tag:theconversation.com,2011:/us/topics/athletisme-82545/articlesathlétisme – The Conversation2024-02-12T16:08:48Ztag:theconversation.com,2011:article/2232442024-02-12T16:08:48Z2024-02-12T16:08:48ZUltra-trail du Mont-Blanc : pourquoi l’appel au boycott a échoué<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/574663/original/file-20240209-26-xv4gn0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=49%2C67%2C1995%2C1465&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le nombre de participants à l’édition 2024, prévue à la fin de l’été, a bondi de 34 % par rapport à l’année précédente.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/mammaoca2008/5458694967">Flickr/Simona</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le 15 janvier 2024, Kilian Jornet et Zach Miller, deux grands champions d’ultra-trail, discipline de course à pied longue distance dans la nature, appelaient les meilleurs coureurs du monde à boycotter la prochaine édition de l’épreuve du Mont-Blanc, prévue à la fin de l’été. Cet appel, lancé par un <a href="https://jogging-international.net/actualites/kilian-jornet-et-zach-miller-appellent-au-boycott-de-lutmb-mont-blanc-2024/">e-mail</a> adressé à une centaine de coureurs appartenant à l’élite ainsi qu’à des membres de leur encadrement, a enflammé la toile la semaine qui a suivi.</p>
<p>Après avoir reconnu le rôle joué par l’Ultra-trail du Mont-Blanc (UTMB) dans la reconnaissance mondiale de la discipline, les champions se disent particulièrement inquiets des dérives économiques, environnementales et éthiques de l’épreuve.</p>
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<p>« Il y a une multitude de choses que nous pourrions citer qui nous préoccupent, mais l’essentiel est que nous pensons qu’ils ne se gèrent pas et ne gèrent pas leur(s) évènement(s) d’une manière qui soit dans le meilleur intérêt du sport et de ses pratiquants. »</p>
</blockquote>
<p>La diffusion de ce mail a dans un premier temps provoqué un coup de tonnerre dans l’univers du trail, car elle faisait suite à de nombreux éclairs annonciateurs qui avaient émaillé la presse l’été dernier sous forme de critiques. Ces dernières visaient principalement le <a href="https://piochemag.fr/pas-de-sport-sur-une-planete-morte-lultra-trail-du-mont-blanc-divise-le-monde-du-trail/">gigantisme de l’évènement</a>, le <a href="https://www.lefigaro.fr/sports/autres-sports/l-ultra-trail-du-mont-blanc-un-mythe-a-l-epreuve-des-critiques-20230831">contresens écologique</a> du contrat de sponsoring avec la marque automobile low cost Dacia, ou encore le modèle de gestion mercantile <a href="https://www.outside.fr/hors-serie-utmb-le-sport-business-a-t-il-eu-raison-de-lesprit-trail/">inspiré par la société organisatrice de compétitions d’élite du triathlon IronMan</a>.</p>
<h2>34 % d’inscrits en plus</h2>
<p>De nombreuses réactions ont suivi cette annonce dans la presse et sur les réseaux sociaux, alimentant une véritable controverse et obligeant les organisateurs de cet évènement <a href="https://www.lequipe.fr/Ultra-trail/Actualites/Catherine-poletti-cofondatrice-de-l-utmb-on-est-obliges-de-faire-des-choix-et-des-compromis/1444989">à clarifier leur position</a>. Puis, aussi rapidement que la polémique avait enflé, elle s’est dissipée dans les limbes du massif du Mont-Blanc. Début février, les demandes d’inscriptions pour l’édition 2024 étaient en effet en <a href="https://www.esprit-trail.com/utmb-mont-blanc-2024-34-dinscrits-en-plus-les-elites-au-rendez-vous/">hausse de 34 %</a> par rapport à 2023 et plusieurs grands athlètes de la discipline avaient confirmé leur présence.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1749487956249706736"}"></div></p>
<p>Que s’est-il passé ? Pourquoi cette tentative a-t-elle avorté ? Plusieurs raisons peuvent être invoquées. D’abord, parce qu’il n’est jamais facile de prendre à revers le <a href="https://books.google.fr/books/about/Sports_et_sciences_sociales.html?hl=fr&id=cDoTAQAAIAAJ">système qui organise le sport de haut niveau</a> entre performance, spectacle, médias, partenaires, argent, visibilité et notoriété. En effet, tous les acteurs composant l’univers du trail de compétition (coureurs, organisateurs d’évènements, équipementiers, médias, partenaires, institutions, collectivités territoriales, etc.) restent dépendants financièrement les uns des autres en raison d’intérêts multiples et variés à préserver.</p>
<p>Il n’est donc pas aisé de sortir du sillon dominant et de se priver de la vitrine UTMB à Chamonix, malgré les dysfonctionnements pointés par Kilian Jornet et Zach Miller. D’ailleurs, d’autres champions reconnus se sont montrés plus nuancés et des voix se sont élevées pour condamner le fait que ces deux athlètes profitaient de leur statut pour prendre la course en otage.</p>
<p>Deuxième raison : l’UTMB est devenu aujourd’hui plus qu’une course, plus qu’un évènement sportif. Il s’apparente à un véritable fait social total qui s’est diffusé en dehors de la sphère sportive et intéresse de plus en plus de personnes. La foule compacte présente à chaque départ et à chaque arrivée du premier en apporte la preuve, car il s’agit de ne manquer sous aucun prétexte ces moments, afin d’avoir le sentiment de faire partie du monde.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Foule au départ de l’édition 2013" src="https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574665/original/file-20240209-18-dy0acy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=526&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’épreuve constitue un levier de retombées touristiques précieux pour la vallée de Chamonix.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Start_UTMB_2013_in_Chamonix-Mont-Blanc.jpg">PaulasBunt/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>L’UTMB est un véritable mythe aujourd’hui, et écorner un mythe fait toujours réagir. En effet, comme nous le montrions dès 2012 dans <a href="https://books.google.fr/books/about/The_North_Face_Ultra_Trail_du_Mont_Blanc.html?id=sdvWMgEACAAJ">l’ouvrage</a> <em>The North Face Ultra-Trail du Mont-Blanc. Un mythe, un territoire, des Hommes</em> (éditions Le Petit Montagnard &Autour du Mont-Blanc), l’épreuve peut être considérée comme un évènement pourvoyeur de rêve pour des milliers de personnes – en plus de constituer un <a href="https://www.cairn.info/une-montagne-dinnovations--9782706126970-page-189.htm">levier de retombées touristiques</a> pour la vallée de Chamonix.</p>
<h2>Culte de la performance</h2>
<p>Enfin, l’UTMB incarne un avatar de la <a href="https://www.cairn.info/l-individu-hypermoderne--9782749203126.htm">société « hypermoderne »</a> bercée par la mondialisation économico-technologique, le culte de la spectacularisation de soi et l’illimitisme consommatoire. Tout le monde s’y retrouve car cet évènement symbolise une société au sein de laquelle chacun cherche à se forger un destin, <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/la_performance_une_nouvelle_ideologie_-9782707144430">à être performant</a> et à concrétiser ses rêves.</p>
<p>L’UTMB est à la fois le produit et le reflet de cette société car cet évènement est en phase avec les attentes identitaires de ces nouveaux conquérants de l’extrême, désireux de s’explorer, de se défier et de <a href="https://www.cairn.info/la-vie-intense--9782746747623.htm">vivre une expérience pour le moins intense</a>. Véritable métaphore de la vie, l’UTMB apparaît comme un moyen de <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/resonance-9782707193162">réenchantement de son existence</a> car cette épreuve en situation limite favorise une résonance à la fois corporelle, sociale et écologique qui génère une vibration existentielle.</p>
<p>Pour les participants, terminer l’UTMB <a href="https://www.editions-orphie.com/guides-et-randonnees-/1180-le-grand-raid-de-la-reunion-une-folle-diagonale-9791029806254.html">comme d’autres courses du même type</a> procure des bénéfices à fort rendement symbolique qui permet d’écrire une page particulièrement valorisante de son histoire personnelle et d’en sortir grandi. Il répond ainsi à une nouvelle façon de se penser dans notre société hypermoderne, comme nous l’avions souligné dans un <a href="https://journals.openedition.org/socio-anthropologie/10465">article de recherche</a> publié en 2021.</p>
<p>Et pourtant, les raisons d’agir pour obliger les organisateurs à envisager l’avenir de l’UTMB autrement font sens. L’évènement doit-il continuer à attirer toujours plus de concurrents et de public ? La vallée de Chamonix peut-elle accueillir autant de monde sans perdre son âme ?</p>
<p>Ralentir le rythme, diminuer la voilure et faire preuve de davantage de sobriété, en bref trouver un meilleur équilibre entre intérêts économiques, enjeux socioculturels et exigences environnementales, tel est le défi à relever par UTMB Group afin de proposer un événement vraiment éco-responsable qui rassurerait les coureurs et les institutions mais aussi valoriserait durablement le territoire du Mont-Blanc. La puissance publique est ici interpellée puisqu’elle est censée jouer son rôle de régulateur en travaillant à une meilleure acceptabilité sportive, sociale et environnementale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223244/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Bessy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Malgré les prises de position des champions de la discipline, le nombre de participants à la prochaine édition atteint des niveaux records.Olivier Bessy, Professeur émérite, chercheur au laboratoire TREE-UMR-CNRS 6031, Université de Pau et des pays de l'Adour (UPPA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2201662024-01-17T16:47:02Z2024-01-17T16:47:02ZL’éducation physique et sportive à l’école : quels défis en année olympique ?<p>Si des programmes comme les « 30 minutes d’activité quotidienne » à l’école mettent l’accent sur la lutte contre la sédentarité, la mission des cours d’éducation physique et sportive va bien au-delà.</p>
<p>La promotion de l’activité physique et sportive a été décrétée <a href="https://www.grandecause-sport.fr/">« Grande cause nationale en 2024 »</a> en France. L’objectif est de tirer profit de l’organisation des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/jeux-olympiques-21983">Jeux olympiques et paralympiques</a> (JOP) en France pour insuffler une dynamique dans le pays et « améliorer l’éducation, la santé, l’inclusion et de rendre notre société plus solidaire ».</p>
<p>L’ambition est de faire du sport un bien culturel commun et un levier des politiques publiques permettant de garantir un <a href="https://theconversation.com/le-futur-heritage-des-jo-de-paris-2024-deja-en-question-90761">héritage immatériel</a>, afin d’inciter la population à davantage d’activité physique et de pratique sportive.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-jeux-olympiques-de-2024-suffiront-ils-a-donner-le-gout-du-sport-aux-jeunes-193815">Les Jeux olympiques de 2024 suffiront-ils à donner le goût du sport aux jeunes ?</a>
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<p>À l’école, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse cherche à <a href="https://theconversation.com/les-cours-deducation-physique-et-sportive-consistent-ils-seulement-a-faire-du-sport-203804">encourager les jeunes à « bouger »</a> pour lutter contre la sédentarité. Le choix a été fait d’expérimenter des dispositifs comme les <a href="https://theconversation.com/30-minutes-dactivite-physique-a-lecole-un-dispositif-contre-la-sedentarite-a-questionner-212817">« 30 minutes d’activité physique quotidienne »</a> plutôt que de renforcer les heures d’éducation physique et sportive (EPS) obligatoires.</p>
<p>Mais pour (re)donner envie aux <a href="https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807359161-les-jeunes-et-le-sport">jeunes de faire du sport</a> de manière durable, il ne s’agit pas simplement de le décréter. Les Jeux peuvent-ils impulser une révolution culturelle du sport en France ? Quel est le rôle de l’éducation physique et sportive pour faire face aux défis d’aujourd’hui ?</p>
<h2>Donner aux jeunes le goût de disciplines sportives, au-delà de l’envie de « bouger »</h2>
<p>Les campagnes de communication concernant les bienfaits de l’activité sportive sur la santé se multiplient et les décideurs politiques <a href="https://journals.openedition.org/sociologies/15612">s’appuient prioritairement sur des savoirs médicaux</a> pour justifier ces discours. Cette visée hygiéniste ne peut suffire <a href="https://www.researchgate.net/publication/320991568_Eduquer_a_la_sante_par_l%27activite_physique_quelles_connaissances_et_quels_modeles_de_sante_en_EPS">au développement global et à long terme des enfants et des adolescents</a>.</p>
<p>Le goût pour une activité physique ou sportive nécessite de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36334885/">percevoir le plaisir associé à cette expérience</a>. C’est la clé d’un engagement durable mais cela n’a rien d’automatique et suppose des expériences positives régulières. En éducation physique et sportive, il s’agirait donc de multiplier les situations valorisantes afin de laisser des <a href="https://hal.univ-lille.fr/hal-02525815v2/document">« traces positives et mémorables »</a> aux élèves. Celles-ci doivent alors être source d’émotions mais aussi d’apprentissages, permettant aux élèves de tisser un rapport durable à l’activité physique.</p>
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<figcaption><span class="caption">Faire bouger les ados c’est pas évident. Mais les encourager c’est important (Santé publique France, 2022).</span></figcaption>
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<p>Les enseignants jouent donc un rôle fondamental d’autant que l’engagement durable dans le sport est marqué par d’importantes inégalités, les aspirations et les goûts sportifs variant <a href="https://www.theses.fr/2019AIXM0624">selon le milieu social ou encore le sexe</a>.</p>
<p>Le système éducatif français donne à l’éducation physique et sportive (EPS) un rôle essentiel, puisque cette discipline scolaire est obligatoire pour l’ensemble d’une génération d’élèves de la maternelle au lycée. C’est à travers elle que les corps des jeunes vont être façonnés, à partir d’une culture ouverte à différentes activités sportives.</p>
<h2>Promouvoir l’égalité face au sport</h2>
<p>Les <a href="https://www.paris2024.org/fr/dates-jeux-olympiques-paris-2024/">Jeux de Paris</a> seront les premiers totalement paritaires (10 500 athlètes, 50 % de femmes, 50 % d’hommes). Cette avancée ne doit pas masquer des réalités sociales, se traduisant par une appropriation inégale de la pratique sportive par les jeunes filles et les jeunes garçons. Malgré une volonté politique revendiquant la parité dans le sport, <a href="https://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/hce_-_rapport_annuel_2023_etat_du_sexisme_en_france.pdf">l’égalité peine à se traduire en actes</a>.</p>
<p>Le choix et l’investissement dans les activités culturelles et sportives sont <a href="https://www.cairn.info/revue-science-et-motricite-2005-1-page-63.htm">liés pour partie à la socialisation familiale</a>. Se pose alors la question de l’éducation et de l’accès à la pratique sportive pour les enfants ne bénéficiant pas d’un environnement social favorable ni de <a href="https://www.cairn.info/revue-agora-debats-jeunesses-2022-1-page-58.htm">l’héritage culturel et sportif de leurs parents</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-competition-eloigne-t-elle-les-filles-du-sport-212207">La compétition éloigne-t-elle les filles du sport ?</a>
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<p>L’EPS s’appuie sur des disciplines sportives comme le basket-ball ou l’athlétisme très fortement connotées sur le plan de la <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-sports_ecole_societe_la_difference_des_sexes_feminin_masculin_et_activites_sportives_annick_davisse_catherine_louveau-9782738465801-130.html">construction des identités sexuées</a>. Cela a pour conséquence une meilleure réussite des garçons par rapport aux filles.</p>
