tag:theconversation.com,2011:/us/topics/eolien-offshore-49309/articleséolien offshore – The Conversation2022-04-03T16:16:00Ztag:theconversation.com,2011:article/1805192022-04-03T16:16:00Z2022-04-03T16:16:00ZComment les candidats se positionnent au sujet des énergies renouvelables ?<p>Conformément aux engagements internationaux (<a href="https://unfccc.int/fr/processus-et-reunions/l-accord-de-paris/l-accord-de-paris">Accord de Paris sur le climat, 2015</a>) et européens (<a href="https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/european-green-deal_fr">Pacte vert pour l’Europe, 2019</a>), la France affiche de fortes ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre exigeant une action rapide pour décarboner les modes de production et de consommation de l’énergie. Bien que la <a href="https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/t2020_rd330/default/table?lang=fr">part de renouvelable dans la consommation finale brute d’énergie</a> (2020) soit inférieure (19 %) à celle de la moyenne de l’Union européenne (22,1 %), le déploiement des sources d’énergies renouvelables constitue aujourd’hui un enjeu fondamental de la transition énergétique française tels qu’en témoignent les éléments chiffrés de la <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/20200422%20Programmation%20pluriannuelle%20de%20l%27e%CC%81nergie.pdf">programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), 2019-2028</a>.</p>
<p>Face à ce constat, les candidats à l’élection présidentielle (sauf <a href="https://www.nathalie-arthaud.info/">Nathalie Arthaud</a> qui n’a aucune proposition à ce sujet) ont des propositions très variées, certains proposant un mix énergétique 100 % renouvelable quand d’autres proposent l’arrêt, voire le démantèlement des parcs éoliens existants.</p>
<p>Bien que clivant, le débat semble aujourd’hui dépasser la simple question d’un choix entre les énergies renouvelables ou non.</p>
<h2>Une transition énergétique avec ou sans nucléaire</h2>
<p>La position politique pour un mix énergétique 100 % renouvelable semble trancher l’épineux débat sur la sortie ou la relance de l’énergie nucléaire. La sortie du nucléaire est envisagée de manière consensuelle à l’horizon 2050, mais à différentes vitesses : <a href="https://poutou2022.org/programme">sortir en 10 ans maximum</a> pour Philippe Poutou (NPA) ; <a href="https://www.jadot2022.fr/programme">sortir de manière « responsable »</a> en arrêtant 10 réacteurs d’ici 2035 pour Yannick Jadot (EELV) ; ne pas sortir avant 2050 comme il s’agit d’une « <a href="https://www.2022avechidalgo.fr/notre_programme">énergie de transition</a> pour Anne Hidalgo (PS). Sa mise en œuvre est prévue notamment par le développement plus ou moins massif des technologies renouvelables.</p>
<p>À titre d’exemple, le programme de <a href="https://www.jadot2022.fr/programme">Yannick Jadot</a> annonce l’installation de 3 000 mâts d’éoliennes supplémentaires et de 25 GW de photovoltaïque en plus sur le quinquennat. Pour la faisabilité de la sortie, les programmes de <a href="https://melenchon2022.fr/">Jean‑Luc Mélenchon</a> (La France Insoumise), de Yannick Jadot et de Philippe Poutou insistent aussi sur la nécessaire réduction de la consommation d’énergie par la <a href="https://theconversation.com/une-france-zero-carbone-en-2050-pourquoi-le-debat-sur-la-sobriete-est-incontournable-172185">sobriété</a> et l’<a href="https://theconversation.com/efficacite-energetique-est-il-vraiment-possible-de-faire-mieux-avec-moins-113796">efficacité énergétique</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Les candidats (sauf ceux de l’extrême droite) étaient invités dans l’émission <em>Le Débat du siècle</em> (Jean Massiet, Paloma Moritz, sur Twitch) pour évoquer l’écologie dans leur programme.</span></figcaption>
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<h2>Des propositions imaginées par la société civile</h2>
<p>Les candidats se réfèrent également aux scénarios imaginés par différentes associations. Ainsi <a href="https://negawatt.org/index.php">négaWatt 2022</a> vise la neutralité carbone en 2050 ainsi qu’un mix énergétique 96 % renouvelable. <a href="https://afterres2050.solagro.org/decouvrir/scenario/">Afterres2050</a> souligne la possibilité de diviser par 2 nos consommations finales d’énergie, par 16 nos émissions de CO<sub>2</sub> d’origine énergétique, et de réduire radicalement notre dépendance aux énergies fossiles d’ici 2050 en mobilisant fortement les énergies renouvelables. Enfin ils s’appuient aussi sur ceux de l’<a href="https://www.ademe.fr/les-futurs-en-transition/les-scenarios/">Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie</a> qui propose, entre autres, la décarbonation de l’énergie dans l’industrie.</p>
<p>Cependant, les programmes manquent de précisions relatives aux financements des investissements dans les énergies renouvelables (notamment ceux d’<a href="https://www.2022avechidalgo.fr/notre_programme">Anne Hidalgo</a> et de Philippe Poutou), et à l’impact sur les consommateurs de la sortie du nucléaire (ceux de Philippe Poutou, de Jean‑Luc Mélenchon et de Yannick Jadot). Dans les programmes de Jean‑Luc Mélenchon et de Yannick Jadot, les citoyens-consommateurs d’énergie sont mentionnés uniquement pour la reconnaissance de leur rôle actif dans la transition énergétique à travers leur participation à la sobriété énergétique et aux projets d’énergies renouvelables.</p>
<p>La transition énergétique avec nucléaire, quant à elle, est présentée comme une orientation stratégique fondée sur la constitution d’un mix énergétique 100 % décarboné et national pour répondre aux objectifs climatiques et garantir une indépendance de l’approvisionnement en énergie, c’est-à-dire une souveraineté énergétique.</p>
<p>En ce qui concerne le couplage avec les énergies renouvelables, l’hydro-électricité demeure l’énergie renouvelable « préférée » des programmes pro nucléaires, notamment du fait de son ancrage national et de son caractère pilotable et flexible.</p>
<p>La relance de cette énergie est également envisagée dans les programmes de <a href="https://mlafrance.fr/programme">Marine Le Pen (RN)</a>, de <a href="https://valeriepecresse.fr/projet/energie/">Valérie Pécresse (LR)</a> et d’<a href="https://programme.zemmour2022.fr/">Éric Zemmour (Reconquête !)</a>. Les programmes de <a href="https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/fabienroussel2022/pages/217/attachments/original/1643038967/exe_la_france_des_jours_heureux_LIVRE_stc.pdf">Fabien Roussel (PCF)</a> et d’<a href="https://avecvous.fr/wp-content/uploads/2022/03/Emmanuel-Macron-Avec-Vous-24-pages.pdf">Emmanuel Macron (LREM)</a> présentent un couplage nucléaire-renouvelable plutôt harmonieux sans exclure aucune option énergétique.</p>
<p>À titre d’exemple, Emmanuel Macron souhaite poursuivre la construction de 6 centrales nucléaires (nouvelle génération), tout en multipliant par 10 la puissance solaire actuelle et implantant 50 parcs éoliens en mer d’ici 2050.</p>
<h2>Les éoliennes terrestres écartées de la plupart des programmes</h2>
<p>Les éoliennes terrestres sont écartées de la plupart des programmes soutenant l’énergie nucléaire, comme ceux de <a href="https://www.debout-la-france.fr/">Nicolas Dupont-Aignan</a>, d’Éric Zemmour, de <a href="https://jl2022.fr/">Jean Lassalle</a> et de Marine Le Pen, en raison de leur <a href="https://theconversation.com/energie-climat-la-transition-est-elle-vraiment-en-panne-en-france-154963">intermittence</a>, de leur coût, et surtout de leur <a href="https://theconversation.com/les-energies-renouvelables-un-secteur-aux-contours-trop-flous-109961">mauvaise acceptabilité</a> par les citoyens.</p>
<p>Ils se réfèrent également aux arguments écologiques et anthropocentriques relatifs à la protection de la <a href="https://theconversation.com/energies-renouvelables-et-biodiversite-les-liaisons-dangereuses-88489?utm_term=Autofeed&utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#link_time=1512970393">biodiversité</a> et des paysages (y compris celle des cadres de vie). Considéré intermittent et non rentable en raison du problème de dépendance de la filière française, le <a href="https://theconversation.com/et-si-les-artisans-semparaient-du-photovolta-que-139889">photovoltaïque</a> semble également générer de larges questionnements.</p>
<p>Certaines réticences sont présentes notamment dans les programmes d’Éric Zemmour, de Jean Lassalle et de Marine Le Pen. Cependant, ici encore, les programmes ne détaillent pas la « sortie » des « énergies intermittentes », éolienne et photovoltaïque – pourtant deux filières énergétiques recevant l’essentiel du soutien public actuel –, et ne précisent pas comment ils comptent renégocier les contrats en cours avec les porteurs de projet.</p>
<h2>Entre souveraineté nationale et coopération européenne</h2>
<p>L’élection présidentielle aurait également des impacts dans le choix de la mise en œuvre de la transition énergétique dans un contexte plutôt national ou de coopération européenne. Certaines propositions énergétiques relatives au nucléaire, à l’hydro-électricité, ou plus globalement, au marché européen de l’énergie, risquent en effet de heurter l’approche européenne. Bien que la <a href="https://theconversation.com/nucleaire-retour-sur-le-debat-autour-de-la-nouvelle-taxonomie-europeenne-176733">nouvelle taxonomie européenne</a>, créant un label « vert » pour l’électricité produite à partir des centrales nucléaires, contribue à la consolidation de la place du nucléaire dans le mix électrique français, certains candidats vont plus loin en proposant par exemple d’« imposer le nucléaire à l’échelle européenne comme étant le principal outil dans la <a href="https://programme.zemmour2022.fr/">lutte contre le réchauffement climatique</a> ».</p>
<p>Au-delà du clivage gauche-droite, d’autres candidats s’accordent plus ou moins au sujet de la (re)nationalisation complète de l’Électricité de France (Nicolas Dupont-Aignan, Yannick Jadot, Jean Lassalle, ainsi que celle d’Engie pour Jean‑Luc Mélenchon, Fabien Roussel). Dans cette perspective, il est envisagé de financer les investissements en énergies renouvelables par la création d’un <a href="https://melenchon2022.fr/">pôle public de l’énergie</a>, ou de recréer une <a href="https://www.debout-la-france.fr/">filière indépendante et d’excellence nucléaire</a>, ou de <a href="https://jl2022.fr/">redonner à la France l’initiative dans les secteurs clefs de l’économie</a>, ou encore d’<a href="https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/fabienroussel2022/pages/217/attachments/original/1643038967/exe_la_france_des_jours_heureux_LIVRE_stc.pdf">engager une réappropriation publique et sociale pour un service public de l’énergie puissant</a>. Certains candidats souhaitent également revenir sur la libéralisation du secteur énergétique en <a href="https://programme.zemmour2022.fr/">s’opposant à la mise en concurrence des barrages hydroélectriques</a> et en proposant la <a href="https://melenchon2022.fr/">suppression de la libéralisation du marché de l’électricité</a>, voire d’en <a href="https://mlafrance.fr/programme">sortir sans délais</a>.</p>
<h2>Une transition énergétique ou écologique ?</h2>
<p>Enfin, s’il existe plus ou moins un accord sur l’évolution nécessaire et actuelle vers les énergies renouvelables, il n’existe pas d’une analyse politique holistique sur <a href="https://theconversation.com/energies-renouvelables-et-biodiversite-les-liaisons-dangereuses-88489">l’impact potentiel et les externalités négatives</a> que le développement croissant des technologies renouvelables pourrait provoquer sur les écosystèmes.</p>
<p>Une politique écologique globale et cohérente pour développer des sources d’énergies renouvelables – prenant en compte l’ensemble du cycle de vie (de l’extraction des matériaux/production industrielle aux processus de démantèlement, de reconversion et de recyclage) et leurs impacts transgénérationnels, n’est pas suffisamment développée par les candidats à la présidentielle (sauf quelques lignes dans les programmes de Yannick Jadot et Jean‑Luc Mélenchon).</p>
<p>En outre, compte tenu de l’expansion mondiale de la capacité de production d’énergies renouvelables et de la dépendance géographique de chaque source d’énergies renouvelables, les inconvénients peuvent être décuplés dans un contexte transfrontalier et international, car le droit, en particulier le droit de l’environnement, ne permet pas d’évaluer l’empreinte environnementale complète de la production des sources d’énergies renouvelables.</p>
<h2>Mieux tracer les énergies renouvelables</h2>
<p>Face aux enjeux écologiques et climatiques et à la complexité des problèmes sociétaux et environnementaux, une innovation systémique pour la traçabilité des énergies renouvelables est nécessaire dans une perspective de durabilité. D’un point de vue juridique, certaines démarches ont été initiées afin de parvenir à une cohérence significative du lien énergie-écologie, à l’instar des <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/ ?uri=celex :32018L2001">critères de durabilité pour la biomasse</a> s’appliquant à la biomasse consommée en France et aux matières premières utilisées pour leur production cultivées ou extraites en France ou à l’étranger, et de l’<a href="https://ec.europa.eu/environment/eussd/smgp/PEFCR_OEFSR_en.htm">empreinte environnementale des panneaux photovoltaïques</a> visant à réduire, par le biais de l’inventaire du cycle de vie, l’impact environnemental de la production d’électricité à partir des panneaux photovoltaïque. Cependant, la réglementation reste fragmentée et lacunaire.</p>
<p>Aussi, la question qui se pose est de savoir comment réglementer au mieux la traçabilité des énergies renouvelables pour la transition vers des systèmes durables. Comment encadrer la traçabilité comme outil de transition écologique ? Ces questions recouvrent inévitablement les problématiques relatives à la gouvernance, à la transparence et à l’information et à la participation du public/usager/consommateur, qui semblent pour l’heure, avoir été omises par les candidats à l’élection présidentielle.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180519/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Melis Aras est membre de Société Française pour le Droit de l'Environnement (SFDE).
