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hiver – The Conversation
2024-02-29T15:36:28Z
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2024-02-29T15:36:28Z
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Réchauffement planétaire : l’hiver canadien n’est plus ce qu’il était
<p>Au terme d’un autre hiver particulièrement doux, la population canadienne constate une fois de plus à quel point le réchauffement planétaire a transformé le climat hivernal du pays.</p>
<p>D’un océan à l’autre, les températures clémentes sont venues bousculer les activités hivernales. De la <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/regional/2024-02-11/carnaval-de-quebec/le-palais-de-bonhomme-ferme.php">fonte des châteaux de glace au Carnaval de Québec</a> à l’insuffisance du couvert neigeux dans les <a href="https://www.journaldemontreal.com/2024/01/29/faute-de-neige-une-station-de-ski-nouvrira-pas-de-la-saison">stations de ski de l’Ouest canadien</a>, aucune région du pays ne semble échapper au phénomène.</p>
<p>Toutefois, le changement le plus universellement perceptible sera probablement la <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/7/1/014028">précarité de la saison du patinage sur glace</a>.</p>
<p>Pour la deuxième année consécutive, la <a href="https://ccn-ncc.gc.ca/endroits/patinoire-du-canal-rideau">patinoire du canal Rideau à Ottawa</a> était fermée en plein cœur de la saison du patinage. En 2022-2023, elle est restée fermée tout l’hiver pour la première fois de son histoire. Cette année, un tronçon a été brièvement accessible en janvier, mais la persistance des températures douces en a forcé la fermeture après seulement quatre jours. À Montréal, <a href="https://www.patinermontreal.ca/f/paysagee/patin-libre/sports-dequipe">moins de 40 % des patinoires extérieures municipales étaient ouvertes</a> à la mi-février. Le fameux étang du parc Lafontaine n’a pas été ouvert au patinage de la saison.</p>
<p>Rien qui incite à l’optimisme, donc. Cette nouvelle réalité témoigne de notre inaction devant la crise climatique, dont la disparition graduelle du patinage extérieur est en voie de devenir la plus récente manifestation.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-sport-et-lactivite-physique-seront-bouleverses-par-le-changement-climatique-voici-comment-attenuer-ses-effets-167935">Le sport et l’activité physique seront bouleversés par le changement climatique. Voici comment atténuer ses effets</a>
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<h2>Sur une glace mince</h2>
<p>Il y a plus de 10 ans, notre groupe de recherche publiait <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/7/1/014028">sa première analyse</a> de l’effet des hivers de plus en plus doux sur le patinage extérieur au Canada : dès 2005, on observait que la saison de patinage commençait de plus en plus tard et durait de moins en moins longtemps, et ce, un peu partout au pays.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/s89qXYP1DqE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Un reportage de CBC sur la gestion de la patinoire du canal Rideau en 2023.</span></figcaption>
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<p>Même son de cloche dans <a href="https://www.rinkwatch.org">certaines publications subséquentes du projet RinkWatch</a>, qui ont fait état du <a href="https://doi.org/10.1111/cag.12878">raccourcissement de la saison et de la détérioration de la qualité de la glace</a> au fil des ans dans de nombreuses villes canadiennes.</p>
<p>À Ottawa, le nombre de jours de <a href="https://rideaucanalskateway.com/fr">patinage sur le canal Rideau</a> diminue depuis 20 ans. Au cours de cette période, la saison de patinage type s’est écourtée et a été amputée de près de 40 %, une tendance directement liée à la hausse des températures hivernales.</p>
<h2>Avancer dans la mauvaise direction</h2>
<p>Les progrès dans l’atténuation des risques climatiques restent beaucoup trop lents.</p>
<p>Les émissions mondiales de CO2 ont atteint un <a href="https://globalcarbonbudget.org/fossil-co2-emissions-at-record-high-in-2023/">sommet inégalé en 2023</a>, et les températures moyennes <a href="https://berkeleyearth.org">dépassent maintenant de 1,3 °C celles de l’ère préindustrielle</a>. À ce rythme, nous franchirons le seuil de 1,5 °C — la limite inférieure de la fourchette cible de température établie dans le cadre de l’Accord de Paris — dans <a href="https://climateclock.net">moins de sept ans</a>.</p>
<p>Dans un <a href="https://doi.org/10.1111/cag.12878">article de 2012</a>, nous avons avancé que, d’ici la moitié du siècle, il pourrait ne plus y avoir de journées propices à l’arrosage des patinoires dans la plupart des régions du sud du Canada. Dans une <a href="https://doi.org/10.1088/2515-7620/ab8ca8">analyse plus récente des patinoires extérieures de Montréal</a>, nous avons émis l’hypothèse qu’il sera impossible d’y pratiquer le patinage dès 2070.</p>
<p>En rétrospective, ces prévisions, comme d’autres du même ordre, étaient peut-être trop optimistes. Dans une <a href="https://doi.org/10.1038/nclimate2465">étude concernant les jours de patinage sur le canal Rideau publiée en 2015</a>, les auteurs parlaient du patinage extérieur comme d’une activité en déclin, mais qui persisterait jusqu’à la fin du siècle, même si les émissions de CO<sub>2</sub> restent élevées. Vu les deux dernières saisons, force est de constater que les choses se sont dégradées beaucoup plus rapidement que prévu.</p>
<p>En 2023, les températures ont été les plus élevées jamais enregistrées à l’échelle mondiale. C’était aussi le cas en décembre 2023 et en janvier 2024. Depuis 1950, les hivers canadiens ont gagné plus de 3 °C, une <a href="https://ressources-naturelles.canada.ca/changements-climatiques/en-quoi-consiste-ladaptation/10026">hausse environ trois fois plus rapide que le réchauffement planétaire sur la même période</a>.</p>
<p>Il faut au moins trois journées très froides de suite pour créer la base de glace d’une patinoire extérieure, suivies d’une période de froid assez longue pour que la surface reste en bon état. Déjà que les patinoires tolèrent mal des températures supérieures au point de congélation, quand la pluie se met de la partie, le résultat est souvent catastrophique.</p>
<p>Il suffit de quelques degrés de plus en janvier et en février pour rendre une patinoire hors d’usage. Comme les hivers se réchauffent, les municipalités auront de plus en plus de mal à justifier les ressources consacrées à la préparation et à l’entretien des patinoires extérieures.</p>
<h2>Une transition brutale vers une nouvelle réalité changeante</h2>
<p>Plus les années passent sans que nous arrivions à atténuer véritablement les effets des changements climatiques, plus il est difficile d’imaginer la présence de nombreuses patinoires extérieures sans le recours à la réfrigération artificielle. Si les autres activités hivernales subissent aussi les contrecoups des conditions de neige capricieuses, le patinage extérieur risque d’être la première victime du réchauffement climatique.</p>
<p>C’est bien connu, Wayne Gretzky <a href="https://gretzky.com/bio.php">a appris à patiner et à jouer au hockey dans les années 1960 à Brantford, en Ontario, sur une patinoire extérieure aménagée par son père</a>. Or, elle est maintenant presque révolue l’époque où on pouvait année après année s’adonner au patinage extérieur dans le sud de l’Ontario. Et, en raison du réchauffement planétaire, il devient de plus en plus utopique de penser que les jeunes d’aujourd’hui et de demain pourront encore suivre les traces de « La Merveille ».</p>
<p>Cette réalité est une injustice pour bon nombre de ces jeunes, mais aussi une menace à l’existence même d’une activité emblématique de l’hiver canadien.</p>
<p>Pour préserver ce qu’il reste de la culture du patinage hivernal au Canada, nous devons redoubler d’efforts afin de réduire nos émissions de CO<sub>2</sub> et de stabiliser les températures à l’échelle mondiale, faute de quoi les images qu’évoquent les paroles de la chanson « River » de Joni Mitchell, <a href="https://genius.com/Joni-mitchell-river-lyrics">« une rivière où je pourrais filer, patins aux pieds »</a>, relèveront bientôt de la fiction ou du folklore.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224110/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>H. Damon Matthews est financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mitchell Dickau est financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.</span></em></p>
Le réchauffement climatique affecte une pierre angulaire de la culture canadienne : le patinage en plein air.
H. Damon Matthews, Professor and Climate Scientist, Department of Geography, Planning and Environment, Concordia University
Mitchell Dickau, PhD Candidate, Geography, Planning, and Environment Department, Concordia University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/213792
2023-12-06T17:40:36Z
2023-12-06T17:40:36Z
Froid et douleurs articulaires : en hiver, mieux vaut bouger que ne rien faire
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/548766/original/file-20230518-18-uq5uhz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=24%2C453%2C8155%2C5003&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/senior-man-holds-his-hands-knees-2139454187">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.health.gov.au/topics/chronic-conditions/what-were-doing-about-chronic-conditions/what-were-doing-about-musculoskeletal-conditions">Un Australien sur trois</a> souffre d’une affection musculosquelettique impliquant des douleurs articulaires (<em>en France, en 2016, une <a href="https://presse.inserm.fr/1-francais-sur-2-souffre-de-douleurs-articulaires/25303/">personne interrogée sur deux déclarait avoir déjà eu des douleurs articulaires</a>, ndlr</em>).</p>
<p>À l’origine de ces maux figure le plus souvent l’arthrose, une pathologie qui affecte aujourd’hui environ <a href="https://arthritisaustralia.com.au/1in7witharthritis/">3,6 millions</a> de personnes en Australie, et pourrait en toucher jusqu’à <a href="https://www.arthritiswa.org.au/arthritis/australians-in-the-dark-with-arthritis-one-of-our-most-prevalent-and-costly-diseases/">5,4 millions d’ici 2030</a> (<em>en France, on estime à l’heure actuelle que plus de 12 millions de personnes souffrent de rhumatismes, dont <a href="https://presse.inserm.fr/1-francais-sur-2-souffre-de-douleurs-articulaires/25303/">9 millions d’arthrose et 600 000 de rhumatismes inflammatoires chroniques</a> comme la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylarthrite, ndlr</em>).</p>
<p>Pour certaines de ces personnes, le temps froid <a href="https://doi.org/10.1186/1471-2474-15-66">semble aggraver la situation</a>. Mais <a href="https://doi.org/10.1016/S0304-3959(99)00010-X">ce n’est probablement pas qu’une question de température</a>. Divers facteurs pourraient en effet être susceptibles d’influencer et de <a href="https://doi.org/10.1097/j.pain.0000000000001776">renforcer la perception de telles douleurs</a>. Certains travaux suggèrent par exemple que la perception plus aiguë de la douleur en hiver pourrait être liée à des <a href="https://doi.org/10.1093/rheumatology/kel414">fluctuations saisonnières de la maladie</a>, à un manque de <a href="https://doi.org/10.1016/j.sjpain.2010.05.030">vitamine D</a>, voire <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0216902">à l’influence sur notre organisme des basses pressions</a>. Mais les données manquent encore pour tirer des conclusions sur les liens entre météo et douleurs, et <a href="https://journals.lww.com/pain/fulltext/2020/04000/are_weather_conditions_associated_with_chronic.3.aspx">d’autres recherches seront nécessaires</a> pour confirmer ou infirmer ces résultats. </p>
<p>Quoi qu’il en soit, nous n’avons de toute façon pas beaucoup de marge de manœuvre en ce qui concerne la météo. En revanche, nous pouvons agir sur d’autres paramètres qui influencent la douleur et sa perception. C’est notamment le cas <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00702-019-02067-z">de la qualité du sommeil, de l’humeur</a> ou <a href="https://link.springer.com/content/pdf/10.1038/s41598-019-44664-8.pdf">du niveau d’activité physique</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/contre-larthrose-de-la-hanche-lactivite-physique-adaptee-est-votre-alliee-215019">Contre l’arthrose de la hanche, l’activité physique adaptée est votre alliée</a>
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<p>Ce dernier point est très important : <a href="https://doi.org/10.1002/msc.1191">l’exercice physique</a> permet en effet d’améliorer le fonctionnement de notre organisme, notre force et notre mobilité. Il est également <a href="https://doi.org/10.1002/msc.1191">bénéfique pour notre santé mentale</a>, et permet de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1466853X21000304">réduire le risque de survenue de nombreuses maladies chroniques</a>.</p>
<p>Il ne faut donc surtout pas que les douleurs ressenties constituent un prétexte pour éviter de faire de l’exercice, faute de quoi un cercle vicieux qui pourrait accentuer lesdites douleurs risquerait de se mettre en place. Comment y parvenir ?</p>
<h2>La douleur, ou comment notre cerveau tente de nous protéger</h2>
<p>On peut considérer la douleur est le moyen employé par notre cerveau pour protéger le reste de notre corps : elle agit en effet comme une sorte de système d’alarme intégré dont le rôle est de nous avertir d’un danger imminent, ou de la survenue d’un préjudice, afin que nous puissions réagir de manière adéquate.</p>
<p>Mais outre le fait que nous ne soyons <a href="https://theconversation.com/pourquoi-certaines-personnes-sont-elles-plus-douillettes-que-dautres-107064">pas tous égaux face à elle</a>, la douleur <a href="https://theconversation.com/pourquoi-certaines-personnes-sont-elles-plus-douillettes-que-dautres-107064">n’est pas toujours un indicateur fiable</a> des dommages réellement subis par notre peau, nos muscles ou nos os. En effet, dans certains cas, ce système d’alerte peut engendrer des faux positifs, autrement dit, sonner l’alarme quand ce n’est pas nécessaire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-certaines-personnes-sont-elles-plus-douillettes-que-dautres-107064">Pourquoi certaines personnes sont-elles plus douillettes que d’autres ?</a>
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<p>Ainsi, les douleurs articulaires et la raideur peuvent sembler s’aggraver par temps froid, alors que ce n’est pas forcément le cas. Cela peut susciter des <a href="https://doi.org/10.1177/26335565221100172">inquiétudes</a> et nous amener à moins pratiquer d’exercice, de crainte de risquer d’<a href="https://doi.org/10.1002/jor.25151">aggraver la situation</a>. </p>
<p>Or, un tel comportement <a href="https://doi.org/10.1016/j.jbspin.2017.07.007">peut s’avérer contre-productif</a> : éviter toute activité physique peut en effet aggraver la douleur plutôt que l’atténuer. Ce qui peut être particulièrement problématique en hiver, alors que nous sommes déjà moins actifs.</p>
<h2>Nous avons tendance à faire moins d’exercice quand il fait froid</h2>
<p>Les saisons <a href="https://doi.org/10.1016/j.jshs.2016.07.007">influencent notre niveau d’activité physique</a>. Lorsque les journées s’allongent et que les températures redeviennent clémentes, comme durant les mois d’été, les gens ont tendance à sortir davantage. Une météo plus chaude suscite également des sentiments positifs, et l’amélioration de l’humeur qui en résulte est aussi plus susceptible d’entraîner un regain d’activité physique.</p>
<p>Au contraire, durant les mois les plus frais de l’année, nous avons tendance à passer plus de temps à l’intérieur, afin de profiter de davantage de confort, et notre niveau d’activité physique tend de ce fait à diminuer. </p>
<p>Cette réduction de nos mouvements, conjuguée à une exposition moindre à la lumière, peut mener à une augmentation des douleurs articulaires, et être également associée à une dégradation de notre sensation de bien-être et de notre humeur. Se met alors en place un cercle vicieux qui peut aggraver les symptômes au fil du temps.</p>
<p>Il est cependant possible, en s’appuyant sur quelques connaissances et avec un peu d’assistance, de <a href="https://doi.org/10.1080/08870446.2022.2126473">rester actif durant ces périodes</a>. Le recours à des professionnels de la santé, médecins ou spécialistes en <a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">activité physique adaptée</a>), qui seront à même de nous aider à nous fixer des objectifs et à mettre en place les programmes nécessaires pour les atteindre, peut être appréciable.</p>
<p>Et certaines petites stratégies du quotidien peuvent aussi être s’avérer efficaces pour ne pas trop se laisser aller en hiver.</p>
<h2>Se motiver pour rester actif</h2>
<p>Lorsque l’on souhaite rester actif durant la période hivernale (et au-delà), il est utile dans un premier temps de faire le point sur les <a href="https://doi.org/10.1002/msc.1191">nombreux facteurs interconnectés qui affectent notre santé</a>. Pour résumer, il s’agit principalement :</p>
<ul>
<li><p>de facteurs biologiques (notre bagage génétique, les maladies éventuelles qui peuvent nous affecter) ;</p></li>
<li><p>de facteurs psychologiques (notre façon de penser, de ressentir et de réagir) ;</p></li>
<li><p>de facteurs sociaux (quelles sont nos relations sociales, quel soutien nous pouvons en retirer…).</p></li>
</ul>
<p>Il faut aussi avoir conscience que trop se focaliser sur l’objectif final à accomplir n’est peut-être pas la meilleure des choses à faire. En effet, s’il est trop élevé, cela peut s’avérer démotivant. Mieux vaut procéder par étapes, en se fixant des objectifs intermédiaires facilement atteignables.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-mettre-en-avant-ses-benefices-pour-la-sante-ne-suffit-pas-a-promouvoir-une-activite-physique-reguliere-195481">Pourquoi mettre en avant ses bénéfices pour la santé ne suffit pas à promouvoir une activité physique régulière</a>
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<p>Il peut par exemple s’agir de ne plus se garer juste devant la porte du magasin dans lequel on souhaite faire ses courses, mais à une certaine distance, que l’on prendra soin d’augmenter progressivement, afin d’augmenter sa tolérance à l’exercice. Ou de monter quelques marches plutôt que de prendre systématiquement l’ascenseur ou l’escalator. </p>
<p>De même, mieux vaut pratiquer quelques minutes par jour, plutôt que de s’astreindre à une seule longue séance éprouvante une fois par semaine. Il est aussi important d’établir des objectifs qui ont une signification personnelle, et qui pourront faire l’objet d’une petite célébration entre amis ou d’une petite récompense (comme un bon repas) lorsqu’ils auront été accomplis. Pour prendre une image, il s’agit de grimper progressivement chaque barreau de sa propre échelle.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/nous-sommes-programmes-pour-la-paresse-113770">Nous sommes programmés pour la paresse</a>
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<p>Si vous ne savez pas par où commencer, parlez-en à vos amis, ou prenez contact avec un professionnel de la santé qui pourra vous aider à déterminer des objectifs réalistes et qui correspondent à votre situation. <a href="https://doi.org/10.1002/msc.1191">Bénéficier d’un accompagnement adapté</a>, qui tient compte de son niveau de douleur et de sa tolérance à sa survenue, permet de se concentrer sur le but à atteindre. Débarrassé de vos craintes, il vous sera plus facile de garder votre motivation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213792/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Charlotte Ganderton est financée par Arthritis Australia, Physiotherapy Research Foundation, Swinburne University of Technology, National Institute of Circus Arts et La Trobe University. Charlotte Ganderton est membre de l'Australian Physiotherapy Association et de Sports Medicine Australia.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Inge Gnatt a reçu un financement du DVCR Writing Award de l'université de Swinburne et est bénéficiaire d'une bourse du programme de formation à la recherche du gouvernement australien.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Matthew King reçoit des fonds de la Physiotherapy Research Foundation, de l'Australian Physiotherapy Association, de l'Université La Trobe et de la Transport Accident Commission.Il est affilié à l'Australian Physiotherapy Association, à Sports Medicine Australia et à l'International Hip-related Pain Research Network.</span></em></p>
Le froid peut parfois aggraver chez certaines personnes le ressenti des douleurs articulaires. Face à une telle situation, il est tentant d’abandonner toute activité physique. Mauvaise idée…
Charlotte Ganderton, Senior Lecturer (Physiotherapy), RMIT University
Inge Gnatt, Lecturer (Psychology), Provisional Psychologist, Swinburne University of Technology
Matthew King, Lecturer, Research Fellow, and Physiotherapist, La Trobe University
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2023-10-04T13:37:12Z
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Comprendre le rôle du couvert de neige en forêt pour mieux prédire le risque d’inondation
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/550430/original/file-20230926-17-3adew2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=23%2C5%2C3914%2C2964&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une connaissance accrue des interactions entre le couvert de neige et la forêt aideront à améliorer les modèles hydrologiques et ainsi assurer la protection du public face aux inondations.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Benjamin Bouchard)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Un couvert de neige tapisse la forêt boréale du Québec pendant plus de six mois par année. Bien qu’il soit essentiel pour l’équilibre de nos écosystèmes, il peut cependant représenter une véritable épée de Damoclès pour les populations en aval des bassins versants forestiers.</p>
<p>Les inondations majeures du printemps 2023 dans la région de Charlevoix en sont un bon exemple. </p>
<p>L’hiver dernier, le bassin versant de la rivière du Gouffre, <a href="https://charlevoixmontmorency.ca/l-obv-cm/territoire/">recouvert à près de 75 % de forêts</a>, a accumulé pendant tout l’hiver une quantité importante de neige. Combinée à un événement de pluie extrêmement intense, la fonte de ce couvert de neige a contribué à faire sortir la rivière de son lit, causant des <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/2023-05-03/baie-saint-paul/inondes-en-un-temps-record.php">inondations sans précédent à Baie-Saint-Paul</a>.</p>
<p>Dans le cadre de mon doctorat à l’Université Laval, en collaboration avec <a href="https://sentinellenord.ulaval.ca/">Sentinelle Nord</a>, je m’intéresse à l’impact des propriétés du couvert de neige sur l’hydrologie des bassins versants en forêt boréale.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/foret-boreale-138017">Forêt boréale : mille secrets, mille dangers</a></strong></p>
<p><br><em>La Conversation vous propose une promenade au cœur de la forêt boréale. Nos experts se penchent sur les enjeux d’aménagement et de développement durable, les perturbations naturelles, l’écologie de la faune terrestre et des écosystèmes aquatiques, l’agriculture nordique et l’importance culturelle et économique de la forêt boréale pour les peuples autochtones. Nous vous souhaitons une agréable – et instructive – balade en forêt !</em></p>
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<h2>La pluie comme vecteur d’énergie</h2>
<p>Comme nous l’avons vu au printemps 2023, les épisodes de pluie en présence d’un couvert de neige peuvent mener à une augmentation soudaine du niveau d’eau des rivières. Une raison expliquant ce phénomène est que l’eau de pluie transfère de la chaleur vers la neige. </p>
<p>Un échange de chaleur survient entre la pluie et la neige lorsque leur température est différente. La neige se réchauffe alors, et la pluie se refroidit. Une fois que la neige a atteint une température de 0 °C, toute chaleur additionnelle provenant de la pluie provoque de la fonte.</p>
<p>Ainsi, un couvert de neige près de 0 °C, fréquent au printemps, et une forte pluie à température élevée sont des conditions propices à ce que l’eau de fonte et l’eau de pluie contribuent à augmenter le débit ainsi la probabilité d’une inondation. Ceci ne peut toutefois survenir que si l’eau ainsi produite peut s’écouler facilement dans le couvert de neige. </p>
<p>Au contraire, un couvert de neige froid combiné à une faible pluie à basse température peut mener au gel de l’eau de pluie dans la neige. Cette eau restera donc piégée dans la neige et ne présentera pas un risque d’inondation. </p>
<p>Après tout, les échanges de chaleur vont dans les deux sens !</p>
<h2>Le couvert de neige, un milieu à la structure complexe</h2>
<p>Le couvert de neige est un milieu poreux loin d’avoir des propriétés physiques uniformes. Celui-ci correspond plutôt à un empilement de couches de neige qui représentent l’historique des événements météorologiques de l’hiver. L’eau de pluie doit percoler à travers toutes les couches de neige pour se rendre au sol, et éventuellement atteindre le cours d’eau.</p>
<p>Certaines couches limitent l’écoulement d’eau dans la neige, comme les couches de grains fins ou les couches de glace. En revanche, les couches de grains grossiers facilitent l’écoulement en raison de la présence de pores plus gros. Ils permettent ainsi à l’eau de pluie et de fonte d’atteindre rapidement le sol.</p>
<h2>Le rôle de la forêt</h2>
<p>La structure du couvert neigeux influence le risque d’inondation. Mais quel est l’effet de la forêt sur la structure de la neige ? </p>
<p>En interceptant une partie des précipitations solides, les arbres limitent l’accumulation de neige au sol, ce qui contribue à la <a href="https://doi.org/10.1029/JC088iC09p05475">croissance des grains et des pores du couvert neigeux au sol</a> par flux de vapeur d’eau. De plus, la décharge de neige interceptée par les arbres sous forme solide ou liquide <a href="https://doi.org/10.1016/j.foreco.2019.01.052">augmente l’hétérogénéité du couvert neigeux</a>. Ces processus favorisent un écoulement rapide de l’eau dans le couvert de neige se formant sous les arbres.</p>
<h2>Partout pareil ?</h2>
<p>Or, la couverture forestière est loin d’être uniforme en forêt boréale. Elle s’apparente davantage à une végétation clairsemée avec des zones dépourvues d’arbres que l’on nomme trouées. Dans ces trouées, la structure du couvert neigeux est fortement contrastée à ce que l’on retrouve sous les arbres.</p>
<p>Une accumulation de neige plus importante dans les trouées favorise le tassement des couches de neige et la formation de grains fins. De plus, des cycles journaliers de regel en surface mènent à la formation de couches de glace peu perméables. </p>
<p>Le couvert neigeux dans les trouées est donc moins favorable <a href="https://doi.org/10.1002/hyp.14681">que celui sous les arbres</a> à la percolation d’eau vers le sol.</p>
<p>Mais cela signifie-t-il pour autant que la présence de trouées réduit le risque d’inondations ? Pas tout à fait.</p>
<h2>La neige fond plus vite dans les trouées</h2>
<p>La structure du couvert de neige est un facteur parmi d’autres qui influent sur les inondations. Un sol gelé, qui limite l’infiltration, ainsi qu’une fonte rapide de la neige, contribuent également à augmenter le risque d’inondation. </p>
<p>Dans les forêts boréales du Québec, bien que le sol ne gèle pas dans les trouées en raison du caractère isolant du couvert de neige, le <a href="https://doi.org/10.5194/hess-2023-191">taux de fonte y est largement supérieur</a> car le rayonnement solaire y est plus fort que sous les arbres, particulièrement au printemps. </p>
<p>Malgré qu’il y ait davantage de neige qui s’accumule dans les trouées, celle-ci prendrait donc moins de temps à fondre et atteindrait le cours d’eau plus rapidement que celle sous les arbres, ce qui augmente le débit de crue et donc… le risque d’inondation.</p>
<p>Un couvert neigeux plus épais dans les trouées, et des couches de neige plus perméables sous les arbres ont donc contribué à ce que la rivière du Gouffre inonde Baie-Saint-Paul lors de la pluie extrême du printemps 2023.</p>
<p>Les épisodes de pluie comme celui-ci <a href="https://www.ouranos.ca/fr/precipitations-changements-projetes">continueront d’augmenter en fréquence avec le réchauffement climatique</a>. Une connaissance accrue des interactions entre le couvert de neige et la forêt aideront à améliorer les modèles hydrologiques et ainsi assurer la protection du public face aux inondations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213418/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benjamin Bouchard a reçu des financements du Fonds de recherche Nature et technologie du Québec (FRQNT), du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) ainsi que de Sentinelle Nord.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Daniel Nadeau a reçu des financements d'Environnement et Changement Climatique Canada, ainsi que du Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et en Génie du Canada. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Florent Domine a reçu des financements du Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et Génie du Canada</span></em></p>
Mieux comprendre les interactions entre la forêt boréale et la neige permet d’améliorer les modèles hydrologiques assurant ainsi une gestion optimale de la ressource.
