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Fête de la science 2020 – The Conversation
2020-12-06T23:03:34Z
tag:theconversation.com,2011:article/146335
2020-12-06T23:03:34Z
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Les Mycorhizes : réseaux sociaux des écosystèmes terrestres
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/373193/original/file-20201206-23-1dyj0f7.PNG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C928%2C580&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Hyphes (filaments permettant l’exploration et la croissance du champignon dans les racines des plantes et dans le sol) observés dans une racine de noyer.</span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Dans les écosystèmes terrestres, les plantes sont associées à des communautés microbiennes très denses autour de leurs racines. Si les bactéries constituent, de loin, la plus grande diversité d’espèces dans ces communautés microbiennes, les champignons sont aussi très présents.</p>
<p>Ainsi un gramme de sol naturel contiendrait près de <a href="https://cdnsciencepub.com/doi/full/10.1139/cjb-2013-0290">200 mètres d’hyphes</a> (filaments) fongiques. Parmi ceux-ci, plusieurs mètres sont constitués d’hyphes de champignons symbiotiques des plantes (association à bénéfices réciproques entre la plante et le champignon).</p>
<p>Ces champignons symbiotiques sont associés aux racines des plantes pour former des mycorhizes (du grec « myco » pour champignon et « rhize » pour racine). Les mycorhizes sont les symbioses végétales les plus répandues dans les écosystèmes naturels ou cultivés. L’interaction symbiotique se traduit par la mise en place d’un réseau d’hyphes extra-matriciel (autour de la racine) qui augmente la surface d’absorption de l’eau et de nutriments (ex : phosphore, azote…) des racines. Les champignons reçoivent des sucres issus de la photosynthèse, par la racine de la plante hôte, énergie qu’ils utilisent pour leur propre survie. Il s’agit d’une relation bilatérale de partage des ressources entre deux espèces, donc d’un mutualisme symbiotique classique. Il existe plusieurs types de mycorhizes, mais les plus étudiées sont les ectomycorhizes et les endomycorhizes.</p>
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<span class="caption">Structures des ectomycorhizes et des endomycorhizes.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Les ectomycorhizes (du grec ektos : à l’extérieur) chez lesquelles les champignons se développent essentiellement autour de la racine, en formant un manteau mycélien d’où partent des hyphes qui s’organisent entre les cellules corticales de la racine pour former le réseau dit de Hartig sans jamais traverser la paroi de ces dernières. Les champignons ectomycorhiziens appartiennent aux embranchements des Basidiomycètes (ex : Bolets, Russules…) et des Ascomycètes (ex. Truffes). Environ 5 % des végétaux essentiellement des arbres forestiers et des arbustes (pin, charme, chêne, hêtre…) forment ce type de symbiose.</p>
<p>Les endomycorhizes ou mycorhizes à arbuscules (du grec endon : à l’intérieur) sont caractérisées par l’absence de manchon mycélien externe et par la pénétration des hyphes fongiques dans l’espace périplasmique des cellules corticales. Les hyphes croissent dans la racine de façon intercellulaire et intracellulaire, pour former des vésicules et des arbuscules.</p>
<p>Les mycorhizes à arbuscules constituent le type de mycorhize le plus répandu et le plus ancien remontant à la première apparition des plantes terrestres il y a environ 450 millions d’années. <a href="https://www.sciencedirect.com/book/9780123705266/mycorrhizal-symbiosis">Au moins 85 % des plantes terrestres</a> forment ce type de symbiose dont de nombreuses cultures importantes pour l’agriculture (blé, riz, maïs, pois, haricot, soja…). Appartenant à l’embranchement des Gloméromycètes, ces champignons mycorhiziens sont des symbiotes obligatoires non cultivables en l’absence de la plante-hôte et ils sont ubiquitaires des écosystèmes terrestres.</p>
<p>Chez les plantes terrestres, la mycorhization est la règle, la non-mycorhization l’exception. Un très grand nombre d’espèces sont capables d’interagir avec les champignons mycorhiziens à arbuscules (CMA) notamment les Bryophytes, les Lycopodes, les Monilophytes, les Gymnospermes et les Angiospermes : la majorité des arbres fruitiers, les plantes herbacées, les légumes, les fougères terrestres, les mousses, les plantes à fleurs (asters…), les plantes aquatiques, quelques conifères, les plantes à graines (Ginkgo…). Il existe, malgré tout, des familles de plantes incapables de réaliser cette symbiose comme les Brassicaceae. Si la symbiose mycorhizienne à arbuscules est autant répandue dans le monde végétal, c’est parce qu’elle est bénéfique à la plante. En effet, les CMA favorisent la croissance et le développement des plantes grâce à une amélioration de la nutrition minérale et en particulier le phosphore biodisponible. Ils permettent aussi aux plantes d’explorer au mieux les ressources en eau et de résister à des stress abiotiques.</p>
<h2>Des autoroutes souterraines pour la nutrition des plantes</h2>
<p>Le champignon colonise la racine par son mycélium (un épais tissu de filaments) en formant des organes de réserves (les vésicules), des organes d’échange (les arbuscules) et des hyphes et des spores dans le sol. Toutes ces structures (spores, hyphes, vésicules, arbuscules, fragments de racines colonisées) sont appelées propagules. La colonisation des racines de plantes s’effectue donc à partir des propagules fongiques et en particulier des spores présentes dans le sol.</p>
<p>Les filaments fongiques microscopiques étendent considérablement le système racinaire grâce à leur capacité incroyable à se connecter aux racines des plantes jusqu’à plusieurs kilomètres dans le sol.</p>
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<span class="caption">Etablissement de la symbiose mycorhizienne.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ils puisent l’eau et les éléments nutritifs d’un grand volume de sol environnant, et les apportent à la plante, améliorant sa nutrition et sa croissance. Mais l’une des capacités les plus importantes des champignons mycorhiziens est qu’ils restent attachés aux racines et soutiennent la plante pendant toute sa vie. Beaucoup de chercheurs ont montré que la plupart des plantes dépendent des mycorhizes pour leur développement. Par conséquent, chaque espèce végétale s’associe préférentiellement aux CMA qui lui sont le plus favorables en termes de stimulation de croissance. Les plantes ayant un réseau mycorhizien fort ont tendance à être <a href="https://cdnsciencepub.com/doi/10.4141/P03-159">plus saines et à mieux se développer et se défendre</a>. Elles nécessitent donc moins de ressources pour pousser, ce qui est bon pour les agriculteurs et l’environnement.</p>
<h2>Une application en zone tropicale</h2>
<p>Les champignons mycorhiziens constituent une composante clef dans les relations plante – sol. Dans les systèmes forestiers et agroforestiers, il est bien connu que les arbres à forts taux de colonisation mycorhizienne peuvent être utilisés pour reconstituer le potentiel mycorhizien des sols. C’est pourquoi en zone tropicale, l’une des principales stratégies d’ingénierie écologique pouvant être utilisée pour permettre à la symbiose mycorhizienne de développer ses propriétés au profit du développement de la plante, est la mycorhization contrôlée. Il s’agit d’un ensemble de techniques qui permet d’optimiser la symbiose à partir d’un processus d’isolement, de culture, de sélection, de multiplication, d’inoculation et de suivi d’un champignon dans le sol afin de produire des plants « biologiquement améliorés ».</p>
<p>Dans ces écosystèmes, des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0925857418304816?via%3Dihub">chercheurs ont montré</a> que des plants inoculés avec des champignons mycorhiziens mobilisent mieux le phosphore et ont un taux de survie plus élevé au champ que les plants non inoculés.</p>
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<span class="caption">Mycorhizes d’un jujubier (fruitier forestier sahélien) âgé de 13 mois sur le tracé de la Grande Muraille Verte (Sénégal), et spores de champignon mycorhizien à arbuscules <em>Rhizophagus irregularis</em>_.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>L’hypothèse la plus couramment admise pour expliquer ce résultat est que les plantes mycorhizées ont une plus grande capacité d’absorption du phosphore que les plantes non mycorhizées grâce au réseau d’hyphes extra-matriciels qu’elles développent et qui leur permet d’explorer un volume de sol plus important. L’utilisation de cette technologie est donc particulièrement adaptée aux opérations de réhabilitation des sols dégradés qui présentent généralement de fortes carences en éléments minéraux et plus particulièrement en phosphore assimilable.</p>
<h2>Une application en zone tempérée</h2>
<p>Les mycorhizes peuvent être envisagées comme un potentiel agroécologique et reconnues en tant que support de services écosystémiques pour les cultures. Pour autant, elles sont sensibles à certains facteurs défavorables au développement mycélien comme les fongicides, le travail intensif du sol, la sur-fertilisation en azote et en phosphore (minéral ou organique), les herbicides et parfois les systèmes de cultures et pratiques agricoles sans couvert végétal entre deux cultures. Il est bien établi qu’une couverture végétale diversifiée vivante constitue un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0048969719301123?via%3Dihub">véritable relais à mycorhizes</a>.</p>
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<span class="caption">Mycorhizes du noyer (arbre fruitier) et de la féverole (Légumineuses) dans une noyeraie en Dordogne (Projet CASDAR MycoAgra 2017-2020).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>C’est pourquoi, la présence de couverts végétaux tels que les Légumineuses en interculture constitue une pratique innovante pouvant servir de relais à la mycorhization pour peu que les espèces introduites y soient favorables. C’est le cas de la culture de la vesce, de la féverole, etc. Dans un tel écosystème, les couverts végétaux vont fournir un hôte pour les CMA pendant l’automne et le début du printemps, période durant laquelle ils pourraient perdre leur viabilité. Le mycélium fongique va former un réseau souterrain inter-connectant les racines des plantes entre elles, permettant ainsi un échange direct entre elles. Ceci montre l’importance de l’intégrité du mycélium fongique pour la santé des plantes, et il est évident que le travail du sol peut entraîner une destruction de ce réseau mycélien, réduisant d’autant les services écosystémiques fournis.</p>
<p>Les effets bénéfiques des CMA contribuent à de nombreux services écosystémiques cruciaux pour la durabilité des agroécosystèmes. Pour ces raisons, les CMA sont des acteurs de choix dans la formulation de biofertilisants pour le développement d’une agriculture durable. Ainsi, favoriser les communautés spécifiques des champignons mycorhiziens pourrait représenter une contribution importante en vue d’un système cultural garantissant une absorption efficiente de l’eau et des nutriments. Même si les mycorhizes ont fait l’objet de nombreuses études, un manque de connaissances approfondies subsiste chez les agriculteurs. De même, les potentialités réellement offertes par la symbiose mycorhizienne en conditions de cultures en plein champ, et les facteurs environnementaux et culturaux l’influençant nécessitent encore beaucoup d’attention.</p>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146335/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Babacar Thioye participe à des projets de recherche issus de fonds nationaux (CASDAR MycoAgra). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marc Legras et Marie-Pierre Bruyant ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>
Plongez dans nos sols à la découverte des mycorhizes, les symbioses végétales les plus répandues dans les écosystèmes naturels ou cultivés.
Babacar Thioye, Enseignant-chercheur en agroécologie, unité de recherche AGHYLE, UniLaSalle
Marc Legras, Directeur des Formations - UniLaSalle, UniLaSalle
Marie-Pierre Bruyant, Sciences végétales, UniLaSalle
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/146334
2020-12-02T19:21:18Z
2020-12-02T19:21:18Z
Comment se décide la destinée des cellules embryonnaires ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/372589/original/file-20201202-21-hiai36.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C9%2C2041%2C1523&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un neurone en culture observé au microscope.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/nihgov/34021671492/in/photolist-TQnXCY-bDU7wL-nHJQ3A-nYbdQS-24PHguZ-UFC1xy-nZXnLg-c57xHq-o19UQG-nZVGqV-c57xQ3-LNGmnq-c57y1G-c57yb7-EUrx8t-o3326P-FupitL-nHLaL9-bwubAz-HNjqoa-HGtbpB-EEPxzk-oEaBWo-2dNw551-nYd1yo-2eQfGru-Jj57bh-Li3G9o-NDkyms-gupiMJ-nYd1Vf-2ePT83h-26cKFGb-2f6f7pG-24i45qv-2b1kU1d-NDky8G-2dNw52q-nHKXVK-ST65Vd-81UYXs-2ePRVHL-a2HASi-2iL4Faq-se5N3-Zu8LB2-FrQ14m-8b6yN5-2dNw5cW-sQZbY">NIH Image Gallery / Flickr</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Les cellules montrent une grande diversité. Elles évoluent dans des environnements dynamiques, fluides et riches. Elles montrent des architectures internes incroyablement complexes, capables de déformations, qui se contractent et résistent aux étirements. Cette architecture contraste nettement avec celle des ponts et des ossatures d’acier ou de béton des immeubles. Les cellules possèdent des propriétés mécaniques époustouflantes, ainsi que des capacités d’intégration des informations de leur environnement physique, étonnantes. Le concept que la cellule puisse intégrer un signal mécanique est un des piliers de la mécanobiologie, qui étudie comment les cellules transforment les contraintes physiques en signaux biochimiques qui modifient des activités enzymatiques et modulent l’expression des gènes de la ou des cellule(s) concernée(s).</p>
<h2>Les cellules ont un squelette</h2>
<p>Quels sont les éléments qui « charpentent » une cellule et lui confèrent des propriétés mécaniques ? Plusieurs éléments de tailles différents composent l’ossature de la cellule, ou cytosquelette : les microfilaments, les microtubules et les filaments intermédiaires. Tous sont des polymères protéiques impliquant l’actine pour les microfilaments d’actine, ou différents types de tubulines pour les microtubules. En s’associant avec la myosine cellulaire, l’actine forme par exemple un système qui dote la cellule de la capacité de se contracter (contractilité).</p>
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<span class="caption">STD Depth Coded Stack Phallodin Stained Actin Filaments.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Howard Vindin/Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Le cytosquelette est un ensemble de réseaux flexibles fibreux qui permet à la cellule de maintenir ou de changer de forme, de se mouvoir, de faire circuler des éléments à l’intérieur de la cellule ou d’établir des contacts ou jonctions avec son environnement physique. Différents types de jonction assurent l’adhérence, la communication entre cellules ou les interactions locales des cellules avec leur substrat. Ces jonctions peuvent être connectées avec les réseaux des filaments d’actine ou de filaments intermédiaires, et ainsi mettre en relation ou en tension les cytosquelettes de cellules voisines.</p>
<h2>Le contrôle du destin des cellules embryonnaires</h2>
<p>La manière de comprendre comment les cellules se différencient et des organes se forment au cours du développement d’un embryon repose principalement sur des interactions à distance, via ce que l’on appelle des phénomènes d’induction.</p>
<p>L’induction est une propriété que possèdent des groupes de cellules à influencer d’autres groupes de cellules non différenciées. Les cellules sont dites non différenciées quand elles ne sont pas spécialisées. L’induction stimule donc des cellules non spécialisées afin qu’elles adoptent un type ou une fonction cellulaire distincte des autres groupes cellulaires. Classiquement, cette influence est matérialisée par un gradient de molécules, ou morphogènes, qui induit à distance et en fonction de la concentration, une réponse adaptée dans les cellules réceptrices. Peu d’entorses aux mécanismes d’inductions à distance avaient été rapportées, à l’exception, par exemple, de la différenciation des cellules du tissu nerveux chez les amphibiens qui nécessite des <a href="https://www.persee.fr/doc/rhs_0151-4105_2000_num_53_3_2098">contacts entre cellules</a>.</p>
<p><a href="https://science.sciencemag.org/content/369/6500/eaar5663">Des approches interdisciplinaires</a> ont pu montrer des mécanismes alternatifs d’induction, reposant sur les interactions physiques entre cellules, sur la géométrie de l’embryon, ou sur des mécanismes d’étirement ou de contractilité des cellules, de pression hydraulique ou de combinaison d’interactions cellulaires. Ainsi, les cellules dans l’embryon répondraient à la fois à des cris lointains (les morphogènes) et à des chuchotements (contraintes physiques proches).</p>
<h2>Les enjeux d’un jeu de touche-touche</h2>
<p>L’ascidie est un animal marin dont la transparence des embryons facilite l’étude du développement embryonnaire. Dans ce modèle, l’observation des divisions cellulaires et du lignage cellulaire au cours du développement précoce de Phallusia (ascidie blanche) a permis de remarquer une haute reproductibilité de l’agencement entre cellules et de leurs réarrangements.</p>
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<span class="caption">Ascidie. Expert de la régénération, cet animal est aussi un modèle de choix dans l’étude du développement embryonnaire.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Samuel Chow/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>En combinant des approches informatiques et expérimentales, il a été rapporté que les zones de contact cellulaire ont un grand potentiel de codage, de par leurs combinaisons possibles. Ce potentiel de codage serait suffisant pour expliquer toutes les inductions embryonnaires précoces connues chez l’ascidie, sans qu’il soit nécessaire d’invoquer des gradients de concentration de morphogènes. Les changements expérimentaux de surfaces de contact de ces cellules perturbent le développement embryonnaire, suggérant que ces zones précises de contact cellule-cellule sont importantes pour la spécification de destins cellulaires, dont celui des cellules neurales. Les propriétés de ces zones de contact imposeraient des contraintes sur la géométrie de l’embryon et coderaient précocement des destins cellulaires. Le rôle des morphogènes serait plus tardif dans cette espèce.</p>
<h2>Embryons de mammifères sous pression</h2>
<p>Les tensions mécaniques joueraient également un rôle de premier plan dans le contrôle du destin des cellules embryonnaires de mammifères. Lors de la semaine qui suit la fécondation, l’œuf humain se divise pour former une structure appelée blastocyste.</p>
<p>Le blastocyste est composé de deux populations de cellules : le bouton embryonnaire et le trophoblaste. Le bouton embryonnaire composera tous les organes de l’embryon, tandis que les cellules périphériques du trophoblaste seront responsables de l’élaboration des structures extraembryonnaires qui assureront lors de la gestation des fonctions de protection, de nutrition, de respiration ou d’excrétion. Comment se décident les destins des cellules du trophoblaste ou du bouton embryonnaire ?</p>
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<span class="caption">Blastocoele. L’embryon de mammifère est une sphère creuse dont la circonférence est formée par les cellules du trophoblaste. Les cellules qui organiseront l’embryon constituent une masse cellulaire modeste, en forme de « bouton ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">Medical Graphics</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>D’un point de vue mécanique, il a été démontré que le blastocyste est une sphère creuse, avec une cavité (appelée blastocoele) dont le volume tend à augmenter dans un espace contraint, créant une augmentation de pression hydraulique accompagnée d’une augmentation de la rigidité des cellules du trophoblaste. Cette rigidité est associée à l’étirement des cellules et à une augmentation de la tension corticale, couplée au remaniement du cytosquelette et des jonctions entre cellules.</p>
<h2>La mécanique d’un destin</h2>
<p><a href="https://www.nature.com/articles/s41586-019-1309-x">Des approches interdisciplinaires</a> suggèrent que le destin des cellules embryonnaires de mammifères serait lié aux contraintes mécaniques : les gènes « obéiraient » aux propriétés mécaniques subies pour moduler leur différenciation.</p>
<p>Si la rigidité et la capacité d’étirement des cellules sont altérées, il est observé que le nombre de cellules du trophoblaste diminue. De même, lorsque des cellules perdent leurs capacités à s’étirer et à se contracter, les cellules adoptent un destin de cellule de bouton embryonnaire, quelle que soit leur position, même périphérique, dans l’embryon.</p>
<p>Dans ces cellules, certaines protéines sont confinées dans le cytoplasme et sont privées d’accès aux gènes. Cette privation conduit à la diminution du nombre de cellules qui se différencient en trophoblastes et à l’augmentation de cellules du bouton embryonnaire.</p>
<p>Plus que la position des cellules dans l’embryon, ce sont les contraintes mécaniques subies par ces cellules qui déterminent leur destin. Les faibles contraintes d’étirement des cellules internes et les fortes contraintes d’étirement des cellules périphériques, couplées aux propriétés des contractilités et à la pression hydraulique exercée par le blastocoele, permettent d’ébaucher de nouveaux schémas d’auto-organisation de l’embryon où les lois de la physique sont essentielles au développement d’un organisme.</p>
<p>Ces approches interdisciplinaires ouvrent des perspectives de compréhension du vivant qui vont au-delà des aspects protéiques et géniques de la vie cellulaire, où l’environnement physique façonne les destins. Dans le tintamarre moléculaire et le tumulte cellulaire du développement, la physique a quelques secrets à nous chuchoter.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146334/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-François Bodart ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Plongée à la découverte des structures incroyables et diversifiées de nos cellules.
Jean-François Bodart, Professeur des Universités, en Biologie Cellulaire et Biologie du Développement, Université de Lille
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/144584
2020-11-19T23:28:39Z
2020-11-19T23:28:39Z
Entre sexe biologique et sexe symbolique : une pensée du monde complexe durant l'Antiquité
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/370388/original/file-20201119-17-13s6cxd.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C2%2C1447%2C965&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sceau et empreinte de sceau daté du XIVe s. av. J.-C. provenant d’Ougarit (Syrie) conservés au Musée du Louvre (Paris) © Gransard-Desmond, 2004. </span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Depuis le Paléolithique jusqu’à aujourd’hui, si tout ou partie d’une image peut fournir des informations sur la date et la culture qui l’a réalisée, peut-elle également fournir d’autres informations ? Une image ou une partie de celle-ci peut-elle fournir un récit compréhensible par tous, de ce qui est représenté, de la raison pour laquelle cela est représenté et, au-delà, de ce que cela nous apprend sur la culture des populations qui nous ont laissé ces représentations ? Aujourd’hui les images peuvent nous apporter toutes ces informations grâce à <a href="https://www.barpublishing.com/etude-sur-les-canidae-des-temps-prepharaoniques-en-egypte-et-au-soudan.html">« la méthode iconogénétique »</a>. En rassemblant les différents éléments qui vont révéler la spécificité de chaque élément de l’image, leur séquence génétique iconographique (SGI), leur « ADN », une image va nous en apprendre beaucoup sur les artisans et les artistes qui l’ont réalisée.</p>
<h2>L’exemple des représentations des bovins et des félins de l’Âge du Bronze syrien (IIIᵉ-IIᵉ millénaire av. J.-C.)</h2>
<p>La première difficulté à laquelle est confrontée l’iconologue, c’est-à-dire le scientifique qui étudie les images, est d’arriver à identifier la représentation qu’il étudie. Comment savoir si la représentation est celle d’un être humain, d’un animal, d’une plante ou de tout autre chose ?</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/368633/original/file-20201110-13-1i9ebm0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368633/original/file-20201110-13-1i9ebm0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368633/original/file-20201110-13-1i9ebm0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=634&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368633/original/file-20201110-13-1i9ebm0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=634&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368633/original/file-20201110-13-1i9ebm0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=634&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368633/original/file-20201110-13-1i9ebm0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=797&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368633/original/file-20201110-13-1i9ebm0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=797&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368633/original/file-20201110-13-1i9ebm0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=797&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La méthode iconogénétique avec l’exemple d’un détail de la peinture de l’Investiture de Mari (Syrie) conservée au Musée du Louvre (Gransard-Desmond, 2004).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est l’établissement de critères issus d’un échange entre l’iconologue et d’autres spécialistes qui le permettra. Dans le domaine de l’iconologie animale, il s’agira de spécialistes travaillant sur les animaux comme des zoologues, éthologues, paléozoologues, archéozoologues, mais également des éleveurs, des vétérinaires, des zootechniciens, etc.</p>
<p>Cette méthode que j’ai nommée méthode iconogénétique permet de définir des critères précis et critiquables qui sont seuls capables de fournir une identification démontrée d’une part et qui d’autre part pourra être reprise par d’autres iconologues. <a href="https://ixtheo.de/Record/654417172">Grâce à cette méthode</a>, il est possible de corriger des identifications déjà réalisées par le passé. C’est ainsi qu’il s’est avéré que les artisans de la Syrie de l’Âge du Bronze produisaient plus de représentations asexuées (60 %) que sexuées avec seulement 35 % de bovins mâles et 4 % de bovins femelles.</p>
<h2>Vers de nouvelles connaissances</h2>
<p>À ces résultats quantitatifs, la reprise des identifications a mis en évidence des associations passées jusque-là inaperçues. Pourquoi un artisan de l’Âge du Bronze, qui sait représenter un animal de façon naturaliste, irait-il rendre cette représentation illisible ? Aujourd’hui que la question du genre dans nos sociétés fait ressortir des associations diversifiées au-delà de l’hétérosexualité, il est intéressant de constater que nous n’étions pas les premiers à vouloir afficher une variété de possibles.</p>
<p>Les représentations d’Ishtar, d’Anat et d’Astarté en fournissent de bons exemples. Ces trois déesses qui n’en forment qu’une, tout en présentant chacune certaines nuances, offrent un symbolisme témoignant d’une compréhension complexe du monde. Déesses de l’amour et de la guerre, elles portent généralement des emblèmes caractéristiques des symboles masculins : tiare à cornes, animaux sauvages, armes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368634/original/file-20201110-21-1or2gzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368634/original/file-20201110-21-1or2gzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368634/original/file-20201110-21-1or2gzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368634/original/file-20201110-21-1or2gzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368634/original/file-20201110-21-1or2gzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368634/original/file-20201110-21-1or2gzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368634/original/file-20201110-21-1or2gzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Sceau et empreinte de sceau daté du XIVᵉ siècle. av. J.-C. provenant d’Ougarit (Syrie) conservés au Musée du Louvre (Gransard-Desmond, 2004).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le sceau-cylindre d’Ougarit (ci-dessus), daté du XIVᵉ siècle av. J.-C., et les fragments de terre cuite provenant du temple d’Astarté à Emar (ci-dessous), datés du XVIᵉ-XIIᵉ siècle av. J.-C., témoignent de cette complexité. Sur le sceau-cylindre, la déesse, reconnaissable à sa tiare à cornes, est assise sur un bovin mâle et un lion mâle, pendant que ce même lion mâle sert de support, avec un lion femelle, à un autre personnage. Sur les fragments de terre cuite d’Emar, les animaux reconnaissables comme des lions avec leurs crinières présentent pourtant des organes génitaux fort différents : l’un dispose de testicules alors que l’autre dispose d’une vulve. La question se pose alors de savoir s’il était question de représenter deux lions mâles avec un symbolisme masculin et féminin, ou d’un lion mâle et d’un lion femelle avec des attributs masculins.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/368635/original/file-20201110-19-168tf4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368635/original/file-20201110-19-168tf4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368635/original/file-20201110-19-168tf4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=227&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368635/original/file-20201110-19-168tf4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=227&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368635/original/file-20201110-19-168tf4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=227&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368635/original/file-20201110-19-168tf4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=286&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368635/original/file-20201110-19-168tf4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=286&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368635/original/file-20201110-19-168tf4s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=286&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Fragments en argile du temple d’Astarté à Emar (Syrie), XVIᵉ-XIIᵉ siècle av. J.-C., conservés au musée d’Alep (Syrie)</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mission archéologique de Meskéné/Emar, B. Muller, 2002</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette ambivalence sexuelle se retrouve dans les textes au sujet de l’Ishtar mâle et de l’Ishtar femelle. Enfin, l’association bovin/divinité mâle et félin/divinité femelle est mise à mal par l’association de déesses (Ishtar ou ‘Anat) avec des félins comme avec des bovins. Les vestiges sont nombreux qui en attestent directement (sceaux-cylindres, peinture de l’Investiture, modelages, etc.) et indirectement (vestiges contenant félins et bovins dans le temple d’Ishtar) à Mari comme à Ebla (stèle d’Ebla).</p>
<p>Enfin, cette ambivalence n’est pas le propre de la Syrie de l’Âge du Bronze. Elle se retrouve en Irak avec la figurine de Tell Khafadje datée de 2 400 av. J.-C. qui fut découverte in situ dans le temple VI de Nintu, à l’intérieur de l’autel. En l’absence d’une approche iconogénétique et selon un consensus qui a longtemps prévalu, cette figurine aurait représenté un bovin mâle. En effet, la tiare à cornes et la barbe correspondent généralement à des attributs assignés à des représentations de sexe mâle. Cependant, dans ce cas, la présence de pis démontre que l’artisan a souhaité donner une autre dimension à son œuvre. S’agit-il d’un bovin femelle avec des attributs masculins, d’un bovin mâle avec des attributs féminins ou encore d’un neutre dont la fonction est d’associer des attributs masculins et féminins pour illustrer un tout ?</p>
<h2>Au-delà d’une pensée binaire du monde</h2>
<p>En l’état, la question demeure, mais elle met en évidence un jeu entre sexe biologique et sexe symbolique dont les interactions dépassent une simple représentation duelle du monde pour s’inscrire dans un schéma où :</p>
<ul>
<li><p>il y a dissociation entre sexe biologique, avec ses représentants mâles, châtrés, femelles, et symboliques, avec ses représentants masculin, neutre, féminin</p></li>
<li><p>il y a apparition de la notion d’asexué ; c’est-à-dire ni mâle, ni châtré, ni femelle</p></li>
<li><p>il y a croisement ou non de chacun de ces différents aspects donnant un sens spécifique à la représentation qui peut ou non dépasser le seul critère esthétique ou naturaliste.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/368636/original/file-20201110-15-cw3n1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368636/original/file-20201110-15-cw3n1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368636/original/file-20201110-15-cw3n1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368636/original/file-20201110-15-cw3n1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368636/original/file-20201110-15-cw3n1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368636/original/file-20201110-15-cw3n1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368636/original/file-20201110-15-cw3n1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368636/original/file-20201110-15-cw3n1r.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Schéma de la complexité de la pensée syrienne de l’Âge du Bronze Gransard-Desmond, 2006.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette ambivalence sexuelle met en évidence le jeu sur le caractère biologique et symbolique des sexes qui oblige à concevoir qu’une représentation asexuée a une signification qui biologiquement dépasse la représentation d’un être défini par ses marques ou ses organes génitaux. Ne pas sexuer une représentation est donc une démarche volontaire pouvant figurer la représentation d’une entité idéale intégrant l’ensemble des qualités mâles et femelles dans une évocation symbolique qui reste à définir pour chaque représentation.</p>
<p>Cette iconographie révèle ainsi la pensée complexe, non seulement de la culture de la Syrie de l’Âge du Bronze, mais potentiellement de toutes celles du Proche-Orient de cette époque. <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Albums-Beaux-Livres/Des-lions-et-des-hommes">En jouant sur le sexe biologique et le sexe symbolique des animaux</a>, ces civilisations nous ont laissé un témoignage de leur haut niveau d’abstraction et d’une connaissance du monde plus complexe que nous ne pouvions l’imaginer jusqu’alors.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144584/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Olivier Gransard-Desmond est Directeur de recherches chez ArkéoTopia, une autre voie pour l'archéologie, Chercheur associé au laboratoire CNRS Archéologie et Archéométrie (UMR 5138)</span></em></p>
En jouant sur le sexe biologique et le sexe symbolique des animaux, nos ancêtres nous ont laissé un témoignage d'une connaissance du monde plus complexe que nous ne pouvions l'imaginer jusqu'alors.
