tag:theconversation.com,2011:/us/topics/araignees-54130/articlesaraignées – The Conversation2023-05-22T16:37:31Ztag:theconversation.com,2011:article/2048382023-05-22T16:37:31Z2023-05-22T16:37:31ZFouiller dans l’estomac des araignées pour savoir si elles mangent les insectes ravageurs de cultures<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/523789/original/file-20230502-3092-t0wg6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C5%2C1908%2C1270&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">De nouvelles méthodes d’analyse ADN permettent de déterminer ce que mangent les araignées — même si elles liquéfient leurs proies.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Dans les exploitations agricoles, les araignées sont d’importants prédateurs : elles contribuent à contrôler les populations d’insectes, y compris ceux qui ravagent les cultures. Elles pourraient ainsi être utilisées comme <a href="https://www.nj.gov/agriculture/divisions/pi/prog/buglab/what-is-biological-control/">« agent de biocontrôle »</a> pour limiter intentionnellement les populations de ces ravageurs des cultures. Mais nous devons pour cela mieux comprendre leurs rôles dans les écosystèmes agricoles.</p>
<p>Les zones semi-naturelles autour des champs d’une exploitation agricole sont des refuges <a href="https://doi.org/10.1111/rec.13485">pour les araignées</a> et d’autres arthropodes. Ces habitats leur fournissent des abris et des sources de nourriture alternatives à leurs proies habituelles, notamment lors des labours ou lorsque l’utilisation de pesticides est importante.</p>
<h2>Le régime alimentaire des araignées</h2>
<p>Pour déterminer si les araignées pourraient être des agents de biocontrôle efficaces, il faut déterminer leur régime alimentaire et ses saisonnalités : est-ce qu’elles mangent des insectes ravageurs de cultures, quand, etc.</p>
<p>Mais il s’avère difficile de savoir ce qu’ont mangé des araignées, car elles liquéfient les restes de leurs proies. En effet, certaines sont trop grosses pour être mâchées, voire trop dures à cause de leur exosquelette. Afin de décomposer les tissus corporels, les araignées <a href="https://doi.org/10.1186/s12864-017-3987-9">expulsent donc des enzymes digestives</a> sur leurs proies.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/523785/original/file-20230502-28-ykol2l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="illustration de l’anatomie d’une araignée" src="https://images.theconversation.com/files/523785/original/file-20230502-28-ykol2l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523785/original/file-20230502-28-ykol2l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=259&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523785/original/file-20230502-28-ykol2l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=259&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523785/original/file-20230502-28-ykol2l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=259&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523785/original/file-20230502-28-ykol2l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=326&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523785/original/file-20230502-28-ykol2l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=326&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523785/original/file-20230502-28-ykol2l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=326&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Anatomie d’une araignée femelle à deux poumons.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Spider_internal_anatomy-fr.svg">J.H. Comstock et R.F. Felix/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Pour les scientifiques, une solution consiste à analyser le contenu stomacal des araignées à l’aide du <em>barcoding</em> de l’ADN (ou « codage à barres »), une technique qui consiste à identifier une espèce en séquençant un fragment d’ADN, court et standardisé, d’un gène particulier. Cette méthode fonctionne même si les restes de proies sont liquéfiés.</p>
<p>La technique du codage à barres de l’ADN a 20 ans : Paul Hebert <a href="https://doi.org/10.1098/rspb.2002.2218">l’a appliqué aux arthropodes</a> en 2003 (avec certains d’entre nous), et a montré qu’il était possible de distinguer les espèces animales en séquençant l’ADN d’un spécimen. Depuis, la technologie a évolué grâce aux progrès dans les domaines du séquençage d’ADN et de la bio-informatique : il est maintenant possible d’identifier rapidement et avec précision les espèces présentes dans de nombreux échantillons.</p>
<h2>Analyse ADN de l’estomac d’une araignée</h2>
<p>Il est ainsi devenu de plus en plus fréquent – et populaire –, d’<a href="https://doi.org/10.1002/edn3.62">analyser le contenu stomacal des araignées grâce au barcoding de l’ADN</a> : l’ADN trouvé dans l’intestin d’une araignée permet de savoir ce qu’elle a mangé, et quel rôle elle tient dans l’écosystème.</p>
<p>Le <a href="https://doi.org/10.1139/gen-2018-0093">processus d’analyse</a> commence par la capture d’araignées sur le terrain. On les broie ensuite en une « soupe d’ADN », afin d’extraire l’ADN contenu dans leur estomac. En effet, l’estomac des araignées est très étendu, et traverse différentes parties du corps. Broyer des <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0196589">araignées entières peut aider à détecter l’ADN de leurs proies</a>.</p>
<p>On peut ainsi déterminer si une araignée est généraliste – c’est-à-dire si elle se nourrit de nombreuses proies différentes, ou spécialiste – si elle se nourrit d’une espèce ou d’un groupe d’espèces particulier, qui peut inclure ou non des insectes ravageurs des cultures. Ces informations pourraient permettre de déployer des araignées comme agents de biocontrôle, une solution de lutte contre les ravageurs qui est plus durable, moins coûteuse et plus respectueuse de l’environnement que les insecticides.</p>
<p>Les prédateurs généralistes, dont certaines araignées, mangent en fait <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-018-26191-0">ce qu’ils trouvent</a> : des espèces ravageuses comme les <a href="https://theconversation.com/quand-leurs-microbes-aident-ou-pas-les-pucerons-a-survivre-a-la-hausse-des-temperatures-186413">pucerons</a> ainsi que des espèces qui ne s’attaquent pas aux cultures comme les <a href="https://theconversation.com/les-insectes-ces-super-heros-148956">collemboles</a>.</p>
<p>C’est grâce à cette technique que les chercheurs ont constaté que les échantillons prélevés en début de saison de culture révélaient des « estomacs vides », et une augmentation du contenu de l’estomac plus tard dans la saison agricole. Mais ces recherches précédentes avaient analysé le contenu de l’estomac de trois espèces d’araignées seulement, et uniquement au début et à la fin de la saison de culture.</p>
<p>Nous cherchons actuellement à combler ces lacunes.</p>
<h2>Des communautés d’araignées qui évoluent au fil de la saison des cultures</h2>
<p>Nous menons nos recherches dans des exploitations agricoles qui comportent toutes un habitat restauré adjacent aux cultures, comme des prairies d’herbes hautes et des zones humides.</p>
<p>La présence de ces différents types d’habitats dans les exploitations agricoles modifie la structure du réseau trophique, avec des groupes de proies et de prédateurs qui se relayent au fil de la saison. Les habitats aquatiques (zones humides) et terrestres (prairies) sont connus pour favoriser les populations d’araignées, et donc la fonction de biocontrôle que nous cherchons à étudier.</p>
<p>Nous avons échantillonné les communautés d’araignées de manière intensive pendant quatre mois, entre mai et août, et à différentes distances des champs, afin d’étudier les mouvements des araignées tout au long de la saison de croissance des cultures. La connaissance des populations d’araignées et de leurs mouvements intervient dans la gestion des systèmes agricoles, par exemple pour déterminer le meilleur moment pour répandre des pesticides dans les champs.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/515973/original/file-20230317-22-znihry.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C17%2C1200%2C779&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="un zoom d’une minuscule araignée sur une feuille" src="https://images.theconversation.com/files/515973/original/file-20230317-22-znihry.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C17%2C1200%2C779&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/515973/original/file-20230317-22-znihry.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/515973/original/file-20230317-22-znihry.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/515973/original/file-20230317-22-znihry.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/515973/original/file-20230317-22-znihry.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/515973/original/file-20230317-22-znihry.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/515973/original/file-20230317-22-znihry.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les araignées sauteuses sont plus actives entre juin et août.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(A. Dolezal)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Plusieurs groupes fonctionnels d’araignées</h2>
<p>Sur les exploitations agricoles avec des habitats restaurés à côté des champs de culture, nos données préliminaires révèlent la présence de plusieurs groupes fonctionnels d’araignées : des araignées tisseuses de toiles, des araignées de sol, des araignées embusquées, des chasseuses.</p>
<p>Au total, nous avons identifié vingt familles d’araignées au long de la période d’échantillonnage. Certaines étaient plus présentes dans certains habitats que dans d’autres. Ce nombre de familles présentes au sein d’exploitations agricoles est assez conséquent : il y a en effet <a href="https://www.toronto.ca/wp-content/uploads/2017/08/8f2a-Biodiversity_SpiderBook-Division-Planning-And-Development.pdf">environ vingt-cinq familles d’araignées au total dans cette région</a> (autour de Toronto, au Canada).</p>
