrénie et d’autres maladies psychiatriques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204786/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vikaas Sohal est financé par les National Institutes of Health, la Simons Foundation Autism Research Initiative, le UCSF Dolby Family Center for Mood Disorders et le Bay Area Psychedelic Research consortium.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kathleen Cho est financé par les National Institutes of Health, la Simons Foundation Autism Research Initiative, le UCSF Dolby Family Center for Mood Disorders et le Bay Area Psychedelic Research consortium.</span></em></p>Une meilleure compréhension des circuits cérébraux intervenant dans l’adaptation comportementale pourrait déboucher sur de nouvelles méthodes de traitement de plusieurs maladies, dont la schizophrénie.Vikaas Sohal, Professor of Psychiatry, University of California, San FranciscoKathleen Cho, Principal Investigator in Neuroscience, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2120692023-08-31T18:00:05Z2023-08-31T18:00:05ZLa renaissance de l’armée américaine après la guerre du Vietnam, un cas d’école pour toutes les organisations ?<p>Un peu oubliée aujourd’hui en Europe, la défaite militaire de l’armée américaine dans la <a href="https://theconversation.com/topics/guerre-du-vietnam-45257">guerre du Vietnam</a> (1955-1975) reste un traumatisme majeur dans la mémoire collective outre-Atlantique. L’évacuation précipitée de l’ambassade à Saigon le 30 avril 1975, marque le rattachement du <a href="https://theconversation.com/topics/vietnam-30356">Vietnam</a> du sud à la République démocratique du Vietnam (nord) sous influence communiste. C’est la fin de 20 ans de présence américaine (plus marquée à partir de 1964) après l’indépendance acquise par l’Indochine, ancienne colonie française.</p>
<p>Les <a href="https://theconversation.com/topics/armee-21672">forces armées</a> sud-vietnamiennes que les <a href="https://theconversation.com/topics/etats-unis-20443">États-Unis</a> soutenaient ont été défaites en dépit d’un soutien massif. Au plus fort du conflit, en 1968, ils sont <a href="https://www.herodote.net/La_guerre_du_Vietnam-synthese-1750.php">500 000 soldats américains sur place</a>. Avec près de 2 millions de civils (nord et sud) tués, près d’un et demi-million de soldats nord et sud-vietnamiens, et près de <a href="https://www.histoire-pour-tous.fr/guerres/5625-guerre-du-viet-nam-1959-1975.html">58 000 soldats américains</a> morts au combat, le <a href="https://www.studysmarter.fr/resumes/histoire/bipolarisation/guerre-du-vietnam/">bilan humain</a> est très lourd.</p>
<p>Politiquement, la guerre affaiblit les États-Unis. La société civile, qui un temps a soutenu la politique étrangère, se retourne et manifeste violemment sa désapprobation. Le scandale des <a href="https://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2018/01/23/26010-20180123ARTFIG00335-15-juin-1971-l-affaire-des-pentagon-papers-detaillee-dans-le-figaro.php">Pentagon Papers</a>, la révélation en 1971 dans le <a href="http://www.nytimes.com/1971/06/13/archives/vietnam-archive-pentagon-study-traces-3-decades-of-growing-u-s.html"><em>New York Times</em></a> d’un document « ultra secret » retraçant l’origine de l’engagement américain, décrédibilise les institutions. Et le financement de la guerre estimé à USD 1 500 milliards en dollars de 2021 obère la capacité d’action du gouvernement fédéral.</p>
<p>Acteur en première ligne dans ce conflit, l’armée américaine a été profondément bouleversée par cet épisode douloureux. À l’échec militaire, en effet, s’était ajoutée la honte collective de massacres perpétrés contre des civils (Mӯ Lai) et l’ire internationale dans l’utilisation massive d’armes chimiques (agent orange). Seule la conscription permettait encore de « recruter » pour l’armée de terre. Au sein de l’armée américaine au Vietnam, la désobéissance passive s’était développée, les cas d’attaques fratricides de GIs contre leurs propres sous-officiers ou officiers s’étaient multipliés et l’usage de la drogue s’était largement répandu. Tout semblait être acceptable aux soldats pour « fuir » ce conflit qui, les dernières années, était largement perçu comme moralement répréhensible, humainement tragique et militairement sans issue.</p>
<p>À leur retour, beaucoup souffrent du regard porté sur eux par la société et du contraste entre leurs idéaux et les actes auxquels ils ont été contraints. C’est notamment là une partie du sens de la chanson <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-serie-musicale/bruce-springsteen-2946220">« Born in the USA »</a> que sort Bruce Springsteen en 1984, parfois faussement interprété comme un hymne nationaliste.</p>
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<p>Malgré tout, l’armée a néanmoins su renaître de ses cendres et se relever d’une crise quasi existentielle en utilisant des leviers à portée de main de toute organisation.</p>
<h2>Une cure d’apprentissage intensif</h2>
<p>A la suite d’investissements hasardeux ou d’un retournement brutal de conjoncture, toute entreprise peut traverser une (très) mauvaise passe. Il lui faut alors mobiliser les énergies, les partenaires et les ressources internes au service d’une vision audacieuse pour espérer en sortir. Et d’une certaine façon, c’est à cette jonction que se trouve l’armée américaine au milieu des années 70 : relever la tête ou dépérir (disparaître n’étant pas une option pour l’armée).</p>
<p>La situation de l’armée américaine au sortir du Viêt Nam a de singulier que c’est toute l’institution qui est touchée par la crise morale qu’elle traverse. Pour envoyer <a href="http://www.laguerreduvietnam.com/pages/ordre-de-bataille-1/personnel-militaire-americain-engage/">plus de 2 millions de soldats entre 1964 et 1973</a> risquer leur vie de l’autre côté de la planète, toute l’institution s’est engagée financièrement, matériellement et psychologiquement. La crise qui l’atteint questionne alors toutes les dimensions de l’organisation : sa capacité opérationnelle à remplir la mission attendue de la nation, mais aussi sa raison d’être ou ses valeurs, et enfin sa motivation à atteindre les objectifs. L’organisation a-t-elle encore la « force nerveuse » et les capacités matérielles pour sortir de l’ornière ?</p>
<p>Une poignée de généraux expérimentés et de membres du Congrès visionnaires s’engagent alors dans une réforme de l’institution avec un mot d’ordre : l’apprentissage permanent. Analysé à froid et sans états d’âme, l’échec militaire vietnamien s’explique en effet largement par <a href="https://press.uchicago.edu/ucp/books/book/chicago/L/bo3649905.html">l’incapacité de l’armée à s’adapter à une guerre civile asymétrique</a> mêlant guerre des idées et guérilla, soldats et civils, la jungle, les villages et le milieu urbain.</p>
<p>Des premières graines sont ainsi plantées dès le milieu fin des années 1970 pour faire aujourd’hui de l’armée américaine une <a href="https://books.google.fr/books/about/Hope_Is_Not_a_Method.html?id=tATr-olAZMcC&redir_esc=y">organisation apprenante</a>. Une raison opérationnelle s’imposait : l’armée devait impérativement réacquérir les capacités individuelles et collectives pour développer l’efficacité opérationnelle en situation de combat. La formation intensive, l’éducation de l’esprit et l’entraînement des corps dans le cadre d’une doctrine adaptée et sur la base de standards explicites étaient incontournables.</p>
<p>Une raison psychologique a également justifié cette cure d’apprentissage intensive : le besoin de reconstruire la fierté dans l’institution et l’estime de soi. L’acquisition de compétences accroît le sentiment de maîtrise de son environnement, ce qui nourrit la confiance et rehausse l’estime de soi. La capacité à agir avec compétence a été identifiée comme un <a href="https://www.guilford.com/books/Self-Determination-Theory/Ryan-Deci/9781462538966">pilier de la motivation intérieure</a>.</p>
<h2>Devenir une organisation apprenante</h2>
<p>Ce mouvement de revitalisation par l’apprentissage était révolutionnaire par son envergure et visionnaire au regard des missions que la nation américaine allait confier à ses forces armées dans les années à venir : maintien de la paix, guerres contre-insurrectionnelles, soutien à reconstruction, opérations spéciales, intervention sous mandat ONU… La stratégie d’apprentissage et de développement de réelles compétences a permis de motiver les troupes. Elle a suscité la fierté d’appartenance, et a rendue l’armée à nouveau attractive auprès des jeunes Américains. Elle a enfin permis de développer de véritables capacités opérationnelles et adaptatives.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/544051/original/file-20230822-22-nvs17b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/544051/original/file-20230822-22-nvs17b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544051/original/file-20230822-22-nvs17b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544051/original/file-20230822-22-nvs17b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544051/original/file-20230822-22-nvs17b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544051/original/file-20230822-22-nvs17b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544051/original/file-20230822-22-nvs17b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544051/original/file-20230822-22-nvs17b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Fort Irwin en Californie, choisi comme National Training Center en 1979.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Fort_Irwin_National_Training_Center_-_Welcome_sign_-_2.jpg">Jarek Tuszyński/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Quels ont été les leviers de cette transformation ? L’armée a créé un commandement (TRADOC) unifiant doctrine et formation pour faciliter l’extension des standards et la mise en cohérence des pratiques au sein des unités. D’immenses terrains d’entrainement – le National Training Center à Fort Irwin en Californie ou le Joint Readiness Training Center à Fort Polk en Louisiane ont été créés pour faire vivre aux unités des entrainements ultraréalistes et de haute intensité. L’objectif était de leur permettre de dégager de véritables apprentissages opérationnels et de mettre à jour leurs capacités en lien avec les rapides évolutions technologiques. Les solutions de traçage utilisées – armement laser, satellite, observateurs in situ – ont accru massivement l’utilité des apprentissages des soldats. Les simulations se déroulent sous contraintes réalistes de matériel, de sommeil, et de renseignement et à l’échelle de bataillons entiers. <a href="https://books.google.fr/books/about/The_Defense_of_Hill_781.html?id=zGDZ43PhWEIC&redir_esc=y">Les unités apprennent ensemble et dans le dur</a>.</p>
<p>Reste que vivre des expériences mémorables ne suffit pas pour apprendre. Encore faut-il en tirer des leçons permettant d’améliorer la performance individuelle et collective. En s’appuyant sur son <a href="https://ari.altess.army.mil/history.aspx">centre de recherche comportementale</a>, l’armée américaine a développé une technologie d’apprentissage de l’expérience, l’<em>After Action Review</em>, qui permet à une équipe de structurer le débriefing de son action, d’identifier, pour elle-même, sa compréhension de la situation, ce qu’il faut continuer à développer, et ce qu’il faudrait mettre en œuvre pour être plus efficace à l’avenir. Cette méthode, déployée quotidiennement depuis 1980 lors des rotations des unités dans les centres d’entraînement, s’est diffusée au sein des unités de l’armée en <a href="https://hbr.org/2005/07/learning-in-the-thick-of-it">opération où elle a démontré sa contribution opérationnelle</a> en accélérant l’adaptation et l’apprentissage continu des unités sous le feu.</p>
<h2>Un investissement gagnant</h2>
<p>Les apprentissages ainsi développés sont rassemblés au sein du <a href="https://usacac.army.mil/core-functions/lessons-learned"><em>Center for Army Lessons Learned</em></a> (CALL), vérifiés, validés puis diffusés aux centres d’entraînement ou directement auprès des unités engagées. Ainsi, ce que l’on appelle le <a href="https://www.researchgate.net/publication/235701029_Experiential_Learning_Experience_As_The_Source_Of_Learning_And_Development">cycle de l’apprentissage par l’expérience</a> est intégralement déployé : à la suite d’une expérience réaliste (simulation ou opération), une équipe revisite et réfléchit sur son expérience à froid en croisant les regards ; puis, elle analyse les liens de causalité, réels ou présumés, qui ont présidé à l’action et à ses conséquences pour expliciter les croyances ou formuler des hypothèses ; et, enfin, elle identifie les circonstances concrètes dans lesquelles, à l’avenir, les nouvelles hypothèses pourront être testées, validées ou infirmées. Ces hypothèses peuvent porter sur la tâche collective à accomplir ou sur les dynamiques interpersonnelles au sein de l’équipe.</p>
<p>Depuis cette <em>learning revolution</em>, cet état d’esprit d’apprentissage permanent, fait d’ouverture d’esprit, d’expérimentations et d’humilité, a trouvé à s’exprimer, et avec succès, sur plusieurs théâtres d’opérations. En témoigne l’analyse approfondie de l’adaptation des unités de Marines engagées dans une <a href="https://books.google.fr/books/about/The_Marines_Take_Anbar.html?id=0prYwAEACAAJ&redir_esc=y">mission complexe à Anbar</a> au cours de la seconde campagne d’Irak (2003-2008).</p>
<p>Pour l’entreprise, mettre l’apprentissage au cœur de l’organisation est un investissement gagnant. Il implique un véritable leadership, une vision de long terme, une culture partagée de la performance collective, la mise en place d’un état d’esprit (confiance, sécurité psychologique, exemplarité des chefs) et d’outils et méthodes permettant de structurer l’apprentissage en continu, d’identifier les bonnes pratiques et de les diffuser. Mettre le <em>learning</em> au cœur de sa stratégie de performance, c’est ce qu’a fait l’armée américaine pour tourner la page de la débâcle du Vietnam. Pourquoi attendre de vivre un échec majeur pour se réinventer et faire du learning le cheval de bataille de sa compétitivité de demain ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212069/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thomas Misslin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En pleine crise existentielle après sa débâcle au Vietnam, la US Army a su se relever en plaçant l'apprentissage au cœur de son quotidien, une inspiration potentielle pour nombre d'organisations.Thomas Misslin, Doctorant, Sciences de Gestion, Dauphine-PSL - Chef de projet, Executive Education, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2064502023-06-27T18:21:48Z2023-06-27T18:21:48ZEnseignement professionnel : entre écoles et entreprises, une histoire complexe<p>Quelle part l’entreprise doit-elle prendre à la formation professionnelle des jeunes ? La question n’a rien de nouveau, pas plus que les revendications d’une adéquation entre les cursus proposés et les besoins des entreprises.</p>
<p>Les relations entre école et entreprises sont multiples. Une mise en perspective permet de repérer la grande diversité des expériences au fil des époques. Et cette histoire est source de réflexion alors qu’une énième et contestée <a href="https://theconversation.com/le-lycee-professionnel-une-voie-de-formation-en-danger-194874">réforme de l’enseignement professionnel</a> est engagée en France.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lycee-surmonter-les-cliches-sur-la-voie-professionnelle-205698">Lycée : surmonter les clichés sur la voie professionnelle</a>
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<p>Si la création d’écoles dans certaines manufactures est déjà repérable au XVIII<sup>e</sup> siècle, la deuxième moitié du XIX<sup>e</sup> siècle voit les tentatives s’intensifier pour introduire l’atelier à l’école, développer des <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5540801g">écoles d’apprentis</a> ou interroger les limites de l’apprentissage « sur le tas ».</p>
<p>On ne peut pas prétendre rendre compte de manière exhaustive de toutes les situations vu la grande variété des entreprises, de leurs secteurs d’activité ou des moyens qu’elles peuvent et veulent consacrer à la formation professionnelle des jeunes. Cependant, depuis le début du XX<sup>e</sup> siècle, on peut discerner trois configurations dans leurs relations avec l’école. Celles-ci traduisent une sédimentation et une imbrication de conceptions et de pratiques où s’affirment inégalement différents acteurs.</p>
<h2>La persistance de l’apprentissage sur le tas</h2>
<p>Au seuil du XX<sup>e</sup> siècle, nombre d’acteurs et d’observateurs s’inquiètent d’une <a href="https://books.openedition.org/igpde/4064?lang=fr">« crise de l’apprentissage »</a> liée aux changements techniques, à l’expansion de nouveaux secteurs économiques, aux transformations de l’organisation des entreprises.</p>
<p>La loi du 25 juillet 1919, dite <a href="https://lms.hypotheses.org/14909">loi Astier</a>, généralement vue comme l’acte fondateur de l’enseignement technique en France, introduit une obligation de formation pour les entreprises et pour leur main-d’œuvre. Les jeunes filles et garçons de moins de 18 ans employés dans le commerce et l’industrie doivent suivre des cours organisés par les entreprises, les communes, les chambres de commerce, les chambres de métiers ou des associations professionnelles.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-systeme-dapprentissage-en-allemagne-un-modele-de-formation-163682">Le système d'apprentissage en Allemagne : un modèle de formation ?</a>
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<p>Si cette disposition est inégalement respectée, elle pose les bases d’une alternance inspirée de ce qui se pratique dans certains Länder allemands. Elle identifie aussi l’enjeu d’une amélioration qualitative de l’apprentissage pratiqué dans nombre d’entreprises. La création de la taxe d’apprentissage, en 1925, et l’essor du certificat d’aptitude professionnel (CAP) créé en 1911 et conforté dans la loi de 1919, fournissent des leviers de régulation de l’apprentissage par l’administration de l’enseignement technique.</p>
<h2>Des écoles professionnelles</h2>
<p>Dès le début du XX<sup>e</sup> siècle, la préparation au métier, générale ou spécialisée, prend d’autres formes que cet apprentissage sur le terrain. Ainsi, l’introduction du <a href="https://journals.openedition.org/histoire-education/1353">travail manuel</a> dans l’école primaire de la III<sup>e</sup> République se fait sans lien direct avec les entreprises, à l’exception de dons de matériel permettant d’outiller les classes, éventuellement de visites. Les écoles d’arts et métiers, les écoles pratiques de commerce et d’industrie ou encore les <a href="https://journals.openedition.org/itti/453">écoles nationales professionnelles</a>, qui accueillent les élèves après la fin de l’instruction obligatoire fixée à 13 ans, et même à 16 ans pour certaines, consacrent une part parfois prépondérante au travail en atelier.</p>
<p>Les liens entre les entreprises et ces écoles sont souvent étroits : soutien financier, participation de représentants des entreprises aux comités de perfectionnement des établissements ou aux jurys d’examen (CAP notamment), visites scolaires dans les entreprises, placement à l’issue de la formation. Les réalisations sont multiples et parfois ambitieuses, soucieuses de témoigner de l’intérêt de la République pour la classe ouvrière.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/533215/original/file-20230621-16-d8q0qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/533215/original/file-20230621-16-d8q0qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/533215/original/file-20230621-16-d8q0qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/533215/original/file-20230621-16-d8q0qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/533215/original/file-20230621-16-d8q0qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/533215/original/file-20230621-16-d8q0qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/533215/original/file-20230621-16-d8q0qa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Armentières, entrée de l’École nationale professionnelle, vers 1900-1910.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Armenti%C3%A8res.Entr%C3%A9e_de_l%27%C3%89cole_Nationale_Professionnelle.jpg">Wikimedia</a></span>
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<p>La naissance d’un <a href="https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/lxf04009668/la-section-d-enseignement-professionnel">enseignement professionnel de masse</a> se situe surtout pendant et après la Deuxième Guerre mondiale, à travers les centres d’apprentissage. Le temps est à la <a href="https://www.cairn.info/revue-les-temps-modernes-2006-3-page-393.htm?contenu=plan">« scolarisation des apprentissages »</a>, selon l’expression d’Antoine Prost, même si de nombreux jeunes filles et garçons entrent sur le marché du travail dès la fin de la scolarité obligatoire.</p>
<p>Avec l’allongement des scolarités jusqu’à 16 ans, décidé en 1959, de nombreuses entreprises, dont des firmes importantes comme Schneider, la SNCF ou Renault, externalisent la formation des jeunes, et s’en remettent aux collèges d’enseignement technique en fermant leurs propres écoles. L’affirmation de la norme scolaire tend à reléguer les élèves les plus en difficulté vers l’enseignement professionnel – alors qu’auparavant ils quittaient l’école à 13 ans, puis 14 ans à partir de 1936 –, avec une perspective d’entrée rapide dans la vie active.</p>
<p>Pour définir les programmes, les commissions professionnelles consultatives constituent, secteur par secteur, un lieu de construction et de définition des diplômes où sont représentés employeurs et salariés sous la houlette, le plus souvent, de fonctionnaires de l’Éducation nationale.</p>
<h2>L’essor d’une pédagogie de l’alternance</h2>
<p>La tendance au rapprochement des cursus en apprentissage, sous contrat, et des cursus en lycée professionnel, sous statut scolaire, se mesure à la part croissante des temps passés en centres de formation d’apprentis (CFA) pour les premières, en entreprise pour les secondes.</p>
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<p>Créés en 1966 et confortés par la loi de 1971 sur l’apprentissage, les CFA sont un lieu d’expérimentation de l’alternance, malgré des rythmes divers compte tenu de la diversité de leurs organismes gestionnaires, des moyens humains et financiers disponibles et des variations du dynamisme économique des secteurs d’activité pour lesquels ils forment des jeunes.</p>
<p>La mise en place d’une pédagogie de l’alternance dans les années 1970 et 1980 se traduit par la mise au point de référentiels partagés entre l’école et l’entreprise, par l’essor de la fonction d’inspection de l’apprentissage ainsi que par la <a href="https://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_2000_num_131_1_1041">fonction de chef de travaux</a> dans les lycées professionnels. Dès les années 1970 et surtout à partir des années 1980 s’exprime la volonté, formulée par le Conseil national du patronat français (CNPF, ancêtre du Medef), d’ériger l’entreprise en véritable lieu de formation. Parallèlement, la décentralisation transfère une partie de la compétence en matière d’enseignement professionnel et d’apprentissage à l’échelon régional.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/BdX9CXPujBk?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Parcours d’un apprenti électricien : du CAP au Brevet professionnel (France 3 Nouvelle-Aquitaine, 2020).</span></figcaption>
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<p>Les collectivités locales jouaient de longue date un grand rôle. Désormais, les entreprises et leurs représentants, les exécutifs régionaux et les administrations de l’État ainsi que les établissements de formation et leur personnel, doivent rechercher, à différents niveaux (local, régional, national), des manières de travailler ensemble.</p>
<p>Il est impossible d’expliquer l’histoire récente des lycées professionnels sans intégrer l’apprentissage : la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000037367660">loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel</a>, et le fort volontarisme politique pour l’augmentation du nombre d’apprentis grâce à des aides publiques, participent d’une même logique que la <a href="https://www.education.gouv.fr/reforme-de-la-voie-professionnelle-des-la-rentree-2023-foire-aux-questions-378209">réforme du lycée professionnel</a> engagée en 2022. Dans les deux cas, la mise en avant des besoins des entreprises tend parfois à éclipser la logique de formation : le centre de gravité de ce système est fragile, susceptible de se déplacer au gré de réformes aux implications inégalement anticipées.</p>