Jean-Olivier Gransard-Desmond, Docteur ès science historique et archéologique, École pratique des hautes études (EPHE)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/147269
2020-11-18T21:34:51Z
2020-11-18T21:34:51Z
Pourquoi la pollution plastique des côtes est largement sous-estimée
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/361557/original/file-20201005-22-s5rf9t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=16%2C5%2C1164%2C869&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Opération de nettoyage d'un filet enfoui par une tempête il y a 13 ans. Son poids était aux alentours de 700 kg.</span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p><em>Julien Moreau, chercheur et fondateur de <a href="https://www.plasticatbay.org/fr/?v=79cba1185463">Plastic@Bay</a> est co-auteur de cet article.</em></p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Les images illustrant la pollution marine globale sont nombreuses et souvent impressionnantes lorsqu’elle affecte de manière spectaculaire les <a href="https://www.nationalgeographic.com/environment/habitats/plastic-pollution/">communautés côtières</a>. Étrangement, le public semble ignorer que cela se passe aussi chez eux, <a href="https://www.francebleu.fr/emissions/la-vie-en-bleu-le-mag/gironde/la-pollution-des-oceans-avec-vanessa-baldi-de-surf-rider">sur leurs plages</a>, <a href="https://www.ehn.org/plastic-in-farm-soil-and-food-2647384684.html">dans leurs champs</a> et <a href="https://fr.statista.com/infographie/17656/dechets-plastiques-dans-les-rivieres-et-fleuves-d-europe/">dans leurs rivières</a>.</p>
<p>Les océans étouffent, envahis par des dizaines de millions de tonnes de plastique <a href="https://science.sciencemag.org/content/347/6223/768">qui y ont été déversées</a>, mais les sociétés semblent étrangement dans le déni. La pollution est devenue dans l’esprit de beaucoup un phénomène quasiment normal, que l’on ne voit plus.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Carte de localisation de la baie de Balnakeil en Écosse.</span>
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<p>Plastic@Bay CIC</p>
<p>Le plastique a pris une telle place sur les côtes qu’il peut désormais être considéré comme un nouveau type de sédiment, qui se déplace et s’accumule dans notre environnement côtier pour in fine contaminer l’ensemble du vivant.</p>
<h2>Invisible plastique</h2>
<p>Sur la plage de la baie de Balnakeil, 3 à 5 kg de plastique sont ramassés quotidiennement, soit 1 à 1,5 tonne par an. Les visiteurs ne voient pourtant pas beaucoup de plastique sur cette plage perdue au bout de l’Écosse, car de nombreux résidents ont pris l’habitude de ramasser ce qu’ils y trouvent. Ce ramassage anonyme est probablement l’effort de nettoyage global le plus important, avant les actions communautaires ou professionnelles.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/361554/original/file-20201005-20-19z66e3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361554/original/file-20201005-20-19z66e3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361554/original/file-20201005-20-19z66e3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=291&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361554/original/file-20201005-20-19z66e3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=291&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361554/original/file-20201005-20-19z66e3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=291&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361554/original/file-20201005-20-19z66e3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=366&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361554/original/file-20201005-20-19z66e3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=366&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361554/original/file-20201005-20-19z66e3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=366&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Portail montrant les quantités cumulées de plastique ramassé dans la baie de Balnakeil depuis avril 2017 (en bleu). En orange les vitesses d’accumulation de plastique déduites en kg/jour.</span>
<span class="attribution"><span class="source">capture d’écran</span></span>
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<p>Plastic@Bay CIC</p>
<p>Nous avons récemment lancé un <a href="https://www.youtube.com/watch?v=ll8Zplvq004">programme de science citoyenne</a> permettant à n’importe qui, n’importe où dans le monde, de soumettre le poids du plastique ramassé au cours d’une collecte. Cette méthode simple nous a aidés à illustrer localement l’échelle de la pollution, en partenariat avec les autorités et le public. Une démarche de partage d’information à laquelle nous invitons fortement les individus, associations et gouvernements à participer via <a href="https://www.plasticatbay.org/research">notre portail Internet</a> ou d’autres outils similaires.</p>
<p>Le caractère invisible du plastique sur les plages est aussi lié à sa façon de se déplacer et se déposer. Comme l’indique le graphique, sa vitesse d’accumulation estimée varie considérablement, allant de 1 kg/jour de plastique en été jusqu’à 140 kg/jour en hiver. Dans notre région subarctique, nous avons essentiellement des visiteurs en été, là où le plastique est moins présent. Les forts pics de pollution hivernaux sont en effet associés à des tempêtes qui ont la capacité de déposer une tonne de plastique sur la plage en quelques jours. Une semaine plus tard, vous n’en verrez plus que quelques kilos.</p>
<h2>Tempêtes et stockage du plastique</h2>
<p>Pour comprendre ce phénomène, il faut se pencher sur la sédimentologie des plages et leur réponse aux tempêtes. Par temps calme, en particulier en été, la plage est haute et descend en pente douce des dunes jusqu’à la mer. Le profil de la plage est dit « à l’équilibre » ; par conditions calmes, les sédiments vont se déposer pour préserver cette pente douce. Lors d’une tempête, le niveau de l’eau monte et les vagues vont aller percuter les dunes jusqu’en haut de la plage. Toute cette énergie commence par saper la base des dunes mais va progressivement aplanir le profil de la plage, jusqu’à le rendre quasi horizontal.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le cycle du plastique côtier.</span>
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<p>Plastic@Bay CIC</p>
<p>Les fortes tempêtes prennent leur source dans les tropiques, notamment dans le golfe du Mexique. Elles vont lécher les côtes est-américaine et canadienne avant de traverser l’Atlantique Nord et venir percuter le nord-ouest de l’Écosse.</p>
<p>La capacité d’érosion de ces phénomènes climatiques ainsi que les précipitations vont alors arracher les plastiques accumulés en bords d’océan et de rivières tout au long de leur trajectoire, et emporter ainsi de grandes quantités de pollution. En bout de course, ces énormes volumes de plastique sont projetés sur la côte écossaise et peuvent y rester bloqués, sous certaines conditions que nous identifions au fil de l’article, lorsque la tempête se calme. En quelques jours, le sable ou les galets peuvent reformer le profil d’équilibre de la plage et enfouir tout le plastique, le rendant potentiellement inaccessible.</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<span class="caption">Opération de nettoyage d’un filet enfoui par une tempête il y a 13 ans. Le filet a finalement pu être totalement enlevé après 3 ans de travail, à la faveur d’une forte tempête en février 2020. Le poids total du filet était aux alentours de 700 kg.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Plastic@Bay CIC</span></span>
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</figure>
<p>Ce phénomène de stockage du plastique est très méconnu et généralement ignoré dans les estimations globales du plastique présent dans l’eau. Dans un rayon de 50 km autour du Cape Wrath, Plastic@Bay a ainsi estimé que 1000 à 2000 tonnes de plastique seraient enfouies.</p>
<h2>Le plastique concentré dans la baie</h2>
<p>Pour estimer la quantité de plastique marin flottant, les équipes scientifiques utilisent des filets qui sont traînés à l’arrière de bateaux. Les particules de plastique capturées sont ensuite comptées et en fonction de la distance parcourue et de la taille du filet, une concentration est estimée. Ces mesures se font généralement en haute mer et par temps calme, loin des conditions au cours desquelles nous observons les déplacements majeurs de plastique. Aux environs du Cape Wrath, les mesures relèvent environ <a href="https://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2019.110725">20 plastiques par kilomètre carré</a>. Or dans la baie de Balnakeil, nous ramassons l’équivalent de 70 plastiques par jour sur la plage, pour une surface bien inférieure à 1 km<sup>2</sup>.</p>
<p>Pour comprendre l’origine de cette différence, nous avons donc essayé de reproduire les conditions connues en mer dans la zone grâce à un <a href="https://www.mts-cfd.com/">modèle océanographique</a> simulant la marée et le vent. <a href="https://video.wixstatic.com/video/f6b0cc_be3b6189e4cd417fad1fcb225e777ecd/720p/mp4/file.mp4">Il nous montre</a> que lorsque la marée monte dans la baie, elle aspire un très grand volume d’eau et donc de plastique au large, vers l’intérieur des terres. Au cours des différents cycles, le <a href="https://video.wixstatic.com/video/f6b0cc_be3b6189e4cd417fad1fcb225e777ecd/720p/mp4/file.mp4">plastique va donc se concentrer</a> de plus en plus dans la baie.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=625&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=625&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=625&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=785&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=785&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=785&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La marée et le vent contribuent à la concentration et l’accumulation de plastique dans la baie de Balnakeil.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>En parallèle, un vent récurrent très puissant pousse les plastiques en direction du Nord-est, donc de la plage. Par temps calme, si le plastique se déposait uniquement le long de la ligne de marée haute, très peu s’accumulerait car les marées suivantes seraient capables de le remettre en mer.</p>
<p>Néanmoins, le vent puissant et constant pousse les plastiques vers l’intérieur des terres, les rendant inaccessibles aux marées successives. C’est donc la combinaison des tempêtes, de la marée et du vent qui concentrent la pollution plastique dans certaines zones côtières et créent des accumulations majeures. Seules d’autres tempêtes, les plus fortes, ont le pouvoir de remobiliser et rendre cette pollution accessible.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=428&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=428&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=428&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Petite baie reculée située 30 km au sud de Balnakiel où le plastique s’accumule depuis des décennies. Nous avons évalué à 15 à 20 tonnes la quantité de plastique enfoui et à la surface sur 300 m de large.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Plastic@Bay CIC</span></span>
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</figure>
<h2>Comprendre le cycle côtier du plastique</h2>
<p>Il est désormais communément admis que le plastique a des effets néfastes pour la santé et la survie de l’écosystème global. Ses particules ont été retrouvées dans tous les types d’organismes, y compris les humains. Selon WWF, <a href="https://awsassets.panda.org/downloads/plastic_ingestion_press_singles.pdf">nous en ingurgitons en moyenne 5 grammes</a> par semaine.</p>
<p>Ce matériau ne se dégrade par ailleurs réellement que par l’exposition aux UV de la lumière naturelle. Le plastique enfoui reste donc intact et peut lentement polluer pendant des milliers d’années, voire plus. Les effets de sa concentration sur certaines plages sont marquants : leur identification est donc primordiale pour pouvoir nettoyer ces zones d’accumulation très régulièrement.</p>
<p>Ce nettoyage constitue un moyen peu cher de « diluer » la concentration globale de plastique dans l’océan. Pour être efficaces, nous avons calculé qu’il faudrait nettoyer tous les 4 jours, être immédiatement présents après les fortes tempêtes et ainsi récupérer le plastique accumulé depuis des décennies.</p>
<p>Grâce à cette méthode, le stock local de plastique enfoui baisse au cours des années. Les plages avoisinantes ne sont plus nourries par l’éventuelle remobilisation du plastique de la Baie de Balnakeil durant les plus fortes tempêtes. Il est donc essentiel qu’elle se généralise, que les États se saisissent du nettoyage professionnel des plages. C’est indispensable à la fois pour ne plus dépendre du bon vouloir de volontaires et gagner en efficacité, d’autre part pour réaliser des évaluations réalistes de la pollution, qui intègrent son coût réel et contribuent au débat <a href="https://www.theguardian.com/us-news/2019/dec/31/ocean-plastic-we-cant-see">sur les 99 % de plastique manquant</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147269/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cet article repose sur les données et résultats de Plastic@Bay dont le fondateur, Julien Moreau, a rédigé cet article en collaboration avec Julien Bailleul. Julien Bailleul et Julien Moreau ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leurs organisme de recherche et association respectivement.</span></em></p>
Comprendre le cycle côtier du plastique permettrait de mieux évaluer le volume des déchets présents dans l’eau et sur la plage afin de lutte plus efficacement contre ce phénomène dramatique.
Julien Bailleul, Enseignant-chercheur en géologie sédimentaire et analyse de bassin, UniLaSalle
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/147957
2020-11-17T20:53:44Z
2020-11-17T20:53:44Z
Quand un jeu sensibilise les décideurs aux risques littoraux
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>En France, l’action publique sur le risque de submersion fait l’objet de controverses. Dans les années 2010, des mesures alternatives et innovantes ont vu le jour, elles proposent de modifier le rapport des sociétés littorales à la nature.</p>
<p>Elles font suite à plusieurs événements majeurs de grande ampleur, à la fois localement (en particulier la tempête Xynthia en 2010) mais aussi au plan international, si l’on considère les effets de l’Ouragan Katrina (2005) sur la manière de concevoir les rapports des sociétés avec les aléas climatiques. Plus globalement, ces évènements s’inscrivent dans un contexte où diverses « catastrophes » ont ébranlé les consciences occidentales (accident nucléaire suite à un tsunami à Fukushima en 2011) et interrogé leurs modes de gestion des risques.</p>
<p>Ces évènements combinés aux effets attendus de la hausse des niveaux marins due au changement climatique débouchent sur la mise à l’agenda politique de <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/8455">nouvelles formes de gestion des risques, plus « intégrées »</a>. En réaction à des méthodes dites « dures » (basées sur le durcissement du trait de côte et le recours à des matériaux résistants tels que le béton), elles consistent principalement à s’appuyer sur des méthodes dites « douces » de protection des enjeux situés sur les littoraux. Elles reposent sur des solutions qui intègrent la dynamique spontanée des littoraux et la mobilité du trait de côte (par exemple le rechargement de plage en sédiments). D’autres méthodes alternatives existent, qui consistent à envisager le déplacement d’enjeux importants vers l’intérieur des terres, c’est-à-dire « reculer » (en déplaçant le bâti) ou à « laisser faire » (et ne plus maintenir le trait de côte, pour permettre les évolutions morphologiques des littoraux).</p>
<p>Ces modes de gestion, également qualifiés d’alternatifs, donnent lieu à des débats politiques, environnementaux, voire juridiques : faut-il dès à présent opérer un « retrait stratégique » et envisager de « relocaliser » les activités situées sur les littoraux, dans des zones à risque ? y a-t-il des moyens plus « doux » du point de vue écologique pour permettre le maintien des activités littorales, tout en faisant davantage de place à la « nature » ?</p>
<p>Cela interroge notamment la manière dont l’État français se positionne vis-à-vis des impacts du changement climatique sur les littoraux métropolitains.</p>
<p>De ces stratégies de « défense des côtes » découlent d’autres questionnements plus larges : qui supporterait le prix économique et social d’une relocalisation, quel serait le poids d’une telle décision pour les communes arrière littorales, quels régimes assurantiels seraient associés à l’arrêt de la « bétonnisation » des côtes ?</p>
<p>Un jeu à vocation pédagogique, basé sur une modélisation de la submersion et de l’aménagement d’un territoire littoral, a été conçu par une équipe multidisciplinaire de chercheurs pour sensibiliser les élus et les agents des collectivités territoriales soumises aux risques littoraux.</p>
<h2>Un jeu pour apprendre et pour débattre d’enjeux d’actualité</h2>
<p>Le <a href="https://littosim.hypotheses.org/">jeu LittoSIM</a> est le produit d’une rencontre entre une équipe de chercheurs et des collectivités territoriales de la côte Atlantique : la Communauté de Communes d’Oléron et le syndicat mixte de Pays Marennes-Oléron.</p>
<p>L’idée est de proposer par des moyens ludiques d’acquérir des connaissances et de faire expérimenter des situations de prise de décision. LittoSIM consiste à regrouper des gestionnaires des risques en ateliers de réflexion et d’action.</p>
<p>Durant une demi-journée, ils aménagent, sur des tablettes numériques, le plan local d’urbanisme (PLU, document de planification des communes) d’un territoire, et expérimentent différentes stratégies de gestion du risque.</p>
<p>De manière inopinée, des submersions sont simulées à l’aide d’un modèle informatique, « inondant » plus ou moins les communes et interrogeant ainsi les choix d’aménagement. Les joueurs sont alors amenés à reconsidérer leurs stratégies et à collaborer entre territoires voisins. Depuis 2017, de nombreux ateliers ont été organisés sur l’île d’Oléron, en Camargue et en Normandie.</p>
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<span class="caption">Les trois situations d’interactions d’un atelier : jeu à deux en équipe, échange entre équipes autour de la table de projection, débriefing à l’issue de l’atelier (LittoSIM, 2017) équipe LittoSIM.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>LittoSIM est le fruit d’un processus de co-construction participatif, qui a pris un sens particulier au regard du contexte sociopolitique de la fin de la décennie 2010. Cette période correspond à la mise en application du transfert de compétence GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) aux intercommunalités (les établissements publics de coopération intercommunale).</p>
<p>Le financement de la gestion du risque inondation revient alors aux intercommunalités (avec la possibilité de mettre en place une taxe spécifique) et ce transfert de compétences nécessite des apprentissages et provoque des remous, voire des résistances, parmi les maires et les conseils municipaux qui se sentent parfois dépossédés de leurs missions et sont contraints d’envisager la gestion du risque littoral à une échelle plus large.</p>
<p>Parallèlement, est élaborée au niveau étatique, la stratégie nationale pour la gestion intégrée du trait de côte (SNGITC) dont l’ambition est de « renforcer la connaissance sur le <a href="http://observatoires-littoral.developpement-durable.gouv.fr/qu-est-ce-que-le-trait-de-cote-r25.html">trait de côte</a> et de favoriser la mise en place de stratégies locales pour adapter les territoires aux évolutions du littoral » et notamment de développer des stratégies de « défenses douces » et de « recul stratégique » face aux effets du changement climatique.</p>
<p>Le jeu permet donc à la fois des apprentissages, des collaborations et des échanges sur des sujets d’actualité pour les collectivités.</p>
<h2>Faire une place à la nature ?</h2>
<p>Au-delà des apprentissages et de la sensibilisation pour les gestionnaires, le jeu nous renseigne sur les représentations sociales que les décideurs locaux ont des risques naturels, et plus généralement, sur leur conception des effets attendus du changement climatique.</p>
<p>La notion de risques naturels est largement remise en question dans la littérature scientifique en sciences sociales, tant il est admis que les risques existent parce que des enjeux humains et sociaux sont menacés par des phénomènes dits naturels.</p>
<p>À ce titre, les gestionnaires conviennent volontiers que la tentation est forte de construire derrière les digues lorsqu’elles existent, tout en ajoutant que c’est à revers des logiques et des pratiques des « anciens ».</p>
<p>« On a accru l’urbanisation, on est condamné à rehausser les [digues], on a mis le doigt dans l’engrenage et les gens qui sont derrière veulent rester », affirme ainsi un gestionnaire local, à propos des constructions urbaines implantées à l’arrière des digues, au cours d’un atelier du 14 avril 2017.</p>
<p>Les discours lors des ateliers placent la question de la gestion des risques naturels sur le plan de l’opposition entre sociétés et nature. « Ah ! L’homme qui veut toujours prendre le pas sur l’élément naturel… On est là donc il faut faire avec, mais on aura pas gain de cause sur la nature. » (agent d’une collectivité, entretien post atelier)</p>
<p>On constate que les gestionnaires se placent en opposition avec une nature extérieure à l’humain et présentent la gestion du risque comme un combat, une épreuve de force physique, mais également une épreuve éthique et juridique : il est question d’avoir gain de cause, comme lors d’un procès.</p>
<p>C’est finalement une guerre de position, d’occupation de l’espace : « On ne peut pas lutter contre la nature mais on ne peut non plus la laisser faire, parce qu’on est là » (agent d’une collectivité, entretien post atelier).</p>
<p>Dans cette opposition cosmogonique entre nature et culture, que l’anthropologue Philippe Descola <a href="http://acireph.org/spip.php?article90">désigne comme le paradigme naturaliste</a> – et qu’il caractérise comme un préjugé culturel de l’Occident, la prise en compte du risque de submersion renvoie à la nécessité qu’auraient les sociétés de faire une place à la nature.</p>
<p>On peut se demander si les effets attendus du changement climatique pourraient alors faire vaciller la cosmogonie occidentale vers une conception plus intégrée des sociétés et de leur environnement ?</p>
<h2>Des murs contre la mer ?</h2>
<p>Les ateliers LittoSIM ont montré la réticence des décideurs à renoncer à l’anthropisation du littoral. « Reculer, ça m’ennuierait beaucoup mais je me dis qu’il arrivera un moment où on sera obligé de le faire […] Mais moi, de mon mandat, j’espère que ça ne se fera pas » (élu, entretien ante atelier). La gestion du risque, par la création de zones inondables par exemple, renvoie dans le vocabulaire à l’idée d’abandon, voire d’offrande à la mer. Les participants soulignent qu’il s’agit d’une renonciation, il est d’ailleurs aussi question de « secteurs perdus ».</p>
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<span class="caption">Les littoraux font l’objet d’usages récréatifs qui reposent sur un durcissement du trait de côte (côte Camargaise), LittoSIM, Amalric, 2019.</span>
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<span class="caption">En dépit des risques de submersion et des dynamiques géomorphologiques, le bâti résidentiel se développe en bordure de rivage (côte Charentaise), LittoSIM, Becu, 2020.</span>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368137/original/file-20201108-19-z2hfb0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368137/original/file-20201108-19-z2hfb0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368137/original/file-20201108-19-z2hfb0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368137/original/file-20201108-19-z2hfb0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368137/original/file-20201108-19-z2hfb0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368137/original/file-20201108-19-z2hfb0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368137/original/file-20201108-19-z2hfb0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Certains villages littoraux sont situés dans des zones submersibles, à l’arrière des épis qui maintiennent les cordons de galets (côte normande) LittoSIM, Amalric, 2019.</span>
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<p>Bien qu’amers, les gestionnaires sont aussi résignés. « C’est un cercle vicieux : il y a peu de population et beaucoup de digues. La stratégie c’est d’enlever les digues… y’a pas le choix… Et si on enlève les digues, faut enlever les gens » (atelier du 9 mai 2017).</p>
<p>À l’issue des ateliers, les témoignages recueillis montrent donc que la question du « recul stratégique » fait partie des pistes envisagées par les collectivités.</p>
<p>Face à la hausse des niveaux marins, considérée par le GIEC comme <a href="https://reseauactionclimat.org/rechauffement-niveau-mer-elevation-1-m-2100/">l’une des conséquences les plus inéluctables du réchauffement climatique</a>, et estimée globalement à 1m en moyenne d’ici 2100, les ateliers LittoSIM nous renseignent sur la manière dont les gestionnaires se projettent à long terme.</p>
<p>Les discours témoignent d’une forme nouvelle d’acceptation du risque, qui ne consiste pas à fuir les lieux soumis aux risques, ni à les protéger, mais à inventer une forme de « vivre avec », qui intègre les dommages possibles aux modes de vie maintenus sur place.</p>
<p>« Là, on réfléchit autrement et on accepte un risque différent. [LittoSIM] peut avoir un impact positif dans ce sens-là. Il faut accepter que ça sert à rien de bâtir des murs pour lutter contre la mer » (élu, entretien post atelier).</p>
<p>Le dispositif LittoSIM a donc permis de caractériser la réception sociale de la politique de gestion des risques, s’inscrivant ainsi dans la réflexion sur l’élaboration d’une « culture du risque » à l’échelle locale.</p>
<hr>
<p><em>Depuis 2015, le consortium LittoSIM a bénéficié du soutien du CNRS, de la Fondation de France, de la Région Nouvelle-Aquitaine, de la Communauté de Communes de l’île d’Oléron et du Pays Marennes-Oléron. L’équipe LittoSIM rassemble Marion Amalric, Brice Anselme, Élise Beck, Nicolas Becu, Xavier Bertin, Nicolas Marilleau, Alice Mazeau, Amélie Monfort, Cécilia Pignon-Mussaud, Frédéric Rousseaux des Unités mixtes de Recherche CNRS CITERES (Tours) ; LIENSs (La Rochelle), PACTE (Grenoble), PRODIG (Paris) et de l’Unité mixte Internationale IRD UMISCO (Bondy) <a href="https://littosim.hypotheses.org/">littosim.hypotheses.org</a></em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147957/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marion Amalric a reçu des financements de La fondation de France, la Région Nouvelle Aquitaine, le CNRS. </span></em></p>
Le jeu LittoSIM sensibilise les décideurs des collectivités territoriales soumises au risque de submersion. Il montre la capacité des décideurs à envisager différemment l’anthropisation du littoral.
Marion Amalric, Maître de conférences, Université de Tours
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/148186
2020-11-16T18:19:19Z
2020-11-16T18:19:19Z
Saumon, alose ou esturgeon : des pistes innovantes pour gérer une ressource partagée
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/368551/original/file-20201110-19-1wj4d8h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C3%2C1187%2C794&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les poissons migrateurs comme le saumon, autrefois connus pour leur abondance, se raréfient sous la pression anthropique.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/large-flock-salmon-swims-forward-637738492">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Les <a href="https://www.canal-u.tv/video/canal_uved/2_les_poissons_migrateurs_amphihalins_traits_d_union_entre_la_mer_et_les_eaux_douces.18256">poissons migrateurs amphihalins</a> désignent l’ensemble des espèces qui parcourent des distances impensables entre rivières et océan pour accomplir leur cycle de vie, c’est-à-dire donner naissance à la prochaine génération.</p>
<p>Comme chez les mammifères ou les oiseaux migrateurs, ce cycle de vie complexe implique des passages ou des regroupements saisonniers d’un grand nombre d’individus en un lieu donné. Cette régularité et cette extrême abondance ont fait de ces poissons une ressource inestimable pour les populations humaines vivant aux abords des côtes et des cours d’eau. Des témoignages anciens, remontant pour certains au Moyen-Âge et plus, attestent du caractère emblématique et charismatique de ces poissons sur les 5 continents.</p>
<p>Derrière cette mystérieuse description se cachent des espèces bien connues des humains, comme le saumon atlantique (<em>Salmo salar</em>), la truite de mer (<em>Salmo trutta</em>), l’esturgeon européen (<em>Acipenser sturio</em>), l’anguille européenne (<em>Anguilla anguilla</em>), la grande alose (<em>Alosa alosa</em>), la lamproie marine (<em>Petromyzon marinus</em>) et des centaines d’autres espèces à travers le monde. En France, une douzaine d’entre elles peuplent les eaux de notre territoire et remplissent nos assiettes pour notre plus grand plaisir.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/363650/original/file-20201015-15-b434cy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363650/original/file-20201015-15-b434cy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363650/original/file-20201015-15-b434cy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=736&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363650/original/file-20201015-15-b434cy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=736&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363650/original/file-20201015-15-b434cy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=736&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363650/original/file-20201015-15-b434cy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=925&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363650/original/file-20201015-15-b434cy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=925&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363650/original/file-20201015-15-b434cy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=925&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Emblème de la ville de Caudebec-en-Caux (Normandie, France) dans lequel les trois éperlans d’origine (<em>Osmerus eperlanus</em>) sont devenus des saumons (<em>Salmo salar</em>) au cours des siècles.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://armorialdefrance.fr/page_blason.php?ville=2180">Armorial de France</a></span>
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</figure>
<p>Caviar, terrine d’esturgeon, saumon fumé, lamproie à la bordelaise, alose grillée sont parmi les recettes les plus populaires et intemporelles en France. À ce patrimoine culinaire et aux pêcheries professionnelles associées s’ajoutent les nombreuses manifestations de leur importance dans nos sociétés : festivals, confréries, écotourisme sur les sites de reproduction ou pêche récréative pour n’en citer qu’un petit nombre.</p>
<h2>Un déclin programmé et une restauration délicate</h2>
<p>Pourtant, ces poissons autrefois connus pour leur abondance se raréfient sous la pression anthropique. La surpêche, la pollution, la réduction de la libre circulation par les barrages, la dégradation des habitats par extraction de granulats, les prélèvements d’eau pour l’irrigation ou l’usage quotidien sont autant d’obstacles tout au long de leur voyage. De l’œuf à l’adulte reproducteur, tous les stades du cycle biologique <a href="https://www.youtube.com/watch?v=zWcKxIKlOvI">sont ainsi touchés</a>.</p>
<p>Ces pressions et leur intensification au cours du temps sont à l’origine d’un déclin généralisé de ces espèces qu’il est délicat d’enrayer tant il est multifactoriel. Les actions en faveur de la restauration et de la conservation des poissons migrateurs amphihalins sont nombreuses et variées mais souvent appliquées au niveau local : elles prennent donc peu en compte la dimension transrégionale des bassins versants et la dimension transnationale de ces espèces.</p>
<p>Or le succès d’opérations de restauration dans une rivière donnée ne dépend-il pas, dans une certaine mesure, de la qualité des populations avoisinantes et de leurs habitats ? De récents travaux de recherche montrent que les cours d’eau « échangent » des individus qui « s’égarent » à chaque génération de leur rivière d’origine pour découvrir les cours d’eau à proximité ou plus lointains. Les cours d’eau le long du littoral fonctionnent vraisemblablement en un réseau connecté assurant la pérennité des populations dans une zone géographique donnée.</p>
<h2>Restauration et changement climatique</h2>
<p>Cette complexité dans la gestion des populations de poissons migrateurs amphihalins est encore accrue par l’effet, ces dernières décennies, du changement climatique. Ce dernier induit un décalage dans les principaux gradients climatiques à la surface du globe, entraînant notamment une élévation de la température.</p>
<p>Pour tenter de rester dans leur zone « d’optimum », les organismes se déplacent donc géographiquement à la « poursuite » des conditions climatiques ayant fait leur succès par le passé. C’est pourquoi on observe de plus en plus de changements d’aire de distribution chez les plantes et les animaux vers les pôles et les hautes latitudes.</p>
<p>Les poissons migrateurs amphihalins ne font pas exception. Une des difficultés soulevées par ces déplacements géographiques est de définir l’objectif de conservation de ces espèces en déclin, c’est-à-dire de définir quelle abondance on veut maintenir et à quels endroits ? Il est communément admis de prendre comme objectif une référence historique en termes d’abondance. Mais si le contexte climatique a fortement changé depuis, il est probable que les habitats où l’espèce était connue pour être abondante par le passé soient devenus « défavorables » ou « moins favorables » du point de vue climatique. C’est ce que l’on nomme communément la théorie de la « cible mouvante » en écologie de la restauration.</p>
<p>Dans ce contexte global changeant, comment gérer au mieux le maintien et le retour de populations de poissons migrateurs amphihalins dans les cours d’eau ? Comment prendre en compte la dynamique en réseau des populations évoquée plus haut ? Comment avertir au mieux les gestionnaires et les décideurs ?</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"798167534130397184"}"></div></p>
<h2>Évaluer les services écosystémiques</h2>
<p>Face au déclin généralisé de la biodiversité et aux pressions croissantes sur la nature, un nouveau concept s’est imposé au milieu des années 1990 : l’évaluation des <a href="https://www.millenniumassessment.org">biens et services rendus par la nature aux populations humaines</a>.</p>
<p>Le but est de valoriser l’ensemble des services rendus par les écosystèmes et la biodiversité afin qu’ils soient mieux pris en compte dans les décisions politiques et économiques, et donc que l’on investisse plus fortement dans leur protection et leur gestion.</p>
<p>Largement utilisé dans d’autres contextes, ce concept n’a jamais été appliqué aux poissons migrateurs amphihalins. L’évaluation des services écosystémiques rendus par ces poissons pourrait alors renforcer le message déjà fortement véhiculé par la baisse continue des stocks, en mettant en lumière leur réelle contribution économique.</p>
<h2>Services écosystémiques et poissons migrateurs</h2>
<p>Les programmes INTERREG visent à favoriser la collaboration transfrontalière en Europe sur la question du développement territorial. Les questions en lien avec le patrimoine naturel y occupent une place importante.</p>
<p>L’un d’entre eux regroupe les cinq pays européens bordant l’océan Atlantique, à savoir l’Irlande, le Royaume-Uni, la France, l’Espagne et le Portugal. Parmi les projets qu’il finance, <a href="https://www.diades.eu">DiadES</a> vise à évaluer et améliorer les services écosystémiques en lien avec les poissons migrateurs amphihalins, dans le contexte du changement climatique.</p>
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<figcaption><span class="caption">https://www.youtube.com/watch ?v=8M22WLrt4jA. Source : DiadES.</span></figcaption>
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<p>Des chercheurs en sciences de l’environnement et des économistes de l’environnement se sont associés dans ce cadre aux porteurs d’enjeux (qui pour la France sont l’<a href="https://ofb.gouv.fr/">OFB</a>, la <a href="http://www.nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/">Dreal</a>, l’<a href="https://www.federationpeche.fr/119-ub.htm">UFBLB</a> et le <a href="https://www.comite-peches.fr/">CNPMEM</a>) afin de mettre en évidence de possibles changements de répartition des migrateurs et des bénéfices qui en découlent sur le plan écologique, économique, social et culturel, et surtout de communiquer cette information de manière percutante pour avancer vers une politique de gestion commune.</p>
<p>Une des forces du projet est d’établir pour la première fois une liste des services associés aux poissons migrateurs amphihalins et de fournir la première évaluation monétaire de ces services pour des sites-pilotes le long de la façade Atlantique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148186/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Géraldine Lassalle a reçu récemment des financements du programme INTERREG Espace Atlantique et du programme H2020.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Patrick Lambert ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les pressions anthropiques et le changement climatique menacent les poissons migrateurs. Mieux évaluer les services écosystémiques qu’ils nous rendent nous encouragerait à mieux les protéger.