<p>Les inégalités de réussite en EPS peuvent s’expliquer par le <a href="https://journals.openedition.org/rfp/146">poids des représentations et des normes socioculturelles</a>. Les modalités d’évaluation ne peuvent nier les différences naturelles entre les sexes. Des barèmes différenciés sur les niveaux de performance sont ainsi proposés pour des activités comme l’athlétisme.</p>
<p>Mais les enseignants cherchent aussi à déconstruire les discours socioculturels pouvant normaliser les corps sexués. Les cours d’EPS sont l’occasion pour toutes et tous de pratiquer des activités ensemble et de lutter contre les croyances et les préjugés.</p>
<p>En EPS, les formes de pratiques mixtes se développent et se diffusent au sein de fédérations sportives comme celle du handball. Par exemple, en <a href="https://www.aeeps.org/productions/1673-atelier-de-pratique-handball-avec-pascale-jeannin.html">« Hand à 4 »</a>, l’objectif est de permettre à chacune et chacun d’accéder aux mêmes chances de réussite, donc d’être capable de tirer et de marquer. Pour cela, le contact entre les joueurs est aménagé. Il est autorisé mais la neutralisation est supprimée afin que chacun puisse s’exprimer sans appréhension. Autre règle adaptée, le tir indirect est obligatoire. Le tir avec rebond est autorisé comme la « roucoulette », le lob ou « chabala » pour réduire la « charge affective » du gardien de but.</p>
<p>Le but est ainsi de favoriser l’inclusion de toutes et tous – en tenant compte des différences morphologiques et physiques des élèves. L’EPS participe à cet enjeu d’égalité des chances.</p>
<h2>Le sport pour mieux se connaître</h2>
<p>Dans la société, se diffuse une <a href="https://www.cairn.info/revue-carrefours-de-l-education-2011-2-page-17.htm">« sportivisation des mœurs et des corps »</a> influençant la construction identitaire et sportive de soi. L’adolescence constitue une période délicate concernant le rapport au corps, particulièrement exposé à l’ère des réseaux sociaux.</p>
<p>L’enseignement de l’EPS vise alors à former des citoyens ayant un esprit critique quant aux dérives potentielles du sport et de l’individualisme. En musculation par exemple, il convient d’endiguer cette dérive narcissique et égocentrique en proposant des formes de pratiques centrées sur l’idée de <a href="https://hal.science/hal-03160626">« faire ensemble »</a> pour s’entraîner et progresser.</p>
<p>La finalité de l’EPS consiste à rendre progressivement l’élève autonome au niveau de sa motricité, à lui donner des clés pour pratiquer seul ou à plusieurs dans sa vie future. L’EPS cherche ainsi à favoriser l’épanouissement individuel de l’élève en lui permettant de s’accomplir, d’agir, mais aussi de mieux se connaître. En musculation, l’élève doit être capable d’analyser son ressenti en lien avec une charge soulevée pour comprendre si son programme est adapté à son thème d’entraînement ainsi qu’à ses ressources et s’il maîtrise les paramètres du mouvement, les contenus sécuritaires.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/sport-comment-les-reseaux-sociaux-transforment-les-pratiques-des-jeunes-207440">Sport : comment les réseaux sociaux transforment les pratiques des jeunes</a>
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<p>Il s’agit d’un véritable apprentissage par le « corps » répondant à une visée d’émancipation de tous. En effet, l’inégale maîtrise du corps chez les jeunes a pour conséquence une forme de hiérarchisation sociale. Les individus les plus à l’aise avec leur corps sont valorisés, au détriment des autres pouvant être <a href="http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-Stigmate-2092-1-1-0-1.html">stigmatisés</a> ou exclus.</p>
<p>Aujourd’hui, les jeunes sont nombreux à visionner quotidiennement des vidéos sur <em>Youtube</em>, à se connecter à des applications offrant des programmes d’entraînement de culture physique. Le numérique interroge donc le modèle de transmission du savoir à l’école et en EPS.</p>
<p>L’objet connecté a pris une place considérable au sein des habitudes des sportifs. La technologie demeure un outil qu’il est utile de savoir maîtriser. Cela représente un véritable enjeu en termes d’éducation. En EPS, il est nécessaire pour les élèves de développer un regard critique et lucide sur les programmes proposés, sur la manière d’aborder les informations.</p>
<p>L’école participe à la formation du futur citoyen en lui permettant de faire des choix éclairés par rapport aux évolutions des loisirs sportifs. Les enseignants transmettent ainsi une culture motrice et des outils nécessaires plus tard à la pratique régulière et pérenne.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220166/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Guillaume Dietsch ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si des programmes comme les « 30 minutes d’activité quotidienne » à l’école mettent l’accent sur la lutte contre la sédentarité, la mission des cours d’éducation physique et sportive va bien au-delà.Guillaume Dietsch, Enseignant en STAPS, Agrégé d'EPS, UFR SESS-STAPS, Université Paris-Est Créteil, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1931682022-11-06T16:28:16Z2022-11-06T16:28:16ZCoupe du Monde : fatigue, blessure, mental, le rythme infernal d’une compétition hivernale<p>La Coupe du Monde de la FIFA a lieu au Qatar en novembre et décembre, des mois qui coïncident avec la période de pleine saison dans le football européen. C'est un défi pour les staffs des équipes nationales participantes et ceux des clubs auxquels les joueurs appartiennent. Quelles sont les pistes pour gérer au mieux cet enjeu ?</p>
<p>L’entraînement régulier et la compétition au cours d’une saison dans le football professionnel européen <a href="https://www.thieme-connect.de/products/ejournals/abstract/10.1055/a-0631-9346">se caractérisent</a> généralement par une période de préparation pré-compétition de cinq à six semaines, suivie de deux phases de compétition, entrecoupées d’une pause hivernale. Certaines ligues telles que la <em>Premier League</em> anglaise n’ont généralement pas de pause hivernale, ce qui signifie que les matchs sont joués presque en continu tout au long de la saison. Pendant les années de Coupe du Monde, il y a généralement une moyenne de quatre à cinq semaines entre la fin des championnats nationaux et le début de la Coupe du Monde qui a traditionnellement lieu pendant la période d’inter-saison.</p>
<p>Cependant, en 2022, la Coupe du Monde de la FIFA a lieu durant des mois qui coïncident avec la période de la pleine saison dans le football européen. La Coupe du monde étant organisée pendant cette partie de la saison, de nombreux joueurs des équipes nationales (notamment ceux des grandes ligues européennes) n’ont eu qu’une semaine de préparation entre le dernier match de leurs ligues nationales et le début de la Coupe du monde (20 novembre 2022). Et si l'on s'en tient à la seule équipe de France, la liste des blessés - Karim Benzema étant le dernier - et déjà bien longue. </p>
<iframe title="Comparaison du nombre de matchs disputés en date du 13 novembre entre la saison de football actuelle et les saisons précédentes « classiques »" aria-label="Table" id="datawrapper-chart-9Ht4J" src="https://datawrapper.dwcdn.net/9Ht4J/1/" scrolling="no" frameborder="0" style="width : 0 ; min-width : 100 % !important ; border : none ;" height="618" data-external="1" width="100%"></iframe>
<p>Les exigences physiques et mentales imposées aux joueurs professionnels modernes n’ont cessé d’augmenter ces dernières années en raison de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/02640414.2015.1106574">l’augmentation du nombre de matchs</a> disputés pendant les périodes à forte densité de match tout au long de la saison.</p>
<h2>Jusqu’à 73 matchs par saison</h2>
<p>Afin de montrer l’évolution de ces exigences, nous vous proposons un petit comparatif. Lors de sa saison la plus dense en termes de matchs joués, Michel Platini a disputé 56 matchs en 1980/1981 avec l’AS Saint Étienne (35 en championnat de France, 10 de Coupe nationale, 7 de Coupe d’Europe et 4 avec l’équipe de France). Quelques années plus tard et en 18 ans de carrière, Zinedine Zidane a lui dépassé 3 fois la barre des 60 matchs sur une saison (1995/1996, 1997/1998 et 2003/2004). </p>
<p>Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, en activité sur les 15 dernières années ont fréquemment dépassé la barre des 60 matchs sur une saison (9 fois pour le Portugais, et 7 fois pour l’Argentin, avec un « pic » à 69 rencontres en 2011/2012 pour les 2 joueurs), et la palme revient à l’Espagnol Pedri avec pas moins de 73 matchs joués (soit l’équivalent de 130 % de la saison record de Platini) lors de la saison 2020/2021 avec son club de Barcelone et les différentes sélections espagnoles (A, U21 et Olympique), battant ainsi le précédent record du Portugais Bruno Fernandes (72 matchs lors de la même saison).</p>
<p>Étant donné que le nombre de matchs n’est pas réparti uniformément sur une saison typique de 40 semaines, les joueurs peuvent souvent disputer jusqu’à trois matchs sur une période de sept jours.</p>
<p>Outre les exigences physiques et mentales imposées lors d’une rencontre, les joueurs peuvent éprouver une récupération insuffisante en partie à cause des longs déplacements qui peuvent <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S235272181830216X?via%3Dihub">perturber le cycle veille/sommeil</a>. En effet, la mauvaise qualité du sommeil et le stress induit par un match peuvent <a href="https://www.mdpi.com/2227-9032/9/7/808">affecter négativement</a> la forme physique et peuvent même augmenter le risque de subir des blessures et/ou des infections dans la période précédant la Coupe du monde.</p>
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<p>Les équipes nationales sont composées de joueurs issus de différentes ligues et qui ont des niveaux variables de temps de jeu (par exemple titulaires, non-titulaires) en termes de volume hebdomadaire moyen de matchs dans leurs clubs. De plus, les titulaires et les non-titulaires sont exposés à différentes charges externes de match et d’entraînement. <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2020.00944/full">Les charges externes</a> sont définies comme le volume global d’activité qu’un joueur effectue à la fois pendant les séances d’entraînement et les matchs. Il est prouvé que cette mesure est en corrélation avec <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/16/17/3057">l’état de forme physique</a> d’un joueur et son <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1440244016302304">risque de blessure</a>.</p>
<p>Cela est important à prendre en compte, car nous notons la présence d’une charge de travail dite optimale dans le but d’optimiser la performance physique des joueurs. Celle-ci est variable dans le temps et régulièrement mise à jour par les staffs techniques, afin de ne pas sous-exposer ou surexposer les joueurs à des volumes et des intensités mal adaptés, car dans les deux cas cela aurait des effets néfastes, en diminuant les capacités de performance physique et en augmentant le risque de blessure, notamment musculaire.</p>
<p>Par conséquent, il est difficile pour les équipes nationales de gérer la condition physique des joueurs de manière à ce qu’ils soient physiquement prêts à jouer la Coupe du monde. Cela s’applique particulièrement aux joueurs qui jouent dans les grandes ligues européennes et nous notons un contraste important entre les calendriers des matchs européens et ceux des autres continents. Par exemple, dans la Major League Soccer (MLS) en Amérique du Nord, les matchs seront interrompus à partir du 5 novembre, 15 jours avant le début de la Coupe du monde. De même, dans la J-League japonaise en Asie, la Saudi Pro League et la Qatar Star League, les matchs seront interrompus un mois avant le début de la Coupe du monde, laissant plus de temps aux joueurs de ces continents pour se préparer.</p>
<p>Il est également important de noter que les championnats nationaux de France, d’Espagne et d’Angleterre reprendront leurs matchs le 27 décembre, soit dix jours seulement après la fin de la Coupe du monde. Les clubs voudront que leurs joueurs reviennent indemnes et avec des niveaux de forme physique suffisants pour reprendre la compétition nationale, mais ces objectifs pourraient être compromis par le calendrier de la Coupe du monde.</p>
<h2>Quelles recommandations pour la préparation des joueurs ?</h2>
<p>Avant la Coupe du monde, l’objectif des équipes nationales et des clubs est de préparer physiquement et mentalement leurs joueurs pour le tournoi. Ceci est particulièrement important pour les non-titulaires d’un club, car il est connu qu’une forte variation soudaine de la charge externe est associée au <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26758673/">risque de blessure</a>. De plus, <a href="https://www.jsams.org/article/S1440-2440(22)00073-1/fulltext">il est prouvé</a> que les joueurs qui subissent des blessures sans contact pendant le camp d’entraînement d’une équipe nationale en préparation d’un tournoi, ont effectué des charges d’entraînement ultérieures inférieures dans leurs clubs par rapport aux charges observées pendant le camp d’entraînement avec l’équipe nationale.</p>
<p>En préparation pour la Coupe du monde, les joueurs qui ont beaucoup joué pour leurs clubs doivent se concentrer sur la récupération pendant la période initiale de préparation du tournoi. Les joueurs qui ont été relativement peu exposés à la compétition devraient augmenter progressivement la charge d’entraînement pendant le camp d’entraînement de l’équipe nationale. Le personnel médical du club doit prendre note de toute blessure traumatique subie par les joueurs au cours de la saison avant le début du tournoi et doit communiquer, tout en respectant les règles locales de confidentialité des données, avec le staff technique de la sélection dans le but d’ajuster la charge de travail si nécessaire. Si cela peut être réalisé, les joueurs peuvent effectivement faire la transition vers leurs équipes nationales d’une manière qui préserve leur condition et sert de base pour une performance optimale à la Coupe du Monde.</p>
<p>Après la Coupe du monde, le défi majeur pour les clubs sera de réintégrer leurs joueurs en fonction de la progression de leur équipe nationale et de leur temps d’exposition lors des matchs joués avec leur sélection. Les clubs auront de nombreux joueurs qui n’auront pas participé à la coupe du monde et qui n’auront pas cessé de s’entraîner. Il est également important de considérer les différentes catégories de joueurs qui participeront au tournoi, par exemple, ceux qui étaient titulaires et ont quitté le tournoi tôt ou tard et ceux qui n’étaient pas titulaires et ont quitté le tournoi tôt ou tard. En conséquence, les charges d’entraînement externes varieront considérablement à mesure que les joueurs reviendront dans leurs clubs après les phases de groupes et plus tard.</p>
<h2>Bien soigner le retour au club</h2>
<p>Tous les clubs auront des objectifs importants pour la fin de la saison 2022/2023 avec des compétitions nationales et continentales (Ligue des champions, Europa League, etc.) hautement prioritaires. En conséquence, les entraîneurs des clubs voudront que leurs joueurs soient disponibles pour le reste de la saison, en pleine forme et en parfaite santé. De plus, les joueurs titulaires en équipe nationale et en club n’auront, dans certains cas, pas la possibilité de faire une pause entre la fin de la Coupe du monde et la reprise de la saison en club. Les recherches montrent que le <a href="https://bjsm.bmj.com/content/53/19/1231">risque de blessure est plus élevé</a> dans les ligues qui n’ont pas de pause hivernale (par exemple la Premier League anglaise) par rapport aux ligues qui en ont. Une bonne communication entre le personnel médical et le staff technique du club sera essentielle pour réduire l’incidence des blessures, optimisant ainsi la disponibilité des joueurs.</p>
