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Grande Barrière de corail – The Conversation
2020-11-15T17:14:27Z
tag:theconversation.com,2011:article/147218
2020-11-15T17:14:27Z
2020-11-15T17:14:27Z
Comprendre la réponse des coraux au changement climatique avec CRISPR-Cas9
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/369415/original/file-20201115-21-1mxdjoo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C3924%2C2616&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La grande barrière de corail en Australie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/l77WKwkDpWQ">Stefano Borghi / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’édition du génome avec CRISPR-Cas9 s’est imposé comme un outil inestimable pour l’étude des fonctions génétiques dans de nombreux organismes. Notre <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1920779117">nouvelle étude, publiée dans les Comptes-rendus de l’Académie nationale des sciences des États-Unis d’Amérique (PNAS)</a>, démontre maintenant comment cet outil peut être utilisé pour identifier les gènes impliqués dans la capacité des coraux à résister au stress thermique.</p>
<p>Une meilleure compréhension de ces gènes peut permettre aux experts de prévoir la réponse naturelle des populations de coraux au changement climatique. Cela pourrait aussi guider les efforts visant à améliorer l’adaptation des coraux, grâce à l’élevage sélectif de coraux naturellement tolérants à la chaleur.</p>
<h2>Un patrimoine en danger</h2>
<p>La Grande Barrière de Corail est l’un des écosystèmes les plus impressionnants et les plus importants du monde. Elle s’étend sur plus de 2000 km et abrite plus de 600 coraux et 1600 types de poissons. Elle a une immense importance culturelle, en particulier pour les propriétaires traditionnels.</p>
<p>Elle est également cruciale pour des industries telles que le tourisme et la pêche. La Grande Barrière de Corail représente une <a href="https://www.barrierreef.org/the-reef/the-value">valeur économique de plus de 6 milliards de dollars australiens (environ 3.7 milliards d’euros) et fournit plus de 64,000 emplois à l’économie australienne chaque année</a>. Le réchauffement des eaux océaniques causé par le changement climatique conduit à la <a href="https://doi.org/10.1038/nature21707">mortalité massive</a> de coraux sur la Grande Barrière de Corail, ce qui menace de détruire cet écosystème précieux.</p>
<p>De nombreux efforts de recherche se concentrent sur la manière de prévenir la détérioration du récif en l’aidant à s’adapter et à se remettre des conditions qui le stressent. Comprendre les gènes et les voies moléculaires qui protègent les coraux du stress thermique sera essentiel pour atteindre ces objectifs.</p>
<p>Les hypothèses ne manquent pas, mais les tests génétiques rigoureux sont restés difficiles, en grande partie à cause du manque d’outils pour déterminer la fonction des gènes chez les coraux.</p>
<h2>La révolution CRISPR</h2>
<p>Au cours des huit dernières années, CRISPR-Cas9 est devenu un outil puissant pour étudier la fonction des gènes dans divers organismes, et deux de ses pionnières viennent de recevoir un prix Nobel pour récompenser ces travaux. CRISPR-Cas9 permet aux scientifiques d’apporter des modifications précises à l’ADN génomique d’un organisme cible en coupant puis en réparant l’ADN pour soit inactiver un gène cible, soit introduire ou remplacer un morceau d’ADN souhaité. Ceci est réalisé par la protéine Cas9 qui est responsable de la coupe de l’ADN et un ARN guide programmable qui dirige cette protéine Cas9 vers une position d’ADN particulière qui est censée être coupée.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/crispr-un-prix-nobel-pour-une-revolution-en-biologie-147715">CRISPR : un prix Nobel pour une révolution en biologie</a>
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<p>Dans un <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1722151115">précédent article publié en 2018</a>, nous avons montré qu’il était possible de faire des mutations précises dans le génome du corail en utilisant CRISPR-Cas9, mais nous n’avions pas été en mesure de générer suffisamment de mutations pour étudier la fonction des gènes. Dans le <a href="https://doi.org/10.1073/pnas.1920779117">nouvel article publié dans PNAS</a>, nous avons utilisé une méthode CRISPR-Cas9 améliorée et avons pu tester la fonction d’un régulateur de la réponse au stress thermique (Heat Shock Transcription Factor 1, HSF1). Nous avons démontré un fort effet de ce gène sur la tolérance à la chaleur chez le corail <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Acropora_millepora">Acropora millepora</a>.</p>
<p>Notre hypothèse selon laquelle ce gène jouerait un rôle important dans la réponse thermique des coraux se basait sur le <a href="http://doi.org/10.1073/pnas.2015737117">rôle de ce gène dans des organismes modèles tels qu’une anémone de mer</a>. Des recherches antérieures avaient également démontré que HSF1 pouvait influencer un <a href="https://doi.org/10.1006/csac.1998.0113">grand nombre de gènes de réponse thermique</a>, agissant comme une sorte d’interrupteur principal pour les activer.</p>
<p>En désactivant cet interrupteur principal, nous nous attendions à voir des changements significatifs dans la tolérance à la chaleur des coraux. Notre prédiction s’est avérée exacte.</p>
<h2>Ce que nous avons découvert en injectant les œufs</h2>
<p>Nous avons engendré des coraux à l’Institut australien des sciences marines (AIMS) lors de <a href="https://la1ere.francetvinfo.fr//periode-reproduction-grande-barriere-corail-commence-australie-772619.html">l’événement annuel de « ponte en masse »</a> en novembre 2018. Nous avons ensuite injecté des composants CRISPR-Cas9 dans des œufs de corail fertilisés pour cibler le gène HSF1 dans le corail Acropora millepora.</p>
<p>Nous avons pu démontrer un fort effet de HSF1 sur la tolérance à la chaleur des coraux. Plus précisément, lorsque ce gène a été muté à l’aide de CRISPR (et n’est plus fonctionnel), les coraux étaient plus vulnérables au stress thermique. Les larves avec des copies éliminées de HSF1 sont mortes dû au stress thermique lorsque la température de l’eau a été augmentée de 27°C à 34°C. En revanche, les larves avec le gène fonctionnel ont bien survécu dans l’eau plus chaude.</p>
<h2>Ne brûlons pas les étapes</h2>
<p>Il peut être tentant maintenant de se concentrer sur l’utilisation d’outils d’édition du génome pour concevoir des souches de coraux résistantes à la chaleur, afin d’accélérer l’adaptation de la Grande Barrière de Corail au réchauffement des eaux. Cependant, le génie génétique doit avant tout être utilisé pour accroître nos connaissances sur la biologie fondamentale des coraux et autres organismes récifaux, y compris leur réponse au stress thermique.</p>
<p>Non seulement cela nous aidera à prédire avec plus de précision la réponse naturelle des récifs coralliens au changement climatique, mais cela mettra également en lumière les risques et les avantages de nouveaux outils de gestion des coraux, tels que l’élevage sélectif. Nous espérons que ces connaissances génétiques fourniront une base solide pour les futurs efforts de conservation et de gestion des récifs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147218/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dimitri Perrin has received funding from the Australian Research Council (ARC), the Australian-French Association for Innovation and Research (AFRAN), and the Advance Queensland programme.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Line K Bay receives funding from AIMS, the Reef Restoration and Adaptation Program, the Great Barrier Reef Foundation, the National Environment Science Program and the Agouron Institute.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Phillip Cleves receives funding from the Carnegie Institute for Science. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jacob Bradford ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Le génie génétique permet de s’intéresser à la biodiversité, et à comment mieux la préserver.
Dimitri Perrin, Senior Lecturer, Queensland University of Technology
Jacob Bradford, Queensland University of Technology
Line K Bay, Principal Research Scientist and Team Leader, Australian Institute of Marine Science
Phillip Cleves, Principal Investigator, Carnegie Institution for Science
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/115409
2019-04-18T19:35:41Z
2019-04-18T19:35:41Z
Des oasis de vie dans les abysses : la faune hydrothermale du Pacifique Ouest
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/269615/original/file-20190416-147483-1v3hd5q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C11%2C1911%2C1066&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Communautés animales inventoriées par la campagne Chubacarc.</span> <span class="attribution"><span class="source">© Ifremer</span></span></figcaption></figure><p>Parti de Nouméa le 25 mars dernier, le navire océanographique <a href="http://www.flotteoceanographique.fr/La-flotte/Navires/Navires-hauturiers/L-Atalante">L’<em>Atalante</em></a> est en expédition sur le Pacifique Ouest. Nom de la campagne : <a href="https://www.facebook.com/chubacarc">Chubacarc</a>, entre Fidji, Tonga, Futuna et Papouasie-Nouvelle-Guinée. À bord de l’<em>Atalante</em>, une quarantaine de scientifiques du CNRS, de Sorbonne Université, de l’Ifremer, et des Universités de Lille, Montpellier et de Bretagne occidentale vont se succéder. Grâce au submersible téléopéré (ROV) <a href="http://www.flotteoceanographique.fr/La-flotte/Equipements-mobiles-nationaux/Victor-6000">Victor 6 000</a> ils visiteront en tout une douzaine de sites hydrothermaux par 1 500 à 3 000 mètres de fond. Objectif : inventorier et comparer la diversité de la faune hydrothermale de ces sites.</p>
<h2>Les sources hydrothermales, oasis abyssales</h2>
<p>Découvertes à la fin des années 1970, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_hydrothermal">sources hydrothermales profondes</a> ont révolutionné notre vision de la vie dans les abysses océaniques. Depuis les grandes expéditions naturalistes de la fin du XIX e siècle, les scientifiques savaient que les grands fonds abritaient des espèces originales et que leur densité décroissait rapidement avec la profondeur. La matière organique est en effet produite à l’origine par des algues microscopiques photosynthétiques (le phytoplancton) dans la couche superficielle des océans. Lors de la sédimentation de cette matière organique, elle est consommée et dégradée par divers organismes, dont des bactéries. Sa quantité décroît donc rapidement avec la profondeur et peu de matière organique atteint les grands fonds pour alimenter les écosystèmes abyssaux, à l’exception de la chute occasionnelle de carcasses de grands animaux pélagiques (thons, requins ou cétacés).</p>
<p>Lors de la découverte des sources hydrothermales par 2 700 mètres de profondeur, les scientifiques s’attendaient donc à trouver peu d’organismes vivants. Mais, dans ce désert abyssal, elles sont au contraire apparues comme des oasis de vie. Elles sont habitées par des espèces spécialisées que l’on ne trouve que dans ce type d’environnement et qui tirent bénéfice d’une production primaire locale. Si loin de la surface, la production de matière organique ne se fait pas par photosynthèse mais par chimiosynthèse : des bactéries exploitent l’énergie d’oxydation des composés chimiques présents dans le fluide hydrothermal, et notamment le sulfure d’hydrogène, pour synthétiser des molécules organiques.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/269621/original/file-20190416-147487-vrf46p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/269621/original/file-20190416-147487-vrf46p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/269621/original/file-20190416-147487-vrf46p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/269621/original/file-20190416-147487-vrf46p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/269621/original/file-20190416-147487-vrf46p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/269621/original/file-20190416-147487-vrf46p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/269621/original/file-20190416-147487-vrf46p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Cheminées hydrothermales à Tui Malila, bassin de Lau.</span>
<span class="attribution"><span class="source"> Ifremer</span></span>
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</figure>
<h2>Des minéraux convoités par les sociétés minières</h2>
<p>Depuis cette première observation, des sources hydrothermales et des communautés d’organismes associées ont été découvertes dans de <a href="https://vents-data.interridge.org/ventfields-osm-map">nombreux endroits du globe</a>. Elles sont localisées le long des dorsales océaniques qui ceinturent notre planète et au niveau de ce que l’on appelle les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bassin_arri%C3%A8re-arc">bassins arrière-arc</a> qui se forment suite à la subduction d’une plaque sous une autre.</p>
<p>Dans les deux cas, la croûte océanique se déchire localement et permet la formation d’un nouveau plancher océanique fragile et fissuré. L’eau de mer, en pénétrant par ces fissures, est exposée à des températures très élevées et lessive la roche. Cette eau perd son oxygène, se charge en composés réduits comme le sulfure d’hydrogène ou le méthane, et en de nombreux métaux. À sa sortie, sous forme de geyser (fumeurs) ou de façon plus diffuse, le fluide hydrothermal rencontre l’eau de mer froide et les métaux qu’il contient précipitent sous forme de sulfures polymétalliques.</p>