Géraldine Lassalle, Chargée de recherche en hydrobiologie et écologie aquatique, Inrae
Patrick Lambert, Ingénieur de recherche, modélisateur en écologie aquatique - Inrae, Inrae
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/148956
2020-11-15T17:04:36Z
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Les insectes, ces super-héros
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme : la biomasse d’insectes a diminué au cours des 40 dernières années, déclinant même de près de 75 % dans certaines régions d’Europe. Les insectes sont pourtant indispensables pour notre sécurité alimentaire et le maintien de la biodiversité. Leur déclin pose question quant à la résilience des services qu’ils rendent pour l’agriculture, qui dans sa forme actuelle ne pourrait pas exister sans eux ! Ces services peuvent être vus comme autant de super-pouvoirs trop souvent négligés et malheureusement menacés.</p>
<p>Ce sont principalement les changements environnementaux mondiaux qui affectent la biodiversité des insectes, en premier lieu la destruction et l’altération des habitats naturels ainsi que la contamination des milieux par les pesticides. La mondialisation des échanges, responsable de l’arrivée d’insectes envahissants, et le réchauffement climatique, qui favorise leur implantation et modifie les aires de distribution de nombreuses espèces, accentuent encore le phénomène.</p>
<p>Les insectes représentent environ 50 % de tous les organismes vivants connus sur la terre, regroupant <a href="https://doi.org/10.1146/annurev-ento-020117-043348">75 % du règne animal</a>. Par leur abondance et leur diversité, ils constituent une composante essentielle de la vie terrestre.</p>
<p>Tout d’abord, les insectes sont une ressource alimentaire directe pour les oiseaux, les mammifères et les amphibiens.</p>
<p>Mais les ils ne fournissent pas seulement de la nourriture à d’autres organismes ; ils leur apportent également des services écosystémiques qui permettent le maintien et l’équilibre dynamique des écosystèmes tels que la pollinisation, le cycle des nutriments et la lutte biologique.</p>
<p>Ces facultés sont également clés pour la sécurité alimentaire, la santé humaine et le développement économique, car l’agriculture en bénéficie tous les jours. Tour d’horizon de quelques-uns de ces super-pouvoirs.</p>
<h2>Champions de la pollinisation</h2>
<p>Dans le monde, près de 90 % des espèces de plantes à fleurs sont pollinisées par des animaux, principalement des insectes tels que les abeilles. Ces plantes à fleurs sont essentielles au fonctionnement des écosystèmes et garantissent, par exemple, la régulation de la qualité de l’air, de l’eau douce et du climat, et l’approvisionnement en médicaments.</p>
<p>Par ailleurs, 5 à 8 % de la production agricole mondiale est directement attribuable à la pollinisation par les insectes. Ainsi, la valeur économique de la pollinisation par les insectes est estimée entre <a href="https://doi.org/10.1038/nature20588">235 à 577 milliards de dollars (USD)</a> annuellement pour les cultures destinées à l’alimentation humaine.</p>
<p>Les insectes pollinisateurs sont donc des super-héros, garantissant notre sécurité alimentaire. En effet, de nombreux fruits, légumes, semences, noix et oléagineux fournissant des proportions importantes de micronutriments, de vitamines et de minéraux dans l’alimentation humaine, dépendent des pollinisateurs.</p>
<p>Par ailleurs, une étude a mis en évidence que la baisse de diversité alimentaire associée au déclin des pollinisateurs pourrait causer des déficits en certains nutriments et engendrer une augmentation de la fréquence de certains <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(15)61085-6">troubles ou maladies</a>. Si les services de pollinisation des insectes sont considérablement endommagés, il y aura de graves impacts sur les économies agricoles et la sécurité alimentaire.</p>
<p>Ce sont les images du miel et de la ruche qui viennent généralement à l’esprit lorsqu’on évoque le mot « abeille ». Pourtant, en Europe, le miel est produit par une seule espèce, l’abeille mellifère (<em>Apis mellifera</em> L.), tandis que le mot « abeille » rassemble une diversité écologique remarquable.</p>
<p>La super-famille des Apoidea, ou abeilles, comprend en effet environ 20 000 espèces dans le monde et près de 2 000 espèces en Europe. En agriculture, le service de pollinisation est d’autant plus efficace lorsqu’il est rendu par une diversité d’abeilles. Des études ont mis en évidence une <a href="https://doi.org/10.1126/science.1230200">complémentarité et une synergie</a> d’action entre l’abeille mellifère et les abeilles sauvages pour les rendements des cultures entomophiles (c’est-à-dire dont la pollinisation est faite par les insectes).</p>
<p>En Argentine, par exemple, les <a href="https://doi.org/10.1111/1365-2664.13561">bourdons améliorent la production de pommes</a> en association avec les abeilles mellifères. Le bourdon sud-américain <em>Bombus pauloensis</em> a presque disparu du territoire argentin depuis l’introduction de bourdons européens, importés pour polliniser des cultures sous serre.</p>
<p>Il a déserté les environnements agricoles et ne s’aventure plus, comme la plupart des pollinisateurs, dans les vergers de pommes traités aux pesticides. Or ce bourdon natif est un excellent pollinisateur de pommiers. Pour étudier l’impact potentiel de sa disparition pour la production fruitière, des chercheurs ont réintroduit quelques colonies de <em>Bombus pauloensis</em> dans plusieurs vergers et en ont mesuré les rendements.</p>
<p>Comparée à celle obtenue dans des vergers sans bourdons et seulement pollinisée par l’abeille mellifère (<em>Apis mellifera</em>), la production de fruits est nettement améliorée : les pommiers donnent plus de fruits et les pommes portent plus de graines lorsque les fleurs sont visitées par le bourdon et les abeilles mellifères.</p>
<p>Une communauté diversifiée de pollinisateurs assure généralement une pollinisation des cultures plus efficace et plus stable que n’importe quelle espèce seule. La diversité des pollinisateurs contribue à la pollinisation des cultures même lorsque des espèces gérées par l’Homme (par exemple, les ruches d’abeilles mellifères <em>Apis mellifera</em>) sont présentes en abondance.</p>
<p>Pour les agriculteurs, cette étude démontre que la réintroduction du bourdon local se traduirait par de meilleurs revenus. Mais son maintien ne sera possible que si le recours aux pesticides diminue. D’autres études récentes ont démontré qu’en termes de production et rentabilité des cultures, le service de pollinisation rendu par les abeilles surpasse les bénéfices dérivés des pesticides dans le <a href="https://doi.org/10.1098/rspb.2019.1550">cas du colza</a>. Ces résultats illustrent parfaitement l’importance de conserver les insectes pour notre production alimentaire.</p>
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<span class="caption">Le bourdon, un auxiliaire précieux pour la pollinisation des cultures. Crédit : Pixabay.</span>
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<p>Il est important de souligner que les abeilles ne sont pas les seuls insectes pollinisateurs. Certaines espèces parmi les diptères (les <a href="https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/23942">syrphes</a> par exemple), les coléoptères (les cétoines par exemple) ou les lépidoptères (les papillons de jour et de nuit) <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1517092112">jouent un rôle crucial dans la pollinisation de nombreuses cultures</a> et dans la reproduction des plantes en général.</p>
<p>Il est également important de rappeler qu’il faut bien différencier l’abeille mellifère et les abeilles sauvages (et autres pollinisateurs sauvages) lorsque l’on parle de déclin des pollinisateurs. La première, employée en apiculture, accuse des surmortalités importantes mais le nombre global de ruches <a href="https://doi.org/10.1016/j.cub.2009.03.071">augmente chaque année</a>.</p>
<p>Les surmortalités sont encore mal comprises, mais elles résulteraient d’une <a href="https://doi.org/10.1126/science.1255957">combinaison de plusieurs facteurs</a> : exposition aux pesticides, manque de ressource florale et augmentation des pathogènes et parasites.</p>
<p>Les abeilles sauvages et les pollinisateurs sauvages accusent quant à eux un déclin important causé avant tout par l’altération et la destruction des habitats (disparition des haies, raréfaction des fleurs, etc.), sans que l’on puisse négliger, là encore, l’incidence négative des pesticides.</p>
<h2>Les insectes, alliés de la fertilité des sols</h2>
<p>Contrairement à la pollinisation, les autres services écosystémiques fournis par les insectes (lutte biologique, décomposition et cycle des nutriments, maintien de la structure et de la fertilité du sol) sont souvent difficiles à relier directement à la sécurité alimentaire, et sont donc plus difficiles à évaluer en terme économique. Le superpouvoir le plus répandu fourni par les insectes, et peut-être le plus sous-évalué, est leur rôle dans le développement et le maintien de la structure et de la fertilité du sol.</p>
<p>De nombreuses espèces d’insectes, essentiellement des coléoptères, décomposent les détritus végétaux et animaux, améliorent la structure du sol, et augmentent le stockage de carbone et d’eau sous nos pieds. Ces super-pouvoirs fournis par les bousiers sont estimés aux États-Unis à <a href="https://doi.org/10.1111/een.12240">380 millions USD</a> par an.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365856/original/file-20201027-24-1qtnru7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365856/original/file-20201027-24-1qtnru7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=535&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365856/original/file-20201027-24-1qtnru7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=535&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365856/original/file-20201027-24-1qtnru7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=535&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365856/original/file-20201027-24-1qtnru7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=673&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365856/original/file-20201027-24-1qtnru7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=673&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365856/original/file-20201027-24-1qtnru7.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=673&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le scarabée bousier utilise des pelotes sphériques de matière fécale comme nourriture et comme matériau de construction. Crédit : Pixabay.</span>
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<p>Les bousiers et les coléoptères en général ne sont qu’un petit composant de tous les insectes qui permettent le recyclage rapide et efficace des nutriments. D’autres insectes jouent ce rôle comme les termites, les fourmis, les mouches, les blattes et les collemboles.</p>
<h2>Ennemis des nuisibles</h2>
<p>La lutte biologique est un autre superpouvoir rendu par les insectes. Les super-héros mis en avant peuvent être des ennemis et antagonistes naturels et des agents de lutte biologique qui réduisent les populations de différents organismes nuisibles. Par exemple, de minuscules guêpes et mouches peuvent contrôler naturellement les ravageurs des cultures en pondant leurs œufs dans le corps des ravageurs.</p>
<p>Sans elles, celles-ci seraient dévastées et la dépendance aux produits agrochimiques, avec tous les coûts environnementaux et financiers associés, serait ruineuse. Pour ne prendre qu’un exemple, la guêpe <em>Cotesia flavipes</em> qui a été importée en Afrique de l’Est et australe pour lutter contre le foreur envahissant du maïs, le Lepidoptère <em>Chilo partellus</em>, dans les années 90, aurait sauvé les moyens de subsistance de plus de 130 000 agriculteurs ruraux de la région.</p>
<p>L’analyse coûts-avantages suggère que les avantages économiques sur une période de 20 ans de cette minuscule guêpe étaient de <a href="https://doi.org/10.1080/00379271.2006.10697487">183 millions USD</a> au Kenya et de <a href="https://doi.org/10.1016/j.agee.2016.05.026">39 millions USD</a> en Zambie. Un autre exemple, plus emblématique est le service rendu par les coccinelles dans nos cultures et jardins. Les coccinelles peuvent, par prédation, contrôler les invasions de pucerons.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365857/original/file-20201027-19-kguulx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365857/original/file-20201027-19-kguulx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365857/original/file-20201027-19-kguulx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365857/original/file-20201027-19-kguulx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365857/original/file-20201027-19-kguulx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365857/original/file-20201027-19-kguulx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365857/original/file-20201027-19-kguulx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Coccinelle ayant isolé des pucerons au bout de feuilles de rosiers, et s’apprêtant à en manger. Crédit : Wikipedia.</span>
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<p>Qu’ils soient pollinisateurs, agent de lutte biologique ou décomposeur, les insectes rendent des services écosystémiques inestimables en agriculture tout comme dans la nature et nos jardins. Ils fécondent de nombreuses espèces cultivées et contribuent au maintien de la biodiversité. Trop souvent, nous attendons que ces services se détériorent pour prendre conscience de leur importance. La conservation des insectes est devenue une question urgente. L’agriculture dans sa forme actuelle ne pourrait pas exister sans eux. </p>
<p>Chacun d’entre nous doit prendre conscience de l’importance des insectes dans notre monde moderne, et le mot « insecte » ne devrait pas être perçu comme négatif : <a href="https://www.ird.fr/les-insectes-au-secours-de-la-planete-une-exposition-de-lird">ces animaux ont des superpouvoirs</a> qui peuvent sauvegarder la capacité de nos systèmes agricoles à garantir notre sécurité alimentaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148956/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Les insectes, dont le nombre n'a cessé de décliner ces quarante dernières années, sont indispensables pour notre sécurité alimentaire et le maintien de la biodiversité.
Fabrice Requier, Chargé de recherche, Université Paris-Saclay
Olivier Dangles, Écologue, Institut de recherche pour le développement (IRD)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/148734
2020-11-13T15:55:11Z
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Ce que la vie amoureuse du châtaignier nous enseigne de l’agroécologie
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/365167/original/file-20201023-23-dx7bfe.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C5%2C1290%2C859&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les insectes et notamment les coléoptères (ici le téléphore fauve, à gauche, et une trichie commune), sont de bons pollinisateurs du châtaignier.</span> <span class="attribution"><span class="source">Rémy Petit</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Quoi de plus agréable en ce début d’automne que de savourer des fruits de saison ? Mieux encore, si on a la chance de disposer d’un jardin, pourquoi ne pas les produire soi-même ? Voici quelques leçons de botanique et d’écologie utiles pour s’assurer une belle récolte.</p>
<p>Posons-nous d’abord quelques questions simples : d’où vient le pollen fécondant les fleurs et comment est-il transporté ? Pour cela, prenons l’exemple du châtaignier, l’<a href="https://www.fayard.fr/sciences-humaines/terres-de-castanide-9782213017235">« arbre à pain »</a> de nos ancêtres. Magnifique, capable de vivre des centaines d’années et d’atteindre une circonférence de plus de 10 mètres, il a subvenu aux besoins essentiels des habitants de plusieurs régions d’Europe du Sud de la fin du Moyen Âge au XIX<sup>e</sup> siècle. Mais à compter de la révolution industrielle, produire sans labourer devient contraire au nouvel idéal de progrès, et un <a href="https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1984_num_39_6_283126">mauvais procès</a> est fait au châtaignier et à sa culture. Puis au mépris des vertus du châtaigner a succédé l’oubli.</p>
<p>Malgré l’arrivée de maladies et <a href="https://twitter.com/FR_Conversation/status/1082360615522525185">ravageurs exotiques</a> entraînant des dépérissements locaux, on assiste aujourd’hui à un <a href="https://www.invenio-fl.fr/chataigne">renouveau des châtaigneraies</a>, porté par des consommateurs en quête d’authenticité. Les producteurs de châtaignes, appelés castanéiculteurs, sont confrontés à une production hétérogène et ont décidé de soutenir des recherches sur la reproduction du châtaignier afin de faire évoluer sa culture par une meilleure compréhension des mécanismes écologiques sous-jacents.</p>
<p>Ces travaux nous serviront à illustrer <a href="https://www.inrae.fr/agroecologie">quelques enjeux de l’agroécologie</a>, la science appliquant les principes de l’écologie à l’agriculture. Des principes tout aussi valables pour votre jardin ou le parc voisin !</p>
<h2>Plantez plusieurs variétés d’une même espèce</h2>
<p>Les arbres fruitiers, comme toutes les plantes à fleurs, possèdent des étamines où sont produits les grains de pollen, et des pistils contenant les ovules et équipés pour capter les grains de pollen. La pollinisation correspond au transport du pollen émis par les étamines vers les stigmates, la partie réceptrice du pistil. À première vue, un arbre pourrait donc se débrouiller seul dès lors qu’il est à la fois mâle et femelle : c’est l’autofécondation. Mais <a href="https://www.annualreviews.org/doi/10.1146/annurev.ecolsys.37.091305.110215">chez la plupart des arbres</a>, celle-ci ne fonctionne pas ou très mal : le pollen émis doit obligatoirement rencontrer les stigmates portés par les fleurs d’un autre arbre.</p>
<p>Ainsi, notre châtaignier a besoin de pollen produit par d’autres arbres compatibles pour se reproduire et porter des fruits. Or la culture de cet arbre est basée sur des variétés, c’est-à-dire des arbres aux caractéristiques particulièrement intéressantes repérés puis multipliés à l’identique par greffage. Par exemple, dans le Périgord, les variétés les plus courantes sont appelées Marigoule et Bouche de Bétizac. Deux arbres d’une même variété étant génétiquement identiques, ils sont incompatibles. Il faut donc planter des arbres appartenant à des variétés différentes pour espérer récolter des fruits.</p>
<p>« J’ai la même variété que ma cousine, mais alors qu’elle récolte plein de fruits, j’ai des rendements catastrophiques ». Peut-être que le jardin de ma cousine est situé à côté d’un autre verger ou d’un bois de châtaigniers produisant du pollen compatible en abondance et lui assurant ainsi une belle récolte. Au contraire, si mon verger est isolé et ne compte qu’une seule variété de châtaignier, le rendement ne sera jamais au rendez-vous, quelle que soit la variété choisie. Mieux vaut donc dans tous les cas planter suffisamment de variétés dans un verger et au moins deux arbres différents si c’est pour un jardin !</p>
<h2>Offrez aux insectes le gîte et le couvert</h2>
<p>Il faut aussi se poser la question du transport du pollen d’une variété à une autre : par le vent ou par les insectes ? Confier son destin au vent est si aléatoire que les arbres ainsi pollinisés doivent nécessairement produire de grandes quantités de grains de pollen de petite taille. Cela devrait rendre facile l’identification du mode de pollinisation de ces plantes.</p>
<p>Dans le cas du châtaignier pourtant, la question est restée sans réponse des botanistes <a href="https://www.jstor.org/stable/pdf/4060307.pdf">depuis plus de 140 ans</a>. Il produit une quantité gigantesque de pollen (estimée à deux mille milliards de grains de pollen par hectare), ce qui a longtemps conduit certains à penser que le vent pourrait jouer un rôle dans sa reproduction. Mais comment interpréter la forte odeur suave de ses fleurs, si ce n’est pour attirer des insectes ? Les châtaigniers ne laissent d’ailleurs pas les abeilles indifférentes, comme vous le confirmeront tous les amateurs de miel de châtaignier !</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365168/original/file-20201023-13-k9qqf8.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Châtaignier couvert de fleurs dans un verger : l’extrême abondance de la production de pollen a longtemps été interprétée comme une preuve que cette espèce était pollinisée par le vent, mais si on empêche l’accès des fleurs aux insectes, très peu de fruits sont produits.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Rémy Petit</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Nos travaux indiquent que ce n’est pas le vent mais bien les insectes qui jouent un rôle essentiel dans la pollinisation du châtaignier. En plaçant autour des fleurs des filets conçus pour empêcher les insectes d’y accéder, nous avons montré que la production de châtaignes était divisée par cinq ou par dix. Il faut donc pouvoir bénéficier de l’aide des insectes pollinisateurs pour espérer récolter des châtaignes, mais lesquels ? Les abeilles ?</p>
<h2>Laissez les fleurs duper les coléoptères</h2>
<p>Les fleurs mâles du châtaignier produisent d’énormes quantités de pollen très nutritif ainsi que du nectar.</p>
<p>Les fleurs femelles n’offrent pas de récompense aux insectes mais ont l’apparence des fleurs mâles, ce qui augmente leurs chances d’être visitées par erreur et fécondées. Tous les insectes ne sont pas dupes du stratagème : les abeilles par exemple tirent profit de l’abondance du pollen des fleurs mâles sans pour autant rendre visite aux fleurs femelles.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365170/original/file-20201023-19-pc521s.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Quand les fleurs femelles imitent les fleurs mâles. Portion de chaton de châtaignier, comportant une inflorescence femelle à la base dont les extrémités réceptrices blanchâtres et allongées (cf. cercle pointillé de gauche) ressemblent aux étamines des fleurs mâles qui produisent à leur extrémité des grains de pollen (cercle pointillé de droite).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Rémy Petit</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>À l’inverse, d’autres insectes tombent dans le panneau : c’est le cas des coléoptères, cette famille très ancienne et très diversifiée dont font partie les scarabées, coccinelles et autres hannetons. Recouverts du pollen abondant et collant d’un autre châtaignier visité plus tôt, ils sont victimes de l’illusion. Espérant à tort trouver une récompense chez les fleurs femelles, ils assurent ainsi la production des fruits.</p>
<p>Pour augmenter le rendement dans les vergers, il est donc inutile d’y installer des souffleries en espérant favoriser la pollinisation par le vent, ou même d’y multiplier le nombre de ruches. Il convient plutôt de rendre le verger et ses abords accueillants aux insectes sauvages, en leur assurant toute l’année le gîte et le couvert.</p>
<p>Nos recherches sur cet arbre confortent ainsi trois messages plus généraux de l’agroécologie.</p>
<p>En premier lieu, maintenir une diversité génétique suffisante de l’espèce cultivée est déterminant. C’est vrai à court terme, pour assurer la reproduction croisée, mais aussi à plus long terme, pour assurer la stabilité de la production dans un contexte marqué par des changements environnementaux très rapides et drastiques.</p>
<p>En deuxième lieu, maintenir une diversité d’espèces d’insectes associées et souvent auxiliaires des cultures est également crucial. En particulier, les populations d’insectes sauvages assurant la pollinisation doivent absolument être préservées. Pour les châtaigniers, il n’y a pas d’alternative possible !</p>
<p>Enfin, troisième message, en agriculture, mieux vaut chercher à comprendre ce qui se passe plutôt que de se fier à sa seule expérience. C’est la clé pour apporter des réponses adaptées quand les circonstances changent : là réside toute la beauté de la science et l’art véritable du paysan… ou du jardinier du dimanche.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148734/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Clément Larue a reçu des financements de l'ANRt et de la région Nouvelle-Aquitaine pour le financement de sa thèse CIFRE.
Cette thèse CIFRE est un partenariat entre une entreprise, Invenio, et une unité mixte de recherche, Biogeco. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Rémy Petit ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Voici quelques leçons tirées de la reproduction du châtaignier pour planter des arbres et recevoir des fruits en abondance.
Clément Larue, Doctorant en écologie et évolution - Thèse CIFRE Biogeco & Invenio, Université de Bordeaux
Rémy Petit, Docteur en écologie et évolution, Inrae
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/143020
2020-11-12T21:52:16Z
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L’espace pour tous… ou seulement pour quelques-uns ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/360333/original/file-20200928-22-vyyzu4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=18%2C134%2C2048%2C1207&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Explorer l’espace ou l’exploiter ? L’atterrissage de la capsule du _New Shepard_, une fusée privée.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/nasafo/47085559171/in/photostream/">NASA / Fickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=243&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=243&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=243&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=305&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=305&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=305&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la prochaine Fête de la science qui aura lieu du 2 au 12 octobre prochain en métropole et du 6 au 16 novembre en outremer et à l’international et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « Planète Nature ? ».</em></p>
<p><em>Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Il y a 60 ans, le président américain John F. Kennedy justifiait d’engager son pays dans la course à la Lune « non pas parce que c’est facile, mais parce que c’est difficile ». À cette raison morale, s’ajoutaient évidemment d’autres enjeux, plus politiques : sortir « par le haut » d’une tension diplomatique extrême entre son pays et l’Union soviétique ; prouver que les États-Unis possédaient le leadership dans un domaine technologique hautement stratégique.</p>
<p>Aujourd’hui, les motifs pour une nation ou une entreprise de s’engager dans un programme spatial ont changé : il est question d’utiliser l’espace « au profit de l’humanité » ou d’en explorer le voisinage le plus proche le plus proche de la Terre ; des raisons qui suscitent l’enthousiasme, mais aussi les critiques.</p>
<h2>Les deux faces de l’espace</h2>
<p>L’utilité des armadas de satellites qui tournent au-dessus de nos têtes n’est plus à prouver : de nos communications à nos déplacements en passant par nos prévisions météorologiques, nous dépendons très étroitement de ces fidèles compagnons, tout comme en dépendent nos systèmes économiques, énergétiques ou encore de défense. Si la multiplication de ces objets spatiaux et des <a href="https://theconversation.com/pollution-dans-lespace-et-si-on-taxait-144744">débris qu’ils génèrent</a> peut être inquiétante, leur raison d’être n’est fondamentalement plus discutable. Les activités spatiales « tournées vers la Terre », comme la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9l%C3%A9d%C3%A9tection">télédétection</a> et la météorologie, les télécommunications et la géolocalisation, sont devenues une évidence à gérer, en même temps qu’une responsabilité à assumer.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/-LL1MBpTN4w?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Les débris en orbite autour de la Terre.</span></figcaption>
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<p>En revanche, celles qui s’intéressent à l’espace lointain, à l’exploration de la Lune, de Mars et du système solaire, voire à l’exploitation des ressources que pourraient contenir ces corps célestes sont désormais l’objet de critiques à la hauteur de l’enthousiasme qu’elles ont suscité par le passé et continuent à susciter.</p>
<h2>Une ruée vers l’espace</h2>
<p>Cette direction des activités spatiales profite de l’émergence et du succès d’entreprises privées dont SpaceX, Blue Origin ou Virgin Galactic sont les plus médiatiques. Après de nombreuses tentatives qui se sont soldées par des échecs, il a fallu attendre la fin des années 2000, un « coup de pouce » de la part de l’administration américaine et les gains astronomiques réalisés par les GAFAM pour que le secteur privé prenne vraiment pied dans le domaine spatial.</p>
<p>Elon Musk, Jeff Bezos et Richard Branson sont ainsi devenus les icônes du <a href="https://www.cnrseditions.fr/catalogue/physique-et-astrophysique/le-nouvel-age-spatial/">« NewSpace »</a>, de ce nouvel intérêt pour l’espace, avec un commun leitmotiv : celui de rendre l’espace accessible à un plus grand nombre de Terriens. Qu’il s’agisse de développer le <a href="https://theconversation.com/tourisme-spatial-quand-les-plaisirs-de-quelques-uns-polluent-la-planete-de-tous-146552">tourisme spatial</a>, d’envisager la colonisation de Mars, d’installer les industries polluantes dans l’espace pour réserver la Terre au séjour des humains, d’exploiter les <a href="https://theconversation.com/a-qui-appartiennent-mars-la-lune-et-leurs-ressources-naturelles-141406">ressources minières de la Lune et des astéroïdes</a>, les acteurs du NewSpace ne manquent pas d’idées pour donner à l’entreprise spatiale un nouvel élan.</p>
<p>Et l’accueil réservé à leurs projets comme à leurs premières réalisations est à la hauteur de leurs ambitions : la <a href="https://www.france24.com/fr/20151222-spacex-lanceur-fusee-blue-origins-musk-bezos-course-espace">course entre SpaceX et Blue Origin</a> pour mettre au point la première fusée réutilisable, l’<a href="https://www.sciencesetavenir.fr/espace/question-de-la-semaine-ou-se-trouve-la-tesla-envoyee-par-elon-musk-dans-l-espace_138527">envoi de la Tesla d’Elon Musk</a> avec un mannequin à son bord et au son de la musique de David Bowie, le <a href="https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/05/30/spacex-apres-un-report-mercredi-le-decollage-de-la-capsule-spatiale-confirme-pour-samedi-soir_6041289_1650684.html">vol de la première capsule spatiale américaine</a> depuis la fin du programme des navettes sont les étapes les plus marquantes de l’écriture d’un nouveau chapitre de l’odyssée de l’espace, suivi par de jeunes aficionados enthousiastes.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360331/original/file-20200928-20-7245lg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360331/original/file-20200928-20-7245lg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360331/original/file-20200928-20-7245lg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360331/original/file-20200928-20-7245lg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360331/original/file-20200928-20-7245lg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360331/original/file-20200928-20-7245lg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360331/original/file-20200928-20-7245lg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le booster de la fusée réutilisable New Shepard, de la compagnie Blue Origin.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/nasafo/32143859417/in/photostream/">NASA/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
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<p>Les agences spatiales « traditionnelles » profitent de ce regain d’intérêt pour l’espace : les missions d’exploration du système solaire ou celles de la station spatiale internationale font à nouveau la une des médias.</p>
<h2>Dénigrement</h2>
<p>Dans le même temps, l’espace fait l’objet de discours de dénigrement, de <em>bashing</em> écrivent les anglophones. Ce n’est pas nouveau : déjà en juillet 1969, quelques heures avant le lancement de la mission Apollo 11, des activistes menés par le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ralph_Abernathy">pasteur Ralph Abernathy</a>, un ami de Martin Luther King, avaient protesté contre le coût du programme lunaire américain évalué à l’époque à plus de 25 milliards de dollars (l’équivalent de 200 à 240 milliards de dollars actuels). Les tracts qu’ils distribuaient à la foule des curieux et des touristes étaient éloquents : ils montraient la misère des minorités aux États-Unis, le peu de progrès de la lutte contre l’inégalité raciale, alors que la course à la Lune, à l’espace et, pourquoi pas demain, vers Mars drainait déjà d’exorbitants budgets.</p>
<p>Aujourd’hui, les arguments du dénigrement des activités spatiales n’ont guère changé ; à leur coût et à l’oubli des affaires terriennes s’ajoutent le souci de l’environnement de la Terre et la pollution des orbites autour d’elle. Il est temps, <a href="https://usbeketrica.com/fr/article/tourisme-spatial-s-envoyer-betement-en-l-air-n-est-pas-ethique">expliquent ces opposants</a>, de revenir sur Terre, d’oublier les rêves de fuir une planète épuisée, saccagée pour rejoindre des paradis célestes et artificiels. Plus concrètement, estiment-ils, il est temps de poser un moratoire sur le tourisme spatial ou la conquête de Mars.</p>
<h2>Le risque est de confondre exploration et conquête, observation scientifique et colonisation</h2>
<p>Le dénigrement n’est pas un acte anodin : au-delà de la critique, il sous-entend l’acte de noircir une réputation, de rabaisser, de calomnier une personne, une institution, une activité. Était-ce la volonté d’Abernathy en 1969 ? Est-ce celle de ses héritiers modernes ? Rien n’est vraiment sûr. À l’époque, le militant américain avait finalement ordonné le retrait des manifestants, comme pour reconnaître être dépassé par l’enjeu de l’exploration de la Lune.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/starlink-les-dommages-collateraux-de-la-flotte-de-satellites-delon-musk-135330">Starlink : les dommages collatéraux de la flotte de satellites d’Elon Musk</a>
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<p>Tels sont de fait l’enjeu et l’intérêt de l’actuel mouvement qui pourrait être qualifié, sans doute trop facilement, de « space bashing ». Nous devons examiner, analyser la signification de l’entreprise spatiale, débutée avec le lancement de <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/espace/il-y-a-60-ans-spoutnik-le-tout-premier-satellite-se-desintegrait-dans-l-atmosphere_119601">Spoutnik</a> en 1957, de ses apports scientifiques et techniques, économiques et politiques.</p>
<p>Mais aussi prendre la mesure de ses ambiguïtés : à bien regarder les projets du NewSpace ou ceux des agences spatiales, le risque n’est-il pas constant de confondre exploration et conquête, observation scientifique et tourisme ou colonisation ?</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360322/original/file-20200928-22-133e6sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360322/original/file-20200928-22-133e6sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360322/original/file-20200928-22-133e6sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360322/original/file-20200928-22-133e6sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360322/original/file-20200928-22-133e6sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360322/original/file-20200928-22-133e6sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360322/original/file-20200928-22-133e6sn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue d’artiste de la mission Gaia, de l’ESA, qui doit cartographier la Voie Lactée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.esa.int/var/esa/storage/images/esa_multimedia/images/2004/05/gaia_mapping_the_stars_of_the_milky_way/10200416-8-eng-GB/Gaia_mapping_the_stars_of_the_Milky_Way_pillars.jpg">ESA</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Il y a 50 ans, en déclarant l’espace <a href="https://theconversation.com/a-qui-appartiennent-mars-la-lune-et-leurs-ressources-naturelles-141406">bien commun de l’humanité et les corps célestes son patrimoine</a>, le droit spatial n’a pas ouvert l’espace aux activités débridées des Terriens les plus entreprenants ou les plus riches. Il a plutôt, et d’une manière presque prophétique, reconnu et instauré l’idée d’une commune responsabilité vis-à-vis de ce qui reste d’abord la réalisation d’un des plus beaux rêves de l’humanité : celui de s’arracher à la gravité terrestre, de s’approcher des étoiles. Ne dénigrons pas trop vite ce qui a pu nous élever ; demandons-nous plutôt comment poursuivre ce rêve, tout en respectant la communauté humaine à laquelle nous appartenons, la Terre de laquelle dépend notre survie.</p>
<p>Qu’il s’agisse de l’explorer ou de l’exploiter, l’espace se trouve aujourd’hui à la croisée de deux chemins : celui d’une responsabilité commune et partagée et celui d’un individualisme débridé et profiteur. Le choix de la route à emprunter nous appartient ; il n’est pas aisé à faire. Mais, à bien y réfléchir, n’est-il pas celui que nous devrons aussi accomplir pour notre planète Terre ?</p>
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<p><em>Nous proposons cet article dans le cadre du Forum mondial Normandie pour la Paix organisé par la Région Normandie les 23 et 24 septembre 2022 et dont The Conversation France est partenaire. Pour en savoir plus, visiter le site du <a href="https://normandiepourlapaix.fr/">Forum mondial Normandie pour la Paix</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/143020/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jacques Arnould ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
La conquête de l’espace se renouvelle, et nous sommes à la croisée de deux chemins : celui d’une responsabilité commune et partagée et celui d’un individualisme débridé et profiteur.
Jacques Arnould, Expert éthique, Centre national d’études spatiales (CNES)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/143511
2020-11-11T17:31:32Z
2020-11-11T17:31:32Z
Comment l’école peut-elle devenir actrice de la justice alimentaire ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/364257/original/file-20201019-21-6996bl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C5176%2C3437&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dégustation de fraises avec l’Association Santé Goût Terroir </span> <span class="attribution"><span class="source">Frédéric Vivien, Réseau Marguerite, 2018</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>De nombreuses initiatives montrent que l’école, au sens large, est devenue un acteur central de <a href="https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02165368/document">l’éducation à l’alimentation</a> des enfants et adolescents. Comme d’autres <a href="https://journals.openedition.org/edso/875">« questions socialement vives »</a>, l’alimentation est au cœur de controverses croissantes (bien-être animal, usage des pesticides, parmi d’autres) qui exigent de sortir du débat d’opinions.</p>
<p>Longtemps réduite à sa dimension nutritionnelle, l’alimentation à l’école aborde désormais toutes les composantes du système agroalimentaire (production, transport, transformation, distribution, consommation, gestion des déchets) et l’intégralité du fait alimentaire en termes économiques, sociaux, culturels et écologiques. Toutefois, malgré les ambitions affichées, elle peine à répondre aux problématiques rencontrées par les élèves au quotidien et aux inégalités d’accès des territoires à une alimentation saine et durable.</p>
<p>Comment proposer une éducation susceptible de transformer positivement les territoires au-delà du périmètre de la salle de classe et de la cantine, ainsi que les pratiques alimentaires de leurs habitants ? La question revêt une importance particulière dans les espaces les plus défavorisés où les injustices alimentaires sont nombreuses, appelant des politiques publiques ambitieuses.</p>
<h2>Créer du lien</h2>
<p>Plusieurs limites de l’éducation à l’alimentation à l’école apparaissent. Tout d’abord, il existe parfois une rupture entre les messages délivrés et l’alimentation disponible localement pour les élèves et leurs familles.</p>
<p>Encourager des pratiques de consommation liées à l’agriculture biologique, aux circuits courts ou à la saisonnalité auprès des élèves est difficile à soutenir quand cette offre n’est pas accessible, ni géographiquement ni financièrement. Pire, selon la sociologue <a href="https://www.persee.fr/doc/caf_2431-4501_2018_num_129_1_3321">Aurélie Maurice</a>, la dichotomie entre les normes du « bien manger » diffusées par l’école et la réalité de l’alimentation des familles suscite souvent chez les élèves de milieux défavorisés, au mieux de l’indifférence, au pire du rejet.</p>
<p>De plus, le modèle éducatif dominant s’axe autour de la responsabilité de l’individu dans <a href="https://www.cairn.info/revue-sciences-sociales-et-sante-2018-3-page-93.htm?contenu=resume">ses choix alimentaires</a>, choix qui résultent de dynamiques internationales sur lesquelles les jeunes estiment avoir peu de contrôle. Ces limites nourrissent des situations d’impuissance chez les élèves, sans proposer d’évolution possible.</p>
<p>La justice « agri-alimentaire » désigne un processus de reconnexion de l’ensemble des acteurs, des activités et des espaces des systèmes alimentaires afin de rendre ces derniers plus inclusifs, en soulignant <a href="https://www.springer.com/journal/41130/updates/18332176">l’interdépendance à l’agriculture</a>. Issu des mouvements « grassroots » et activistes dans les <a href="https://journals.openedition.org/vertigo/12686">quartiers urbains défavorisés</a> aux États-Unis, le mouvement pour la justice alimentaire fait une large place aux initiatives éducatives.</p>
<p>Dans la lignée de ces travaux, l’éducation « agri-alimentaire » encourage la mise en relation d’acteurs qui souvent ne se connaissent pas, s’ignorent, sont nourris de préjugés : les adolescents urbains, d’un côté, les agriculteurs et autres acteurs des systèmes alimentaires, de l’autre. L’hypothèse est la suivante : c’est avec l’expérience du lien que les situations d’injustice alimentaire peuvent évoluer. L’expression est proposée par le <a href="https://reseaumarguerite.org/">Réseau Marguerite</a>, porté en région lyonnaise par des enseignants de secondaire et des chercheurs.</p>
<p>Réflexions, activités, rencontres, encouragent les élèves à être forces de proposition sur des actions concrètes qui favorisent le lien et, ainsi, la justice agri-alimentaire dans leur espace proche. Nous proposons ici quelques exemples déployés en collège, un niveau souvent délaissé en éducation à l’alimentation au profit de l’école primaire.</p>
<h2>Connaître son environnement agricole et alimentaire</h2>
<p>Face à l’inadéquation entre certaines propositions d’éducation alimentaire et les besoins du territoire d’implantation, faire un diagnostic de l’environnement alimentaire scolaire est une étape clé de l’éducation agri-alimentaire. On suggère pour ce faire l’emploi de la <a href="https://visionscarto.net/cartographie-sensible">cartographie sensible</a>, qui représente un espace vécu.</p>
<p>Au niveau cinquième, dans deux collèges de la région lyonnaise et à l’étranger (Mexico), les élèves déambulent dans l’établissement, un stylo à la main, et prennent en note tous les éléments (matériels, immatériels, discursifs) en lien avec l’alimentation. Réfectoire, poubelles, mais aussi odeurs, affiches, emballages, souvenirs… sont reportés sur une feuille et construisent la carte sensible.</p>
<p>Ces cartes illustrent la diversité des expériences que font les élèves autour de l’alimentation au collège. Applicable au territoire proche, la méthodologie suscite des activités inspirées des problématiques alimentaires des adolescents, du collège, du quartier, de leur famille. Les cartes tissent une base de discussion fertile avec les décideurs locaux sur le type d’offre alimentaire à déployer. Un monde s’élargit au-delà des habituels potagers scolaires – sans rien enlever à leur intérêt.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/364264/original/file-20201019-13-1l16lhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/364264/original/file-20201019-13-1l16lhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/364264/original/file-20201019-13-1l16lhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/364264/original/file-20201019-13-1l16lhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/364264/original/file-20201019-13-1l16lhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/364264/original/file-20201019-13-1l16lhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/364264/original/file-20201019-13-1l16lhd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les élèves réalisent une carte sensible à partir de leurs observations de l’environnement alimentaire de leur collège.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alexandra Pech</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Plusieurs propositions créent la rencontre entre les collégiens et les différents métiers et lieux de l’agriculture et de l’alimentation. L’organisation d’un <a href="https://www.youtube.com/watch?v=oAFzdjI5Z-o">concours de cuisine</a> inter-collèges à Vénissieux, en partenariat avec <a href="https://vrac-asso.org/">l’association VRAC</a>, a été l’occasion de rencontrer des horticulteurs, maraîchers, chefs étoilés, journalistes gastronomiques et de visiter des lieux aussi divers qu’une exploitation agricole ou l’Institut Paul Bocuse.</p>
<p>La création d’un <a href="https://vimeo.com/461842349">forum des agriculteurs</a> dans un collège de l’Ain a montré la diversité du bassin agricole proche. Le développement d’une méthodologie pour ouvrir une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) en collège implanté dans un quartier politique de la ville encourage la <a href="https://projetsdepaysage.fr/fr/les_marges_sociales_et_les_franges_agricoles_se_tournent_elles_le_dos_">venue de producteurs</a> dans ce « vide alimentaire » déconnecté de son agriculture locale.</p>
<p>L’élaboration d’ateliers de cuisine avec les résidents de la maison de retraite de Villeurbanne, avec l’association <a href="https://www.sante-gout-terroir.com/post/a-la-recherche-des-savoir-faire-oubli%C3%A9s-au-service-d-une-meilleure-alimentation">Santé Goût Terroir</a>, fait découvrir les terroirs locaux et les savoirs anciens. Voilà donc autant d’actions qui ouvrent la salle de classe aux réalités locales des uns et des autres, en rupture avec les clichés.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/364260/original/file-20201019-19-142laf3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/364260/original/file-20201019-19-142laf3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/364260/original/file-20201019-19-142laf3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/364260/original/file-20201019-19-142laf3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/364260/original/file-20201019-19-142laf3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/364260/original/file-20201019-19-142laf3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/364260/original/file-20201019-19-142laf3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dernières retouches lors du concours de cuisine inter-collèges Véni’Chefs dans la cantine du collège Paul Éluard, à Vénissieux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Frédéric Vivien, Réseau Marguerite, 2018</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>L’impuissance des consommateurs face aux industries agroalimentaires crée une forme de découragement. La dénonciation frontale des phénomènes est peu opératoire : qui ne connaît pas les méfaits des sodas ? Pourquoi les pratiques ne suivent-elles pas ? L’école est un espace pour questionner les choix, qui tiennent aussi à l’offre disponible et aux manipulations publicitaires.</p>
<p>Une équipe a emmené les élèves dans la démarche d’enquête « Sugar Killer » sur les dangers du sucre et du marketing à Vaulx-en-Velin, autour de l’artiste Thierry Boutonnier. Après avoir décodé les étiquettes nutritionnelles de produits les plus consommés (sodas, chips), les élèves ont contacté les services consommateurs pour percer l’opacité des informations et se heurtent au manque de clarté des industriels. Ils ont organisé alors une table ronde publique avec des représentants des marques, une scientifique et un représentant politique et les interpellent sur les manquements des industriels.</p>
<p>Tout en étant confrontés à leur maigre pouvoir de consommateurs, ils ont pu participer à une démarche citoyenne où ils se construisent un positionnement – l’effort collectif des adultes étant de ne jamais dénoncer ouvertement.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/364265/original/file-20201019-15-1gwlc81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/364265/original/file-20201019-15-1gwlc81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/364265/original/file-20201019-15-1gwlc81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/364265/original/file-20201019-15-1gwlc81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/364265/original/file-20201019-15-1gwlc81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/364265/original/file-20201019-15-1gwlc81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/364265/original/file-20201019-15-1gwlc81.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Dans le cadre de l’enquête Sugar Killer, des élèves de 5ᵉ de Vaulx-en-Velin rencontrent Martine Cador, chercheuse (CNRS) en neuropsychopharmacologie spécialiste de l’addiction au sucre chez les adolescents, aux Halles du Faubourg (Lyon).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Adrien Pinon</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ces propositions illustrent la diversité des initiatives que peut recouper l’éducation à l’alimentation à l’école. Dans un moment où dominent les potagers et actions en restauration scolaire, l’éducation agri-alimentaire invite à la créativité. Une gageure pour une meilleure appréhension des systèmes alimentaires, mais surtout pour des expériences moins normatives et plus inspirées des problématiques et possibilités des enseignants, élèves, établissements.</p>
<p>Il est difficile d’évaluer l’impact à court terme de ces actions dans des territoires traversés par l’injustice alimentaire. Néanmoins, on peut affirmer qu’elles sortent l’éducation à l’alimentation d’un discours directif (« il faut manger ceci ou cela ») et encouragent le débat d’idées, l’esprit critique, et, surtout, le plaisir d’apprendre. Une étape qui n’est pas sans rappeler le plaisir que l’alimentation peut aussi représenter et que les controverses actuelles tendent à inquiéter.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/143511/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandra Pech a reçu des financements de l'Ecole urbaine de Lyon.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Julie Le Gall est co-fondatrice et experte scientifique pour le Réseau Marguerite, Cultivons ensemble un monde plus juste (association loi 1901), chercheure au laboratoire Environnement Ville Société jusqu'en 2018, associée au CEMCA (Mexico) depuis 2018. Les résultats présentés dans cet article sont le fruit de recherches financées par le Programme national pour l'Alimentation, Ministère de l'Agriculture, DRAAF Auvergne Rhône Alpes, en 2016 et 2019 ; le Plan d'éducation au développement durable de la Métropole de Lyon depuis 2016 ; l'École urbaine de Lyon (PIA 2017) depuis 2017. Les financements ont été obtenus entre 2014 et 2018 au nom du laboratoire Environnement Ville Société et depuis 2018 au nom du Réseau Marguerite et du CEMCA (México).</span></em></p>
Il peut exister une rupture entre les normes du « bien manger » diffusées par l’école et l’alimentation réellement accessible aux élèves, financièrement ou géographiquement. Comment la surmonter ?