<p>Avant, pendant et après la Coupe du Monde, une communication sera nécessaire entre les staffs des équipes nationales et ceux des clubs en ce qui concerne la charge de travail des joueurs, car il est possible que certains joueurs soient exposés à des niveaux de stress physique auquel ils ne sont pas habitués. L’échange d’informations entre les équipes nationales et les clubs sera donc important pour améliorer l’état de santé des joueurs internationaux.</p>
<p>Cet échange est primordial, et n’est malheureusement pas routinier. En règle générale, mais encore plus dans la période actuelle, les intérêts des clubs et des sélections ne sont pas forcément en adéquation. Les joueurs internationaux sont généralement sous contrat avec les clubs disputant la prestigieuse Ligue des Champions ou sa « petite sœur » l’Europa League, et ces compétitions ont pris cette saison une part prépondérante dans le calendrier pré Coupe du Monde en plus de l’augmentation du nombre de matchs dans les différentes ligues nationales. De ce fait les entraîneurs de clubs ont eu tendance à surexposer les joueurs par rapport aux saisons précédentes, en augmentant la densité de matchs joués sur les premiers mois de compétition, dans l’objectif d’assurer une qualification pour les phases finales des coupes européennes, qui débuteront en février 2023, après la Coupe du Monde.</p>
<p>Un exemple concret concerne le défenseur international Français de Manchester United, Raphael Varane. Celui-ci s’est récemment blessé au niveau des muscles ischio-jambiers, lors d’une rencontre de championnat face à Chelsea, son 3<sup>e</sup> match en 7 jours, alors qu’il revenait sur les terrains après une entorse de la cheville gauche. Il s'est entraîné jusque-là à part de l'équipe nationale à Doha. </p>
<p>De ce fait, nous notons que le médecin de l’Équipe de France, le docteur Franck Le Gall, a entrepris une tournée des clubs européens ayant dans leur effectif des joueurs potentiellement sélectionnables par Didier Deschamps, afin de faire le point avec les staffs des équipes avant le rassemblement en sélection et le départ pour le Qatar.</p>
<p>La gestion de la charge de travail lors des transitions entre les clubs et les équipes nationales avant et après la Coupe du Monde sera cruciale. Les clubs et les équipes nationales utilisent une variété de systèmes de suivi de charge externes différents (par exemple les systèmes de positionnement global et le suivi vidéo) et la quantification de cette métrique <a href="https://journals.humankinetics.com/view/journals/ijspp/13/8/article-p1005.xml">diffère entre les équipes</a>. Par ailleurs, la littérature scientifique <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2017.00432/full">ne fait pas consensus</a> sur les seuils d’accélération et de vitesse en match. Par conséquent, la caractérisation des charges externes variera entre les équipes nationales et les clubs. Compte tenu de ces obstacles, il est essentiel que les équipes nationales et les clubs communiquent étroitement afin de partager des données et des informations sur les systèmes de suivi physique et les différents seuils qu’ils utilisent pour quantifier les charges externes.</p>
<p>Dans les équipes nationales et dans les clubs, des mesures quotidiennes subjectives du bien-être peuvent également être utilisées pour gérer les charges d’entraînement.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été co-écrit par Guillaume Ravé, docteur en sciences du sport et préparateur physique au Toulouse Football Club.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/193168/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une Coupe du Monde en hiver implique une accumulation de matchs sans période de repos, clubs et sélections doivent s’entendre pour limiter au maximum le risque de blessures des joueurs.Hassane Zouhal, Full Professor, University of Rennes 2, UFR-STAPS, Rennes, France, Université Rennes 2Benjamin Barthélemy, Doctorant en sciences du sport, Université Rennes 2Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1660042021-08-26T18:45:52Z2021-08-26T18:45:52Z« Garrotter » ses muscles, la nouvelle technique pour améliorer ses performances sportives<p>Pour être les meilleurs parmi les meilleurs, Olympiens et Paralympiens ont parfois recours à des méthodes d’entraînement peu communes. Au nom de la performance, ces athlètes d’élite ont ainsi récemment plébiscité les bains de glace, tout comme le <em>cupping</em> (utilisation de ventouses). La dernière mode est au garrot. Nombre de sportifs sélectionnés aux Jeux ont ainsi été vu un brassard sombre autour des muscles lors de leurs entraînements – une pratique connue sous le nom d’entraînement par restriction (ou occlusion) vasculaire. Ou encore, en anglais, BFR pour « blood flow restriction ».</p>
<p>Il s’agit pour les athlètes, lors de l’entraînement, <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2012.00392/full">d’enserrer leurs muscles à l’aide de bandes</a> qui vont être ensuite gonflées, un peu comme les brassards utilisés pour prendre la tension chez le médecin. Cette méthode d’entraînement réduit par conséquent partiellement le flux sanguin qui irrigue les muscles ainsi traités, et donc l’apport en oxygène.</p>
<p>L’oxygène est tout sauf facultatif pour nos cellules. En effet, les muscles en ont besoin pour produire un effort, ainsi que pour <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1046/j.1365-201X.1998.0331e.x">récupérer</a>. Une diminution de l’apport en oxygène peut donc limiter l’efficacité de la récupération. De ce fait, une réduction du flux sanguin, donc de l’apport en oxygène, pendant un travail implique que le corps est plus sollicité et doit fournir plus d’effort – à tel point qu’un entraînement moins intense <a href="https://journals.physiology.org/doi/abs/10.1152/japplphysiol.00982.2020">devient plus difficile car il engendre plus de fatigue</a>.</p>
<p>Une fois l’exercice terminé, le garrot est ôté, permettant ainsi le rétablissement de la circulation sanguine. L’intérêt attendu de cette modalité d’entraînement est double : optimiser la récupération (qui est estimée plus rapide) et les niveaux de performance.</p>
<h2>De multiples bénéfices attendus</h2>
<p>L’idée est ancienne, mais le champ de recherche est encore en pleine émergence. Il reste donc beaucoup à apprendre sur le sujet. Mais les preuves déjà disponibles sont convaincantes, et expliquent <a href="https://journals.physiology.org/doi/abs/10.1152/japplphysiol.00982.2020">l’intérêt croissant des sportifs de haut niveau</a>.</p>
<p>Pour les disciplines où la force physique est importante, comme la lutte ou le lancer de marteau, les bénéfices d’un entraînement par restriction vasculaire ont été mesurés. Par exemple, la charge maximale qu’un athlète peut soulever peut-être <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/sms.13632">augmentée de 6 à 19 %</a>. Ce résultat serait dû au fait que la diminution des apports en oxygène à l’effort <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6553970/">accroît la quantité de protéines utilisées</a> par notre corps, ces mêmes protéines sont utilisées pour développer muscles et force.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1400510795776204801"}"></div></p>
<p>Il a également été démontré que ce type d’entraînement serait bénéfique aux sports d’endurance, où <a href="https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/japplphysiol.00793.2019">assurer un apport en oxygène suffisant dans le temps</a> est primordial. En effet, utiliser la restriction vasculaire lors d’entraînements (en cyclisme, course à pied, etc.) induirait le <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/17461391.2017.1422281">développement du lit vasculaire, c’est-à-dire du nombre de vaisseaux sanguins</a>. Les muscles se trouvent ainsi « mieux desservis ».</p>
<p>Ce sont, notamment, les forces de <a href="https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1113/JP277657">cisaillement (<em>shear stress</em>, en anglais) imposées aux vaisseaux sanguins</a> qui poussent le corps à développer de nouveaux vaisseaux. Or, plus de vaisseaux sanguins signifie plus de muscles recevant du sang oxygéné, ce qui est nécessaire à la performance et à la récupération.</p>
<p>Les entraînements d’endurance avec restriction vasculaire augmenteraient également la <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2018.01796/full">taille et le nombre de mitochondries</a> (les structures cellulaires qui génèrent la majeure partie de l’énergie utilisée par nos cellules). L’amélioration de l’activité mitochondriale favorise l’utilisation par le corps du glycogène stocké (un autre carburant), conduisant également à de meilleures performances.</p>
<h2>Effort olympique</h2>
<p>Pour les athlètes des Jeux olympiques et paralympiques, le moindre gain de performance peut faire la différence entre la médaille d’or et pas de médaille du tout. Cécilia Berder, qui a opté pour le BFR, est revenue vice-championne olympique de sabre par équipe de Tokyo.</p>
<p>Le problème est que plus un athlète a développé ses aptitudes physiques au fil de sa carrière, plus il lui devient <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1046/j.1365-201X.1996.483230000.x">difficile de les améliorer encore</a>. Ceci se voit dans le ralentissement, à mesure qu’il prend de l’âge, de ses meilleures performances personnelles.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1399328236534894596"}"></div></p>
<p>Pour qu’un sportif atteigne un bon niveau, la planification de l’entraînement (par exemple articulant un travail en force et en endurance) est essentielle pour engendrer des adaptations physiologiques : <a href="https://link.springer.com/article/10.2165/00007256-200737030-00004">augmentation de la taille d’un muscle</a> ou <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1550413117302310">du cœur</a>, etc. Ces adaptations, qui dépendent de l’intensité, de la fréquence et de la durée des entraînements, sont également <a href="https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1113/jphysiol.1995.sp020533">impactées par la récupération après l’effort</a>. En effet, c’est également au moment de la récupération que les adaptations recherchées peuvent se développer. Si la récupération n’est pas optimale, les adaptations musculaires et cardio-vasculaires seront réduites.</p>
<p>De plus, l’entraînement provoque de la fatigue, et cette quantité de fatigue <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2012.00142/full">dicte le gain d’adaptation</a>.</p>
<p>Il faut donc laisser aux muscles le temps de s’adapter et de récupérer après un travail. En d’autres termes : « fatigue + récupération = gains en aptitude ».</p>
<p>Les entraînements avec restriction partielle du flux sanguin provoquent une plus grande fatigue musculaire qui apparaît plus rapidement comparativement à un entraînement plus classique. Le temps et la qualité de la récupération sont donc des éléments indispensables à prendre en considération dans la planification d’entraînement, dans une perspective de performance.</p>
<p>Comme espéré, le bénéfice de cette pratique utilisant le BFR est double. D’une part, pour des athlètes d’élite, l’entraînement par restriction vasculaire semble pousser leurs capacités d’adaptation à leurs limites, de manière plus rapide. D’autre part, alors que les blessures dans le sport de haut niveau sont fréquentes, cette modalité d’entraînement semble <a href="https://paulogentil.com/pdf/TREINO%20DE%20FORC%CC%A7A/Applications%20of%20vascular%20occlusion%20diminish%20disuse%20atrophy%20%28hypertrophy%29.pdf">accélérer la récupération</a>, en entraînant des gains de performance lors d’efforts moins intenses.</p>
<p>Toutefois, si les bénéfices annoncés de cette méthode d’entraînement sont alléchants, il est toutefois de suivre les <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2019.00533/full">recommandations de bonnes pratiques</a> afin d’assurer la sécurité de l’athlète, et ainsi optimiser ses performances.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/166004/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Aux JO, de nombreux athlètes ont été vus en train d’attacher des bandes de contention autour de leurs muscles à l’entraînement. Dans quel but ? Cela a-t-il réellement un effet sur leurs performances ?Dan Gordon, Associate Professor: Cardiorespiratory Exercise Physiology, Anglia Ruskin UniversityJulien Desanlis, PhD Researcher, Sport Physiology, Université Paris-SaclayMarie Gernigon, Associate Professor, Sport Sciences, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1656842021-08-23T18:09:21Z2021-08-23T18:09:21ZArchéologie : les prothèses, toute une histoire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/417392/original/file-20210823-23-m6effh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=56%2C60%2C2623%2C1748&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Petit sujet infirme et appareillé figurant sur une Bible du haut Moyen-Age </span> <span class="attribution"><span class="source">Angers, Bib. Mun., Rés. Ms 67, fol. 141 : cliché CNRS-IRHT, base Emluminures</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Alors même que se déroulent les Jeux paralympiques de Tokyo 2020, la thématique du handicap est, depuis quelques années, un sujet de recherches qui ancre l’inclusion, l’exclusion, l’appareillage, la compensation et la prise en charge au plus lointain qu’il est possible d’étudier l’être humain. Si les athlètes paralympiques bénéficient des technologies de pointe et des matériaux futuristes, qu’en est-il pour les sociétés du passé ?</p>
<p>La longue histoire des prothèses est intimement liée à celle des hommes : les premiers humains debout ont très tôt su inventer des bâtons de support, des béquilles, des cannes et des appareillages improvisés, pour remplacer un membre absent ou défaillant. Reconnue à Shanidar (Irak) il y a plus de 45 000 ans sur un sujet présentant de lourdes lésions traumatiques, attestée en France vers 4700 ans av. notre ère, l’amputation va se déployer au Moyen-âge comme en atteste l’archéologie funéraire : elle bénéficiera, au fil des siècles, des techniques chirurgicales qui feront éclore, notamment sur les champs de bataille de la Renaissance, les savoir-faire audacieux <a href="https://gallica.bnf.fr/blog/04122020/ambroise-pare-maitre-barbier-chirurgien?mode=desktop">du barbier Ambroise Paré</a>, puis ceux des <a href="https://www.lhistoire.fr/les-invalides-de-lhospice-au-mus%C3%A9e">chirurgiens des Invalides</a>, appareillant les nombreux mutilés des guerres de Louis XIV.</p>
<h2>Dents et crânes</h2>
<p>Le plus simple, à l’évidence, est de remplacer une dent, perdue ou arrachée : si les plus grands orthodontistes, avant les prouesses des dentistes modernes, restent les Étrusques (notamment ceux de Tarquinia) et les Égyptiens, un implant en coquillage, en place dans une mâchoire, a déjà été retrouvé dans une nécropole de 5000 av. notre ère.</p>
<p>De la même manière, la trépanation est l’un des premiers gestes intrusifs, inventoriée dès la Préhistoire, à travers le monde et dans toutes les cultures, pratiquée par de véritables neurochirurgiens : il s’agissait de percer le crâne pour soulager le cerveau lésé, car comprimé. Le prélèvement de la rondelle osseuse – parfois remplacée – s’est d’abord effectué avec un silex, par grattage ou raclage ou percement. L’issue d’une telle opération de neurochirurgie restait aléatoire, même si près 70 % des patients survivaient. Elle était souvent lourde de séquelles fonctionnelles, entraînant parfois des hémiplégies, des paralysies faciales nécessitant une aide à la personne.</p>
<h2>La représentation des sujets appareillés</h2>