Benjamin Bouchard, Étudiant-chercheur au doctorat en génie des eaux, Université Laval
Daniel Nadeau, Professeur titulaire en hydrologie des régions froides, Université Laval
Florent Domine, Professeur, chimie, Université Laval
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/212516
2023-09-25T18:26:22Z
2023-09-25T18:26:22Z
Certaines tortues survivent à l’hiver en bougeant sous la glace
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/545971/original/file-20230901-27-o42r0z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C0%2C1897%2C1279&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Alors que le changement climatique entraîne une hausse des températures, il est important de comprendre comment les tortues d'eau douce survivent à l'hiver.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>C’est l’hiver, vous vous promenez sur un lac ou un étang gelé quand vous apercevez soudain des centaines de tortues sous vos pieds. Mais que font-elles sous la glace ?</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-secret-de-lhibernation-des-tortues-respirer-par-le-derriere-100491">Le secret de l’hibernation des tortues : respirer par le derrière !</a>
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<p>Les tortues d’eau douce de régions tempérées comme le Canada doivent affronter pendant plusieurs mois chaque année des conditions hivernales rigoureuses avec des températures pouvant descendre sous 0 °C <a href="https://academic.oup.com/bioscience/article/71/8/820/6213245">et la formation de glace sur les plans d’eau</a>.</p>
<p>Pour les <a href="https://www.natureconservancy.ca/fr/nos-actions/ressources/especes-en-vedette/reptiles-et-amphibiens/tortues-du-canada.html">huit espèces de tortues d’eau douce du Canada</a>, cette couche de glace – et surtout l’eau qui se trouve dessous – constitue un refuge contre les températures glaciales de l’air. Si la glace protège les tortues des froids intenses, elle leur pose néanmoins un défi en leur restreignant l’accès à l’oxygène atmosphérique.</p>
<h2>La vie sous les glaces</h2>
<p>Certaines espèces, comme la tortue serpentine (<em>Chelydra serpentina</em>) et la tortue peinte (<em>Chrysemys picta</em>), se sentent parfaitement bien en passant <a href="https://doi.org/10.1017/S1464793106007032">plusieurs mois immergées dans une eau pauvre en oxygène</a>. Cependant, d’autres espèces sont plus affectées par le manque d’oxygène et ne peuvent survivre plus de quelques semaines à la fois sans un apport adéquat en oxygène. Ces espèces doivent extraire l’oxygène dissous dans l’eau pour survivre.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="a turtle visible under frozen ice" src="https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/544831/original/file-20230825-27-vpciz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Tortue serpentine sous la glace dans le Sud de l’Ontario.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Lucas Foerster/iNaturalist)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La tortue géographique (<em>Graptemys geographica</em>) est l’une d’elles. On a pu l’observer en train de se déplacer sous la glace en hiver.</p>
<p>Les <a href="https://journals.iupui.edu/index.php/ias/article/view/14633/14709">biologistes marins Barton Warren Evermann et Howard Walton Clark</a> ont observé des tortues géographiques il y a plus d’un siècle.</p>
<p>En novembre 1991, au cours d’une plongée dans un site d’hibernation collectif situé au Vermont, des biologistes marins ont pu voir des <a href="https://www.biodiversitylibrary.org/item/106990#page/537/mode/1up">tortues géographiques marcher sur le fond d’une rivière</a> avant qu’elle ne soit couverte de glace, alors que la température avait descendu à près de 0 °C.</p>
<p>Ces observations nous incitent à penser que ce comportement peut être important pour la survie des tortues en hiver. Sinon, pourquoi puiseraient-elles dans leurs réserves d’énergie hivernales limitées pour se déplacer ?</p>
<p>Mais les tortues se déplacent-elles beaucoup pendant l’hiver ?</p>
<h2>Avancées technologiques</h2>
<p>Pour suivre les mouvements des tortues géographiques sous la glace, notre équipe a collé un accéléromètre triaxial – un dispositif qui recueille des données – sur 40 tortues dans un site d’hivernage connu de l’est de l’Ontario. Les appareils ont enregistré les mouvements, la profondeur et la température des tortues pendant les sept mois où elles sont restées sous la glace.</p>
<p>Les accéléromètres triaxiaux fonctionnent de la même manière qu’une montre FitBit ou Apple – ils produisent une valeur appelée <a href="https://doi.org/10.1111/j.2041-210X.2010.00057.x">accélération dynamique globale du corps</a>. Ce résultat calcule la quantité de mouvements quotidiens de chaque tortue.</p>
<p>En combinant ces informations avec les mesures de profondeur et de température, nous avons pu dresser un tableau détaillé du comportement de toutes les tortues sans les observer directement.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="a turtle swims underwater with a device attached to its back" src="https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/498317/original/file-20221130-22-kthfq4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Une tortue géographique nage sous l’eau avec un accéléromètre triaxial fixé sur le dos.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Grégory Bulté)</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Mouvements quotidiens</h2>
<p>Nos résultats nous ont surpris. Les données montrent que les tortues géographiques se déplacent localement tous les jours de l’hiver. Bien que cela puisse varier d’un individu à l’autre, il est intéressant de noter que le mouvement est continu tout au long de la saison froide et qu’il n’est pas si différent de celui des semaines précédant la formation de la glace qui emprisonne les tortues pour l’hiver.</p>
<p>Bien que nous anticipions un certain niveau d’activité sur la base d’observations antérieures, nous ne nous attendions pas à ce que les tortues bougent autant tout au long de l’hiver.</p>
<p>Comme on ne trouve que peu <a href="https://doi.org/10.1139/cjz-2022-0100">d’oxygène sous la glace</a> et que les tortues géographiques ne peuvent s’en passer très longtemps, on peut présumer qu’elles se ménagent pour limiter leur consommation d’oxygène. Nos instruments nous ont également indiqué que les tortues évoluaient dans une eau d’environ 1 °C, température à laquelle la <a href="https://doi.org/10.1139/cjz-2022-0100">plupart des reptiles développent une léthargique incontrôlable</a>.</p>
<p>C’est peut-être le fait de rester au frais qui permet aux tortues de demeurer actives. Il est probable qu’en se trouvant à des températures proches du point de congélation, le métabolisme des tortues géographiques ralentisse, diminuant ainsi leur besoin en oxygène et prolongeant l’utilisation de cette ressource limitée.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/DyOZf2qC5Ik?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Vidéo montrant l’activité sous-marine de la tortue géographique pendant l’hiver.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Effets du mouvement</h2>
<p>Nous pensons que les tortues géographiques restent actives en hiver pour satisfaire leur besoin en oxygène afin de survivre pendant cette saison. Une activité réduite sert peut-être à remplacer la couche limite d’eau pauvre en oxygène sur leur peau par de l’eau fraîchement oxygénée, améliorant ainsi leur capacité à « respirer » par la peau.</p>
<p>Peut-être les tortues se déplacent-elles aussi pour chercher dans leur environnement des microclimats avec une concentration accrue d’oxygène ou qui présentent des profils de température et de profondeur qui leur conviennent mieux. Cela pourrait leur permettre de mieux satisfaire leurs besoins physiologiques et leur apport en oxygène tout au long de la saison froide.</p>
<p>La majeure partie de ce que nous savons sur les reptiles des régions tempérées est basée sur des recherches effectuées pendant les mois où ils sont les plus faciles à observer. Nous passons ainsi à côté de plusieurs mois de leur cycle annuel. Avec le climat qui change de plus en plus, il est important de comprendre la vie hivernale des reptiles afin de pouvoir prévoir les incidences des bouleversements climatiques sur leur vie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/212516/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jessica Robichaud a reçu des fonds de l'Université de Carleton, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), de la Fondation canadienne pour l'innovation et du Fonds de recherche de l'Ontario pour les petites infrastructures.</span></em></p>
Avec la hausse des températures causée par les changements climatiques, il est important de comprendre comment les tortues d’eau douce survivent à l’hiver.
Jessica Robichaud, PhD Student, Aquatic ecology, Carleton University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/199031
2023-02-05T16:56:11Z
2023-02-05T16:56:11Z
Comment les skieurs s’adaptent au manque de neige
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/507832/original/file-20230202-5655-hi8om7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=73%2C0%2C928%2C605&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’impact du réchauffement climatique en montagne n’explique pas à lui seul la désaffection pour les sports d’hiver.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Sierra_Nevada_Laguna_skilift_3.jpg">Kallerna/Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Peu de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/neige-36212">neige</a> cet hiver, la <a href="https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/haute-savoie/la-moitie-des-pistes-de-ski-francaises-sont-fermees-a-cause-du-manque-de-neige-2682364.html">moitié des pistes fermées à Noël</a> et un enneigement parfois localement médiocre pour les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/vacances-38872">vacances</a> de février. L’industrie du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/ski-25072">ski</a> est une activité touristique affectée de plein fouet par le réchauffement climatique. Comment les skieurs répondent-ils à cette situation ? S’élèvent-ils vers les domaines alpins de haute altitude ou s’envolent-ils pour le soleil des Canaries ?</p>
<p>Comment s’adapter à un avenir encore et toujours moins blanc ?</p>
<p><a href="https://www.skivintage.com/PBSCProduct.asp?ItmID=13122916">« Skiez 365 jours par an »</a>. Ce slogan publicitaire des années 1980 de Tignes, une station alpine bâtie <em>ex nihilo</em>, témoigne d’une époque révolue : le développement des sports d’hiver et la croyance en une neige éternelle. Les glaciers fondent et le manteau neigeux rétrécit. Les remontées mécaniques pour le ski estival ne tournent plus en France que quelques semaines par an. Les domaines s’ouvrent aussi plus tardivement pour le ski d’hiver.</p>
<p>L’an dernier, la célèbre station savoyarde du massif de la Vanoise avait fermé ses remontées le 1<sup>er</sup> juillet <a href="https://www.francebleu.fr/infos/environnement/savoie-le-glacier-d-ete-a-tignes-ferme-avec-un-mois-d-avance-a-cause-du-rechauffement-1656697381">après 10 jours seulement d’exploitation</a> et décalé l’ouverture de son domaine, pourtant de haute altitude, après La Toussaint. Cette commune compte désormais <a href="https://cimalpes.com/fr/destinations/stations/tignes/">30 000 lits</a> – l’échelle qui a remplacé le décompte du nombre d’habitants des stations – et près de <a href="https://www.tignes.net/ski/securite/neige-de-culture-damage">500 enneigeurs</a> – la dénomination qui s’est substituée à celle, moins gracieuse, de canon à neige.</p>
<h2>Comparaisons difficiles</h2>
<p>Au cours des 50 dernières années, la durée d’enneigement dans les Alpes a reculé d’environ un mois et la moyenne des hauteurs de neige a diminué de plusieurs centimètres par décennie.</p>
<p>Cette phrase résume à grands coups de carres les résultats d’une recherche internationale d’envergure. <a href="https://tc.copernicus.org/articles/15/1343/2021/tc-15-1343-2021.pdf">Cette étude a porté sur des données recueillies entre 1971 et 2019</a> dans plus de 2 000 stations météorologiques des Alpes européennes. Elle utilise de nombreuses définitions et mobilise toute une série d’hypothèses et modèles qui, comme pour tout travail scientifique, présentent des limites et se prêtent à discussion.</p>
<p>Par exemple, la présence d’un seul centimètre d’épaisseur de neige suffit pour définir une journée d’enneigement, un seuil qui ne satisfera évidemment pas un skieur. Par ailleurs, les tendances estimées ne sont souvent pas statistiquement significatives, car la variabilité interannuelle des conditions d’enneigement en <a href="https://theconversation.com/fr/topics/montagne-25073">montagne</a> est extrêmement forte alors que la période d’observation, quelques dizaines d’années, n’est pas si longue.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/apocalypse-snow-quand-leconomie-francaise-du-ski-file-tout-schuss-vers-labime-132613">Apocalypse snow : quand l’économie française du ski file tout schuss vers l’abîme</a>
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<p>Le recul historique des flocons est également bien établi par des études de portée nationale, que ce soit pour les <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-019-44068-8">Alpes françaises</a>, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10584-016-1806-y">helvétiques</a> ou <a href="https://www.semanticscholar.org/paper/Climate-change-impacts-and-adaptation-in-winter-Abegg-Agrawala/eae5df22cfc4406ec0d13e050856b3d17c82fd93">autrichiennes</a>. Notez que la réduction de l’enneigement en épaisseur et en durée est plus ou moins marquée selon les situations locales, en particulier l’altitude, la latitude, ainsi que l’exposition et l’inclinaison des versants.</p>
<p>Difficile du coup aux skieurs de comparer la fiabilité de l’enneigement entre les stations pour choisir son domaine. L’altitude moyenne du domaine n’est qu’une très grossière approximation et connaître avec précision l’intervalle entre le point bas et le point haut de la station n’apporte guère plus d’éléments pertinents de décision.</p>
<p>Rien de surprenant à cette évolution retracée par les travaux précédents : dès lors que la montagne se réchauffe, un peu plus d’ailleurs que la plaine, il s’ensuit qu’il pleut plus qu’il ne tombe de flocons, que la neige chute en moindre quantité, fond plus vite, arrive plus tard en début de saison et repart plus tôt en fin de saison. Adieu flocons d’antan.</p>
<h2>Parkings saturés</h2>
<p>Dans l’adaptation de l’industrie du ski au recul de l’enneigement, la partie est inégale entre l’offre et la demande, c’est-à-dire entre les stations et les skieurs. D’un côté, des équipements et des hommes spécialisés, ancrés dans un territoire, peu mobiles ; d’un autre, des touristes et vacanciers, soient des consommateurs labiles et qui se déplacent vite et facilement.</p>
<p>Sur le papier, les consommateurs de neige sont placés devant <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/01490408609513081?journalCode=ulsc20">trois options</a> : skier ailleurs, skier à d’autres périodes, ou choisir d’autres loisirs.</p>
<p>La première, contrairement aux deux autres, n’entraîne pas forcément une baisse de fréquentation et du nombre de jours-skieur en montagne (c’est-à-dire d’utilisateurs payant des remontées mécaniques par journée). En revanche, elle redistribue les cartes en faveur des stations qui bénéficient d’une plus grande fiabilité d’enneigement. Soit, à très grands traits, les stations de haute altitude. Tignes et Val Thorens plutôt que qu’Abriès ou Chamrousse, sans parler des stations du Jura, des Pyrénées, des Vosges et du Massif central.</p>
<p>Quelle déception en effet de trouver des télésièges et télécabines sans vie après avoir programmé à l’avance son séjour de ski. Adapter son calendrier de skieur à celui d’un enneigement plus fiable, par exemple partir en vacances de neige en février et non plus à Noël ou à Pâques, réduit la durée de fréquentation des stations et, vous l’avez peut-être remarqué avec une pointe d’agacement voire plus, allonge les queues en bas des remontées mécaniques et à l’entrée des selfs et restaurants d’altitude. Sans parler de la saturation des parkings…</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Remonte-pente à l’arrêt dans un paysage avec de la neige au loin" src="https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507823/original/file-20230202-256-5x6ocd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Quelle déception de trouver des remonte-pentes sans vie après avoir programmé à l’avance son séjour de ski….</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.rawpixel.com/image/3295116/free-photo-image-32100-adventure-building">Rawpixel</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Cet encombrement peut finir par refroidir les ardeurs des skieurs et en décourager plus d’un. Faute d’assurance d’avoir de la neige et à cause de la congestion, les destinations touristiques hivernales garantissant soleil, chaleur et sable fin gagnent en attractivité. D’autant que les plages exotiques sont alors moins bondées qu’en été.</p>
<p>Peu d’études cherchent à cerner le comportement des skieurs. Un paradoxe car la demande pour les sports d’hiver décroît dans les pays occidentaux, ce qui devrait inciter à en mieux comprendre les ressorts.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=350&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507826/original/file-20230202-12-zm9ykj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=440&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Nombre de jours-skieur (en millions) décomposé en fonction de la région de la région d’origine du visiteur. Depuis le début des années 2000, la fréquentation annuelle des stations de ski varie principalement en fonction des conditions météorologiques et oscille entre 350 et 380 millions de jours-skieur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.vanat.ch/RM-world-report-2022.pdf">2022 International Report on Snow & Mountain Tourism</a></span>
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<p>Rappelons en effet que le ski est un marché mature. Mesurée en nombre de jours-skieur, la demande mondiale fluctue depuis le début du siècle autour de <a href="https://www.vanat.ch/RM-world-report-2022.pdf">350-380 millions par an</a>. Elle est en légère baisse depuis 2009-2010 dans les Alpes qui concentrent environ 40 % des jours-skieurs de toutes les pistes de la planète.</p>
<p>Une tendance à la baisse qui sortirait renforcée en incluant l’hiver de la pandémie. Rappelez-vous ces images de stations fantômes pour cause de fermeture des remontées et des limites drastiques imposées alors au déplacement. Avec cette précision administrative toute française qu’en montagne le rayon de promenade autour du domicile correspondait <a href="https://www.francebleu.fr/infos/societe/confinement-l-interdiction-des-sorties-en-montagne-prolongee-en-savoie-et-haute-savoie-1585753351">à 100 mètres de dénivelé</a> et non, comme ailleurs dans l’Hexagone, à la distance parcourable.</p>
<p>Attention, n’imputez pas en totalité au manque de neige l’essoufflement de la demande pour les sports d’hiver, et donc la pure manifestation d’une adaptation parfaite des skieurs au réchauffement climatique. La démographie en est peut-être aujourd’hui encore la première cause et puis d’autres paramètres jouent également. Le <a href="https://www.economist.com/international/2018/01/27/winter-sports-face-a-double-threat-from-climate-and-demographic-change">vieillissement de la population réduit la clientèle de ski alpin</a> et n’est pas compensé par l’arrivée en nombre suffisant de nouveaux pratiquants.</p>
<h2>Chutes et collisions</h2>
<p>Il est vrai qu’il s’agit d’un loisir dont l’apprentissage n’est pas instantané – maîtriser son allure et dessiner de beaux virages réclament du temps. Ni un loisir forcément plaisant : onglées, mal aux pieds, lunettes pleines de buée, chutes, collisions, etc. Pour certains, une fois passée la corvée de retirer ses chaussures à crochets, le retour à l’appartement est vécu comme le meilleur moment de la journée. Surtout devant un chocolat chaud et une tarte aux myrtilles !</p>
<p>De plus, en France comme en Suisse et en Autriche, les classes de neige initiant les écoliers des métropoles se raréfient. Enfin, le ski reste un loisir très cher. Il est <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/02/23/sports-d-hiver-sports-de-riches-moins-d-un-francais-sur-dix-part-en-vacances-au-ski_5261604_4355770.html">réservé à une petite partie de la population</a>. Par rétrécissement successif : celle qui part en vacances, moins nombreuse encore celle qui part en vacances d’hiver, et encore un peu moins nombreuse toujours celle qui choisit alors de se rendre à la montagne.</p>
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<p>La <a href="https://www.alti-mag.com/alti-guide/qui-fait-du-ski-en-france">clientèle des stations de ski</a> présente un profil bien connu : revenu plutôt élevé, niveau d’études au-dessus de la moyenne, urbain le plus souvent du centre de grandes villes ; des caractéristiques qui se recoupent mais avec une nette différenciation géographique : les CSP+ de Brest s’adonnent moins aux sports d’hiver que ceux de Grenoble.</p>
<p>Selon les très rares et trop anciennes <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13683500.2017.1410110">études disponibles</a>, les skieurs interrogés sur leur adaptation au recul de la neige privillégiraient la montée en station d’altitude et le glissement des dates de séjour aux semaines les plus propices plutôt que le changement de destination vers le soleil ou ailleurs.</p>
<p>Vous remarquerez que je n’ai pas parlé d’un report sur place de la clientèle vers d’autres activités que le ski. C’est parce que ce changement dépend plutôt de l’adaptation des stations au réchauffement climatique et de leurs propositions de loisirs de montagne sans neige, un sujet épineux mais bien balisé tant par les <a href="https://journals.openedition.org/viatourism/9270">chercheurs</a>, les <a href="https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/dossiers/tourisme_montagne_enjeux_climatiques">élus</a> et même les <a href="https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2018-01/14-stations-ski-Alpes-nord-face-rechauffement-climatique-Tome-2.pdf">auditeurs de la Cour des comptes</a>.</p>
<h2>La pente de la technologie</h2>
<p>Jusqu’à présent, les stations se sont principalement adaptées en glissant sur la pente de la technologie, celle du damage et de <a href="https://theconversation.com/production-de-neige-le-piege-de-la-dependance-pour-les-stations-de-ski-198469">la production de neige artificielle</a>, aussi nommée neige « de culture » en France, neige « programmée » en Italie, ou neige <a href="https://www.economist.com/international/2018/01/27/winter-sports-face-a-double-threat-from-climate-and-demographic-change">« technique » en Allemagne</a>.</p>
<p>De nombreuses stations prévoient de poursuivre cette ligne de défense contre le changement climatique en multipliant les canons à neige et les installations de l’arrière (salle de pompage, retenue collinaire, etc.). Une voie qui n’est pas sans <a href="https://www.annales.org/re/2022/resumes/avril/09-re-resum-FR-AN-avril-2022.html">conséquences néfastes pour l’environnement</a>, mais aussi pour les skieurs, même parmi ceux les moins concernés par l’avenir de la planète.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Canons à neiges dans la station de Cortina d’Ampezzo, en Italie" src="https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=356&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507830/original/file-20230202-1711-kcsvfu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=448&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Canons à neiges dans la station de Cortina d’Ampezzo, en Italie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Latemar_snow_guns.jpg">Tiia Monto/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Pour ces derniers, l’augmentation du prix des forfaits et donc le renchérissement du ski-loisir constitue le désagrément le plus évident. La neige artificielle réclame en effet de lourdes infrastructures et des dépenses élevées pour la faire fonctionner ; des investissements et des coûts techniques qui s’ajoutent à ceux du parc des remontées mécaniques.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/production-de-neige-le-piege-de-la-dependance-pour-les-stations-de-ski-198469">Production de neige : le piège de la dépendance pour les stations de ski ?</a>
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<p>Or les <a href="https://skidata.io/tarif/">forfaits coûtent déjà cher</a>. Comptez 63 euros par personne et par jour pour accéder à l’espace Killy (Tignes-Val d’Isère), 57 euros pour les Portes du Soleil (Avoriaz-Champéry) ; et entre 20 et 40 euros pour des domaines de tailles plus modestes. Le haut revenu moyen des skieurs ne met pas les stations à l’abri d’une érosion de la clientèle face à l’augmentation du prix. Face à la baisse de la qualité également : glisser sur un ruban blanc encombré et bordé à ses côtés d’une pelouse jaunâtre et terreuse manque singulièrement de charme.</p>
<h2>L’échec des ski-dômes japonais</h2>
<p>C’est tout de même mieux que de skier sous cloche, me direz-vous. Les ski-dômes ont bien des clients et il s’en construit même des nouveaux. Vrai, mais leurs pistes de quelques dizaines de mètres le plus souvent servent surtout d’initiation au ski et ils sortent de terre avant tout en Chine où la pratique du ski ne se conjugue pas historiquement avec neige naturelle.</p>
<p>Au Japon en revanche, les centres de ski d’intérieur ferment les uns après les autres. Ils connaissent la <a href="https://www.vanat.ch/RM-world-report-2022.pdf">même désaffection de clientèle que le ski de plein air</a> qui est particulièrement marquée et rapide dans ce pays aux si nombreux centenaires.</p>
<p>Le ski sous cloche relève aussi du parc d’attractions et subit également à ce titre la concurrence des parcs de loisir en tout genre. Une rivalité d’autant plus désavantageuse pour les ski-dômes que la clientèle n’a pas à s’équiper et à s’activer, mais simplement à suivre passivement les attractions en habits et chaussures de tous les jours.</p>
<p>Pour skier 365 jours par an version ultra-artificielle et tendance globish la municipalité de Tignes a un temps envisagé la construction d’un <a href="https://dja.archi/fr/projets/selection/ski-line-tignes-73/">« Ski-Line de piste in-door »</a>. 400 mètres de glisse couverts à l’année dans un frigo géant avec remontée en télésiège des skieurs et, à côté, pour les surfeurs d’eau douce un bassin à vague artificielle.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/oeEgJx7flKQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Bientôt une piste couverte à Tignes ? (8 Mont-Blanc, 2016).</span></figcaption>
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<p>Ce projet démesuré est resté à ce jour dans les cartons. Il ne devrait pas en sortir. La fin d’un monde est passée par là : celui d’une société sans pandémie, d’un accès immuable à une énergie et une eau bon marché ; mais aussi d’une clientèle indéfectible de skieurs consommateurs, au porte-monnaie sans fond ; et peut-être désormais plus préoccupés par leur empreinte sur la planète – souhaitons-le.</p>
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<p><em>François Lévêque a publié chez Odile Jacob <a href="https://theconversation.com/bonnes-feuilles-lere-des-entreprises-hyperpuissantes-touche-t-elle-a-sa-fin-157831">« Les entreprises hyperpuissantes. Géants et Titans, la fin du modèle global ? »</a>. Son ouvrage a reçu le <a href="https://www.melchior.fr/note-de-lecture/les-entreprises-hyperpuissantes-prix-lyceen-lire-l-economie-2021">prix lycéen du livre d’économie</a> en 2021</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/199031/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Face à la diminution progressive de l’enneigement en montagne, le consommateur se retrouve face à trois options : skier ailleurs, skier à d’autres périodes… ou choisir d’autres loisirs.
François Lévêque, Professeur d’économie, Mines Paris
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/198469
2023-02-02T11:41:32Z
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Production de neige : le piège de la dépendance pour les stations de ski ?