<p>La révision de la carte des formations, l’augmentation de la place des périodes de formation en milieu professionnel et l’introduction d’un « bureau des entreprises » dans le cadre de la réforme en cours s’inscrivent dans une longue histoire des relations entre les entreprises et l’école. Faut-il y voir la fin d’une <a href="https://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_2000_num_131_1_1040">« parenthèse scolaire »</a> ouverte il y a un peu plus d’un siècle ? L’enchevêtrement des réalisations et les défaillances de l’apprentissage avaient motivé une implication accrue de l’État au début du XX<sup>e</sup> siècle. Sur fond de choix politiques et financiers, la <a href="https://lms.hypotheses.org/14237">succession des réformes et des « relances » de l’enseignement professionnel depuis 40 ans</a> donne la mesure de la difficulté constante à concilier – et à hiérarchiser – finalités éducatives, sociales et économiques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/206450/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stéphane Lembré ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La succession des réformes et des « relances » de l’enseignement professionnel depuis 40 ans rappelle la difficulté de concilier finalités éducatives, sociales et économiques.Stéphane Lembré, Maître de conférences en histoire contemporaine, INSPE, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2049712023-05-09T10:33:23Z2023-05-09T10:33:23ZOrganiser des serious game en entreprise pour gérer des crises ? Oui mais pas n’importe quand<p>Le 26 septembre 2017, 4 000 employés et sous-traitants de l’entreprise Michelin de Olsztyn en Pologne se confrontaient à une simulation grandeur nature d’explosion et d’incendie majeurs avec tous les services d’intervention de l’agglomération. Ils participaient, sans le savoir, à un « <em><a href="https://www.researchgate.net/publication/339826105_Apprendre_a_favoriser_les_apprentissages_entre_acteurs_prives_et_publics_cas_d%E2%80%99un_site_Michelin">business game</a></em> », une approche pédagogique en vogue. Ils se sont retrouvés autour d’un jeu pour vérifier si les processus d’analyse et de traitement de tels incidents étaient maîtrisés par les équipes.</p>
<p>Depuis plus de 15 ans, « <em>business game</em> » et autres « <em><a href="https://theconversation.com/topics/serious-games-25456">serious game</a></em> » sont devenus si tendance que chaque parcours de l’enseignement supérieur cherche désormais à en intégrer au moins un. Le « <em>serious game</em> », permet de tester des compétences spécifiques sur une à trois heures ; le « <em>business game</em> », lui permet de roder des processus sur une à deux journées. Les entreprises aussi les mobilisent de plus en plus pour des cohésions de groupe, voire désormais des apprentissages. Avec parfois des <a href="https://theconversation.com/faconner-les-cadres-oui-mais-a-quel-point-ces-team-building-qui-vont-trop-loin-203380">dérives</a>.</p>
<p>Devant un contexte de massification de l’outil, nos travaux de recherche, à paraître dans la revue <em>Recherche en Sciences de Gestion</em>, invitent à réfléchir sur la pertinence de son utilisation par rapport à l’objectif à atteindre. Ils mettent en évidence qu’y avoir recours n’est efficace que si cela intervient à un moment bien précis de l’apprentissage.</p>
<h2>Pas besoin d’être réaliste</h2>
<p>Le jeu présente des apports majeurs dans l’apprentissage d’une <a href="https://theconversation.com/topics/gestion-de-crise-96593">gestion de crise</a>. Autrefois envisagée comme une pratique permettant de noter les écarts entre les prescriptions et les actions, la simulation est aujourd’hui considérée, dans la littérature, comme la <a href="https://www.researchgate.net/publication/253281293_Crisis_Management_and_Organizational_Development_Towards_the_Conception_of_a_Learning_Model_in_Crisis_Management">source d’apprentissage</a> la plus bénéfique car elle permet de <a href="https://www.boutique.afnor.org/fr-fr/livre/gestion-de-crise-les-exercices-de-simulation-de-lapprentissage-a-lalerte/fa092258/2674">reconstituer au mieux une réalité</a>.</p>
<p>La <a href="https://www.cs.auckland.ac.nz/courses/compsci777s2c/lectures/Ian/serious%20games%20business%20applications.pdf">méthode s’avère très pratique</a> pour permettre à faibles coûts financiers de pouvoir déstabiliser des individus, les placer dans une situation de stress ou de perte de références. L’organisation peut rester d’ailleurs simple avec une feuille de papier, un crayon et quelques dés, ou un logiciel informatique. Ce dernier outil s’avère d’ailleurs particulièrement puissant pour <a href="https://www.cs.auckland.ac.nz/courses/compsci777s2c/lectures/Ian/serious%20games%20business%20applications.pdf">capter l’attention</a> des participants.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Chaque lundi, que vous soyez dirigeants en quête de stratégies ou salariés qui s’interrogent sur les choix de leur hiérarchie, recevez dans votre boîte mail les clés de la recherche pour la vie professionnelle et les conseils de nos experts dans notre newsletter thématique « Entreprise(s) ».</em></p>
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<p>Dès que les participants acceptent de se remettre en cause, le jeu aide au développement de compétences et contribue à renforcer la cohésion du groupe autour d’un objectif commun.</p>
<p>Une <a href="https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2018-4-page-51.htm">étude empirique</a>, autour d’un <em>serious game</em> auquel 72 individus se sont prêtés démontre ainsi que la performance et la capacité de restitution des compétences acquises dépend de leur niveau de stress aigu, celui qui apparaît temporairement dans une situation de pertes de repères. Plus il monte, moins le décideur se montre à même de restituer ses capacités.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/524584/original/file-20230505-15-1gxzfn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/524584/original/file-20230505-15-1gxzfn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/524584/original/file-20230505-15-1gxzfn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/524584/original/file-20230505-15-1gxzfn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/524584/original/file-20230505-15-1gxzfn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/524584/original/file-20230505-15-1gxzfn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/524584/original/file-20230505-15-1gxzfn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/524584/original/file-20230505-15-1gxzfn.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un serious game organisé lors des journées de l’IFACI, en novembre 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Pour les professionnels aguerris aux simulations de crise, les chercheurs suggèrent qu’un <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2019-5-page-37.htm">scénario peu réaliste</a> est le mieux adapté pour les faire travailler une compétence donnée. Cela explique pourquoi c’est sur un épisode de destruction de la Terre par un astéroïde qu’ont planché 122 professionnels du management des risques, ayant au moins 5 ans d’expertise dans le domaine, au cours des 22<sup>e</sup> rencontres de l’Association de management des risques et des assurances de l’entreprise.</p>
<p>Dans le scénario, une seule solution était envisageable pour faire survivre l’humanité, envoyer une fusée avec quelques représentants de l’espèce humaine. Une unique fusée était disponible dans le hangar de lancement à Kourou, avec 7 places à son bord et 6 heures pour une mise en place sur le pas de tir. Il fallait remplir les 7 places en choisissant parmi 15 candidats. Des événements anxiogènes jalonnaient la montée en puissance du scénario. La projection des participants dans un univers dans lequel ils n’avaient aucun repère a permis de ne travailler que sur le développement d’une compétence donnée : la mise en place de stratégie de prévention primaire et secondaire face au stress aigu.</p>
<h2>Apprendre dans le bon ordre</h2>
<p>Toutefois ce ne sont pas ces leviers en tant que tels qui semblent faire la différence au niveau des apprentissages des individus, mais bien la séquence des actions pédagogiques. La réussite de l’utilisation d’un jeu réside dans la qualité de l’apprentissage préalable dispensé auparavant. La connaissance de l’environnement pour des professionnels est également un facteur fondamental dans la qualité du développement des compétences.</p>
<p>C’est ce que nous avons pu observer dans une multinationale industrielle. Nous avons utilisé une technique de cartographie de l’ensemble du processus décisionnel des gestionnaires de crise observés et modélisé trois séries de cartes cognitives, mobilisant différents modes d’apprentissage en présentiel et en distanciel de <em>serious games</em>. Elles ont permis de déterminer la séquence optimale des activités d’apprentissage.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/OvrDgDIgDjM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Nos <a href="https://www.cairn.info/revue-vie-et-sciences-de-l-entreprise-2022-2-page-167.htm">résultats</a> suggèrent que le meilleur levier pédagogique disponible pour une entreprise est constitué d’une simulation de crise en présentiel suivi d’une formation de crise effectuée par un animateur aidé d’un seul diaporama. La séquence en mode totalement « distanciel » est également bénéfique lorsqu’elle est accompagnée d’une formation initiale via des vidéos de type tutoriel et d’une séance de <em>serious game</em>, mais légèrement moins efficace.</p>
<p>La mise en place de simulations particulières mais au sein d’un même scénario favorise, elle, l’apprentissage à l’échelle du groupe, sachant que les conséquences des décisions de chacun pèsent sur l’ensemble du collectif. La chose s’avère, certes, difficile à organiser et animer mais le bénéfice est à la fois pédagogique et organisationnel. Les entités de la même organisation apprennent à travailler ensemble et échafaudent, à l’issue des simulations, des plans d’action collectifs. Cette co-création d’expérience, à plusieurs échelles de l’entreprise, est un très fort levier de montée en maturité en matière d’apprentissage organisationnel en gestion de crise.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204971/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raphaël de Vittoris est également Crisis manager du groupe Michelin</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sophie Cros ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le jeu ne semble permettre de développer des compétences dans une organisation que quand il est utilisé au bon moment dans une séquence d’apprentissage.Sophie Cros, Professeur des universités en sciences de gestion, spécialiste gestion globale des risques et des crises, Université Le Havre NormandieRaphael De Vittoris, Professeur associé en Sciences de Gestion, Université Clermont Auvergne (UCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2037152023-05-02T10:44:21Z2023-05-02T10:44:21ZApprendre à gérer un budget grâce… au jeu vidéo FIFA ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/520585/original/file-20230412-28-z6rxhr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2048%2C1366&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À manipuler la monnaie virtuelle du jeu, il est possible d’acquérir de nombreuses compétences de gestion.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Footy.com / Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le rôle des monnaies virtuelles est devenu central dans les <a href="https://theconversation.com/topics/jeux-video-23270">jeux vidéo</a>. Ces unités de compte qui peuvent être gagnées, achetées ou échangées dans les univers virtuels présentent désormais un impact économique important. Même si elles ne sont pas considérées comme des devises, elles peuvent néanmoins influencer la façon dont les joueurs interagissent les uns avec les autres et même la façon dont les divertissements sont conçus.</p>
<p>Côté joueurs, elles sont souvent nécessaires pour avancer dans une aventure, en achetant des biens virtuels, des équipements, des personnages, des décorations ou autres améliorations. Pour les éditeurs, elles sont une source de revenus devenue essentielle et intégrée aux modèles économiques. C’est d’ailleurs souvent sous cet angle qu’elles sont évoquées dans les médias : les « lootboxes », « coffres à butin » ou « achats intégrés » sont largement <a href="https://www.ladn.eu/media-mutants/jeux-video-lootboxes-jeunes-joueurs/">critiqués</a> comme une source d’addiction à la dépense et comme une transformation des jeux en ligne en jeux d’argent. </p>
<p>Plusieurs firmes ont dû ainsi répondre devant la justice, tel <a href="https://www.lesnumeriques.com/vie-du-net/attaque-pour-vente-de-loot-boxes-dans-fortnite-et-rocket-league-epic-games-trouve-un-arrangement-n160781.html">Epic Games</a> qui a notamment développé Fortnite. La Belgique a ainsi légiféré pour <a href="https://www.ouest-france.fr/gaming/jeux-video-ufc-que-choisir-met-en-demeure-ea-games-fifa-d-afficher-les-prix-de-ses-loot-box-d9ae4162-e253-11ec-a665-c765ae49fc18">interdire ces microtransactions</a>.</p>
<p>On ne peut cependant limiter l’analyse des monnaies virtuelles à ces risques. Et s’il s’agissait aussi, de même que ces loisirs enseignent la <a href="https://theconversation.com/concentration-patience-strategie-ces-competences-que-les-jeux-videos-permettent-de-developper-130808">patience</a>, d’un moyen de socialiser les joueurs à l’argent numérique, de permettre en apprentissage en gestion dans un contexte ludique ? C’est ce que nous suggérons dans nos travaux prochainement publiés dans la revue <em>Réseaux</em> à partir d’un des jeux les plus populaires au monde, <a href="https://theconversation.com/topics/fifa-21439">FIFA</a>.</p>
<p>Ils s’inscrivent notamment dans la continuité des études de la sociologue américaine Viviana Zelizer qui montre qu’il existe une <a href="https://journals.openedition.org/lectures/270#:%7E:text=6Viviana%20Zelizer%20remarque%20que,rejetant%20les%20sentiments%20du%20donateur.">« signification sociale de l’argent »</a>. Elle démontre que les fonds ne sont pas utilisés de la même manière en fonction de leur provenance. Par exemple, un billet reçu à un anniversaire servira à un projet spécial ; des criminels expliquent qu’ils ne mettront pas dans le panier de la quête à l’église de l’argent issu de leurs activités sombres.</p>
<h2>Les cartes dans FIFA, un véritable marché</h2>
<p>FIFA et son mode compétitif en ligne <em>FIFA Ultimate Team</em> (FUT) suscitent la controverse pour ses monnaies. Dans FUT, il s’agit de constituer son équipe de rêve, de préférence plus rapidement que les autres joueurs.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/520549/original/file-20230412-28-o440sw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520549/original/file-20230412-28-o440sw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520549/original/file-20230412-28-o440sw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1009&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520549/original/file-20230412-28-o440sw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1009&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520549/original/file-20230412-28-o440sw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1009&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520549/original/file-20230412-28-o440sw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1268&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520549/original/file-20230412-28-o440sw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1268&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520549/original/file-20230412-28-o440sw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1268&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Ce mode en ligne serait néanmoins devenu un « pay-to-win », terme péjoratif pour qualifier une partie où c’est celui qui paie qui gagne. Il est par exemple possible d’acquérir des packs de footballeurs aléatoires, avec l’espoir d’y trouver un sportif qui renforcera l’équipe du joueur et dont la valeur dans FUT aurait été trop importante pour se le procurer.</p>
<p>Trois monnaies sont utilisables dans ce jeu : les crédits, les points FIFA et les jetons. Les premiers tombent en récompense de matchs remportés ou en spéculant sur les cartes du jeu ; ils permettent d’acheter des cartes de sportifs. Les points FIFA achetables en euros ou en dollars servent, eux, à obtenir des packs de cartes. Les jetons, enfin, permettent d’accéder à des modes de jeu spécifiques.</p>
<p>Toutes ces ressources participent à un marché qui regroupe au plus fort de l’année plusieurs millions de cartes. Il constitue le cadre de nombreuses transactions entre joueurs, réalisées en crédits, via un dispositif proposé par l’éditeur qui régule les enchères entre joueurs, les cours des cartes via différentes promotions et plus largement la masse monétaire en crédit via une taxe de 5 % de crédit par transaction. Cette activité, nommée achat-revente, est une pratique centrale du mode FUT.</p>
<h2>Des concepts de gestion pour être compétitif</h2>
<p>Derrière, c’est néanmoins pour les joueurs tout un processus d’apprentissage. Manipuler ces monnaies engage des logiques d’efficience, d’éthique et de gestion émotionnelle. Les joueurs cherchent à maximiser l’utilisation de leurs crédits pour améliorer leur équipe et ainsi gagner des matchs.</p>
<p>Les crédits sont, aux yeux des joueurs, durement gagnés et considérés comme mérités. Pour certains, ils ne devront d’ailleurs pas être gaspillés dans des packs sur un coup de tête. Des techniques pour gagner des crédits plus rapidement sont partagées sur les réseaux sociaux et forums, transmises par des influenceurs qui présentent autant des astuces propres au jeu que les mécanismes financiers du marché qui impactent les cours.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1645823838922461184"}"></div></p>
<p>Les points FIFA, eux, ne supposent pas de compétences à acquérir. Ces achats sont plus ou moins reconnus comme légitimes. Ils sont pour certains un capital investi en début de jeu pour aller plus vite, pour d’autres, juste de la triche. Dans les deux cas, l’enjeu est d’adopter des usages en accord avec les normes des autres joueurs. Comme nous avons pu l’entendre :</p>
<blockquote>
<p>« Accepter des points FIFA comme cadeau de Noël ou d’anniversaire, ça passe »</p>
</blockquote>
<p>Il s’agit aussi de se plier aux normes de l’éditeur : faire de l’achat-revente oui, obtenir des crédits de manière illégale, c’est l’exclusion.</p>
<p>Une fois les crédits obtenus, reste à les utiliser pour construire la meilleure équipe possible. Ici joue la mobilisation de concepts gestionnaires et financiers qui permettront aux joueurs d’être compétitifs : offre et demande, fixation de prix et équilibre, spéculation, gestion des risques, taxe, régulation, fraude ou encore rôle de l’information. La notion la plus centrale reste celle de la valeur des cartes : elle va guider toutes les décisions.</p>
<p>Celle-ci est liée aux <a href="https://theconversation.com/comment-les-jeux-video-de-football-influencent-la-realite-et-inversement-87117">performances</a> des footballeurs dans la réalité, renforçant le lien entre le jeu et le stade. Certains joueurs tentent même de développer des stratégies d’investissement sur la durée de vie du jeu, planifiant tant leur équipe que les moyens à acquérir pour en disposer.</p>
<h2>Des compétences à faire valoir</h2>
<p>D’autres compétences importantes se développent via les monnaies virtuelles des jeux vidéo, comme le contrôle de soi, même si elles n’en sont pas le seul objet. Pour les monnaies virtuelles, les joueurs apprennent à mettre en place des garde-fous, comme s’interdire de dépasser un certain montant financier dépensé dans le jeu par mois ou année.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/podcast-fortnite-est-il-un-jeu-dargent-125092">Podcast : Fortnite est-il un jeu d'argent ?</a>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Ce contrôle de soi est central autant pour lutter contre la tentation face à l’argent et aux packs, que dans la maîtrise à garder face à la toxicité d’autres joueurs et à la frustration des défaites. Plus généralement, il s’inscrit dans la maîtrise de l’engagement important que suppose la pratique de ce loisir sérieux où il faut à la fois « jouer le jeu » pleinement pour rester compétitif et de ne pas « trop tomber dans le jeu » jusqu’à en perdre le goût. En cela, le cas de FUT permet d’observer une socialisation conjointe à l’argent et au jeu.</p>
<p>Tout cela suggère le rôle des jeux vidéo dans la socialisation à l’argent et l’intérêt de reconnaître les compétences, par exemple en gestion, que les joueurs y développent et parfois étendent hors du jeu. Celles-ci restent encore peu visibles et vues peu légitimes car acquises dans un contexte ludique. Les monnaies dans les jeux vidéo apparaissent pourtant porteuses d’apprentissages, qu’il convient de mieux reconnaître et intégrer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203715/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les monnaies virtuelles comme celles utilisées dans le célèbre jeu de football apparaissent porteuses d’apprentissages, qu’il convient de mieux reconnaître et intégrer.Sarah Maire, Assistant Professor in Accounting and Control, Ph.D., IÉSEG School of ManagementCaterina Trizzulla, Maître de conférences en Marketing, Université de LorraineRenaud Garcia-Bardidia, Professeur des universités en Sciences de Gestion, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2037932023-04-17T15:59:13Z2023-04-17T15:59:13ZLes enfants ne jouent plus autant qu’avant : pourquoi il faut s’en inquiéter<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/520776/original/file-20230413-20-6y9ct8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1920%2C1276&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/beautiful-litlle-girl-on-hopscotch-202967737">Shutterstock / VP Photo Studio</a></span></figcaption></figure><p>« Je descends jouer ! » Voilà une phrase que beaucoup d’entre nous ont souvent prononcée au cours de leur enfance. Aujourd’hui, elle se fait plus rare dans le quotidien des familles : selon certaines études, les enfants jouent moins qu’avant – une heure et demie par jour – et ils arrêtent plus tôt de <a href="https://www.museumofplay.org/app/uploads/2022/01/1-3-article-childrens-pastimes-play-in-sixteen-nations.pdf">jouer avec des jouets classiques</a>. Dès l’âge de 7-9 ans, beaucoup préfèrent les appareils électroniques aux poupées, figurines, cerfs-volants, petites voitures…</p>
<p>L’émergence de ces appareils, la vie dans les grandes villes où les <a href="https://theconversation.com/bonnes-feuilles-leurs-enfants-dans-la-ville-enquete-aupres-de-parents-a-paris-et-a-milan-170571">sorties à l’extérieur sont moins autonomes</a> et moins sûres, les longues journées d’école suivies d’activités extrascolaires sont autant de facteurs qui peuvent expliquer cette tendance. Mais au-delà des causes, quelles en sont les conséquences ?</p>
<h2>Jouer pour apprendre et grandir</h2>
<p>Nous connaissons depuis des années l’importance du jeu dans le développement des enfants et leurs apprentissages. <a href="https://www.researchgate.net/publication/265449180_The_Decline_of_Play_and_the_Rise_of_Psychopathology_in_Children_and_Adolescents">Certaines recherches</a> menées aux États-Unis mettent en garde contre le lien entre la diminution du temps consacré au jeu libre et l’augmentation de l’anxiété et de la dépression chez les enfants et les jeunes.</p>
<p>Le jeu est présent dans toutes les cultures et à toutes les époques, comme en témoignent les <a href="https://www.agenciasinc.es/Entrevistas/Los-primeros-juguetes-de-la-prehistoria-fueron-pequenas-figurillas-de-animales-canicas-o-miniaturas-de-objetos-adultos">vestiges archéologiques de certains jouets</a>. Les bébés humains passent par un stade d’immaturité biologique qui les rend dépendants des adultes pour leur survie, et à ce stade, ils passent une grande partie de leur temps à jouer.</p>
<p>Cette immaturité leur permet de tirer profit du jeu, grâce auquel ils peuvent répéter des comportements, simuler des situations, s’entraîner à des comportements, apprendre à contrôler leur attention et leurs émotions, apprendre des éléments du contexte social et s’intégrer progressivement dans le monde des adultes.</p>
<p>En résumé, ces activités enfantines contribuent positivement au <a href="https://cms.learningthroughplay.com/media/esriqz2x/role-of-play-in-childrens-development-review_web.pdf">développement humain</a> dans toutes ses dimensions :</p>
<ul>
<li><p>sur le plan physique, à travers la stimulation de l’évolution du système nerveux ;</p></li>
<li><p>sur le plan psychomoteur, en favorisant ; l’équilibre et le contrôle musculaire.</p></li>
<li><p>sur le plan cognitif, en développant la pensée et la créativité ;</p></li>
<li><p>du point de vue social, en permettant le contact avec les pairs et l’apprentissage des règles de comportement.</p></li>
<li><p>du point de vue affectif et émotionnel, par la recherche du plaisir, de l’équilibre psychologique ou de la maîtrise de soi.</p></li>
</ul>
<h2>Jeux de groupe, jeux actifs, jeux d’imagination…</h2>