Elle a reçu des financements pour conduire ses recherches postdoctorales (dans le cadre des projets : Interreg RES-TMO (2019-2021) : <a href="https://www.res-tmo.com/fr/">https://www.res-tmo.com/fr/</a> ; et par EUCOR Seed Money (2021-2022) : <a href="https://www.eucor-uni.org/recherche/reseaux-et-projets/landscape-and-sustainable-energy-transition-the-legal-protection-of-landscapes-through-the-prism-of-the-energy-transition/">https://www.eucor-uni.org/recherche/reseaux-et-projets/landscape-and-sustainable-energy-transition-the-legal-protection-of-landscapes-through-the-prism-of-the-energy-transition/</a>). </span></em></p>Bien que clivant, le débat sur l’énergie semble aujourd’hui dépasser la simple question d’un choix entre les énergies renouvelables ou non.Melis Aras, Postdoctoral Researcher, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1631242021-07-05T18:12:26Z2021-07-05T18:12:26ZTotal et l’éolien offshore, se diversifier pour survivre<p>Depuis les années 1970, les majors du pétrole s’intéressent aux énergies dites alternatives. C’est par exemple le premier choc pétrolier qui incita le groupe Esso à créer la <a href="https://www.npr.org/2019/09/30/763844598/how-big-oil-of-the-past-helped-launch-the-solar-industry-of-today?t=1623009002305&t=1623017248126"><em>Solar Power Corporation</em></a> en 1973. Plus tard, en 1981, BP suivra avec BP Solar, puis Total en 1983 et Shell en 1984.</p>
<p>La crise sanitaire, <a href="https://www.cairn.info/revue-d-economie-financiere-2020-3-page-197.htm">couplée à une crise énergétique inédite</a>, a donné un <a href="https://www.novethic.fr/actualite/energie/energies-fossiles/isr-rse/pour-bp-le-declin-du-petrole-est-deja-engage-148987.html">coup d’accélérateur aux politiques de décarbonation à l’échelle mondiale</a>. Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le <a href="https://www.spglobal.com/platts/en/market-insights/podcasts/oil/060321-crude-oil-futures-bullish-fundamentals-pandemic-covid-opec-iran-energy-transition">pétrole pourrait chuter de 75 % d’ici à 2050</a> alors que l’éolien et le solaire pourraient <a href="https://www.euractiv.com/section/energy/news/iea-renewables-set-to-attract-70-of-global-energy-investment-in-2021/">représenter 70 % du mix énergétique</a> à cette échéance.</p>
<p>Un signal fort envoyé aux États et industriels du pétrole à quelques mois de la <a href="https://ukcop26.org/">COP26 sur les changements climatiques</a>. Actant ce changement de paradigme tout en annonçant une perte de <a href="https://www.challenges.fr/economie/total-plonge-dans-le-rouge-en-2020-avec-une-perte-de-7-2-milliards-de-dollars_750084">7 milliards d’euros en 2020</a>, le groupe Total est devenu « TotalEnergies » en mai dernier, avec l’adoption <a href="https://www.grapheine.com/divers/nouveau-logo-degrade-de-total-qui-devient-totalenergies">d’un nouveau logo pour symboliser sa mue</a>.</p>
<p>L’objectif affiché ? Devenir un énergéticien, un <a href="https://sustainable-performance.totalenergies.com/fr/notre-vision/devenir-la-major-de-l-energie-responsable">« major de l’énergie responsable »</a>, avec l’ambition que les énergies renouvelables atteignent 40 % du total de ses ventes dans le monde d’ici à 2050.</p>
<p>Au moment où l’électricité est présentée comme <a href="https://lexpansion.lexpress.fr/entreprises/patrick-pouyanne-l-electricite-est-l-energie-de-l-avenir_1831917.html">« l’énergie de l’avenir »</a>, le pétrolier compte notamment s’appuyer sur le développement des éoliennes <em>offshore</em>, fruit d’un long processus de diversification industrielle entamé il y a plus de 20 ans.</p>
<h2>En 2003, son premier parc éolien en France</h2>
<p>Face aux nouvelles réglementations environnementales (le protocole de Kyoto est signé en 1997) et la forte croissance de la consommation énergétique, l’éolien jouit d’un regain d’intérêt au tournant des années 2000. En France, du fait des engagements européens en <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32001L0077&from=EN">faveur du renouvelable</a>, un objectif de production entre <a href="http://www.senat.fr/questions/base/2003/qSEQ030708491.html">2 000 et 6 000 mégawatts éolien d’ici à 2007</a> est inscrit au <em>Journal officiel</em> le 18 mars 2003 (soit 1 000 à 3 000 turbines éoliennes), provoquant un véritable appel d’air pour la filière.</p>
<p>Anticipant un déclin du pétrole <a href="https://www.total.com/sites/g/files/nytnzq111/files/atoms/file/Total-2003-Rapport-annuel.pdf">dans la décennie 2020</a>, tout en essayant de gommer son image de pollueur (<a href="https://www.youtube.com/watch?v=m4kz44TBiZU">l’Erika fait naufrage le 12 décembre 1999</a>), Total créait en 2000 une direction chargée de développer la production d’énergie « verte » pour mener des expérimentations sur les différentes familles qui composent le secteur bourgeonnant des énergies renouvelables.</p>
<p>La multinationale inaugure en 2003 <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwjR7NykmYXxAhUKvRQKHWsQCAkQFjABegQIAhAD&url=http%3A%2F%2Fbenoit.ramiere.free.fr%2Fdocuments%2F5%2FIDD%2FEoliennesTOTAL2003.pdf&usg=AOvVaw3ABLwlum7EBEo_cPRCzUEv">son premier parc éolien à Mardyck dans le Nord</a> (12 MW) et porte dans l’Aveyron le <a href="https://www.enerzine.com/le-plus-grand-projet-eolien-a-terre-en-france/2617-2006-01">plus grand projet éolien terrestre de France</a> de l’époque (90 MW).</p>
<p>L’énergie éolienne est alors présentée comme <a href="https://www.acteurdurable.org/wp-content/uploads/2009/07/greenwashing-total.jpg">« une des façons les plus naturelles d’avancer »</a> par l’entreprise.</p>
<h2>En 2019, le retour avec l’éolien flottant</h2>
<p>Conscient du potentiel possible de l’éolien en mer (plusieurs parcs sont <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/we.82">déjà installés en Europe)</a>, Total cherche à développer un <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwilrc21jojxAhWSkxQKHeMxA0AQFjADegQIBhAE&url=http%3A%2F%2Fwww.spppi-cof.org%2Fcontent%2Fdownload%2F3124%2F39748%2Fversion%2F1%2Ffile%2FSPPPI_NvxProjets_2001-03-27_CR.pdf&usg=AOvVaw1EOUh4hcVxJUkz1dM0OM0n">projet au large de Dunkerque</a> en coopération avec Shell (90 MW) dès la fin des années 1990.</p>
<p>Ayant la mainmise sur les activités énergétiques en mer, les majors du pétrole entendent alors bloquer le marché naissant de l’éolien <em>offshore</em> à de nouveaux entrants, comme les énergéticiens et les industriels de l’éolien terrestre.</p>
<p>Projet mort-né (<a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/1246.php4">car non retenu lors de l’appel d’offres de 2004</a>), l’échec de Dunkerque maque le retrait de Total (et des pétroliers et parapétroliers) dans l’éolien <em>offshore</em> en France.</p>
<p>L’année 2019 marque son retour sur ce marché lorsque l’entreprise se porte <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/03/16/eolien-en-mer-la-bataille-de-dunkerque-est-lancee_5437028_3234.html">candidate au nouveau projet éolien au large de Dunkerque</a> (600 MW). Mais c’est surtout dans la filière naissante de l’éolien flottant que Total se positionne, en devenant actionnaire à 20 % du projet pilote de ferme éolienne flottante EolMed <a href="https://www.totalenergies.com/fr/medias/actualite/actualites/renouvelables-total-fait-son-entree-leolien-flottant-france">située en Méditerranée (30 MW)</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">EolMed – Appel aux énergies positives (EolMed, le 25 janvier 2016).</span></figcaption>
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<p>À l’international, Total investit dans un portefeuille de 2 GW d’éolien flottant en <a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/total-et-macquarie-sallient-dans-leolien-offshore-coreen-1379223">Corée du Sud</a> et s’installe au Royaume-Uni avec le <a href="https://www.totalenergies.com/fr/medias/actualite/communiques/renouvelables-total-entre-dans-un-premier-projet-eolien-offshore-flottant-au-royaume-uni">projet Erebus</a> (100 MW).</p>
<h2>Une stratégie de diversification industrielle</h2>
<p>Les nouveaux objectifs environnementaux des années 2010, notamment <a href="https://unfccc.int/fr/processus-et-reunions/l-accord-de-paris/l-accord-de-paris">l’accord de Paris sur le climat en 2015</a>, vont mener Total à reconsidérer sa stratégie en amplifiant sa diversification vers les énergies renouvelables. Celle-ci se concrétise notamment avec <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/total-cree-nouvelle-branche-gas-renewables-power-26651.php4">sa branche <em>Gaz Renewables & Power</em> créée en 2016</a>.</p>
<p>Cette politique de diversification de redéploiement se veut à la fois une réaction forcée à la contrainte carbone et un relais de croissance future. Pour y arriver, Total envisage d’investir <a href="https://www.reuters.com/article/total-r-sultats-idFRKBN2A90TX">60 milliards de dollars</a> dans le bas carbone au cours des dix prochaines années. Cette stratégie tournée vers les renouvelables passe notamment par des investissements dans l’éolien flottant.</p>
<p>D’un côté, les dividendes liés au pétrole entraînent un accroissement important des marges d’autofinancement des compagnies pétrolières (200 milliards d’euros de revenus en 2019 pour Total, pour 11 milliards d’euros de bénéfice), leur permettant d’investir dans des projets avant-gardistes à fort potentiel (comme EolMed en Méditerranée) et de racheter des sociétés expérimentées déjà établies (<a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/total-se-renforce-dans-leolien-avec-global-wind-power-1365265">comme <em>Global Wind Power</em></a> pour Total <a href="https://www.lefigaro.fr/flash-eco/shell-va-racheter-eolfi-specialiste-francais-de-l-eolien-flottant-20191105">ou encore Eolfi</a> pour Shell).</p>
<p>D’un autre côté, la prédictibilité des revenus issus de l’éolien en mer sur plusieurs années, <a href="https://www.polytechnique-insights.com/dossiers/economie/du-petrole-au-lithium-la-transition-energetique-redistribue-les-cartes-de-la-geopolitique/pression-sur-les-prix-et-demande-incertaine-le-petrole-en-eaux-troubles/">moins cycliques que ceux du pétrole car moins liés aux incertitudes de la demande</a>, peut rassurer les investisseurs.</p>
<h2>Encourager les effets de synergies</h2>
<p>Cette vision économico-stratégique se veut être une diversification liée qui cherche à produire des effets de synergies entre des activités existantes (<em>cross-sector opportunitites</em>), afin de bénéficier d’un avantage concurrentiel rapide.</p>
<p>La diversification horizontale doit produire des interactions entre l’activité principale (le pétrole) et un domaine connexe (l’éolien en mer) via des transferts technologiques. Les économies de champ qui en découlent doivent couvrir plusieurs domaines en partageant des compétences clés, comme le transport logistique, la construction des parcs éoliens et les opérations de maintenance en mer.</p>
<p>Les flotteurs et les systèmes d’ancrage font partie des technologies développées pour les parcs pétroliers <em>offshore</em> réexploitables dans l’éolien flottant.</p>
<p><a href="https://www.scottish-enterprise-mediacentre.com/resources/b0ueg-kfobl-nb6ek-yeo0c-1wrff">Selon une étude britannique</a>, la diversification de l’industrie du <em>Oil & Gas</em> serait directement profitable à 24 secteurs, dont l’éolien <em>offshore</em> et les énergies marines. L’Agence internationale de l’énergie estime que les synergies de coûts entre les activités pétrolières et celles dans l’éolien marin <a href="https://www.iea.org/news/offshore-wind-to-become-a-1-trillion-industry">s’élèvent à 40 %</a>.</p>
<h2>Opportunisme ou vraie mutation ?</h2>
<p>Les acteurs pétroliers et parapétrolier semblent tombés sous le charme, malgré eux, des <em>green tech</em> (solaire, bornes de recharge pour les véhicules électriques, biocarburants, l’hydrogène vert, éolien <em>offshore…</em>).</p>
<p><a href="https://www.editionsladecouverte.fr/or_noir-9782707167019">Le pouvoir de blocage historique</a> des énergies fossiles (<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0301421500000707 ?via %3Dihub"><em>carbon lock-in</em></a>) s’effrite de plus en plus. Les attentes de la société civile étant <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/06/23/dereglement-climatique-l-humanite-a-l-aube-de-retombees-cataclysmiques-alerte-le-giec_6085284_3244.html">à l’image de l’urgence climatique</a>, l’entreprise Total est attendue au tournant et reste sous le feu des critiques des associations écologiques.</p>