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<p>Nous avons constaté une plus grande abondance d’araignées et de leurs proies dans les zones semi-naturelles entourant les champs de culture et à proximité de ces zones restaurées (zones humides ou prairies).</p>
<p>Les données préliminaires montrent également que les mois de juin et d’août sont la haute saison pour l’activité des araignées dans ces exploitations agricoles, où elles se déplacent beaucoup plus qu’en mai et en juillet.</p>
<h2>Mieux protéger les araignées, leurs écosystèmes… et la production agricole</h2>
<p>En étudiant le contenu de l’estomac des araignées, nous espérons mieux comprendre le rôle qu’elles jouent dans leurs écosystèmes, ce qui pourrait permettre de promouvoir des modèles de protection des cultures respectueux de l’environnement et inspirés de la lutte naturelle contre les ravageurs.</p>
<p>Selon une méta-analyse de 58 études publiées, les <a href="https://doi.org/10.1111/geb.12927">araignées ont supprimé les insectes nuisibles agricoles dans 79 % des études</a>, ce qui a permis d’améliorer les performances agricoles. Le recours excessif aux produits chimiques pour lutter contre les ravageurs des cultures n’est pas une option durable et il est urgent d’utiliser des approches écologiques.</p>
<p>Ainsi, le barcoding d’ADN ouvre de nouvelles voies pour étudier l’<a href="https://doi.org/10.3390/insects11050294">écologie des araignées et leur potentiel en tant qu’agents de biocontrôle dans les paysages agricoles</a>. Et grâce aux progrès des technologies de séquençage de l’ADN et de la bio-informatique, cela pourrait contribuer à rendre les pratiques agricoles plus durables.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204838/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Des recherches pour comprendre comment les araignées régulent les populations d’insectes ravageurs de cultures.Aleksandra Jessica Dolezal, PhD Candidate, Integrative Biology, University of GuelphAndrew MacDougall, Professor, Integrative Biology, University of GuelphDirk Steinke, Adjunct Professor, Integrative Biology, University of GuelphJeremy deWaard, Adjunct Professor, Centre for Biodiversity Genomics, University of GuelphLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1207722019-07-22T22:52:55Z2019-07-22T22:52:55ZPodcast : Les films de super-héros peuvent apaiser les phobies<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/285185/original/file-20190722-11333-16ahfb8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">SpiderMan</span> </figcaption></figure><p>Et si les films de super-héros pouvaient aider à diminuer les phobies ?</p>
<p>En partant de cette idée, des chercheurs israéliens ont réalisé une <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyt.2019.00354/full">étude</a> avec plus de 400 participants en utilisant des extraits des films <em>Spider-Man</em> et <em>Ant-Man</em> dans l’espoir d’apaiser les archnophobes (phobiques des arachnides) et les myrmécophobes (phobiques des fourmis).</p>
<p>Loin d’être totalement farfelue, cette approche s’inscrit dans l’idée voulant que pour surmonter une phobie, il faudrait être en contact avec ce qui provoque cette anxiété. Cette confrontation devant se faire de manière progressive et dans des contextes différents afin en quelque sorte de s’habituer et de se désensibiliser de la cause de la phobie.</p>
<p>En moins de 10 minutes, avec cet épisode, découvrez les résultats de cette étude scientifique utilisant les films de super-héros pour lutter contre les phobies.</p>
<hr>
<p><em>Un podcast en partenariat avec <a href="https://soundcloud.com/latetedanslecerveau">La tête dans le cerveau</a> dont toutes les références scientifiques sont à retrouver sur <a href="https://cervenargo.hypotheses.org/2837">Cerveau en Argot</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/120772/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Rodo ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Spider-Man a l'habitude de sauver New York, mais il pourrait tout aussi bien vous soigner de votre phobie des araignées.Christophe Rodo, Jeune chercheur ATER terminant une thèse en neurosciences à Aix-Marseille Université, au sein du Laboratoire de Neurosciences Cognitives, de l’Institut de Neurosciences des Systèmes et de l’Institut des Sciences du Mouvement, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1098252019-01-27T20:45:45Z2019-01-27T20:45:45ZAvec « Spider-Man : New Generation », plusieurs araignées pour une seule toile<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/255413/original/file-20190124-135163-1xspxq0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=44%2C3%2C1226%2C505&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les multiples identités de Spider-Man. </span> <span class="attribution"><span class="source">Spider-Man: New Generation (2018)</span></span></figcaption></figure><p>Depuis sa sortie en décembre dernier, le film d’animation <a href="http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19580611&cfilm=233998.html"><em>Spider-Man : New Generation</em></a> a connu un <a href="http://www.lefigaro.fr/cinema/2018/11/29/03002-20181129ARTFIG00312--new-generation-le-meilleur-de-tous-les-films-sur-spider-man-selon-la-presse-americaine.php">succès commercial</a> et surtout <a href="https://www.telerama.fr/cinema/spider-man-new-generation-decidement,-lhomme-araignee-est-bien-notre-super-heros-prefere,n5930812.php">critique</a> qu’une <a href="https://www.lejdd.fr/Culture/Cinema/aux-golden-globes-spider-man-cree-la-surprise-face-au-colosse-disney-pixar-3835595">récompense aux Golden Globes</a> le 6 janvier et une <a href="https://www.huffingtonpost.fr/2019/01/22/oscars-2019-roma-et-la-favorite-parmi-les-favoris_a_23644298/?utm_hp_ref=fr-homepage">nomination aux Oscars</a> le 22 janvier sont venues, pour l’instant, couronner. C’est pourtant déjà le <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Spider-Man_in_film">septième long métrage de cinéma entièrement consacré au personnage</a> et il raconte à nouveau comment un adolescent ordinaire devient un super-héros après avoir été mordu par une araignée radioactive.</p>
<p>Cette fois-ci l’apprentissage du métier de super-héros s’y fait par la confrontation avec d’autres Spider-Men : un Spider-Man blond à succès, un Spider-Man brun sur le retour, une adolescente, un détective à l’ancienne, une fillette et son robot sortis d’un anime japonais, un cochon… Le film, dans son récit, explique cette prolifération d’Araignées (une exploration transdimensionnelle ayant mal tourné). Mais au-delà de cette explication interne, ce double phénomène de multiplication et d’interaction est le produit de deux tendances centrales des <em>comic books</em> de super-héros comme de leurs déclinaisons audiovisuelles : les principes contradictoires mais souvent articulés de multiplicité et de continuité.</p>
<h2>Les super-héros à l’ère de la multiplicité</h2>
<p>Il y a une dizaine d’années, <a href="http://henryjenkins.org/aboutmehtml/">Henri Jenkins</a>, figure clé des approches de la <a href="https://www.armand-colin.com/la-culture-de-la-convergence-des-medias-au-transmedia-9782200279158">culture dans ses nouveaux contextes numériques et transmédiatiques</a>, soulignait un changement dans la façon dont les grands éditeurs américains de bande dessinée (Marvel, DC) envisagent leur production et la façon d’exploiter leurs personnages les plus célèbres. Il évoquait ainsi une <a href="http://henryjenkins.org/blog/2007/03/just_men_in_capes.html">« ère de la multiplicité »</a> tournée vers le « développement de versions multiples et contradictoires des mêmes personnages, fonctionnant comme autant d’univers parallèles ».</p>
<p>Selon ce principe de multiplicité, un même personnage, comme ici Spider-Man, au gré de ses reprises d’un support à un autre (d’une série de <em>comics</em> à une autre, des <em>comics</em>__ au cinéma, au jeu vidéo ou aux jouets) va connaître des incarnations diverses. Si elles conservent certaines constantes (pouvoirs, éléments du costume, symboles…), ces incarnations peuvent être très différentes, tant dans leur représentation que dans les récits dans lesquelles elles vont venir s’inscrire. Le personnage peut changer de sexe, d’âge, de couleur de peau, ses récits s’adapter à des publics d’âges différents, de nationalités et de cultures différentes.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/255414/original/file-20190124-135157-1e7vfgn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255414/original/file-20190124-135157-1e7vfgn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255414/original/file-20190124-135157-1e7vfgn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=911&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255414/original/file-20190124-135157-1e7vfgn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=911&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255414/original/file-20190124-135157-1e7vfgn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=911&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255414/original/file-20190124-135157-1e7vfgn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1145&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255414/original/file-20190124-135157-1e7vfgn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1145&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255414/original/file-20190124-135157-1e7vfgn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1145&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un Spider-Man revisité pour une publication destinée aux jeunes lecteurs.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://i.annihil.us/u/prod/marvel/i/mg/c/e0/5b0ee55a8f8f5/clean.jpg">Spider-Man and the Stolen Vibranium, Marvel, 2018.</a></span>