<p>Il existe une multiplicité de comportements humains que l’on regroupe sous le terme de jeu, d’où la complexité de la notion, la difficulté de la définir et de la catégoriser.</p>
<p>En raison de la diversité des approches et des cadres conceptuels à partir desquels la recherche a été abordée, il n’est pas surprenant de constater que, pour chaque domaine du développement de l’enfant, il existe une forme de jeu.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/mon-enfant-a-un-ami-imaginaire-et-si-ca-laidait-a-grandir-109274">Mon enfant a un ami imaginaire : et si ça l’aidait à grandir ?</a>
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</p>
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<p>Cependant, on les classe généralement en cinq grands types : l’activité physique, le jeu avec des objets, le jeu symbolique, le jeu d’imitation et d’imagination et le jeu fondé sur des règles.</p>
<p><a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/12/6/6455">L’activité physique</a> comprend le <em>jeu actif</em> avec des activités telles que sauter, grimper, jouer au ballon, etc., qui commencent à se développer à partir de la deuxième année de vie, ainsi que des activités de motricité fine comme le découpage ou le coloriage, et le <em>jeu de groupe</em>, typique de la phase préscolaire, qui se déroule avec d’autres et comprend des luttes, des coups de pied et des combats grâce auxquels les enfants apprennent à contrôler leur agressivité. Ces jeux favorisent non seulement le développement moteur et sensoriel, mais aussi les capacités d’attachement et la compréhension des compétences émotionnelles et sociales.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/520877/original/file-20230413-16-71fqnv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Imiter par le jeu des situations de la vie courante contribue à la socialisation des enfants.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/adorable-little-girl-playing-soft-toys-1481057063">Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Les jeux avec des objets commencent dès les premiers mois, lorsque les bébés sont capables de saisir et de tenir des objets. Ils commencent à frotter les objets, à les frapper, à les faire tomber… jusqu’à ce qu’ils soient capables de les trier, de les classer, de faire des constructions avec eux, etc. Ce sont des activités qui leur servent de mécanismes pour explorer le monde qui les entoure.</p>
<p>Le jeu symbolique, qui apparaît entre 2 et 3 ans, est centré sur l’utilisation de systèmes symboliques tels que le langage, la lecture, le dessin ou la musique et favorise le développement des capacités de réflexion sur les expériences, les émotions, etc.</p>
<p><a href="https://www.researchgate.net/publication/230706102_The_Impact_of_Pretend_Play_on_Children%27s_Development_A_Review_of_the_Evidence">Le jeu de simulation</a>, dans lequel des objets sont transformés pour en représenter d’autres (un balai représente un cheval, un doigt fait office de pistolet…), apparaît vers l’âge de 1 an et constitue un <a href="https://theconversation.com/jouer-a-faire-semblant-aide-t-il-les-enfants-a-grandir-184757">moyen de développer la pensée abstraite</a>, ce qui a des implications pour les futures compétences cognitives, sociales et académiques.</p>
<p><a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/02103702.2017.1292684">Les jeux fondés sur des règles</a> vont des jeux de plein air, comme le cache-cache ou les activités sportives, aux <a href="https://theconversation.com/asi-nos-cambian-el-cerebro-los-juegos-de-mesa-191426">jeux de société</a> ou aux jeux électroniques. Ces jeux développent la compréhension des règles et des aspects de la vie sociale tels que le tour de rôle, le partage ou la compréhension du point de vue des autres.</p>
<h2>Le jeu, activité sociale et droit de l’enfant</h2>
<p>Au cours des dernières décennies, avec l’intégration progressive d’une grande partie de la population dans les villes, on a assisté à un déclin constant des jeux traditionnels et de plein air en face à face, au profit de jeux structurés, de sports organisés et d’activités extrascolaires. En conséquence, certaines <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/14733280500352912">recherches</a> suggèrent que les enfants jouent moins aujourd’hui qu’il y a quelques décennies.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-enfants-libres-daller-et-venir-seuls-sorienteront-mieux-a-lage-adulte-166201">Les enfants libres d’aller et venir seuls s’orienteront mieux à l’âge adulte</a>
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<p>On observe également une augmentation des jeux basés sur la technologie (jeux vidéo, réalité virtuelle et augmentée). Curieusement, malgré leurs détracteurs, il a été observé que ces jeux <a href="https://www.revistacomunicar.com/index.php?contenido=detalles&numero=33&articulo=33-2009-19">fournissent des compétences nécessaires</a> qui répondent aux caractéristiques des sociétés technologiques (agilité dans la prise de décision, résolution de problèmes, etc.)</p>
<p>En termes d’implications pour l’apprentissage, le jeu est une activité indispensable de l’enfance qui <a href="https://www.researchgate.net/publication/325171106_Learning_through_play_a_review_of_the_evidence">contribue positivement</a> et peut être utilisé comme <a href="https://theconversation.com/diez-reglas-sencillas-para-pasarlo-bien-jugando-con-nuestros-hijos-182352">outil pédagogique</a> par les parents et les enseignants en raison de son caractère motivant, amusant et agréable.</p>
<p>Dans le même ordre d’idées, les dynamiques de jeu telles que la <em>gamification</em> sont appliquées dans des contextes éducatifs, dans le but d’impliquer les élèves dans des tâches scolaires, de les faire participer à des processus d’apprentissage et <a href="https://theconversation.com/es-util-usar-recompensas-para-motivar-en-el-aula-y-en-los-deportes-198038">d’améliorer leurs performances</a>.</p>
<p>Les adultes humains conservent encore ces comportements qui, chez d’autres espèces, ne définissent que des membres infantiles. Quel que soit l’âge, le jeu joue un rôle important dans la vie des gens. Pour certains, il s’agit d’un moyen de s’entraîner et de pratiquer de nouvelles compétences et de nouveaux comportements dans un environnement sûr, tandis que pour d’autres, c’est un moyen de favoriser l’interaction sociale et la connexion avec les autres. En général, le jeu peut avoir un certain nombre d’effets bénéfiques sur la santé mentale et physique, comme la réduction du stress, l’amélioration de la créativité et la résolution de problèmes.</p>
<p>En bref, le jeu n’est pas seulement une activité pour les enfants, mais peut constituer une part importante de la vie des personnes de tous âges. Les potentialités du jeu sont à la base du développement des capacités cognitives, socio-émotionnelles et de résolution de problèmes d’ordre supérieur développées par les êtres humains.</p>
<p>Le jeu est nécessaire à l’épanouissement de notre condition humaine et est désormais reconnu à juste titre par les Nations unies non seulement comme une opportunité mais aussi comme un <a href="https://recyt.fecyt.es/index.php/BORDON/article/view/brp.2013.65107/11377">droit pour les enfants</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203793/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ángeles Conde Rodríguez ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les enfants ne jouent plus qu’une heure et demie par jour – et, dès l’âge de 7-9 ans, beaucoup préfèrent les appareils électroniques aux poupées, figurines, cerfs-volants, petites voitures…Ángeles Conde Rodríguez, Profesora Titular de Psicología Evolutiva y de la Educación, Universidade de VigoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2014902023-04-10T19:24:09Z2023-04-10T19:24:09ZAu Bénin, ces enfants qui quittent l’école pour apprendre un métier<p>Au Bénin, les ménages populaires en milieu rural éprouvent de grandes difficultés à maintenir leurs enfants à l’école. Une partie des enfants de ces zones sont amenés à quitter le système scolaire avant la fin de l’école primaire ou dès les premières années du collège, même lorsque leurs résultats scolaires sont bons.</p>
<p>Malgré <a href="https://journals.openedition.org/ree/7368?lang=en">diverses mesures politiques prises depuis les années 1990</a> par les gouvernements successifs pour améliorer la qualité de l’offre scolaire et l’accès universel à l’enseignement de base, le pays a vu la proportion des élèves allant jusqu’au bout de l’école primaire passer de <a href="https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SE.PRM.CMPT.MA.ZS?end=2021&locations=BJ&most_recent_year_desc=true&start=1971&view=chart&year=2017">85 % en 2016 à 68 % en 2019, avant de remonter à 77 % en 2021</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lafrique-est-forte-de-sa-jeunesse-mais-doit-investir-dans-leducation-79213">L’Afrique est forte de sa jeunesse mais doit investir dans l’éducation</a>
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<p>L’obligation scolaire pour tous les enfants entre cinq et onze ans, décrétée en 2006, n’a jamais été pleinement mise en œuvre. Par ailleurs, en 2015, 35,17 % des élèves ayant achevé le cycle primaire ont <a href="https://knoema.fr/atlas/B%c3%a9nin/topics/%c3%89ducation/%c3%89ducation-secondaire/Taux-dabandon-scolaire-pour-les-enfants-%c3%a0-l%c3%a2ge-dentr%c3%a9e-au-premier-cycle-de-lenseignement-secondaire">abandonné l’école à ce moment-là</a>.</p>
<p>En milieu rural, ce phénomène est encore plus marqué, car pour les ménages pauvres, il est souvent très compliqué de soutenir le coût d’une longue scolarisation, et les enfants apparaissent comme une potentielle force de travail : il peut sembler plus rationnel de leur apprendre au plus vite un métier manuel plutôt que les envoyer poursuivre leur scolarité. Certes, les classes populaires rurales ne sont pas homogènes : certains parents souhaitent voir leurs enfants poursuivre une bonne scolarité jusqu’à l’université et font leur possible pour cela. C’est toutefois au sein des ménages ruraux pauvres que le décrochage scolaire est le plus marqué.</p>
<p>Dans cet article, j’examine les conditions dans lesquelles les enfants quittent l’école avant la fin du cycle primaire ou dès les premières années du collège dans l’arrondissement rural de Tanvè (dans le sud du Bénin) où je mène des enquêtes de terrain depuis maintenant cinq ans. Comment expliquer que des enfants qui ont régulièrement de bonnes notes à l’école arrêtent leur scolarité pour apprendre un métier ? De quels métiers s’agit-il, comment se passe la formation et quelles sont les perspectives des enfants concernés ?</p>
<h2>Maintenir les enfants à l’école est une décision difficile</h2>
<p><a href="https://books.google.be/books?hl=en&lr=&id=YmkmDwAAQBAJ">Indépendamment du fait qu’ils proviennent d’un milieu très pauvre</a>, certains enfants progressent bien durant leur cursus à l’école primaire, occupant régulièrement un bon rang dans le classement scolaire. Néanmoins, il arrive qu’ils échouent à l’examen national du certificat d’études primaires (CEP), passé à la fin du cycle d’études primaires. Aussi banal qu’il puisse paraître, cet échec peut avoir des répercussions majeures sur la suite de la scolarité.</p>
<p>En effet, dans un contexte de précarité économique, où la finalité de la scolarisation n’est pas nécessairement d’accumuler des diplômes alors <a href="https://www.afrobarometer.org/wp-content/uploads/2022/02/ab_r7_policypaperno59_emploi_au_benin.pdf">qu’ils ne garantissent plus l’accès à un travail salarié</a>, le moindre accroc au parcours scolaire devient un argument pour arrêter l’école.</p>
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<p>On l’observe au sein de ménages vivant de travaux agricoles, dont les revenus sont saisonniers, et donc précaires. Ce contexte ajoute une difficulté au maintien des enfants à l’école, surtout lorsque le nombre d’enfants à charge est élevé. C’est le cas de Sylvain, âgé de 19 ans en 2021 au moment de notre rencontre, deuxième enfant d’une fratrie de neuf et ayant vécu avec ses deux parents agriculteurs au cours de sa scolarisation. Son père se souvient avec fierté des excellents résultats scolaires de son fils, qui a même été le meilleur élève de sa classe de CM2 :</p>
<blockquote>
<p>« On était aux champs, et la nouvelle est arrivée. Ses camarades disaient : c’est Sylvain ! C’est Sylvain le premier de la classe ! Nous, nous n’en savions rien à ce moment-là ; s’ils n’étaient pas venus annoncer cela, on n’aurait pas su que les résultats étaient arrivés. »</p>
</blockquote>
<p>Malgré sa progression tout au long de l’année scolaire, il échoue à l’examen national du CEP. Les redoublements ne sont pas bien accueillis par certains parents, car cela implique un investissement infructueux pour des ménages déjà caractérisés par une certaine précarité. En effet, la mesure de <a href="https://www.rfi.fr/fr/emission/20110225-gratuite-ecole-benin">gratuité de l’école primaire mise en place dès 2006</a> n’évite pas aux parents l’ensemble des charges liées à la vie scolaire.</p>
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<a href="https://theconversation.com/le-numerique-peut-il-reinventer-leducation-de-base-en-afrique-76871">Le numérique peut-il réinventer l’éducation de base en Afrique ?</a>
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<p>C’est ainsi qu’après cette expérience, Sylvain – alors âgé de 13 ans – décide de concert avec son père d’aller en apprentissage de maçonnerie. Cette formation, tout comme de nombreuses autres formations à des métiers manuels, présente l’avantage de permettre aux jeunes de s’émanciper rapidement. En effet, ils reçoivent une rémunération au cours des contrats de construction pour subvenir à leurs besoins quotidiens tandis que, durant les week-ends, ils font des petits boulots de réparation ici et là, grâce aux compétences qu’ils ont acquises, afin de gagner de l’argent pour leur propre compte.</p>
<p>Au moment où je rencontre Sylvain en 2021, il a terminé ses quatre années d’apprentissage et est en attente de son diplôme. La durée relativement courte des formations – entre trois ans et six ans selon le domaine choisi – est l’autre facteur qui motive les décisions liées à l’apprentissage d’un métier manuel. L’investissement est donc moins onéreux et l’entrée sur le marché du travail plus rapide.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="école primaire au Bénin" src="https://images.theconversation.com/files/514435/original/file-20230309-20-t3glwf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C2%2C1381%2C1035&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514435/original/file-20230309-20-t3glwf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514435/original/file-20230309-20-t3glwf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514435/original/file-20230309-20-t3glwf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514435/original/file-20230309-20-t3glwf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514435/original/file-20230309-20-t3glwf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514435/original/file-20230309-20-t3glwf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">École primaire publique de Dékanmey, située dans l’arrondissement rural de Tanvè au Bénin en 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Tonaï Guedou</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>S’il est difficile pour les ménages où les deux parents sont présents de maintenir leurs enfants à l’école, cela l’est encore davantage pour les ménages dirigés par une femme seule, car des <a href="https://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-2004-4-page-41.html">travaux menés sur la pauvreté au Bénin</a> ont montré que le faible niveau d’éducation, le secteur d’activité (informel) et la taille du ménage accroissent le risque de pauvreté des femmes cheffes de ménages en milieu rural.</p>
<p>La mère de Judi se retrouve dans cette situation. C’est une femme d’une quarantaine d’années, qui n’a jamais été scolarisée. Elle est veuve d’un premier mariage. Judi est l’un des enfants de ce premier mariage. Sa mère s’est remariée et a eu trois autres enfants, mais est désormais séparée de son mari. Quatre enfants, dont Judi, vivent avec elle à plein temps, et c’est sur elle que repose leur charge. Elle a une petite activité de fabrication artisanale de fromage de soja, mais peine à joindre les deux bouts.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/KWaHVwOBQQE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Malgré ces difficultés familiales, Judi réussit brillamment son CEP à l’âge de 13 ans. Il entame ensuite son année de sixième au collège et obtient à l’issue de cette année une moyenne générale de 14/20. Cependant, il arrête l’école peu après (en 2021) et entame un apprentissage de maçonnerie, comme Sylvain. Pour sa mère, le coût d’une longue scolarisation est insoutenable, d’autant qu’elle n’est pas assurée que son fils trouvera du travail plus tard. La question du financement d’une scolarisation qui se prolonge est un problème crucial pour les femmes cheffes de ménage, dont les ressources ne sont pas conséquentes, et qui ne peuvent pas planifier une telle prise en charge sur une longue durée avec leurs maigres revenus.</p>
<p>L’analyse de ces deux cas montre d’une part que dans ces milieux précarisés, un redoublement peut avoir des conséquences radicales sur la scolarité et, d’autre part, que les longues études sont parfois incompatibles avec les revenus des ménages, alors que la durée relativement courte des apprentissages de métiers manuels les rend plus attractifs. Par ailleurs pour certains jeunes, l’apprentissage est la meilleure option car les connaissances dispensées à l’école sont trop théoriques à leurs yeux.</p>
<h2>À l’école, des connaissances trop théoriques</h2>
<p>L’avantage de l’apprentissage pour les jeunes est qu’il s’agit d’une activité pratique, qui permet de créer et de toucher du doigt ce que l’on fait. Durant l’apprentissage, les jeunes développent une représentation de la réussite sociale qui s’appuie sur une forme de <a href="https://www.persee.fr/docAsPDF/arss_0335-5322_1978_num_24_1_2615.pdf">culture anti-école</a>. Une jeune couturière m’a présenté ainsi les raisons pour lesquelles elle a opté pour l’apprentissage :</p>
<blockquote>
<p>« Quand tu vas à l’école, tu ne sais pas concrètement ce que tu apprends, ni ce que tu vas en faire. Or, quand tu apprends un métier, tu sais où tu en es, et ce que tu es capable de faire. »</p>
</blockquote>
<p>Ce besoin d’acquérir un savoir pratique afin de pouvoir en faire quelque chose immédiatement est largement partagé par les jeunes de ces milieux. Certains sont rapidement invités à travailler avec des équipes de construction d’infrastructures dans le village. Par exemple, plusieurs jeunes maçons et menuisiers locaux ont participé à la construction récente de la deuxième école publique du village. Voir leurs enfants travailler pour le village est un motif de fierté pour les parents, et la source d’un sentiment de réussite et d’accomplissement pour ces jeunes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quelles-perspectives-pour-leconomie-africaine-en-2023-198047">Quelles perspectives pour l’économie africaine en 2023 ?</a>
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<p>En somme, les difficultés liées au financement d’une scolarité qui se prolonge, la difficulté à s’approprier des connaissances trop théoriques à l’école et la crainte de reporter le début de l’autonomie produisent une distance par rapport aux <a href="https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2001-2-page-5.htm">figures classiques de réussite</a>, au profit d’un apprentissage de métier manuel qui garantit une insertion professionnelle rapide et une autonomie personnelle.</p>
<h2>Avoir un capital scolaire pour apprendre un métier</h2>
<p>Avant d’aller en apprentissage de métier manuel, les jeunes évoqués ci-dessus sont passés par l’école. En effet, l’obligation et la gratuité de l’école primaire, même imparfaitement mise en œuvre, ont largement contribué à augmenter le taux de scolarisation, et même à maintenir les enfants à l’école un peu plus longtemps en fonction des moyens du ménage.</p>
<p>En outre, même si de nombreuses carrières scolaires en milieu rural restent relativement courtes, l’acquisition de quelques notions scolaires est malgré tout valorisée, voire indispensable pour faciliter l’assimilation des connaissances en apprentissage. Il est ainsi devenu important pour les populations rurales de <a href="https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-1999-4-page-153.htm">posséder des rudiments scolaires</a> pour, une fois cet apprentissage terminé, pouvoir intégrer un marché du travail très mouvant et ne pas subir un déclassement social et professionnel dans leurs nouvelles professions, où une connaissance élémenentaire du français et des notions de mathématiques peuvent s’avérer bien utiles. In fine, les gains – même maigres – de l’éducation engendrent, pour ceux qui sont dans des professions indépendantes ou informelles, une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S014759670800070X">distinction et une plus-value</a> précieuses.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201490/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tonaï Maryse Guédou a reçu des financements ULB, AUF et ARES </span></em></p>Entre une scolarisation qui se prolonge et l'apprentissage d'un métier, le choix de certains ménages ruraux au Sud du Bénin pour l'avenir de leurs enfants se porte souvent sur la seconde option.Tonaï Maryse Guédou, Doctorante en Sciences Politiques et Sociales, Université Libre de Bruxelles (ULB)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1980822023-02-02T19:02:28Z2023-02-02T19:02:28ZComment mieux apprendre tout au long de la vie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/505077/original/file-20230118-11-c7qqaj.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=9%2C0%2C6130%2C4243&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vivre l'apprentissage comme une opportunité de développement personnel est crucial pour que des progrès significatifs aient lieu.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/course-study-451041577">Alphaspirit.it / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Tout au long de sa vie, l'être humain est confronté à de nouvelles situations, acquiert de nouvelles connaissances qu'il transpose à de nouveaux contextes, développe de nouvelles idées et compétences, voire modifie son environnement pour améliorer son bien-être. Nous faisons tout cela grâce à une compétence extraordinaire qu'on appelle «apprentissage», qui a permis à notre espèce un plus grand degré de flexibilité et d'adaptabilité, nous plaçant au sommet de l'évolution. </p>
<p>L'apprentissage humain prend de nombreuses formes. Dans certains cas, on peut l'observer, car il transforme des comportements, par exemple, lorsqu'un enfant apprend à mettre un manteau. Mais dans d'autres cas, ce qui change est invisible pour un spectateur extérieur, par exemple, quand un élève comprend une explication ou apprend à résoudre un problème.</p>
<h2>Apprentissage accidentel ou intentionnel</h2>
<p>Les gens peuvent entreprendre des apprentissages complexes (langue parlée, valeurs, coutumes, etc.) sans effort conscient et spontanément, par l'observation, l'imitation ou l'interaction avec des objets ou des personnes : c'est ce qu'on appelle <a href="https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=3400600">l'apprentissage fortuit</a>. </p>
<p>Cependant, la plupart des apprentissages que nous faisons au cours de notre vie sont volontaires et intentionnels et consistent en des systèmes complexes de connaissances. Leur acquisition nécessite un effort, une disposition favorable et une volonté de le faire. Ces apprentissages sont acquis dans des contextes institutionnels spécifiques et sont promus par des professionnels de l'éducation. </p>
<p>L'apprentissage humain est complexe et <a href="https://saberespsi.files.wordpress.com/2016/09/ellis-aprendizaje-humano.pdf">les recherches en psychologie nous ont offert des explications</a>, parfois différentes et parfois complémentaires, sur la façon dont les gens apprennent et sur les principaux processus psychologiques impliqués, ainsi que sur les facteurs, tant personnels que contextuels, qui peuvent les favoriser ou les entraver. </p>
<p>Ces contributions ont permis de mieux comprendre l'apprentissage qui se produit tout au long de notre cycle de vie, ainsi que d'analyser, de revoir de manière critique et d'améliorer les pratiques éducatives actuelles.</p>
<h2>Bases biologiques et flexibilité</h2>
<p>Pour apprendre quelque chose, nous devons y être biologiquement préparés. Cette détermination biologique est inscrite dans notre code génétique, dans lequel une distinction peut être faite entre <a href="https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=2089578">contenu fermé et contenu ouvert</a>. </p>
