tag:theconversation.com,2011:/us/topics/dechets-plastiques-65998/articlesdéchets plastiques – The Conversation2024-02-08T10:39:34Ztag:theconversation.com,2011:article/2221122024-02-08T10:39:34Z2024-02-08T10:39:34ZComment l’industrie fossile influence les négociations mondiales sur le plastique<p>Le pétrole règne en maître sur l’univers des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/pollution-plastique-81856">plastiques</a>, dont près de 99 % proviennent encore de cette ressource fossile. Leur production a doublé entre 2000 et 2019, atteignant <a href="https://www.oecd.org/fr/environnement/la-pollution-plastique-ne-cesse-de-croitre-tandis-que-la-gestion-et-le-recyclage-des-dechets-sont-a-la-traine.htm">460 milliards de tonnes par an</a>.</p>
<p>Ces plastiques, qui ne se décomposent pas facilement, se retrouvent dans les océans, contaminent les sols et perturbent les écosystèmes, entraînant une <a href="https://www.zero-dechet-sauvage.org/articles/plastique-sante-couts-caches">détérioration de l’environnement et de la santé humaine</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-pollution-plastique-des-cotes-est-largement-sous-estimee-147269">Pourquoi la pollution plastique des côtes est largement sous-estimée</a>
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<p>En 2022, l’Assemblée des Nations unies pour l’Environnement a donc adopté une <a href="https://www.unep.org/fr/actualites-et-recits/communique-de-presse/journee-historique-dans-la-campagne-de-lutte-contre-la">résolution historique</a> visant à élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, pour lequel un comité intergouvernemental de négociation (CIN) a été mis en place.</p>
<p>Cinq réunions sont prévues sur une période de deux années. La première a eu lieu en Uruguay en décembre 2022, la deuxième en juin 2023 à Paris et la troisième en novembre 2023, au Kenya. La quatrième est planifiée à Ottawa en avril 2024 et la dernière n’est pas encore fixée, mais le texte final doit être prêt en 2025, <a href="https://www.20minutes.fr/planete/4038119-20230526-pollution-plastique-plus-vers-traite-mondial-tout-comprendre-negociations-vont-ouvrir-paris">l’objectif étant de ne plus avoir de pollution plastique en 2040</a>.</p>
<p>Depuis le début, États pétroliers et industrie fossile entendent bien peser dans ces débats afin d’en maîtriser l’issue.</p>
<h2>À Paris, des discussions entravées</h2>
<p>Au démarrage de la réunion à Paris, un groupe de pays – principalement producteurs de pétrole – a entravé les discussions en revisitant des questions de procédures déjà abordées <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1983678/petrole-pollution-accord-paris-bouteille">lors de la première négociation</a>. Leur objectif était de ne pas attaquer le fond du problème, en se focalisant sur les aspects de procédures.</p>
<p>Les délégations de la Russie, de l’Inde, de la Chine, de l’Arabie saoudite, de l’Iran, du Brésil, du Venezuela, d’Oman, de Dubaï et d’Égypte, ont ainsi refusé que le futur traité soit approuvé par un vote à la majorité des deux tiers, si jamais un consensus n’était pas trouvé. En face, une majorité de pays défend le vote comme ultime recours, afin de passer outre une minorité de blocage.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Cette action étonnante, qui a conduit <a href="https://www.leparisien.fr/environnement/negociations-sur-la-pollution-plastique-dernier-jour-pour-arracher-un-compromis-02-06-2023-SF3NNIBESNGGVHHQUFC4ODEMJY.php">à un échec diplomatique</a>, a été vécue comme une prise d’otage par les participants. Société civile et groupes de défense des droits ont exprimé leurs préoccupations quant à l’influence exercée par le lobbying de groupes industriels comme l’American Chemistry Council et Plastics Europe. Leur présence a d’ailleurs été recensée par le média d’investigation <em>Mediapart</em>, qui a décompté, <a href="https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/020623/dans-les-negociations-sur-le-plastique-les-industriels-ont-depeche-190-lobbyistes">lors des pourparlers à Paris</a>, pas moins de 190 représentants de l’industrie.</p>
<h2>Au Kenya, des négociations qui patinent</h2>
<p>À Nairobi, qui accueillait du 13 au 19 novembre 2023 la troisième session de négociations du traité plastique, les discussions pouvaient se baser sur un avant-projet ou « version zéro » du texte, qui recensait thème par thème les différentes options avancées par les pays lors des réunions précédentes. De la limitation de la production à la gestion des déchets en passant par des interdictions de substances.</p>
<p>Les négociations n’ont toutefois pas permis d’aboutir à une version épurée du texte, ni même de donner mandat au secrétariat pour la préparation d’un premier projet de texte. C’est donc une « version zéro » gonflée de nouvelles options qui en est ressortie, rendant la suite des négociations plus complexes et les risques de blocages <a href="https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/traite-mondial-contre-le-plastique-les-negociations-patinent-2030285">encore plus importants</a>.</p>
<p>Ce résultat s’explique par l’opposition de deux approches sur l’objet et le champ du futur traité.</p>
<h2>Deux approches qui s’opposent</h2>
<p>D’un côté, celle promue par la <a href="https://www.tf1info.fr/environnement-ecologie/climat-qu-est-ce-que-la-coalition-de-la-haute-ambition-qui-veut-mettre-fin-a-la-pollution-plastique-d-ici-2040-2258586.html">coalition de haute ambition</a> pour mettre fin à la pollution plastique, présidée par la Norvège et le Rwanda, et rassemblant 60 pays de l’OCDE (sans les États-Unis), de la région Amérique latine-Caraïbes, d’Afrique, des petits États insulaires en développement et les Émirats arabes unis.</p>
<p>La coalition s’appuie sur la résolution de l’ANUE donnant mandat pour traiter l’ensemble du cycle plastique et plaide donc pour un traité ambitieux couvrant l’amont (production de polymères) comme l’aval (gestion rationnelle des déchets).</p>
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<p>De l’autre, celle portée par une coalition annoncée par l’Iran en début de session, qui réunit notamment l’Arabie saoudite, la Chine, la Russie, l’Iran, Cuba et Bahreïn : elle entend limiter le champ du traité à la gestion des déchets et s’oppose à toute régulation de la production.</p>
<p>La présence d’États producteurs de pétrole ainsi que de nombreux représentants de l’industrie parmi les observateurs a pu également créer le sentiment que le souci de défendre les intérêts de la pétrochimie et de l’industrie plastique était particulièrement fort.</p>
<h2>Les COP, hauts lieux de lobbying</h2>
<p>Cette configuration se retrouve dans les coulisses des sommets mondiaux sur le climat. La COP28 qui s’est déroulée à Dubaï du 30 novembre au 13 décembre 2023 sous la présidence controversée <a href="https://www.20minutes.fr/planete/4056734-20231008-cop28-monde-peut-debrancher-systeme-energetique-actuel-selon-president">du sultan Ahmed Al-Jaber</a>, ministre de l’Industrie et des Technologies avancées et PDG du groupe pétrolier Abu Dhabi National Oil Company, en est l’acmé.</p>
<p>Le sultan Al-Jaber a proclamé l’accord évoquant pour la première fois une sortie des énergies fossiles <a href="https://theconversation.com/apres-la-cop28-fin-de-partie-pour-les-energies-fossiles-219859">comme « historique »</a>. Le texte final appelle à une « transition hors des énergies fossiles » pour lutter contre le réchauffement climatique, visant à accélérer l’action afin de parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050.</p>
<p>Selon un rapport publié le mardi 5 décembre 2023 <a href="https://www.globalwitness.org/en/press-releases/record-number-fossil-fuel-lobbyists-granted-access-cop28-climate-talks/">par l’ONG Global Witness</a>, la COP a atteint un record en termes de présence de lobbyistes liés aux énergies fossiles. Leur nombre s’élève à 2 456, une augmentation significative par rapport aux 636 lors de la COP27 à Sharm el Sheikh et aux 503 de Glasgow en 2021.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-echapper-a-la-malediction-de-la-rente-fossile-218546">Comment échapper à la malédiction de la rente fossile ?</a>
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<h2>États et lobbys, des liaisons dangereuses</h2>
<p>Les groupes de pression jouent un rôle crucial pour représenter divers intérêts, mais leur influence soulève des questions sur la transparence et l’équité dans l’accès aux décideurs politiques.</p>
<p>Ceux des grandes entreprises s’opposent à l’environnement, car la transition vers une économie respectueuse du climat, de la santé et de la biodiversité les obligerait à revoir leurs modes de fonctionnement. ExxonMobil, Shell, Chevron, BP et Total, ont dépensé un milliard de dollars en lobbying depuis l’accord de Paris sur le climat entre 2015 et 2019, selon <a href="https://influencemap.org/report/How-Big-Oil-Continues-to-Oppose-the-Paris-Agreement-38212275958aa21196dae3b76220bddc">l’ONG britannique InfluenceMap</a>.</p>
<p>En février 2019, l’ONG Corporate Europe Observatory (CEO) a également mis en évidence dans un <a href="https://corporateeurope.org/sites/default/files/captured-states-exec-summary-fr.pdf">rapport</a> la relation symbiotique entre les États membres de l’Union européenne et les groupes de pression privés, qui conduit à la défense des intérêts privés au détriment de l’intérêt public et explique le manque de prise en compte des enjeux environnementaux dans les décisions politiques, voire des décisions qui aggravent la situation lors de la signature de traités commerciaux.</p>
<p>Des enquêtes journalistiques et des poursuites judiciaires ont souligné le fait que certaines grandes entreprises du secteur énergétique connaissaient les impacts potentiels du changement climatique tout en finançant des campagnes de désinformation pour semer le doute sur le réchauffement climatique. Des documents internes d’Exxon Mobil ont révélé au public en 2015 que la société était consciente des risques liés <a href="https://trustmyscience.com/scientifiques-exxonmobil-avaient-predit-avec-precision-rechauffement-climatique-annees-1970/">au changement climatique dès les années 1970</a>.</p>
<h2>Quelles perspectives à Ottawa ?</h2>
<p>Dans ce tumulte entre l’industrie fossile, le climat et la pollution plastique, les négociations internationales s’avèrent être un pas de deux complexe.</p>
<p>Les aspirations à éradiquer la pollution plastique d’ici à 2040 se heurtent à des blocages diplomatiques inattendus et à <a href="https://www.vie-publique.fr/en-bref/291790-pollution-plastique-pas-daccord-au-kenya-pour-un-traite-international">l’influence massive des lobbyistes des énergies fossiles</a>.</p>
<p>Alors que la prochaine session de l’ANUE en <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/traite-sur-la-pollution-plastique-de-faibles-avancees-a-nairobi.N2196878">avril 2024</a> approche, la question demeure : cette réunion sera-t-elle le début d’une vraie transformation ou un nouvel acte dans ce drame environnemental en cours ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222112/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Shérazade Zaiter est membre d'Avocats sans Frontières et du Centre International de Droit Comparé de l'Environnement.</span></em></p>Une 4ème session de négociations est prévue en avril à Ottawa pour élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique.Shérazade Zaiter, Juriste International- Auteure, Université de LimogesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2119622023-09-17T14:46:42Z2023-09-17T14:46:42ZVers des plastiques biodégradables et recyclables ? La piste des « PHAs » progresse<p>Les plastiques sont omniprésents dans notre vie de tous les jours. Leur production ne cesse de croître depuis 1950 et atteint aujourd’hui plus de 460 millions de tonnes par an. Malgré les préoccupations environnementales et sociétales liées aux déchets plastiques, <a href="https://read.oecd-ilibrary.org/view/?ref=1143_1143484-co6fh5owq0&title=Perspectives-mondiales-des-plastiques-Scenarios-d-action-a-l-horizon-2060-L-Essentiel">leur consommation devrait plus que doubler d’ici à 2060 pour atteindre 1 231 millions de tonnes annuelles</a>.</p>
<p>Aujourd’hui, il est difficile de se passer des plastiques, notamment pour des raisons d’hygiène et de sécurité alimentaire et médicale. Grâce à leurs propriétés ajustables, ce sont aussi les matériaux les plus produits au monde derrière le ciment et l’acier, avec des applications innombrables dans notre vie quotidienne : emballages, construction (adhésifs, revêtements, canalisations, fenêtres, isolation…), mobilité et transports (automobile, aviation, nautisme…), électronique et électrique (téléphone portable, appareils ménagers…), énergie, agriculture, santé et soins, textile entre autres. En Europe, la <a href="https://infos.ademe.fr/magazine-juillet-ao%C3%BBt-2022/faits-et-chiffres/plastique-peut-on-sen-passer/">France figure parmi les pays les plus gros consommateurs de plastiques, avec 70 kilogrammes utilisés annuellement par habitant</a>.</p>
<p>Mais, sur les environ <a href="https://www.unep.org/interactives/beat-plastic-pollution/?lang=FR">8,3 milliards de tonnes de plastiques produites dans le monde au cours des 70 dernières années, 50 % sont à usage unique, seulement 12 % sont incinérés et moins de 10 % sont recyclés</a>. De nombreux <a href="https://theconversation.com/fr/topics/dechets-plastiques-65998">déchets plastiques</a> se retrouvent disséminés sur la terre, dans les océans, les rivières et les lacs, et persistent durant des dizaines voire des centaines d’années, ce qui met en danger les écosystèmes, la santé publique et la sécurité sanitaire au niveau mondial.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/recyclage-et-valorisation-des-dechets-plastiques-comment-ca-marche-149288">Recyclage et valorisation des déchets plastiques : comment ça marche ?</a>
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<p>En avril dernier, les <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/04/17/le-g7-promet-de-mettre-fin-a-sa-pollution-plastique-en-2040-un-horizon-lointain_6169816_3244.html">pays du G7 se sont engagés à réduire à zéro leur pollution plastique d’ici à 2040</a>. Au-delà des efforts législatifs et de ceux des citoyens, il s’agit d’aller vers une économie circulaire : supprimer les plastiques jetables et non recyclables et optimiser l’ensemble de leur cycle de vie (de la conception à la fin de vie).</p>
<p>Parmi les diverses solutions envisagées par les chercheurs, les polyhydroxyalcanoates, dits PHAs, constituent une famille de plastiques qui a le vent en poupe : les <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/biotechnologies/des-plastiques-extraits-des-plantes-4146.php">PHA naturels sont extraits des plantes</a>, mais ils peuvent être aussi produits par biosynthèse ou par synthèse chimique. Actuellement, les <a href="https://doi.org/10.1002/anie.202302101">chimistes</a> des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37024718/">polymères</a> <a href="https://www.science.org/doi/full/10.1126/science.adg4520">optimisent</a> les PHAs en les rendant notamment moins friables, thermiquement plus stables et <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.adh3072">surtout recyclables</a>. </p>
<h2>Qu’est-ce qu’un plastique « éco-conçu » ?</h2>
<p>Pour développer des plastiques respectueux des écosystèmes, de la biodiversité et de la santé humaine, il nous faut non seulement limiter leur usage au strict nécessaire, favoriser leur réemploi, leur recyclage, mais aussi repenser leur conception, dans un contexte de circularité et de durabilité.</p>
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<img alt="cuillères et fourchettes plastique" src="https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544221/original/file-20230823-23-3u7w22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des couverts en plastique biodégradable.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/32782663@N00/3233133589/">drea, Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Les PHAs sont très variés. S’ils ne peuvent pas remplacer tous les plastiques traditionnels issus de ressources fossiles, ils présentent des propriétés intéressantes, qui permettent déjà leur utilisation, notamment comme plastiques à usage unique : emballages, sutures, pailles, cuillères, fourchettes et gobelets alimentaires. </p>
<p>Cette capacité à être modulés est importante, car c’est la variété de leurs propriétés intrinsèques qui a permis le déploiement extensif des plastiques traditionnels : légèreté, résistance, durabilité, malléabilité, et pour certains, bien connus du grand public et utilisés en très grand volume, de faibles coûts (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Poly%C3%A9thyl%C3%A8ne">polyéthylène</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Polystyr%C3%A8ne">polystyrène</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Polychlorure_de_vinyle">PVC</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Polyt%C3%A9r%C3%A9phtalate_d%27%C3%A9thyl%C3%A8ne">PET</a>…)</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vieux-caoutchouc-cherche-nouvel-emploi-182873">Vieux caoutchouc cherche nouvel emploi</a>
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<p>Mais alors, quand ils sont à usage unique, pourquoi les PHAs sont-ils plus vertueux que des plastiques issus de ressources fossiles ? </p>
<p>Pour deux raisons : d’abord, certains sont dérivés de la biomasse, c’est-à-dire que l’on peut les fabriquer à partir de canne à sucre, maïs, huiles de cuisson usagées par exemple. Ensuite, ils sont biodégradables — notamment dans l’eau de mer ou douce — et compostables (<a href="https://theconversation.com/pourquoi-mettre-des-matieres-plastiques-dans-son-composteur-est-une-mauvaise-idee-200246">dans certaines conditions</a>) : ils se dégradent dans tous les milieux (compost, sols, eau) de façon comparable ou plus rapidement que la cellulose.</p>
<p>En fin de vie, on peut bien sûr les incinérer (comme environ <a href="https://www.nationalgeographic.fr/le-plastique-en-10-chiffres">12 % des déchets plastiques produits à l’échelle mondiale depuis 2015</a>) ou les biodégrader. </p>
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<p>Et on sait aussi les recycler : les dernières avancées en recherche montrent qu’il est possible de préparer à grande échelle en laboratoire (quelques centaines de grammes), à partir de ressources renouvelables, des PHAs plus flexibles que ceux commercialisés actuellement, stables thermiquement, tout en étant dégradables. Leur <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.adg4520">dégradation permet de retrouver les monomères initiaux, à partir desquels les polymères peuvent être à nouveau produits, et ce sur plusieurs cycles</a>, dans des conditions industrialisables douces. Précisons toutefois que ces nouveaux PHAs ne sont pas encore produits industriellement.</p>
<p>De tels PHAs présentent un cycle de vie en boucle fermée, un avantage significatif par rapport aux polyoléfines actuels (plastiques issus de ressources fossiles, pas (voire peu) dégradables) dont ils présentent des performances voisines, et ouvrent ainsi potentiellement la voie à une solution durable et circulaire à la problématique des plastiques.</p>
<p>Ainsi, le marché des PHAs produits à l’échelle industrielle devrait augmenter au cours des cinq prochaines années de 32,14 kilotonnes en 2023 à 92,41 kilotonnes en 2028, ce qui représente un <a href="https://www.marketsandmarkets.com/Market-Reports/pha-market-395.html">marché potentiel de 195 millions de dollars</a>.</p>
<h2>Comment obtenir des PHAs aux propriétés suffisamment variées pour peu à peu remplacer les autres plastiques</h2>
<p>Au sens chimique, les PHAs appartiennent à la famille des polyesters : ils présentent une fonction ester (C=O-O) qui est hydrolysable et permet ainsi la dégradation et le recyclage.</p>
<p>On les trouve dans la nature, où ils sont produits par une variété d’organismes, notamment par fermentation bactérienne des glucides ou des lipides (sucres ou huiles végétales). Ils servent de nutriments et de source d’énergie et <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/biotechnologies/des-plastiques-extraits-des-plantes-4146.php">font partie du métabolisme des organismes vivants (plantes, animaux, humains)</a>. </p>
<p>Les PHAs peuvent aussi être obtenus par synthèse chimique, par des réactions de « polymérisation » : des réactifs appelés monomères (les briques constitutives, éventuellement biosourcées) s’enchaînent les uns aux autres par des liens chimiques pour former le polymère. La voie chimique permet d’élargir et de diversifier la plate-forme des PHAs actuels, notamment en introduisant des substituants et/ou des groupes fonctionnels sur chaque unité de répétition qui constitue le squelette du polymère, ou encore en associant différents types de monomères au sein d’un même polymère (on parle alors de copolymère). </p>
<p>Dans <a href="https://doi.org/10.1039/d3py00707c">nos dernières recherches</a> développées à l’<a href="https://iscr.univ-rennes.fr/">Institut des Sciences Chimiques de Rennes</a> (CNRS/Université de Rennes), nous avons par exemple montré que l’introduction de soufre dans les PHAs conduit à des polythioesters (présentant une fonction « thioester » (C=O-S) plus facilement dégradable que celle d’un polyester) avec une stabilité thermique distincte de celle de leurs analogues oxygénés — les PHAs.</p>
<p>Les réactions de polymérisation, conduisant à un polymère ou copolymère de microstructure chimique bien définie au sein duquel l’enchaînement de chacune des briques de monomères est contrôlé, peuvent être réalisées grâce à l’emploi de « catalyseurs » spécifiques (des composés organiques ou métalliques qui promeuvent la réaction chimique). Les propriétés thermiques (température de fusion, de dégradation) et mécaniques (dureté, souplesse, élongation…) de tels PHAs réguliers peuvent ainsi être modulées selon l’application envisagée.</p>
<p>Ainsi, <a href="https://pubs.rsc.org/en/content/articlelanding/2023/py/d2py01573k">nous avons récemment montré</a> le rôle essentiel du catalyseur de polymérisation, combiné à la présence de groupes sur le monomère initial, pour obtenir des PHAs avec ces substituants positionnés avec régularité le long de la chaîne principale du polymère, qui présentent alors des caractéristiques thermiques ajustables.</p>
<hr>
<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/Projet-ANR-08-CP2D-0001">BIOPOLYCAT</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211962/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sophie Guillaume est membre (ancienne présidente) du Groupe Français des Polymères (GFP) et de la Société Chimique de France (SCF), et représentante nationale à la Division Polymères de l'Union internationale de chimie pure et appliquée (IUPAC), sans en recevoir de financements.