<p>Même si l’effort est souligné, le <a href="https://www.oxfamfrance.org/communiques-de-presse/oxfam-decrypte-les-ressorts-du-greenwashing-de-total/">discours reste peu convaincant pour de nombreuses associations environnementales</a> face à la réalité du terrain et des sommes engagées dans les différentes filières énergétiques.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/407546/original/file-20210621-35169-1xyifjj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/407546/original/file-20210621-35169-1xyifjj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/407546/original/file-20210621-35169-1xyifjj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/407546/original/file-20210621-35169-1xyifjj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/407546/original/file-20210621-35169-1xyifjj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/407546/original/file-20210621-35169-1xyifjj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/407546/original/file-20210621-35169-1xyifjj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/407546/original/file-20210621-35169-1xyifjj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=558&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les investissements des sociétés pétrolières et gazières dans les technologies bas carbone, 2015-2020.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Bloomberg NEF, 2021</span></span>
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<p>Total s’est engagé en 2020 dans un chantier pétrolier monumental de <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/petrole-total-lance-le-plus-gros-projet-de-lannee-en-ouganda-1306131">10 milliards de dollars en Ouganda</a>. Un an auparavant, le groupe lançait au Nigeria la plus grosse plate-forme pétrolière <em>offshore</em> flottante de son histoire <a href="https://www.lepoint.fr/economie/egina-un-projet-petrolier-historique-pour-le-nigeria-04-03-2018-2199426_28.php">pour un coût de 16 milliards de dollars</a>.</p>
<p>Entre opportunisme commercial et véritable mutation industrielle, le pétrolier français se plairait donc à cultiver une forme de paradoxe sur ses réelles intentions, marquée par une différence de traitement entre ses objectifs écologiques européens (sous contraintes règlementaires) et les pays du Sud.</p>
<p>Rappelant la nécessité d’agir rapidement afin de respecter les objectifs bas carbone, l’AIE a demandé aux acteurs de l’énergie à renoncer dès maintenant <a href="https://www.iea.org/reports/net-zero-by-2050">à tout nouveau projet pétrolier ou gazier, après ceux déjà approuvés</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/407547/original/file-20210621-35539-fs159a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/407547/original/file-20210621-35539-fs159a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/407547/original/file-20210621-35539-fs159a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/407547/original/file-20210621-35539-fs159a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/407547/original/file-20210621-35539-fs159a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=297&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/407547/original/file-20210621-35539-fs159a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/407547/original/file-20210621-35539-fs159a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/407547/original/file-20210621-35539-fs159a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=373&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution de l’approvisionnement en pétrole afin de respecter l’Accord de Paris.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IAE, 2021</span></span>
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<p>Cette déclaration sonne comme un coup dur pour Total qui déclare vouloir être <a href="https://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/patrick-pouyanne-j-en-ai-assez-d-appartenir-au-club-des-petroliers-que-tout-le-monde-deteste_2147552.html">« dans le top 5 mondial des supermajors de l’énergie verte »</a> mais qui parallèlement poursuit ses prospections pétrolières et gazières dans les coins les plus reculés et fragiles du monde, <a href="https://www.youtube.com/watch ?v=BnECr2MnHtY">comme en Arctique</a>.</p>
<p>Il faudra donc bien plus que des mots pour refondre l’image d’une « supermajor » de l’énergie qui <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/10/26/total-est-il-vraiment-l-un-des-plus-gros-pollueurs-de-la-planete_5375225_4355770.html">figure toujours parmi les plus polluantes de la planète</a>.</p>
<h2>Muter pour ne pas mourir</h2>
<p>La puissance financière des majors du pétrole fait qu’elles ont aujourd’hui la possibilité d’être les locomotives de la transition énergétique – <a href="https://www.lerevenu.com/bourse/valeurs-en-vue/groupe-total-un-geant-francais">100 milliards d’euros de valorisation pour Total</a>.</p>
<p>Du fait de leurs activités polluantes et leurs capitaux, elles ont la main sur le levier de vitesse et l’agenda. Toujours au cœur du système énergétique, les pétroliers exercent un effet aspirant sur de multiples secteurs d’activités.</p>
<p>En mer du Nord, la diversification industrielle engagée depuis les années 2000 ressemble à une stratégie de survie pour pallier la fin de <a href="https://www.lepoint.fr/monde/jeremy-rifkin-predit-la-fin-de-la-civilisation-fossile-20-10-2019-2342301_24.php">« la civilisation fossile ».</a> Le positionnement central des acteurs du pétrole et du gaz dans le secteur de l’éolien en mer est un des <a href="https://theconversation.com/comment-expliquer-la-reussite-du-royaume-uni-dans-leolien-offshore-129952">facteurs explicatifs du développement rapide de l’éolien <em>offshore</em> au Royaume-Uni depuis les années 2000</a>.</p>
<p>Fondée en 1972 pour exploiter le pétrole et le gaz, l’entreprise danoise Ørsted est aujourd’hui devenue un des leaders planétaires de l’éolien <em>offshore</em>, tout en gagnant le titre de <a href="https://www.corporateknights.com/reports/2020-global-100/top-company-profile-orsted-sustainability-15795648/">« société la plus soutenable du monde » en 2020</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/hOyDuovDLe4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Ørsted ranked the most sustainable company in the world (2020) (Ørsted, le 21 janvier 2020).</span></figcaption>
</figure>
<p>A contrario, au même moment, le groupe Shell était condamné par le tribunal de La Haye <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/justice-climatique-decision-shell-tribunal-la-haye-37597.php4">à réduire drastiquement ses émissions de CO<sub>2</sub> d’ici à 2030</a>, générant une <a href="https://journals.openedition.org/revdh/12224">insécurité juridique</a> et poussant les actionnaires de Total à réagir rapidement. En février dernier, le <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/contentieux-climatique-total-devoir-vigilance-comptence-tribunal-judiciaire-37043.php4">tribunal judiciaire de Nanterre</a> se déclarait compétent pour juger la démarche contentieuse engagée en 2020 par 14 collectivités et 5 associations contre Total <a href="https://www.geo.fr/environnement/le-groupe-total-assigne-en-justice-pour-inaction-climatique-199669">pour « inaction climatique »</a>.</p>
<p><a href="http://vaclavsmil.com/2016/12/14/energy-transitions-global-and-national-perspectives-second-expanded-and-updated-edition/">L’historien canadien Vaclav Smil</a> estime qu’il a fallu plus 80 ans au pétrole pour qu’il contribue à hauteur de 25 % à l’approvisionnement mondial en énergie. Les majors de l’or noir auront 30 ans pour faire la plus grande mutation de leur histoire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163124/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Roche ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Face au déclin du pétrole, l’entreprise est contrainte de s’ouvrir à d’autres horizons énergétiques… non sans paradoxe.Sylvain Roche, Docteur en sciences économiques, enseignant-chercheur associé, transition énergétique et territoriale, Sciences Po BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1299522020-01-27T17:10:33Z2020-01-27T17:10:33ZComment expliquer la réussite du Royaume-Uni dans l’éolien offshore ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/311115/original/file-20200121-117949-cqzdyu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C229%2C5257%2C3122&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Avec 8 483 MW installés en 2019, le Royaume-Uni fait figure de leader mondial incontesté de l’éolien en mer.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/view-windmills-rampion-windfarm-off-coast-1379448317">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Longtemps symbole d’un pays qui s’est développé par le charbon, le Royaume-Uni fait désormais figure de modèle en matière de transition énergétique. Le charbon, qui produisait les deux tiers de l’électricité dans les années 1980 et 36 % en 2013, représente désormais <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/819511/UK_Energy_in_Brief_2019.pdf">moins de 4 % du total</a>. En 2019, la production d’électricité britannique issue d’énergies renouvelables a dépassé pour la première fois au troisième trimestre celle générée par les hydrocarbures. Une première <a href="https://www.theguardian.com/environment/2019/may/08/britain-passes-1-week-without-coal-power-for-first-time-since-1882">depuis 1882</a>. La production de charbon devrait même disparaître d’ici à 2025 <a href="https://www.euractiv.com/section/energy/news/uk-breaks-coal-free-power-generation-record-by-huge-margin/1332967/">selon le gouvernement</a>.</p>
<p>En parallèle, le Royaume-Uni est devenu une des références mondiales dans les énergies marines renouvelables en l’espace d’une vingtaine d’années. Avec 8 483 MW installés en 2019, il fait figure de leader incontesté de <a href="https://www.renewableuk.com/page/UKWEDhome/Wind-Energy-Statistics.htm">l’éolien en mer</a>. 1 200 MW de capacités nouvelles seront délivrées cette année avec la mise en service du parc éolien de Hornsea Project One, <a href="https://www.bbc.com/news/uk-england-humber-47214591">l’un des plus puissants au monde</a>.</p>
<p>À l’heure où la France <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/electricite-la-france-met-laccent-sur-leolien-en-mer-1164561">revoit à la hausse ses ambitions dans l’éolien en mer</a>, comment expliquer la réussite du Royaume-Uni dans cette filière énergétique ?</p>
<h2>Une solution pour décarboner l’économie</h2>
<p>Le Royaume-Uni a su profiter des opportunités offertes <a href="https://www.renewableenergyworld.com/2003/03/31/offshore-wind-is-key-to-uks-kyoto-requirements-8444/#gref">par les accords de Kyoto</a> et les directives européennes en <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A32001L0077">matière d’énergies renouvelables</a> pour redéfinir au tournant des années 2000 sa politique énergétique et acquérir la maîtrise de nouvelles technologies propres.</p>
<p>Un premier livre blanc sur l’énergie est présenté en 2003 <a href="https://www.gov.uk/government/publications/our-energy-future-creating-a-low-carbon-economy">par le gouvernement travailliste de Tony Blair</a>, avec un objectif de réduction des émissions de carbone de 60 % d’ici 2050. L’énergie éolienne doit alors représenter 10 % de la production d’électricité à l’horizon 2010, contre 3 % en 2003.</p>
<p>Des subventions sont mises en place et les deux premiers appels d’offres pour l’éolien en mer voient le jour. Sélectionnant 17 projets pour 1,5 GW de production, le premier round (2001) permet de clarifier le <a href="http://dro.dur.ac.uk/7569/">cadre réglementaire</a>. Le second round (2003) mène à l’attribution de 15 autres sites d’un potentiel de 7,2 GW de capacité installée. L’éolien offshore passe au Royaume-Uni à une échelle industrielle.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311117/original/file-20200121-117954-1g7i8i6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311117/original/file-20200121-117954-1g7i8i6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311117/original/file-20200121-117954-1g7i8i6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311117/original/file-20200121-117954-1g7i8i6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311117/original/file-20200121-117954-1g7i8i6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311117/original/file-20200121-117954-1g7i8i6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311117/original/file-20200121-117954-1g7i8i6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le parc éolien offshore de Burbo Bank dans la baie de Liverpool, sur la côte ouest du Royaume-Uni. Mis en service en 2007 (90 MW), il a connu une extension (258 MW) achevée en 2017.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sylvain Roche, 2016</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En vertu des nouvelles directives européennes en <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/12/controle/delat/dates_cles/paquet_energie-climat.asp">matière environnementale</a>, le gouvernement de Gordon Brown présente en 2008 le <em>Climate Change Act</em> qui doit engager le pays sur un objectif de réduction de 80 % des émissions de CO<sub>2</sub> <a href="http://www.legislation.gov.uk/ukpga/2008/27/contents">entre 1990 et 2050</a>. Un plan de plus de 126 milliards d’euros est proposé pour faire passer la part du renouvelable à 15 % dans la consommation totale du pays à l’horizon 2020 (électricité, chauffage et transport), contre 1,3 % en 2005. L’ambition de ce plan exige alors l’installation de 7 000 nouvelles éoliennes, <a href="https://www.theguardian.com/business/2010/jan/03/gordon-brown-wind-energy-programme">dont 3 000 en mer</a>.</p>