<p>L’accumulation de ces précipités riches en métaux représente un grand intérêt pour les compagnies minières qui ont déjà déposé des permis d’exploration et même des permis d’exploitation dans le Pacifique Ouest, notamment dans le bassin de Manus. Ces permis sont octroyés par les nations lorsque les sites sont dans leur zone d’exclusivité économique (ZEE) ou par l’<a href="https://www.isa.org.jm/fr/mineral-resources/56">Autorité internationale des fonds marins</a> pour les eaux internationales.</p>
<h2>Une biodiversité régionale à protéger</h2>
<p>À l’échelle du globe, la faune des différents sites montre une relative ressemblance à l’échelle des grands <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taxonomie">groupes taxonomiques</a> observés mais une très nette régionalisation lorsque l’on regarde à des échelons plus fins (espèces) : la faune du Pacifique Ouest est distincte de celle de l’océan Indien, de celle du Pacifique Oriental, du Pacifique Nord-Est, etc. Cette structure marquée en provinces biogéographiques résulte d’une longue et complexe histoire de la dérive des continents qui s’accompagne de discontinuités génétiques importantes. Ainsi, une morphologie identique peut parfois cacher plusieurs espèces sur le plan génétique.</p>
<p>Dans ce contexte, quel serait l’impact d’une exploitation minière sur le devenir de ces communautés ? La faune unique des sources hydrothermales, bien qu’adaptée à la fragmentation et à l’instabilité de son habitat, serait-elle en danger de disparition ? Si oui, à quelle échelle devons-nous réfléchir pour <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/ressources-minerales-profondes">limiter les effets d’une exploitation minière</a> ? Les institutions nationales ou internationales délivrant les permis doivent avoir des connaissances solides sur l’état de la biodiversité hydrothermale des sites concernés afin de prendre des décisions averties. À l’heure actuelle, cependant, de grandes lacunes de connaissance persistent sur la distribution des espèces et les possibles échanges entre sites par l’intermédiaire des larves émises dans le plancton.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/269624/original/file-20190416-147480-1bxgfbt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/269624/original/file-20190416-147480-1bxgfbt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/269624/original/file-20190416-147480-1bxgfbt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/269624/original/file-20190416-147480-1bxgfbt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/269624/original/file-20190416-147480-1bxgfbt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/269624/original/file-20190416-147480-1bxgfbt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/269624/original/file-20190416-147480-1bxgfbt.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Carte de la campagne Chubacarc.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteurs</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
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<h2>Anticiper l’impact de l’exploitation minière</h2>
<p>C’est dans ce contexte que nous avons proposé d’organiser la campagne Chubacarc dès 2014. Cette campagne ambitieuse de 2 mois et demi (25 mars-8 juin 2019), soutenue par la <a href="http://www.flotteoceanographique.fr">Flotte océanographique française</a> et le <a href="https://inee.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/chubacarc-un-inventaire-de-la-biodiversite-des-sources-hydrothermales-du-pacifique">CNRS</a>, a pour but de visiter 5 zones hydrothermales du Pacifique Ouest dans un système discontinu de dorsales : les bassins de Manus et Woodlark en Papouasie-Nouvelle-Guinée ; le point triple du bassin Nord Fidjien dans la ZEE de Fidji ; la zone de volcans sous-marins de Futuna, et les sites du bassin de Lau dans la ZEE de Tonga. Au total, près de 5 000 km séparent les sites les plus distants. La mission est séparée en 2 parties, et une quarantaine de scientifiques se succéderont à bord. Dans chaque bassin, nous tenterons d’effectuer un échantillonnage hiérarchique des communautés sur au moins deux sites et, sur chaque site, au moins deux cheminées.</p>
<h2>Connectivité et résilience des espèces</h2>
<p>La campagne vise à identifier la faune de tous ces sites, sur des critères morphologiques et génétiques (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Barcoding_mol%C3%A9culaire">barcoding moléculaire</a>) afin de faire un inventaire affiné de la biodiversité sur chacun d’eux. Nous essayerons ensuite de déterminer si les zones sont homogènes en composition, ou si certaines espèces ne sont présentes qu’à certains endroits ou sont caractéristiques de certains habitats biogéochimiques. Ceci pourrait rendre l’élimination du site qui les héberge désastreuse pour elles.</p>
<p>Parmi les espèces les plus abondantes, et notamment les espèces symbiotiques architectes, des études fines de génétique (séquençage haut débit) nous permettront d’estimer la dispersion des organismes marins présente et passée entre les populations, ce que les spécialistes appellent la connectivité.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/L-Y6I5SHILU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Des populations éloignées de plusieurs milliers de kilomètres possèdent-elles des compositions génétiques identiques ? Si oui, cela indiquerait que celles-ci sont liées par une migration suffisante. Si au contraire la connectivité entre populations est limitée, il est probable que des barrières à la dispersion des larves, par des obstacles physiques ou les courants marins, existent naturellement. </p>
<p>Dans ce cas une gestion durable de la ressource à l’échelle locale doit être envisagée. Si les populations échangent facilement à l’échelle régionale, la question posée est d’identifier celles qui contribuent le plus aux générations futures pour mieux les protéger. Nous étudierons une dizaine d’espèces ayant des biologies et des démographies contrastées. Nous pourrons de cette façon tenter d’anticiper l’effet qu’aurait l’exploitation d’un site sur la résilience des communautés d’espèces, non seulement localement mais aussi à plus grande échelle spatiale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115409/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stéphane Hourdez a reçu des financements de Sorbonne Université, CNRS, ANR, Région Bretagne, Europe et Fondation de l'Entreprise Total . </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Didier Jollivet a reçu des financements de Sorbonne Université, CNRS, ANR, Région Bretagne et Europe. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>François H. Lallier a reçu des financements de Sorbonne Université, CNRS, Région Bretagne, ANR. </span></em></p>
Une campagne scientifique dans le Pacifique Ouest révèle la diversité de la vie abyssale.
Stéphane Hourdez, Chercheur en écophysiologie Laboratoire d'Ecogeochimie des Environnements Benthiques (CNRS), Sorbonne Université
Didier Jollivet, Généticien des populations, Sorbonne Université
François H. Lallier, Professeur de biologie, Station Biologique de Roscoff, Sorbonne Université
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/114933
2019-04-04T19:57:55Z
2019-04-04T19:57:55Z
Grande Barrière de corail : 90 % de nouveaux coraux en moins depuis 2016
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/267614/original/file-20190404-123405-asak0z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C4%2C1580%2C1094&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le blanchissement des coraux est notamment lié à la hausse des températures dans l’océan.</span> <span class="attribution"><span class="source">Bette Willis/AAP</span></span></figcaption></figure><p>Le <a href="https://theconversation.com/the-great-barrier-reef-has-been-bleaching-for-at-least-400-years-but-its-getting-worse-101691">blanchissement sévère et répété</a> de la Grande Barrière de corail n’a pas seulement endommagé les coraux, il a aussi diminué la capacité du récif à se reconstruire.</p>
<p>C’est ce que révèle notre étude, <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-019-1081-y">publiée ce jeudi 4 avril dans <em>Nature</em></a>. Selon nos travaux, la production actuelle de bébés coraux ne suffit plus du tout à remplacer les très nombreux adultes morts : le « recrutement » des nouvelles générations qui s’installent sur la Grande Barrière a chuté de près de 90 % depuis 2016.</p>
<p>Si les coraux ne meurent pas systématiquement lorsqu’ils blanchissent, la persistance du phénomène en a tué un <a href="https://theconversation.com/back-to-back-bleaching-has-now-hit-two-thirds-of-the-great-barrier-reef-76092">très grand nombre</a>. Une découverte qui alerte sur la capacité de la Grande Barrière à récupérer lorsqu’elle est endommagée par des températures océaniques élevées.</p>
<h2>Comment le corail récupère</h2>
<p>La plupart des coraux se reproduisent en <a href="https://theconversation.com/explainer-mass-coral-spawning-a-wonder-of-the-natural-world-87253">« pondant »</a> : une fois par an, tous les coraux de la même espèce libèrent dans l’eau, de façon parfaitement synchronisée, des milliers de petits paquets renfermant leurs gamètes. En touchant la surface de l’océan, ces paquets éclatent : s’en échappent alors les ovules et/ou les spermatozoïdes. À mesure que les courants océaniques les déplacent, les œufs fécondés se transforment en larves. Celles-ci s’installent alors en différents endroits, formant des colonies coralliennes entièrement nouvelles. Or ce « recrutement larvaire » est essentiel à la récupération des récifs.</p>
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<p><a href="https://giphy.com/gifs/l2QEeZl0oICDd4eqI"></a></p>
<p>Afin de mesurer ce « recrutement corallien », l’équipe de recherche conduite par mon collègue Terry Hugues a attaché de petites tuiles de terre cuite aux récifs, juste avant la reproduction de masse annuelle. Ces parois de peuplement s’apparentent à un habitat classique, et permettent une meilleure détection des recrues coralliennes, dont la taille ne dépasse pas 1 à 2 mm.</p>
<p>À la suite du blanchissement massif récent, près de 1000 tuiles ont ainsi été déployées sur 17 récifs éloignés les uns des autres, à la fin de l’année 2016 et en 2017. Au bout de huit semaines, nous les avons collectées et inspectées avec attention au microscope, afin de compter le nombre de recrues coralliennes nouvellement installées. Nous avons ensuite comparé ces estimations aux données enregistrées au cours des deux décennies antérieures au dernier blanchissement.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le blanchissement des coraux s’accélère. Brut.</span></figcaption>
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<p>Le recrutement enregistré ne représentait que 11 % des niveaux des décennies précédentes. Alors qu’il y avait plus de 40 larves coralliennes par tuile avant le blanchissement, elles n’en accueillaient plus que 5 en moyenne au cours des deux dernières années.</p>
<h2>Résilience du récif</h2>
<p>La Grande Barrière est le système corallien le plus grand au monde. Sa taille importante et la grande quantité de récifs distincts qui la composent la protègent de la plupart des perturbations. Même si de larges zones sont affectées, il y a des chances que d’autres régions maintiennent des stocks sains de coraux adultes, autant de sources de nouvelles larves susceptibles de favoriser leur reconstitution et leur rétablissement.</p>
<p>Les larves produites par la reproduction des coraux devraient s’établir sur d’autres récifs proches pour remplacer efficacement les coraux perdus en raison de perturbations localisées.</p>
<p>Il est donc rassurant de constater que le renouvellement corallien se poursuit malgré le blanchissement sévère et la mortalité massive qu’ont connus les coraux adultes de la Grande Barrière. Toutefois, la diminution substantielle et généralisée de leur repousse révèle l’ampleur de la perturbation causée par les vagues de chaleur récentes.</p>
<p>La baisse des taux de recrutement s’est révélée la plus importante dans le nord de la Grande Barrière de corail, où le blanchissement a été le plus prononcé en <a href="https://theconversation.com/back-to-back-bleaching-has-now-hit-two-thirds-of-the-great-barrier-reef-76092">2016 et en 2017</a> : c’est là aussi que la perte de coraux adultes a été la plus conséquente.</p>
<p>Ce déclin s’est révélé beaucoup plus modéré dans le sud de la Grande Barrière, moins touché par les vagues de chaleur et caractérisé par une abondance généralement plus élevée de coraux adultes dans ces zones. Toutefois, les courants dominants du sud (et les grandes distances à parcourir) rendent très improbable la dérive naturelle des larves de corail des parties sud du récif vers les zones septentrionales les plus durement touchées.</p>
<p>Il est difficile de dire combien de temps les ensembles coralliens mettront à se reconstruire après le blanchissement massif qu’ils ont connu. Il est en tout cas certain que les bas niveaux de recrutement freinent et contraignent cette récupération. Tout nouvel épisode de blanchissement à grande échelle réduirait considérablement la couverture corallienne et entraverait la régénération.</p>
<h2>Réduire les émissions de CO<sub>2</sub></h2>
<p>L’étude met également en lumière la vulnérabilité des récifs coralliens face à la persistance du réchauffement global en cours. Non seulement les coraux adultes blanchissent et meurent lorsqu’ils sont exposés à des températures élevées, mais celles-ci empêchent aussi leur renouvellement et ébranlent la résilience des écosystèmes.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"652875246291275777"}"></div></p>
