tag:theconversation.com,2011:/us/topics/huile-de-palme-24247/articleshuile de palme – The Conversation2021-03-05T14:22:19Ztag:theconversation.com,2011:article/1564332021-03-05T14:22:19Z2021-03-05T14:22:19Z« Buttergate » : rien ne prouve que le beurre soit plus dur à cause de l’huile de palme<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/387908/original/file-20210304-22-1i4m48p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=42%2C0%2C4743%2C3152&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un débat sur la consistance du beurre met l’accent sur l’alimentation des bovins.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La controverse qui sévit ces jours-ci au sujet de <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1772839/beurre-buttergate-huile-de-palme-lait-industrie">la consistance du beurre et de l’alimentation des vaches</a> est en train de faire école sur l’attention des médias et le fardeau de la preuve sur laquelle ils s’appuient. Des commentaires anecdotiques sur la consistance du beurre dans les médias ont donné lieu à un débat parfois houleux que certains ont appelé le « Buttergate ».</p>
<p>En paraphrasant Jonathan Swift, auteur anglo-irlandais, <a href="https://quoteinvestigator.com/2014/07/13/truth/">« le mensonge vole, et la réflexion ne le suit qu’en boitant »</a>. L’Association des producteurs laitiers du Canada a annoncé la formation d’un comité chargé d’étudier les problèmes posés par l’utilisation d’aliments pour bovins contenant des additifs à base d’huile de palme, <a href="https://producteurslaitiersducanada.ca/fr/les-producteurs-laitiers-du-canada-recommandent-denvisager-de-remplacer-les-supplements-de-palme">mais s’est peu après empressée de demander aux éleveurs de les éviter</a>.</p>
<p>Parti du constat d’un changement dans la consistance du beurre, la conversation a rapidement viré à un débat sur le bien-fondé de l’ajout d’un produit controversé, l’huile de palme, dans l’alimentation animale.</p>
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<h2>La prépondérance de la preuve</h2>
<p>On concède généralement aux universitaires et autres experts un certain crédit : on suppose que leurs opinions reposent sur des données et une analyse rigoureuse lorsqu’ils interviennent dans le débat public. Pour mériter cette confiance, il faut être clair quant au fondement de ses déclarations : quels sont l’échantillon et la qualité de la preuve ? Quelle est la part faite à l’opinion par rapport aux preuves ayant au moins transité par le tamis des pairs et la publication dans une revue scientifique ?</p>
<p><a href="https://www.theglobeandmail.com/life/food-and-wine/article-is-your-butter-not-as-soft-as-it-used-to-be-the-pandemic-and-our-urge/">Le beurre à température de la pièce est-il plus dur qu’il ne l’était</a> ? C’est ce qui a fait décoller cette controverse. Bien que cette question ait « fondu » pour faire place à l’usage de dérivés d’huile de palme, il est révélateur de suivre l’histoire depuis ses débuts.</p>
<p>Considérons l’écart de valeur entre une réponse donnée sur les réseaux sociaux et un sondage formel mené auprès d’un échantillon représentatif de la population. Ce n’est pas difficile de voir qu’on obtiendrait des points de vue fort différents selon que l’on demande : « Suis-je le seul à penser que le beurre est plus dur ? » plutôt que : « Veuillez indiquer votre degré de satisfaction par rapport à la consistance du beurre, de pas du tout satisfait à très satisfait », en ajoutant l’option « pas d’avis ».</p>
<p>Si nous voulions savoir si le beurre est dur ou plus dur qu’il ne l’était, <a href="https://www.ctvnews.ca/business/dairy-farmers-lobby-asks-members-to-stop-using-palm-as-it-investigates-buttergate-1.5323703">il faudrait être capable de le mesurer</a>. Ce n’est pas difficile à faire, sauf que cela n’a pas été fait. Ce qui aurait pu suffire pour clore le débat.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/387025/original/file-20210301-13-141xyrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387025/original/file-20210301-13-141xyrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387025/original/file-20210301-13-141xyrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387025/original/file-20210301-13-141xyrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387025/original/file-20210301-13-141xyrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387025/original/file-20210301-13-141xyrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387025/original/file-20210301-13-141xyrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387025/original/file-20210301-13-141xyrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Pour savoir si oui ou non la consistance du beurre a changée, il faudrait pouvoir en mesurer la consistance sur une longue durée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Dans ce cas, constat a été fait que certains éleveurs ajoutent de temps en temps à la nourriture de certaines de leurs vaches de petites quantités d’additifs à base d’huile de palme (de l’ordre de 1 % de la diète d’une vache). La teneur en matières grasses du beurre étant de 80 %, et ces matières grasses provenant du lait, on a spéculé sur le lien qui pourrait exister entre les additifs et la consistance du beurre. Sur cela, nous disposons de quelques données. Mais nous naviguons également en eaux troubles.</p>
<p>La terminologie prête parfois à confusion : le lait de vache — tout comme le lait maternel — contient de l’acide palmitique, en proportion de 30 % à 35 % des diverses matières grasses du lait de vache, et ce, qu’elles aient ingéré ou non de la nourriture à base de dérivés d’huile de palme.</p>
<h2>Les régimes alimentaires chez la vache</h2>