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<p>Il est ainsi possible pour le groupe détenteur des droits sur le personnage de jouer de la familiarité et de la notoriété acquise tout en en renouvelant l’attrait et en en améliorant le ciblage. C’est aussi une façon de tenir compte des contraintes légales liées à la diversité des périmètres d’exploitation prévus par les contrats de licence.</p>
<p>Ce principe de multiplicité n’est pas une nouveauté. Il s’agit là d’une <a href="http://www.seuil.com/ouvrage/fictions-a-la-chaine-matthieu-letourneux/9782021320886">stratégie classique de la production des industries culturelles</a>, de Fantômas à <a href="http://wp.unil.ch/labelettres/star-wars-un-monde-en-expansion/"><em>Star</em></a> <a href="https://www.aup.nl/en/book/9789462986213/star-wars-and-the-history-of-transmedia-storytelling"><em>Wars</em></a>, en passant par les Tortues Ninja ou Spirou. Dans les <em>comics</em> de super-héros, le principe de la déclinaison est presque aussi ancien que le genre. Superman, créé en 1938, se voit doté d’une version féminine (aux apparitions ponctuelles) dès 1943 (Lois Lane se rêvant en Superwoman) et de versions adolescentes masculine, Superboy dès 1944, et féminine, Supergirl en 1959, plus durables et régulières. Les déclinaisons animalières ont aussi été nombreuses : Krypto, le super-chien (1955), Beppo le super-singe (1959), Streaky le super-chat (1960)…</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255416/original/file-20190124-135163-1s4rc9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255416/original/file-20190124-135163-1s4rc9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255416/original/file-20190124-135163-1s4rc9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255416/original/file-20190124-135163-1s4rc9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255416/original/file-20190124-135163-1s4rc9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255416/original/file-20190124-135163-1s4rc9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255416/original/file-20190124-135163-1s4rc9b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=515&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La « Superman Family » des années 1960.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://vignette.wikia.nocookie.net/marvel_dc/images/a/af/Superman_Family_Silver_Age_001.jpg/revision/latest?cb=20120622210722">_Superman Annual_ 6, DC Comics</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De la même manière, le grand concurrent de Superman des années 1940 et 1950, Captain Marvel (aujourd’hui plus connu sous le nom <a href="http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=126922.html">Shazam !</a>) était doté de toute une « famille » : sa sœur Mary, son jeune ami Captain Marvel Jr, les Lieutenants Marvel, un Oncle Marvel, une version lapin, Hoppy Marvel.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/255417/original/file-20190124-135142-prh1e3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255417/original/file-20190124-135142-prh1e3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255417/original/file-20190124-135142-prh1e3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=834&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255417/original/file-20190124-135142-prh1e3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=834&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255417/original/file-20190124-135142-prh1e3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=834&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255417/original/file-20190124-135142-prh1e3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1048&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255417/original/file-20190124-135142-prh1e3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1048&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255417/original/file-20190124-135142-prh1e3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1048&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La « Marvel Family » des années 1940.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://files1.comics.org//img/gcd/covers_by_id/37/w400/37964.jpg?5463152819068812246">Marvel Family Comics 1, Fawcett, décembre 1945.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour Spider-Man, créé en 1962, les variations se sont constituées plus lentement (Spider-Woman en 1977) mais sont finalement devenues elles aussi <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Alternative_versions_of_Spider-Man">très nombreuses</a>.</p>
<p>Et dès les premiers déplacements transmédiatiques de ces personnages de bande dessinée, les variations et les différenciations entre les personnages et les récits ont été présentes.
Du <em>comic book</em> au <em>serial</em> des années 1940 ou au dessin animé télévisé des années 1960 ou 1990, se déclinent des personnages et des histoires qui ne sont à chaque fois ni tout à fait les mêmes ni tout à fait des autres.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255419/original/file-20190124-135148-1longsj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255419/original/file-20190124-135148-1longsj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255419/original/file-20190124-135148-1longsj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255419/original/file-20190124-135148-1longsj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=412&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255419/original/file-20190124-135148-1longsj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255419/original/file-20190124-135148-1longsj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255419/original/file-20190124-135148-1longsj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Batman au cinéma (The Batman serial 1943) et à la télévision (Batman : The Animated Series, 1992).</span>
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<h2>Dans la toile de la « continuité »</h2>
<p>Dans <em>Spider-Man : New Generation</em> comme dans plusieurs des exemples cités ci-dessus, les déclinaisons ne font pas que coexister, elles se rencontrent. Et ce dans un cadre qui tente de donner une explication cohérente à leurs ressemblances/dissemblances. Car la production super-héroïque – qu’elle prenne la forme de <em>comics</em> ou, depuis la renaissance des films Marvel avec <a href="https://www.youtube.com/watch?v=QH3eAXZl3kY"><em>Iron Man</em></a> en 2008, de longs métrages de cinéma et de séries télévisées – est tout autant marquée par un autre principe, celui de la continuité.</p>
<p>Dans ce contexte, la <a href="https://www.researchgate.net/publication/326740756_Sons_and_Grandsons_of_Origins_Narrative_Memory_in_Marvel_Superhero_Comics_Archives_and_Styles">continuité peut être définie</a> comme la cohérence intertextuelle, synchronique et diachronique, que respectent les récits d’un même éditeur dans leur représentation des personnages, des événements, de la chronologie et de l’espace. Quels que soient les créateurs impliqués, les aventures super-héroïques racontées dans les <em>comics</em> Marvel (mais il en est de même chez son concurrent DC) doivent être cohérentes les unes avec les autres, se suivre ou se répondre, comme si depuis 1961 et le premier numéro des <em>Fantastic Four</em> c’était une seule et même longue saga que racontent les milliers de <em>comics</em> publiés par l’éditeur. Systématisé chez Marvel à partir des années 1960, le principe de continuité émerge bien plus tôt, dès les années 1940, lorsque les premiers super-héros publiés dans des revues différentes se rencontrent dans un même magazine pour <a href="https://www.comics.org/issue/1205/">discuter</a>, <a href="https://www.comics.org/issue/1291/">former une équipe</a> ou <a href="https://www.comics.org/issue/901/">se battre</a>…</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/255422/original/file-20190124-135139-2dh9r0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255422/original/file-20190124-135139-2dh9r0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255422/original/file-20190124-135139-2dh9r0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=816&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255422/original/file-20190124-135139-2dh9r0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=816&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255422/original/file-20190124-135139-2dh9r0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=816&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255422/original/file-20190124-135139-2dh9r0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1025&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255422/original/file-20190124-135139-2dh9r0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1025&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255422/original/file-20190124-135139-2dh9r0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1025&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Des super-héros se rencontrent pour discuter et former une première équipe, la Justice Society of America.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://files1.comics.org//img/gcd/covers_by_id/0/w400/359.jpg?-5392052430955528165">All Star Comics 3, DC Comics, hiver 1940.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette approche éditoriale et narrative présente de nombreux avantages créatifs et commerciaux. D’une certaine manière, les récits suscitent par eux-mêmes des prolongements et des ramifications pouvant servir de base à d’autres récits. La familiarité qu’auront nécessairement ces récits dérivés est censée donner envie aux potentiels lecteurs et en faciliter l’accès. La continuité permet de faire découvrir d’autres personnages et d’autres revues d’un éditeur et de fidéliser un lectorat qui aura à suivre plusieurs séries s’il veut saisir l’univers fictionnel de l’éditeur dans toutes ses ramifications.</p>