<p>La production d’électricité à partir d’énergies renouvelables au Royaume-Uni passe de <a href="https://www.irena.org/documentdownloads/publications/gwec_uk.pdf">1,8 % en 2002 à 6,8 % en 2010</a>. Avec 598 MW de puissance éolienne installée et 2 106 MW approuvée, le pays devient en 2008 le <a href="https://community.ieawind.org/HigherLogic/System/DownloadDocumentFile.ashx?DocumentFileKey=11a27d1f-e41c-9e27-638e-1ec7b611dcb9&forceDialog=0">leader mondial de l’éolien marin</a>. En septembre 2010, la plus grande ferme éolienne offshore au monde (300 MW) est inaugurée <a href="https://www.theguardian.com/environment/2010/sep/23/thanet-windfarm-bright-future-green-industry">à Thanet au large des côtes du Kent</a>.</p>
<p>Cette stratégie britannique tournée vers l’éolien en mer se veut une réponse à un double défi : d’une part la nécessité de réviser un modèle énergétique en misant sur des énergies décarbonées, et d’autre part, la dépendance énergétique croissante du Royaume-Uni envers l’étranger du fait de l’épuisement annoncé des réserves en mer du Nord. Le pays prend conscience qu’il est désormais dépendant du volatil marché mondial du gaz et d’un parc de centrales électriques vieillissant.</p>
<p>Cette prise de conscience s’accompagne au même moment d’une relance de l’énergie nucléaire, la majorité des réacteurs nucléaires du Royaume-Uni devant alors <a href="https://publications.parliament.uk/pa/cm200506/cmselect/cmenvaud/584/584i.pdf">être arrêtés d’ici à 2023</a>. Cette stratégie de <a href="https://www.gov.uk/government/publications/the-uk-low-carbon-transition-plan-national-strategy-for-climate-and-energy">« low carbon transition »</a> conduira au lancement <a href="https://www.lemonde.fr/europe/article/2012/02/17/sommet-franco-britannique-accords-dans-le-nucleaire-avec-areva-et-edf_1644990_3214.html">du projet EPR d’Hinkley Point en 2012</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311122/original/file-20200121-117962-c2a0v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311122/original/file-20200121-117962-c2a0v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311122/original/file-20200121-117962-c2a0v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311122/original/file-20200121-117962-c2a0v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311122/original/file-20200121-117962-c2a0v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311122/original/file-20200121-117962-c2a0v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311122/original/file-20200121-117962-c2a0v5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Évolution de la consommation de charbon au Royaume-Uni entre 1990 et 2018.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Department for Business, Energy and Industrial Strategy, 2019</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’ère de la maturité industrielle</h2>
<p>Arrivé au pouvoir en mai 2010, le premier ministre David Cameron ne remet pas en question l’engouement des travaillistes pour l’éolien en mer, malgré des critiques de plus en plus prononcées contre les énergies renouvelables (jugées trop onéreuses) et l’attrait des conservateurs <a href="https://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/david-cameron-britain-must-be-at-the-heart-of-shale-gas-revolution-8406432.html">pour le nucléaire et les gaz non conventionnels</a>. En 2011 est lancé un troisième appel d’offres. Parmi les 9 projets retenus, seuls deux parcs sont inférieurs à 1 GW de capacité. L’éolien offshore entre au Royaume-Uni dans l’ère des mégaprojets et de la maturité industrielle. Cette ambitieuse politique énergétique s’accompagne par la mise en place d’une politique volontariste en matière de R&D dans les <a href="https://sciencetechnologystudies.journal.fi/article/view/55332">nouvelles technologies énergétiques</a>.</p>
<p>Dévoilé le 7 mars 2019 par la ministre de l’Énergie Claire Perry, le contrat de filière pour l’éolien en mer encourage un développement massif de cette industrie, soutient les entreprises nationales du secteur et <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/790950/BEIS_Offshore_Wind_Single_Pages_web_optimised.pdf">promeut l’exportation</a>. Le Royaume-Uni, qui veut rester le premier marché européen en la matière, vise à atteindre 30 % de son mix électrique en 2030 <a href="https://www.gov.uk/government/news/offshore-wind-energy-revolution-to-provide-a-third-of-all-uk-electricity-by-2030">produit par l’éolien offshore</a>. Pour y parvenir, le gouvernement annonce en octobre 2019 le lancement d’un quatrième round d’une capacité combinée d’au moins 7 GW. Dans une période politiquement délicate, l’éolien en mer est présenté comme une opportunité de croissance économique dans une perspective post-Brexit <a href="https://www.gov.uk/government/news/clean-energy-to-power-over-seven-million-homes-by-2025-at-record-low-prices">pour le conservateur Boris Johnson</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311119/original/file-20200121-117962-1w0di3n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311119/original/file-20200121-117962-1w0di3n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311119/original/file-20200121-117962-1w0di3n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311119/original/file-20200121-117962-1w0di3n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311119/original/file-20200121-117962-1w0di3n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311119/original/file-20200121-117962-1w0di3n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311119/original/file-20200121-117962-1w0di3n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Évolution de la capacité installée cumulative d’éoliennes en mer au Royaume-Uni de 2009 à 2018 (en mégawatts).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ian Tiseo, 2019</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Cet emballement pour l’éolien offshore en outre-Manche a eu des conséquences économiques considérables sur la filière. Le coût de production de l’électricité issu de l’éolien offshore s’est effondré ces dernières années au Royaume-Uni. Si les prix se négociaient en 2011 <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&ved=2ahUKEwjE-vfT-JvmAhUqz4UKHQtlBjkQFjABegQIAhAC&url=https%3A%2F%2Fore.catapult.org.uk%2Fapp%2Fuploads%2F2018%2F02%2FCost-Reduction-Monitoring-Framework-2015.-Summary-report-to-the-OWPB.pdf&usg=AOvVaw0k9kW6v5Uig25QDdZIN5ZP">autour de 187 euros</a>, les dernières enchères ont vu des prix divisés par quatre, jusqu’à 45 euros, <a href="https://www.zonebourse.com/SSE-PLC-4000881/actualite/Equinor-et-SSE-retenus-pour-le-plus-grand-champ-d-eoliennes-offshore-au-monde-29233268/">coût de raccordement au réseau compris</a>.</p>
<p>Ces prix se situent en deçà du prix de gros moyen de l’électricité, situé à 50 euros, et bien au-dessous du prix de 109 euros, sur lequel a tablé EDF en 2013 <a href="https://www.challenges.fr/entreprise/109-euros-le-mwh-produit-par-les-epr-anglais-d-edf-un-bon-deal_159911">pour l’EPR d’Hinkley Point</a>. Ils sont devenus si bas que les parcs éoliens pourraient produire de l’électricité à un prix plus avantageux <a href="https://www.carbonbrief.org/analysis-record-low-uk-offshore-wind-cheaper-than-existing-gas-plants-by-2023">que les centrales au gaz existantes dès 2023</a>. Les facteurs déterminants dans la réduction des coûts ont été les volumes soutenus des appels d’offres, l’augmentation de la taille de la turbine et l’évolution exponentielle de la taille des parcs.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311118/original/file-20200121-117933-17d9xm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311118/original/file-20200121-117933-17d9xm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311118/original/file-20200121-117933-17d9xm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311118/original/file-20200121-117933-17d9xm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=376&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311118/original/file-20200121-117933-17d9xm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311118/original/file-20200121-117933-17d9xm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311118/original/file-20200121-117933-17d9xm7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=473&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Évolution du coût de production d’électricité britannique en £/MWh (prix courants) pour diverses technologies.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Carbon Brief</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>L’éolien marin, un relais de croissance</h2>
<p>Au-delà des questions liées à ces enjeux énergétiques et environnementaux, le déclin des activités pétrolières en mer du Nord est l’une des principales raisons de cet engouement pour l’éolien offshore. Même si les productions de la mer du Nord semblent connaître une <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/la-mer-du-nord-suscite-toujours-lappetit-des-petroliers-1138066">nouvelle phase de croissance</a>, elle reste une des zones du globe les plus marquées <a href="https://www.courrierinternational.com/article/royaume-uni-petrole-fin-de-partie-en-mer-du-nord">par le déclin pétrolier</a>.</p>
<p>Entre juillet 2014 et février 2016, le cours du Brent a chuté de 110 à 35$ par baril, son plus bas niveau depuis 2003. Cette crise énergétique marque fortement un <a href="https://www.theguardian.com/business/2017/sep/06/north-sea-oil-gas-jobs-oil-price">pays déjà sonné par la crise économique</a> et accélère la prise de conscience de la nécessité <a href="https://www.lesechos.fr/2016/01/petrole-la-mer-du-nord-frappee-de-plein-fouet-par-la-chute-des-cours-195433">d’une reconversion du modèle industriel du Royaume-Uni</a>. En 2017, le pays comptait 302 200 emplois (directs, indirects et induits) dans le secteur pétrolier et gazier. Il en <a href="https://www.rigzone.com/news/uk_scotland_the_north_sea_aint_done_yet-22-dec-2017-152909-article">comptait 463 900 en 2014</a>.</p>
<p>Le démantèlement des plates-formes pétrolières et l’éolien en mer vont constituer une opportunité de relais d’activité en mer du Nord. Cette stratégie de diversification vise à trouver des complémentarités entre une industrie ancienne et une industrie émergente afin d’accélérer le processus de maturation de l’éolien offshore. Les entreprises sont à la recherche d’un <a href="https://www.theguardian.com/environment/2017/jun/12/oil-giants-need-to-invest-heavily-in-renewables-by-2035-analysis-finds">relai de croissance future</a>. Cette dynamique de redéploiement est particulièrement visible dans la ville écossaise d’Aberdeen. La chute du cours du baril a eu en effet des <a href="https://www.youtube.com/watch ?v=3QRWP2bketo">effets dévastateurs sur la capitale écossaise des hydrocarbures</a>, incitant les groupes pétroliers <a href="https://www.challenges.fr/entreprise/la-ville-ecossaise-d-aberdeen-frappee-de-plein-fouet-par-la-chute-des-prix-du-petrole_58430">à réduire leurs investissements et leurs personnels</a>. Le centre européen de déploiement éolien offshore (EOWDC) et ses 11 éoliennes de 8 MW au large d’Aberdeen matérialisent aujourd’hui <a href="https://www.youtube.com/watch ?v=XC_ddicEuUo">cette transition dans le paysage écossais</a>.</p>
<p>Le Royaume-Uni est ainsi devenu un terrain de jeux des multinationales du pétrole pour tester de nouvelles technologies, à l’image de l’entreprise Equinor et son parc d’éoliennes flottantes inauguré en Écosse en 2017.</p>
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<h2>Le Royaume-Uni, leader mondial de l’éolien offshore</h2>
<p>Les particularités territoriales ont pour principale conséquence d’accroître la diversité du processus d’innovation, en favorisant le développement de trajectoire territorialisée. La géographie physique du Royaume-Uni (qui possède le deuxième gisement éolien d’Europe) explique en grande partie son dynamisme dans l’éolien en mer.</p>
<p>On aurait toutefois tort de se limiter à un simple déterminisme géographique des ressources naturelles. Si l’éolien en mer se développe rapidement au Royaume-Uni, ce n’est pas parce que le pays est scientifiquement en avance, mais avant tout parce que cette innovation doit résoudre des problèmes économiques qui s’y posent avec d’avantage d’acuité qu’ailleurs.</p>
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<p>Au Royaume-Uni, c’est une double temporalité de l’urgence qui explique le succès de l’éolien offshore. Une urgence environnementale, obligeant à trouver des alternatives rapides au charbon, et une urgence industrielle, pour espérer sauver des milliers d’emplois issus de l’industrie du gaz et du pétrole. C’est dans cette temporalité qu’un consensus politique s’est constitué au Royaume-Uni autour des énergies renouvelables. Une solide expérience en matière de pétrole offshore a permis d’avancer rapidement dans l’encadrement des projets éoliens en mer (schéma de planification et mise en place d’une réglementation propre).</p>