<p>L’alimentation première des vaches canadiennes provient soit de la ferme où elles sont élevées ou encore de provenance locale : l’alimentation de base contient du maïs et du fourrage ensilé, du maïs en grains et un peu de tourteaux de soja.</p>
<p>Les producteurs laitiers suivent ces régimes sur la base <a href="https://www.merckvetmanual.com/management-and-nutrition/nutrition-dairy-cattle/nutritional-requirements-of-dairy-cattle">d’analyses détaillées et régulièrement mises à jour</a> et dont les <a href="https://producteurslaitiersducanada.ca/fr/lait-au-canada/lexcellence-laitiere/alimentation-vaches-laitieres-canadiennes">formules sont élaborées par nutritionnistes professionnels</a>. Des vétérinaires assurent le suivi préventif routinier, hebdomadaire ou aux deux semaines.</p>
<p>On ajoute parfois des suppléments à base de graisse végétale (un pour cent environ) <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9780128170526000094?via%3Dihub">pour compenser la perte d’énergie qui peut se produire en début de lactation</a>, ou encore afin de stimuler l’énergie des vaches durant les périodes de chaleurs estivales. C’est une pratique qui perdure <a href="https://www.journalofdairyscience.org/article/S0022-0302(17)31048-2/fulltext">depuis des décennies</a> afin de répondre à la variabilité saisonnière de la demande en matière grasse.</p>
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<figcaption><span class="caption">Adam Lock,expert en alimentation des vaches laitières et sur son impact sur les matières grasses du lait, a écrit un briefing et un résumé sur l’état des connaissances en la matière.</span></figcaption>
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<p>L’ajout d’un supplément alimentaire à la nourriture des vaches laitières augmentera dans de faibles proportions la quantité d’acide palmitique contenu dans leur lait. Il n’existe aucune preuve de dangerosité de cette pratique, que ce soit pour les vaches ou les humains qui en consomment le lait.</p>
<p>On ne donne pas d’huile de palme en tant que telle aux vaches, mais des suppléments d’acide palmitique, en provenance soit d’huile de palme, soit de ses produits dérivés lors du processus d’extraction. Il n’y a aucune preuve qu’il y ait eu un quelconque changement dans le recours à l’acide palmitique. De fait, les données probantes dont nous disposons sur la composition en acides gras des vaches québécoises indiquent que le contenu d’acide palmitique dans le lait n’a pas changé l’an dernier, et les données disponibles pour 2018 enregistrent un <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/2021-02-24/vaches-nourries-a-l-huile-de-palme/les-transformateurs-laitiers-condamnent-la-pratique.php">écart de moins de 1 %</a> entre les troupeaux nourris avec des gras supplémentaires comparés à ceux qui n’en ont pas mangé — 33 contre 33,5 %.</p>
<p>Nous disposons de peu de données, à savoir si ou comment le régime alimentaire des vaches pourrait avoir un effet sur les caractéristiques des produits laitiers. Davantage d’études sont nécessaires, et <a href="https://www.lebulletin.com/elevage/non-le-gras-ajoute-a-la-ration-des-vaches-vaches-laitieres-ne-rend-pas-le-beurre-plus-dur-111519">elles sont en cours dans plusieurs domaines</a>. Mais sur la base de nos connaissances à l’heure actuelle, il est peu probable que les suppléments à base d’huile de palme puissent avoir un effet quelconque sur le beurre.</p>
<h2>Prendre des décisions éclairées</h2>
<p>Toutes les décisions ne sont pas et ne devraient pas être prises sur une base strictement scientifique. Nous sommes fréquemment amenés à décider sans avoir en main de preuves irréfutables, et à prendre en compte nos valeurs tout autant que des données objectives. Il faut tenir compte du contexte. On trouve de l’huile de palme et ses dérivés dans beaucoup d’aliments : il suffit de lire les étiquettes des pâtisseries, des barres de granola et des tartinades aux noisettes dans notre garde-manger, de la margarine dans notre frigidaire, ainsi que des produits cosmétiques et des biocarburants.</p>
<p>Nous avons des inquiétudes sur l’impact environnemental de la production d’huile de palme. Tout comme pour le café, le cacao, et l’industrie forestière, il existe des <a href="https://www.wwf.fr/champs-daction/alimentation/matieres-premieres-agricoles/huile-palme">normes internationales</a> sur la production responsable d’huile de palme.</p>
<p>Les gens et l’industrie peuvent bien prendre des décisions basées sur leurs valeurs, mais ils devraient tout de même se renseigner sur les preuves scientifiques disponibles. Sinon, nous risquons de pédaler dans le beurre, peu importe qu’il soit dur ou mou.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156433/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stephen LeBlanc est financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, le Fonds d'excellence en recherche Canada First et le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario. Au cours des cinq dernières années, il a reçu des fonds de recherche de Landus Coopertive (une société de nutrition animale) et d'Elanco Animal Health Canada. Il a reçu des fonds de recherche des Producteurs laitiers de l'Ontario en 2013, et des Producteurs laitiers du Canada de 2012 à 2016.</span></em></p>Une récente controverse sur la consistance du beurre démontre le besoin de preuves plutôt que de données anecdotiques.Stephen LeBlanc, Professor, Veterinary Population Medicine, University of GuelphLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1456062020-09-07T18:29:40Z2020-09-07T18:29:40ZComment les chimpanzés ont sauvé la forêt tropicale africaine<p>La plupart des gens imaginent probablement que la forêt humide d’Afrique occidentale et centrale – la deuxième plus vaste au monde – existe depuis des millions d’années. Des travaux récents suggèrent pourtant qu’elle ne s’est constituée <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S092181812030148X?via%3Dihub">qu’il y a environ 2000 ans</a>. Fortement fragmentée sous l’effet de l’allongement de la saison sèche, il y a 2500 ans, la forêt a atteint son état actuel au terme de cinq siècles de régénération.</p>