<p>Une telle démarche narrative n’est pourtant pas sans contraintes. Elle suppose, de la part des producteurs comme de celle des lecteurs, un rapport particulier à la production passée. L’inventivité narrative est de mise pour articuler des récits qui n’ont pas forcément été conçus de manière coordonnée. Les éditeurs comme Marvel ont développé une conceptualisation <em>ad hoc</em>, parfois inspirée de pratiques préexistantes des fans, pour penser la diversité des personnages et des récits et la mettre en ordre. Si des apparentes contradictions surgissent (Spider-Man est à la fois un adolescent à lunettes, une jeune femme ou un cochon), elles doivent être expliquées dans le cadre cohérent imposé par le méta-récit de l’éditeur : déplacements dimensionnels, effets de mimétisme ou liens familiaux peuvent ainsi justifier la coexistence de personnages à la fois si proches et si différents. Les univers parallèles y sont clairement distingués, <a href="http://marvel.wikia.com/wiki/Category:Realities">codifiés</a>, inscrits dans un <a href="http://marvel.wikia.com/wiki/Multiverse">« multivers »</a>, lui-même rattaché à un « omnivers » encore plus englobant.</p>
<p>À cette inventivité narrative répondent des efforts éditoriaux importants : coordination éditoriale forte des équipes créatives et nombreuses formes de médiations éditoriales. Des labels spécifiques permettent de distinguer si telle aventure de Spider-Man se situe, par exemple, dans l’univers rattaché à 1961 ou si elle doit être interprétée au regard des événements se déroulant dans l’univers <em>Ultimate</em> (gamme lancée en 2000 et arrêtée en 2015 proposant une relance et une remise à zéro – un <em>reboot</em>– des principaux personnages Marvel). La <a href="https://www.palgrave.com/br/book/9783319917450">mémoire</a> des lecteurs peut avoir du mal à correspondre à la <a href="https://www.researchgate.net/publication/326740756_Sons_and_Grandsons_of_Origins_Narrative_Memory_in_Marvel_Superhero_Comics_Archives_and_Styles">mémoire narrative</a> de l’éditeur qui cumule des décennies de récits et des <a href="http://marvel.wikia.com/wiki/Official_Handbook_of_the_Marvel_Universe">encyclopédies</a> sont régulièrement produites en ce sens depuis les années 1980.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/255423/original/file-20190124-196215-v0vhsk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255423/original/file-20190124-196215-v0vhsk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255423/original/file-20190124-196215-v0vhsk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255423/original/file-20190124-196215-v0vhsk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255423/original/file-20190124-196215-v0vhsk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255423/original/file-20190124-196215-v0vhsk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255423/original/file-20190124-196215-v0vhsk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255423/original/file-20190124-196215-v0vhsk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Spider-Man dans son costume noir des années 1980 sur la couverture d’un des nombreux numéros de l’encyclopédie Marvel.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://files1.comics.org//img/gcd/covers_by_id/84/w400/84997.jpg?5767558948402809120">_Official Handbook of the Marvel Universe_ 12, novembre 1986.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Et si la continuité devient malgré tout trop lourde et contraignante pour les créateurs et fait obstacle aux nouveaux lecteurs, la relance de la gamme est toujours possible – quitte à devoir mettre en place un récit spécifique permettant d’expliquer dans l’univers fictionnel les remaniements éditoriaux. Les super-héros Marvel et les super-héros DC ont ainsi connu plusieurs <a href="https://www.comics.org/issue/39844/cover/4/">« crises »</a> et <a href="https://www.comics.org/issue/1352220/cover/4/">effondrements</a> de leurs univers dont les conséquences ont souvent été un oubli de leur passé ou une fusion de leur Terre avec celles de leurs univers voisins.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/255425/original/file-20190124-196215-1gg4o3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255425/original/file-20190124-196215-1gg4o3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255425/original/file-20190124-196215-1gg4o3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=911&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255425/original/file-20190124-196215-1gg4o3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=911&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255425/original/file-20190124-196215-1gg4o3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=911&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255425/original/file-20190124-196215-1gg4o3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1144&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255425/original/file-20190124-196215-1gg4o3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1144&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255425/original/file-20190124-196215-1gg4o3p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1144&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Miles Morales, le nouveau Spider-Man, en couverture de <em>Secret Wars</em>, racontant l’effondrement et la renaissance de l’univers Marvel.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://files1.comics.org//img/gcd/covers_by_id/1009/w400/1009797.jpg?-8125783578461500024">_Secret Wars_ 1, Marvel, juillet 2015.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette volonté de justifier dans la fiction des transformations liées à des considérations qui lui sont de fait extérieures montre bien la force que le principe de continuité revêt dans la production des éditeurs <em>mainstream</em> de super-héros.</p>
<h2>Dans le « Spider-Verse »</h2>
<p>Le titre français du dernier long métrage de Spider-Man fait en partie disparaître ce principe de continuité. La « nouvelle génération » du titre traduit met l’accent sur la nouvelle déclinaison du personnage qui est proposée. Le titre original, <em>Spider-Man : Into the Spider-Verse</em>, renvoie plus explicitement à ces considérations en termes d’univers fictionnels articulés les uns aux autres. Le film repose en fait sur une combinaison des deux principes dont nous avons parlé, alliant multiplicité et continuité.</p>
<p>Il propose d’une part une diversification sans lien contraignant, conforme à une logique de multiplicité. Nul besoin d’avoir vu les films précédents de Spider-Man pour comprendre celui-ci. L’univers fictionnel de son récit est autonome et si le film joue de la familiarité avec le personnage et ses différentes versions, aucun Spider-Man du film n’est exactement le Spider-Man d’un autre film ou d’un autre récit préexistant – contrairement par exemple au Spider-Man des trois films de Sam Raimi entre 2002 été 2007 qui poursuit son récit d’un long métrage à l’autre.</p>
<p>Mais d’autre part, cette nouvelle version du personnage s’accompagne d’un univers bien particulier, le Spider-Verse. Il s’agit là d’une idée déjà explorée depuis longtemps par les récits consacrés à Spider-Man, dans les dessins animés télévisés (en <a href="http://marvel.wikia.com/wiki/Spider-Man:_The_Animated_Series_Season_5_12">1998</a> puis en <a href="http://thedailybugle.wikia.com/wiki/The_Spider-Verse:_Part_1">2015</a> et <a href="http://thedailybugle.wikia.com/wiki/Return_to_the_Spider-Verse:_Part_1">2016</a>), dans les jeux vidéo en <a href="https://www.youtube.com/watch?v=IssycbYMyaw">2010</a> et dans les <em>comics</em> eux-mêmes en <a href="http://marvel.wikia.com/wiki/Spider-Verse">2014</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/255426/original/file-20190124-196244-1n686vh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/255426/original/file-20190124-196244-1n686vh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/255426/original/file-20190124-196244-1n686vh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=914&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/255426/original/file-20190124-196244-1n686vh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=914&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/255426/original/file-20190124-196244-1n686vh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=914&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/255426/original/file-20190124-196244-1n686vh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1148&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/255426/original/file-20190124-196244-1n686vh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1148&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/255426/original/file-20190124-196244-1n686vh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1148&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le Spider-Verse dans sa version <em>comics</em>.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://vignette.wikia.nocookie.net/marveldatabase/images/8/8a/Spider-Verse_Team-Up_Vol_1_3_Textless.jpg/revision/latest?cb=20141020231741">« Too Many Spider-Men » in _Spider-Verse Team-Up_ 3, mars 2015.</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>S’il existe des univers parallèles, il existe des Spider-Men différents. Par métonymie, le « multivers » peut être rebaptisé en « Spider-Verse ». En reprenant cette idée, <em>Spider-Man : New Generation</em> joue avec les codes narratifs du récit super-héroïque. Il s’agit là d’un clin d’œil à un genre, de la même manière que l’esthétique du film repose sur une transposition visuelle du style graphique des <em>comics</em>. Mais plus qu’un simple clin d’œil, le film se propose d’établir une nouvelle continuité, faite d’univers parallèles et riche de nombreuses déclinaisons potentielles et déjà en partie <a href="http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18677281.html">annoncées</a>.</p>