<p>Le Royaume-Uni a ainsi réussi à tirer parti d’un portefeuille de ressources et compétences accessibles pour se hisser comme une des locomotives européennes de la révolution industrielle verte.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/129952/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Roche a réalisé une thèse CIFRE au sein de la Région Nouvelle-Aquitaine</span></em></p>Retour sur les raisons du succès de l’éolien marin au Royaume-Uni.Sylvain Roche, Docteur en sciences économiques. Spécialiste des politiques d'innovation dans le secteur des énergies renouvelables, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1232452019-09-17T19:01:59Z2019-09-17T19:01:59ZL’avenir du solaire est-il dans le flottant ?<p>En juin dernier, la Compagnie nationale du Rhône (CNR) inaugurait une centrale photovoltaïque flottante dans les Monts du Lyonnais. Deux mois plus tard, c’est celle de Piolenc, dans le Vaucluse, qui vient d’être mise en service par l’entreprise Akuo Energy. D’une puissance de 17 MW, elle est dotée de 47 000 panneaux solaires et constitue la plus grande installation solaire sur l’eau de France.</p>
<p>De moins en moins chère à produire, l’énergie photovoltaïque jouit aussi grâce aux dernières innovations d’un <a href="https://www.iea.org/newsroom/news/2014/september/how-solar-energy-could-be-the-largest-source-of-electricity-by-mid-century.html">bilan environnemental bien meilleur</a>. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit qu’en 2022 la capacité photovoltaïque mondiale atteindra <a href="https://www.iea.org/publications/renewables2017/">entre 740 et 880 GW</a> – le parc photovoltaïque mondial a passé la <a href="https://www.lechodusolaire.fr/le-volume-pv-total-installe-dans-le-monde-a-passe-la-barre-des-500-gw/">barre des 500 GW</a> en termes de volume total installé à la fin 2018 – pour une production qui pourrait dépasser 1 000 TWh/an, contre <a href="https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/chiffres-cles-production-d-energie">100,4 TWh en 2012</a>.</p>
<p>En France, le lancement <a href="https://www.youtube.com/watch?v=e9lIrCWD3KY">du plan gouvernemental « Place au soleil »</a> en juin 2018 prévoit de libéraliser le solaire et d'accélérer son déploiement en métropole et en outre-mer. Le projet de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) publié début 2019 prévoit de multiplier par 4 ou 5 la capacité de production d’énergie photovoltaïque en moins de 10 ans. En 2018, cette source d’énergie a fourni <a href="https://www.rte-france.com/sites/default/files/be_pdf_2018v3.pdf">1,9 % de la production nationale d’électricité</a>.</p>
<p>Dans ce contexte de <a href="https://about.bnef.com/blog/global-electricity-demand-increase-57-2050/">forte demande en énergie « propre »</a> et d’expansion du solaire, la question de l’espace nécessaire devient donc cruciale. Le solaire flottant, qui se développe dans plusieurs régions du monde, entend répondre à ce défi.</p>
<h2>Une réponse à un manque d’espace</h2>
<p>Au regard des surfaces qu’il nécessite, le développement des centrales solaires peut engendrer des conflits d’usage avec les terres agricoles et affecter la biodiversité. Les processus d’innovation énergétique se sont d’ailleurs toujours heurtés à des résistances dans l’histoire. Ainsi, le <a href="https://books.google.fr/books/about/Medieval_Technology_and_Social_Change.html?id=xa7zPNkxswQC&redir_esc=y">moulin à eau</a> ne s’est largement diffusé que sept siècles après son apparition, pour des raisons économiques mais aussi d’acceptabilité sociale.</p>
<p>Les <a href="https://mitpress.mit.edu/books/power-density">transitions énergétiques du passé</a> ont développé des sources d’énergie toujours plus concentrées (bois, charbon, pétrole et gaz, puis uranium), limitant considérablement les surfaces mobilisées par les systèmes énergétiques. La transition énergétique actuelle s’inscrit dans un schéma inverse : remplacer les énergies fossiles à forte densité énergétique par des énergies renouvelables bien moins denses – qui mobilisent plus de surface. <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/centrale-solaire-photovoltaique-cestas-bordeaux-24900.php4">La centrale solaire la plus puissante de France</a> (300 MW) est ainsi implantée à Cestas, près de Bordeaux, sur 260 hectares (soit l’équivalent de 370 terrains de football). Trouver de nouveaux terrains pour développer des projets est donc devenu la principale préoccupation des développeurs d’énergies renouvelables.</p>
<p>Il est donc tout naturel qu’en Chine, au Japon, en Indonésie et maintenant en Europe, de plus en plus d’industriels installent leurs centrales solaires sur des plans d’eau tranquillisés – pour ne pas consommer de trop grandes surfaces de terres utiles. L’objectif étant d’intégrer le solaire flottant à des espaces déjà artificialisés pour répondre aux deux grands défis écologiques que connaissent les sociétés : la préservation des terres agricoles et la production d’énergie décarbonée.</p>
<p>Une <a href="https://www.worldbank.org/en/topic/energy/publication/where-sun-meets-water">étude de la Banque mondiale de 2018</a> évalue à 400 GW le potentiel du solaire flottant, soit l’équivalent de la puissance photovoltaïque installée au sol dans le monde à la fin de l’année 2017. Un potentiel limité mais néanmoins non négligeable. La capacité mondiale totale d’énergie solaire flottante a d’ailleurs été multipliée par plus de 100 entre 2014 (10 MW) et 2018 (1,1 GW), témoignant d’un intérêt croissant pour cette technologie. D’une capacité de 40 MW et mise en service il y a deux ans, la plus grande centrale sur l’eau se trouve aujourd’hui à Anhui, dans l’est de la Chine.</p>
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<figcaption><span class="caption">Aux États-Unis, des panneaux solaires flottants ont été installés dans les vignobles de la Napa Valley, sur des canaux d’irrigation. Source : AFP.</span></figcaption>
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<h2>Combiner solaire flottant et hydraulique</h2>
<p>Ces problématiques encouragent donc les développeurs à faire preuve d’imagination et à valoriser le patrimoine existant. Notamment en intégrant le solaire flottant à des « zones délaissées », lacs, bassins, canaux d’irrigation ou réservoirs de traitement d’eau, afin de donner une « deuxième vie » à ces espaces. Il s’agit ensuite de combiner ces centrales photovoltaïques à d’autres activités, afin d’optimiser l’espace. La centrale flottante inaugurée en août dans le Vaucluse par Akuo Energy est établie dans une ancienne carrière de granulats. Mais elle est associée à un projet plus vaste, une ferme basée sur l’agro-écologie et le maraîchage bio, elle aussi créée et exploitée par l’entreprise.</p>
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<figcaption><span class="caption">Les panneaux solaires flottants d’Akuo Energy. (France 2/Youtube).</span></figcaption>
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<p>Les installations solaires, notamment sur l’eau, permettent aussi de moderniser les « anciennes » installations énergétiques du XX<sup>e</sup> siècle, telles que les barrages hydrauliques ou les usines marémotrices, en s’y associant. Chaque transition énergétique passe par une période de coexistence entre énergies dominantes et solutions émergentes, <a href="http://vaclavsmil.com/2016/12/14/energy-transitions-global-and-national-perspectives-second-expanded-and-updated-edition/">ces dernières progressant peu à peu jusqu’à prendre le relais</a>. L’histoire de l’énergie n’est pas celle de transitions, mais d’additions successives de <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00956441">nouvelles sources d’énergie primaire</a>. Il s’agit donc désormais d’entretenir ces patrimoines énergétiques, de les faire évoluer, de les réinventer, au prisme des nouvelles énergies vertes.</p>
<p>L’association du solaire flottant et de l’hydroélectricité permet aux installations photovoltaïques de profiter des infrastructures offertes par les centrales hydroélectriques, comme les stations et les lignes de transmission. D’un autre côté, le solaire flottant réduit l’évaporation des lacs de barrage, accroissant de facto la production des barrages hydroélectriques. À ce titre, le solaire flottant permet aux industriels de l’hydraulique de mieux adapter les barrages au changement climatique, la montée des températures <a href="https://www.lepoint.fr/economie/malgre-la-secheresse-les-barrages-tiennent-le-choc-06-09-2019-2334044_28.php">entraînant une plus forte évaporation de l’eau</a>. Enfin, les panneaux peuvent être démantelés rapidement sur l’eau, limitant l’empreinte écologique des installations.</p>
<p>EDF, qui exploite 20 GW de barrages hydrauliques, dispose de centaines de retenues d’eau, dont certaines ne sont pas directement en conflits d’usage (notamment ceux où la pêche et la baignade sont interdites pour des raisons de sécurité). Dans le département des Hautes-Alpes, un projet de centrale flottante d’une puissance de 19,8 MW est porté par le groupe EDF. Engie quant à elle a identifié un <a href="http://c2ime.eu/2017/04/28/energies-renouvelables-engie-innove-azimuts/#.XXuHWGfmOTY">potentiel d’environ 200 MW</a> sur des rétentions d’eau lui appartenant. S’inscrivant dans cette logique d’optimisation inter-technologique, la Corée du Sud envisage de construire d’ici à 2020 la plus grande ferme solaire flottante du monde (102,5 MW) à proximité de la plus puissante centrale marémotrice du monde (254 MW). Ces différents exemples témoignent du caractère modernisateur, cumulatif et combinatoire, des transitions énergétiques.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/291782/original/file-20190910-190021-1yy0rm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Panneaux photovoltaïques flottants installés sur le réservoir d’eau du barrage du Alto Rabagão.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ciel et Terre</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Les principaux objectifs de ces projets pionniers sont de montrer leur compatibilité avec d’autres usages, de mieux étudier les éventuels impacts environnementaux des installations (notamment sur les frayères à poisson), tout en permettant de déployer la technologie à une échelle plus industrielle.</p>
<h2>La marinisation des systèmes énergétiques</h2>
<p>Si la baisse des coûts se poursuit, le photovoltaïque devrait évoluer vers des applications offshore. La mer a l’avantage d’offrir un meilleur rendement aux technologies de l’énergie : l’ensoleillement est plus important au large que sur terre et l’eau permet d’améliorer l’efficacité des panneaux par son effet rafraîchissant.</p>
<p>Par ailleurs, associé à l’aquaculture et à l’énergie éolienne offshore, le solaire flottant peut conduire à une utilisation optimisée de l’espace : les panneaux sont placés entre les éoliennes offshore, là où la navigation est rendue impossible. <a href="https://www.marin.nl/multi-use-concept-development-for-seaweed-and-floating-solar-energy-production-around-wind-turbines">L’idée de faire fonctionner ces deux sources en synergie</a> permettra de brancher les panneaux photovoltaïques sur le réseau électrique déjà existant.</p>
<p>Ce processus de « marinisation » des technologies de l’énergie n’est pas nouveau. Depuis plus de cinquante ans, la mer est devenue progressivement un terrain libre et immense qui prend le relais d’un espace terrestre en cours de saturation : dès les années 1950 avec les plates-formes pétrolières offshore et à partir des années 1990 avec l’éolien marin (d’abord « posé » puis désormais « flottant »). Même l’électronucléaire ne semble pas aujourd’hui échapper <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/un-monde-d-avance/une-inquietante-centrale-nucleaire-flottante-dans-l-arctique-russe_3443493.html">à cette vague marinisante</a> – avec tous les risques technologiques et environnementaux que cela comporte.</p>
<p>L’enjeu environnemental, celui de la montée du niveau de la mer et du risque de submersion, couplé aux nouvelles exigences énergétiques, pousserait l’homme vers une « colonisation » de la mer, nouvelle frontière pour répondre aux problèmes énergétiques, affronter les défis de surpopulation et de pollution. Désormais, « le monde est un polder », comme l’écrivait en 2005 le biologiste Jared Diamond dans son ouvrage <a href="https://livre.fnac.com/a2511049/Jared-Diamond-Effondrement"><em>Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie</em></a>. Il faut en effet rappeler que 71 % de la surface terrestre est maritime.</p>
<h2>Pour les Pays-Bas, un enjeu vital</h2>