<p>Les polémiques se multiplient autour de la production de la « neige artificielle ». Rien qu’en 2022, plusieurs événements ont mis en lumière ce recours de plus en plus décrié à ce que l’on appelle également la « neige de culture ».</p>
<p>Citons par exemple les <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2022/02/01/jo-de-pekin-2022-des-jeux-sans-neige-naturelle-et-a-l-empreinte-carbone-sujette-a-caution_6111861_3242.html">Jeux olympiques d’hiver de Pékin</a>, assurés à 100 % grâce à la production de neige ; mais aussi la mobilisation organisée à la Clusaz pour contester la mise en place d’une <a href="https://theconversation.com/extinction-rebellion-a-la-clusaz-quand-la-zad-gagne-la-montagne-174358">retenue d’eau d’altitude</a>, ou encore le stockage et le transport de neige pour les <a href="https://www.lemonde.fr/sport/article/2022/12/07/tempete-de-critiques-a-la-suite-du-transport-de-milliers-de-metres-cubes-de-neige-au-grand-bornand_6153391_3242.html">championnats du monde de biathlon au Grand-Bornand</a>. Enfin, les effets de la grande douceur du début de la <a href="https://www.lefigaro.fr/flash-eco/faute-de-neige-la-moitie-des-pistes-de-ski-francaises-sont-fermees-20221227">saison d’hiver 2022/23</a>, conduisant à un enneigement très déficitaire. </p>
<p>Pour produire de la neige, il faut des billes de glace d’un diamètre de quelques dixièmes de millimètres, en pulvérisant des micro-goutelettes d’eau qui se solidifient avant d’atteindre le sol. La consistance de cette neige s’approche de celle de la neige damée. </p>
<p>Les critiques à l’égard de cette production s’observent depuis le milieu des années 2000, bien que l’équipement des stations se soit développé dès la fin des années 1980. Dans un contexte de changement climatique, la pertinence de l’adaptation technique est questionnée alors même que l’industrie des sports d’hiver l’intègre de manière courante dans ses pratiques. </p>
<p>Dans un <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13683500.2022.2151876">article scientifique récemment publié</a>, nous avons décrypté les mécanismes de dépendance présents dans l’industrie des sports d’hiver vis-à-vis de cette production de neige. Voici les principaux enseignements de notre recherche. </p>
<h2>Se libérer des « mauvais hivers »</h2>
<p>Après des <a href="https://www.ledauphine.com/environnement/2013/02/27/il-y-a-40-ans-les-pionniers-de-la-neige-de-culture-a-flaine">phases d’essai commencées en 1973</a>, la production de neige s’est développée dans l’industrie française des sports d’hiver. </p>
<p>Un temps vantée comme argument commercial, cette technologie s’est progressivement imposée comme un outil courant pour améliorer les conditions d’exploitation des domaines skiables. L’installation est désormais systématiquement envisagée, notamment lors du renouvellement des remontées mécaniques. </p>
<p>Entre 2005 et 2016, la production de neige a absorbé <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00484-020-01933-w">20 % de la capacité d’investissement</a> des gestionnaires de domaines skiables, en faisant le second poste d’investissement derrière l’achat de nouvelles remontées mécaniques. </p>
<p>Aujourd’hui, cette production n’intéresse plus uniquement les exploitants de domaines skiables, mais bien l’ensemble des acteurs de l’industrie des sports d’hiver. Promoteurs immobiliers proposant des hébergements « skis aux pieds », tour-opérateurs sécurisant leurs ventes de forfaits, communes de montagne souhaitant un retour en ski au village, etc. Tous souhaitent que la production de neige contribue à la réussite de leurs projets. </p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505718/original/file-20230122-28471-kntkja.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p><em>Pour suivre au plus près les questions environnementales, retrouvez chaque jeudi notre newsletter thématique « Ici la Terre ». Au programme, un mini-dossier, une sélection de nos articles les plus récents, des extraits d’ouvrages et des contenus en provenance de notre réseau international. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-environnement-150/">Abonnez-vous dès aujourd’hui</a>.</em></p>
<hr>
<p>Malgré <a href="https://journals.openedition.org/rga/2840">l’essor de cette technologie</a> et les progrès techniques accomplis, l’affranchissement de la variabilité des conditions météorologiques reste toutefois limité. </p>
<p>En effet, l’adaptation technique que représente la production de neige ne libère pas les exploitants de certaines contraintes telles que le besoin de températures négatives et la nécessité de <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-une-de-la-science/l-eau-des-canons-a-neige-1568818">disposer de ressources en eau</a>. Aujourd’hui, les effets du changement climatique réduisent l’épaisseur du manteau neigeux ainsi que les <a href="https://theconversation.com/verra-t-on-la-fin-du-ski-des-2050-107246">opportunités pour produire de la neige</a>. </p>
<p>En limitant sa météo-dépendance, l’industrie des sports d’hiver a parallèlement accru sa dépendance à la production de neige. </p>
<p>Bien que les contraintes climatiques futures risquent de limiter l’efficacité de cette production, s’en détourner semble difficile pour l’industrie des sports d’hiver. Cette situation, souvent qualifiée de <a href="https://www.outside.fr/le-ski-cest-fini-comment-les-stations-francaises-sentetent-ou-se-reinventent/">« fuite en avant »</a> n’a été que <a href="https://theses.hal.science/tel-03555501">récemment analysée</a>.</p>
<h2>Un véritable « sentier de dépendance »</h2>
<p>En nous appuyant sur la théorie des « sentiers de développement », utilisée dans le domaine de la <a href="https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2014-3-page-193.htm">géographie économique évolutionniste</a>, nous montrons dans nos travaux que la production de neige a conduit l’industrie des sports d’hiver sur un authentique <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-pourquoi-du-comment-economie-et-social/qu-est-ce-que-la-dependance-au-sentier-5228788">« sentier de dépendance »</a> : les choix antérieurs d’investir dans cette production et les <a href="https://tc.copernicus.org/articles/16/863/2022/">gains d’enneigements permis par le passé</a> encouragent la poursuite des investissements, en privant d’autres activités des ressources mobilisées, qu’elles soient économiques ou naturelles, comme la ressource en eau. </p>
<p>Ce sentier de dépendance peut aussi bien amener le tourisme de ski sur une voie dite « d’extension » qu’une voie dite de « contraction », aux implications bien différentes pour les territoires de montagne.</p>
<p>Vu comme voie d’extension, l’investissement dans la production de neige a permis de renforcer une activité saisonnière météo-dépendante qui présente les caractéristiques d’une industrie lourde. En effet, l’exploitation d’un domaine skiable repose sur d’importants capitaux, notamment pour le renouvellement du parc de remontées mécaniques, avec des charges fixes qui renforcent l’exposition au risque économique liée à la variabilité naturelle de l’enneigement. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Vue de la station de ski de Montalbert en Savoie" src="https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/507701/original/file-20230201-13-6ph46f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Production de neige à Montalbert, en Savoie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Lucas Berard-Chenu</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À cela s’ajoutent des savoir-faire et une technicité grandissante de la gestion de la neige, accompagnés par <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2405880721000261">l’essor de services dédiés</a>. </p>
<p>Enfin, la production de neige a sécurisé une offre touristique française sur un marché européen du ski mature et compétitif. La production de neige permet de consolider les parts de marché de la France, 3<sup>e</sup> marché mondial des sports d’hiver derrière les États-Unis et l’Autriche avec 50 millions de journées skieurs, dont <a href="https://vanat.ch/international-report-on-snow-mountain-tourism.shtml">27 % de skieurs internationaux</a>. </p>
<p>On estime que <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/02/23/sports-d-hiver-sports-de-riches-moins-d-un-francais-sur-dix-part-en-vacances-au-ski_5261604_4355770.html">10 % des Français partent aux sports d’hiver</a> chaque année, représentant <a href="https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/etudes-et-statistiques/Chiffres_cles/Tourisme/2018-Chiffres-cles-du-tourisme.pdf">7 % des nuitées réalisées par les Français</a> sur le territoire métropolitain. Les 250 stations que compte la France assurent par ailleurs 120 000 emplois.</p>
<h2>Des changements nécessaires, mais retardés</h2>
<p>Mais la production de neige peut tout autant conduire à une voie de contraction. </p>
<p>Les investissements dans la production de neige sont non seulement très spécifiques, et, pour partie uniquement, dédiés à la poursuite de l’activité ski, mais surtout contribuent à entretenir une logique sectorielle focalisée sur l’économie du tourisme de neige. </p>
<p>Ce risque de surspécialisation peut également déborder sur les territoires de montagne supports de station. L’ensemble des capitaux spécifiques (infrastructures, main-d’œuvre spécialisée, savoir-faire technique, etc.), ainsi que les dispositifs qui les accompagnent, comme des <a href="https://journals.openedition.org/rga/10434">politiques publiques dédiées</a>, retardent d’éventuels changements et peuvent limiter l’effet de dispositifs orientés vers la <a href="https://revue-set.fr/article/view/6835">diversification des économies montagnardes</a>. </p>
<p>Un verrouillage défavorable s’enclenche alors : le soutien en faveur de l’investissement dans les installations en production de neige captant des ressources qui pourrait initier d’<a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2021/04/DESCAMPS/62973">éventuelles transitions</a>.</p>
<p>Cette dépendance a des effets ambivalents sur les territoires touristiques de montagne et s’en extraire nécessite une <a href="https://theconversation.com/ski-la-pandemie-ne-permettra-pas-forcement-de-reinventer-le-tourisme-de-montagne-154654">coordination à la fois économique et institutionnelle</a>. </p>
<p>Les politiques publiques ont donc un rôle à jouer. Si l’action de l’État a su par le passé doter les territoires de montagne d’une industrie des sports d’hiver, se pose aujourd’hui la question de la gestion de cet héritage. L’action publique peut-elle contribuer à dépasser la dépendance au ski, voire au tourisme, en tenant compte des causes et conséquences de l’évolution climatique et de l’environnement ?</p>
<hr>
<p><em>Le projet <a href="https://anr.fr/ProjetIA-15-IDEX-0002">IDEX UGA</a> est soutenu par l’Agence nationale de la recherche (ANR), qui finance en France la recherche sur projets. Elle a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement de recherches fondamentales et finalisées dans toutes les disciplines, et de renforcer le dialogue entre science et société. Pour en savoir plus, consultez le site de l’<a href="https://anr.fr/">ANR</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198469/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lucas Berard-Chenu a reçu des financements conjoints de l’Agence nationale de la recherche dans le cadre du programme « Investissements d’avenir » (référence ANR-15-IDEX-02) et de Météo-France. Lucas Berard-Chenu a également bénéficié du financement d’un programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne (730203). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Emmanuelle George a reçu, en réponse à des appels à projets, des financements venant des échelles européennes, nationales, régionales ou départementales. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hugues François a reçu des financements de diverses organisations publiques ou privées dans le cadre de ses projets de recherche</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Samuel Morin a reçu des financements de diverses organisations publiques ou privées dans le cadre de ses projets de recherche.</span></em></p>
En cherchant à limiter sa météo-dépendance, l'industrie des sports d'hiver a accru sa dépendance à la production de neige. Avec quelles conséquences ?
Lucas Berard-Chenu, Enseignant-chercheur en géograpgie à l'Institut conjoint de l'Université de Ningbo (Chine) et d'Angers, Université d'Angers
Emmanuelle George, Chercheuse en aménagement touristique, Inrae
Hugues François, Ingénieur de recherche tourisme et système d'information, Inrae
Samuel Morin, Chercheur et directeur du Centre national de recherches météorologiques (Météo-France - CNRS), Météo France
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/198823
2023-01-31T19:32:20Z
2023-01-31T19:32:20Z
Comment les abeilles se tiennent chaud en hiver ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/567601/original/file-20240102-19-9zxbla.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C1%2C613%2C623&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> </figcaption></figure><p>En hiver, de nombreux insectes disparaissent. Ils se réfugient dans des endroits protégés du froid et des intempéries et attendent, endormis, la venue du printemps. Les colonies d’abeilles mellifères font de même, et les ruches ne présentent aucune activité hivernale visible, mais elles doivent conserver la chaleur que produisent les abeilles. La survie de la colonie en dépend grandement.</p>
<p>Les abeilles ne sortent pas en raison du froid et restent regroupées pour former ce que l’on appelle la « grappe hivernale ». Elles sont plus ou moins en léthargie, elles présentent une activité limitée. Elles se déplacent un peu, notamment pour s’alimenter : elles consomment les réserves de miel qu’elles ont stockées avant l’hiver, ou des blocs de sucre que les apiculteurs leur ont fournis par crainte d’un manque de nourriture. Grâce à cet apport énergétique, elles contractent régulièrement leurs muscles thoraciques <a href="https://journals.biologists.com/jeb/article/206/2/353/13914/Endothermic-heat-production-in-honeybee-winter">pour produire de la chaleur</a>. Elles maintiennent ainsi au sein du groupe une température supérieure à 10 °C qui assure leur survie, quelle que soit la température extérieure.</p>
<p>Dès le retour des beaux jours et de températures plus clémentes, la température au sein des ruches pourra remonter et restera maintenue aux alentours de 35 °C – la température optimale pour assurer le développement des larves et le renouvellement des ouvrières adultes au sein des colonies.</p>
<h2>La caméra thermique, un outil de suivi hivernal des ruchers</h2>
<p>Pour les apiculteurs, la période hivernale sert à préparer la nouvelle saison apicole, en bricolant et en préparant les cadres de ruches qui recevront les nouvelles productions de miel de la nouvelle année. Cette période est toutefois compliquée car ils ne doivent pas ouvrir les ruches pour vérifier l’état de leurs colonies, car si la température descend en dessous de 10 °C au sein de la ruche, la colonie peut mourir.</p>
<p>Comment savoir alors si les colonies vont bien, si le nombre d’abeilles n’est pas trop bas, si elles ne sont pas malades, s’il n’y a pas de mortalité excessive, si elles ont assez de réserves de nourriture… ceci sans aller regarder dans les ruches ?</p>
<p>Les apiculteurs, surtout professionnels, ont besoin d’outils de suivi non intrusifs de leurs colonies. La prise de mesures de température au sein des ruches est une analyse intéressante qui permet un suivi de la santé des colonies. Toute colonie en bonne santé maintient sa température au-dessus de 10 °C-12 °C. Diverses techniques permettent cela, notamment par la mise en place de sondes thermiques au sein des ruches. Toutefois, elles nécessitent une installation parfois assez lourde, et surtout peuvent ne pas permettre une mesure thermique fine au sein de la grappe, celle-ci pouvant se positionner en divers endroits dans la ruche.</p>
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<p>L’imagerie infrarouge est ainsi une alternative de choix. Ce rayonnement étant corrélé à la chaleur, une caméra infrarouge, dite thermique, permet de visualiser de l’extérieur, et sans toucher aux ruches, la température émise par les abeilles qui réchauffe les parois des ruches. Une couleur bleu-violet homogène de la ruche indique classiquement une absence de chaleur, donc une colonie qui est malheureusement morte. Par contre, une zone plus ou moins étendue colorée en jaune et blanc indique la position de la grappe d’abeille qui émet de la chaleur.</p>
<p>L’image thermique de la ruche permet de suivre sa température, de visualiser la localisation de la grappe d’abeille et ainsi de vérifier que la colonie est toujours vivante. Une caméra thermique peut, de fait, devenir un outil important pour assurer le suivi hivernal des colonies d’abeilles. Néanmoins, le prix de ces caméras reste relativement haut.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198823/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Eric Darrouzet a reçu des financements de C-Valo et du matériel de Edialux. </span></em></p>
Pour évaluer la santé d’une ruche en plein hiver, prenez sa température !
Eric Darrouzet, Chercheur sur les insectes sociaux, spécialiste du frelon asiatique, Université de Tours
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/197652
2023-01-13T15:19:29Z
2023-01-13T15:19:29Z
Allez jouer dehors ! Neuf conseils pour garder la forme durant l’hiver
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/504266/original/file-20230112-60681-mu52ro.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=44%2C0%2C5000%2C3330&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'hiver ne doit pas être un prétexte à demeurer enfermé. Faire des activités physiques extérieures, comme la marche, a de nombreux bienfaits pour la santé.
</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Justin Tang</span></span></figcaption></figure><p>Si l’activité physique figure parmi vos résolutions du Nouvel An, bienvenue dans le club ! <a href="https://www.lesoleil.com/2022/01/03/resolutions-de-lannee-une-coutume-efficace-a4d2528b22f777f1db056db4f9f6d1a1">Les Canadiens sont nombreux à se faire cette promesse</a> — pas toujours facile à tenir, malgré les meilleures intentions.</p>
<p>En fait, <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0234097">près de la moitié ne la réalisent pas</a>. Entre autres raisons, parce que pour des gens peu actifs, augmenter son activité physique est un défi en soi, quelle que soit la saison.</p>
<p>En tant que chercheuses en médecine comportementale, en activité physique et en loisirs de plein air, nous avons quelques suggestions pour vous aider dans vos résolutions.</p>
<p>La principale est celle-ci : essayez de varier votre activité physique et de la rendre amusante et agréable. <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2020.577522/full">Les recherches montrent que le niveau d’adhésion s’améliore si vous en combinez plusieurs qui vous plaisent</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/bien-se-couvrir-et-shydrater-comment-faire-de-lexercice-lhiver-en-toute-securite-174923">Bien se couvrir et s’hydrater : comment faire de l’exercice l’hiver en toute sécurité</a>
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<h2>Avantage plein air</h2>
<p>Pour accroître la variété et le plaisir, l’activité au grand air est une solution évidente. <a href="https://ccpr.parkpeople.ca/2021/fr/apercu/lecons">Selon un rapport préparé par l’organisme Amis des parcs</a>, il semble que les Canadiens en sont devenus avides, surtout depuis la pandémie, et ce, quelle que soit leur condition physique.</p>
<p>La pratique d’activités extérieures présente plusieurs bienfaits. Une simple balade en sentier, avons-nous constaté, réduit les niveaux d’anxiété déclarés. Les répondants à nos études éprouvent une <a href="https://appliedcr.biomedcentral.com/articles/10.1186/s41241-020-00094-x">réduction du stress après huit semaines de marche en sentier, à raison de deux sorties par semaine</a>. Nous savons également que ceux qui pratiquent une activité physique en plein air la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S135382920900029X?via%3Dihub">maintiennent plus longtemps</a> et ont <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0091743516301414?via%3Dihub">plus d’énergie au boulot</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme en pantalon de neige rouge et veste bleue tenant une pelle à neige jaune et lançant de la neige en l’air tandis qu’un chien saute" src="https://images.theconversation.com/files/503758/original/file-20230110-17-ar95nv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503758/original/file-20230110-17-ar95nv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=472&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503758/original/file-20230110-17-ar95nv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=472&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503758/original/file-20230110-17-ar95nv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=472&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503758/original/file-20230110-17-ar95nv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=593&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503758/original/file-20230110-17-ar95nv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=593&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503758/original/file-20230110-17-ar95nv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=593&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pelleter est une activité physique intense — et parfois même amusante ! Assurez-vous seulement d’être bien échauffé et de ne pas y aller trop fort.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cela s’explique au moins en partie par le fait de changer d’environnement. Cela aurait pour effet de détourner l’attention de soi-même et de ses petites douleurs physiques ou psychologiques, ce qui rend l’exercice plus aisé.</p>
<p>L’activité physique en plein air, comme la randonnée, est accessible à tous, quelle que soit la condition physique, en plus d’être perçue comme plus facile.</p>
<p>C’est ce qui ressort de notre étude récente, et actuellement en cours d’examen. Elle montre que les personnes dotées d’aptitudes aérobies à l’effort différentes (faibles ou élevées) parvenaient à effectuer les mêmes randonnées. Les individus moins en forme ralentissent leur rythme, tout simplement, afin de réaliser la même randonnée au même niveau d’effort que leurs homologues en meilleure condition.</p>
<h2>Les grands espaces en hiver</h2>
<p>Personne n’a besoin d’être né dans un climat nordique pour pratiquer une activité physique en plein air au cœur des hivers canadiens, mais il y a des trucs.</p>
<p>Avant de partir en grande, assurez-vous de ce qui constitue pour vous un niveau sécuritaire. En répondant au questionnaire <a href="https://scpe.ca/2021/06/02/questionnaire-menezunevieplusactive/">Menez une vie plus active</a>, vous verrez si vous avez besoin de l’opinion d’un médecin.</p>
<p>Ensuite, essayez quelques-uns de ces conseils :</p>
<h2>1. Allez-y entre amis</h2>
<p>Les recherches montrent que l’esprit de corps et la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/1750984X.2016.1183222?journalCode=rirs20">pratique d’une activité en groupe favorisent la persévérance</a>. L’importance de ce soutien est encore plus grande en ce qui concerne l’activité extérieure.</p>
<h2>2. Portez plusieurs épaisseurs</h2>
<p>Il est toujours préférable de trop en mettre que pas assez. <a href="https://www.infos-vie-pratique.com/pourquoi-la-laine-tient-chaud/">La laine est votre meilleur atout</a> pour conserver la chaleur ET réduire l’humidité. Couvrez-vous bien, de la tête aux pieds, et n’oubliez pas votre écharpe, surtout s’il vente. Le fait de porter plusieurs couches permet d’en retirer une si vous avez trop chaud et de la remettre quand le thermomètre dégringole.</p>
<h2>3. Ayez un plan B</h2>
<p>Il se peut que les conditions extérieures — froid, glace, accumulations, vent — soient réellement défavorables. Dans ce cas, restez bien au chaud, et faites autre chose — pourvu que cette activité intérieure vous tienne en forme jusqu’à ce que la météo redevienne propice.</p>
<h2>4. Sécurité d’abord</h2>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/503767/original/file-20230110-14-99arna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Image de la partie inférieure d’une paire de chaussures à semelle orange, présentant deux types de crampons à glace externes" src="https://images.theconversation.com/files/503767/original/file-20230110-14-99arna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503767/original/file-20230110-14-99arna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503767/original/file-20230110-14-99arna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503767/original/file-20230110-14-99arna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503767/original/file-20230110-14-99arna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503767/original/file-20230110-14-99arna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503767/original/file-20230110-14-99arna.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Deux types de crampons extérieurs fixés aux chaussures de course.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Dan Joling)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si le sol devient glissant, choisissez des chaussures appropriées. Il existe désormais toute une gamme de crampons qui améliorent l’adhérence. L’utilisation de bâtons de marche améliorera votre équilibre et réduira le risque de chute.</p>
<h2>5. Hydratez-vous</h2>
<p>N’oubliez pas de boire. Même s’il ne fait pas aussi chaud qu’en été, l’activité physique hivernale dans un air plus sec favorise quand même la sudation.</p>
<h2>6. Faites-en votre pain quotidien</h2>
<p>Il existe toute sorte de manières d’intégrer le plein air à vos activités quotidiennes ! Pelleter de la neige, par exemple, compte comme une <a href="https://theconversation.com/snow-shovelling-healthy-exercise-or-deadly-activity-129183">activité physique intense</a>. Alors, pourquoi ne pas y prendre plaisir ? Veillez à bien vous échauffer et à ne pas y aller trop fort. Si vous aimez vous déplacer à vélo, équipez-vous de pneus à neige, qui augmentent votre traction.</p>
<p>Autrement, vous pouvez toujours ajouter quelques pas à votre journée en vous garant un peu plus loin, au travail, à l’école ou à l’épicerie. Et pourquoi pas une balade digestive à l’heure du lunch ?</p>
<h2>7. Soyez brillant</h2>
<p>Avec le soleil qui se couche parfois très tôt, il se peut que vous n’ayez pas de temps libre avant le crépuscule. La lampe frontale est une excellente solution (également très pratique pour lire au lit). Dans l’obscurité, ne vous aventurez pas hors des sentiers battus — mais l’occasion est belle d’inviter vos amis !</p>
<h2>8. Essayez autre chose</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un panneau bleu représentant un raquetteur sur un tronc d’arbre avec de la neige en arrière-plan" src="https://images.theconversation.com/files/503762/original/file-20230110-12-k3nhwk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503762/original/file-20230110-12-k3nhwk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=416&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503762/original/file-20230110-12-k3nhwk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=416&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503762/original/file-20230110-12-k3nhwk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=416&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503762/original/file-20230110-12-k3nhwk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=523&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503762/original/file-20230110-12-k3nhwk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=523&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503762/original/file-20230110-12-k3nhwk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=523&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Avant d’acheter un équipement coûteux pour la raquette ou le ski, vous pouvez le louer ou l’empruntez. Autrement, plusieurs marchands vendent du matériel usagé souvent en très bon état.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Graham Hughes</span></span>
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<p>Vous avez déjà essayé la raquette, la randonnée hivernale ou le ski de fond ? Belle occasion de sortir de la routine. Mais avant d’acheter un équipement coûteux, pensez à le louer ou à l’emprunter. Autrement, plusieurs marchands vendent du matériel usagé.</p>
<h2>9. Profitez de la tranquillité</h2>
<p>L’environnement hivernal est, en général, plus calme que l’été. La vue est plus dégagée. Les sons, la faune et les couleurs sont tout à fait différents. Prenez le temps d’en profiter et voyez quel effet cela vous fait.</p>
<p>Nous vous souhaitons chaudement de profiter des magnifiques hivers canadiens. Et tant mieux si cela vous aide à tenir vos résolutions du Nouvel An !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/197652/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Pratiquer une activité physique à l’extérieur a de nombreux bienfaits pour la santé. Voici neuf conseils pour devenir – et demeurer – des adeptes de plein air hivernal.
Iris Lesser, Assistant professor in kinesiology, University of The Fraser Valley
Amanda Wurz, Assistant Professor, School of Kinesiology, University of The Fraser Valley
Cynthia Thomson, Assistant Professor in Kinesiology, University of The Fraser Valley
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/196930
2022-12-28T18:09:34Z
2022-12-28T18:09:34Z
Comment les yeux des rennes se transforment en hiver
<p>Bien des enfances ont été gâchées par ce terrible jour où la dure et froide vérité sur la façon dont les cadeaux arrivent sous le sapin de Noël s’est trouvée révélée… Mais quoiqu’en disent les grands frères et grandes sœurs, ou les camarades de classe les plus cyniques, même après une si triste révélation, les rennes gardent une place spéciale dans notre imaginaire. </p>
<p>Nul doute que leurs grands yeux sombres - au même titre que leurs bois majestueux et le souvenir de leur complicité magique avec le père Noël - ne sont pas pour rien dans l’amour qui leur est voué partout sur la planète. </p>
<p>Mais au-delà du regard empreint de douceur qu’ils leur confèrent, les yeux des rennes sont surtout le témoignage de leur grande adaptation à leur habitat enneigé, tout comme la seconde couche de fourrure qu’ils possèdent, ou leurs larges sabots en forme de croissant, qui garantissent leur stabilité et leur permettent de creuser efficacement la neige. </p>
<p>Nos travaux ont en effet révélé que les yeux de ces cervidés se transforment au fil des saisons, <a href="http://rspb.royalsocietypublishing.org/lookup/doi/10.1098/rspb.2022.1002">ce qui permet à leur vision de s’adapter à la faible lumière bleue du long crépuscule hivernal</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/471600/original/file-20220629-24-rua34s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/471600/original/file-20220629-24-rua34s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/471600/original/file-20220629-24-rua34s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/471600/original/file-20220629-24-rua34s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/471600/original/file-20220629-24-rua34s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/471600/original/file-20220629-24-rua34s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/471600/original/file-20220629-24-rua34s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Du lichen nordique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le crépuscule, un moment si particulier</h2>
<p>Dans les régions arctiques, les températures peuvent descendre en hiver jusqu’à -50 °C. À cette période, lorsque les paysages ne sont pas plongés dans l’obscurité nocturne, ils sont baignés d’une lumière crépusculaire, car le soleil se situe toute la journée sous l’horizon. </p>
<p>C’est justement au crépuscule que les rennes (<em>Rangifer tarandus</em>, aussi appelés caribous) partent en quête de leur repas de lichens. Abondants en Arctique, ces derniers constituent une source de nourriture idéale, car ils sont disponibles partout où les hardes se déplacent. Les rennes les découvrent en brossant le sol recouvert de neige avec leurs sabots, leurs bois et leurs museaux (<em>le terme « caribou » pourrait d’ailleurs avoir été emprunté au peuple autochtone des <a href="https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/mikmaq">Micmacs</a>, qui appelaient le renne « xalibu », ce qui signifierait <a href="https://editra.ca/DEMZ/text/Caribou.html">« bête qui pellette »</a>, ndlr</em>).</p>
<p>À l’heure où le renne creuse pour trouver sa pitance, le loup, son prédateur, part lui aussi en chasse. Tous deux sont incroyablement bien adaptés aux conditions hivernales de l’Arctique, et notamment à la lumière si particulière qui nimbe ces régions à cette époque de l’année : extrêmement bleue, elle ne contient que très peur de vert, de jaune et d’orange.</p>
<p>Cette couleur bleutée est due au fait que le soleil darde ses rayons sous l’horizon. Au crépuscule, lorsque l’astre du jour est bas, ses rayons parcourent une grande distance à travers l’atmosphère, et traversent horizontalement la couche d’ozone. Or celle-ci agit comme un filtre : elle absorbe presque toutes les longueurs d’onde du spectre lumineux, à l’exception de la lumière bleue. Soulignons que la couleur bleue qui résulte de ce filtre ozonique est différente de celle que l’on observe <a href="https://spaceplace.nasa.gov/blue-sky/en/">dans le ciel par une belle journée ensoleillée</a>, laquelle résulte des interactions entre la lumière du soleil et les molécules présentes dans l’atmosphère (on appelle ce phénomène <a href="https://e-cours.univ-paris1.fr/modules/uved/envcal/html/rayonnement/3-rayonnement-atmosphere/3-3-diffusion-rayleigh.html">diffusion de Rayleigh</a>). </p>
<p>Bien que les artistes qualifient cette période si particulière de la journée <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Heure_bleue">d’« heure bleue »</a>, nous ne la remarquons généralement pas, car nos yeux s’adaptent à ce changement de couleur progressif. En effet, à mesure que l’obscurité avance, notre vision, qui reposait durant la journée sur des neurones spécialisés, les photorécepteurs de la rétine en <a href="https://e-cours.univ-paris1.fr/modules/uved/envcal/html/compositions-colorees/2-lumiere-visible-couleurs/3-3-vision-couleurs.html">cônes</a> (impliqués dans la vision des couleurs), devient dépendante d’autres photorécepteurs plus sensibles, les photorécepteurs en bâtonnets (qui sont eux incapables de distinguer les couleurs). </p>
<p>En hiver, dans les régions polaires, le crépuscule peut durer <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_polaire">plus du tiers de la journée</a>. Confrontés à ces conditions particulières de luminosité, les yeux des <a href="https://nywolf.org/2020/05/why-do-wolves-eyes-glow-in-the-dark-4/">loups</a> et des rennes voient leur sensibilité améliorée par l’adjonction d’une sorte de « miroir », appelé <em><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/14738502/.">tapetum lucidum</a></em> (tapis brillant), situé derrière la rétine. </p>
<p>Une partie de la lumière qui pénètre dans leurs yeux et passe à travers la rétine<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4712787/"> est détectée et absorbée par des photorécepteurs</a>. Une partie seulement : le <em>tapetum lucidum</em> réfléchit le reste, qui repasse à travers la rétine une seconde fois, ce qui permet de détecter davantage de lumière. Les images perçues par les rennes sont donc plus brillantes, mais légèrement plus floues, car le miroir diffuse une partie de la lumière latéralement, un peu comme le ferait une vitre embuée.</p>
<p>Ceci représente néanmoins un avantage lorsque la lumière est faible, car pour les rennes la perception des contrastes et des mouvements est plus importante que l’acuité visuelle. Le <em>tapetum lucidum</em> a évolué indépendamment chez de nombreux animaux. Mais pas chez tous : humains et rapaces en sont par exemple dépourvus, car ils ont un besoin vital d’images nettes. </p>
<h2>Des yeux qui se modifient en fonction des saisons</h2>
<p>Au cours de nos travaux, <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2022.1002">nous avons comparé les yeux de rennes décédés durant l’été</a> avec les yeux de leurs congénères qui ont trouvé la mort en hiver. </p>
<p>Nos résultats ont révélé que le tapetum des rennes subit un changement saisonnier spécifique, qui a pour effet de modifier les couleurs réfléchies : <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2013.2451">il reflète une lumière or-turquoise en été, et un bleu profond en hiver</a>. Les lichens, tout comme la fourrure du loup, reflètent moins le bleu que les autres couleurs et apparaissent donc plus sombres sur le paysage enneigé.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un renne marche dans la neige" src="https://images.theconversation.com/files/471637/original/file-20220629-19-2imvze.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/471637/original/file-20220629-19-2imvze.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/471637/original/file-20220629-19-2imvze.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/471637/original/file-20220629-19-2imvze.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/471637/original/file-20220629-19-2imvze.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/471637/original/file-20220629-19-2imvze.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/471637/original/file-20220629-19-2imvze.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les yeux des rennes se modifient selon les saisons.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/portrait-reindeer-massive-antlers-pulling-sleigh-1385226686">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le tapetum des rennes possède une structure similaire à celle qui confère leur iridescence <a href="http://archive.boston.com/bostonglobe/ideas/brainiac/2014/07/if_you_go_looki.html">aux plumes du paon, aux ailes bleues brillantes du papillon Morpho ou aux éclats de couleur de l’opale</a>. C’est ce qu’on appelle la « <a href="https://pubs.rsc.org/en/content/articlelanding/2013/ra/c3ra41096j">coloration structurelle »</a>. Les structures présentes dans le tapetum des rennes sont constituées de très étroites fibres de collagène, trop petites pour être visibles au microscope optique. Elles ressemblent aux fibres que l’on trouve dans les muscles, mais sont plus fines. </p>
<p>Ces fibres sont alignées à la façon d’innombrables crayons qui seraient rangés dans une boîte transparente, selon un motif hexagonal. Ajoutez suffisamment d’eau pour remplir les interstices, changez d’échelle - en la réduisant d’un facteur d’environ 40 000 - et la boîte reflétera une lumière bleue. Ceci correspond au tapetum d’hiver. Pour passer au tapetum d’été, décuplez la quantité d’eau et doublez la profondeur de la boîte. À cette échelle minuscule, les fibres conserveront à peu près leur motif hexagonal, mais il y aura plus d’espaces entre elles.</p>
<p>Notre hypothèse est que la transformation qui permet de passer d’un tapetum à l’autre est déclenchée par <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2013.2451">un changement de pression à l’intérieur de l’œil du renne</a>, changement qui se produit en été et en hiver. En hiver, par temps très froid, les conducteurs diminuent la pression de leurs pneus pour augmenter la traction sur la glace. Les rennes laissent quant à eux sortir du liquide de leurs tapetums pour mieux voir ce qui les entoure…</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/471838/original/file-20220630-12-k1r0mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/471838/original/file-20220630-12-k1r0mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/471838/original/file-20220630-12-k1r0mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/471838/original/file-20220630-12-k1r0mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/471838/original/file-20220630-12-k1r0mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/471838/original/file-20220630-12-k1r0mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/471838/original/file-20220630-12-k1r0mg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les loups sont les principaux prédateurs des rennes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/portrait-wolf-eurasian-known-gray-grey-1609843993">Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette découverte pourrait aider les ingénieurs à concevoir des produits capables de modifier la couleur reflétée. Les possibilités sont infinies. On peut imaginer changer la couleur d’une surface recouverte d’une nanostructure réfléchissante semblable à celle du tapetum du renne (plutôt que d’une peinture à base de pigments) en modifiant l’espace entre les « crayons » qui la constituent. Vous pourriez ainsi modifier à votre guise la couleur de votre voiture… En outre, contrairement à de nombreuses peintures à base de pigments, ces peintures structurelles ne s’altéreraient pas avec le temps. </p>
<p>Après avoir pendant longtemps inspiré les contes et les traditions de Noël, les rennes pourraient désormais inspirer la science et la technologie…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196930/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Robert A. E. Fosbury reçoit des fonds du BBSRC. Le projet a été initialement financé par BB/F008244/1.</span></em></p>
Pour mieux détecter leur nourriture et leurs prédateurs dans le crépuscule arctique, les yeux des rennes changent au fil des saisons. Une découverte qui pourrait avoir des applications technologiques.