<p>Cette restauration n’est pas liée à l’action de l’homme, mais a été favorisée par des agents de dispersion des graines ou des fruits, parmi lesquels les chimpanzés. Par leur action, ces disséminateurs ont contribué à l’expansion des espèces d’arbres à croissance lente de la forêt humide. Aujourd’hui, ces animaux se trouvent menacés par la déforestation et par la chasse, ce qui avec le changement climatique pourrait dans le futur mettre à mal la résilience des couverts tropicaux.</p>
<p>J’ai commencé à réfléchir aux processus naturels dans les forêts africaines en 1993. Aux côtés du <a href="https://janegoodall.fr/">célèbre groupe de chimpanzés de Jane Goodall</a> à Gombe, en Tanzanie, nous essayions avec ma femme de suivre ces primates sauvages. C’est l’un des directeurs de recherche de <a href="https://www.researchgate.net/profile/Anthony_Collins10">Gombe, Anthony Collins</a>, qui nous a sensibilisés à leur rôle. Il suggérait qu’ils avaient pu influer sur la composition du couvert par leurs propres pratiques nutritionnelles, les fruits étant ainsi excrétés çà et là. Une sorte de « protojardinage ».</p>
<p>J’ai finalement dû quitter les chimpanzés après avoir obtenu un petit financement pour étudier les changements passés de la végétation grâce aux pollens fossilisés, cette fois-ci dans les Andes.</p>
<p>Quelques années plus tard, je me suis retrouvé à donner des cours à Cambridge sur les impacts anthropiques au cours des 10 000 dernières années. Je « retournai » soudainement aux forêts tropicales humides d’Afrique et à leur histoire. À cette époque, les scientifiques considéraient l’humain comme largement responsable du recul spectaculaire des forêts depuis 3000 ans.</p>
<p>Les premiers rares articles scientifiques que j’ai lus sur le sujet utilisaient l’abondance de pollens issus du palmier à huile dans les lits datés des vases lacustres comme signal d’une présence humaine. Ce palmier à huile est aujourd’hui célèbre pour sa culture à <a href="https://www.nationalgeographic.fr/environnement/comment-produire-de-lhuile-de-palme-sans-detruire-les-forets">échelle industrielle massive</a> sous les tropiques. Puisqu’il a toujours constitué une importante source de nutrition pour les populations de la région, les scientifiques l’assimilaient à un indicateur de présence humaine.</p>
<p>Peu de temps après, j’ai commencé à travailler dans un <a href="http://www.isem.univ-montp2.fr/fr/">laboratoire de palynologie à Montpellier</a> dans le sud de la France. Là, je me suis penché plus longuement sur l’histoire de la forêt africaine, et les autres chercheurs ont bouleversé ma vision simpliste des pollens fossilisés du palmier à huile.</p>
<p>Lorsque l’on s’intéresse aux données recueillies sur la forêt humide africaine, on s’aperçoit qu’elle a connu un recul très fort <a href="https://opendocs.ids.ac.uk/opendocs/bitstream/handle/20.500.12413/8672/IDSB_33_1_10.1111-j.1759-5436.2002.tb00003.x.pdf">il y a environ 2500 ans</a> dans le bassin du Congo, ainsi que dans une vaste zone allant du Sénégal au Rwanda. Or on n’y trouve qu’un très petit nombre d’indices archéologiques de populations humaines dispersées : l’homme ne peut donc être tenu responsable d’une destruction simultanée à si grande échelle.</p>
<h2>Quand la forêt humide africaine a failli disparaître</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/348401/original/file-20200720-102864-s7j20.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="map of showing the different ecosystems across Africa" src="https://images.theconversation.com/files/348401/original/file-20200720-102864-s7j20.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/348401/original/file-20200720-102864-s7j20.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=540&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/348401/original/file-20200720-102864-s7j20.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=540&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/348401/original/file-20200720-102864-s7j20.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=540&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/348401/original/file-20200720-102864-s7j20.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=678&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/348401/original/file-20200720-102864-s7j20.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=678&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/348401/original/file-20200720-102864-s7j20.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=678&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les forêts humides tropicales (en vert foncé) couvrent encore la plus grande partie du centre et de l’ouest de l’Afrique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Vzb83/wiki</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Comment expliquer alors la quasi-disparition des forêts humides ? La réponse n’est en réalité pas liée à l’action de l’humain mais à celle du climat.</p>
<p>Au cours d’une étude récemment publiée dans le journal <a href="https://www.journals.elsevier.com/global-and-planetary-change/news/will-african-forests-recover-again-as-before"><em>Global and Planetary Change</em></a>, mes collègues <a href="https://www.researchgate.net/profile/Pierre_Giresse">Pierre Giresse</a>, <a href="https://univ-montpellier.academia.edu/JeanMALEY">Jean Maley</a> et <a href="https://www.qpg.geog.cam.ac.uk/people/chepstow-lusty/">moi-même</a> avons utilisé les nombreux enregistrements de végétation disponibles à travers l’Afrique centrale et occidentale afin de démontrer qu’il y a approximativement 2500 ans, la durée de la saison sèche a augmenté. La forêt humide s’est fortement fragmenté et a été envahie par la végétation de savane – herbes, buissons isolés et arbres.</p>
