tag:theconversation.com,2011:/us/topics/colloque-auf-2019-76929/articlescolloque AUF 2019 – The Conversation2019-10-24T16:52:24Ztag:theconversation.com,2011:article/1252772019-10-24T16:52:24Z2019-10-24T16:52:24ZUniversité et ville durable : quels liens ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/298555/original/file-20191024-170484-c6lxnf.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1327%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le roi inaugure l'université Mohammed VI.</span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte s’inscrit dans une série d’articles autour de la thématique « Universités et ville durable », sujet du colloque de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) qui se tient les 21 et 22 octobre 2019 à Dakar, avec plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, maires, et experts en urbanisme dans le monde francophone.</em></p>
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<p>Par la nature de ses services, de ses objectifs et de son influence au sein de la société, l’université est censée jouer un rôle pionnier en termes de responsabilité sociale. Elle doit donc tout naturellement contribuer à la promotion de la ville durable.</p>
<p>Depuis des décennies, de nombreux changements structurels, que l’on décrit souvent comme le résultat de la mondialisation, de la société d’information, ou encore de l’essor du paradigme de la durabilité, transforment notre façon d’acquérir, de distribuer et de transformer le savoir. L’ensemble de ces mutations devrait, en principe, renforcer les liens entre l’université et ses territoires.</p>
<p>La grande transformation, aujourd’hui, est liée au rôle de l’<a href="https://www.cairn.info/revue-savoirs-2014-1-page-9.htm">économie de la connaissance</a>. Elle est devenue l’un des <a href="https://journals.openedition.org/emam/1316">objectifs majeurs affichés par les pouvoirs publics</a>, convaincus qu’elle représente une promesse de développement économique des territoires durables.</p>
<h2>L’université, un acteur majeur pour impulser les changements</h2>
<p>Les nouvelles formes organisationnelles composées des universités, des centres de recherche et de formation, des laboratoires, des entreprises et des organisations professionnelles génèrent une dynamique productive qui influence directement ou indirectement la qualité fonctionnelle de la ville durable.</p>
<p>Globalement, la relation entre université et territoire durable peut être appréhendée selon différents registres interdépendants et complémentaires :</p>
<ul>
<li><p>L’attractivité : comment la présence d’une université peut-elle avoir un impact positif sur l’attractive d’une ville ?</p></li>
<li><p>L’inscription dans son environnement : quel est le statut social, économique et politique dévolu à la fonction éducative dans ses rapports avec d’une part, les schèmes cognitifs et culturels de son époque et, d’autre part, le contexte urbain et territorial où cette fonction se déploie ?</p></li>
<li><p>L’urbanité : comment les nouvelles universités peuvent-elles être des ferments d’activités scientifiques et économiques et des germes d’urbanité et de civilité ?</p></li>
<li><p>La coopération : quelles formes des systèmes de coopération qui associent les acteurs universitaires et les acteurs territoriaux (coopération, méfiance…) ?</p></li>
</ul>
<p>Il va sans dire que l’utopie de la ville durable au sens large (productive, connectée, inclusive, planifiée et résiliente) ne peut être réalisée que dans la mesure où l’université joue pleinement son rôle.</p>
<p>Dès lors, la responsabilité sociale de l’université (RSU) confère aux établissements d’enseignement supérieur toute la légitimité nécessaire pour se positionner en tant qu’acteurs développeurs en matière de fabrication de la ville durable.</p>
<h2>La responsabilité sociale de l’université</h2>
<p>Les universités et leurs laboratoires de recherche jouent un rôle majeur dans de nombreux projets ayant des applications dans les énergies renouvelables, le stockage de l’énergie, les services et technologies innovants.</p>
<p>Les travaux de ces établissements donnent des résultats concrets en matière de mobilité durable, de protection de l’environnement, de création de nouveaux outils pour la transition énergétique et écologique, d’optimisation et d’intégration des infrastructures et des réseaux urbaines, etc.</p>
<p>Toutefois, la relation ville/université demeure conditionnée à un certain nombre de facteurs déterminants. Il s’agit, en l’occurrence, de l’autonomie des universités, de la régulation entre les acteurs (entre le niveau central et les niveaux locaux), de la volonté politique, de la concurrence entre les universités, mais aussi entre les territoires, etc.</p>
<p>Au niveau urbanistique, l’implantation des unités universitaires supérieures d’excellence structure l’espace. Il est donc logique que les outils de planification urbaine les intègrent dans le tissu urbain. Les universités doivent remplir non seulement une fonction de formation et d’enseignement, mais aussi se positionner comme facteur de développement social, économique et spatial.</p>
<p>L’espace universitaire, quelle que soit son importance, doit être considéré aujourd’hui comme un agent de production du sol urbain et de gestion urbaine. Les universités qui adoptent cette posture peuvent le faire à de multiples échelles de la ville, de l’échelle du bâtiment à celle de l’agglomération. Le tout s’opère dans un processus continu allant de la conception du projet à la gestion globale de la ville.</p>
<p>Dans ce cadre, l’espace universitaire peut servir d’élément phare d’un projet urbain partagé entre les différents acteurs de la ville. Cette inscription volontariste, comme parti d’aménagement, transforme l’univers universitaire en un espace public multidimensionnel où la mixité des fonctions urbaines prend le dessus.</p>
<h2>Le cas du Maroc</h2>
<p>Le secteur de l’enseignement supérieur au Maroc compte actuellement 12 universités composées de 129 établissements répartis sur 34 préfectures et provinces à travers le territoire du Royaume.</p>
<p>Récemment, le département de l’Enseignement supérieur a opté pour la révision de la carte universitaire, dans le cadre de la politique de proximité et de l’égalité des chances. Cette révision vise à créer un équilibre au niveau de l’offre universitaire entre les régions.</p>
<p>À titre d’exemple, la forte demande enregistrée au sein de la région de Casablanca-Settat a poussé les responsables du département de l’Enseignement supérieur à prévoir l’ouverture d’un établissement à Sidi Bennour ainsi que la création d’un Master en sciences du sport à Settat.</p>
<p>Le renforcement de l’offre concernera aussi la ville d’Agadir, avec l’ouverture d’une faculté des sciences juridiques, économiques et sociales à Aït-Melloul en vue de réduire la forte pression qui est exercée sur l’université d’Ibn Zohr et pour faire face aux contraintes de l’encadrement administratif et pédagogique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/297924/original/file-20191021-56224-ngeaqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/297924/original/file-20191021-56224-ngeaqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=262&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/297924/original/file-20191021-56224-ngeaqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=262&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/297924/original/file-20191021-56224-ngeaqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=262&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/297924/original/file-20191021-56224-ngeaqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=329&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/297924/original/file-20191021-56224-ngeaqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=329&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/297924/original/file-20191021-56224-ngeaqk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=329&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La faculté des sciences juridiques, économiques et sociales à Aït-Melloul, qui fait partie de de l’université Ibn Zohr d’Agadir, accueille 7 000 étudiants.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://fsjes-cuam.uiz.ac.ma/">Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales à Aït-Melloul</a></span>
</figcaption>
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<p>Par ailleurs, les établissements d’enseignement supérieur ainsi que les multiples instituts et centres de recherche sont impliqués dans les grands projets structurants du pays :</p>
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<li><p><a href="https://afrique.latribune.fr/entreprises/services/tourisme-et-loisirs/2017-08-22/tourisme-le-maroc-ressuscite-son-plan-azur-avec-la-station-balneaire-lixus-747651.html">« Plan AZUR »</a> : plan de positionnement du tourisme au Maroc ;</p></li>
<li><p><a href="http://www.maroc.ma/fr/content/plan-maroc-vert">« Plan Maroc vert »</a> ayant pour objectif de faire entrer l’agriculture marocaine dans une nouvelle ère « industrielle » ;</p></li>
<li><p><a href="https://www.diplomatie.ma/Portals/12/index_test/localhost/diploslack/10.html">« Plan émergence »</a> : développement de nouveaux métiers de délocalisation d’offshoring ;</p></li>
<li><p><a href="http://www.2m.ma/fr/plan-maroc-numeric/">« Maroc numérique »</a> : projet de promotion des technologies de l’information en tant que vecteur de développement de l’économie ;</p></li>
<li><p><a href="https://www.afd.fr/fr/le-plus-grand-complexe-solaire-thermodynamique-des-pays-du-sud-ouarzazate">« Noor »</a> : projet d’un complexe d’énergie solaire à Ouarzazate.</p></li>
</ul>
<p>L’université prend également toute sa place dans les Plans de Développement Régional (PDR) mis en œuvre dans les différentes régions du Royaume. Institution de production et de diffusion du savoir, elle constitue un maillon important dans la chaîne de valeurs de la région et un levier pour le développement de son capital immatériel. Plusieurs chantiers des PDR impliquent l’université comme acteur de leur réussite.</p>
<p>On l’aura compris, l’université peut être considérée comme un outil de promotion de la qualité urbaine de la ville durable. Elle peut contribuer à l’amélioration de ses qualités fonctionnelles et constitue assurément un moyen de perfectionnement et de rehaussement du niveau intellectuel et culturel des citoyens.</p>
<p>La durabilité d’une ville dépend largement de la capacité d’adaptation de son système universitaire à son nouveau rôle de catalyseur et de diffuseur de nouvelles idées et de nouveaux savoirs. Ce système universitaire doit être inséré dans la réalité territoriale à l’échelle de la ville, de l’agglomération et de la région.</p>
<p>Confrontés à la reconfiguration territoriale, à la volonté d’autonomie des universités, à la mutation de la société apprenante et aux évolutions sociétales, les établissements d’enseignement supérieur doivent apprendre à travailler différemment.</p>
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<p><em>Ce texte s’inscrit dans une série d’articles autour de la thématique <a href="https://www.colloqueannuel.auf.org/">« Universités et ville durable »</a>, sujet du colloque de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) qui se tient les 21 et 22 octobre à Dakar avec plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, maires, et experts en urbanisme dans le monde francophone.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125277/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Par la nature de ses services, ses objectifs, sa mission et son influence dans la société, l’université est censée jouer un rôle pionnier et impulser les changements pour une ville durable.Mohammed Hanzaz, Professeur d'urbanisme, Institut National d’Aménagement et d’Urbanisme de RabatAbdelfattah Rouchdi, Doctorant, Institut National d’Aménagement et d’Urbanisme de RabatLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1256552019-10-22T18:42:32Z2019-10-22T18:42:32ZLa mobilité durable, question centrale du développement urbain au Nord comme au Sud<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/298140/original/file-20191022-120690-1ufynt1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C999%2C5817%2C3845&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Organiser la ville pour agir sur les déplacements et limiter les émissions. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte s’inscrit dans une série d’articles autour de la thématique « Universités et ville durable », sujet du colloque de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) qui se tient les 21 et 22 octobre 2019 à Dakar, avec plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, maires, et experts en urbanisme dans le monde francophone.</em></p>
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<p>Comment penser aujourd’hui la mobilité pour anticiper ses effets à long terme ? Des effets désormais inscrits dans le contexte brûlant du changement climatique mis en évidence par les derniers <a href="https://www.ipcc.ch/reports/">rapports du GIEC</a> et les <a href="http://www.cnrs.fr/fr/les-deux-modeles-de-climat-francais-saccordent-pour-simuler-un-rechauffement-prononce">récentes analyses françaises</a> qui projettent, dans le pire des scénarios possibles, une augmentation des températures de sept degrés à l’horizon 2100.</p>
<p>Les villes du monde, quelle que soit leur localisation – dans les pays développés, émergents ou en développement – sont mises au pied du mur et contraintes de réfléchir à des solutions efficientes afin de contenir ces dérèglements climatiques.</p>
<p>Elles occupent, en effet, 3 % des terres émergées, représentent <a href="https://www.un.org/fr/">80 % de la production</a> économique mondiale et génèrent à elles seules plus de <a href="https://theconversation.com/villes-et-emissions-de-co-pourquoi-il-nous-faut-des-donnees-plus-fiables-94618">70 % des émissions</a> de gaz à effet de serre. En 2050, d’après les estimations de la Banque mondiale, la <a href="https://theconversation.com/les-acteurs-locaux-premiers-architectes-des-villes-du-xxi-siecle-99914">population des zones urbaines</a> devrait représenter deux tiers de la population mondiale. Comme le soulignait, dès 2015, John Wilmoth, le directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales des Nations unies : « La gestion des zones urbaines est devenue l’un des défis de développement les plus importants du XXI<sup>e</sup> siècle ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"999479882357903366"}"></div></p>
<h2>Croissance urbaine chaotique</h2>
<p>Comment planifier le développement urbain pour améliorer la performance économique et la qualité de vie des villes tout en réduisant les émissions de GES ?</p>
<p>La croissance urbaine de ces dernières décennies s’est illustrée par une expansion non planifiée et non structurée engendrant une augmentation notable des distances moyennes de déplacement (<a href="https://www.citepa.org/fr/">+13 % entre 1990 et 2017</a> en France) et de la circulation automobile (+39 % depuis 1990 en France) qui, malgré une amélioration constante de la performance environnementale des véhicules, ne semble pas pouvoir compenser l’accroissement des kilomètres parcourus et ses effets induits sur la croissance exponentielle des GES.</p>
<p>Il semble aujourd’hui difficile de parvenir à une baisse drastique des émissions à court terme, c’est-à-dire, d’après le <a href="https://www.ipcc.ch/sr15/">rapport d’octobre 2018 du GIEC</a>, de l’ordre d’une diminution de 50 % des GES pour maintenir un réchauffement à 1,5 °C à l’horizon 2030, sans une rupture forte en matière d’énergie, de transport, d’usage du sol ou des bâtiments.</p>