<p>La seule manière de lutter efficacement contre le réchauffement climatique est de réduire immédiatement et substantiellement les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Cela implique que tous les pays, Australie en tête, renouvellent et renforcent leurs engagements dans le cadre de l’Accord de Paris.</p>
<p>Si une meilleure gestion est indispensable pour freiner la pression directe qu’exercent les humains sur les récifs coralliens – comme la <a href="https://theconversation.com/the-new-great-barrier-reef-pollution-plan-is-better-but-still-not-good-enough-83233">sédimentation et la pollution</a> – tous ces efforts seront futiles si nous ne nous attaquons pas au changement climatique global.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114933/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Morgan Pratchett a reçu des financements du gouvernement australien et d’ONG telles que le Conseil australien pour la recherche, lA Fisheries Research and Develoipment Coporation (FRDC), le National Environmental Science Program (NESP), la Morris Family Foundation, and la Lizard Island Reef Research Foundation.</span></em></p>
Depuis qu’ils ont subi des blanchissements à répétition en 2016 et 2017, les coraux de la Grande Barrière ont de plus en plus de mal à se reproduire.
Morgan Pratchett, Professor, ARC Centre of Excellence for Coral Reef Studies, James Cook University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/113341
2019-03-20T14:02:37Z
2019-03-20T14:02:37Z
Les lotions solaires bannis pour sauver les récifs de corail
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/264731/original/file-20190319-60964-1igfsod.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des enfants jouent sur une plage de Palau, dans l'océan Pacifique occidental. Le pays a été le premier à interdire totalement les écrans solaires pour protéger ses récifs.</span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Itsuo Inouye)</span></span></figcaption></figure><p>C'est -encore- l’hiver, et plusieurs courent se réfugier sous des climats plus chauds et ensoleillés. On trouvera immanquablement dans leurs valises maillots de bain et lunettes de soleil, mais un objet ordinaire risque de leur donner matière à réflexion: la lotion solaire.</p>
<p>Pourquoi? Eh bien c’est en grande fanfare qu’en novembre, Palau, beau pays de l’océan pacifique occidental entouré de barrières de corail, a décrété l’interdiction de certains types de lotions solaires d’ici 2020. Des lois similaires ont été adoptées à Hawaï ainsi qu’à Key West en Floride et prenant effet en 2021. Il est probable que d’autres juridictions suivront leur exemple.</p>
<p>Les produit chimiques qui filtrent les rayons ultra-violets nous protègent contre les coups de soleil et le cancer de la peau. Mais l’impact qu’on leur prête sur les coraux a mené à leur bannissement sur de nombreuses plages - quoique bien d’autres facteurs soient plus dommageables pour les coraux.</p>
<h2>Quels dommages les lotions solaires infligent-t-elles aux coraux?</h2>
<p>On doit le premier indice du dommage que peuvent créer les lotions solaires à des chercheurs qui ont révélé en 2008 que <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/ehp.10966">les lotions solaires et certaines de leurs composantes avaient un effet décolorant sur plusieurs espèces de corail</a>.</p>
<p><a href="https://oceanservice.noaa.gov/facts/coral_bleach.html">Le phénomène de décoloration</a> décrit le blanchissement des tissus coralliens lorsqu’ils sont sujet au stress. Quand les coraux sont soumis à des eaux trop chaudes ou trop froides, trop riches en nutriments ou trop polluées, les algues colorées qui, normalement, vivent au sein de leurs cellules et font un échange alimentaire mutuellement bénéfique, sont expulsées, ce qui blanchit le corail. La décoloration est réversible à condition que les conditions stressantes disparaissent assez rapidement. Sinon, les coraux meurent de faim.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/261514/original/file-20190228-106353-1r76qyo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/261514/original/file-20190228-106353-1r76qyo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/261514/original/file-20190228-106353-1r76qyo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/261514/original/file-20190228-106353-1r76qyo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/261514/original/file-20190228-106353-1r76qyo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/261514/original/file-20190228-106353-1r76qyo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/261514/original/file-20190228-106353-1r76qyo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les coraux tirent leur couleur au petites algues qui vivent dans leurs tissus, et ils deviennent blancs ou transparents quand ils sont stressés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il semble que les lotions solaires, et en particulier l’oxybenzone, ingrédient commun à toutes les lotions, soient également responsables de la mauvaise santé du corail. Depuis, d’autres études ont contribué à notre compréhension des impacts de l’oxybenzone et des autres composantes des lotions solaires. Nous savons désormais que les coraux semblent très sensibles à ces produits chimiques en tout début de vie.</p>
<p>Lorsqu’on soumet de petites larves de corail à un bain d’oxybenzone en laboratoire, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10646-013-1161-y">elles se déforment, blanchissent, et sont endommagées</a>. Il s’avère que ce produit chimique — selon une sombre mutation digne d’un scénario d’horreur hollywoodien— favorise la formation osseuse et <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00244-015-0227-7">amène les larves à s’enfermer dans leur propre squelette</a>.</p>
<p>Nous savons également que la lotion solaire nuit à <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs10750-016-2746-2">une variété d’autres invertébrés que l’on trouve sur les récifs coralliens</a>, entre autres les vers plats, les algues, et les anémones de mer.</p>
<p>Certaines lotions contiennent des filtres minéraux inorganiques afin de protéger la peau contre les rayons UV, comme des nanoparticules d’oxyde de zinc et du dioxyde de titane que l’on pense être plus favorable à l’environnement que l’oxybenzone. Malheureusement, des tests ont révélé que <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00338-018-01759-4">l’exposition à l’oxyde de zinc perturbe la photosynthèse des algues qui vivent dans les tissus coralliens</a>, ce qui mène à la décoloration du corail. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969718317431?via%253Dihub">Les particules de dioxyde de titane recouvertes de manganèse ou d’aluminium</a> semblent avoir peu d’effet sur les algues et ne provoquent pas un changement de couleur du corail. Les lotions contenant ces ingrédients sont donc peut-être sécuritaires pour les coraux.</p>
<h2>Du laboratoire aux récifs</h2>
<p>Il semblerait donc que la science ait tranché: les lotions solaires traditionnelles sont mauvaises. Mais un instant, pas si vite!</p>
<p>Les conditions expérimentales des études menées à ce jour sont très éloignées de la réalité d’un récif de corail vivant. La méthode de référence pour tester les effets des lotions solaires consiste à prélever de petits échantillons de corail, puis de les apporter en laboratoire, et en exposer quelques-uns mais pas tous, à des concentrations variées de crème solaire (ou à leur composantes). On mesure ensuite la quantité d’algues relâchées, la couleur des coraux, le nombre de survivants, etc.</p>
<p>L’exposition aux produits chimiques est généralement extrême - courte et intense à la fois - et ne reproduit probablement pas les conditions qu’on retrouve en milieu naturel corallien, que ce soit en termes de durée ou de concentration.</p>
<p>En fait, nous en savons peu sur les concentrations d’oxybenzone et autres composants chimiques en zone côtière. Par contre, nous détenons certaines informations. À Oahu et Maui, par exemple, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00244-015-0227-7">les échantillons prélevés dans les aires publiques des plages contiennent de l’oxybenzone</a>, mais généralement à des concentrations très faibles - bien plus faibles que celles aux impacts négatifs mesurés en laboratoire. Des concentrations plus élevées ont été constatées à St. John dans les îles vierges américaines, les plus hauts niveaux se trouvant sur la plage la plus achalandée.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/261523/original/file-20190228-106353-udw9f4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/261523/original/file-20190228-106353-udw9f4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/261523/original/file-20190228-106353-udw9f4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/261523/original/file-20190228-106353-udw9f4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/261523/original/file-20190228-106353-udw9f4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/261523/original/file-20190228-106353-udw9f4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/261523/original/file-20190228-106353-udw9f4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’oxybenzone protège la peau des rayons UV, mais certaines études indiquent que ce produit et d’autres substances chimiques peuvent s’infiltrer dans l’eau lorsqu’on nage ou qu’on fait du surf.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Avant de sauter aux conclusions, cela vaut la peine de se rappeler que l’oxybenzone est utilisé dans une variété de produits domestiques et peut donc pénétrer le milieu marin par d’autres voies que celle des baigneurs. Par exemple, les sédiments prélevés près des sorties d’égouts en Californie, où, bien évidemment, personne ne nage, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0166445X08002798?via%253Dihub">contiennent de hautes concentrations d’oxybenzone</a>. (Et, à ce taux de concentration, l’oxybenzone féminise les poissons mâles, mais ça, c’est une autre histoire!)</p>
<p>Il serait tout aussi imprudent d’extrapoler, à partir des effets de décoloration des larves observés en laboratoire, les conséquences sur des barrières de corail entières, alors qu’elles sont sujettes à bien d’autres stress qui se chevauchent et interagissent.</p>
<p>En réalité, quand il y a de nombreux baigneurs, on trouve également grand nombre d’infrastructures touristiques, comme des hôtels, des marinas, et leurs sous-produits tels que les eaux usées, la pollution et la pêche. De fait, si les lotions solaires jouent un rôle quelconque dans la décoloration du corail en milieu naturel, il s’agit là d’un rôle bien mineur si on le compare a<a href="https://www.nature.com/articles/nature21707">ux impacts massifs et bien documentés du réchauffement des océans</a>.</p>
<h2>Que faire?</h2>
<p>Le principe de précaution suggère qu’il est toujours préférable d’aller du côté de la prudence. En l’absence de preuves solides, des données suggestives suffisent à justifier un changement de la réglementation et des comportements.</p>
<p>Mais, en présence <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/sun-safety/skin-cancer.html#a2">de preuves irréfutables qui relient les rayons UV aux dégâts sur l’ADN et aux cancers de la peau</a>, s’abstenir complètement de protection antisolaire afin de protéger les barrières de corail n’est pas une option. On peut laisser la lotion solaire à la maison, et la remplacer par des vêtements et chapeaux à haute protection contre les ultraviolets ((homologués UPF), ou encore acheter des lotions « protège corail » ne contenant pas d’oxybenzone.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/261519/original/file-20190228-106362-aaadui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/261519/original/file-20190228-106362-aaadui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/261519/original/file-20190228-106362-aaadui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/261519/original/file-20190228-106362-aaadui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/261519/original/file-20190228-106362-aaadui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=472&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/261519/original/file-20190228-106362-aaadui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=472&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/261519/original/file-20190228-106362-aaadui.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=472&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les vêtements résistants au soleil peuvent filtrer les rayons UV - et ne s’enlèvent pas au rinçage.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Bien sûr, on pourrait décider ne pas s’envoler vers un paradis tropical. Ce serait sans doute la contribution la plus directe pour réduire <a href="http://www.gbrmpa.gov.au/our-work/threats-to-the-reef/climate-change">ce qui menace le plus les barrières de corail: le changement climatique provoqué par les énergies fossiles.</a></p>
<p>Cette option risque cependant de déplaire aux nombreuses personnes qui se réjouissent d’aller se tremper les orteils dans le sable chaud. Il est bien plus facile d’acquérir la bonne lotion solaire, ou d’interdire les plus dommageables, que de faire face au plus grand défi de notre époque.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/113341/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Côté a reçu des fonds du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada</span></em></p>
Des pays interdisent les crèmes solaires pour protéger leurs récifs de corail. Mais la science ne corrobore pas nécessairement leurs craintes.