Le groupe de recherche de S. Guillaume reçoit des financements du CNRS, de l'Université Rennes, de la région Bretagne, de Rennes Métropole, de l'ANR, de l'Europe et de certaines entreprises (de gré à gré) dans le contexte de ses activités de recherche, mais sans aucun financements directs.</span></em></p>Les polyhydroxyalcanoates peuvent être biosourcés, mais surtout, on découvre comment les recycler… plusieurs fois.Sophie Guillaume, Directrice de recherche CNRS en chimie des polymères, Université de RennesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2101532023-07-25T17:53:47Z2023-07-25T17:53:47ZShein : l’ascension (pas si) brillante de la nouvelle star de la fast-fashion<p>Vous avez sans doute, au moins par vos enfants, entendu parler récemment de l’entreprise chinoise Shein (prononcez « chi-ine » car il s’agit d’une contraction de « she inside »), nouvelle superstar de la vente en ligne d’articles de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/mode-23119">mode</a> à bas prix. </p>
<p>Créée en 2012 par Chris Xu (Xu Yangtian en chinois), un <a href="https://www.theguardian.com/business/2022/jul/30/chris-xu-shein-mysterious-billionaire-founder-fast-fashion">Chinois né à Shandong</a> (côte est) et diplômé de l’université de Washington, l’enseigne s’est en effet spécialisée dans la mode à bas prix en ciblant la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/generation-z-46146">génération Z</a> (c’est-à-dire les personnes <a href="https://www.pewresearch.org/short-reads/2019/01/17/where-millennials-end-and-generation-z-begins/">nées entre 1997 et 2012</a>. En 2022, 10 ans après sa création, l’entreprise employait 10 000 personnes dans le monde et vendait dans <a href="https://us.shein.com/About-Us-a-117.html">plus de 150 pays</a>, avec des bureaux en <a href="https://theconversation.com/fr/topics/chine-20235">Chine</a>, <a href="https://www.wired.com/story/fast-cheap-out-of-control-inside-rise-of-shein/">à Singapour et aux États-Unis</a>.</p>
<p>Shein, qui fait l’objet de nos récents <a href="https://econpapers.repec.org/paper/haljournl/hal-04135819.htm">travaux de recherche</a>, domine en effet le secteur des enseignes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/fast-fashion-106968">fast-fashion</a> avec notamment plus de 40 % du marché américain début 2023, contre 11 % en février 2020. Elle <a href="https://secondmeasure.com/datapoints/fast-fashion-market-share-us-consumer-spending-data-shein-hm-zara/">dépasse désormais ses concurrents Zara et H&M réunis</a>. En mai 2021, son application avait d’ailleurs <a href="https://www.lesechos.fr/weekend/mode-beaute/fast-fashion-shein-dans-la-gueule-du-look-1406615">pris la place d’Amazon en tant que première application de shopping</a> en nombre de téléchargements sur les portails Apple et Android.</p>
<p>Son modèle lui a notamment permis de bénéficier de la pandémie de Covid-19, qui a <a href="https://www.mckinsey.com/capabilities/mckinsey-digital/our-insights/the-new-digital-edge-rethinking-strategy-for-the-postpandemic-era">accéléré l’adoption des technologies numériques</a> et a bouleversé l’industrie de la mode. Au printemps 2020, lorsque les points de vente ont été contraints de fermer, les clients se sont en effet tournés vers les achats en ligne.</p>
<p>En conséquence, le chiffre d’affaires du groupe a bondi de 10 milliards de dollars en 2020 (une augmentation déjà fulgurante de <a href="https://mp.weixin.qq.com/s/h9s4yHmq18PrOc47WpEC6g">250 % par rapport à 2019</a> à <a href="https://www.statista.com/statistics/1317676/shein-estimated-gross-merchandise-value/">19,1 milliards de dollars en 2021</a>, ce qui représente une huitième augmentation consécutive en glissement annuel proche des 100 %. Cette performance est d’autant plus étonnante que, dans le même temps, ses concurrents en ligne les plus directs, Asos et Boohoo, ont respectivement vendu <a href="https://www.businessofbusiness.com/articles/rise-shein-100-billion-fast-fashion-scandals/">4,4 milliards de dollars et 2,5 milliards de dollars en 2020</a> tout en bénéficiant eux aussi des fermetures de magasins dans le monde entier.</p>
<p>Non cotée en bourse, Shein aurait levé entre <a href="https://www.wsj.com/articles/shein-valued-at-100-billion-in-funding-round-11649126740">1 et 2 milliards de dollars de fonds privés</a> en avril 2022, valorisant l’entreprise à pas moins de 100 milliards de dollars, soit, une nouvelle fois, plus que H&M et Zara combinés.</p>
<h2>Plus de 250 millions de followers</h2>
<p>Shein a construit son succès grâce à plusieurs éléments stratégiques. Tout d’abord, le détaillant chinois a réussi à mettre en place une chaîne d’approvisionnement (<em>supply chain</em>) impressionnante. L’entreprise dispose aujourd’hui d’un réseau de 6 000 fournisseurs, situés dans un rayon maximum d’une à deux heures de route du principal entrepôt, localisé à quelques dizaines de kilomètres de Hongkong à Foshan. <a href="https://stories.publiceye.ch/en/shein/">Des commandes y sont expédiées dans le monde entier</a> 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.</p>
<p>Cette force de frappe logistique a permis au détaillant de construire un modèle de <a href="https://www.marketplace.org/shows/marketplace/shein-fast-fashion/">« mode en temps réel »</a>. Certes, le système de production à la commande est assez courant dans de nombreux secteurs, en particulier dans celui de la fast-fashion. Ce qui est moins courant, en revanche, c’est de commander de très petits lots de produits. Par exemple, dans son centre de production en Espagne, le <a href="https://pandayoo.com/2021/02/18/an-incomplete-business-story-about-shein/">volume de production minimum de Zara serait de 500 pièces</a>.</p>
<p>Shein, de son côté, passe des commandes de 100 pièces ou moins, ce qui lui confère une plus grande souplesse. Le distributeur chinois s’appuie notamment pour cela sur des <a href="https://jingdaily.com/china-luxury-artificial-intelligence-shein">outils d’intelligence artificielle</a> (IA) qui recueillent et analysent en permanence des données relatives aux comportements de ses propres clients sur son site web, aux résultats de recherche en ligne ou encore aux messages sur les réseaux sociaux.</p>
<p>L’entreprise peut ainsi identifier en temps réel les combinaisons de couleurs, les motifs ou les tendances de prix les plus populaires. Toutes ces informations sont partagées avec les concepteurs et les prototypistes de l’entreprise, qui développent ensuite de nouveaux produits sur la base de ces tendances. Ces produits peuvent ensuite être commandés en petites quantités. Si les produits ont du succès, Shein commande des quantités plus importantes. Dans le cas contraire, le <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/mode-luxe/fast-fashion-a-canton-avec-les-petites-mains-de-shein-1393256">produit est arrêté</a>.</p>
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<p>Cette organisation conduit ainsi à parler d’ultra fast-fashion, pour marquer la différence avec les entreprises traditionnelles de la fast-fashion.</p>
<p>Le succès de Shein ne s’explique pas uniquement par l’organisation et les performances de sa chaîne d’approvisionnement. L’entreprise est également une championne du marketing, qui a très tôt démontré sa compréhension du pouvoir des réseaux sociaux, où elle a construit la présence de sa marque et son succès. Selon la BBC, Shein franchissait ainsi la barre des <a href="https://www.bbc.com/news/business-59163278">250 millions followers sur l’ensemble de ses médias sociaux</a> fin 2021.</p>
<h2>« Tu ne peux pas finir Shein »</h2>
<p>Le géant chinois excelle notamment dans le mélange des médias et du divertissement, offrant une expérience ludique aux clients. Le tout est enrichi par du contenu généré par les utilisateurs et des commentaires, ce qui est très puissant pour attirer et retenir un public sur les réseaux sociaux. Dans ce qui est nommé « haul videos », par exemple, des clients déballent et testent les produits, les montrent et demandent de l’aide pour choisir ceux qu’ils garderont, tout en mettant l’accent sur le prix peu élevé de leurs articles. Il s’agit généralement d’adolescentes ou de jeunes d’une vingtaine d’années, qui constituent le principal groupe cible de Shein</p>
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<figcaption><span class="caption">Un exemple de « haul video » dédiée aux produits Shein.</span></figcaption>
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<p>Ces contenus sont beaucoup plus puissants que les recommandations positives des magazines de mode ou des sites web, car les consommateurs ont de plus en plus tendance à se tourner les uns vers les autres pour savoir quoi porter. Rien que sur <a href="https://theconversation.com/fr/topics/tiktok-89289">TikTok</a>, le hashtag #sheinhaul compte pas moins de 7,3 milliards de vues, un chiffre gigantesque qu’augmenteraient largement les autres hashtags tels que #sheinkids, #sheincats, et #sheincosplay. Ces photos et vidéos engagent les spectateurs, leur donnant finalement envie de découvrir et d’acheter plus de produits sur le site du distributeur chinois.</p>
<p>Le site web de Shein reprend d’ailleurs la recette du succès de TikTok en proposant également ce même défilement sans fin <a href="https://www.theguardian.com/commentisfree/2022/apr/18/ultra-fast-fashion-retail-sites-shein">pour afficher ses nouveaux modèles</a>. Cela a même fait dire qu’<a href="https://twitter.com/Channel4/status/1582386026479173632?s=20&t=kNI--VZpfQUvJFpBpTS9Qyg">« on ne peut pas finir Shein, tout comme on ne peut pas finir TikTok »</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1582386026479173632"}"></div></p>
<h2>Pas de jour de repos pour les ouvriers</h2>
<p>La croissance de Shein reste toutefois peu reluisante pour plusieurs raisons. Tout d’abord, son modèle entraîne des conséquences dommageables pour celles et ceux qui produisent les vêtements. Payés à la pièce, les ouvriers de l’industrie textile travaillent généralement de longues heures. Beaucoup sont des migrants venus d’autres provinces chinoises pour trouver un emploi ou obtenir de meilleurs salaires.</p>
<p>La plupart d’entre eux travaillent jusqu’à 74 heures par semaine, sans aucun jour de repos, et dans un cadre qui ne répond pas aux exigences de sécurité de base. Ces chiffres dépassent de loin les 44 heures maximum autorisées par la loi chinoise (même en incluant les 36 heures mensuelles supplémentaires pour lesquels les employés peuvent opter), qui accorde également au moins un jour de congé par semaine.</p>
<p>Interrogé sur ce point, Shein répond la plupart du temps par des généralités. La compagnie affirme par exemple, que « les partenaires fournisseurs doivent aménager les horaires de travail de manière raisonnable et <a href="https://www.reuters.com/business/retail-consumer/exclusive-chinese-retailer-shein-lacks-disclosures-made-false-statements-about-2021-08-06/">se conformer aux lois et réglementations locales</a> », ou encore « doivent fournir un environnement de travail sûr, hygiénique et sain, et prendre les mesures nécessaires pour prévenir les accidents et les blessures des employés résultant de leur travail ».</p>
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<figcaption><span class="caption">Exploitation, dangers, salaire de misère : la face cachée de Shein (Quotidien, avril 2023).</span></figcaption>
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<p>En outre, en tant que mastodonte de la fast-fashion, Shein contribue indéniablement à la dégradation de l’environnement. Tout d’abord, en raison de la production de vêtements elle-même, l’enseigne est évidemment concernée par les mêmes problèmes que l’ensemble de l’industrie. Pire encore, en vendant des vêtements à <a href="https://www.ft.com/content/ed0c9a35-7616-4b02-ac59-aac0ac154324">l’un des prix les plus bas du secteur</a>, Shein encourage ses clients à les considérer comme hautement jetables.</p>
<p>Notons également que l’utilisation de polyester par Shein reste l’une des plus élevées du secteur, avec <a href="https://www.bloomberg.com/graphics/2022-fashion-industry-environmental-impact">95,2 % de ses vêtements contenant de composants plastiques</a> contre 89,3 % pour PrettyLittleThing, 83,5 % pour Boohoo, ou même 64,7 % pour Asos. Cela laisse très peu de possibilités de recyclage des matériaux. Le chiffre n’inclut même pas la production de ses emballages plastiques.</p>
<p>D’autre part, le nombre incroyable de nouveaux designs ajoutés quotidiennement sur son site web augmente les niveaux de pollution causés par sa production et le renouvellement continuel de la gamme proposée aux clients. Enfin, parce que l’entreprise expédie dans plus de 150 pays, Shein contribue aux émissions de gaz à effet de serre en raison de ses volumes élevés de livraisons et de retours. La plupart de ces derniers finissent d’ailleurs dans des décharges parce que cela reste <a href="https://www.theguardian.com/fashion/2022/apr/10/shein-the-unacceptable-face-of-throwaway-fast-fashion">moins coûteux que de les remettre en circulation</a>).</p>
<h2>#Sheinstolemydesign</h2>
<p>Au fil des ans, Shein a également été accusé à maintes reprises de copier les créations d’autrui, qu’il s’agisse de créateurs indépendants ou de grandes entreprises. Des firmes de renom, telles que Levi’s et Dr Martens, ont ainsi poursuivi le site web chinois pour <a href="https://www.theguardian.com/news/audio/2022/apr/25/shein-rise-ultra-fast-fashion-today-in-focus">violation de marque</a>. Des procédures intentées par <a href="https://edition.cnn.com/2023/07/14/business/shein-rico-lawsuit/index.html">d’autres créateurs</a> comme Krista Perry et Larissa Martinez sont aujourd’hui en cours pour les mêmes raisons. Bien que courantes et difficiles à prouver dans l’industrie de la mode, ces copies prennent une nouvelle dimension lorsqu’une entreprise géante aussi réactive peut les produire en très petites quantités et dans un laps de temps très court.</p>
<p>Si les grandes multinationales peuvent poursuivre car elles disposent de ressources financières suffisantes pour s’attaquer à de tels cas de copie, les choses sont différentes pour les petits créateurs indépendants qui accusent Shein de s’approprier leur travail de manière illégitime. Les cas de ce type abondent sur les réseaux sociaux, où les créateurs placent côte à côte des photos de leurs propres produits et des copies de Shein. Sur TikTok, le hashtag <a href="https://www.tiktok.com/tag/sheinstolemydesign?lang=fr">#sheinstolemydesign</a> comptait ainsi plus de 17 millions de vues en juillet 2023. Utiliser les réseaux sociaux pour confronter publiquement l’entreprise semble en effet le meilleur moyen d’obtenir des réponses et des excuses de sa part, même si cela ne signifie pas nécessairement une compensation financière et <a href="https://www.theguardian.com/artanddesign/2022/mar/06/they-took-my-world-fashion-giant-shein-accused-of-art-theft">n’empêche pas Shein de recommencer</a>.</p>
<h2>Le succès de Shein peut-il être durable ?</h2>
<p>La croissance ultrarapide de Shein pourrait donc avoir semé les graines de problèmes futurs, dont certaines commencent déjà à germer. L’entreprise s’efforce de montrer qu’elle en est consciente et qu’elle a commencé à les traiter, voire à les anticiper.</p>
<p>Certes, début 2022, une enquête menée auprès de 7 000 adolescents américains a révélé que Shein était leur <a href="https://www.wired.com/story/fast-cheap-out-of-control-inside-rise-of-shein">deuxième application de commerce électronique préférée</a> – après Amazon. Cependant, un nombre croissant de personnes recherche des entreprises plus durables, authentiques et transparentes pour leurs achats, en se tournant vers des start-up de mode durable <a href="https://startupsavant.com/startups-to-watch/sustainable-clothing">comme Dropel ou Vividye</a>. Comme l’indiquait en 2022 la blogueuse de mode Ines Fressynet : </p>
<blockquote>
<p>« Shein avait réussi à me donner <a href="https://www.euronews.com/green/2022/04/05/welcome-to-the-dark-side-shein-is-the-biggest-rip-off-since-fast-fashion-was-born">l’illusion d’avoir trouvé le Graal du shopping en ligne</a> ».</p>
</blockquote>
<p>Il est important de souligner la dualité à laquelle la génération Z est confrontée avec Shein : une obsession pour le modèle de fast fashion d’un côté et l’aspiration à une consommation plus responsable de l’autre. D’ailleurs, de nouveaux concurrents encore moins chers que Shein ont déjà fait leur apparition, comme AllyLikes (une filiale d’Alibaba, géant chinois du commerce électronique qui cible les marchés européens) ou PinDuoDuo. La génération Z, principal moteur de la croissance de Shein, restera-t-elle séduite par les prix ou changera-t-elle d’avis ? De la réponse à cette question dépend l’avenir du groupe, mais aussi sans doute celui de toutes les entreprises qui misent sur une stratégie <a href="https://theconversation.com/fr/topics/low-cost-46331">low-cost</a> au détriment des impacts sociaux et environnementaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210153/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le distributeur chinois de mode à bas prix en ligne a construit son succès grâce à une stratégie d’influence et à une logistique de pointe, mais aussi au mépris des enjeux sociaux et environnementaux.Ghassan Paul Yacoub, Professor of Innovation, Strategy, and Entrepreneurship, IÉSEG School of ManagementLoïc Plé, DIrecteur de la Pédagogie - Full Professor, IÉSEG School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1901072023-03-07T14:04:04Z2023-03-07T14:04:04ZLes milliards de masques utilisés depuis le début de la pandémie menacent la faune<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/483347/original/file-20220907-26-juby92.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=37%2C44%2C4910%2C3278&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un masque de protection, utilisé comme mesure préventive contre la Covid-19, gît sur le sol d'une plage près de Barbate, dans la province de Cadix, au sud de l'Espagne, en février 2022.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Emilio Morenatti)</span></span></figcaption></figure><p>Tout au long de la pandémie de Covid-19, le port du masque a été l’une des principales mesures de santé publique mises en œuvre pour lutter contre la maladie. Depuis mars 2020, des milliards de masques chirurgicaux jetables ont été utilisés dans le monde, ce qui soulève la question suivante : que deviennent tous ces masques usagés ?</p>
<p>En tant que chercheurs dans le domaine de la pollution par les plastiques à usage unique et les microplastiques, nous avons compris qu’une vague mondiale de pollution par résidus de plastique se préparait dès les premiers jours de la pandémie, et ce, même pendant les périodes de confinement, quand l’exercice physique se limitait à de courtes promenades dans le quartier. Masques et gants jonchaient le sol, volaient au vent et s’accrochaient aux clôtures.</p>
<p>De plus, en tant qu’écologistes, nous avions une idée des endroits où on retrouverait ces déchets : dans les nids, l’estomac des animaux sauvages ou enroulés autour de leurs pattes.</p>
<p>Au Canada, une équipe de chercheurs dirigée par la biologiste de la conservation Jennifer Provencher a <a href="https://doi.org/10.1139/er-2018-0079">étudié l’impact des résidus de plastique sur la</a> faune. Dans une étude menée lors du nettoyage d’un canal aux Pays-Bas, des biologistes du centre de biodiversité Naturalis ont constaté <a href="https://doi.org/10.1163/15707563-bja10052">que les résidus d’équipements de protection individuelle (ÉPI) présentaient une interaction avec la faune similaire à celle des autres plastiques</a>.</p>
<h2>Des effets sur la faune</h2>
<p>Dans un dessin humoristique <a href="https://www.reddit.com/r/RATS/comments/i4nv66/face_masks_for_the_win/">qui circule sur Internet</a>, un rat rentre chez lui avec des sacs d’épicerie et trouve deux autres rats allongés dans des hamacs superposés faits de masques chirurgicaux. Le rat allongé en bas s’exclame : « On trouve des hamacs gratuits partout en ville. Un vrai miracle ! »</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1294320425099571202"}"></div></p>
<p>Nous avons partagé ce dessin avec nos collègues au début de la pandémie, alors que nous enquêtions sur les déchets d’ÉPI dans les rues et les stationnements de Toronto.</p>
<p>Nous avons constaté que dans la zone que nous avons étudiée (qui couvre une superficie de Toronto équivalente à environ 45 terrains de football), plus de 14 000 masques, gants ou lingettes désinfectantes jetables s’étaient accumulés à la fin de l’année. De quoi faire des dortoirs entiers de hamacs à rats.</p>
<p>Il nous fallait comprendre l’ampleur des dommages causés à la faune sauvage par les ÉPI. Nous avons constaté que beaucoup d’autres personnes étaient également préoccupées par la situation.</p>
<h2>Des images choquantes</h2>
<p>Après avoir mené une enquête mondiale en consultant les comptes des réseaux sociaux portant sur les interactions de la faune avec les résidus d’ÉPI, nous avons découvert des images choquantes : un hérisson pris dans un masque, les élastiques emmêlés dans ses piquants. Une minuscule chauve-souris, les élastiques de deux masques enroulés autour d’une de ses ailes. Un nid, rempli d’œufs blanc ivoire, isolé par des plumes duveteuses et un masque en tissu.</p>
<p>Beaucoup de ces animaux sont morts, mais la plupart étaient vivants au moment où ils ont été observés, et certains ont pu être libérés de leur piège de plastique par les personnes qui les avaient pris en photo.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/CDAB4MQBCKO","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<p>En tout, nous avons trouvé 114 cas d’interactions entre la faune et des déchets d’ÉPI, signalés sur les réseaux sociaux par des personnes inquiètes, partout dans le monde. La plupart des animaux sauvages étaient des oiseaux (83 %), mais des mammifères (11 %), des poissons (2 %), des invertébrés tels qu’une pieuvre (4 %) et des tortues de mer (1 %) ont également été observés.</p>
<p>La majorité des observations provenaient des États-Unis (29), de l’Angleterre (16), du Canada (13) et de l’Australie (11), ce qui s’explique probablement à la fois par l’augmentation de l’accès aux appareils mobiles et le fait que les mots-clés de notre recherche étaient en anglais. Les observations provenaient également de 22 autres pays répartis sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique.</p>
<h2>Peser le pour et le contre</h2>
<p>Alors que l’on <a href="https://doi.org/10.1021/acs.est.0c02178">estime à 129 milliards le nombre de masques utilisés chaque mois dans le monde</a>, comment pouvons-nous, en tant qu’écologistes et chercheurs en environnement, dire aux gens de partout sur la planète confrontés à une pandémie mondiale d’utiliser moins de masques ? C’est tout simplement impossible.</p>
<p>Les masques N95 ont joué un rôle essentiel dans la réduction de la transmission de la Covid-19 et, bien qu’ils soient plus néfastes pour l’environnement que les masques en tissu, <a href="https://doi.org/10.1021/acs.chas.1c00016">leur bénéfice pour la santé est incontestablement</a> supérieur.</p>
<p>Alors, qu’aurions-nous pu faire de mieux ? Lors de notre recherche sur les déchets provenant des ÉPI, nous avons constaté une profusion de masques et de gants jetés à proximité des poubelles publiques.</p>
<p>Nous avançons une hypothèse : l’absence de messages clairs, de la part des municipalités et des provinces, sur les bonnes façons de se débarrasser des ÉPI, ainsi que notre réticence à nous rassembler près des endroits où ils sont jetés, ont probablement contribué à ce phénomène de pollution mondiale.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="une poubelle publique remplie d’EPI et de masques chirurgicaux jusqu’au point de débordement" src="https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/481955/original/file-20220831-12-g98rae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Développer de meilleurs moyens pour que les gens se débarrassent de leurs déchets EPI pourrait aider à empêcher les masques chirurgicaux usagés de finir dans l’environnement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Améliorer les façons dont on peut se débarrasser des ÉPI usagés pourrait contribuer à éviter que des masques usagés ne se retrouvent dans la nature.</p>
<p>Les leçons tirées de cette expérience peuvent encore être mises en œuvre pendant que nous continuons à subir les vagues de cette pandémie ; l’utilisation des masques n’est pas encore révolue. Notre recherche se poursuit et nous surveillons l’accumulation de déchets d’ÉPI qui se retrouveront probablement dans d’autres nids et autour des corps d’autres animaux.</p>
<p>Si une augmentation de l’utilisation de plastique à usage unique causée par la Covid-19 était probablement inévitable, la hausse de la pollution plastique aurait quant à elle pu être atténuée grâce à des investissements dans la sensibilisation du public et à des modifications des infrastructures de gestion des déchets. Masques et autres ÉPI auraient ainsi pu être éliminés et traités correctement, avec un minimum de rejets dans l’environnement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190107/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Des milliards de masques et autres équipements de protection individuelle ont été utilisés tout au long de la pandémie. Contenant du plastique, ces articles nuisent à la faune et à son environnement.Shoshanah Jacobs, Associate Professor, Integrative Biology, University of GuelphJackie Saturno, Research Associate, Dalhousie UniversityJustine Ammendolia, PhD Student, Resource and Environmental Studies, Dalhousie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1968932023-01-24T19:08:57Z2023-01-24T19:08:57ZGreenwashing : le mécène, un pollueur-payeur comme les autres ?<p>À l’occasion de la dernière COP27 qui s’est tenue en novembre 2022, des voix se sont élevées pour blâmer le parrainage de l’évènement par Coca-Cola. Emma Priestland, membre de l’ONG Break Free From Plastic, a ainsi dénoncé une opération de greenwashing conduite par la marque, qui est l’une des <a href="https://www.theguardian.com/environment/2022/oct/04/cop27-climate-summit-sponsorship-polluter-coca-cola-condemned-as-greenwash">plus grosses consommatrices de plastique au monde</a>.</p>
<p>Coca-Cola figure en effet en tête du classement des entreprises les plus pollueuses, selon les résultats d’un <a href="https://www.breakfreefromplastic.org/about/#">classement établi par l’ONG</a> en s’appuyant sur la collecte de déchets dans près de 90 pays et territoires du monde entier (rues, parcs, forêts, plages, etc.).</p>
<p>Cette mise en question du mécénat n’est pas isolée. Nombreuses sont les situations où la générosité des mécènes est interpellée et où la question éthique est publiquement posée. On aurait ainsi pu évoquer dans l’actualité récente la fronde d’un groupe d’étudiants de l’École Polytechnique contre l’implantation sur leur campus d’un <a href="https://www.novethic.fr/actualite/gouvernance-dentreprise/entreprises-controversees/isr-rse/a-polytechnique-la-fronde-des-diplomes-contre-l-implantation-de-lvmh-sur-le-campus-151035.html">centre de recherche dédié au « luxe durable et digital »</a> par le groupe LVMH.</p>
<p>Parmi les affaires qui ont fait le plus de bruit dans un passé très proche, le scandale de <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2021/03/16/crise-des-opiaces-la-famille-du-laboratoire-purdue-propose-de-payer-4-3-milliards-de-dollars_6073366_3210.html">la famille Sackler</a> s’impose à l’esprit. La famille propriétaire de laboratoires pharmaceutiques, grande mécène pour le monde de l’art, a été accusée d’avoir diffusé en connaissance de cause un médicament antidouleurs hautement addictif ayant conduit à la mort de nombreuses personnes.</p>
<p>Doit-on considérer ces cas, très différents les uns des autres, comme relevant d’une même dérive de l’action de mécénat ? D’évidence, non. Le retour à ce que les économistes appellent le principe du pollueur-payeur permet d’éclairer ce débat.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
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<h2>Pollueur-payeur ou philanthropie</h2>