<p>Contenir le réchauffement en dessous de 2 °C signifie que chaque Français n’émette pas plus de 2 tonnes de CO<sub>2</sub> par an tous secteurs confondus (transport, logement, loisirs, etc.), contre <a href="https://www.gouvernement.fr/indicateur-emprunte-carbone">plus de 10 tonnes</a> actuellement. Or, pour réaliser un déplacement, un Français émet déjà, en moyenne, 3 tonnes de CO<sub>2</sub> par an. Le secteur du transport apparaît donc comme le levier sur lequel il est urgent d’agir pour lutter contre le changement climatique.</p>
<p>La rupture doit ainsi porter sur les pratiques de mobilité et, principalement, sur la diminution du recours à la voiture particulière. Notons que 60 % des <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/2019022">déplacements domicile-travail</a> sont inférieur à un kilomètre en France, la moitié des salariés travaillant à moins de 8 km de chez eux.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-mobilite-lautre-determinant-des-inegalites-119356">La mobilité, l'autre déterminant des inégalités</a>
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<h2>Le rôle de l’urbanisme</h2>
<p>Des solutions existent afin de favoriser le report modal : développement d’infrastructures de transport collectif efficientes, évolution de la gouvernance des autorités organisatrices de la mobilité afin de faciliter l’intermodalité entre les transports urbains et interurbains (création de syndicats mixtes par exemple), aménagement des espaces dédiés aux vélos, gratuité des transports, télétravail ou encore mobilités servicielles.</p>
<p>L’urbanisme doit, également, jouer un rôle important en générant de nouveaux rapports à la ville afin de réduire la mobilité subie par les individus. Dans son ouvrage <a href="https://www.ladocumentationfrancaise.fr/catalogue/9782110091017/index.shtml"><em>La Ville cohérente</em></a>, Jean‑Pierre Orfeuil, professeur émérite à l’École d’urbanisme de Paris (Université Paris Est), proposait de rapprocher activités, habitat et infrastructures afin de réduire la portée des déplacements quotidiens ; ou bien de réguler les vitesses en passant du « plus vite moins cher » au <a href="http://www.fondapol.org/etude/yves-crozet-les-transports-et-le-financement-de-la-mobilite/">« moins vite, plus près »</a>.</p>
<p>La répartition spatiale des fonctions et des activités urbaines influence les comportements de mobilité par une diversité dans les usages du sol et un partage équilibré entre les emplois et les résidences. La variété des emplois au sein d’une zone doit, ainsi, permettre le développement des déplacements à portée locale.</p>
<p>Les restrictions de circulations telles que les péages urbains préconisés en expérimentation dans la loi Grenelle (2010) mais rejetés par <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/projet-loi-mobilites">loi d’orientation des mobilités de 2019</a> ou le stationnement peuvent, également, contribuer à infléchir les changements de comportement.</p>
<p>Enfin, un autre élément, et non des moindres, pourrait être de donner un signal-prix pour inciter les ménages à consommer moins de pétrole. Toutefois, comme l’ont montré les <a href="https://theconversation.com/comment-reconcilier-taxe-carbone-et-pouvoir-dachat-111019">événements de l’automne 2018</a> en France, cette solution semble encore loin d’être acceptée par la société. Pourquoi ? Peut-être parce que, d’une part, le poids des dépenses en transport des ménages qui représente en moyenne 14,4 % de leur budget ne cesse d’augmenter, notamment en transport individuel entraînant, ainsi, une hausse du coût individuel de la voiture devenue, désormais, irréversible.</p>
<p>D’autre part, une hausse du coût du carburant ne peut pas être imputée à l’ensemble de la population sans distinction de revenus alors qu’il existe des différences drastiques entre les ménages. En effet, en pourcentage du revenu des foyers, le poids des dépenses énergétiques représente 15 % en moyenne pour les 20 % les plus pauvres et 6 % pour les 20 % les plus riches. Les carburants représentant respectivement <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/3589066">4,6 % et 2,4 %</a>. Ainsi, comme le <a href="https://www.alternatives-economiques.fr/prix-carburants-contradictions-sociales-surmontables/00086912">préconise l’économiste Jean Gadrey</a>, pour être efficient, « le signal-prix doit s’intégrer à des politiques plus systémiques des transports, de la mobilité et de l’utilisation de l’espace ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1064927509949632512"}"></div></p>
<h2>Se loger en ville</h2>
<p>Les chiffres relatifs à la variation des prix du logement dans les aires urbaines françaises sur les dix dernières années révèlent un accroissement de <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4139646">près de 100 %</a>, réduisant ainsi de manière très significative l’accès au logement pour de nombreux ménages.</p>
<p>Par conséquent, les ménages les plus modestes et les classes moyennes sont largement amenés à s’éloigner des centres urbains pour se loger et en particulier pour accéder à la propriété. Ce phénomène de relégation entraîne des effets négatifs sur les mobilités des ménages concernés : allongement des distances et des temps de trajet et, par conséquent, augmentation des coûts induits par la mobilité quotidienne d’autant que les territoires périurbains et éloignés des centres impliquent une plus grande dépendance automobile. Les ménages se trouvent ainsi confrontés à une vulnérabilité accrue face aux coûts du logement et de la mobilité.</p>
<p>Cette vulnérabilité se définit au regard d’une part du risque d’isolement social – limitation de l’accès aux aménités et diminution possible des déplacements de loisirs ou de visite – et d’autre part du risque de pauvreté directement lié aux coûts cumulés de logement et de déplacement.</p>
<p>D’après les travaux de recherche de Damase Ngouma (conduits en 2018 sur des quartiers précaires de Brazzaville en République du Congo), ce même phénomène semble s’opérer dans les métropoles d’Afrique subsaharienne, caractérisées par une croissance urbaine s’accompagnant du développement des espaces périphériques de taille de plus en plus importante. On peut observer, ainsi, une « périphérisation des couches moins aisées » sans toutefois succomber à la généralisation de ce phénomène étant donné que, comme on peut l’observer dans les espaces périphériques des métropoles françaises telles que Bordeaux par exemple, ces espaces accueillent une population hétérogène allant des catégories modestes aux plus aisées.</p>
<p>Par conséquent, des solutions similaires peuvent être proposées afin de répondre à ces problématiques de vulnérabilités des populations qui se posent à la fois dans les villes des pays du Sud et du Nord.</p>
<p>Il s’agit d’accompagner les politiques publiques dans leur maîtrise foncière et immobilière afin de favoriser l’accès au logement des villes-centres pour toutes les catégories de population et ainsi atténuer les phénomènes de relégation et de choix de localisation contraints.</p>
<p>Il convient également de proposer des solutions intégrées entre besoins et usages par une offre de transport efficiente et une organisation spatiale des fonctions et des activités urbaines permettant d’influer sur les comportements de mobilité. La diversité dans les usages du sol doit conduire à un partage équilibré de l’espace entre les lieux d’emplois et les lieux de résidence afin de faciliter les déplacements de portée locale. Ainsi, cela permettra-t-il de pouvoir envisager la mise en place de modes de transport alternatifs ou complémentaires à la voiture particulière et donc d’infléchir le niveau des émissions de polluants et de GES.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125655/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ghislaine Deymier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Comment planifier le développement urbain pour améliorer la performance économique et la qualité de vie des villes tout en réduisant les émissions de GES ?Ghislaine Deymier, Maître de conférences, amenagement de l’espace, urbanisme, Université Bordeaux MontaigneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1253502019-10-21T20:11:12Z2019-10-21T20:11:12ZLe fab lab à l’université peut inspirer la ville de demain<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/297665/original/file-20191018-56242-1f26d3m.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C64%2C1128%2C716&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le fab lab au Cnam Lavbz a été lancé dans la salle historique dite des « textiles ».</span> <span class="attribution"><span class="source">Yvan Boude</span></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte s’inscrit dans une série d’articles autour de la thématique « Universités et ville durable », sujet du colloque de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) qui se tient les 21 et 22 octobre 2019 à Dakar, avec plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, maires, et experts en urbanisme dans le monde francophone.</em></p>
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<p>En un siècle, l’humanité a gagné plus de 5 milliards d’individus, passant de 2 à 7 milliards : plus de la moitié vit <a href="https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19150/482.fr.pdf">désormais en ville</a>.</p>
<p>Or cet apport massif d’urbains doit se loger, travailler, se déplacer, se former.</p>
<p>Dans ce contexte, comment les villes peuvent-elles prendre plus de responsabilités et lesquelles, face à la fois à la globalisation de l’économie et l’urgence climatique ? De plus, la décentralisation politique implique une autonomisation des autorités locales qui s’accompagne d’une <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/metropolisation">dynamique de métropolisation</a>, désignant « le mouvement de concentration de populations, d’activités, de valeur dans des ensembles urbains de grande taille ».</p>
<p>C’est dans ce cadre général que s’expriment les notions de ville durable ou ville intelligente.</p>
<h2>Une promesse d’émancipation</h2>
<p>Le questionnement sur la ville durable renvoie assurément à la relation entre l’homme et la nature, débat initié depuis le Siècle des lumières, puis consolidé par Jean Jacques Rousseau, et qui reste d’actualité.</p>
<p>Toutefois, ce débat s’est déporté sur la ville, alors qu’en réalité c’est toujours de la nature de l’homme dont il s’agit. La ville n’est qu’une construction sociale. C’est dans cet espace organisé et agencé que les idées de bien-être sont nées et ont construit par utopies successives des conditions de vie alliant progrès techniques aux progrès sociaux.</p>
<p>Ainsi, la question de fond n’est-elle pas de savoir si la ville durable est la nouvelle promesse d’émancipation pour l’humanité ? Si telle est le cas, qu’en est-il du vivre ensemble ? Déjà en 2007, Cyria Emelianoff <a href="https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2007-3-page-48.htm">posait cette question de fond</a> : « L’urbanisme moderne avait tenté d’incarner un idéal d’égalité entre les hommes. L’urbanisme durable n’a pas franchi le cap d’une recomposition du vivre ensemble »</p>
<h2>Veut-on vivre ensemble ?</h2>
<p>Vivre ensemble. Ces mots symbolisent à eux seuls le dessein de la ville, voire le destin de la ville que l’on retrouvera traduit dans des documents d’urbanisme.</p>
<p>Le vivre ensemble serait la capacité de réunir des populations différentes sur un même espace et de pouvoir les faire cohabiter avec pacifisme et bien-être, une cohabitation des entre- soi en quelque sorte.</p>
<p>La ville matérialiserait ainsi les utopies du vivre ensemble, bien que de nombreuses cités ont été (sont ?) exclusives socialement, économiquement, religieusement…</p>
<p>En ce début de XXI<sup>e</sup> siècle, veut-on vivre ensemble ? Des « gated communities » à la résidentialisation des parcs de lotissements locatifs ou privatifs, les illustrations ne manquent pas à travers le monde suggérant que les habitants ne veulent pas du vivre ensemble. L’article de <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00110078/document">Renaud Le Goix</a> sur « La dimension territoriale de la séparation sociale dans les <em>gated communities</em> en Californie du Sud » reste ainsi d’actualité sur les effets de ségrégation résidentielle induit par ce type d’espace urbain.</p>
<p>Reposant souvent sur un sentiment d’insécurité, pour des raisons fondées ou non, le vivre ensemble ne fait pas l’unanimité. En revanche, les pouvoirs publics, garants de l’intérêt général, œuvrent à mettre en action le vivre ensemble dans les documents de planification dans une conception de mixité sociale.</p>
<p>Pourtant, des expériences menées à partir des technologies laissent un espoir de nouvelles solidarités ou d’espaces de rencontre.</p>
<h2>Le fab lab académique comme modèle</h2>
<p>Le cas des fab lab, bien qu’il soit un signal faible, paraît représentatif d’un mouvement plus général qui introduit des nouveaux rapports sociaux.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/un-fab-lab-ca-sert-a-quoi-76765">Dans ces fab lab</a> convergent des technologies des loisirs vers des technologies de production.</p>
<p>Cela entremêle des rapports sociaux précédemment distincts. Ceci témoigne d’un changement en cours.</p>
<p>L’exemple des Fablabs académiques, symboles d’une ville « intelligente » par les équipements qui s’y concentrent, en est une bonne illustration.</p>
<p>Un Fablab est un laboratoire de fabrication, dont le statut d’académique tient au fait qu’il se situe au sein d’une université. Comme dans un fab lab classique, on y trouve du matériel de fabrication de type découpeuse laser, imprimante 3D… Un matériel onéreux qui nécessite un accompagnement afin de les utiliser. Vu de loin, seuls les initiés peuvent prétendre y avoir recours pour un projet personnel, qu’il soit dans le cadre d’une activité professionnelle, d’un hobby ou d’un passe-temps.</p>
<p>Pourtant, l’ambition affichée par nombreux établissements supérieurs est que ces équipements puissent servir aux étudiants mais aussi à la société civile. À titre d’exemple, le <a href="https://www.fablabs.io/labs/fablabtsu">FabLab de l’université d’État de Tbilissi</a> en Géorgie avec ses 23 000 étudiants, se situe dans cette perspective d’ouverture.</p>
<p>Les partenaires publics, académiques et privés ont investi plus d’un million de Lari (400 000 euros) dans l’achat d’équipements technologiques et une centaine enseignants se sont embarqués dans le projet, dont un noyau dur de 34 professeurs.</p>
<p>Une forme de pédagogie académique en mode projet se met en place dont les thématiques se déclinent en fonction du projet. Bien sûr, l’idée en filigrane repose sur le fait de révéler un futur éventuel Steve Jobs, cofondateur d’Apple, Luke Nosek, cofondateur de Paypal ou Brian Chesky, cofondeur d’Airbnb.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/297662/original/file-20191018-56220-5wkrwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/297662/original/file-20191018-56220-5wkrwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/297662/original/file-20191018-56220-5wkrwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=326&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/297662/original/file-20191018-56220-5wkrwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=326&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/297662/original/file-20191018-56220-5wkrwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=326&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/297662/original/file-20191018-56220-5wkrwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=410&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/297662/original/file-20191018-56220-5wkrwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=410&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/297662/original/file-20191018-56220-5wkrwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=410&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Carte des fab lab, Tiblissi est un véritable « hub » en Géorgie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">FabLab Scool</span></span>