Isabelle Côté, Professor of Marine Ecology, Simon Fraser University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/84483
2017-10-03T20:51:18Z
2017-10-03T20:51:18Z
Expédition scientifique Tara : au plus près des récifs coralliens du Pacifique
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/188599/original/file-20171003-18144-1ly98dz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les scientifiques Océane Salles, Flora Vincent et Didier Zoccola en train d’échantillonner des coraux.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://oceans.taraexpeditions.org/mediatheque/photos/">Sarah Fretwell/Fondation Tara Expéditions</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2017, qui se tient du 7 au 15 octobre, et dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr">Fetedelascience.fr</a>. Retrouvez également les rendez-vous organisés à cette occasion par le <a href="http://www.criobe.pf/media1/fete-de-la-science-2017/">Criobe</a> autour de l’expédition Tara.</em></p>
<hr>
<p>Partie de Lorient en mai 2016 pour rejoindre l’océan Pacifique, la goélette <em>Tara</em> est aujourd’hui à mi-parcours de son expédition de deux années dédiée aux récifs coralliens.</p>
<p>Elle a déjà visité 15 pays et parcouru près de 50 000 km d’est en ouest. Cette mission d’envergure initiée par la <a href="http://oceans.taraexpeditions.org/">Fondation Tara Expéditions</a> – sous la direction scientifique de Serge Planes, directeur du <a href="http://www.criobe.pf/">Criobe</a> (Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement) – a permis de prélever à ce jour plus de 15 000 échantillons.</p>
<p>L’analyse de cette première vague d’échantillons (sur les 35 000 qui seront effectués au total) vient juste de débuter ; elle va permettre de mieux connaître la biodiversité des récifs coralliens, leur état de santé et leur capacité d’adaptation aux changements climatique et environnementaux.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/xJkUmn8MgM4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Une mission de deux ans pour explorer les récifs coralliens (Tara Pacific 2016-2018 Expedition, 2016).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Aucun récif épargné</h2>
<p>Si leur analyse prend plusieurs années, les scientifiques de la mission peuvent déjà dire que même les récifs coralliens les plus éloignés ne sont pas à l’abri des effets du changement climatique.</p>
<p>Les chercheurs partis en expédition ont en effet pu constater un blanchissement massif des coraux sur l’ensemble du Pacifique : si quelques sites ont été épargnés, comme aux îles de Wallis et Futuna, la couverture corallienne avait été affectée à hauteur de 30 à 90 % sur d’autres sites.</p>
<p>Les scientifiques font ainsi état de plusieurs observations : en Polynésie, le blanchissement a atteint 30 à 50 % dans certaines îles des Tuamotu. Sur d’autres sites, c’est près de 70 % de la couverture corallienne qui a été affectée par ce phénomène, comme aux îles Pitcairn.</p>
<p>Aux îles Samoa, le blanchissement a atteint 90 % et donné lieu à la mort des colonies coralliennes, tandis qu’en Micronésie, aux îles Tuvalu et Kiribati, une partie des récifs étaient déjà morts avant l’arrivée de <em>Tara</em>.</p>
<p>Au nord du Pacifique, dans des eaux pourtant plus tempérées, les récifs n’ont pas non plus échappé à ce phénomène : il a ainsi atteint 70 % à Okinawa, au Japon.</p>
<h2>Un réchauffement qui s’installe</h2>
<p>Dans les zones très peu peuplées et très peu polluées comme la Polynésie, seule la hausse de température a pu induire une telle dégradation des coraux, indique Serge Planes, directeur de recherche au CNRS et directeur scientifique de la mission :</p>
<blockquote>
<p>« Plus l’augmentation de la température dépasse les normales attendues, et plus les durées d’exposition à ces fortes températures de l’eau sont longues et plus le blanchissement est fort. »</p>
</blockquote>
<p>La combinaison de ces deux facteurs entraîne en effet la <a href="https://theconversation.com/comment-le-rechauffement-risque-de-tuer-le-corail-48217">rupture de la symbiose</a> entre l’algue et l’animal (voir la figure ci-dessous), et comme c’est l’algue qui fournit la plus grande partie de la nourriture dont le corail a besoin, la rupture de cette symbiose entraîne une famine du corail et à terme, si le réchauffement perdure, la mort de la colonie.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/188134/original/file-20170929-21594-n5q10m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/188134/original/file-20170929-21594-n5q10m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/188134/original/file-20170929-21594-n5q10m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/188134/original/file-20170929-21594-n5q10m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/188134/original/file-20170929-21594-n5q10m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=431&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/188134/original/file-20170929-21594-n5q10m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/188134/original/file-20170929-21594-n5q10m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/188134/original/file-20170929-21594-n5q10m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=542&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Fondation Tara Expéditions</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Toujours selon Serge Planes :</p>
<blockquote>
<p>« On ne peut plus aujourd’hui parler d’épisodes ponctuels ou cycliques de hausse de températures, comme le phénomène climatique <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">El Niño</a>. Nous sommes désormais en présence d’un réchauffement global de l’océan auquel s’ajoutent des périodes estivales très chaudes, de moins en moins espacées d’année en année. »</p>
</blockquote>
<p>Pour Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Expéditions, c’est la preuve que « limiter le réchauffement à deux degrés comme acté dans l’<a href="https://ec.europa.eu/clima/policies/international/negotiations/paris_fr">Accord de Paris</a> est bien loin d’être suffisant pour les écosystèmes marins ».</p>
<h2>Étudier la vie microbienne</h2>
<p>Lors de cette première année d’expédition, l’équipe de Tara Pacific a pu donc prélever plus de 15 000 échantillons dans les 18 archipels visités en vue de définir la diversité microbienne associée au corail.</p>
<p>À terre, les équipes du <a href="http://ig.cea.fr/drf/ig/Pages/Genoscope.aspx">Genoscope</a> ont commencé le séquençage du microbiome corallien, c’est-à-dire l’ensemble des micro-organismes associés au corail. Ce microbiome sera également comparé à celui des deux espèces de poissons prélevées sur les mêmes sites ainsi qu’à la diversité des micro-organismes présents dans les eaux environnantes des coraux.</p>
<p>Si les échantillons récoltés lors de la première année sont déjà en train d’être étudiés, l’analyse de la totalité des échantillons de l’expédition prendra plusieurs années et il faudra être patient avant de pouvoir voir émerger les premiers résultats globaux.</p>
<p>Cette bibliothèque d’échantillons permettra d’établir une base de données inédite à destination des laboratoires internationaux réunis pour l’expédition. Ils pourront à terme comparer les récifs et distinguer leurs capacités de résistance aux bouleversements, et vérifier l’hypothèse selon laquelle un écosystème corallien riche, présentant une forte biodiversité, est plus résilient.</p>
<p>Par ailleurs, une éventuelle corrélation pourrait être établie entre la diversité microbienne associée aux coraux et la diversité des espèces coralliennes elles-mêmes, voire la diversité génétique des coraux.</p>
<h2>Au cœur du Triangle de Corail</h2>
<p>La goélette <em>Tara</em> vient de quitter la Grande Barrière de Corail (en Australie) et se rendra dans les jours et mois à venir en Nouvelle-Calédonie, aux îles Salomon, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Indonésie, à Palau, aux Philippines, en Chine, et à Hawaï.</p>
<p>Les scientifiques continueront à échantillonner selon le même protocole : en plongée, pour 3 sites autour de chaque île, ils collectent les fragments de 10 colonies pour chacune des 3 espèces cibles (<em>Millepora platyphylla</em>, <em>Porites lobata</em> and <em>Pocillopora meandrina</em>). Ils rejoignent ensuite rapidement le bateau afin de préserver les échantillons selon les analyses à venir : taxinomiques, génomiques, protéomiques et métabolomiques.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/188186/original/file-20170929-13542-1t2je34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/188186/original/file-20170929-13542-1t2je34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/188186/original/file-20170929-13542-1t2je34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/188186/original/file-20170929-13542-1t2je34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/188186/original/file-20170929-13542-1t2je34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/188186/original/file-20170929-13542-1t2je34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/188186/original/file-20170929-13542-1t2je34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/188186/original/file-20170929-13542-1t2je34.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=491&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le Triangle de corail abrite les trois quarts des espèces de corail connues.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://lewebpedagogique.com/arnaud/files/2014/06/Rapport-corailBBD.pdf">WWF</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pendant cette deuxième année, <em>Tara</em> passera par les récifs les plus riches en biodiversité de la planète, avec notamment la région du <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Coral_Triangle">« Triangle de corail »</a> qui s’étend sur six millions de kilomètres carrés dans les eaux qui entourent la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines, les îles Salomon, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Timor oriental.</p>
<p>En Papouasie-Nouvelle-Guinée et à Palau, les coraux seront également récoltés sur des sites naturellement acidifiés, ce qui permettra d’avoir de véritables laboratoires naturels pour l’étude de l’<a href="https://theconversation.com/la-grande-barriere-de-corail-deja-touchee-par-lacidification-des-oceans-55618">impact de l’acidification</a> des océans sur les récifs coralliens.</p>
<p>Puis <em>Tara</em> traversera à nouveau le Pacifique, via Hawaï cette fois, pour finir sa course là où son étude des récifs a commencé, au Panama. L’expédition prendra fin en octobre 2018 avec le retour du bateau à Lorient.</p>
<hr>
<p><em><a href="http://www.criobe.pf/pro/personnel/personnels-administratifs-et-techniques/jeanine-almany/">Jeanine Almany</a> du Criobe a contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/84483/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Émilie Boissin a bénéficié de la bourse de recherche européenne Marie Curie (MC-CIG-618480) pour étudier les coraux de feu. Tara Pacific est soutenue par le CNRS, le CEA, le CSM, l’Université Paris Sciences & Lettres et de nombreux autres partenaires publics et privés. </span></em></p>
Depuis 2016, des scientifiques embarqués à bord de la goélette Tara sillonnent le Pacifique pour surveiller l’état des récifs coralliens gravement menacés par le réchauffement climatique.