<p>Au cours des siècles suivants, les forêts se sont régénérées spontanément, en incluant des espèces comme le palmier à huile. Ce dernier requiert beaucoup de lumière et prospère dans les espaces ouverts ou dans les vides créés dans les forêts quand la canopée s’ouvre à distance des zones les plus denses. C’est pourquoi il joue souvent le rôle d’espèce pionnière contribuant à ce que les bois repoussent.</p>
<p>Mais les grosses noix étant trop lourdes pour être emportées par le vent, il est dès lors nécessaire que leur dissémination soit réalisée grâce aux déjections d’animaux comme les chimpanzés. Ceux-ci sont capables d’avaler ces fruits dont la chair orange vif constitue une part <a href="https://www.academia.edu/15330525/The_importance_of_local_tree_resources_around_Gombe_National_Park_Western_Tanzania_Implications_for_humans_and_chimpanzees_Ambio_35_3_130_135">importante de leur régime alimentaire</a>. Et c’est ainsi qu’avec d’autres disséminateurs de graines, ces grands singes ont joué un rôle crucial dans la régénération des forêts humides d’Afrique.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/348402/original/file-20200720-18366-bwh3c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="bright orange oil palm fruit" src="https://images.theconversation.com/files/348402/original/file-20200720-18366-bwh3c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/348402/original/file-20200720-18366-bwh3c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/348402/original/file-20200720-18366-bwh3c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/348402/original/file-20200720-18366-bwh3c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/348402/original/file-20200720-18366-bwh3c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/348402/original/file-20200720-18366-bwh3c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/348402/original/file-20200720-18366-bwh3c9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le fruit du palmier à huile consommé et excrété par les chimpanzés du Parc national de Gombe.</span>
<span class="attribution"><span class="source">D Mwacha A Collins/Jane Goodall Institute</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Les disséminateurs de graines menacés</h2>
<p>Lorsque nous avons initié cette recherche, nous ne pouvions pas envisager combien elle deviendrait significative au regard de la pandémie actuelle. Aujourd’hui, le changement climatique, la déforestation et la chasse affectent lourdement ces mêmes forêts. Le marché de la viande de brousse contribue à la disparition <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C3%A8ce_cl%C3%A9_de_vo%C3%BBte">d’espèces clés</a> comme les chimpanzés. Or sans ces animaux capables de disperser les graines à distance – particulièrement les plus grosses et les plus lourdes – la composition naturelle et la régénération des forêts seraient menacées.</p>
<p>Au début du 20ème siècle, il existait environ 1 million de chimpanzés. Leur nombre à l’état sauvage est désormais estimé <a href="https://fr.mongabay.com/2020/08/pour-les-chimpanzes-occidentaux-les-sanctuaires-sont-plus-quune-solution-de-dernier-recours/">entre 172 000 et 300 000</a>. Ces espèces fournissent un service indispensable et méritent donc d’être mieux protégées pour préserver les forêts en elles-mêmes et prévenir les transmissions de maladie.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/348403/original/file-20200720-31-8pg4f1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Cusano the chimpanzee clings to a branch" src="https://images.theconversation.com/files/348403/original/file-20200720-31-8pg4f1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/348403/original/file-20200720-31-8pg4f1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=910&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/348403/original/file-20200720-31-8pg4f1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=910&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/348403/original/file-20200720-31-8pg4f1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=910&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/348403/original/file-20200720-31-8pg4f1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1144&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/348403/original/file-20200720-31-8pg4f1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1144&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/348403/original/file-20200720-31-8pg4f1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1144&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cusano, un mâle alpha de Gombe (Tanzanie), fit partie de ceux qui moururent de maladie respiratoire en 1996..</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alex Chepstow-Lusty</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>La diffusion des maladies aux humains est notamment associée au commerce de la <a href="https://www.courrierinternational.com/article/pandemie-en-afrique-centrale-la-viande-de-brousse-est-un-cadeau-de-dieu">viande de brousse</a>. Mais la propagation des maladies existe dans le sens inverse. En juin 1996, trois ans après avoir quitté les chimpanzés de Mitumba à Gombe, presque la moitié du groupe de singes est décédée probablement <a href="https://www.academia.edu/15330525/The_importance_of_local_tree_resources_around_Gombe_National_Park_Western_Tanzania_Implications_for_humans_and_chimpanzees_Ambio_35_3_130_135">d’une maladie respiratoire</a> transmise par les humains.</p>