<p>Ce principe fut introduit par <a href="https://link.springer.com/referenceworkentry/10.1057/978-1-349-95121-5_2678-1">Cécil Pigou dès les années 1920</a>. Il a le mérite de la simplicité et de la logique : faire supporter les coûts d’un préjudice à celui qui les a causés, lorsque le marché ne résout pas cette question naturellement. Une taxe est alors mise en place afin de compenser cette externalité négative.</p>
<p>Par exemple, le prix de l’essence ou du gazole intègre une taxe collectée par l’État afin de compenser les coûts induits en pollution que fait supporter l’automobiliste qui utilise ces carburants. La taxe est proportionnelle à la quantité d’essence achetée et plus l’automobiliste circule plus la compensation versée à l’État est élevée. Le principe s’est popularisé du fait de sa large application au champ de l’environnement.</p>
<p>Dans le cas de la philanthropie, l’entreprise donatrice cherche en bien des cas à corriger le préjudice qu’elle a éventuellement contribué à occasionner – directement ou indirectement. Il existe toutefois une différence de taille avec la taxation opérée par l’État : tandis que dans le cas classique de pollueur-payeur, le montant et la forme du préjudice relèvent du régulateur public, dans le cas du philanthrope c’est lui-même qui choisit les modalités de la réparation et son montant, et qui définit, en quelque sorte, la règle du jeu.</p>
<p>Le philanthrope apparaît <em>in fine</em> comme le sauveur et le bienfaiteur désintéressé réparant des dommages dont il entend faire valoir qu’ils ne sauraient lui être complètement imputés. C’est là une sorte de mise en abyme du don, où le donateur s’impose à lui-même ce qu’il reconnaît (ou non) comme un dommage ou un profit teinté d’une part d’illégitimité. Le méfait entraîne un don qui, d’une certaine manière, autorise la poursuite d’une activité éventuellement dommageable, et entraîne en retour une nouvelle action de « générosité ».</p>
<h2>Des receveurs qui ferment les yeux</h2>
<p>Les institutions receveuses, aux finances asséchées par les crises et soucieuses de déployer de nouveaux programmes, se prêtent volontiers au jeu. Elles développent divers moyens en communication afin de trouver des financements privés, quitte à fermer les yeux (ou à ne pas les ouvrir complètement) sur le profil du donateur.</p>
<p>Ce principe questionne le désengagement du régulateur public au profit de l’entreprise initialement responsable de nuisances. Le régulateur ne contraint pas l’entreprise, c’est le chef d’entreprise qui décide (ou non) de compenser une éventuelle nuisance par son action philanthropique.</p>
<p>De ce fait, l’administration ou le politique renonce à veiller au bien commun et laisse cette mission à l’entreprise. Celle-ci apparaît comme un jour « pollueuse » et le lendemain « bienfaitrice » dans le domaine dans lequel elle a pu opérer des dégâts ou dans un autre. Cette délégation n’est pas nécessairement inefficace si le philanthrope est véritablement soucieux du bien commun, ce qui se produit dans la plupart des cas.</p>
<p>En revanche, lorsque cela s’accompagne d’aléa moral comme dans le cas de la famille Sackler qui cachait délibérément au public les résultats d’études démontrant les risques d’addiction à des médicaments commercialisés, la problématique est toute autre.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/uYSKMLJjD2I?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Crise des opiacés aux États-Unis : la famille Sackler dans la tourmente. (France TV Washington, 17 septembre 2019).</span></figcaption>
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<h2>Jeu de dupes</h2>
<p>On retrouve ce balancement entre pollueur et payeur dans une déclaration de Darren Walker, directeur de la Fondation Ford, qui n’hésita pas à écrire dans le <em>New York Times</em> le <a href="https://www.nytimes.com/2015/12/18/opinion/why-giving-back-isnt-enough.html">17 décembre 2015</a> que « rendre l’argent ne suffit pas », et qu’il conviendrait de s’attaquer aux véritables origines des inégalités.</p>
<p>Car l’action philanthropique va souvent de pair, à défaut de la compenser, avec une politique sociale ou salariale très dure. En janvier 2019, la Fondation Walmart, qui avait déjà investi plus de 360 millions de dollars en 2018, annonçait qu’elle financerait des écoles à hauteur <a href="https://www.washingtonexaminer.com/walmart-heirs-commit-1-billion-to-school-choice">d’un milliard de dollars sur cinq ans</a>. Dans le même temps, le groupe continuait à <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/la-famille-la-plus-riche-des-etats-unis-transfere-des-actions-walmart-pour-financer-ses-oeuvres-1183771">verser un salaire minimum extrêmement bas</a>, de onze dollars de l’heure.</p>
<p>Le mécénat mérite mieux que ce jeu de dupes, où l’on se prend les pieds dans le tapis en voulant y cacher la poussière. Les questions d’éthique doivent revenir au centre, et la course à l’argent privé devrait s’accompagner d’une certaine retenue.</p>
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<p><em>Vient de paraître : Benhamou F. et Moureau N. « Le don dans l’économie », <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/le_don_dans_l_economie-9782348064951">La Découverte</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196893/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Dans de nombreux cas, la philanthropie sert aux entreprises à « réparer », dans des conditions qu’ils définissent eux-mêmes, les dégâts qu’ils causent par ailleurs.Françoise Benhamou, Professeure émérite à l’Université Sorbonne Paris Nord et présidente du Cercle des économistes, Université Sorbonne Paris NordNathalie Moureau, Professeure en sciences économiques/économie de la culture, chercheure au RIRRA21, Université Paul Valéry – Montpellier IIILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1828732022-08-08T17:23:48Z2022-08-08T17:23:48ZVieux caoutchouc cherche nouvel emploi<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/471343/original/file-20220628-13-2pslf2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C5%2C1914%2C1072&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En France, les pneus usagés représentant plus centaines de milliers de tonnes de déchets par an — alors qu’ils ne sont qu’une partie des déchets en caoutchouc que nous produisons.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/vVLrfAzmWYw">Imthaz Ahamed, Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Sans même parfois le savoir, nous sommes entourés de caoutchouc ! Naturel et synthétique, nous le trouvons dans nos maisons, nos voitures, dans les bâtiments, les avions, les hôpitaux et sur bien d’autres lieux, en raison de ses <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/caoutchouc-un-materiau-strategique_1359667.html">propriétés très particulières</a>.</p>
<p>De nos jours, <a href="https://centre-val-de-loire.dreets.gouv.fr/sites/centre-val-de-loire.dreets.gouv.fr/IMG/pdf/Etude_caoutchouc_1ere_partie.pdf">pneumatique et caoutchouc industriel</a> sont les deux principaux secteurs consommateurs et transformateurs de matières premières en caoutchouc. Une pièce industrielle en caoutchouc est d’ordinaire à usage unique. Défectueuse ou usée, elle devient un déchet. En France, en 2020, environ <a href="https://www.syndicatdupneu.org/le-recyclage-des-pneumatiques/">508 kilotonnes de pneus sont collectées puis traitées</a>. De plus, la <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/quel-avenir-pour-les-fabricants-de-pieces-en-caoutchouc-pour-l-automobile.N1785377">crise sanitaire</a> et la <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/matieres-commandes-l-industrie-des-plastiques-ressent-les-premiers-impacts-de-la-guerre-en-ukraine.N1796372">guerre en Ukraine</a> ont provoqué des <a href="https://theconversation.com/problemes-dapprovisionnements-et-si-lon-sappuyait-sur-la-blockchain-175023">problèmes d’approvisionnement</a> et de <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/penuries-matiere-le-caoutchouc-aussi.N1217832">matières premières</a>, avec pour conséquence, une augmentation des prix et des délais. Ces évènements intensifient la nécessité du <a href="https://expertises.ademe.fr/economie-circulaire/dechets/passer-a-laction/valorisation-matiere/dossier/recyclage/recyclage-enjeu-strategique-leconomie">recyclage des caoutchoucs</a>.</p>
<p>Avec une telle omniprésence, la question sur <a href="https://theconversation.com/leconomie-circulaire-cette-notion-en-perpetuelle-evolution-178068">l’économie circulaire</a> se pose rapidement. Quels sont nos moyens d’action pour faciliter la valorisation de tous nos déchets contenant du caoutchouc ?</p>
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<p>Actuellement, la <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/gestion-des-dechets-principes-generaux">gestion des déchets</a> doit respecter des réglementations contraignantes. Valorisation « matière » et valorisation « énergétique » sont deux modes de traitement appliqués aux <a href="https://record-net.org/storage/etudes/10-0911-1A/rapport/Rapport_record10-0911_1A.pdf">déchets caoutchoutiques</a>. Il est alors possible d’utiliser par exemple le déchet après traitement comme une matière première destinée à une nouvelle fabrication ou l’énergie générée à la suite de sa dégradation.</p>
<h2>Pourquoi le caoutchouc est-il si indispensable ?</h2>
<p>Imperméable, élastique, fortement déformable (parfois jusqu’à 600 %), amortissant aux chocs ou rebondissant, les propriétés de chaque caoutchouc sont tributaires de sa <a href="https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Elastomere-page-2.html">nature chimique</a> et des différents ingrédients qui le composent.</p>
<p>Ils rivalisent pour s’adapter au mieux au cahier des charges du produit à fabriquer. Pour une même application, plusieurs caoutchoucs peuvent être choisis et donc les performances seront sensiblement différentes. Par exemple, une <a href="https://maindifference.net/difference-between-rubber-and-silicone/">tétine en silicone, comparée à une tétine en caoutchouc naturel</a> est dépourvue de goût, possède une durée de vie supérieure mais est plus fragile aux coups de dents de bébé.</p>
<p>Le caoutchouc naturel est <a href="https://www.lemonde.fr/archives/article/1961/10/03/le-caoutchouc-quatre-siecles-d-histoire_2270801_1819218.html">connu depuis des siècles</a> : le peuple Maya l’employait déjà. Sa matière première est d’origine végétale : le latex, produit laiteux extrait de l’arbre hévéa. Il est récolté en effectuant des saignées directement sur l’écorce de cet arbre. La première forme de caoutchouc synthétique apparaît dès la fin du XIX<sup>e</sup> siècle. Il est principalement obtenu à partir de dérivés d’hydrocarbures ou appartient à la famille des <a href="https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Silicone.html">silicones</a>.</p>
<p>La <a href="https://lelementarium.fr/product/caoutchoucs-elastomeres-resines-styreniques/">consommation de caoutchouc</a> en 2020 se répartit entre 47 % pour le caoutchouc naturel contre 53 % pour le caoutchouc synthétique dans le monde.</p>
<p>Très complexe, le caoutchouc est un mélange de gommes (le ou les caoutchoucs purs), d’agents vulcanisant, de « charges » telles que le noir de carbone et d’autres ingrédients en <a href="https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/materiaux-th11/caoutchoucs-42615210/matieres-premieres-du-caoutchouc-am8010/">fonction des propriétés recherchées</a>.</p>
<h2>Difficile de valoriser un caoutchouc usé… mais pas impossible !</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="pneu et poudrette de caoutchouc" src="https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476245/original/file-20220727-13-3s8l5z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Valorisation de caoutchouc usé.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marie-Pierre Deffarges</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>L’obstacle majeur à son recyclage réside dans le caractère irréversible de sa fabrication. Il est prêt à l’emploi après avoir subi un processus chimique, qui le fait passer d’un état « non vulcanisé » ou « cru », c’est-à-dire mou, déformable et sans tenue mécanique, à un état « vulcanisé » ou « cuit », c’est-à-dire dur et impossible à fondre.</p>
<p>La vulcanisation est décrite par une ou plusieurs réactions de réticulation. Le caoutchouc est un <a href="https://culturesciences.chimie.ens.fr/thematiques/chimie-des-materiaux/polymeres/materiaux-polymeres-architecture-macromoleculaire">polymère</a> décrit schématiquement par de longues chaînes macromoléculaires maintenues entre elles grâce à l’existence de liaisons <a href="https://zhao.recherche.usherbrooke.ca/cours/polymer_introduction.pdf">secondaires</a>.</p>
<p>La réaction de vulcanisation se déclenche en présence d’agent(s) vulcanisant(s) (ou réticulant(s)). Ces agents sont constitués de molécules qui réagissent sur certains sites de la chaîne polymère pour créer des ponts chimiques qui sont des liaisons fortes covalentes. L’agent permet donc de relier les chaînes macromoléculaires entre elles, ce qui rend le matériau dur et résistant. Historiquement, le premier agent vulcanisant est le soufre et le terme, en anglais (<em>vulcanization</em>) <a href="https://new.societechimiquedefrance.fr/wp-content/uploads/2019/12/et-407.pdf">provient du mot Vulcain</a>, dieu cracheur de soufre. Depuis, le terme « vulcanisation » s’est généralisé à la réticulation de tous les caoutchoucs.</p>
<p>La quantité de ponts chimiques (ou nœuds de réticulation) créés est plus élevée pour les « thermodurcissables » que pour les élastomères. Un caoutchouc s’étire jusqu’à une certaine limite donnée par ces nœuds et possède la capacité de reprendre sa forme initiale par <a href="https://orthodfr.edpsciences.org/articles/orthodfr/pdf/2009/01/or0908.pdf">reprise élastique</a>. Ces réseaux tridimensionnels sont les structures chimiques caractéristiques des caoutchoucs et procurent au matériau une cohésion à l’échelle macroscopique.</p>
<h2>La régénération des caoutchoucs se développe</h2>
<p>Une solution pour permettre le recyclage des caoutchoucs consiste à <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/la-filiere-caoutchouc-compte-integrer-davantage-de-matieres-biosourcees-et-recyclees.N697734">incorporer les matières valorisées</a> dans de nouvelles formules : le produit recyclé est réduit à l’état de poudrettes et est utilisable directement comme <a href="https://doi.org/10.1016/j.resconrec.2019.01.047">matière première</a>.</p>
<p>La « <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwjq9rmE1dT4AhUExoUKHbp-Dc0QFnoECCgQAQ&url=https%3A%2F%2Fdam-oclc.bac-lac.gc.ca%2Fdownload%3Fis_thesis%3D1%26oclc_number%3D866086722%26id%3Df48263de-287b-49c4-835f-22b911b1ed51%26fileName%3D30249.pdf&usg=AOvVaw2dJy3uvnYDg__AhKQZfPMu">régénération</a> » est un procédé s’intégrant dans la « valorisation matière ». En présence de soufre, l’objectif est de rompre les liaisons chimiques carbone-soufre, soufre-soufre et/ou carbone-carbone par voies chimique, thermique et/ou mécanique. Le caoutchouc se retrouve dans un état régénéré (cassures des liaisons carbone-carbone) et/ou dévulcanisé (cassures des liaisons soufre-carbone et soufre-soufre). Lorsque les liaisons carbone-carbone sont rompues, la chaîne macromoléculaire est coupée, ce qui provoque des pertes de propriétés mécaniques à l’échelle macroscopique. Si les liaisons ciblées sont les liaisons carbone-soufre et soufre-soufre, le caoutchouc regagne partiellement sa capacité à « vulcaniser ».</p>
<p>Nos équipes de recherche en partenariat avec un industriel se sont penchées sur le comportement des caoutchoucs régénérés et sur les modifications qu’ils peuvent provoquer lorsqu’ils sont incorporés dans un mélange caoutchouc neuf. Nos premiers résultats récemment obtenus et non publiés à ce jour sont prometteurs et confirment que les matériaux recyclés possèdent des propriétés qui les rendent utilisables en choisissant le taux adéquat de matériau régénéré à incorporer en fonction de l’application industrielle.</p>
<p>Re-traités, nos vieux caoutchoucs ont un bel avenir !</p>
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<p><em>Nous remercions Wafaa Rmili, ingénieure recherche contractuelle au LaMé, et Mathieu Venin, co-responsable du Centre d’Étude et de Recherche des Matériaux Élastomères et travaillant au LaMé, pour leur participation et leur implication dans ce projet.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/182873/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ce projet est soutenu par la Région Centre-Val de Loire dans le cadre de son Appel à Projets de Recherche d'Intérêt Régional annuel (APR IR) et est un partenariat entre le Laboratoire de Mécanique Gabriel LaMé (LaMé) et le Laboratoire de Physico-Chimie des Matériaux Électrolytes pour l’Énergie (PCM2E) et la société Phénix-Technologies.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nicolas Berton et Stéphane Méo ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Le caoutchouc est omniprésent dans nos vies… et souvent à usage unique. Comment traiter ces déchets ?Marie-Pierre Deffarges, Ingénieure recherche, Université de ToursNicolas Berton, Enseignant-chercheur en chimie, Université de ToursStéphane Méo, Professeur des Université de Mécanique, Université de ToursLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1755322022-02-06T17:59:01Z2022-02-06T17:59:01ZPêche, pollution, réchauffement : comment les sciences marines peuvent nous aider à sauvegarder l’océan<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/444115/original/file-20220202-15-10jrin4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le robot submersible Ariane, utilisé dans des missions de prélèvement, d’inspection ou de cartographie, peut descendre jusqu’à 2500 mètres de profondeur. </span> <span class="attribution"><span class="source">Olivier Dugornay / Ifremer</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Parce qu’un océan en bonne santé conditionne l’équilibre planétaire et, pour cette raison, le bien-être et la santé des femmes et des hommes, le rôle des sciences océaniques n’a jamais été aussi important pour comprendre la dégradation actuelle du plus grand écosystème mondial et imaginer des solutions.</p>
<p>À l’occasion du <a href="https://oneoceansummit.fr/?trk=public_post_share-update_update-text">One Ocean Summit</a>, qui se tient à Brest du 9 au 11 février 2022, scientifiques, acteurs publics et privés et chefs de gouvernement partageront diagnostics et remèdes pour améliorer l’état du « patient ». Convié à la table des débats, l’Ifremer revient sur différentes pistes de recherche prometteuses.</p>
<h2><em>Mare incognitum</em></h2>
<p>Si elle est baptisée la Terre, ce nom est finalement peu conforme à la réalité d’une planète où l’élément liquide prédomine. La terre ferme n’occupe guère qu’un peu moins de 30 % de la surface du globe tandis que l’océan recouvre les 70 % restants.</p>
<p>Plus grand écosystème monde, l’océan reste malgré tout un grand inconnu : une <em>mare incognitum</em>. Rien que les abysses abriteraient jusqu’à un million d’espèces non répertoriées par les scientifiques…</p>
<p>C’est dire le besoin de sciences pour lever le voile sur cet univers encore si mystérieux, mais dont l’importance pour la bonne santé de la planète comme celle des êtres vivants ne fait, elle, plus mystère.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1488160804285390849"}"></div></p>
<p>L’océan constitue la principale source de protéines pour trois milliards d’êtres humains. Il est également responsable d’environ 50 % de l’oxygène produit sur la planète. Sans oublier les ressources énergétiques et la valorisation des molécules issues de la biodiversité marine (nouveaux médicaments, par exemple).</p>
<p>Mais son intérêt ne se limite pas à prodiguer des ressources, il est aussi un maillon essentiel à la bonne marche de la planète comme principal régulateur du climat. Une fonction précieuse à l’heure où le réchauffement climatique s’accélère.</p>
<p>Mais c’est au prix de lourdes conséquences sur la santé de l’océan, avec une manifestation de symptômes durablement préoccupants : réchauffement de la température des eaux, y compris en profondeur, et acidification du milieu, désoxygénation, élévation du niveau de la mer. Trop sollicitée, la <a href="https://www.ocean-climate.org/wp-content/uploads/2015/03/FichesScientifiques-ocean-pompe-carbone.pdf">« pompe » océanique se grippe</a>… Combinés aux impacts de la surpêche, de la pollution, et de la destruction des habitats, ces maux aboutissent à une érosion de la biodiversité marine, menacée avant même d’être totalement inventoriée.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lacidification-des-oceans-lautre-danger-du-co-114716">L’acidification des océans, l’autre danger du CO₂</a>
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<p>Pour préserver la face bleu marine de notre planète, la recherche en sciences océaniques doit ainsi s’atteler à quatre défis prioritaires : la gestion durable des ressources, la préservation de la biodiversité, la lutte contre les pollutions, et le dérèglement climatique.</p>
<h2>Une pêche plus durable avec la science</h2>
<p>La quantité de produits de la mer consommés dans le monde a déjà été <a href="https://www.fao.org/3/ca9231fr/CA9231FR.pdf#page=16">multipliée par 5 depuis les années 1960</a>, autant du fait de l’augmentation de la population mondiale que de celle de la consommation individuelle. Environ la moitié provient de captures de ressources marines sauvages, ce qui illustre l’importance de la pêche dans l’alimentation mondiale et européenne. <a href="https://www.fao.org/3/ca9231fr/CA9231FR.pdf">Et les projections de la FAO</a> et de l’OCDE prévoient une pression de la demande en poissons encore plus forte à l’avenir.</p>
<p>Les données produites par la recherche scientifique sont capitales pour éclairer les politiques de gestion des pêches. Même si les objectifs fixés, notamment en Europe dans le cadre de la politique commune de la pêche, sont encore loin d’être atteints, des avancées significatives ont été obtenues.</p>
<p><a href="https://wwz.ifremer.fr/Expertise/Peches-maritimes/Bilan-de-l-etat-des-populations-de-poissons-pechees-en-France/Bilan-2020-de-l-etat-des-populations-de-poissons-pechees-en-France">Dans son bilan 2020 de l’état des poissons pêchés en France</a>, l’Ifremer indique que 60 % des débarquements français proviennent de populations exploitées durablement contre seulement 15 % il y a 20 ans. La <a href="https://wwz.ifremer.fr/Expertise/Peches-maritimes/Bilan-de-l-etat-des-populations-de-poissons-pechees-en-France/Bilan-2020-de-l-etat-des-populations-de-poissons-pechees-en-France/Quel-bilan-en-Mediterranee">situation de la Méditerranée</a>, marquée par une surpêche chronique reste cependant préoccupante.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1471737682111995907"}"></div></p>
<p>Pour tenter d’inverser la tendance, l’Europe a instauré un tout premier <a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/eu-fish-stocks/multiannual-management-plans/">plan de gestion pluriannuel</a> en janvier 2020, les scientifiques contribuant à l’analyse de différents scénarios pour sa mise en œuvre.</p>
<p>De même, des travaux scientifiques sont en cours pour produire des connaissances et des avis sur les stocks halieutiques exploités par les flottilles des Antilles, de la Guyane, de la Réunion et de Mayotte, en vue d’améliorer les dispositifs de gestion des ressources.</p>
<p>Plusieurs exemples dans l’histoire récente attestent que de tels plans d’urgence ont été en capacité de redresser la barre : le <a href="https://wwz.ifremer.fr/Expertise/Peches-maritimes/Bilan-de-l-etat-des-populations-de-poissons-pechees-en-France/Bilan-2020-de-l-etat-des-populations-de-poissons-pechees-en-France/Le-merlu-une-histoire-entre-avis-de-tempetes-et-accalmies">merlu</a> du golfe de Gascogne et de la mer Celtique ou le <a href="https://wwz.ifremer.fr/content/download/41835/file/DP%20thon%20rouge%202019_MiseAjour.pdf">thon rouge</a> de Méditerranée et de l’Atlantique, dont les populations ont fortement augmenté ces dernières années, en fournissent de belles illustrations.</p>
<p>L’innovation est aussi l’une des clés pour une pêche plus durable : si l’être humain a déployé pendant des siècles des trésors d’ingéniosité pour pêcher plus, l’heure est venue aujourd’hui de pêcher mieux. Cela passe par une sélectivité accrue des engins de pêche et par une diminution de leur impact sur l’environnement marin.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1468593266148974599"}"></div></p>
<p>Une piste prometteuse explore par exemple les technologies de « deep learning » pour rendre les filets « intelligents ». Le principe : coupler l’emploi de la vidéo à de l’intelligence artificielle pour que le filet s’ouvre ou se ferme automatiquement <a href="https://gameoftrawls.ifremer.fr/">pour ne cibler que les espèces désirées</a>.</p>
<h2>Comment préserver et restaurer la biodiversité ?</h2>
<p>Sur le front de la protection de la biodiversité marine, l’innovation scientifique peut également soutenir la mise en œuvre de politiques visant à la préservation des espèces et habitats sensibles.</p>
<p>Cette innovation se matérialise par exemple par l’installation d’observatoires qui permettent de mieux connaître les écosystèmes et suivre leur évolution. Depuis 10 ans, l’observatoire des grands fonds Emso Açores assure en continu le suivi d’un champ hydrothermal. Il contribue chaque année à une meilleure compréhension de l’environnement abyssal et de ses espèces, encore largement méconnues.</p>
<p>Tout récemment, un <a href="https://wwz.ifremer.fr/Actualites-et-Agenda/Toutes-les-actualites/Mieux-proteger-les-coraux-profonds-un-observatoire-unique-dans-le-golfe-de-Gascogne">nouvel observatoire</a> vient d’être installé dans un canyon sous-marin au large de la Bretagne. Son rôle est d’étudier les <a href="https://theconversation.com/connaissez-vous-les-coraux-deau-froide-144314">coraux d’eaux froides</a>, menacés par les activités humaines.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1296318153052626945"}"></div></p>
<p>Les chercheurs participent également à la réintroduction de certaines populations en déclin. Un projet de <a href="https://wwz.ifremer.fr/Actualites-et-Agenda/Toutes-les-actualites/L-huitre-plate-de-l-espoir-sous-la-coquille">restauration de l’huître plate</a>, espèce menacée d’extinction, a notamment permis d’aider de jeunes larves à coloniser des supports artificiels immergés en rade de Brest et en baie de Quiberon.</p>
<p>Les scientifiques ont montré les conditions environnementales idéales pour l’espèce : une eau à 18 °C, une salinité suffisante, et des supports rugueux pour l’accroche du bivalve. Ces résultats appuieront les mesures de gestion nécessaires pour le retour de l’huître plate.</p>
<p>Autre exemple, <a href="https://theconversation.com/dans-la-rade-de-toulon-un-ecosysteme-artificiel-pour-sauver-les-poissons-145252">dans la Rade de Toulon</a> : une équipe de chercheurs a conçu et installé des récifs artificiels en béton surmontés d’herbiers, artificiels eux aussi. Le but étant d’offrir des zones refuges aux petits poissons qui pourront grandir à l’abri des prédateurs et renforcer ensuite les populations naturelles.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1301813861805428736"}"></div></p>
<p>Des travaux, menés dans le cadre d’un partenariat avec l’Agence française de développement, sont également en cours pour développer des outils permettant de restaurer efficacement les récifs coralliens menacés par des épisodes de blanchiment dans l’océan Pacifique.</p>
<h2>Intensifier la lutte contre les pollutions</h2>
<p>Entre terre et mer, la frontière n’est pas étanche, au point que <a href="https://theconversation.com/microplastiques-en-mer-les-solutions-sont-a-terre-111224">80 % de la pollution des mers</a> a une origine terrestre et se déverse via les fleuves et la bande littorale. Néanmoins, à la faveur d’actions publiques fortes notamment sur l’assainissement, cette pollution peut reculer comme nous l’avons constaté en France avec une amélioration de la qualité du milieu marin avérée depuis 30 ans.</p>
<p><a href="https://wwz.ifremer.fr/Expertise/Pour-un-littoral-mieux-preserve-et-restaure">Les derniers résultats de la surveillance du littoral</a> font ainsi apparaître une amélioration sur plusieurs fronts : contamination chimique, contamination microbiologique, prolifération des microalgues et eutrophisation. Toutefois, des points de vigilance persistent sur certaines zones du littoral ainsi que dans les territoires ultra-marins, confrontés à de problématiques spécifiques (chlordécone, sargasse, ciguatera).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1448969034100318262"}"></div></p>