<p>Les sujets amputés et/ou appareillés n’ont jamais été dissimulés et on les retrouve sur tout type de supports.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/417393/original/file-20210823-13-187jmtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/417393/original/file-20210823-13-187jmtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/417393/original/file-20210823-13-187jmtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/417393/original/file-20210823-13-187jmtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/417393/original/file-20210823-13-187jmtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/417393/original/file-20210823-13-187jmtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/417393/original/file-20210823-13-187jmtd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Skyphos italiote du IVᵉ siècle avant J.-C (peintre du Primato) représentant un satyre infirme appareillé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">H. Lewandowski, RMN</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’inventaire est pléthorique et propose, par exemple, une stèle funéraire égyptienne (1000 ans av. notre ère) représentant un sujet atteint de poliomyélite utilisant une béquille en bois pour se déplacer, un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Skyphos">skyphos</a> grec (4<sup>e</sup> s. av. notre ère) et son satyre dont la jambe droite, atrophiée, est enroulée autour d’un bâton, un vase précolombien mochica (-200 à 600 de notre ère) figurant un petit sujet amputé emboîtant sur son moignon une prothèse engainante en céramique ou un petit infirme acrobate sur son pilon de bois dessiné sur une Bible du VII<sup>e</sup> siècle.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/417395/original/file-20210823-19-1bzelhi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/417395/original/file-20210823-19-1bzelhi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/417395/original/file-20210823-19-1bzelhi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=883&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/417395/original/file-20210823-19-1bzelhi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=883&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/417395/original/file-20210823-19-1bzelhi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=883&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/417395/original/file-20210823-19-1bzelhi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1109&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/417395/original/file-20210823-19-1bzelhi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1109&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/417395/original/file-20210823-19-1bzelhi.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1109&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Vase-cruche mochica représentant un individu amputé du membre inférieur gauche ajustant une prothèse engainante en céramique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">American Museum of Natural History</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Ainsi l’Occident médiéval va-t-il multiplier les sujets handicapés dont les prothèses sont des coques ou des arceaux en bois, parfois engainants, munis d’un pilon sur lequel le membre amputé est replié sur un textile : à l’image de ceux déployés sur les célèbres <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Mendiants_(Brueghel)#/media/Fichier:Pieter_Bruegel_d._%C3%84._024.jpg"><em>Mendiants</em> de Brueghel</a> (vers 1558), ils sont pleinement représentatifs des dispositifs en matériau périssable, longtemps utilisés pour pallier l’amputation tibiale.</p>
<h2>Soins, praticiens et prothèses</h2>
<p>L’archéologie funéraire confirme la forte présence de ce qu’il est prématuré d’appeler « handicap » au sein de sociétés dont les membres, affectés par des maladies congénitales et des accidents de vie, sont pris en charge et intégrés. C’est à Buthiers (Seine-et-Marne) que la plus ancienne amputation a été recensée en France. Un homme âgé, du néolithique ancien, inhumé en position fœtale a été amputé de son avant-bras gauche, grâce à une intervention chirurgicale, au silex, visant à couper les muscles et les tendons au niveau de l’articulation du coude.</p>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Sépulture du sujet néolithique amputé de Buthiers.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Inrap</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Multiples sont les sujets amputés, mis au jour appareillés ou non, dans leur tombe, après que leur communauté d’appartenance (un clan, un village), une paroisse, une abbaye…) les ait diagnostiqués, amputés, soignés et pris en charge et ce pour toutes les périodes étudiées. Les praticiens, depuis les guérisseurs du Néolithique, incluant Gallien (chirurgien des gladiateurs de Pergame), le français Guy de Chauliac et l’arabo-musulman Albucassis, se révèlent souvent habiles et ingénieux, malgré des techniques et des instruments très disparates !</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/417399/original/file-20210823-14-1fzr4b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/417399/original/file-20210823-14-1fzr4b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/417399/original/file-20210823-14-1fzr4b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/417399/original/file-20210823-14-1fzr4b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/417399/original/file-20210823-14-1fzr4b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/417399/original/file-20210823-14-1fzr4b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/417399/original/file-20210823-14-1fzr4b9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Sépulture d’un sujet amputé des deux membres inférieurs de la nécropole du haut Moyen Âge de Serris-les-Ruelles (Seine-et-Marne).</span>
<span class="attribution"><span class="source">F. Gentili/Inrap</span></span>
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</figure>
<p>De fait, en parallèle à l’étude paléopathologique des interventions, des soins et des techniques, une véritable archéologie des prothèses et appareillages compensatoires se développe. On le sait, les plus anciennes mises au jour in situ, ont été retrouvées sur des momies égyptiennes, tel l’orteil du Caire, articulé et fonctionnel (1069-664 av. notre ère). De façon générale, l’ingéniosité des artisans et des forgerons semble toujours avoir été sollicitée : à Capoue (Italie), au IV<sup>e</sup> siècle av. notre ère, une prothèse de membre inférieur, composée de plusieurs éléments en bronze reliés les uns aux autres par des clous en métal a même été sculptée en forme de mollet puis décorée de motifs guerriers. Une même créativité et, soulignons-le, une forme de solidarité, semble s’être exercée à Cutry (Meurthe-et-Moselle), où un homme amputé des deux mains a été doté d’une prothèse d’avant-bras droit fabriquée à l’aide d’une petite fourche bifide (à deux extrémités) en fer maintenue par des courroies en cuir, une boucle de ceinture et une boucle de chaussures recyclées.</p>
<p>La vraie rupture avec ces appareillages s’instaure avec l’apparition de nouvelles prothèses dites militaires, proches des armures, qui se développent en parallèle aux progrès chirurgicaux générés par les ravages des champs de bataille et l’invention de l’artillerie lourde : la guerre est la meilleure amie de la prothèse !</p>
<h2>La prothèse des riches</h2>
<p>Autour des puissants hommes de guerre de la Renaissance, les corps de métier se surpassent pour forger des cuirasses, des armes, coudre des baudriers… Les plus fortunés compensent avec ostentation leur mutilation en se faisant fabriquer des appareillages dits « de riches » en raison de leur coût, de leur splendeur et de leur unicité. Ces nouvelles prothèses sont calquées sur les armures de chevalerie dont elles adoptent la technologie, comme celle retrouvée à Balbronn (Alsace) dans la tombe du chevalier Hans von Mittelhausen décédé en 1564.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/417400/original/file-20210823-18-18tfrje.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/417400/original/file-20210823-18-18tfrje.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/417400/original/file-20210823-18-18tfrje.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/417400/original/file-20210823-18-18tfrje.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=334&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/417400/original/file-20210823-18-18tfrje.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/417400/original/file-20210823-18-18tfrje.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/417400/original/file-20210823-18-18tfrje.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Main articulée (et sa reconstitution) datée XVIᵉ siècle du chevalier Hans von Mittelhause (Balbronn) conservée au musée historique de Strasbourg.</span>
<span class="attribution"><span class="source">M. Bertola, musées de Strasbourg</span></span>
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</figure>
<p>Le tournant décisif est initié par Ambroise Paré (1510-1590) : orthopédiste et chirurgien de formation, il parcourt les champs de bataille et constate les ravages sur le corps humain engendrés par l’introduction de nouvelles armes à feu. Humaniste et ingénieux, il développe des techniques réparatrices, œuvrant aux progrès de la ligature des vaisseaux et en concevant « des moyens artificiels pour ajouter ce qui fait défaut naturellement ou par accident ». Ses prothèses de mains, notamment, réalisées par le serrurier Le Lorrain, amorcent les temps modernes de l’appareillage : les doigts sont indépendants, mobiles et articulés. Paré abandonne le lourd métal, pour privilégier le cuir bouilli, la laine, la peau ou le velours. Sa « jambe des pauvres » est un cuissard en bois peu coûteux offert au plus grand nombre. Il veut que ces appareils servent « non seulement à l’action des parties amputées, mais également à l’embellissement de leur aspect… »</p>
<h2>Les Invalides</h2>
<p>Après la guerre de Trente Ans (1618-1648) les soldats estropiés grossissent les rangs des mendiants des quartiers insalubres parisiens. Louis XIV crée en 1670 l’hôtel des Invalides pour « ceux qui ont exposé leur vie et prodigué leur sang pour la défense de la monarchie [pour qu’ils] passent le reste de leurs jours dans la tranquillité ». Il peut accueillir 4 000 militaires que l’on appareille et qui devront encore servir l’État en travaillant dans des ateliers de confection de vêtements, de broderie, de calligraphie. Aujourd’hui encore, il accueille les militaires gravement blessés en opérations extérieures et ceux dont la vie a été à jamais figée, par exemple, sur la terrasse d’un café ou au Bataclan dans la soirée d’un funeste 13 novembre…</p>
<p>Loin des épidémies dévastatrices, des guerres meurtrières et des dérèglements climatiques qui déstabilisent la nécessaire solidarité des sociétés et ostracisent les vulnérables dépendants, parfois avec cruauté et barbarie, l’histoire des hommes est aussi un long récit de comportements, souvent organisés en solidarité. Conformément au vieil adage « selon que vous êtes puissant ou misérable… », le handicap, et surtout le handicap de manque en ce qu’il suppose des appareillages compensatoires parfois sophistiqués et onéreux, est toujours un marqueur social et économique : atteint de la même manière, le rescapé d’un tremblement de terre à Haïti ne bénéficiera pas de la même technologie de pointe qu’un champion paralympique équipé de lames en carbone !</p>
<hr>
<p><em>Pour aller plus loin : <a href="https://archeohandi.hypotheses.org/">https://archeohandi.hypotheses.org/</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165684/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Delattre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Alors même que se déroulent les Jeux paralympiques de Tokyo 2020, la thématique du handicap est, depuis quelques années, un sujet de recherches importantValérie Delattre, Archéo-anthropologue, INRAP, Université de Bourgogne – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1648342021-07-22T23:35:20Z2021-07-22T23:35:20ZLe serment olympique, une histoire de valeurs<p>Les Jeux olympiques (JO) de Tokyo 2020 (décalés en 2021) sont sur le point de commencer, et la cérémonie d’ouverture est prévue le vendredi 23 juillet à 13 h (heure française) au Stade olympique de Tokyo. Leur organisation, et leur tenue même, n’ont pas été sans poser questions, <a href="https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/tokyo-2020/pas-de-public-pour-les-jo-de-tokyo_4695805.html">dans le contexte sanitaire</a>. Mais plus largement que la seule dimension compétitive, les Jeux olympiques se veulent vecteurs de valeurs, de normes, voire d’idéaux. Le comportement des sportifs est scruté, comme cela a été encore récemment le cas <a href="https://www.liberation.fr/sports/football/racisme-anti-asiatique-les-origines-de-la-video-de-dembele-et-griezmann-20210704_VCWPT3PJL5HGRDEQAERV5AJ2PY/">lors de l’Euro de football</a>.</p>
<p>Lors de chaque JO, le serment olympique fait partie intégrante du protocole de la <a href="https://youtu.be/-HlTciqDbkE">cérémonie d’ouverture</a>.</p>
<p>Victor Boin, un escrimeur belge, est le premier athlète à avoir prononcé, au nom de tous les participants, le serment aux Jeux olympiques d’Anvers 1920. Il prononce à haute voix le serment suivant, auquel tous les athlètes s’associent en levant le bras droit et en tenant le drapeau dans la main gauche :</p>
<blockquote>
<p>« Nous jurons que nous nous présentons aux Jeux olympiques en concurrents loyaux, respectueux des règlements qui les régissent et désireux d’y participer dans un esprit chevaleresque pour l’honneur de nos pays et la gloire du sport. » (<a href="https://library.olympics.com/Default/digital-viewer/c-63138">statuts du CIO, 1924</a>)</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/412662/original/file-20210722-23-15tujs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412662/original/file-20210722-23-15tujs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=569&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412662/original/file-20210722-23-15tujs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=569&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412662/original/file-20210722-23-15tujs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=569&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412662/original/file-20210722-23-15tujs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=714&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412662/original/file-20210722-23-15tujs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=714&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412662/original/file-20210722-23-15tujs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=714&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le serment de Victor Boin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">olympic.org</span></span>
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</figure>