<p>La partie <em>fermée</em> est assez rigide et comprend une série de traits immuables, à l'exception des altérations génétiques, qui nous définissent en tant qu'espèce, et un calendrier de maturation qui détermine les capacités et les compétences possibles à chaque moment de notre vie. </p>
<p>Par exemple, les êtres humains naissent avec la capacité de parler, mais nous ne parlerons que lorsque notre cerveau aura atteint un niveau de développement adéquat et que notre appareil vocal sera prêt. Le calendrier de maturation déterminera le moment où l'acquisition du langage aura lieu. </p>
<p>La partie <em>ouverte</em>, une fois que les bases de la maturation sont en place, dépendra des interactions de la personne avec l'environnement. L'acquisition d'une langue particulière, avec plus ou moins de fluidité et plus ou moins de richesse lexico-sémantique, est possible parce que la langue n'est pas un contenu fermé, comme la couleur des yeux ou des cheveux, mais un contenu ouvert avec la possibilité de se développer.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Le cerveau est le support physique des processus mentaux. Les régions du cortex cérébral se développent et se différencient anatomiquement et fonctionnellement à des moments différents, certains processus se produisant avant la naissance et d'autres se poursuivant à l'âge adulte. </p>
<p><a href="http://www.scielo.org.co/pdf/cesm/v28n1/v28n1a10.pdf">Le cerveau est flexible</a> et peut s'adapter tout au long de la vie, même en cas de lésion cérébrale. Les neurones ne sont pas spécialisés dès leur formation, ce qui entraîne une <a href="https://theconversation.com/asi-nos-cambian-el-cerebro-los-juegos-de-mesa-191426">modification constante</a> de la <a href="https://theconversation.com/como-cambia-nuestro-cerebro-la-practica-musical-181031">structure du cerveau</a>. Cette caractéristique du système nerveux est appelée <em>plasticité</em>. </p>
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Leer más:
<a href="https://theconversation.com/quest-ce-que-la-plasticite-cerebrale-141907">Qu’est-ce que la plasticité cérébrale ?</a>
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<p><a href="https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=2089579">Les périodes sensibles du cerveau</a> sont désignées comme les moments où la spécialisation des neurones a lieu et où certains apprentissages se font de manière plus appropriée et plus efficace. Cela ne veut pas dire que l'apprentissage se fait de manière rigide dans des périodes fixes, mais qu'il y a des moments plus appropriés que d'autres pour un apprentissage différent. En fait, il a été démontré que, dans certaines parties du cerveau adulte, il y a <a href="https://digital.csic.es/handle/10261/254991">une régénération neuronale tout au long de la vie</a>.</p>
<h2>Expériences sociales</h2>
<p>L'apprentissage n'est pas figé et la maturation seule n'est pas suffisante pour que l'apprentissage ait lieu : nous n'apprenons pas seuls. L'apprentissage est le résultat de <a href="https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=5060829">l'interaction quotidienne que nous avons avec d'autres personnes</a> (parents, enseignants, pairs), et des diverses activités que notre culture nous propose. En d'autres termes, un certain apprentissage sera acquis ou non en fonction des expériences que nous avons. </p>
<p>Tout d'abord, nous apprenons à faire des choses en observant ou en collaborant avec d'autres personnes, puis, avec de la pratique, nous sommes capables de le faire seuls. L'apprentissage est un processus social, nous apprenons au contact de nos pairs et ce que nous apprenons a été construit socialement par d'autres personnes et cultures qui nous ont précédés.</p>
<p>Cependant, les individus ne sont pas passifs dans ce processus. Ils sont engagés dans une activité mentale complexe dans laquelle ils interprètent les situations qu'ils vivent sur la base des connaissances et des expériences antérieures dont ils disposent. Par exemple, si nous voulons qu'une personne apprenne les fonctions du système respiratoire, il est nécessaire qu'elle ait des connaissances générales sur la respiration ou les parties du système respiratoire. </p>
<p>Les processus cognitifs sont également nécessaires à l'apprentissage : attention, perception, mémoire. Percevoir, sélectionner, encoder, interpréter et récupérer des informations sont des compétences qui interviennent dans une grande partie de l'apprentissage quotidien. </p>
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<p>Mais nous ne les utilisons pas de la même manière : les gens ont des styles différents dans leur façon de percevoir, de traiter et de gérer la grande quantité d'informations offerte par la société actuelle. L'individu va faire face à cette saturation d'informations en mettant en œuvre des <em>compétences métacognitives</em>. </p>
<p><a href="https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=5060830">La métacognition est au cœur du processus d'apprentissage</a>. Elle implique que la personne est consciente de ce qu'elle apprend (connaissances métacognitives) et qu'elle sait comment réaliser et utiliser un nouvel apprentissage (compétences métacognitives/autorégulation). </p>
<p>Pour bien apprendre, il faut être conscient des aspects qui influencent l'apprentissage et utiliser délibérément et intentionnellement les connaissances, les compétences et les stratégies d'apprentissage antérieures. </p>
<h2>Le rôle des émotions</h2>
<p>Mais l'apprentissage n'est pas seulement le résultat des processus cognitifs et métacognitifs utilisés pour apprendre et savoir ce que l'on apprend, <a href="https://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=5060878">il faut aussi tenir compte des processus affectifs et motivationnels</a>, qui comprennent les raisons, les buts et les objectifs de chacun et qui détermineront l'attitude ou la volonté de l'apprenant d'apprendre. </p>
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<p>Il est essentiel d'adopter une attitude positive et critique à l'égard de ce qui doit être appris, car cela renforce l'effort et l'investissement. Vivre l'apprentissage comme une opportunité de développement personnel, travailler pour le plaisir d'apprendre et se sentir compétent dans la maîtrise de la tâche sont des éléments cruciaux pour qu'un apprentissage significatif ait lieu.</p>
<p>Les émotions et les sentiments que nous éprouvons lorsque nous apprenons dépendent de notre concept de soi et de notre estime de soi et servent de médiateur aux processus cognitifs, métacognitifs, motivationnels et relationnels qui sont mis en œuvre au cours du processus d'apprentissage.</p>
<p>Dans la société actuelle, les connaissances sont en constante évolution, ce qui rend nécessaire un apprentissage continu tout au long de la vie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198082/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mar García Señorán no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.</span></em></p>L'entrée dans l'âge adulte ne signe pas la fin des apprentissages. L'être humain est en effet programmé pour apprendre tout au long de la vie, et certaines conditions facilitent le processus.Mar García Señorán, Profesora Titular en la Universidad de Vigo. Área de Psicología Evolutiva y de la Educación, Universidade de VigoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1948742023-01-10T20:45:45Z2023-01-10T20:45:45ZLe lycée professionnel, une voie de formation en danger ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/502697/original/file-20221228-74258-pjfi0f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C58%2C1017%2C708&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Conduits d'extraction de la sciure et des poussières dans l'atelier bois du Lycée professionnel de Chardeuil (Coulaures, Dordogne, 2018).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Coulaures_LEP_Chardeuil_extraction.jpg">Père Igor, via Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Le lycée professionnel (LP) attire rarement l’attention des médias. Il agite peu le débat public. C’est assez paradoxal, et ce pour au moins deux raisons. D’abord, parce qu’il scolarise et <a href="https://www.education.gouv.fr/l-education-nationale-en-chiffres-2021-324545">forme chaque année près de 650 000 élèves</a>, <a href="https://www.pur-editions.fr/product/ean/9782753529496/filles-et-garcons-au-lycee-pro">filles et garçons, très largement issus des milieux populaires</a>, aux trajectoires scolaires souvent heurtées et pour qui le LP est rarement un « choix ». En conséquence, il fait face à des défis scolaires de taille, il doit réussir à réconcilier l’élève avec l’école.</p>
<p>Ce désintérêt surprend aussi dans la mesure où le LP fait l’objet de réformes de fond régulières portées avec beaucoup de vigueur et de détermination par le pouvoir politique. Si ces transformations sont rarement discutées, elles ont pourtant des effets bien réels sur les devenirs scolaires et sociaux des élèves, sur leur famille, sur les quotidiens professionnels des personnels scolaires, enseignantes et enseignants, conseillères principales et conseillers principaux d’éducation, cheffes et chefs d’établissement, mais de tout ceci il est rarement question.</p>
<p>En 2018, le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Jean-Michel Blanquer, engage un <a href="https://eduscol.education.fr/2224/transformer-le-lycee-professionnel">mouvement de transformation structurelle de la voie professionnelle</a>. Pour le justifier, l’argument est toujours le même. Le LP manque un de ses objectifs : l’insertion professionnelle des jeunes qu’il forme. Le constat est sans appel et il suffit à expliquer la désaffection du lycée professionnel par les jeunes et leur famille.</p>
<p>Pour lutter contre la disqualification tout à la fois sociale et symbolique du lycée professionnel, des dispositifs pédagogiques sont mis en œuvre tels la <a href="https://www.education.gouv.fr/promouvoir-la-voie-professionnelle-au-coeur-des-metiers-d-avenir-342832">réalisation d’un chef-d’œuvre</a> ou la co-intervention des enseignants et enseignantes, les formations sont réorganisées en familles de métiers. Toutes ces mesures sont présentées comme permettant de mieux mettre en évidence les compétences professionnelles travaillées par les élèves en formation et les liens entre formation scolaire et monde professionnel.</p>
<p>En 2022, les <a href="https://www.ih2ef.gouv.fr/presentation-de-la-reforme-du-lycee-professionnel-par-emmanuel-macron">mesures suggérées par le gouvernement</a> poursuivent celles de 2018, certainement avec plus de vigueur encore. En effet, la valorisation du lycée professionnel se fera par la densification de la dimension professionnelle de la formation. Le LP passe ainsi sous double tutelle du ministère du Travail et de l’Éducation nationale. Le gouvernement envisage d’<a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/10/12/reforme-des-lycees-professionnels-les-limites-de-la-strategie-portee-par-macron_6145520_3232.html">augmenter la durée des stages</a> en milieu professionnel de 50 %, de densifier les liens avec l’apprentissage, nous y reviendrons.</p>
<h2>Tournant des années 1970</h2>
<p>Pour le grand public et pour les usagers du LP lui-même, les idées ainsi affichées peuvent apparaître tout à fait séduisantes, voire parfaitement légitimes. Mais, elles n’ont en réalité rien de très novateur. Elles ont surtout, dans les faits, la particularité d’éluder le fond du problème. La disqualification sociale et symbolique dont le lycée professionnel souffre aujourd’hui, et contre lequel le gouvernement se propose d’agir, est en fait le produit de l’histoire de ce segment du système éducatif.</p>
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<p>Rappelons que le lycée professionnel a d’abord connu une période faste. La préparation aux premiers niveaux de qualification et plus particulièrement les CAP vont constituer une véritable chance par les enfants des classes populaires qui, par ce biais, pourront accéder aux diplômes, au travail qualifié, plus justement rémunéré et permettant une promotion sociale.</p>
<p>L’enseignement professionnel perd sa <a href="https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_1989_num_8_4_2375">capacité de promotion de la classe ouvrière</a> et son prestige à partir des années 1970, sous l’effet conjoint de la dégradation des conditions économiques et de la politique d’unification du système éducatif. L’enseignement professionnel se voit ainsi intégré, non plus à l’enseignement primaire comme c’était le cas avec les collèges d’enseignement technique (CET), mais à l’enseignement secondaire par le biais des lycées d’enseignement professionnel (LEP).</p>
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<figcaption><span class="caption">Nouvelle mobilisation contre la réforme des lycées professionnels (France 3 Bourgogne, 2022).</span></figcaption>
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<p>L’offre des formations du lycée va alors se diversifier ce qui va contribuer à inscrire l’enseignement professionnel au bas de la hiérarchie scolaire. Dans un contexte de course aux diplômes et aux qualifications, les CAP, BEP autrefois instruments efficaces de promotion des enfants des classes populaires deviennent donc des certifications de la seconde chance. La création du bac professionnel en 1985 ne va en rien bouleverser la hiérarchie des filières et des diplômes.</p>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-education-et-societes-2016-2-page-123.htm">La désaffection pour le lycée professionnel</a>, sa disqualification scolaire et sociale n’est pas d’abord ou même surtout le produit ou le résultat d’une inadéquation entre le LP et le monde économique, elle est d’abord le produit de son histoire. Elle a aussi beaucoup à voir avec la réalité du marché du travail pour les ouvriers, ouvrières, employés et employées d’exécution aujourd’hui.</p>
<p>Pour le dire autrement, si les élèves ne s’orientent pas volontiers au lycée professionnel pour y préparer un CAP ou un bac pro, c’est aussi parce qu’eux-mêmes et leur famille ont une conscience très nette des conditions salariales et de travail qui seront les leurs.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-lycee-professionnel-enfin-sujet-de-debats-180808">Le lycée professionnel, enfin sujet de débats ?</a>
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<p>Ainsi, lorsque le gouvernement souhaite favoriser, dans les territoires qui le nécessiteraient, le déploiement de formations sur des métiers dits en tension comme ceux des domaines du soin aux personnes ou de l’hôtellerie-restauration, prend-il la juste mesure de ce que les conditions d’emploi et de travail ont comme effet sur les processus de désaffection de certaines filières de formation ? La question de l’adéquation ou de l’inadéquation entre formation et emploi n’a pas grand-chose à voir avec ces réalités très concrètes des vies en formation et au travail.</p>
<h2>Sélectivité de l’apprentissage</h2>
<p>D’autres mesures proposées par le pouvoir politique ont de quoi surprendre celles et ceux qui connaissent très concrètement le LP. La volonté politique d’<a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/10/12/reforme-des-lycees-professionnels-les-limites-de-la-strategie-portee-par-macron_6145520_3232.html">augmenter de 50 % le temps passé en stage</a> conduit nécessairement à se poser la question de la place accordée et laissée à leur formation intellectuelle. L’histoire du LP en France, c’est aussi l’histoire d’une formation intellectuelle pour les ouvriers, ouvrières, employés et employées, c’est l’histoire de la formation complète, culturelle, technique et professionnelle. Ce n’est pas celle de l’apprentissage du seul geste professionnel ou de la seule compétence, apprise sur le tas, en contexte de travail.</p>
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<figcaption><span class="caption">Réforme de la voie pro : des professeurs inquiets (Sqool TV, 2022).</span></figcaption>
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<p>De même, faire passer plus de temps à l’élève en entreprise c’est aussi supposer évidentes les places disponibles pour eux et elles dans ces entreprises. Les acteurs scolaires le savent très bien, les entreprises n’accueillent pas volontiers les lycéens professionnels souvent jugés trop jeunes (14 ans en seconde professionnelle) pour investir un lieu et une équipe de travail, supporter certaines conditions de travail.</p>
<p><a href="https://www.liberation.fr/societe/education/lycees-pro-une-reforme-pensee-den-haut-par-des-gens-qui-ont-une-tres-grande-meconnaissance-de-la-realite-20221018_MOR22WZXHZB6HL6C4LYCM3CA6U/">Valoriser ainsi la formation en entreprise</a>, c’est faire l’hypothèse qu’elle permet toujours d’apprendre, or est-ce si mécaniquement le cas ? Quel temps de formation, quels personnels les entreprises ont-elles véritablement à mettre à disposition des jeunes pour les former ? Ces questions se posent avec beaucoup de vigueur dans les lycées professionnels aujourd’hui lorsque le temps de stage est de 18 à 22 semaines sur 3 ans de formation en bac pro par exemple. Comment pourrait-il ne plus se poser avec un temps de formation en entreprise encore densifié ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-systeme-dapprentissage-en-allemagne-un-modele-de-formation-163682">Le système d'apprentissage en Allemagne : un modèle de formation ?</a>
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<p>Attardons-nous sur un dernier argument du pouvoir politique qui là encore n’a à voir qu’avec la question de l’adéquation entre formation et emploi, celui qui vise à valoriser la formation en apprentissage. Sur ce point aussi, les questions sont nombreuses. Dans un ouvrage récent, <a href="https://ladispute.fr/catalogue/de-lindocilite-des-jeunesses-populaires-apprenti%C2%B7e%C2%B7s-et-eleves-de-lycees-professionnels/">Prisca Kergoat</a> le montre très bien : tous les jeunes en CAP et bac pro n’ont pas les mêmes chances d’accéder à cette voie de formation.</p>
<p>Réussir à y obtenir une place nécessite d’abord d’avoir les bonnes dispositions, les savoir-être comportementaux qui permettent de convaincre les potentiels employeurs. Les jeunes issus des familles les plus précarisées, souvent éloignées de l’emploi ont plus de mal à accéder à l’apprentissage. Suivant les secteurs de formation considérés, certains jeunes d’origine étrangère, celles et ceux issus de l’immigration, ou les filles, peuvent faire l’objet de contraintes plus fortes de sélection que les jeunes autochtones ou les jeunes hommes.</p>
<p>Ces processus de sélection inégalitaires et discriminatoires sont certes difficilement objectivables, ils n’en produisent pas moins chez les jeunes le sentiment d’être victimes d’injustices. Comme pour d’autres voies de formation sélectives, l’apprentissage trie, hiérarchise les jeunes sur des critères qui n’ont pas seulement à voir avec des performances scolaires ou sur des capacités.</p>
<p>Ces derniers mois, les syndicats enseignants, les acteurs et actrices de terrain du LP se sont largement mobilisés. Ils et elles ont dit leur inquiétude. Ces mesures risquent d’avoir des effets réels sur les parcours de formation et les vies professionnelle et sociale des jeunes. Il est saisissant que leurs expertises soient si peu entendues par le pouvoir politique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/194874/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Séverine Depoilly ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour « revaloriser » le lycée professionnel, le gouvernement veut augmenter le temps passé par les élèves en entreprise. Séduisante sur le papier, l’idée soulève beaucoup de questions sur le terrain.Séverine Depoilly, Maîtresse de conférences en sociologie, Université de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1938962022-11-21T19:31:24Z2022-11-21T19:31:24ZEnseigner les langues autrement : ce que l’exemple des Pays-Bas nous apprend<p>S’il est régulièrement question, en France, de transformer l’enseignement pour mieux répondre aux enjeux actuels, cette préoccupation, dans un monde en plein mouvement, ne se cantonne pas à l’Hexagone, loin de là.</p>
<p>Aux Pays-Bas, par exemple, même s’il a déjà été question en 1968 d’une <a href="https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/eujal-2020-0020/html">grande réforme sur l’éducation</a> touchant aussi bien au contenu des programmes qu’aux examens, les cours actuels sont considérés comme ne préparant plus assez bien les élèves au monde moderne. Les épreuves du baccalauréat ne testeraient pas les compétences et connaissances réelles des élèves mais plutôt leur capacité à stratégiquement répondre à des QCM.</p>
<p>C’est particulièrement vrai pour les langues vivantes comme le français où l’examen final – un exercice de compréhension écrite – fait l’objet tous les ans de centaines de plaintes des élèves qui le trouvent <a href="https://nos.nl/artikel/2236117-opnieuw-ophef-over-niveau-vwo-examen-frans-verdrietig-de-zaal-uit">trop difficile ou trop ambigu</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/apprentissage-des-langues-une-methode-innovante-venue-dargentine-186271">Apprentissage des langues : une méthode innovante venue d’Argentine</a>
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<p>L’enseignement du français aux Pays-Bas, obligatoire de la sixième à la troisième, est actuellement sous pression : de moins en moins d’élèves choisissent cette matière au lycée et de moins en moins de jeunes s’orientent vers cette spécialité universitaire peu importe leurs objectifs professionnels. C’est dans ce contexte que les acteurs de l’éducation aux Pays-Bas se demandent si certaines méthodes sont plus efficaces que d’autres, ou, du moins, comment certaines méthodes permettent de mieux répondre aux besoins des élèves, avec l’aide des chercheurs. Soutenue par l’équipe <a href="http://etc-languagelearning.web.rug.nl/">Language Learning</a> à l’Université de Groningen – au nord-est du pays – une <a href="https://prezi.com/view/DvEQLkR9O8wZP4Ev4qPY/">approche basée sur l’usage</a> a fait son chemin.</p>
<h2>Le cas spécifique des Pays-Bas</h2>
<p>Si, comme dans beaucoup d’autres pays, l’anglais prend une place importante dans l’environnement des élèves, avec des occasions presque quotidiennes de le pratiquer, la présence du français dans le paysage néerlandais est limitée. Peu de situations en dehors de la salle de classe <a href="https://www.degruyter.com/document/doi/10.1515/eujal-2020-0020/html">permettent des pratiques sociales</a> dans cette langue comme le soulignent Marije Michel, Christine Vidon, Rick de Graaff et Wander Lowie, quatre chercheurs et chercheuses néerlandaises.</p>
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<p>Cette situation est en contraste fort avec le fait que le français dispose d’un statut de langue voisine impliquant des intérêts économiques majeurs, <a href="https://platformfrans.nl/wp-content/uploads/2022/11/Het-economisch-belang-van-het-Frans-2022.pdf">40 millions d’euros par an</a> pour les affaires franco-néerlandaises, soutenus par de nombreuses institutions (<a href="https://institutfrancais.nl/">Institut français</a>, <a href="https://www.cfci.nl/la-chambre/roles-et-missions.html">CCI France Pays-Bas</a>, etc.). Néanmoins, malgré cette situation favorable sur le plan professionnel à l’étude de cette langue, Marjolijn Voogel signale que la perception de <a href="https://lt-tijdschriften.nl/ojs/index.php/ltm/article/view/1550">l’importance de parler français</a> aux Pays-Bas est toujours en déclin, surtout suite aux réformes à la fin des années 1990. Aussi, moins d’élèves choisissent le français au lycée et le niveau global n’est plus satisfaisant au regard du faible niveau atteint <a href="https://projectfrans.nl/storage/Informatie/Publicaties/Hoe_Frans_terrein_kan_terugwinnen.pdf">au bout de 6 ans de français à l’école</a> pour Wim Gombert, chercheur en linguistique appliquée.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-autoriser-le-melange-des-langues-a-lecole-182919">Pourquoi autoriser le mélange des langues à l’école ?</a>
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<p>Ces résultats, similaires à ce que l’on retrouve en France dans l’enseignement des langues étrangères, sont à rapprocher d’un environnement pauvre en occasions de se confronter régulièrement à la langue et de méthodes pédagogiques surtout basées sur les structures de la langue, la grammaire et la traduction plutôt que sur l’usage. Même en classe de langues, <a href="https://lt-tijdschriften.nl/ojs/index.php/ltt/article/view/1631">on parle peu la langue cible</a> comme le remarquent Lynne West et Marjolijn Verspoor alors même que les enseignants se mobilisent régulièrement pour moderniser leurs cours, organiser des voyages ou utiliser les technologies numériques.</p>
<p>Face à cette situation, une des initiatives a été le développement et surtout la mise en œuvre de plusieurs méthodes <a href="https://www.aimlanguagelearning.com/">(AIM</a>) en primaire et au collègue (dans environ 100 établissements) mais également au lycée (<a href="https://projectfrans.nl/aim-voor-de-bovenbouw">AIMe</a>) (environ quatre établissements) et enfin à l’<a href="https://taalwijs.nu/2022/10/24/hoe-kan-taalonderwijs-leerlingen-en-studenten-helpen-om-zelfstandig-te-worden/">Université de Groningue</a> (une université).</p>