<p>Les écosystèmes des forêts tropicales sont peut-être beaucoup plus résilients qu’on ne peut le prédire. Mais sans les chimpanzés et autres disséminateurs de graines, nous assisterions à une triste évolution vers des forêts fragmentées et clairsemées. Sans doute devrions-nous considérer à sa juste valeur le rôle essentiel des déjections… et de ceux qui les produisent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/145606/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alex Chepstow-Lusty ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La menace qui pèse sur les chimpanzés fait aussi courir un risque aux forêts tropicales.Alex Chepstow-Lusty, Associate Researcher, Quaternary Palaeoenvironments Group, University of CambridgeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1408692020-06-23T20:50:23Z2020-06-23T20:50:23ZLes aliments « ultratransformés » sont aussi très mauvais pour la planète<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/343520/original/file-20200623-188882-1ph5wks.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La malbouffe s’accompagne d’une gigantesque production de déchets. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le concept d’aliments ultratransformés, devenu familier depuis son introduction par Carlos Monteiro (chercheur en nutrition et santé publique à l’université de Sao Paulo) en 2009-2010, a depuis fait l’objet de nombreux articles montrant <a href="http://www.fao.org/3/ca5644en/ca5644en.pdf">leur impact négatif sur la santé des consommateurs</a>. En bref, les aliments ultratransformés sont caractérisés par la <a href="https://theconversation.com/aliments-ultratransformes-de-quoi-parle-t-on-117065">présence d’ingrédients et/ou additifs « cosmétiques »</a> (purifiés et/ou de synthèse) pour modifier – souvent exacerber – goût, couleur, arôme et texture].</p>
<p>Mais il faut aussi souligner l’impact plus global de la production et de la consommation de ces produits. Si la durabilité des systèmes alimentaires est menacée aujourd’hui par un <a href="http://www.fao.org/3/ca6640en/ca6640en.pdf">excès de calories d’origine animale</a>, elle l’est également, et c’est bien moins connu, par les calories ultratransformées. C’est déjà le cas dans les pays occidentaux et, de plus en plus, dans les pays émergents où les aliments d’origine animale et ultratransformées sont en constante augmentation.</p>
<p>Comparée aux pays en développement ou émergents, la consommation d’aliments ultratransformés (AUT) est plus élevée dans les pays occidentaux <a href="https://iris.paho.org/bitstream/handle/10665.2/7699/9789275118641_eng.pdf">(respectivement <100kg contre 200-300kg/an)</a> ; mais le taux de croissance des ventes dans les pays émergents s’avère élevé : <a href="https://iris.paho.org/bitstream/handle/10665.2/7699/9789275118641_eng.pdf">70-100 %</a> quand la croissance mondiale est de 44 % pour la période 2000-2013. Avec 29,2 %, les pays d’Asie et du Pacifique possèdent la part de marché la plus élevée pour les AUT. En France, la consommation quotidienne de calories ultratransformées <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/public-health-nutrition/article/contribution-of-ultraprocessed-foods-in-the-diet-of-adults-from-the-french-nutrinetsante-study/DAD2E5364AEC9B6424644403258F9A1A">s’approche des 40 %</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/voVN7yJhMB4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le professeur Carlos Monteiro sur l’évolution de l’offre alimentaire. (FAO, 2019).</span></figcaption>
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<p>Rappelons ici que la dernière transition nutritionnelle a commencé dans les années 1950, après la Seconde Guerre mondiale pour culminer dans les années 1980 avec l’avènement du marketing, des grandes multinationales agroalimentaires et de l’hypertechnologie appliquée à nos aliments. Cette transition, largement ignorée, est cependant cruciale : elle marque le passage des « vrais » aux « faux » aliments, ces AUT aux matrices artificialisées ; l’avènement des AUT est concomitant de <a href="https://academic.oup.com/advances/article/9/6/655/5094771">l’explosion mondiale des maladies chroniques</a> – qui se sont progressivement substituées aux maladies infectieuses et de carence – et de la baisse puis la stagnation de l’espérance de vie en bonne santé.</p>
<p>La substitution progressive des aliments traditionnels par les AUT a été accompagnée d’une prévalence croissante de surpoids, d’obésité, de diabète de type 2 et de stéatose hépatique (ou « maladie des sodas »). Aujourd’hui, près de <a href="https://www.researchgate.net/publication/335924650_Ultra-processed_foods_A_new_holistic_paradigm">35 études épidémiologiques</a>, réalisées depuis 2010, confirment et complètent ces observations.</p>
<h2>Faibles coûts, élévages intensifs, pollutions</h2>
<p>Pour assurer un faible coût et cibler une consommation massive et standardisée à l’échelle mondiale – on pense aux hamburgers et nuggets des fast foods –, les calories animales des AUT conduisent à des élevages intensifs ; les animaux y sont élevés dans des conditions extrêmes, non respectueuses de leurs besoins et bien-être fondamentaux. En France, par exemple, <a href="https://www.boell.de/sites/default/files/latlasdelavivande_2.pdf">82 % des animaux sont élevés de manière intensive</a>, notamment les poulets, les lapins et les porcs (plus de 90 %).</p>
<p>La consommation et la production excessive d’AUT (dont les ingrédients sont majoritairement issus de monocultures intensives) ainsi que le suremballage associé à ces produits représentent une autre menace pour l’environnement avec la pollution (plastique, pesticides…), la déforestation (pour fournir le soja à l’alimentation animale) et les émissions de gaz à effet de serre qu’ils engendrent.</p>
<p>Il est intéressant à ce titre de reprendre les <a href="https://www.paho.org/hq/dmdocuments/2015/dietary-guides-brazil-eng.pdf">recommandations alimentaires brésiliennes de 2014</a> évoquant les AUT :</p>