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<h2>La dimension sociale et urbaine du Fablab</h2>
<p>Fédérer un écosystème économique local, de surcroît innovant, reste une motivation première. Mais, indéniablement, il y a aussi une dimension sociale au fab lab académique qui est de créer un lien entre université, ville, habitants et usagers.</p>
<p>Dans le cas du Fablab académique de l’université de Tbilissi, cela se symbolise par un concours d’idées pour le développement de la ville de Tbilissi, dont une dizaine de projets était retenue par la ville en 2015. A titre d’illustration le fab lab de l’université de Tbilissi a soutenu un projet de fabrication de jouets en matière écologique.</p>
<p>Ces relations ville – université ne peuvent pas se faire sans une implication très forte du maire qui impulse une dynamique d’ouverture au sein de la municipalité et des services de la ville. Dans notre cas, Davit Narmania, avant de devenir maire de Tbilissi (2014–2017) fut professeur d’économie à l’université, puis ministre du Développement régional et des infrastructures (2012 et 2014).</p>
<p>Il est actuellement ambassadeur de Géorgie en Allemagne. Cet élément souligne que le volontarisme politique est une des conditions sine qua non de la réussite de ce type d’expériences. L’un des objectifs affichés, que ce soit pour la ville ou l’université, est bien sûr la création d’emplois et le fab lab académique est l’espace désigné pour créer les conditions d’accompagnement à ces créations.</p>
<p>L’expérience géorgienne se retrouve dans de nombreux Fablab académiques. En France le Conservatoire National des Arts et Métiers a l’ambition d’ouvrir un Fablab académique <a href="http://labz.cnam.fr">CNAM-LabZ</a> dans une salle classée au titre de monument historique (la salle des textiles).</p>
<p>L’idée est d’offrir un espace dans le cœur de la métropole parisienne qui permette des rencontres entre chercheurs, auditeurs, startuppers mais aussi ouvert à des publics n’ayant pas le niveau académique prérequis pour entrer à l’université mais ayant des projets. Une vocation qui vient confirmer l’une des missions historiques du CNAM depuis 200 ans : <em>Docet omnes et ubique</em> (Il enseigne à tous et partout).</p>
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<p><em>Ce texte s’inscrit dans une série d’articles autour de la thématique « Universités et ville durable », sujet du <a href="https://www.auf.org/nouvelles/agenda/colloque-annuel-2019-de-lauf-lenseignement-superieur-developpement-urbain/">colloque de l’Agence universitaire de la Francophonie</a> (AUF) qui se tient les 21 et 22 octobre à Dakar avec plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, maires, et experts en urbanisme dans le monde francophone.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125350/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>SCHIRRER Maxime est expert auprès de la commission permanente des Villes innovantes de l'Association Internationale des Maires Francophones.</span></em></p>La ville n’est qu’une construction sociale. Dans ces espaces naissent des utopies améliorant les conditions de vie,comme l’illustre le cas des fab lab académiques.Maxime Schirrer, Maître de conférences, Responsable du Master Territoires EPN 11 Territoires, chercheur au LIRSA (http://lirsa.cnam.fr ), Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1200452019-09-12T22:26:02Z2019-09-12T22:26:02ZDébat : Enseignement supérieur, replaçons la salle de cours au cœur de la cité !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/290882/original/file-20190904-175686-dqaf5v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C9%2C3761%2C2582&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Il faut ouvrir sur la ville les lieux traditionnels de connaissances - universités, laboratoires, bibliothèques.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-vector/business-team-brainstorm-idea-lightbulb-jigsaw-1260595711?src=-1-74">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte s’inscrit dans une série d’articles autour de la thématique « Universités et ville durable », sujet du colloque de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) qui se tient les 21 et 22 octobre 2019 à Dakar, avec plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, maires, et experts en urbanisme dans le monde francophone.</em></p>
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<p>Les infrastructures de l’Internet ont fourni un support à un rêve déjà ancien, celui de diffuser la connaissance au plus grand nombre. Mais l’ambition des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Science_ouverte">sciences ouvertes</a> ne se limite pas aux questions d’accès que de nouveaux moyens techniques et juridiques facilitent un peu plus chaque jour. Si elles visent à faire circuler les résultats de recherche de manière bien plus fluide, il s’agit aussi d’agir en amont, en rendant la recherche plus participative.</p>
<p>L’idée est de ne pas envisager les citoyens comme de simples sujets de recherche mais également comme des partenaires des chercheurs. D’ailleurs, les initiatives de science citoyenne se propagent rapidement à travers le monde, que cela soit pour <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-018-07106-5">collecter des données</a> ou pour les analyser, parfois à travers des <a href="https://www.nature.com/news/victory-for-crowdsourced-biomolecule-design-1.9872">dispositifs ludiques</a>.</p>
<p>Ce mouvement invite à s’interroger sur la bipartition entre l’enseignement et la recherche. Les étudiants n’ont-ils pas aussi un rôle à jouer dans la construction de « communs » pédagogiques ? Dans le prolongement des sciences ouvertes et citoyennes se dessinerait aussi une « éducation ouverte ».</p>
<p>C’est l’une des hypothèses centrales de la <a href="https://www.researchgate.net/publication/333673834_Vers_une_education_ouverte_Faire_reflexivite_et_culture_pour_une_education-recherche">note</a> <em>Vers une éducation ouverte : Faire, réflexivité et culture pour une éducation-recherche</em>, qui vient d’être publiée par le think tank Research Group Collaborative Spaces (RGCS), à partir de huit expériences innovantes menées dans l’enseignement supérieur, dans des contextes assez différents – universités, écoles de management, écoles d’ingénieurs.</p>
<h2>Décloisonner les cours</h2>
<p>Promouvoir une éducation ouverte suppose d’abord de décloisonner les systèmes, en rendant les lieux traditionnels de connaissances – universités, laboratoires, bibliothèques – plus ouverts, plus transparents et plus mobiles dans la ville. La question de l’accès sans discrimination ni barrière d’âge ou de statut est centrale.</p>
<p>Dans le cours « Transformations du travail et numérique » donné à l’Université Paris-Dauphine, par exemple, il n’y a plus ni début ni fin de cours. L’enseignement est ouvert aux anciens et aux personnes tout simplement intéressées par le thème abordé. Il met en œuvre de nombreuses parties prenantes, étudiants, chercheurs, entrepreneurs, mais aussi makers, activistes, slashers, artistes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/porter-la-pedagogie-hors-les-murs-une-experience-en-master-de-management-109316">Porter la pédagogie hors les murs : une expérience en master de management</a>
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<p>La production de connaissance dépasse les frontières temporelles et spatiales habituelles, avec notamment la diffusion du cours via des outils numériques (blogs, Twitter, articles en ligne). Le cas « Open walked event-based experimentations » (OWEE) montre qu’on peut s’appuyer également sur des démarches qui pourraient paraître anciennes. Pourquoi ne pas monter des « learning expeditions » dans la rue et sur les places publiques pour créer des narrations pédagogiques plus incertaines, et donc plus ouvertes à de véritables rencontres ?</p>
<h2>S’emparer de questions de société</h2>
<p>Le deuxième enjeu pour l’enseignement est de rester fortement connecté à la société et à ses réalités contemporaines. La co-création de connaissances et l’implication dans la cité permettent de retrouver du sens et de participer à la résolution de défis environnementaux et sociétaux.</p>
<p>Les approches par projets ou par défis doivent permettre de réintroduire l’engagement citoyen au cœur des raisons pour lesquelles on étudie.</p>
<p>Le cours « Public factory » de l’IEP de Lyon illustre cette approche. Les projets qui structurent le cours sont tous des défis réels d’innovation publique, pour lesquels les résultats du travail des enseignants, des étudiants et des professionnels vont venir contribuer au bien public. La coopération étroite avec de grands professionnels du Design des politiques publiques, notamment la <a href="http://www.la27eregion.fr/">27ᵉ région</a>, est exemplaire d’une nouvelle manière de penser la pédagogie.</p>
<h2>Démarches exploratoires</h2>
<p>Enfin, il faut renforcer la capacité de l’éducation à aller au-delà des murs. Il faut pouvoir sortir, s’impliquer dans un tissu urbain, marcher pour penser, sentir et comprendre. Cela demande aussi de repenser les espaces et la forme scolaire et universitaire, de remettre une articulation entre extérieur et intérieur, de s’approprier les nouveaux espaces et de coopérer avec les tiers lieux et de repenser la proximité.</p>
<p>Par exemple le cours « Innovation and cooperative projects » de Yncréa Hauts-de-France se déroule au cœur d’un site en reconversion où les étudiants sont amenés à se nourrir des espaces urbains pour alimenter leurs réflexions. Le groupe passe autant de temps à l’extérieur qu’à l’intérieur, dans une démarche exploratoire, en prenant des photos, en interviewant des passants, en allant dans des start-up et des entreprises.</p>
<p>Cette philosophie de réappropriation des lieux, dans une démarche d’ouverture, de mise en commun des ressources et des connaissances est aussi celle qui nourrit le vaste mouvement des tiers lieux qui se développe en France, avec des projets comme la <a href="http://hauts.tiers-lieux.org/compagnie-des-tiers-lieux/">Compagnie des tiers lieux</a>.</p>
<h2>Réintroduire du commun</h2>
<p>À partir de ces expérimentations, on peut dégager quelques propositions à destination des chercheurs et décideurs politiques afin d’évoluer vers une « éducation ouverte ».</p>
<p>La première piste serait de réintroduire du commun dans le service public d’enseignement supérieur. Chaque enseignant pourrait par exemple mettre 25 % de son forfait au service de communs de connaissances sur son territoire – ce qui reviendrait à enseigner, expérimenter, faciliter, médiatiser au sein de tiers lieux et d’espaces collaboratifs proches de son université.</p>
<p>Cela pourrait se faire sur une base volontaire et à partir d’une liste de lieux constituée de façon émergente et non validée a priori par une commission ou un acteur public. D’aucuns objecteront que dans une situation de sous-effectifs et de moyens de plus en plus limités, une telle proposition est peu réaliste. C’est que selon nous, la vision actuelle oppose trop un « dedans » à former à un « dehors » auquel s’adapter alors que ces deux parties se recouvrent.</p>
<p>Il faut former de façon permanente et discontinue, au-delà d’une logique définitive de diplomation. Une partie importante de l’enseignement supérieur s’est construite soit dans la logique de la formation initiale, soit dans celle de la formation exécutive ou encore dans la perspective de l’apprentissage. Avec l’augmentation de la durée de vie, le développement de la pluriactivité, l’engagement associatif, la multiplication des discontinuités de vie, ces délimitations sont devenues largement caduques.</p>
<h2>Publier avec les étudiants</h2>
<p>Enfin, il faudrait revenir sur la dichotomie entre enseignement et recherche, qui a des effets particulièrement néfastes. Les sciences ouvertes et citoyennes pourraient favoriser une véritable éducation-recherche où la mise en commun des connaissances serait plus que jamais le fait de nos étudiants, bien accompagnés par des enseignants-chercheurs qui co-publieraient parfois à leur côté et développeraient des interfaces de traduction et d’impact sur leurs recherches.</p>
<p>L’éducation ouverte n’est pas un phénomène nouveau. Cependant, les sciences ouvertes et citoyennes, leurs infrastructures, leurs pratiques et leurs valeurs constituent des vecteurs d’opportunités nouvelles. Les nouveaux collectifs de recherche, les coopératives, les espaces collaboratifs, les tiers lieux, les plates-formes ouvertes sont autant d’acteurs qui peuvent jouer un rôle dans la création de processus et d’entre-mondes nouveaux.</p>
<p>Dans des contextes de crise du sens au travail, de chômage structurel encore important, de grave crise écologique, de menaces démocratiques, de perte de créativité dans les pratiques et les formes managériales, il devient urgent de saisir cette opportunité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/120045/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François-Xavier de Vaujany est président du réseau académique RGCS (<a href="http://rgcs-owee.org/">http://rgcs-owee.org/</a>)</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Amélie Bohas est membre du réseau académique RGCS (<a href="http://rgcs-owee.org/">http://rgcs-owee.org/</a>). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Olivier Irrmann est membre du réseau académique RGCS (<a href="http://rgcs-owee.org/">http://rgcs-owee.org/</a>).</span></em></p>Après les sciences participatives, qui mobilisent des citoyens dans des projets de recherche, l’« éducation ouverte » lance de nouvelles passerelles entre enseignement supérieur et société.François-Xavier de Vaujany, Professeur en management & théories des organisations, Université Paris Dauphine – PSLAmélie Bohas, Maître de Conférences en Sciences de Gestion, Aix-Marseille Université (AMU)Olivier Irrmann, Professor of Innovation Management and Codesign, YncréaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1205402019-08-21T05:42:24Z2019-08-21T05:42:24ZLa nature ne doit plus être l’oubliée des projets d’aménagement urbain<p><em>Ce texte s’inscrit dans une série d’articles autour de la thématique « Universités et ville durable », sujet du colloque de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) qui se tient les 21 et 22 octobre 2019 à Dakar, avec plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, maires, et experts en urbanisme dans le monde francophone.</em></p>
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<p>Comme de nombreuses villes exposées à des risques croissants – raréfaction de l’eau, canicules, risques d’inondations – la ville de Paris et plus largement la région Île-de-France se tournent vers des solutions fondées sur la nature afin de s’adapter aux impacts du changement climatique. </p>
<p>La maire Anne Hidalgo a ainsi récemment proposé par exemple <a href="http://www.leparisien.fr/paris-75/anne-hidalgo-nous-allons-creer-de-la-foret-urbaine-sur-4-sites-emblematiques-a-paris-13-06-2019-8092620.php">la création de forêts urbaines</a> et de <a href="http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-voici-la-cour-de-recre-du-xxie-siecle-plus-fraiche-et-plus-ecolo-29-08-2018-7869402.php">cours d’école végétalisées</a>. Ces initiatives ont été vivement critiquées peu après leurs annonces, taxées d’<a href="http://www.leparisien.fr/paris-75/forets-urbaines-anne-hidalgo-critiquee-pour-son-opportunisme-electoral-14-06-2019-8093334.php">opportunistes</a> à l’approche des municipales de 2020.</p>