<p>Cet acte cérémoniel trouve son origine dans l’Antiquité où les athlètes prêtaient serment devant la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Statue_chrys%C3%A9l%C3%A9phantine_de_Zeus_%C3%A0_Olympie">statue de Zeus Horkios</a> ; ils juraient qu’ils observeraient les règles, qu’ils lutteraient loyalement et que leurs intentions étaient pures. Le serment olympique moderne se veut selon son rénovateur, Pierre de Coubertin, un serment de loyauté et de désintéressement. Il engage, sur l’honneur, l’amateurisme des athlètes qui participent.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/412671/original/file-20210722-25-p9043w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412671/original/file-20210722-25-p9043w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=499&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412671/original/file-20210722-25-p9043w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=499&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412671/original/file-20210722-25-p9043w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=499&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412671/original/file-20210722-25-p9043w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=627&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412671/original/file-20210722-25-p9043w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=627&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412671/original/file-20210722-25-p9043w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=627&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Emil Zatopek en 1952.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le serment est mentionné pour la première fois dans la <a href="https://library.olympics.com/Default/digital-viewer/c-168712"><em>Revue olympique</em> de juillet 1906</a> dans une lettre écrite par Pierre de Coubertin au secrétaire général de la fédération de gymnastique et sportive des patronages de France, Charles Simon.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/412663/original/file-20210722-27-p3c3qy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412663/original/file-20210722-27-p3c3qy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=790&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412663/original/file-20210722-27-p3c3qy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=790&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412663/original/file-20210722-27-p3c3qy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=790&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412663/original/file-20210722-27-p3c3qy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=993&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412663/original/file-20210722-27-p3c3qy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=993&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412663/original/file-20210722-27-p3c3qy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=993&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pierre Fredy de Coubertin baron de Coubertin.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une fois le serment adopté aux JO de 1920, sa formule reste identique jusqu’en 1956. Elle change ensuite en 1958 :</p>
<blockquote>
<p>« Au nom de tous les concurrents, je jure que nous nous présentons aux Jeux olympiques en concurrents loyaux, respectueux des règlements qui les régissent et désireux d’y participer dans un esprit chevaleresque pour la gloire du sport et l’honneur de nos pays. » (Charte olympique, 1958)</p>
</blockquote>
<p>Le « nous » inclusif initial devient « au nom de tous les concurrents », manifestant bien ainsi le rôle de porte-parole de l’athlète qui prête serment. Le « je » individuel apparaît également, et ce, toujours au nom du collectif.</p>
<p>La fin du serment est également modifiée, l’ordre « gloire » et « honneur » est inversé mettant ainsi en évidence les nations avec : « l’honneur des pays ».</p>
<p>En 1962, la formulation change de nouveau, le <a href="https://journals.openedition.org/rdr/630">verbe « jurer »</a>, qui possède une connotation religieuse et/ou juridique (surtout en association avec la main droite levée), devient « promettre ».</p>
<blockquote>
<p>« Au nom de tous les concurrents, je promets que nous nous présentons aux Jeux olympiques en concurrents loyaux, respectueux des règlements qui les régissent et désireux d’y participer dans un esprit chevaleresque pour la gloire du sport et l’honneur de nos équipes. » (Charte olympique, 1962)</p>
</blockquote>
<p>La force illocutoire du second verbe – ce qui permet de « faire » en « disant », qui rejoint la notion de « performativité », qui « désigne la qualité de certains énoncés ou de certains verbes, aptes à accomplir l’action <a href="https://www.armand-colin.com/dictionnaire-de-pragmatique-9782200268756">qu’ils désignent</a> » – est plus faible que celle du premier. L’acte d’engagement perd donc en force et change de nature. Le philosophe américain <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/quand-dire-c-est-faire-john-langshaw-austin/9782020125697">John Austin</a> classe différents types de verbes performatifs (conjugués au présent et à la première personne du singulier) en fonction de leur contexte d’utilisation. Par exemple « je t’ordonne de… », « je vous déclare coupable de… » etc.</p>
<p><a href="https://cnrtl.fr/definition/jurer">Jurer</a> engage pleinement la morale de celui qui jure, c’est un acte illocutoire fort, plus fort que la promesse (le parjure est plus grave que de ne pas tenir sa promesse), car il véhicule avec lui la connotation juridique (ou religieuse) précédemment évoquée. L’on repère bien la gravité de l’action de parjure dans cet extrait de la Revue olympique de 1933 ; honte et déshonneur menacent l’athlète ayant fauté :</p>
<blockquote>
<p>« Tous les comités olympiques nationaux doivent rappeler à nouveau à tous les sportifs de leur pays l’importance du serment olympique et la honte qu’il y a à faire une fausse déclaration, parce qu’un faux serment déshonore non seulement l’individu, mais aussi le drapeau qu’il défend. » (<em>Revue olympique</em>, 1933)</p>
</blockquote>
<p>En outre, le terme « pays » est remplacé par « équipes ». En effet, toutes les équipes n’étaient pas initialement représentantes strictes d’un pays. Des comités nationaux olympiques apparaissent en dehors du découpage officiel des États-nations (tel le Comité national olympique de Porto Rico en 1948). Mais surtout, ce changement atténue le côté nationaliste de la compétition, conformément au vœu de Pierre de Coubertin de voir dans les Jeux olympiques tout sauf une compétition des nations.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/412669/original/file-20210722-13-or72ho.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412669/original/file-20210722-13-or72ho.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=413&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412669/original/file-20210722-13-or72ho.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=413&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412669/original/file-20210722-13-or72ho.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=413&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412669/original/file-20210722-13-or72ho.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=519&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412669/original/file-20210722-13-or72ho.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=519&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412669/original/file-20210722-13-or72ho.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=519&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Match entre les équipes française et britannique en 1900 USFSA contre Upton Park.</span>
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<p>Une substitution entre « règlements » et « règles » apparaît également dans la charte de 1991. Les règles impliquent davantage la conduite et l’éthique des individus que les règlements, qui peuvent être considérés comme des modes opératoires à suivre. Dans la charte olympique de 1999, la lutte contre le dopage et les drogues apparaît dans le serment. Cette volonté s’inscrit dans la préservation des valeurs de l’Olympisme, notamment celle du respect. Il en va ainsi de la responsabilité éthique des athlètes.</p>
<p>La mention du dopage fait suite à la Déclaration de Lausanne sur le dopage dans le sport en 1999 et à la création de l’agence mondiale antidopage. Le « Code antidopage du Mouvement olympique » apparaît ainsi dans la Charte olympique de 1999.</p>
<p>En 1972, le protocole change puisqu’un juge ou un officiel du pays hôte des Jeux prête également serment. Puis un entraîneur à partir de 2012. Enfin, depuis, les <a href="https://olympics.com/fr/home/games/winter%20games/winter/pyeongchang%202018">Jeux olympiques 2018 à Pyeongchang</a> (République de Corée), ces trois serments n’en font plus qu’un, prononcé par un athlète. La formule et le protocole restent alors inchangés jusqu’en 2021. Mais en avril 2021, le serment olympique subit <a href="https://olympics.com/athlete365/app/uploads/2021/04/IOC_AC_Consultation_Report-Athlete_Expression_21.04.2021.pdf">d’importantes modifications en ces termes</a> : « Au nom des athlètes », « Au nom de tous les juges », « Au nom de tous les entraîneurs et officiels »</p>
<blockquote>
<p>« Nous promettons de prendre part à ces Jeux olympiques en respectant et en suivant les règles, dans un esprit de fair-play, d’inclusion et d’égalité. Ensemble, nous sommes solidaires et nous nous engageons pour un sport sans dopage, sans tricherie et sans aucune forme de discrimination. Nous le faisons pour l’honneur de nos équipes, dans le respect des principes fondamentaux de l’Olympisme, et pour rendre le monde meilleur grâce au sport. »</p>
</blockquote>
<p>Le « je » du locuteur s’efface au profit de « nous » répétés et pronominaux. L’insistance sur le collectif et l’inclusion se marquent par l’explicitation de cette dernière dans sa nominalisation et dans l’apposition, « Ensemble » à l’initiale, comme thématisée.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1417393379919421448"}"></div></p>
<p>Ce terme, _ensemble, vient d’être également ajouté ce mardi 20 juillet 2021 à l’historique et très emblématique devise olympique, datant de 1894, afin d’inscrire la solidarité au cœur de ces JO. Le tiret permet de séparer ce mot et ainsi de le mettre en valeur.</p>
<p>Un autre changement protocolaire marque un tournant dans l’histoire des jeux en inscrivant la parité comme fondamentale pour l’Olympisme : en effet, le serment sera prêté ce vendredi par trois duos femmes-hommes et les représentants des délégations pourront défiler par deux (à condition de respecter cette parité de genre).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1417104595009085440"}"></div></p>
<p>Parité, inclusion, mixité, égalité, non-discrimination, solidarité sont ainsi fédérées par le mot-bannière « ensemble » et incarnées sur scène.</p>
<p>Les changements dans le serment interviennent dans le cadre d’une consultation auprès de 3547 athlètes, en lien avec l’article 50.2 de la <a href="https://olympics.com/athlete365/fr/que-faisons-nous/voix/point-de-vue-des-athletes-la-regle-50/">Charte olympique</a>, de plus en plus contesté par la communauté sportive. Ce texte limite les athlètes dans l’expression de leur opinion pendant la période qui entoure et recouvre les Jeux olympiques (cérémonies, épreuves, podiums, hymnes), au nom du respect de l’esprit olympique. </p>
<p>Non remis en question par 70 % des répondants à l’enquête (citée plus haut), il faudra donc se contenter de changements linguistiques. Et tout manquement à la règle 50.2 sera passible de sanctions mais il reste à savoir lesquelles car <a href="https://www.francetvinfo.fr/les-jeux-olympiques/football/jo-2021-les-footballeuses-britanniques-chiliennes-suedoises-et-americaines-mettent-un-genou-a-terre-contre-le-racisme-une-premiere-dans-l-histoire-des-jeux_4710543.html">plusieurs équipes de football ont déjà mis un genou à terre</a>, dans la lutte contre les discriminations racistes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164834/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Arnaud RICHARD est Président de l'Académie Nationale Olympique Française (ANOF) et membre du comité de l'éducation de la Fédération Internationale du Sport Universitaire (FISU). Il est également expert en terminologie auprès du ministère en charge des sports.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Julien Longhi a reçu des financements de CY Fondation en 2020, dans le cadre du projet #Locomotive (Linguistique orientée motivation sportive), dont il était le porteur. Carine Duteil et Arnaud Richard ont participé à ce projet de recherche, qui se développe depuis en lien avec l'Olympisme.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Carine Duteil ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Lors de chaque JO, le serment fait partie intégrante du protocole cérémoniel. Sa portée est fortement symbolique et engage pleinement l’honneur des athlètes. En 2021, la formule du serment évolue.Carine Duteil, Maître de Conférences en linguistique et sciences de l'information & de la communication, Université de LimogesArnaud Richard, Maître de conférences en sciences du langage, Université Paul Valéry – Montpellier IIIJulien Longhi, Professeur des universités en sciences du langage, AGORA/IDHN, CY Cergy Paris UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1645922021-07-22T23:33:21Z2021-07-22T23:33:21ZPourquoi les athlètes françaises remportent-elles moins de médailles que les hommes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/412417/original/file-20210721-27-1s0xrqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C3547%2C1784&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les athlètes françaises gagnent moins de médailles que leurs homologues masculins.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/vLCFUqY3y5M">Matt Lee / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les JO de Tokyo, dont l’ouverture est imminente, vont accueillir presque 49 % d’athlètes femmes, toutes nationalités confondues, un record. Et la parité devrait être tout à fait atteinte aux prochains jeux, en 2024, à Paris. Enfin, la parité… dans la participation. Celle relative aux performances est encore largement hors de portée, du moins en France. Ainsi, tous sports confondus et proportionnellement au nombre de sélections, les Françaises ont remporté 1,7 fois moins de médailles que les Français sur les trois dernières éditions des Jeux olympiques d’été (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/France_aux_Jeux_olympiques_d%27%C3%A9t%C3%A9_de_2008">Pékin 2008</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/France_aux_Jeux_olympiques_d%27%C3%A9t%C3%A9_de_2012">Londres 2012</a> et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/France_aux_Jeux_olympiques_d%27%C3%A9t%C3%A9_de_2016#Par_sexe">Rio 2016</a>). </p>
<p>Or la France est la seule nation parmi les neuf meilleures – Chine, États-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Allemagne, Corée, Italie, Australie – à présenter une telle sous-représentation de médaillées. Le constat est particulièrement évident en athlétisme : sur ces mêmes trois événements, les hommes ont remporté cinq fois plus de médailles que les femmes !</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/412674/original/file-20210722-15-1akhjd8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/412674/original/file-20210722-15-1akhjd8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412674/original/file-20210722-15-1akhjd8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412674/original/file-20210722-15-1akhjd8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412674/original/file-20210722-15-1akhjd8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412674/original/file-20210722-15-1akhjd8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412674/original/file-20210722-15-1akhjd8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412674/original/file-20210722-15-1akhjd8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Différence de médailles entre les hommes et les femmes : un score négatif indique moins de médailles pour les femmes.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces chiffres sont issus de <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03227729/">recherches</a> menées par des sociologues, dans le cadre d’un partenariat avec l’Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) et sous l’égide de la Fédération française d’athlétisme. La FFA avait en effet identifié cette différence de résultats entre ses sportifs et ses sportives et avait donc un double objectif : d’une part, vérifier que ce constat de terrain était bien statistiquement établi. Et d’autre part, si tel était le cas, comprendre quels éléments pouvaient expliquer cette différence.</p>