<blockquote>
<p>« Des huiles, du sucre et d’autres matières premières bon marché pour les AUT créent des monocultures et des exploitations agricoles qui produisent pour l’exportation et non pour la consommation locale. L’agriculture intensive des matières premières dépend des pesticides et de l’utilisation intensive d’engrais et d’eau. La fabrication et la distribution de la plupart des AUT impliquent de longs trajets de transport, et donc une utilisation excessive d’énergie non renouvelable et d’eau, et l’émission de polluants. Tout cela se traduit par une dégradation et une pollution de l’environnement, une perte de biodiversité et un drainage et une perte d’eau, d’énergie et d’autres ressources naturelles. La production et la consommation entraînent également la création de grandes quantités de déchets et d’ordures, déversées dans des décharges dégoûtantes et dangereuses. Dans l’ensemble, les AUT constituent une menace sérieuse pour la survie durable de la planète. »</p>
</blockquote>
<p>Enfin, le procédé du « cracking » est extrêmement énergivore : il s’agit d’isoler certains ingrédients (sirop de glucose-fructose, huiles raffinées, isolats de protéines…) à partir des aliments bruts – soja, pois, blé, maïs, riz, pommes de terre, lait, œufs et viandes en tête –, de les distribuer ensuite à l’échelle planétaire pour qu’ils puissent être recombinés en AUT, se substituant à la nourriture locale, elle, peu transformée.</p>
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<figcaption><span class="caption">Le cracking alimentaire. (Science & Vie, 2020).</span></figcaption>
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<h2>Une concurrence déloyale</h2>
<p>En raison de leur prix très bas, de leur palatabilité exacerbée et de leur forte attractivité – grâce à une démarche commerciale ciblée, notamment vers les plus jeunes –, les aliments ultra-transformés se substituent aux aliments locaux et traditionnels, tout particulièrement dans les pays émergents et en développement.</p>
<p>Une situation qui met en danger les petits agriculteurs, souvent contraints de « mettre la clé sous la porte » et de se déplacer vers les zones urbaines, <a href="https://www.cairn.info/revue-tiers-monde-2005-3-page-487.htm">alimentant les bidonvilles</a> : ce fut le cas pour les <a href="https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/comment-lue-exporte-sa-crise-du-lait-vers-lafrique/">petits producteurs laitiers d’Afrique subsaharienne</a>, concurrencés de façon déloyale par les poudres de lait dégraissées excédentaires de l’Europe, vendues à des coûts dérisoires ; ou encore, les snacks sucrés, salés ou gras (chips, sodas, barres chocolatées) qui remplacent la « street food », plus traditionnelle et produite localement.</p>
<p>Comme l’a souligné la chercheuse Jessica L. Johnston dans une <a href="https://academic.oup.com/advances/article/5/4/418/4568624">analyse publiée en 2014</a>, cette situation est imputable aux subventions gouvernementales aux agriculteurs actuellement en vigueur aux États-Unis et dans certaines parties de l’Europe ; celles-ci « permettent aux pays développés de produire de grandes quantités d’aliments de base et ultra-transformés bon marché ». L’offre de ces aliments moins sains <a href="https://www.thechicagocouncil.org/publication/bringing-agriculture-table-how-agriculture-and-food-policy-can-play-role-preventing">faussent les marchés locaux</a> et dépriment la demande d’options alimentaires locales, plus chères, et souvent plus saines.</p>
<p>Évoquons enfin la dimension sociale, car ce sont les plus pauvres et les moins instruits qui consomment le plus d’AUT. Aux États-Unis, les aliments ultra-transformés sont près de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6558394/pdf/fnut-06-00070.pdf">62 % moins chers</a> que les aliments frais, non ou peu transformés. Par ailleurs, comme indiqué dans le guide brésilien alimentaire évoqué plus haut, la praticité, caractéristique des AUT, favorise la prise de repas dans des <a href="https://www.paho.org/hq/dmdocuments/2015/dietary-guides-brazil-eng.pdf">conditions plutôt isolées</a>, affectant les interactions sociales traditionnellement liées au partage des repas à base de vrais aliments.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/W08GyEGWTjs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La moitié de la population mondiale sera obèse dans 10 ans (Brut, 2020).</span></figcaption>
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<h2>Les alternatives existent !</h2>
<p>En plus de la praticité des AUT, il faut revenir sur la stratégie de commercialisation conduite par les grandes entreprises agro-alimentaires : celle-ci aboutit à une identité propre et mondialisée, comme pour les sodas ou les hamburgers, s’appuyant sur des promotions et slogans « agressifs » se déclinant en fonction des pays visés.</p>
<p>Cette identité créée repose sur une standardisation, fidélisant les consommateurs d’un même pays ou voyageant d’un pays à un autre, en leur assurant la constance des propriétés organoleptiques, les écartant ainsi potentiellement d’autres aliments traditionnels aux goûts moins standardisés. Avec, comme résultat, un éloignement de la culture et des traditions culinaires constaté notamment chez les plus jeunes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/alimentation-protegez-votre-sante-et-la-planete-grace-a-la-regle-des-3v-117033">Alimentation : protégez votre santé (et la planète) grâce à la règle des « 3V »</a>
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<p>N’oublions cependant pas un aspect positif de la normalisation des aliments introduite par les industries agro-alimentaires : elle permet un nécessaire et strict contrôle toxicologique et hygiénique, et une sécurité sanitaire permettant l’accès au marché mondial… mais qui s’est trop souvent faite au détriment du potentiel santé des aliments.</p>