<p>Ce mouvement de « marinisation » a un pays pionnier, les Pays-Bas, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=lcBHIztx2Gw">dont la relation à l’eau est unique au monde</a>. Les bouleversements climatiques assaillent de toutes parts ce petit pays de 41 528 km<sup>2</sup> de superficie, dont 26 % des terres se trouvent sous l’altitude zéro. Une menace qui vient d’abord du large, puisque le niveau de la mer du Nord pourrait, selon une étude publiée fin 2017 par des chercheurs de l’Université d’Utrecht, s’accroître d’un <a href="https://www.nat-hazards-earth-syst-sci.net/17/2125/2017/">mètre à un mètre quatre-vingts d’ici à 2100</a>.</p>
<p>Dans ce pays dont un quart de la surface se trouve sous le niveau de la mer, le changement climatique et l’impératif énergétique obligent les ingénieurs à réfléchir à de nouvelles solutions face à une possible montée des eaux. L’intérêt des Pays-Bas répond donc à un objectif systémique de long terme : celui de l’aménagement intelligent, optimisé et hydrophile <a href="https://photo.geo.fr/pays-bas-face-a-la-montee-des-eaux-les-hollandais-se-preparent-32984">du territoire néerlandais</a>. Les autorités néerlandaises ont ainsi annoncé un potentiel de 8 GW simplement en installant des systèmes PV flottants le long de leurs digues protectrices (les digues étant des infrastructures très intenses en termes d’innovations technologiques et architecturales). <a href="https://gca.org/solutions/the-netherlands-is-building-solar-islands-to-fight-rising-sea-levels">Un archipel de 15 îles</a> constituées de 73 500 panneaux solaires flottants orientables doit voir le jour d’ici 2020 au large d’Andijk. Un algorithme météorologique permettra aux panneaux de se repositionner automatiquement pour minimiser les potentiels dégâts provoqués par la houle et le vent.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/slaV7S4I8lw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Comprendre l’intérêt soudain pour le solaire flottant nécessite donc de replacer cette technologie dans un phénomène plus vaste de marinisation des innovations et de nos sociétés. Le solaire flottant s’interconnecte aux grands systèmes techniques existants (énergie, logement, transport…) – tout en invitant à les repenser, à les réinterpréter au regard du défi énergétique et maritime. Il rejoint ainsi un vieux rêve de l’humanité, celui de se réfugier vers la mer. Avant de prendre, un jour peut-être, le <a href="https://www.lepoint.fr/sciences-nature/energie-bientot-des-centrales-solaires-dans-l-espace-28-02-2019-2297168_1924.php">chemin des étoiles</a> ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/123245/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Roche a réalisé une thèse CIFRE au sein de la Région Nouvelle-Aquitaine</span></em></p>Aujourd’hui pour le solaire comme hier pour l’éolien et le pétrole, la mer apparaît comme le nouvel eldorado lorsque l’espace manque pour produire de l’énergie.Sylvain Roche, Docteur en sciences économiques, spécialiste des énergies marines et de la croissance bleue, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1191962019-07-07T18:33:55Z2019-07-07T18:33:55ZÉolien marin : la France se jette enfin à l’eau<p>Édouard Philippe s’y est engagé le mercredi 12 juin dans son <a href="https://twitter.com/EPhilippePM/status/1133384998055288836">discours de politique générale</a> et François de Rugy l’a confirmé : le parc éolien offshore de Saint-Nazaire sera mis en service d’ici 2022. Il comportera 80 éoliennes, permettant de fournir l’équivalent de 20 % des besoins en électricité du département de Loire-Atlantique.</p>
<p>Au même moment, le ministre de l’Environnement annonçait que le groupement EDF Renouvelables, Innogy et Enbridge, était retenu pour la construction et l’exploitation du <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/edf-decroche-le-projet-eolien-en-mer-de-dunkerque-1029272">parc éolien offshore au large de Dunkerque</a>. D’une puissance de près de 600 MW, ce parc éolien d’environ 45 éoliennes doit permettre de fournir en électricité 500 000 foyers à partir de 2026, pour un prix inférieur à 50 euros du mégawattheure (MWh). « Il s’agit d’un tarif comparable aux meilleurs résultats européens, qui démontre la compétitivité de la filière française de l’éolien marin » estimait François de Rugy. À titre de comparaison, pour le nouveau réacteur nucléaire de 3<sup>e</sup> génération (EPR), les estimations <a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/lelectricite-nucleaire-ruineuse-ou-bon-marche-le-debat-fait-rage-1292683">varient entre 60 et 90 euros du MWh</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1139592835555086341"}"></div></p>
<p>Ces dernières nouvelles marquent-elles un tournant décisif dans le développement des énergies marines en France ?</p>
<h2>Un défi pour le système énergétique français</h2>
<p>À l’heure où l’énergie solaire connaît un virage sans précédent en France, avec le lancement d’un <a href="https://www.edfenr.com/actualites/gouvernement-lance-plan-solaire-grande-ampleur/">plan solaire « Place au soleil »</a> qui se veut ambitieux, les énergies marines restent toujours quant à elles dans le domaine de l’abstrait. Aucune installation d’envergure ne marque visuellement le littoral français (hormis le <a href="https://www.20minutes.fr/planete/2259867-20180423-brest-prototype-eolienne-flottante-marine-inaugure">prototype de la société Idéol</a>) alors que la filière éolienne en mer connaît un boom généralisé à l’échelle européenne, comme l’illustre le tableau ci-dessous.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/280507/original/file-20190620-149843-znslae.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cartographie de l’éolien offshore en Europe à la fin de l’année.</span>
<span class="attribution"><span class="source">WindEurope, 2019</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Que ce soit au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, le développement de l’éolien marin est avant tout présenté comme un relais de croissance pour une industrie du pétrole et gaz offshore en <a href="https://www.youtube.com/watch?v=AJ38SiVOD78">perte de vitesse</a>. C’est dans ce cadre qu’un consensus existe dans ces pays sur l’idée que la prochaine vague d’investissements dans le secteur énergétique proviendra des énergies renouvelables, notamment des synergies et des interactions pouvant se réaliser entre l’industrie du pétrole et gaz offshore et celle des énergies marines renouvelables.</p>
<p>L’éolien en mer est de plus présenté comme la solution la plus efficace pour décarboner l’économie, à l’heure où ces pays sont contraints de fermer rapidement leurs centrales à charbon. Au Royaume-Uni, la part du charbon dans la production d’électricité a chuté de 40 % en 2012 à 5 % en 2018.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1126872019205799936"}"></div></p>
<p>En France, ces impératifs ne se posent pas. La France ne dispose pas d’une industrie pétrolière qui aurait pu inciter à la « marinisation de son système énergétique » (et l’industrialisation d’un littoral dédié globalement aux activités récréatives), tout en encourageant les transferts entre l’offshore pétrolier et l’éolien en mer. Depuis les barrages hydrauliques de montagne au choix du solaire aujourd’hui, en passant par le lancement du programme nucléaire dans les années 1970, la France s’est construit une trajectoire énergétique qui se veut résolument terrestre.</p>
<p>Hormis pour les liaisons électriques transmanche, le système énergétique français terrestre n’a pas été conçu, organisé et dimensionné pour recevoir de grosses infrastructures électriques. À ce titre, la marinisation du système énergétique nécessite de repenser la configuration du réseau, voire du système – dont le cas des énergies les plus décentralisatrices comme l’hydrolien. Le développement des énergies offshore en France passe par un lent et délicat processus de marinisation de son système énergétique, qui a débuté dès le début des années 2000.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/UdoKG0X62nY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Cette transition est de nature systémique (autant technique que politique, autant culturel que juridique), puisque l’éolien en mer transversalise des politiques publiques et territorialise des enjeux émergents. Pensons ici à la problématique de partage de l’espace maritime, qui est un point clef des politiques maritimes.</p>
<h2>S’imposer face au nucléaire</h2>
<p>À côté de ça, le nucléaire, énergie peu émettrice de CO<sub>2</sub>, <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2003/08/19/la-monoculture-nucleaire-penalise-le-developpement-des-energies-renouvelables_330982_3244.html">rend le discours promotionnel moins vendeur</a>, et ceci depuis les années 2000. Le Royaume-Uni et les Pays-Bas sont engagés comme la France dans une transition énergétique mais avec des points de départ différents : 55 % de l’électricité du Royaume-Uni en 2016 est d’origine fossile, et 21 % d’origine nucléaire. Aux Pays-Bas, 70 % des émissions de C02 du secteur de l’électricité provenaient du charbon en 2016.</p>
<p>Pour comparer, <a href="https://bilan-electrique-2018.rte-france.com/">86 % du secteur électrique français</a> était décarboné par l’utilisation du nucléaire et des énergies renouvelables en 2018 (le parc nucléaire assurant 71,1 % de la production de l’électricité française). L’opportunité du changement climatique et du paradigme de la décarbonisation a ainsi servi au nucléaire pour <a href="https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/contre-le-rechauffement-climatique-la-solution-nucleaire_2057530.html">s’affirmer face aux énergies renouvelables</a> sur le même terrain.</p>
<p>C’est à ce titre que le développement des énergies marines (et plus particulièrement de l’éolien offshore), va directement se heurter en France au système énergétique nucléaire. Et à la <a href="https://www.liberation.fr/checknews/2018/06/07/est-il-vrai-qu-il-faudrait-7000-eoliennes-pour-remplacer-fessenheim_1656464">comparaison entre nucléaire et énergies renouvelables</a>, élément historiquement construit du <a href="https://www.amazon.fr/L%C3%A9nergie-France-histoire-programme-nucl%C3%A9aire/dp/2849412139">système énergétique français</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"983261105375141888"}"></div></p>
<h2>L’un des parcs éoliens les moins chers d’Europe</h2>
<p>Présenté comme une vitrine low-cost de l’éolien marin français, l’appel d’offres de Dunkerque devait pouvoir répondre aux exigences économiques de la <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/programmations-pluriannuelles-lenergie-ppe">nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)</a>, en s’alignant sur les prix compétitifs des autres filières énergétiques.</p>
<p>Les appels d’offres de 2011 et 2013 s’inscrivaient dans un discours technopolitique où les aspects économiques et énergétiques étaient secondaires (les tarifs de rachat de l’électricité des six futurs parcs éoliens offshore ont d’ailleurs été <a href="https://www.lesechos.fr/2018/06/eolien-en-mer-macron-annonce-une-economie-de-15-milliards-sur-les-aides-997060">renégociés en 2018</a>, permettant de diminuer de 40 % la subvention publique et d’avoir un ajustement des tarifs de 30 %). Il s’agissait alors d’impulser la construction d’une filière industrielle nationale autour de champions nationaux. Certes, il est toujours plus simple de réécrire l’histoire après coup, mais en tout état de cause, aucun champion national de l’éolien en mer n’a toujours émergé en France. Les deux fabricants de turbines qui devaient devenir la vitrine de l’éolien offshore français à l’international ont été vendus à des multinationales étrangères. D’un côté Alstom, qui devait produire les turbines d’EDF EN, a été rachetée par General Electric en 2015. De l’autre, la société Adwen (la filiale d’Areva pour l’éolien en mer), qui devait fournir les turbines pour Engie et Iberdrola, a été acquise en 2016 par Gamesa, entreprise elle-même détenue par Siemens.</p>
<p>Dunkerque s’inscrit quant à lui dans une logique avant tout économique et budgétaire, dans un modèle qui se veut plus libéral et européen. Et à ce titre, il fut le premier appel d’offres à intégrer le processus dit <a href="https://www.cre.fr/Documents/Appels-d-offres/Dialogue-concurrentiel-n-1-2016-portant-sur-des-installations-eoliennes-de-production-d-electricite-en-mer-dans-une-zone-au-large-de-Dunkerque">« de dialogue concurrentiel »</a>, censé contribuer à une forte baisse des coûts de production et à sécuriser les projets. Dunkerque marque un saut d’étape technologique qui témoigne d’une trajectoire française singulière. La France n’a toujours pas d’éolienne installée sur son littoral mais elle va probablement obtenir l’un des parcs les moins chers d’Europe, ou du moins l’un des meilleurs rapports qualité-prix.</p>