Robert A E Fosbury, Honorary professor, UCL Institute of Ophthalmology, UCL
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/195689
2022-12-27T21:42:52Z
2022-12-27T21:42:52Z
Les « pierres zen » du lac Baïkal enfin expliquées
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/500803/original/file-20221213-16302-qafzka.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=3%2C3%2C2530%2C1259&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un galet d’une dizaine de centimètres, initialement posé à la surface du lac gelé, se retrouve après quelques semaines en équilibre au sommet d’un piédestal de glace sur le lac Baïkal (gauche), et au bout de quelques heures dans un lyophilisateur en laboratoire (droite, plus petite échelle).</span> <span class="attribution"><span class="source">©Olga Zuma (gauche), Nicolas Taberlet et Nicolas Plihon (droite)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Avez-vous déjà succombé au plaisir coupable de jeter une pierre sur un lac gelé, dans l’espoir de briser la couche de glace ? Sur les rives du lac Baïkal, situé en Sibérie, toute tentative est vouée à l’échec, car la glace atteint au cours des mois d’hiver une épaisseur d’un à trois mètres.</p>
<p>Cependant, au fil du temps, la déception initiale peut se transformer en stupeur lorsque les conditions météorologiques sont favorables : la pierre qui reposait initialement sur la surface gelée se retrouve en équilibre délicat au sommet d’un piédestal de glace. Ce phénomène rare, appelé « zen stones », en référence aux jardins japonais qui présentent des empilements de galets en équilibre, demeurait jusqu’à présent inexpliqué.</p>
<p>Au cours de l’hiver, l’épaisseur de la glace varie : elle peut croitre sur sa face inférieure (lorsque l’eau du lac gèle), mais elle diminue également sur sa face supérieure. Si en Europe occidentale cette diminution est due à la fonte, les conditions météorologiques particulières de la région du lac Baïkal conduisent la glace à se « sublimer ». Ce changement d’état de l’eau, peu courant dans la vie quotidienne, fait que la glace se vaporise directement dans l’atmosphère sans passer par sa phase liquide. La glace du lac Baïkal se sublime et conduit à des taux d’ablation de quelques millimètres par jour de la face supérieure du lac.</p>
<p>Nos travaux <a href="http://doi.org/10.1073/pnas.2109107118">ont montré</a> que la formation des pierres zen est due à l’ablation différentielle de la glace, c’est-à-dire une disparité dans sa vitesse de sublimation (et donc d’érosion) sous le galet et loin du galet. La face supérieure de la glace diminue constamment partout sur le lac mais ce processus, qui a besoin de la lumière du jour, est entravé par la présence d’un galet, dont l’ombre crée un déficit dans l’apport d’énergie solaire.</p>
<p>Ainsi, contrairement à une croyance répandue selon laquelle le pied pousse sous le galet, ce dernier protège la glace sur laquelle il repose, alors que le reste de la surface du lac gelé s’abaisse. Ce processus est analogue à la formation des <a href="https://planet-terre.ens-lyon.fr/ressource/Img407-2012-12-10.xml">cheminées de fée</a>, pour lesquelles un rocher solide protège une colonne de sédiment moins résistant à l’érosion due aux pluies et au gel.</p>
<h2>Le lac Baïkal au laboratoire</h2>
<p>Nous avons reproduit à petite échelle la formation des pierres zen en laboratoire à l’aide d’un « lyophilisateur ». Cet appareil contient une chambre hermétique dans laquelle les faibles pression et température conduisent à la sublimation de la glace.</p>
<p>Un cylindre de métal de quelques centimètres initialement posé sur un bloc de glace se retrouve après quelques heures au sommet d’un délicat piédestal. Nous avons choisi d’utiliser des métaux car leurs propriétés thermiques (conductivité, capacité calorifique, émissivité) sont bien connues, mais l’expérience de laboratoire fonctionne également avec un disque de pierre naturelle.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Ce dispositif nous a ainsi permis de confirmer le mécanisme de formation des pierres zen en milieu naturel, mais également de tester différentes configurations, de façon rapide et reproductible grâce à un taux de sublimation près de dix fois plus rapide au laboratoire. La présence de la dépression observée sous les galets naturels est due à un effet subtil absent de nos expériences de laboratoire.</p>
<p>En effet, le galet (mais aussi la glace) possède une température supérieure au zéro absolu et émet ainsi un rayonnement électromagnétique. Mais, alors que le rayonnement solaire est majoritairement émis dans les longueurs d’onde visibles, celui provenant du galet est maximum dans l’infrarouge lointain, pour des longueurs d’onde autour de 10 micromètres. Dans nos expériences, le disque métallique et la glace sont à la même température et leurs émissions dans le domaine de l’infrarouge se compensent. Inversement, sur le lac Baïkal, le galet peut avoir une température plus élevée que la glace, pendant une partie de la journée. Ainsi, cette source d’énergie supplémentaire accélère la sublimation au voisinage du galet et conduit à la dépression dont le contour épouse celui de la pierre.</p>
<p>Les pierres zen sont des phénomènes aussi rares qu’éphémères. En effet, le processus de sublimation, même s’il est fortement ralenti sous la pierre, conduit le pied à s’affiner indéfiniment jusqu’à ce que le galet chute. La durée de vie de ces structures sur le lac Baïkal est de l’ordre de deux à trois semaines, et seuls quelques privilégiés ont la chance d’assister à ce spectacle.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195689/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Taberlet a reçu des financements de la Fédération Marie Ampère de Physique. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nicolas Plihon a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche.</span></em></p>
Les « pierres zen » sont posées sur un délicat piédestal de glace. Comment se forment-elles ?
Nicolas Taberlet, Maître de conférences en physique, ENS de Lyon
Nicolas Plihon, Directeur de Recherche CNRS, ENS de Lyon
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/195229
2022-12-25T16:59:51Z
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Pilosité, graisse… hibernation ? Toutes les techniques de notre corps pour résister au froid
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/498520/original/file-20221201-12-qbicfd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C0%2C1592%2C1065&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">« Winter is coming »</span> <span class="attribution"><span class="source">HBO, Game of Thrones (S.7)</span></span></figcaption></figure><p>L’hiver s'achève officiellement le 20 mars… Cette année encore, du fait de la crise énergétique, nos intérieurs se cantonnent à un raisonnable 19 degrés Celsius. Pulls épais, chaussettes moelleuses et gants sont de sortie… Car avoir froid est désagréable – mais c’est là le moindre de ses défauts.</p>
<p>Le froid est surtout une véritable menace pour notre corps. Nos organes vitaux ont besoin d’une température de 36,8 °C (précisément) pour fonctionner de façon optimale. Une ambiance trop fraîche et ils risquent tout simplement de s’arrêter. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412018313114">Une étude menée dans 18 villes françaises</a> entre 2000 et 2010 a montré que le nombre de décès dus au froid était trois fois supérieur à celui dû à la chaleur.</p>
<p>Notre espèce n’est toutefois pas entièrement pas démunie contre les frimas. Quelles sont ses stratégies face aux températures glacées ? Et pourquoi n’hibernons-nous pas pour passer l’hiver comme le font d’autres mammifères ?</p>
<h2>La technique de la chaudière interne</h2>
<p><a href="https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.1365-2435.2007.01341.x">Mammifères et oiseaux</a> sont des <a href="https://theconversation.com/37-c-ete-comme-hiver-lenigme-de-notre-temperature-corporelle-163149">endothermes, c’est-à-dire des créatures « à sang chaud »</a>. La température corporelle moyenne des premiers se situe entre 36 et 39,5 °C, tandis que chez les seconds elle peut atteindre 42 degrés. Des particularités qui sont le fruit d’une longue évolution.</p>
<p>Il y a quelque 200 millions d’années, les animaux qui ont survécu à l’extinction massive dévastatrice dite du Permien-Trias ont dû se réadapter à un nouvel environnement compétitif. À l’époque, les puissants dinosaures régnaient encore sur la planète Terre. Eux dépendaient principalement de l’énergie thermique du soleil pour être actifs. Mais peu à peu, des espèces sont apparues qui ont adopté de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1342937X20302252">nouvelles stratégies de survie</a>.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/498930/original/file-20221205-22-no1ay9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/498930/original/file-20221205-22-no1ay9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/498930/original/file-20221205-22-no1ay9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/498930/original/file-20221205-22-no1ay9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=316&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/498930/original/file-20221205-22-no1ay9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/498930/original/file-20221205-22-no1ay9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/498930/original/file-20221205-22-no1ay9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=398&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Brasilitherium riograndensis, un des premiers animaux ayant vécu à la fin du Trias et présentant des caractéristiques de mammifères.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Smokeybjb, from Wikimedia</span></span>
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</figure>
<p>Les <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-019-03170-7">premiers mammifères</a> n’étaient rien de plus que de petits quadrupèdes (tétrapodes) à fourrure vivant dans l’ombre des reptiles géants. Littéralement. Leurs chances de survie étaient bien meilleures s’ils optaient pour la chasse nocturne. En l’absence d’une source de chaleur externe, des mécanismes permettant de générer une chaleur corporelle propre, capable d’alimenter leur métabolisme en continu, ont été sélectionnés et se sont développés. Une stratégie également profitable dans le <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-022-01975-7">climat instable de l’époque</a>.</p>
<p>Mais l’endothermie a un revers : pour alimenter la chaudière, il faut du carburant et, comme on s’en rend compte actuellement, cela a un coût. Pour répondre à cette demande, un large éventail d’adaptations efficaces et économes en énergie a vu le jour sous l’effet de la sélection naturelle. Elles peuvent entrer dans deux catégories principales : mieux stocker et utiliser l’énergie, et mieux isoler pour éviter les pertes de chaleur indésirables.</p>
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<h2>Le gras (et la pilosité), c’est la vie</h2>
<p>Nous disposons déjà d’une arme toujours à portée de main : la graisse ! Elle sert à la fois d’isolant (du fait de sa faible conductivité thermique) et de ressource énergétique. Les mammifères qui survivent dans les régions froides ou les mers proches de l’Arctique possèdent un tissu spécial semblable à de la graisse appelé lard ou pannicule. Il mesure 10 cm sous la peau de l’ours polaire et peut atteindre les 50 cm chez la baleine boréale !</p>
<figure class="align-center ">
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<figcaption>
<span class="caption">Les baleines boréales (<em>Balaena mysticetus</em>) ont, sous la peau, un tissu semblable à de la graisse appelé lard, dont l’épaisseur peut atteindre un demi-mètre. Il est primordial pour réduire la perte de chaleur dans les eaux glacées de l’Arctique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Bering Land Bridge National Preserve/Flickr</span></span>
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</figure>
<p>De nombreux petits mammifères, y compris les nouveau-nés humains, possèdent un autre type de graisse, appelée <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29675580/">« graisse brune »</a>. Sa particularité est qu’elle est capable de brûler des lipides pour générer de la chaleur (grâce aux mitochondries qu’elle contient) afin de maintenir la température corporelle. Ceci est particulièrement important chez les bébés, en raison de leur petite taille et de leur manque de puissance musculaire pour convertir le mouvement en énergie.</p>
<p>Mais nous sommes également équipés, un peu à notre insu, de millions de capteurs ultrasensibles à la température ambiante intégrés à notre peau. Le moindre risque détecté que la température corporelle s’écarte de son optimum déclenche aussitôt une alarme dans l’hypothalamus, la région du cerveau où réside le contrôle de la température. Les réflexes qui génèrent plus de chaleur et réduisent la perte de chaleur sont activés – souvent de manière involontaire. En gros, notre corps prend le contrôle pour nous sauver la vie !</p>
<figure class="align-left ">
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<figcaption>
<span class="caption">L’anatomie d’un poil. Attaché à la racine, il y a un petit muscle qui peut le redresser lorsqu’il fait froid.</span>
<span class="attribution"><span class="source">OpenStax College, from Wikimedia</span></span>
</figcaption>
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<p>Les mammifères possèdent une structure unique dans tout le règne animal et infiniment précieuse : le… poil ! Lorsqu’il fait froid, un petit muscle attaché à sa racine le tire vers le haut (la « piloérection »). Telle une armée, des milliers de poils se redressent alors et bloquent ensemble le flux d’air pour créer une couche isolante. Un phénomène trivialement appelé « chair de poule ». Ce qui ne rend guère hommage à ce réflexe ancestral, également contrôlé par des régions primitives de notre cerveau traitant des émotions et du danger. Ce qui explique qu’il s’active aussi lorsque nous sommes pris par une scène de film particulièrement forte… ou lorsque des chats entendent montrer qu’ils sont prêts à se battre.</p>
<p>À ce petit jeu, tous les animaux ne sont pas égaux. Plus le corps est petit, plus le rapport surface/volume est élevé, et plus la perte de chaleur est rapide. C’est la raison de cet adorable petit duvet qui recouvre nombre de petits mammifères nouveau-nés : il faut, à tout prix, limiter les pertes d’énergie.</p>
<p>Autre technique : le frisson, soit la contraction involontaire des muscles pour générer de la chaleur par le mouvement. <a href="http://thatslifesci.com/2017-10-20-Why-Do-I-Shiver-When-Im-Cold-LGuo/">Le frisson permet de multiplier par cinq environ le taux métabolique</a>. Pour cela, les muscles brûlent des graisses, des protéines et des sucres à disposition, le « charbon » des usines énergétiques de nos cellules (les mitochondries).</p>
<p>L’objectif est, quoi qu’il en coûte, de protéger les organes vitaux – cœur, cerveau… En cas de froid extrême, le flux de sang chaud vers les mains et les pieds peut être coupé et redirigé vers ces derniers. D’où des doigts et des lèvres bleuâtres, des engourdissements et une peau blanche de mauvais augure.</p>
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<figcaption><span class="caption">Perte de chaleur corporelle par temps froid visualisée par une caméra thermique.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Et l’hibernation alors ?</h2>
<p>Pour s’éviter ces risques et désagréments, certains optent pour la fuite. Les oiseaux migrateurs, des mammifères tels les rennes et les élans quittent temporairement des zones devenues trop froides et inhospitalières. Mais tout le monde ne peut pas parcourir de telles distances, parfois à l’échelle de continents entiers. Dans des conditions hivernales difficiles et en cas de manque de ressources, d’autres choisissent donc de réduire temporairement leur métabolisme.</p>
<p>Cette capacité est très répandue et se retrouve chez de nombreux ordres de mammifères, preuve qu’il s’agit d’une stratégie de survie efficace. Mais selon le gabarit de l’animal, le <a href="https://phys.org/news/2022-04-hibernating-similar-metabolism.html">curseur est plus ou moins poussé</a>.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/497607/original/file-20221128-16-q34q4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/497607/original/file-20221128-16-q34q4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/497607/original/file-20221128-16-q34q4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/497607/original/file-20221128-16-q34q4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=480&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/497607/original/file-20221128-16-q34q4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/497607/original/file-20221128-16-q34q4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/497607/original/file-20221128-16-q34q4e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=603&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La marmotte commune (<em>Marmota monax</em>) est un mammifère capable d’hiberner.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Flickr.com/photos/pavdw</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Marmottes, hérissons… ne font ainsi pas dans la demi-mesure et entrent en hibernation. Le phénomène est frappant et se caractérise par un arrêt presque complet des fonctions vitales de l’organisme et une véritable léthargie (leur métabolisme peut chuter de près de 98 %). Chez la marmotte, par exemple, le cœur ne bat alors plus que cinq fois par minute – contre 80 en condition normale – et la température peut descendre jusqu’à 5 °C… De quoi donner des frissons ! La technique n’est pas sans risque, certains animaux n’ayant plus, au réveil, assez d’énergie pour relancer leur organisme.</p>
<figure>
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<figcaption><span class="caption">Après 7 mois d’hibernation, les marmottes de l’île de Vancouver (<em>Marmota vancouverensis</em>) ont perdu un tiers de leur poids corporel.</span></figcaption>
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<p>Chez l’ours, d’un autre côté, s’il y a bien une torpeur qui s’installe, elle est moins profonde (son métabolisme est réduit jusqu’à 75 %) et est discontinue – on parle alors plutôt d’hivernation. L’animal se met à l’abri, mais sa température ne chute pas autant et il reste capable de se réveiller.</p>
<p>Et notre espèce ? Bien que les gènes qui sous-tendent cette capacité soient probablement encore présents en nous, nous n’en est plus vraiment capable et la raison n’en est pas très claire… La <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0003552120300832">question a été soulevée pour notre cousin néandertalien disparu</a>. En 2020, une étude suggérait que, pour passer les longs mois de froid dans un environnement avare en calories, les os d’une population du sud de l’Espagne auraient montré des signes de ralentissement de son métabolisme.</p>
<p>Il faut reconnaître que, de façon générale, la physiologie de l’hibernation est encore mal comprise. Les mammifères semblent obligés de se réveiller de temps en temps, mais nous ne savons pas pourquoi. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31338028/#:%7E:text=Neuronal%20activity%20is%20markedly%20reduced,in%20response%20to%20adequate%20stimuli.">Des études</a> ont montré que l’hibernation est différente du coma, de l’anesthésie et du sommeil classique – le cerveau est dans une sorte de sommeil profond mal défini. Même si le cerveau semble être en veille, certaines populations de cellules nerveuses sont toujours actives et peuvent répondre à certains stimuli.</p>
<p>Quant aux mécanismes qui permettent à l’animal d’entrer dans cette phase et d’en sortir, ils sont également méconnus. Si bien que même si on arrivait un jour à mettre des humains en hibernation (dite artificielle ou synthétique), combien de temps avant de les réveiller ? Et… comment ?</p>
<p>Les applications pourraient toutefois fois être nombreuses. Certains pensent au voyage spatial. Si nous devons un jour aller sur Mars, un état d’hibernation pourrait considérablement réduire les besoins en énergie et donc en nourriture pendant le voyage – et le temps d’attente… Plus inattendu, des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7828799/">tests sur animaux ont montré qu’elle pouvait protéger en partie le corps des effets nocifs des radiations spatiales</a>.</p>
<p>La médecine serait également intéressée. Être capable de réduire le métabolisme de patients dont la vie est menacée (en cas de cancer avancé, etc.) pourrait prolonger la période pendant laquelle il est possible de lutter contre la maladie.</p>
<h2>Une adaptation au fil des générations…</h2>
<p>Aujourd’hui, nous avons appris à gérer le froid d’une autre manière : Nous portons des vêtements, construisons des maisons que nous chauffons, etc. Au cours des millénaires, nous avons même perdu la plupart de nos précieux poils, ce qui nous vaut le surnom de « singe nu ».</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/498938/original/file-20221205-26-8vut6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/498938/original/file-20221205-26-8vut6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=482&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/498938/original/file-20221205-26-8vut6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=482&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/498938/original/file-20221205-26-8vut6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=482&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/498938/original/file-20221205-26-8vut6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=606&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/498938/original/file-20221205-26-8vut6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=606&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/498938/original/file-20221205-26-8vut6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=606&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Outre les vêtements de protection, les Inuits vivant dans les régions froides ont une petite taille, de petites mains et un visage plutôt plat avec des coussinets graisseux typiques au niveau des sinus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ansgar Walk, Wikimedia</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Et sous les latitudes moins clémentes, notre espèce a vu être <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20515840/">sélectionné, sur un temps long, des traits octroyant une meilleure résistance au froid</a>. C’est le cas chez les populations qui vivent dans des climats froids, comme la Sibérie ou l’Himalaya. Ils ont souvent des bras et des jambes courts, un physique plus ramassé et plus de graisse corporelle (pour mieux garder leur chaleur interne), des visages plats avec des coussinets de graisse protecteurs au niveau des sinus et des nez plats (plus pertinents dans un air glacé). En outre, des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4029955/">versions spécifiques de certains gènes</a>, liés à un métabolisme plus élevé ou à une pression artérielle accrue, se retrouvent plus fréquemment chez ces peuples du Grand Nord.</p>
<p><a href="https://www.britannica.com/topic/Neanderthal/Neanderthal-classification#ref1257281">Soit le même type d’adaptations que montraient les puissants Néandertaliens</a> pour résister aux climats froids de l’Europe au Paléolithique.</p>
<p>Cependant, ne le nions pas : pour se prémunir du froid et de ses dangers, avoir la chance de s’emmitoufler dans des vêtements chauds en buvant un chocolat chaud autour d’un bon feu est une très bonne option. Mieux, en migrateurs d’un genre nouveau, nous avons aujourd’hui le luxe de prendre l’avion pour des endroits plus chauds quand nous le voulons.</p>
<p>Mais tout le monde n’a pas ces possibilités… N’oubliez donc jamais d’accorder une attention particulière aux plus vulnérables au froid, sans-abri, personnes âgées ou tout-petits… vous pourriez sauver des vies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195229/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pieter Vancamp ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Notre corps est réglé pour avoir un fonctionnement optimal à une température interne donnée : 36,8 °C. Quelles sont ses stratégies pour se réchauffer quand son thermostat interne plonge ?