Alexandra Pech, Doctorante en géographie et anthropologie, ENS de Lyon
Julie Le Gall, Enseignante-chercheure en géographie - sciences sociales. En détachement., ENS de Lyon
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/145049
2020-11-11T17:31:30Z
2020-11-11T17:31:30Z
Photographier les ruines pour (re)penser l’anthropocène
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/365812/original/file-20201027-22-1sbsilx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C8%2C1994%2C1574&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Yves Marchand et Romain Meffre, « William Livingstone House », photo tirée de la série « The Ruins of Detroit », 2006. </span> <span class="attribution"><span class="source">Avec l'aimable autorisation d'Yves Marchand et Romain Meffre</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>L’artiste américain Robert Smithson, représentant du <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-d-etudes-americaines-2002-3-page-65.htm">Land Art</a> dans les années 1960, remettait en question dans ses œuvres l’opposition de l’homme à la nature. Il créait des sculptures in situ, dans des déserts ou d’anciennes carrières, mais écrivait aussi des textes qu’il accompagnait de photographies. Il a ainsi accompli une promenade photographique dans la banlieue fade et délabrée de Passaic, sa ville natale du New Jersey, qu’il a commentée dans le texte <a href="https://holtsmithsonfoundation.org/monuments-passaic-new-jersey">« The Monuments of Passaic »</a>, à l’origine publié avec des images dans la revue <em>Artforum</em> en 1967.</p>
<p>Les édifices capturés avec un <a href="http://journals.openedition.org/etudesphotographiques/1292">appareil Kodak assez médiocre</a> sont, selon ses termes, des « ruines à l’envers », puisqu’ils succombent à une obsolescence rapide, tombant presque en ruine avant d’avoir fini d’être construits. Les <a href="https://holtsmithsonfoundation.org/monuments-passaic">images réalisées par Smithson</a> de ces piètres constructions renversent une vision héritée du romantisme qui exaltait la majesté des vestiges.</p>
<p>À rebours, des photographes contemporains tels que le duo français <a href="http://www.marchandmeffre.com/">Yves Marchand et Romain Meffre</a> réactivent un imaginaire romantique en donnant dans leurs représentations un aspect spectaculaire et pittoresque à des friches industrielles, des théâtres ou des habitations récemment abandonnés. En même temps, puisque les édifices photographiés ne sont pas anciens, leurs images convoquent une esthétique de la catastrophe : la ruine des structures ou, à tout le moins, leur abandon semble avoir été causée par un événement soudain.</p>
<h2>Exploration urbaine</h2>
<p>Le travail des deux photographes rencontre un véritable succès et peut être associé à la mode, en pleine expansion, de l’ <a href="https://id.erudit.org/iderudit/1038860ar">« exploration urbaine »</a> ou « urbex » (de l’anglais urban exploration). Cette pratique consiste à visiter des lieux désaffectés, difficiles d’accès ou interdits, puis à en partager les images sur Internet. Les « urbexeurs » mettent en ligne des clichés rendant compte de leurs excursions dans les friches du paysage urbain quotidien, mais aussi des prises de vue de lieux plus caractéristiques comme la zone d’exclusion de Tchernobyl, figée depuis la catastrophe nucléaire, ou la ville de Détroit, célèbre pour le nombre de ses ruines apparues suite au déclin principalement déclenché par la crise économique et les tensions raciales. Yves Marchand et Romain Meffre ont consacré un <a href="http://www.marchandmeffre.com/detroit">projet</a> (ayant abouti à une <a href="https://steidl.de/Books/Detroit-vestige-du-reve-americain-2432355556.html">publication</a>) aux vestiges de la cité américaine.</p>
<p>La mise en perspective des travaux – séparés de plus d’un demi-siècle – de Robert Smithson et d’Yves Marchand et Romain Meffre s’avère féconde pour penser l’<a href="https://www.cairn.info/revue-ecologie-et-politique1-2007-1-page-141.htm">anthropocène</a>, permettant de considérer ces nouvelles formes de ruines, dont la dégradation est rapide, comme des manifestations de l’<a href="https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/physique-entropie-3895/">entropie</a>. Ces œuvres interrogent aussi le rapport de l’homme à la nature, dans une société post-industrielle où <a href="https://journals.openedition.org/lectures/2619">l’accélération des cycles de renouvellement et du rythme de vie prédomine</a>.</p>
<h2>Donner à voir l’entropie</h2>
<p>Les prises de vue des « ruines à l’envers » de Passaic illustrent le concept d’entropie qui préside à l’ensemble du travail de Robert Smithson. Cette notion, empruntée à la thermodynamique, caractérise, dans un système clos, l’irréversibilité des transformations ainsi qu’une tendance naturelle au désordre.</p>
<p>Le mathématicien et économiste <a href="http://classiques.uqac.ca/contemporains/georgescu_roegen_nicolas/decroissance/decroissance.html">Nicholas Georgescu-Roegen</a>, auquel Robert Smithson se réfère, se sert de ce terme pour expliquer le problème de la crise énergétique : l’énergie disponible (dite de basse entropie) s’amenuise. Les activités humaines précipitent sa transformation en déchets inutilisables (énergie de haute entropie). Dans l’œuvre <em>The Monuments of Passaic</em>, l’entropie est incarnée par l’obsolescence accélérée des constructions qui, à peine achevées, se délabrent inéluctablement. Selon Robert Smithson, la photographie permet de rendre ce processus visible.</p>
<p>Bien que les bâtiments que photographient Yves Marchand et Romain Meffre à Detroit diffèrent des constructions enregistrées par Smithson, les images du duo évoquent également un processus de déréliction. Leurs clichés paraissent en effet fixer le cours de l’effondrement des structures dont l’ampleur sidère. Ils invitent à réfléchir sur la chute d’un système économique, sur le coût énergétique dépensé pour construire ces bâtiments démesurés, désormais inutiles et qu’il faudra raser puis déblayer, au prix d’une nouvelle consommation d’énergie et d’une production de déchets, accroissant encore l’entropie.</p>
<p>Les prises de vue de l’intérieur des édifices donnent à voir des pièces où subsistent de nombreux objets abandonnés qui se décomposent progressivement. Comme les travaux de Robert Smithson, les photographies d’Yves Marchand et Romain Meffre interrogent le devenir des productions humaines qui répondent à une logique de consommation massive et du « tout jetable » ainsi que la pollution et l’altération de l’environnement qui caractérisent l’anthropocène : cette nouvelle époque dans laquelle nous serions entrés depuis que l’homme est devenu un des acteurs majeurs de la transformation des territoires, rivalisant avec les puissances géologiques.</p>
<h2>La dialectique de l’homme et de la nature</h2>
<p>Les photographies d’Yves Marchand et Romain Meffre montrent d’immenses structures en désuétude, dans lesquelles la végétation s’insinue avec vigueur. L’usage d’un objectif grand-angle accentue les lignes de fuite, augmentant l’impression de démesure et de vacuité des espaces arpentés. Les vestiges semblent se tenir dans un futur catastrophique où l’homme aurait disparu.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365813/original/file-20201027-24-1v8cghq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365813/original/file-20201027-24-1v8cghq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=476&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365813/original/file-20201027-24-1v8cghq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=476&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365813/original/file-20201027-24-1v8cghq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=476&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365813/original/file-20201027-24-1v8cghq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=598&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365813/original/file-20201027-24-1v8cghq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=598&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365813/original/file-20201027-24-1v8cghq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=598&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Yves Marchand et Romain Meffre, Boiler Room, Sorrento Power Station, Rosario, Argentina, 2014.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Avec l’aimable autorisation d’Yves Marchand et Romain Meffre</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>Cette temporalité post-apocalyptique convoquée par les images renvoie à la hantise généralisée d’un écroulement prochain, dont la cause pourrait être écologique. En effet, depuis maintenant un demi-siècle, se multiplient les bouleversements environnementaux et se succèdent les alertes des scientifiques, alimentant les discours <a href="https://www.futura-sciences.com/planete/definitions/climatologie-collapsologie-18034/">collapsologiques</a>. La nature semble « reprendre ses droits » – selon une formule galvaudée – sur les artefacts, dans un monde où l’homme se serait autodétruit.</p>
<p>Mais quels sont les « droits » de la nature ? Ce terme rend mal compte du rapport de l’homme à son environnement et aux manifestations des éléments. Qui plus est, l’être humain ne fait-il pas lui-même partie de la nature ? Robert Smithson critique l’opposition catégorique qui est traditionnellement opérée entre l’homme et la nature. Il perçoit davantage la relation entre ces deux termes de manière dialectique. Il est donc intéressant de mettre en perspective la réflexion développée par l’artiste, dans ses réalisations plastiques et dans ses textes, d’une part avec les photographies de ruines actuelles, d’autre part avec les débats que suscite la notion d’anthropocène, très présente aujourd’hui.</p>
<h2>Penser « l’anthropocène »</h2>
<p>Le refus d’une séparation absolue entre l’homme et la nature questionne en effet les usages qui sont faits du terme d’« anthropocène ». Déclarer que nous sommes entrés dans une nouvelle époque géologique portant le nom de l’homme peut sembler <a href="https://theconversation.com/anthropocene-lhumanite-merite-t-elle-une-epoque-a-son-nom-123030">réaffirmer l’antagonisme entre l’Homo sapiens et le reste du vivant</a>. D’un autre côté, un emploi critique du terme peut pointer le penchant proprement occidental à vouloir opposer l’homme à la nature, et travaille à faire entrer les sciences de l’homme dans le champ des sciences du vivant. Les œuvres que nous étudions ici conduisent à repenser le débat sur l’anthropocène, suggérant qu’il pourrait déboucher sur la prise en compte d’une réciprocité entre nature et humanité, toutes deux insérées dans une même évolution combinée, sans que l’une ne prenne le pas sur l’autre.</p>
<p>En outre, Robert Smithson, conscient que l’industrie fait vivre les hommes, dénonçait l’hypocrisie des écologistes de son temps qui en condamnaient toute forme. Effectivement, mieux vaut tenter de trouver une sorte de compromis entre « l’écologiste idéaliste » et « l’exploitant minier en quête de profit », comme il le suggère dans un entretien avec Alison Sky « Entropy made visible » [L’entropie rendue visible], retranscrit dans <a href="https://monoskop.org/images/a/ad/Smithson_Robert_The_Collected_Writings.pdf"><em>Robert Smithson : The Collected Writings</em></a>. Or c’est l’<a href="http://journals.openedition.org/marges/297">art qui peut, selon Robert Smithson, assurer la médiation entre écologie et industrie</a>.</p>
<p>Les représentations post-apocalyptiques peuvent nourrir une prise de conscience en insistant sur la gravité des transformations que l’homme opère sur son environnement. Invitant à méditer sur le rapport que l’être entretient avec la nature, elles rappellent que l’activité humaine, telle qu’elle a été conçue depuis l’avènement de la société industrielle, ne cause pas seulement la disparition d’une entité naturelle idéalisée et extérieure à l’homme, mais travaille à l’altération de ses propres conditions d’existence. Nos modes de vie dépendent en fait directement des écosystèmes dont ils menacent l’équilibre.</p>
<p>Toutefois l’inquiétude d’une fin prochaine, que traduit sans doute l’attrait pour les photographies de ruines, ne doit pas interdire de préparer le futur. La conception de Robert Smithson, basée sur le concept d’entropie, désigne l’irréversibilité des transformations, mais prône aussi une pensée dialectique utile pour considérer l’anthropocène comme transition à opérer en privilégiant les compromis, plutôt que comme un effondrement ultime.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/145049/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Les représentations post-apocalyptiques peuvent nourrir une prise de conscience en insistant sur la gravité des transformations que l’homme opère sur son environnement.
Jonathan Tichit, Doctorant en Esthétique et Sciences de l'art, Université Jean Monnet, Saint-Étienne
Danièle Méaux, Professeure en esthétique et sciences de l'art, photographie, Université Jean Monnet, Saint-Étienne
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/147958
2020-11-09T19:17:08Z
2020-11-09T19:17:08Z
Comprendre la biologie du campagnol pour empêcher sa prolifération
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/368370/original/file-20201109-14-9q327j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=168%2C49%2C3985%2C3063&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les campagnols ont des capacités de reproduction très élevées et peuvent causer d'importants dégâts.</span> <span class="attribution"><span class="source">Adrien Pinot, VetAgro Sup</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>L’organisation des écosystèmes est régie par de subtils équilibres entre différents facteurs de l’environnement. Ainsi, <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/milieu-ecologie/2-facteurs-biotiques-et-facteurs-abiotiques/">facteurs abiotiques</a> (température, humidité, photopériode…), biologiques (interactions entre espèces), voire activités humaines, s’enchevêtrent dans un tissu d’interactions complexes.</p>
<p>Au sein de ce délicat équil, la variation d’un paramètre peut conduire à une bascule dont les conséquences peuvent être importantes, affectant en particulier les activités humaines. Ainsi, les <a href="http://www.campagnols.fr/le-campagnol-terrestre.html">pullulations pluriannuelles de campagnols terrestres</a> (<em>Arvicola terrestris</em>) sont un exemple de tels déséquilibres qui impactent fortement les activités agricoles dans certaines régions d’élevage.</p>
<p>Le campagnol terrestre, aussi appelé rat taupier, est un rongeur endémique du sud-ouest de l’Europe, présent dans les zones de prairies permanentes et les vergers, notamment dans les régions de moyenne montagne. Ce rongeur peut atteindre 80 à 160 g à l’âge adulte et mesurer une vingtaine de centimètres.</p>
<h2>Des capacités de reproduction élevées</h2>
<p>Sous terre, il creuse d’importants réseaux de galeries servant à l’aménagement de nids et à la recherche ou au stockage de nourriture. En effet, il se nourrit de tiges et de racines de végétaux dont il est friand. Il en consomme ainsi l’équivalent de son poids par jour.</p>
<p>Ses capacités de reproduction sont élevées : on observe quatre à cinq embryons par portée, avec une moyenne de trois voire quatre portées par an et par femelle.</p>
<p>La durée de gestation est de 21 à 22 jours et la maturité sexuelle est atteinte à cinq semaines. Les juvéniles sont donc rapidement en capacité de se reproduire et un couple peut donner naissance à près d’une centaine de descendants sur une seule année !</p>
<p>Différents facteurs, dont l’évolution des pratiques agricoles, offrent probablement des conditions propices au développement des populations de campagnols. On peut citer la disparition des haies et autres abris pour les espèces prédatrices de ces rongeurs, voire le réchauffement climatique en cours, avec des hivers plus doux.</p>
<p>Ainsi, la démographie du campagnol terrestre connaît depuis de nombreuses années de fortes variations cycliques de densité de population qui culminent <a href="https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjkwvinifXsAhVCzhoKHZTcAXkQFjABegQIBxAC&url=https%3A%2F%2Fafpf-asso.fr%2Findex.php%3Fsecured_download%3D2111%26token%3Dc16b0ba6e27c1efb0d74a94026afe433&usg=AOvVaw3MvWlZJ4nXYvmgX9kdxaMZ&cshid=1604911602345071">lors de cycles pluriannuels de pullulations dont la durée est en moyenne de six ans</a>.</p>
<p>Cependant, ces pics de pullulation tendent à se rapprocher ces dernières années et interviennent désormais tous les 3 à 4 ans. La densité de campagnols peut alors passer de quelques individus à plus de 500 individus par hectare en un seul printemps, avec une explosion de la densité visible en fin d’été-automne.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368312/original/file-20201109-13-x450fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368312/original/file-20201109-13-x450fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368312/original/file-20201109-13-x450fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368312/original/file-20201109-13-x450fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368312/original/file-20201109-13-x450fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368312/original/file-20201109-13-x450fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368312/original/file-20201109-13-x450fd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des galeries creusées par des campagnols. Crédit photo : INRAE.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>De telles densités ont un impact direct sur les exploitations agricoles puisque la diminution importante de la qualité et de la quantité de fourrage récolté entraîne des pertes économiques très significatives pour les agriculteurs, dont les activités sont déjà fragilisées.</p>
<p>Ces pullulations peuvent aussi représenter un risque sanitaire, le campagnol terrestre étant un vecteur de plusieurs maladies transmissibles à l’homme dont notamment <a href="https://agriculture.gouv.fr/lechinococcose-alveolaire">l’échinococcose alvéolaire</a>. Cette maladie parasitaire rare peut entraîner une forte dégradation de l’état général après une longue période asymptomatique (10-15 ans) à cause d’une atteinte hépatique.</p>
<h2>Des solutions inadaptées</h2>
<p>À l’heure actuelle, les principaux moyens de lutte contre ces pullulations sont le piégeage ou l’utilisation de rodenticides, notamment la bromadiolone. Cependant ces méthodes présentent des inconvénients, notamment une mise en œuvre très coûteuse en temps pour le piégeage et une forte toxicité sur des espèces non-cibles pour la bromadiolone, dont l’utilisation <a href="https://www.francebleu.fr/infos/agriculture-peche/rats-taupiers-la-bromadiolone-substance-chimique-bientot-interdite-malgre-les-reticences-de-la-fnsea-1583342795">sera d’ailleurs interdite en 2021</a>.</p>
<p>Par ailleurs, cette lutte chimique est contestée par un certain nombre d’associations de protection de la nature, creusant encore le fossé entre usagers de la nature et monde agricole.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/yiwQuu8BM2w?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Reportage de France 3 Nouvelle-Aquitaine sur des moyens alternatifs mis en place en Corrèze pour protéger les cultures des invasions de campagnols.</span></figcaption>
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<p>Ainsi, la mise en œuvre d’actions de recherche visant à développer de nouvelles méthodes de luttes ou à améliorer celles déjà existantes afin de limiter leurs impacts sur l’environnement est urgente.</p>
<h2>Mieux comprendre l’espèce</h2>
<p>Une première étape repose sans nul doute sur une meilleure compréhension de la biologie de cette espèce, qui demeure, de manière surprenante, assez méconnue.</p>
<p>Des recherches financées par la région Auvergne-Rhône-Alpes et les services de l’État <a href="https://www.sidam-massifcentral.fr/developpement/campagnols/">visent à explorer différentes pistes de recherche complémentaires pour une approche globale</a>. Objectif : identifier des moyens de lutte contre la prolifération des campagnols plus écocompatibles et adaptés.</p>
<p>Ainsi ces recherches visent par exemple à développer une moindre écotoxicité des molécules rodenticides, ou à comprendre la dynamique sociale de l’espèce, voire à réduire la reproduction des animaux par une stratégie vaccinale. En particulier, nos recherches visent à mieux connaître l’écologie de cette espèce sur le plan de son cycle de reproduction et de sa communication olfactive.</p>
<h2>Naissances entre mars et octobre</h2>
<p>Nous avons commencé par décrire l’organisation annuelle de la physiologie reproductive du campagnol terrestre qui est assez peu décrite dans la littérature.</p>
<p>Nos études de suivi de populations indiquent que les naissances sont principalement observées entre les mois de mars et octobre, ce qui suggère que le campagnol terrestre est une espèce à reproduction saisonnière.</p>
<p>Cette saisonnalité lui permet de synchroniser les naissances avec le moment où les conditions environnementales (température, disponibilité alimentaire…) sont les plus propices à la survie des petits.</p>
<p>Une telle modulation de l’activité sexuelle implique de fortes régulations au niveau de l’axe endocrinien qui contrôle la fonction de reproduction, permettant une alternance entre la phase de reproduction et celle de repos sexuel au cours de l’année.</p>
<p>Pour vérifier cette hypothèse, nous avons procédé à un suivi mensuel de paramètres physiologiques sur des campagnols sauvages présents dans les prairies du département du Puy-de-Dôme, en collaboration avec des équipes de VetAgro Sup/INRAE de Clermont-Ferrand et Lyon.</p>
<h2>Variation du poids des organes sexuels</h2>
<p>Ce suivi a mis en évidence de fortes variations du poids des organes sexuels au cours de l’année. Chez les mâles, le poids des testicules va ainsi atteindre un maximum au mois de juin (350 mg environ) puis diminuer jusqu’au mois de janvier (30 mg environ). Chez les femelles, un constat équivalent est observé pour le poids de l’utérus.</p>
<p>Par ailleurs, le campagnol terrestre possède sur ses flancs des glandes qui produisent une substance huileuse. Ces glandes abdominales ont déjà été décrites comme sensibles aux hormones sexuelles et potentiellement impliquées dans la communication olfactive entre individus. Ces glandes connaissent, comme les organes sexuels, des variations importantes au cours de l’année aussi bien chez les mâles que chez les femelles.</p>
<p>Elles vont se développer progressivement jusqu’en été (190 mg environ) puis régresser ensuite jusqu’à quasiment disparaître chez certains individus en hiver (moins de 2mg).</p>
<p>Grâce à des expérimentations avec nos collègues de l’Université Clermont-Auvergne, nous avons été en mesure de montrer que les variations lumineuses sont à l’origine des variations saisonnières de la fonction de reproduction. Nous avons pu le vérifier en faisant varier artificiellement la durée du jour en milieu contrôlé (photopériode).</p>
<p>En effet, les résultats de cette expérience montrent une augmentation du volume et du poids testiculaire chez les animaux hébergés en photopériode longue estivale par rapport à ceux restés en photopériode courte hivernale.</p>
<h2>Vers des outils de contrôle plus efficaces</h2>
<p>Enfin, nous cherchons maintenant à caractériser les préférences sociales olfactives de ces animaux. Nous avons pu montrer par des expérimentations en animalerie et sur les parcelles que le campagnol terrestre est capable de faire une discrimination sexuelle à partir des urines de ses congénères.</p>
<p>Nous voulons à présent voir à quels signaux olfactifs contenus dans l’urine et des glandes latérales ces animaux sont le plus réceptifs, mais aussi à quelle période de l’année cette réponse est la plus importante.</p>
<p>Cette analyse pourrait nous permettre d’élaborer des outils de contrôle des populations plus efficaces, permettant de limiter l’impact des campagnols sur les activités agricoles et, peut-être, de rétablir le bonheur dans le pré !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147958/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Matthieu Keller a reçu des financements de la DRAAF et de la Région Auvergne Rhône Alpes. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Kévin Poissenot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Le campagnol peut causer des dégâts considérables dans les cultures. Il est essentiel de mieux comprendre la biologie de l'espèce pour trouver des moyens écologiques de lutter contre sa prolifération.
Kévin Poissenot, Doctorant, Inrae
Matthieu Keller, Directeur de recherche , Inrae
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/144695
2020-11-09T19:16:26Z
2020-11-09T19:16:26Z
Pour l’écoféminisme, « tout est relié »
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/367919/original/file-20201106-21-a4egwp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=19%2C0%2C4347%2C3273&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Abolir les frontières entre nature et culture, c'est l'un des projets de l'éco-féminisme.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/adulte-agriculture-amour-art-1974381/">Pexels</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=243&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=243&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=243&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=305&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=305&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=305&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la prochaine Fête de la science qui aura lieu du 2 au 12 octobre prochain en métropole et du 6 au 16 novembre en outre-mer et à l’international et dont The Conversation France est partenaire.</em></p>
<p><em>Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Le terme « écoféminisme », forgé par Françoise d’Eaubonne en 1974, est associé à un mouvement social anglophone né aux États-Unis et au Royaume-Uni dans les années 1970-80, et continue à essaimer aujourd’hui. L’objectif militant de l’<a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/ecofeminisme-avenir-femmes-planete-lie_fr_5d88e954e4b0849d472d54a8">écofeminisme</a> consiste à éveiller les consciences sur les deux grandes questions intrinsèques à son concept : la crise environnementale et le féminisme.</p>
<p>Selon la <a href="http://www.wloe.org/declaration-d-unite.%20416.0.htmlla%20D%8Eclaration">Déclaration d’unité</a> de WLOE (Women for Life on Earth) en 1980, les écoféministes affirment voir « des liens entre l’exploitation de la terre et de ses populations et la violence physique, économique et psychologique perpétrée envers les femmes », et veulent « comprendre et surmonter les divisions historiques basées sur la différence de race, de degré de pauvreté, de classe sociale, d’âge et de sexe ».</p>
<p>La visée du mouvement est donc double : la prise de conscience de l’équation <a href="https://www.huffingtonpost.fr/entry/ecofeminisme-avenir-femmes-planete-lie_fr_5d88e954e4b0849d472d54a8">« domination des femmes/domination de la nature »</a>, et sa traduction en exigences de « réinvention de l’histoire » et de « réappropriation de la place des femmes dans le monde ». Y compris <em>la réappropriation</em> de leurs qualités présupposées féminines et pour cela trop souvent dénigrées ou peu valorisées (du soin des proches à la maternité, du rapport aux plantes à la sensibilité…).</p>
<h2>Un angle d’étude insolite</h2>
<p>Aborder l’écoféminisme (certains l’appellent « féminisme écologique ») sous l’angle anthropologique permet de montrer ces dynamiques même au cœur des groupes humains étudiés. Être anthropologue, voire ethnographe dès lors qu’il s’agit d’appliquer directement la méthode d’investigation anthropologique <a href="https://www.cairn.info/revue-chimeres-2009-1-page-33.htm#">dans la proximité côte à côte avec ses interlocuteurs de terrain</a>, ce n’est pas observer du haut d’une tour d’ivoire mais bien s’insérer dans une population donnée, en faire partie au quotidien pour une période plus ou moins longue, et y découvrir, chemin faisant, des aspects des phénomènes qui intéressaient au préalable au chercheur, ou en découvrir de nouveaux. C’est l’<a href="https://www.cairn.info/revue-contraste-2012-1-page-29.htm">« observation participante »</a>.</p>
<p>Dès lors, il s’agit de définir, pour chaque culture, ses propres <a href="https://books.openedition.org/editionsmsh/3879?lang=it">« systèmes symboliques qui rendent le monde signifiant »</a>. Par exemple, le célèbre anthropologue C. Lévi-Strauss avait compris que la conformation du village de Kejara des indigènes Bororo (au Brésil), où la maison des hommes (<em>baitemannageo</em>) et les maisons possédées par les femmes sont situées respectivement au centre et à la périphérie circulaire de l’espace habité, servait à séparer les individus non seulement d’un point de vue physique, mais aussi en termes symboliques, en leur attribuant de différents rôles sociaux selon les catégories. Ainsi, les femmes sont exclues des rites religieux réservés aux hommes dans leur « maison », tandis qu’elles ont à cœur la <a href="https://monoskop.org/File:Levi-Strauss_Claude_Tristes_tropiques_1957.pdf">gestion de la résidence et de la vie conjugale</a>.</p>
<p>En anthropologie, il faut en particulier distinguer les données relevant du point de vue affirmé par les interlocuteurs de celles inhérentes aux analyses et interprétations du chercheur.</p>
<p>C’est de cette façon que j’ai travaillé avec les deux associations en territoire vaudois de mon terrain : les femmes de la <a href="http://www.anciela.info/maisonpouragir">Maison pour agir</a> et à <a href="http://www.bricologis.com">Bricologis</a> revendiquent des valeurs et pratiques participatives relatives aux champs de l’« écologie », la « solidarité » et du « bricolage » pour l’amélioration du cadre de vie de proximité.</p>
<p>En entrant dans les coulisses de ces associations, j’y ai découvert des représentations révélatrices de traits féministes. Alors, comment ces femmes se révèlent-elles comme écoféministes ? Comment, d’ailleurs, se comporte l’ethnographe face à elles, et vice-versa ?</p>
<h2>S’émanciper de la nature…</h2>
<p>Ces femmes mettent en place une série d’actions collectives mettant en avant un éthos écologique commun et aux saveurs locales : des ateliers de cuisine anti-gaspillage alimentaire (au premier rang) à ceux de cosmétiques « faits soi-même » ; mais aussi les repas partagés, occasions de goûter des soupes aromatiques ou des cakes truffés de fruits et légumes « glanés » (récupérés des magasins), tout en entretenant des amitiés de quartier de longue date.</p>
<p>Alors, s’enchaînant, selon les journées, les phases méticuleuses et conviviales de création de masques à l’argile verte, de « pâtes à tartiner » à partir du mixage de dattes, miel et lait, de déodorants composés de cires naturelles et d’huiles essentielles, de tartines de ratatouille à base de poivrons, courgettes et aubergines étalés sur un fond léger de crème chantilly.</p>
<p>Le tout rythmé par des moments de dégustation ou d’échange de récits de vie ou d’impressions éclatantes. « Oh que c’est bon ce jus de pomme ! » ; « mes enfants ils seraient venus, ils adorent cuisiner » ; « on est bien ici, entre nous… » ; « c’est malheureux mais c’est ça en fait, on a toujours mis les femmes à la cuisine alors que les meilleurs pâtissiers c’est les hommes. Les pâtissiers c’est les mecs ! ».</p>
<p>C’est là que le noyau dur de l’écoféminisme se construit au fil des rencontres. Puisque la « nature » n’est pas fixe, mais changeante, elle se recrée dans les recettes. Et parce que ce sont des femmes qui la transforment grâce à leur créativité et leur maîtrise technique, elles s’émancipent de ce naturalisme millénaire, conception masculine dominatrice, qui associe les femmes à une <a href="https://www.dailymotion.com/video/x5s2p21">idée de nature passive et inférieure à la culture</a>.</p>
<p>Elles mêlent librement autonomie personnelle et coopération, mais aussi <a href="https://www.cairn.info/revue-cites-2018-1-page-67.htm">tradition et innovation</a> en reproduisant des recettes du passé, de l’époque de leurs parents, à l’aide d’outils électromécaniques modernes (blenders, mixeurs plongeants, toasters). La nature est de ce fait culturalisée, elle devient une élaboration active dans un vocabulaire écologique qui lie les membres du groupe ; elle est proche finalement de la vision féminine du « care », qui critique à bas bruit le <a href="https://journals.openedition.org/traces/5454">stigmate naturaliste de la passivité</a>.</p>
<h2>Travailler dans un groupe féminin</h2>
<p>Étant presque le seul homme dans les groupes des deux associations, il me fallait combattre un double « danger » hantant les milieux féministes : <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/BOURDIEU/3940">celui de rejouer la domination masculine</a>, mais aussi celui, statutaire, que représentait ma casquette de chercheur. On sait qu’un des défis de toute enquête ethnographique est de réussir à réduire le fossé social séparant l’enquêteur des enquêtés, de sorte que ceux-ci ne soient pas instrumentalisés en <a href="https://journals.openedition.org/lhomme/24109">« simples représentants de leur culture »</a>.</p>
<p>Pour travailler dans de bonnes conditions, je devais donc prendre part aux actions, sans être ni intrusif ni tout à fait distancié, écouter et m’intégrer aux conversations, cuisiner, grignoter « écolo ».</p>
<p>J’ai pu vivre de l’intérieur cette volonté, entre <a href="https://www.femininbio.com/sante-bien-etre/actualites-nouveautes/pascale-d-erm-nous-sommes-soeurs-en-ecologie-90372">« sœurs »</a>, à impacter, même à petite échelle, le microcosme local par des habitus plus écologiques. Ce sont là encore des empreintes du « care », ce phénomène transfrontalier qui appelle à unir les femmes militantes dans une quête de connaissances partagées, de tissage de réseaux, de <a href="https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/lecologie-une-affaire-de-femmes/">combat face aux catastrophes environnementales</a> ; une quête qui aspire à abattre les frontières <a href="https://www.researchgate.net/publication/284547324_La_nature_a-t-elle_un_genre_Varietes_d%27ecofeminisme">entre les être vivants et les non-vivants, entre les femmes et les hommes</a>.</p>
<h2>Un déplacement de perspective</h2>
<p>Le <a href="https://books.openedition.org/iheid/5686?lang=it">pouvoir d’agir</a>, indépendamment des fronts où on agit, n’est pas le monopole des hommes. Du seul « privilège » <a href="https://www.les-philosophes.fr/feminisme/domination-masculine-bourdieu.html">accolé à l’Homme de changer le monde</a> à la possibilité pour chaque femme, pour elle-même et pour les autres, de s’approprier le monde, c’est ce déplacement de perspective très concret que m’a appris ce terrain.</p>
<p>Ce féminisme écologique est un carburant qui vise au bien-être de tous, hommes et femmes, en <a href="http://www.theatregerardphilipe.com/tgp-cdn/parole-donnee/pour-depasser-les-categories-hommes-femmes-vers-un-feminisme-relationnel">rejetant les grandes divisions</a> par le biais d’une écologie fluide qui mêle sensibilité et rationalité, tradition et innovation, nature et culture, « ego » et « nous », féminin et masculin. C’est cela que voulaient dire Médaline, Radhia et Olympe en me déclarant non sans emphase : « Ici, Alessandro, tout est relié ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144695/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alessandro Marinelli ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Que signifie, pour un anthropologue de sexe masculin, l’immersion dans des associations écoféministes ?