<p>Ainsi, le Spider-Verse est une toile qui permet de tenir ensemble tous les Spider-Men que l’on souhaite, de les mélanger, de les rassembler – mais aussi éventuellement de les séparer dans autant de <em>spin-offs</em>, tous reliés par un fil qui guidera les spectateurs d’une sortie à une autre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/109825/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Matthieu Méon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Selon les supports et les époques, Spider-Man revêt différentes identités, parfois reliées par le fil d’un même univers cohérent. Comme tout super-héros, il oscille entre multiplicité et continuité.Jean-Matthieu Méon, Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, CREM, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/970032018-06-03T19:33:14Z2018-06-03T19:33:14ZParole d’entomologiste : laissez la vie sauve aux araignées de la maison !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/220745/original/file-20180529-80623-15ya6gt.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=18%2C0%2C3039%2C2101&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Elle vient en paix.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:House_spider_side_view_01.JPG">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
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</figure>
<p><em>Cet article est republié dans le cadre de la prochaine Fête de la science (qui aura lieu du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Il sera probablement dur de vous convaincre, mais laissez-moi essayer : ne tuez pas la prochaine araignée que vous croiserez chez vous.</p>
<p>Pourquoi pas ?</p>
<p>Car les araignées sont une partie importante de la nature ainsi que de l’écosystème domestique.</p>
<h2>Des araignées vivent chez vous</h2>
<p>Les gens aiment penser que leur logement est sûr et isolé du monde extérieur. Pourtant, de nombreux types d’araignées peuvent y être retrouvés. Certaines sont accidentellement piégées, alors que d’autres ne sont que des visiteuses temporaires. Quelques espèces s’épanouissent même à l’intérieur, y passant leur vie avec plaisir, et se reproduisant.</p>
<p>Ces arachnides sont généralement discrets, et presque toutes les araignées que vous rencontrez ne sont ni agressives ni dangereuses. Elles peuvent même offrir leurs services, en dévorant des parasites – et certaines mangent même d’autres araignées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/218888/original/file-20180514-100697-b4fang.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/218888/original/file-20180514-100697-b4fang.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/218888/original/file-20180514-100697-b4fang.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=447&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/218888/original/file-20180514-100697-b4fang.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=447&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/218888/original/file-20180514-100697-b4fang.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=447&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/218888/original/file-20180514-100697-b4fang.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/218888/original/file-20180514-100697-b4fang.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/218888/original/file-20180514-100697-b4fang.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=561&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Une Malmignatte des maisons achève une proie attrapée dans sa toile.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Matt Bertone</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Mes collègues et moi avons mené une <a href="https://doi.org/10.7717/peerj.1582">enquête</a> dans 50 maisons de Caroline du Nord pour inventorier quels arthropodes vivent sous nos toits. Chaque foyer visité abritait des araignées : en particulier la <a href="https://bugguide.net/node/view/1960">Malmignatte des maisons</a> et les <a href="https://bugguide.net/node/view/9608">pholques</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/218886/original/file-20180514-100722-bt3l1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/218886/original/file-20180514-100722-bt3l1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/218886/original/file-20180514-100722-bt3l1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=589&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/218886/original/file-20180514-100722-bt3l1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=589&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/218886/original/file-20180514-100722-bt3l1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=589&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/218886/original/file-20180514-100722-bt3l1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=740&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/218886/original/file-20180514-100722-bt3l1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=740&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/218886/original/file-20180514-100722-bt3l1k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=740&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Un pholque, parfois appelé papa longues jambes (à ne pas confondre avec les faucheurs).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Matt Bertone</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces deux espèces construisent des toiles, où elles guettent, à l’affût d’une proie à attraper. Les pholques laissent quelques fois leurs toiles pour chasser d’autres araignées qui s’aventurent sur leur territoire, imitant une proie afin de capturer leurs cousins pour le dîner.</p>
<h2>Les araignées sont utiles !</h2>
<p>Bien qu’elles soient des prédateurs généralistes, susceptibles de manger quiconque croisera leur chemin, les araignées attrapent régulièrement des organismes nuisibles, voire des insectes porteurs de maladies – comme les moustiques. Certaines espèces africaines d’araignées sauteuses préfèrent même <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.0507398102">manger des moustiques remplis de sang</a>.</p>
<p>Tuer une araignée ne coûtera donc pas seulement la vie de l’arachnide, mais supprimera un chasseur important de votre foyer.</p>
<p>Il est normal de craindre les araignées. Elles ont beaucoup trop de pattes et sont presque toutes venimeuses – même si la majorité des espèces ont un venin trop faible pour poser problème aux humains, dans l’hypothèse où leurs crocs arriveraient à traverser votre peau. Les entomologistes eux-mêmes peuvent céder à l’<a href="https://doi.org/10.1093/ae/59.3.168">arachnophobie</a>. Quelques arachnologues ont surpassé leur peur en observant et en travaillant avec ces créatures fascinantes. S’ils peuvent le faire, vous aussi !</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/pnZUFXVG3IA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’histoire d’une arachnologue terrifiée toute sa vie par les araignées, mais devenue finalement fascinée par ces créatures à huit pattes. (Aotearoa Science Agency/YouTube, 2018).</span></figcaption>
</figure>
<p>Les araignées n’en ont pas après vous et préfèrent plutôt éviter les humains ; nous sommes beaucoup plus dangereuses pour elles qu’inversement. Leurs <a href="https://arthropodecology.com/2012/02/15/spiders-do-not-bite/">morsures</a> sont <a href="https://arthropodecology.com/2013/06/13/update-spiders-still-dont-bite/">très rares</a>. Bien qu’il existe quelques espèces ayant une importance médicale, comme la <a href="https://bugguide.net/node/view/1999">veuve noire</a> et la <a href="http://spiderbytes.org/recluse-or-not/">recluse brune</a>, leurs morsures sont exceptionnelles et provoquent <a href="https://www.cdc.gov/niosh/topics/spiders/">rarement de sérieux problèmes</a>.</p>
<p>Si vous ne pouvez vraiment pas supporter cette araignée vivant dans votre maison, votre appartement, votre garage, ou ailleurs, au lieu de l’écraser, essayer plutôt de la <a href="http://spiderbytes.org/wp-content/uploads/2017/10/SCREEN_SpiderCatcher_Postcard_Front.jpg">capturer et de la relâcher</a> à l’extérieur. Elle trouvera un autre lieu à visiter, et les deux camps seront plus heureux de ce dénouement.</p>
<p>Mais si vous arrivez à le supporter, ce n’est pas grave d’avoir des araignées chez vous. En fait, c’est même normal. Et honnêtement, même si vous ne les voyez pas, elles seront toujours là. Privilégiez donc une approche tolérante envers la prochaine araignée dont vous croiserez le chemin.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97003/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Matt Bertone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Soyez bienveillants envers les araignées que vous rencontrez chez vous.Matt Bertone, Extension Associate in Entomology, North Carolina State UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/967462018-05-24T20:15:25Z2018-05-24T20:15:25ZLes Français n’aimeraient-ils ni les insectes, ni la nature ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/220307/original/file-20180524-88002-r7cad9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C212%2C3856%2C2464&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les ichneumons sont des parasites indispensables : ils limitent la prolifération d'insectes ravageurs. </span> <span class="attribution"><span class="source">Romain Garrouste</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Le 21 mars dernier, le ministre de l’Environnement, Nicolas Hulot, s’est indigné lors d’une <a href="https://blogs.mediapart.fr/rolandgerard/blog/230318/l-incoherence-de-monsieur-hulot">séance de questions</a> à l’Assemblée nationale :</p>