<p>La pollution plastique fait l’objet d’une attention particulière. Une étude récente établit que <a href="https://wwz.ifremer.fr/Actualites-et-Agenda/Toutes-les-actualites/Pourquoi-le-nombre-de-microplastiques-a-la-surface-des-oceans-a-t-il-ete-multiplie-par-5-Parole-de-scientifique-8">8 à 18 millions de tonnes de déchets plastiques</a> arrivent en mer chaque année. Non biodégradables, ces déchets se fragmentent en microplastiques, de taille inférieure à 5 mm. Les scientifiques évaluent à <a href="https://wwz.ifremer.fr/L-ocean-pour-tous/Sciences-Societe/Parole-de-scientifique/Pourquoi-le-nombre-de-microplastiques-a-la-surface-des-oceans-a-t-il-ete-multiplie-par-5-Parole-de-scientifique-8">24 400 milliards la quantité de ces fragments présents dans l’océan</a>, soit 5 fois plus qu’on ne le supposait jusqu’ici !</p>
<p><a href="https://theconversation.com/images-de-science-la-pollution-aux-microplastiques-144634">Les conséquences pour la faune et la flore</a> sont loin d’être anecdotiques. Les microplastiques servent de cheval de Troie à tout un écosystème microscopique de bactéries, virus, microalgues ou microprédateurs qui « embarquent » sur les plastiques comme sur autant de radeaux de survie. Certaines espèces invasives utilisent aussi ce nouveau moyen de déplacement pour conquérir des territoires supplémentaires.</p>
<p>Autre écueil causé par cette « invasion » : les organismes filtreurs confondent les microparticules et nanoparticules de plastique avec le plancton et les ingèrent. <a href="https://theconversation.com/que-se-passe-t-il-quand-les-huitres-avalent-des-microplastiques-137921">Une expérimentation sur l’huître creuse <em>Crassostrea Gigas</em></a> a révélé qu’une exposition des mollusques en laboratoire à des microparticules et nanoparticules de polystyrène affecte leur reproduction.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1276018446346657797"}"></div></p>
<p>La pollution de l’océan n’est pas le seul fait des microplastiques et celle-ci reste encore largement méconnue. Aussi, mieux comprendre la nature de cette pollution et ses effets sur la biodiversité constitue l’un des 7 axes du <a href="https://www.cnrs.fr/sites/default/files/press_info/2021-06/05_PPR.pdf">programme de recherche « Océan et Climat »</a>, piloté conjointement par l’Ifremer et le CNRS.</p>
<h2>Eviter la surchauffe</h2>
<p>Longtemps l’océan a été ignoré comme un facteur clé de l’équation climatique par manque de connaissances sur le fonctionnement de l’environnement marin. Depuis sa création dans les années 2000, le <a href="https://www.youtube.com/watch?v=poP4i_XK-XU">programme international Argo</a> a contribué à rendre les secrets de l’océan moins impénétrables grâce à un <a href="https://theconversation.com/images-de-science-des-petits-robots-autonomes-qui-revolutionnent-lobservation-de-locean-163524">réseau de plus de 4000 flotteurs chargés de surveiller l’océan en temps quasi réel</a>. Des données qui ont permis aux sciences marines de faire un pas de géant.</p>
<p>Au fur et à mesure que les chercheurs assemblent les pièces du puzzle, on découvre que l’océan agit comme un amortisseur des effets du changement climatique : il a absorbé depuis le début de l’ère industrielle <a href="https://ocean-climate.org/wp-content/uploads/2020/01/1.-Loc%C3%A9an-r%C3%A9servoir-de-chaleur-Fiches-S-2019-.pdf">93 % de l’excès de chaleur</a> généré par les activités humaines et de <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/3/2019/09/SROCC_PressRelease_EN.pdf">30 % à 40 % du CO₂</a> présent dans l’atmosphère !</p>
<p>Une « générosité » qui n’est pas sans conséquence : l’océan a enregistré un nouveau record de chaleur en 2021 qui renforce une série de signaux préoccupants pour sa santé et celles de ses « habitants » : poursuite de l’élévation du niveau de la mer, diminution de l’oxygène dissous dans l’eau, acidification de l’océan, stress thermique pour certaines espèces marines ; mais aussi intensification des événements météorologiques extrêmes auxquels les territoires ultra-marins sont particulièrement vulnérables.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1204076097652088834"}"></div></p>
<p>Les huîtres et les moules peuvent par exemple souffrir, comme les coraux, de la diminution de la concentration en carbonate de calcium, élément chimique indispensable à la construction de leur coquille. Les chercheurs ont pu mettre en évidence que les mollusques, placés dans des conditions plus acides, présentent une coquille moins épaisse et plus légère, suggérant une moindre résistance à la prédation et aux chocs (vagues ou manipulations conchylicoles).</p>
<p>Pour la première fois, un <a href="https://wwz.ifremer.fr/Espace-Presse/Communiques-de-presse/Anticiper-l-impact-du-changement-climatique-sur-les-huitres-et-les-moules">projet scientifique</a> s’attache d’ailleurs à étudier les effets combinés du réchauffement climatique et de l’acidification sur plusieurs générations de bivalves du Nord de la Bretagne à la Méditerranée.</p>
<h2>Construire une gouvernance internationale</h2>
<p>Bien que récente, la prise de conscience de la communauté internationale sur le rôle primordial de l’océan dans les problématiques climatiques et de biodiversité est aujourd’hui réelle. La montée en puissance des sciences océaniques s’affirme comme une nécessité pour préserver un écosystème en voie de dégradation.</p>
<p>Signe de cette nouvelle dynamique : le développement des aires marines protégées, la création de structures de gouvernance comme l’IPBES ou la conférence intergouvernementale de l’ONU sur la biodiversité marine en haute mer (hors juridictions nationales). En témoigne aussi la publication d’un <a href="https://twitter.com/valmasdel/status/1204076097652088834?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1204076097652088834%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fdrafts%2F175532%2Fedit">rapport spécial du GIEC consacré aux océans et à la cryosphère</a>, ou encore <a href="https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000375148_fre">l’augmentation continue du nombre de publications scientifiques</a> touchant ce domaine.</p>
<p><a href="https://fr.unesco.org/ocean-decade">La Décennie des Nations unies</a> pour les sciences océaniques au service du développement durable, proclamée par l’ONU en 2021, constitue un autre jalon d’importance pour fédérer la communauté scientifique internationale, les gouvernements et la société civile autour de la recherche de changements transformateurs pour la conservation et l’exploitation durable des mers.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1442414975549534212"}"></div></p>
<p>En octobre 2021, la campagne internationale <a href="https://oneoceanscience.com/">One Ocean Science</a> a poursuivi ce même objectif en rassemblant des scientifiques de 37 organismes de recherche et de 33 pays pour se faire l’écho du rôle essentiel que doivent tenir les sciences océaniques pour mieux connaître et protéger l’océan.</p>
<p>C’est ce même sillage que creuse le One Ocean Summit qui se tiendra à Brest cette semaine, en présence de scientifiques experts de ces questions et de chefs d’État, avec une ambition commune : que l’océan ne soit plus seulement une source de préoccupation mondiale, mais aussi une porte ouverte sur de nouvelles solutions.</p>
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<p><em>Marie Levasseur (Ifremer) a co-écrit cet article. Clara Ulrich, Wilfried Sanchez et Philippe Goulletquer (Ifremer) ont contribué à son élaboration</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175532/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>À l’occasion du One Ocean Summit, qui se tient cette semaine à Brest du 9 au 11 février 2022, tour d’horizon des pistes de recherche prometteuses pour protéger le plus grand écosystème de notre planète.Anne Renault, Directrice scientifique, IfremerClara Ulrich, Coordinatrice des expertises halieutiques, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1595002021-10-10T16:46:20Z2021-10-10T16:46:20ZDe nouvelles perspectives pour le recyclage de plastiques : une avancée pour l’environnement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/425584/original/file-20211010-23-buvddw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C8%2C5991%2C3979&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Stock de bouteilles d'eau.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/OTDyDgPoJ_0">Jonathan Chng / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>En quelques dizaines années, et après avoir pris enfin conscience que nos bouteilles en plastique finissaient en microplastiques dans l’océan, on est passé du « plastique c’est fantastique » au « plastic-bashing ». Dans ce contexte, certains semblent vouloir même se débarrasser totalement et radicalement des matières plastiques, une famille de matériaux aux propriétés inégalées et aux usages multiples. Ils préconisent en remplacement, par exemple, l’utilisation d’autres matériaux qui auraient une meilleure image, tels que le papier.</p>
<p>Originellement, le terme « plastique » ne fait nullement référence à l’origine du matériau mais à son comportement. Aussi les « bioplastiques » issus de la biomasse (nature) sont aussi des matières plastiques. Ils ont le même type de comportement, voire les mêmes structures chimiques, que certains autres issus de ressources fossiles. Le terme « plastique » a été très récemment défini par la Commission européenne dans une directive sur les plastiques à usage unique en précisant que c’est un matériau à base de polymères, en excluant les polymères « naturels » non modifiés.</p>
<p>Certains éléments ne sont pas intuitifs, par exemple, certains polymères issus de ressources fossiles sont biodégradables, compostables alors que d’autres, pourtant issus de la biomasse (nature) ne le sont pas notamment sur des temps courts. C’est le cas par exemple de certains composés phénoliques tels que les lignines issus du bois.</p>
<p>Autre exemple, pour revenir à la référence précédente au papier, ce matériau aux propriétés remarquables n’est malheureusement pas totalement « environnemental ». Au-delà des procédés de production de la pâte à papier, il ne faudrait pas oublier que dans la formulation de ce matériau et pour lui apporter de vraies propriétés d’usage (tenus à l’eau, aux graisses…), on rajoute pendant le procédé en quantités non négligeables de différents polymères synthétiques, ce qui n’est d’ailleurs pas sans poser problème lors du recyclage de ce matériau. Sans ces ajouts, ce matériau ne serait qu’un « buvard » formé de fibres cellulosiques et de charges minérales.</p>
<p>Un autre exemple : on entend souvent plébisciter la biodégradation par compostage des matières plastiques. Pourtant, cette approche très intéressante présente des limites majeures. En effet, la biodégradation génère in fine des gaz à effet de serre, tels que le gaz carbonique et le méthane, qui sont difficilement valorisables avec une perte énorme de richesses notamment structurales par rapport au matériau initial. De plus, seuls quelques polymères sont biodégradables qu’ils soient issus de la biomasse, tel que l’amidon, ou synthétique, issus des ressources fossiles, tel que par exemple le polycaprolactone. Enfin, on attend souvent des matériaux, de longues tenues dans le temps dans une très grande majorité des usages. Vous n’attendez pas que le clavier de votre ordinateur se biodégrade, par exemple. Vous voulez le garder intact et fonctionnel le plus longtemps possible.</p>
<p>La recherche s’est emparée de la question des matières plastiques et de l’environnement depuis fort longtemps. Par exemple, la question problématique de la fin de vie des matières plastiques est abordée depuis des décennies dans différents laboratoires de recherche. Cette tendance s’est très largement amplifiée pendant cette dernière décennie dans un contexte de fortes attentes sociétales. Actuellement tout s’accélère aussi dans ce domaine de la recherche. Le nombre d’appels à projets dans ce domaine, les possibilités de financement explosent, et pas uniquement au niveau régional ou national. L’Europe a financé de très nombreux projets dans le cadre d’Horizon 2020 (H2020) et le programme actuel « Horizon Europe » ne fait qu’amplifier cela au service global de l’innovation et de la science en Europe.</p>
<p>Dans ce contexte global, <a href="https://icpees.unistra.fr/">notre laboratoire</a>, qui s’était saisi du thème des matières plastiques pour l’environnement il y a environ 25 ans, a récemment développé une nouvelle approche de recyclage novateur de matériaux plastiques en fin de vie, suite à différents projets financés par l’Europe et l’Université, au travers de ses fondations.</p>
<p>Comme le montre l’exemple très récent de Carbios (France) dans le domaine du PET (Bouteilles d’eau…), la R&D dans le domaine du recyclage s’est aussi récemment orientée vers la dégradation enzymatique contrôlée pour recycler des matières plastiques.</p>
<p>Les enzymes sont des protéines avec des activités catalytiques il sont produits par différents micro-organismes tels que des bactéries ou des champignons. En mettant en contact des enzymes avec les matières plastiques en fin de vie, on produit des briques moléculaires. À partir de ces briques, on va pouvoir obtenir une seconde génération de polymères par synthèse chimique. La première étape enzymatique permet la déconstruction du matériau et la seconde étape permet la construction d’un nouveau matériau. Comme une vieille maison que l’on déconstruit en récupérant les briques pour en reconstruire une toute neuve.</p>
<p>Cette approche circulaire peut être bouclé un très grand nombre de fois.</p>
<p>Notre équipe de recherche a développé récemment cette approche de biorecyclage sur une famille de polymères difficile à recycler que sont les Polyuréthanes. Il s’agit de la cinquième famille de matières plastiques. Les Polyuréthanes sont formés de groupes chimiques appelés « uréthanes », lesquels sont obtenus par réaction rapide entre des polyols, des molécules qui portent des fonctions alcools (-OH) et d’autres, des polyisocyanates, à base de groupements isocyanates (-NCO) lesquels sont connus pour être particulièrement toxiques avant de réagir.</p>
<p>Les polyuréthanes c’est avant tout des mousses (65 %). Vous êtes sûrement assis sur des mousses polyuréthane que vous trouvez aussi dans les matelas, les sièges auto, l’isolation thermique dans les bâtiments…</p>
<p>Ces mousses ont une structure dite « réticulée » cela veut dire que, si vous les chauffez, elles ne se ramollissent pas avant de se dégrader et carboniser.</p>
<p>Il est donc impossible de faire du recyclage en faisant fondre la matière comme cela se fait communément pour les thermoplastiques, tel que le PET.</p>
<p>Ces polyuréthanes ont des propriétés exceptionnelles pour l’économie d’énergie dans le bâtiment, l’amortissement… mais ils posent actuellement des problèmes en fin d’usage. On les retrouve par exemple en trop grande quantité dans les microplastiques. En effet, résistants et souvent de très faible densité (mousses), ils se dispersent facilement dans la nature après usage.</p>
<p>Au-delà des groupes uréthanes (-NCOO-) qui sont connus pour être particulièrement résistants, ces plastiques portent aussi des groupes ester (-COO-). Ce sont ces derniers qui sont cassés en utilisant des enzymes en préservant les groupes uréthanes intacts.</p>
<p>Pour casser ces fonctions ester, il existe une large famille d’enzymes : les estérases. Une fois le réseau cassé, déconstruit, par ces enzymes, on obtient des briques moléculaires qui portent des groupes chimiques actifs. Ceux-ci vont pouvoir être utilisés pour synthétiser une seconde génération de polymères tels que des polyuréthanes, et ceci sans utiliser de composés toxiques. Au-delà du recyclage des mousses en fin d’usage, faire des polyuréthanes sans ajout de composés toxiques est aussi un point majeur de l’ensemble de la démarche !</p>
<p>Une nouvelle vie est donc possible pour les mousses usagées (matelas…), pour éviter qu’elles ne terminent en fines particules dans l’environnement. Cela permettrait, de leur donner une nouvelle vie en les transformant en chaussure de sport, par exemple, ou en de nouvelles mousses.</p>
<p>Afin de pouvoir profiter de ces dernières avancées, un changement d’échelle est actuellement amorcé, du niveau du laboratoire vers l’échelle pilote dans un premier temps.</p>
<p>En combinant chimie et biotechnologie, nous pouvons aujourd’hui faire de nouveaux matériaux avec une approche respectueuse de l’environnement mais aussi circulaire, dans un contexte de développement durable ! On parle de « bioéconomie circulaire » !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/159500/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>L'Institut et l'équipe de recherche du Prof. Luc Avérous recoivent des financements des fondations de l'Université de Strasbourg, de la région Alsace, de l'ANR, du PIA, de l'Europe et de certaines entreprises (de gré à gré) dans le contexte de l'activité du groupe de recherche académique du Prof. Luc Avérous au sein de l'Université et du CNRS, mais sans aucun financements directs.</span></em></p>Et si on utilisait des enzymes pour recycler les plastiques ?Luc Avérous, Professeur des Universités en Science et Ingénierie des Polymères, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1620572021-06-13T16:35:29Z2021-06-13T16:35:29ZComment freiner le commerce illégal de déchets plastiques ?<p>Une récente opération mondiale contre la pollution marine, coordonnée en Europe par Interpol et Frontex, <a href="https://www.europol.europa.eu/newsroom/news/1-600-offences-detected-in-global-operation-against-marine-pollution">a dévoilé 1 600 délits environnementaux</a>, dont une grande partie liée au commerce illégal de déchets. 22 personnes suspectées d’être impliquées dans un réseau criminel de trafic de déchets plastiques entre l’Europe et l’Asie ont été arrêtées.</p>
<p>Rien qu’en 2020, dans les pays de l’OCDE, plus de 1,7 milliard de tonnes de déchets plastiques ont été envoyées de façon illégale à des pays tiers via des intermédiaires ou des « courtiers ».</p>
<p>La consommation de plastique dans le monde a atteint en 2018 les <a href="https://www.statista.com/statistics/282732/global-production-of-plastics-since-1950/">360 millions de tonnes</a>. La production de déchets est si importante que son recyclage ou sa valorisation énergétique génèrent un marché dont le volume commercial attendu pour 2022 dépasse les 50 milliards de dollars. Dans l’Union européenne, 25 millions de tonnes de déchets plastiques sont générées chaque année, <a href="https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_18_5">mais seuls 30 % sont récupérés pour le recyclage</a>.</p>
<p>L’exportation vers des pays membres ou extérieurs à l’Union européenne est une option prévue et permise par la norme européenne, tant qu’il existe des preuves solides que la récupération de matériaux s’effectuera dans des conditions équivalentes à celles imposées par la législation européenne.</p>
<p>Cependant, la gestion opérationnelle finale de ces déchets plastiques (recyclage et valorisation énergétique) dans les pays qui l’encouragent entraîne des coûts et le paiement de droits et de taxes. Ce qui génère un marché noir afin d’optimiser les profits.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les principales évolutions dans les exportations de déchets plastiques vers l’Asie depuis janvier 2018.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.interpol.int/es/Noticias-y-acontecimientos/Noticias/2020/Un-informe-de-INTERPOL-alerta-del-drastico-aumento-de-los-delitos-relacionados-con-los-residuos-plasticos">Interpol</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Pourquoi il existe un marché noir des déchets</h2>
<p>Les motivations derrière ce commerce illégal sont nombreuses, mais voici les trois principales :</p>
<ul>
<li><p>La volonté de tirer profit d’une matière première en évitant les coûts du traitement approprié.</p></li>
<li><p>Le prix du plastique recyclé n’est pas compétitif par rapport au plastique vierge lorsque le prix du pétrole est relativement bas. Cela incite à s’en débarrasser par le biais de pays tiers.</p></li>
<li><p>L’existence d’un surplus important sur le marché producteur et le manque de traçabilité, en raison d’un <a href="https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_18_6444">écart évident entre l’offre et la demande</a> pour les plastiques recyclés.</p></li>
</ul>
<p>Ces expéditions illégales sont facilitées par un mauvais contrôle dans les ports de départ et par l’utilisation de licences d’exportation de matières plastiques (via des déclarations frauduleuses), alors qu’il s’agit en réalité de déchets plastiques.</p>
<p>Ceux-ci finissent dans des pays où ils sont traités illégalement : soit ils sont brûlés dans des installations énergétiques, soit ils sont déversés directement dans des décharges. Dans le meilleur des cas, un faux tissu industriel est formé pour recycler les plastiques sans contrôle sanitaire ni contrôle de la main-d’œuvre mobilisée.</p>
<h2>Incendies de décharges</h2>
<p>Depuis que les contrôles à l’importation se sont renforcés dans les pays qui recevaient traditionnellement ces déchets – alors que leur propre production est excédentaire – les pays d’Europe du Sud ont signalé une augmentation des feux de déchets plastiques dans les stations de traitement et les décharges.</p>
<p>L’administration espagnole a par exemple observé cette <a href="https://www.interpol.int/es/Noticias-y-acontecimientos/Noticias/2020/Un-informe-de-INTERPOL-alerta-del-drastico-aumento-de-los-delitos-relacionados-con-los-residuos-plasticos">évolution</a> liée à l’élimination des déchets accumulés dans les champs et les entrepôts de certains recycleurs.</p>
<p>L’Espagne avait l’habitude d’exporter près de 60 % de ses déchets plastiques vers la Chine. Depuis que cette dernière ne l’autorise plus, les centres de recyclage n’ont pas la capacité de traiter tout le plastique qui n’est plus exporté. Il a été estimé qu’entre 2017 et 2018, la fréquence des incendies de déchets en Espagne <a href="https://www.interpol.int/es/Noticias-y-acontecimientos/Noticias/2020/Un-informe-de-INTERPOL-alerta-del-drastico-aumento-de-los-delitos-relacionados-con-los-residuos-plasticos">a augmenté de 100 %</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Types d’activités illégales de traitement des déchets plastiques, en janvier 2018.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.interpol.int/es/Noticias-y-acontecimientos/Noticias/2020/Un-informe-de-INTERPOL-alerta-del-drastico-aumento-de-los-delitos-relacionados-con-los-residuos-plasticos">Interpol</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Améliorer la gestion des plastiques</h2>
<p>La situation actuelle semble complexe. D’un côté, le contrôle à l’encontre de ces délits s’est renforcé. Les pays du Sud-est asiatique ne sont plus les importateurs traditionnels de déchets plastiques qu’ils étaient, ou du moins plus dans les mêmes proportions. La population de son côté souhaite de plus en plus contribuer au recyclage, ce qui entraîne une augmentation de la récupération de matériaux plastiques. Dans ce contexte, l’industrie de recyclage est toutefois incapable d’assimiler tous ces volumes de déchets.</p>
<p>Cela conduit les mafias à cherche de nouvelles destinations et « marchés » illégaux. On observe un transfert des déchets vers des pays tels que la Turquie, ou même au sein de l’Union européenne vers la Bulgarie, la Roumanie et la Pologne. Là, ils sont utilisés dans les usines de production d’énergie comme combustible de substitution, ce qui permet d’économiser environ 40 euros par tonne de plastique brûlé illégalement.</p>
<p>Pour résoudre cette situation, trois types de solutions existent :</p>
<p><strong>Techniques</strong></p>
<ul>
<li><p>Réduire ou éliminer la fabrication de plastiques non recyclables ou difficilement, comme ceux <a href="https://www.boe.es/doue/2019/155/L00001-00019.pdf">à usage unique</a> ; promouvoir des matériaux biodégradables alternatifs.</p></li>
<li><p>Augmenter la qualité des matériaux récupérés, en améliorant les systèmes de collecte sélective et l’efficacité des centres de tri.</p></li>
</ul>
<p><strong>Économiques</strong></p>
<ul>
<li><p>Faire en sorte que le recyclage soit plus rentable pour les entreprises, à travers des normes de recyclabilité et en augmentant la part des plastiques recyclés dans les nouveaux produits. Améliorer les systèmes de gestion des déchets impliquerait des économies de <a href="https://eur-lex.europa.eu/resource.html?uri=cellar:2df5d1d2-fac7-11e7-b8f5-01aa75ed71a1.0023.02/DOC_1&format=PDF">77 à 120 € par tonne collectée</a>.</p></li>
<li><p>Soutenir l’innovation et le financement pour le développement de plastiques plus intelligents et recyclables. On estime les besoins d’investissements en la matière entre <a href="https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/my/Documents/risk/my-risk-blueprint-plastics-packaging-waste-2017.pdf">8 400 et 16 600 millions d’euros</a>.</p></li>
</ul>
<p><strong>Politiques</strong></p>
<p>Sur le plan politique, il s’agit de lutter contre les importations illégales, sur la base de l’amendement de la <a href="https://www.basel.int/Portals/4/Basel%20Convention/docs/text/BaselConventionText-s.pdf">Convention de Bâle</a> – traité international sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et leur élimination, signé par 180 pays. Le but est de renforcer les règles d’exportation et d’obliger les opérateurs du commerce des déchets à demander le consentement du gouvernement du pays destinataire.</p>
<p>Au sein de l’Union européenne, plusieurs objectifs ambitieux ont été adoptés. <a href="https://ec.europa.eu/info/research-and-innovation/research-area/environment/circular-economy/plastics-circular-economy_en">Dix millions de tonnes</a> de plastiques recyclés seront convertis en nouveaux produits d’ici à 2025. Et en <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=celex:32018L0852">2030</a>, 55 % des déchets de contenus plastiques seront recyclés. Les bouteilles devront par ailleurs contenir au minimum 30 % de matériau recyclé.</p>
<p>Toutes ces mesures, comme d’autres qui émergent au fil du temps, contribueront à diminuer et éliminer le gouffre entre l’offre et la demande. Et elles compliqueront le traitement illégal de plastiques dont se nourrissent les mafias et les recycleurs sans scrupule.</p>
<p>Le défi est complexe et les consommateurs doivent également faire un effort pour changer leurs habitudes, afin de réduire la fabrication de certains produits en plastique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162057/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>José Vicente López ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En 2020, plus de 1,7 milliard de tonnes de déchets plastiques ont été transférées illégalement vers des pays tiers. Car leur gestion est coûteuse et l’industrie du recyclage incapable de tout absorber.José Vicente López, Investigador en el Departamento de Ingeniería y Gestión Forestal y Ambiental, Universidad Politécnica de Madrid (UPM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1555352021-03-04T19:12:57Z2021-03-04T19:12:57ZQue deviennent les déchets plastiques rejetés dans l’océan depuis les côtes et les rivières ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/386390/original/file-20210225-13-mnjp47.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=104%2C29%2C4850%2C3226&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La pollution plastique marine serait à 80 % d’origine côtière.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Lvs1F46S8Rs">Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Depuis les régions côtières jusqu’à l’océan du large, la pollution sévit, et ses conséquences dramatiques pour la vie marine sont désormais connues. La production de plastique ayant augmenté de manière exponentielle depuis les années 1950, il a été récemment démontré que sans une stratégie de réduction de ces déchets, <a href="https://science.sciencemag.org/content/369/6510/1455">cette contamination triplera d’ici à 2040</a>.</p>