Alessandro Marinelli, Doctorant en anthropologie, Université Lumière Lyon 2
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/148123
2020-11-08T18:13:01Z
2020-11-08T18:13:01Z
Les cellules souches induites : le patient dans une boîte de culture
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/363995/original/file-20201016-17-1329r2z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">National cancer institute (visualisation par immunofluorescence des microtubules de cellules dans un cancer du sein) </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/W2OVh2w2Kpo">NCI/Unsplash</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Imaginez la scène. Vous sentant fébrile, perclus de fatigue, et toussant à n’en plus finir, vous vous rendez chez le médecin. Or après avoir examiné vos oreilles, votre gorge, palpé vos viscères, écouté vos battements de cœur… il vous propose une biopsie de peau. Cela ne vous surprend pas, et vous lui tendez le bras. Après tout, c’est un prélèvement de routine qui permettra de générer des cellules caractéristiques de vos différents organes, pour déterminer d’où vient le problème et vous traiter de manière individuelle, en minimisant le risque d’effets indésirables.</p>
<p>Naturellement, il s’agit de science-fiction. Nous sommes en 2020, et de telles méthodes diagnostiques ne sont pas encore appliquées. Mais au vu des récentes avancées de la recherche biomédicale, un tel scénario n’a peut-être rien de si extravagant…</p>
<p>Avec des cellules isolées à partir de la peau, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21243013/">du sang</a>, ou des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21636641/">urine</a> s, les scientifiques peuvent en effet obtenir tous les types cellulaires de notre corps en les faisant se multiplier sur les milieux de culture ad-hoc. Or il leur est ainsi permis d’étudier les mécanismes impliqués dans une maladie, mais aussi de repérer parmi plusieurs médicaments ceux qui sont les plus efficaces pour une pathologie précise, liée à tel organe et tel types de cellules, tout en évaluant les potentiels effets toxiques – et donc indésirables – sur les autres types cellulaires de l’organisme. Un fabuleux développement biotechnologique que l’on doit aux travaux pionniers de l’équipe de Shinya Yamanaka, travaux qui ont depuis été couronnés d’un prix Nobel de médecine.</p>
<h2>Des cellules ramenées à un état embryonnaire</h2>
<p>En 2006, alors que la recherche sur les <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/cellules-souches-embryonnaires-humaines">cellules souches embryonnaires</a> se heurtait déjà à des problèmes éthiques, ce médecin japonais émet l’hypothèse selon laquelle il est possible de transformer une cellule adulte spécialisée en une autre dont le destin n’est pas figé, en réactivant l’expression de certains gènes. Il décide donc de mener l’expérience, avec son étudiant Kazutoshi Takahashi, en utilisant des gènes surexprimés dans les <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/cellules-souches-embryonnaires-humaines">cellules souches des embryons</a>. Ces gènes sont alors introduits, via des virus, dans des cellules du tissu conjonctif – ou fibroblastes – prélevées dans l’épiderme de rongeurs. Et c’est un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0092867406009767?via%3Dihub">succès</a>) : les deux chercheurs parviennent bien à déprogrammer les cellules adultes pour les faire retrouver le même état indifférencié et pluripotent que chez l’embryon, c’est-à-dire la capacité à se transformer ultérieurement en divers types cellulaires.</p>
<p>Ainsi est né le concept de <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/cellules-souches-pluripotentes-induites-ips">« cellules souches pluripotentes induites »</a> (en anglais <em>induced pluripotent stem cells</em>, ou iPSC). Et dans l’année suivant sa première étude, l’équipe de Shinya Yamanaka a réitéré son expérience sur des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18035408/">cellules humaines</a>. Enfin, il a ensuite été démontré que plusieurs types de cellules humaines, isolées tant à partir de la peau que du sang – peuvent être dans un premier temps déprogrammées, pour être reprogrammées et fournir aux chercheurs des cellules difficiles à prélever sur un patient : par exemple, des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19213953/">cellules du cœur</a>, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19736565/">du foie</a>, ou encore <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18669821/">du cerveau</a>. Avec, à la clé, différentes applications biomédicales…</p>
<p>A partir de cellules saines pluripotentes, on peut ainsi envisager de remplacer des cellules défectueuses chez un malade, autrement dit s’orienter vers une <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/therapie-cellulaire">thérapie cellulaire</a>. C’est la stratégie pour laquelle a opté récemment une grosse équipe japonaise, dont faisait partie Shinya Yamanaka, pour tenter d’interrompre la progression d’une cécité induite par la <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/degenerescence-maculaire-liee-age-dmla">dégénérescence maculaire liée à l’âge</a> (DMLA), chez une femme de 77 ans.</p>
<p>En l’occurrence, des fibroblastes de peau ont été transformés en cellules pluripotentes, puis reprogrammés en cellules de la rétine (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pith%C3%A9lium_pigmentaire_r%C3%A9tinien">épithelium pigmentaire</a>), lesquelles ont été transplantées dans l’œil atteint. <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa1608368?url_ver=Z39.88-2003&rfr_id=ori:rid:crossref.org&rfr_dat=cr_pub%20%200www.ncbi.nlm.nih.gov">Résultat</a> : au bout d’un an, la capacité visuelle de la patiente a augmenté, sans qu’aucun effet indésirable du traitement ne soit constaté. C’est peut-être ce qui a motivé le lancement d’un <a href="https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04339764?term=NCT04339764&draw=2&rank=1">essai clinique de thérapie cellulaire de la DMLA</a> en septembre dernier, même s’il s’agit cette fois de partir de cellules du sang, plutôt que de la peau. Mais pour le Japonais Shinya Yamanaka, c’est ailleurs que se situe l’une des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0092867416311400?via%3Dihub">retombées les plus prometteuses</a> des iPSC…</p>
<h2>Modéliser des pathologies, cribler des traitements</h2>
<p>D’après le prix Nobel, l’atout majeur des iPSC, c’est de faire progresser la modélisation des pathologies et d’autoriser le criblage de molécules à fort potentiel thérapeutique. Quelles que soient les pathologies, on peut en effet observer les mêmes altérations dans les tissus prélevés chez un patient décédé et dans des cellules dérivées d’iPSC. On note par exemple : des baisses ou élévations du <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22451909/">niveau d’expression de certaines protéines</a>, un métabolisme cellulaire <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21307850/">trop ou peu actif</a>, ou encore des agrégats de protéines (comme dans les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson, etc).</p>
<p>De telles altérations ont d’ores et déjà été identifiées à l’aide d’iPSC pour des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7221979/">maladies neuro-dégénératives</a>, <a href="https://www.mdpi.com/1422-0067/21/17/6388">cardiovasculaires</a>, <a href="https://stemcellsjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/stem.3154">hépatiques</a> ou dans le <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jdi.13091">diabète</a>. Leur mise au jour est essentielle s’agissant de mieux comprendre les mécanismes impliqués. Et de ce point de vue, le recours aux iPSC est d’autant plus justifié que l’on a affaire à des cellules comme celles du cœur ou du cerveau, difficilement accessibles chez le patient.</p>
<p>Autres intérêts majeurs des iPSC : elles permettent de disposer d’un modèle personnalisé, spécifique du patient, tout en pouvant servir de support pour tester de potentiels traitements. Jusqu’alors, la plupart des molécules étaient en effet testées sur des lignées cellulaires puis sur des modèles animaux – les tests de toxicité étant souvent réalisés chez le rongeur. Or les iPSC donnent la possibilité d’évaluer l’impact d’un médicament sur d’autres cellules que celles visées pour traiter la maladie – notamment les cellules du foie, du cœur ou encore les cellules nerveuses. C’est ainsi, par exemple, que l’on a pu mettre au jour les mécanismes impliqués dans la toxicité d’un <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fcvm.2020.00050/full">traitement anti-cancéreux, la doxorubicine, sur les cellules cardiaques</a>. Ce qui a permis d’orienter les stratégies thérapeutiques pour réduire le risque d’insuffisance cardiaque.</p>
<h2>Une technique déjà très convoitée…</h2>
<p>On le voit. La recherche dans le champ des iPSC humaines avance. Mais il reste beaucoup à étudier et valider pour rendre possible son transfert vers des approches cliniques et thérapeutiques à grande échelle. Or force est de constater que la technique suscite déjà la convoitise de cliniques privées et de sociétés de biotechnologies, qui la présentent comme un remède miracle. Et malheureusement, il a été rapporté aux États-Unis les cas de trois <a href="https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa1609583?url_ver=Z39.88-2003&rfr_id=ori:rid:crossref.org&rfr_dat=cr_pub%20%200www.ncbi.nlm.nih.gov">personnes devenues aveugles</a> après avoir usé des services d’une de ces cliniques, où leur furent injectées des « cellules souches » dérivées de tissu adipeux pour traiter une DMLA.</p>
<p>À ce sujet, notons que le tissu adipeux étant plus facile à obtenir, les iPSC que l’on en tire sont moins onéreuses à cultiver. Mais si l’on opte pour la sécurité, les protocoles sont toujours long, et donc coûteux : il faut compter six mois entre l’obtention des cellules du patient et la différenciation au type cellulaire d’intérêt, et six mois supplémentaires pour étudier sur ces cellules les mécanismes pathologiques et les effets des médicaments. Et comparées aux iPSC issues des fibroblastes et des cellules sanguines, sur lesquelles on a désormais plus de dix années de recul, les iPSC provenant du tissu adipeux ne sont pas encore bien caractérisées et semblent faire l’objet de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19594392/">remaniements au niveau de leurs chromosomes</a>.</p>
<p>Pour terminer, ajoutons que des cellules pluripotentes sont potentiellement susceptibles de former des tumeurs. Leur caractéristiques génétiques complètes doivent donc impérativement être établies avant qu’elles ne soient introduites chez une patient : il est essentiel de s’assurer qu’il n’y a pas de mutations ou d’altérations de l’ADN pouvant induire une prolifération incontrôlable de ces cellules dans l’organisme. En d’autres termes, comme l’ont souligné <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352304217300247?via%3Dihub">Fei Lia, Jim HubTong et Chuan Hec</a> voilà trois ans, « sans connaissances détaillées et précises sur la manière dont ces cellules souches peuvent être correctement différenciées vers les types cellulaires souhaités, la voie à suivre pour la recherche d’un remède à base de cellules souches nécessitera plus qu’une foi aveugle. »</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148123/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Laumonnier a reçu des financements de l'Inserm, ANR, Commission Européenne (FP7), Fondation de France, la Région Centre Val de Loire</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Débora Lanznaster ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Avec des cellules isolées tirées de la peau, du sang, ou des urines, les scientifiques peuvent en théorie obtenir tous les types cellulaires. Où en est la recherche dans ce domaine ?
Frédéric Laumonnier, Chargé de recherche de l'Inserm, Université de Tours
Débora Lanznaster, Chercheur contractuel, Université de Tours
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/147955
2020-11-08T18:13:00Z
2020-11-08T18:13:00Z
Les plantes médicinales : un avenir prometteur ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/363400/original/file-20201014-13-1ocvql3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pistacia lentiscus</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pistacia_lentiscus_002.jpg">H. Zell / Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Voilà une éternité que les hommes ont eu l’idée de recourir aux plantes pour se soigner. Les <a href="http://blog.bnf.fr/gallica/index.php/2011/04/06/la-therapeutique-par-les-plantes-a-travers-les-ages-i/">plus vieux textes</a> témoignant de cet usage médicinal ont été gravés sur des tablettes d’argile quelque 3000 ans avant J-C, dans l’ancienne Mésopotamie. On dispose par ailleurs d’inventaires recensant les plantes d’intérêt et les modalités de leur utilisation à travers l’Antiquité : ainsi dans le papyrus Ebers, daté du XVI<sup>e</sup> siècle av. J-C, le safran, le lotus bleu, l’encens, le chanvre et bien d’autres espèces végétales sont-elles listées parmi les quelque 700 substances auxquelles la médecine égyptienne d’alors faisait appel.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/363398/original/file-20201014-21-8z87c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363398/original/file-20201014-21-8z87c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363398/original/file-20201014-21-8z87c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=488&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363398/original/file-20201014-21-8z87c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=488&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363398/original/file-20201014-21-8z87c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=488&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363398/original/file-20201014-21-8z87c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=613&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363398/original/file-20201014-21-8z87c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=613&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363398/original/file-20201014-21-8z87c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=613&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Livre arabe de drogues simples de la Materia Medica de Dioscoride. Cumin et aneth. c. 1334 Par Kathleen Cohen au British Museum de Londres.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Arabic_herbal_medicine_guidebook.jpg">Wikimedia</a></span>
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<p>Cette médecine par les plantes, qui s’est enrichie au fil des siècles avec les apports des Grecs et des Romains, d’Hippocrate à Galien,en passant par Pline l’ancien, reste très utilisée dans de nombreux pays en voie de développement. Et si en Occident les remèdes à base de plantes ont progressivement été remplacés par des médicaments issus de la chimie, les plantes n’en auraient pas moins un bel avenir médical devant elles…</p>
<h2>Deux tiers des espèces végétales concernées…</h2>
<p>En effet, d’après <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0960308510000520?casa_token=CxmKFoY7vSEAAAAA:UMshTc5lnR-nUV6IUaGf_Mk24pPC2zyDlCpZCSD7aJorQL3GpT6IROKLcvEV06cobxzrPobGh2s">certains chercheurs</a>, deux tiers des espèces végétales du monde auraient une valeur médicinale – notamment par leur grand potentiel antioxydant, c’est-à-dire leur capacité à réduire le <a href="http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/7569/MS_2011_04_405.pdf">stress oxydatif</a> à l’œuvre dans de nombreuses maladies. Sans compter que la résistance aux antibiotiques pousse la recherche scientifique à développer des alternatives aux traitements habituels. Quelle place peuvent y occuper les plantes médicinales ?</p>
<p>En pratique, la plante est en quelque sorte une <a href="https://www.canal-u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/l_usine_chimique_vegetale.888">usine chimique miniature</a>. Fonctionnant à partir de l’énergie solaire et des éléments minéraux fournis par le sol, elle synthétise et accumule dans ses tissus un ensemble de composés d’une grande diversité. Or parmi eux, se trouvent des <a href="http://www.ecosociosystemes.fr/metabolisme_secondaire.html">métabolites dits secondaires</a>, qui ne sont pas produits lors de la photosynthèse, mais au cours de réactions chimiques ultérieures. On y distingue plusieurs <a href="http://www.facmed-univ-oran.dz/ressources/fichiers_produits/fichier_produit_3437.pdf">familles de molécules</a>, à savoir principalement : des terpènes (où l’on trouve bon nombre de constituants des huiles essentielles), des alcaloïdes (dont font partie notamment la nicotine et la morphine), et des <a href="http://univ.ency-education.com/uploads/1/3/1/0/13102001/pharm3an_pharmacognosie19-composes_phenoliques.pdf">composés phénoliques</a> (classe à laquelle appartiennent notamment les flavonoïdes responsables de la coloration des fleurs et fruits).</p>
<p>Ces métabolites jouent un rôle capital dans les interactions d’une plante avec son environnement. Ils ont en effet pour fonctions d’attirer des pollinisateurs, de repousser des prédateurs, ou encore de s’opposer à la croissance d’espèces concurrentes. Et s’ils ne sont fabriqués qu’en très petites quantités, les plantes augmentent leur production en cas d’agression ou de conditions physiques hostiles. Un procédé <a href="https://www.mediachimie.org/sites/default/files/sk-fiche4.pdf">dont on peut tirer parti</a> lorsqu’il s’agit de les extraire et de les valoriser, tant pour la fabrication de nouveaux médicaments que dans les secteurs des cosmétiques ou de l’agro-alimentaire.</p>
<h2>Zoom sur les régions du bassin méditerranéen</h2>
<p>Bien des régions du bassin méditerranéen pourraient tirer parti de la valorisation de leur flore, riche d’une grande variété de plantes aromatiques et <a href="https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/medecine-plante-medicinale-11529/">médicinales</a>. Parmi leurs plantes emblématiques, on peut citer le <a href="https://www.mnhn.fr/fr/collections/ensembles-collections/collections-vivantes/jardin-plantes/romarin">romarin</a>, ou <em>Rosmarinus officinalis</em>.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/363402/original/file-20201014-15-vdzs5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363402/original/file-20201014-15-vdzs5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363402/original/file-20201014-15-vdzs5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=781&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363402/original/file-20201014-15-vdzs5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=781&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363402/original/file-20201014-15-vdzs5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=781&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363402/original/file-20201014-15-vdzs5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=982&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363402/original/file-20201014-15-vdzs5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=982&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363402/original/file-20201014-15-vdzs5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=982&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Rosmarinus officinalis.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rosmarinus_officinalis_-_K%C3%B6hler%E2%80%93s_Medizinal-Pflanzen-258.jpg">Franz Eugen Köhler, Medizinal-Pflanzen de Köhler/Wikimedia</a></span>
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<p>Appartenant à la famille des Lamiacées, aussi baptisées Labiées, cet arbrisseau qui apprécie les terrains secs et ensoleillés renferme une huile essentielle <a href="https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01550355/document">ayant fait l’objet de nombreuses études</a> et aux propriétés antiseptiques connues de longue date.</p>
<p>Autre espèce caractéristique : le <a href="https://www.mnhn.fr/fr/collections/ensembles-collections/collections-vivantes/jardin-plantes/myrte-commun">myrte</a>, ou <em>Myrtus communis</em>, est un arbuste de la famille des Myrtacées qui était considéré comme symbole de Vénus, déesse de l’amour, de la beauté et de la fertilité sacré chez les Perses, les Grecs ou les Romains.</p>
<p>On lui connaît des <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01493134/file/THESE%20AMEL%20BOUZABATA_ARCHIVAGE_HAL.pdf">propriétés antibiotiques et anti-inflammatoires</a>. Et on l’utilise de <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01493134/file/THESE%20AMEL%20BOUZABATA_ARCHIVAGE_HAL.pdf">maniére traditionnelle à différentes fins</a> : ses feuilles sont recommandées contre les affections des voies respiratoires en Algérie, ses fruits pour soulager l’ulcère et les douleurs gastriques et ses fleurs pour faire cesser les diarrhées aiguës mais aussi traiter la toux et les rhinites en Tunisie, etc.</p>
<p>La <a href="https://www.mnhn.fr/fr/collections/ensembles-collections/collections-vivantes/jardin-plantes/lavande-vraie">lavande</a>, de son nom latin <em>Lavandula angustifolia</em> ou <em>L. officinalis</em>, qui elle aussi fait partie de la famille des Lamiacées, présenterait comme le romarin des <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10298-008-0307-1">propriétés antiseptiques</a>. Et comme tendent à le montrer certaines études, elle pourrait de ce fait présenter un intérêt pour la désinfection et l’hygiène en milieu hospitalier, notamment contre des <a href="https://www.researchgate.net/profile/Abeer_Esmail2/publication/274252778_Evaluation_de_l%E2%80%99activite_bacteriostatique_d%E2%80%99huile_essentielle_de_la_Lavandula_Officinalis_vis-a-vis_des_souches_d%E2%80%99origine_clinique_resistantes_aux_antibiotiques_Evaluation_of_the_bacteriostatic_activi/links/5519b2aa0cf26cbb81a2b066.pdf">souches devenues résistantes aux antibiotiques</a>.</p>
<h2>Mieux connaître le lentisque</h2>
<p>Dans le cadre d’un doctorat de sciences à l’université de Picardie Jules Vernes, je travaille pour ma part sur le pistachier lentisque, ou <em>Pistacia lentiscus</em>, en cherchant à caractériser ses métabolites secondaires pour permettre de les utiliser à des fins pharmaceutiques et/ou cosmétiques.</p>
<p>Appartenant à la famille des Anacardiacées, cet arbuste à feuillage persistant d’un à trois mètres de haut, également arbre à mastic, est très commun dans les maquis du bassin méditerranéen. Et on lui prête depuis des siècles plusieurs vertus médicinales : on l’utilise notamment de façon traditionnelle en Algérie pour soigner la <a href="https://bu.umc.edu.dz/theses/veterinaire/ABD6908.pdf">bronchite, l’asthme, la sinusite, l’eczéma, les brûlures</a>… Qu’en est-il réellement ?</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/363394/original/file-20201014-13-bz638q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363394/original/file-20201014-13-bz638q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363394/original/file-20201014-13-bz638q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=775&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363394/original/file-20201014-13-bz638q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=775&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363394/original/file-20201014-13-bz638q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=775&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363394/original/file-20201014-13-bz638q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=974&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363394/original/file-20201014-13-bz638q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=974&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363394/original/file-20201014-13-bz638q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=974&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Pistacia lentiscus.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pistacia_lentiscus_-_K%C3%B6hler%E2%80%93s_Medizinal-Pflanzen-110.jpg">Franz Eugen Köhler, Medizinal-Pflanzen de Köhler/Wikimedia</a></span>
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<p>Jusqu’alors, quelque <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10412905.2014.973614">trente huit composés</a> ont été identifiés dans ses huiles essentielles, parmi lesquels on note la présence majoritaire de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ffj.1445?casa_token=UgToYQc9Vm4AAAAA%3ACVFo8BNqz-Le_U3fLE8MxyIRCSy1xe-Vyz9XmyYqeckZ1rn58-a5QYv5B20BJPJK5aq_uEs-__e5-XX">terpènes</a>. De plus, les huiles essentielles extraites de ses branches et de ses feuilles ont fait preuve d’une <a href="https://www.japsonline.com/admin/php/uploads/1528_pdf.pdf">activité antibiotique</a> contre plusieurs souches bactériennes. Quant à l l’huile essentielle extraite de ses fruits, elle s’est révélée présenter un <a href="https://www.hindawi.com/journals/ecam/2016/6108203">effet anti-inflammatoire</a> lorsqu’elle a été testée in vivo chez le rongeur. Enfin, d’après une étude récente, elle aurait également des effets <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0926669018309683?casa_token=wBhxkvSdBjYAAAAA:cd1-lqaLoWPv3y65yrl-6CMsW5JWvAeNsV38dbrUvOwGcHZDzZ81k88">antioxydants et anticancéreux</a> in vitro.</p>
<p>Au bilan, la présence d’un grand nombre de composés et toutes leurs propriétés pourraient expliquer que l’on prête au lentisque différentes vertus médicinales. Et de fait, des études menées chez le rongeur ont pu confirmer <a href="https://bu.umc.edu.dz/theses/veterinaire/ABD6908.pdf">l’effet cicatrisant</a> de l’huile de lentisque sur les brûlures, ou d’extraits de feuilles ou de fruits contre l’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1021949816300187">hépatite et le diabète</a>. Reste à mieux caractériser les métabolites secondaires de cet arbuste, en s’appuyant sur les nouvelles procédures de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9tabolomique">métabolomique</a> et en amont des tests cliniques d’innocuité et d’efficacité : c’est précisément la perspective que vise ce travail de thèse.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147955/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Chabha Sehaki est membre de l' unité de recherche BIOPI; laboratoire de biologie des plantes et innovation, UMR Transfrontalière Bio Eco Agro. Ses travaux de thèse sont soutenus par un financement du service campus France.</span></em></p>
La résistance aux antibiotiques pousse aujourd'hui la recherche à développer des alternatives aux traitements habituels : quelle place peuvent y prendre les plantes médicinales ?
Chabha Sehaki, Doctorante, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/145897
2020-11-05T20:08:00Z
2020-11-05T20:08:00Z
L’expérience du jardinage urbain des habitants de la ville de Rouen
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/367523/original/file-20201104-13-1jsyhfm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=42%2C36%2C3983%2C2981&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Préserver l’environnement et rétablir le lien homme nature sont parmi les valeurs fortes du jardinage urbain collectif. Jardin du square Guillaume Lion à Rouen.</span> <span class="attribution"><span class="source">Maria-Asma Benothmen</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Les jardins communautaires, associatifs, collectifs sont des jardins crées et animés collectivement par des associations d’habitants d’un quartier. Tout en étant ouvert au public, cette forme d’agriculture en milieu urbain qui se pratique parfois sur des terrains laissés à l’abandon, permet à la fois d’améliorer le cadre de vie et de favoriser des échanges entre des personnes d’origine géographique, d’âge et de <a href="https://journals.openedition.org/geocarrefour/9388">milieux sociaux différents</a>. </p>
<p>Préserver l’environnement et rétablir le lien homme nature sont parmi les valeurs fortes du jardinage urbain collectif. Les jardiniers choisissent de planter des fruits et légumes de saison les mieux adaptés aux milieux (sol, microclimat) tout en évitant <a href="https://books.google.fr/books?hl=en&lr=&id=yndLeU31lZYC&oi=fnd&pg=PA1&dq=jardins+collectifs&ots=P7n1qsen2g&sig=1aH8BuLsJbvzJ3kqD61eBrSnP8M&redir_esc=y#v=onepage&q=jardins%20collectifs&f=false">l’usage des produits phytosanitaires chimiques et de synthèse</a>.</p>
<p>La crise sanitaire liée au Covid-19 a posé avec une acuité nouvelle celle de la crise alimentaire et a révélé la grande fragilité du système agro-alimentaire industrialisé dominant en France et en Europe. </p>
<p>Beaucoup interrogent désormais l’accès régulier à une nourriture saine et de qualité. Dans ce contexte, le jardinage urbain porte la promesse d’une nouvelle urbanité. Ces jardins sont aussi des lieux d’apprentissage et de mise en application d’une économie circulaire à l’échelle du territoire comme la récupération des eaux de pluie et le compostage. </p>
<p>Ils sont aussi reconnus comme des lieux d’éducation à l’environnement aux enfants comme aux adultes, aussi bien d’insertion et d’accueil des personnes en situation d’handicap ou des personnes victimes d’exclusion sociale qui renouent avec la motivation du <a href="https://journals.openedition.org/norois/5087">travail collectif</a>. </p>
<h2>Une expérience nouvelle liée au passé industriel de Rouen</h2>
<p>Dans la ville de Rouen, capitale de la Normandie, et forte de 110 169 habitants, les premiers jardins collectifs datent au début des années 90. </p>
<p>Aujourd'hui, le <a href="https://rouen.fr/jardinage-urbain">programme municipal</a>) compte 17 jardins partagés dispersés un peu partout sur le territoire qui sont conçus et entretenus par les associations d’habitants des quartiers. </p>
<p>Pourtant le jardinage collectif urbain n’est pas inscrit dans les coutumes et histoire des habitants de Rouen contrairement à d’autres villes du nord de la France où les jardins familiaux sont un <a href="https://journals.openedition.org/insitu/18752">véritable leg du passé industriel</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/367513/original/file-20201104-23-mjkwfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Carte des jardins partagés à Rouen." src="https://images.theconversation.com/files/367513/original/file-20201104-23-mjkwfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/367513/original/file-20201104-23-mjkwfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/367513/original/file-20201104-23-mjkwfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/367513/original/file-20201104-23-mjkwfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=344&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/367513/original/file-20201104-23-mjkwfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=433&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/367513/original/file-20201104-23-mjkwfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=433&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/367513/original/file-20201104-23-mjkwfv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=433&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Carte des jardins partagés à Rouen.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/les-jardins-partages-a-rouen_145316#13/49.4434/1.1094">Ville de Rouen</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Afin de comprendre les enjeux et fonctions des pratiques du jardinage urbain sur le territoire de la ville, nous avons réalisé pendant l'été 2019 une étude de terrain combinant des visites de terrain, des entretiens avec les élus locaux aussi bien qu'une enquête (en cours de parution) auprès des citadins.</p>
<h2>Plus de 60% des Rouennais connaissent les jardins partagés</h2>
<p>Dans un premier temps nous avons cherché à comprendre le lien que les citadins de la ville de Rouen entretiennent avec les activités de jardinage qu’ils soient collectifs ou individuels. </p>
<p>Lorsque interrogés sur leur connaissance du réseau des jardins partagés de la Ville de Rouen, plus de la moitié des citadins interrogés (60%) affirme connaître déjà ce réseau et ses activités. </p>
<p>Toutefois, seul 35% des répondant affirment pratiquer le jardinage urbain, dont la moitié déclare s’adonner à cette activité au moins une fois par semaine. Nombreux sont ceux qui ont exprimé leur souhait de vouloir y consacrer plus de temps. Parmi les raisons invoquées nous retrouvons le fait de ne pas avoir suffisamment de temps en semaine à cause des impératifs du travail et de la famille. </p>
<p>Pour ces derniers, le jardinage est considéré comme une activité qui se fait en famille quand tout le monde est présent en fin de semaine, ils essaient donc d’y consacrer deux à trois heures le samedi ou le dimanche. Notons que 12% des personnes interrogées affirment s’adonner à cette activité tous les jours et la considèrent comme un véritable moment de détente et de loisir.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/367526/original/file-20201104-15-j5v4t0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/367526/original/file-20201104-15-j5v4t0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/367526/original/file-20201104-15-j5v4t0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/367526/original/file-20201104-15-j5v4t0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/367526/original/file-20201104-15-j5v4t0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/367526/original/file-20201104-15-j5v4t0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/367526/original/file-20201104-15-j5v4t0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le jardinage est considéré comme une activité qui se fait en famille quand tout le monde est présent en fin de semaine. Jardin de l'Astéroïde.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marie Ben Othmen</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Dans cette dernière catégorie on retrouve un grand nombre de retraités, de personnes au foyer qui y consacrent au moins une à deux heures par jour. Il est intéressant de noter que dans notre échantillon 28% des répondants qui déclarent pratiquer le jardinage deux à trois fois par semaine sont des étudiants ou des personnes en formation ou en activité partielle. Notons que 50% des personnes interrogées qui déclarent ne pas pratiquer d’activité de jardinage invoquent des raisons de manque d’espace car elles vivent pour la plupart en appartement même si elles pensent que le jardinage est un moyen intéressant pour faire pousser sa nourriture soi-même et pour passer un moment agréable en famille ou avec des amis.</p>
<h2>Reprendre le contrôle de son alimentation</h2>
<p>Lorsque interrogé sur les motivations sous-tendant leur activité de jardinage urbain les répondants ont en majorité affirmé vouloir faire pousser eux-mêmes leurs fruits et légumes et reprendre le contrôle de leur alimentation. En majorité, les répondants cultivent une logique d’opposition avec l’agriculture conventionnelle et son système industrialisé. Beaucoup s'approvisionnent en majorité chez les biocoop, marché locaux ou AMAP. Pour eux jardiner est une forme d’expression de leur engagement envers l’environnement et une négation de l’agriculture conventionnelle jugée polluante et intensive</p>
<p>En ce sens, jardiner seraient une stratégie d’autosuffisance et d’autonomie alimentaire pour certains fruits et légumes produits sans produits chimiques selon une pratique naturelle et biologique. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/367529/original/file-20201104-23-mgx7zd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/367529/original/file-20201104-23-mgx7zd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/367529/original/file-20201104-23-mgx7zd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/367529/original/file-20201104-23-mgx7zd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/367529/original/file-20201104-23-mgx7zd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/367529/original/file-20201104-23-mgx7zd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/367529/original/file-20201104-23-mgx7zd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les marchés de producteurs sont particulièrement prisés par les personnes qui s'engagent dans les jardins partagés.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/march%C3%A9-de-producteurs-de-l%C3%A9gumes-3777774/">Pixabay/MikeGood</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>En effet pour 70% des répondants l’activité du jardinage permet de produire des fruits et légumes qui seraient de saison plus frais et donc meilleurs pour la santé (certains produits peuvent perdre une proportion de leurs vitamines au cours des processus de stockage et transport). En outre, 65% des répondants invoquent des motivations liées à la reconnexion avec la nature et la terre, la détente, et le bien-être que cette activité procure. Les répondants qui vivent en famille avec des enfants mettent en avant le rôle que joue l’activité de jardinage et d’entretien de potager en termes d’éducation et de sensibilisation à la préservation de la nature.</p>
<h2>Sensibilité environnementale</h2>
<p>Par ailleurs, une dimension de sensibilité environnementale plus globale est invoquée comme une motivation sous-tendant l’activité de jardinage urbain pour 45% des citadins interrogés.</p>
<p>En effet, la préservation de l’environnement et de la biodiversité locale se dégage dans le discours des jardiniers qui souhaitent contribuer à réduire l’effet des kilomètres alimentaires et atténuer celui de l’empreinte carbone générée par les processus de production agricole. Aussi, 35% des répondants disent vouloir soutenir l’économie locale. Le fait de consommer local contribue à créer des emplois et à soutenir l’économie locale et régionale. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/367528/original/file-20201104-17-117fmba.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/367528/original/file-20201104-17-117fmba.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/367528/original/file-20201104-17-117fmba.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/367528/original/file-20201104-17-117fmba.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/367528/original/file-20201104-17-117fmba.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/367528/original/file-20201104-17-117fmba.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/367528/original/file-20201104-17-117fmba.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une majorité des jardiniers urbains interrogés témoignent d’une volonté de rupture avec le modèle de l’agriculture conventionnelle. Jardin partagé de l'Ouest.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marie Asma Ben Othmen</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>La motivation de la production alimentaire locale demeure importante pour comprendre le regain d’intérêt des habitants de la ville de Rouen pour l'activité de jardinage urbain qui la perçoivent comme une forme de relocalisation de la production agricole. </p>
<p>Cette vision se répercute aussi dans le comportement d’achat de fruits et légumes de ces citadins.</p>
<h2>Consommation des produits alimentaires locaux</h2>
<p>Une majorité des jardiniers urbains interrogés témoignent d’une volonté de rupture avec le modèle de l’agriculture conventionnelle et industrialisée. Pour ces derniers jardiner est une forme d’expression de leur engagement envers l’environnement et une négation de l’agriculture conventionnelle jugée polluante et intensive. </p>
<p>A la question « achetez-vous des produits locaux régulièrement ? », les réponses des 78% des jardiniers est positive. En moyenne 56% des répondants évoquent acheter des fruits et légumes localement au moins une fois par semaine. Parmi ces produits achetés on retrouve les légumes en feuilles, les tomates, les pommes de terre, les pommes et les poires.</p>
<p>Les répondants qui déclarent ne pas acheter des produits locaux invoquent en premier lieu le prix qu’ils jugent élevé (65%), des raisons de manque de temps (65%) et un manque d’accessibilité (33%). Par ailleurs, l’engouement à la consommation de produits locaux se répercute dans le budget que ces derniers consacrent à cette dépense ; près de 58% des jardiniers déclarent consacrer entre 20 et 29€ par semaine pour l’achat des produits alimentaires produits localement. Dans ce groupe de répondants on retrouve les catégories socio-professionnelles intermédiaires et supérieures.</p>
<p>Les motivations des répondants relèvent de différentes formes d’engagement envers l’environnement et de prise en main de leur alimentation.</p>
<p>Les citadins de la ville de Rouen sont globalement conscients des bonnes habitudes alimentaires et du respect de l’environnement cela s’explique par le fait que les classes socio-professionnelles intermédiaire et supérieures sont bien représentées dans notre échantillon (64%). </p>
<p>Ces résultats sont en résonances avec ceux retrouvés par Pascale Scheromm <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1618866715000151">dans son étude</a> de l’expérience agricole des citadins dans les jardins collectifs urbain de la ville de Montpellier. </p>
<p>L'expérience rouennaise montre que les jardins collectifs dans les villes deviennent à la fois de véritables lieux de renouvellement de la relation entre la ville et l’agriculture et des pièces maîtresse pour construire une ville durable et fertile.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/145897/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie Asma Ben-Othmen ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
La crise sanitaire remet en question l’accès régulier à une nourriture saine et de qualité. Dans ce contexte, le jardinage urbain porte la promesse d’une nouvelle urbanité.