Pieter Vancamp, Post-doctorant, Inrae
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tag:theconversation.com,2011:article/192897
2022-10-27T17:43:18Z
2022-10-27T17:43:18Z
Covid-19 : Un hiver imprévisible sous le sceau de la diversification massive et inédite d'Omicron
<p><em>Une certaine « fatigue pandémique » a gagné une partie de la population, mais le SARS-CoV-2, lui, continue d’évoluer. Alors que la France connaît sa huitième vague (la quatrième de 2022), dominée par le sous-variant Omicron BA.5, elle voit progresser rapidement un autre sous-variant, nommé BQ.1.1. Samuel Alizon, directeur de recherche (CNRS, CIRB) et Mircea Sofonea, maître de conférences (Université de Montpellier, MIVEGEC), reviennent sur la situation sanitaire qui s’annonce cet hiver et pointent les enjeux de la surveillance et de la recherche dans notre pays. Pour quelles conséquences ?</em></p>
<hr>
<p><strong>The Conversation : Avec la fin de l’été, l’actualité a refait place au Covid et à ses variants. C’est désormais BQ.1.1 et autres XBB qui sont évoqués. Que peut-on déjà dire de ces « sous-variants » ? Et comment sont-ils suivis ?</strong></p>
<p><strong>Samuel Alizon :</strong> Depuis septembre, on assiste à une forte diversification du SARS-CoV-2, avec l’émergence de nombreux sous-variants du variant Omicron.</p>
<p>BA.4.6, BA.2.75, BA.5.2 et même B.1.1.529.5.3.1.1.1.1.1.1, rebaptisé BQ.1.1 selon la nomenclature <a href="https://www.pango.network/">Pango</a>, qui propose un système d’identification pour suivre les lignées génétiques du SARS-CoV-2 présentant un intérêt épidémiologique…</p>
<p>Toutes ces lignées, qui prédominent dans diverses régions du monde (BQ.1.1, par exemple, est en pleine progression actuellement en France) appartiennent officiellement au variant Omicron. Il s’agit donc de sous-variants, mais en réalité, on pourrait facilement les <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-variants-du-sars-cov-2-emergent-ils-maintenant-154223">qualifier de variants</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1580334138380328961"}"></div></p>
<p><strong>TC : Que sait-on de ces nouveaux sous-variants ? Représentent-ils une menace au niveau épidémiologique ?</strong></p>
<p><strong>SA :</strong> À ce stade, bien des connaissances sur ces nouvelles lignées sont à prendre avec précaution car elles sont, au mieux, issues de pré-publications, non relues par les pairs. On ne sait que peu de chose de leur virulence et, évidemment, quasiment rien sur les <a href="https://theconversation.com/Covid-long-quen-savent-les-scientifiques-aujourdhui-179817">effets à long terme</a> engendrés par leurs infections.</p>
<p>Nous sommes certains, en revanche, des mutations qui sont présentes dans les génomes de ces lignées, puisque ce sont elles qui les définissent. Le variant BA.5 avait par exemple fixé une mutation en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1931312821002845">position 452</a> de la protéine Spike. Celle-ci était très étudiée, car elle était caractéristique du variant Delta au moment de son apparition.</p>
<p>Pour BQ.1.1, on observe toute une autre série de mutations dans le <em>Receptor Binding Domain</em> (RBD) de cette protéine, autrement dit la partie de la protéine Spike qui interagit avec ACE2, la « serrure » située à la surface des cellules qu’infecte le SARS-CoV-2. C’est notamment le cas de la mutation S :R346T. Comme l’indique une <a href="https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2022.09.15.507787v3.abstract">pré-publication issue d’un consortium d’équipes chinoises</a>, ces mutations semblent conférer un important potentiel d’évasion immunitaire à cette lignée. De plus, BQ.1.1 pourrait ne pas être sensible aux traitements par les anticorps monoclonaux disponibles en France (telle la combinaison tixagevimab-cilgavimab (Evusheld)).</p>
<p>Parmi les sous-variants surveillés en raison notamment de ses potentielles capacités d’échappement immunitaire, on peut aussi mentionner la lignée XBB, qui est issue d’une recombinaison entre virus des lignées BJ.1 et BM.1.1 <a href="https://theconversation.com/Covid-19-quel-est-le-risque-quand-deux-variants-se-retrouvent-dans-une-meme-cellule-174956">lors de la co-infection d’une même cellule</a>.</p>
<p><strong>TC : Comment surveille-t-on ces sous-variants préoccupants ? D’où proviennent les données épidémiologiques ?</strong></p>
<p><strong>SA :</strong> Au niveau épidémiologique, la qualité du système de surveillance britannique est toujours remarquable. Leur <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/1109820/Technical-Briefing-46.pdf">dernier rapport du 7 octobre 2022</a>, qui combine données de dépistage et de séquençage, offre une vision particulièrement claire de leur situation épidémique.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/490830/original/file-20221020-18-a4hkfz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Phylogénie du SARS-CoV-2" src="https://images.theconversation.com/files/490830/original/file-20221020-18-a4hkfz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/490830/original/file-20221020-18-a4hkfz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=574&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/490830/original/file-20221020-18-a4hkfz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=574&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/490830/original/file-20221020-18-a4hkfz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=574&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/490830/original/file-20221020-18-a4hkfz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=721&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/490830/original/file-20221020-18-a4hkfz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=721&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/490830/original/file-20221020-18-a4hkfz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=721&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Phylogénie radiale de Nextstrain.org à partir des données GISAID qui montre que la diversification des lignées Omicron est bien supérieure à celle du variant Delta (en bleu) ou Alpha (en violet).</span>
<span class="attribution"><span class="source">nextstrain.org/ncov</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour les autres pays, dont la France, on s’en remet aux données de séquençage partagées sur la plate-forme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Global_Initiative_on_Sharing_Avian_Influenza_Data">GISAID</a>. Plusieurs sites Internet, dont <a href="https://nextstrain.org/ncov/gisaid/global/all-time?d=tree&l=radial&lang=fr&p=full">Nextstrain.org</a> mais aussi l’excellent <a href="https://cov-spectrum.org/explore/France/AllSamples/Past6M">covSPECTRUM</a> de l’équipe du Pr Tanja Stadler, en Suisse, permettent de visualiser la dynamique des variants en temps réel (dans la limite des données fournies par chaque pays).</p>
<p><strong>Mircea Sofonea :</strong> Notons que contrairement aux précédentes vagues causées par l’arrivée d’un nouveau variant, les données de criblage issues des dépistages RT-qPCR (qui <a href="https://theconversation.com/le-sequencage-des-variants-du-Covid-explique-par-ses-specialistes-176645">repèrent des mutations définies au préalable, et servent donc à traquer des variants déjà connus</a>) ne permettent plus de distinguer ces nouvelles lignées.</p>
<p>Cela nous prive d’un signal précoce et donc précieux pour informer en temps réel les modèles de la dynamique courante de remplacement. Celle-ci ne peut alors être connue qu’au moyen du séquençage, avec un retard d’au moins une semaine après le prélèvement (lui-même arrivant plusieurs jours après le début de l’infection) et sur un échantillon qui, pour des raisons matérielles, est réduit – les <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/etudes-et-enquetes/enquetes-flash-evaluation-de-la-circulation-des-variants-du-sars-cov-2-en-france">enquêtes Flash</a> réalisées par le consortium EMERGEN portant sur 1000 à 2000 séquences interprétables.</p>
<p>Le problème est que, cette fois-ci, la France se retrouve la première à connaître la prédominance du nouveau (sous-)variant (BQ.1.1). On ne pourra donc plus compter sur les tendances observées Outre-Manche !</p>
<p>Alors que la diversité génétique du SARS-CoV-2 met une nouvelle fois à l’épreuve notre système de surveillance et de soins, la chaîne technico-scientifique, du prélèvement individuelle à l’analyse populationnelle, sur laquelle repose notre anticipation collective, a besoin d’un investissement immédiat à la hauteur de l’enjeu de santé publique.</p>
<iframe src="https://cov-spectrum.org/embed/VariantInternationalComparisonChart?json=%7B%22variantSelector%22%3A%7B%22location%22%3A%7B%7D%2C%22dateRange%22%3A%7B%22mode%22%3A%22Past6M%22%7D%2C%22variant%22%3A%7B%22nextcladePangoLineage%22%3A%22bq.1.1*%22%7D%2C%22samplingStrategy%22%3A%22AllSamples%22%7D%2C%22countries%22%3A%5B%22France%22%5D%2C%22logScale%22%3Afalse%7D&sharedWidgetJson=%7B%22originalPageUrl%22%3A%22https%3A%2F%2Fcov-spectrum.org%2Fexplore%2FFrance%2FAllSamples%2FPast6M%2Fvariants%3FnextcladePangoLineage%3Dbq.1.1*%26%22%7D" width="100%" height="500" frameborder="0"></iframe>
<p></p>
<p><strong>TC : Comment ces variants s’inscrivent dans l’évolution générale observée pour Omicron ?</strong></p>
<p><strong>SA :</strong> Jusque-là, on avait souvent une lignée dominante et des remplacements de variants assez prononcés : Alpha a remplacé toutes les lignées qui le précédaient, puis Delta a remplacé Alpha et ainsi de suite.</p>
<p>Là, comme on peut le visualiser sur le site <a href="https://nextstrain.org/ncov/gisaid/global/all-time?lang=fr">Nexstrain.org</a>, les sous-lignées issues de BA.2, BA.4 et BA.5 semblent co-circuler au niveau mondial.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/490735/original/file-20221019-16-zw3i77.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Fréquence des clades Nextstrain" src="https://images.theconversation.com/files/490735/original/file-20221019-16-zw3i77.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/490735/original/file-20221019-16-zw3i77.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=117&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/490735/original/file-20221019-16-zw3i77.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=117&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/490735/original/file-20221019-16-zw3i77.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=117&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/490735/original/file-20221019-16-zw3i77.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=147&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/490735/original/file-20221019-16-zw3i77.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=147&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/490735/original/file-20221019-16-zw3i77.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=147&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Fréquence des principaux clades selon le site Nextstrain.org à partir des données GISAID.</span>
<span class="attribution"><span class="source">NextStrain.org</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Concernant les raisons de cette diversification, impossible évidemment d’avoir des certitudes. L’étude de la diversité biologique est un champ à part entière mais on peut émettre deux hypothèses.</p>
<p>D’une part, la diversité des parasites est souvent corrélée à celle de leurs hôtes. Or, les populations humaines sont maintenant plus diversifiées que jamais au niveau de leur immunité, qu’elle soit d’origine vaccinale ou post-infectieuse.</p>
<p>D’autre part, la diversification du virus est aussi proportionnelle au nombre de nouvelles infections et actuellement, dans beaucoup de pays, le virus circule de manière incontrôlée.</p>
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<p><strong>TC : Pouvait-on s’attendre à une telle situation ?</strong></p>
<p><strong>MS :</strong> S’il est impossible à ce jour, et certainement pour encore de nombreuses années, de prévoir la trajectoire évolutive précise d’un coronavirus, la dynamique de diversification observée depuis le printemps n’est pas forcément étonnante.</p>
<p>Les deux premières années de la pandémie ont été marquées par de fortes pressions de sélections portées sur la transmission – Alpha et Delta n’ont pu émerger que parce que leur contagiosité particulièrement élevée leur permettait de compenser la distanciation sociale et les masques.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/de-delta-a-omicron-pourquoi-un-variant-chasse-lautre-173532">Omicron, qui est issu d’une vieille branche de l’arbre phylogénétique du SARS-CoV-2</a> et non de ces deux variants, s’est quant à lui propagé dans un contexte où l’immunité populationnelle (post-infectieuse et vaccinale) était devenue un frein supplémentaire à la propagation virale. Depuis le printemps 2022, cette immunité est d’ailleurs le seul frein restant.</p>
<p>Grâce à la combinaison de sa contagiosité élevée et de son fort échappement immunitaire, <a href="https://theconversation.com/comment-le-variant-omicron-ba-2-a-repousse-les-limites-initiales-du-Covid-19-177292">Omicron BA.1 a quasiment poussé à l’extinction les autres lignées</a> et bénéficié d’une circulation sans guère de contrainte outre de l’immunité humorale et cellulaire développée contre eux.</p>
<p>Or, comme chaque infection est source de mutations (aléatoires), les conditions étaient réunies pour mettre en place un « tapis-roulant » de diversification alimenté par l’échappement immunitaire.</p>
<p><strong>TC : Cette capacité de diversification est-elle donc sans fin ?</strong></p>
<p><strong>SA :</strong> Cette question invite à revenir sur les <a href="https://theconversation.com/pourquoi-il-y-a-peu-de-chances-pour-que-le-coronavirus-sars-cov-2-perde-sa-virulence-166835">débats de 2020 voire 2021 où d’aucuns annonçait un « essouflement » du virus</a> dont les possibilités mutationnelles iraient en diminuant.</p>
<p>En fait, l’<a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/Covid-19-levolution-virale-reste-largement-imprevisible">évolution virale est toujours difficile à anticiper</a> car chaque mutation peut complètement modifier le « paysage adaptatif » du virus, c’est-à-dire ses possibilités d’évolution. Aux contraintes génétiques se rajoutent celles de l’environnement et de la variabilité des populations infectées par le virus.</p>
<p>Un point intéressant dans la diversification actuelle des lignées virales est qu’il existe un certain nombre de cas d’évolution parallèle, c’est-à-dire de lignées qui fixent indépendamment la même mutation.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1582693674651381761"}"></div></p>
<p><strong>TC : Qu’est-ce que cela peut avoir comme conséquences éventuelles pour cet hiver ? Des prévisions sont-elles encore possibles ?</strong></p>
<p><strong>SA :</strong> C’est très difficile, car au-delà de la difficulté scientifique, les équipes de recherche en France n’ont quasiment plus de financements annuels de base (appelés « récurrents »), et de nombreux projets ont été refusés cette année. Bref, nous ne sommes plus en mesure d’explorer des scénarios prospectifs. Et contrairement à 2020 et 2021, il n’y a plus de conseil scientifique pour solliciter de telles analyses. Les inconnues sur le déroulement de l’hiver sont donc énormes.</p>
<p>Ce qu’on peut dire malgré tout, c’est que la vague actuelle (qui a débuté mi-septembre) est encore dominée par la <a href="https://theconversation.com/reprise-de-lepidemie-de-Covid-pourquoi-les-variants-omicron-ba-4-et-ba-5-gagnent-la-france-184615">lignée BA.5, qui avait déjà causé le troisième pic épidémique de 2022, en juillet</a>. Cette quatrième vague a probablement des origines multiples, mais on peut noter qu’elle a coïncidé avec la rentrée scolaire et une circulation observée d’abord chez les enfants.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1581168226142076930"}"></div></p>
<p>Quant à savoir pourquoi le même variant a pu générer une nouvelle vague si peu de temps après la précédente, il est probable que les facteurs sociaux ont été déterminants. L’été ayant probablement cassé la vague précédente et la rentrée favorisé la reprise de la circulation virale. La persistance d’une immunité post-infection issue de la vague estivale pour BA.5 explique probablement pourquoi le pic a été atteint si rapidement pour les enfants (avant fin septembre).</p>
<p>Pour les adultes, l’épidémie a, logiquement, démarré plus tardivement et par un débordement de l’épidémie chez les enfants. Malheureusement, le pic épidémique a cette fois tardé à se dessiner. Les données issues du séquençage sont encore parcellaires mais, comme le suggère les <a href="https://cov-spectrum.org/explore/France/AllSamples/Past6M/variants?nextcladePangoLineage=bq.1.1*&">visualisations du site covSPECTRUM</a>, il se pourrait que la montée des « nouveaux » variants mentionnés ci-dessus (tel BQ.1.1) en soit la cause.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/491291/original/file-20221024-4807-ehldwz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Proportion d’infections causées par BQ.1.1" src="https://images.theconversation.com/files/491291/original/file-20221024-4807-ehldwz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/491291/original/file-20221024-4807-ehldwz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=319&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/491291/original/file-20221024-4807-ehldwz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=319&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/491291/original/file-20221024-4807-ehldwz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=319&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/491291/original/file-20221024-4807-ehldwz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=401&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/491291/original/file-20221024-4807-ehldwz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=401&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/491291/original/file-20221024-4807-ehldwz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=401&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Proportion d’infections BA.5 causées par la lignée BQ.1.1 inférée par le site covSPECTRUM à l’aide des données GISAID.</span>
<span class="attribution"><span class="source">cov-spectrum.org/explore/France/AllSamples/Past6M/variants ?nextcladePangoLineage=bq.1.1*&</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si cela se confirme, on pourrait craindre qu’une cinquième vague de 2022 ne se superpose à la quatrième, même si les vacances scolaires devraient temporiser la situation. En l’absence de campagne de vaccination nationale, l’ampleur de cette vague serait directement corrélée à l’évasion immunitaire ou, plus exactement, à l’intensité de l’immunité croisée entre BA.5 et des nouveaux variants.</p>
<p><strong>MS :</strong> Des prévisions à court terme (c’est-à-dire à un horizon de deux semaines) sont toujours possibles en exploitant l’inertie de l’épidémie et l’historique des vagues passées. L’actuelle huitième vague est jusqu’à présent dans la moyenne des précédentes, en intensité et en durée.</p>
<p>Les projections à l’échelle du mois nécessitent en revanche de fixer certaines hypothèses, portant notamment sur la cinétique du déclin immunitaire post-infectieux et vaccinal, remaniée par les nouveaux sous-variants… Lesquelles ne peuvent être correctement informées pour le moment, tandis que l’inférence à partir des données hospitalières et de dépistages est toujours plus délicate, et, qu’hélas, les soutiens pour développer des approches plus automatisées et robustes manquent.</p>
<p><strong>TC : L’hiver est également la saison privilégiée pour d’autres épidémies… Y a-t-il des réflexions communes autour des épidémies de grippe et Covid ?</strong></p>
<p><strong>SA :</strong> Encore un sujet qui nous fait regretter le manque de soutien aux équipes de modélisation en épidémiogie en France ! Oui, la co-circulation de la grippe et du SARS-CoV-2 est préoccupante cette année car les premières données de l’hémisphère Sud suggèrent que, contrairement à 2021 et, surtout, à 2020, nous risquons d’avoir une circulation « normale » de la grippe.</p>
<p>On peut alors craindre deux types d’effets : certains directs, la co-infection par les deux virus pouvant être plus virulente, et d’autres indirects, avec les capacités hospitalières risquant de saturer plus rapidement.</p>
<p><strong>MS :</strong> La grippe a repris sa circulation dès l’an dernier, et la précédente saison a été particulièrement inhabituelle, avec un pic tardif en mars-avril, alors que nous relâchions progressivement l’attention et les mesures de protection relatives au SARS-CoV-2 (port du masque, lavage des mains, etc.) – lesquelles préviennent aussi la transmission du virus de la grippe.</p>
<p>Actuellement, les indicateurs de circulation de la grippe en métropole (La Réunion et la Martinique étant en phase épidémique) sont comparables aux valeurs antérieures à la pandémie de Covid-19.</p>
<p>Entre l’<a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-et-infections-respiratoires/bronchiolite/documents/bulletin-national/bulletin-epidemiologique-bronchiolite-semaine-40.-saison-2022-2023">actuelle épidémie de bronchiolite, qui touche l’ensemble du territoire continental</a>, et la future vague de grippe, la potentielle neuvième vague de Covid compliquera encore le travail de soignants éprouvés par bientôt trois ans de flux tendu.</p>
<p>Il apparaît urgent de renforcer les moyens de surveillance, d’anticipation et de contrôle simultané des viroses respiratoires. Les défis méthodologiques posés par cet enjeu de santé publique sont très spécifiques et nous n’avons malheureusement pas, actuellement, les moyens de les relever.</p>
<p>S’il est tout à fait légitime, et souhaitable – afin notamment de ne pas accentuer la « fatigue pandémique » – que l’attention quotidienne ne soit pas focalisée sur le Covid, il est revanche indispensable qu’en arrière-plan on puisse accompagner cette transition vers une circulation endémique contrôlée et non subie comme actuellement. Un horizon que la recherche peut contribuer à rapprocher.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/192897/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mircea T. Sofonea a reçu des financements de la Région Occitanie, de l'Université de Montpellier et de l'INSMI (CNRS).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Samuel Alizon est directeur de recherche au CNRS et a reçu des financements de la Région Occitanie et de l'ANR (projet PHYEPI) pour travailler sur le SARS-CoV-2. Ses recherches ont aussi été financées par le CNRS et l'INSERM (ATIP-Avenir), le Conseil de la Recherche Européen, la Fondation pour la Recherche Médicale, la Ligue contre le Cancer et l'Université de Montpellier.</span></em></p>
À l’approche de l’hiver, la situation pandémique en France est très incertaine. Entre huitième vague et essor du sous-variant atypique BQ.1.1, les prévisions pour les mois à venir se compliquent.
Mircea T. Sofonea, Maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses, laboratoire MIVEGEC, Université de Montpellier
Samuel Alizon, Directeur de Recherche au CNRS et directeur de l'équipe Écologie et Évolution de la Santé au Centre interdisciplinaire de recherche en biologie (CIRB) UMR 7241 – U1050 Inserm, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
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2022-10-10T19:00:46Z
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Quelle est la température idéale pour être heureux ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/488478/original/file-20221006-20-thv8d1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C19%2C1270%2C938&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Il est désormais bien établi que le temps ensoleillé influe positivement sur le bonheur…
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pxhere.com/fr/photo/756391">Pxhere</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Les fortes chaleurs de cet été n’ont pas apporté que du malheur. Nos mauvais souvenirs d’estivant s’estompent pour ne garder que les bons, ceux d’un temps radieux hors canicule. Nous craignons maintenant d’avoir froid à <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/energie/sobriete-energetique-comment-la-limite-pour-le-chauffage-a-ete-fixee-a-19c_5389855.html">19 °C, température maximum</a> recommandée par le gouvernement face aux risques de coupures cet hiver… Le thermomètre affecte en effet notre humeur et notre bien-être. Oui mais dans quelle mesure ? Pour le savoir, il nous faudrait aussi disposer d’un thermomètre des sentiments. Cela tombe bien : on en a un, et même plusieurs, qu’on peut alors relier à la température ambiante et à l’ensoleillement du moment.</p>
<p>Le premier thermomètre de ce genre a été imaginé par un fameux économiste irlandais, Francis Ysidro Edgeworth. Il l’a conçu sur le papier au début des années 1880 dans son maître ouvrage <em>Mathematical Psychics</em>. Son « hédonomètre », puisque c’est ainsi qu’il nomme sa <a href="https://socialsciences.mcmaster.ca/econ/ugcm/3ll3/edgeworth/mathpsychics.pdf">machine psychophysique</a>, enregistre la hauteur du plaisir de l’individu selon le « frémissement de ses passions ». Il est doté d’une sorte d’aiguille de sismographe qui oscille aux alentours de zéro lorsque la personne s’ennuie, jusqu’à tendre presque vers l’infini de trop rares fois. Edgeworth cherchait alors à armer la théorie économique d’un instrument de mesure de l’utilité, ou satisfaction, des individus.</p>
<p>Beaucoup plus tard et avec une ambition théorique moindre, des psychologues mais aussi des économistes se sont penchés sur les déterminants du bonheur avec une méthode très simple : demander aux individus d’exprimer leur satisfaction dans la vie, par exemple selon une échelle de 1 à 10. Cet hédonomètre du bien-être subjectif a été utilisé pour estimer l’influence de nombreuses variables comme le <a href="https://www.collectionreperes.com/economie_du_bonheur-9782348054648">revenu, le niveau d’étude, le nombre d’amis, la richesse du pays, etc</a>.</p>
<p>Il a aussi été employé il y a déjà presqu’un demi-siècle pour mesurer <a href="https://psycnet.apa.org/record/1984-12290-001">l’influence du beau temps</a>. 84 étudiants de l’Université de l’Illinois (États-Unis) ont été interrogés. Ceux appelés au téléphone pendant les premiers jours d’ensoleillement après une période de temps maussade se sont déclarés plus satisfaits de leur vie que leurs camarades questionnés au cours d’un jour de pluie succédant à une période de mauvais temps.</p>
<h2>Bénéfices physiologiques et sociaux</h2>
<p>Rien d’étonnant à ce résultat, mais il est un peu ennuyeux car il biaise par une variable transitoire l’évaluation de la satisfaction de la vie qui se veut une appréciation globale et sur la durée du bonheur des individus.</p>
<p>Par ailleurs, deux causes possibles peuvent être invoquées sans que l’on puisse les démêler. La première est physiologique. La luminosité agit sur le taux de sérotonine, un neurotransmetteur souvent appelé l’hormone du bonheur. Ou plutôt agirait car les preuves manquent encore. Doser la sérotonine passe par un prélèvement du liquide céphalorachidien, un geste médical à éviter sans bonne raison.</p>
<p>L’autre explication à l’effet bénéfique du soleil est d’ordre social. Le beau temps facilite des activités extérieures plaisantes, shopping ou plage par exemple. Les deux causes jouent sans doute en général et même simultanément quand on se retrouve par beau temps entre amis assis à la terrasse d’un café ou en famille lors d’un pique-nique à la campagne.</p>
<p>En tout état de cause, il est désormais bien établi que le temps ensoleillé influe positivement sur le bonheur, et ce pour nombreux pays occidentaux comme les <a href="https://psycnet.apa.org/record/2017-15583-010">États-Unis, le Canada</a>, <a href="https://www.semanticscholar.org/paper/On-the-Sunny-Side-of-Life%3A-Sunshine-Effects-on-Life-K%C3%A4mpfer-Mutz/88df958d3dd712f4696dd4b7b846bcf011a7826a">l’Allemagne</a>, et <a href="https://psycnet.apa.org/record/2016-03305-007">l’Australie</a>. Mais cette influence reste modeste par rapport à d’autres variables testées comme vivre en couple, disposer d’un emploi ou ne pas souffrir de handicap. En réalité, nous avons même sans doute tendance à surestimer l’influence du soleil. Daniel Kahneman, le seul psychologue lauréat du prix Nobel d’économie à ce jour, a par exemple montré que les étudiants de l’Université du Michigan, où le temps est souvent pluvieux, avaient tendance à davantage à <a href="https://web.mit.edu/curhan/www/docs/Articles/biases/9_Psychological_Science_340_(Schkade).pdf">accorder plus l’importance au climat pour expliquer leur bien-être</a> que ceux de l’Université de Californie, et inversement.</p>
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<p>Aiguillonnés par la nécessité d’anticiper les effets du réchauffement climatique, les travaux portent moins depuis une vingtaine d’années sur le beau temps à travers ensoleillement que sur la température. Citons en particulier un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921800904002940">travail économétrique</a> réalisé à partir d’observations sur 67 pays. Il montre sans surprise une préférence commune pour des températures plus élevées pour le mois le plus froid de l’année et des températures plus basses pour le mois le plus chaud. Ces observations sont tirées de la <a href="https://worlddatabaseofhappiness.eur.nl">World Base of Happiness</a>. Pas plus que <a href="https://www.collectionreperes.com/economie_du_bonheur-9782348054648">l’économie du bonheur</a> soit devenue une sous-discipline académique <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/l-economie-du-bonheur-claudia-senik/9782021186239">reconnue</a>, vous ne vous doutiez sans doute pas qu’une base de données mondiale du bonheur puisse exister.</p>
<h2>Préférences climatiques</h2>
<p>L’hédonomètre du bien-être subjectif mesurant des préférences exprimées est moyennement apprécié des théoriciens car il est sujet aux biais et erreurs traditionnels des enquêtes : influence de la formulation des questions et de leur ordre, impressions de l’interrogateur sur le déclarant, déclaration dépendante du moment choisi, trop petit nombre d’enquêtés, etc.</p>
<p>D’où la conception et le recours à des méthodes qui révèlent les préférences des individus sans les leur demander. La <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02282301/document">méthode des prix hédoniques</a> est la plus classique. Elle est utilisée pour déduire à partir de données observables indirectes les préférences des individus pour des biens hors marché, donc sans prix apparent. Par exemple ici, les préférences de température à partir des salaires et des dépenses liées au logement. L’intuition étant que les ménages acceptent de payer des prix plus élevés et de recevoir des salaires plus faibles pour vivre dans les localités qui correspondent à leurs préférences climatiques, toutes choses égales par ailleurs.</p>
<p>Un quatuor d’économistes a ainsi mis en évidence que le consentement à payer est plus élevé pour éviter un degré de chaleur excessive que celui <a href="https://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/684573">pour éviter un degré de froid excessif</a>. Un trio, jouant de cette même méthode, s’est intéressé aux préférences de température selon les saisons. Sans surprise, elles penchent vers des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0095069617305843">hivers doux et des étés de chaleur modérée</a>. Sans surprise encore, il apparaît que ce trait est d’autant plus marqué que les personnes sont âgées. La malchance est qu’en général les régions d’hiver doux connaissent des étés chauds…</p>
<p>La boîte à outils des préférences révélées s’est enrichie récemment d’un nouvel hédonomètre grâce à l’ingéniosité d’un jeune économiste américain, Patrick Baylis. Il est parvenu à tracer la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0047272720300256">courbe de notre félicité en fonction de la température</a> grâce à une machine de son invention.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=739&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=739&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=739&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=929&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=929&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488298/original/file-20221005-18-4mouj2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=929&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0047272720300256">Tableau tiré des travaux de Baylis (2020), page 50</a></span>
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</figure>
<p>Son principe est simple mais d’application laborieuse. Il nécessite de collecter un million de tweets géolocalisés, à en repérer pour chacun et chaque auteur dans la durée les mots exprimant un sentiment de bien-être et de mal-être et à les traduire dans un score synthétique. La phase la plus délicate consiste bien sûr à choisir parmi les termes employés, les mots de connotation positive et négative, et à leur donner une valeur pour calculer le score.</p>
<p>Afin d’obtenir des résultats plus solides, plusieurs méthodes ont été utilisées dont l’une observant et analysant même les émoticônes en plus des mots. Il suffit ensuite de rapporter cette prise de température des sentiments à la température du jour des messages écrits.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488300/original/file-20221005-22-95y0o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0047272720300256">Tableau tiré des travaux de Baylis (2020), page 35</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La courbe obtenue par Patrick Baylis ressemble à un U renversé. En haut, un plateau entre 14 °C et 28 °C, une montée régulière pour y parvenir en partant de 0 °C et une descente à partir de 28 °C jusque vers 42 °C. On note donc bien encore une augmentation de bien-être lorsque la température est un peu moins fraîche, une sorte de bonheur de la chaleur.</p>
<p>Bien sûr, il ne faudrait pas croire cette courbe universelle. Elle a été établie à partir de données collectées aux États-Unis. Cet immense pays présente l’avantage d’une grande diversité de conditions climatiques. Du froid de l’Alaska aux hautes températures de l’Arizona en passant par la chaleur humide de la Nouvelle-Orléans et le régime tempéré du Wisconsin. Mais les particularités économiques, culturelles et sociales de cette région de l’Amérique du Nord rendent plus que délicate l’extrapolation des tendances observées au reste du monde.</p>
<p>88 % des logements étatsuniens par exemple sont <a href="https://www.eia.gov/todayinenergy/detail.php?id=52558">équipés d’un climatiseur</a>. Conscient de cette difficulté Patrick Baylis a eu la bonne idée d’appliquer son hédonomètre à six autres pays de langue anglaise. Le U renversé, c’est-à-dire la préférence pour des températures modérées contre des températures froides ou chaudes, se retrouve en Australie et en Inde.</p>
<p>En revanche, en Afrique du Sud et aux Philippines, il manque une jambe au U : les basses températures ne sont pas moins préférées que les températures modérées. Pour le Kenya et l’Ouganda, les deux jambes ont carrément disparu : pas de différence discernable dans les sentiments exprimés en réponse aux différentes températures. Il faut donc rester circonspect. D’autant qu’à part l’Australie, les utilisateurs de Twitter dans ces pays représentent une portion faible et particulière, car plus aisée et éduquée, de la population.</p>
<h2>Oubliez Celsius et Fahrenheit !</h2>
<p>Il convient également de garder en tête que la température ne détermine pas à elle seule nos sentiments à l’égard du temps qu’il fait dehors. L’humidité joue aussi un rôle en particulier lorsque la température est élevée. Elle bloque l’évacuation de la chaleur corporelle par la sudation, ce qui augmente le risque de coup de chaleur.</p>
<p>Le temps gris, même si la température est clémente et qu’il ne pleut pas, exerce également une influence sur notre humeur. Mettre en évidence le rôle de la température toutes choses égales par ailleurs exige donc de prendre en compte, soit techniquement en économétrie de contrôler ces autres variables décrivant les conditions climatiques.</p>
<p>Notre jeune économiste a pris en compte la pluie dans ses calculs et sa courbe, c’est-à-dire que l’effet de la température est estimé qu’il pleuve ou non par ailleurs. Ce n’est pas complètement le cas pour l’ensoleillement qui n’est pas pris en compte en tant que tel et que la pluie ne résume pas. Le temps peut être gris sans qu’il pleuve. Et il pleut rarement quand le soleil brille, fort heureusement d’ailleurs car ce jour-là le diable bat sa femme et marie sa fille selon le dicton hérité d’une fameuse dispute entre Jupiter et Junon.</p>
<p>Pour mieux établir encore les liens entre la température et le bonheur, il faudrait abandonner les échelles mises au point par Anders Celsius et Gabriel Fahrenheit au début du XVIII<sup>e</sup> siècle, délaisser le thermomètre au mercure d’hier et au gallium d’aujourd’hui pour adopter le thermomètre-globe mouillé.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C1191%2C765&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Technicien militaire vérifiant un thermomètre-globe mouillé, qui permet d’anticiper les situations de stress thermique, sur la base navale de Corry, en Floride" src="https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C1191%2C765&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/488301/original/file-20221005-18-v4lie0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Technicien militaire vérifiant un thermomètre-globe mouillé, qui permet d’anticiper les situations de stress thermique, sur la base navale de Corry, en Floride.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:US_Navy_100524-N-5328N-671_Cryptologic_Technician_(Technical)_Seaman_Antron_Johnson-Gray_checks_the_wet_bulb_globe_temperature_meter.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ce drôle d’instrument calcule selon l’humidité du moment la température humide (c’est-à-dire celle qui empêche l’évaporation de la sueur), détermine la température radiante grâce à une petite boule noire exposée à la lumière du jour, et enfin plus banalement mesure la température de l’air ambiant. Ne lui manque qu’un anémomètre pour observer la vitesse du vent ! Il combine les trois observations pour obtenir une valeur en degré WBGT (pour Web Bulb Globe Temperature). L’appareil est notamment utilisé sur certaines bases militaires et chantiers de construction pour évaluer le niveau de risque de stress thermique et recommander de ralentir le niveau d’activité, voire la cesser.</p>
<p>Vous pouvez vous aussi vous équiper de ce drôle d’appareil. Il existe des versions pas trop encombrantes et pas très chères. Vous pourrez alors construire votre base de données personnelles afin d’évaluer scientifiquement votre propre bien-être en fonction de cette température plurielle.</p>
<hr>
<p><em>François Lévêque a publié chez Odile Jacob <a href="https://theconversation.com/bonnes-feuilles-lere-des-entreprises-hyperpuissantes-touche-t-elle-a-sa-fin-157831">« Les entreprises hyperpuissantes. Géants et Titans, la fin du modèle global ? »</a>. Son ouvrage a reçu le <a href="https://www.melchior.fr/note-de-lecture/les-entreprises-hyperpuissantes-prix-lyceen-lire-l-economie-2021">prix lycéen du livre d’économie</a> en 2021</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/191974/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
De nombreux économistes ont étudié le lien entre niveau du thermomètre et satisfaction. Sans surprise, leurs études concluent sur une préférence pour des hivers cléments et des étés pas trop chauds.