<h2>Un accès à la langue en dehors de la classe</h2>
<p>Les méthodes utilisées sont toutes inspirées de recherches scientifiques (sur la <a href="https://benjamins.com/catalog/lllt.29">théorie dynamique de l’usage</a>, la didactique basée sur le film et approche par tâches) qui considèrent que le langage est un assemblage de mots fréquemment utilisés par des locuteurs dont c’est la langue de socialisation, auxquels les apprenants doivent être exposés de façon répétée à travers des activités créatives et des tâches réelles de la vie.</p>
<p>Ce n’est donc pas une approche où l’on se focalise sur l’analyse de la langue (la compréhension et pratique de règles de grammaire et listes de vocabulaire) mais plutôt une approche où on passe de la reproduction de constructions à la production de celles-ci d’abord de façon implicite, puis inductive et, enfin, parfois explicite aux niveaux avancés.</p>
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<figcaption><span class="caption">Des exemples d’activités au lycée (Project Frans).</span></figcaption>
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<p>Afin d’exposer le plus possible les apprenants à ces constructions, du matériel différent est utilisé selon le niveau et l’âge : des contes (au primaire et au collège), des textes ou vidéos créatives et réelles (au lycée) et des films (à l’université). En plus de cette exposition, les apprenants utilisent au lycée et à l’université des logiciels d’apprentissage de mots en combinaison comme <a href="https://www.fluentu.com/">Fluent U</a> ou <a href="https://www.slimstampen.nl/">SlimStampen</a>.</p>
<p>L’idée est que les apprenants <a href="https://webtv.univ-rouen.fr/videos/conference-dylis-daudrey-rousse-malpat-du-18102021-decoupage/">repèrent le vocabulaire en contexte</a> et fassent des quiz plusieurs fois par semaine jusqu’à ce que ce vocabulaire en combinaison soit ancré cognitivement. Le logiciel se souvient des mots qui ne sont pas acquis et les réintègre dans les exercices lors des prochaines sessions de travail jusqu’à ce qu’ils soient acquis.</p>
<p>En classe, les <a href="https://prezi.com/view/DvEQLkR9O8wZP4Ev4qPY/">activités</a> sont variées et surtout axées sur la production orale. Le but de ces activités est d’abord de diminuer l’anxiété liée à la prise de parole en dédramatisant les productions non-conformes aux attendus et en travaillant sur la répétition et l’automatisation. Les activités sont surtout faites en groupe, au début même en chorale, pour que les apprenants développent une certaine confiance en eux. Il y a alors beaucoup de place donnée au développement individuel de la langue chez l’apprenant.</p>
<p>En effet, en se concentrant sur le sens du langage et non pas sur sa forme, chaque apprenant peut utiliser son propre répertoire linguistique et apprendre du répertoire des autres. En même temps, chacun peut travailler individuellement sur l’aspect linguistique qui lui manque pour s’exprimer. Cela demande des compétences d’<a href="http://epc.univ-lorraine.fr/EPCT_F/pdf/Autonomie.pdf">autonomie guidée</a> et de réflexion personnelle – compétences qui sont travaillées dans ces programmes.</p>
<h2>Le rôle décentré de l’enseignant</h2>
<p>Cette façon de travailler confirme que l’enseignant de langues n’est pas celui qui transmet ou évalue la connaissance, pas plus qu’il n’est un modèle. Il est celui qui propose des ressources, organise des activités motivantes et itératives (qui favorisant la répétition, l’automatisation du langage), qui crée un environnement propice à la pratique, à la collaboration entre les apprenants, s’assure que la langue cible est utilisée la plupart du temps. Il est aussi celui qui détecte les besoins individuels ou collectifs des apprenants et qui offre des activités pour les combler.</p>
<p>Enfin, il est celui qui organise des moments de retours entre les pairs, qui teste les compétences langagières dans une tâche et qui prend en compte l’étape de développement dans laquelle les apprenants se trouvent – les points forts et les éléments à travailler pour chaque individu. En clair, il se détache du comptage des « erreurs » dans la production des apprenants pour prendre en compte le système langagier dans son ensemble.</p>
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<figcaption><span class="caption">Webinaire « Innovative language teaching methods », avec Audrey Rousse-Malpat.</span></figcaption>
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<p>Cette façon de voir le rôle du professeur demande un <a href="https://www.multilingual-matters.com/page/detail/Language-Learning-and-Teaching-in-a-Multilingual-World/?k=9781788927611">degré de professionnalisation assez fort</a>. Elle nécessite que l’enseignant se détache de la manière dont il a appris une langue étrangère et parfois aussi de ses croyances personnelles. Son action sera d’autant plus pertinente qu’il sait comment se développe le langage <a href="https://eboutique.didierfle.com/fr/FR/products/cognition-et-personnalite-dans-l-apprentissage-de-langues-2019-livre-numerique">d’un point de vue social et psychocognitif</a>, comment et quand intervenir, prend confiance dans le processus complexe de l’apprentissage de la langue et lâche prise sur le fait que chaque apprenant ait sa propre trajectoire de développement langagier.</p>
<p>Plusieurs études ont montré les bénéfices d’<a href="https://www.youtube.com/watch?v=G3AmZRkdXSA">AIM</a> et AIMe sur les compétences orales et écrites des apprenants. Cette façon d’enseigner participe à l’idée que le locuteur d’une langue est un <a href="https://www.nrc.nl/nieuws/2019/05/26/kesku-se-een-nieuw-soort-franse-les-a3961620">agent social</a> plutôt qu’un grammairien. Il n’y a pour le moment pas assez de recul pour observer un lien de causalité entre ce type de méthode et le choix du français aux Pays-Bas. Cependant, ce qui se passe aux Pays-Bas est le témoin de la pertinence de faire travailler ensemble le monde de la recherche et de l’éducation pour expérimenter et implanter des méthodes qui s’appuient sur l’état des connaissances scientifiques contemporaines sur le langage et les langues.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/193896/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Audrey Rousse-Malpat a reçu des financements de NWO (l'organisation nationale pour la recherche aux Pays-Bas). Elle travaille en tant que professeure de langue et didactique des langues à l'université de Groningue et est formatrice pour enseignants à Project Frans. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Grégory Miras ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Mettre l’accent sur l’usage d’une langue étrangère plutôt que sa grammaire : c’est l’objectif de méthodes fondées sur les apports de la recherche et expérimentées aux Pays-Bas.Grégory Miras, Professeur des Universités en didactique des langues, Université de LorraineAudrey Rousse-Malpat, Assistant Professor of language learning at the program European Languages and Cultures, University of GroningenLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1841132022-09-20T18:28:04Z2022-09-20T18:28:04ZHypnopédie : peut-on apprendre une langue étrangère en dormant ?<p>Apprendre en dormant est un thème de fiction récurrent : on le retrouve comme méthode éducative dans <em>Le meilleur des mondes</em> d’Aldous Huxley ou comme moyen d’apprendre une langue étrangère dans le dessin animé <em>Dexter</em>. L’idée qu’on puisse apprendre pendant le sommeil fascine, mais savoir si cela relève du fantasme ou de la réalité est resté longtemps un mystère. Grâce à la neuro-imagerie, on sait que le cerveau est bien loin d’être inactif pendant le sommeil et continue de <a href="https://doi.org/10.1016/j.cophys.2019.12.002">réagir aux informations du monde extérieur</a>. Au point de pouvoir les mémoriser et de s’en souvenir au réveil ?</p>
<p>On sait en fait depuis une petite dizaine d’années que le cerveau est effectivement capable d’apprendre des nouvelles informations en dormant. Cela a d’abord été mis en évidence pour des <a href="https://doi.org/10.1038/nn.3193">associations entre des sons ou des odeurs</a>. Par exemple, des personnes voulant arrêter de fumer ont réduit leur consommation de 35 % en présentant des odeurs de tabac avec <a href="https://www.jneurosci.org/content/34/46/15382">des odeurs désagréables de poisson pourri pendant leur sommeil</a>.</p>
<p>Nous avons alors cherché à comprendre si le cerveau dormant pouvait réaliser des apprentissages plus complexes, comme le fait d’apprendre une langue étrangère. Avec Sid Kouider à PSL-ENS et en collaboration avec Maxime Elbaz et Damien Léger de l’APHP/Hotel-Dieu, nous avons conçu un protocole pour <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnins.2022.801666/full">apprendre la signification de mots japonais en dormant</a>.</p>
<h2>L’apprentissage du japonais pendant le sommeil</h2>
<p>Le japonais est une langue de structure relativement simple, composée principalement d’un enchaînement de consonnes et voyelles, par exemple le mot <em>neko</em> signifiant chat. À la différence d’autres langues asiatiques, elle est relativement dépourvue d’accents et présente un registre de sons similaire au français. Néanmoins, le sens des mots est très éloigné du français. Cette combinaison entre des sons facilement identifiables par nos oreilles mais dépourvus <em>a priori</em> de sens pour nous en fait une langue d’apprentissage idéale pour cette expérience.</p>
<p>Nous avons donc recruté 22 jeunes adultes en bonne santé qui n’avaient pas connaissance du japonais ou de langues asiatiques proches. Nous leur avons d’abord présenté des paires de sons et d’images à l’éveil, comme ici sur l’illustration un chien avec le son d’un aboiement. Une fois endormis, nous avons joué ensemble les sons et les traductions en japonais, par exemple le mot « <em>inu</em> » (chien) avec le son de l’aboiement. Une fois réveillés le matin, nous leur avons demandé de choisir parmi deux images celle qui correspondait au mot en japonais, par exemple le mot « <em>inu</em> » avec l’image d’un chien et celle d’un autre mot présenté pendant le sommeil, ici une cloche.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/473941/original/file-20220713-9357-7799by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/473941/original/file-20220713-9357-7799by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/473941/original/file-20220713-9357-7799by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/473941/original/file-20220713-9357-7799by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/473941/original/file-20220713-9357-7799by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/473941/original/file-20220713-9357-7799by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=432&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/473941/original/file-20220713-9357-7799by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=432&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/473941/original/file-20220713-9357-7799by.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=432&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Dans notre étude, nous avons joué pendant le sommeil des mots japonais associés à des sons, par exemple l’aboiement d’un chien pour le mot <em>inu</em>, qui signifie chien. Une fois réveillées le matin, les personnes devaient deviner quelle image portait la signification du mot japonais.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nous avons alors observé que les personnes pouvaient identifier au-delà de la chance quelle image correspondait au mot japonais. Nous leur avons également demandé si leurs réponses étaient données au hasard ou avec un certain degré de confiance. La confiance était faible et au même niveau lorsque les réponses étaient correctes et lorsqu’elles étaient fausses. Ce fait démontre que l’apprentissage du sommeil est implicite, c’est-à-dire que les gens ne savent pas quelles informations ont été apprises en dormant.</p>
<h2>Le rôle des ondes lentes</h2>
<p>Le plus intéressant a été la découverte de ce qui se passe pendant le sommeil. À partir de l’électroencéphalographie, une technique qui enregistre l’activité électrique de la couche superficielle du cerveau, nous avons pu prédire lors de l’apprentissage quels mots seraient retenus au réveil. En effet, les mots retenus ont généré plus d’ondes lentes que les mots oubliés. Nos résultats, avec ceux d’une publication récente montrant que les <a href="https://doi.org/10.1016/j.cub.2018.12.038">ondes lentes prédisaient l’apprentissage de la dimension relative des objets</a>, confirment leur rôle important dans l’apprentissage du sommeil.</p>
<p>En résumé, le cerveau endormi peut apprendre de nouveaux mots et y associer un sens. Cet apprentissage peut être observé jusque dans les rythmes cérébraux du sommeil, ce qui nous en dit plus sur leur fonction. Mais cet apprentissage est-il bien utile et présent chez tout le monde ? On ne sait pas encore si cet apprentissage se maintient sur le long terme et s’il dépend des différences individuelles dans les capacités de mémoire.</p>
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<p>Ce qu’on sait en tout cas, c’est que l’apprentissage du sommeil est beaucoup moins efficace que l’apprentissage de l’éveil. Nous avons réalisé le même protocole à l’éveil avec 10 fois moins de répétitions que durant le sommeil. À l’éveil, l’apprentissage s’est révélé 5 fois plus efficace que pendant le sommeil et avec une meilleure confiance dans les mots appris par rapport aux mots oubliés. Ainsi, l’apprentissage du sommeil, faible et inconscient, se différencie d’un apprentissage rapide et conscient à l’éveil. Bien qu’il soit possible d’apprendre en dormant, il semble donc plus approprié de considérer l’éveil et le sommeil comme complémentaires, le sommeil étant optimal pour consolider des informations apprises à l’éveil.</p>
<p>Nos recherches s’orientent maintenant sur le rôle du corps, et plus particulièrement du cœur, dans les processus de mémorisation du sommeil. En étudiant les interactions entre le corps et le cerveau au cours de la formation et la consolidation des souvenirs émotionnels, nous cherchons à mieux comprendre comment le corps intervient dans les mécanismes d’apprentissage du sommeil.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184113/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Matthieu Koroma ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une expérience a été menée pour savoir s’il était possible d’apprendre des notions d’une langue étrangère, au préalable inconnue.Matthieu Koroma, FNRS Postdoctoral Researcher, Université de LiègeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1898562022-09-12T14:47:23Z2022-09-12T14:47:23ZInvestissement fédéral de 27 milliards de dollars dans les services de garde : il faut penser vert<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/483262/original/file-20220907-14-3vbng9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C7%2C4778%2C3319&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, à gauche, joue avec des enfants dans un centre d'apprentissage et de garde d'enfants à Brampton, en Ontario, le 28 mars 2022. </span> <span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette</span></span></figcaption></figure><p>Le <a href="https://www.ohchr.org/en/statements-and-speeches/2022/04/right-healthy-environment">8 octobre 2021, le Conseil des droits de la personne des Nations unies</a> a reconnu que l’accès à un environnement propre, sain et durable est un droit de la personne.</p>
<p>Par ailleurs, une <a href="https://www.ohchr.org/en/press-releases/2021/10/un-child-rights-committee-rules-countries-bear-cross-border-responsibility">décision historique</a> du <a href="https://www.ohchr.org/en/treaty-bodies/crc">Comité des droits de l’enfant des Nations unies</a> a décidé qu’un pays pouvait être tenu responsable des effets négatifs de ses émissions de carbone sur les enfants, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de son territoire.</p>
<p><a href="https://www.canada.ca/fr/ministere-finances/nouvelles/2022/04/soutenir-lapprentissage-et-la-garde-des-jeunes-enfants.html">Le Canada investit 27 milliards de dollars</a> dans l’apprentissage et la garde des jeunes enfants. L’ensemble des 13 provinces et territoires ont signé l’accord en promettant de réduire les frais pour les parents et d’accroître l’accès pour les enfants de zéro à cinq ans.</p>
<p>L’investissement fédéral dans l’apprentissage et la garde des jeunes enfants est l’occasion de penser vert dans ce secteur et de repenser le statu quo. C’est également l’occasion de s’assurer que les <a href="https://www.canada.ca/fr/services/environnement/meteo/changementsclimatiques/plan-climatique/survol-plan-climatique.html">objectifs en matière de durabilité et de climat</a> sont intégrés à la fois dans les politiques à court et à long terme, et dans les programmes et salles de classe actuels.</p>
<h2>Le Canada est à la traîne</h2>
<p>Alors que la législation est en cours d’élaboration, l’emplacement des nouveaux programmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants ainsi que la manière dont ils sont conçus, élaborés et financés peuvent soit aggraver les changements climatiques, soit contribuer à les atténuer.</p>
<p>À l’heure actuelle, le lien entre l’éducation de la petite enfance et la durabilité nécessite beaucoup plus de financement, de bourses académiques et d’actions.</p>
<p>Le <a href="https://www.unicef.ca/sites/default/files/2022-05/UNICEF%20RC17%20Canadian%20Companion%20FR%20DIGITAL%20FINAL.pdf">Bilan Innocenti 17 de l’UNICEF</a>, publié en mai 2022, traite spécifiquement des facteurs de stress environnementaux sur le bien-être des enfants. Globalement, il classe le Canada au 28<sup>e</sup> rang parmi 39 pays riches. Nous nous classons parmi les pires pays de notre catégorie en ce qui a trait aux déchets municipaux et à la consommation de ressources, et 38 sur 39 pour les environnements physiques et politiques entourant l’enfant.</p>
<p>Les enfants sont les moins responsables de la crise climatique, mais ils en ressentent le plus les effets. Malgré tout, <a href="https://www.newsecuritybeat.org/2019/05/climate-change-weaken-childrens-education-tropics/">l’impact n’est pas réparti uniformément</a>. Le changement climatique vient s’ajouter à une <a href="https://hechingerreport.org/opinion-how-climate-change-and-early-childhood-are-intertwined/">autre crise : celle des inégalités</a>.</p>
<p>Les mauvaises décisions individuelles, sociétales et politiques affectent certaines communautés d’enfants plus que d’autres : ceux qui vivent dans la <a href="https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/34555/Revised-Estimates-of-theImpact-of-Climate-Change-on-Extreme-Poverty-by-2030.pdf">pauvreté</a>, dans les <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/abs/10.1289/isee.2021.O-LT-065">communautés autochtones et nordiques</a> et ceux qui sont <a href="https://www.globalcitizen.org/en/content/why-is-climate-change-a-racial-justice-issue/">racisés</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="On voit un panneau d’urgence au-dessus des eaux de crue" src="https://images.theconversation.com/files/474719/original/file-20220718-4540-ypidp0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/474719/original/file-20220718-4540-ypidp0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/474719/original/file-20220718-4540-ypidp0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/474719/original/file-20220718-4540-ypidp0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/474719/original/file-20220718-4540-ypidp0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/474719/original/file-20220718-4540-ypidp0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/474719/original/file-20220718-4540-ypidp0.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">On aperçoit des inondations à la Première nation de Peguis, au Manitoba, le 4 mai 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/David Lipnowski</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Éducation et action en faveur de la durabilité</h2>
<p>Les programmes d’apprentissage à la petite enfance <a href="https://eric.ed.gov/?id=EJ1264526">doivent inclure l’éducation et l’action en faveur de la durabilité</a>, <strong>principes devant guider les expériences éducatives offertes quotidiennement aux enfants au sein des services qu’ils fréquentent</strong>. <a href="https://unu.edu/publications/articles/why-traditional-knowledge-holds-the-key-to-climate-change.html">Les spécialistes du climat</a> sont unanimes : pour faire face à la crise climatique, il faut donner des moyens d’action aux communautés autochtones et soutenir un dialogue constructif avec les détenteurs et détentrices du savoir autochtone afin de définir des mesures durables et coopératives.</p>
<p>Le défi environnemental transcende les intérêts d’une seule partie prenante. Pour chaque <a href="https://time.com/person-of-the-year-2019-greta-thunberg/">Greta Thunberg</a>, des millions d’enfants sont les victimes collatérales de décisions politiques, des contributeurs naïfs au problème, ou les deux.</p>
<p>Les attitudes et les comportements pro-environnementaux sont cruciaux et fondamentaux pour lutter efficacement contre le changement climatique. Les enfants les développent <a href="https://doi.org/10.1016/j.gloenvcha.2019.101947">dès l’âge de sept ans</a>. La transformation des systèmes et des politiques, la sensibilisation à l’environnement et le savoir, les attitudes, les comportements, les pratiques et les croyances des jeunes enfants en matière d’environnement au cours de leurs premières années sont désormais des questions de survie.</p>
<p>Les gouvernements doivent aborder l’action climatique de concert. Il s’agit d’un problème interconnecté nécessitant des approches intersectionnelles. La complexité de ce défi nécessite la mobilisation de tous les secteurs.</p>
<p>Dans le secteur canadien de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants, parallèlement aux critères de qualité bien établis dans les programmes d’éducation à la petite enfance, les principes et les normes de pratique devraient intégrer des aspects de l’environnement bâti, notamment les espaces verts, la durabilité de l’environnement et les partenariats et la collaboration avec les Autochtones.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un enfant tient un insecte tout en discutant avec un enseignant et de jeunes enfants" src="https://images.theconversation.com/files/474369/original/file-20220715-14-p7p8xd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=96%2C29%2C4846%2C2600&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/474369/original/file-20220715-14-p7p8xd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/474369/original/file-20220715-14-p7p8xd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/474369/original/file-20220715-14-p7p8xd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/474369/original/file-20220715-14-p7p8xd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/474369/original/file-20220715-14-p7p8xd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/474369/original/file-20220715-14-p7p8xd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les enfants sont les personnes les moins responsables de la crise climatique, mais en subissent le plus grand impact.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Allison Shelley/The Verbatim Agency for EDUimages)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Au-delà des bâtiments durables</h2>
<p><a href="https://inequality.org/research/child-care-earth-day/">Certains chercheurs et chercheuses basés aux États-Unis se penchent sur les exemples</a> canadiens, qu’ils considèrent comme des modèles positifs à la fois pour nos investissements dans les services de garde des jeunes enfants et pour notre approche durable de l’expansion.</p>
<p>La Colombie-Britannique, par exemple, progresse. Un <a href="https://www.ecebc.ca/application/files/2116/4874/8164/CCCABC_ECEBC_climate_change_March_30_2022_web.pdf">rapport récent</a> de la <a href="https://www.cccabc.bc.ca/">coalition des défenseurs des services de garde d’enfants de la C.-B</a>. démontre cinq manières dont le secteur de l’apprentissage des jeunes enfants et la politique sur les changements climatiques peuvent se recouper :</p>
<ol>
<li><p>Protéger la santé environnementale des enfants : il faut prêter attention aux lieux d’implantation des programmes autant qu’à la manière dont ils sont élaborés.</p></li>
<li><p>Améliorer les bâtiments : les nouvelles constructions doivent être durables, carboneutres et résistantes aux changements climatiques ; les plans d’investissement dans les services de garde d’enfants doivent prévoir des fonds pour les infrastructures des programmes dirigés par des Autochtones.</p></li>