Marie Asma Ben-Othmen, Enseignant-Chercheur en Agroéconomie et Économie de l’Environnement, Responsable du MSc Urban Agriculture & Green Cities, UniLaSalle
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/148130
2020-11-05T20:07:08Z
2020-11-05T20:07:08Z
Bactéries, champignons… Comment les habitants du sol peuvent bénéficier aux cultures
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/364453/original/file-20201020-17-1qtonbk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/fjj7lVpCxRE">Roman Synkevych / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Tous les jours, dans leur environnement, les plantes font face à de <a href="https://www.annualreviews.org/doi/abs/10.1146/annurev-phyto-081211-172902">nombreuses agressions</a>.</p>
<p>On distingue habituellement deux grandes catégories de stress. S'il est le fait d’organismes vivants tels qu’insectes, bactéries, champignons, virus, etc. on parle de stress « biotique ». Si le stress est lié à des paramètres du milieu environnant, comme la température, le vent, ou l’humidité par exemple, on parle de stress abiotique.</p>
<p>Ces stress sont potentiellement à l’origine de <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s12571-012-0200-5">pertes de rendement</a>, lesquelles peuvent être lourdes d’impacts lorsqu’il s’agit de cultures destinées à l’alimentation des hommes ou du bétail. Heureusement, les plantes ont la possibilité d’y résister, et en règle générale, elles parviennent à rester en bonne santé.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/364229/original/file-20201019-19-72541o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/364229/original/file-20201019-19-72541o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/364229/original/file-20201019-19-72541o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/364229/original/file-20201019-19-72541o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/364229/original/file-20201019-19-72541o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=438&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/364229/original/file-20201019-19-72541o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=438&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/364229/original/file-20201019-19-72541o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=438&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les plantes subissent deux types de stress, abiotiques et biotiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Gauthier</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Comment se défendent les plantes ?</h2>
<p>Comme tous les êtres vivants, les plantes ont en effet développé un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6071103/">système de défense sophistiqué</a> pour lutter contre les agents pathogènes et résister aux maladies. Un véritable système immunitaire capable de détecter la présence de ces ennemis, puis de les combattre avec une armada de composés chimiques. La résistance se décline selon trois axes.</p>
<p>Au niveau local, les cellules infectées par un agent pathogène optent pour un suicide collectif, tout comme leurs voisines, ce qui débarrasse la plante de son agresseur et limite sa propagation au site d’infection. De plus, cette première attaque va permettre à la plante de résister de manière globale, si d’aventure le même agent pathogène attaque une seconde fois.</p>
<p>Grâce à un ensemble de capteurs, <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/tpj.13807">notamment situés au niveau de la paroi végétale qui entoure les cellules</a>, la plante dispose en effet d’un vaste système de surveillance grâce auquel elle <a href="https://www.annualreviews.org/doi/abs/10.1146/annurev-phyto-080614-120114">détecte d’éventuels envahisseurs</a> et peut y faire face à l’aide d’une panoplie de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S136952661830116X">composés</a>. Et des microorganismes bénéfiques colonisent par ailleurs les racines de la plante et contribuent à la protéger, en <a href="https://www.nature.com/articles/nature22009">facilitant sa nutrition et en stimulant son système immunitaire</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/364266/original/file-20201019-23-12u02dg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/364266/original/file-20201019-23-12u02dg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/364266/original/file-20201019-23-12u02dg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/364266/original/file-20201019-23-12u02dg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/364266/original/file-20201019-23-12u02dg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/364266/original/file-20201019-23-12u02dg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/364266/original/file-20201019-23-12u02dg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La résistance se décline en trois axes : locale, globale et induite (microorganismes non pathogènes colonisant les racines).</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Gauthier</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>On a coutume de dire qu’il y a en moyenne davantage de microorganismes dans une cuillère à café de terre qu’il n’y a d’êtres humains sur la planète. C’est que le sol héberge quantité de microbes : si l’abondance et la diversité des microorganismes auquel il fournit le gîte est <a href="http://www.biotope-editions.com/index.php?article425/atlas-francais-des-bacteries-du-sol">éminemment variable</a>, on peut trouver jusqu’à 1,5 tonnes de bactéries dans un hectare de sol cultivé, et entre <a href="http://fiererlab.org/wp-content/uploads/2014/09/Fierer_Nat_Rev_Micro_2017.pdf">100 000 et un million d’espèces différentes</a> dans un gramme.</p>
<p>Dans le sol, les éléments minéraux nécessaires à la croissance des plantes se présentent souvent sous une forme qui leur est difficile, voire impossible à utiliser. C’est par exemple le cas pour le phosphore, qui très rapidement <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969717320934">adsorbé sur les complexes argilo-humiques</a> des sols, ou lié à différents éléments (calcium, fer, aluminium), se présente rarement sous la forme assimilable par la plante. Or certaines bactéries et champignons vont contribuer à <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11104-009-9895-2">faciliter l’accès à ces minéraux</a> en les rendant plus disponibles.</p>
<p>Parfois, l’association avec un micro-organisme va même se révéler obligatoire. C’est notamment le cas pour des légumineuses comme le pois, le haricot vert ou la lentille, qui vivent en <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Symbiose">symbiose</a> avec des bactéries qui leur sont <a href="https://nph.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/nph.15222">spécifiques</a>. Hébergées au niveau des racines dans des nodules visibles à l’œil nu, ces bactéries fournissent à la plante l’azote qu’elles ont capté dans l’air circulant dans le sol. Et en échange, elles peuvent profiter des sucres que la plante produit lors de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Photosynth%C3%A8se">photosynthèse</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/364323/original/file-20201019-17-o8eqwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/364323/original/file-20201019-17-o8eqwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=246&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/364323/original/file-20201019-17-o8eqwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=246&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/364323/original/file-20201019-17-o8eqwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=246&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/364323/original/file-20201019-17-o8eqwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=309&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/364323/original/file-20201019-17-o8eqwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=309&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/364323/original/file-20201019-17-o8eqwm.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=309&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">A gauche, nodules des racines du pois. À droite, vésicules (lieu de stockage, flèche du haut) et le réseau mycélien au niveau des racines de la féverole (flèche du bas).</span>
<span class="attribution"><span class="source">A. Gauthier (à gauche), et B. Thioye (à droite)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De fait, la plupart des plantes vivent aussi en étroite association avec des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mycorhize">mycorhizes</a>, c’est-à-dire des champignons microscopiques installés dans leurs racines. Formant sous terre de vastes réseaux de filaments, ces champignons aident la plante à capter de l’eau et des éléments minéraux comme le phosphore ou l’azote, indispensables à sa croissance, et obtiennent en retour des sucres issus de la photosynthèse. Et certains micro-organismes présents dans le sol ont aussi la capacité de conférer à la plante une certaine résistance contre les maladies…</p>
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<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ces-microorganismes-qui-nourrissent-et-protegent-les-plantes-103580">Ces microorganismes qui nourrissent et protègent les plantes</a>
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<p>Des bactéries et champignons microscopiques sont en effet capables d’agir directement ou indirectement sur des agents pathogènes. Parmi les 607 produits autorisés en France et <a href="https://ecophytopic.fr/proteger/liste-des-produits-de-biocontrole">reconnus comme agents de biocontrôle</a>, on compte ainsi divers composés chimiques d’origine végétale, mais aussi 101 micro-organismes, dont notamment des <em>Aureobasidium</em>, <em>Bacillus</em> et <em>Trichoderma</em>.</p>
<p>Ces agents microbiens ont différents moyens d’action. Ils vont notamment rentrer en compétition spatiale avec les pathogènes au niveau de la rhizosphère, réalisant ainsi une sorte de bouclier. Mais ils vont aussi les priver des nutriments nécessaires à leur développement. Ou bien, agir à leurs dépens en <a href="https://doi.org/10.1016/S0007-1536(76)80098-8">les parasitant</a>. Ou encore, les attaquer avec des <a href="https://apsjournals.apsnet.org/doi/pdfplus/10.1094/PHYTO.1999.89.2.141">composés antimicrobiens</a>. Enfin, ils améliorent l’absorption des nutriments et donc l’état de santé général des plantes, tout en <a href="https://doi.org/10.1016/j.biocontrol.2011.04.006">activant de l’expression de gènes clés des réactions de défense</a>.</p>
<p>Toutes ces caractéristiques font aujourd’hui l’objet de recherches très intenses dans le but de valoriser l’énorme potentiel des micro-organismes, en <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10658-018-1495-7">alternative ou en complément à l’utilisation des pesticides</a>. Reste toutefois à évaluer au mieux leur efficacité sur le terrain pour optimiser leur utilisation, ce à quoi travaille l’unité de recherche <a href="https://www.unilasalle.fr/aghyle">AGHYLE</a> (UniLaSalle).</p>
<p>L’un de ses projets de recherche (BCA-Protect), développé en partenariat avec l’<a href="https://www.astredhor.fr/programmes-65741.html">ASTREDHOR</a>, vise ainsi à mieux comprendre l’influence des pratiques culturales (mode d’arrosage, substrat utilisé, dose) sur le maintien des micro-organismes de biocontrôle au niveau de la rhizosphère des plantes.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/364447/original/file-20201020-18-rtvodk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/364447/original/file-20201020-18-rtvodk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=197&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/364447/original/file-20201020-18-rtvodk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=197&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/364447/original/file-20201020-18-rtvodk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=197&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/364447/original/file-20201020-18-rtvodk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=247&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/364447/original/file-20201020-18-rtvodk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=247&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/364447/original/file-20201020-18-rtvodk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=247&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pour protéger l’oranger du Mexique contre <em>Phytophthora parasitica</em> (attaque visible à droite sur un plant non traité), en partenariat avec ASTREDHOR, l’équipe AGHYLE de Rouen a appliqué soit un produit phytosanitaire classique (à gauche), soit des microorganismes de biocontrôle (milieu).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Outre un traitement basé sur l’apport de bactéries ou de champignons, on peut aussi envisager de modifier les pratiques culturales pour modeler les communautés microbiennes et <a href="https://microbiomejournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40168-017-0389-9">favoriser l’abondance des micro-organismes bénéfiques dans les sols</a>. Les modifications induites pourraient permettre de protéger la culture suivante notamment au sein de la rotation.</p>
<p><em>In fine</em>, toutes ces recherches le confirment : loin d’être un substrat inerte, les sols hébergent quantité d’habitants dont il faut se préoccuper pour maintenir les plantes que l’on y cultive en bonne santé…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/148130/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Adrien Gauthier est membre du RMT BESTIM</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mélanie Bressan participe à des projets de recherche ayant reçu des financements de la région Normandie ou encore issus de fonds nationaux (France Agrimer). </span></em></p>
L’apport de microorganismes dits agents de biocontrôle constitue une solution prometteuse pour protéger les plantes des maladies de manière durable.
Adrien Gauthier, Enseignant-chercheur en Phytopathologie - Responsable de la formation i-SAFE, UniLaSalle
Mélanie Bressan, Chargée de Recherche en écologie microbienne, microbiologie environnementale et phytopathologie, UniLaSalle
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/147106
2020-11-04T21:07:58Z
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Sur les littoraux, le dilemme entre maintien et abandon des digues
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/361123/original/file-20201001-22-82c1m5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=112%2C2%2C1690%2C948&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’écluse du vieux port sur la réserve naturelle nationale de Lilleau des Niges.</span> <span class="attribution"><span class="source">Olivier Crouzel</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Les zones humides littorales constituent des espaces naturels essentiels en raison de la diversité des fonctions qu’elles supportent : écologiques en supportant une biodiversité remarquable, climatiques en piégeant le CO<sub>2</sub>, antiérosives en créant une zone tampon pour briser l’assaut de vagues ou encore de protection contre les inondations.</p>
<p>Très présentes sur les littoraux nord-européens, elles ont été asséchées et aménagées par l’homme au cours des siècles pour des usages agricoles. Ces terres gagnées sur la mer ou les estuaires ont été transformées en marais salants grâce à l’entrée régulière d’eau de mer ou en terres arables drainées et déconnectées du rythme des marées. Les marais salés comme les marais doux sont tous abrités derrière des digues, elles-mêmes reliées à des systèmes de gestion plus ou moins complexe des niveaux d’eau, comprenant écluses, portes à flots, chenaux, fossés ou bassins.</p>
<p>Ces espaces sont à l’échelle européenne gérés par des structures très différentes : collectivités, associations, <a href="http://www.conservatoire-du-littoral.fr/">établissements publics</a>… Cette diversité d’acteurs complexifie la naissance d’une politique de gestion à grande échelle. Depuis une vingtaine d’années, sous l’effet du changement climatique, les phénomènes extrêmes (tempêtes, crues, submersions marines…) s’intensifient, provoquant des brèches dans les digues construites par l’homme. À ces événements ponctuels s’ajoute une autre menace : l’élévation graduelle du niveau de la mer.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1310793206540447745"}"></div></p>
<p>Pour se préparer à ces nouvelles menaces, les gestionnaires des espaces naturels côtiers sont confrontés à un choix cornélien : consolider les digues ou les laisser se dégrader. La question de l’arbitrage entre maintien ou abandon des digues permet de s’interroger sur la place que l’homme est prêt à laisser à la nature et donc sur la relation qu’il entretient avec elle.</p>
<h2>Deux approches scientifiques</h2>
<p>Pour appréhender cette problématique, il faut mêler sciences du milieu et sciences humaines et sociales, ce qui n’est pas toujours aisé. Alors que l’écologie s’attache à comprendre le fonctionnement des milieux à partir des relations qu’entretiennent faune et flore avec leur habitat, la géographie cherche à comprendre les relations que les hommes entretiennent avec les milieux dits naturels ou non. La composante humaine est faible pour l’une, indispensable pour l’autre, mais la place de la nature est centrale dans les recherches des deux disciplines.</p>
<p>Dans le cas de la gestion des zones humides littorales, l’écologue <a href="https://www.cnrtl.fr/definition/ichtyologie">s’intéresse aux poissons</a> et la géographe aux acteurs impliqués dans le territoire. Pendant que l’une pêche et analyse la façon dont les poissons s’alimentent, l’autre réalise des entretiens auprès des acteurs sur le terrain et les retranscrit. Une fois leurs matériaux récoltés et saisis, les deux les analysent : analyse quantitative pour l’une, qualitative pour l’autre.</p>
<p>Enfin, elles appuient leurs recherches <a href="https://www.cnrtl.fr/definition/terrain">sur des terrains</a>. Ainsi, l’écologue a travaillé <a href="https://www.gironde.fr/environnement/decouverte-des-espaces-naturels-de-gironde/lile-nouvelle">sur l’île Nouvelle</a>, au cœur de <a href="https://www.gironde.fr/environnement/preservation-de-la-biodiversite">l’estuaire de la Gironde</a>, géré par le département. La géographe a quant à elle investi la Réserve naturelle nationale de <a href="http://www.reserves-naturelles.org/lilleau-des-niges">Lilleau des Niges</a> sur l’île de Ré, gérée par la <a href="https://www.lpo.fr/">Ligue de protection des oiseaux</a>. Leurs échanges vont apporter des éléments de réponse autour du dilemme actuel entre maintien et abandon des digues.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361128/original/file-20201001-14-1odjje0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361128/original/file-20201001-14-1odjje0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361128/original/file-20201001-14-1odjje0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361128/original/file-20201001-14-1odjje0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361128/original/file-20201001-14-1odjje0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361128/original/file-20201001-14-1odjje0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361128/original/file-20201001-14-1odjje0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La digue du Boutillon sur la façade atlantique, réhabilitée après la tempête Xynthia.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Olivier Crouzel</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Consolider les digues</h2>
<p>Historiquement, les digues ont été construites pour se protéger des assauts de la mer. Derrière elles, l’agriculture s’est développée pendant des siècles : aquaculture, saliculture, élevage, polyculture. Avec le temps, les enjeux côtiers ont évolué, les remparts dressés pour protéger les activités économiques et les espaces naturels défendent aussi les habitations, de plus en plus présentes en raison d’une urbanisation littorale galopante.</p>
<p>Si la législation impose la préservation des habitations et activités économiques, il n’en est pas de même des espaces naturels. Sur l’île de Ré, la communauté de communes a décidé de laisser les murs en l’état au niveau de la réserve naturelle de Lilleau des Niges. Un jour, elle sera submergée et les niveaux d’eau ne pourront plus être gérés.</p>
<figure class="align-right zoomable">
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<span class="caption">Aperçu de la digue de la réserve naturelle nationale de Lilleau des Niges (à marée haute).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Olivier Crouzel</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<figure class="align-right zoomable">
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<span class="caption">Aperçu de la digue de la réserve naturelle nationale de Lilleau des Niges (à marée basse).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Olivier Crouzel</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>C’est pourtant grâce à cette gestion des niveaux d’eau que les oiseaux peuvent venir se reposer et se nourrir derrière les digues au moment des marées hautes et des <a href="https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/vive-eau/102021">marées de vives eaux</a>. Elles assurent ainsi le maintien de la fonctionnalité écologique perçue comme la plus importante de la réserve par ses gestionnaires : celle de zone de reposoir. « Une lame d’eau dans quelques bassins permet aux oiseaux de se poser et de se sentir en sécurité, car bien que ce soient des oiseaux d’eau, <a href="https://www.oliviercrouzel.fr/renature">ils aiment avoir pied</a> ! ». C’est pourquoi ces derniers fréquentent aussi les marais salants, où il est possible de les observer autant que dans la réserve. Ce sont les mêmes arguments qui priment pour la gestion des niveaux d’eau sur la partie endiguée du sud de l’île Nouvelle.</p>
<h2>Abandonner les digues</h2>
<p>L’autre option est de laisser les digues se dégrader, au risque de livrer peu à peu les îles estuariennes et côtières, qui ne perdurent que grâce à leur présence, à la montée des mers.</p>
<figure class="align-right zoomable">
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<span class="caption">Zoom sur le système d’endiguement, qui permet de faire circuler l’eau dans le marais.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Olivier Crouezl</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>L’île de Ré par exemple est une île d’agriculteurs, qui ont su tirer profit de la mer pour se nourrir et pour produire du sel grâce à l’existence des digues. Depuis leur mise en place à la fin du Moyen-Âge, elles étaient reconstruites, renforcées, rebouchées à chaque tempête. Avec le temps et l’oubli du risque, elles se sont dégradées faute d’entretien. La tempête Xynthia en 2010 a révélé leurs mauvais états en les attaquant violemment. Les abandonner est pourtant impensable aujourd’hui, puisque les activités qu’elles protègent se perpétuent.</p>
<p>Si la relation qu’entretiennent les Rétais avec leur marais paraît à première vue économique (sel, huître, gambas, algue, pêche à pied…), elle est surtout affective et sensible. Ceux qui y travaillent et les modèlent louent leur « argile très plastique, qui imprime le caractère du saunier », ceux qui les préservent sont « attentifs à la lumière, à l’arrivée des migrateurs, aux bernaches cravants qui amènent l’automne ». Et ceux qui en profitent admirent « les oiseaux qui s’envolent de partout, les goélands, l’herbe, les huîtres dans le marais » et aimeraient que leurs « enfants continuent à voir tout ça ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1290546697630896128"}"></div></p>
<p>Sur l’île Nouvelle, il n’y a plus d’habitants ni d’agriculture depuis une trentaine d’années. Le contexte est propice à une expérience de restauration grandeur nature : au nord, les digues ont cédé pendant la tempête Xynthia, et la brèche n’a pas été réparée à dessein.</p>
<p>Depuis, les eaux de l’estuaire entrent et sortent librement grâce à la coursive nouvellement formée. Le milieu évolue en réponse aux marées et le cycle naturel des marais s’observe du ciel : les vasières ont d’abord reconquis les espaces et se couvrent aujourd’hui peu à peu de végétation. Les poissons estuariens et migrateurs se rencontrent à nouveau dans le chenal, laissant présager un retour de fonctionnalités écologiques perdues, à l’avantage des zones en eau et de la biodiversité aquatique.</p>
<h2>Renouer avec la nature</h2>
<p>Le dilemme entre le maintien ou l’abandon des digues exprime la complexité de notre relation à la nature. L’homme a conquis des espaces sur la mer, aujourd’hui il fait marche arrière, souvent pour des questions économiques. Une digue coûte cher, des choix doivent être faits. Sur l’île Nouvelle et l’île de Ré, des remparts ont été maintenus, d’autres abandonnés.</p>
<p>Que ce soit sur l’île Nouvelle ou l’île de Ré, s’étendent derrière les digues des espaces naturels. Dans les deux cas, elles jouent un rôle d’interface entre la terre et la mer ou l’estuaire. À la fois fragiles et robustes, elles révèlent nos propres fragilités et forces, mais aussi notre distanciation avec la nature. Elles mettent à distance la mer, et lorsqu’elles sont détruites, la connexion entre le marais et la mer ou l’estuaire est rétablie quotidiennement. Quand elles sont maintenues, la connexion ne survient que lors des marées de vives eaux, une fois par mois, parfois moins.</p>
<p>La mer monte, pouvons-nous continuer à « construire des digues jusqu’au ciel » ? Ou faut-il laisser la nature reprendre sa place ?</p>
<hr>
<p><em>Grégory Lambert a contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147106/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laure Carassou a bénéficié d'un soutien financier du Conservatoire du Littoral dans le cadre du programme LIFE ADAPTO, et de l'Agence Nationale de Recherche (ANR) dans le contexte des Investissements d'Avenir, via le Cluster d'Excellence COTE (ANR-10-LABX-45). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne Gassiat a eu le soutien financier de l’Agence nationale de la recherche (ANR), dans le cadre du programme investissements d’avenir, au sein du LabEx COTE (ANR-10-LABX-45) ainsi que de l’Idex de l’Université de Bordeaux
dans le cadre du Festival Arts et Sciences, FACTS 2019</span></em></p>
Face à la montée des eaux, deux options s’offrent à nous. Protéger les activités anthropiques en renforçant les digues tant que cela est possible, ou redonner peu à peu sa place à la nature.
Laure Carassou, Docteur en océanologie biologique, chargée de recherche en écologie aquatique, Inrae
Anne Gassiat, Ingénieur-Chercheur, Inrae
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/146337
2020-11-04T21:07:48Z
2020-11-04T21:07:48Z
Un nouvel outil de lutte contre les bactéries à l’hôpital : le laiton
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/363695/original/file-20201015-15-41fbqn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dépôt de l'inoculum bactérien sur le laiton AB+®</span> </figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Les infections associées aux soins combinées à l’antibiorésistance bactérienne sont un enjeu majeur de santé publique. Une infection associée aux soins (IAS) se définit comme une infection survenue au cours d’une prise en charge (diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive ou éducative) d’un patient, et si elle n’était ni présente, ni en incubation au début de la prise en charge. Les personnes infectées possèdent généralement une immunité affaiblie : séniors, enfants prématurés, ou encore atteintes de maladies ou recevant un traitement entraînant une déficience immunitaire (cancer, infection par le virus de l’immunodéficience humaine…) ou ayant récemment subi une opération. Différents types de microorganismes sont responsables de ces infections : virus, champignons ou encore bactéries.</p>
<p>Les IAS représentent un <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/epidemiology-and-infection/article/evaluating-the-clinical-and-economic-burden-of-healthcareassociated-infections-during-hospitalization-for-surgery-in-france/47F40B2BF4623A686A2C0F291CCC5DA0">coût</a> non négligeable à l’échelle économique mais également à l’échelle humaine. En effet, elles ont pour conséquences de prolonger le séjour du patient infecté, d’augmenter les coûts liés aux soins et d’accroître le risque de transfert du microorganisme responsable de l’IAS au sein de l’hôpital. Ainsi, un <a href="https://www.senat.fr/rap/r05-421/r05-4213.html">rapport du Sénat</a> de 2006 estimait l’allongement moyen de la durée de séjour à 4 jours. Le coût supplémentaire était quant à lui évalué entre 340 euros (infection urinaire) et 40 000 euros (bactériémie sévère avec admission en réanimation).</p>
<p>De plus, d’après la dernière <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/infections-associees-aux-soins-et-resistance-aux-antibiotiques/infections-associees-aux-soins/documents/enquetes-etudes/enquete-nationale-de-prevalence-des-infections-nosocomiales-et-des-traitements-anti-infectieux-en-etablissements-de-sante-mai-juin-2017">enquête nationale de prévalence des IAS et des traitements anti-infectieux</a> en établissements de santé de 2017, les IAS touchent 1 patient sur 20 et engendrent 3500 à 9000 décès chaque année en France.</p>
<p>Parmi les microorganismes qui en sont à l’origine, intéressons-nous aux bactéries. Celles-ci peuvent être naturellement résistantes ou avoir acquis de nouvelles résistances aux antibiotiques. En secteur hospitalier, l’importance de ces résistances se traduit parfois par une impasse thérapeutique si un patient est infecté par une bactérie les ayant accumulées. La bactérie est alors qualifiée de multirésistante. Au sein des bactéries multirésistantes, sept espèces ont plus particulièrement été pointées du doigt car majoritairement à l’origine d’IAS pouvant déboucher sur d’importantes difficultés de traitement, constituant ainsi un enjeu majeur de santé publique. Elles sont qualifiées de bactéries ESKAPEE (<em>Enterococcus faecium</em>, <em>Staphylococcus aureus</em>, <em>Klebsiella pneumoniae</em>, <em>Acinetobacter baumannii</em>, <em>Pseudomonas aeruginosa</em>, <em>Enterobacter spp. et Escherichia coli</em>) en raison de leur propension à échapper aux traitements antibiotiques actuels.</p>
<p>Cette thématique est l’un des sujets phares des projets de recherche du laboratoire <a href="https://agir.u-picardie.fr/programmes-de-recherche/bacteries-eskapee/bacteries-eskapee-495502.kjsp">AGIR</a> (Agents infectieux et chimiothérapie de l’Université de Picardie Jules Verne) et est au cœur d’une collaboration public/privé avec la société <a href="http://www.favi.com/">FAVI</a>.</p>
<p>La transmission des microorganismes responsables d’IAS peut avoir de multiples origines. Les surfaces de contacts sont l’une d’entre elles. En effet, les bactéries ont la capacité de <a href="https://bmcinfectdis.biomedcentral.com/articles/10.1186/1471-2334-6-130">survivre</a> de quelques jours à quelques mois sur une surface inerte (poignées de porte, chariots d’hôpital, rails de lits, siphons d’évier…) et ainsi être source d’infection. Aux méthodes déjà existantes pour contrer ce type de contaminations comme le <a href="https://www.delcourt.fr/blog/qu-est-ce-que-le-bionettoyage-n15">bionettoyage</a> régulier des surfaces et les protocoles d’hygiène des mains, une autre mesure complémentaire envisagée repose sur des surfaces antimicrobiennes « auto-nettoyantes » à base de cuivre.</p>
<h2>Le cuivre : une substance à activité antibactérienne</h2>
<p>L’utilisation du cuivre comme antimicrobien en santé humaine est retrouvée dès l’Antiquité avec des mentions dans d’anciens ouvrages comme le papyrus Edwin Smith (environ 2400 avant Jésus Christ) ou encore le papyrus Ebers (environ 1500 avant Jésus Christ). Actuellement, de nombreuses études axées sur l’hygiène hospitalière s’intéressent aux propriétés antimicrobiennes du cuivre et de ses alliages (laiton et bronze plus particulièrement) utilisés comme matériau de substitution de l’acier inoxydable pour des <a href="http://www.abevia.fr/wp-content/uploads/2016/01/HygieneS-2014.pdf">surfaces de contact</a> dans l’environnement hospitalier.</p>
<p>Une surface renfermant du cuivre va, au contact de la bactérie, provoquer un phénomène appelé <a href="https://sfamjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/jam.13681"><em>contact killing</em></a> induisant la mort de la bactérie. Ce phénomène, par le biais des ions de cuivre émanant de la surface, engendre un <a href="https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2011/04/medsci2011274p405/medsci2011274p405.html">stress oxydatif</a> et induit la perméabilité de la cellule bactérienne mais aussi l’oxydation de protéines et du matériel génétique.</p>
<p>Si ces mécanismes clefs ont pu être démontrés, l’ordre dans lequel ils se tiennent reste encore à établir clairement. Les essais rapportés dans l’ensemble de la littérature pour différents alliages de cuivre confirment <a href="https://www.antimicrobialcopper.org/fr/node/14336">leur efficacité</a> antimicrobienne en laboratoire avec des protocoles très divers sur des souches de plusieurs espèces bactériennes, principalement issues de collections. Toutefois, ces souches ne sont pas forcément représentatives des souches de l’environnement hospitalier et, dans la littérature, des variations de « comportement » (profil de résistances, par exemple) entre différentes souches cliniques au sein d’une même espèce bactérienne peuvent être observées.</p>
<p>Aussi, afin de limiter la diversité des protocoles pour évaluer l’effet antibactérien de surfaces non poreuses telles que celles en alliages de cuivre, la standardisation de la méthodologie s’est avérée nécessaire. Avant mai 2019, l’absence de méthodes standardisées en France a ainsi induit une multitude d’essais utilisant des conditions expérimentales et des souches différentes aboutissant à des résultats sur l’activité antibactérienne de ces surfaces non comparables d’une étude à l’autre.</p>
<p>De nombreux <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1438463916300669">facteurs</a> importants tels que la température et l’hygrométrie pendant la période d’exposition à la surface, la présence d’une charge organique simulant une salissure, la rugosité ou encore l’oxydation de l’alliage peuvent impacter l’efficacité de la surface antimicrobienne. Certaines études reprenaient le protocole standardisé émis par l’EPA (Agence de protection de l’environnement des États-Unis) en <a href="https://copperalloystewardship.com/sites/default/files/upload/media-library/files/pdfs/us/epa_sanitizer_test_method_copper_alloy_surfaces.pdf">2008</a> et actualisé en <a href="https://www.epa.gov/pesticide-registration/updated-draft-protocol-evaluation-bactericidal-activity-hard-non-porous">2016</a>. Cependant, ce protocole restait difficile à mettre en place techniquement en routine au sein d’un laboratoire. En mai 2019, l’association française de normalisation (AFNOR) a publié la <a href="https://norminfo.afnor.org/norme/NFS90-700/surfaces-a-proprietes-biocides-methode-devaluation-de-lactivite-bactericide-de-base-dune-surface-non-poreuse/126063">norme NF S90-700</a> afin d’évaluer de façon standardisée l’effet bactéricide de surfaces non poreuses.</p>
<h2>Le laiton AB+ : un alliage antibactérien complémentaire au bionettoyage</h2>
<p>La collaboration entre la société FAVI et le laboratoire AGIR s’est inspirée des méthodes de l’EPA et de l’AFNOR pour valider une <a href="https://www.mdpi.com/2079-6382/9/5/245">méthode</a> mesurant l’efficacité antibactérienne des alliages de cuivre dans des conditions de « worst case » (la pire des conditions) adaptées à un environnement hospitalier.</p>
<p>Cette méthode a permis la vérification de l’efficacité réalisée sur le laiton AB+ sur 12 souches bactériennes antibiorésistantes issues de l’environnement hospitalier avec un temps de contact bref (5 min) et le dépôt d’une quantité équivalente à un million d’unités formant colonies bactériennes pour un microlitre mimant par exemple une contamination par postillon. Les résultats d’efficacité du laiton AB+ sur ces souches bactériennes ont montré une réduction atteignant au minimum 99 % de la quantité bactérienne déposée pour l’ensemble du panel de souches testé. Ces résultats sont en adéquation avec le seuil d’efficacité recommandé par la norme NF S90-700 et confirment un effet antibactérien en cinq minutes du laiton AB+ sur les souches bactériennes antibiorésistantes ainsi que l’absence de résistances croisées entre cuivre et antibiotiques pour ces souches.</p>
<p>En pratique, l’utilisation de surfaces en alliage de cuivre reste encore minoritaire en milieu hospitalier. Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1198743X18302969?via%3Dihub">études</a> rapportant leur efficacité en termes de réduction de la quantité de bactéries présentes sur les surfaces et/ou d’incidence des IAS dans les services hospitaliers sont peu nombreuses et leurs résultats <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27318524/">controversés</a>. Des études de terrain menées avec une méthodologie rigoureuse restent indispensables afin de confirmer l’usage du laiton comme une arme supplémentaire dans la lutte contre les IAS.</p>
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<p><strong>Cet article a été co-écrit avec Corinne Lacquemant, chef de Projet R&D chez FAVI</strong></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146337/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emilie Dauvergne a reçu des financements de l'ANRT (bourse CIFRE 2018/0659). Contrat de collaboration entre FAVI S.A et le laboratoire Agents Infectieux Résistance et Chimiothérapie (AGIR) UR 4294.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Catherine Mullié ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les infections liées à des passages à l’hôpital posent un vrai problème de santé publique. Découvrez une solution possible pour les diminuer.