Émilie Boissin, Chercheur post-doctorante en biologie marine au Criobe, Coordinatrice scientifique Tara Pacific, Université de Perpignan
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/83319
2017-08-31T19:35:29Z
2017-08-31T19:35:29Z
Expédition La Pérouse : qu’est-il arrivé aux survivants ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/184210/original/file-20170831-22597-8akroc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Louis XVI donnant ses instructions finales au Comte de La Pérouse en 1785, avant qu'il embarque pour sa mission fatale dans l'hémisphère sud. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.sl.nsw.gov.au/collection-items/louis-xvi-giving-final-instructions-comte-de-la-perouse-1785-1911-painted-edouard">State Library of NSW </a></span></figcaption></figure><p>Le destin des survivants de l’<a href="http://www2.sl.nsw.gov.au/archive/discover_collections/society_art/french/perouse/index.html">expédition menée par Jean‑François de Galaup, Comte de La Pérouse</a> reste un mystère, depuis la disparition de ses frégates, <em>L’Astrolabe</em> et <em>La Boussole</em>. Après avoir quitté Botany Bay en mars 1788, les bateaux ont disparu, semble-t-il, dans l’immensité du Pacifique.</p>
<p>L’expédition partit du port de Brest en 1785. Les deux navires, transportant pas moins de 225 officiers, équipiers et scientifiques, étaient remplis de provisions et de marchandises. Les hommes avaient embarqué pour un voyage de quatre ans dans le Pacifique, sur les traces des exploits du Capitaine James Cook. Le roi Louis XVI soutenait l’opération, et avait même contribué à en dessiner les plans et l’itinéraire.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/183887/original/file-20170829-5071-yptlr4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183887/original/file-20170829-5071-yptlr4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183887/original/file-20170829-5071-yptlr4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=775&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183887/original/file-20170829-5071-yptlr4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=775&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183887/original/file-20170829-5071-yptlr4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=775&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183887/original/file-20170829-5071-yptlr4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=974&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183887/original/file-20170829-5071-yptlr4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=974&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183887/original/file-20170829-5071-yptlr4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=974&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Portrait du Comte de La Pérouse, circa 1792.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.portrait.gov.au/portraits/2012.80/la-perouse">National Portrait Gallery, Canberra</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La Pérouse avait également pour mission d’enquêter sur la nouvelle colonie britannique en Australie. Il arriva au large de Botany Bay, en Nouvelle-Galles du Sud, en janvier 1788, juste à temps pour voir la <em>First Fleet</em> d’Arthur Philip mouiller l’ancre, et fut témoin des débuts de la colonisation européenne sur le continent. Pendant six semaines, les Français installèrent leurs campements sur les rives nord de la baie, devenue aujourd’hui la banlieue sud-est de Sydney, qui porte le nom de La Pérouse.</p>
<p>Avant de partir en Australie, La Pérouse avait confié des lettres aux Britanniques, qu’ils devaient transmettre au Ministère français de la Marine. Il y expliquait comment il prévoyait de quitter l’océan Pacifique via le détroit de Torres, la voie d’eau étroite qui sépare l’Australie et la Nouvelle-Guinée, affirmant qu’il serait de retour en France d’ici juin 1789. Mais à cette date, point de frégates : l’attente fit place à l’inquiétude. En 1791, l’Assemblée nationale commanditait une expédition à la recherche du navigateur, sans succès. L’anecdote raconte que le roi Louis XVI, sur le chemin de la guillotine, en 1793, demanda à ceux qui le menaient à l'échafaud : « Avons-nous des nouvelles de La Pérouse ? »</p>
<p>C’est un capitaine irlandais particulièrement obstiné qui a finalement résolu l’énigme, presque quatre décennies plus tard. En 1826, Peter Dillon découvrit des objets venus d’Europe à Tikopia, dans les îles Salomon. Selon les habitants, ils provenaient d’une île voisine appelée Vanikoro. Dillon eut l’intuition qu’ils venaient des navires de La Pérouse. Il obtint finalement le commandement du navire d’enquête <em>La Recherche</em> et aborde à Vanikoro en 1827, où il découvre le sort terrible de <em>L’Astrolabe</em> et de <em>La Boussole</em> : les deux frégates se sont abîmées sur les récifs frangeants de l’île, lors d’une tempête. Les artefacts collectés par Dillon furent emmenés à Paris, où on les identifia comme des objets appartenant bel et bien aux navires de l’expédition La Pérouse.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/184212/original/file-20170831-22617-1y3onwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/184212/original/file-20170831-22617-1y3onwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/184212/original/file-20170831-22617-1y3onwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/184212/original/file-20170831-22617-1y3onwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/184212/original/file-20170831-22617-1y3onwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/184212/original/file-20170831-22617-1y3onwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/184212/original/file-20170831-22617-1y3onwz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Cartographie des îles du Pacifique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9dition_de_La_P%C3%A9rouse#/media/File:Voyage_de_La_P%C3%A9rouse_autour_du_monde_(No._15)_BHL15849653.jpg">Duboy-Laverne, P. D. ; La Pérouse, Jean‑François de Galaup ; Milet de Mureau, Louis Marie Antoine Destouff ; Mourelle de la Rúa, Francisco Antonio ; Pingré, Alexandre Guy</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les habitants de Vanikoro ont également raconté que les survivants de l’expédition La Pérouse avaient passé plusieurs mois à construire une petite goélette à deux mâts, en utilisant à la fois le bois des forêts denses de l’île et du bois d’épaves. Une fois l’embarcation terminée, ils se sont lancés sur les flots.</p>
<p>Ce qu’il est advenu de ce navire et de son équipage, si désireux de rentrer en France reste un mystère complet. Des livres et des articles sur La Pérouse posent inlassablement les mêmes questions : le navire est-il jamais sorti de la lagune de Vanikoro, ou a-t-il été attaqué par des autochtones en pirogue ? Si le bateau est sorti de la lagune, a-t-il coulé ? Ou les survivants sont-ils morts de soif ou de faim en mer ? Ou encore, ont-ils fait naufrage ailleurs dans le Pacifique ?</p>
<p>Un article de 1818 contient peut-être un indice sur le sort du navire qui tenta de quitter Vanikoro. Dans son numéro de décembre 1818, le <em>Courrier de Madras</em> relate en effet comment, en septembre de cette année-là, les navires <em>Claudine</em> et <em>Mary</em>, qui voguaient, depuis Sydney, en direction de Calcutta, ont jeté l’ancre sur l’île de Murray dans l’archipel du détroit de Torres. C’est là qu’ils ont ils ont porté secours à un marin indien, Shaik Jumaul, qui avait survécu au naufrage du navire marchand le <em>Morning Star</em> quatre ans plus tôt, au large de la côte nord du Queensland.</p>
<p>À bord du <em>Mary</em>, Shaik Jumaul a été interrogé au sujet de ses expériences sur l’île. Il a raconté qu’il avait vu des épées et des mousquets sur les îles, « fabriqués différemment de ceux des Anglais », ainsi qu’une boussole et une montre en or. Quand il a demandé aux insulaires où ils avaient obtenu ces objets, un vieil homme lui a expliqué comment, 30 ans plus tôt, un navire s’était échoué sur la Grande Barrière de Corail, à l’approche de Murray Island. Des hommes blancs avaient quitté le bateau sur de petites embarcations en bateaux, mais dans les combats qui s’ensuivirent ils périrent tous, sauf un jeune garçon, qui fut épargné et élevé par les habitants de l’île comme l’un des leurs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/183930/original/file-20170830-23666-1fmf7pu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183930/original/file-20170830-23666-1fmf7pu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183930/original/file-20170830-23666-1fmf7pu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183930/original/file-20170830-23666-1fmf7pu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183930/original/file-20170830-23666-1fmf7pu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183930/original/file-20170830-23666-1fmf7pu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183930/original/file-20170830-23666-1fmf7pu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183930/original/file-20170830-23666-1fmf7pu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’ouest de Murray Island et les îles voisines de Waier et Dauar, le 1ᵉʳ décembre 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Garrick Hitchcock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De fait, la liste d’équipage de l’expédition mentionne un marin, François Mordelle, originaire de la ville portuaire de Tréguier en Bretagne. S’agissait-il du dernier survivant de l’expédition La Pérouse ? L’article mettant en vedette la description du naufragé fut repris par de nombreux journaux en Australie, en Grande-Bretagne, en France et ailleurs et les observateurs firent le lien avec l’expédition La Pérouse. Puis on oublia l’histoire de Shaik Jamaul.</p>
<p>La chronologie semble coïncider, car c’est bien 30 ans plus tôt, fin 1788 ou début de 1789, que les survivants de l’expédition ont quitté Vanikoro dans leur petit navire. Les historiens ne rapportent pas la présence d’un autre navire européen dans la région à cette époque.</p>
<p>Le détroit de Torres, qui comprend la partie nord de la Grande Barrière de Corail, est doté de récifs, de rochers et de bancs de sable. Il est souvent décrit comme un « cimetière marin », car plus de 120 bateaux ont sombré dans ses eaux traîtres. Le navire signalé par Shaik Jumaul fut le premier naufrage connu dans ce détroit et, de fait, dans la partie orientale du continent australien.</p>
<iframe width="100%" height="315" src="https://www.retronews.fr/embed-journal/gazette-nationale-ou-le-moniteur-universel/09-avril-1827/149/1277143/1" frameborder="0"></iframe>
<p>Est-ce que l’expédition s’est achevée par une tragédie dans le nord de l’Australie ? Avec les découvertes à venir sur le site de l’épave (sur la Grande barrière de Corail ou dans les îles), nous en aurons peut-être la confirmation.</p>
<p>Il y a cependant un mystère associé à l’expédition La Pérouse que nous ne résoudrons probablement jamais. Les insulaires ont en effet montré à Shaik Jamaul les vêtements du jeune marin, pleurant en se remémorant comment, un soir, il quitta l’île en pirogue avec deux jeunes filles. Ses amis de l’île sont partis à leur recherche, mais ne les ont jamais revus. Cherchait-il à revenir en France ? A-t-il subi un accident en mer ? Ou a-t-il connu un troisième naufrage, fatal celui-là ? Ce fut le dernier homme de l’équipage, un survivant, un naufragé. Bien que son identité et son destin restent mystérieux, sa mémoire subsiste.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/83319/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Garrick Hitchcock ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
En 1826, on découvrit des objets venus d’Europe à Tikopia, dans les îles Salomon : venaient-ils de l’Astrolabe et de la Boussole, les navires disparus de La Pérouse ?