<h2>Une enquête de haut niveau</h2>
<p>Comme le révèlent les chiffres cités précédemment, les conclusions de l’analyse statistique sont sans appel. La première partie du contrat étant honorée, restait à savoir d’où venaient ces différences de performances. Pour répondre à cette question, ce ne sont pas les spécificités entre les hommes et les femmes qui ont été étudiées, mais plutôt les paramètres qui permettent de performer et, parmi eux, ceux contribuant au décalage dans les performances des sportifs et des sportives.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/412675/original/file-20210722-23-v20cz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/412675/original/file-20210722-23-v20cz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412675/original/file-20210722-23-v20cz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=387&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412675/original/file-20210722-23-v20cz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=387&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412675/original/file-20210722-23-v20cz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=387&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412675/original/file-20210722-23-v20cz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412675/original/file-20210722-23-v20cz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412675/original/file-20210722-23-v20cz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Différence de médailles entre les hommes et les femmes en athlétisme.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Trente athlètes français de haut niveau (15 hommes et 15 femmes) et 22 acteurs gravitant autour d’eux (entraîneurs, cadres fédéraux, acteurs du secteur privé…) ont été interviewés. Cet échantillon est assez exceptionnel puisque les meilleurs athlètes français (ceux qui ont rapporté le plus de médailles aux Jeux olympiques, Championnats du monde et Championnats d’Europe) y sont représentés, ainsi qu’un large panel d’acteurs qui coconstruisent avec eux l’athlétisme en France. Il en est ressorti plusieurs observations majeures dont trois particulièrement importantes.</p>
<h2>Premier défi : capitaliser sur la performance</h2>
<p>D’abord, rappelons qu’en athlétisme, il est difficile pour un athlète, quel que soit son genre, de transformer les performances sportives en performances économiques. Remporter une médaille ne suffit en effet pas à assurer la pérennité d’une carrière.</p>
<p>Stabiliser ses revenus demande des compétences sur la gestion du statut d’entrepreneur libéral, ce qui manque parfois dans l’apprentissage du métier de sportif de haut niveau. Ainsi, sur les 30 athlètes interrogés, 16 seulement bénéficient d’une stabilité économique dans le temps, leur permettant de se consacrer pleinement à leur carrière avec sérénité. Parmi eux, cinq hommes sont de multiples médaillés et/ou suffisamment médiatisés pour bénéficier de sponsors assurant des revenus stables. 11 autres (sept femmes et quatre hommes) cumulent des aides fédérales à des partenariats privés, et s’appuient également si nécessaire sur les revenus de leur conjoint. Les 14 athlètes restants sont quant à eux dans une situation plus précaire.</p>
<p>Or l’enquête révèle que lorsqu’il s’agit de capitaliser sur ses performances, la question du physique est beaucoup plus importante chez les femmes que chez les hommes. Cela peut poser problème, surtout lorsque les sportives ne correspondent pas aux standards de beauté normatifs. Il y a ainsi un paradoxe entre l’exigence de la performance, qui impose aux femmes d’accepter des transformations corporelles ou des changements de « féminité », et l’obtention de contrats de partenaires privés, qui dépend fortement de l’image de « féminité traditionnelle ».</p>
<h2>Deuxième défi : gérer son image en ligne</h2>
<p>Cette difficulté peut se cumuler avec une deuxième observation majeure : gérer son image sur les réseaux sociaux n’est pas chose aisée. Sportifs et sportives ne sont pas toujours préparés à cette activité, pourtant devenue presque incontournable. D’autant que le montant des contrats avec les partenaires privés peut dépendre en partie du nombre de « followers » de l’athlète.</p>
<p>Hommes comme femmes manquent de compétences et de formation dans ce domaine, mais en plus, les secondes ont tendance à être surexposées sur les réseaux sociaux. Ce qui peut être à double tranchant. Pour celles qui ne correspondent pas aux standards de la « féminité traditionnelle », cette nouvelle médiatisation peut devenir une source de pression supplémentaire. En revanche, pour les sportives qui savent construire leur image et adapter leur communication aux attentes de la société, les réseaux sociaux peuvent être une opportunité pour capter certains contrats financiers, par exemple, dans le domaine du bien-être, de la santé, du fitness, etc. En résumé ? Si globalement ce « marché athlétique » n’est pas à l’avantage des femmes, il ne faut cependant pas nier la capacité « d’empowerment » de certaines d’entre elles lorsqu’elles en ont l’opportunité.</p>
<h2>Troisième défi : la parentalité</h2>
<p>Enfin, l’étude fait émerger un troisième constat majeur : le rapport des sportifs et des sportives à la parentalité est différent. Parmi les 30 sportifs interrogés, six sont pères et cinq sont mères. Les pères font tous partie des meilleurs athlètes et quatre d’entre eux estiment que la paternité n’est pas incompatible avec le sport de haut niveau, voire, au contraire, peut représenter une force supplémentaire. Elle est aussi, parfois, source de pression, puisque ces sportifs apportent la majeure partie des revenus de leur foyer, alors que la grande majorité des mères s’appuie sur les revenus de leur conjoint ou de parents. Pour les deux meilleures athlètes parmi les mères, la maternité est aussi envisagée positivement, à condition d’être programmée et qu’elles aient l’assurance d’un soutien de la part de leurs partenaires privés.</p>
<p>En revanche pour sept sportives, dont deux mères, la maternité est incompatible avec la carrière sportive de haute performance et est ainsi envisagée en fin de carrière. L’étude démontre donc que des sportives sont prêtes à faire le deuil de la maternité au nom de la performance.</p>
<p>Or un tel sacrifice est-il indispensable ? Le handball féminin s’est doté d’une <a href="https://legisport.com/index.php/2021/03/27/droit-du-sport-decryptage-de-la-convention-collective-du-handball-professionnel-feminin/">convention collective</a> pour assurer le salaire des joueuses professionnelles pendant un an lors d’une grossesse. Et la <a href="https://www.leparisien.fr/sports/football/un-conge-maternite-pour-les-footballeuses-la-revolution-est-enfin-en-marche-04-01-2021-8417173.php">Fédération internationale de football</a> cherche à créer un congé maternité pour les footballeuses professionnelles. De son côté, d’après nos informations, la FFA compte s’appuyer sur cette enquête pour mettre en place plusieurs mesures visant également à faire évoluer les pratiques et les représentations des femmes dans le sport.</p>
<h2>Et du côté des solutions ?</h2>
<p>La première étape va consister à intégrer, dans l’ensemble des formations de la Fédération, des modules spécifiques reprenant les résultats de cette étude. L’objectif est de susciter des réflexions complémentaires chez les entraîneurs sur la façon de prendre en compte toutes les spécificités d’un individu, y compris son genre. Avec un équilibre à trouver : ne pas renforcer les stéréotypes, mais ne pas nier les spécificités. Un an de travail va ainsi être consacré à finaliser la transmission du rapport et à organiser les modules de formation.</p>
<p>Mais il ne s’agira pas de s’arrêter là. La FFA réfléchit aussi à déployer un système de mentorat pour permettre à des femmes leaders d’accompagner leurs consœurs sportives, ou encore à renforcer et systématiser des formations spécifiques aux réseaux sociaux pour les athlètes. Elle va également proposer des mesures incitatives pour encourager les femmes à passer des diplômes d’entraîneur, en particulier de haut niveau : en effet plus le niveau de certification monte, moins les femmes à s’y présenter sont nombreuses.</p>
<p>L’athlétisme, bien que sport mixte, reste encadré très principalement par des hommes, et il faudra là encore comprendre pourquoi. Cette recherche a ainsi fait émerger de nouvelles questions, dont il semble important de continuer à chercher les réponses. Avec l’objectif que l’équilibre ne se retrouve plus seulement dans la participation des sportifs et sportives français… mais aussi dans le nombre de médailles remportées.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été écrit avec les contributions de Mathilde Julla-Marcy, Lucie Forté, Rémi Richard, Julia Elefteriou, Anaïs Sabot et Quentin Delarochelambert.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164592/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hélène Joncheray est chercheure au laboratoire Sport, Expertise et Performance (SEP, EA 7370) de l'INSEP, en détachement d'un poste de Maître de Conférences à l'Université de Paris.
Pour réaliser cette recherche, le laboratoire SEP (INSEP) a reçu deux financements, un premier de la Fédération Française d'Athlétisme et un second du Ministère des Sports.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Christine Hanon et Sylvaine Derycke ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les statistiques sont formelles : lors des grandes compétitions internationales, les athlètes françaises font moins bien que leurs homologues masculins. Une enquête tente d’expliquer ces différences.Hélène Joncheray, Chercheuse en sociologie du sport de haute performance (INSEP), Université Paris CitéChristine Hanon, référente scientifique fédération française athlétisme, Institut national du sport de l'expertise et de la performance (INSEP)Sylvaine Derycke, Maîtresse de conférences en sociologie et anthropologie du sport, Université de Bretagne occidentale Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1584412021-04-26T17:34:15Z2021-04-26T17:34:15ZLe syndrome de « l’excusite aiguë » dans le milieu sportif<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/397057/original/file-20210426-15-r4m9t5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3500%2C2331&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour performer, certains sportifs peuvent basculer dans la triche.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/SQvRd2EVqLM"> Philip Strong / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’excuse est consubstantielle à la nature humaine et reste tolérable jusqu’à un certain point. Au-delà se développe une culture de l’excuse où l’irresponsabilité prévaut.</p>
<p>Dans le milieu sportif, le syndrome de l’excusite aiguë a pris racine. Ce mal chronique affecte tout particulièrement les parties prenantes de l’entreprise du raccourci. Par cette expression, il faut entendre un processus dévoyé permettant la production de résultats sportifs plus rapidement ou hors d’atteinte naturellement. Son objet consiste à préparer les fake performeurs à <a href="https://theconversation.com/quelle-est-la-formule-gagnante-pour-produire-des-fake-performances-en-sport-145801">délivrer des fake perfs</a>. Cette entreprise rarement unipersonnelle implique la tricherie en employant des moyens physiologiques et/ou technologiques interdits pour être artificiellement <a href="https://www.cyclismactu.net/news-dopage-danilo-di-luca-je-voulais-gagner-des-courses-tout-prix-96164.html">plus performant</a> toutes disciplines sportives confondues.</p>
<p>Bien que ce syndrome touche un grand nombre d’individus et d’organisations dans le milieu sportif à l’échelle mondiale, il demeure non formalisé à ce jour et nécessite donc une introduction explicite. L’adoption irréfléchie et l’emploi inconditionnel des termes dopage, dopé et leurs dérivés dénaturent la réalité et bloquent toute avancée. La mise à disposition d’un nouveau lexique incluant les concepts de <a href="https://theconversation.com/dopage-pourquoi-plutot-raisonner-a-partir-du-concept-de-fake-perfs-111387">fake perfs</a>, <a href="https://theconversation.com/dope-un-qualificatif-trouble-vehiculant-le-bien-et-le-mal-129383">fake performeur</a>, producteur de fake performeurs et entreprise du raccourci ouvre la voie à la formalisation de phénomènes inconnus au bénéfice de l’intégrité sportive.</p>
<h2>Des symptômes reconnaissables</h2>
<p>Dès que la plupart des fake performeurs sont formellement confondus de <a href="https://www.sowetanlive.co.za/sport/2021-02-06-kenyas-kibet-gets-four-year-ban-for-violating-anti-doping-rules/">manière directe</a> ou <a href="https://citizentv.co.ke/sports/2020-review-no-respite-as-doping-cases-plague-kenyan-athletes-3343397/">indirecte</a>, ils nient l’évidence et se trouvent une ou plusieurs <a href="https://www.news.com.au/sport/olympics/shayna-jacks-bizarre-blender-defence-for-failed-doping-test/news-story/e882b335e1a169491e4781dc351a2b68">excuses</a> pour justifier l’état de fait.</p>
<p>Dans le domaine, il existe deux types d’excuses : l’excuse improvisée et l’excuse préméditée.</p>
<p>La première nommée représente une tentative de couverture ex post et la seconde, une tentative de couverture ex ante. Les excuses sont si courantes dans le milieu sportif qu’un ouvrage vient d’en publier un <a href="https://www.estrepublicain.fr/insolite/2020/10/31/sexe-mensonge-et-epo-les-plus-belles-excuses-du-dopage-rassemblees-dans-un-livre">recueil</a>. Ensuite, ces tricheurs prennent généralement la posture de <a href="https://sports.yahoo.com/david-moore-central-michigan-ncaa-suspension-drug-test-203838119.html">victime</a> en mobilisant le registre émotionnel de manière plus ou moins spectaculaire. Enfin, ils peuvent faire appel à un ou plusieurs <a href="https://sport.francetvinfo.fr/auto-moto/moto/motogp-le-pilote-andrea-iannone-suspendu-4-ans-pour-dopage-par-le-tribunal-arbitral">avocats</a> pour viser l’annulation totale ou partielle des sanctions qu’ils encourent.</p>
<p>Comment expliquer leurs comportements mimétiques ?</p>
<h2>Un diagnostic saisissant</h2>
<p>Les fake performeurs incarnent le dernier maillon de la chaîne de l’entreprise du raccourci donc ils subissent inévitablement l’influence des autres maillons en amont. Leur entourage direct composé de conseillers occultes, de médecins ou d’entraîneurs joue un rôle déterminant dans <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/sport-et-sante/sportifs-amateurs-attention-au-dopage_3719539.html">leurs faits et gestes</a>. Ces derniers endossent le costume de professeur et initient progressivement les apprentis tricheurs à la production de fake perfs. Durant cette (dé)formation, les producteurs de fake performeurs veillent à ce que leurs élèves connaissent par cœur le chapitre consacré à l’anticipation.</p>
<p>Pour entrer dans le vif du sujet, voici une pièce à conviction rarissime et accablante. Bernard Sainz, alias « Docteur Mabuse », est un conseiller occulte de renom opérant dans le monde des <a href="https://www.ouest-france.fr/sport/dopage/cyclisme-dopage-peine-confirmee-pour-bernard-sainz-6959295">courses cyclistes et hippiques</a>. Déjà condamné dans le passé, il s’est fait prendre la main dans le sac durant ses cours individuels de manière irréfutable. Dans l’émission de télévision <a href="https://www.youtube.com/watch?v=uvxR36ScTis"><em>Cash Investigation</em></a>, ce personnage sulfureux enseigne discrètement à un fake performeur muni d’une caméra cachée comment maquiller la prise d’une substance interdite au moyen d’une prescription médicale parfaitement légale en cas de contrôle positif. Il lui sert ainsi sur un plateau un argumentaire crédible pour échapper totalement ou partiellement à ses responsabilités si jamais les choses tournent mal.</p>