François Lévêque, Professeur d’économie, Mines Paris - PSL
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tag:theconversation.com,2011:article/182719
2022-05-19T19:29:43Z
2022-05-19T19:29:43Z
Podcast « Objets cultes » : La doudoune
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522961/original/file-20230426-26-apkuk4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C14%2C1899%2C1120&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une carapace des temps modernes?</span> <span class="attribution"><span class="source">Pixabay</span></span></figcaption></figure><iframe src="https://embed.acast.com/63ff129deef4080011120a9d/63ff613fb6e2f5001143bf30" frameborder="0" width="100%" height="190px"></iframe>
<p><iframe id="tc-infographic-818" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/818/2cb911d7f5dde27b26b0d660b5a8acba1b0830e6/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<hr>
<p>Objets inanimés, avez-vous donc une âme? demandait le poète.
S'ils ont une âme, il s'agit bien de la nôtre. C'est ce que démontrait
le sémiologue Roland Barthes dans ses <em>Mythologies</em>, publiées en 1957. L'intellectuel y étudiait en effet les objets et les rites populaires qui révélaient l'esprit d'une époque et les affects collectifs du pays, inventant ainsi une nouvelle manière de faire de la sociologie, accessible, impertinente et ludique. La DS, le steak-frites, les jouets en plastique…rien n'échappait à sa sagacité.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=899&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/460246/original/file-20220428-15-gtbh03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Nos modes, nos mythes, nos rites, éditions EMS (2013)</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Aujourd'hui, ces objets ne sont plus les mêmes et la globalisation à grandement changé la donne. Mais l'exercice lui, n'a pas pris une ride et c'est Pascal Lardellier, professeur de sociologie à l'université de Bourgogne, auteur entre autres de <em><a href="https://www.editions-ems.fr/livres-2/collections/societing/ouvrage/236-nos-modes-nos-mythes-nos-rites.html">Nos modes, nos mythes, nos rites</a></em> qui se penche sur nos objets cultes. </p>
<p>Courte, longue sans manches colorée ou sobre plus ou moins rembourrée branchée classique chauffante ou ultra légère, la doudoune est partout. </p>
<p>Ce vêtement qui a été inventé dans les années 30 pour créer une barrière anti-froid facile à porter, et qui à l’origine ne concernait que les alpinistes et les skieurs, est devenu un incontournable dans nos gardes robes. </p>
<p>Même sous climat tempéré, les marques grand public comme les enseignes de luxe ne cessent de réinventer ce vêtement. </p>
<p>Cette armure molletonnée des temps modernes raconte une société de protection, de confort mais aussi de fluidité des genres.</p>
<p><strong>Extraits</strong><br>
● « Scaffold of Repeated Addition », One Man Book, 2022.<br></p>
<hr>
<p><em>Crédits: Conception et animation, Sonia Zannad. Réalisation, Romain Pollet. Chargé de production, Rayane Meguenni</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/182719/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
À la base réservée aux alpinistes dans les années 1930, la doudoune s'est largement diffusée au grand public.
Pascal Lardellier, Professeur à l'Université de Bourgogne Franche-Comté, Chercheur au laboratoire CIMEOS, Université de Bourgogne – UBFC
Sonia Zannad, Cheffe de rubrique Culture, The Conversation France
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/179166
2022-03-22T19:00:45Z
2022-03-22T19:00:45Z
L’accumulation des sels de déglaçage dans les lacs menace ceux qui y vivent
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/452519/original/file-20220316-7982-y68pp3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=86%2C10%2C3521%2C2390&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les sels de déglaçage appliqués pour la sécurité des routes ne disparaissent pas au printemps ; ils ruissellent et s'accumulent dans les cours d'eau.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Comme bien des pays qui ont des hivers froids, le Canada épand des millions de tonnes de sels de déglaçage sur les routes chaque année. Bien qu’on ne les voit plus sous nos pieds au printemps, les sels de voirie ne disparaissent pas par magie : ils se dissolvent, ruissellent et s’accumulent (en partie) dans les plans d’eau.</p>
<p>La pollution saline peut toutefois devenir rapidement toxique pour certains organismes d’eau douce.</p>
<p>Certaines espèces d’animaux microscopiques, comme le zooplancton crustacé (incluant les fameuses <a href="https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/puce-deau">« puces d’eau »</a>), peuvent être sensibles à l’augmentation de la salinité dans leur milieu. La perte de ces petits brouteurs aquatiques pourrait entraîner d’importantes conséquences environnementales, comme la prolifération d’algues (normalement broutées par le zooplancton) ou la réduction d’apport alimentaire pour les jeunes poissons.</p>
<p>En tant qu’écologiste aquatique, j’étudie comment les écosystèmes et les organismes d’eau douce répondent aux changements mondiaux. Avec des collègues d’une vingtaine d’universités dans le monde, comprenant une équipe du groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL) à l’UQAM et à l’Université McGill, j’ai participé à une série d’études internationales afin de mieux comprendre la réponse du plancton d’eau douce à la salinisation.</p>
<h2>Un enjeu environnemental à l’échelle mondiale</h2>
<p>Souvent mesurée sous forme de chlorure (ion communément retrouvé dans les sels), la salinité de plusieurs lacs, rivières, étangs et milieux humides augmente progressivement en raison des activités humaines. Les causes sont multiples. Le ruissellement des sels de déglaçage (comme le chlorure de sodium) épandus en hiver peut jouer un rôle majeur dans les régions plus froides, mais d’autres pratiques comme l’application d’engrais agricoles, l’extraction minière, l’élévation du niveau de la mer ou le déboisement des terres contribuent aussi à la salinisation des eaux douces.</p>
<p>Le hic, c’est qu’une fois que les sels infiltrent nos réserves d’eau douce, il est difficile, voire parfois impossible, de les extraire. La contamination par le chlorure peut persister pendant des décennies. L’accumulation des sels de déglaçage, par exemple, peut entre autres poser problème pour la gestion d’eau potable et la libération de substances nocives dans les plans d’eau. De fait, la salinisation des eaux douces représente aujourd’hui un enjeu environnemental au niveau mondial.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/452525/original/file-20220316-8334-1a3ov4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="lac au printemps qui commence à dégeler" src="https://images.theconversation.com/files/452525/original/file-20220316-8334-1a3ov4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/452525/original/file-20220316-8334-1a3ov4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/452525/original/file-20220316-8334-1a3ov4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/452525/original/file-20220316-8334-1a3ov4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/452525/original/file-20220316-8334-1a3ov4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/452525/original/file-20220316-8334-1a3ov4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/452525/original/file-20220316-8334-1a3ov4p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les effets négatifs de la salinisation des eaux douces sur la vie aquatique ont été observés à plusieurs endroits dans le monde.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Perte de zooplancton et conséquences associées</h2>
<p>Pour évaluer le seuil de fragilité du plancton des lacs à grandes échelles, notre équipe de recherche internationale s’est coordonnée afin d’effectuer la même étude en enclos expérimentaux dans 16 lacs en Amérique du Nord et en Europe. Nos travaux de recherche indiquent que l’augmentation de la salinité peut causer une perte de <a href="https://aslopubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/lol2.10239">biodiversité</a> et une grande <a href="https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2115033119">mortalité</a> chez le zooplancton, et ce, à des niveaux de chlorure similaires à ceux mesurés dans les lacs pollués par les sels de déglaçage.</p>
<p>De même, dans près de la moitié des sites expérimentaux de l’étude, la perte massive de zooplancton-brouteur a permis aux algues de proliférer. Dans les lacs, la prolifération algale peut réduire la clarté de l’eau (ce qui peut, entre autres, nuire aux organismes vivant plus en profondeur) et compromettre certains « services » rendus par ces écosystèmes, comme la qualité de l’eau potable, les pêcheries ou les activités récréatives. Autrement dit, la sensibilité du zooplancton à la pollution saline peut créer un effet domino sur d’autres maillons de la chaîne alimentaire aquatique, pouvant ainsi déstabiliser l’équilibre écologique des lacs et nuire à leur santé.</p>
<p>Ces résultats de recherche viennent renforcer les conclusions issues d’autres études, mais à plus grandes échelles. La plupart des études sur le sujet se concentrent sur un seul plan d’eau ou sur des espèces-modèles en laboratoire. En unissant nos forces à celles de chercheurs ailleurs dans le monde, cet effort collectif a permis de montrer qu’une multitude d’espèces de zooplancton couramment retrouvées dans les lacs sont sensibles à la salinisation, et ce, même si les conditions environnementales diffèrent.</p>
<p>Comme dans bien des sphères en science, il y a toujours certaines limites à ce qu’on peut conclure à partir d’une étude. Cela dit, quand on obtient les mêmes résultats à plusieurs reprises et à plusieurs endroits, on peut commencer à penser à la prochaine étape : l’application des résultats de recherche et les enjeux sociopolitiques.</p>
<h2>Appels aux autorités publiques</h2>
<p>Un important constat issu des travaux : les concentrations de chlorure pouvant causer la mortalité de 50 % du zooplancton sont souvent inférieures aux concentrations seuils établies par les directives gouvernementales. Autrement dit, que ce soit au Canada, aux États-Unis ou à plusieurs endroits dans l’Union européenne, les réglementations actuellement en vigueur en matière de qualité de l’eau ne sont pas suffisamment sévères pour protéger les lacs de la pollution par le sel.</p>
<p>À l’état naturel, les écosystèmes d’eau douce contiennent très peu de chlorure ; disons, généralement moins de 20 mg Cl<sup>-</sup>/L. La concentration seuil considérée sécuritaire pour la vie aquatique au <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwiugcPAycj2AhUDjYkEHQ4qA3gQFnoECA8QAQ&url=http%3A%2F%2Fccme.ca%2Ffr%2Fres%2F2011-chloride-ceqg-scd-1460-en.pdf&usg=AOvVaw3iv4hL2hvrEvOkxbEP6yhe">Canada</a> est de 120 mg Cl<sup>-</sup>/L, alors qu’aux <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwj9nILAysj2AhWqlIkEHSCDAYMQFnoECAkQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.epa.gov%2Fsites%2Fdefault%2Ffiles%2F2018-08%2Fdocuments%2Fchloride-aquatic-life-criteria-1988.pdf&usg=AOvVaw1pwKI-wErbkPo22-8Bz2qG">États-Unis</a>, on parle de 230 mg Cl<sup>-</sup>/L (soit environ une ou deux cuillère(s) à thé de sel de table dans une chaudière d’eau douce).</p>
<p>Bien que des effets néfastes (notamment sur le zooplancton) peuvent survenir en dessous de ces concentrations de chlorure, on pourrait tout de même croire que les directives plus conservatrices au Canada sont plus sécuritaires. Mais encore faudrait-il que ces seuils maximaux soient maintenus. Ce n’est pas toujours le cas, comme le rappelle le Fonds Mondial pour la Nature du Canada (<a href="https://wwf.ca/media-releases/wwf-canada-chloride-maps-show-devastating-effects-of-road-salt-yes-even-in-summer/">WWF-Canada</a>). Dans les faits, les niveaux de chlorure des lacs pollués par les sels de déglaçage peuvent atteindre plusieurs centaines, voire parfois des milliers, de mg/L.</p>
<p>Chaque hiver, on déverse plus de cinq millions de <a href="https://www.canada.ca/en/environment-climate-change/services/pollutants/road-salts.html">tonnes de sels</a> sur le réseau routier, la chaussée et les stationnements canadiens ; les métropoles dans l’est du pays, comme Montréal et Toronto, peuvent à elles seules épandre près de 150 000 tonnes. Les chercheurs appellent à réduire l’application des sels de voirie et considérer des options alternatives. Une <a href="https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/fee.2433">étude</a> récente a d’ailleurs suggéré quelques pratiques pour améliorer la gestion, comme le recours à des liquides à base de saumures pour amoindrir la quantité de sels appliqués. Chose certaine, il semble devenir impératif de développer le dialogue avec les décideurs et responsables politiques afin d’assurer la sécurité routière tout en protégeant la santé environnementale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/179166/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marie-Pier Hébert a reçu des financements du CRSNG, FRQNT et du GRIL pour effectuer les travaux de recherche décrits dans l'article. Aucun conflit d'intérêt à déclarer.
</span></em></p>
Des travaux de recherche récents ont démontré que l’augmentation des concentrations de sels (sous forme de chlorure) peut entraîner la mortalité de petits crustacés vivant dans les lacs.
Marie-Pier Hébert, PhD, Stagiaire post-doctorale à l'Université du Vermont et à l'UQAC; Recherche en écologie aquatique, University of Vermont
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tag:theconversation.com,2011:article/177261
2022-02-16T22:53:05Z
2022-02-16T22:53:05Z
Bonnes feuilles : « De Chamonix à Beijing. Un siècle d’olympisme en hiver »
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/446804/original/file-20220216-16-4mbful.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C10%2C6988%2C5050&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le tremplin olympique du Mont lors du concours de saut à ski de 1924.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeux_olympiques_d%27hiver_de_1924#/media/Fichier:JO_hiver_1924_03.jpg">Agence de presse Meurisse/Wikipedia</a></span></figcaption></figure><p>Le 23 juin 1894, lors du congrès de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA), Pierre de Coubertin, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, proclame le rétablissement des Jeux olympiques de l’ère moderne. À cette occasion, devant la popularité des sports de glace, le congrès adopte le patinage comme épreuve olympique. Concernant le ski, il faut attendre les Jeux de Chamonix en 1924.</p>
<p>Deux ans plus tard, les premiers Jeux olympiques se déroulent à Athènes du 6 au 15 avril 1896. Deux cent quatre-vingts athlètes prennent part aux épreuves.</p>
<p>À la suite des décisions du congrès deux ans auparavant, le patinage doit figurer parmi les disciplines au programme des Jeux. Mais il n’en est rien, faute de pouvoir disposer d’une patinoire artificielle ou de bassins glacés. D’autres initiatives sont tentées pour inclure les sports de glace dans les Jeux mais toujours avec beaucoup de difficultés.</p>
<p>En 1908, aux IVes Jeux olympiques de Londres, organisés du 27 avril au 21 octobre, le patinage fait son entrée comme discipline olympique. Trois types d’épreuves sont organisés : hommes, femmes et couple. Aucun Français ne participe à ces épreuves où l’on constate la suprématie des Suédois, et plus spécialement du fameux <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ulrich_Salchow">Ulrich Salchow</a>, des Allemands et des Anglais pour les épreuves individuelles femmes et en couple.</p>
<p>Dans ses <a href="https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Coubertin_-_M%C3%A9moires_olympiques,_1931.djvu"><em>Mémoires olympiques</em></a>, le Baron Pierre de Coubertin revient sur ces Jeux de Londres qui lui apparaissent peu satisfaisants par leur découpage. Ils se déroulent en deux parties : jeux d’été et jeux d’automne. Le patinage figure dans ces derniers. Selon lui, « ce n’était pas une heureuse solution, mais les préjugés régnant sur l’Angleterre concernant les saisons sportives l’avaient rendue nécessaire ».</p>
<p>Aux Jeux suivants, qui ont lieu du 5 au 22 juillet 1912 à Stockholm, en Suède, le patinage artistique est annulé. Les Scandinaves ne veulent à aucun prix organiser des Jeux d’hiver. Les Norvégiens et les Suédois craignent fortement la concurrence de ces jeux avec ceux qu’ils organisent depuis 1900, appelés Jeux du Nord. Certains suggèrent même de les appeler Jeux d’hiver en leur donnant un numéro comme les Jeux olympiques.</p>
<p>Pierre de Coubertin, dans ses <em>Mémoires olympiques</em>, souligne les difficultés rencontrées par ces Jeux d’hiver. Londres, qui possède un « palais de glace », a pu organiser en 1908 des épreuves satisfaisantes. Mais en 1912, la ville de Stockholm a saisi avec empressement l’argument qu’elle ne possède aucune infrastructure pour organiser des épreuves de patinage. Ainsi, les Scandinaves ont échappé à la fin des Jeux du Nord. Néanmoins, il apparaît incontournable, pour Pierre de Coubertin, d’inclure les sports d’hiver dans le programme olympique car ils rassemblent un grand nombre de nations.</p>
<p>Mais comment inclure les sports d’été avec ceux d’hiver ? Il n’est pas concevable d’exiger « des pays organisateurs des Jeux olympiques qu’ils érigent une chaîne de montagnes, achetée d’occasion, ou faite sur mesure ». Pierre de Coubertin pense qu’il faut constituer une sorte de cycle d’automne relié aux Jeux d’été. « C’était évidemment l’unique solution, pleine d’inconvénients quand même ».</p>
<p>Lors des Jeux olympiques de 1920, organisés du 23 avril au 12 septembre à Anvers, en Belgique, le patinage, avec ses trois types d’épreuves, réapparaît, accompagné désormais du hockey sur glace. Quant à la délégation française, elle compte dans ses rangs un couple de patineurs : Simone et Charles Sabouret qui se classent septièmes de l’épreuve en couple, remportée par les Finlandais Ludowika et Walter Jacobsson.</p>
<p>Les Scandinaves sont de plus en plus agacés par ce type d’épreuves et s’opposent à toute tentative d’intégrer les sports d’hiver dans les Jeux d’été.</p>
<p>Pierre de Coubertin a un souci majeur, celui d’établir l’égalité entre chaque sport. Désormais, les sports d’hiver sont aussi importants que les sports d’été. Mais les Norvégiens, les Finlandais et les Suédois ne souhaitent en aucun cas qu’une autre nation gère ces épreuves. Les Scandinaves veulent conserver leur monopole dans le cirque blanc par le biais de leurs Jeux du Nord. Par ailleurs, ils pensent que personne ne peut être aussi compétent qu’eux pour organiser ces Jeux.</p>
<p>Lors du septième congrès de Lausanne, organisé en juin 1921, Pierre de Coubertin, en fin diplomate, met en place une rencontre entre spécialistes des Jeux d’hiver.</p>
<p>Finalement, au terme du congrès, on décide de ne pas créer des Jeux d’hiver, pour ne pas froisser les Scandinaves, mais d’organiser tout simplement une « semaine de sports d’hiver ». Pierre de Coubertin l’écrit clairement dans ses <em>Mémoires olympiques</em> : « Finalement il fut entendu que la France si elle était désignée (elle ne l’était pas encore, mais ne pouvait pas ne pas l’être) aurait le droit d’organiser en 1924 à Chamonix, une semaine de sports d’hiver, à laquelle le Comité international olympique donnerait son patronage mais qui ne ferait pas partie des Jeux.</p>
<p>Cette décision ravit de nombreux pays entourés de montagnes tels que l’Allemagne ou l’Autriche qui manifestent un grand enthousiasme pour les sports d’hiver.</p>
<p>Pierre de Coubertin écrit alors que « les Jeux d’hiver n’en étaient pas moins fondés malgré les Scandinaves qui finissent par renoncer à leur intransigeance et comprendre qu’en face de la Suisse et du Canada notamment, ils ne pouvaient plus se réclamer du monopole de fait qu’ils avaient longtemps exercé ».</p>
<p>Sous la présidence du baron Pierre de Coubertin se tient la 24<sup>e</sup> session du CIO à l’hôtel de ville de Prague, du 26 au 28 mai 1925. Le principal objectif de cette session consiste à préparer les dossiers qui seront débattus au congrès qui débute le 29 mai. Durant la séance du mercredi matin 27 mai, le CIO aborde la question des sports d’hiver et, notamment, « il a été proposé de les grouper en un cycle spécial. M. de Polignac appuie chaleureusement un tel projet ». Durant la séance de l’après-midi, le marquis Melchior de Polignac, membre français du CIO, présente la charte des Jeux d’hiver suggérée par la commission exécutive.</p>
<p>Le texte, après quelques modifications, est adopté : « Le Comité international olympique institue un cycle distinct de Jeux olympiques d’hiver. Ces Jeux auront lieu la même année que les Jeux olympiques. Ils prendront le nom de premiers, deuxièmes, troisièmes Jeux olympiques d’hiver et seront soumis à toutes les règles du protocole olympique. Les prix, médailles, diplômes et documents divers devront être différents de ceux employés pour les Jeux de l’olympiade en cours (le terme olympiade ne sera pas employé). Le Comité international olympique désignera la localité où seront célébrés les Jeux olympiques d’hiver, en réservant la priorité au pays détenteur des Jeux de l’olympiade à la condition que ce dernier puisse fournir les garanties suffisantes de sa capacité d’organiser les Jeux d’hiver dans leur ensemble ».</p>
<p>À l’issue de la session, le jeudi 28 mai, le comte Henry de Baillet-Latour est élu président du CIO pour une durée de huit années (1925 à 1933).</p>
<p>Le lendemain de cette élection s’ouvre le huitième congrès, qui se déroule toujours à Prague du 29 mai au 4 juin 1925. C’est en réalité un double congrès : pédagogique et technique.</p>
<p>La commission VI du congrès technique doit traiter du point 12 de l’ordre du jour : « Questions spéciales concernant les Jeux d’hiver. Projet d’un cycle distinct. » Cette commission est présidée par le comte Clary et se compose de : baron de Blonay, Dr Diem, Dr Frey (avec voix consultative), Schlesinger, Hearne, Mulqueen, Stenberg, Bonacossa, Falchenberg, Hirschy, Rössler-Orovsky et Lucassen.</p>
<p>Le dimanche 31 mai à la Maison municipale de Prague, la commission VI présente son rapport au congrès. Deux points majeurs sont retenus par la commission à l’unanimité moins une voix : l’institution d’un cycle de Jeux olympiques d’hiver et le vœu de nommer Premiers Jeux olympiques d’hiver, les Jeux d’hiver célébrés à Chamonix en 1924. À l’issue des débats, le congrès approuve la décision d’instituer un cycle de Jeux olympiques d’hiver. Quant à la question d’accorder le titre de Premiers Jeux olympiques d’hiver à Chamonix, cette décision est mise au vote : </p>
<blockquote>
<p>« Le Président demande à l’assemblée de voter sur l’opportunité d’un vœu à exprimer au CIO afin de faire donner le titre de “Premiers Jeux olympiques d’hiver” aux Jeux Chamonix 1924. Le congrès se prononce en faveur de ce vœu par 45 voix contre 15. MM. De Rosen, Falchenberg, Hulbert, Thompson, Lewald et Sander demandent qu’il soit pris acte qu’ils votent contre. »</p>
</blockquote>
<p>À Lisbonne, à l’occasion de la 25<sup>e</sup> session, les membres du CIO ont voté, le jeudi 6 mai 1926, trois décisions importantes :</p>
<blockquote>
<p>« Saint-Moritz est désigné pour la célébration des Jeux d’hiver de 1928 [par 22 voix et une abstention] ;</p>
<p>L’attribution du titre de 1<sup>er</sup>s Jeux olympiques d’hiver aux Jeux de Chamonix 1924 est décidée ;</p>
<p>La durée des Jeux d’hiver est limitée à huit jours, dont deux dimanches. »</p>
</blockquote>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/446802/original/file-20220216-22-186g90m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/446802/original/file-20220216-22-186g90m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=813&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/446802/original/file-20220216-22-186g90m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=813&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/446802/original/file-20220216-22-186g90m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=813&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/446802/original/file-20220216-22-186g90m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1021&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/446802/original/file-20220216-22-186g90m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1021&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/446802/original/file-20220216-22-186g90m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1021&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Couverture du livre <em>De Chamonix à Beijing. Un siècle d’olympisme en hiver</em>.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Cette décision constitue une victoire pour Pierre de Coubertin qui quittera officiellement la présidence du CIO le 1<sup>er</sup> septembre 1925. Il annonce que « les Jeux d’hiver avaient victoire complète. Nos collègues scandinaves convaincus et convertis s’étaient ralliés sans restriction. J’en étais heureux, ayant toujours souhaité voir cette annexe hivernale dûment légalisée, mais je me reproche d’avoir alors laissé pénétrer dans mes codes, sous le titre de Charte des Jeux d’hiver, un texte qui pourra créer des embarras. Il eût fallu au contraire interdire tout numérotage à part et donner à ces concours le numéro de l’olympiade en cours. »</p>
<p>Les Jeux olympiques d’hiver sont enfin reconnus en tant que tels, au même titre que les Jeux olympiques d’été. Après ces querelles d’influence, Chamonix devient la première station de sports d’hiver à organiser cet événement planétaire. Ainsi, 1924 marque le grand début de l’ère des Jeux olympiques d’hiver.</p>
<hr>
<p><em>Cet extrait est issu de l’ouvrage « De Chamonix à Beijing. Un siècle d’olympisme en hiver » publié aux éditions Désiris.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177261/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Éric Monnin est membre :
- conseil d’administration du Comité national olympique et sportif français (CNOSF)
- collège « Terminologie et langue française dans le cadre de la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 »
- Académie nationale olympique française (ANOF)
- Auditeur Institut des hautes études de la défenses nationale (IHEDN)
- comité scientifique du Think Thank Sport et Citoyenneté</span></em></p>
Découvrez comment ont été créés les premiers Jeux olympiques d’hiver de l’histoire.