<p>S’affranchissant de l’approche actuelle trop réductionniste sur les nutriments, nous avons développé la <a href="https://theconversation.com/alimentation-protegez-votre-sante-et-la-planete-grace-a-la-regle-des-3v-117033">règle des « 3V-BLS »</a> – végétal, vrai, varié, si possible bio, local et de saison – pour fournir des leviers d’action simples et holistiques afin de prévenir la dégradation des systèmes alimentaires due à l’excès de calories animales et ultra-transformées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/140869/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anthony Fardet a reçu des financements de MOM en 2018. Il est membre du comité scientifique de Siga et expert pour Wuji & Co. Il est aussi membre des associations GREFFE, MiamNutrition et Holistic Care.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Edmond Rock ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si la durabilité des systèmes alimentaires est menacée aujourd’hui par un excès de calories d’origine animale, elle l’est également, et c’est bien moins connu, par les calories ultratransformées.Anthony Fardet, Chargé de recherche, UMR 1019 - Unité de Nutrition humaine, Université de Clermont-Auvergne, InraeEdmond Rock, Directeur de recherche, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/918762018-04-02T19:57:38Z2018-04-02T19:57:38ZLe sanglier barbu de Bornéo, jardinier des forêts et protecteur des hommes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/212829/original/file-20180402-189795-g3zkjy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le sanglier barbu, l’un des animaux les plus emblématiques de l’archipel malais. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sus_barbatus#/media/File:Bartschwein_Sus_barbatus_Tierpark_Hellabrunn-6.jpg">Rufus46/Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>À la moindre évocation de Bornéo, les superlatifs fusent, l’imaginaire s’enflamme et nos lointains souvenirs de lecture passionnée de <a href="http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2013/08/16/joseph-conrad-a-borneo-les-tombes-oubliees-de-berau_3462271_3216.html">Joseph Conrad refont surface</a>.</p>
<p>Cette île gigantesque – quatrième au monde avec une superficie de 743 330 km<sup>2</sup> où vivent plus de 20 millions de personnes – a toujours suscité la fascination des explorateurs par la densité de sa forêt, la vascularisation de son réseau hydrographique, la rudesse de son relief montagneux, la singularité culturelle de ses habitants et leur engagement séculaire dans un négoce international de <a href="https://kyotoreview.org/issue-8-9/book-review-histories-of-the-borneo-environment-economic-political-and-social-dimensions-of-change-and-continuity/">produits forestiers</a>.</p>
<h2>Un massif forestier fragile</h2>
<p>Bornéo recèle le plus grand massif forestier d’Asie, lequel est mis à mal par des exploitations destructrices de ses ressources naturelles : coupe intensive du bois, extraction minière à ciel ouvert, extension fulgurante de plantations agro-industrielles, <a href="https://theconversation.com/pour-une-huile-de-palme-durable-soutenir-les-petits-producteurs-et-encadrer-les-grandes-plantations-75653">notamment du palmier à huile</a>, <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1890/100236/full">aménagement hasardeux des tourbières</a>… L’étendue forestière de Bornéo, qui avoisinait 56 millions d’hectares au début des années 1970 (76 % de la superficie de l’île) a été amputée de <a href="https://www.cifor.org/map/atlas">20 millions d’hectares en l’espace de 45 ans</a>.</p>
<p>Ces activités s’accompagnent d’un flot incessant de paysans pauvres, déplacés depuis le début des années 1980 des îles surpeuplées de Madura, Java et Bali, porteurs d’une agriculture pionnière dispendieuse en terres et enclins à couper la forêt pour leurs besoins agricoles. Ces paysans, en manque de terres dans leurs régions d’origine, défrichent plus que nécessaire pour s’approprier ces nouveaux espaces, ce qui parfois engendre des <a href="https://www.economist.com/node/579245">relations conflictuelles</a> avec les populations natives.</p>
<p>D’importants incendies spontanés, consécutifs à des pics de sécheresses occasionnés par le <a href="https://theconversation.com/el-nino-quest-ce-que-cest-47645">phénomène El Niño</a>, viennent assombrir ce triste tableau qui positionne Bornéo <a href="http://www.cifor.org/publications/pdf_files/factsheet/6552-factsheet.pdf">au premier rang des régions les plus intensivement déforestées</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Déforester pour récolter toujours davantage d’huile de palme. Photo prise en 2009 sur l’île de Bornéo (Indonésie).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/rainforestactionnetwork/5551932646/in/photolist-aUztZt-ciAr9w-aUzhCx-wHxF6-aKXzjc-h5cUmf-bGwhVr-8ZrAPp-h5d9yw-9sy7fD-DPGUwp-EeXyfF-Saqsaz-Qfgn3p-r3zf3w-4cWR7b-btBwAb-rnD71V-xs4es2-aUzsSa-aUzuYg-h5cZR3-9sB79E-8ZrBv2-btBA7G-aUzhtg-9sy6Q4-rpvBQa-rnD4PR-aUzre6-rDES95-aKXCi8-dx3rwe-8ZuFoE-dTkQS4-aKXxvv-huMKXP-6MAHTu-rFXrHK-majujk-aKXAXX-6MAR4J-9D1gCd-6rGWnq-aKXzKc-CnAAsw-Dqsjdf-qJXSHy-rDEYJj-qKaSj2">Rainforest Action Network/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
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</figure>
<h2>Orang-outan, panthère nébuleuse et… sanglier barbu</h2>
<p>Bornéo fascine également par sa haute diversité biologique et son <a href="https://www.nature.com/articles/35002501">fort endémisme</a> qui ajoutent à la fragilité de ses forêts.</p>