<p>Or, les épisodes de canicule comme ceux vécus par les Franciliens fin juin et <a href="https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/07/25/avec-41-c-enregistre-a-la-mi-journee-paris-bat-son-record-absolu-de-chaleur_5493345_1652612.html">fin juillet</a> – avec un record de chaleur à 42,6°C à Paris – replacent logiquement l’objectif de réduction des îlots de chaleur au cœur des préoccupations des citoyens, des politiques, mais aussi des journalistes qui en soulignent les effets néfastes sur le bien-être des populations. À ces deux reprises, l’attention médiatique s’est ainsi portée sur les moyens de faire face à de tels épisodes, en répertoriant par exemple les îlots de fraîcheur de Paris dans lesquels les <a href="https://www.apur.org/fr/nos-travaux/parcours-ilots-fraicheur-paris">espaces verts urbains</a> jouent un rôle prépondérant.</p>
<p>Opportunisme électoral ou pas donc, il existe un besoin bien réel qui tend à s’accentuer, de conserver et de développer les espaces de nature en ville. D’une part, car que le changement climatique <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-vagues-de-chaleur-intenses-sont-appelees-a-se-repeter-80250">aggrave l’occurrence et l’intensité des événements extrêmes</a> – à la fin du siècle l’épisode de canicule de 2003 sera <a href="http://www.meteofrance.fr/actualites/39861264-canicule-et-changement-climatique">devenu une norme</a> – et d’autre part parce que le <a href="https://www.un.org/development/desa/fr/news/population/2018-world-urbanization-prospects.html">nombre d’urbains</a> et de <a href="http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/09/23/entre-2000-et-2030-espace-urbain-mondial-geographie-biodiversite/">surfaces urbanisées</a> ne cessent d’augmenter. </p>
<p>Alors pourquoi attendre des situations extrêmes pour s’intéresser à la thématique de la nature en ville ? </p>
<h2>Les bienfaits des espaces de nature en ville</h2>
<p>Tout au long de l’année, les espaces de nature rendent de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Service_%C3%A9cosyst%C3%A9mique">multiples services</a>. Leur effet rafraîchissant, de mieux en mieux reconnu, permet aux citadins un <a href="https://www.iau-idf.fr/fileadmin/NewEtudes/Etude_1105/NR_662_web.pdf">meilleur confort thermique</a> et de réduire la consommation de climatisation. Les <a href="http://www.lefigaro.fr/sciences/canicule-pic-de-la-consommation-estivale-d-electricite-en-france-metropolitaine-20190627">pics de consommation d’énergie</a>, comme ceux observés fin juin et <a href="http://www.lefigaro.fr/flash-eco/canicule-le-record-estival-de-consommation-d-electricite-battu-mercredi-20190724">fin juillet</a>, sont alors moins fréquents et le rejet de chaleur dans les rues par les systèmes de climatisation, qui aggrave l’effet de la canicule, moins important.</p>
<p>Mais les services rendus par les espaces de nature en ville vont bien au-delà du rafraîchissement. Ils jouent un rôle dans la protection contre les inondations, offrent l’opportunité de pratiquer des activités récréatives, et fournissent des habitats pour accueillir de la biodiversité en ville à l’heure de la <a href="https://www.ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr">sixième extinction</a> massive des espèces. </p>
<p>L’ensemble de ces services a des impacts positifs non négligeables sur la qualité de vie des citadins en termes de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1523-1739.2011.01685.x">liens sociaux</a>, de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0169204617301536">santé physique</a> et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24320055">mentale</a>, de <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2458-14-477">développement cognitif</a> chez les enfants, ou encore de <a href="https://www.fullerlab.org/wp-content/uploads/2018/10/Cox-et-al-2018.pdf">réduction de l’anxiété</a>. Malgré tout, plusieurs barrières scientifiques, organisationnelles, institutionnelles ou symboliques subsistent pour ancrer de manière durable et efficace l’ingénierie écologique, qui aide à organiser la production de services écosystémiques en ville, dans les politiques d’aménagement urbain. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"893918706849521668"}"></div></p>
<h2>Des bienfaits qui dépendent du contexte</h2>
<p>L’efficacité des services rendus par un espace de nature en ville dépendra de sa position géographique, du type d’espace dont il s’agit – une toiture végétalisée aura peu d’effet rafraîchissant sur la température dans une rue, contrairement aux arbres d’alignement – ou encore de sa gestion – dans une zone ombragée, l’effet rafraîchissant de la végétation diminue si elle n’est pas suffisamment arrosée. Sa localisation influence son fonctionnement écologique et physique, et donc sa capacité à produire un service.</p>
<p>Par ailleurs, un service peut être rendu à une échelle très locale, via le rafraîchissement par la végétation par exemple ou, au contraire, à une échelle régionale, en améliorant la qualité de l’eau via le service de filtration généré par les habitat naturels, voire globale en régulant le climat mondial par le stockage et la séquestration du carbone. </p>
<p>Plusieurs verrous scientifiques existent concernant ces aspects spatiaux. Les connaissances nécessaires pour représenter finement le fonctionnement des écosystèmes et alimenter les pratiques d’ingénierie écologique sont encore incomplètes, même si de récents projets en France comme à l’international améliorent ces informations.</p>
<p>Le <a href="https://idefese.wordpress.com/">projet Idefese</a> pour la région Ile-de-France vise par exemple à identifier l’évolution historique et la distribution d’une dizaine de services écosystémiques tels que la production d’îlots de fraîcheur, la filtration des polluants, la production alimentaire ou la fourniture de services récréatifs. Il vise aussi à évaluer comment ces services écosystémiques vont évoluer au regard de différents scénarios d’aménagement du territoire franciliens pour les trente ans à venir. Le projet <a href="https://renaturefoundation.nl/">ReNature</a> à Malte et <a href="https://naturalcapitalproject.stanford.edu/">The Natural Capital Project</a> de l’Université de Stanford – avec plusieurs cas d’étude à travers le monde – sont d’autres exemples de projets de recherche sur ce sujet qui intéresse de plus en plus un large public. </p>
<p>La modélisation des multiples services rendus par différents espaces de nature demeure encore rare, mais permettrait de déterminer où les établir pour optimiser leur efficacité. En particulier l’évaluation des services produits selon des changements d’usage des sols, de morphologies des villes devrait aujourd’hui pouvoir être la norme plus que l’exception dans un monde où l’on recherche de plus en plus des solutions fondées sur la nature. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1135281141051777024"}"></div></p>
<h2>Adapter ces espaces aux usages des habitants</h2>
<p>Outre ces questionnements, l’enjeu principal est de déterminer les usages de la nature en ville pour comprendre les attentes et les besoins des différentes populations bénéficiaires. À cet égard, équité et justice sociale devraient être considérées à l’heure de choisir où développer de nouveaux espaces de nature en ville.</p>
<p>Historiquement, le déploiement de ces espaces a eu tendance à privilégier certains résidents – notamment les plus aisés – par rapport à d’autres, accentuant les <a href="https://static1.squarespace.com/static/552ec5f5e4b07754ed72c4d2/t/5c38e74d4fa51a9c461bb7f8/1547233103440/Keeler+et+al.+2019+Nature+Sustainability.pdf">disparités sociales</a>. Reste à savoir comment caractériser un critère d’équité pour prioriser les enjeux de développement/conservation des espaces de nature en ville. Doit-il s’appuyer simplement sur le revenu ou considérer d’autres dimensions socio-économiques de bien-être comme le niveau d’inclusion sociale, le niveau d’éducation ou encore des indicateurs de santé (comme préconisé dans le <a href="https://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/094000427.pdf">rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social</a>) ? Ici encore, un enjeu scientifique de caractérisation des indicateurs multidimensionnels de justice sociale et environnementale apparaît. </p>
<h2>Des barrières institutionnelles à lever</h2>
<p>Si la connaissance scientifique s’améliore rapidement, souvent accompagnée d’outils opérationnels, rien n’indique que l’aménagement urbain aura effectivement recours à ces instruments dans les années à venir. </p>
<p>Nombre de facteurs peuvent au contraire jouer en défaveur d’investissement dans la nature en ville : la portée juridique des documents d’aménagement, leurs ambiguïtés, le contrôle de leur application, les incompatibilités entre différents documents, leur multiplicité ou encore la manière dont la sphère publique peut s’en saisir pour influencer les décisions. </p>
<p>On l’observe notamment dans le cas de l’artificialisation, pour laquelle les forces structurelles démographiques et économiques <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/03/13/l-artificialisation-des-sols-progresse-meme-sans-pression-demographique-et-economique_5435447_3244.html">ne peuvent expliquer seules sa dynamique</a>. Les acteurs qui orientent les stratégies d’aménagement et édictent les règles d’urbanisme interagissent avec les acteurs « opérationnels » qui sont soumis à ces règles, et il en résulte une influence mutuelle. Ainsi, de multiples projets peuvent conduire à une modification de la règle censée s’appliquer aux projets. À titre d’exemple, le projet du campus de Paris-Saclay échappe aux règles usuelles de l’urbanisme car il s’agit d’une opération d’intérêt national qui est porté par l’exécutif au plus haut niveau. Les documents sont « ajustés » pour que le projet puisse avoir lieu dans les meilleures conditions. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1088713454272294913"}"></div></p>
<p>Notre <a href="https://idefese.files.wordpress.com/2019/08/rapport_idefese1_2019_cadredecisionnel.pdf">expérience en Île-de-France</a> semble indiquer que les règles d’aménagement issues des documents d’urbanisme peuvent être « négociables », et ces négociations se font en particulier au détriment de l’environnement. Des arguments tels que le nombre de personnes à loger ou à transporter seront toujours dominant lorsqu’ils seront mis dans la balance avec des arguments environnementaux. Ceci est renforcé par un imaginaire collectif, notamment chez les élus, opposant souvent protection de l’environnement et développement économique. </p>
<h2>Un levier politique</h2>
<p>Les plans d’aménagement urbain permettent aujourd’hui de mieux prendre en compte la nature (<a href="https://www.iledefrance.fr/competence/schema-directeur-region">le SDRIF pour le cas de l’Île-de-France</a>), mais les politiques publiques pourraient être beaucoup plus ambitieuses. </p>
<p>Pourquoi ne pas se fixer des objectifs de production de services rendus par la nature pour la région Île-de-France, comme c’est le cas du CO2 ou de la consommation d’énergie dans les plans climat ? Cela permettrait l’émergence d’un secteur spécialisé sur ce sujet (allant de l’expertise pure à la pratique de l’ingénierie écologique à grande échelle) et de faire sauter au moins deux verrous : d’une part de sortir d’une vision en silo de l’environnement où la question de l’investissement dans la nature se fait à l’aune du secteur agricole, du secteur forestier ou du secteur de la gestion de l’eau ; d’autre part, cela permettrait de passer d’une logique d’atténuation d’impacts environnementaux liés aux activités d’aménagement à une vision stratégique de prise en compte des bienfaits de la nature sur la société pour penser l’aménagement.</p>
<p>Mais c’est peut-être du côté des citoyens et des associations environnementales que de nouvelles informations sur l’évolution et la distribution des services rendus par la nature en ville offrent le plus d’opportunités. Relayées et suivies, elles permettraient de renforcer les capacités des citoyens à mieux défendre et promouvoir la nature en ville, ou d’éveiller leur intérêt pour ces thématiques. L’information constituerait ici une clé pour la construction des argumentaires dans différentes arènes de débat public. </p>
<p>L’« acculturation » est essentielle au basculement vers une ville multidimensionnelle qui ne remplisse plus que les deux seules fonctions de logement et de travail. Le changement de mentalité pourrait même, qui sait, rendre acceptable le remplacement de logements par des espaces de nature plutôt que par d’autres logements ou zones d’activités.</p>
<hr>
<p><em>Lana Coste, étudiante à Agro ParisTech, a participé à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/120540/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Léa Tardieu a reçu des financements de l’Ademe, du MTES et d’AgroParistech. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Harold Levrel a reçu des financements de l’Ademe, du MTES et d’AgroParisTech. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Perrine Hamel a reçu des financements de la Marianne and Marcus Wallenberg Foundation. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Vincent Viguié a reçu des financements de l’Ademe. </span></em></p>Face à la multiplication des risques environnementaux, il est nécessaire d’introduire davantage de nature dans les villes pour tenter de les rendre plus résilientes.Léa Tardieu, Chercheuse post-doctorante, économie de l’environnement, AgroParisTech – Université Paris-SaclayHarold Levrel, Professeur, économie de l’environnement, AgroParisTech – Université Paris-SaclayPerrine Hamel, Senior scientist, the Natural Capital Project, Stanford UniversityVincent Viguié, Chercheur en économie du changement climatique au Cired, École des Ponts ParisTech (ENPC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1064132019-01-06T20:27:52Z2019-01-06T20:27:52ZTransports : comment désencombrer ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/244102/original/file-20181106-74751-8ll048.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C140%2C3019%2C2218&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/BXwbfuM0cdk">Fabrizio Verrecchia/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte s’inscrit dans une série d’articles autour de la thématique « Universités et ville durable », sujet du colloque de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) qui se tient les 21 et 22 octobre 2019 à Dakar, avec plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, maires, et experts en urbanisme dans le monde francophone.</em></p>
<hr>
<p>Nous sortons du monde de la quantité pour entrer dans celui du débordement. D’un côté, la raréfaction inexorable des lieux du « trop peu » – ces sanctuaires naturels comme l’Antarctique où l’eau, le sol, les êtres vivants sont en situation d’équilibre. De l’autre, la prolifération des espaces du « trop-plein » : concentration des sites de production et de consommation dans les nébuleuses métropolitaines, congestion des couloirs de transport maritime et terrestre.</p>
<p>Toute la géographie des échanges consiste ainsi à soutenir l’approvisionnement de concentrations de plus en plus gigantesques d’hommes, en facilitant leur circulation à travers des zones de resserrement des flux, les fameux « goulets d’étranglement » que nous enseignait une géographie scolaire désuète…</p>
<h2>L’encombrement liberticide</h2>