Éric Monnin, Vice-Président de l'Université de Franche-Comté et Directeur du Centre d’études et de recherches olympiques universitaires (CEROU), Université de Franche-Comté – UBFC
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/174923
2022-01-20T14:49:48Z
2022-01-20T14:49:48Z
Bien se couvrir et s’hydrater : comment faire de l’exercice l’hiver en toute sécurité
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/441544/original/file-20220119-21-9sncz6.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=43%2C0%2C5747%2C3904&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’exercice par temps froid aide à rester en santé, mais il faut en connaître les risques.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Soyons réalistes, l’hiver est impossible à ignorer au Canada. Et pour beaucoup d’entre nous, cela veut dire sortir et affronter le froid pour le travail, les obligations et… l’exercice.</p>
<p>Mais il existe des moyens d’améliorer son confort et sa sécurité lorsqu’on est actif à l’extérieur par temps froid.</p>
<p>Pour commencer, le « froid » est, selon les physiologistes (ceux qui étudient les fonctions et la structure humaines), un « facteur de stress », ce qui signifie que le corps reconnaît le froid comme quelque chose à quoi il doit s’adapter pour rester en homéostasie (lorsque les fonctions corporelles sont stables).</p>
<p>On peut s’immerger dans différents types de froid – comme l’air froid et l’eau froide –, et la sensation de froid est accentuée par le vent, la neige ou la pluie. Voici quelques conseils pour faire de l’exercice dans l’air froid – il existe aussi de recommandations pour <a href="https://doi.org/10.1186/2046-7648-3-12">nager dans l’eau froide</a>.</p>
<p>Si vous souffrez de problèmes cardiaques ou d’hypertension artérielle, demandez à votre médecin combien de temps vous pouvez rester à l’extérieur et quels types d’activités vous sont recommandés en hiver.</p>
<h2>Maintenir la température centrale du corps</h2>
<p>Il est bon de savoir que, si on est nu ou à moitié nu, le corps commence à reconnaître la température comme un facteur de stress à environ 28,5 °C. À cette température de l’air, les mécanismes d’adaptation du corps entrent en jeu pour assurer le maintien de la température centrale. C’est pourquoi, lorsqu’on sort de la douche ou qu’on est légèrement vêtu (comme sur une plage en été), on a tendance à frissonner.</p>
<p>En enfilant des vêtements isolants, on abaisse la température à laquelle on commence à ressentir le stress dû au froid. Dans les environnements froids, le corps produit beaucoup de chaleur lorsqu’il utilise son énergie pour faire bouger ses muscles dans le cadre d’activités comme pelleter de la neige ou faire du ski de fond. Si on porte des vêtements isolants appropriés et qu’on fait suffisamment de travail musculaire, on peut se sentir tout à fait à l’aise – ce qu’on appelle confort thermique – par temps froid ou très froid.</p>
<p>Cependant, il existe différents moyens de réduire les risques et d’améliorer son bien-être lorsqu’on fait de l’exercice en plein air par temps froid. Voici quelques éléments dont il faut tenir compte.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="A group of people in winter athletic gear stretch" src="https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/439963/original/file-20220110-23-seck51.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">S’habiller de manière adaptée aux conditions météorologiques permet de rester en sécurité et de profiter davantage des activités extérieures.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Se couvrir la peau</h2>
<p>On doit réduire la surface de la peau exposée, partout où c’est possible. Selon les <a href="https://doi.org/10.1249/JSR.0000000000000907">directives de l’American College of Sports Medicine</a> mises à jour récemment, les engelures, qui sont des lésions directes de la surface de la peau dues au froid, peuvent se produire dès que la température est de – 3 °C. Les tissus où la circulation sanguine est moins importante, comme ceux des mains, des pieds et de la tête, sont plus vulnérables, surtout lorsque le froid est extrême (température de l’air inférieure à – 15 °C ou refroidissement éolien de – 27 °C).</p>
<p>Le contact avec des matériaux froids (métal, neige, glace) et une peau mouillée augmentent les risques d’engelures. On recommande de porter des vêtements isolants qui ont une grande capacité d’évacuation de l’humidité de la peau et de garder la tête, les pieds et les mains couverts en permanence !</p>
<p>Le visage doit également être couvert pour plusieurs raisons. Couvrir ses joues, son front, son nez et son cou améliore la régulation du confort thermique, surtout par temps venteux, ce qui rend des activités comme la luge ou le ski alpin plus agréables. La peau du visage peut être mise à rude épreuve, car même par vent modéré, la <a href="https://doi.org/10.1007/s004210050060">température de la peau du visage peut diminuer de 25 °C</a>.</p>
<p>Les personnes qui souffrent de certaines maladies chroniques sous-jacentes, notamment d’hypertension artérielle, ou de maladies cardiaques, doivent se couvrir le visage. L’exposition d’un visage nu au froid – à parti de -5 °C – sollicite des parties du système nerveux qui peuvent augmenter la pression artérielle, mais il suffit de porter une tuque et un foulard pour <a href="https://doi.org/10.1007/s00421-009-1176-5">pallier ce problème</a>.[</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="un jeune enfant aux mains nues et au bout des doigts rougis dans la neige" src="https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/439962/original/file-20220110-22-71p8rz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les engelures peuvent avoir de graves conséquences sur la santé si elles ne sont pas traitées rapidement avec des soins médicaux appropriés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Protéger les poumons et la respiration</h2>
<p>Les poumons sont particulièrement vulnérables à l’air froid, et l’exercice physique augmente le stress sur les poumons en hiver. Ainsi, les poumons veulent réchauffer l’air que l’on inspire à la température du corps et le ramener à 100 % d’humidité. Ils y parviennent très bien au repos, mais, pendant l’exercice, il faut faire plus d’efforts pour conditionner l’air qu’on respire.</p>
<p>Si l’on ajoute l’air froid à un rythme respiratoire élevé (ce qu’on observe quand on fait de l’exercice), on met les poumons à rude épreuve pour réchauffer et humidifier chaque respiration. Le refroidissement des voies respiratoires est associé à une réponse du système nerveux et l’assèchement de celles-ci est associé à une réponse inflammatoire, les deux pouvant <a href="http://dx.doi.org/10.1136/bjsports-2012-091292">causer une contraction du poumon (on parle de bronchoconstriction par temps froid</a>).</p>
<p>L’activité à moins de 0 °C à une intensité modérée (rythme de marche rapide) <a href="https://doi.org/10.1080/22423982.2019.1583528">entraîne également des symptômes respiratoires</a>, comme le banal nez qui coule ou de l’irritation nasale (démangeaison, sensation de brûlure). Si l’exercice est plus intense (par exemple, de la course à pied ou du ski de fond), les symptômes augmentent et peuvent inclure un excès de mucus, une toux grasse (avec évacuation de mucus) ou sèche (toux irritante), une oppression thoracique (difficulté à respirer), une respiration sifflante et un mal de gorge ; ces symptômes peuvent durer <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.resp.2019.103262">jusqu’à 24 heures après un exercice intense par temps froid</a>.</p>
<p>Il existe plusieurs moyens de réduire ces symptômes. Tout d’abord, en diminuant l’intensité de l’exercice, on donne au corps la possibilité de conditionner l’air à chaque respiration. Deuxièmement, en se couvrant le visage avec un cache-nez, un foulard ou un <a href="https://skiwax.ca/collections/airtrim">masque à air froid</a>, on retient l’humidité, ce qui permettra d’humidifier la prochaine inspiration. Troisièmement, on recommande de réduire la durée totale de l’exposition à l’air froid, car même 30 minutes d’exercice modéré peuvent augmenter les symptômes et la constriction des voies respiratoires. Enfin, il est important de boire suffisamment d’eau pendant les sorties prolongées, puisqu’on perd jusqu’à 100 millilitres d’eau par heure si on fait un exercice respiratoire intense par temps froid.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/irTG3UHjU7I?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La clinique Mayo donne des conseils pour faire de l’exercice par temps froid.</span></figcaption>
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<h2>La préparation</h2>
<p>Par temps froid, un manque de préparation augmente le risque global d’hypothermie et d’autres blessures liées au froid. En fait, plus de la moitié des décès associés aux phénomènes météorologiques naturels sont dus au froid – par hypothermie accidentelle directe (chute sévère de la température centrale entraînant la mort) ou par <a href="https://doi.org/10.1056/NEJMra1114208">exacerbation d’une condition préexistante</a> découlant de l’hypothermie. Il convient de noter qu’il arrive que l’hypothermie accidentelle se produise par un froid modéré, ce qui peut <a href="https://doi.org/10.1139/H07-041">mettre en danger les amateurs de plein air</a>.</p>
<p>Il est également bien documenté que la consommation d’alcool est un important facteur de risque d’hypothermie accidentelle, de même qu’une <a href="https://www.cdc.gov/nchs/data/nhsr/nhsr076.pdf">exposition prolongée et des vêtements inadéquats</a>. Les autres blessures dues au froid sont les gelures et les engelures, qui peuvent avoir de graves conséquences sur la santé si elles <a href="https://www.aafp.org/afp/2019/1201/p680.html">ne sont pas traitées rapidement par des soins médicaux appropriés</a>.</p>
<p>J’espère que cet article vous permet de mieux comprendre la physiologie des interactions entre les humains et les environnements d’air froid. Plus important encore, je souhaite que vous puissiez utiliser certains de ces conseils pour avoir du plaisir en hiver en toute sécurité, en particulier lorsque la température descend bien en dessous de 0 °C.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174923/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michael Kennedy a reçu des financements de Mitacs. </span></em></p>
Se préparer à être actif par temps froid peut nous aider à rester en sécurité et à augmenter notre plaisir.
Michael Kennedy, Associate professor, Kinesiology, Sport, and Recreation, University of Alberta
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/174349
2022-01-11T20:55:52Z
2022-01-11T20:55:52Z
Images de science : Dans les Alpes, les loups chassent le mouflon
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/439320/original/file-20220104-13-10r7aa1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C8256%2C5499&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Crane de mouflons dans la neige, au croisement de deux pistes de loups.</span> <span class="attribution"><span class="source">Romain Garrouste</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les vallées de montagne sont des lieux souvent isolés, où vie sauvage et pastorale cohabitent. Certaines vallées font l’objet d’aménagements importants pour les sports d’hiver, dont nous connaissons les <a href="https://theconversation.com/pas-de-ski-alpin-cette-annee-cest-loccasion-de-sinteresser-a-la-biodiversite-montagnarde-152842">conséquences sur la vie sauvage et la biodiversité</a>.</p>
<p>Depuis 2 ans, une certaine tranquillité s’est instaurée dans les vallées, exploitées ou non, et la vie sauvage a pu s’y réinstaller, notamment en hiver. Preuve en est cette scène de chasse observée en décembre, dans la <a href="https://www.naves-savoie.com/">vallée de Naves</a> (entre tarentaise et beaufortain) une vallée isolée mais fréquentée en été et en hiver, vers 2200 m d’altitude et non loin d’une bergerie. Deux meutes de loups sont réputées fréquenter cette vallée, et des <a href="https://www.lasavoie.fr/31240/article/2021-10-06/attaques-de-loups-dans-le-beaufortain-la-situation-n-est-plus-tenable-les">attaques sur des troupeaux</a> ont déjà eu lieu. Des tirs de défense ont déjà eu lieu en 2018 et un loup y a été tué.</p>
<p>Lors d’une visite de cette vallée tranquille bien enneigée (neige de cinq jours), j’observais un croisement entre deux pistes animales, avec un monticule de neige. J’identifiais deux pistes de loups. J’eus alors la surprise de trouver, bien enfouie dans un tunnel de neige, une grande tête de mouflon avec des cornes spectaculaires de plus de 65 cm d’envergure. Un véritable trophée, avec un peu de chair et de poils ainsi que le début de la colonne vertébrale, que l’animal avait déplacé et enfoui à mi-pente, entre une bergerie et une piste de ski de fond. C’est un comportement courant du loup de déplacer des éléments de carcasses et de chasser en hiver où ses besoins caloriques sont élevés.</p>
<p>Le <a href="https://atlasmam.fauneauvergnerhonealpes.org/accueil/especes/ongules/mouflon/">mouflon</a>, une espèce de « mouton » sauvage (genre <em>Ovis</em>), n’est pas originaire des Alpes. Il a été petit à petit introduit au milieu du XX<sup>e</sup> siècle, sans aucune étude préalable, et pour des raisons cynégétiques plus qu’écologiques. Cette introduction a eu lieu à partir des populations préservées des montagnes corses (aujourd’hui hélas bien plus réduites), elles-mêmes originaires d’échappés de troupeaux, qui depuis le Néolithique ont accompagné les populations humaines.</p>
<p>Le <a href="https://www.loupfrance.fr/le-loup/">loup</a> par contre s’y est réinvité tout seul dès 1992, avec son <a href="https://www.lifewolfalps.eu/fr/le-loup-dans-les-alpes/le-loup-dans-les-alpes-francaises/">retour dans le Mercantour</a> depuis l’Italie, après plus de 60 ans d’absence sur le territoire français.</p>
<p>Et les mouflons, prédatés par les premières meutes du Mercantour des années 1990, ont bien participé à ce succès en devenant une ressource supplémentaire disponible pour ce prédateur. Ils ont dès lors dû adapter leur comportement (fini l’absence de prédateur autre que les renards et les aigles !) afin d’échapper à ce prédateur efficace et malin. Pas toujours avec succès, comme le prouve ce crâne…</p>
<p>Une question irrésolue est de savoir si les deux pistes observées à Naves (empreintes de même taille et déformées par le vent) sont celles de deux individus, ou bien d’un seul revenu sur ses pas, par exemple pour enfouir, revoir ou partager sa prise avec la meute (en général quatre ou cinq individus issus d’un couple reproducteur). Interactions entre individus autour du « trophée » ou simple comportement individuel ? La science des traces (ou ichnologie) ne peut certes pas répondre à tout, mais elle aide cependant à la connaissance de la nature actuelle et <a href="https://theconversation.com/images-de-science-en-provence-ils-ont-marche-sur-terre-avant-les-dinosaures-161692">passée</a>. Ici, elle éclaire par exemple des interactions entre proies et prédateurs, alors que tous deux étendent progressivement leur aire de répartition.</p>
<p>Dans cette vallée tranquille, loin des bruits et autres dérangements de l’industrie des sports d’hiver mécaniques mais avec seulement des activités peu perturbantes, et si le surpâturage est évité en été, un parfait équilibre entre nature et activités humaines peut se mettre en place et perdurer. Bien entendu, cette cohabitation nécessite un accompagnement adéquat pour les acteurs de la montagne, autant pédagogique d’économique.</p>
<p>Ainsi, les incursions du loup (un <a href="https://www.nature.com/articles/s41559-018-0472-z">superprédateur</a> au rôle majeur dans la structuration des écosystèmes) peuvent s’y maintenir, comme preuve d’une certaine naturalité. Et ainsi permettre ce type d’observations assez uniques (qu’il est possible de <a href="https://www.loupfrance.fr/suivi-du-loup/declarer-un-indice/">déclarer</a> pour permettre leur suivi), comme un contrepoint aux vallées voisines perturbées par la reprise des activités après la longue pause pandémique, et dans lesquelles la faune sauvage doit se réadapter à un certain niveau de perturbation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/174349/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Romain Garrouste a reçu des financements de MNHN, CNRS, Sorbonne Université, LABEX BCDiv, SU-ITE, IPEV, National Geographic</span></em></p>
Après deux ans de pandémie ayant paralysé les stations de sports d’hiver, la nature a repris ses droits dans les vallées. Et les loups y chassent le mouflon en hiver.
Romain Garrouste, Chercheur à l’Institut de systématique, évolution, biodiversité (ISYEB), Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/170814
2021-10-28T18:54:50Z
2021-10-28T18:54:50Z
Changement d’heure : cinq conseils pour mieux s’y adapter
<p>L’heure d’été a été mise en œuvre pour la première fois <a href="https://theconversation.com/ete-hiver-petite-histoire-des-changements-dheure-56820">pendant la Première Guerre mondiale</a> pour profiter de l’allongement de la durée du jour et <a href="https://theconversation.com/heure-dete-heure-dhiver-le-couvre-feu-oublie-de-la-grande-guerre-148671">économiser de l’énergie</a>.</p>
<p>Si cela avait du sens lorsque nous dépendions fortement du charbon pour nous éclairer, aujourd’hui, les <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fphys.2019.00944/full">avantages d’un tel changement sont contestés</a>. Certains travaux de recherche récents suggèrent même que le fait de décaler les horloges deux fois par an a des effets négatifs, notamment sur notre santé.</p>
<p>Au cours des premiers jours suivant le changement d’heure, un grand nombre de personnes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1087079212001141">souffrent de divers symptômes</a> : irritabilité, sommeil réduit, fatigue diurne et diminution de la fonction immunitaire. Plus inquiétant encore, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29461606/">crises cardiaques</a>, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27938913/">accidents vasculaires cérébraux</a> et les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19702372/">accidents du travail sont plus nombreux</a> au cours des premières semaines suivant les changements d’heure. On constate également une augmentation de 6 % des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0960982219316781">accidents de voiture mortels</a> durant la semaine du passage à l’heure d’été.</p>
<h2>Pourquoi tant de difficultés ?</h2>
<p>Si les changements d’heure nous affectent autant, c’est à cause de notre « horloge biologique » interne. Cette horloge contrôle nos fonctions physiologiques de base, comme le moment où nous avons faim et celui où nous sommes fatigués. Ce rythme est connu sous le nom de rythme circadien et dure environ 24 heures.</p>
<p>Notre corps ne peut pas tout faire en même temps, c’est pourquoi chacune de ses fonctions a un moment précis où elle fonctionne le mieux.</p>
<p>Par exemple, avant que nous nous réveillions le matin, notre horloge interne nous prépare au réveil. Elle arrête la production de l’hormone du sommeil <a href="https://www.yourhormones.info/hormones/melatonin/">mélatonine</a> par la <a href="https://www.yourhormones.info/glands/pineal-gland/">glande pinéale</a> et commence à libérer du <a href="https://www.yourhormones.info/hormones/cortisol/">cortisol</a>, une hormone qui régule le métabolisme. Notre respiration s’accélère également, notre tension artérielle augmente, notre cœur bat plus vite et notre température corporelle augmente légèrement.</p>
<p>Tout cela est régi par notre horloge biologique interne dont les nombreux cadrans sont sous la houlette d’une <a href="https://theconversation.com/aux-frontieres-du-cerveau-le-tic-tac-de-lhorloge-biologique-85856">« horloge maîtresse »</a> située dans une partie du cerveau appelée <a href="https://www.yourhormones.info/glands/hypothalamus/">hypothalamus</a>. En effet, alors que chacun de nos tissus et organes a sa propre horloge (dite périphérique), l’horloge maîtresse du cerveau est là pour les synchroniser toutes et veiller à ce que tous fonctionnent en harmonie <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3710582/">au bon moment de la journée</a>.</p>
<p>Mais deux fois par an, ce rythme est perturbé par le changement d’heure, ce qui désynchronise l’horloge maîtresse et toutes les horloges périphériques…</p>
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<img alt="Graphes des heures de lever de soleil à Paris. En été, il y a une heure de décalage entre l’heure officielle et l’heure « naturelle" src="https://images.theconversation.com/files/429096/original/file-20211028-25-hoxroc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/429096/original/file-20211028-25-hoxroc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/429096/original/file-20211028-25-hoxroc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/429096/original/file-20211028-25-hoxroc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/429096/original/file-20211028-25-hoxroc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/429096/original/file-20211028-25-hoxroc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/429096/original/file-20211028-25-hoxroc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=487&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La lumière est un des repères principaux utilisé par notre corps pour réguler ses horloges internes. (Heures de lever de Soleil, ici à Pris en 2018 ; le décrochage central correspond aux heures d’été.).</span>
<span class="attribution"><span class="source">The RedBurn -- Daylight Chart</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Comme notre rythme n’est pas précisément de 24 heures, il se réinitialise quotidiennement en utilisant les signaux rythmiques de l’environnement. L’indice le plus fiable et constant est la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6751071/">lumière</a>. La lumière contrôle naturellement les rythmes circadiens et, chaque matin, notre horloge maîtresse est réglée sur le monde extérieur grâce à elle.</p>
<p>L’horloge maîtresse indique ensuite l’heure aux horloges périphériques des organes et des tissus par la sécrétion d’hormones et l’activité des cellules nerveuses. Lorsque nous modifions artificiellement et brutalement nos rythmes quotidiens, l’horloge maîtresse <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-81-322-3688-7_16">se déplace plus rapidement que les horloges périphériques</a> et c’est pourquoi nous nous trouvons perturbés. Nos horloges périphériques sont encore sur le précédent fuseau horaire et nous subissons un décalage horaire.</p>
<p>Il faut parfois plusieurs jours ou semaines pour que notre corps s’adapte au changement d’heure et que nos tissus et organes fonctionnent à nouveau en harmonie. Et, selon que vous êtes naturellement matinal ou noctambule, le changement d’heure au printemps et en automne <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0960982207020866">peut vous affecter différemment</a>.</p>
<p>Les oiseaux de nuit auront tendance à avoir plus de mal à s’adapter au changement d’heure du printemps, tandis que les alouettes du matin sont plus affectées par le changement d’heure de l’automne. Certaines personnes sont même totalement incapables de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24156521/">s’adapter au changement d’heure</a>.</p>
<h2>Comment s’y préparer au mieux</h2>
<p>Si toute perturbation de notre rythme circadien peut nuire à notre bien-être, il existe néanmoins des moyens d’aider notre organisme à mieux s’adapter à la nouvelle heure :</p>
<ol>
<li><p><strong>Gardez un rythme de sommeil régulier avant et après le changement d’heure.</strong> Il est particulièrement important que l’heure à laquelle vous vous réveillez le matin soit régulière. En effet, le corps libère du <a href="https://www.yourhormones.info/hormones/cortisol/">cortisol</a> le matin pour vous rendre plus alerte. Au cours de la journée, vous serez de plus en plus fatigué à mesure que le taux de cortisol diminuera, ce qui limitera l’<a href="https://www.sleepfoundation.org/circadian-rhythm/can-you-change-your-circadian-rhythm">impact sur votre sommeil</a> du changement d’heure.</p></li>
<li><p><strong>Habituez progressivement votre corps à la nouvelle heure en modifiant lentement votre horaire de sommeil sur une semaine environ.</strong> En changeant l’heure de votre coucher de 10-15 minutes plus tôt ou plus tard chaque jour, vous aidez votre corps à s’adapter en douceur au nouvel horaire et vous atténuez le décalage horaire.</p></li>
<li><p><strong>Profitez de la lumière du soleil le matin.</strong> La lumière du matin aide votre corps à s’adapter plus rapidement et synchronise votre <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6751071/">horloge biologique</a> – alors que la lumière du soir retarde votre horloge. La lumière du matin augmente également votre <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6751071/">humeur et votre vigilance</a> pendant la journée et vous aide à mieux dormir la nuit.</p></li>
<li><p><strong>Évitez la lumière vive le soir.</strong> Cela inclut la lumière bleue des téléphones portables, des tablettes et autres appareils électroniques. La lumière bleue peut <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33022281/">retarder la libération</a> de l’hormone du sommeil, la <a href="https://www.yourhormones.info/hormones/melatonin/">mélatonine</a>, et décaler notre horloge interne à un horaire encore plus tardif. Un environnement sombre est préférable au moment du coucher.</p></li>
<li><p><strong>Maintenez un rythme alimentaire régulier.</strong> D’autres indices environnementaux, comme la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0960982217306231">nourriture</a>, peuvent également aider à synchroniser votre horloge biologique. Des recherches ont montré que l’exposition à la lumière et le fait de manger au bon moment peuvent aider horloges principale et périphériques à <a href="https://theconversation.com/changing-your-meal-times-could-help-you-beat-jet-lag-and-shift-work-79061">se déplacer à la même vitesse</a>. Respectez les horaires des repas et évitez les repas tardifs.</p></li>
</ol>
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<img alt="Une jeune femme consulte son portable en pleine nuit" src="https://images.theconversation.com/files/429101/original/file-20211028-19-1nkjf4h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/429101/original/file-20211028-19-1nkjf4h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=472&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/429101/original/file-20211028-19-1nkjf4h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=472&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/429101/original/file-20211028-19-1nkjf4h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=472&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/429101/original/file-20211028-19-1nkjf4h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=593&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/429101/original/file-20211028-19-1nkjf4h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=593&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/429101/original/file-20211028-19-1nkjf4h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=593&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nous sommes désolés, mais prendre des repas décalés ou lire sur son portable jusqu’à point d’heure le soir sous la couette sont deux comportements à éviter.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shvets/Pexels</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>La fin du changement d’heure ?</h2>
<p>À la suite d’une consultation à l’échelle européenne, le Parlement européen a voté en mars 2019 en faveur de la <a href="https://ec.europa.eu/france/news/20190327/parlement_vote_fin_changement_heure_fr">suppression de l’heure d’été</a> – ce pourrait donc être l’une des dernières fois où nous aurons à nous soucier de re-régler nos horloges internes après un changement d’heure…</p>
<p>Alors que les États membres décideront chacun d’adopter définitivement l’heure « normale » (de l’automne au printemps) ou l’heure d’été (du printemps à l’automne), les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/0748730419854197">scientifiques</a> sont favorables au maintien de l’heure d’hiver, plus en phase avec les cycles naturels et celle où la lumière du soleil <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6784249/">est la plus cohérente</a> avec notre vie sociale : lorsque nous nous rendons au travail, à l’école et dans les lieux de rencontre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/170814/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gisela Helfer a reçu des financements de l'Academy of Medical Sciences, du Wellcome Trust, du Government of Business, Energy and Industrial Strategy et du British Heart Foundation and Diabetes UK. </span></em></p>
Dans la nuit de samedi à dimanche, n'oubliez pas de reculer vos montres ! La désorganisation est garantie chez nos horloges biologiques internes… Pour les recaler, voici nos cinq conseils pratiques.