<blockquote>
<p>« Je vais vous présenter un plan biodiversité dans les semaines qui viennent […] mais, très sincèrement, tout le monde s’en fiche, à part quelques-uns. Je veux un sursaut d’indignation. »</p>
</blockquote>
<p>Valérie Chansigaud a écrit récemment d’autre part un livre fort instructif à ce sujet : <a href="https://www.actes-sud.fr/catalogue/nature-et-environnement/les-francais-et-la-nature"><em>Les Français et la nature</em></a>, sous-titré « Pourquoi si peu d’amour » ?</p>
<p>Cette question est lourde de sens tant les racines de ce désamour semblent à la fois profondes et plus que jamais d’actualité. L’essai de Valérie Chansigaud aborde cette problématique dans la littérature et la communication, la politique, comparant notre situation avec celles de nos voisins anglo-saxons, et soulignant notamment les paradoxes à l’œuvre dans les discours des hommes politiques sur ce sujet.</p>
<p>Beaucoup sont douloureux, ces paradoxes touchant à notre relation avec la planète : pour certains, elle est fondamentale, structurante et indispensable ; pour d’autres, juste un terrain de jeux pour s’enrichir, où rien ne compte à part l’objectif (économique le plus souvent).</p>
<p>Dans la question formulée par Valérie Chansigaud, on pourrait aisément remplacer le mot « nature » par <a href="https://theconversation.com/les-insectes-vont-ils-sauver-le-monde-62836">insectes</a>, tant ceux-ci en sont des ambassadeurs essentiels.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/704UQ0vd20g?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Nicolas Hulot à l’Assemblée nationale le 21 mars 2018. (<em>Le Monde</em>/YouTube, 2018).</span></figcaption>
</figure>
<h2>La peur de la nature</h2>
<p>Les raisons profondes de ce manque d’amour sont peut-être à rechercher du côté de la peur de la nature, théorisée par <a href="https://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1992_num_21_1_3045">François Terrasson</a> en 1991. L’homme aurait « encore » peur des zones sombres et exubérantes ; il préférerait les steppes et autres milieux ouverts.</p>
<p>Une attitude qui viendrait de loin dans le temps. Le défrichage, l’aménagement, l’« ouverture du milieu » sont souhaités, répondant au double objectif de produire et de rassurer ; il s’agit de s’éloigner de la sombre forêt et de l’épais sous-bois.</p>
<p>Combien de vils et sournois insectes se cachent dans ces bois profonds ?</p>
<p>La peur des insectes, des arthropodes en général et de tout ce qui est susceptible de « grouiller » caché dans les sols et la végétation, n’est rien d’autre que cette peur de la nature. Le manque d’éducation, de formation, d’intérêt, ainsi que la désinformation font des dégâts collatéraux considérables dans la non-prise en compte de la nature dans les activités humaines.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/220117/original/file-20180523-51115-f8i69g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/220117/original/file-20180523-51115-f8i69g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/220117/original/file-20180523-51115-f8i69g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/220117/original/file-20180523-51115-f8i69g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/220117/original/file-20180523-51115-f8i69g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/220117/original/file-20180523-51115-f8i69g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/220117/original/file-20180523-51115-f8i69g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Toute une vie souvent ignorée derrière les sombres feuillages.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/PXfmjGHW2Ik">Kayla Rojales/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le biais taxonomique</h2>
<p>La divulgation récente des travaux scientifiques concernant le déclin des oiseaux et des insectes en Europe n’ont pas rencontré le même impact médiatique. Même si les deux ont surpris, c’est bien la disparition des oiseaux qui a rassemblé le plus de commentaires. Et peu ont fait le lien entre ces deux événements : car que mangent principalement les oiseaux ?</p>
<p>C’est ici l’expression du <a href="https://theconversation.com/biodiversite-quand-loiseau-fait-de-lombre-a-linsecte-95629">« biais taxonomique »</a> que nous mesurons dans les travaux scientifiques sur la biodiversité.</p>
<p>Insectes, araignées et autres mille-pattes sont les « mal-aimés » de la biodiversité et, par conséquent, des études sur la biodiversité… malgré leur importance dans le fonctionnement des écosystèmes, que ces derniers soient naturels ou mis en place par l’homme (agrosystèmes et écosystèmes urbains).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"923849281223741440"}"></div></p>
<h2>Des espèces à protéger</h2>
<p><a href="https://inpn.mnhn.fr/reglementation/protection/listeProtections/national">La protection des espèces</a> constitue un outil juridique important car complémentaire de la protection des espaces. En effet, la présence d’espèces protégées motive la protection des espaces et des habitats. Cet outil juridique est souvent associé à la mobilisation de moyens d’études, notamment en biologie de la conservation, en donnant des moyens souvent absents par ailleurs.</p>
<p>Mais faire protéger une espèce est un exercice difficile et complexe, surtout quand il s’agit des insectes !</p>
<p>Là aussi le biais taxonomique s’exerce. Certaines sont plus emblématiques que d’autres : les papillons et les libellules par exemple.</p>
<p>Depuis 1976, une liste de protection nationale existe, renforcée par des listes de <a href="http://www.insectes.org/protection/ile-de-france.html">protection régionales</a>, elles-mêmes renforcées par des directives européennes et des <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000465500">textes complémentaires</a>, qui sont complétés par des <a href="http://uicn.fr/liste-rouge-mondiale/">Listes rouges</a> éditées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), des outils objectifs pour évaluer les espèces.</p>
<p>La genèse de ces listes est discutable concernant le choix des espèces. La taxonomie y joue un rôle important car des imprécisions ou inexactitudes peuvent être lourdes de conséquences.</p>
<p>Si les ONG et les « associations de protection de la nature », tel que l’Office pour les insectes et leur environnement (OPIE), plaident pour augmenter le nombre d’espèces protégées, les pouvoirs publics – qui devront appliquer et faire appliquer cette réglementation de plus en plus complexe – modulent cet élan.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/XE9t3SrZOu4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">En 30 ans, près de 80 % des insectes auraient disparu. (C à dire/YouTube, 2017).</span></figcaption>
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<h2>Un écocide par les pesticides ?</h2>
<p>Que ce soit dans les champs, dans les jardins, et jusqu’aux plantes en pot de nos balcons, les Français sont les <a href="http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/fileadmin/documents/Produits_editoriaux/Publications/Datalab_essentiel/2017/datalab-essentiel-94-pesticides-mars2017.pdf">champions</a> de l’utilisation des pesticides.</p>
<p>Chaque ravageur, chaque maladie, a son produit dédié, et l’industrie chimique communique fort bien : il suffit de visiter le rayon correspondant des jardineries ou de regarder les publicités sur nos écrans de télévision.</p>
<p>La <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/02/27/au-fait-a-quoi-servent-les-pesticides_5263042_4355770.html">législation évolue</a> enfin pour restreindre les molécules autorisées, avec beaucoup de <a href="http://inra.dam.front.pad.brainsonic.com/ressources/afile/234138-a8730-resource-expertise-pesticides-chapitre-6.html">réticences des professionnels</a> qui se sentent <a href="http://agriculture.gouv.fr/lutilisation-des-pesticides-en-france-etat-des-lieux-et-perspectives-de-reduction">démunis</a> et demandent toujours des délais supplémentaires pour continuer à polluer.</p>
<p>On peut légitimement se demander si détruire les insectes massivement avec des pesticides constitue un écocide, une infraction environnementale grave reconnue par certains <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/05/19/l-ecocide-un-concept-cle-pour-proteger-la-nature_5130487_3244.html">États</a> (Vietnam ou Russie, par exemple), surtout à l’échelle des milliers d’hectares cultivés dans l’Hexagone.</p>
<p>Ce déséquilibre est-il réversible ? Impactera-t-il à jamais nos écosystèmes ? Combien d’avertissements seront-ils nécessaires, comme l’effondrement des populations d’abeilles en première ligne du front ?</p>
<p>Beaucoup de questions, qui semblent inquiéter les naturalistes scrutant notre biodiversité, mais qui semblent aussi laisser de marbre les Français et leurs décideurs, reléguant ce type de questionnement au rang des problématiques secondaires.</p>
<p>L’une des conséquences de ce désintérêt envers la <a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-nature-nous-fait-du-bien-les-scientifiques-expliquent-92959">nature</a> est l’attitude envers les espèces invasives. Résignation et indifférence font face aux invasions de la <a href="https://theconversation.com/la-punaise-diabolique-cette-creature-urbaine-66752">punaise diabolique</a> proliférant dans Paris, ou aux <a href="https://theconversation.com/des-vers-geants-predateurs-envahissent-les-jardins-francais-dans-lindifference-96241">vers « géants »</a> menaçant l’équilibre écologique des sols. Seule la filière apicole a su mobiliser à propos du frelon asiatique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/220322/original/file-20180524-51130-wy0f3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/220322/original/file-20180524-51130-wy0f3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/220322/original/file-20180524-51130-wy0f3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/220322/original/file-20180524-51130-wy0f3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/220322/original/file-20180524-51130-wy0f3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=472&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/220322/original/file-20180524-51130-wy0f3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=472&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/220322/original/file-20180524-51130-wy0f3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=472&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Xanthogramma ressemble à une guêpe, mais il s’agit en réalité d’une syrphe, totalement inoffensive.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Romain Garrouste</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Et pourtant…</h2>