Garrick Hitchcock, Honorary Senior Lecturer, School of Culture, History and Language, Australian National University
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tag:theconversation.com,2011:article/66696
2016-10-19T19:59:36Z
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Le phosphore, essentiel au corail pour survivre au changement climatique
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/141854/original/image-20161014-30277-1y8s10d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’augmentation de la température des eaux provoque le blanchissement du corail. </span> <span class="attribution"><span class="source">Coral Guardian</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Les récifs coralliens couvrent moins de <a href="http://wwf.panda.org/about_our_earth/blue_planet/coasts/coral_reefs/">1 %</a> de la surface des océans, mais ils constituent un des écosystèmes les plus productifs et les plus riches de la planète en matière de biodiversité : ils abritent en effet plus d’un quart des espèces marines, dont des milliers d’espèces animales et végétales.</p>
<p>Cette forte productivité s’appuie sur la symbiose qui existe entre les coraux et les algues « dinoflagellées » : les cellules de l’hôte corallien hébergent ces algues photosynthétiques, qui lui fournissent en retour une grande partie de l’énergie nécessaire à son développement et sa survie. Ces algues permettent ainsi à leur hôte de se développer dans des milieux dits « oligotrophes », c’est-à-dire pauvres en nutriments.</p>
<p><a href="http://www.reefbase.org/resource_center/publication/statusreport.aspx?refid=27173">30 millions</a> de personnes dépendent directement des coraux pour leur survie, via la pêche et la consommation de poissons et mollusques peuplant ces écosystèmes uniques. Un chiffre qui atteint <a href="http://www.reefbase.org/resource_center/publication/statusreport.aspx?refid=27173">500 millions</a> si l’on tient compte des services rendus à l’homme en matière de protection des côtes, d’opportunités offertes dans les secteurs du tourisme et des loisirs ainsi que dans l’<a href="http://www.coralbiome.com/fr/">industrie pharmaceutique</a>.</p>
<h2>Des écosystèmes menacés</h2>
<p>Mais les récifs coralliens, pour essentiels qu’ils sont, se trouvent aujourd’hui menacés par des stress globaux ou locaux.</p>
<p>À l’échelle locale, ils sont principalement <a href="http://www.icriforum.org/about-coral-reefs/status-and-threat-coral-reefs">impactés</a> par les pollutions marines résultant des activités humaines (rejets domestiques, activités industrielles et agricoles), des techniques de pêche intensives et de la dégradation induite par le tourisme de masse. À l’échelle globale, les récifs sont affectés par le réchauffement climatique, favorisant l’acidification des océans et l’augmentation de la température de surface de l’eau de mer.</p>
<p>À terme, ces divers stress provoquent de profonds changements dans l’équilibre des cycles marins ; ils peuvent conduire à la rupture de cette association entre le corail et ses algues photosynthétiques, phénomène que l’on nomme « blanchissement ». L’un des principaux facteurs du blanchissement résulte de l’augmentation de la température de surface de l’eau de mer.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le blanchissement expliqué en vidéo (Biointeractive, 2014).</span></figcaption>
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<p>Les modèles climatiques prévoient une hausse de cette température de 1 à 3 °C, d’ici à la fin du XXI<sup>e</sup> siècle. Ces faits sont alarmants car cette augmentation induit en parallèle celle de la fréquence et de l’intensité du phénomène de blanchissement corallien ; des phénomènes qui limitent le temps de résilience des coraux et favorisent ainsi leur mortalité.</p>
<p>Au Centre scientifique de Monaco, les chercheurs de l’équipe d’écophysiologie ont cherché à mieux comprendre les effets du réchauffement climatique sur la capacité des coraux à acquérir des éléments inorganiques essentiels à leur survie tels que le carbone, l’azote et le phosphore. En milieu récifal, ces éléments se retrouvent en quantités minimales, limitant la croissance et le développement des coraux. Le manque d’un nutriment ou l’incapacité à acquérir ce dernier pourraient favoriser le blanchissement corallien.</p>
<h2>Le rôle du phosphore</h2>
<p>Les premières expériences menées en laboratoire dans le cadre de <a href="http://www.nature.com/articles/srep31768">cette étude</a> récemment publiée dans <em>Scientific reports</em> ont montré que trois espèces de coraux tropicaux sur cinq observées perdaient leurs capacités à acquérir l’azote inorganique (l’ammonium et/ou le nitrate) lorsque la température de l’eau de mer augmentait de 25 °C à 30 °C. Or, un manque d’apport en azote suite à l’élévation de la température de l’eau pourrait, sur le long terme, induire une carence nutritionnelle sévère pour les coraux et entraîner leur mortalité.</p>
<p>En outre, quatre espèces de coraux sur cinq étudiées ont présenté des taux d’absorption de phosphore plus importants lorsqu’elles étaient maintenues à haute température.</p>
<p>Le phosphore intervient dans la production d’ATP, la monnaie énergétique cellulaire dont tout organisme a besoin pour se développer et survivre. Le phosphore est, d’autre part, un composant essentiel des phospholipides, molécules favorisant le maintien et la résistance des membranes algales face aux stress lumineux ou thermique.</p>
<p>Ces résultats, pour le moins surprenants, semblent indiquer que les coraux ont des besoins accrus en phosphore pour maintenir leur métabolisme en période de stress. Ce sel nutritif semble donc être essentiel pour leur survie dans le futur.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/141855/original/image-20161014-30262-1es9eov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/141855/original/image-20161014-30262-1es9eov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/141855/original/image-20161014-30262-1es9eov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/141855/original/image-20161014-30262-1es9eov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/141855/original/image-20161014-30262-1es9eov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/141855/original/image-20161014-30262-1es9eov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/141855/original/image-20161014-30262-1es9eov.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Guillaume Holzer/Coral Guardian</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Des besoin accrus en phosphore</h2>
<p>Comment expliquer de tels besoins en phosphore ?</p>
<p>Pour répondre à cette interrogation, une seconde série d’expériences a consisté à maintenir une espèce de corail tropicale sous deux conditions nutritionnelles : une condition dite « control », caractérisée par un milieu pauvre en éléments inorganiques (similaires au milieu naturel) et une condition enrichie en phosphates.</p>
<p>Les mesures de l’activité métabolique de l’organisme corallien ont été réalisées à 25 °C (température de croissance normale) et à haute température (30 °C), pouvant induire le blanchissement.</p>
<p>Les résultats soulignent l’importance du phosphore pour le maintien du métabolisme corallien. En effet, alors qu’à 30 °C les différentes espèces étudiées perdaient une partie de leurs algues photosynthétiques et/ou de leurs pigments chlorophylliens (blanchissement), un supplément sur le court terme de phosphates dans l’eau de mer a permis le maintien du métabolisme corallien, dont l’activité photosynthétique de ses symbiotes, évitant ainsi le blanchissement. Encore mieux, l’ajout de phosphate a stimulé positivement l’échange de sucres carbonés entre les symbiotes et son hôte.</p>
<p>Ces résultats mettent en lumière l’importance des nutriments inorganiques pour le développement et la survie des coraux. Ils rejoignent certaines observations montrant que les zones récifales abritant de nombreux oiseaux – et recevant une grande quantité de fientes riches en phosphore – seraient moins affectées par le blanchissement.</p>
<p>Dans un futur proche, le changement climatique et la pollution marine vont causer de profondes modifications dans les cycles biogéochimiques au sein des récifs coralliens, dont ceux de l’azote et du phosphore. Ces variabilités seront donc à prendre en compte dans les modèles d’étude sur le phénomène du blanchissement.</p>
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<figcaption><span class="caption">La Grande Barrière de corail d’Australie (Nat Geo Wild, 2016).</span></figcaption>
</figure>
<p>La période 2015-2016 fut marquée par le <a href="http://coralreefs.org/wp-content/uploads/2014/03/Reef-Encounter-43-April-2016-HR.pdf">troisième évènement majeur de blanchissement</a>, après ceux de 1998 et 2010, englobant les trois bassins océaniques principaux (Pacifique, Atlantique et Indien). Fin 2015, 32 % des récifs à travers le monde avaient été exposés à une anomalie de température équivalente à <a href="http://coralreefs.org/wp-content/uploads/2014/03/Reef-Encounter-43-April-2016-HR.pdf">4 °C</a>, alors qu’une hausse de 1 °C seulement par rapport aux moyennes maximales saisonnières leur serait nuisible.</p>
<p>Actuellement, les scientifiques estiment que l’évènement de 2015-2016, renforcé par le phénomène <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">El Niño</a>, a d’ores et déjà causé la détérioration et mortalité de plus de <a href="https://www.climatecouncil.org.au/reef-reality-check">20 %</a> des récifs de la <a href="https://theconversation.com/death-on-the-great-barrier-reef-how-dead-coral-went-from-economic-resource-to-conservation-symbol-67157">Grande Barrière</a> de corail en Australie, dont des zones qui avaient été, jusqu’à maintenant, préservées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/66696/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Leïla Ezzat a reçu des financements du Centre scientifique de Monaco </span></em></p>
Les récifs coralliens abritent des milliers d’espèces, sont essentiels à des millions d’humains, mais subissent de graves menaces. De récentes études se penchent sur les conditions de leur survie.