Emilie Dauvergne, Doctorante en Microbiologie, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)
Catherine Mullié, Microbiologie, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/147096
2020-11-03T19:38:55Z
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Les légumineuses, une source d’azote plus durable pour la culture du maïs
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/361562/original/file-20201005-24-19wuxey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=57%2C11%2C3808%2C2509&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le maïs est la céréale la plus cultivée dans le monde avant le riz et le blé.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/v9r31Dxg0X0">Christophe Maertens / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Lorsque l’on s’intéresse aux enjeux de sécurité alimentaire, il est une céréale qui constitue un ingrédient de base essentiel <a href="https://doi.org/10.1155/2017/1545280">dans de nombreux pays</a> : le maïs. Celui-ci est également utilisé dans l’alimentation animale et dans de nombreuses applications industrielles, notamment pour la production de biocarburant.</p>
<p>L’incroyable variabilité génétique de cette plante lui permet en effet de s’adapter aux climats tropicaux, subtropicaux et tempérés. C’est pourquoi le maïs est la céréale la plus produite dans le monde avant le riz et le blé, avec 875 millions de tonnes cultivées en 2018 pour un peu moins de <a href="http://www.fao.org/faostat/en/#data/QC">195 millions d’hectares</a>.</p>
<p>Toutes les cultures de maïs n’offrent toutefois pas les mêmes rendements. Dans de nombreux pays où le maïs constitue l’aliment de base, ils apparaissent extrêmement faibles, avec une moyenne <a href="http://www.fao.org/faostat/en/#data/QC">d’environ 1,5 tonne par hectare</a> – environ 20 % du rendement moyen des pays dits « développés ». Outre la mauvaise qualité des semences et les stress biotiques et abiotiques que ces cultures subissent, ce phénomène s’explique par la faible fertilité des sols dans ces pays.</p>
<p>Dans les sols tropicaux et subtropicaux, considérés comme des sols anciens dotés d’une faible capacité à fournir des nutriments, cela entraîne une dépendance accrue aux intrants et aux fertilisants, avec d’importants impacts environnementaux.</p>
<h2>Azote, légumineuses et rotation des cultures</h2>
<p>Le maïs a en effet besoin d’un apport considérable en minéraux pour croître <a href="https://doi.org/10.1590/S0103-84782008000400002">et en particulier d’azote</a>. Ce dernier est un composant majeur de l’ADN et des acides aminés, eux-mêmes éléments constitutifs des protéines. C’est aussi un composant de la chlorophylle, pigment vert des plantes essentiel à la photosynthèse. Dans des conditions climatiques favorables, le maïs a besoin pour obtenir des rendements élevés <a href="https://doi.org/10.1590/S0100-06832002000100025">d’une quantité d’azote supérieure à 150 kg/ha</a>.</p>
<p>La principale source d’azote (N<sub>2</sub>) sur notre planète se trouve dans l’atmosphère, mais la majorité des plantes ne peut pas l’utiliser. Les légumineuses, ainsi que les plantes de la famille des fabacées, sont seules capables de fixer l’azote atmosphérique en s’associant à des micro-organismes du sol via un procédé nommé symbiose. Une solution à la problématique du maïs serait donc d’introduire ces plantes dans le sol avant la culture du maïs, comme une culture de couverture ou des cultures intercalées dans le cadre d’une rotation.</p>
<p>La décomposition des résidus de légumineuses libérerait en effet de l’azote dans le sol que le maïs pourrait alors utiliser. La quantité fournie par ces cultures varie de 20 à 104 kg/ha et le bénéfice net d’azote pour les cultures suivantes atteint 51 kg/ha. Le procédé réduit donc considérablement les besoins en engrais de synthèse à base d’azote, tout en garantissant un <a href="https://doi.org/10.1016/j.eja.2016.05.010">fort rendement et une grande qualité du maïs</a>.</p>
<h2>Une autre fertilisation possible</h2>
<p>La méthode a été expérimentée sur 30 ans au sud du Brésil sur un sol très représentatif de ce territoire. Elle a permis d’étudier le potentiel des légumineuses. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Vicia_sativa">La vesce</a> (en hiver) et le haricot (en été) ont été cultivés selon le modèle suivant : dans le même champ, la première a été intercalée en hiver avec de l’avoine, et la seconde avec du maïs. Les résultats de fertilisation grâce aux légumineuses ont été comparés aux résultats obtenus avec une fertilisation minérale.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360486/original/file-20200929-14-9yhi1l.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Modèle d’expérimentation qui permet d’étudier le potentiel des légumineuses – vesce (en hiver) et haricot (en été) cultivées selon le modèle suivant : en hiver, vesce et avoine intercalés et en été, haricot et maïs intercalés dans le même champ. Les résultats de fertilisation grâce aux légumineuses sont comparés aux résultats obtenus avec une fertilisation minérale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span></span>
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<p>Au cours des premières années, la fertilisation azotée minérale a été deux fois plus efficace pour fournir de l’azote au maïs que les cultures de légumineuses : 180 kg/ha pour la première contre 80 kg/ha pour les secondes. Cette différence se répercute notamment sur le rendement, avec une différence de 2,5 tonnes/ha en faveur de la fertilisation minérale par rapport à celle des légumineuses.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/360488/original/file-20200929-16-1q9v0je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360488/original/file-20200929-16-1q9v0je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360488/original/file-20200929-16-1q9v0je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=195&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360488/original/file-20200929-16-1q9v0je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=195&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360488/original/file-20200929-16-1q9v0je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=195&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360488/original/file-20200929-16-1q9v0je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=245&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360488/original/file-20200929-16-1q9v0je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=245&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360488/original/file-20200929-16-1q9v0je.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=245&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution de l’efficacité de l’utilisation de l’azote par la culture du maïs au cours d’une expérience de terrain de 30 ans dans le sud du Brésil à partir de l’application d’engrais azoté minéral ou de l’utilisation de légumineuses.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span></span>
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<figcaption>
<span class="caption">Haricots et maïs intercalés dans le même champ deux semaines après le semis.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<span class="caption">Haricots et maïs intercalés dans le même champ deux mois après le semis.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span></span>
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<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=449&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360489/original/file-20200929-16-nynzyg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Stock de carbone du sol après une expérience de terrain de 30 ans dans le sud du Brésil à partir de l’application d’engrais azoté minéral ou de l’utilisation de légumineuses.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span></span>
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</figure>
<p>Au bout de 5 ans, une augmentation de la teneur en matière organique du sol a été observée lorsque le champ était cultivé avec des légumineuses. La matière organique du sol dérivant de résidus de plantes dégradés par des micro-organismes est composée principalement de carbone et d’azote. Elle offre alors une nouvelle source d’azote aux plants de maïs, qui commencent à y répondre par une augmentation progressive du rendement.</p>
<p>Après 17 ans d’expérimentation sur le terrain, la différence de teneur en matière organique du sol, entre les deux types d’itinéraires de culture, atteint plus de 6 tonnes/ha en faveur de l’itinéraire contenant les légumineuses de couverture. Sur la période 18 à 30 ans, les différences de rendements initialement observées s’effacent et l’utilisation de l’azote issue des légumineuses devient beaucoup plus efficace.</p>
<h2>Stabiliser le CO₂ dans les sols</h2>
<p>L’augmentation de la matière organique du sol grâce aux légumineuses présente par ailleurs un autre avantage : la stabilisation du CO<sub>2</sub> présent dans l’atmosphère et introduit dans le sol par les plantes et les micro-organismes. Le CO<sub>2</sub> capté par les plantes via la photosynthèse et l’azote capté par les légumineuses via une symbiose avec des micro-organismes conduisent à rendre le résidu végétal très attractif pour les autres micro-organismes du sol.</p>
<p>Ces derniers, en consommant ces résidus végétaux, vont permettre de fixer et stabiliser le carbone dans le sol, évitant ainsi sa restitution dans l’atmosphère. C’est pourquoi nous estimons que les légumineuses <a href="https://doi.org/10.1016/j.still.2019.03.003">favorisent la séquestration du carbone dans le sol</a> : elles constituent aussi un outil efficace pour lutter efficacement et durablement contre le changement climatique.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=304&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=304&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=304&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=382&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=382&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360490/original/file-20200929-16-fwcspj.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=382&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Tableau qui montre l’impact de l’utilisation des légumineuses sur la libération d’azote et la santé du sol conduisant à une augmentation du rendement du maïs et à l’augmentation du stock de la matière organique du sol et de la réduction de la fertilisation azotée minérale, ce qui a contribué à la durabilité environnementale.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Murilo Veloso</span></span>
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<p>Réduire la fertilisation azotée minérale entraîne à la fois une réduction des coûts pour l’agriculteur et la diminution des émissions de CO<sub>2</sub> émises lors de la production de l’engrais. L’augmentation de la matière organique du sol contribue par ailleurs à la lutte contre le changement climatique en stabilisant le CO<sub>2</sub> dans les sols et en améliorant la santé de ces derniers.</p>
<hr>
<p><em>Babacar Thioye (Institut Polytechnique UniLaSalle, Unité AGHYLE, campus de Rouen), Adrien Gauthier (Institut polytechnique UniLaSalle, unité AGHILE, campus de Rouen) et Cimélio Bayer (Universidade Federal do Rio Grande do Sul) ont contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147096/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Murilo Veloso ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Dans les régions tropicales, la culture du maïs exige le recours massif aux intrants chimiques. Une autre solution existe, fondée sur la rotation des cultures, pour favoriser la fertilité des sols.
Murilo Veloso, Enseignant-chercher en Science du Sol, Unité AGHYLE, Campus de Rouen, UniLaSalle
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/147074
2020-11-02T19:59:09Z
2020-11-02T19:59:09Z
La perception des risques d’érosion côtière et de submersion marine par la population du littoral : les cas de Wissant et Oye-Plage
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/361924/original/file-20201006-22-1ilqpk7.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">A Oye-Plage aux Ecardines, les bunkers, autrefois sur la digue, sont maintenant en haut de plage. Les maisons sont juste derrière le cordon dunaire.</span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<p><em>Le présent article a été coécrit avec Philippe Deboudt (Univ. Lille, Univ. Littoral Côte d’Opale, ULR 4477 – TVES – Territoires, Villes, Environnement & Société), Florian Lebreton, (Univ. Littoral Côte d’Opale, Univ. Lille, ULR 4477 – TVES – Territoires, Villes, Environnement & Société), Arnaud Héquette, François Schmitt, Denis Marin, Rachel Révillon et Lucie Le Goff (Univ. Littoral Côte d’Opale, Univ. Lille, CNRS, Laboratoire d’Océanologie et de Géosciences, UMR CNRS 8187).</em></p>
<hr>
<p>Les côtes sont des territoires à enjeux forts : on trouve par exemple 60 % de la population mondiale sur une bande de 150 km de large le long des rivages <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/1379044/aq_oldcol_23.pdf">d’après l’Insee</a>. En France métropolitaine, s’il ne représente que 4 % de la surface du territoire national, le littoral accueille 10 % des habitants, d’après l’<a href="https://www.onml.fr/accueil/">Observatoire National de la Mer et du Littoral</a>. Il concentre également des activités économiques essentielles : ports, zones industrielles, pôles touristiques, etc. Les habitants et les infrastructures peuvent être menacés par endroits par l’érosion côtière. Dans un <a href="http://www.geolittoral.developpement-durable.gouv.fr/premiers-enseignements-r476.html">rapport technique de 2018</a>, le <a href="https://www.cerema.fr/fr">Centre d’Études et d’Expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement</a> indique qu’en France métropolitaine 37 % des côtes sableuses sont en érosion, soit un linéaire de 700 km environ et qu’une surface de territoire d’à peu près 30 km<sup>2</sup> a déjà été perdue depuis 50 ans.</p>
<p>Dans le contexte actuel d’accélération de la montée du niveau de la mer et d’incertitude quant à l’évolution du régime futur des tempêtes, l’inquiétude des populations exposées aux aléas littoraux est légitime. Elles seront de plus en plus vulnérables à l’avenir. La gestion des risques littoraux en France a été jusqu’à présent un sujet dont les citoyens avaient été tenus à l’écart, sans qu’ils soient associés directement à la prise de décision. Pourtant, l’acculturation et la connaissance de la perception des risques côtiers par les populations locales sont un préalable indispensable à la co-construction et à l’acceptabilité des stratégies d’aménagement du territoire à mettre en place dans les années à venir.</p>
<p>Dans le cadre d’un projet intitulé « Quel littoral dans cinquante ans ? Co-construction de stratégies d’adaptation au changement climatique en Côte d’Opale » (<a href="https://cosaco.univ-littoral.fr/">COSACO</a>, financé par la Fondation de France), une équipe pluridisciplinaire de chercheurs (géographes, géomorphologues, sociologue et océanographe) a travaillé pendant trois ans (2016-2019) avec les habitants de deux communes littorales du Pas-de-Calais en région Hauts de France, Wissant et Oye-Plage.</p>
<p>Dans ces deux communes, des lotissements ont été construits dans les années 1970 directement en arrière d’un cordon dunaire, respectivement le lotissement de la dune d’Aval et celui des Ecardines. Ces deux sites sont affectés par l’érosion côtière depuis plusieurs décennies : <a href="https://cosaco.univ-littoral.fr/wp-content/uploads/2017/02/Pres-Wissant-mars-2017-MHR.pdf">recul moyen de 147 m entre 1949 et 2015 dans le centre de la baie de Wissant</a> ; <a href="https://cosaco.univ-littoral.fr/wp-content/uploads/2017/02/Pres-Oye-Plage-mars-2017-MHR.pdf">recul de 50 m au droit des Ecardines pendant la même période</a>. Ces zones sont donc menacées à court ou moyen terme.</p>
<p><strong>Figure 1 : localisation et présentation des sites étudiés</strong></p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360363/original/file-20200928-16-78skbw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360363/original/file-20200928-16-78skbw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=522&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360363/original/file-20200928-16-78skbw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=522&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360363/original/file-20200928-16-78skbw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=522&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360363/original/file-20200928-16-78skbw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=656&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360363/original/file-20200928-16-78skbw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=656&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360363/original/file-20200928-16-78skbw.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=656&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
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<span class="caption">Wissant.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Google Earth</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<figure class="align-center ">
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<span class="caption">Lotissement des Ecardines.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Google Earth</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Ces projets s’inscrivent dans une démarche participative et collaborative mise en place par l’équipe de chercheurs dont l’objectif était d’impliquer les habitants dans le devenir de leur littoral.</p>
<p>Afin d’entamer une réflexion sur les stratégies d’aménagement du littoral souhaitées par les habitants, dans un premier temps a eu lieu une phase pédagogique d’acculturation aux risques côtiers. Elle s’est concrétisée par des réunions publiques pendant lesquelles les universitaires ont apporté aux participants de l’information scientifique sur les évolutions passées et futures de leurs rivages. Puis des débats et des ateliers ont permis aux habitants de faire émerger leur expérience du terrain et leur perception face aux risques côtiers. Certains habitants de Oye-Plage ont aussi souhaité collaborer à l’étude de l’évolution du trait de côte grâce à des outils simples d’utilisation : suivi photographique, application sur smartphone et mesures de profils topographiques de plage. Ce suivi du trait de côte avait pour but de leur permettre d’objectiver et de mettre à jour leur connaissance du terrain.</p>
<p>Pour compléter l’étude, une enquête a été menée auprès de 285 foyers (123 à Oye-Plage, 162 à Wissant) entre juin et juillet 2018, période la plus favorable pour interroger les résidents à l’année et les propriétaires de résidences secondaires. Les groupes de questions portaient sur 1) leur logement, 2) le rapport personnel au territoire et à ses activités, 3) les risques côtiers, 4) la connaissance et le sentiment d’exposition au risque, 5) les risques passés et à venir, 6) les connaissances sur les tempêtes et le changement climatique, 7) les connaissances sur les techniques et les stratégies d’aménagement souhaitées.</p>
<p>Les personnes interrogées pouvaient choisir parmi quatre stratégies de gestion du littoral : fixer le trait de côte (par exemple avec des digues) ; s’adapter en fonction des enjeux locaux (par exemple : laisser les zones naturelles reculer, utiliser des solutions dites douces de type rechargement de plage au niveau des zones peuplées et temporiser) ; relocaliser les biens et les activités vers l’intérieur des terres ; ne rien faire (abandonner le territoire à la mer).</p>
<p>À la question « Pensez-vous que votre lieu de résidence soit concerné par le risque d’érosion/submersion ? », les résultats diffèrent nettement dans les deux communes. À Oye-Plage, 35 % des habitants pensent que leur maison n’est pas menacée et 64 % qu’elle l’est.</p>
<p>À Wissant, 59 % pensent qu’elle n’est pas à risque et 41 % qu’elle l’est. Le croisement du type de réponse avec la localisation du logement montre que, logiquement, les personnes se pensant exposées sont celles qui vivent à proximité du rivage. À Wissant, le sentiment d’exposition varie nettement dans l’espace : les habitants vivant sur les hauteurs se sentent moins concernés que ceux résidant près de la plage et derrière la dune d’Aval. À Oye-Plage, où tout le territoire est très bas (situé sur un polder ?), le constat est moins tranché : les habitants se sentent donc plus souvent (64 %) et partout menacés.</p>
<p><strong>Figure 2 : sentiment d’exposition au risque</strong></p>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Le sentiment d’exposition au risque varie en fonction de la localisation des logements (A, Wissant ; B, Oye-Plage).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p><strong>Figure 3 : stratégies d’aménagement souhaitées</strong></p>
<figure class="align-center ">
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<span class="caption">Figure 3 : les stratégies d’aménagement souhaitées (A, Wissant ; B, Oye-Plage).</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour ce qui est des stratégies d’aménagement souhaitées, à Wissant 53 % des sondés choisissent les mesures d’adaptation et 25 % envisagent de fixer le trait de côte. À Oye-Plage, c’est cette dernière solution qui remporte la majorité des suffrages (43 %) juste devant l’adaptation (41 %). Sans doute cela peut-il s’expliquer par le fait qu’une partie du littoral wissantais soit déjà équipé d’une digue, derrière laquelle les habitants se sentent en sécurité. Au Platier d’Oye, le littoral est constitué d’un cordon dunaire en érosion, le sentiment de sécurité est moindre, l’expression d’un besoin de protection est donc plus fréquente. Rares sont ceux qui envisagent la relocalisation des biens et des activités (17 et 11 %) et encore moins l’abandon du territoire (4 et 5 %). On trouve le même type de réponses rapporté dans la littérature scientifique ailleurs dans le monde, par exemple dans la <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11027-011-9340-8">région de Boston aux USA</a>.</p>
<p>À la différence du sentiment d’exposition aux risques, les réponses ne semblent pas ici liées à la localisation des résidences. Cependant à Wissant, c’est derrière la dune d’Aval, à l’ouest du village, secteur fortement exposé à l’érosion, que l’on trouve le plus de réponses pour la fixation du trait de côte et l’adaptation (triangles rouge et orange).</p>
<p>Les éléments de l’enquête rapportés ici montrent donc que les résidents de Oye-Plage et Wissant sont conscients des risques côtiers dans leurs communes. Ils pourraient donc être mieux associés à leur gestion. Paradoxalement, même dans un contexte de dérèglement climatique, de montée du niveau de la mer et d’accentuation des risques, ils préfèrent majoritairement continuer à y habiter comme aujourd’hui. Ils sont peu nombreux à avoir intégré la nécessité d’envisager d’autres stratégies d’aménagement du territoire. Dans ce domaine, des efforts de pédagogie de la part des pouvoirs publics et des scientifiques sont encore à réaliser.</p>
<hr>
<p><em>Toute l’équipe du projet tient à remercier sincèrement la <a href="https://www.fondationdefrance.org/fr">Fondation de France</a> qui a financé le projet COSACO. L’équipe remercie également les maires des deux communes, l’association « Les Amis de Wissant », les habitants de Oye-Plage et de Wissant qui ont participé aux réunions publiques, aux ateliers et au suivi du trait de côte.</em></p>
<p><em>Pour aller plus loin : Ruz, M.-H. ; Rufin-Soler, C. ; Héquette, A. ; Révillon, R. ; Hellequin, A.-P. ; Deboudt, P. ; Herbert, V. ; Cohen, O. ; Lebreton, F. ; Le Goff, L. ; Schmitt, F.G., and Marin, D., 2020. « Climate change and risk perceptions in two French coastal communities », _in :</em> Malvárez, G. and Navas, F. (eds.), <em>Global Coastal Issues of 2020</em>. <em>Journal of Coastal Research</em>, Special Issue No. 95, pp. 875–879. Coconut Creek (Florida), ISSN 0749-0208._</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147074/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Hélène Ruz a reçu des financements de La Fondation de France. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anne-Peggy Hellequin a reçu des financements de La Fondation de France.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Caroline Rufin-Soler a reçu des financements de Fondation de France. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Olivier Cohen a reçu des financements de la Fondation de France. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Philippe Deboudt a reçu des financements de ANR ; Fondation de France. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Vincent Herbert a reçu des financements de La Fondation de France.</span></em></p>
Une équipe pluridisciplinaire de chercheurs a étudié la réaction des habitants de deux communes du Pas-de-Calais face à l’érosion du littoral qui menace leurs lieux d’habitation.
Marie-Hélène Ruz, Professeur des universités, Université Littoral Côte d'Opale
Anne-Peggy Hellequin, Professeur des Universités, Laboratoire Dynamiques Sociales et Recomposition des Espaces, UMR CNRS 7533, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières
Caroline Rufin-Soler, Maître de Conférences de Géographie, ULR 4477 -- TVES -Territoires, Villes, Environnement & Société, Université du Littoral Côte d'Opale, Université Littoral Côte d'Opale
Olivier Cohen, Maître de Conférences de Géographie, Laboratoire d'Océanologie et de Géosciences, UMR CNRS 8187, Université Littoral Côte d'Opale, Université Littoral Côte d'Opale
Philippe Deboudt, Professeur des Universités, Directeur du Laboratoire Territoires, Villes, Environnement & Société (TVES) ULR 447, Université de Lille
Vincent Herbert, Maître de conférences à l'Université du Littoral Côte d'Opale, ULR 4477 -- TVES -Territoires, Villes, Environnement & Société, Université Littoral Côte d'Opale
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/146144
2020-11-02T19:57:13Z
2020-11-02T19:57:13Z
Les minéraux argileux, sources d’innovation depuis des millénaires
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/365039/original/file-20201022-13-u515n3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1714%2C287%2C6280%2C3703&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La citadelle de Bam en Iran est la plus grande structure en adobe du monde, datant d'au moins 500 avant JC.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/bc/Fortaleza_de_Bam%2C_Ir%C3%A1n%2C_2016-09-23%2C_DD_09.jpg">Wikipédia, Diego Celso</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=243&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=243&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=243&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=305&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=305&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/349128/original/file-20200723-35-4r1lck.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=305&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la prochaine Fête de la science qui aura lieu du 2 au 12 octobre prochain en métropole et du 6 au 16 novembre en outre-mer et à l’international et dont The Conversation France est partenaire.
Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Les minéraux argileux sont l’une des premières ressources naturelles utilisées par l’espèce humaine. Ils ont accompagné le développement de nombreux domaines : habitat, outillage, art, communication, santé, hygiène, matériaux. Un mélange d’argile, de sables et de paille hachée, nommé (<a href="https://theconversation.com/le-plus-vieux-materiau-de-construction-au-monde-est-aussi-le-plus-ecoresponsable-133587">adobe</a>) fait ainsi partie des premiers matériaux de construction et <a href="http://www.kere-architecture.com/projects/primary-school-gando/">est toujours utilisé</a> dans le monde entier.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/367243/original/file-20201103-13-74xo80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/367243/original/file-20201103-13-74xo80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=370&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/367243/original/file-20201103-13-74xo80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=370&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/367243/original/file-20201103-13-74xo80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=370&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/367243/original/file-20201103-13-74xo80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=465&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/367243/original/file-20201103-13-74xo80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=465&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/367243/original/file-20201103-13-74xo80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=465&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Ecole primaire de Gando, au Burkina Faso, architecte Francis Kéré.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Photo Siméon Duchoud</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les argiles ont aussi largement contribué à l’essor de la communication. Les Sumériens, Babyloniens, Assyriens et Hittites ont dès 4000 ans av. J.-C. gravé leurs sceaux dans des tablettes d’argiles à l’aide d’un roseau taillé en pointe et ont aussi constitué le premier support de l’écriture cunéiforme, support recyclable. Séchées à l’air ou au soleil, ces tablettes non cuites restaient fragiles ; un simple trempage dans l’eau permettait de les réutiliser. En revanche, après cuisson dans un four, elles pouvaient être conservées, <a href="https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/tablettes-archaiques">donnant ainsi naissance aux premières bibliothèques</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/367242/original/file-20201103-19-lr9iyv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/367242/original/file-20201103-19-lr9iyv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=433&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/367242/original/file-20201103-19-lr9iyv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=433&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/367242/original/file-20201103-19-lr9iyv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=433&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/367242/original/file-20201103-19-lr9iyv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/367242/original/file-20201103-19-lr9iyv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/367242/original/file-20201103-19-lr9iyv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Tablette à écriture précunéiforme.</span>
<span class="attribution"><span class="source">2011 Musée du Louvre / Thierry Ollivier</span></span>
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<p>Leurs propriétés absorbantes en font également des matériaux de choix dans le domaine de la <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007%2F978-94-007-4375-5_18">santé</a>, sous forme de cataplasmes, dans des pansements à usage externe, ou encore en tant que pansement gastrique. Les argiles rentrent également dans la composition de nombreux produits cosmétiques (savons, masques, maquillage) ou sont appliquées directement comme dans le cas du ghassoul. Le ghassoul, absorbe les corps gras ; les autres argiles peuvent contribuer à l’hydratation de la peau, sa purification, sa reminéralisation. L’action de l’argile peut aussi être antiseptique et cicatrisante.</p>
<h2>La structure des minéraux argileux</h2>
<p>Les minéraux argileux sont présents depuis des millénaires dans l’histoire humaine, mais leur structure n’a été ou comprise que dans les années 1920 après l’invention des techniques de <a href="http://culturesciencesphysique.ens-lyon.fr/ressource/Diffraction-rayons-X-techniques-determination-structure.xml">diffraction des rayons X</a>.</p>
<p>La notion d’« argiles » est utilisée pour nommer toutes les particules minérales qui font moins de deux micromètres. Cette taille est de l’ordre de la résolution du microscope optique. Les cristaux de minéraux argileux sont donc très petits, et pour examiner en détail leur structure, il a fallu attendre le développement d’équipements ayant une résolution plus importante. Il se trouve que la longueur des rayons X est de la même échelle que les distances entre les atomes dans les cristaux. Suite à la découverte du phénomène de la diffraction des rayons X et de la relation entre la longueur d’onde des rayons X et la distance entre les atomes, il est donc devenu possible d’étudier la structure cristalline, y compris celle des minéraux argileux.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/365047/original/file-20201022-16-1gr2wcr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/365047/original/file-20201022-16-1gr2wcr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=135&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/365047/original/file-20201022-16-1gr2wcr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=135&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/365047/original/file-20201022-16-1gr2wcr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=135&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/365047/original/file-20201022-16-1gr2wcr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=170&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/365047/original/file-20201022-16-1gr2wcr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=170&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/365047/original/file-20201022-16-1gr2wcr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=170&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>En 1927, le scientifique français <a href="https://www.persee.fr/doc/bulmi_0366-3248_1928_num_51_5_4050">Charles Maugin</a> détermina avec une précision exacte la taille de mailles cristallines des micas et leur composition chimique. Puis en 1930 le célèbre chimiste <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC526695/pdf/pnas01010-0027.pdf">Linus Pauling</a> fut le premier à résoudre les structures des minéraux argileux : talc, pyrophyllite, muscovite et chlorite. Ainsi, nous connaissons aujourd’hui la structure exacte de ces cristaux minuscules. Leur structure est composée des couches siliciques et magnésiennes ou alumineuses qui forment des feuillets qui à leur tour sont empilés pour former des cristaux lamellaires. Les principaux éléments qui entrent dans la structure des minéraux argileux sont le Si, Al, Mg, O et H, mais de nombreux autres éléments peuvent s’y trouver tels que Fe, Ni et Zn.</p>
<p>La grande variété des minéraux argileux provient de la possibilité de combiner ces éléments de plusieurs façons bien définies via notamment des substitutions d’un élément par un autre au sein d’un feuillet. Ceci en revanche va conférer des propriétés particulières et bien différentes en fonction de la quantité et la position des substitutions dans la structure des minéraux argileux. Différents autres éléments tels que le sodium, le potassium ou encore le calcium peuvent également se trouver entre les feuillets.</p>
<h2>Mimer la nature : synthèse des minéraux argileux dans le laboratoire</h2>
<p>Présentes sur la quasi-totalité de la surface de la Terre, les argiles ont des compositions et propriétés dépendantes des conditions géologiques dans lesquelles elles se sont formées. Pour une même argile, des caractéristiques très diverses à la fois en matière de compositions chimiques, coloration, cristallinité, nature des phases associées peuvent être observées en fonction de la nature du gisement.</p>
<p>Ces hétérogénéités peuvent être un frein pour certaines applications industrielles dans lesquelles il est nécessaire d’utiliser des composés purs. Des recherches ont ainsi été initiées afin de synthétiser ces matériaux, qui dans les conditions géologiques, mettent plusieurs millions d’années à se former.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1002/chem.201702763">L’histoire de la synthèse de talc</a> illustre à la fois la manière dont les chercheurs ont réussi à préparer un talc pur et l’évolution des méthodes de préparation via des méthodes de plus en plus douces.</p>
<p>Alors que les <a href="https://pubs.geoscienceworld.org/gsa/gsabulletin/article-abstract/60/3/439/4281/THE-SYSTEM-MgO-SiO2-H20?redirectedFrom=PD">premiers essais de synthèse</a> ont été faits à des températures voisines de 1000 °C et des pressions allant jusqu’à 2800 bars et pour des durées de cristallisation de quelques jours, il est aujourd’hui possible d’obtenir des talcs en quelques dizaines de secondes par un <a href="https://doi.org/10.1002/anie.201604096">procédé continu en eau supercritique</a> – les propriétés de l’eau en état supercritique (au-delà de 374 °C et 218 bar) sont intermédiaires entre celles de l’état gazeux et liquide.</p>
<p>Hormis le talc, d’autres minéraux argileux ont à présent des analogues synthétiques. Les méthodes de préparation permettent outre la maîtrise de la composition chimique, la modulation de la longueur des feuillets, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles applications.</p>
<p>Parmi les dernières voies de synthèse mises au point, figure également la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=CCdywP9-9CQ">voie sol-gel</a> permettant de former, à température et pression ambiante et en une seule étape, des composés de type talc comportant des groupements fonctionnels, évitant ainsi les traitements post-synthèse nécessaires pour conférer certaines propriétés aux matériaux.</p>
<h2>Les minéraux argileux, matériaux durables pour le futur</h2>
<p>Les argiles employées depuis des millénaires sont des matériaux versatiles. Les développements actuels dans le domaine de l’environnement (<a href="https://doi.org/10.1016/j.jhazmat.2019.02.003">piégeage de polluants organiques et minéraux</a>, <a href="https://doi.org/10.1016/j.cattod.2018.12.030">catalyse</a>…) de matériaux multifonctionnels tels les composites polymères argiles permettant par exemple de conférer des <a href="https://doi.org/10.1080/15583724.2018.1450756">propriétés anti-feu</a>. <a href="https://doi.org/10.3390/pharmaceutics12010051">Les systèmes de relargage contrôlé de molécules d’intérêt</a> sous l’action d’une modification de pH, de la lumière ou d’un champ magnétique ouvrent la voie à de nouvelles applications dans le futur et ce notamment dans les applications biomédicales.</p>
<p>Elles connaissent également un regain d’intérêt dans le domaine de la construction avec notamment, le renouveau des techniques de construction en terre crue, apportant des propriétés thermiques et acoustiques tout en n’engendrant pas d’émission de Composés Organiques Volatils (COV), caractéristiques importantes à la fois dans la conception d’habitations répondant à la certification HQE (Haute Qualité Energétique) et la réduction de la pollution de l’air intérieur. Enfin, la possibilité de préparer des argiles de composition chimique bien définie, par des voies de synthèse respectueusement de l’environnement élargit encore l’éventail d’applications.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146144/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Les minéraux argileux ont accompagné le développement de l'espèce humaine depuis des millénaires. Pourtant, on ne comprend leur composition que depuis peu.