<p>Pour les diminuer, essayons d’abord de comprendre les chemins qu’ils empruntent. Cela implique d’identifier leurs sources et leurs puits, d’où ils proviennent et où ils « finissent » leur course. Selon les estimations, cette pollution marine par les plastiques serait <a href="https://www.informea.org/en/literature/sea-debris-summary-third-international-conference-marine-debris">à 80 % d’origine côtière</a> – c’est-à-dire issue de l’apport fluvial ou de la population littorale. Le reste serait issu des activités maritimes.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/nYxYOq5IXf4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La pollution de plastique dans les océans va tripler d’ici 2040. (Les Échos/Youtube, le 13 août 2020).</span></figcaption>
</figure>
<p>Nous manquons néanmoins encore de données et d’observations sur ces déchets. Pour comprendre le transport et la dispersion du plastique dans les océans, les modèles numériques constitent un outil idéal pour pallier ces lacunes d’observations et pour tester des hypothèses sur le comportement des particules dans l’eau.</p>
<p>C’est justement ce que nous essayons de faire dans le cadre de l’étude conduite par une équipe de recherche du Laboratoire d’océanographie physique et spatiale. Publiée en avril 2021 dans le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0025326X21001508?via%3Dihub#!"><em>Marine Pollution Bulletin</em></a>, elle vise à connaître le devenir des débris plastiques flottants qui sont rejetés le long des côtes, en s’appuyant sur un modèle de circulation océanique à l’échelle globale.</p>
<h2>Déchets plastiques modélisés en particules numériques</h2>
<p>Plus précisément, l’objectif de cette étude est de comparer la trajectoire des particules plastiques flottantes selon la façon dont elles sont arrivées dans l’eau depuis les côtes.</p>
<p>Dans le premier scénario, dit des rivières, l’apport de déchets provient donc des rivières et suit un modèle établi par des chercheurs en 2017 selon lequel environ <a href="https://doi.org/10.1038/ncomms15611">2 millions de tonnes de plastiques</a> pénètrent dans l’océan chaque année. Les cours d’eau les plus polluants sont principalement situés le long des côtes du Pacifique occidental et représentent environ 70 % de l’apport mondial dans ce scénario.</p>
<p>Fondé sur la population humaine présente sur le littoral, le second scénario utilisé est proportionnel à la quantité de déchets plastiques mal gérés. <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/10/12/124006">Le modèle</a> s’appuie sur les estimations recueillies <a href="https://doi.org/10.1126/science.1260352">dans une étude de 2015</a>, qui évaluait qu’entre 5 et 13 millions de tonnes de débris plastiques étaient relâchés dans l’océan par ce biais pour l’année 2010. Dans ce scénario, dit population côtière, les apports sont répartis de manière plus homogène le long des côtes que dans le scénario des rivières.</p>
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<figcaption><span class="caption">Qu’est-ce qu’un gyre océanique ? (Expédition 7ᵉ continent/Youtube, le 3 mai 2016).</span></figcaption>
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<p>Pour étudier leur dispersion et leur devenir, nous avons modélisé les déchets plastiques côtiers sous forme de particules numériques, qui suivent l’évolution des courants à l’échelle globale, quotidiennement pendant 23 ans (de 1993 à 2015).</p>
<p>Ces particules numériques ne reflètent pas fidèlement la réalité, c’est un cas théorique de la pollution par les plastiques : on ne considère ici que la part flottante de la contamination, c’est-à-dire les déchets transportés à la surface des océans – dans les faits <a href="https://advances.sciencemag.org/content/3/7/e1700782">ils constituent 50 % de la pollution de plastique en mer</a>. Par conséquent, nos particules ne se déposent jamais au fond de l’eau.</p>
<p>Pour mimer l’apport continuel de la pollution plastique dans l’océan, 20 000 particules sont relâchées chaque mois dans les deux scénarios – soit un total d’environ 6 millions de particules sur les 23 années de simulation numérique. Bien que dans la réalité les apports par les rivières et les ceux par la population côtière représentent des niveaux de contamination différents, nous avons choisi de modéliser le même nombre de particules dans chaque scénario afin de pouvoir comparer leur trajet.</p>
<h2>Des particules partout…</h2>
<p>À la fin de la simulation, nous récupérons la position géographique des particules numériques : nous retrouvons alors à la fois celles qui sont vieilles de 23 ans, lâchées au début du processus, et les plus jeunes, libérées il y a quelques mois seulement.</p>
<p>Si nous avions un satellite qui détectait les particules plastiques à la surface des océans, c’est l’image que l’on obtiendrait – dans l’hypothèse où la pollution des particules de surface ne provenait que des rivières ou que de la population côtière, qui sont les deux origines prises en compte ici.</p>
<p>Ce qui est intéressant ici, c’est d’observer que dans les deux cas, les particules sont présentes à peu près partout dans les océans. De la côte jusqu’au milieu des bassins océaniques, avec une concentration bien plus forte au milieu de chaque gyre océanique : on les appelle les zones de convergence subtropicales.</p>
<p>On en retrouve 5, célèbres pour accumuler des déchets plastiques : au centre de l’océan indien, du pacifique Nord et Sud, de l’atlantique Nord et Sud. Si la dynamique physique apparaît semblable dans les deux simulations, nous observons des différences significatives de concentration : dans le scénario des rivières, les quantités de particules sont bien plus faibles dans 3 des bassins océaniques – le Pacifique Sud, l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud. Avec les données dont nous disposons, il semble que le scénario de population côtière reproduit plus fidèlement l’accumulation dans les zones de convergence subtropicales que celui des rivières.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=647&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=647&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=647&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=814&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=814&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/386639/original/file-20210226-13-1x7s3dc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=814&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Nombre de particules à la fin des simulations du modèle dans le scénario des rivières (en haut) et le scénario de la population côtière (en bas).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fanny Chenillat, Thierry Huck, Christophe Maes, Nicolas Grima, Bruno Blanke</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans les deux cas, la même quantité de particules est présente dans le cœur des zones de convergence Pacifique Nord et Indien, avec une accumulation rapide : au bout de 5 ans seulement, elles atteignent le cœur de ces vortex. Ceci prouve que les trajets parcourus entre la source de la pollution (la côte) et les puits (le cœur des gyres) sont relativement courts.</p>
<p>Dans le gyre du Pacifique Sud, au contraire, les particules s’accumulent très lentement – dans le scénario de population ; cela illustre que les particules voyagent longtemps, et sur de grandes distances avant d’atteindre cette région : la principale source ne se situe par conséquent pas nécessairement sur les côtes du Pacifique Sud.</p>
<p>D’un point de vue statistique, on retrouve moins de 20 % des particules rejetées par la côte dans le cœur des zones de convergence subtropicales. Seuls 29 % finissent dans l’océan dans le scénario rivière, contre 45 % dans le scénario population. Où sont donc passées les restantes ?</p>
<h2>54 à 70 % échouées sur les côtes</h2>
<p>Dans le scénario des rivières, 70 % des particules se sont échouées, contre 54 % dans le scénario population. Malgré cette différence en nombre et une répartition des sources distincte, leur répartition finale est semblable dans les deux cas : les particules s’échouent, dans les deux cas, sur presque toutes les côtes. Cette homogénéité s’explique peut-être par le fait qu’elles suivent les mêmes courants. Cette redistribution entre les sources et les puits révèle qu’il existe potentiellement des connexions particulières entre certaines régions côtières.</p>
<p>Pour étudier cette connectivité et comprendre la relation entre les sources et les puits, nous avons divisé l’océan en plusieurs parties : les grands bassins sont coupés entre le nord et le sud, sauf le Pacifique également réparti entre l’est et l’ouest.</p>
<p>Nous avons évalué la quantité de particules qui s’échouent en provenance d’une certaine région (sources) vers les côtes d’une autre région (puits). 85 % des particules qui atterrissent sur le littoral le font dans leur région d’origine dans les deux scénarios, et 15 % des parcourent avant cela des distances allant jusqu’à 8 000 km, ce qui permet une connectivité à l’échelle mondiale.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1003&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1003&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1003&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1260&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1260&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/386530/original/file-20210225-17-1l86udd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1260&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Matrice de connectivité pour les particules échouées dans le scénario des rivières (en haut) et le scénario de la population côtière (en bas). Les cellules sont colorées en fonction du nombre de particules provenant de la région indiquée source et aboutissant dans la région puits. Les cellules blanches indiquent une faible connectivité (c’est-à-dire moins de 50 particules).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fanny Chenillat, Thierry Huck, Christophe Maes, Nicolas Grima, Bruno Blanke</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette étude numérique a donc mis en évidence plusieurs éléments. D’abord, que les déchets issus des rivières et de la population côtière constituent deux sources clés de pollution marine par les plastiques, avec jusqu’à 20 % des particules totales rejetées depuis la côte qui s’accumulent dans le cœur des zones de convergences.</p>
<p>Ensuite, qu’il existe des différences significatives entre les deux scénarios : celui de la population côtière estime mieux l’accumulation des particules dans les zones de convergences, et les proportions varient d’un scénario à l’autre entre les particules qui finissent en mer et celles qui s’échouent.</p>
<p>Nous avons enfin montré que les débris flottants peuvent parcourir des milliers de kilomètres avant de s’échouer, ce qui signifie qu’un déchet parti d’une côte quelque part dans le monde pourrait se retrouver sur une autre côte 8000 km plus loin.</p>
<p>Cette étude théorique nous permet donc de mieux évaluer l’impact des sources des plastiques sur leur devenir, sur les côtes et au large. Les chercheurs du laboratoire d’océanographie physique et spatiale se concentrent sur ces questions et d’autres résultats sur le rôle de la dynamique des océans sur l’échouage des particules numériques sont à venir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/155535/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fanny Chenillat a reçu des financements du CNRS-INSU. </span></em></p>Des chercheurs ont modélisé le devenir des particules plastiques dans l’océan sur 23 ans.Fanny Chenillat, Chercheuse en modélisation des écosystèmes (LEMAR/LOPS/LEGOS), Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1492882020-12-09T19:01:40Z2020-12-09T19:01:40ZRecyclage et valorisation des déchets plastiques : comment ça marche ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/373876/original/file-20201209-23-1jcwyq2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=25%2C8%2C5725%2C3819&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quand ils sont recyclés, nos déchets plastiques peuvent être extrudés, fondus puis moulés, ou transformés en molécules d’intérêt industriel.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/moving-conveyor-transporter-on-modern-waste-1272692776">jantsarik / shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Pendant de nombreuses années, la civilisation humaine a été habituée à vivre selon un modèle « fabriquer, prendre, jeter ». Une conséquence de ce mode de vie est la production à grande échelle de déchets plastiques. Au cours des cinq dernières décennies, la production mondiale de plastiques a augmenté régulièrement, atteignant une production annuelle globale de <a href="https://www.statista.com/statistics/282732/global-production-of-plastics-since-1950/">359 millions de tonnes en 2018</a> ; on estime que ces chiffres continueront à augmenter dans les années à venir.</p>
<p>En raison de cette production élevée, l’un des grands défis à relever est la gestion de ces déchets. Dans le passé, en raison des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S001393510800159X">coûts élevés</a>, les matières plastiques n’étaient pas recyclées. Cependant, avec la <a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2018/05/22/waste-management-and-recycling-council-adopts-new-rules/#">mise en œuvre</a> de <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?qid=1516265440535&uri=COM:2018:28:FIN">nouvelles lois</a> et <a href="https://www.eca.europa.eu/fr/Pages/DocItem.aspx?did=55223">règlements</a>, il devient de plus en plus urgent de développer de nouvelles technologies efficaces, non polluantes et qui s’adaptent facilement à différents types de plastiques ; l’objectif étant de recycler <a href="https://eur-lex.europa.eu/eli/dir/2018/852/oj">50 % de déchets plastiques en 2025 en 55 % en 2030</a>, contre environ <a href="https://www.europarl.europa.eu/news/en/headlines/society/20181212STO21610/plastic-waste-and-recycling-in-the-eu-facts-and-figures">35 % actuellement</a> en France et en Belgique.</p>
<iframe title="Production de déchets plastiques en Europe " style="width:48%; display: inline-block; vertical-align: top;" aria-label="chart" id="datawrapper-chart-ghRlU" src="https://datawrapper.dwcdn.net/ghRlU/3/" scrolling="no" frameborder="0" height="500" width="100%"></iframe>
<iframe title="Traitement des déchets plastiques en Europe" style="width:45%; display: inline-block; vertical-align: top;" aria-label="chart" id="datawrapper-chart-dVhjF" src="https://datawrapper.dwcdn.net/dVhjF/2/" scrolling="no" frameborder="0" height="500" width="100%"></iframe>
<p>Une façon de gérer ces résidus plastiques est l’incinération. Dans ce cas de figure, il est possible de tirer profit du potentiel énergétique de ces plastiques pouvant ainsi générer de l’électricité. Les déchets plastiques ont un haut <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pouvoir_calorifique">pouvoir calorifique</a>. Leur combustion permet de chauffer l’eau et de générer la vapeur. La vapeur met en rotation la turbine, dont l’énergie mécanique est convertie en électricité à l’aide d’un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Machine_synchrone">alternateur</a>. Cependant, cette méthode présente l’inconvénient d’émettre des gaz à effet de serre, en particulier du dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>) et parfois de produits toxiques, tels que les gaz acides (HCl, SO<sub>2</sub>, HF), les dioxines, les furannes, les métaux lourds, les composés polychlorés…</p>
<h2>Comment recycle-t-on le plastique aujourd’hui ?</h2>
<p>Au fil des ans, plusieurs méthodes de recyclage ont été développées, comme le « recyclage primaire », où les plastiques usagés sont valorisés par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Extrusion">« extrusion »</a>, générant des matériaux similaires aux matériaux initiaux. Toutefois, ce type de processus nécessite une collecte des déchets plastiques sélective et séparée pour chaque type de plastique : polyéthylène, polypropylène, etc., ce qui pose un problème de coûts d’exploitation importants. Le plus souvent, les déchets plastiques « triés » sont en effet des mélanges de différents types de matières plastiques.</p>
<p>Le recyclage mécanique « secondaire » comprend la collecte, le tri et le lavage des déchets. Ensuite, les plastiques sont directement fondus et moulés dans une nouvelle forme, ou transformés en granulés. Le recyclage secondaire n’est possible que lorsque les déchets plastiques sont constitués de polymères simples, car plus les déchets sont complexes et contaminés, plus il est difficile de les trier et recycler par cette technique.</p>
<p>En plus du recyclage primaire et secondaire, le « recyclage tertiaire » est un recyclage chimique. Dans ce type de recyclage, on convertit des matières plastiques en molécules plus petites, généralement des liquides ou des gaz, comme l’huile de pyrolyse ou le gaz de synthèse, qui sont couramment utilisées comme matière première pour obtenir de nouveaux carburants (kérosène, diméthyléther, gasoil) et des produits chimiques (par exemple méthanol, oléfines, alcools, engrais, insecticides, fongicides).</p>
<p>Parmi toutes les méthodes de recyclage, le <a href="https://doi.org/10.1016/j.wasman.2020.01.038">« recyclage chimique »</a> a récemment attiré l’attention, en particulier les <a href="https://doi.org/10.1016/j.jenvman.2017.03.084">méthodes</a> de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pyrolyse">pyrolyse</a>, d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Raffinage_du_p%C3%A9trole#Hydrocraquage">hydrocraquage</a> où les plastiques <a href="https://doi.org/10.1016/j.rser.2017.01.142">sont mélangés</a> avec des produits pétroliers et traités simultanément avec eux dans les unités existantes de raffinage, ainsi que la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaz%C3%A9ification">gazéification</a>.</p>
<p>Parmi ces trois méthodes de recyclage chimique, la <a href="https://doi.org/10.1016/j.rser.2017.09.032">gazéification</a> est particulièrement intéressante, car elle présente le grand avantage de traiter des polymères hétérogènes et contaminés tout en nécessitant peu de prétraitements. Elle permet aussi d’obtenir le « gaz de synthèse », mélange d’hydrogène et de monoxyde de carbone, qui est utilisé dans diverses applications comme carburant gazeux ou intermédiaire chimique, par exemple, pour la synthèse des carburants liquides et du méthanol.</p>
<h2>De nouvelles méthodes de valorisation des déchets pour l’échelle industrielle</h2>
<p>Avec des acteurs industriels du secteur, nous avons identifié des flux de déchets plastiques présentant un intérêt pour la gazéification, c’est-à-dire ceux composés de déchets de polyéthylène, polypropylène, polystyrène, de mousses de polyuréthane rigides et flexibles, d’emballages multicouches, ou encore de composites renforcés par des fibres de carbone ou de carbure de tungstène, qui ont trouvé des applications dans l’industrie aérospatiale, automobile et maritime. L’idée est de produire des produits chimiques de base à partir de déchets plastiques, en vue de leur réutilisation dans l’industrie.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/373304/original/file-20201207-23-1awtsur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/373304/original/file-20201207-23-1awtsur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/373304/original/file-20201207-23-1awtsur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/373304/original/file-20201207-23-1awtsur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/373304/original/file-20201207-23-1awtsur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/373304/original/file-20201207-23-1awtsur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/373304/original/file-20201207-23-1awtsur.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Technologies innovantes en cours d’élaboration dans le cadre du projet PSYCHE.</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Khodakov</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Notre <a href="https://psycheplastics.eu">projet européen Interreg Psyche</a> porte sur la gazéification des déchets plastiques en gaz de synthèse et ensuite, sur la conversion du gaz de synthèse en oléfines légères. Un gazéificateur pilote fondé sur la <a href="https://www.lct.ugent.be/assets/vortex">technologie Vortex</a> élaborée par l’université de Gand, est en cours de dimensionnement à l’université catholique de Louvain. Ce gazéificateur est fondé sur le mouvement rotatif des gaz et des particules solides, qui permet de mélanger mieux les réactifs et d’obtenir un meilleur transfert de chaleur par rapport aux technologies de gazéification classiques. Le dimensionnement d’un réacteur implique le calcul de son volume et du débit des matières premières nécessaires pour obtenir la productivité souhaitée.</p>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Réacteur Vortex (a) et nanoparticules de carbure de fer de type coquille d’œuf dans les catalyseurs pour le procédé Fischer-Tropsch (b).</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Khodakov</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ensuite, nous souhaitons produire, à partir de gaz de synthèse, des produits chimiques de base pour l’industrie, en l’occurrence des « oléfines légères » : éthylène, propylène et butylène. Les oléfines sont des blocs synthétiques essentiels dans l’industrie chimique, très utilisés dans la synthèse de divers produits tels que les polymères, les peintures et les solvants. Traditionnellement, les oléfines légères sont obtenues par <a href="https://doi.org/10.1021/ef101775x">pyrolyse</a>, <a href="https://doi.org/10.1016/j.energy.2005.04.001">vaporcraquage</a> ou par <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Fluid_catalytic_cracking">craquage catalytique fluide du pétrole</a>, mais ces procédés génèrent beaucoup de sous-produits et ils ont un coût élevé. C’est pourquoi des voies alternatives pour l’obtention d’oléfines légères sont à l’étude.</p>
<h2>Développer de nouveaux catalyseurs</h2>
<p>Le plus grand défi est le développement de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Catalyse">catalyseurs</a>, substances qui augmentent la vitesse d’une réaction chimique sans paraître participer à cette réaction, sélectifs et stables lors leur fonctionnement pendant plusieurs mois. Ces catalyseurs permettent d’obtenir le rendement important en oléfines légères et évitent la formation des sous-produits dans un procédé Fischer-Tropsch qui convertit le gaz de synthèse issu de la gazéification en hydrocarbures. Notre équipe lilloise développe des catalyseurs à haute performance pour la production d’oléfines à partir de gaz de synthèse. Le gaz de synthèse issu de la gazéification des plastiques contient des impuretés nocives pour les catalyseurs. L’épuration de gaz dans le cadre du <a href="https://psycheplastics.eu">projet Psyche</a> est réalisée par le Centre de Ressources Technologiques en Chimie (<a href="https://www.certech.be/">CERTECH</a>).</p>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Synthèse d’oléfines légères à partir du gaz de synthèse « Syngas » par la réaction Fischer-Tropsch.</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Khodakov</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les catalyseurs à base de fer sont généralement les <a href="https://doi.org/10.1126/science.1215614">catalyseurs de choix</a> pour la synthèse des oléfines légères par la réaction Fischer-Tropsch, en raison de leur faible coût, leurs grandes sélectivités et flexibilités. La performance du catalyseur à base de nanoparticules de fer peut être améliorée par la promotion de petites quantités d’éléments différents appelés « promoteurs ». Le promoteur est généralement considéré comme un additif, qui est lui-même inactif, mais peut améliorer l’activité, la sélectivité et/ou la stabilité d’un catalyseur.</p>
<p>Dans le cadre du projet PSYCHE, nous avons découvert de <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02906606">nouveaux promoteurs extrêmement efficaces</a> pour les catalyseurs à base de fer. Ces promoteurs améliorent la productivité de catalyseurs et réduisent la formation des sous-produits de réaction. Ils sont à base des métaux utilisés habituellement pour la soudure tels que le bismuth, l’étain et l’antimoine, qui sont <a href="https://doi.org/10.1016/S0926-860X(00)00842-5">mobiles à la surface</a> extrêmement élevée et forment des <a href="https://hal-univ-paris3.archives-ouvertes.fr/LRS/hal-02906598v1">nanoparticules de type coquille d’œuf</a>.</p>
<p>Forts d’une compréhension fondamentale du mécanisme de la synthèse Fischer-Tropsch, de la structure du catalyseur et de la modélisation de la cinétique de réaction en collaboration avec l’université de Gand, nous avons réussi à augmenter 10 fois le rendement en oléfines légères. Les catalyseurs nouvellement développés dans le cadre de ce projet présentent une <a href="https://doi.org/10.1016/S0926-860X(00)00843-7">stabilité accrue</a> contre le <a href="https://doi.org/10.1021/acscatal.6b00321">frittage et le dépôt de carbone</a>, ce qui permettrait leur utilisation éventuelle dans la synthèse industrielle des oléfines légères à partir du gaz de synthèse généré par la gazéification des déchets plastiques. L’efficacité carbone de synthèse d’oléfines légères à partir de déchets plastiques par cette nouvelle technologie atteint 35-40 %. Cette technologie offre une solution durable à la combustion des déchets plastiques spécifiques. L’utilisation du gaz de synthèse obtenu par la gazéification des déchets plastiques pour la production de produits chimiques crée aussi une réutilisation ce qui permet de réduire l’utilisation des matières premières fossiles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/149288/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Andrei Khodakov a reçu des financements de programme Interreg France-Wallonie-Vlaaderen V projet PSYCHE</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alan Barrios a reçu des financements de programme Interreg France-Wallonie-Vlaaderen V projet PSYCHE</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Deizi Peron a reçu des financements de programme Interreg France-Wallonie-Vlaaderen avec le projet PSYCHE</span></em></p>Comment recycle-t-on les plastiques aujourd’hui ? Et comment valoriserons-nous demain ces déchets en molécules utilisables comme matières premières ?Andrei Khodakov, Directeur de recherche au CNRS, Université de LilleAlan Barrios, Doctorant, École Centrale de LilleDeizi Peron, Post-doctorante, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1454822020-11-17T20:53:06Z2020-11-17T20:53:06ZLes bioplastiques, une solution bio pas si écolo<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/368559/original/file-20201110-17-66ok9u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C32%2C1115%2C747&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Parmi les bioplastiques produits aujourd'hui, moins de la moitié (44%) sont biodégradables en raison de leur nature chimique.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/coloured-glasses-compostable-bioplastic-plastic-free-1554934808">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Cible incontestable de l’amoncellement des déchets et de la nécessaire transition écologique, le plastique fait pourtant partie intégrante de notre quotidien. Polystyrène, PVC, Téflon, on trouve des objets en plastique tout autour de nous, des couverts jetables à usage unique aux écrans de nos smartphones, en passant par nos vêtements de sport anti-transpirants.</p>
<p>En 2018, on a ainsi produit <a href="https://www.plasticseurope.org/fr/resources/market-data">359 millions de tonnes</a> de plastique, contre 1,5 million en 1950. Depuis l’essor de ces matériaux légers et modulables à l’envi au milieu du XX<sup>e</sup> siècle, 9200 millions de tonnes ont été produites au total. Parmi ces quantités difficilement concevables, <a href="https://www.plasticseurope.org/fr/resources/market-data">40 % sont utilisées pour de l’emballage</a>. Les fins sachets transparents de polypropylène ou les protections en polystyrène expansé dans les colis ont souvent une durée de vie très limitée et sont difficilement recyclables.</p>