<p>Outre cette maturité technico-économique, la concurrence entre les opérateurs pour Dunkerque fut l’autre indicateur de ce dynamisme. Huit consortiums se sont positionnés sur le projet (<a href="https://www.cre.fr/Documents/Deliberations/Decision/Instruction-des-offres-du-dialogue-concurrentiel-n-1-2016-Installations-eoliennes-de-production-d-electricite-en-mer-Dunkerque">tous ont été notés sur 100 points, dont 80 sur le critère prix</a>), témoignant que les industriels continuent à croire que la France reste une opportunité à saisir pour l’éolien en mer. La présence de grandes multinationales du pétrole (elles étaient absentes lors des appels d’offres de 2011 et 2013) est par ailleurs symbolique de <a href="http://www.lefigaro.fr/flash-eco/eolien-en-mer-a-dunkerque-alliance-elicio-oersted-et-total-20190218">cette rupture dunkerquoise</a>.</p>
<p>Si la phase 2009-2019 semble avoir mis l’éolien offshore dans une impasse, Dunkerque paraît aujourd’hui le remettre sur le droit chemin.</p>
<h2>Des prix qui chutent</h2>
<p>La trajectoire française n’a pas suivi un enchaînement classique d’étapes de maturation de la filière (celle-ci a débuté dès les années 1990 dans le pays d’Europe du Nord). Ce sont les expériences étrangères et la dynamique européenne (le marché extérieur) qui ont fait maturer l’éolien en France, et non la dynamique interne (le marché national). Dunkerque nous confirme que le processus industriel basé sur les économies d’échelle (l’objectif étant de faire baisser les coûts des technologies par le nombre de projets afin d’aboutir à des prix de l’énergie compétitifs) s’est réalisé à une échelle européenne et non nationale. Le prix reflète à la fois la grande maturité de la filière éolienne en mer, un coût du capital en baisse, la compétitivité sans cesse croissante, mais aussi l’évolution constante des technologies.</p>
<p>Cette baisse des coûts de l’éolien offshore à l’international fut si brutale qu’elle remet aujourd’hui en question la crédibilité des scénarios réalisés il y a seulement quelques mois. Dans son étude <a href="https://www.ademe.fr/trajectoires-devolution-mix-electrique-a-horizon-2020-2060">« Trajectoires d’évolution du mix électrique 2020-2060 »</a> présentée en décembre 2018, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) tablait sur un coût de 100 euros du MWh pour 2025 et de 60 euros du MWh pour 2040.</p>
<p>Avec des prix annoncés autour de 50 euros du MWh, les professionnels de l’éolien marin ont convaincu le gouvernement de réviser à la hausse les objectifs de la PPE pour cette filière (jugés jusqu’ici défavorables pour un <a href="https://fee.asso.fr/cdp/volet-eolien-en-mer-de-la-ppe-la-profession-demande-des-objectifs-plus-ambitieux-et-devoile-sa-contre-proposition/">développement harmonieux de l’éolien en mer</a> en France), en misant sur le succès de l’appel d’offres de Dunkerque. Les objectifs de déploiement de l’éolien en mer sont revus à la hausse, passant de 750 MW initialement prévus à 1 GW par an. Le lancement d’un prochain appel d’offres éolien en mer au large d’Oléron (Charente-Maritime) témoigne de <a href="https://www.sudouest.fr/2019/06/14/projet-eolien-au-large-d-oleron-un-appel-d-offres-va-etre-lance-6211236-4628.php">cette dynamique porteuse post-dunkerquoise</a>.</p>
<h2>Prochaine étape, l’éolien flottant</h2>
<p>La trajectoire française dans l’éolien s’inscrit jusqu’ici dans une récurrence d’opportunités industrielles manquées. Opportunité manquée en France dans les années 1990 autour de l’éolien terrestre. Opportunité manquée dans les années 2000-2010 autour de l’éolien en mer posé. La question est désormais de savoir si la France prendra la vague de l’éolien offshore flottant dans les prochaines années.</p>
<p>La conquête de la côte par l’éolien posé n’ayant toujours pas été réussie en France, il est déjà opportun d’aller vers le large par des techniques de plus en <a href="https://www.youtube.com/watch?v=6YyTtqiztgo">plus pointues et sophistiquées</a>. <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/les-vraies-promesses-de-leolien-flottant-1030382">Les promesses se porteraient désormais sur l’éolien flottant</a>, technologie émergente capable d’impulser la construction d’une nouvelle filière industrielle française.</p>
<p>L’éolien flottant est de plus une technologie bien adaptée à la façade méditerranéenne, incitant les régions littorales <a href="https://www.lepoint.fr/economie/la-mediterranee-theatre-privilegie-de-l-experimentation-de-l-eolien-flottant-05-07-2018-2233416_28.php">à se positionner sur cette technologie prometteuse</a> à fort potentiel énergétique et marchand (à l’échelle mondiale, 80 % des ressources éoliennes offshore se trouvent dans des mers de plus de 60 mètres de profondeur, de sorte qu’elles ne peuvent être exploitées qu’en utilisant des éoliennes flottantes.)</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1121039587818786816"}"></div></p>
<p>Il n’y a plus qu’à espérer que cette dynamique de l’éolien flottant ne connaisse pas en France les mêmes difficultés et péripéties qu’a connu son grand frère durant près de 20 ans (raccordement des parcs de production au réseau électrique, délais de traitement des contentieux, problématiques locales d’intégration, notamment liées aux intérêts des pêcheurs et des acteurs du tourisme, etc.).</p>
<p>Il en va de la crédibilité d’un gouvernement qui cherche aujourd’hui à faire de l’écologie un marqueur fort de sa politique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119196/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvain Roche a reçu un financement de la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre d'une convention CIFRE</span></em></p>Selon les dernières annonces du gouvernement, la France devrait désormais se lancer pleinement dans l’éolien offshore. Un tournant dans sa politique énergétique, jusqu’ici résolument terrestre.Sylvain Roche, Docteur en sciences économiques, spécialiste des énergies marines et de la croissance bleue, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/892082018-04-09T04:15:00Z2018-04-09T04:15:00ZÉolien offshore : la France peut-elle rattraper son retard ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/204610/original/file-20180202-162077-qeamcs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C33%2C2044%2C1131&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La ferme éolienne de Middelgrunden au large des côtes danoises. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/criminalintent/29576872772/in/photolist-2yjvYo-9mxpkS-7N5BGV-nJGpW9-bLcZ5K-6odsDF-6odsLP-XjsVPy-8g3VTS-M4BcQh-7mEuGP-7mEw9Z-7mEzWp-7mJkxf-7mEruH-7mEyDP-6odszv-6odsdK-6odst6-6ohDbW-6ohCYw-6ohD7h-3PFPh-SCm47a-RkKBFm-SCm5A2-R6S3pm">Lars Plougmann/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Longtemps cantonnée aux installations sur la terre ferme, l’énergie éolienne investit désormais le territoire marin. Si la plupart des éoliennes en mer sont posées sur des fonds à moins de 30 kilomètres des côtes, les éoliennes offshore flottantes prennent le large pour bénéficier de vents plus puissants et plus réguliers.</p>
<p>Alors que Paris s’est fixé un objectif de <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0575.asp">40 % d’énergies renouvelables</a> dans la production d’électricité pour 2030, l’éolien offshore français semble promis à un grand avenir. Comment alors expliquer le retard dans ce domaine ? À ce jour, aucun des projets de fermes d’éoliennes offshore attribués entre 2012 et 2014 n’est en effet opérationnel.</p>
<h2>L’éolien en France</h2>
<p>L’énergie éolienne représente <a href="http://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-mix-energetique">4 % de la production d’électricité</a> française et environ <a href="http://www.rte-france.com/sites/default/files/panorama_enr20161231.pdf">20 % des énergies renouvelables</a> produites dans le pays. Ces dernières sont encore dominées par l’hydroélectricité, qui utilise la force motrice des cours d’eau. Mais le potentiel de l’énergie hydroélectrique plafonne, les principales ressources étant déjà exploitées.</p>
<p>L’énergie éolienne n’en est qu’à ses débuts et ouvre des perspectives intéressantes. D’ailleurs, si la moyenne mondiale est proche des 4 % constatés en France, certains pays vont bien plus loin. En Europe, le Danemark produit ainsi <a href="https://uk.reuters.com/article/uk-denmark-renewables-windpower/denmark-sets-record-with-43-percent-of-power-from-wind-in-2017-idUKKBN1F01VD">plus de 40 %</a> de son électricité grâce à des éoliennes, suivi de l’Espagne <a href="https://www.aeeolica.org/en/about-wind-energy/wind-energy-in-spain/">(environ 20 %)</a> et du Royaume-Uni <a href="https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/669723/Renewables.pdf">(près de 13 %)</a>.</p>
<p>En France, le parc éolien se compose aujourd’hui exclusivement d’éoliennes terrestres installées au cours des 10 à 15 dernières années. Sa capacité, de 13,4 GW à fin 2017, augmente d’environ 1 GW par an. Un développement continu, mais inférieur aux objectifs fixés par l’État.</p>
<p>La Programmation pluriannuelle de l’énergie <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/programmations-pluriannuelles-lenergie-ppe">(PPE)</a> – qui constitue la feuille de route de la transition énergétique française – prévoit en effet une cible de 15 GW d’énergie éolienne terrestre à fin 2018 et entre 22 et 26 GW à fin 2023.</p>
<p>Cet écart s’explique notamment par les nombreux recours déposés augmentant significativement le temps de développement des projets, et qui freinent l’essor de cette source d’énergie renouvelable.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=458&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=575&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=575&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/204596/original/file-20180202-162104-92l8lm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=575&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Mix énergétique de l’électricité française pour l’année 2016.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.rte-france.com/sites/default/files/2016_bilan_electrique_synthese.pdf">RTE</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>L’émergence de l’éolien offshore</h2>
<p>En parallèle de l’éolien terrestre, une nouvelle filière a émergé dans le monde ces dernières années : l’éolien offshore, dont le type d’installation varie selon l’emplacement. Jusqu’à 50 mètres de profondeur d’eau, ces éoliennes sont fixées au sol marin ; on parle alors d’éoliennes offshore « posées ». Au-delà de 50 mètres, ce type d’implantation devient trop coûteux. Les éoliennes sont alors reliées à un support flottant à la surface de l’océan ou juste en dessous de celle-ci. On parle d’éoliennes offshore « flottantes ».</p>
<p>Une éolienne offshore se compose d’un socle supportant un mât, au sommet duquel se trouve une nacelle équipée de pales. Ces dernières sont mises en rotation par le vent, tandis qu’une génératrice située dans la nacelle transforme l’énergie cinétique en électricité. Les pales tournant autour de leur axe, elles peuvent ainsi être orientées en fonction du vent, ce qui présente non seulement l’intérêt d’augmenter l’énergie produite, mais aussi d’éviter des dommages mécaniques en cas de tempêtes.</p>
<p><a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/eolien-en-mer">L’objectif fixé</a> par la PPE pour les éoliennes offshore posées (technologie la plus mature à ce jour) est de 500 MW à fin 2018 et de 3 GW à fin 2023, auxquels doivent s’ajouter, à hauteur de 0,5 à 6 GW, des projets attribués dans le cadre d’appels d’offres, mais non encore installés.</p>
<p>Cette cible modeste reflète le démarrage récent de cette industrie : les premiers projets ont été <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/eolien-en-mer">attribués entre 2012 et 2014</a> pour un total de six parcs éoliens, d’une capacité de 3 GW. En Europe, le champion de l’éolien offshore est le Royaume-Uni, suivi de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Danemark.</p>
<p>L’éolien offshore flottant, quant à lui, n’en est qu’à ses balbutiements. Quatre projets de fermes pilotes ont été attribués fin 2016 en Méditerranée et en Atlantique, pour une capacité totale de 100 MW et une installation prévue à l’horizon 2020-2021.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/204604/original/file-20180202-162066-pycdn7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les éoliennes offshore du Crosby Coastal Park (Royaume-Uni).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/VtWnN9bKCRg">Craig Cooper/Unsplash</a></span>
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</figure>
<h2>Un développement terrestre limité</h2>
<p>Si l’éolien terrestre est plus facile à mettre en œuvre – ce qui explique qu’il ait été exploité en premier –, il est toujours soumis à des questions d’acceptabilité sociétale qui restent un frein.</p>
<p>Notons aussi que les vents sont plus forts et plus constants en mer. À puissance installée égale, on produit donc plus d’électricité et de façon plus régulière, ce qui facilite l’intégration sur le réseau.</p>