<li><p>Réduire les émissions liées au transport : lorsque les services de garde d’enfants sont intégrés aux écoles, les parents passent moins de temps en voiture pour aller chercher leurs enfants à divers endroits.</p></li>
<li><p>Favoriser l’économie propre : intégrer les objectifs climatiques dans tous les investissements publics, y compris les services de garde d’enfants.</p></li>
<li><p>Aider les familles à s’engager : ajouter la durabilité et la responsabilité climatique au programme scolaire et faire participer les familles n’aide pas seulement la prochaine génération, mais soutient les changements de comportement déjà aujourd’hui.</p></li>
</ol>
<p>Ces questions doivent nous préoccuper. Que nous soyons parents, universitaires, éducateurs ou éducatrices, membres de gouvernements ou de la communauté dans son ensemble, si nous ne sommes pas tous des militants du changement climatique, nous entravons le progrès et faisons partie du problème.</p>
<p>L’investissement de 27 milliards de dollars du Canada dans <strong>les services éducatifs à la petite enfance</strong> ne doit pas être une autre occasion ratée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189856/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Vinet dirige un projet de diffusion des connaissances intitulé «L'Encyclopédie sur le développement de la petite enfance» qui reçoit des fonds de la Lawson Foundation et de la Margaret and Wallace McCain Family Foundation.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emis Akbari a reçu des financements de la Fondation Atkinson, de la Fondation de la famille Margaret et Wallace McCain et de la Fondation Lawson.</span></em></p>À l’heure actuelle, le lien entre l’éducation de la petite enfance et la durabilité nécessite beaucoup plus de financement, de bourses académiques et d’actions.Isabelle Vinet, Lecturer, Early Childhood Development, Université du Québec à Montréal (UQAM)Emis Akbari, Adjunct Professor, Department of Applied Psychology and Human Development at Ontario Institute for the Study of Education (OISE) and Senior Policy Fellow at the Atkinson Centre, University of TorontoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1855162022-06-26T19:48:46Z2022-06-26T19:48:46ZOrthographe : pourquoi le niveau baisse-t-il ?<p>Ces temps-ci, on entend parler du thème de la <a href="https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/le-niveau-de-francais-des-eleves-de-l-enseignement-superieur-a-t-il-reellement-baisse-20220612">baisse</a> alarmante du niveau en orthographe chez les étudiants et plus largement des difficultés que rencontrent les élèves en <a href="https://www.20minutes.fr/societe/3308883-20220615-bac-2022-face-mot-ludique-lyceens-detresse-vraiment-manque-vocabulaire">français</a>. Mais cela fait bien longtemps que l’on déplore en France l’absence de maitrise de l’orthographe. En guise d’illustration, dans un <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/etudfr/1993-v29-n1-etudfr1072/035902ar/">article</a> rédigé en 1993 par le linguiste Jean-Marie Klinkenberg sur le thème récurrent de la <em>Crise du français</em>, l’auteur mentionne une citation de Nicolas Audry datant du XVII<sup>e</sup> siècle :</p>
<blockquote>
<p>« Il est ordinaire de trouver des rhétoriciens qui n’ont aucune connaissance des règles de la langue française, et qui en écrivant pèchent contre l’orthographe dans les points les plus essentiels. »</p>
</blockquote>
<p>Et il arrive souvent que ce constat prenne la forme d’une dénonciation de la baisse du niveau. La commission ministérielle d’études orthographiques, présidée par Aristide Beslais, a rédigé un rapport en 1965 en vue d’une réforme de l’orthographe commençant en ces termes :</p>
<blockquote>
<p>« De toutes parts, dans les administrations comme dans l’enseignement, on se plaint de la dégradation rapide de l’orthographe. Au cours de la période d’information qui a précédé la création de la Commission, aucune des personnalités consultées n’a contesté ce fait, que confirment les statisticiens. »</p>
</blockquote>
<p>On le voit, le thème de la baisse du niveau ne date pas d’hier, y compris de la part d’instances officielles. Mais est-ce vrai que le niveau en orthographe baisse ? Et si oui, depuis quand ?</p>
<h2>L’orthographe en baisse</h2>
<p>Un <a href="https://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_1990_num_90_1_2466_t1_0113_0000_1">premier ouvrage</a> paru en 1989 a montré que le niveau orthographique en contexte scolaire avait augmenté entre la fin du XIX<sup>e</sup> siècle et la fin du XX<sup>e</sup> siècle. Une autre étude, publiée en 1996, a quant à elle mis en évidence une baisse du niveau en orthographe entre les élèves des années 1920 et ceux de la fin du XX<sup>e</sup> siècle. On peut donc émettre l’hypothèse d’une forte augmentation du niveau pendant quelques décennies avant une régression progressive au cours du XX<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>Enfin deux études sont venues compléter ce tableau. Un <a href="https://journals.openedition.org/rfp/855">ouvrage</a> en 2007 et une note du service de statistiques du ministère de l’Éducation nationale en 2016. Le constat est sans appel : entre 1987 et 2005, les élèves ont perdu 2 années, c’est-à-dire que ceux de 5<sup>e</sup> de 2005 ont le même niveau que leurs camarades de CM2 de 1987. Et <a href="https://www.education.gouv.fr/les-performances-en-orthographe-des-eleves-en-fin-d-ecole-primaire-1987-2007-2015-1991">l’étude de 2016</a> est venue confirmer le caractère continu de cette baisse. On peut donc raisonnablement dire que le niveau baisse depuis au moins une cinquantaine d’années en contexte scolaire. La cause de cette situation est connue et dénoncée par des linguistes depuis plus d’un siècle : c’est l’orthographe elle-même.</p>
<h2>La « faute » de l’orthographe ?</h2>
<p>Depuis la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, des linguistes alertent sur la nécessité de réformes régulières de l’orthographe afin de l’adapter à son temps. Historiquement, nous savons que le choix fait par l’Académie française est celui d’une orthographe élitiste réservée à une poignée de personnes. <a href="https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/francois-eudes-de-mezeray">Mézeray</a>, le secrétaire perpétuel de l’époque, l’a explicitement écrit :</p>
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<p>« L’Académie déclare qu’elle désire suivre l’ancienne orthographe qui distingue les gens de lettres d’avec les ignorans et les simples femmes. »</p>
</blockquote>
<p>À l’époque où ce choix a été fait, la langue française écrite s’apprenait à partir du latin. Toutefois, dès les premières tentatives de standardisation, il y a eu de fortes oppositions et certains grammairiens souhaitaient une plus grande régularité et une proximité plus importante avec la langue orale.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/orthographe-la-dictee-ne-suffit-pas-a-evaluer-le-niveau-des-eleves-177494">Orthographe : la dictée ne suffit pas à évaluer le niveau des élèves</a>
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<p>Avec les lois Ferry votées en 1881-1882 instituant l’école gratuite et l’instruction primaire obligatoire et laïque, il apparait clairement que l’orthographe française n’est pas adaptée à ce nouveau contexte. Les siècles précédents, l’Académie française a commencé à la <a href="https://www.academie-francaise.fr/le-dictionnaire-les-neufs-prefaces/preface-de-la-troisieme-edition-1740">régulariser</a> mais sans mener le projet à son terme, ce qui explique la persistance d’anomalies. Nous avons conservé peu ou prou une orthographe élaborée pour une élite dans un contexte où il s’agissait de l’enseigner à tous. Nous sommes donc passés d’une infime partie d’experts en orthographe à une myriade d’amateurs, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=5YO7Vg1ByA8">sans avoir au préalable adapté l’orthographe</a>.</p>
<p>Conscients du désastre qui s’annonce, des linguistes engagent dès cette époque des campagnes pour faire adopter une réforme de l’orthographe, mais en vain. Ce procédé se répétera à plusieurs reprises, parfois à la demande d’associations d’enseignants, de sociétés savantes, de ministres ou de l’Académie des Sciences comme dans les années 1950, mais en vain. Dès lors, aucune réforme significative n’a été appliquée et l’orthographe française nécessite un temps d’apprentissage considérable.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/orthographe-qui-connait-les-rectifications-de-1990-109517">Orthographe : qui connait les rectifications de 1990 ?</a>
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<p>Bon an mal an, une partie des élèves ont eu un niveau convenable durant quelques décennies, mais cela se faisait au prix d’un très grand nombre d’heures et au détriment d’autres compétences comme la rédaction. Ainsi, on faisait de quelques élèves des virtuoses de la dictée, sans pour autant leur apprendre à rédiger des textes personnels. Et seuls les <a href="https://www.cairn.info/revue-le-francais-aujourd-hui-2008-2-page-121.htm">meilleurs</a> en dictée étaient présentés au certificat d’études vers l’âge de 12-13 ans avec, par voie de conséquences, des résultats appréciables. Les autres élèves (la majorité) arrêtaient leurs études à cet âge.</p>
<p>Cependant, avec la réduction du temps scolaire (de 1338 heures par an au début du XX<sup>e</sup> siècle à 864 heures <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Rythmes_scolaires_en_France#Historique">aujourd’hui</a> et la diversification des matières enseignées, le niveau <a href="https://www.education.gouv.fr/les-performances-en-orthographe-des-eleves-en-fin-d-ecole-primaire-1987-2007-2015-1991">a régulièrement baissé</a>. Il faut ajouter à cela, plus récemment, une nouvelle <a href="https://theconversation.com/crayons-ou-claviers-le-geste-decriture-change-t-il-notre-rapport-au-monde-153566">révolution de l’écriture</a> (comparable à l’imprimerie) avec l’arrivée d’internet et des dispositifs de conversations par écrit, qui a changé le statut de l’écrit. Il n’y a jamais eu autant de personnes capables d’écrire et de lire qu’aujourd’hui, ce qui montre que l’école remplit son rôle. Pour autant, une mauvaise orthographe représente un handicap social important dans la société contemporaine.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-fautes-dorthographe-une-barriere-infranchissable-vers-lemploi-171129">Les fautes d’orthographe : une barrière infranchissable vers l’emploi ?</a>
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<p>Nous avons donc devant nous un défi historique : faire, enfin, de la démocratisation de l’orthographe une réalité. Or, sans intervenir sur l’orthographe elle-même, cet objectif restera une chimère. Le travail colossal d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Chervel">André Chervel</a>, linguiste et historien de l’enseignement, couronné par le prix Guizot de l’Académie française en 2007, l’a très bien montré. Il faut choisir entre, d’un côté, une orthographe réservée à une élite de plus en plus réduite, une discipline de luxe, jouant le rôle sélectif autrefois dévolu au latin, ou une orthographe pour tous. L’amélioration des méthodes d’enseignement, même si celles-ci sont prometteuses, ne suffira pas à elle seule à venir à bout de ce problème séculaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185516/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Benzitoun ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’amélioration des méthodes d’enseignement, même si celles-ci sont prometteuses, ne suffira pas à elle seule à venir à bout du problème séculaire de la baisse de niveau en orthographe.Christophe Benzitoun, Maitre de conférences en linguistique française, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1849992022-06-20T19:21:23Z2022-06-20T19:21:23ZDes orchestres scolaires pour lier musique et engagement citoyen<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/468531/original/file-20220613-13-t8gbya.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4752%2C3158&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Jouer pour un public valorise les élèves.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/students-learn-play-violin-115836262">Shutterstock / Sombat Muycheen</a></span></figcaption></figure><blockquote>
<p>« Je me sens heureuse quand je joue avec “¡Musiquem!”. Je ne sais pas comment l’expliquer, c’est le bonheur. Peut-être que, plus tard, je pourrai devenir une grande violoncelliste. »</p>
</blockquote>
<p>C’est en ces mots que Sara, une élève d’école primaire, a raconté ce qu’elle a ressenti après le concert que l’orchestre de son école a donné dans la salle symphonique de l’Auditorio de Castellón de la Plana (Espagne), sa ville natale.</p>
<p>Sara, ainsi que ses camarades de classe, font partie de <a href="http://encuentros.unermb.web.ve/index.php/encuentros/article/view/227/212"><em>¡Musiquem!</em></a>, un projet qui se déroule depuis cinq ans dans deux écoles primaires de Castellón de la Plana et qui a été conçu par les enseignants avec des <a href="https://revistas.uma.es/index.php/mgn/article/view/10574">chercheurs universitaires</a>. Le principe : profiter des cours de musique et des heures dédiées à la pratique musicale pour former des orchestres.</p>
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Leer más:
<a href="https://theconversation.com/les-orchestres-denfants-une-piste-pour-democratiser-la-pratique-musicale-153233">Les orchestres d’enfants, une piste pour démocratiser la pratique musicale ?</a>
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<p>Les deux écoles sont interculturelles, et l’une d’entre elles compte un pourcentage important de sa population en risque d’exclusion sociale et économique avec, en outre, une image détériorée du centre par rapport aux autres écoles de la ville.</p>
<p>Tous les enfants de la troisième à la sixième année passent deux heures par semaine avec <em>Musiquem</em> et participent à l’orchestre de l’école. En classe, en plus de leur professeur de musique et de leur tuteur, ils travaillent avec deux musiciens professionnels.</p>
<p>Le principe de ces orchestres est d’apprendre la musique tout en la partageant avec les autres membres de la communauté éducative.</p>
<h2>Un projet ancré dans son environnement</h2>
<p>La musique a un <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/14613808.2013.763780">potentiel</a> extrêmement important pour aider à la communication, à la coexistence positive et à la compréhension interculturelle. On peut en tirer de grands bénéfices dans les cours de musique en primaire.</p>
<p>L’objectif de cet apprentissage par le partage sur lequel repose <em>Musiquem !</em> est d’apprendre à connaître et à utiliser les possibilités et les ressources de l’environnement afin de participer, dans la mesure du possible, à son amélioration et à son développement. De cette façon, il ouvre la porte à un <a href="https://revistas.uma.es/index.php/mgn/article/view/10574">contact plus direct entre les étudiants et les membres de la communauté</a>.</p>
<p>Dans l’une des écoles, des orchestres d’instruments à cordes (violons et des violoncelles) ont été créés ; dans l’autre, ils travaillent dans des ensembles de musique populaire, avec des instruments tels que des guitares électriques, des guitares basses, des tambours, etc. en utilisant une approche d’apprentissage informelle dans la classe de musique.</p>
<p>Dans tous ces cas, des projets conjoints ont été réalisés avec des organisations de quartier, des ONG, des conseils municipaux, etc., articulés autour de la pratique musicale et de l’expression corporelle.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/466257/original/file-20220531-22-o8jiis.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2056%2C1042&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466257/original/file-20220531-22-o8jiis.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2056%2C1042&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466257/original/file-20220531-22-o8jiis.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=304&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466257/original/file-20220531-22-o8jiis.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=304&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466257/original/file-20220531-22-o8jiis.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=304&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466257/original/file-20220531-22-o8jiis.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=382&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466257/original/file-20220531-22-o8jiis.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=382&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466257/original/file-20220531-22-o8jiis.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=382&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Musiquem</em> (en valencien : « faire de la musique ») est développé grâce à une collaboration quotidienne entre les enseignants de l’école primaire, à la fois tuteurs et spécialistes de la musique, et deux musiciens résidents qui viennent dans la classe et facilitent toutes les activités.</p>
<p>Le programme se déroule pendant les heures de cours et permet donc la participation de tous les élèves. Il prévoit des concerts et des interventions artistiques dans des maisons de retraite, des centres de santé et d’autres associations situées à proximité de l’école.</p>
<p>Enfin, le programme s’efforce d’impliquer les familles dans le projet afin qu’elles participent activement aux activités.</p>
<h2>Une éducation à la musique</h2>
<p>L’objectif de <em>Musiquem</em> est de construire des espaces de participation dans lesquels, à travers la création et la pratique artistiques, les élèves, en même temps qu’ils apprennent la musique, accomplissent un service social. Il s’agit donc non seulement d’une éducation pour la musique, mais aussi d’une éducation par la musique. Les actions se présentent sous la forme suivante :</p>
<ul>
<li><p>Le projet se déroule pendant les heures de classe et consiste en deux sessions hebdomadaires. Tous les élèves de 3<sup>e</sup>, 4<sup>e</sup>, 5<sup>e</sup> et 6<sup>e</sup> année de l’école participent au projet.</p></li>
<li><p>Le programme consiste en la création d’orchestres scolaires dans lesquels les élèves ont la possibilité d’apprendre à jouer d’un instrument, à composer, à chanter, à écouter, etc.</p></li>
<li><p>Le programme est conçu en étroite collaboration entre le groupe de recherche et les enseignants de l’école. Sur la base des besoins spécifiques de l’école, des actions contextualisées sont proposées.</p></li>
<li><p>La mise en œuvre est assurée par les enseignants de l’école (tuteurs ou spécialistes de la musique) en collaboration avec des musiciens résidents. Les synergies découlant du potentiel des deux personnalités, enseignants et musiciens, sont essentielles à la mise en œuvre du projet.</p></li>
<li><p>Les enseignants et les musiciens spécialisés sont présents simultanément dans la classe et se coordonnent pour mener ensemble les actions.</p></li>
<li><p>L’apprentissage instrumental est basé sur la pratique conjointe, l’éducation auditive et l’expérimentation par le corps. La découverte du solfège est introduite à des stades ultérieurs et est progressivement adaptée aux besoins spécifiques de la performance musicale.</p></li>
<li><p>Sur la base de la pratique instrumentale et de l’expression corporelle, d’autres types d’activités sont menées dans le but de rendre un service. De cette manière, l’impact social du projet est promu.</p></li>
<li><p>Le programme est mis en œuvre en parallèle dans les cours susmentionnés. Des actions communes sont menées avec des étudiants de différents niveaux d’apprentissage. La promotion du tutorat par les pairs est la clé du succès de ces actions, tant en termes d’apprentissage que de cohésion de groupe.</p></li>
</ul>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/466260/original/file-20220531-26-74u5ll.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466260/original/file-20220531-26-74u5ll.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466260/original/file-20220531-26-74u5ll.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466260/original/file-20220531-26-74u5ll.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466260/original/file-20220531-26-74u5ll.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466260/original/file-20220531-26-74u5ll.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466260/original/file-20220531-26-74u5ll.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466260/original/file-20220531-26-74u5ll.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Lier les <a href="https://produccioncientificaluz.org/index.php/utopia/article/view/e5790347">effets de l’apprentissage par l’art</a> au sens du service permet de mieux adapter les pratiques éducatives à notre réalité.</p>
<p>Ce faisant, nous encourageons la connaissance, l’apprentissage de l’action et, surtout, l’apprentissage de la vie en commun, l’apprentissage de la vie avec les autres et l’apprentissage de l’être.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184999/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ce projet, dont le numéro de référence est PID2020-116198GB-I00, est financé par le ministère espagnol des sciences et de l'innovation.</span></em></p>Le projet Musiquem permet aux élèves de pratiquer la musique en groupe tout en s’engageant dans leur ville, donnant un sens fort à cet apprentissage. Présentation en cette Fête de la musique.Lidón Moliner Miravet, Profesora titular de Universidad del área de Didáctica y Organización Escolar, Universitat Jaume IAlberto Cabedo Mas, Profesor del Área de Música, Departamento de Educación y Didácticas Específicas, Universitat Jaume ILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1831412022-05-18T18:08:28Z2022-05-18T18:08:28ZDécrocheurs scolaires : un accompagnement adapté, clé d'une intégration professionnelle réussie<p>En 2018, le gouvernement français lançait le projet <a href="https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/sites/default/files/2019-04/L%E2%80%99appel%20%C3%A0%20projets%20%C2%AB%20100%20%25%20Inclusion.pdf">« 100 % inclusion-La fabrique de la remobilisation »</a> à l’occasion du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) visant notamment à favoriser l’intégration professionnelle des jeunes décrocheurs. Plusieurs porteurs de projets se sont ainsi vus attribuer la mission de développement de parcours intégrés, depuis la remobilisation jusqu’à l’accès à l’emploi durable des demandeurs d’emploi et des jeunes peu ou pas qualifiés.</p>
<p>Parmi les lauréats se trouvaient par exemple le projet Étincelle porté par la Fondation des Apprentis d’Auteuil ou encore le programme « Pas de quartier pour l’échec » porté par Panorama Études Formation Conseil qui était une amplification du dispositif « Cuisine Mode d’Emploi » créé par le chef Thierry Marx en 2012.</p>
<p>Autre organisation retenue : les Compagnons du Devoir et du Tour de France. Cette association ouvrière, dont l’objectif est de former des femmes et des hommes de métier dans différents secteurs tels que le BTP, la métallurgie, l’alimentation, la décoration et l’ameublement a mis en place le dispositif « 100 % inclusion » dont nous avons observé le déploiement dans le cadre d’une recherche récente (à paraître dans la revue <em><a href="https://www.editions-ems.fr/revues/questions-de-management.html">Question(s) de management</a></em>).</p>
<h2>Clivage entre zones rurales et urbaines</h2>
<p>Ce dispositif national, destiné aux jeunes en situation de décrochage scolaire, a été impulsé par le siège et initialement prévu autour d’un process homogène en 5 étapes permettant l’accès à la formation et à l’emploi. Cependant, une observation sur le terrain montre des mises en œuvre différentes dans chacune des 4 régions tests : Île-de-France (IDF), Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), Occitanie et Pays-de-Loire (PDL).</p>
<p>Pourquoi ces différences ? Notre terrain, par sa spécificité, fait apparaître certains déterminants clés. Le premier déterminant concerne les caractéristiques des bénéficiaires. Alors que les régions PDL et Occitanie avaient pour objectif d’accueillir des jeunes issus de zone rurale, les régions IDF et PACA, quant à elles, visaient un public de Quartier prioritaire de la ville (QPV). Cette différence de cible (zone rurale vs QPV) traduit en réalité un clivage structurant.</p>
<p>En effet, les jeunes interrogés en zone rurale bénéficiaient d’un accompagnement familial : « mes parents m’ont aidé pour mon entretien » et leur décrochage scolaire était lié à leur volonté de faire un métier manuel « ce n’est pas que je n’aime pas l’école mais j’ai envie de faire le métier que j’ai toujours rêvé de faire, couvreur ».</p>
<p>À l’inverse, les jeunes en IDF et PACA indiquaient ne pas avoir obtenu le brevet (pour la majorité d’entre eux), ils disaient ne « pas aimer l’école » et ne bénéficiaient que peu d’accompagnement familial « mes parents ne savent pas ce que je fais, c’est mon éducateur qui m’a fait connaître les Compagnons ».</p>