<p>Pour les habitants des métropoles, la mise en mouvement du monde a intensifié, engorgé, désordonné toute la vie. Dans les mégalopoles brésiliennes ou nigérianes, les hommes d’affaires se déplacent en hélicoptère pour fuir des cités dangereuses car obstruées. À ceux-ci le destin d’habiter le grouillement des <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Mangroves_urbaines-9782373680232.html">« mangroves urbaines »</a>. À ceux-là, un monde sans publicité, sans pollution, entre le bureau d’un gratte-ciel et la piscine d’une île tropicale, et pour support de mobilité, promis en 2023, le glissement feutré d’un taxi aérien Uber.</p>
<p>La surabondance, voilà le problème. L’encombrement métropolitain apparaît d’abord comme une limite à notre liberté de mouvement.</p>
<p>Le banlieusard a un destin paradoxal d’emprisonnement dans un mouvement de balancier perpétuel. Dans les grands gares et aéroports, symboles du <a href="https://www.fayard.fr/sciences-humaines/resister-au-bougisme-9782842055844">« bougisme »</a> contemporain – l’attroupement attire et effraie, l’embolie menace. Nous pestons contre les personnes dont le suicide entrave le passage des trains, contre les oublieux de leurs bagages qui paralysent l’embarquement.</p>
<p>Cette intensification de la mobilité métropolitaine peut-elle se régler par des choix rationnels, des innovations technologiques ou des arbitrages politiques ? Suffit-il de purger une circulation entravée pour rétablir une fluidité d’antan, plus nostalgique que réelle ?</p>
<p>Rien n’est moins sûr.</p>
<h2>Les réponses classiques ne sont plus opératoires</h2>
<p>La vulnérabilité des grands systèmes urbains aux risques d’encombrement est aujourd’hui parfaitement connue.</p>
<p>La paralysie routière et autoroutière constitue par exemple une <a href="https://www.airparif.asso.fr/pollution/emissions-ou-concentrations">source</a> de pollution chronique – et occasionne une surmortalité significative en Île-de-France. La congestion du trafic occasionne des <a href="https://utp.fr/system/files/201709_UTP_NoteEco_Externalites_du_domaine_des_transports.pdf">pertes économiques</a> en provoquant des ruptures de la chaîne logistique. La multiplication de situations « dégradées » – incidents techniques ou retards – dans le métro expose des foules immobilisées à d’autres risques (on pense aux potentielles attaques terroristes).</p>
<p>À ces situations, le secteur des transports propose deux parades.</p>
<p>Premièrement, pour freiner la demande de mobilité, les <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00717656/document">opérateurs créent de la rareté par le prix</a>, ou bien essaient <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01699034/document">d’étaler dans le temps</a> les pointes de trafic.</p>
<p>Ensuite, lorsque l’encombrement devient insupportable, ils augmentent la capacité (plus de trains, de gares, plus de kilomètres de réseaux) et redimensionnent le système de transport sur la pointe maximale. Cela revient à faire supporter l’investissement par la collectivité, via l’impôt qui pèse sur tous, des équipements de vaste dimension et donc coûteux qui ne sont utilisés à plein que quelques heures par jour par une fraction seulement des contribuables, les usagers des transports collectifs.</p>
<p>Ainsi, l’encombrement passe successivement d’une définition spatiale à une problématique temporelle pour aboutir à une question économique et budgétaire.</p>
<h2>L’exemple chinois</h2>
<p>Voyons ici le sujet avec davantage de distance géographique et partons à Shanghaï.</p>
<p>Deux fois plus peuplée que l’Île-de-France (24 millions d’habitants contre un peu moins de 12 millions) et avec une croissance urbaine et démographique <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/la-chine/corpus-documentaire/villes-nouvelles">accélérée</a>, les réseaux de transports en commun de cette mégalopole connaissent une affluence maximale chronique. Et pourtant, rien à voir avec le capharnaüm de Saint-Lazare à six heures du soir !</p>
<p>L’approche chinoise de la gestion des transports publics s’appuie sur une autre approche : la priorité, en Chine, est de réguler les comportements de chaque individu car seul un flux au débit régularisé permet d’éviter que les mouvements de montée et de descente des passagers ne se contrarient mutuellement.</p>
<p>Les Chinois utilisent leur culture ancestrale de l’<a href="http://www.sciences-faits-histoires.com/blog/archeologie/chine-decouverte-d-un-systeme-hydraulique-de-5100-ans.html">hydraulique</a> pour laisser s’écouler les foules.</p>
<p>Leurs choix architecturaux respectent les conditions d’un écoulement régulier à une vitesse parfaitement stabilisée. Les circulations verticales constituent ici un point crucial : chaque zone en amont d’un escalier mécanique est ainsi encadrée par deux barrières parallèles sur une dizaine de mètres, de manière à ce que les passagers forment deux files à la queue leu leu.</p>
<p>Autre technique de mécanique des fluides adaptée aux flux humains, la gestion des courbes qu’on envisage comme autant des méandres, sachant que l’objet en mouvement accentue à chaque virage sa convexité. Ainsi, le flux ralentit et se dilate avant de reprendre une densité et une vitesse homogènes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"938146736245161984"}"></div></p>
<h2>Omniprésente logistique</h2>
<p>On le voit avec l’exemple chinois, l’encombrement occidental n’est pas qu’une affaire de mauvaise planification. C’est aussi une question de culture.</p>
<p>Domestiquer les crues du Huang Ho ou endiguer les pointes de passagers dans le métro, c’est partir de la constitution laminaire des écoulements, que l’on conduit d’autant mieux qu’on les accompagne sans les contrarier.</p>
<p>Par effet retour, on mesure mieux nos préconceptions et présupposés d’Européens.</p>
<p>Malgré la <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Acc__l__ration-9782707154828.html">nouvelle importance</a> accordée à la logistique dans tous les pans de la vie, nous sommes héritiers de cadres de pensées et de modes de fonctionnement qui s’appuient sur des stocks. C’est évident dans le champ des transports. Nous plaçons dans des contenants (gares, salles d’attente, wagons) des marchandises ou des passagers ; nous misons sur le dimensionnement pour en stocker toujours plus si besoin.</p>
<p>Nous assumons aussi, comme présupposé, la monumentalité des lieux du transport. La gare du Nord à Paris en est un excellent exemple. Ce bâtiment, construit il y a 150 ans, est inadapté à l’explosion du trafic banlieue (plus de 360 000 passagers par jour). On le reconstruit sur lui-même en permanence : il y a 25 ans, on creuse une gare souterraine pour les RER ; en 1993, on restructure pour accueillir l’Eurostar.</p>
<p>Si le modèle chinois n’est peut-être pas transférable, il est, tout comme le nôtre, éminemment vulnérable. Nos métropoles, d’ici ou d’ailleurs, sont prises dans une constante avalanche d’interruptions, de situations dégradées devenues chroniques, de désordres.</p>
<p>L’encombrement est ainsi un fait de structure, autre mot pour dire la crise des très grandes villes.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le projet de rénovation de la gare du Nord sur les rails. (France 3/YouTube, 2018).</span></figcaption>
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<h2>L’encombrement des consciences</h2>
<p>Proposons une autre voie, en prenant l’encombrement sous l’angle énergétique ou cybernétique. Ici, la pression des piétons n’est plus qu’une des modalités de l’afflux et de l’amas, de la profusion et du désordre.</p>
<p>L’important aujourd’hui, ce sont les capacités humaines que nous mettons en jeu dans le fait de voyager ; nos capacités physiques (la marche) et nos performances cognitives (l’attention, le sens du repérage).</p>
<p>« Au lieu de mettre un sens interdit, qui donne bien l’idée qu’on n’a pas le droit d’y aller mais indique également qu’un chemin existe, on place un panneau voie sans issue. Cela nous a permis de faire baisser de 50 % le mauvais sens d’utilisation sur l’un de nos souterrains », souligne par exemple Alain Krakovitch, directeur général de SNCF Transilien, témoignant de l’utilisation croissante de stratégies d’incitation comportementale (appelées <a href="https://www.oxera.com/agenda/traffic-behavioural-nudges-reduce-congestion/"><em>nudges</em></a>) par les opérateurs.</p>
<p>Ces nouvelles techniques de guidage par les <em>nudges</em> prolifèrent et la saturation de signes annihile le doute, l’hésitation, la décision du voyageur ; la conscience et la volonté s’effacent de l’acte de se transporter. Le problème de l’encombrement se déplace dès lors du hall de gare au cerveau des usagers.</p>
<p>Chaque voyageur est soumis à une exigence contradictoire et paradoxale. On exige de lui une plus grande « cécité cognitive » dans des lieux plus ou moins agréables à traverser (couloirs tunnel) et, en même temps, une réceptivité totale aux messages extérieurs qui le guident et le contrôlent à distance.</p>
<p>Cette attention captive n’est pas un état stable, il s’agit plutôt d’une modulation, d’une fluctuation de la conscience.</p>
<p>La limite de la gestion de l’encombrement des gares pose la question suivante : les opérateurs vont-ils pouvoir maîtriser l’encombrement mental et limiter la complexité qui accompagne cette expérience contemporaine des mobilités urbaines ?</p>
<p>L’encombrement dans les transports nous renvoie à ce que l’aménagement suppose de rapports de pouvoir, de technologie du social, de capture de l’attention. C’est une obsession des ingénieurs que de transformer la foule, une masse informe et potentiellement dangereuse, en flux, c’est-à-dire en écoulement physique à débit égal.</p>
<p>Sans nécessairement pleurer la fin des temps morts du déplacement – avec ce qu’il y avait de contemplation et d’ennui dans l’expérience des voyages –, prenons garde à ne pas faire plus de bien que de mal avec la volonté de fluidifier les gares et les hubs par un pilotage à distance des corps et des consciences. Préservons plutôt une approche écologique des mobilités humaines et urbaines.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://www.linkedin.com/in/pierre-messulam-79597858/?originalSubdomain=fr">Pierre Messulam</a>, directeur adjoint Transilien SNCF, a participé à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/106413/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nacima Baron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour les habitants des métropoles, la mise en mouvement du monde a intensifié, engorgé, désordonné toute la vie. Les transports en commun témoignent de cet encombrement.Nacima Baron, Professeure, géographe, chercheuse au laboratoire « Ville, mobilité, transport », École des Ponts ParisTech (ENPC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/999142018-11-06T21:05:23Z2018-11-06T21:05:23ZLes acteurs locaux, premiers architectes des villes du XXIᵉ siècle<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/243670/original/file-20181102-83626-1yfqrzk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C0%2C2579%2C1779&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La population taïwanaise compte en 2018 23.5 millions d'habitants, dont 78% sont urbains.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/F0ujN2nH9Ns">Andrew Haimerl/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte s’inscrit dans une série d’articles autour de la thématique « Universités et ville durable », sujet du colloque de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) qui se tient les 21 et 22 octobre 2019 à Dakar, avec plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, maires, et experts en urbanisme dans le monde francophone.</em></p>
<hr>
<p>Principalement alimentée par les mobilités – migrations et exode rural – la croissance urbaine mondiale affiche depuis le milieu du XX<sup>e</sup> siècle un rythme soutenu. <a href="https://news.un.org/fr/story/2018/05/1014202">Près de 70 % de la population</a> vivra en ville d’ici 2050, selon l’ONU. C’est-à-dire dans moins d’une génération.</p>
<p>La croissance rapide et incontrôlée de la population et des superficies urbaines entre en conflit avec les <a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/">objectifs de développement durable (ODD)</a>, définis en 2015 par les Nations unies. Penser la ville du futur dans une perspective soutenable est donc devenu l’un des principaux défis du XXI<sup>e</sup> siècle.</p>
<p>Le 31 octobre dernier, la journée mondiale des villes était placée sous le mot d’ordre « construire des villes durables et résilientes ». « Chaque semaine, 1,4 million de personnes s’installent en ville », a souligné à cette occasion Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU. « Cette urbanisation effrénée peut mettre à rude épreuve les capacités des collectivités, les rendant plus vulnérables aux catastrophes dues à l’homme ou à la nature ».</p>
<h2>Séismes, tsunamis, épidémies : des villes plus vulnérables</h2>
<p>Les populations qui migrent privilégient majoritairement des villes déjà massives. Alors que 5 villes seulement dépassaient les 10 millions d’habitants en 1975, elles étaient 30, en 2018, à héberger un total de <a href="http://worldpopulationreview.com/world-cities/">485 millions d’habitants</a> – dont 19 dans la zone intertropicale et 22 sur les côtes ou les zones à risque. Les villes de plus d’un million d’habitants, quant à elles, sont passées de 86 à 600 au cours des 70 dernières années.</p>
<p>Or ces mastodontes agrègent non seulement les incommodités propres à la forte densité, mais favorisent la vulnérabilité face aux menaces naturelles et climatiques – séismes, tsunamis, épidémies, inondations, tornades, glissements de terrain – auxquelles s’ajoutent les risques créés par les activités humaines – pollutions ou catastrophes industrielles, entre autres.</p>
<p>Certaines villes, telles que Lagos, Istanbul ou Osaka, sont ainsi exposées au « multi-risque », c’est-à-dire à la fois aux inondations, aux séismes, aux tsunamis, ou encore aux glissements de terrain.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/243671/original/file-20181102-83641-sp3def.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/243671/original/file-20181102-83641-sp3def.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/243671/original/file-20181102-83641-sp3def.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/243671/original/file-20181102-83641-sp3def.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/243671/original/file-20181102-83641-sp3def.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/243671/original/file-20181102-83641-sp3def.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/243671/original/file-20181102-83641-sp3def.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Istanbul s’étale sur une bande littorale urbanisée de manière continue sur 75 kilomètres, cumulant toutes les incommodités (transport, pollution, ségrégation sociale) et continuant à croître sous l’effet de projets gigantesques de promotion immobilière.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/1nrvi08YbZg">Oziel Gomez/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<h2>L’uniformisation de notre alimentation</h2>
<p>Par ailleurs, le fort déséquilibre qui se développe entre zones urbaines et rurales représente un enjeu crucial pour la sécurité alimentaire. Alors que le nombre d’agriculteurs est en chute libre, la production alimentaire se mondialise et uniformise les modes de consommation.</p>
<p>Selon la <a href="http://www.fondation-nature-homme.org/magazine/pourquoi-et-comment-privilegier-une-alimentation-de-qualite-de-proximite-et-de-saison/">Fondation pour la Nature et l’Homme</a>, les trois quarts de notre alimentation urbaine sont composés de 12 espèces végétales et 5 espèces animales seulement. Un manque de diversité alimentaire qui n’est pas sans répercussions sur la santé des populations et la durabilité de nos systèmes agricoles.</p>