Leïla Ezzat, Docteur en sciences de l’environnement, Centre scientifique de Monaco, Sorbonne Université
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tag:theconversation.com,2011:article/56632
2016-03-29T04:43:40Z
2016-03-29T04:43:40Z
À la recherche des derniers refuges de la biodiversité corallienne
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/116261/original/image-20160323-28201-a2osoy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Récif de l’Astrolabe, Nouvelle-Calédonie.</span> <span class="attribution"><span class="source">J.M Boré/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Effectuer le référencement inédit de la biodiversité marine dans les derniers récifs coralliens vierges, ou quasiment vierges, d’impact humain dans le Pacifique sud : voilà l’objectif du projet PRISTINE mené par une équipe internationale de biologistes marins. Après une <a href="https://www.ird.fr/la-mediatheque/videos-en-ligne-canal-ird/mission-pristine">première campagne</a> océanographique sur les récifs Astrolabe en Nouvelle-Calédonie, les scientifiques ont exploré les îles Actéon en Polynésie, les récifs de Minerve à Tonga, puis les récifs d’Entrecasteaux, de Pétri et de Chesterfields en Nouvelle-Calédonie. Les résultats de cette étude des récifs parmi les plus isolés de la planète ont été présentés à Nouméa fin février 2016. Ils sont édifiants.</p>
<h2>Connaître l’état origine d’un écosystème</h2>
<p>En science, et en écologie tout particulièrement, l’évolution d’un écosystème marin et l’évaluation de l’impact de l’homme ou de perturbations naturelles nécessite de connaître l’état d’origine de l’écosystème. Ces connaissances prennent alors la forme de référentiels destinés à des études comparatives. Les rapports des naturalistes établis avant le XX<sup>e</sup> siècle, tels ceux de <a href="https://archive.org/details/voyagetopacifico03cook">James Cook</a>, ne sont pas assez nombreux et trop peu détaillés pour permettre d’évaluer scientifiquement la dégradation des écosystèmes coralliens actuels. Pour la plupart d’entre eux, l’état vierge n’existe plus, beaucoup de zones étant exploitées par la pêche par exemple. Les états de références sont donc pour la plupart issus des réserves marines, instaurées pour répondre à des objectifs de protection et de restauration des écosystèmes.</p>
<p></p>
<p>Ces réserves sont-elles cependant assez vastes, assez âgées et assez préservées pour être prises comme référence ? Et si tel n’est pas le cas, quels objectifs fournir aux gestionnaires souhaitant atteindre un authentique état de référence, sans impact humain ? C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet PRISTINE : redéfinir l’état de référence de systèmes coralliens dans différents pays du Pacifique en allant échantillonner les ensembles les plus retirés. Ces données permettront d’obtenir un référentiel pour évaluer les impacts anthropiques, mais aussi l’efficacité des réserves marines. Les sites choisis sont donc isolés, non habités, non exploités : ici, l’impact humain fut minime.</p>
<h2>La découverte d’un patrimoine insoupçonné</h2>
<p>Au cours des expéditions menées sur les récifs isolés de Nouvelle-Calédonie, des îles Tonga et de Polynésie française, une nature foisonnante s’est offerte aux biologistes : requins, mérous, thons, poissons-napoléons, perroquets à bosse… autant d’espèces habituellement très rares et ici particulièrement abondantes.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/116256/original/image-20160323-28201-1v7y0tb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/116256/original/image-20160323-28201-1v7y0tb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/116256/original/image-20160323-28201-1v7y0tb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/116256/original/image-20160323-28201-1v7y0tb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/116256/original/image-20160323-28201-1v7y0tb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/116256/original/image-20160323-28201-1v7y0tb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/116256/original/image-20160323-28201-1v7y0tb.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les requins, observés en grand nombre dans les récifs isolés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">L. Vigliola/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>87 % des plongées ont ainsi permis d’observer des requins, contre une moyenne de 17 % sur les récifs du Pacifique fréquentés par l’homme, 0 % hors réserve près des grandes villes, 6 % dans les réserves en zone urbaine, 15 % dans les réserves de petite taille en zone rurale et 55 % dans les réserves <a href="http://www.iucn.org/about/work/programmes/gpap_home/gpap_quality/gpap_pacategories/gpap_cat1a/">intégrales</a>, interdites d’accès. Au-delà de cet exemple précis, les scientifiques du projet PRISTINE ont révélé la structure fonctionnelle inaltérée des récifs éloignés du Pacifique, indiquant que seules les grandes réserves intégrales permettent de rétablir une faune assurant le fonctionnement « naturel » des écosystèmes coralliens.</p>
<h2>À bonne distance</h2>
<p>En naviguant 40 heures en pleine mer à bord d’un bateau océanographique pour rejoindre les récifs de Chesterfields, à mi-chemin entre la Grande Barrière de corail australienne et la Grande Terre de la Nouvelle-Calédonie, les scientifiques ont compris que le temps de trajet des populations humaines, plus que la simple distance à vol d’oiseau, pouvait mesurer le degré de dégradation des récifs. En utilisant une nouvelle méthode permettant d’estimer le temps de trajet entre récifs et implantations humaines, les scientifiques ont révélé l’<a href="https://www.ird.fr/toute-l-actualite/actualites/communiques-et-dossiers-de-presse/cp-2016/recifs-coralliens-l-homme-ce-trop-proche-voisin">existence de seuils</a> en deçà desquels les récifs sont fortement dégradés, et au-delà desquels ils atteignent des niveaux de référence.</p>
<p>Ainsi, la quantité de poissons chute de 44 % en zone périurbaine au regard de la situation dans les récifs isolés ; elle se rétablit à partir de 6h30 de temps de trajet. La présence des grands prédateurs baisse de 69 % pour se rétablir à partir de 12 heures de temps de trajet. Pour les requins, cette chute est de 90 %. Quant à la diversité fonctionnelle – c’est-à-dire la diversité des rôles assurés par les espèces pour le bon fonctionnement de l’écosystème – la baisse est de 61 % ; le rétablissement n’est visible qu’à partir de 16h30 de temps de trajet. L’état de référence semble s’établir à environ 20 heures. À une telle distance, il semblerait que les récifs aient été, pour l’instant, relativement épargnés par les activités humaines telle la pêche… même si cet isolement ne protège en rien contre les phénomènes planétaires comme le dérèglement climatique.</p>
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<figcaption>
<span class="caption">Le navire hauturier Alis à bord duquel les scientifiques effectuent leurs missions océanographiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">L. Vigliola/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Première carte mondiale d’accessibilité des récifs</h2>
<p>Ces récifs de référence sont-ils nombreux ? Où se situent-ils ? Pour répondre à cette question, les scientifiques du projet PRISTINE ont calculé le temps de trajet entre récifs et populations humaines pour l’ensemble des récifs coralliens mondiaux. L’étude propose ainsi la première <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/ele.12577/full">carte mondiale d’accessibilité</a>. Premier enseignement, et c’est une surprise : les récifs sont plus proches des activités humaines qu’on ne le pensait. Plus de la moitié des récifs coralliens du globe sont en effet situés à moins de 30 minutes de l’homme. Cette forte coexistence s’explique facilement : les communautés humaines ont toujours eu tendance à coloniser ces sites riches en ressources.</p>
<p>Les ensembles éloignés à plus de 20 heures de trajet sont très rares, ne représentant que 1,5 % des récifs sur la planète. C’est l’autre enseignement majeur de l’étude : la rareté de ces « vestiges du passé ». Ces derniers refuges de la faune marine se rencontrent principalement au milieu de l’Océan indien et dans le Pacifique, notamment au large de la Nouvelle-Calédonie. Cet archipel regroupe en effet un tiers des récifs isolés de la planète. C’est dire la responsabilité des Calédoniens et de la France pour protéger ces zones situées au cœur du <a href="http://www.aires-marines.fr/Les-aires-marines-protegees/Categories-d-aires-marines-protegees/Parc-naturel-de-la-mer-de-Corail-en-Nouvelle-Caledonie">parc naturel Mer de corail</a>, une aire protégée parmi les plus vastes du monde.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/116259/original/image-20160323-28212-qof9a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/116259/original/image-20160323-28212-qof9a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/116259/original/image-20160323-28212-qof9a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/116259/original/image-20160323-28212-qof9a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/116259/original/image-20160323-28212-qof9a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/116259/original/image-20160323-28212-qof9a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/116259/original/image-20160323-28212-qof9a9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les communautés humaines, jamais loin des récifs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">L. Vigliola/IRD</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Réservoir de biodiversité, les écosystèmes coralliens sont actuellement en déclin. Les <a href="http://www.wri.org/publication/reefs-risk-revisited">derniers bilans</a> scientifiques sont alarmants avec 75 % des récifs mondiaux actuellement menacés, dont 60 % sous une menace directe et immédiate, et 100 % à l’horizon 2050. Pourtant, ces ensembles uniques subviennent directement aux besoins alimentaires (pêche) et économiques (tourisme) d’une grande partie des populations insulaires. Ils protègent physiquement des éléments, les barrières récifales permettant à de nombreuses îles d’être habitables.</p>
<p>Les récifs coralliens représentent en outre un paradis mythique et une ressource économique majeure : la Grande Barrière de corail en Australie génère à elle seule <a href="http://www.australia.gov.au/about-australia/australian-story/great-barrier-reef">près d’un milliard d’euros</a> de chiffre d’affaires pour le secteur du tourisme. La conservation et l’utilisation durable de ce patrimoine naturel requièrent un diagnostic précis de son état, ce à quoi s’est employé le projet PRISTINE. Ce dernier montre que la plupart des récifs coralliens connaissent une trajectoire négative ; seuls quelques très rares récifs sont quasi intacts. Il est aujourd’hui primordial de prendre des mesures fortes de protection à l’échelle globale – en allant bien au-delà des <a href="https://www.cbd.int/sp/">objectifs d’Aichi</a> – avant qu’il ne soit trop tard.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/56632/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le projet PRISTINE coordonné par David Mouillot et Laurent Vigliola est financé par la Fondation Total. Il est réalisé en partenariat avec d’autres scientifiques de l’Université de Nouvelle-Calédonie, l’Université d’Australie Occidentale, et l’Université d’Hawaii. Il a également bénéficié de financements en nature sous la forme de navires océanographiques par le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, la flotte océanographique française, l’Institut Waitt et National Geographic.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>David Mouillot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Une équipe scientifique vient d’établir une cartographie inédite des récifs coralliens mondiaux pour mieux alerter sur l’urgence de protéger ces ensembles essentiels à la biodiversité.