<p>Derrière ces différences caractérisant les bénéficiaires, la variable sous-jacente est le besoin d’accompagnement.</p>
<p>En effet, un jeune accompagné par sa famille, faible décrocheur scolaire et social, ayant déjà eu des expériences professionnelles notamment dans le métier visé, avec une grande motivation matérialisée par sa candidature spontanée et sa connaissance en amont du métier, aura moins besoin d’accompagnement dans le dispositif qu’un jeune pas ou peu accompagné familialement, décrocheur important, sans expérience professionnelle pertinente ou idée de métier.</p>
<p>Les besoins différents d’accompagnement ont ainsi inspiré dans les régions des adaptations du dispositif : plus proche dans les régions IDF et PACA, et plus « disjointes » en PDL et Occitanie.</p>
<p>Le second déterminant clé expliquant les différences dans la mise en œuvre du dispositif renvoie à des caractéristiques organisationnelles, et tout particulièrement le profil de poste de la référente régionale, acteur central du dispositif.</p>
<h2>« Le rôle du formateur est central »</h2>
<p>En effet, alors que certaines référentes appliquaient le dispositif tel que conçu par le siège (IDF et PDL) « le dispositif est bien construit, je le suis à la lettre » (tactique fixe), les référentes PACA et Occitanie l’adaptaient tant dans son contenu que dans sa structuration (tactique variable). Deux causes peuvent expliquer ces adaptations. La première, relative au manque de compréhension du dispositif en tant que parcours « si le jeune peut d’abord réaliser son stage (étape 3) il le fait » (Occitanie). La seconde, pour la région PACA, reliée à la modification des objectifs quantitatifs attendus : « moi, je préfère faire du qualitatif pour que les jeunes réussissent, plutôt que de remplir des tableaux de chiffres ».</p>
<p>Notre recherche permet d’identifier deux antécédents essentiels permettant d’expliquer les différences de mise en œuvre du dispositif « 100 % inclusion » dans les 4 régions.</p>
<p>La prise en compte du besoin d’accompagnement permet ainsi de différencier l’approche des PDL et de l’Occitanie d’une part, et de l’IDF et PACA d’autre part. Plus le besoin d’accompagnement est grand, plus la référente s’appuie sur un collectif d’acteur pour accompagner le jeune, notamment au niveau métier : « nous avons une équipe socio-éducative pour entourer le jeune, le rôle du formateur est central » (référente PACA). Si le besoin d’accompagnent est faible, la référente est la seule à s’occuper du jeune.</p>
<p>Si ce déterminant est clé sur le terrain analysé des Compagnons du Devoir et du Tour de France, il doit également a minima inspirer une réflexion pour toutes les entreprises : en quoi le process/les outils d’intégration dans l’organisation (« onboarding ») mis en œuvre répondent aux besoins réels des nouveaux collaborateurs ? Nos résultats suggèrent en effet que ces besoins sont bien entendu de nature opérationnelle, mais également psychologique et relationnelle.</p>
<p>L’analyse des quatre régions montre ainsi qu’une approche par un process unique au sein de l’organisation se heurte à de nombreuses limites notamment liées à la prise en compte des spécificités terrain.</p>
<p>Ainsi, la conception d’un programme d’« onboarding » doit interroger ce qui relève d’un socle commun, d’un process unique, ou au contraire d’adaptations spécifiques. Cela pose alors la question des acteurs à mobiliser, dans un périmètre qui peut d’ailleurs parfois dépasser les frontières classiques de l’organisation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183141/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Perrot encadre les travaux de thèse de Lauryane Tassigny. Il contribuera à un contrat de recherche entre les Compagnons du Tour de France et l'Université Paris Dauphine PSL.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>David Abonneau a reçu des financements de l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir du Tour de France sous la forme d'un contrat de recherche (AOCDTF/université Paris-Dauphine PSL). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lauryane Tassigny a reçu des financements de l'ANRT dans le cadre de sa thèse CIFRE au sein de l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France. </span></em></p>Un travail de recherche portant sur les Compagnons du devoir montre notamment des attentes différentes chez les jeunes décrocheurs dans les zones rurales et urbaines.Serge Perrot, Professeur de Management, Université Paris Dauphine – PSLDavid Abonneau, Maître de conférences en Gestion, Université Paris Dauphine – PSLLauryane Tassigny, Doctorante CIFRE, Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1748262022-05-09T14:18:31Z2022-05-09T14:18:31ZEnseignement virtuel : la technologie ne doit pas prendre le dessus sur les apprentissages<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/445797/original/file-20220210-63440-6jceb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C988%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Depuis mars 2020, le Canada a vu émerger l’enseignement virtuel synchrone et asynchrone dans le milieu scolaire. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Depuis le début de la pandémie de Covid-19, en mars 2020, différentes méthodes d’enseignement à distance ont été mises en place au pays. Les <a href="https://r-libre.teluq.ca/2465/">deux modes principaux qui ont émergé</a> sont l’enseignement virtuel synchrone (en direct, à l’écran) et l’enseignement virtuel asynchrone (l’enseignant enregistre son cours à l’avance et il peut être visionné à tout moment, ou alors il donne des activités et devoirs à faire à la maison par l’entremise d’une plate-forme d’apprentissage).</p>
<p>Les enseignants ont donc dû revoir leurs méthodes d’enseignement et s’adapter, en quelques jours, à l’enseignement en ligne. L’<em>Education Endowment Foundation</em>, une fondation subventionnée par le ministère anglais de l’Éducation, a synthétisé des <a href="https://educationendowmentfoundation.org.uk/public/files/Remote_Learning_Rapid_Evidence_Assessment.pdf">méta-analyses</a> (synthèse de recherches expérimentales) afin de formuler des recommandations pédagogiques pour guider l’enseignement à distance.</p>
<p>Elles disent, en gros, que les méthodes efficaces en mode présentiel doivent être transposées en mode virtuel. Et que l’enseignant ne doit pas être submergé par les technologies.</p>
<p>Nous sommes un groupe de chercheurs en enseignement en milieu scolaire, intéressés notamment par la littératie, l’adaptation scolaire et sociale et la dynamique de l’enseignement-apprentissage. Pourquoi s’intéresser à ce sujet alors que la pandémie s’essouffle et que les élèves sont à l’école ? Car il est important, à notre avis, de faire un bilan de ces deux dernières années et de documenter pour l’avenir.</p>
<h2>Gérer sa classe</h2>
<p>Lors d’un enseignement virtuel synchrone, il est très facile de perdre le contrôle de la classe s’il n’y a pas une gestion efficace des comportements, tout comme en mode présentiel. Il importe ainsi d’identifier les comportements attendus (éteindre son micro, lever sa main virtuelle pour avoir son tour de parole, ne pas couper la parole) et <a href="https://www.taalecole.ca/gestion-efficace-comportements/">montrer exactement ce à quoi on s’attend des élèves</a>, ce qu’on appelle dans le jargon le « modelage ».</p>
<p>Par la suite, les élèves pratiquent les comportements désirés sous la supervision de l’enseignant qui s’assure de leur fournir de la rétroaction. Les comportements inadéquats qui compromettent l’enseignement et l’apprentissage ne peuvent être tolérés, mais certains peuvent être illustrés avec humour et contrexemples par l’enseignant afin d’éviter leur apparition. Lorsque les comportements attendus sont adoptés par les élèves, et que la <a href="https://revue-mediations.teluq.ca/index.php/Distances/article/view/260/200">gestion de classe virtuelle</a> fonctionne bien, l’<a href="http://rire.ctreq.qc.ca/2015/12/enseignement-explicite-dt/">enseignement</a> des contenus devient possible.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/440516/original/file-20220112-21-lcus7p.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Depuis mars 2020, les enseignants ont dû revoir leurs méthodes d’enseignement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Isabelle Carignan)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Dans le contexte de l’enseignement en ligne, le modelage peut prendre plus de temps. Il n’est pas toujours possible de voir ce que les élèves écrivent, d’où l’importance de poser des questions pour comprendre leur mode de fonctionnement et de vérifier leurs apprentissages. Par conséquent, il s’avère opportun d’expliquer et de réexpliquer.</p>
<h2>Une plate-forme inadéquate</h2>
<p><em>Google Classroom</em> est l’une des plates-formes d’apprentissage gratuites utilisées par le milieu scolaire pour créer des activités de façon numérique. Cette plate-forme est intéressante pour intégrer du matériel pédagogique, mais pas nécessairement pour enseigner en temps réel, de façon synchrone. Trop souvent, le temps d’enseignement est passé à faire de la logistique, ce qui représente une perte de temps d’enseignement.</p>
<p>Par exemple, des parents interrogés dans le cadre d’une <a href="https://r-libre.teluq.ca/2465/">recherche sur l’enseignement virtuel et en présentiel en temps de pandémie</a>, que nous avons menée, ont mentionné à un chercheur qu’une enseignante a utilisé trois périodes de 55 minutes à expliquer à des enfants de 2<sup>e</sup> année du primaire comment aller chercher un document sur le <em>Classroom</em>. Quand un parent a proposé de projeter le document à l’écran en mode présentation, au lieu que chaque élève ait son propre document sur son ordinateur, sa réponse a été : « Je veux que les enfants apprennent à aller chercher les documents sur mon <em>Classroom</em> »…</p>
<p>Mais quels apprentissages ont été faits ici ? Aucun ! À cet âge, les élèves ne savent pas nécessairement comment naviguer sur les différentes plates-formes. L’enseignant ne sait pas non plus quels onglets sont ouverts sur l’ordinateur des élèves et chaque enseignant a sa propre façon d’utiliser la plate-forme. De plus, l’utilisation de <em>Google Classroom</em> est loin d’être intuitive pour les élèves et pour les parents.</p>
<h2>Revenir à la base</h2>
<p>Ce n’est pas parce qu’on enseigne en ligne <a href="https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2022-01-17/la-fin-de-la-technophilie-en-education.php">que l’on doit utiliser la technologie à tout prix</a>. Parfois c’est intéressant, parfois moins. Faire un partage d’écran d’une vidéo de <em>Just Dance</em> sur YouTube pour un cours d’éducation physique, c’est pertinent. Les enfants bougent et ils s’amusent tout en dansant sur des chansons diversifiées.</p>
<p>Sinon, une façon simple de ne pas perdre le contrôle — ou de le reprendre — reste l’utilisation du tableau blanc effaçable, des cahiers d’activités en version papier ou des feuilles à imprimer. Les activités papier-crayon fonctionnent très bien avec les élèves, les parents et les enseignants. Les élèves connaissent déjà leurs cahiers d’activités et ceux-ci ne seront pas confrontés à des problèmes techniques.</p>
<p>Il est nettement plus facile de dire aux élèves de prendre leur cahier d’apprentissage <em>1, 2, 3… avec Nougat</em> en mathématique que de leur dire d’aller sur <em>Google Classroom</em> pour trouver un document XYZ dans une sous-section d’une autre sous-section où plusieurs possibilités s’affichent pour l’ouvrir. Pour les parents, c’est aussi plus simple — et beaucoup moins stressant — de répondre aux questions de leurs enfants par l’entremise d’un cahier d’activités en version papier. Ils se sentent alors plus compétents et plus confiants pour <a href="https://formation-profession.org/fr/acts/live/689">aider leurs enfants dans leurs apprentissages</a>. Les documents sur <em>Google Classroom</em> (qui est vierge à la base puisque l’enseignant construit la plate-forme en fonction de sa planification) ou toute autre plate-forme d’apprentissage comme <em>Zorbit</em> en mathématique ou <em>Boukili</em> en lecture, sont plutôt utiles pour réaliser des devoirs ou pour réviser la matière vue à l’école pendant la journée.</p>
<p>Lorsque les élèves font l’école virtuelle synchrone, le temps d’enseignement est trop précieux pour qu’il soit consacré à l’apprentissage d’une plate-forme. La priorité demeure d’enseigner et d’apprendre.</p>
<p>L’apprentissage de n’importe quelle plate-forme web devrait avoir été effectué en salle de classe avec les élèves, en personne, afin que l’enseignant ait pu s’assurer de leur compréhension, et ce, avant que l’enseignement virtuel ait lieu. Il faut éviter à tout prix de complexifier l’utilisation des technologies afin de minimiser les pertes de temps et maximiser les occasions d’enseignement-apprentissage. Pour y arriver, le recours à des moyens simples peut faciliter la mise en œuvre d’un enseignement plus efficace dont les enfants ont tant besoin ! Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174826/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Christine Beaudry a reçu des financements du CRSH. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Charlette Ménard, Isabelle Carignan, Ph.D., Joanie Viau et Steve Bissonnette ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Pour que les élèves apprennent réellement, il faut revenir à l’essentiel : les cahiers d’exercices papier-crayon, le tableau blanc effaçable et l’enseignement explicite.Isabelle Carignan, Ph.D., Professeure titulaire, Université TÉLUQ Charlette Ménard, Professeure, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT)Joanie Viau, Chargée d'encadrement, Université TÉLUQ Marie-Christine Beaudry, Professeure en didactique du français, Université du Québec à Montréal (UQAM)Steve Bissonnette, Professeur titulaire Département éducation, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1801572022-03-31T17:58:08Z2022-03-31T17:58:08ZLes musiciens ont-ils un meilleur accent quand ils parlent une langue étrangère ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/455584/original/file-20220331-15-nj7yqm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=51%2C25%2C5684%2C3792&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Unsplash</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Trois cent soixante morceaux de trois minutes (soit 18,4 heures), c’est le temps d'écoute hebdomadaire de musique des 16-64 ans révélé, en 2021, par un <a href="https://snepmusique.com/wp-content/uploads/2021/10/Consumer-Study-IFPFI_VF.pdf">rapport de l’IFPI</a> (International Federation of the Phonographic Industry). L’humain est un être sensible, mélomane, et l’apparition de la musique, tout autant que celle de la parole, a été déterminante dans la construction des sociétés. La proximité de la musique et de la parole incitent
à penser qu’être musicien aide à l’apprentissage des langues étrangères ou à la maîtrise des accents.</p>
<p>Mais qu’en est-il réellement ?</p>
<h2>Ce que l’on sait sur les liens entre musique et parole</h2>
<p>Considérer les liens entre musique et parole, c’est partir du principe que ce sont deux activités humaines partiellement interconnectées (le chant ou les langues sifflées, par exemple) qui mobilisent l’ensemble des organes nécessaires à la production et la perception des vibrations sonores et à leur traitement cognitif.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/U6UHGE6MYT4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>La compréhension des interactions entre musique et parole s’est accrue, depuis plusieurs années, avec le développement de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) qui a permis de mesurer les activités cérébrales en temps réel et dans l’action. Des chercheurs <a href="https://oxford.universitypressscholarship.com/view/10.1093/acprof:oso/9780195123753.001.0001/acprof-9780195123753">comme Aniruddh D. Patel</a>, ont largement étudié ces interactions à différents niveaux.</p>
<p>Un consensus de chercheurs, suivant les <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2014.0090">travaux d’Isabelle Peretz</a> et ses collègues, tend à démontrer un chevauchement neuronal et une réparabilité dans le traitement de la musique et de la parole qui n’impliquent pas nécessairement un partage neuronal. Cela signifie qu’il existe des zones cérébrales activées par les processus de traitement dédiés à la musique et à la parole sans pouvoir déterminer de manière définitive si des zones traitent de façon indifférenciée ces deux activités. <a href="https://link.springer.com/article/10.3758/s13423-012-0344-5">Certains auteurs</a> avancent que ce partage neuronal pourrait se faire au niveau de la syntaxe – un réseau de neurones dédié à la gestion du traitement temporel des unités sonores qui ont du sens (musical ou discursif).</p>
<p>Plus concrètement, des <a href="https://www.neurodyspaca.org/IMG/pdf/iv-a7_chobert.pdf">chercheurs de l’Institut de neurosciences cognitives de la Méditerranée</a> ont mis en évidence le fait qu’un entraînement musical peut avoir des répercussions positives sur le traitement de certaines unités sonores sur la langue première des individus. D’autres ont pu témoigner <a href="https://jeps.efpsa.org/articles/10.5334/jeps.ci/">d’effets similaires dans le cas des autres langues apprises</a>.</p>
<p>Aussi, la <a href="https://www.nature.com/articles/nrn2882">littérature scientifique</a> sur le sujet semble confirmer l’hypothèse selon laquelle l’entraînement musical a des effets sur la capacité auditive non-exclusivement dédiée à la musique.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’un musicien ?</h2>
<p>Le portail lexical du Centre national de ressources textuelles et lexicales définit le <a href="https://www.cnrtl.fr/etymologie/musicien">musicien</a> comme « celui qui s’adonne à la musique, dont la profession est d’exécuter ou de composer de la musique » voire toute personne « qui a des dispositions pour la musique ». Ces dispositions pourront concerner le chant – mobilisant les mêmes organes de la phonation que la parole ; ou la pratique instrumentale. Sur la question des liens entre musique et parole, définir ce qu’est un musicien revient à se demander comment son expertise peut influencer le traitement des unités de la parole.</p>
<p>On reconnaît que tout expert, dans une pratique donnée, développe des compétences spécifiques soutenues par des activations cérébrales spécialisées. Ces spécialisations se retrouvent, par exemple, au niveau des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16637876/">aires motrices</a> dédiées à la gestion des mouvements particuliers liés à la pratique d’un instrument.</p>
<p>Le journaliste <a href="https://www.payot.ch/Detail/outliers-malcolm_gladwell-9780316056281?cId=1">Malcolm Gladwell</a> avance que ces changements ne seraient effectifs qu’après 10 000 heures de pratique. Cette hypothèse reste largement contestée <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsos.190327">par les spécialistes du domaine</a> au regard de la complexité des phénomènes mis en jeu.</p>
<p>Dans leur <a href="https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/sous-la-couverture/emmanuel-bigand-la-symphonie-neuronale-pourquoi-la-musique-est-indispensable-au-cerveau-ed-humensciences-5461807"><em>Symphonie neurale</em></a>, deux chercheurs – Emmanuel Bigand et Barbara Tillmann, précisent que les experts musiciens ont de meilleures capacités à traiter l’information acoustique élémentaire du son musical (la hauteur, l’intensité, etc.) mais lorsqu’il s’agit de comparer des structures musicales plus complexes, la perception des experts et non-experts est proche.</p>
<p>À ce titre, il semble important de noter que la grande majorité des non-experts sont des auditeurs experts puisqu’ils sont de très grands consommateurs de musique. <a href="http://leadserv.u-bourgogne.fr/files/publications/000088-l-oreille-musicale-experte-peut-elle-se-developper-par-l-ecoute-passive-de-la-musique.pdf">Emmanuel Bigand</a>, professeur en psychologie cognitive, considère que les changements cérébraux opérés par l’expertise musicale sont réduits. En effet, l’écoute régulière et implicite de la musique réduit d’autant la distance qu’il existe entre les musiciens experts et les auditeurs experts (qui ne pratiquent pas d’un instrument). Toutefois, les auditeurs experts ont des ressources moins sophistiquées pour expliciter leurs analyses musicales et les musiciens possèdent des capacités métacognitives supplémentaires pour soutenir cette analyse.</p>
<h2>Les musiciens ont-ils un avantage pour l’accent en langues étrangères ?</h2>
<p>Considérant qu’il existe des liens entre musique et parole mais également que l’écoute ou la pratique de la musique influencent la capacité de traitement des unités sonores, les musiciens ont-ils des facilités quand il s’agit de l’accent en langues étrangères ?</p>
<p>Les études menées sur le sujet montrent que les musiciens ont bel et bien des capacités accrues de traitement des unités primaires des sons ; ils sont capables de mieux traiter des informations de bas niveau (être capable de discriminer la différence de durée entre deux sons) mais cet avantage se voit réduit quand il s’agit de traitements de plus haut niveau (identifier une mélodie, catégoriser un son). Sur les liens musique-parole, c’est ce qu’ont montré <a href="https://asa.scitation.org/doi/10.1121/1.4782815">deux chercheuses</a> en considérant que les locuteurs sinophones (mandarin) discriminent mieux les mélodies musicales mais les identifient moins bien que des locuteurs anglophones malgré le fait que ces premiers maîtrisent une langue à tons. Toutefois, la pratique musicale semble donner un avantage sur la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6379457/">capacité à imiter un accent</a> - l'imitation étant une activité spécifique.</p>
<p>Parler en langue étrangère demande, de la part des individus, de gérer toute la complexité du langage humain (production de sons, adaptation interactionnelle, gestion des émotions, etc.). Aussi, si les musiciens peuvent avoir un <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01159101">certain avantage sur le traitement processuel de bas niveau des unités de la parole</a>, cet avantage est largement réduit au regard des compétences des auditeurs experts de la musique mais aussi d’autres éléments langagiers qui rentrent en jeu dans la performance orale (insécurité linguistique, légitimité, etc.).</p>
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<p>On signalera cependant que la pratique musicale peut permettre de développer de nombreuses compétences transférables à l’apprentissage des langues étrangères : l’oralité, la gestion du souffle et des émotions, l’expression d’intention, l’hygiène vocale, la mémorisation – comme autant d’outils au profit de <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/hphi/2005-v16-n1-hphi3201/801306ar.pdf">l’interprétation</a>.</p>
<p>Si les musiciens ne tirent pas directement profit pour leur accent de leur expertise musicale, on peut toujours leur recommander de chanter pour en limiter la perception (s’ils le souhaitent !). C’est ce que montrent <a href="http://gep.ruhosting.nl/carlos/hagen_gussenhoven.pdf">plusieurs études</a> sur le sujet. En effet, certains marqueurs de l’accent sont moins perceptibles en chanson puisqu’ils entrent en confrontation avec certaines contraintes de la mélodie. À vos karaokés !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180157/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Grégory Miras ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’imagerie par résonance magnétique nous livre des débuts de réponses.Grégory Miras, Maitre de conférences en didactique des langues et prononciation, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1786582022-03-14T18:59:23Z2022-03-14T18:59:23ZLes bébés apprennent l’art de la conversation avant même de savoir parler<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/451933/original/file-20220314-100476-125e61g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C6%2C4018%2C3003&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La conversation démarre bien avant la maîtrise du langage.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/oB0xbLwcaMw"> Ana Tablas / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>On s’interroge depuis bien longtemps sur les processus mis en œuvre par les enfants pour faire l’acquisition de leur langue maternelle. Lorsque tout se passe bien, cette acquisition s’accomplit à une vitesse étourdissante, au regard de l’extraordinaire complexité présentée par le langage et par son utilisation dans nos interactions sociales.</p>
<p>Au sein du développement enfantin, la période couverte par ces investigations a longtemps eu pour point de départ l’émergence des premiers mots, en moyenne <a href="https://books.google.fr/books?id=CyfCewyV48UC&lpg=PA11">autour de 12 mois</a> après la naissance. Mais nous savons aujourd’hui que l’acquisition du langage démarre bien plus tôt. <a href="https://images.cnrs.fr/video/70">Dès la 20ᵉ semaine</a> de gestation, le système auditif du fœtus permet à celui-ci d’entendre la voix de sa maman et celles des personnes de son entourage, et de se familiariser avec la forme sonore de sa langue maternelle, et en particulier la mélodie.</p>