<h2>Multiplication des bidonvilles</h2>
<p>La dérégulation et l’absence de politiques urbaines génèrent parallèlement le développement de fortes inégalités au sein même des villes : autour de <a href="https://fr.unhabitat.org/urban-themes/logement-et-amelioration-des-bidonvilles/">40 % de la croissance urbaine</a> dans les villes du Sud passe par des habitats non consolidés et un accès limité voire inexistant aux services de base. La ville de Mexico compte ainsi 4 millions d’habitants vivant dans des bidonvilles, contre 3,3 millions au Caire. Quant à l’Afrique, <a href="https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EN.POP.SLUM.UR.ZS?view=chart">61 % de la population urbaine</a> vit dans les bidonvilles.</p>
<p>Il y a donc, non seulement pour des questions environnementales, mais également de développement humain, une urgence à penser ces problématiques. À la fois pour les grandes villes, mais aussi pour les petites et les moyennes : confrontées aux mêmes enjeux, celles-ci ne disposent pas des mêmes ressources pour y faire face mais sont pourtant le laboratoire de solutions innovantes intéressantes : elles incitent notamment à un changement des modes de gouvernance et à une implication plus forte de la société civile – voir par exemple les initiatives de <a href="http://www.mercociudades.org/node/2250">Mercociudades</a>, réseau qui englobe 400 communes urbaines d’Amérique du Sud.</p>
<h2>Quelle réponse internationale ?</h2>
<p>Face à ces risques, les organismes internationaux recherchent eux aussi des solutions. De nombreuses initiatives tentent ainsi d’accompagner les États vers des démarches en faveur de la ville durable. Les <a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/">Objectifs du développement durable</a> ou la <a href="https://planbleu.org/sites/default/files/upload/files/SMDD_2016-2025_final.pdf">Stratégie méditerranéenne de développement durable</a> réalisée par le Plan d’action pour la Méditerranée en sont des illustrations.</p>
<p>La COP21 a également encouragé la mobilisation des gouvernements locaux : lors de la rencontre de décembre 2015, un sommet des maires avait débouché sur la création <a href="https://www.c40.org/">du C40</a> – qui réunit les 85 agglomérations les plus grandes du monde – du <a href="https://www.100resilientcities.org/">100 Resilient Cities</a> – une idée de la Fondation Rockfeller – ou encore du <a href="http://www.mercociudades.org/">Mercociudades</a>.</p>
<p>Cette implication nouvelle des collectivités illustre une prise de conscience sur la nécessité d’agir. Toutefois, elle montre également que la situation appelle des solutions contextualisées, sur mesure, et des modes d’action auxquels les institutions ne sont pas formées.</p>
<p>Car à la différence des grands modèles de développement des années 1990 ou 2000, il n’y a plus de solution toute faite. L’émergence de la ville durable prendra donc du temps et demandera des efforts d’innovation et de réflexion considérables à ses architectes.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le 13 septembre dernier, les maires du C40 se sont réunis à San Francisco pour un sommet mondial sur le climat.</span></figcaption>
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<h2>En Algérie, une cité « éco-citoyenne »</h2>
<p>Les nouvelles propositions internationales de politiques urbaines, tels que les ODD ou <a href="http://habitat3.org/">Habitat III</a>, en tiennent d’ailleurs compte, et tentent d’assouplir leurs cadres pour les gouvernements.</p>
<p>Les campagnes de projets – comme la <a href="https://fr.unhabitat.org/campagne-urbaine-mondiale/">campagne urbaine mondiale</a> lancée après la conférence Hapitat II de 1996, qui vise à échanger des expériences, ou l’<a href="https://fr.unhabitat.org/linitiative-pour-les-villes-et-le-changement-climatique/">initiative pour les villes et le changement climatique</a> pour renforcer la capacité d’adaptation des villes dans les pays en développement – souhaitent avant tout promouvoir des initiatives locales et sensibiliser les citoyens, par des expériences participatives et à l’échelle des moyens locaux.</p>
<p>Améliorer les espaces publics peut constituer le premier pas vers une prise de conscience collective, comme ce fut dans une certaine mesure le <a href="https://www.lesechos.fr/thema/0301684876311-medellin-la-ville-violente-devenue-modele-durbanisation-2177558.php">cas à Medellín</a>, en Colombie. En Algérie, la construction du Ksar Tafilelt, une ville nouvelle de plus de 10000 habitants à Ghardaïa, fut possible grâce à la société civile, car le projet mêlait traditions locales et modernité, et visait un objectif de bien-vivre.</p>
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<figcaption><span class="caption">À 600 km au sud d’Alger, Ksar Tafilelt se revendique première cité « écocitoyenne » d’Algérie.</span></figcaption>
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<h2>Réponse locale aux problèmes environnementaux</h2>
<p>Les études sur les mécanismes et l’impact du changement climatique, si elles sont importantes, intéressent peu les populations et les institutions de pays du sud, car elles sont menées à des échelles trop larges. Le développement économique et la lutte contre la pauvreté restent les priorités.</p>
<p>En mobilisant les sciences sociales et politiques, la recherche doit se pencher sur les réponses locales aux problèmes environnementaux. Dans les villes en particulier, c’est sur les modes de vie et l’éducation que les chercheurs peuvent aider à construire des modalités d’agir. Il s’agit de s’intéresser aux modifications des régimes alimentaires, aux comportements énergétiques, aux habitudes de transports, aux perceptions du cadre de vie, et d’identifier les leviers de l’action et les facteurs de blocage.</p>
<p>Il n’y a pas de recherche sur le changement climatique sans une participation conjointe des institutions, de la société civile, et des entreprises. C’est ainsi que les politiques publiques pourront évoluer vers de l’action locale et soutenue. L’agenda de la recherche doit donc se déplacer vers les modalités de l’action.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://blogs.worldbank.org/fr/team/elkin-velasquez-monsalve">Elkin Velásquez Monsalve</a>, directeur du bureau régional pour les Caraïbes et l’Amérique Latine (ROLAC), ONU-Habitat, est co-auteur de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99914/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hubert Mazurek ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Tandis que la croissance urbaine se poursuit à un rythme soutenu, il est urgent de penser des solutions locales pour la ville de demain.Hubert Mazurek, Director of Research, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/933352018-05-08T20:44:05Z2018-05-08T20:44:05ZLes forces vives des « smart cities »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/218147/original/file-20180508-34021-1v1jxsf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C227%2C3956%2C2432&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Trondheim, la troisième ville la plus peuplée de Norvège, est une _smart city_.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/trondheim-city-aerial-panoramic-view-third-755870176?src=lqUsSbY8qSSUBgW2WP-8bg-1-2">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte s’inscrit dans une série d’articles autour de la thématique « Universités et ville durable », sujet du colloque de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) qui se tient les 21 et 22 octobre 2019 à Dakar, avec plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, maires, et experts en urbanisme dans le monde francophone.</em></p>
<hr>
<p><a href="https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2017/10/02/la-ville-durable-norvegienne-une-ville-connectee">Trondheim</a> en Norvège, <a href="https://www.ft.com/content/6d2fe2a8-722c-11e7-93ff-99f383b09ff9">Barcelone</a> en Espagne, <a href="http://www.apc-paris.com/article-rubrique/paris-smart-city">Paris</a> en France, <a href="http://www.detroitchamber.com/in-search-of-michigans-smart-cities/">Detroit</a> aux États-Unis, <a href="https://www.jscljaipur.com/">Jaipur</a> en Inde, <a href="https://afrique.latribune.fr/africa-tech/smart-cities/2017-08-10/kenya-la-premiere-tranche-du-mega-projet-smart-city-konza-revient-a-l-italien-maltauro-746729.html">Konza</a> au Kenya… Les <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/ville-de-demain-une-ville-intelligente"><em>smart cities</em></a>, qui promettent de mettre la technologie au service de <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-27753-0_1">l’environnement</a>, de <a href="https://www.researchgate.net/publication/306924920_Smart_Economy_in_Smart_Cities">l’économie</a> et de <a href="https://theconversation.com/conversation-avec-brigitte-metra-entre-smart-city-et-human-city-87472">l’humain</a>, se développent partout dans le monde.</p>
<p>En France, ces nouvelles formes d’organisations urbaines font face à certains freins, notamment du fait du contexte réglementaire et culturel. Acteurs publics et privés sont néanmoins moteurs de cette transformation et collaborent pour atteindre la performance « globale » (environnementale, économique et sociétale) de leur ville.</p>
<p>En partant d’une étude de cas sur Paris-Saclay, nous nous intéressons ici à ces forces vives, piliers de la construction de la <em>smart city</em>, et à leurs interactions.</p>
<h2>Le numérique : une constante au cœur d’un concept mouvant</h2>
<p>L’urbanisation croissante et la pression démographique urbaine font émerger de <a href="http://books.openedition.org/pressesmines/2368?lang=fr">nouveaux enjeux pour la ville de demain</a>, qui devra procurer des logements en nombre suffisant, proposer des infrastructures de transport adaptées à l’étalement urbain, générer une activité économique rémunératrice pour les habitants, gérer les externalités environnementales (pollution, consommation énergétique, inondations…) etc.</p>
<p>Pour relever le défi, de nouveaux modèles urbains doivent être inventés. L’implantation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00146-013-0464-0">au sein des villes</a> constitue un puissant outil pour y parvenir. Implantées dans les villes, elles les transforment en <em>smart city</em>, ou villes intelligentes, villes durables, villes connectées. Mais qu’entend-on exactement par « smart cities » ? Certains auteurs proposent de distinguer <a href="https://dl.acm.org/citation.cfm?id=2037602">trois dimensions principales</a> : technologique (infrastructures physiques et logiciels), humaine (créativité, diversité et éducation) et institutionnelle (gouvernance et politiques).</p>
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<h2>La puissance publique, pilier de la <em>smart city</em></h2>
<p>L’établissement d’aménagement public Paris-Saclay (<a href="http://www.epaps.fr/">EPAPS</a>) fédère acteurs économiques locaux et recherche publique autour de la dynamique d’innovation technologique. L’objectif est de proposer un cadre de vie durable à la population, à la fois en termes de logements, transports, services ou équipements. Cette volonté de collaboration est mise en avant dans les <a href="http://www.epaps.fr/paris-saclay-lance-un-appel-a-programme-urbain-innovant-pour-un-programme-mixte-de-70-000-m%C2%B2-le-central/">appels à projets</a> lancés par l’EPAPS.</p>
<p>L’État, quant à lui, apporte son soutien aux <em>smart cities</em> à différents niveaux. Tout d’abord, il fait évoluer le cadre réglementaire pour intégrer des innovations, avec par exemple l’obligation d’introduire <a href="https://www.economie.gouv.fr/entreprises/marches-publics-plateforme-pour-pme-innovantes">2 % d’achats innovants dans la commande publique</a> d’ici à 2020. Ensuite, il délivre un label de reconnaissance pour les <a href="http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/les-ecoquartiers">écoquartiers</a>. Enfin, il propose des dispositifs de financement. Par exemple, Paris-Saclay fait partie des lauréats de l’<a href="http://www.caissedesdepots.fr/ville-de-demain">appel à projet « Ville de demain »</a>, qui vise à soutenir les investissements dans les villes développant une approche intégrée et innovante des transports et de la mobilité, de l’énergie et des ressources, de l’organisation urbaine et de l’habitat. Paris-Saclay reçoit dans ce cadre un soutien financier comptant pour 30 à 50 % de ses actions.</p>
<h2>Le tissu économique local, vecteur d’innovations</h2>
<p>À cette implication des pouvoirs publics viennent s’ajouter les solutions et le rôle intégrateur des grandes entreprises. L’opérateur de services publics Suez qui développe par exemple des réseaux d’énergies renouvelables qui permettent une gestion optimisée des flux thermiques et électriques ainsi que d’autres services urbains (éclairage public, écomobilité…).</p>
<p>Paris-Saclay accueille aujourd’hui des établissements d’enseignement supérieur (universités et grandes écoles), des centres de recherche, des grands groupes (Nokia, Kraft…) ou leurs centres R&D (Danone, Thales, EDF…). Cette situation donne lieu à une forte création de richesses et de connaissances.</p>
<p>L’innovant tissu entrepreneurial local (PME et start-up) occupe également une place importante dans la construction de la <em>smart city</em>. Les start-up intègrent des groupements pour répondre aux appels d’offres lancés par l’EPAPS. Leur développement est notamment soutenu par <a href="http://www.incuballiance.fr/">Incuballiance</a>, « incubateur technologique du campus Paris-Saclay », qui favorise les synergies entre start-up, industriels du territoire et recherche publique locale.</p>
<h2>Communautés, rencontres, synergies</h2>
<p>Les innovations de la <em>smart city</em> vont bien au-delà de la technologie, comme l’illustre la création du <a href="https://wawlab.org/">WawLab</a>. Mis en place par sept salariés d’entreprises locales, il promeut le bien-être au travail à travers des expérimentations, séminaires, conférences et partage de témoignages.</p>
<p>Des projets d’agriculture urbaine, alliant <a href="http://www.reseaucocagne.asso.fr/jardin-cocagne-du-limon/">production agricole et insertion sociale</a>, voient également le jour.</p>
<p>Le <a href="http://proto204.co/">Proto204</a>, espace public situé au cœur de Paris-Saclay, est emblématique de cette volonté de créer des synergies et de faire se rencontrer les différents acteurs du territoire. Collaboratif et ouvert, ce lieu de création et partage rassemble des communautés innovantes. Porteurs de projets, étudiants, chercheurs, start-uppers, designers, artistes, représentants institutions ou encore habitants peuvent s’y rencontrer pour échanger.</p>
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<p>Dans la même logique, les conférences <a href="https://tedxsaclay.com/">TEDx Saclay</a> constituent un espace de rencontre privilégié pour favoriser les interactions entre acteurs. Son slogan, « innovons ensemble au service du vivant », résume cette ambition d’innovation et d’échanges de savoir et connaissances, au service d’avancées sociétales.</p>
<h2>Des freins à lever</h2>