<p>Or ces plastiques de grande diffusion sont fabriqués à partir de produits issus de ressources minières (gaz, charbon et pétrole) augmentant encore leur impact environnemental. Les plastiques conventionnels représentent <a href="https://www.wingsoftheocean.com/plastique-industrie-petroliere/">4 à 8 %</a> de l’utilisation annuelle des ressources en pétrole.</p>
<p>Pour réduire l’empreinte écologique de ces plastiques, les bioplastiques se développent massivement, avec à leur tête le PLA (ou acide polylactique). À première vue, ils ont tout pour plaire : ils sont issus de ressources naturelles et renouvelables, leurs propriétés peuvent atteindre celles des polymères pétrosourcés et certains peuvent être recyclés ou compostés. Leur production intéresse donc les industriels de la plasturgie mais aussi les entreprises du secteur pétrolier, <a href="https://www.info-chimie.fr/biopolymeres-total-corbion-pla-inaugure-son-unite-de-pla-en-thailande,101800">telles que Total</a>.</p>
<p>Il convient pourtant de se montrer prudent devant les vertus annoncées de ces matériaux dits écologiques. En matière de disponibilités des ressources comme en matière de recyclage, les bioplastiques présentent encore des verrous importants qu’il est bon d’avoir à l’esprit.</p>
<h2>Les bioplastiques, késako ?</h2>
<p>Rappelons en premier lieu ce que l’on entend par plastiques et par bioplastiques. Les polymères thermoplastiques, plus simplement appelés plastiques, sont des matériaux organiques constitués de très grandes molécules essentiellement faites de carbone, d’hydrogène, d’oxygène, d’azote et de quelques autres composants comme le chlore ou le fluor. Les plastiques artificiels sont aujourd’hui obtenus à partir d’hydrocarbures (pétrole, gaz, charbon).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1101596831665008640"}"></div></p>
<p>Les biopolymères ou bioplastiques sont eux, comme leur nom l’indique, issus de ressources naturelles, renouvelables et principalement agricoles. Il s’agit de polymères produits à partir d’amidon, de saccharose ou d’huiles végétales, produits dans lesquels on retrouve ces très grandes chaînes carbonées. Ainsi, le PLA (acide polylactique) est obtenu par la fermentation de saccharose ou par l’hydrolyse d’amidon. Citons également les gommes végétales comme l’alginate, qui permettent de préparer des bonbons, ou la sève de l’hévéa qui donne du caoutchouc naturel que l’on retrouve dans les pneus. Mais des plastiques plus conventionnels peuvent aussi être biosourcés. Ainsi le PET (poly-éthylène-téréphtalate) des bouteilles plastiques, peut contenir jusqu’à 30 % de composants d’origine végétale.</p>
<p>Malgré des matières premières très diversifiées, les bioplastiques restent encore à la marge dans la production mondiale puisqu’ils représentent environ <a href="https://www.allize-plasturgie.org/fr/economie-circulaire/bioplastiques-production-mondiale">1 % de la masse totale de plastique produite</a>. Parmi cette production, le PLA, développé à partir de 1950, représente un peu plus de 10 % et le bio-PET représente plus du quart (26 %).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/bonnes-feuilles-plastique-le-grand-emballement-148787">Bonnes feuilles : « Plastique, le grand emballement »</a>
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<h2>Quelle disponibilité pour les agroressources ?</h2>
<p>Les plastiques biosourcés représentent aujourd’hui une opportunité d’utiliser les sous-produits de l’agriculture, notamment de l’agriculture intensive. Mais cet approvisionnement pourrait présenter des inconvénients majeurs si la production venait à augmenter fortement.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1259685095503532034"}"></div></p>
<p>Ainsi <a href="https://fr.boell.org/fr/atlas-du-plastique">l’Atlas du plastique</a> précise que la production d’une tonne de PLA exige 2,39 tonnes de maïs, 0,37 hectare de terre et 2 921 m<sup>3</sup> d’eau. Cela signifie une utilisation massive de terres arables, des besoins en eau conséquents et le recours à des OGM pour la production à grande échelle de céréales ou de sucres. Même si le besoin énergétique est moindre pour le bioplastique que pour le plastique pétrosourcé, ces chiffres imposent une nécessaire réflexion vis-à-vis d’une production à très grande échelle. La question de l’usage de pesticides pour assurer des rendements agricoles entre aussi en jeu pour la production de ces… bioplastiques !</p>
<h2>Biosourcé n’est pas biodégradable</h2>
<p>On attribue souvent aux bioplastiques l’avantage d’être dégradable. Étant produit à partir de sucres, d’amidon, de cellulose ou même de gluten, il semble évident qu’ils sont en effet capables d’être détruits par des micro-organismes pour former du CO<sub>2</sub>, de l’eau et de la biomasse et créer ainsi un cercle vertueux. Or, parmi les bioplastiques produits aujourd’hui, moins de la moitié (44 %) sont réellement <a href="https://www.allize-plasturgie.org/fr/economie-circulaire/bioplastiques-production-mondiale">biodégradables</a> en raison de leur nature chimique.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cycle de vie circulaire des bioplastiques recyclables ou compostables.</span>
<span class="attribution"><span class="source">European Plastics</span></span>
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<p>Le recyclage des bioplastiques biodégradables est quant à lui limité par plusieurs obstacles. Le premier est lié au système de gestion de nos déchets, les circuits de récupération des bioplastiques étant bien moins développés que ceux des plastiques courants utilisés dans les bouteilles d’eau ou de lessive fabriquées en polypropylène ou en PET. De nos jours, la récupération et l’identification de déchets en PLA pour le recyclage ou le compostage sont très peu mises en œuvre et ces déchets sont donc incinérés.</p>
<p>Pour que le PLA puisse être récupéré puis composté, des <a href="https://www.european-bioplastics.org/bioplastics/waste-management/composting/">conditions industrielles</a> sont requises. Il doit être chauffé à 60 °Celsius pendant plusieurs semaines pour donner du compost exploitable. Dans les faits, cela s’avère souvent trop coûteux pour les entreprises qui préfèrent le brûler. À l’inverse le compostage domestique du PLA est peu efficace et demeure donc marginal par rapport au compostage industriel.</p>
<p>Certains bioplastiques sont quant à eux biofragmentables, ou oxofragmentables, comme les sachets d’emballages compostables. Cela signifie que sous l’effet de la chaleur et de l’humidité, ils se décomposent en petits morceaux. Mais cela n’équivaut pas à un processus de biodégradabilité permettant de revenir aux molécules initiales. Les déchets sont plus petits, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=6XonH-g5FfI">moins visibles mais toujours présents</a>. Leur petite taille facile de plus leur migration dans l’environnement et ils continuent de polluer l’environnement, sans être vus. L’interdiction de ces plastiques oxofragmentables est d’ailleurs en <a href="https://bo.citeo.com/sites/default/files/2020-06/Citeo%20Prospective%20-%20Note%20r%C3%A9glementation%20plastiques%20compostables%20et%20biosourc%C3%A9s.pdf">cours</a>.</p>
<p>En parallèle, les filières de recyclage des plastiques courants sont plus largement développées et permettent de recycler en France <a href="https://www.citeo.com/le-mag/les-chiffres-du-recyclage-en-france/">environ 23 % du plastique consommé</a>, dont la majorité correspond au plastique des emballages.</p>
<p>Une autre limitation du recyclage de ces matières nouvelles tient au fait qu’il faut souvent leur ajouter des renforts pour atteindre une tenue mécanique équivalente aux plastiques conventionnels. Il devient alors encore plus difficile de séparer la part de matière recyclage des fibres ou particules et donc de donner une seconde vie à ces bioplastiques.</p>
<p>Les bioplastiques font partie des <a href="https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/matieres-a-penser/peut-concevoir-des-plastiques-ecoresponsables">voies suivies</a> par les acteurs du plastique pour réduire l’impact de ces matières sur l’environnement. Leurs avantages sont réels et il n’est pas nécessaire de leur tourner le dos.</p>
<p>Cessons donc de nous demander comment produire des plastiques moins dommageables pour la planète pour nous poser la question clé : comment réduire drastiquement notre consommation de plastique ? En cela, les <a href="https://bo.citeo.com/sites/default/files/2020-06/Citeo%20Prospective%20-%20Note%20r%C3%A9glementation%20plastiques%20compostables%20et%20biosourc%C3%A9s.pdf">interdictions de plus en plus nombreuses</a> d’articles à usage unique en France, comme en Europe, sont indispensables.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/145482/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Elise Contraires ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les bioplastiques présentent des avantages incontestables au regard des plastiques conventionnels. Mais leurs limites montrent que la vraie solution demeure de réduire notre consommation de plastique.Elise Contraires, Maîtresse de conférences en science des matériaux, École centrale de Lyon, CNRS, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1446342020-08-18T17:50:36Z2020-08-18T17:50:36ZQue sont les microplastiques et pourquoi sont-ils un énorme problème dans les océans ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/353395/original/file-20200818-18-11vwpil.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=23%2C0%2C3976%2C2994&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Microplastiques collectés au filet à la surface de la Méditerranée.</span> <span class="attribution"><span class="source">F. Galgani/ J. H. Hecq</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Les microplastiques, petits fragments de moins de 5 millimètres parfois joliment appelés <a href="https://www.ouest-france.fr/bretagne/lorient-56100/les-larmes-de-sirene-sechouent-en-silence-4321779">« larmes de sirènes »</a> par certaines ONGs, sont devenus le symbole de la pollution plastique des océans. Ils ne représentent qu’environ 10 % du poids de la pollution plastique en mer, mais 90 % du nombre des objets trouvés à la surface.</p>
<p>Parfois conçus pour être de petite taille dès leurs fabrication, ils proviennent pour la majeure partie de la fragmentation des plastiques en mer ou des peintures de navires, arrivant également par les fleuves ou l’atmosphère pour les fibres textiles ou ceux issus de l’usure des pneus.</p>
<p>Ils constituent un univers très varié de formes, couleurs, et de composition, et reflètent les divers usages de l’homme. Les moins denses comme les polyéthylènes (sacs plastiques, jouets, etc.) sont essentiellement flottants alors que les plus lourds comme les polychlrorovinyls (tuyaux, etc.) peuvent s’accumuler dans les sédiments marins, parfois très profonds.</p>
<p>Si leur quantité sur les fonds semble augmenter avec la production mondiale de plastiques, ceux en surface ou ingérés par les organismes restent à des niveaux relativement constants, sans que l’on connaisse vraiment les mécanismes de transfert et de dégradation. Leur cycle reste encore un mystère, mais leur quantité est phénoménale, avec plus de 5 milliards de milliards de microparticules pour celles flottantes à la surface des océans et des concentrations parfois de plusieurs dizaines de particules par kilogramme de sédiments dans les fonds.</p>
<p>Ces microplastiques voyagent loin, très loin, jusqu’aux pôles et s’accumulent parfois dans des zones de surface, dites de convergence. Ainsi a-t-on parlé de « continents de plastiques », vue largement exagérée correspondant seulement à des concentrations élevées, cependant moindres que celles d’eaux côtières comme le golfe du Bengale ou la Méditerranée, mer la plus touchée par la pollution plastique ou les maxima ont atteint 64 millions de particules par km<sup>2</sup>.</p>
<p>La bonne nouvelle est que malgré leur ingestion par certaines espèces du plancton, les filtreurs, comme les éponges et mollusques, les poissons ou certains cétacés, ils ne sont pas transférés dans la chaîne alimentaire, car excrétés dans des temps variant de quelques heures à quelques jours seulement.</p>
<p>En conséquence, le risque pour l’homme de les retrouver dans les produits issus de la pêche ou de l’aquaculture reste limité, en tout cas très en deçà de ceux liés à la consommation d’eau de consommation courante ou à l’ingestion par les voies respiratoires.</p>
<p>Sur le plan environnemental, quelques espèces comme les oiseaux de la famille des fulmars ou albatros restent très exposés en raison de fortes accumulations dans les jabots de leurs estomacs, provoquant des blessures, parfois la mort, mais servant également à la digestion.</p>
<p>Autre nouvelle rassurante, les produits chimiques fixés sur les plastiques constituent un risque mineur de contamination en raison des quantités très en deçà de celles contenues dans l’eau de mer, les sédiments ou de la matière organique où s’accumulent également les polluants.</p>
<p>L’impact le plus important semble celui lié aux transports d’espèces sur les microplastiques des bactéries, virus marins, et autres espèces unicellulaires d’algues parfois toxiques ou parfois d’animaux pathogènes comme l’espèce Martelia, responsable de mortalités plus élevées chez les huîtres creuses. Bien que mal connu, le nombre de microorganismes transportés par les milliers de milliards de microplastiques à la surface des océans pourrait largement affecter les équilibres des écosystèmes océaniques et côtiers.</p>
<p>Enfin, les microplastiques peuvent se dégrader eux-mêmes en particules plus petites, les nanoplastiques dont la <a href="https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acs.est.7b03667">présence en mer est argumentée</a>. Pas de chiffres disponibles, mais leur présence pourrait changer la perception des risques pour l’homme, car contrairement aux microplastiques, ils peuvent s’accumuler dans les tissus des organismes marins et être transférés dans la chaîne alimentaire.</p>
<p>Le traitement tertiaire dans les stations d’épuration, spécifique aux microplastiques, l’interdiction déjà effective de l’usage cosmétique des microplastiques, et une gestion améliorée du transport et de la maintenance des granulés industriels sont les mesures phares spécifiques aux microplastiques.</p>
<p>Au-delà, toutes les solutions existantes pour la pollution plastique en général serviront à limiter leur nombre et leurs impacts. La recyclabilité augmentée des matériaux et le niveau de recyclage, les interdictions des plastiques à usage unique, un meilleur traitement des eaux, les bonnes pratiques dans le domaine industriel, du transport maritime et de la pêche et des comportements plus appropriés du genre humain sont les premières mesures favorisant l’économie circulaire. Seulement certaines sont engagées depuis peu, malgré des enjeux scientifiques, environnementaux, sociaux, économiques et politiques considérables. Il reste beaucoup à faire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144634/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Galgani ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La pollution des mers et des océans par les plastiques devient un enjeu tant environnemental que de santé pour les animaux marins et les humains.François Galgani, Chercheur en océanographie et sciences de l'environnement, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1305862020-01-29T17:52:57Z2020-01-29T17:52:57ZQuand les jeunes poissons mangent du plastique au lieu du plancton<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/312593/original/file-20200129-92987-t72pxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3259%2C2443&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les océans contiennent tellement de plastique que les poissons le confondent avec leurs proies.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/RUqoVelx59I">dustan woodhouse RUqoVelx / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le plastique est un des plus grands fléaux de la pollution marine. Avec <a href="https://science.sciencemag.org/content/358/6365/843">plus de 8 millions de tonnes de détritus plastiques</a> rejoignant chaque année les océans, l’accumulation de ces déchets sature le milieu naturel. Depuis plus de 20 ans les scientifiques tentent d’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X02002205?via%3Dihub">alerter l’opinion</a> publique fasse à l’ampleur de cette pollution, permettant ainsi une prise de conscience collective.</p>
<p>Nous avons tous été horrifiés par l’exemple de ces photos d’estomacs de baleines échouées ou d’oiseaux marins contenant des sacs plastiques, des bouchons de bouteilles, etc. ; ou encore cette photo d’une tortue dont sa carapace, prise au piège dans un sac plastique, se développe en forme de sablier. Ces macroplastiques (dont la taille est supérieure à 25 millimètres) ne sont malheureusement que la partie visible de l’iceberg. En effet, il existe deux autres catégories de plastiques issus de la dégradation des macroplastiques : les microplastiques (entre 5 millimètres et 1 nanomètre) et les nanoplastiques (inférieurs à un nanomètre).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Microplastiques contenu dans l’estomac de poissons.</span>
<span class="attribution"><span class="source">MathieuReynaud/</span></span>
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<p>Les impacts de ces microplastiques sur les organismes vivant dans les fleuves, les mers et les océans sont encore mal connus et font l’objet de nombreuses recherches dans le monde entier. Un grand nombre d’études se sont portées sur l’ingestion de microplastiques par des poissons adultes. Selon les régions du globe, la présence de plastiques dans les estomacs de poissons peut atteindre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749117332062">95 % des poissons étudiés</a>. Néanmoins, la vie des poissons ne se limite pas à leur vie d’adulte ! <a href="https://www.pnas.org/content/116/48/24143">Une équipe de scientifiques</a> a donc cherché à savoir si les poissons étaient en contact des microplastiques dès leur plus jeune âge.</p>
<h2>Quel impact pour les jeunes poissons ?</h2>
<p>Durant leurs premiers jours de vie, les poissons ne mesurent que quelques millimètres et passent le plus clair de leur temps dans la zone pélagique (c’est-à-dire les parties autres que les côtes ou le fond marin) et notamment dans des nappes de surface (courants calmes de surface). Ces très jeunes poissons (ou plus communément appelées larves) sont très vulnérables, et leur survie dépend notamment de la disponibilité de la nourriture.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=139&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=139&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=139&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=174&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=174&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=174&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Larve de poisson clown à gauche et de jeune adulte à droite.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Natacha.Roux/</span></span>
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<p>Les chercheurs Gove et Whitney du Pacific Islands Fisheries Science Center de Honolulu à Hawai se sont demandés dans quelle mesure les larves étaient en contact avec les microplastiques. Pour cela, ils ont fait des prélèvements d’eau de mer au niveau des nappes de surface (où s’accumulent les larves de poissons) pour voir s’il y avait des microplastiques et dans quelle proportion. Ils ont alors observé que ces zones concentrent 60 fois plus de particules de microplastiques que dans les eaux ambiantes.</p>
<p>Plus alarmant encore, ils ont observé qu’il y a près d’une particule de plastiques pour 55 organismes planctoniques. Les planctons sont des organismes microscopiques qui, comme le plastique dérivent au gré des courants et qui sont les proies des larves de poissons. Ainsi les larves ont une chance sur 55 de confondre une proie planctonique avec un microplastique.</p>
<p>Par la suite les chercheurs se sont intéressés à l’ingestion de plastiques par les larves de poissons. Pour cela, ils ont simplement regardé le contenu de l’estomac de larves de plusieurs espèces et ont observé que 6,4 % des larves de poissons présentaient des particules de plastiques dans leur estomac. Parmi les plastiques retrouvés, les chercheurs ont observé une préférence pour les plastiques de couleur bleue ou transparents, c’est-à-dire des plastiques qui ressemblent au plancton. Il est donc fort probable que les larves de poissons confondent leurs proies avec ces particules de plastiques.</p>
<h2>Quelles conséquences pour la survie des poissons ?</h2>
<p>Comme l’ont démontré ces travaux, les larves sont confrontées très tôt à une grande quantité de microplastiques qu’elles peuvent ingérer. Jusqu’à présent aucune étude n’a démontré une mortalité significative des larves par ingestion de plastiques, ni si cela induit des problèmes lors de leur développement. Cependant on peut supposer que, comme chez les adultes, ces microplastiques soient en mesure de bloquer ou perforer le système digestif et/ou provoquer une malnutrition.</p>
<p>En outre, les débris plastiques peuvent contenir des <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rstb.2008.0284">substances toxiques et des perturbateurs endocriniens</a>, ce qui peut avoir une conséquence désastreuse sur le développement de ces larves. En effet, au cours de leur transition, les larves très différentes des adultes vont subir de nombreux changements morphologiques afin de devenir adulte. Comme la transformation du têtard en grenouille, cette phase appelée métamorphose, est sous le contrôle endocrine des hormones thyroïdiennes. La sole est un exemple spectaculaire de métamorphose chez les poissons. À l’éclosion, la larve de sole naît avec une symétrie bilatérale et possède un œil de chaque côté, puis au cours de sa métamorphose, l’œil gauche migre sur le côté droit. Ainsi, les microplastiques pourraient perturber le développement des poissons, et la conséquence de cette pollution serait encore plus grave que celle imaginée.</p>
<p>Depuis les années 1930, la production et la consommation de produits plastiques ont augmenté de façon exponentielle avec pour résultat une pollution plastique en constante augmentation dans les océans. Nous savions que les poissons pouvaient ingérer des plastiques, mais nous étions encore loin d’imaginer que les poissons étaient confrontés dès leurs plus jeune âge à cette pollution. Au vu de ces études, il est important de se demander quels seront les impacts sur le long terme sur la survie des poissons. Êtes-vous prêts à imaginer des océans sans poissons ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130586/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les larves de poisson se nourrissent de plancton mais de plus en plus de plastiques de taille similaire sont présents dans les océans donc les chances de consommer du plastique augmentent.Pauline Salis, Chercheur postdoctoral, Sorbonne UniversitéMathieu Reynaud, PHD Student, École pratique des hautes études (EPHE)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1266512019-12-08T21:11:04Z2019-12-08T21:11:04ZComprendre la polémique sur la consigne des bouteilles plastiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/305395/original/file-20191205-39009-o5j0uz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/photos/bottles-plastic-recycling-container-4673606/">D.Moriarty/Pixabay </a></span></figcaption></figure><p>Alors que le <a href="https://www.senat.fr/leg/pjl18-660.html">projet de loi</a> « Antigaspillage pour une économie circulaire » est en cours de discussion au Parlement, les débats sont vifs autour du « projet de consigne » qui devrait concerner les bouteilles en plastique transparent (PET), évoqué à l’article 8 du texte. Pourquoi une telle polémique ?</p>
<p>Pour y répondre, il faut d’abord rappeler ce qu’est la consigne. Il s’agit d’une somme qu’un vendeur ajoute à un bien de consommation (souvent équivalente de 5 à 10 % du prix du bien) qui sera restitué au consommateur si ce dernier rapporte le bien usagé.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/yUs4SDbHT5E?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vers la fin du tout-jetable en France ? (Euronews, juillet 2019).</span></figcaption>
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<h2>Consigne et « responsabilité élargie des producteurs »</h2>
<p>Pour éclairer la discussion, il est utile de replacer la consigne dans le contexte politique, économique et institutionnel de la gestion des déchets en France.</p>
<p>Aujourd’hui, la collecte et le traitement (comprendre le réemploi, le recyclage, l’incinération ou la mise en décharge) des déchets d’emballage sont assurés par les collectivités locales. Elles sont financées par un éco-organisme, Citéo, qui est chargé de collecter auprès des producteurs leurs « éco-contributions », sorte de taxe obligatoire sur chaque produit d’emballage mis sur le marché. Ce mécanisme de financement est appelé « responsabilité élargie des producteurs » (REP).</p>
<p>La filière des emballages est couverte par la REP depuis 1992, tandis que d’autres filières de déchets ont vu le jour entre les années 2000 et aujourd’hui : déchets d’équipements électriques et électroniques, véhicules en fin de vie, piles et batteries, textiles, meubles…
Promue par l’Union européenne, mais aussi par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la REP est devenue <a href="https://www.alternatives-economiques.fr/limites-principe-pollueur-payeur/00038078">l’instrument économique</a> et politique « cadre » dans la gestion des déchets. En France, on compte <a href="https://www.ademe.fr/expertises/dechets/elements-contexte/filieres-a-responsabilite-elargie-producteurs-rep">15 filières</a> gérées par une vingtaine d’éco-organismes.</p>
<p>La filière des emballages demeure une exception en ce qu’elle est une filière dite « financière » où les collectivités demeurent chargées de la gestion des déchets, par opposition aux filières « opérationnelles » où les éco-organismes peuvent organiser eux-mêmes la collecte et le traitement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-dechet-une-nouvelle-ressource-a-gerer-en-commun-113413">Le déchet, une nouvelle ressource à gérer en commun ?</a>
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<p>La REP permet de financer une politique publique via des contributions privées. Les pouvoirs publics contrôlent les éco-organismes par le biais de négociation d’un cahier des charges qui spécifie des objectifs quantifiés de collecte, ou de recyclage (75 % dans le <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/CDC_emballages_modifi%C3%A9_du_13avril2017.pdf">cas des emballages</a>), et fixe les modalités de contributions financières. La REP peut être considérée comme un « paradigme politique industriel », c’est-à-dire une politique publique stabilisée qui organise les activités économiques selon des <a href="https://doi.org/10.1017/CBO9781139174183">principes d’efficacité partagés</a>.</p>
<p>Le projet de loi actuellement en discussion accorde une part très importante à cet outil : il renforce en effet de nombreuses obligations au sein des REP existantes, prévoit également la création de nouvelles filières – jouets, outils de bricolage, outils de jardinage, produits de tabac, BTP. On dénombre plus de 244 occurrences du terme « responsabilité élargie des producteurs » dans le texte entier du projet de loi.</p>
<p>Or, le système de consigne semble entrer en contradiction avec la REP financière en vigueur dans le secteur des emballages en France. Car la consigne pourrait se traduire par une remise en question de l’action des collectivités qui se sont, depuis une trentaine d’années, engagées financièrement et contractuellement avec des opérateurs de tri, de recyclage ou d’incinération des déchets d’emballage. Les recycleurs seraient, par ricochet, également affectés, en perdant l’accès privilégié aux gisements de ces déchets.</p>
<h2>La remise en cause d’un compromis</h2>
<p>Les collectivités et les recycleurs sont prisonniers du phénomène de <a href="https://www.cairn.info/dictionnaire-des-politiques-publiques--9782724611755-page-411.htm">« dépendance au chemin emprunté »</a> : les investissements passés orientent les décisions futures. Ils ont construit leur stratégie dans un cadre défini – le tri et le recyclage des matières – institutionnalisé grâce à la REP. Ils sont donc <a href="https://doi.org/10.2307/2950710">tentés de défendre</a> une organisation de la filière en cohérence avec leur activité, comme cela a été démontré <a href="https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2012.12.009">pour l’incinération en Suède</a>.</p>