Liva Dzene, Maîtresse de conférence en chimie, Université de Haute-Alsace (UHA)
Jocelyne Brendlé, Directrice de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Mulhouse, Université de Haute-Alsace (UHA)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/146464
2020-11-01T17:13:27Z
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L’homme et la nature : un non-sens pour les sociétés polynésiennes
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<blockquote>
<p>« Sur cette île vivaient des hommes et des femmes qui, par leur stature et leur beauté, ressemblaient au Dieu Oa. Ils vénéraient les Dieux de la Nature. […] Un jour, monsieur Maraetoa décida d’aller remplir d’eau de mer sa calebasse, pour la préparation du repas. Lorsqu’il arriva à l’embouchure de la rivière Vaiharuru, il aperçut quelque chose de la taille d’une calebasse qui flottait à la surface de l’eau. […] A l’intérieur, il découvrit une toute petite pieuvre. […] Sensibles aux signes de la nature, ils décidèrent d’élever secrètement cette petite pieuvre. Mais elle grandit si vite qu’il devenait impossible de la cacher. Tout le village découvrit l’animal sacré, élevé, protégé par le couple Maraetoa. Toute la population décida alors d’élever la pieuvre au rang de nouvelle déesse ».</p>
</blockquote>
<p><a href="https://issuu.com/arnaudsimonnet/docs/la_le_gende_de_orava_ta-fr-web">La légende de la pieuvre Orava</a> de l’île de Tubuai en dit long sur le lien singulier qui unit les hommes et la nature, les humains et non-humains, la terre et la mer, le profane et le sacré.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/363356/original/file-20201014-15-1ntdkmo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363356/original/file-20201014-15-1ntdkmo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363356/original/file-20201014-15-1ntdkmo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363356/original/file-20201014-15-1ntdkmo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363356/original/file-20201014-15-1ntdkmo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=439&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363356/original/file-20201014-15-1ntdkmo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363356/original/file-20201014-15-1ntdkmo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363356/original/file-20201014-15-1ntdkmo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=552&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les migrations en Océanie, 2019.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Contrairement au postulat des philosophies occidentales, poser la question de « l’Homme ET la Nature » n’a guère de sens pour les sociétés polynésiennes qui, dans leurs pratiques, leurs modes de vie et leurs cosmogonies, ne distinguent pas ces deux mondes mais les considèrent au contraire comme participant d’un même univers.</p>
<h2>Quand l’homme occidental est pensé hors de la Nature</h2>
<p>Après le <a href="https://philosophie.cegeptr.qc.ca/wp-content/documents/Discours-de-la-m%C3%A9thode.pdf">principe cartésien</a> au fondement de la modernité, érigeant l’homme en « maître et possesseur de la nature », l’idée se répand aujourd’hui d’un homme destructeur de la nature, provoquant la révolte de cette dernière dans le cadre d’un anthropomorphisme de plus en plus débridé, comme le soulignent notamment <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-revanche-de-lanthropomorphisme">Emmanuel Grimaud et Anne-Christine Taylor-Descola</a>.</p>
<p>Les catastrophes naturelles, sanitaires ou climatiques, seraient dès lors l’expression d’une <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/les-humains-sont-confines-la-nature-reprend-ses-droits-6794461">« nature qui reprendrait ses droits »</a>, comme le suggère cette petite vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux au début de la pandémie et qui personnifie le <a href="https://aphadolie.com/2020/04/09/petit-corona-discute-avec-papa-video/">« petit Corona »</a> discutant avec son papa des raisons de sa prolifération sur terre.</p>
<p>L’homme prédateur est ainsi enjoint de se transformer en réparateur et protecteur de la nature. Ce nouveau credo de la pensée post-moderne est à l’origine de l’émergence d’une conscience écologiste qui traverse et imprègne aujourd’hui nombre de projets politiques et sociétaux.</p>
<p>De ce constat rapidement et très sommairement esquissé sur l’évolution de la relation homme-nature surgissent deux points majeurs qui semblent <em>a priori</em>, pour certains, relever de l’évidence : l’extériorité de l’homme par rapport à la nature, les humains et non-humains formant des entités résolument distinctes, et l’universalité de cette conception du monde.</p>
<h2>« Pour vous, la nature, c’est quoi ? »</h2>
<p>Pourtant, rien n’est moins sûr ni évident, comme en témoigne cette expérience de recherche en Polynésie française visant à étudier le lien entre la nature et les <a href="https://www.unilim.fr/recherche/2017/11/13/envidiles/">nouvelles mobilités dans les îles</a>. L’ambition de ce programme était de saisir dans quelle mesure les aménités naturelles – c’est-à-dire l’ensemble de valeurs, matérielles et immatérielles, associées à la nature et qui contribuent à l’attractivité d’un territoire – propres aux îles polynésiennes interviennent dans les projets de migration résidentielle des Polynésiens ou des Popa’a (Européens).</p>
<p>Dès les premiers entretiens, et particulièrement lors du premier atelier participatif ayant réuni à Uturoa (Raiatea) une petite trentaine de personnes, de toutes origines, nous avons mesuré combien l’acception du mot nature et ses usages divergeaient selon l’origine des personnes enquêtées.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363354/original/file-20201014-21-1rn75wy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363354/original/file-20201014-21-1rn75wy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363354/original/file-20201014-21-1rn75wy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363354/original/file-20201014-21-1rn75wy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363354/original/file-20201014-21-1rn75wy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363354/original/file-20201014-21-1rn75wy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363354/original/file-20201014-21-1rn75wy.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Atelier participatif organisé dans le cadre du programme ENVId’îles, invitant les participants à décrire leur relation à la nature et aux lieux (Raiatea, 2018).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nathalie Bernardie-Tahir</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>A la question posée « pour vous, la nature, c’est quoi ? », il apparaît de manière assez frappante que les Popa’a évoquent plutôt des éléments de nature (mer, lagon, végétation luxuriante, eau agréable…) quand les Polynésiens mettent davantage en évidence des valeurs (ensemble, vivre, vie…), voire des <a href="https://www.decitre.fr/livres/mythes-et-usages-des-mythes-9789042928930.html">notions plus spirituelles</a> comme « Tumurai Fenua » (littéralement pilier de la terre et du ciel) ou encore <a href="https://www.puf.com/content/Esquisse_dune_th%C3%A9orie_g%C3%A9n%C3%A9rale_de_la_magie">« Mana »</a> (énergie, force supérieure répandue dans la nature).</p>
<h2>Un monde, entre les conceptions occidentale et polynésienne</h2>
<p>De la même manière, les usages de la nature diffèrent sensiblement. Pour les Popa’a, celle-ci revêt une dimension esthétique forte et constitue un support de pratiques sportives réalisées pour une grande part dans le lagon et en mer (voile, kite, etc.), tandis qu’elle renvoie à un registre plus nourricier pour les Polynésiens (pêche dans le lagon, arbres fruitiers en abondance…).</p>
<p>Mais c’est surtout au fil de nos entretiens qu’un monde s’est creusé entre les conceptions occidentale et polynésienne du rapport homme/nature.</p>
<p>Dans l’une des îles où nous avons concentré nos enquêtes, la rencontre avec Mona (dont le prénom a été modifié et le lieu de résidence masqué pour garantir son anonymat), une Polynésienne d’une soixantaine d’années qui nous a accueillis un long moment, à l’aube, dans son Fa’aapu (champ, jardin potager), nous a parlé de sa relation avec la nature en ces termes (photo) :</p>
<blockquote>
<p>« Je remercie la nature de m’avoir donné tout cela […] quand je mange, je dis merci ; quand je viens, je dis merci à la nature, je suis là. Tu vois ? Je parle avec la nature. […] Et puis je préfère marcher pied nu, sentir la terre, c’est la mère nourricière, elle est là ».</p>
</blockquote>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363352/original/file-20201014-23-1107wbd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363352/original/file-20201014-23-1107wbd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363352/original/file-20201014-23-1107wbd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363352/original/file-20201014-23-1107wbd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363352/original/file-20201014-23-1107wbd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363352/original/file-20201014-23-1107wbd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363352/original/file-20201014-23-1107wbd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un Fa’aapu (jardin) polynésien. Archipel des Iles-sous-Le-Vent, 2019.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fabien Cerbelaud</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>On le pressent dans ces propos, le lien homme (ou femme en l’occurrence)/nature ne repose pas sur un principe d’extériorité, mais s’inscrit au contraire dans un continuum, comme l’ont bien montré les travaux des <a href="http://www.faretamahau.pf/biblioweb/fiche.php?ref=1782">anthropologues Bruno Saura</a> ou <a href="https://journals.openedition.org/jso/221">Christian Ghasarian</a>. Selon eux, la nature en Polynésie n’est pas pensée comme une catégorie ontologique séparée de la culture. En d’autres termes, nature et culture ne forment pas deux structures distinctes de compréhension de l’être et du monde, mais participent d’une même matrice.</p>
<p>Le récit de Mona nous permet même d’aller au-delà de ce constat pour saisir subtilement la singularité du lien avec la nature :</p>
<blockquote>
<p>« Ce jour-là, j’avais les yeux ici, et cette pierre, ça m’a beaucoup marquée. Il y avait une femme, jolie […] ; elle était nue, brune, avec de longs cheveux, elle était couverte de ses cheveux, assise en tailleur, elle avait les yeux qui regardait la montagne. […] Cette femme, elle vient d’une source, et elle est là pour se sécher les cheveux, c’est pour ça elle a le dos tourné vers le soleil. Il y a le lever de soleil, il y a le vent ».</p>
</blockquote>
<h2>Un triptyque reliant les hommes, la nature et les Dieux</h2>
<p>Plus que d’une continuité simple entre les hommes et la nature, la relation s’inscrit, on le voit, dans un tout autre paradigme, postulant l’existence d’un triptyque reliant les hommes, la nature (minérale, végétale et animale) et les Dieux, comme <a href="https://www.documentation.ird.fr/hor/fdi:010067049">Tamatoa Bambridge et ses collègues</a> l’ont mis en évidence.</p>
<blockquote>
<p>« Les cosmogonies polynésiennes posent un principe d’interaction continuelle entre ces différentes entités les [humains, les non-humains et les Dieux]. Les humains ne sont pas coupés du monde invisible mais y participent ne serait-ce que parce qu’ils partagent avec lui une part de sacré plus ou moins importante. […] En vertu de ce principe de continuité où les Dieux et les humains sont généalogiquement liés à la nature […] le rapport nature-culture en Polynésie est conçu comme un rapport généalogique ».</p>
</blockquote>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-rahui-polynesien-au-secours-de-lenvironnement-73382">Le « rahui » polynésien au secours de l’environnement</a>
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</p>
<hr>
<p>Cette conception polynésienne d’un monde formant un « Tout » fait évidemment écho aux travaux de <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Bibliotheque-des-Sciences-humaines/Par-dela-nature-et-culture">Philippe Descola</a>. Celui-ci s’est en effet attaché à montrer combien la relation homme/nature, longtemps considérée de manière univoque et universelle dans et par la pensée occidentale, se décline au contraire par un foisonnement de modèles très distincts à travers le monde.</p>
<p>Cette illustration polynésienne de la relation homme-nature ne forme finalement qu’un exemple de plus qui s’ajoute à la diversité des ontologies amazoniennes, aborigènes, cries, etc. mises en évidence et catégorisées par cet anthropologue.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/5eRtDAnXDnw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Taaroa i Taputapuatea relate la légende du dieu Taaroa et de son lien avec le marae (lieu sacré) Taputapuatea situé à Raiatea.</span></figcaption>
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<h2>« We are the Ocean »</h2>
<p>Pourtant, ce rapport viscéral que les Polynésiens ont entretenu avec la nature a longtemps été gommé par l’ontologie naturaliste occidentale imposée durant toute la colonisation française. Il s’est ensuivi une période de mise à distance, voire de déconnexion de la société polynésienne à l’égard de la nature de plus en plus malmenée par une anthropisation conquérante ou par le développement de pratiques agraires peu respectueuses de l’environnement.</p>
<p>On comprend dès lors pourquoi le réveil culturel qui émerge aujourd’hui en Polynésie française passe précisément par une reconnexion au modèle ancestral.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/RvVEYho01hQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La vidéo Hokule’ signe une réappropriation de la culture polynésienne.</span></figcaption>
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<p>Symbole de la grande tradition navigatrice des peuples océaniens, la pirogue Hokule’a, qui circule aujourd’hui à nouveau d’île en île, marque la réappropriation, par les jeunes générations polynésiennes notamment, d’une culture autochtone qui se définit avant tout à travers sa relation fusionnelle avec les composantes terrestres et marines de la nature.</p>
<p>« We are the Ocean » d’<a href="https://uhpress.hawaii.edu/title/we-are-the-ocean-selected-works/">Epeli Hau’ofa</a> sonne comme le mot d’ordre de revendications identitaires faisant du lien homme/nature le fondement du projet sociétal postcolonial.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146464/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nathalie Bernardie Tahir a reçu des financements de la Fondation de France. </span></em></p>
Dans les sociétés polynésiennes, les mondes de l'humain et de la nature ne sont pas distincts mais participent au contraire d’un même univers.
Nathalie Bernardie Tahir, Professeure de géographie, Présidente de l'Université des Mascareignes (Maurice), Université de Limoges
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/145907
2020-11-01T17:00:03Z
2020-11-01T17:00:03Z
Comprendre la pandémie de surpoids et d’obésité qui touche le Pacifique insulaire : l’exemple de la Nouvelle-Calédonie
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>La région pacifique subit une transition socio-économique très rapide qui bouleverse le mode de vie des populations insulaires et impacte lourdement leur santé. Aujourd’hui, sept des dix pays les plus touchés par l’obésité dans le monde se situent dans le Pacifique.</p>
<p>La Nouvelle-Calédonie n’est pas épargnée par cette pandémie : plus de 38 % des adolescents calédoniens sont aujourd’hui en surpoids ou obèses. Pourquoi ? Pour répondre à cette question, les chercheurs du <a href="https://lire.unc.nc/fr/cultures-et-comportements-alimentaires-des-adolescents-de-la-nouvelle-caledonie/">Laboratoire Interdisciplinaire en Recherche en Éducation (LIRE)</a> de l’Université de la Nouvelle-Calédonie ont mené une étude interdisciplinaire visant à mieux cerner le mode de vie des adolescents en associant des chercheurs de <a href="https://certop.cnrs.fr/">L’université de Toulouse Jean‑Jaures</a> et du <a href="https://www.sydney.edu.au/charles-perkins-centre/">centre Charles Perkins</a> de l’Université de Sydney.</p>
<h2>Une grande disparité</h2>
<p>La Nouvelle-Calédonie forme un archipel singulier au milieu du Pacifique Sud. Sa population présente de grandes disparités tant culturelles que socio-économiques. Sur ce territoire insulaire, en raison de la diversité des origines ethniques, les pratiques culturelles diffèrent d’une population à l’autre, même si elles s’inscrivent dans un cadre institutionnel commun, fortement marqué par des transferts économiques et culturels français issus de la période coloniale.</p>
<p>Deux modes de vie assez marqués coexistent. L’un est urbain, comparable à celui des pays occidentaux, et concerne une partie importante de la population, localisée en province Sud ou dans les agglomérations les plus importantes de province Nord. L’autre mode de vie est plutôt rural ou tribal. Il concerne notamment la partie de la population mélanésienne qui continue à cultiver les principales espèces horticoles qui formaient la <a href="https://www.nss-journal.org/articles/nss/abs/2010/03/nss10303/nss10303.html">base de l’alimentation traditionnelle en Océanie, principalement des tubercules</a>.</p>
<h2>Une alimentation singulière pour un territoire insulaire</h2>
<p>Plus de 90 % des adolescents de Nouvelle-Calédonie consomment <a href="https://lire.unc.nc/wp-content/uploads/sites/3/2020/09/LIRE-CA_rapport.pdf">trop d’aliments riches en graisse et en sucre</a>. Cette situation s’explique par le contexte particulier de ce territoire, où l’arrivée de certains produits alimentaires transformés tels que boissons sucrées ou produits manufacturés demeure relativement récente. Les aliments produits à l’extérieur de la Nouvelle-Calédonie transitent via le port de Nouméa et l’approvisionnement de certaines tribus isolées est parfois compliqué. C’est en particulier le cas dans les îles Loyauté et les zones rurales éloignées de la ville. Les prix pratiqués dans ces zones sont donc élevés à cause du surcoût dû au transport des marchandises. En outre, les approvisionnements peuvent s’avérer irréguliers.</p>
<p>La conséquence est que ces biens importés, fortement taxés et parfois compliqués à se procurer, ont acquis l’image de produits rares, réservés aux populations urbaines et aisées. Ils sont souvent perçus comme meilleurs que les autres et font l’objet d’intenses campagnes publicitaires accroissant leur désirabilité ce qui a favorisé l’acceptation rapide d’une nourriture industrielle. Par ailleurs, près de <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0214420">30 % des adolescents consomment régulièrement des boissons énergisantes</a> et près de 25 % des adolescents pensent que la consommation de boissons sucrées ne peut pas faire grossir. Les recherches montrent que cette perception erronée du danger d’une alimentation trop sucrée est <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/11/2/452">corrélée à la communauté culturelle et au statut socio-économique</a>, ce qui signifie qu’elle est donc <a href="https://www.mdpi.com/2227-9032/6/3/81">indirectement liée à la culture alimentaire familiale</a>.</p>
<p>Cette image positive des produits industriels a néanmoins tendance à se dégrader, car ils sont aujourd’hui associés non seulement au surpoids et à l’obésité, mais aussi <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/11/2/452">à la perte de référence culturelle</a>.</p>
<p>Soulignons enfin que l’insularité et les pratiques traditionnelles d’échanges favorisent également la consommation d’aliments de proximité tels que les tubercules, les fruits, les poissons, ou la viande de cerf. Ces aliments sont généralement produits dans les zones rurales ; les contraintes géographiques sont donc des facteurs déterminants pouvant expliquer les choix alimentaires, ou l’absence de choix.</p>
<h2>Activité physique et sédentarité</h2>
<p>L’étude des cultures alimentaires a montré que la consommation des boissons sucrées de type soda et d’aliments riches en gras et en sucre pouvait être liée à un <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanwpc/article/PIIS2666-6065(20)30025-0/fulltext">usage important des écrans</a>. En effet, la prise de poids est favorisée par la sédentarité, elle-même souvent associée à l’utilisation excessive des nouvelles technologies.</p>
<p>Dans ses recommandations internationales l’Organisation mondiale de la santé indique que les enfants et les adolescents âgés de 6 à 17 ans devraient faire 60 minutes ou plus d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse chaque jour, y compris de l’endurance tous les jours et des activités qui renforcent les os (comme la course ou le saut) – trois jours par semaine, et qui développent des muscles (comme grimper ou faire des pompes) – trois jours par semaine.</p>
<p>Or, en Nouvelle-Calédonie, la moitié des adolescents ne suit pas ces recommandations et <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1010539517735414">a un impact sur leur condition physique</a>. Peu d’adolescents ont une activité physique régulière suffisante dans la journée : l’intensité d’exercice quotidien de <a href="https://mhealth.jmir.org/2019/12/e14854">plus de 85 % des filles et 75 % des garçons est insuffisant</a>. Il est donc urgent de promouvoir l’activité physique, afin d’augmenter leurs dépenses énergétiques.</p>
<h2>Facteurs psychologiques et mode de vie</h2>
<p>Outre les comportements alimentaires et l’activité physique qui composent le mode de vie, le sommeil joue également un rôle prépondérant dans l’émergence de l’obésité. En effet, lorsque le sommeil n’est pas optimal,la <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanwpc/article/PIIS2666-6065(20)30025-0/fulltext">dépense énergétique est affectée</a> : les personnes privées de sommeil ont tendance à se sentir somnolentes et fatiguées pendant la journée, préférant ainsi les activités sédentaires aux activités physiques, ce qui diminue alors la dépense énergétique. La privation de sommeil a aussi un impact négatif sur le métabolisme : elle augmente le taux d’hormone de la faim (ghréline). Les personnes ont tendance à davantage manger, ce qui accroît l’apport énergétique, en particulier lorsque les aliments consommés sont pauvres en nutriments et riches en sucres ou en graisses. À ce jour, le mécanisme exact par lequel la durée du sommeil affecte le surpoids/l’obésité <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/12/7/2047">n’est pas complètement compris</a>.</p>
<p>Des travaux ont montré que 60 % des adolescents de 11 à 15 ans n’atteignent pas les recommandations internationales de 9h30 par jour le week-end <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352721815000157">et 80 % des adolescents la semaine</a>. Le rythme scolaire semble favoriser le manque de sommeil pour certains adolescents. Les adolescents des zones rurales et périurbaines se réveillent très tôt, car l’école commence entre 7h et 7h30. Lorsque le temps de transport scolaire est pris en compte, la durée du sommeil est de facto réduite, avec des heures de réveil entre 5h et 5h30, voire avant 5h chez certaines de ces familles. À ces rythmes observés lors d’une journée scolaire typique, s’ajoute le <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/12/7/2047/htm">mode de vie contemporain à la maison le soir</a> (regarder les médias, passer du temps devant les écrans…), qui peut aussi altérer la qualité et réduire le temps de sommeil.</p>
<p>De même, le rapport au corps et à son image peut influencer la prise inhabituelle de poids. Environ <a href="https://link.springer.com/article/10.1186/s12889-016-3982-0">30 % des adolescents de poids normal et 50 % des adolescents en surpoids/obèses sous-estimaient leur poids</a>. C’est particulièrement le cas pour les garçons en surpoids issus des familles à faibles revenus. Les filles de poids normal des régions rurales sont aussi plus susceptibles de sous-estimer leur poids et de se considérer comme « trop minces ». Ces résultats montrent qu’en Nouvelle-Calédonie, la sous-estimation du poids est fréquente chez les adolescents en surpoids et obèse et moins fréquente chez ceux de poids normal.</p>
<h2>Favoriser une éducation à la santé adaptée au contexte multiculturel</h2>
<p>Comme toute autre « éducation à », l’éducation à l’alimentation vise le développement d’une autonomie critique chez l’adolescent, en liant étroitement la construction de savoirs et l’action en lien avec leur environnement socioculturel.</p>
<p>Même si l’éducation nutritionnelle proposée tend à accompagner vers des choix alimentaires liés à l’intériorisation de « normes sociales », ces dernières sont souvent européennes : peu d’outils adaptés au Pacifique insulaire existent et sont mis en place.</p>
<p>La majorité des adolescents calédoniens assimile généralement bien les normes véhiculées par les médias et les discours publics institutionnels tels que « cinq fruits et légumes par jour », ou « manger, bouger ». Ils savent bien distinguer les bons aliments des mauvais aliments pour la santé. Ainsi, comme le montre notre étude, la prise de conscience de ce qui est bon ou mauvais ne se traduit pas forcément par un changement de comportement.</p>
<p>Les attributs culturels et psychosociologiques ont donc une place déterminante dans l’approche éducative. Les facteurs liés à la surcharge pondérale sont nombreux et dépendent eux-mêmes de l’environnement du jeune adolescent : présence des médias, lieu de vie, culture communautaire et/ou familiale, choix personnels, disponibilité de l’offre alimentaire.</p>
<p>L’expérience personnelle ou familiale des adolescents est donc à prendre en considération et à mettre au centre des dispositifs d’éducation à la santé. Des démarches éducatives et pédagogiques engageantes, en interaction avec les acteurs du système scolaire (enseignants, médecins, infirmiers, chefs de cantine, administratifs) et les familles, peuvent avoir un rôle déterminant pour modifier les comportements alimentaires des adolescents.</p>
<p>L’étude des causes du surpoids et de l’obésité chez les adolescents néo-calédoniens est complexe, et requiert les efforts conjugués de spécialistes en éducation, socioanthropologie, biologie, physiologie de l’exercice, information-communication, nutrition, informatique et linguistique. Cette interdisciplinarité est le prix à payer pour collecter des informations scientifiques solides, sur lesquelles les équipes pédagogiques, éducatives et de santé pourront s’appuyer pour proposer un contenu éducatif et pédagogique adapté afin d’encourager les adolescents à s’engager vers des comportements sains correspondant à leurs divers modes de vie.</p>
<hr>
<p><em>Solange Ponidja a également contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/145907/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Galy receives funding from Fondation Nestlé France. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Akila Nedjar-Guerre, Christophe Serra-Mallol, Fabrice Wacalie, Guillaume Wattelez, Paul Zongo, Pierre Yves Le Roux, Stéphane Frayon et Émilie Paufique ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>
Les pays les plus touchés au monde par l’obésité se situent dans le Pacifique. Comprendre pourquoi nécessite de s’intéresser à la diversité des territoires et des cultures des populations.
Olivier Galy, Maître de Conférences en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives, Université de Nouvelle Calédonie
Akila Nedjar-Guerre, Maître de conférences en sciences de l'information et de la communication, en délégation à l'Université de Nouvelle Calédonie, CY Cergy Paris Université
Christophe Serra-Mallol, Maître de conférences en sociologie et anthropologie à l'Université Toulouse Jean Jaurès (UT2J), Université Toulouse – Jean Jaurès
Émilie Paufique, Doctorante STAPS, Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Education (LIRE), Université de Nouvelle Calédonie
Fabrice Wacalie, Enseignant chercheur en linguistique, Université de Nouvelle Calédonie
Guillaume Wattelez, Ingénieur d'études statistiques, Université de Nouvelle Calédonie
Paul Zongo, Docteur STAPS-Chercheur associé LIRE, professeur d'EPS à Lifou, Université de Nouvelle Calédonie
Pierre Yves Le Roux, professeur agrégé d’éducation physique et sportive, Laboratoire LIRE, Université de Nouvelle Calédonie
Stéphane Frayon, Docteur en endocrinologie, chercheur associé au laboratoire LIRE, Université de Nouvelle Calédonie
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/147057
2020-11-01T16:57:44Z
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En Nouvelle-Calédonie, une gestion millénaire de l’eau en héritage
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/362630/original/file-20201009-13-zvfakl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2426%2C3195&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Affluent de la Hienghène utilisé pour l'irrigation de tarodières traditionnelles cultivées en terrasses.</span> <span class="attribution"><span class="source">Marine Pizette/IAC</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Depuis 1790, la distribution de l’eau fait partie des <a href="https://davar.gouv.nc/sites/default/files/atoms/files/la_repartition_des_competences_en_matiere_de_gestion_et_protection_de_la_ressource_en_eau.pdf">compétences communales</a> dans le <a href="https://www.collectivites-locales.gouv.fr/leau-et-lassainissement">système français de gestion de la ressource en eau</a>. Reposant sur une approche privilégiant les aspects techniques de la ressource, la gestion de l’eau en Nouvelle-Calédonie présente néanmoins quelques particularités qui lui sont propres.</p>
<p>En fonction du <a href="http://www.adraf.nc/component/cartographie/?zone=grande_terre&type=TC&Itemid=120&type=TP">statut du foncier</a> sur lequel s’écoule la ressource, l’eau dépend de <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000393606&fastPos=2&fastReqId=1573911060&categorieLien=cid&oldAction=rechTexte">cadres juridiques différents</a>, dont celui de la <a href="https://www.senat-coutumier.nc/phocadownload/userupload/nos_publications/charte.pdf">Coutume</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/362631/original/file-20201009-15-17nk6eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/362631/original/file-20201009-15-17nk6eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=111&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/362631/original/file-20201009-15-17nk6eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=111&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/362631/original/file-20201009-15-17nk6eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=111&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/362631/original/file-20201009-15-17nk6eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=140&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/362631/original/file-20201009-15-17nk6eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=140&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/362631/original/file-20201009-15-17nk6eu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=140&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le statut juridique de la ressource en eau en Nouvelle-Calédonie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">//www.legifrance.gouv.fr</span></span>
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<h2>Une gestion de l’eau en situation d’interculturalité</h2>
<p>En Nouvelle-Calédonie, des <a href="https://cresica.nc/projet/goutte">recherches</a> sont actuellement menées pour identifier les continuités et les ruptures des modes de gestion de l’eau sur les terres coutumières, qu’ils soient formels ou informels.</p>
<p>De l’histoire ancienne à nos jours, des <a href="https://www.youtube.com/watch?v=H9vfsVhVnq4">représentations mélanésiennes</a> à l’appréhension techniciste de l’eau, cet article met en lumière quelques éléments de coutume qui influencent la gestion de l’eau, et la manière dont les relations entre les hommes, les techniques et la ressource ont façonné et façonnent encore cette gestion.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/362910/original/file-20201012-15-1n1krok.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/362910/original/file-20201012-15-1n1krok.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/362910/original/file-20201012-15-1n1krok.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/362910/original/file-20201012-15-1n1krok.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/362910/original/file-20201012-15-1n1krok.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=438&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/362910/original/file-20201012-15-1n1krok.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=550&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/362910/original/file-20201012-15-1n1krok.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=550&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/362910/original/file-20201012-15-1n1krok.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=550&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Carte de la Nouvelle-Calédonie avec les deux communes cibles de l’étude, D. Coulange, IAC. Cliquer pour zoomer.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>À partir de l’étude ethnographique de deux communes calédoniennes, il montre l’importance des <a href="http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.916.3397&rep=rep1&type=pdf">positionalités</a> (différents rôles sociaux d’un individu) des acteurs de la gestion de l’eau, ainsi que le lien entre cette gestion et l’espace dans lequel elle s’opère.</p>
<h2>Une pratique millénaire</h2>
<p>D’après les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=MnMsFTW7pwo">travaux archéologiques</a> menés sur l’île, l’eau aurait été maîtrisée il y a des millénaires pour l’irrigation des <a href="https://books.openedition.org/editionsmsh/2782?lang=en">tarodières</a> en terrasses. Ces grands ouvrages agricoles sophistiqués font appel à des savoirs locaux et à des représentations qui perdurent jusqu’à nos jours.</p>
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<span class="caption">Tarodières d’Honrôés à Bourail (1974).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://books.openedition.org/sdo/docannexe/image/586/img-5.jpg">A. Saussol, l’Héritage</a></span>
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<p>Déviée en amont d’un cours d’eau par un système de barrage en pierres, l’eau circulait ensuite dans des canaux creusés dans la terre. Le but était d’irriguer les cultures de taros organisées en escaliers dans les pentes.</p>
<figure class="align-center ">
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<span class="caption">Site de tarodières irriguées en terrasses à Hienghène (2016).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://dtsi-sgt.maps.arcgis.com/apps/webappviewer/index.html?id=da224a6ff1c24c029de4024d7ae8af26">Fond de carte Georep et adaptation Delphine Coulange</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Seuls certains Kanaks (peuple premier de Nouvelle-Calédonie) étaient légitimes à endosser les rôles coutumiers pour s’occuper de ce système d’irrigation, et/ou pour trouver les sources.</p>
<h2>Le concept de « positionalité » pour parler des acteurs de la gestion de l’eau sur terres coutumières</h2>
<p>Les parallèles techniques entre les modalités actuelles de distribution de l’eau potable dans les tribus étudiées et celui de l’eau d’irrigation des tarodières sont nombreux.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360296/original/file-20200928-16-4msa7a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360296/original/file-20200928-16-4msa7a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=211&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360296/original/file-20200928-16-4msa7a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=211&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360296/original/file-20200928-16-4msa7a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=211&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360296/original/file-20200928-16-4msa7a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=266&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360296/original/file-20200928-16-4msa7a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=266&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360296/original/file-20200928-16-4msa7a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=266&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Schéma comparé des systèmes de distribution d’eau douce superficiels, traditionnel (irrigation et eau potable) et contemporain (eau potable).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Delphine Coulange</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>L’écoulement de l’eau se fait en gravitaire, et les prises d’eau superficielles sont privilégiées. Avec des réservoirs aujourd’hui, ou des bassins à l’époque, l’eau est stockée avant d’être envoyée vers les parcelles et/ou les habitations.</p>
<p>Officiellement et traditionnellement, des individus précis sont chargés d’entretenir ces réseaux d’eau. Ici, le concept de « positionalité » permet de définir les dimensions sociale, coutumière et professionnelle de l’individu responsable de la gestion de l’eau. Traditionnellement et de manière informelle, ces acteurs sont choisis parmi les <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00201035/document">clans terriens</a>, donc en fonction de leur <a href="https://www.youtube.com/watch?v=-ZFwtQuf66U">nom</a> et du lieu d’où ils viennent.</p>
<p>Formellement, ce sont des professionnels affiliés soit aux services de l’eau des mairies, soit à des entreprises privées selon le <a href="http://www.eau47.fr/delegation-de-service-public.html">mode de gestion</a> choisi par la mairie. Lorsque l’individu est autant légitime dans sa profession que dans son rôle coutumier, cela renforce la légitimité d’exercer sa fonction, son rôle. Les statuts professionnels et coutumiers s’articulent alors et fluidifient la gestion locale de l’eau.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360297/original/file-20200928-24-12b7mzl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360297/original/file-20200928-24-12b7mzl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=317&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360297/original/file-20200928-24-12b7mzl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=317&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360297/original/file-20200928-24-12b7mzl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=317&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360297/original/file-20200928-24-12b7mzl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360297/original/file-20200928-24-12b7mzl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360297/original/file-20200928-24-12b7mzl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Schéma d’une typologie type de positionalités pour un individu sur terres coutumières.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Delphine Coulange</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À l’inverse, des positionalités en « conflit » peuvent générer des difficultés de gestion.</p>
<h2>L’influence du territoire sur la définition des « positionalités »</h2>
<p>De la même manière que le rôle coutumier engage la légitimité d’un individu à gérer la ressource, le territoire circonscrit spatialement cette légitimité. Les rôles coutumiers sont associés à des noms de clans qui dépendent de lieux-dits spécifiques. L’individu, sorti de son territoire, ne peut exercer toutes les dimensions de son rôle.</p>
<p>Très <a href="https://journals.openedition.org/jso/7378">micro-localisés</a>, ces lieux déterminent l’identité kanak, puisque les clans se considèrent comme appartenant à ces lieux. La terre ne se possède pas, c’est elle et les ancêtres qui s’y trouvent qui possèdent les individus. L’eau se fraye ainsi un chemin sur les terres qui appartiennent aux ancêtres, elle est considérée comme « locataire de la terre » d’où elle jaillit et sur laquelle elle circule.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/360298/original/file-20200928-20-2edtiy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/360298/original/file-20200928-20-2edtiy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/360298/original/file-20200928-20-2edtiy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/360298/original/file-20200928-20-2edtiy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/360298/original/file-20200928-20-2edtiy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/360298/original/file-20200928-20-2edtiy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/360298/original/file-20200928-20-2edtiy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Photo d’un site de tarodières irriguées en terrasses à Hienghène.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marine Pizette/IAC</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2><a href="https://davar.gouv.nc/sites/default/files/atoms/files/pep_-_synthese_du_schema_dorientation_de_la_pep_0.pdf">Une Politique de l’Eau Partagée (PEP)</a></h2>
<p>Depuis 2018 et la mise en construction de la PEP de la Nouvelle-Calédonie, l’idée principale est de répondre à la fois aux impératifs environnementaux et sanitaires mais également de respecter les représentations et usages culturels variés de l’eau. Le <a href="https://eau.nc/node/113">lien qui unit l’homme kanak à la ressource</a> est au cœur des questionnements en cours.</p>
<p>En prévision des aléas climatiques, et au vu de la répartition inégale de la ressource sur le territoire, les enjeux prioritaires sont la protection et la <a href="https://www.youtube.com/watch?v=8Qi8BDPMpbw">distribution équitable de la ressource en eau</a>, dans le respect des modes de gestion et des spécificités locales.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147057/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
En Nouvelle-Calédonie, la gestion de l’eau prend en compte des coutumes anciennes du peuple kanak.
Delphine Coulange, Anthropologue, Équipe Territoires, Acteurs et Usages (TERAU), Institut agronomique néo-calédonien
Caroline Lejars, Agro-économiste, UMR Gestion de l'eau, Acteurs, Usages (UMR G-EAU), Cirad
Séverine Bouard, Géographe, Équipe Territoires, Acteurs et Usages (TERAU), Institut agronomique néo-calédonien
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.