Laurent Vigliola, Chercheur, Institut de recherche pour le développement (IRD)
David Mouillot, Professeur en écologie, laboratoire MARBEC, Université de Montpellier
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/55605
2016-03-04T05:41:41Z
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Le corail sous haute surveillance en Nouvelle-Calédonie
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/113713/original/image-20160303-9490-77tjko.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vue aérienne d’un récif frangeant côtier (Pointe de Nouville). Les colonies blanchies sont très visibles de part et d’autre de la pointe sur l’ensemble des récifs peu profonds illustrant l’étendue du blanchissement. </span> <span class="attribution"><span class="source">Francesca Benzoni/IRD/UMR ENTROPIE</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Depuis quelques semaines, les récifs coralliens de l’archipel de la Nouvelle-Calédonie connaissent un épisode de blanchissement intense. D’après nos observations in situ et un survol aérien, ce phénomène touche actuellement les récifs situés le long des côtes de la Grande-Terre, les platiers récifaux des îlots du lagon et les récifs intermédiaires. Les récifs de l’atoll d’Ouvea sont également concernés.</p>
<p>Avec ses 23 400 km<sub>2</sub> de lagons et ses 8 000 km<sub>2</sub> de constructions, cet écosystème remarquable représente l’un des plus variés et des plus vastes ensembles récifaux au monde. Sa barrière ceinturant la Grande-Terre se déploie sur 1 600 km, une étendue comparable à celle de la <a href="http://whc.unesco.org/fr/list/154/">Grande Barrière d’Australie</a>. Inscrits depuis 2008 au Patrimoine mondial de l’humanité, les <a href="http://whc.unesco.org/fr/list/1115/">récifs coralliens</a> de Nouvelle-Calédonie se distinguent par leur excellent état de conservation, la diversité des habitats, leur faune et leur flore variées.</p>
<p>Le blanchissement actuel s’étend depuis le sommet des platiers jusqu’à une profondeur de 10 mètres pour certains sites et les espèces touchées varient d’un site à l’autre. Les récifs internes et externes de la barrière récifale sont pour l’instant épargnés et seules quelques espèces de coraux ont blanchi ; le phénomène est donc préoccupant par son caractère massif pour les communautés coralliennes peuplant les littoraux.</p>
<p>Le <a href="https://theconversation.com/comment-le-rechauffement-risque-de-tuer-le-corail-48217">blanchissement</a> est un phénomène qui correspond à un rejet plus ou moins important des algues symbiotiques par les coraux hôtes et/ou à une diminution de la concentration en pigments photosynthétiques contenus dans les algues. Le phénomène de blanchissement des coraux est généralement induit par de brusques changements environnementaux qui dépassent les capacités d’acclimatation des coraux, tels que des radiations UV importantes, des salinités réduites ou des infections bactériennes. Dans l’épisode en cours, l’élévation des températures de surface, de seulement 1 à 2 °C pendant plusieurs semaines consécutives, semble être responsable de la plupart des phénomènes de blanchissement observés à grande échelle. Si un corail blanchi n’est pas un corail mort, sans les algues symbiotiques, ses apports énergétiques se voient fortement réduits. Dans le cas où ces conditions de stress perdurent, les coraux meurent.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/113715/original/image-20160303-9470-tm22nh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/113715/original/image-20160303-9470-tm22nh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=413&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/113715/original/image-20160303-9470-tm22nh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=413&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/113715/original/image-20160303-9470-tm22nh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=413&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/113715/original/image-20160303-9470-tm22nh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/113715/original/image-20160303-9470-tm22nh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/113715/original/image-20160303-9470-tm22nh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=518&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Vue sous-marine côtière de la pointe de Nouville. Platier à Acropora branchu entièrement blanchi.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Francesca Benzoni/IRD/UMR ENTROPIE</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Un suivi sans précédent</h2>
<p>Un phénomène important avait déjà été signalé en Nouvelle-Calédonie durant l’été austral 1995-1996, mais il est difficile de pouvoir établir des comparaisons sans données précises sur le phénomène de 1995. D’autres événements moins intenses de blanchissement passés inaperçus ont très bien pu se produire par le passé. Quoi qu’il en soit, l’épisode actuel est déjà considéré comme un phénomène massif et global, car il touche différentes régions du globe.</p>
<p>L’effort mis en œuvre actuellement par les chercheurs de l’unité mixte de recherche ENTROPIE de l’<a href="http://umr-entropie.ird.nc">IRD Nouméa</a> pour documenter l’événement et le suivre au plus près est tout à fait inédit ; plusieurs sites ont été sélectionnés sur divers récifs répartis entre le littoral et la barrière récifale, pour évaluer quantitativement le phénomène, lister les espèces concernées et mesurer le degré de l’impact ; ces estimations sont complétées par des mesures de l’état physiologique des coraux et des études sur les algues symbiotiques contenues dans leurs tissus. Un suivi toutes les deux semaines sera conduit sur l’ensemble des sites retenus, et ce pendant plusieurs mois. Puis de manière plus espacée, nous suivrons l’évolution des peuplements une fois le phénomène passé. Il faut également mentionner la mise en place d’une cellule de veille permettant de récupérer des informations via un réseau de suivi participatif, notamment avec l’association <a href="https://vimeo.com/118212920">Palak Dalik</a>.</p>
<p>Si l’on ne peut agir sur les paramètres environnementaux et le dérèglement climatique, la mobilisation des chercheurs est cependant essentielle pour documenter le phénomène sous divers aspects et étudier in fine la résistance, voire <a href="https://theconversation.com/resilience-51449">la résilience</a>, des espèces concernées. Nous envisageons également de conjuguer ces résultats avec ceux que nous détenons déjà sur les communautés coralliennes de la région et tenter de proposer des cartes de sensibilité des coraux qui peuvent être utiles aux gestionnaires dans le design des zones à conserver par exemple.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/55605/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claude Payri ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Face à l’épisode de blanchissement intense qui touche les récifs coralliens, les chercheurs s’emploient à documenter au plus près les réactions des écosystèmes marins.
Claude Payri, Directrice de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)
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tag:theconversation.com,2011:article/55618
2016-03-03T05:41:52Z
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La Grande Barrière de corail déjà touchée par l’acidification des océans
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/113618/original/image-20160302-25897-dj7pnz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’acidité des eaux altère la croissance du corail. </span> <span class="attribution"><span class="source">Ken Caldeira/Nature</span></span></figcaption></figure><p>Une expérience menée sur la Grande Barrière de corail en Australie vient de montrer, et c’est une première, que l’acidification des océans altérait la croissance des récifs coralliens. Comme l’indique <a href="http://nature.com/articles/doi:10.1038/nature17155">notre étude</a> parue le 24 février dernier dans <em>Nature</em>, la diminution du pH de l’eau de mer – causée notamment par le dioxyde de carbone provenant des activités humaines telles que la combustion fossile – perturbe les récifs dans la construction et la préservation de leur squelette.</p>
<p>Notre équipe, emmenée par Rebecca Albright et Ken Calderia de la <a href="https://carnegiescience.edu/">Carnegie Institution for Science</a> de Stanford (Californie), a conduit la première manipulation expérimentale de la chimie de l’eau de mer en milieu naturel. Les études précédentes relatives à l’impact des changements climatiques sur les récifs coralliens avaient été réalisées soit en laboratoire, soit au sein de réservoirs installés à même le récif.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/112691/original/image-20160224-16422-1pf1p4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/112691/original/image-20160224-16422-1pf1p4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/112691/original/image-20160224-16422-1pf1p4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/112691/original/image-20160224-16422-1pf1p4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/112691/original/image-20160224-16422-1pf1p4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/112691/original/image-20160224-16422-1pf1p4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/112691/original/image-20160224-16422-1pf1p4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/112691/original/image-20160224-16422-1pf1p4z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=494&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La topographie particulière et isolée de l’île de One Tree Island a permis de tester différents niveaux de pH.</span>
<span class="attribution"><span class="source">One Tree Island Research Station/University of Sydney/Nature</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les écosystèmes coralliens sont particulièrement sensibles à l’acidification des océans, car le carbonate de calcium – l’élément minéral indispensable à construction de leur squelette – se dégrade sous l’effet de l’acidité. À un certain pH, cette érosion prend le pas sur l’accumulation de nouveau carbonate de calcium qui permet aux récifs de survivre aux épisodes d’érosion, comme après une tempête par exemple.</p>
<p>De <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2012JG001974/abstract">précédentes études</a> ont mis en lumière l’altération de grande ampleur qui touche les récifs coralliens depuis quelques décennies. À titre comparatif, le taux de calcification des récifs apparaît moins élevé de 40 % en 2008-2009 qu’en 1975-1976.</p>
<p>Mais il était jusqu’à présent difficile d’établir clairement la part de l’acidification dans ce phénomène, de même que celle causée par d’autres perturbations d’origine anthropique comme la hausse de température des eaux, la pollution ou la surpêche. Or ceci est essentiel pour envisager la situation des récifs coralliens confrontés de manière continue aux changements climatiques.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/112690/original/image-20160224-16459-1uyuil8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/112690/original/image-20160224-16459-1uyuil8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/112690/original/image-20160224-16459-1uyuil8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=842&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/112690/original/image-20160224-16459-1uyuil8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=842&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/112690/original/image-20160224-16459-1uyuil8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=842&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/112690/original/image-20160224-16459-1uyuil8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1059&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/112690/original/image-20160224-16459-1uyuil8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1059&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/112690/original/image-20160224-16459-1uyuil8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1059&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">On suit grâce à sa couleur rose l’évolution de la solution utilisée pour diminuer l’acidité des eaux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Rebecca Albright/Nature</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour répondre à cette question, nous sommes intervenus sur le pH de l’eau de mer présente sur un platier récifal de l’île de One Tree Island située dans la partie sud de la Grande Barrière. Par l’ajout d’hydroxyde de sodium (un métal alcalin), nous sommes parvenus à ramener le pH du récif à des niveaux très proches de ceux de l’ère pré-industrielle (1750), en nous basant sur des estimations relatives au dioxyde de carbone atmosphérique de cette époque. En procédant ainsi, nous avons fait en quelque sorte « remonter le temps » au corail dans le but d’observer sa vitesse de croissance. Nos résultats parlent d’eux-mêmes : la calcification du récif fut de 7 % supérieure dans ces conditions.</p>
<p>Les expériences menées sur l’acidification recréent dans leur grande majorité des conditions de niveaux de pH bas, comme on peut s’y attendre dans le futur. Nous avons clairement établi avec cette nouvelle étude que les conditions actuelles ont déjà des effets néfastes sur les récifs coralliens.</p>
<p>Comme le souligne Rebecca Albright :</p>
<blockquote>
<p>Nos travaux – qui s’appuient sur des expériences en milieu naturel – ont fourni la preuve solide, et à ce jour inédite, que l’acidification des océans est déjà à l’origine de la croissance ralentie des coraux. L’acidification des océans provoque des ravages sur les communautés de récifs coralliens. Ceci n’est plus une crainte pour l’avenir ; c’est la réalité d’aujourd’hui.</p>
</blockquote>
<p>Avec la <a href="http://research.noaa.gov/News/NewsArchive/LatestNews/TabId/684/ArtMID/1768/ArticleID/10553/Greenhouse-gases-continued-rising-in-2013-34-percent-increase-since-1990.aspx">progression continue</a> des émissions de gaz à effet de serre, notre étude indique que le futur s’annonce bien sombre pour les récifs coralliens, souffrant d’une calcification dégradée et de plus grands risques d’érosion. Ceci est tout à fait préoccupant étant donné <a href="http://www.theguardian.com/environment/2016/feb/23/global-coral-bleaching-event-threatens-great-barrier-reef">les épisodes de blanchissement majeurs</a> qu’ils ont subi ces dernières années, suite à la hausse des températures des eaux de surface. Les effets conjugués du réchauffement des océans et de l’acidification, ainsi que d’autres facteurs de stress d’origine anthropique ou naturelle, constituent des menaces graves pour ces écosystèmes.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/au/topics/geoengineering">Une initiative de géo-ingénierie</a>, consistant à accroître l’alcalinité de l’eau de mer autour des récifs coralliens, a été proposée pour sauver ces écosystèmes marins. Nos résultats montrent que si de telles mesures peuvent se concevoir pour des zones isolées, elles sont presque inenvisageables à grande échelle.</p>
<p>Comme le rappelle Ken Caldeira, la seule solution réelle et durable consiste en une réduction forte et rapide de nos émissions de dioxyde de carbone. Sans quoi, le siècle prochain pourrait bien être privé de récifs coralliens.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/55618/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kennedy Wolfe works for the University of Sydney. He is completing his PhD with a government-funded Australian Postgraduate Award (APA) scholarship.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Maria Byrne receives funding from the Australian Research Council and the Great Barrier Reef Foundation She is affiliated with the Sydney Institute of Marine Science.</span></em></p>
En modifiant la chimie de l’eau pour retrouver les conditions de l’ère préindustrielle, des chercheurs ont mis en évidence les dommages déjà causés par l’acidification des eaux.
Kennedy Wolfe, PhD Candidate, University of Sydney
Maria Byrne, Professor of Developmental & Marine Biology, University of Sydney
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.