<p>En ayant introduit l’idée que la consigne pourrait devenir le système dominant de collecte des déchets d’emballage, et faisant passer celle-ci sous le contrôle des acteurs privés, le gouvernement a créé une vive inquiétude au sein des collectivités locales et des recycleurs. Ces « parties prenantes » pourraient ici devenir les « parties perdantes ».</p>
<p>Le projet gouvernemental de généralisation de la consigne est motivé par une critique sévère des résultats du système actuel de collecte, de tri et de recyclage des emballages. Au regard des ambitions environnementales affichées – taux de collecte de <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/fr/TXT/?uri=CELEX:32019L0904">90 % en 2030</a> et objectif de <a href="https://www.senat.fr/leg/pjl18-660.pdf">« 100 % de plastiques recyclés »</a> – il faut changer le système.</p>
<p>Si on pouvait s’attendre à ce que les collectivités et les recycleurs s’opposent au projet de consigne pour recyclage, la surprise vient aussi d’autres parties prenantes, comme certaines ONG de protection de l’environnement, poursuivant des objectifs différents mais s’alliant dans la <a href="https://www.zerowastefrance.org/wp-content/uploads/2019/10/20191009_propositions-consigne-ong-environnementales.pdf">critique de la consigne pour recyclage</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1141280699397398528"}"></div></p>
<h2>La consigne critiquée</h2>
<p>Selon ses détracteurs, la consigne présente divers désavantages.</p>
<p>Socialement, elle viserait à responsabiliser des consommateurs qui, déjà aux prises avec de nombreuses injonctions relatives à la « vertu » de leur consommation, se verraient rajouter la question de la gestion des déchets. La consigne risquerait même de créer de la confusion pour le citoyen dans son geste de tri.</p>
<p>Économiquement, si la consigne supprime potentiellement les coûts, pour les collectivités locales, de collecte de certains déchets (pour les emballages, ils atteignent <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/2019.09.12_la_consigne_impact_financier_pour_les_collectivites.pdf">1,2 milliard d’euros</a>), elle fait également perdre des recettes, liées surtout à la suppression du soutien de Citéo pour ces types d’emballages, mais aussi à la perte de revente de matière.</p>
<p>Enfin, sur le plan environnemental, il n’est pas certain que les émissions de gaz à effet de serre dues au transport des déchets jusqu’aux points de collecte rendent le bilan carbone de la consigne intéressant. De plus, mieux collecter, et donc mieux recycler les matériaux, peut faire <a href="https://theconversation.com/pourquoi-leconomie-circulaire-ne-doit-pas-remplacer-la-sobriete-119021">craindre un « effet rebond »</a> : les consommateurs pourraient avoir moins de scrupule à utiliser des bouteilles en plastique dès lors qu’elles sont consignées, plutôt que d’adopter des pratiques plus sobres comme l’usage systématique de la gourde.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/S1za6_81VCY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La consigne pour recyclage n’est pas nécessaire pour recycler 90 % des bouteilles plastiques. (Reporterre, 2019).</span></figcaption>
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<p>Les détracteurs de la consigne ont donc proposé une <a href="https://federec.com/FEDEREC/documents/CPCONSIGNEV11h452306copie1602.pdf">solution alternative</a>. Les collectivités, via le Cercle national du recyclage, proposent ainsi de mettre en place un système de collecte étendu aux emballages ménagers consommés hors foyer, dans les lieux publics (gares, parcs, centres commerciaux…), ce qui permettrait d’augmenter la performance de la filière.</p>
<p>Il faut enfin mentionner dans ce débat le travail de « cadrage » fourni par Jacques Vernier, une figure importante du milieu de la REP. Président de la commission des filières REP, il est l’auteur d’un <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/REP_Rapport_Vernier.pdf">rapport de référence</a> qui a fortement inspiré le projet de loi. On lui doit également un <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/2019.09.12_pre-rapport_de_jacques_vernier-consigne.pdf">pré-rapport sur la consigne</a> publié en septembre 2019, clarifiant les positions, principalement économiques, des parties prenantes ; notamment celles du « collectif boisson », constitué autour de Citéo et qui a transmis un <a href="https://dechets-infos.com/consigne-le-rapport-confidentiel-et-ses-chiffres-etonnants-4920112.html">rapport confidentiel</a> au ministère en janvier 2019.</p>
<p>Dans son rapport final, publié le 4 décembre 2019, Jacques Vernier se prononce en faveur de la consigne en l’assortissant d’une série de mesures destinées à résoudre les externalités mises en avant par ses détracteurs. Plus important peut-être, il qualifie la consigne de « responsabilité ciblée des producteurs ».</p>
<p>Il est ici intéressant de remarquer que Citéo se positionne sur les deux scénarios, à savoir l’adoption de la consigne pour emballage, ou l’« accélération des leviers » pour la collecte des emballages « bac jaune ».</p>
<h2>Ouvrir la controverse</h2>
<p>L’activité médiatique et institutionnelle des acteurs de la collecte et du recyclage aura contribué ces derniers mois à braquer l’attention sur le devenir de la consigne.</p>
<p>Quand le <a href="https://www.senat.fr/leg/tas18-148.pdf">Sénat a amendé l’article 8bis</a> en faisant porter la consigne exclusivement sur le réemploi, le projet est devenu incertain ; puis la Commission du développement durable de l’Assemblée nationale <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/15/pdf/rapports/r2454-aCOMPA.pdf">l’a supprimé</a> et il a semblé abandonné.</p>
<p>Mais cette <a href="https://www.environnement-magazine.fr/recyclage/article/2019/11/22/126816/emballages-aura-pas-consigne-sur-les-plastiques-savoure-amf">apparente « victoire »</a> des collectivités et des recycleurs est tout aussi réversible : le 25 octobre 2019, la secrétaire d’État Brune Poirson lançait ainsi <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/intervention-brune-poirson-reunion-acteurs-filiere-boisson-presentation-charte-verre-100-solutions">l’idée d’une consigne « mixte »</a>.</p>
<p>Alliant recyclage des bouteilles en plastique et réemploi des bouteilles en verre, cette proposition hybride, inspirée des travaux de Jacques Vernier, semble <a href="https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2019/2019_26_matiere_premiere_secondaire.pdf">avoir les faveurs</a> des institutions politiques concernées ; le 26 novembre 2019 est annoncée la <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/communique-presse-concertation-sur-consigne-letat-et-representants-collectivites-saccordent-sur">poursuite de la concertation</a> menée par le ministère de la Transition écologique. Et, le <a href="http://videos.assemblee-nationale.fr/video.8499270_5ddfcf1512ab1.commission-du-developpement-durable%20--%20lutte-contre-le-gaspillage-et-economie-circulaire-suite-28-novembre-2019">28 novembre 2019</a>, Brune Poirson a demandé à remettre le débat à la séance en hémicycle, suspendant ainsi l’espace parlementaire de controverse.</p>
<p>Les luttes politiques autour de la consigne témoignent des avantages et des risques d’une politique des déchets négociée avec les collectivités et les acteurs de la filière dans le cadre institutionnel de la REP. La consigne, parce qu’elle constitue une alternative crédible à la filière en place, peut être un levier mobilisable par le gouvernement pour encourager cette filière à progresser sur le plan économique et environnemental. Néanmoins, cette nouvelle stratégie du gouvernement affaiblit la crédibilité de ce cadre institutionnel, qui perdrait en continuité et en cohérence, ce dont les collectivités et les acteurs économiques ont besoin pour sécuriser leurs investissements.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126651/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vincent Jourdain a reçu des financements du projet de recherche CDP CIRCULAR, dans le cadre de l'IDEX de l'Université Grenoble-Alpes. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Thomas Reverdy ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour décrypter le débat actuel sur la consigne, il faut revenir au cadre dans lequel s’inscrit la politique des déchets en France, conduite avec les collectivités et les acteurs du recyclage.Vincent Jourdain, Doctorant en sociologie économique, Université Grenoble Alpes (UGA)Thomas Reverdy, Maître de conférences HDR en sociologie, Institut polytechnique de Grenoble (Grenoble INP)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1255762019-10-23T19:58:52Z2019-10-23T19:58:52ZBonnes feuilles : pas facile de réaliser tout ce qu’on gaspille…<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/297896/original/file-20191021-56228-1op5e01.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">shutterstock</span> </figcaption></figure><p><em>Nous publions ici quelques extraits de l’ouvrage collectif <a href="https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807321878-du-gaspillage-la-sobriete">« Du gaspillage à la sobriété »</a> : avoir moins et vivre mieux ) rédigé sous la direction de Valérie Guillard (Éditions De Boeck). Dans ce livre, les différents contributeurs s’interrogent sur les raisons qui poussent les consommateurs à gaspiller des objets. Ils donnent notamment la parole à des associations qui évoquent leurs initiatives pour réduire le gaspillage des objets, et évoquent des voies vers des modes de vie plus sobres.</em></p>
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<h2>Le déchet, dépendant de l’intervention publique</h2>
<p>Les Français se situent dans la frange moyenne des producteurs de déchets en Europe avec une production annuelle de <a href="https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Municipal_waste_statistics">514 kg par habitant</a> contre 486 kg pour la moyenne européenne (chiffres Eurostat de 2017). En termes de modes de traitement, elle reste également proche des moyennes de l’Union : 26 % des déchets des ménages sont enfouis, 32 % sont incinérés, 26 % recyclés, 16 % sont compostés (en Europe : 26 % enfouis, 27 % incinérés, 30 % recyclés et 17 % compostés).</p>
<p>Mais alors que les priorités réglementaires européennes et françaises voudraient que les pouvoirs publics travaillent avant tout sur la réduction des déchets, en France la quantité de déchets des ménages n’a baissé que de 5,2 % en dix ans. Sur cet ensemble de 37,9 millions de tonnes de déchets produits par les ménages chaque année, environ 25 % sont potentiellement gaspillés et pourraient trouver une seconde vie.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/297874/original/file-20191021-56203-bcq4sn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/297874/original/file-20191021-56203-bcq4sn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/297874/original/file-20191021-56203-bcq4sn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=226&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/297874/original/file-20191021-56203-bcq4sn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=226&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/297874/original/file-20191021-56203-bcq4sn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=226&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/297874/original/file-20191021-56203-bcq4sn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=284&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/297874/original/file-20191021-56203-bcq4sn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=284&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/297874/original/file-20191021-56203-bcq4sn.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=284&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Déchets municipaux par habitant.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Municipal_waste_statistics">Eurostat</a></span>
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<p>À ce stade, aucune solution technique ne saurait y remédier en totalité sans représenter un coût public déraisonné. Le marché de la seconde main – qui fonctionne sans intervention publique directe : brocante, plates-formes de vente en ligne, reconditionnement – permet à l’équivalent de 2 % de la masse des déchets des ménages de trouver une seconde vie. Mais ce marché ne se préoccupe que d’objets dont la valeur marchande est suffisamment forte, alors que la grande majorité de ces 25 % de déchets n’en ont que peu ou plus. Ces objets restants et dont la valeur marchande est très faible, voire nulle, ne trouvent et ne trouveront leur place dans aucun marché (vente en ligne, brocante, reconditionnement industriel, etc.).</p>
<p>C’est le cas de la quasi-totalité des déchets. Si aujourd’hui l’industrie de la gestion et du traitement des déchets est en capacité d’exister – de la collecte au recyclage, en passant par l’incinération –, c’est avant tout, car les pouvoirs publics ont décidé de construire les piliers de son existence. Obligations légales faites aux communes de gérer les déchets des ménages, création de taxes et de mesures fiscales, obligations faites aux entreprises de payer pour gérer leurs déchets, écoparticipations sont autant d’outils que le législateur a produits pour permettre d’injecter chaque année environ 16,7 milliards d’euros au sein d’un secteur qui ne saurait fonctionner sans.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/297873/original/file-20191021-56194-mlou2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/297873/original/file-20191021-56194-mlou2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/297873/original/file-20191021-56194-mlou2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=473&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/297873/original/file-20191021-56194-mlou2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=473&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/297873/original/file-20191021-56194-mlou2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=473&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/297873/original/file-20191021-56194-mlou2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=594&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/297873/original/file-20191021-56194-mlou2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=594&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/297873/original/file-20191021-56194-mlou2s.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=594&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Extraits de la brochure « Chiffres-clés Déchets 2016 » de l’Ademe.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/dechets-chiffres-cles-edition-2016-8813.pdf">Ademe (2016)</a></span>
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</figure>
<p>À titre d’exemple, le secteur de la collecte et du traitement des déchets des ménages (ramassage, tri, enfouissement, incinération, compostage, recyclage) ne génère que <a href="https://www.ademe.fr/referentiel-national-couts-service-public-prevention-gestion-dechets">5,6 % de recettes industrielles</a> (recettes liées à la vente des produits finis comme la matière recyclable ou recyclée, l’énergie produite par l’incinération, le compost, etc.). Le reste de l’argent nécessaire aux activités (94,4 %) provient de l’argent public (85,5 %) et des écoparticipations (8,9 %).</p>
<p>Les déchets coûtent donc très cher, et si toutefois certains peuvent les considérer comme une ressource, c’est bel et bien parce que nous en augmentons artificiellement la valeur par différents mécanismes d’intervention publique. Bien qu’il soit possible – à mesure que nous approchons de l’épuisement de certaines ressources naturelles (pétrole, minerais, etc.) – que la valeur du déchet augmente, nous pouvons tous nous accorder sur le cynisme que révèle une telle situation : le déchet est avant tout une source de pollution irréversible, symptôme d’une production inadéquate aux lois de la nature. Il ne constituera jamais une ressource suffisante pour permettre à nos modes de consommation de perdurer en l’état.</p>
<p><em>Texte de Martin Bobel, coordinateur du Réseau francilien des acteurs du réemploi (<a href="http://www.reemploi-idf.org">REFER</a>).</em></p>
<h2>Pourquoi gaspille-t-on ?</h2>
<p>Une première explication du gaspillage des objets renvoie au fonctionnement humain. L’Homme (mais aussi certains animaux ou insectes comme les abeilles par exemple) produit davantage d’énergie qu’il n’en a besoin. Se pose alors la question de savoir ce qu’il va faire de cet excédent, de ce superflu, de cet au-delà du nécessaire par où s’affirme la valeur ? Le stocker au risque de le perdre par le vol ou la dégradation ? Le dilapider, autrement dit, le dépenser de manière excessive et inconsidérée ? La dilapidation est source d’angoisse, n’étant <a href="https://www.persee.fr/doc/dreso_0769-3362_1996_num_33_1_1723_t1_0489_0000_2">pas reconnue comme loi fondamentale</a> de l’économie générale. Il faut donc détruire cette « part maudite » même si cette destruction est dangereuse et menaçante : « Le gaspillage est toujours considéré comme une <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Idees/La-Societe-de-consommation">sorte de folie</a>, de démence, de dysfonction de l’instinct, qui fait brûler à l’homme ses réserves et compromettre par une pratique irrationnelle ses conditions de survie » (Jean Baudrillard dans « La Société de consommation. Ses mythes, ses structures »).</p>
<p>Une deuxième explication vient du besoin de l’être humain de prendre le pouvoir sur autrui par ce qu’il possède, ce qui le conduit à gaspiller. Les sociétés traditionnelles dilapidaient des biens, notamment lors des fêtes, dans le but de maintenir l’ordre social. En étudiant le potlatch, cérémonie basée sur le don, voire sur la destruction, de cadeaux somptueux (bijoux, matières premières, canoës, tissus, etc.), l’anthropologue Marcel Mauss explique que l’offreur acquiert un rang par la perte de richesse et <a href="https://journals.openedition.org/lectures/9657">prend le pouvoir sur le receveur</a> qui devra le lui rendre de façon encore plus grande. Le gaspillage, légitimé par la culture et la tradition, était cérémoniel, cadré par des rites, des codes, du personnel, des types de prestations et de destructions. Cette « consumation » assurait la paix entre les tribus mutuellement endettées, leurs relations étant rythmées par le don/contre-don.</p>
<p>Dans nos sociétés, certaines fêtes carillonnées (Noël) pourraient être assimilées à un véritable potlatch, mais n’ont pas un rôle aussi puissant de structuration de l’ordre social et de significations symboliques que les fêtes des sociétés traditionnelles. En somme, dans nos sociétés, les fêtes n’entraînent pas un gaspillage « productif »… bien qu’elles servent néanmoins les intérêts d’un système qui repose sur la consommation, elle-même se nourrissant du mécanisme de la distinction.</p>
<p><em>Texte de Valérie Guillard</em></p>
<h2>Le sentiment de gaspiller</h2>
<p>La figure ci-après rend compte des catégories d’objets que les individus ont le sentiment de gaspiller. Elle est issue d’une enquête auprès de 250 étudiants dans le laboratoire expérimental de l’université Paris-Dauphine (mars 2018) ; de 156 adultes dans l’entourage personnel des étudiants de master 1 de cette même université (mars 2019) ainsi que de 150 adultes qui se sont engagés dans le défi <a href="https://www.zerowastefrance.org/projet/defi-rien-de-neuf/">« Rien de neuf »</a> de l’association Zero Waste France (décembre-février 2019).</p>
<p>L’analyse montre que des catégories d’objets sont :</p>
<ul>
<li><p>spécifiques à certaines populations : l’alimentation, les cosmétiques, la papeterie pour les étudiants par exemple et de façon minoritaire les cadeaux ; les meubles pour les adultes qu’ils soient engagés ou non dans une démarche de réduction de gaspillage/des déchets ; les articles de puériculture pour les personnes engagées dans une démarche de réduction du gaspillage/des déchets ;</p></li>
<li><p>communes à certaines populations : gros et petit électroménager, équipements électriques et électroniques et livres dans des proportions toutefois variées. La catégorie faisant l’unanimité pour les trois populations est les vêtements.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
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<span class="attribution"><span class="source">Auteur.</span></span>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs.</span></span>
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<h2>Contre le gaspillage, les home organisers</h2>
<p>Nous avons vu que certaines personnes ont peu conscience de ce qu’elles gaspillent, autrement dit de la perte d’utilité des objets. De nombreuses raisons l’expliquent, leur habitude d’enfouir des objets inutiles dans des placards, caves, greniers, maisons secondaires ; de se dire que ça peut toujours servir ; de racheter des choses qu’elles ont, mais qu’elles ne trouvent pas lorsqu’elles en ont besoin, etc. Puis, les placards deviennent pleins, les personnes ont le sentiment d’être envahies d’objets et ne savent plus par quel bout commencer. Il n’est alors pas rare qu’elles ne se sentent pas bien chez elles, encombrées dans leurs espaces physiques et mentaux.</p>
<p>Le sujet de l’encombrement est moins anecdotique qu’il n’y paraît. Le magazine Geo annonce d’ailleurs, en décembre 2016, parmi « Les grands défis de demain »,
apprendre à faire le tri pour vaincre l’hyperconsommation : « dans ce monde livré au désordre et au chaos, commençons par nous alléger de ce qui nous encombre ».</p>
<p>De nombreux essais plébiscitent le rangement, l’allègement, le peu, la légèreté. Le phénomène « Marie Kondo » a notamment permis de faire connaître un métier qui l’est encore peu en France : les <em>home organisers</em> (organisateurs de maison).</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/srsqo2CPZrw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les bienfaits du rangement avec la méthode de Marie Kondo (Doctissimo, 2019).</span></figcaption>
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<p>Ces professionnels vendent une prestation pour accompagner les personnes dans le désencombrement et la réorganisation de leurs espaces de vie. Un coach en rangement fait un diagnostic des lieux, aide, guide les personnes dans leurs prises de décision pour désencombrer, propose des solutions pour ranger, aménager un espace afin de vivre dans un lieu dans lequel elles se sentent mieux, voire bien. Or, pour aider les personnes à réinvestir un lieu de vie, il est nécessaire de débarrasser l’excédent, ce qui questionne la problématique du gaspillage, question non traitée par les quelques travaux académiques sur ce thème. Ces derniers ont mobilisé des concepts en psychologie, voire en anthropologie, pour expliquer comment les home organisers créent une distance aux objets.</p>
<p>[…] Formés ou non à la méthode KonMarie (de Marie Kondo), les professionnels du rangement recourent globalement à la même technique : rassembler des objets par catégorie, ce qui déclenche, chez les clients, la prise de conscience de « tout » ce qu’ils possèdent. La théorie de la distance psychologique et des niveaux de représentation enseigne à ce titre que plus un objet est situé loin de son possesseur, plus ce dernier en a une représentation abstraite, ce qui conduit à ne pas le percevoir comme du gaspillage. Les rassembler vers soi permet d’avoir une représentation plus concrète de ce que l’on possède, de ce qui est utile et inutile, de ce qui met en joie ou non.</p>
<p>La notion de gaspillage émerge ainsi du questionnement de la relation aux objets et la quantité accumulée : pourquoi sont-ils là ? sont-ils utiles ? En ont-ils besoin ? Comment les ont-ils acquis ? Est-ce qu’ils les aiment (ou, comme le dit Marie Kondo, est-ce qu’ils leur apportent de la joie ?). Ce questionnement, absent de la plupart des actes d’achat, est réintroduit par un home organiser […] C’est donc une éducation à la réduction du gaspillage que les home organisers dispensent implicitement sans pour autant être culpabilisateurs.</p>
<p><em>Texte de Valérie Guillard</em></p>
<h2>La sobriété, une ambition encore lointaine ?</h2>
<p>Les Français sont sensibilisés aux questions environnementales. Ils ont de plus en plus conscience des enjeux entourant la durée de vie des objets, mais ils conservent aujourd’hui, en grande majorité, des modes de vie où la consommation est majoritairement associée au plaisir. S’ils recourent plus souvent à l’acquisition de produits d’occasion, c’est davantage dans une perspective de consommation et d’achat « malin » que de véritable changement de rapport aux objets et à la possession.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/297864/original/file-20191021-56238-5mhq3b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/297864/original/file-20191021-56238-5mhq3b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=902&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/297864/original/file-20191021-56238-5mhq3b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=902&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/297864/original/file-20191021-56238-5mhq3b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=902&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/297864/original/file-20191021-56238-5mhq3b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1133&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/297864/original/file-20191021-56238-5mhq3b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1133&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/297864/original/file-20191021-56238-5mhq3b.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1133&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.deboecksuperieur.com/ouvrage/9782807321878-du-gaspillage-la-sobriete">Éditions De Boeck.</a></span>
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<p>Pour concilier leurs préoccupations environnementales et leur désir de consommer, ils fondent leurs espoirs d’une part sur le progrès technique et d’autre part sur un effort plus important du côté des industriels, par exemple en limitant l’obsolescence programmée, des grandes surfaces et de l’État.</p>
<p>Pour les Français, la réduction du gaspillage d’objets se traduirait ainsi par la fabrication d’objets plus durables à travers des processus de production plus performants et mieux réglementés, et par une moindre incitation à l’achat « inédit » de la part des revendeurs. Leurs propres pratiques restent moins remises en cause à l’égard des objets qu’elles ne le sont en matière de gaspillage de ressources et viennent encore souvent nourrir une volonté de consommer plus plutôt que de consommer mieux ou moins.</p>
<hr>
<p><em>Texte de Sandra Hoibian, directrice du pôle Evaluation et société du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), et Lucie Brice Mansencal, chargée d’études et de recherche au Credoc.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/125576/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Valérie Guillard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les Français sont aujourd’hui davantage prêts à la sobriété énergétique qu’à la réduction de leur consommation d’objets. Les auteurs du livre « Du gaspillage à la sobriété » expliquent pourquoi.Valérie Guillard, Professeur des Universités (Sciences de Gestion), Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1237172019-10-06T19:41:10Z2019-10-06T19:41:10ZLa lente fragmentation des plastiques décryptée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/294863/original/file-20190930-194884-1pf6a5r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sac plastique à la dérive. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://search.creativecommons.org/photos/3a109804-abf5-438c-805e-48a127527ca3">MichaelisScientists/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (du 5 au 13 octobre 2019 en métropole et du 9 au 17 novembre en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « À demain, raconter la science, imaginer l’avenir ». Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Les plastiques présentent de nombreux avantages : ils sont légers, résistants et peu coûteux à fabriquer, ce qui explique pourquoi ils font aujourd’hui partie intégrante de notre quotidien.</p>