<p>La mise en place de la <em>smart city</em> nécessite une approche transversale et innovante, qui peut parfois se retrouver freinée par le contexte réglementaire, juridique et culturel français. En effet, la mutualisation des infrastructures requise entre les différents services de la ville se heurte aujourd’hui à une <a href="http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/institutions/approfondissements/repartition-competences-entre-collectivites-territoriales-etat.html">organisation très sectorielle des compétences des collectivités</a>. Par ailleurs, le cadre juridique des marchés publics français est rigide, dicté par des règles d’attribution (prix attractifs, capacité à livrer des volumes importants…) peu favorables aux PME et start-up, faute de visibilité et de moyens. Le renouvellement urbain nécessite de lourds investissements et l’<a href="http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/Renewable_energy_statistics/fr">ouverture aux énergies renouvelables</a> est <a href="http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/04/17/transition-energetique-ou-en-est-la-france-en-matiere-d-energies-renouvelables_4903791_4355770.html">moins forte en France</a> que dans les <a href="https://particuliers.engie.fr/economies-energie/conseils/energies-renouvelables/idee-ecologique-pays-scandinaves.html">pays nordiques</a>, précurseurs en la matière. Enfin, on peut observer une certaine réticence au changement alimentée par des écarts générationnels importants et l’apparition d’une <a href="https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-du-numerique-2009-1-page-147.htm">fracture numérique</a>.</p>
<p>Grâce aux interactions entre acteurs publics et privés, la <em>smart city</em> ambitionne de dépasser les pressions économiques, environnementales et sociétales de la ville d’aujourd’hui. Son succès nécessitera toutefois de relever plusieurs défis. En particulier, il faudra mettre en place de nouvelles formes de gouvernance collaborative intégrant fortement les citoyens en amont des projets territoriaux, afin que la ville de demain soit également élaborée par ses habitants.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été écrit sur la base de résultats obtenus dans le cadre d’un travail réalisé avec <a href="https://www.linkedin.com/in/diane-orsel-des-sagets-3582a9b2/">Diane Orsel Des Sagets</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/93335/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mélanie Jaeck ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans les smart cities, la technologie sert la performance économique, environnementale et sociétale. Quels sont les acteurs qui oeuvrent à l’émergence de ces villes du futur ? L’exemple de Saclay.Mélanie Jaeck, Montpellier Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/660022016-10-24T20:58:16Z2016-10-24T20:58:16ZLa « ville intelligente », d’abord une ville de services<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/142876/original/image-20161024-28414-k00p0c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le service Cityscoot propose depuis juin 2016 des scooters en libre service. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.cityscoot.eu/espace-presse/">Cityscoot</a></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte s’inscrit dans une série d’articles autour de la thématique «Universités et ville durable », sujet du colloque de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) qui se tient les 21 et 22 octobre à Dakar, avec plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, maires, et experts en urbanisme dans le monde francophone</em></p>
<hr>
<p>La « ville intelligente » désigne l’utilisation stratégique du numérique dans la planification et la gestion urbaines en vue de favoriser le développement de métropoles durables. La promesse de cette ville est donc de devenir plus efficace, plus respectueuse de l’environnement et socialement plus inclusive grâce à l’utilisation des technologies numériques.</p>
<p>Cela passe par plusieurs axes : la dématérialisation et la fluidification des échanges ; la création et le partage de connaissances sur la ville ; la participation des acteurs ainsi que de nouvelles formes d’interactions et le développement des usages et services urbains.</p>
<h2>Quelles technologies pour cette intelligence ?</h2>
<p>Les méthodes numériques permettent d’observer, de modéliser, de simuler, d’échanger et de recommander. Elles fournissent des outils d’analyse – voire de prédiction – dynamiques des capteurs urbains et du développement de communautés virtuelles via une diversité de plateformes et de réseaux sociaux.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/142879/original/image-20161024-28389-1r9m163.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/142879/original/image-20161024-28389-1r9m163.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/142879/original/image-20161024-28389-1r9m163.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/142879/original/image-20161024-28389-1r9m163.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/142879/original/image-20161024-28389-1r9m163.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=623&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/142879/original/image-20161024-28389-1r9m163.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=623&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/142879/original/image-20161024-28389-1r9m163.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=623&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">À Montpellier, on peut payer son stationnement avec son smartphone depuis 2015.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.montpellier.fr/4170-payez-votre-stationnement-depuis-votre-smartphone.htm">Site Internet ville de Montpellier</a></span>
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<p>L’essentiel du travail de l’information est déjà numérisé par l’utilisation d’ordinateurs portables, de tablettes et de <em>smartphones</em>. Le développement de l’<a href="http://www.futura-sciences.com/tech/definitions/Internet-Internet-objets-15158/">Internet des objets</a> et le déploiement de capteurs numériques permet ainsi de numériser et de connecter des tâches, des processus et des opérations. Et le <a href="http://www.lebigdata.fr/definition-cloud-computing"><em>cloud computing</em></a> offre une puissance informatique quasiment illimitée et à faible coût.</p>
<p>Il s’agit donc de s’adapter à la connectivité permise par l’ubiquité numérique et de repenser le modèle économique de la ville.</p>
<h2>L’avènement du micro-entrepreunariat</h2>
<p>À l’instar de toutes les innovations qui se développent en prenant appui sur ces potentiels, on assiste au développement de micromodèles d’affaires tels que le libre service de vélos ou plus récemment de scooters. Ces nouveaux <em>business models</em> permettent aux utilisateurs d’avoir entièrement accès à un produit, mais de ne payer que pour l’usage qu’ils en font.</p>
<p>L’augmentation des capacités de produits « intelligents connectés » conduit à réinterroger les chaînes de valeur ; de nouvelles interactions et expériences d’usage, de nouveaux services deviennent possibles. Dans ce cadre, la vraie révolution du numérique consiste à mettre à jour la valeur d’usage. Ceci appelle tous les acteurs urbains à changer de vision.</p>
<p>La <em>smart city</em> est donc une ville qui se repense et se recycle en continu pour répondre aux besoins de ses habitants.</p>
<h2>Sur fond de restrictions budgétaires</h2>
<p>Tout ceci intervient dans un contexte de <a href="https://www.senat.fr/commission/fin/pjlf2016/np/np23/np232.html">réduction des financements publics</a>, appelant de nouveaux modes d’action, prenant appui notamment sur des partenariats publics/privés à l’image du programme <a href="http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=smile-bretagne">Smile</a> pour la transition énergétique en Bretagne.</p>
<p>Des acteurs locaux explorent de nouvelles pistes, multiplient les innovations, essaient de concilier performance écologique et maîtrise des coûts, inventent de nouvelles approches de participation (financement participatif, autoconstruction, boucles énergétiques…).</p>
<p>On voit ainsi émerger des projets de boucles énergétiques locales ; on peut citer celles des <a href="http://www.bretagne.bzh/upload/docs/application/pdf/2016-09/cp_aip-boucle_molene_2016.pdf">îles du Finistère</a> (Sein, Molène, Ouessant, Batz et Saint-Nicolas des Glénans) ou encore le réseau d’électricité locale de la coopérative <a href="http://transactivegrid.net">TransActive Grid</a> de Brooklyn (New York), qui combine énergie renouvelable et économie du partage grâce à la technologie blockchain et ses échanges décentralisés et sécurisés entre particuliers.</p>
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<figcaption><span class="caption">Vidéo de présentation du système local TransActive Grid (2016).</span></figcaption>
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<p>Une ville durable peut donc se définir par la capacité contributive des acteurs à concrétiser la durabilité de leur territoire, tant au niveau individuel qu’au niveau collectif. Il s’agit dès lors de développer le <a href="http://www.economie.gouv.fr/files/immateriel_et_territoires.pdf">patrimoine immatériel territorial</a> et d’engager l’ensemble des acteurs à venir renforcer ce patrimoine.</p>
<h2>Qui crée quelle valeur dans la ville ?</h2>
<p>Comment faire plus avec moins, accompagner les transformations de société et les modes de vie, s’inscrire dans une soutenabilité écologique ?</p>
<p>Le modèle économique global de la ville correspond à la façon dont ses acteurs créent, fournissent et récupèrent de la valeur sur le territoire. Le nouveau modèle économique de la ville fondé sur le long terme, la collaboration et la valeur d’usage doit se réinventer et s’inspirer de modèles d’affaires au niveau micro-économique et largement influencés par le numérique tels que l’<a href="http://www.ademe.fr/expertises/economie-circulaire">économie circulaire</a> ou <a href="http://www.vie-publique.fr/actualite/dossier/rub1859/economie-collaborative-nouveau-modele-socio-economique.html">collaborative</a>.</p>
<p>Sur le long cours, contribuables, propriétaires et usagers de services paient pour la ville et doivent contribuer à dessiner les différentes orientations urbaines.</p>
<h2>Les services au cœur de la ville</h2>
<p>La <em>smart city</em> est servicielle et permet de faire face à de nouveaux modes de vie, à des temporalités plus complexes, et donc à de nouvelles attentes des habitants.</p>
<p>Les services répondent à une logique de production-distribution impliquant des transformations dans la planification urbaine. Il s’agit d’extraire le maximum de valeur et de bénéfices des équipements et aménagements de l’espace, de développer la logistique, les infrastructures numériques, mais aussi les ressources humaines, la gouvernance, le modèle économique de la ville et les modèles d’affaires.</p>
<p>Les expérimentations autour des <em>smart cities</em> bénéficiant actuellement de la plus grande visibilité se déroulent en Europe, aux États-Unis, en Asie et au Moyen-Orient. Ces projets promeuvent la vision d’une ville intelligente s’appuyant sur des investissements significatifs, requis par le déploiement de solutions de hautes technologies, demandeuses en capitaux.</p>
<p>Dans ce contexte, citons <a href="https://www.medellin.gov.co/irj/portal/medellin">Medellín</a>, en Colombie, connue pour son taux de criminalité le plus élevé au monde au début des années 1990 et nommée en 2012 « ville la plus innovante » par le <em>Wall Street Journal</em> pour ses technologies d’innovation qui ont su répondre, directement et à bas coût, aux problèmes de ses habitants.</p>
<p>La notion de services devient donc aussi structurante que la notion d’équipement. Gardons à l’esprit que les services représentent 65 % des budgets des ménages, 75 % des emplois, 80 % du PIB.</p>
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<figcaption><span class="caption">Medellín en Colombie s’est distinguée par sa politique d’innovations (AFP, 2013).</span></figcaption>
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<h2>Repenser le bien-être citadin</h2>
<p>Aujourd’hui, on observe que le bien-être des salariés peut doper la santé des organisations : une <a href="http://www.hrmagazine.co.uk/article-details/british-companies-losing-23-5-days-of-productive-time-per-employee-each-year-because-of-staff-sickness#comment-22209">étude britannique</a> a ainsi montré que les 25 % d’entreprises ayant les plus importants budgets consacrés à la santé de leurs salariés avaient vu une progression de 8 % de leurs employés en bonne forme et surtout une réduction de 16 % des pertes de productivité.</p>
<p>Dans la lignée de ces approches, de nouveaux labels fleurissent, tels que la <a href="https://www.wellcertified.com/well">norme « well »</a>, mais aussi une diversité de référentiels autour de la haute qualité de vie des quartiers et territoires.</p>
<p>Les concepts pleuvent sur la ville comme autant d’utopies et de démarches porteuses d’avenir urbains : de la ville durable à la ville servicielle en passant par la ville frugale, la ville résiliente ou encore la ville décarbonée, la ville fertile…</p>
<p>Des technologies soutiennent aujourd’hui ces perspectives, et les rythmes d’innovation et de déploiement sont rapides. La <em>smart city</em> représente ainsi la capacité à s’approprier ces technologies pour que des utopies deviennent réalité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/66002/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Françoise Guyonnaud est consultante pour Smart Use. </span></em></p>Le développement rapide des objets connectés pousse à repenser les modèles économiques de la ville. Micro-business, économie circulaire ou multiplication des services, la donne urbaine change vite.Marie-Françoise Guyonnaud, Responsable pédagogique des MBA smart city, management des éco-quartiers et smart energy, Présidente de Smart Use, Pôle Léonard de VinciLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/631652016-09-14T04:40:56Z2016-09-14T04:40:56ZÀ quoi ressemblera la ville de demain ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/137553/original/image-20160913-19251-1p4d77a.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’écoquartier Vauban à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne). </span> <span class="attribution"><span class="source">Raymond Woessner</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte s’inscrit dans une série d’articles autour de la thématique « Universités et ville durable », sujet du colloque de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) qui se tient les 21 et 22 octobre 2019 à Dakar, avec plus de cent cinquante acteurs francophones : établissements universitaires, représentants gouvernementaux, maires, et experts en urbanisme dans le monde francophone.</em></p>
<hr>
<p>Depuis les années 1980, le libéralisme économique a mis la mondialisation/métropolisation sur orbite. Un archipel mégapolitain mondial, selon l’expression d’<a href="http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/livre/?GCOI=27246100133270">Olivier Dollfus</a>, s’est rapidement constitué.</p>
<p>Initialement dominé par New York, Londres, Paris et Tokyo, cet archipel agrège désormais <a href="http://www.lboro.ac.uk/gawc/">plusieurs centaines de villes</a>, dont beaucoup sont apparues en Asie à la vitesse de l’éclair.</p>
<p>Leurs valeurs et leur mode de fonctionnement sont communs. Les métropoles prospèrent avec un minimum d’État ; à la limite, la situation idéale est celle de la cité-État, comme c’est le cas pour <a href="http://www.cnbc.com/2015/10/28/singapore-is-still-the-easiest-place-to-do-business.html">Singapour</a>, régulièrement classée comme étant la meilleure ville au monde pour les affaires.</p>
<h2>Un système global</h2>
<p>L’industrie manufacturière a marqué un moment de l’histoire des métropoles, notamment aux XIX<sup>e</sup> et au XX<sup>e</sup> siècles, mais ces villes s’en débarrassent aussi vite que possible, car l’industrie pollue, nécessite de nombreux ouvriers mal payés et prompts à se rebeller, constitue un problème foncier par les surfaces qu’elle dévore et les transports lourds qu’elle nécessite.</p>