<p>Dans la série des paradoxes relatifs à notre rapport aux insectes, la France possède la société savante la plus ancienne du monde dévolue à leur étude, la <a href="https://lasef.org/">Société entomologique de France</a> (SEF), fondée le 29 février 1832, et reconnue d’utilité publique le 23 août 1878, soit depuis près de 200 ans ! Mais également, la revue scientifique la plus ancienne, <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6348530c/f9.image"><em>Les Annales de la SEF</em></a>, où se côtoient scientifiques et non professionnels, creuset d’une véritable science citoyenne avant la lettre. L’entomologie a toujours été une affaire de citoyens-naturalistes et ce, même en France.</p>
<p>Une <a href="http://bibliotheques.mnhn.fr/medias/medias.aspx?INSTANCE=EXPLOITATION&PORTAL_ID=portal_model_instance__reseau_historique_bibspe_ecologie.xml">chaire d’Écologie et de protection de la nature</a> a même existé en France, au Muséum, entre 1955 et 1958 (attribuée au Pr Kuhnholtz-Lordat) puis renommée « écologie générale ».</p>
<p>Mais nous ne sommes pas à un paradoxe près : capable de désamour et d’indifférence envers les insectes et la nature mais avec un bilan pas si catastrophique en comparaison avec nos voisins européens comme le Benelux, l’Angleterre ou l’Allemagne. Ce paradoxe, noté par Valérie Chansigaud est intuitif, mais partagé.</p>
<p>Peut-être parce que notre relative ruralité et la déprise agricole ont été une sorte de protection ?</p>
<p>La France part avec un avantage sur ces autres pays en accueillant une part importante de la biodiversité européenne : la région méditerranéenne est un hot-spot de biodiversité.</p>
<p>Parce que les effets de l’agriculture, maintenant industrielle, se font sentir avec du retard ? Les récents travaux nous obligent à la prudence, la naturalité apparente de certaines zones protégées n’est pas le gage d’une biodiversité optimale. C’est la première leçon d’une <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0185809">étude allemande</a>, réalisée dans une aire protégée.</p>
<p>Dans tous les cas, il faut nous mobiliser pour défendre la biodiversité et nos écosystèmes, dont les insectes font partie, des plus « jolis » aux plus insignifiants.</p>
<p>Essayons de comprendre la nature et indignons-nous. En ces jours de fête de la nature, regardons-la, regardons les insectes autrement. Un changement de paradigme s’impose, c’est une question de survie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96746/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Garrouste a reçu des financements de MNHN, CNRS, Sorbonne Universités, National Geographic, ANR</span></em></p>À l’occasion de la Fête de la nature ce week-end, retour sur le rapport contrarié des Français avec tout « ce qui grouille ».Romain Garrouste, Chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (UMR 7205 MNHN-CNRS-UPMC-EPHE), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/815172017-10-23T19:08:13Z2017-10-23T19:08:13ZCrise de la biodiversité : n’oublions pas les invertébrés !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/191365/original/file-20171023-1695-xsrt9u.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un orthoptère dans des champignons corticoles (qui vivent sur les écorces d’arbre) en Guyane. </span> <span class="attribution"><span class="source">Romain Garrouste</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Il semble aujourd’hui établi que nous vivons la 6<sup>e</sup> extinction de masse de la biodiversité ; cette expression désigne une période au cours de laquelle on observe une baisse très importante des populations d’animaux, de plantes, etc.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/a-propos-des-grandes-crises-dextinction-81531">Causée par les activités humaines</a>, elle est d’une ampleur sans précédent ; c’est qu’indiquent les données de nombreuses études globales (dont une <a href="http://advances.sciencemag.org/content/1/5/e1400253">étude récente</a> sur les vertébrés) et locales ; il faut aussi prendre en compte les nouvelles données concernant l’amplitude de la biodiversité, que nous n’avons fait qu’effleurer ces 200 dernières années, depuis que le naturaliste suédois Linné a inventé la <a href="https://www.herodote.net/Carl_von_Linne_1707_1778_-synthese-212.php">taxonomie</a>, toujours utilisée aujourd’hui.</p>
<p>Car c’est bien cette biodiversité foisonnante (on parle de « megadiversité ») encore largement inconnue qui est en train de disparaître sous nos yeux.</p>
<p>La situation s’avère particulièrement critique dans les <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1744-7429.2006.00141.x/full">régions intertropicales</a> qui concentrent aujourd’hui développement rapide – avec des croissances de PIB quelquefois <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Croissance_%C3%A9conomique#Cons.C3.A9quences">supérieures à 5 %</a> – et croissance démographique ; une évolution qui entraîne déforestations, pollutions, prélèvements de faune et flore ainsi que des dégradations des habitats naturels liés à une urbanisation sans précédent.</p>
<p>Or ces régions sont de véritables <a href="http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosbiodiv/index.php?pid=decouv_chapA&zoom_id=zoom_a1_4">« points chauds »</a> de biodiversité, tout particulièrement les forêts humides qu’elles abritent. Ici, l’absence de conditions limitantes (la chaleur et l’humidité y sont optimales) permet un développement idéal des écosystèmes forestiers, aquatiques, littoraux et de toutes les interfaces entre les écosystèmes.</p>
<p>Dans ce contexte, des organismes aussi insignifiants (en apparence !) que les mollusques, les mille-pattes, les araignées, les insectes et tant d’autres « invertébrés » disparaissent avant même d’avoir été inventoriés. Ils sont pourtant absolument essentiels à la biodiversité. Nous allons voir pourquoi.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/191363/original/file-20171023-1746-zaxsd4.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/191363/original/file-20171023-1746-zaxsd4.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/191363/original/file-20171023-1746-zaxsd4.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/191363/original/file-20171023-1746-zaxsd4.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/191363/original/file-20171023-1746-zaxsd4.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/191363/original/file-20171023-1746-zaxsd4.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/191363/original/file-20171023-1746-zaxsd4.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Libellule <em>Brechmorhoga sp.</em> dans un marécage guyanais. Les libellules sont des prédateurs importants d’insectes des milieux humides, où elles participent au fonctionnement de l’écosystème.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Romain Garrouste</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<h2>Incontournables insectes et arthropodes</h2>
<p>Les insectes, les arthropodes (crustacés, araignées, milles pattes, etc.) et tous les autres invertébrés (mollusques, vers, etc.) sont <a href="https://theconversation.com/les-insectes-vont-ils-sauver-le-monde-62836">essentiels aux écosystèmes</a> de notre planète ; ils constituent en effet la nourriture de la plupart des vertébrés sur lesquels <a href="http://www.nature.com/articles/s41598-017-09084-6">se concentrent</a> les efforts de recherche et de conservation.</p>
<p>On pourrait expliquer cette préférence par un effet d’anthropocentrisme, les vertébrés (oiseaux, cétacés, primates, etc.) paraissant plus proches de l’homme, ou dans tous les cas plus emblématiques.</p>
<p>Maillon crucial des chaînes alimentaires, insectes et arthropodes sont des ingénieurs écologiques aux fonctions essentielles – comme la pollinisation et la fertilisation des sols –, des microéboueurs de déchets organiques de toute nature, des auxiliaires indispensables (mais quelquefois ignorés) de nos agroécosystèmes, des micro-experts sentinelles de nos écosystèmes et de vilaines affaires criminelles (sciences forensiques), les futurs modèles de nos solutions bioinspirées les plus innovantes, des modèles en biologie générale et comparée qui nous échappent encore, des acteurs de nos patrimoines culturels… et peut-être le futur de l’alimentation humaine !</p>