<p>Leur durée de vie est toutefois tellement longue qu’ils s’accumulent dans notre environnement jusqu’à devenir de nouveaux marqueurs géologiques de notre temps. Beaucoup de plastiques sont en effet utilisés pour de très courtes durées et leur fin de vie est relativement mal gérée. Nos décharges sont pleines de suremballages et les rejets industriels toujours plus conséquents.</p>
<h2>Ce que les plastiques deviennent dans l’eau</h2>
<p>La pollution plastique en mer atteint aujourd’hui des proportions affolantes : sur les 359 millions de tonnes de plastiques produites chaque année (données 2018 de Plastics Europe en 2018) dans le monde, 5 % se déverseraient dans l’océan.</p>
<p>Lorsqu’ils atteignent l’environnement aquatique, les plus denses vont couler dans les fonds marins tandis que les moins denses, comme les films d’emballages par exemple, flottent à la surface. Ils peuvent alors être ingérés par divers organismes vivants ou encore sédimenter si des organismes se fixent dessus ; ils peuvent aussi se fragmenter.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1032621128689364992"}"></div></p>
<p>Une fois dans les eaux, les plastiques sont dégradés et se cassent en particules de tailles micrométriques (millième de mm) – on les appelle alors « microplastiques » – voire nanométriques (de la taille d’un virus). Cette fragmentation rend l’ingestion des plastiques possible pour des tailles très diverses d’organismes, dont ceux situés à la base de la chaîne alimentaire. Au cours de leur lente dégradation, les plastiques relarguent également des produits toxiques comme les additifs, ajoutés lors de leur formulation pour leur allouer des propriétés spécifiques (anti-feu, antioxydant…).</p>
<p>Tous ces fragments et molécules issus des déchets plastiques s’accumulent dans les diverses composantes de l’environnement, si bien qu’on peut les retrouver très loin des zones d’émission, comme c’est le cas dans les glaces polaires.</p>
<p>À la lumière de cette situation, une question simple se pose : nagerons-nous bientôt dans un océan de micro et de nanoplastiques ?</p>
<p>Pour répondre à cette question, il est nécessaire de comprendre les mécanismes de fragmentation des plastiques dans l’environnement pour mieux prédire l’évolution des concentrations futures. C’est ce à quoi je m’emploie <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0045653519316303">dans mes recherches</a> en testant les plastiques en laboratoire.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1105260320279445506"}"></div></p>
<h2>Comment les plastiques se fragmentent</h2>
<p>La lumière du soleil, les écarts de température, les contraintes mécaniques et l’activité biologique sont à l’origine de la dégradation du plastique. Les radiations solaires (les UV plus précisément) détériorent, tels les coups de soleil sur notre peau, la surface de ces matériaux.</p>
<p>Lorsque le soleil interagit avec les plastiques, leurs molécules organisées en longues chaînes se coupent. L’oxygène disponible dans l’air et/ou l’eau vient alors se greffer sur ces chaînes cassées. Pour évaluer le vieillissement, il faut donc suivre ces modifications chimiques grâce à des techniques dites « spectroscopiques » (Infrarouge, Raman). Elles permettent d’obtenir un spectre propre à chaque type de plastique, à la manière d’une empreinte digitale. Plus la chimie du plastique sera modifiée et plus son spectre changera. Nous pourrons ainsi suivre jour après jour, dans notre laboratoire, l’évolution chimique de nos plastiques modèles.</p>
<p>Dans le cas d’échantillons disposés dans l’air, la surface des plastiques devient tellement rigide qu’elle ne permet pas aux fissures de s’initier. Sous toutes ces contraintes, le plastique ne pouvant se fragmenter finit par s’enrouler sur lui-même. Il n’en est pas pour autant stable puisque si une contrainte extérieure y est appliquée, comme la manipulation d’une pince, la fragmentation intervient instantanément et se propage dans toutes les directions.</p>
<p>L’eau, quant à elle, ne permet pas au polymère d’atteindre une rigidité aussi élevée, ce qui offre la possibilité au matériau de relâcher toutes les contraintes stockées en initiant la fissuration. Elle pénètre ensuite dans les fissures, les propageant jusqu’à une fragmentation complète.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pollution-plastique-retour-sur-une-prise-de-conscience-101541">Pollution plastique : retour sur une prise de conscience</a>
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<h2>Typologie des fissures</h2>
<p>Les fissures ne s’initient ni ne se propagent aléatoirement, mais en fonction du type de plastique étudié et du type de fabrication utilisé. Ces deux paramètres définissent des zones de tailles nanométriques dans le plastique dont certaines vieillissent plus facilement que d’autres.</p>
<p>Par exemple, l’organisation de films en polyéthylène (comme dans les sacs plastiques) étant souvent linéaire, les fissures se propagent plus facilement, linéairement et perpendiculairement, à cette organisation ; cela conduit à des fragments de formes allongées. Le polypropylène, utilisé pour les bouchons de soda, présente quant à lui une organisation sous forme de sphères posées les unes à côté des autres : les fissures se propagent dans les sphères, s’ajoutant alors aux fractures linéaires.</p>
<p>Pour l’observation de fissures très petites, qui n’ont pas encore eu le temps de se propager, un instrument très précis – le microscope à force atomique – s’avère nécessaire. Il s’agit d’une petite pointe de taille nanométrique, accrochée à une poutre se promenant à la surface de l’échantillon. Tous types d’informations peuvent ainsi être récoltées à l’aide de cet outil : image, rugosité, résistivité.</p>
<p>On le voit, les fissures constituent la clé de l’étude de la fragmentation des plastiques puisqu’elles déterminent en majeure partie les quantités et les tailles des microplastiques formés. Plus le nombre de fissures est important et plus le nombre de fragments de petite taille est grand. Il a également été observé qu’au cours du vieillissement, le nombre de fragments augmentait mais avec une vitesse de fragmentation différente en fonction du plastique observé ; ce qui semble cohérent avec le fait que l’initiation et la propagation des fissures n’est pas la même d’un plastique à l’autre.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1176610609489686529"}"></div></p>
<h2>Mystérieux nanoplastiques</h2>
<p>Des questions subsistent cependant : jusqu’où vont se fragmenter les nouveaux fragments ainsi formés ? Tous ces fragments vont-ils à leur tour générer de grandes quantités de nanoplastiques ?</p>
<p>Ces interrogations sont d’importance, les nanoplastiques étant potentiellement les plus dangereux ; or on sait très peu de choses sur leur formation et leur devenir. On pourrait supposer, en guise de conclusion, que l’énergie à fournir pour casser un petit fragment devienne trop importante en dessous d’une certaine taille, un peu comme lorsqu’on plie une feuille plusieurs fois de suite. La fragmentation n’aurait ainsi pas le même résultat en fonction des tailles de débris plastiques.</p>
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<p><em>Remerciements à Nicolas Delorme et Fabienne Lagarde, mes directeurs de thèse.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/123717/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fanon Julienne ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Q’arrive-t-il aux milliers de tonnes de plastiques qui rejoignent l’océan chaque année ?Fanon Julienne, Doctorante, Institut des molécules et matériaux, Le Mans UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1214742019-09-08T18:36:51Z2019-09-08T18:36:51ZPayer ses déchets au poids ou au volume, une solution plus efficace que la consigne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/290951/original/file-20190904-175673-13eiqf8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=212%2C0%2C5028%2C3135&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En France, la moitié des ménages ne trient pas systématiquement leurs déchets d’emballage et 12 % ne trient jamais.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/success?u=http%3A%2F%2Fdownload.shutterstock.com%2Fgatekeeper%2FW3siZSI6MTU2NzYzMTk5NiwiYyI6Il9waG90b19zZXNzaW9uX2lkIiwiZGMiOiJpZGxfMTUyNjg4NDA3IiwiayI6InBob3RvLzE1MjY4ODQwNy9odWdlLmpwZyIsIm0iOjEsImQiOiJzaHV0dGVyc3RvY2stbWVkaWEifSwiVkYwMnlOTmRIMGI5U1YreWZPbjcxWUpEb0pJIl0%2Fshutterstock_152688407.jpg&pi=33421636&m=152688407&src=-4-35">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Omniprésent dans nos vies, le plastique souffre de plus en plus de sa mauvaise réputation, les chiffres alarmants se multipliant sur la pollution qu’il génère, notamment dans les mers et les océans.</p>
<p>Si le recyclage s’est largement développé, le système de tri mis en place en France sur les déchets ménagers il y a une vingtaine d’années arrive à bout de souffle. Certes, nous trions sans incitation monétaire ni obligation réglementaire, mais l’entreprise Citéo – qui gère les déchets d’emballage – observe que la moitié des ménages ne trient pas systématiquement leurs déchets d’emballage et que 12 % ne trient jamais, un pourcentage stable depuis quelques années d’après un récent <a href="https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2018-11/geste_de_tri_chez_les_francais.pdf">sondage</a>.</p>
<p>Les options disponibles pour aller plus loin sont rares. La pédagogie et les campagnes de communication ont produit l’essentiel de leurs effets. Rendre obligatoire le tri – à l’image de ce qui existe pour les déchets d’entreprise – semble difficile à faire accepter par la population.</p>
<p>Le <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/conseil-des-ministres-du-10-juillet-2019-projet-loi-anti-gaspillage-economie-circulaire">projet de loi</a> sur l’économie circulaire, qui sera discuté au Sénat fin septembre puis à l’Assemblée nationale, prévoit pour pallier ces problèmes le retour de la consigne qui serait mis en place pour les bouteilles plastiques. Par l’incitation financière, le gouvernement espère encourager au recyclage.</p>
<h2>La consigne, si efficace ?</h2>
<p>Le principe est simple : une taxe sur la bouteille neuve remboursée si on la rapporte après consommation aux points de collecte prévus à cet effet afin d’être recyclée. L’exemple de la <a href="https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/92f2cab0-0179-4916-9bac-ea2d475debf0/files/cbef979d-a873-403d-b34a-7d1c66b9c9b5">Suède</a> montre que cela permet effectivement d’augmenter la récupération des bouteilles en fin de vie. Mais cela ne résout qu’une partie du problème. Quid des déchets plastiques autres que les bouteilles ? Quid du verre, de l’acier, des papiers-cartons dont le recyclage doit également progresser ? Quid de la matière organique, 30 % du poids des poubelles tout de même, dont le compostage est l’enjeu de demain ?</p>
<p>Les recycleurs – en pratique, les acteurs récupérant et triant les matières pour permettre leur incorporation dans des produits neufs – et les municipalités qui organisent sur le terrain la collecte sélective, <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/plastique-pourquoi-la-consigne-evoquee-par-edouard-philippe-divise-820281.html">s’en effraient</a> : ces bouteilles disparaîtront du gisement de déchets qu’ils exploitent, diminuant la rentabilité de leur activité. Ces inquiétudes sont légitimes, mais elles ne suffisent pas à disqualifier cette approche du point de vue de l’intérêt général, d’autant que des compensations sont possibles.</p>
<p>Elles permettent toutefois de poser la question pertinente : la consigne est-elle plus efficace que d’autres formes d’incitation financière ? Le statu quo ne constitue en effet pas aujourd’hui le scénario de référence. Posée en ces termes, la réponse me semble négative. Au moins un instrument reposant également sur l’incitation financière me semble plus performant : la tarification incitative de la gestion des déchets municipaux.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1145468595373322241"}"></div></p>
<h2>Faire payer les déchets au poids ou au volume</h2>
<p>Un peu de pédagogie pour décrire ce dont il s’agit. Aujourd’hui, la facture « déchets » des ménages est le plus souvent payée aux municipalités ou aux intercommunalités assurant la gestion par la <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F22730">taxe d’enlèvement des ordures ménagères</a>, un impôt local assis sur la valeur locative des logements à l’image de la taxe d’habitation. Cette taxe n’incite donc pas financièrement le ménage à trier ou à réduire sa production de déchets puisque ces comportements vertueux n’ont aucun effet sur le montant payé.</p>
<p>La tarification incitative consiste, elle, à facturer la collecte des déchets non triés au poids ou au volume, le conteneur des déchets triés restant gratuit. Plusieurs modalités pratiques sont possibles, mais la plus simple est un système dans lequel les habitants payent un forfait pour chaque collecte du conteneur de déchets résiduels. Plus vous sortez votre conteneur et plus son volume sera important, plus vous payez.</p>
<p>Cette solution cumule les avantages. Il ne s’agit pas de créer une nouvelle taxe, mais de modifier le principe de calcul d’une taxe existante. C’est tout sauf révolutionnaire puisque cela correspond à un système classique de tarification du service public : un paiement à proportion du service rendu mesurée ici par un volume de déchets, dans d’autres secteurs, par des mètres cubes d’eau potable consommés ou par un nombre de repas pris à la cantine scolaire.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"957858193148928000"}"></div></p>
<h2>Un système qui peine à se généraliser</h2>
<p>La mesure est laissée à la discrétion des municipalités et cinq millions d’habitants sont aujourd’hui couverts par ce système. Une petite minorité des Français donc, mais qui nous informe de ce que l’on peut en attendre : une augmentation de 30 % du tri à domicile (« la poubelle jaune ») et de 12 % d’apport volontaire du verre d’après une <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/Th%C3%A9ma%20-%20D%C3%A9chets%20m%C3%A9nagers%20-%20Efficacit%C3%A9%20de%20la%20tarification%20incitative.pdf">étude de 2016</a> du Ministère de la Transition écologique. Le meilleur déchet étant celui que l’on ne produit pas et non celui que l’on recycle, la même étude identifie même une diminution de la production de 10 % de la quantité de déchets produits. On est bien au-delà de ce que l’on attend de la consigne sur les bouteilles plastiques.</p>
<p>Aucune loi n’est nécessaire puisque les outils juridiques sont disponibles. La <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/loi-transition-energetique-croissance-verte">loi sur la Transition écologique et pour la croissance verte</a> de 2015 a fixé des objectifs ambitieux, 25 millions de Français couverts en 2025. Et pourtant, le nombre d’habitants concernés stagne depuis 2013.</p>
<p>Les bémols. L’effet incitatif s’émousse dans l’habitat collectif puisqu’on pèse les poubelles de chaque immeuble et que la facture est ensuite répercutée dans les charges. Mais une généralisation de cette tarification à l’habitat individuel aurait déjà des effets majeurs. L’objectif législatif de 25 millions d’habitants couverts en 2015 a d’ailleurs été choisi dans cet esprit. Elle augmenterait les dépôts sauvages ? Ce n’est pas ce que signalent les communes engagées dans cette voie.</p>
<p>Alors pourquoi tant de pusillanimité de la part de nombreux élus ? Risquons une hypothèse. Ils craignent que cette réforme ne visibilise un coût aujourd’hui noyé dans les impôts locaux. Une réticence compréhensible puisque le développement du recyclage et la mise aux normes des incinérateurs et des décharges alimentent une vigoureuse inflation de la dépense de gestion des déchets depuis plus de vingt ans. Elle a ainsi été <a href="http://www.donnees.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lesessentiels/essentiels/depenses-gestion-dechets.html">multipliée par deux entre 2010 et 2013</a>, derniers chiffres disponibles au niveau national.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/121474/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le laboratoire de Matthieu Glachant a reçu des financements de nombreuses entreprises et d'organisations publiques, notamment l'ADEME et la Chaire Mines Urbaines financée par ESR.</span></em></p>Votée en 2015, la tarification incitative dans la gestion des déchets municipaux peine à se généraliser. Une mesure pourtant plus efficace que la consigne des bouteilles en plastique.Matthieu Glachant, Professeur d’économie, Mines Paris - PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1112242019-03-11T20:35:49Z2019-03-11T20:35:49ZMicroplastiques en mer, les solutions sont à terre<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/260730/original/file-20190225-26177-pretje.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">N.Sardet/Tara Expeditions</span></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte est extrait de la récente édition de « La revue de l’Institut Veolia – Facts Reports » <a href="https://www.institut.veolia.org/fr/nos-publications/la-revue-de-linstitut-facts-reports/lindispensable-reinvention-des-plastiques">consacrée aux plastiques</a>. André Abreu, directeur des politiques internationales pour la <a href="https://oceans.taraexpeditions.org/">Fondation Tara Expéditions</a>, est co-auteur de cet article.</em></p>
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<p>Chaque année, entre <a href="https://www.unenvironment.org/news-and-stories/press-release/remarks-achim-steiner-un-under-secretary-general-and-unep-executive">10 et 20 millions</a> de tonnes de déchets en tous genres sont déversées dans les océans, dont une grande majorité de matières plastiques. En surface, ces dernières représentent même la quasi-totalité des objets flottants.</p>
<p>Si certains détritus proviennent des activités maritimes, en moyenne, 70 à 80 % des déchets rejetés en mer <a href="https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=uiug.30112032828391;view=1up;seq=4">sont arrivés par la terre</a>, acheminés notamment par les fleuves et les rivières.</p>
<p>La surconsommation de plastique et les déchets qu’elle génère ont un impact très important sur la nature et en particulier sur l’environnement marin. Les dommages globaux causés par les déchets plastiques sur les écosystèmes marins, liés à la mortalité des espèces, à la destruction des habitats, mais aussi à la contamination chimique, à la propagation des espèces envahissantes et aux dommages économiques sur les industries de la pêche et du tourisme, pourraient représenter plus de 13 milliards de dollars par an, <a href="http://wedocs.unep.org/handle/20.500.11822/9240">estime ainsi l’UNEP</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-presence-des-microplastiques-dans-locean-nettement-revue-a-la-hausse-52951">La présence des microplastiques dans l’océan nettement revue à la hausse</a>
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<h2>Nettoyer les mers ne suffira pas</h2>
<p>Face à ce constat alarmant, beaucoup se tournent vers des méthodes technologiques dans l’espoir de nettoyer les mers et les océans du globe du plastique qui y flotte. Mais l’océan est immense, les déchets toujours plus nombreux et, avec l’émergence des microplastiques, de plus en plus difficiles à collecter.</p>
<p>Bien que le nettoyage reste indispensable, s’en contenter serait s’attaquer aux conséquences du problème sans prendre en compte ses causes. Il faut aujourd’hui agir plus en amont : ce n’est qu’en empêchant les déchets d’arriver en mer que nous pouvons espérer préserver et restaurer durablement l’océan.</p>
<p>Malgré son apparente simplicité, cette solution et la stratégie qu’elle implique – c’est-à-dire réduire la production de plastique, inciter la population à ne pas jeter – n’est pas pour autant facile à mettre en œuvre : elle repose en effet sur un changement profond des comportements, tant de la part des producteurs de plastiques que des consommateurs.</p>
<p>Pour que les plastiques cessent d’envahir l’océan, ce sont nos modes de vie qu’il faut repenser.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1032621128689364992"}"></div></p>
<h2>Réduire, réutiliser, recycler</h2>
<p>Aujourd’hui, peu de citoyens sont au fait de la quantité de déchets qu’ils produisent, simplement en consommant les produits du quotidien. Pour minimiser cet impact, une prise de conscience et une remise en question sont nécessaires : les comportements doivent évoluer vers la réduction des déchets, la réutilisation et le recyclage.</p>
<p>Les consommateurs ont donc un rôle essentiel à jouer. Pour prévenir la production de déchets plastiques, il leur appartient de faire des achats responsables : privilégier les produits avec peu ou pas d’emballages, choisir des produits durables et réutilisables plutôt que des produits jetables – vaisselle en plastique, rasoirs jetables, etc. – très générateurs de déchets et, enfin, refuser les sacs plastiques lorsqu’ils effectuent ces achats.</p>
<p>En les réutilisant au lieu de les jeter, ils peuvent aussi donner une seconde vie à leurs objets. Entretenir et réparer, vendre ou donner des objets dont on n’a plus l’utilité, réutiliser les emballages, les contenants, les pièces détachées, ou encore déposer les bouteilles à la consigne lorsque cela est possible, sont autant de moyens pour réduire sa production de déchets.</p>
<p>Enfin, les consommateurs ont la responsabilité de trier et d’orienter les produits en fin de vie vers les filières de recyclage, lorsqu’elles existent. Pour qu’un tel changement des comportements soit possible, la sensibilisation et la présence d’infrastructures adaptées sont bien sûr essentielles.</p>
<p>Au-delà des plastiques, c’est aussi notre perception de la mer qu’il faut changer : un important travail d’éducation reste à faire pour qu’elle ne soit plus perçue comme un grand réservoir dans lequel les déchets peuvent être abandonnés sans conséquence.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"957858193148928000"}"></div></p>
<h2>Interdire les plastiques à usage unique</h2>
<p>L’usage des sacs plastiques est depuis longtemps ancré dans notre quotidien, sans que nous ayons conscience de ses conséquences.</p>
<p>Pourtant, les recherches mettent de plus en plus en lumière leurs impacts préoccupants sur le milieu marin. Devant l’étendue de la pollution plastique observée, et après la décision de la France d’<a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/fin-des-sacs-plastique-usage-unique-daction">interdire les sacs plastiques</a> légers à partir de 2016, une action concrète est nécessaire de la part de tous les gouvernements et institutions multilatérales.</p>
<p>Pour une mer et des hommes en bonne santé, l’interdiction globale des plastiques à usage unique, véritable fléau pour l’environnement, est devenue nécessaire. Le 31 janvier dernier, pourtant, le <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/Senat-repousse-2021-interdiction-certains-ustensiles-plastique-32790.php4">Sénat a reculé d’un an l’interdiction</a> de certains produits, comme les pailles et les couverts, initialement prévue en 2020.</p>
<p>Au niveau des pays du pourtour méditerranéen, d’autres pays ont annoncé l’interdiction des sacs à usage unique, comme le Maroc et Monaco, mais des progrès restent à faire avec les gros pays pollueurs de la région, comme l’Égypte ou le Liban, dont la gestion des déchets demeure défaillante.</p>
<p>Face à ce fléau, il reste important de rappeler que les solutions passent nécessairement par la mise en place d’infrastructures adéquates et coûteuses, comme les usines de recyclage ou les stations d’épuration.</p>
<p>Ces investissements sont aujourd’hui plus que jamais nécessaires dans les pays du sud, d’autant plus que l’océan ne connaît pas de frontière et que les courants marins font circuler les particules très rapidement au niveau de tout le bassin de la Méditerranée.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"690140755952848896"}"></div></p>
<h2>Sacs plastiques, du supermarché à nos assiettes</h2>
<p>Les sacs plastiques fins, toujours utilisés en caisse ou pour la vente des fruits et légumes, sont distribués par milliards chaque année en France, et jetés pour la majorité après une seule utilisation. Ils mettent pourtant entre cent et cinq cents ans à se dégrader dans l’environnement.</p>
<p>Très légers, ils n’ont pas de valeur dans les systèmes de recyclage monétarisés, contrairement aux bouteilles ou autres emballages rigides, qui peuvent rapporter de l’argent au poids. Ils sont facilement emportés par le vent et, qu’ils aient été déposés dans une poubelle, dans une décharge, ou bien délibérément abandonnés par terre, ils finissent la plupart du temps leur course dans la mer.</p>
<p>Là, leur impact est dévastateur : transportés sur de très longues distances, ils endommagent les fonds marins et mettent en danger les espèces qui les ingèrent, s’y enchevêtrent, ou sont contaminées par les substances toxiques qu’ils libèrent.</p>
<p>Au gré des courants, les sacs plastiques sont ensuite fragmentés en microparticules qui se dispersent partout dans l’environnement. Absorbées par les organismes marins, ces microparticules remontent la chaîne alimentaire pour se retrouver finalement dans nos assiettes. Les sacs plastiques jetables représentent donc une potentielle menace pour la santé humaine, et leur coût général pour la société n’est pas non plus négligeable : toutes les activités liées à la mer et au littoral – pêche, aquaculture, loisirs, tourisme – pâtissent de leur présence.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/WtZq6PVc3lc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’interdiction des sacs plastiques est-elle un fiasco ? (Actu-Environnement/YouTube, 2018).</span></figcaption>
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<h2>Une concertation nécessaire</h2>
<p>Face à l’ampleur de l’enjeu, des solutions réalistes existent déjà, et que pour la plupart elles se trouvent à terre, dans la prévention et le traitement correct des déchets et de l’eau.</p>
<p>Transformer les habitudes pour une réduction des emballages de chaque ménage et supprimer le geste automatique de jeter suppose un gros travail d’éducation, que ce soit pour les habitants des pays côtiers, ou pour les millions de touristes qui y affluent chaque année en Méditerranée ou dans les îles du pacifique.</p>
<p>Mais les citoyens ne sont pas les seuls responsables. La prévention des déchets plastiques doit également se faire en amont, auprès des fabricants, des distributeurs, avant que les produits ne soient vendus.</p>
<p>S’il serait illusoire d’exiger des entreprises productrices de plastique l’arrêt de leur activité, la responsabilité industrielle est clé pour ralentir la production de déchets. En réduisant leurs emballages et en créant des produits faciles à entretenir, réparables et durables, adaptés à la réutilisation ou au recyclage, les entreprises peuvent changer la donne.</p>
<p>En parallèle d’un remplacement progressif par des matériaux alternatifs, une bonne gestion du plastique – favorisant le recyclage et la réutilisation – permettrait aux entreprises de biens de consommation d’effectuer d’importantes économies, dont le potentiel, aujourd’hui évalué à 4 milliards de dollars chaque année, est appelé à augmenter.</p>
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<p><em>Tous les numéros de la revue de l’Institut Veolia « Facts Reports » sont disponibles sur le <a href="https://www.institut.veolia.org/fr/La-Revue-de-l-Institut-FACTS-Reports">site dédié</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111224/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maria Luiza Pedrotti ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La surconsommation de plastique et les déchets qu’elle génère ont un impact fort sur l’environnement marin : la lutte contre ce fléau doit passer par une réduction de la production de plastique.Maria Luiza Pedrotti, Chercheuse en biologie marine, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.