Tous bords confondus, l’heure est aux primaires. Mais ce système d’origine américaine est un dérivatif inadapté qui fait passer la question du projet après celle de son porteur.
Inscrire dans la durée constitutionnelle un état d’exception par définition limité dans le temps: la réponse du gouvernement aux angoisses des Français est audacieuse, pour ne pas dire risquée.
Entre la présidentielle de 2012 et les régionales de décembre 2015, le vote en faveur du FN a fortement progressé, notamment dans les hôpitaux et au sein des forces de sécurité.
Dirigés par le populaire Gilles Simeoni, les nationalistes ont créé la surprise. Mais leur victoire ne signifie pas que la Corse se dirige forcément vers l'indépendance.
Retour sur le scrutin des régionales: un premier tour marqué par l'arrivée en tête du FN, un second par son échec, la victoire de la droite et la rétractation de la gauche.
La menace du FN dans les régions a été conjurée grâce à un sursaut républicain. Comme en 2002. Mais rien ne dit que les électeurs de gauche vont accepter de jouer les supplétifs à l’avenir.
Pierre Bréchon, Auteurs historiques The Conversation France
Arrivé largement en tête au premier tour, le leader de la droite, Laurent Wauquiez, a profité au second d'un bon report de voix des électeurs frontistes, qui ont voté “utile”.
Si la grande région reste à gauche, cette victoire masque de fortes disparités : le PS et ses alliés l’emportent certes en Midi-Pyrénées, mais le FN est arrivé en tête en Languedoc-Roussillon.
Dans la plus grande région de France, la gauche apparaît comme le grand vainqueur du second tour derrière Alain Rousset. Mais derrière l’échec de Virginie Calmels, c’est Alain Juppé qui est fragilisé.
Après 17 ans de règne de la gauche, la droite conduite par Valérie Pécresse l’a emporté en île-de-France. Simple alternance ou signe d’une profonde modification du paysage politique ?
Michel Wieviorka, Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH)
À l’issue des régionales, une triangulation source de blocages s’installe. Face à l’inertie des partis traditionnels, le nécessaire réenchantement de la politique peut venir de ses marges.
Le FN bredouille, la droite gagnante et la gauche affaiblie mais pas terrassée : ce sont les principaux enseignements comptables de ces régionales. Mais le tripartisme est la principale nouveauté.
Alexandre Faure, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)
Le Front national se donne un image de gestionnaire. Mais ses options budgétaires sont au strict service de son idéologie. Et ont finalement peu évolué.
Une enquête du Cevipof montre que les catégories populaires ont massivement voté pour le FN au premier tour des Régionales, révélant une fracture nette avec le reste de la population.
Des études menées au niveau européen montrent que la récupération des thèmes de l’extrême droite, conjuguée à un refus d’alliance, ne réduit pas son influence. Bien au contraire.
Depuis des années, le FN a érigé l’islam comme une menace pour l’identité française et en tire des dividendes sur le plan électoral. Mais il n’est pas le seul à entretenir cette paranoïa identitaire.
Marqué par le succès du FN, le premier tour des régionales a entériné l’irruption du tripartisme en France, susceptible de se renforcer à l’issue du second tour.
L’émotion a été partout en cette année 2015. Un paramètre que la science politique rejette souvent à l’arrière-plan. Pourtant, les émotions politiques ont un impact non négligeable dans les isoloirs.
Malgré des scores électoraux en hausse sensible d’élection en élection, le Front national peut-il conquérir le pouvoir sans allié ? L’exemple du PCF durant les Trente Glorieuses démontre le contraire.
Dans cette zone traditionnellement ancrée à gauche, le PS est en bonne place pour conserver cette grande région. La droite déçoit, et le FN marque des points.