Gisela Helfer, Associate Professor in Physiology and Metabolism, University of Bradford
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/166327
2021-08-26T17:09:49Z
2021-08-26T17:09:49Z
Changements climatiques : à quoi s’attendre pour le sud du Québec ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/417692/original/file-20210824-16663-1n7i0wk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C31%2C2977%2C2092&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Makai'ryn Terrio, six ans, au centre, se rafraîchit avec ses frères alors qu'ils jouent dans des fontaines d'eau à Montréal. La ville a connu son mois d'août le plus chaud jamais enregistré.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Graham Hughes</span></span></figcaption></figure><p><a href="https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/">Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)</a> vient de rendre public le premier rapport <a href="https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-i/">du sixième cycle d’évaluation</a>, le premier des trois attendus d’ici 2022.</p>
<p>Ce volume de près de 4000 pages couvre l’ensemble des observations du climat en évolution au cours des 150 dernières années ainsi que des projections climatiques jusqu’à la fin du présent siècle. Il est publié 31 années après le <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar1/syr/">premier</a> et huit ans après le <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar5/syr/">cinquième</a>.</p>
<p>Globalement, ce dernier rapport n’apporte pas de nouvelles révélations sur l’évolution du climat et l’impact de l’activité humaine sur ce dernier. Il permet toutefois de raffiner la compréhension du rôle humain sur le climat et de restreindre l’incertitude sur les impacts futurs anticipés. Le raffinement des méthodes d’observations et de la précision des modèles climatiques permettent donc de mieux cadrer les impacts futurs sur le sud du Québec. Et ils seront costauds.</p>
<p>Nous sommes professeurs en génie de la construction et membres du <a href="https://www.etsmtl.ca/unites-de-recherche/hc3/accueil">groupe de recherche HC3 – Hydrologie Climat & Changements Climatiques</a> à l’École de technologie supérieure de Montréal. Ce groupe se spécialise notamment dans l’étude de l’hydrologie, du climat et de l’impact des changements climatiques sur les ressources en eau.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/climat-le-rapport-du-giec-est-bouleversant-il-est-maintenant-temps-dagir-165851">Climat : le rapport du GIEC est bouleversant. Il est maintenant temps d’agir</a>
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<h2>Le sud du Québec se réchauffe deux fois plus vite que la planète</h2>
<p>À l’échelle globale, l’augmentation actuelle de la température par rapport à l’ère préindustrielle est de 1,1 C. En ne prenant pas en compte le scénario d’émissions de gaz à effet de serre le plus pessimiste (maintenant considéré comme improbable par la majorité des experts), les projections climatiques indiquent une augmentation de température qui devrait varier entre 2 et 3,5 C d’ici la fin du présent siècle.</p>
<p>Par contre, ce réchauffement n’est pas spatialement uniforme. De manière générale, le sud du Québec se réchauffe deux fois plus vite que la planète (trois fois plus vite pour le nord du Québec), principalement à cause de la <a href="https://archipel.uqam.ca/8978/1/M14446.pdf">rétroaction positive liée à la perte progressive du couvert neigeux</a>. Cette rétroaction fera en sorte, entre autres, que le rayonnement solaire, qui est normalement réfléchi par la neige, sera plutôt absorbé. Un réchauffement annuel moyen de 3 à 6 C doit donc être anticipé sur le sud du Québec d’ici à la fin du siècle.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des gens pataugent dans une piscine" src="https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=410&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=516&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=516&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/417693/original/file-20210824-19241-10fzfdr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=516&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des baigneurs s’agitent dans la piscine à vagues pour du Super Aqua Club de Pointe-Calumet. La région de Montréal a connu son mois d’août le plus chaud jamais enregistré.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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</figure>
<p>Le réchauffement n’est pas distribué également au travers des saisons, l’hiver se réchauffant significativement plus que l’été. Ceci signifie des hivers futurs de 4,5 à 8 C plus chaud, avec une baisse potentiellement importante du couvert neigeux et des inondations printanières liées à la fonte de ce dernier.</p>
<h2>Des événements extrêmes en changement</h2>
<p>L’augmentation des températures a plusieurs autres effets pervers, notamment en ce qui concerne les changements dans les événements extrêmes. Les preuves qu’ils sont dus à l’activité humaine se sont renforcées depuis le cinquième rapport. Il est maintenant bien établi que les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine ont entraîné, globalement, une augmentation de la fréquence et/ou de l’intensité de certains phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes depuis l’ère préindustrielle.</p>
<p>Les projections futures, à l’échelle globale, suivent cette tendance. À l’échelle régionale, l’ampleur des changements varie en raison notamment de l’effet local de facteurs liés aux changements d’occupation du territoire (urbanisation, augmentation des superficies occupées par les terres agricoles, par exemple), aux émissions d’aérosols dans l’atmosphère (via l’activité industrielle) et à des mécanismes de rétroaction tels que celui mentionné précédemment.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/cinq-points-a-surveiller-dans-le-rapport-du-giec-sur-le-climat-165655">Cinq points à surveiller dans le rapport du GIEC sur le climat</a>
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<p>Peu de détails à l’échelle régionale sont donnés dans le rapport en ce qui a trait aux vagues de chaleur. Ceci dit, pour l’Amérique du Nord, une augmentation de leur fréquence et de leur intensité est prévue d’ici la fin du siècle. Toutes les régions nord-américaines connaîtront également augmentation de l’intensité et de la fréquence des extrêmes chauds ainsi qu’une diminution de la fréquence et de l’intensité des extrêmes froids.</p>
<h2>Pluies et inondations</h2>
<p>En ce qui concerne les <a href="https://www.researchgate.net/profile/Jean%E2%80%91Luc-Martel-2/publication/353669373_Climate_Change_and_Rainfall_Intensity-Duration-Frequency_Curves_Overview_of_Science_and_Guidelines_for_Adaptation/links/610978031e95fe241aac0e26/Climate-Change-and-Rainfall-Intensity-Duration-Frequency-Curves-Overview-of-Science-and-Guidelines-for-Adaptation.pdf">extrêmes de pluie</a>, les augmentations prévues dépendent de différents facteurs, dont la durée des événements de pluie et leur rareté.</p>
<p>Le consensus qui se dégage est que les extrêmes de pluie de courte durée et de récurrence faible (ceux qui se produisent tous les 10 ans ou plus) vont augmenter très fortement comparativement aux pluies journalières fréquentes. De nombreuses infrastructures de gestion de l’eau sont basées sur de telles quantités de pluie. Ces infrastructures ont une longue durée de vie et seront mal adaptées à ces augmentations. Cela pourrait être un des impacts les plus importants d’un climat plus chaud.</p>
<p>On peut donc prévoir que les <a href="https://meetingorganizer.copernicus.org/EGU21/EGU21-10249.html">inondations</a> liées à la fonte printanière de la neige seront en baisse, en raison de la baisse du couvert neigeux. Mais il y aura une augmentation potentiellement forte des inondations causées par les pluies extrêmes d’été et d’automne (‘flash floods’). Ces dernières sont particulièrement susceptibles d’affecter les petits bassins ruraux de même que les zones urbanisées.</p>
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<img alt="Deux hommes à bord d’un canot pneumatique descendent une rue inondée" src="https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=395&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=497&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=497&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/417688/original/file-20210824-18785-1ucxkb3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=497&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des pompiers se frayent un chemin dans une rue inondée, le 3 mai 2019, à Ste-Marthe-sur-la-Lac. Avec les changements climatiques, il y aura une augmentation potentiellement forte des inondations causées par les pluies extrêmes d’été et d’automne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>D’autres indicateurs d’impacts, aussi analysés par le GIEC, s’intéressent notamment aux chaleurs extrêmes, aux sécheresses et aux conditions hivernales. Avec ces indicateurs, on peut tirer un certain nombre de conclusions pour le sud du Québec. D’ici la fin du siècle, la température journalière maximale pourrait dépasser les 35 C de façon régulière (près de sept jours) au cours des mois d’été. En ce qui a trait aux sécheresses, seul le scénario le plus pessimiste, en matière d’augmentation des températures, pointe vers une augmentation de leur sévérité. Pour les autres scénarios, aucun signal clair n’émerge, et des études plus poussées seront visiblement nécessaires.</p>
<p>Par ailleurs, la durée de la saison avec neige au sol (plus de 100 millimètres d’équivalent en eau) devrait connaître une diminution de l’ordre de sept à 15 jours d’ici la fin du siècle par rapport à la période récente de 1995-2014. Par conséquent, une diminution de la durée de la saison de gel est aussi prévue.</p>
<h2>S’adapter aux changements climatiques</h2>
<p>Le Québec se réchauffe et n’échappe pas aux effets du changement climatique d’origine anthropique.</p>
<p>Bien qu’il faille poursuivre les efforts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il est essentiel que des démarches d’adaptation soient au cœur des actions de la société québécoise. Ce premier volume du sixième rapport du GIEC mentionne le renforcement des services climatiques depuis le précédent rapport, ce qui est encourageant.</p>
<p>Ces services sont assurés par des organisations diversifiées un peu partout dans le monde. Ils visent à fournir de l’information climatique dans le but d’aider à la prise de décision en faisant le lien entre, d’une part, la science et la production de données et, d’autre part, leur communication et leur application par les citoyens et les preneurs de décision. Plus de détails à ce sujet seront fournis dans le second volume du rapport.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/166327/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Brissette a reçu des financements du Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada, du Consortium Ouranos, du Ministère de l'Économie et de l'innovation du Québec, du Ministère de l'Environnement et de la lutte contre les changements climatiques du Québec.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Annie Poulin est titulaire de la chaire de recherche Marcelle-Gauvreau en Étude de l'impact des changements environnementaux sur l'hydrologie des bassins versants. Elle a reçu des financements du Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada, du Consortium Ouranos, du Ministère de l'Économie et de l'innovation du Québec, du Ministère de l'Environnement et de la lutte contre les changements climatiques du Québec. </span></em></p>
Le sud du Québec se réchauffe 2 fois plus vite que la planète, en raison de la perte progressive du couvert neigeux. Un réchauffement annuel moyen de 3 à 6 degrés est anticipé d’ici la fin du siècle.
François Brissette, Professeur titulaire, groupe de recherche HC3 - Hydrologie Climat & Changements Climatiques, École de technologie supérieure (ÉTS)
Annie Poulin, Professeure titulaire, Groupe de recherche HC3 - Hydrologie Climat & Changement Climatique, École de technologie supérieure (ÉTS)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/164756
2021-08-08T18:23:08Z
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Au Japon, l’amour des fleurs au fil des saisons
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/414350/original/file-20210803-13-k4epoh.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Temple Ninna-ji, à Kyoto en mars 2021.</span> <span class="attribution"><span class="source">M.P-Traversaz</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Si le Japon évoque une image de modernité effervescente, les Japonais ont toutefois su conserver un lien affectif profond avec la nature. Cet attachement, révélé par la culture animiste <em>shintō</em>, s’est affirmé au fil des siècles. En témoignent aujourd’hui des centaines de festivals, dont les plus fameux honorent les cerisiers (<em>Sakura, Prunus × yedoensis</em> ‘Somei Yoshino’).</p>
<p>Au pays du chrysanthème, les fleurs portent des symboles forts et ornent les objets décoratifs, attestant d’une influence certaine de la botanique sur la culture artistique nippone.</p>
<p>Ces représentations sont autant de témoins de l’affection portée par les Japonais pour le végétal et le cycle des saisons.</p>
<h2>Le printemps et ses fleurs de prunier</h2>
<p>S’il paraît délicat de déterminer par quelle floraison débute l’année, celle des pruniers (<em>Ume, Prunus mume</em>) et des pêchers (<em>Momo, Prunus persica</em>) annoncent indéniablement l’arrivée du printemps.</p>
<p>Les témoignages d’amour pour ces fleurs précoces ne manquent pas et les recueils de poésie de la période Heian (794-1195) en attestent. Le <em>Man’yōshū</em> ou « Recueil de dix mille feuilles » et le <em>Kokin wakashū</em> ou « Recueil de poèmes de jadis » réunissent des poèmes <em>waka</em> (en trente et une syllabes) honorant les fleurs et les saisons.</p>
<p>L’un de ces poèmes célèbres, que l’on doit à Sugawara no Michizane, décrit une scène délicate faisant l’éloge des fleurs de prunier :</p>
<blockquote>
<p>Mes chères fleurs de prunier sans maître,<br> quand le vent d’Est soufflera,<br> répandez votre parfum ;<br> n’oubliez pas le printemps.<br></p>
</blockquote>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/415248/original/file-20210809-27-1tdeft5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/415248/original/file-20210809-27-1tdeft5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/415248/original/file-20210809-27-1tdeft5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=257&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/415248/original/file-20210809-27-1tdeft5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=257&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/415248/original/file-20210809-27-1tdeft5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=257&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/415248/original/file-20210809-27-1tdeft5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=323&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/415248/original/file-20210809-27-1tdeft5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=323&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/415248/original/file-20210809-27-1tdeft5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=323&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">À gauche, <em>Fleur de prunier et pleine lune</em> (1900-1936) par Ohara Koson (1877-1945), original du Rijksmuseum. À droite, Zosterops du Japon sur une branche de prunier dans les jardins Ueno à Tokyo en février 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Rijksmuseum/M.P-Traversaz/montage M.P-Traversaz</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au Japon, la floraison des pruniers est également associée à la venue d’un petit passereau, le <em>mejiro</em> (<em>Zosterops japonicus</em>) qui marque de sa visite la fin de l’hiver.</p>
<h2>Triade de bon augure</h2>
<p>Les oiseaux, fleurs et saisons sont omniprésents dans les arts japonais, et les peintres se sont consacrés, dès le X<sup>e</sup> siècle, à plusieurs courants dédiés dont le <em>shiki-e</em> ou « peinture des saisons » et le <em>kachō-e</em>, « peinture de fleurs et d’oiseaux ».</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/412494/original/file-20210721-13-1jd9o7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/412494/original/file-20210721-13-1jd9o7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412494/original/file-20210721-13-1jd9o7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412494/original/file-20210721-13-1jd9o7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412494/original/file-20210721-13-1jd9o7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412494/original/file-20210721-13-1jd9o7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=942&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412494/original/file-20210721-13-1jd9o7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=942&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412494/original/file-20210721-13-1jd9o7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=942&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Motifs de <em>Shochikubai</em> (pins, bambous et pruniers) décorant un kimono de mariage <em>Uchikake</em>, période Edo (1615-1868).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.metmuseum.org/art/collection/search/44945">Metropolitan Museum of Art</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les branches d’arbres en fleurs sont assurément le sujet de prédilection du <em>kachō-e</em> avec des représentations symbolisant de bons présages, les <em>kicchō</em>. L’un des plus populaires, nommé <em>Shochikubai</em>, mêle branches de pin, feuillages de bambou et fleurs de prunier.</p>
<p>Une triade observée fréquemment sur les kimonos où elle témoigne de la force de ces trois espèces bravant la dureté de l’hiver : le pin et ses aiguilles vertes persistantes, les bambous résistants au poids de la neige et le prunier bravant le froid pour offrir les premières fleurs de l’année.</p>
<h2>Le camélia et ses fleurs de thé</h2>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/412498/original/file-20210721-19-snxco3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Peinture japonaise montrant un rossignol près d’une fleur de camélia" src="https://images.theconversation.com/files/412498/original/file-20210721-19-snxco3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412498/original/file-20210721-19-snxco3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1126&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412498/original/file-20210721-19-snxco3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1126&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412498/original/file-20210721-19-snxco3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1126&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412498/original/file-20210721-19-snxco3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1415&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412498/original/file-20210721-19-snxco3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1415&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412498/original/file-20210721-19-snxco3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1415&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"><em>Rossignol et camélias en fleurs</em> (1900-1910), d’Ohara Koson (1877-1945).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/vintage_illustration/29861532568">Rawpixel Ltd/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Suivant de près les pruniers, les camélias (<em>Tsubaki, Camellia japonica</em>) offrent le meilleur de leur floraison en mars, bien qu’ils fleurissent sur l’archipel durant toute la saison froide.</p>
<p>L’espèce fut décrite pour la première fois par les botanistes anglais à la fin du XVII<sup>e</sup> puis largement importée en Europe où elle fut alors nommée « rose du Japon ».</p>
<p>Depuis, ce proche cousin du thé (<em>Camellia sinensis</em>) présente de nombreuses hybridations offrant une immense variété de formes et de couleurs. Au Japon, ce sont néanmoins les variétés doubles à fleurs rouges ou blanches et les variétés multiples aux pétales rosés qui sont les plus observées dans les jardins ombragés.</p>
<h2>Sous une pluie de pétales</h2>
<p>Après les fleurs d’hiver viennent celles du printemps avec les <em>sakura</em> et leurs pétales discernables, délicatement fendus en deux.</p>
<p>Cette floraison éphémère est le théâtre du <em>O-hanami</em>, littéralement « l’observation des fleurs ». Les Japonais profitent de l’occasion pour se réunir dans les parcs où ils apprécient ces moments de légèreté sous une pluie de pétales de cerisier. Cette spectaculaire floraison progresse durant plusieurs semaines, depuis les îles d’Okinawa (Sud de l’archipel) jusqu’à l’île d’Hokkaido (Nord).</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/412504/original/file-20210721-15-ot33d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/412504/original/file-20210721-15-ot33d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412504/original/file-20210721-15-ot33d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=794&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412504/original/file-20210721-15-ot33d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=794&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412504/original/file-20210721-15-ot33d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=794&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412504/original/file-20210721-15-ot33d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=998&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412504/original/file-20210721-15-ot33d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=998&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412504/original/file-20210721-15-ot33d5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=998&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Photographie ancienne d’une geisha entourée de branches de cerisier (1887-1897) par Ogawa Kazumasa.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.smb-digital.de/eMuseumPlus?service=ImageAsset&module=collection&objectId=1059221&resolution=superImageResolution#1593576">Ethnologisches Museum/Staatliche Museen zu Berlin</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le phénomène bénéficie d’une importance telle, que les agences météorologiques japonaises proposent depuis 1950 de très sérieux bulletins prévisionnels décrivant l’évolution de ce front de floraison appelé <em>sakura zensen</em>. Le pic, nommé <em>mankai</em>, est généralement apprécié à Tokyo et Kyoto lors des premiers jours d’avril, bien que l’année 2021 fut remarquable par la précocité d’un front observé 12 jours plus tôt.</p>
<h2><em>Hanafuda</em>, le jeu des fleurs</h2>
<p>Omniprésents dans la culture nippone, les <em>sakura</em> sont mis en valeur toute l’année durant.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/415249/original/file-20210809-25-qaszzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/415249/original/file-20210809-25-qaszzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/415249/original/file-20210809-25-qaszzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/415249/original/file-20210809-25-qaszzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/415249/original/file-20210809-25-qaszzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/415249/original/file-20210809-25-qaszzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/415249/original/file-20210809-25-qaszzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/415249/original/file-20210809-25-qaszzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Cartes du jeu <em>Hanafuda</em>, série du mois de mars aux fleurs de <em>sakura</em> (2020).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nintendo/M.P-Traversaz/montage M.P-Traversaz</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le jeu populaire japonais <em>Hanafuda</em>, littéralement nommé « les cartes des fleurs », en est l’un des exemples. Avec ses 48 cartes et 12 séries mensuelles associées à une espèce botanique, il met en scène le lien fort entre les saisons et les floraisons.</p>
<p>Ce jeu créé à l’époque Meiji (1868-1912), fit la notoriété de la société Nintendo qui en édita les premiers exemplaires en 1889. Les <em>sakura</em> y figurent pour les cartes du mois mars. L’une d’entre elles présente un bandeau orné de l’inscription « Miyoshino », ville de la préfecture de Nara fameuse pour ses cerisiers.</p>
<h2>Glycines inspirantes</h2>
<p>La floraison des <em>sakura</em> terminée, la peine de ce spectacle trop bref s’oublie peu à peu grâce à l’éclosion de nouvelles fleurs.</p>
<p>Dès la fin mars, ce sont ainsi les premières glycines (<em>Fuji, Wisteria floribunda</em>), les azalées (<em>Tsusuji, Azalea japonica</em>) puis les pivoines arbustives et à feuilles, respectivement nommées <em>botan</em> (<em>Paeonia suffructicosa</em>) et <em>shakuyaku</em> (<em>Paeonia lactiflora</em>), qui font leur apparition sur la scène du grand théâtre des fleurs.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/412516/original/file-20210721-23-r4eykz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/412516/original/file-20210721-23-r4eykz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412516/original/file-20210721-23-r4eykz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=909&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412516/original/file-20210721-23-r4eykz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=909&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412516/original/file-20210721-23-r4eykz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=909&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412516/original/file-20210721-23-r4eykz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1142&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412516/original/file-20210721-23-r4eykz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1142&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412516/original/file-20210721-23-r4eykz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1142&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"><em>Dans l’enceinte du sanctuaire Kameido Tenjin</em> (1857), <em>Cent vues d’Edo</em>, d’Utagawa Hiroshige.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:100_views_edo_057.jpg">Online Collection of Brooklyn Museum/Wikimedia</a></span>
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</figure>
<p>Parmi elles, les glycines offrent l’un des spectacles botaniques les plus saisissants. Au même titre que les <em>sakura</em>, la glycine est une plante très appréciée et certains spécimens pluricentenaires font l’objet de festivals dédiés.</p>
<p>La fleur est en outre l’une des protagonistes des cartes <em>Hanafuda</em>, où elle figure sur les cartes d’avril au côté du coucou : <em>Fuji ni hototogisu</em> (« Le coucou parmi les glycines »).</p>
<p>À Tokyo, le sanctuaire <em>shintō</em> Kameido Tenjin est connu pour être un haut lieu d’observation de cette floraison. Construit en 1600, le lieu honore désormais Sugawara no Michizane. Ce calligraphe, poète et homme politique de la période Heian y est vénéré comme le dieu de la connaissance, nommé Tenman-Tenjin.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/414338/original/file-20210803-27-p1r644.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/414338/original/file-20210803-27-p1r644.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/414338/original/file-20210803-27-p1r644.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/414338/original/file-20210803-27-p1r644.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/414338/original/file-20210803-27-p1r644.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/414338/original/file-20210803-27-p1r644.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/414338/original/file-20210803-27-p1r644.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/414338/original/file-20210803-27-p1r644.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Vue du <em>Taiko-bashi</em>, entouré de glycines, dans les jardins Kameido Tenjin, à Tokyo en avril 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">M.P-Traversaz</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Les jardins du sanctuaire – immortalisés par Hiroshige en 1856 dans la série d’estampes <em>Les Cent vues d’Edo</em> – mettent en scène le célèbre pont tambour <em>Taiko-bashi</em>. Il est dit que ce dernier aurait influencé le peintre Claude Monet pour la construction des jardins de Giverny.</p>
<h2>Les pivoines, jusqu’au bout des racines</h2>
<p>Fin avril, les couleurs changent et ce sont les fleurs de pivoine qui viennent enchanter les jardins. D’origine chinoise, elles constituent un symbole fort de réussite et de prospérité. Elles sont mises à l’honneur dans de nombreux jardins, comme ceux du sanctuaire Tōshō-gū célébrant Ieyasu Tokugawa, l’unificateur du Japon féodal.</p>
<p>Chaque année, des festivals y mettent en lumière de magnifiques spécimens de pivoines arbustives. Leurs fleurs étant fragiles, elles sont protégées avec grand soin. En hiver, des huttes d’osier les protègent de la lourde neige alors qu’au printemps ce sont de délicates ombrelles de papiers qui viennent les abriter des rayons du soleil.</p>
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<span class="caption">À gauche, <em>Pivoine et hirondelle</em> (1900–1930) par Ohara Koson (1877-1945). À droite, une pivoine arbustive (<em>Paeonia suffruticosa</em>) du sanctuaire Toshogu à Tokyo en mai 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Rawpixel Ltd/M.P-Traversaz/montage M.P-Traversaz</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Les racines de pivoine sont également employées comme remèdes médicinaux dans toute l’Asie orientale. Elles y sont reconnues pour leurs importantes propriétés anti – inflammatoires. Ces racines font d’ailleurs partie des ingrédients les plus utilisés pour les préparations médicinales traditionnelles japonaises, nommées <em>Kampo</em>.</p>
<p>Une fois fanées, les pivoines laisseront la place aux floraisons des iris (<em>Hanashōbu, Iris ensata</em>) et des premiers hortensias (<em>Ajisai, Hydrangeas macrophylla</em>). Leur arrivée marquera alors le début de la saison des pluies et son ballet de fleurs émerveillant les Japonais toute l’année durant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/164756/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Manon Paul-Traversaz ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les Japonais portent une affection toute particulière pour le végétal et le cycle des saisons.
Manon Paul-Traversaz, Docteur en pharmacie, Université Grenoble Alpes (UGA)
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/56820
2016-03-24T21:08:47Z
2016-03-24T21:08:47Z
Été, hiver, petite histoire des changements d’heure
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/116372/original/image-20160324-17849-aafwx2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Pixabay</span></span></figcaption></figure><p>Dans la nuit du dimanche 31 mars 2024, à <a href="https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A14377">2h00 du matin, il sera 3h00</a> : nous serons passés à l'heure d'été. Cette modification horaire relève de la responsabilité de l’<a href="https://www.obspm.fr/">Observatoire de Paris</a>, lequel est en charge d’établir, de maintenir et de diffuser le temps légal français, plus précisément l’échelle de l’heure légale en France. </p>
<p>Le passage à l’heure d’été et à l'heure d'hiver est en fait une idée bien ancienne, et son établissement sous la forme que nous connaissons, une petite histoire à elle seule.</p>
<hr>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<h2>Petit changement, longue histoire</h2>
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<span class="caption">Franklin Benjamin et le changement d’heure dans <em>Le journal de Paris</em>.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b0/Franklin-Benjamin-Journal-de-Paris-1784.jpg">Wikipédia</a></span>
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<p>En 1784, <a href="http://www.webexhibits.org/daylightsaving/franklin3.html">Benjamin Franklin</a> évoque pour la première fois dans le quotidien français <em>Le journal de Paris</em> la possibilité de décaler les horaires afin d’économiser l’énergie. Cette idée n’est pourtant pas encore très populaire à une époque où la société est encore très largement agricole et où l’heure « utile » est celle du Soleil, qui varie de 50 minutes de l’est à l’ouest de la France.</p>
<p>Mais un siècle plus tard, le développement des transports ferroviaires va nécessiter une unification de l’heure sur l’ensemble du territoire français. Cela d’autant plus que le télégraphe électrique est quasi simultanément créé.</p>
<p>Cela va être décidé en 1891 : l’heure de Paris devient l’heure nationale. Le même processus se produit dans différents pays du monde, la différence des échelles de temps entre les pays correspondant à la différence de longitude de leur méridien de référence.</p>
<p>L’Allemagne est la première à instaurer ce changement d’heure le 30 avril 1916. Elle est rapidement suivie par le Royaume-Uni le 21 mai 1916. En France, l’introduction d’une heure d’été est proposée en 1916, votée en 1917, devançant de peu les États-Unis qui vont adopter le changement d’heure en 1918.</p>
<h2>L’heure allemande pendant l’Occupation</h2>
<p>Ce régime va subsister en France jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. L’avancée des troupes allemandes dans le nord de la France va introduire ce qui est appelé <a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/Heure_allemande">« l’heure allemande »</a> dans la partie occupée avec une heure différente de 60 minutes avec celle de la zone libre, au sud de la ligne de démarcation.</p>
<p>Au cours de la guerre des échanges ont lieu avec le haut commandement allemand à différentes reprises avant et après l’occupation totale de la France ; ils mettent en jeu, notamment, la SNCF, pour les écarts des heures et les dates de changement d’heure, ainsi que le secrétaire d’État aux Communications. Plus tard, ce sera le tour du Gouvernement provisoire de la République française, selon l’avance des armées alliées.</p>
<p>Au mois d’août 1945, un nouveau décret rétablit l’heure d’hiver traditionnelle en deux étapes : avec un retard d’une heure le 18 septembre 1945, puis d’une autre le 18 novembre 1945 ; mais un décret annule cette dernière décision. Ce qui fait que la France demeure à cette époque à l’heure d’hiver de l’Europe centrale qui est également l’heure d’été de l’Europe occidentale.</p>
<p>La dernière décision de changement d’heure en France remonte au 19 septembre 1975 : un <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000000500782">décret</a> introduit alors une heure d’été en France, pour application du 28 mars au 28 septembre 1976. Cette mesure, prise à la suite du choc pétrolier de 1973, avait pour but d’effectuer des économies d’énergie en réduisant les besoins d’éclairage en soirée. À l’origine, cette mesure devait être provisoire.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/aHoJ130hQ3E?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Jusqu’en 1995, le passage de retour à l’heure d’hiver a lieu le dernier dimanche de septembre à 3 heures du matin. Mais depuis 1996, il s’effectue le dernier dimanche d’octobre et prolonge la période d’heure d’été durant une partie de l’automne. Le <a href="https://syrte.obspm.fr/spip/services/ref-temps/article/heure-d-ete-heure-d-hiver-saut-de-temps-utc-op-differences-tai-utc">décalage</a> par rapport à l’heure solaire en France est d’une heure environ en hiver et de deux heures environ l’été.</p>
<h2>Harmonisation en Europe</h2>
<p>Le changement d’heure estival a été introduit dans l’ensemble des pays de l’Union européenne au début des années 1980. Pour faciliter les transports, les communications et les échanges au sein de l’UE, il a été décidé d’harmoniser les dates de changement d’heure en 1998 par la <a href="http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A32000L0084">directive 2000/84/CE</a> du Parlement européen et du Conseil du 19 janvier 2001.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/116377/original/image-20160324-17817-1eyok4d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/116377/original/image-20160324-17817-1eyok4d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/116377/original/image-20160324-17817-1eyok4d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/116377/original/image-20160324-17817-1eyok4d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=264&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/116377/original/image-20160324-17817-1eyok4d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=332&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/116377/original/image-20160324-17817-1eyok4d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=332&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/116377/original/image-20160324-17817-1eyok4d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=332&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le passage à l’heure d’été dans le monde. En bleu, les pays qui l’ont adoptée. En orange, ceux où il s’agit d’une convention. En rouge, ceux qui ne l’utilisent pas.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Daylight_saving_time#/media/File:DaylightSaving-World-Subdivisions.png">Paul Eggert/Wikipédia, 2012</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans la pratique, si chacun doit avancer sa montre d’une heure au printemps et la reculer en automne, l’<a href="https://www.obspm.fr/-heure-legale-francaise-.html">heure légale</a> réalisée à l’Observatoire de Paris est modifiée automatiquement, que ce soit la traditionnelle horloge parlante ou les méthodes plus modernes de synchronisation par <a href="https://fr.Wikim%C3%A9dia.org/wiki/Network_Time_Protocol">protocole NTP</a> pour les ordinateurs.</p>
<p>L’heure légale diffusée par l’horloge parlante ou protocole NTP est le Temps universel coordonné de l’Observatoire de Paris – UTC(OP) à laquelle on ajoute une heure ou deux selon la saison.</p>
<p>L’Observatoire de Paris réalise et diffuse le temps légal français. Le temps légal français est élaboré par des horloges atomiques du <a href="http://lne-syrte.obspm.fr/">laboratoire national de métrologie LNE-SYRTE</a> à l’Observatoire de Paris. En 2016, ce temps de référence a une exactitude de 0 000 000 001 seconde. Rappelons à ce propos que la seconde est définie depuis 1967 comme « la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l’état fondamental de l’atome de césium 133 ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/56820/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Arnaud Landragin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
En vous couchant le 30 mars, n’oubliez pas de retarder d’une heure votre montre, si elle n’est pas connectée : depuis plus de 40 ans, nous passons ainsi à l’heure d’été. Pourquoi, et qui la met en œuvre ?
Arnaud Landragin, Directeur de recherche CNRS et Directeur du laboratoire Systèmes de Référence Temps-Espace de l'Observatoire de Paris (Observatoire de Paris / PSL Research University / CNRS / Sorbonne Universités / UPMC / LNE), Observatoire de Paris
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