<p>Mieux vaut se tourner vers les activités financières (de préférence défiscalisées), le tourisme, la culture, les médias, les <em>malls</em> commerciaux, les centres de recherche, les cliniques de pointe, les universités, les aérovilles autour des aéroports, les grands événements (Expositions universelles, Jeux olympiques, Coupes du monde, etc.), autrement plus lucratifs et agréables à vivre ! Les <em>skylines</em> de plus en plus agressives, voire la <a href="http://www.bbc.com/news/world-middle-east-36010002">course infantile</a> à l’immeuble-le-plus-haut-du-monde, en constituent le symbole ostentatoire.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137543/original/image-20160913-19243-1pz0pir.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137543/original/image-20160913-19243-1pz0pir.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137543/original/image-20160913-19243-1pz0pir.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137543/original/image-20160913-19243-1pz0pir.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137543/original/image-20160913-19243-1pz0pir.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137543/original/image-20160913-19243-1pz0pir.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137543/original/image-20160913-19243-1pz0pir.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Burj Khalifa (Doubaï), le plus haut gratte-ciel du monde avec ses 828 mètres.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raymond Woessner</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Il en résulte un système global où les villes sont reliées entre elles par des transports puissants et où les « nouveaux nomades » réalisent leur plan de carrière en passant de l’une à l’autre. A priori, les métropoles se font concurrence pour accaparer la richesse ; durant la <a href="http://editions.flammarion.com/Albums_Detail.cfm?ID=46746&levelCode=sciences">première mondialisation</a>, le centre du monde était passé de Venise (XVI<sup>e</sup> siècle) à Amsterdam (XVII<sup>e</sup>), puis à Londres (XVIII<sup>e</sup>) et enfin à New York (XX<sup>e</sup>).</p>
<p>Mais, en réalité, c’est davantage une relation de <a href="http://www.decitre.fr/livres/la-co-opetition-9782842110147.html">co-opétition</a> qui les lie, lorsque chaque élément de l’archipel profite davantage du tout que de la part qu’il lui apporte. Poussée par la liberté de circulation des capitaux et la puissance technologique, la robustesse du paradigme métropolitain et son expansion dans le monde semblent inexorables.</p>
<p>Mais la conséquence directe de la mondialisation/métropolisation est l’exclusion. Saskia Sassen évoque une <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/NRF-Essais/Expulsions">« économie d’extraction »</a> pour caractériser notre monde fondé sur la finance, qui s’empare de ce qui l’intéresse et rejette le reste. Derrière son apparente complexité, l’extraction des richesses conduit à l’expulsion des individus et des entreprises des lieux physiques qu’ils occupaient traditionnellement.</p>
<p>L’enchaînement des causalités devient alors le suivant :
mondialisation financière > métropolisation > expulsion des exclus du jeu (relégation, confiscation, incarcération, sortis des statistiques) > risques de révoltes > néoconservatisme > dégradation des libertés et de la biosphère.</p>
<h2>La ville de la réciprocité créatrice</h2>
<p>C’est pourquoi le paradigme libéral ne peut être satisfaisant. Il a d’ailleurs un concurrent, apparu dès les années 1960, certes resté en marge, mais qui peut conduire à une alternative crédible.</p>
<p>La contre-culture californienne a donné naissance à la cyberculture qui porte <a href="http://www.odilejacob.fr/catalogue/documents/livres-politiques/modele-californien_9782738134196.php">« la réciprocité créatrice »</a> comme valeur fondatrice et qui s’épanouit dans une ZDC, une « zone de confiance », aux antipodes donc des valeurs libérales.</p>
<p>Les lignes bougent : en 2016, l’architecte chilien Alejandro Aravena a obtenu le prix Pritzker, notamment parce qu’il produit des maisons à 7500 dollars que les <a href="http://www.elementalchile.cl/en/projects/quinta-monroy/">gens finissent eux-mêmes</a>. C’est un pied de nez aux grands gestes architecturaux et aux immeubles vides de sens (sauf en tant que monuments édifiés à la gloire du commanditaire par un starchitecte). Une autre conception de la ville voit le jour.</p>
<iframe src="https://embed-ssl.ted.com/talks/lang/fr/alejandro_aravena_my_architectural_philosophy_bring_the_community_into_the_process.html" width="100%" height="360" frameborder="0" scrolling="no" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<p><br>
Cette ville-là est nourricière. L’histoire n’étant pas réversible, il ne s’agit pas de revenir à une sorte de ville médiévale où l’on trouvait des champs, des prés, des vignes et des animaux d’élevage à l’intérieur même des remparts. Aujourd’hui, on entre dans la logique du <em>slow food</em>, né à Paris et à Turin dans les années 1980 : on utilise des produits du terroir que l’on réinvente avec de nouvelles recettes, souvent multiculturelles, et l’on prend le temps de cuisiner et de manger entre amis. Tout naturellement, les produits sont bio et ils sont échangés selon les règles du commerce équitable.</p>
<h2>Une ville zéro émission</h2>
<p>Cette ville-là est aussi zéro émission. Les bâtiments sont à énergie positive : ils produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Les véhicules sont électriques ou à hydrogène. Les circulations douces – piétonnes, cyclistes – irriguent la ville.</p>
<p>La santé publique s’en trouve améliorée. L’objectif zéro émission implique la mise au point de nouvelles technologies dont la plupart ne sont pas encore matures ou, même, sont encore en phase de Recherche & Développement dans les laboratoires.</p>
<p>Ces technologies peuvent être le fruit de la recherche fondamentale, de la <em>big science</em>, par exemple les bactéries productrices d’électricité, ou bien, au contraire, elles sont le fruit de l’innovation frugale, lorsqu’on utilise avec astuce l’existant en <a href="http://www.popline.org/node/389788">l’organisant</a> autrement avec quelques ajustements. Ces innovations représentent en général une menace pour les acteurs traditionnels, ce qui peut expliquer la lenteur avec laquelle elles émergent, ainsi que leur rareté opérationnelle.</p>
<p>Dans ce cadre, la mission des institutions, productrices de normes et prescriptions réglementaires, consiste à être des facilitateurs, en déblayant le terrain aux porteurs de projets.</p>
<h2><em>Underground, upperground, middleground</em></h2>
<p>C’est ici qu’intervient l’<em>underground</em> en tant que <a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13662710903573869">force créatrice</a>. L’<em>underground</em> rassemble les populations un peu marginales de la classe créative (comme les artistes, les grapheurs, les <em>geeks</em>…) qui se produisent dans des lieux et à des moments eux aussi un peu marginaux (comme les friches industrielles, la vie nocturne…).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137545/original/image-20160913-19237-1cirzol.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137545/original/image-20160913-19237-1cirzol.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137545/original/image-20160913-19237-1cirzol.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137545/original/image-20160913-19237-1cirzol.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137545/original/image-20160913-19237-1cirzol.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137545/original/image-20160913-19237-1cirzol.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137545/original/image-20160913-19237-1cirzol.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’entrée de l’ancienne usine de constructions mécaniques SACM à Mulhouse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raymond Woessner</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Dans leur frange la plus dure, les membres de l’<em>underground</em> constituent volontiers des entre-soi hostiles à toute idée de récupération ou de marchandisation. À l’autre extrémité de la société, l’<em>upperground</em> rassemble les décideurs de toute sorte, qui cherchent des idées nouvelles pour en faire de l’argent ou pour conforter leur pouvoir.</p>
<p>A priori, l’<em>underground</em> et l’<em>upperground</em> ne peuvent pas se rencontrer. De ce fait, le gisement créatif n’aura pas de traduction économique en terme de création d’entreprises ou d’emplois. C’est pourquoi doit exister une structure qui puisse servir d’intercesseur : c’est le rôle du <em>middleground</em>.</p>
<p>Il faut alors trouver des événements, des lieux, des individus et des communautés prêts à instaurer un dialogue. Typiquement, c’est le rôle des <em>business angels</em>, qui sont des seniors prêts à épauler des juniors créatifs avec leur argent et leurs réseaux. Mais il n’y a pas de limite à imaginer des points de contact dans la logique_ middleground_.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137546/original/image-20160913-19232-iph416.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137546/original/image-20160913-19232-iph416.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137546/original/image-20160913-19232-iph416.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137546/original/image-20160913-19232-iph416.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137546/original/image-20160913-19232-iph416.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137546/original/image-20160913-19232-iph416.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137546/original/image-20160913-19232-iph416.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Autolib’ à Paris.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Raymond Woessner</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Un exemple en Île-de-France ? Dans les années 1990, le monde associatif avait lancé le concept d’auto-partage (avec Caisses Mobiles, notamment). Le concept a fini par intéresser les industriels qui y ont vu une opportunité économique (Bolloré en tête). Et c’est finalement la Ville de Paris qui a joué les intercesseurs en créant Autolib’. Un nouveau concept s’est ainsi inscrit dans le paysage et dans les pratiques ; encore immature, Autolib’ connaîtra de nombreuses mutations dans les années à venir, mais il s’est d’ores et déjà enraciné dans la vision de la ville du XXI<sup>e</sup> siècle.</p>
<h2>Les accommodements raisonnables</h2>
<p>Il reste une question essentielle : le paradigme libéral ira-t-il au bout de lui-même ? Séparera-t-il intégralement et définitivement les <em>happy few</em> et les exclus ? Le paradigme de la contre-culture peut-il le remplacer, à force d’activisme par des lanceurs d’alerte et de mouvements (Indignés, Nuit debout) qui persuaderaient le corps électoral de leur bien-fondé ?</p>
<p>Ces deux hypothèses semblent improbables à travers ce que l’on constate dans un futur déjà engagé. En effet, les métropoles sont de formidables machines à assimiler l’innovation et les différences avec le profit comme objectif. Certes elles pratiquent le <em>greenwashing</em>, c’est-à-dire qu’elles se donnent volontiers les apparences du développement durable.</p>
<p>L’<a href="http://www.lemonde.fr/grands-formats/visuel/2016/02/29/au-milieu-du-desert-le-mirage-de-masdar_4873704_4497053.html">écocité de Masdar</a> (Abu Dhabi) apparaît ici comme une référence du genre, avec un fonctionnement bioclimatique, des circulations souterraines par voitures électriques autonomes, mais seuls les hauts revenus peuvent prétendre participer à cette vie radieuse, alors que les innombrables travailleurs immigrés sont regroupés dans des quartiers populaires à la pauvreté décente.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137542/original/image-20160913-19237-1m6w2u8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137542/original/image-20160913-19237-1m6w2u8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137542/original/image-20160913-19237-1m6w2u8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137542/original/image-20160913-19237-1m6w2u8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137542/original/image-20160913-19237-1m6w2u8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137542/original/image-20160913-19237-1m6w2u8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137542/original/image-20160913-19237-1m6w2u8.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’écocité de Masdar (Abou Dhabi) imaginée par Norman Foster. Une « ville » parfaite d’un point de vue environnemental, mais socialement fermée.</span>
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<p>Néanmoins, la cohabitation entre les deux systèmes de valeurs apparaît déjà comme une évidence. On peut travailler dans la finance et être bio ; voter écolo et partir en vacances en avion. Ce constat est un peu une violence faite à l’esprit cartésien : ce n’est pas l’un ou l’autre, mais les deux à la fois, comme dans la <a href="http://www.editions-tredaniel.com/minutes-pour-comprendre-les-50-plus-grandes-theories-de-la-physique-quantique-p-6305.html+&cd=4&hl=fr&ct=clnk&gl=fr">physique quantique</a>, où le chat est à la fois vivant et mort !</p>
<p>Dans le monde rhénan en particulier, on voit coexister les tours des banques de Mainhattan (ou Bankfurt) à Francfort-sur-le-Main, ou encore les écoquartiers que l’on vient visiter de partout à <a href="http://www.lesechos.fr/25/05/2009/LesEchos/20430-036-ECH_un-ecoquartier-a-la-place-d-une-ancienne-caserne.htm">Fribourg-en-Brisgau</a>. Peut-être le pragmatisme allié au courant humaniste apparu lors de la Renaissance est-il le ressort profond de la trajectoire historique rhénane : il s’agit de s’enrichir, mais en respectant un certain nombre de valeurs.</p>
<p>Sur le temps long, il en est résulté une collégialité de villes animées par la culture de la négociation et du compromis, ce qui bien entendu n’est pas un processus évoquant un long fleuve tranquille, mais dans lequel les <a href="http://www.editions-circe.fr/livre-Le_Conflit-328-1-1-0-1.html">conflits</a> sont utilisés en tant que force créatrice.</p>
<p>C’est dire l’importance des cultures locales qui se réinventent au contact de la mondialisation, avec la nécessité de procéder au cas par cas sur des substrats diversifiés. L’enjeu multiculturel apparaît central dans un monde où les appartenances religieuses séparent les hommes.</p>
<p>Édouard Glissant avait formalisé cet écueil avec le <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Traite-du-Tout-Monde">Tout-monde</a>, « la coprésence nouvelle des êtres et des choses, l’état de mondialité dans lequel règne la Relation », où il faut accepter d’être exposé à d’autres humains. « Et négocier cette exposition de telle sorte qu’il n’en résulte pas une destruction mutuelle », ajoute <a href="http://www.telerama.fr/idees/achille-mbembe-le-desir-d-ennemi-n-a-jamais-ete-aussi-fort-qu-en-ce-debut-de-siecle,142376.php">Achille Mbembe</a>. La ville trouvera-t-elle son chemin vers des « accommodements raisonnables », pour reprendre une expression québécoise ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/63165/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raymond Woessner ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La ville se réinvente sans que l’on sache vers quoi nos vies connectées nous entraînent. Mais il y a un choix de société à faire entre le paradigme du libéralisme économique et celui de la durabilité.Raymond Woessner, Professeur honoraire de géographie, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.