<p>De même, le docteur Richard Freeman vient d’être condamné et <a href="https://www.theguardian.com/sport/2021/mar/19/former-british-cycling-and-team-sky-chief-doctor-richard-freeman-struck-off">radié de sa profession le 19 mars 2021</a> par l’Ordre des médecins Britannique (GMC) pour fautes graves lorsqu’il occupait les fonctions de médecin de la fédération cycliste britannique (BC) et de l’équipe cycliste Sky.</p>
<p>Ce producteur de fake performeurs n’a pas hésité lors des audiences à mentir sur tous les points liés aux fake perfs. À titre d’exemple, il a soutenu qu’il ne connaissait pas les effets positifs de la testostérone <a href="https://www.cyclismactu.net/news-dopage-l-ex-medecin-de-sky-ignorait-effets-de-testosterone-96673.html">sur la performance sportive</a>. Pour ne pas être démasqué, ce médecin a même fait <a href="https://www.skysports.com/more-sports/cycling/news/21683/12131838/dr-richard-freeman-denies-putting-his-own-ambition-before-the-safety-of-riders">disparaître les preuves</a> en sa possession en prétextant diverses raisons (premier ordinateur soi-disant volé, deuxième ordinateur détruit par lui-même pour cause de mal-être, troisième ordinateur inaccessible et messages supprimés sur son téléphone portable pour cause de cession).</p>
<p>Enfin, le coach <a href="https://www.youtube.com/watch?v=NLfbqqAEKwo">Alberto Salazar</a> associé au docteur Jeffrey Brown ont été suspendus quatre ans par l’agence antidopage états-unienne (USADA), le 30 septembre 2019, pour avoir enfreint plusieurs règles contre les <a href="https://www.usada.org/sanction/aaa-panel-4-year-sanctions-alberto-salazar-jeffrey-brown/">fake perfs</a>. Ce scandale éclaboussa <a href="https://fortune.com/longform/nike-running-win-at-all-costs-book-matt-hart/">Nike</a>, le premier équipementier sportif au monde, et son PDG de l’époque Mark Parker. Plusieurs expériences interdites à visée performative sur des athlètes ont été réalisées dans leur centre d’entraînement (NOP) ce qui provoqua la <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/11/athletisme-nike-arrete-l-oregon-project-apres-la-suspension-pour-dopage-de-salazar_6015086_3242.html">fermeture de celui-ci</a>. Acculés, le coach et le PDG affirmèrent que leurs essais avaient été menés pour éviter qu’une personne malintentionnée ne contamine <a href="https://www.lalsace.fr/sport/2019/10/02/affaire-salazar-pourquoi-nike-est-eclabousse-par-le-scandale">leurs propres athlètes</a>.</p>
<p>Résultat des courses, le retour sur investissement des excuses du docteur Richard Freeman et du coach Alberto Salazar et consorts s’avère mirifique. Effectivement, aucun de leurs protégés n’a été déclaré <a href="https://www.spe15.fr/salazar-et-freeman-dopeurs-dathletes-fantomes/">fake performeur à ce jour</a>.</p>
<h2>Un traitement inopérant</h2>
<p>La sous-estimation des fake performeurs et des producteurs de fake performeurs est une <a href="https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-sport/20121209.RUE4102/un-sportif-de-tres-haut-niveau-est-forcement-intelligent.html">grave erreur d’appréciation</a>.</p>
<p>Trois membres de l’agence française de lutte contre le dopage (AFLD) en ont fait <a href="https://www.dalloz-actualite.fr/flash/diffamation-deux-ans-apres-faits-j-ai-un-sentiment-d-une-tres-grande-violence#.YDEUo-gzbIU">l’amère expérience</a> lors du contrôle inopiné de l’athlète Clémence Calvin au Maroc qui s’est soldé par <a href="https://sport.francetvinfo.fr/antidopage-clemence-calvin-definitivement-deboutee-par-le-conseil-detat">sa fuite puis sa condamnation</a>. Quand un contrôle intervient dans la fenêtre de détection, les fake performeurs savent sur-le-champ que leur carrière sportive est en grand danger donc ils ne lésineront sur aucun moyen pour la sauvegarder.</p>
<p>Dans ce contexte, la force anticipatrice de leurs excuses crédibilise leurs mensonges et désarçonne le plus grand nombre au bénéfice du doute. Avec un grand sang-froid, certains d’entre eux atteignent les <a href="https://psycnet.apa.org/record/1976-27199-001">sommets de l’escalade de l’engagement</a>. Paradoxalement, cela peut leur rapporter plus ou moins gros en obtenant l’annulation ou la réduction de leurs sanctions.</p>
<p>Deux réalités consternantes révèlent l’incapacité de traiter le syndrome de l’excusite aiguë dans le milieu sportif. Premièrement, les nombreuses exceptions aux règles tuent les règles. <a href="https://www.wada-ama.org/fr/ressources/le-code/code-mondial-antidopage">En théorie</a>, </p>
<blockquote>
<p>« Il incombe personnellement aux sportifs de s’assurer qu’aucune substance interdite ne pénètre dans leur organisme. Les sportifs sont responsables de toute substance interdite ou de ses métabolites ou marqueurs dont la présence est décelée dans leurs échantillons. Par conséquent, il n’est pas nécessaire de faire la preuve de l’intention, de la faute, de la négligence ou de l’usage conscient de la part du sportif pour établir une violation des règles antidopage en vertu de l’article 2.1. »</p>
</blockquote>
<p>Dans les faits, combien de décisions ont scrupuleusement respecté cette règle fondamentale ? Deuxièmement, le pourcentage de fake performeurs effectivement sanctionnés <a href="https://www.wada-ama.org/sites/default/files/resources/files/2017_adrv_report.pdf">(entre 0 % et 1 %)</a> par rapport au pourcentage de fake performeurs dans la nature <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40279-014-0247-x">(entre 14 % et 39 %)</a> met en évidence un écart abyssal.</p>
<h2>Comment le soigner autrement ?</h2>
<p>Le syndrome de l’excusite aiguë dans le milieu sportif perdure parce qu’il bénéficie de conditions propices à son développement. Ne jamais perdre de vue qu’il faut être deux pour danser le tango.</p>
<p>Jusqu’à preuve du contraire, l’entreprise du raccourci est présente dans <a href="https://www.europe1.fr/emissions/linterview-de-5h40/dopage-il-y-a-une-omerta-dans-le-football-assure-jean-pierre-verdy-4036511">tous les sports</a> et partout dans le monde. La sophistication des fake performeurs et des producteurs de fake performeurs exige que la lutte contre les fake perfs soit également <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/00207727008920220">sophistiquée</a> et ce n’est pas le cas.</p>
<p><a href="https://lequotidien.lu/sport-national/dopage-aucun-athlete-licencie-au-luxembourg-controle-positif-en-2020/">Le laxisme ambiant</a>, la non-indépendance de l’agence mondiale antidopage <a href="https://www.insidethegames.biz/articles/1103313/michael-ask-guest-blog">(AMA)</a>, la fracture actée de la <a href="https://www.sportsintegrityinitiative.com/will-roda-replace-wada-in-2021/">gouvernance mondiale</a> et la corruption de <a href="https://www.20minutes.fr/sport/2964011-20210128-dopage-prostituees-parties-chasse-pots-vin-comment-russie-achete-ancien-president-federation-biathlon">fédérations sportives internationales</a> entre autres permettent de saisir pourquoi le rapport de force entre le côté lumineux et le côté obscur tend irrémédiablement vers le sacro-saint statu quo.</p>
<p>Comment faire alors ? Dans le domaine des fake perfs, les beaux mots sont vides donc il convient de se fier aux actions effectivement menées dans la durée pour croire encore en quelque chose. Depuis 2017, l’unité d’intégrité de l’athlétisme (AIU) combat en son sein les dérives dont les fake perfs, indépendamment de la fédération internationale d’athlétisme (WA).</p>
<p><a href="https://www.theguardian.com/sport/blog/2021/jan/18/athletics-66-doping-bans-showcase-a-winning-way-other-sports-should-follow">Le remarquable tableau de chasse</a> de cette petite unité aux moyens financiers limités s’explique par le fait qu’ils emploient des <a href="https://www.lequipe.fr/Athletisme/Actualites/Brett-clothier-directeur-de-l-agence-antidopage-athletics-integrity-unit-nous-avons-carte-blanche/1224556">moyens sophistiqués</a> pour lutter d’égal à égal. Si tous les sports se dotaient d’une telle structure indépendante, on pourrait commencer à comparer le comparable et le grand public découvrirait médusé le véritable paysage des fake perfs <a href="https://www.cyclingweekly.com/news/racing/cycling-moves-down-sports-doping-list-three-places-to-8th-with-18-recorded-cases-in-2020-489189">par sport et par pays</a>. Finalement, qui sont les premières victimes du syndrome de l’excusite aiguë ? Non pas les personnes atteintes de cette pathologie mais les athlètes intègres, une majorité silencieuse et négligée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/158441/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fabien M. Gargam ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Quand un sportif est pris la main dans le sac de la tricherie, il est forcé de s’excuser, mais comment peut-il faire ?Fabien M. Gargam, Assistant Professor of Management, Renmin University of China et Chercheur Associé, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1293832020-02-16T16:31:47Z2020-02-16T16:31:47ZDopé : un qualificatif trouble véhiculant le bien et le mal<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/315284/original/file-20200213-11023-1le7r2z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5551%2C3150&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nageur en pleine action. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/JjUyjE-oEbM">Gentrit Sylejmani/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le qualificatif dopé cache bien son jeu. Sa signification est directement compréhensible alors que son sens est insaisissable dans l’absolu. Pour y parvenir, il faut connaître le contexte au sein duquel il est employé. En fonction de celui-ci, dopé passe d’un extrême à l’autre entre le bien et le mal. La coexistence des deux sens opposés de ce mot sans aucune frontière apparente pose un problème de fond, celui de leur contamination réciproque. Au regard du rapport de force déséquilibré entre les deux, examinons la contamination de la connotation négative par la connotation positive du qualificatif dopé.</p>
<h2>Un dopage positif</h2>
<p>Le qualificatif dopé possède une connotation très positive dans la société, si l’on exclut le milieu sportif. Voici trois illustrations parmi tant d’autres qui décrivent une chose stimulée, boostée, améliorée par l’intermédiaire d’un moyen licite.</p>
<ul>
<li><p>Dans le domaine automobile, <a href="https://www.numerama.com/vroom/579648-peugeot-e-2008-nos-premieres-impressions-sur-le-suv-urbain-dope-a-lelectrique.html">Peugeot</a> a dopé son modèle thermique 2008 avec une nouvelle version intégralement électrique.</p></li>
<li><p>Dans le domaine boursier, <a href="https://www.abcbourse.com/marches/facebook-dope-par-l-analyse-de-deutsche-bank_490847">Deutsche Bank</a> a dopé la valeur de l’action Facebook suite à la diffusion de son communiqué favorable.</p></li>
<li><p>Dans le domaine territorial, la <a href="https://www.sudouest.fr/2019/12/12/la-ligne-d-a-dope-le-foncier-6949313-10414.php">ville de Bordeaux</a> a dopé la valeur du foncier via sa nouvelle ligne D du tramway.</p></li>
</ul>
<h2>Un dopage négatif</h2>
<p>Le qualificatif dopé possède une connotation très négative dans le milieu sportif. Voici trois illustrations parmi tant d’autres qui sous-entendent un individu stimulé, boosté, amélioré par l’intermédiaire d’un moyen illicite.</p>
<ul>
<li><p>En athlétisme, le compagnon de sa mère aurait dopé la coureuse <a href="https://www.20minutes.fr/sport/athletisme/2663427-20191129-dopage-ophelie-claude-boxberger-dopee-insu-compagnon-mere">Ophélie Claude-Boxberger</a>.</p></li>
<li><p>En natation, l’entraîneur australien de <a href="https://www.20minutes.fr/sport/natation/2571891-20190726-mondiaux-tout-fait-dire-dope-assure-entraineur-sun-yang">Sun Yang</a> assure que son protégé chinois n’est pas dopé.</p></li>
<li><p>En <a href="https://www.lerugbynistere.fr/news/pays-de-galles-gatland-soupconne-un-de-ses-joueurs-de-setre-dope-1511191152.php">rugby</a>, l’ancien entraîneur du pays de Galles pense que l’un de ses joueurs s’est peut-être dopé.</p></li>
</ul>
<h2>Frontières poreuses entre le bien et le mal</h2>
<p>Les êtres humains sont instruits et pensent majoritairement en silos tandis que le monde actuel fonctionne et évolue selon une logique transversale. Dans la société excepté le milieu sportif, les gens associent le qualificatif dopé à une information positive et à une action recherchée concernant une chose. À l’opposé dans le milieu sportif, les gens l’associent à une information négative et à un acte répréhensible concernant un individu. </p>
<p>Étant donné que le milieu sportif représente une part infime de la société et qu’il n’existe aucune ligne de démarcation visible entre les deux, on ne peut pas occulter le risque élevé de contamination du sens négatif par le sens positif du terme. Ce phénomène n’est pas anodin et tout porte à croire qu’il opère déjà.</p>
<h2>Comment éviter la fâcheuse confusion ?</h2>
<p>Il est quasiment impossible pour les gens de percevoir de manière diamétralement opposée le qualificatif dopé selon le domaine concerné. Pour ne plus se faire aspirer par ce double sens trompeur, il serait bénéfique de ne plus employer dopé au sens négatif du terme, c’est-à-dire ne plus l’utiliser dans le milieu sportif. Qui plus est, la lutte antidopage se trouve en proie à de grandes difficultés pour diverses raisons. L’une d’entre elles réside dans la tolérance voire la permissivité des pratiques dopantes dans certains sports et certains pays. </p>
<p>En effet, certaines entités sportives n’ont pas signé le Code mondial antidopage (exemple : <a href="https://www.basketusa.com/news/580437/la-nba-et-le-dopage-une-politique-des-tres-petits-pas/">NBA</a>) et certains pays ne disposent pas des <a href="http://www.xinhuanet.com/english/2020-01/01/c_138671850.htm">infrastructures nécessaires</a> donc l’harmonisation n’est pas d’actualité pour le moment. Cela représente une grave entorse aux valeurs nobles du sport, fausse les compétitions sportives et porte préjudice aux athlètes qui respectent scrupuleusement les règles en vigueur. Face à cette injustice sportive, le changement de mot pourrait déclencher une prise de conscience salutaire par rapport à la réalité de la chose.</p>
<h2>Parlons de fake performeurs et non plus de sportifs dopés</h2>
<p>Les athlètes confondus pour pratiques dopantes sont connus du grand public parce que les médias relaient les sanctions rendues. Néanmoins, les sportifs dopés sanctionnés reconnaissent rarement leurs responsabilités par rapport aux faits qui leur sont reprochés. Par conséquent, de nombreuses personnes restent partagées entre leur culpabilité et leur innocence. Ce sentiment mitigé bénéficie aux tricheurs et pénalise les athlètes intègres.</p>
<p>Une clarification digne de ce nom s’impose donc logiquement. Au préalable, il est essentiel de rappeler que la charge de la preuve incombe à la lutte antidopage et que le doute bénéficie toujours aux athlètes présumés dopés. Ces derniers disposent d’ailleurs d’un <a href="https://theconversation.com/sportifs-dopes-mais-pas-dopes-comment-remedier-a-ce-non-sens-124050">arsenal conséquent</a> pour être innocentés. Si finalement ils sont accusés de pratiques dopantes, le doute n’a plus lieu d’exister.</p>
<p>Il y a un an, j’ai introduit le concept de « fake perfs » pour exprimer la finalité du dopage qui n’est en fait qu’un moyen. Le nouveau concept de « fake performeurs » possède trois particularités.</p>
<ul>
<li><p>Il prolonge naturellement l’idée de « fake perfs ».</p></li>
<li><p>Il fait disparaître le doute relatif au terme « dopé » mêlant le bien et le mal.</p></li>
<li><p>Il qualifie explicitement une conduite déviante et sanctionnable.</p></li>
</ul>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/dopage-pourquoi-plutot-raisonner-a-partir-du-concept-de-fake-perfs-111387">Dopage : pourquoi plutôt raisonner à partir du concept de « fake perfs » ?</a>
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</p>
<hr>