<p>Enfin, depuis deux à trois ans, le développement de l’éolien offshore a enclenché une dynamique de réduction de coûts qui devraient rejoindre à horizon 2025 ceux de l’éolien terrestre. Cette tendance s’explique à la fois par la plus grande puissance des machines (et donc un coût unitaire d’installation réduit), une concurrence de plus en plus forte (notamment pour la fabrication des éoliennes) et des taux de financement plus attractifs. Si les technologies suivent, l’argument économique ne sera bientôt plus un frein au développement de l’éolien offshore. Un premier parc financé sans subvention devrait ainsi voir le jour en 2022 au Pays-Bas.</p>
<h2>Plusieurs défis à relever</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=632&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=632&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=632&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=795&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=795&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/204605/original/file-20180202-162101-founy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=795&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Avec ses façades maritimes, la France possède un fort potentiel pour le développement de l’éolien offshore.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DR</span></span>
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<p>Malgré des atouts remarquables (11 millions de km<sup>2</sup> de surface maritime, soit le deuxième potentiel européen en termes de côtes), la France est en retard, même si une première éolienne offshore a été <a href="https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-nazaire-44600/saint-nazaire-la-premiere-eolienne-flottante-en-france-baptisee-5310526">inaugurée en octobre 2017</a> à Saint-Nazaire. De tous les projets attribués en 2012-2014, aucun n’a été mis en service.</p>
<p>Pourquoi ? D’une part, pour des raisons politiques. Longtemps axée sur le nucléaire, la stratégie énergétique française n’a entamé que tardivement une dynamique de rééquilibrage du mix énergétique intégrant les énergies renouvelables. Le cadre administratif et réglementaire français doit également être simplifié.</p>
<p>À l’avenir, des <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-172236-eolien-en-mer-le-permis-enveloppe-pour-une-baisse-reelle-des-couts-2103932.php">« permis enveloppes »</a> pourraient permettre aux porteurs de projets de définir une gamme de solutions techniques pouvant être affinées à mesure que les technologies évolueront. Aujourd’hui, ils doivent énumérer les caractéristiques techniques précises des éoliennes dès le début du projet.</p>
<p>Enfin, comme pour l’éolien terrestre, une concertation avec les usagers de la mer est incontournable avant tout projet et allonge les délais de réalisation.</p>
<p>Ces caractéristiques laissent entrevoir quels axes doivent guider les efforts des chercheurs et les industriels. <a href="http://www.ifpenergiesnouvelles.fr/Axes-de-recherche/Energies-nouvelles/Developper-l-eolien-offshore-et-les-energies-marines">Les chercheurs d’IFP Énergies nouvelles</a> travaillent par exemple actuellement sur un flotteur léger et à faible tirant d’eau, qui sera testé dans le cadre du projet de démonstration Provence Grand Large au large de Fos-sur-Mer.</p>
<p>Au-delà de la réduction des coûts de fabrication, d’installation et production qui sous-tendent les projets de recherche en cours, un ultime défi devra également être relevé : celui de l’intégration sur le réseau électrique.</p>
<p>À l’heure actuelle, ce dernier n’est pas dimensionné pour accueillir les fortes puissances fournies par les éoliennes offshore. En outre, bien que la constance des vents en mer limite les problèmes d’intermittence (ce qui n’est pas le cas d’autres énergies renouvelables, comme l’énergie solaire), l’énergie éolienne reste fluctuante et nécessitera probablement à terme des solutions de flexibilité comme le stockage massif au-delà d’une certaine puissance connectée au réseau.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/89208/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Aucun des projets de fermes d’éoliennes offshore attribués entre 2012 et 2014 n’est à ce jour opérationnel.Daniel Averbuch, Program Manager, Wind Energy / Energy storage, IFP Énergies nouvelles Pierre Marion, Ingénieur en études économiques, IFP Énergies nouvelles Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/907142018-02-08T21:06:24Z2018-02-08T21:06:24ZL’immense potentiel des énergies marines renouvelables<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/205467/original/file-20180208-180841-1adwti5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Il est possible de produire de l’électricité grâce à la houle. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/NZVtzge6ZJk">Fab Lentz/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Il y a eu les récentes déclarations de la Banque mondiale, annonçant, à l’occasion du One Planet Summit, l’arrêt après 2019 de ses financements pour des projets d’exploitation d’hydrocarbures ; il y a eu aussi la récente décision de la France <a href="https://theconversation.com/arret-des-hydrocarbures-en-france-ne-confondons-pas-la-fin-et-les-moyens-85336">d’acter la fin</a> de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures d’ici 2040.</p>
<p>Si ces initiatives constituent des avancées certaines, elles ne reflètent malheureusement pas la réalité d’un secteur qui <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/loi-hydrocarbures-hulot-permis-recherche-exploitation-petrole-30369.php4">continue de prospérer</a> à court et moyen terme.</p>
<p>En effet, non seulement aucun des pays majeurs en termes de production d’hydrocarbures n’a exprimé l’intention d’inverser la tendance, mais ce marché va en outre voir émerger de nouveaux producteurs, <a href="http://www.iris-france.org/104524-fin-des-energies-fossiles-et-environnement-energetique-international-contradiction-ou-realisme">notamment en Afrique</a>. Rappelons également que l’extraction pétrolière en mer représente un tiers de la production mondiale de pétrole, et pourrait s’accroître si les contraintes techniques et environnementales du <a href="http://boutique.lemonde.fr/atlas-de-l-eau-et-des-oceans.html">milieu marin profond</a> venaient petit à petit à être surmontées.</p>
<p>Nous savons néanmoins que les réserves de pétrole <a href="http://www.editionstechnip.com/fr/catalogue-detail/1119/dernier-siecle-du-petrole-le-la-verite-sur-les-reserves-mondiales.html">s’épuiseront d’ici à 50 ans</a> et les réserves d’uranium alimentant le nucléaire, énergie certes décarbonnée, <a href="https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/reserves-d-uranium-naturel-dans-le-monde">d’ici 100 ans</a>.</p>
<p>Il n’est donc essentiel d’accélérer la transition énergétique pour lutter contre le changement climatique et pallier la fin des ressources fossiles, en soutenant notamment le développement des énergies renouvelables.</p>
<h2>Des obstacles à surmonter</h2>
<p>Parmi ces énergies renouvelables, les énergies marines méritent notre attention. Bien qu’elles ne représentent que 0,03 % du mix énergétique mondial, elles progressent de façon accélérée, parfois supérieure à 80 % l’an.</p>
<p>Elles nécessitent toutefois un réel soutien, en raison de résistances locales, des pêcheurs et des touristes, d’incertitudes quant à leurs impacts environnementaux (à l’image du <a href="https://www.connaissancedesenergies.org/afp/eolien-en-mertreport-report-de-lavis-de-lagence-pour-la-biodiversite-180129">projet éolien offshore du Tréport</a>, suspendu à l’avis de l’AFB), et surtout de leur coût qui demeure encore élevé.</p>
<p>C’est ainsi le cas pour les technologies non encore matures telles que l’éolien flottant (entre 165 et 364 €/MWh, selon les estimations de l’Ademe), l’hydrolien (entre 123 € et 571 €/MWh) ou l’énergie thermique des mers (ETM) en territoire ultra-marin (entre 200 et 510 €/MWh, selon les estimations d’EY).</p>
<p>En dépit de ces obstacles, les énergies marines renouvelables (EMR) présentent une réelle complémentarité par rapport aux énergies renouvelables terrestres, comme l’éolien et le solaire. L’espace marin, contrairement aux terres émergées, est loin d’être saturé, bien qu’il fasse l’objet de convoitises de plus en plus pressantes.</p>
<p>C’est pourquoi l’<a href="http://enb.iisd.org/download/pdf/enb2588f.pdf">ONU</a>, sur le plan international et la <a href="http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52014DC0008&from=EN">Commission européenne</a> en ont largement assuré la promotion.</p>
<p>Le potentiel théorique global des EMR est évalué à <a href="https://www.worldenergy.org/wp-content/uploads/2017/03/WEResources_Marine_2016.pdf">2 millions de Terawatt/heure</a> par an – dont un peu plus de 100 000 TWh/an sont <em>techniquement</em> exploitables –, susceptibles de satisfaire près de cinq fois la totalité de la consommation électrique mondiale. L’enjeu réside donc dans l’innovation et la maîtrise technologique permettant la mise en valeur de cette ressource considérable, diversement répartie sur la planète. À une géopolitique des ressources s’associe une géopolitique des technologies.</p>
<h2>L’éolien offshore en tête</h2>
<p>Parmi les EMR, la technologie qui présente le plus de maturité est l’<a href="https://www.eurobserv-er.org/barometre-eolien-2017/">éolien offshore</a>, marché dominé par l’Union européenne, avec une capacité de 12,4 GW qui représente plus de 90 % de l’ensemble du parc éolien mondial et qui lui permet de fournir 42 des 50 TWh de la production mondiale actuelle de l’ensemble des EMR.</p>
<p>Le marché de l’éolien offshore devrait représenter <a href="https://windeurope.org/wp-content/uploads/files/about-wind/reports/Wind-energy-in-Europe-Scenarios-for-2030.pdf">70 GW de capacité installée</a> dans l’UE d’ici 2030.</p>
<p>Quel sera toutefois l’impact du Brexit sur la réalisation de ces objectifs, sachant que le leader sur ce marché est le Royaume-Uni, devant l’Allemagne, le Danemark et la Belgique, sans parler de la France, dont aucun littoral n’est à ce jour doté de tels équipements. Elle pourrait toutefois rattraper son retard, si l’on en croit la feuille de route fixée par la commission éolien offshore du SER (Syndicat des énergies renouvelables), à savoir <a href="http://www.enr.fr/userfiles/files/Brochures%20Eolien/SER_feuillederouteSEReolienenmer2030.pdf">15 GW d’ici 2030</a>.</p>
<p>Quoi qu’il en soit, et quelle que soit la forme de son futur partenariat avec l’UE (Adhésion à l’EEE, à l’AELE ou autre accord de libre-échange), le Royaume-Uni devrait continuer à participer activement à l’élaboration de l’Union de l’énergie, notamment à travers les <a href="http://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/STUD/2017/614181/IPOL_STU%282017%29614181_EN.pdf">projets d’interconnexions</a>.</p>
<p>L’Union européenne est, en outre, concurrencée par la Chine. Avec un même objectif de 70 GW d’ici 2030, celle-ci ambitionne néanmoins près de <a href="https://www.iea.org/publications/freepublications/publication/china_wind.pdf">200 GW d’ici 2050</a>, bien davantage que les <a href="https://www.boem.gov/National-Offshore-Wind-Strategy/">États-Unis</a> (22 GW pour 2030 et 86 GW d’ici 2050).</p>
<h2>En outre-mer</h2>
<p>L’Union européenne a donc intérêt à développer les autres EMR, telles que l’énergie des courants et des vagues, mais aussi l’énergie thermique des mers (ETM), celle-ci étant localisée en outre-mer.</p>
<p>L’UE devrait ainsi pouvoir compter sur la France pour valoriser son immense domaine maritime sur le plan énergétique. En effet, 97 % des <a href="http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/zone-economique-exclusive-zee">ZEE</a> françaises sont situées en outre-mer, où l’objectif affiché de la France est d’atteindre une totale autonomie énergétique en 2030 (comme le fixe l’<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000023983208&idArticle=LEGIARTI000031063168">Article L100-4</a> I 8° du code de l’énergie).</p>
<p>Pour y parvenir, la France a donc <a href="https://www.energiesdelamer.eu/publications/1724-20energie-thermique-des-mers-un-retour-en-force">intérêt à investir dans l’ETM</a>, cet investissement pouvant être valorisé sur les marchés d’exportation et aussi grâce à une coopération avec les petits États insulaires voisins de ses territoires du Pacifique, des Caraïbes et de l’océan Indien, tels Fidji, Les Seychelles, ou Maurice.</p>
<hr>
<p><em>Pour aller plus loin : <a href="http://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2017/11/ProgClimat-Energie-bleue-nov-17.pdf">De l’énergie noire à l’énergie bleue</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/90714/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Séverine Michalak ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les énergies marines ne représentent aujourd’hui que 0,03 % du mix énergétique mondial.Séverine Michalak, Enseignante-chercheuse, docteure en droit, Université Côte d’AzurLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.