<p>Pendant la première année de vie, des transformations majeures se produisent dans la manière dont le bébé perçoit les sons de la parole. Ils se caractérisent par une spécialisation précoce du système de traitement pour les sons de la langue maternelle, par opposition à ceux des <a href="http://dx.doi.org/10.1017/S0142716418000152">autres langues</a>.</p>
<p>Bien avant de produire ses premiers mots, le bébé s’engage dans de multiples interactions avec les personnes de son entourage, qui font appel à la voix, au regard, aux expressions faciales, au geste, et dont l’orchestration temporelle présente des <a href="https://doi.org/10.2307/1128534">similitudes frappantes</a> avec celle de la conversation orale chez les adultes.</p>
<p>Avant les mots, le support premier de l’acquisition du langage est ainsi formé par les échanges conversationnels, ou ce qui les préfigure chez le bébé, et que l’on appelle les protoconversations. Si le langage a d’abord été vu comme un système de calcul symbolique, implémenté dans le cerveau de chaque individu, de nombreux chercheurs soulignent aujourd’hui le rôle majeur des interactions sociales à l’intérieur desquelles le langage en vient à émerger chez le bébé. C’est alors la <em>dyade</em>, constituée par le bébé et la personne interagissant avec lui, qui devient notre cadre d’analyse premier pour l’étude de l’acquisition du langage, et non plus l’individu.</p>
<h2>Les interactions sociales au cœur de l’acquisition du langage</h2>
<p>Les recherches montrent que l’apprentissage de la langue est beaucoup plus efficace quand l’information linguistique est présentée à l’enfant dans le cadre d’une interaction conversationnelle plutôt que d’une façon détachée et non réactive (par exemple à travers la télé).</p>
<p>Ceci est vrai même pour les niveaux les plus bas du système linguistique comme les phonèmes (les unités de sons qui constituent les mots). Par exemple, <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1532872100">Patricia Kuhl</a> et ses collègues ont mené une expérience comparant deux groupes d’enfants (de 9 à 10 mois) dont la langue maternelle était l’anglais. Le premier groupe d’enfants a participé pendant douze séances à une interaction sociale de 25 min avec une personne qui parlait en mandarin. Le deuxième groupe a été exposé à une durée équivalente d’enregistrement audio ou audiovisuel en mandarin mais sans interaction interpersonnelle. Les chercheurs ont trouvé que seul le premier groupe a été capable de développer une sensibilité pour les distinctions phonémiques en mandarin.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/451936/original/file-20220314-28-uvfvxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/451936/original/file-20220314-28-uvfvxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/451936/original/file-20220314-28-uvfvxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/451936/original/file-20220314-28-uvfvxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/451936/original/file-20220314-28-uvfvxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/451936/original/file-20220314-28-uvfvxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/451936/original/file-20220314-28-uvfvxs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pointer du doigt est une forme de conversation.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/ct9-ohXBz6I">Mutzii/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Au fur et à mesure que les enfants réalisent l’aspect socialement partagé du sens, ils commencent non seulement à observer comment les adultes utilisent le langage, mais aussi à initier des interactions sociales pour solliciter la connaissance détenue par ces adultes. Par exemple, ils suivent leur regard, se réfèrent à eux en cas d’incertitude, et utilisent des gestes (sinon des mots) pour <a href="https://books.google.fr/books?hl=en&lr=&id=7M_lSEfzTQoC">diriger leur attention</a>.</p>
<p>Face à ces sollicitations, les parents répondent généralement d’une manière adaptée. Il existe, en effet, une large littérature scientifique démontrant que les réactions/réponses des parents qui sont adaptées/contingentes aux initiatives des enfants facilitent l’acquisition du langage.</p>
<p>Par exemple, quand l’enfant pointe un objet de la main, la réponse de l’adulte qui consiste à nommer ou à expliquer la fonction de cet objet est plus à même de mener à un apprentissage par l’enfant. Cette dynamique crée un cercle vertueux pour l’acquisition de la langue : les réponses adaptées des parents améliorent les compétences linguistiques des enfants, qui à leur tour, créent des opportunités d’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4237681/">échanges conversationnels plus riches</a>, et ainsi de suite.</p>
<h2>Écouter, c’est donner du sens</h2>
<p>Certains chercheurs pensent que les enfants apprennent la langue également parce que les adultes vérifient la manière dont les enfants s’expriment et reformulent les phrases où les enfants font des erreurs.</p>
<p>Ces reformulations aideraient les enfants à raffiner leurs connaissances linguistiques aussi bien au niveau de la forme phonologique qu’au niveau du <a href="https://psycnet.apa.org/record/2003-08531-006">lexique et de la grammaire</a>. Comme pour le cas des réponses adaptées expliquées, les reformulations témoignent de l’importance de l’interaction conversationnelle dans l’acquisition.</p>
<p>L’acquisition du langage est ainsi grandement facilitée par les adultes qui agissent en réels partenaires conversationnels en fournissant en permanence un retour sur ce qui est en train de se dérouler, sur les propos tenus par les enfants (tant sur la forme que sur le contenu), en acquiesçant, interrogeant, reformulant, évaluant, etc. Cette capacité d’écoute proactive des parents s’avère cruciale non seulement auprès des enfants pour leur permettre de progresser en tant que sujet parlant mais elle est également incontournable pour devenir un sujet interactant.</p>
<h2>Découvrir l’orchestration de la conversation</h2>
<p>Et pourtant, s’il est effectivement en dialogue, en communication, peut-on vraiment dire que l’enfant converse ? Une bonne maîtrise de la phonologie, de la syntaxe, de l’organisation des tours de parole, certes indispensable, est-elle suffisante pour développer et maintenir une conversation ?</p>
<p>De nombreuses études sur les interactions interindividuelles s’accordent sur le fait que la conversation est une activité accomplie conjointement, dont la réussite suppose <a href="https://www.researchgate.net/publication/230876459_Discourse_as_an_interactional_achievement_Some_uses_of_uh_huh%27_and_other_things_that_come_between_sentences">l’implication et la coopération de tous les participants</a>. Discuter avec quelqu’un ne se limite pas à planifier et émettre des énoncés mais suppose de se coordonner. Cette coordination passe par l’élaboration conjointe d’un socle commun (« common ground ») lié aux <a href="https://doi.org/10.1017/CBO9780511620539">connaissances et aux croyances partagées</a> que les participants élaborent ensemble et sur lesquelles ils s’appuient pour précisément s’aligner.</p>
<p>Chaque contribution s’intègre dans un processus sous-jacent (élaboration du socle commun, dit de « grounding ») qui renvoie à l’élaboration et la mise à jour constante de ce fond commun ; chaque contribution nécessite d’être reconnue et comprise par l’interlocuteur qui peut alors y répondre de la manière la plus appropriée possible. Une conversation est donc ainsi faite d’ajouts successifs, incrémentaux, par l’un et l’autre des participants.</p>
<p>De nombreuses marques langagières (parmi lesquelles les répétitions, reformulations, demandes de clarification mais également les items tels que « mh », « d’accord », « c’est super », « hochement de tête », etc qui représentent les « réponses des interlocuteurs », dites feedbacks) permettent aux interlocuteurs de se donner à voir mutuellement et de manière quasi permanente ce qu’ils font, s’ils se comprennent, quelle trajectoire conversationnelle ils souhaitent suivre, <a href="http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.121.3930&rep=rep1&type=pdf">s’ils sont d’accord pour le faire</a>. Quel que soit le terme retenu, ces pactes ou cet alignement entre les individus permettent la progressivité de l’interaction, et l’accomplissement réussi de cette dernière. Les réponses feedback ont un rôle crucial dans cette coordination et ce processus d’élaboration du socle commun. Mais qu’en est-il chez les enfants ?</p>
<h2>Donner à comprendre à son interlocuteur qu’on l’écoute</h2>
<p>En général, il y a très peu d’études sur comment les marques (méta-)langagières – aidant à mieux coordonner une conversation – se développent dans l’enfance (au moins comparé à la littérature scientifique sur l’acquisition de la structure de la langue). Cela dit, en se basant sur celles qui existent, on en déduit que les enfants manifestent très tôt un désir vif de comprendre et de se faire comprendre.</p>
<p>Par exemple, des <a href="https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0142723708094452">chercheurs</a> ont suivi le développement du mécanisme de détection et réparation du malentendu chez le même enfant entre 1 et 4 ans. Ils ont trouvé que, très tôt, l’enfant est attentif aux indices d’incompréhensions (ex. questions de clarification), et est capable de réparer le malentendu en apportant des précisions pertinentes. Juste après, l’enfant ne se limite plus à se corriger lui-même, il corrige également l’interlocuteur quand ce dernier fait ce que l’enfant perçoit comme une incongruence ou des erreurs. Finalement, autour de 3 ans, l’enfant commence à prononcer explicitement des demandes d’explication quand il perçoit une incohérence dans les paroles ou comportements de l’interlocuteur.</p>
<p>Concernant le feedback verbal (« mh ») ou non verbal (« hochement de tête »), l’apprentissage prend généralement plus de temps, et continue à s’affiner jusqu’à l’adolescence. On remarque une dissociation entre la capacité à comprendre ce mécanisme quand il est produit par l’interlocuteur d’un côté, et la capacité à produire un feedback adéquat de l’autre côté. La première capacité est observée dès 4 ans et contribue, par exemple, à l’amélioration de la <a href="https://www.cambridge.org/core/services/aop-cambridge-core/content/view/CF7534A42C1CBEBB44AF35E8EFE8E91E/S0305000998003651a.pdf/encouraging_narratives_in_preschoolers_an_intervention_study.pdf">qualité de narration des enfants</a>. La deuxième capacité, quant à elle, est plus difficile. La recherche montre que les enfants de 7 et jusqu’à 12 ans continuent à apprendre comment utiliser les signaux du locuteur pour produire un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S037821660200190X">feedback d’une manière adéquate</a>.</p>
<p>Le développement prolongé du feedback – surtout concernant la production – peut être dû au fait qu’il exige la capacité de prendre la perspective de l’interlocuteur, une capacité qui continue à <a href="https://doi.org/10.1016/j.jecp.2015.07.011">se développer jusqu’à l’adolescence</a>. Quand l’enfant est en position d’écoute, il doit comprendre le besoin de l’interlocuteur d’être compris et donc d’avoir un feedback permanent, pas uniquement quand il y a le potentiel d’une incompréhension, mais aussi quand la communication semble bien marcher.</p>
<h2>Coordination dans la conversation : une trajectoire complexe</h2>
<p>Les principes de la conversation qui permettent de gérer son organisation structurelle sont essentiels mais non suffisants pour faire de l’interaction une réussite. La conversation ne peut se réduire à une alternance de tours de parole. Ce qui semble donc émerger, c’est que les bébés sont capables de se coordonner avec les adultes au niveau temporel, en s’appuyant sur des indices leur permettant de prédire le moment où ils vont pouvoir « prendre le tour » (importance des paramètres prosodiques sans doute très forte puisqu’on sait que la prosodie, qui concerne les aspects mélodiques et rythmiques de la parole, est l’une des dimensions acquises très tôt).</p>
<p>En revanche, se coordonner ou s’aligner à un niveau plus élaboré (niveau des représentations) qui nécessite de prendre en compte l’autre et ses pensées, de comprendre à quelles actions renvoient les énoncés produits, raconter une histoire, comprendre la source et la perspective (d’où l’on parle) (ce que de nombreux auteurs appellent une théorie de l’esprit) et donner à voir explicitement que l’on a cette capacité (être un bon « interlocuteur » notamment, qui contribue à l’activité conjointe de converser, en renvoyant par exemple des réponses – feedback- appropriées), s’acquiert beaucoup plus tardivement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178658/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Abdellah Fourtassi a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Noël Nguyen et Roxane Bertrand ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Bien avant de maîtriser le langage, les bébés sont capables de comprendre les bases de la conversation.Abdellah Fourtassi, Enseignant-chercheur en Sciences Cognitives, Aix-Marseille Université (AMU)Noël Nguyen, Professeur, Aix-Marseille Université (AMU)Roxane Bertrand, Chargée de recherche CNRS, Linguiste, Analyse des Interactions, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1741392022-01-31T19:07:26Z2022-01-31T19:07:26ZStylos ou claviers : quels outils choisir pour prendre des notes ?<p>La pandémie a bouleversé les pratiques pédagogiques. Les cours à distance se sont multipliés, de nombreux écoliers, lycéens et étudiants ont dû travailler davantage seuls, souvent sans accompagnement des enseignants ou de leur famille. Les inégalités éducatives <a href="https://www.nature.com/articles/s41562-021-01212-7">ont ainsi été accentuées</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, les élèves qui réussissent le mieux sont ceux qui disposent d’un éventail de techniques et de compétences leur permettant de mobiliser toutes leurs connaissances pour suivre des cours d’une qualité souvent dégradée ou pour lire seuls les documents proposés.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/inegalites-scolaires-des-risques-du-confinement-sur-les-plus-vulnerables-135115">Inégalités scolaires : des risques du confinement sur les plus vulnérables</a>
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<p>La prise de notes est une de ces techniques indispensables aux apprentissages académiques : il est en effet impossible de mémoriser tout ce que nous entendons dès la première écoute ou de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1207/S1532690XCI1801_04">mémoriser tout ce que nous lisons</a>. Les étudiants doivent donc, d’une part, sélectionner les informations les plus utiles et pertinentes dans leurs cours et, d’autre part, en garder une trace pérenne. Les notes sont, de fait, une mémoire externe qu’ils peuvent consulter à tout moment pour travailler et réviser leurs cours.</p>
<h2>Des questions d’organisation</h2>
<p>La plupart des étudiants estiment ainsi que prendre de notes contribue fortement à leur réussite. De nombreux travaux scientifiques ont montré que la <a href="https://www.researchgate.net/publication/247513702_Combined_Effects_of_Note-Taking-Reviewing_on_Learning_and_the_Enhancement_through_Interventions_A_meta-analytic_review">prise de notes</a> améliore effectivement les résultats académiques.</p>
<p>Bien entendu, plusieurs techniques de prise de notes existent (de la copie mot à mot aux notes organisées en matrices par exemple) et certaines sont plus efficaces que d’autres. Les plus efficaces permettent de mieux comprendre le contenu des cours. Elles contribuent aussi à une meilleure mémorisation, et à plus long terme, des nouvelles connaissances acquises.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/etudiants-sept-astuces-pour-mieux-prendre-des-notes-en-cours-129267">Étudiants : sept astuces pour mieux prendre des notes en cours</a>
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<p>En effet, la qualité du traitement qui est effectué par l’étudiant sur les informations données par les enseignants dépend directement de la technique de prise de notes : plus cette technique favorise un traitement profond, c’est-à-dire du sens des énoncés, meilleures sont la mémorisation et la <a href="https://psycnet.apa.org/record/1986-04914-001">compréhension du cours</a>. Par conséquent, les techniques qui favorisent l’organisation, la hiérarchisation et la reformulation des contenus conduisent généralement à de meilleurs résultats.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1399625717009338372"}"></div></p>
<p>Malheureusement pour les étudiants, prendre des notes, c’est-à-dire écouter, comprendre et noter simultanément, entraîne une <a href="https://www.researchgate.net/publication/234117782_Cognitive_effort_during_note_taking">charge mentale très élevée</a>. Aussi, pris à la fois dans l’urgence de la prise de notes et dans une <a href="https://www.researchgate.net/publication/336922846_La_prise_de_notes">crainte d’oublier</a> une partie du cours, ils privilégient souvent des techniques simples qui favorisent la quantité des notes plutôt que l’organisation et la hiérarchisation des contenus.</p>
<h2>Progression des outils numériques</h2>
<p>Au-delà des techniques de prise de notes, rarement enseignées, les outils d’écriture utilisés par les étudiants contribuent-ils à l’efficacité de la prise de notes ? Cela change-t-il quelque chose de prendre des notes avec un clavier plutôt qu’un stylo ? Un enseignant face à un amphithéâtre ne peut que constater la multitude d’écrans et de tablettes qui s’offrent à sa vue.</p>
<p>Une enquête réalisée auprès de 700 étudiants de l’université de Poitiers montre que 90 % des étudiants interrogés ont déclaré utiliser le papier et le stylo et environ 60 % <a href="https://www.researchgate.net/publication/358119415_Practices_tools_and_representations_of_note-taking_by_first-year_university_students_in_different_academic_fields">utilisent aussi un ordinateur</a>. Les tablettes sont, quant à elles, très peu utilisées (moins de 5 %) et moins que les smartphones (qui servent surtout à photographier les diaporamas projetés par les enseignants).</p>
<p>Dans une enquête plus récente réalisée pour sa thèse auprès de 240 étudiants de diverses disciplines, une de mes doctorantes, Marie Lebrisse, observe que près de 90 % des étudiants interrogés <a href="https://cerca.labo.univ-poitiers.fr/soutenance-de-these-de-doctorat-de-marie-lebrisse/">déclarent recourir à un ordinateur</a> pour prendre des notes et autant déclarent également utiliser le stylo et le papier.</p>
<p>Ces enquêtes montrent aussi que l’utilisation d’un ordinateur dépend des disciplines : celles qui reposent essentiellement sur la transmission du discours de l’enseignant favorisent la prise de notes au clavier. Il est en effet difficile de faire des schémas, des diagrammes, de noter des équations avec un clavier et une souris ! Aussi, les enseignements dans les disciplines scientifiques ou techniques, par exemple, conduisent plutôt à des prises de notes manuscrites.</p>
<p>Enfin, les étudiants déclarent préférer prendre des notes avec un ordinateur parce que leurs notes sont bien présentées et sont donc plus faciles à relire et réviser mais aussi pour la rapidité de la frappe au clavier. Ils sont ainsi (r)assurés de ne pas oublier de points importants du cours.</p>
<h2>Des effets encore très discutés</h2>
<p>Les effets des outils d’écriture sur la prise de notes sont multiples et difficiles à appréhender : la <a href="https://theconversation.com/apprendre-a-ecrire-peut-on-remplacer-papier-et-crayon-par-tablette-et-stylet-136422">surface glissante des tablettes</a>, la maniabilité des souris, les diverses options proposées par applications utilisées avec les ordinateurs, ou encore la taille des écrans, sont autant de facteurs qui interviennent dans la performance et autant d’obstacles (ou d’aides, selon les situations) pour les noteurs. Par exemple, une faible maitrise de la frappe au clavier se traduit par une <a href="https://www.researchgate.net/publication/350623618_Is_typewriting_more_resources-demanding_than_handwriting_in_undergraduate_students">mémorisation détériorée</a> des informations retranscrites.</p>
<p>Depuis une décennie, plusieurs études ont tenté de mieux comprendre la prise de note sur ordinateur. Dans une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0956797614524581">étude de Mueller et Oppenheimer publiée en 2014</a>, des étudiants à l’université devaient prendre des notes manuscrites ou avec un clavier, à partir de conférences vidéo de 30 minutes. Les auteurs ont testé l’hypothèse que la rapidité de la frappe au clavier – qui conduit les étudiants vers une prise de notes plus linéaire, visant à noter un maximum des mots du discours de l’enseignant, mais en le traitant moins du point de vue de sa signification – devrait conduire à une plus faible mémorisation.</p>
<p>Ils n’ont pas observé de différence selon l’outil sur le rappel d’informations précises qui sont présentes dans la vidéo. En revanche, ils ont observé un bénéfice de la prise de note manuscrite sur le rappel d’information traduisant la compréhension des étudiants.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1357608801294254086"}"></div></p>
<p>D’autres travaux ont aussi observé des notes moins organisées et plus linéaires avec un clavier, mais, cette fois-ci, une meilleure mémorisation à la suite d’une <a href="https://doi.org/10.1016/j.cedpsych.2017.01.002">prise de notes avec un ordinateur</a>. Il est donc délicat de tirer des conclusions des études publiées à ce jour, tant certaines études diffèrent. Cependant, une méta-analyse (l’analyse simultanée des résultats de plusieurs études) récente ne semble pas montrer d’effet négatif de l’utilisation d’un ordinateur sur la <a href="https://doi.org/10.31234/osf.io/vqyw6">mémorisation des informations</a> notées.</p>
<h2>Des usages à accompagner</h2>
<p>D’autres technologies que le clavier et l’ordinateur existent pour prendre des notes : on peut citer les tablettes avec claviers extérieurs, virtuels ou encore avec stylets, et les smartpens, ces stylos numériques qui enregistrent et numérisent la trace écrite qu’ils produisent. Ces deux types d’outils reposent donc sur une prise de notes manuscrite et proposent des options d’outils numériques (par exemple, la reconnaissance de l’écriture).</p>
<p>Dans sa thèse, Marie Lebrisse a étudié la prise de notes sur tablette <a href="https://cerca.labo.univ-poitiers.fr/soutenance-de-these-de-doctorat-de-marie-lebrisse/">avec une application de prise de notes</a> incluant un logiciel de reconnaissance de l’écriture tracée avec un stylet. Ses travaux indiquent que la prise de notes sur tablette se rapproche plus de celle sur papier. Les travaux qui ont analysé les tablettes eWriter, des tablettes spécifiquement dédiées à la prise de notes et à l’écriture, ont conduit à des <a href="https://theconversation.com/apprendre-a-ecrire-peut-on-remplacer-papier-et-crayon-par-tablette-et-stylet-136422">résultats similaires</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"687203576150626304"}"></div></p>
<p>L’utilisation des stylos numériques pour la prise de notes est aussi une piste à explorer. Ces stylos présentent l’avantage de pouvoir enregistrer non seulement l’écriture manuscrite mais aussi les enseignements dispensés en les synchronisant avec les notes écrites. <a href="https://js.sagamorepub.com/ldmj/article/view/10363">Joseph Boyle, Temple University, Philadelphie</a>, a conduit plusieurs recherches sur l’utilisation de ces outils pour les étudiants présentant des difficultés d’apprentissage. Il montre clairement comment l’utilisation de stylos électroniques peut aider ces élèves.</p>
<p>Pour conclure, si plusieurs études montrent les limites des outils numériques de prise de notes, de nombreuses soulignent aussi leur potentiel pour la réussite académique. Mais leur utilisation doit être accompagnée pour qu’ils apportent des bénéfices aux étudiants. Sans une formation adéquate et un soutien durable, ils peuvent finir par n’être guère plus que des gadgets…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174139/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thierry Olive a reçu un financement de l’ANRT pour une thèse CIFRE. Il conseille et effectue des prestations de recherche pour le compte de son laboratoire auprès de starts-up de l’EdTech. Il ne reçoit aucune rémunération et ne possède pas de parts de ces sociétés, qui ne peuvent pas tirer profit de cet article.</span></em></p>Avec le numérique, la palette d’outils de prise de notes s’élargit. Certains sont-ils plus efficaces ? Leur efficacité dépend-elle des habitudes de chacun ?Thierry Olive, Directeur de recherche au CNRS, Université de PoitiersLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.