<p>En guise de définition, les fake performeurs sont des sportifs qui ont triché en utilisant des substances et/ou des méthodes interdites. Ils peuvent enfreindre les règles en vigueur au-delà de l’aspect physiologique en mobilisant exclusivement ou en complément l’aspect technologique. Ce qualificatif s’emploie également au féminin et/ou au singulier : un·e fake performeur/performeuse. Par ailleurs, vu que la lutte s’exerce à l’échelle internationale, on peut utiliser fake performer(s) en anglais.</p>
<h2>Luttons contre les fake perfs et les fake performeurs</h2>
<p>Cela fait plus de 20 ans que l’Agence mondiale antidopage (AMA) a été fondée. Je considère cette période d’expérimentation suffisamment longue pour en tirer des enseignements. Au niveau langagier, les mots dopage et dopé ont opéré comme des circonlocutions qui ont ralenti le combat contre ce fléau. Il est urgent maintenant de monter en régime pour lutter avec plus de clarté. Comme le savent trop bien les rhétoriciens, les mots sont des armes en puissance. </p>
<p>Celui de fake perfs offre l’opportunité d’arrêter de tourner autour du pot et celui de fake performeurs, d’appeler un chat un chat. Espérons que les termes fake perfs et fake performeurs deviennent rapidement des armes de dissuasion massive pour faire progresser l’équité sportive au niveau mondial. En ce qui me concerne, je bannirai de mon langage autant que possible les mots dopage, dopé et leurs dérivés dès la publication de cet article.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/129383/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fabien M. Gargam ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>A l'inverse du sport où le qualificatif de dopé est connoté très négativement, dans de nombreux autres domaines, comme celui de la finance, ce même terme est positif. Faut-il utiliser un autre mot ?Fabien M. Gargam, Assistant Professor of Management, Renmin University of China et Chercheur Associé, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1318052020-02-13T21:20:44Z2020-02-13T21:20:44ZOh J.Lo ! Source d'inspiration ou de détresse pour les femmes d'âge mûr ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/315327/original/file-20200213-11023-4q3p5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Jennifer Lopez se produit lors du spectacle de la mi-temps du Super Bowl de la NFL, le 2 février 2020, à Miami.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/John Bazemore)</span></span></figcaption></figure><p>Maintenant que le Super Bowl et son spectacle de la mi-temps sont derrière nous, prenons quelques minutes pour réfléchir à ce que les performances étonnantes de Jennifer Lopez et Shakira signifient pour les femmes d’âge mûr.</p>
<p>J.Lo et Shakira, âgées respectivement de 50 et 43 ans, sont-elles une inspiration pour les femmes de plus de cinquante ans ? Ou placent-elles la barre si haute que celles-ci ont l’impression qu’elles devraient jeter l’éponge et abandonner ?</p>
<p>Alors que le monde se concentre sur leur apparence et sur la question de savoir si leurs performances instrumentalisaient les femmes et <a href="https://variety.com/2020/film/awards/jennifer-lopez-super-bowl-shakira-sexy-halftime-show-critics-video-1203497513/">étaient « trop sexy »</a> pour les heures de grande écoute, je pense que les questions les plus intéressantes et les plus inspirantes se trouvent ailleurs.</p>
<p>Je veux dire, oui, les deux femmes sont belles, mais ce sont aussi des artistes professionnelles avec toute une équipe qui se consacre aux costumes, à la coiffure et au maquillage. Même avec cette équipe, il leur a fallu <a href="https://www.elle.com/beauty/a30744399/jlo-super-bowl-makeup-artist-scott-barnes/">10 heures pour se préparer</a>.</p>
<p>Et c’est en partie grâce à leur apparence qu’elles ont autant de succès. Il n’est donc pas surprenant que les deux femmes aient eu un look phénoménal.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314846/original/file-20200211-146720-1o8mjld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314846/original/file-20200211-146720-1o8mjld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314846/original/file-20200211-146720-1o8mjld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314846/original/file-20200211-146720-1o8mjld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314846/original/file-20200211-146720-1o8mjld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314846/original/file-20200211-146720-1o8mjld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314846/original/file-20200211-146720-1o8mjld.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Shakira et J.Lo se produisent pendant la mi-temps du Super Bowl à Miami.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Patrick Semansky)</span></span>
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<p>J.Lo et Shakira ont écrit leur propre spectacle et choisi leurs costumes. Osés ? On est au football. Ce n’est pas comme si les meneuses de claques portaient des peignoirs. Est-il possible qu’il y ait juste une <a href="https://hiplatina.com/super-bowl-too-sexy-racism/">touche de racisme dans ces critiques</a> ?</p>
<h2>A quoi ressemble une femme de 50 ans ?</h2>
<p>Le <em>New York Times</em> <a href="https://www.nytimes.com/2020/02/03/style/jennifer-lopez-super-bowl.html?fbclid=IwAR3WcW3GcL69P1EtJmtGCA4LV7-uoF3E8cr5g_V8prQbvSSi9zXW5NRYcOM">a écrit</a> à propos de la condition physique de J.Lo : « Eh bien, dimanche, Mme Lopez a montré au monde à quoi ressemble une femme de 50 ans – du moins sa version. »</p>
<p>Mais ce n’est pas seulement une question d’apparence. Je pense que nous pouvons tous faire la distinction entre les personnes qui gagnent leur vie en ressemblant à J.Lo et Shakira et celles qui ont d’autres types de carrières qui n’impliquent pas de se produire devant des millions de personnes.</p>
<p>En tant que spécialiste du féminisme, je pense que ce qui est vraiment intéressant, c’est que J.Lo et Shakira font partie d’une tendance de femmes en super forme qui maintiennent et poursuivent leur programme d’entraînement physique jusqu’à la cinquantaine et au-delà.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314843/original/file-20200211-146670-kpzurb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314843/original/file-20200211-146670-kpzurb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=755&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314843/original/file-20200211-146670-kpzurb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=755&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314843/original/file-20200211-146670-kpzurb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=755&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314843/original/file-20200211-146670-kpzurb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=949&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314843/original/file-20200211-146670-kpzurb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=949&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314843/original/file-20200211-146670-kpzurb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=949&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Aujourd’hui, June Cleaver troquerait peut-être ses perles contre des collants de course pour participer à des triathlons.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Flickr</span></span>
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<p>Les possibilités de ce que nous pouvons faire dans la quarantaine, la cinquantaine et la soixantaine ont changé. C’est une source d’inspiration et un message positif pour les femmes. Ce n’est pas du tout une question de regard, mais de force et de résilience.</p>
<p>Il fut un temps où l’on supposait qu’après 40 ans, tout se dégradait physiquement pour les femmes – après tout, les années de procréation sont révolues. Mais ce n’est pas vrai.</p>
<p>Une de mes amies a récemment partagé des photos de ses tantes, prises alors qu’elle-même était enfant. Âgées dans la quarantaine et la cinquantaine, elles étaient habillées comme des grand-mères qui vont à l’église, avec des perles et des chapeaux. Aujourd’hui, les femmes de cet âge portent plutôt des collants de course et assument leur célibat.</p>
<h2>Les femmes plus âgées prennent le relais de la course</h2>
<p>Les femmes plus âgées, en fait, sont la relève de la communauté des coureurs. Elles forment le groupe démographique <a href="https://globalsportmatters.com/health/2019/08/05/running-older-running-better-miles-add-up-to-more-resilient-women/">qui connaît la plus forte croissance</a>. Selon l’application de course Strava, les femmes dans la quarantaine <a href="https://www.theguardian.com/lifeandstyle/shortcuts/2019/apr/22/why-are-middle-aged-marathon-runners-faster-than-twentysomethings">sont plus rapides lors des marathons que les femmes dans la vingtaine</a>.</p>
<p>Lorsque ma collègue Tracy Isaacs et moi-même avons écrit notre livre <a href="https://greystonebooks.com/products/fit-at-mid-life"><em>Fit at Midlife : A Feminist Fitness Journey</em></a>, nous n’arrêtions pas de découvrir des histoires d’athlètes féminines faisant de remarquables progrès en compétition alors qu’elles étaient âgées dans la quarantaine.</p>
<p>Kristin Armstrong, par exemple, n’a commencé à faire du vélo de compétition qu’à l’âge de 27 ans et a décroché des médailles d’or olympiques à 43 ans. Elle est la cycliste féminine américaine la plus décorée de tous les temps et la meilleure contre-la-montre de l’histoire du sport. (<a href="http://www.kristinarmstrongusa.com/about#new-page-2">Elle a remporté trois médailles d’or olympiques, six championnats nationaux aux États-Unis et a été deux fois championne du monde</a>.)</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314823/original/file-20200211-146696-29mffm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314823/original/file-20200211-146696-29mffm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314823/original/file-20200211-146696-29mffm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314823/original/file-20200211-146696-29mffm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314823/original/file-20200211-146696-29mffm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314823/original/file-20200211-146696-29mffm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314823/original/file-20200211-146696-29mffm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Kristin Armstrong grimpe une colline lors de la finale de la course cycliste féminine sur route aux Jeux olympiques d’été de 2016 à Rio de Janeiro, au Brésil.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Patrick Semansky)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Et puis il y a la coureuse canadienne Lori-Ann Muenzer, qui a participé aux Jeux olympiques de 2004 à l’âge de 38 ans et a remporté l’or sur piste.</p>
<p>Parmi les plus âgés, on trouve de nombreux seniors impressionnants, dont la triathlonienne de 89 ans Sister Madonna Buder, surnommée la « Nonne de fer ».</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/314825/original/file-20200211-146682-1ld2nlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314825/original/file-20200211-146682-1ld2nlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314825/original/file-20200211-146682-1ld2nlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=827&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314825/original/file-20200211-146682-1ld2nlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=827&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314825/original/file-20200211-146682-1ld2nlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=827&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314825/original/file-20200211-146682-1ld2nlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1039&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314825/original/file-20200211-146682-1ld2nlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1039&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314825/original/file-20200211-146682-1ld2nlb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1039&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Sœur Madonna Buder est vue au Championnat du monde de triathlon Ironman à Hawaï en 2007. Elle avait 77 ans à l’époque.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Elaine Thompson)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Buder a participé à plus de 340 triathlons et 45 Ironman complets, qui nécessitent de nager près de quatre kilomètres, de faire 180 kilomètres à vélo et de courir plus de 42 kilomètres.</p>
<p>Si vous préférez lever des poids plutôt que les sports d’endurance, vous pouvez vous tourner vers Ernestine Shepherd comme source d’inspiration. C’est une culturiste américaine qui a été, à un certain moment, la plus vieille culturiste féminine de compétition au monde.</p>
<p>À 83 ans, Shepherd ne fait plus de compétition, mais elle continue à s’entraîner tous les jours.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/314826/original/file-20200211-146708-8rh7ft.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/314826/original/file-20200211-146708-8rh7ft.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/314826/original/file-20200211-146708-8rh7ft.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/314826/original/file-20200211-146708-8rh7ft.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/314826/original/file-20200211-146708-8rh7ft.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/314826/original/file-20200211-146708-8rh7ft.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/314826/original/file-20200211-146708-8rh7ft.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/314826/original/file-20200211-146708-8rh7ft.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Olga Kotelko, alors âgée de 93 ans, se prépare à lancer le marteau lors d’une séance d’entraînement sur une piste à Surrey, en Colombie-Britannique, en mai 2012.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Jonathan Hayward</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il y a aussi <a href="https://well.blogs.nytimes.com/2014/02/10/seeking-the-keys-to-longevity-in-what-makes-olga-run/">Olga Kotelko</a>, une Canadienne qui pratiquait l’athlétisme. Elle détient plus de 30 records du monde et a remporté plus de 750 médailles d’or dans sa catégorie d’âge de 90 à 95 ans pour la compétition des maîtres.</p>
<p>Elle est décédée en 2014 à l’âge de 95 ans.</p>
<h2>Les artistes et les athlètes</h2>
<p>Mais revenons à J.Lo et à Shakira.</p>
<p>Ces femmes sont des artistes très créatives et elles ont offert un spectacle étonnant. Ce sont aussi des danseuses et des athlètes, et nous pouvons admirer ce qu’elles savent faire sans se prendre la tête sur leur apparence et leurs vêtements.</p>
<p>Quand j’ai regardé J.Lo glisser sur la scène et sauter à nouveau pour continuer à danser, c’était comme si je regardais des athlètes olympiques donner le meilleur d’eux-mêmes pendant une compétition. Le fait que J.Lo puisse encore performer à ce niveau à 50 ans donne de l’espoir à tous ceux et celles qui veulent continuer à progresser – dans la quarantaine et au-delà.</p>
<p>Ces excellentes performances ne devraient pas rebuter les femmes et les empêcher de faire de l’exercice, pas plus que les cyclistes olympiques ne devraient nous inciter à arrêter de faire du vélo.</p>
<p>Personnellement, je suis impressionnée par la <a href="https://www.womenshealthmag.com/fitn">routine d’entraînement de J.Lo</a> et j’espère que Shakira et elle continueront à se produire pendant longtemps encore.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131805/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Samantha Brennan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Athlète, danseuse et artiste, le fait que J.Lo puisse encore performer à ce niveau à 50 ans donne de l'espoir à toutes celles qui veulent continuer à progresser - dans la quarantaine et au-delà.Samantha Brennan, Professor and Dean | College of Arts, University of GuelphLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.