<p>Il est désormais possible d’évaluer l’importance des insectes et autres arthropodes en matière de potentiel d’évolution ; et ceci est important pour faire les bons choix de conservation. Aujourd’hui, toute une partie de la recherche se consacre ainsi à <a href="http://www.springer.com/us/book/9783319224602">cette phylogénie de la conservation</a> pour trouver les <a href="https://www.sfecologie.org/regard/r73-juin-2017-ph-grandcolas-systematique/">critères</a> de plus en plus objectifs afin d’orienter les décideurs en réponse à cette 6<sup>e</sup> extinction de masse.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/191364/original/file-20171023-1689-dvvwjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/191364/original/file-20171023-1689-dvvwjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/191364/original/file-20171023-1689-dvvwjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/191364/original/file-20171023-1689-dvvwjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/191364/original/file-20171023-1689-dvvwjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/191364/original/file-20171023-1689-dvvwjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/191364/original/file-20171023-1689-dvvwjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La luge des cimes est un outil dédié à l’étude des canopées tropicales. Créée par l’équipe du Radeau des cimes, cette plateforme accueillant deux ou trois scientifiques peut se déplacer au-dessus de la canopée, choisir des arbres d’intérêt pour en étudier la faune et la flore. Un ballon à air chaud et son pilote en permette le déplacement. Ici dans la forêt guyanaise.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Romain Garrouste</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Fossiles et paléo-écosystèmes</h2>
<p>Dans ce contexte de quantification de la biodiversité et de l’extinction – que ce soit en nombre d’unités taxonomiques ou par rapport au rythme de cette extinction –, il apparaît que les données concernant des insectes fossiles, désormais adossées à des bases de données relativement fournies, permettent d’avoir du recul face aux cinq extinctions de masse précédentes.</p>
<p>Ces dernières se situent dans <a href="http://geologie.mnhn.fr/biodiversite-crises/page4.htm">des temps profonds</a> : de la crise Permien-Trias, il a plus de 250 millions d’années, à celle du Crétacé-Tertiaire, il y a 65 millions d’années.</p>
<p>Les insectes ont en effet toujours montré des taux d’extinction des rangs taxonomiques supérieurs (familles, etc.) beaucoup moins importants que chez les vertébrés. Ceci peut être expliqué par la relative importance de la biodiversité des insectes, déjà avérée <a href="http://www.nature.com/nature/journal/v503/n7475/full/nature12629.html">depuis la fin du Carbonifère</a>, il y a plus de 300 millions d’années.</p>
<p>Ce fut le cas lors de la crise de la fin du Crétacé, qui a vu l’extinction des dinosaures mais a <a href="https://www.bio-conferences.org/articles/bioconf/abs/2015/01/bioconf-origins2015_00006/bioconf-origins2015_00006.html">« laissé passer »</a> tous les groupes modernes d’insectes vivant à cette période. Ces organismes ont donc participé à la reconstitution des écosystèmes après ces crises majeures. Ils en ont peut-être même été des acteurs majeurs.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/191362/original/file-20171023-1722-7pxzkc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/191362/original/file-20171023-1722-7pxzkc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/191362/original/file-20171023-1722-7pxzkc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/191362/original/file-20171023-1722-7pxzkc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=389&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/191362/original/file-20171023-1722-7pxzkc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=489&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/191362/original/file-20171023-1722-7pxzkc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=489&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/191362/original/file-20171023-1722-7pxzkc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=489&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Chenille du papillon <em>Charaxes jasius</em>, un papillon méditerranéen vivant sur un seul végétal, l’arbousier. Ces deux espèces sont liées par cette relation entre plantes et hôtes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Romain Garrouste</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<h2>Le rythme de l’extinction</h2>
<p>Ce phénomène nous invite à prendre en compte la valeur évolutive de la perte de biodiversité, c’est-à-dire la perte de possibilités adaptatives des écosystèmes et des lignées face aux changements qui s’opèrent sous nos yeux.</p>
<p>En plus de l’importance écologique (effets « immédiats »), il faut considérer l’échelle évolutive (sur plusieurs dizaines de générations au minimum) qui entre en compte dans la persistance et l’évolution des systèmes écologiques.</p>
<p>Ce maintien de la biodiversité maximale, outre la valeur de chaque espèce, représente une garantie pour l’avenir : qui sait, par exemple, si l’une ou plusieurs de ces espèces infimes ne cachent pas un trésor pour l’humanité (une molécule d’intérêt majeur, une particularité biologique transposable par bio-inspiration, un parasite fondamental pour lutter contre une bio-invasion…).</p>
<p>Notre inquiétude concerne donc le rythme de ces extinctions qui semble, dans ce nouvel épisode, cette 6<sup>e</sup> extinction de masse, sans précédent. Les écosystèmes pourront-ils faire fonctionner leur capacité de résilience ou de compensation ? Ceux-ci existent-ils vraiment à cette échelle ? Nous dirigeons-nous vers un effondrement provoqué par cette rapidité ?</p>
<p>Comment les écosystèmes et les territoires vont-ils s’adapter à ces changements profonds ? Devra-t-on un jour envisager de recréer certaines espèces (un pollinisateur d’une espèce végétale d’intérêt agronomique majeur, un parasite d’une espèce terriblement invasive ou impactante pour la santé, etc.) en ayant recours à la biologie de synthèse ?</p>
<h2>De ce côté-ci de la biodiversité</h2>
<p>On a commencé par entendre dire « Il n’y plus de saisons », puis ce fut « Où sont passés les oiseaux ? » et maintenant « Mais au fait, où sont les insectes ? ».</p>
<p>C’est une sensation étrange de pouvoir ressentir à l’échelle d’une mémoire humaine ce type de phénomène. D’abord de manière empirique, puis de manière scientifique en utilisant des bases de données de différents pays européens, comme celles des collections des Muséums d’histoire naturelle, basées sur les spécimens ou des travaux de recherche tout récents.</p>
<p>Ou encore, avec le recours des sciences citoyennes, à la fois moyen de pallier aux difficultés de financement de la recherche et formidable moyen de sensibilisation qui s’est imposé comme un <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ece3.2526/full">outil incontournable</a> au fil des années.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/191361/original/file-20171023-1698-gz5prc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/191361/original/file-20171023-1698-gz5prc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/191361/original/file-20171023-1698-gz5prc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/191361/original/file-20171023-1698-gz5prc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/191361/original/file-20171023-1698-gz5prc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/191361/original/file-20171023-1698-gz5prc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/191361/original/file-20171023-1698-gz5prc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les Eucères (caractérisées par des antennes très longues) sont des abeilles solitaires d’Europe qui participent à la pollinisation des orchidées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Romain Garrouste</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Car les insectes et autres arthropodes ne périclitent pas que dans les zones intertropicales. Nos régions aussi sont concernées, comme le montre une <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0185809">toute récente étude</a> parue dans la revue <em>PloS One</em> (moins 75 % d’insectes volants en Allemagne ces trente dernières années) ; une situation parfois masquée par les introductions et autres incursions d’espèces dites « invasives », <a href="https://theconversation.com/la-punaise-diabolique-cette-creature-urbaine-66752">certaines discrètes</a>, d’autre moins comme le <a href="https://theconversation.com/le-frelon-asiatique-est-entre-dans-paris-62746">frelon asiatique</a>… Ou encore le très désagréable moustique-tigre qui, comme pas mal d’autres, ne sert pas la cause invertébrée !</p>
<p>Il faut encore convaincre pour bien faire comprendre le rôle essentiel de ces petits organismes – en apparence anodins, discrets ou invisibles – à ceux qui les ignorent, s’en désintéressent ou s’en méfient ainsi qu’à ceux en charge de prendre les décisions.</p>
<p>Que vaut alors la cause de cette majorité silencieuse, qui disparaît tristement sous les tropiques ?</p>
<p>On sent toutefois une prise en compte grandissante de cette situation, peut-être « grâce » au déclin des abeilles et à l’impact des études en écologie fonctionnelle… On voit ainsi fleurir des « hôtels à abeilles » dans les jardins, des « passerelles à faune » enjamber les autoroutes, une <a href="http://www.trameverteetbleue.fr/">« trame verte et bleue »</a> se dessiner ; et l’on connaît bien désormais le rôle des vers de terre (Annelides) dans les sols.</p>
<p>Comme c’est le cas pour les récifs coralliens, la France à la responsabilité de millions d’hectares de forêts tropicales, méditerranéennes, tempérées, atlantiques et des espèces qui y vivent. Il est urgent de les protéger, de poursuivre les inventaires et la recherche sur le rôle de la biodiversité dans tous les écosystèmes, et d’aider à la protection des milieux tropicaux où cette biodiversité cachée disparaît chaque jour un peu.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/81517/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Garrouste ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Mollusques, milles‑pattes, araignées, insectes… les invertébrés connaissent ces dernières années, tout autant que les vertébrés, un inquiétant recul de leurs populations.Romain Garrouste, Chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (UMR 7205 MNHN-CNRS-UPMC-EPHE), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.