<p>Les espèces charismatiques ne manquent pas : <a href="http://www.maxisciences.com/fleur/rafflesia-arnoldii-la-fleur-la-plus-grande-du-monde_art33091.html">rafflésie</a> malodorante et <a href="http://www.infoscarnivores.com/nepenthes.htm">népenthès</a> carnivores, côté flore ; orang-outan, éléphant pygmée, panthère nébuleuse, nasique, écureuil à quatre raies, <a href="https://global.oup.com/academic/product/the-ecology-of-kalimantan-9780945971733?lang=en&cc=nl">côté faune</a>. En revanche, on évoque rarement le sanglier barbu (<em>Sus barbatus</em>), qui est certainement l’<a href="https://www.cefe.cnrs.fr/images/stories/DPTInteraction/Interactions-bioculturelles/chercheurs/edmond_dounias/Dounias_symbolisme2007_sanglier.pdf">animal le plus emblématique de l’île</a>.</p>
<p>Ce sanglier – dont on distingue deux sous-espèces, <em>S. barbatus oi</em> présent uniquement à Sumatra et <em>S. barbatus barbatus</em>, présent sur la péninsule malaise et l’ile de Bornéo – doit son nom à une abondante touffe de longs poils redressés recouvrant ses joues et son maxillaire inférieur.</p>
<p>Il a la particularité d’être un infatigable migrateur : seul ou en hordes pouvant réunir plusieurs centaines d’individus, le sanglier barbu parcoure des centaines de kilomètres pour obtenir sa nourriture. Ce faisant, il officie comme véritable jardinier des forêts de Bornéo, qui ne pourraient se maintenir sans lui.</p>
<h2>Infatiguable jardinier des Dipterocarpacées</h2>
<p>Pour comprendre cette fonction assurée par le sanglier barbu, il faut évoquer une autre singularité de Bornéo : la prédominance d’une famille d’arbres, les Dipterocarpacées, grands sujets à feuilles persistantes des forêts de basse altitude, <a href="http://www.cifor.org/publications/pdf_files/Books/Dipterocarps.pdf">reconnaissables</a> à la « timidité » de leurs couronnes qui ne se touchent pas.</p>
<p><a href="https://fr.mongabay.com/2013/10/80-des-forets-tropicales-de-la-partie-malaisienne-de-borneo-sont-exploitees/">La plupart des essences de bois exploitées</a> par l’industrie forestière locale sont issues de cette seule famille, ce qui accroît la sensibilité de la forêt de Bornéo à une coupe non raisonnée.</p>
<p>À intervalles irréguliers de deux à quinze ans, se produit un phénomène surprenant à travers toute l’aire de distribution de ces arbres : les espèces de Dipterocarpaceae – de même qu’un certain nombre d’espèces de Fagaceae qui leur sont associées et qui produisent des glands riches en lipides – dispensent leurs fruits simultanément, durant une période limitée de quelques semaines.</p>
<p>Ce sont parfois jusqu’à 90 % des espèces d’arbres d’une même portion de forêt qui vont fructifier en même temps. Du point de vue de la biologie évolutive, une telle fructification massive, concentrée dans l’espace et le temps, vise à submerger les prédateurs potentiels, selon une stratégie dite de <a href="http://hydrodictyon.eeb.uconn.edu/projects/cicada/resources/reprints/Williams%26Simon_1995.pdf">« satiété du prédateur »</a>.</p>
<p>Comme le phénomène se produit de manière décalée à l’intérieur de la mosaïque forestière, les consommateurs de ces fruits nutritifs, au premier rang desquels figure le sanglier barbu, sont contraints de migrer d’une zone de fructification à l’autre.</p>
<p>En contraignant de la sorte le sanglier, les Dipterocarpaceae lui confèrent des fonctions essentielles : celle de disséminateur de graines sur de vastes distances ; celle de fouisseur remaniant inlassablement la couche superficielle des sols et favorisant ainsi une meilleure décomposition de la matière organique ; celle de nettoyeur du sous-bois améliorant l’accès des racines des arbres aux nutriments du sol dont il a contribué au stockage.</p>
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<span class="caption">Forêt de Dipterocarpacées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Edmond Dounias/IRD</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Un médiateur avec le monde des esprits</h2>
<p>Le sanglier barbu a dû s’adapter au caractère erratique de ces fructifications massives : son omnivorie, tout d’abord, lui permet de se contenter d’aliments alternatifs et de subsister lors des périodes d’absence de fruits qui peuvent se prolonger sur plusieurs années.</p>
<p>Ensuite, des attributs physiologiques (une reproduction féconde et précoce, une rapide conversion des aliments ingérés sous forme de graisse…), morphologiques (de longues pattes adaptées au voyage, une aptitude à la nage…) et comportementaux (flexibilité de la taille des populations…) renforcent la survie des populations de sangliers et leur accès à la ressource tant convoitée.</p>
<p>Le sanglier est par ailleurs le gibier préféré des peuples de Bornéo : il représente à lui seul <a href="http://www.cifor.org/publications/pdf_files/research/livelihood/forest_health/pdf10.pdf">97 % du volume de viande consommée</a> par les chasseurs-cueilleurs Punan.</p>
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<span class="caption">La chasse au sanglier barbu, une pratique millénaire à Bornéo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Charles Hose</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Cette chasse au sanglier, vieille de plus de 35 000 ans, justifie un positionnement prééminent de cet animal dans la culture des habitants de l’île qui lui reconnaissent notamment une fonction symbolique de médiateur entre les hommes et les esprits pourvoyeurs des ressources de la forêt. La raréfaction du sanglier ou la découverte d’individus trouvés morts en forêt sont ainsi autant de mauvais augures interprétés par les Punan comme l’expression du courroux de forces surnaturelles à leur encontre, et la nécessité de rétablir l’harmonie par un comportement frugal et l’intervention d’un chamane.</p>
<p>À travers la complicité qu’il entretient avec de nombreux animaux de la forêt – oiseaux, singes, cerfs – le sanglier barbu est le révélateur des relations que ces peuples entretiennent avec leurs forêts ; à savoir le souci d’une saine cohabitation avec les diverses créatures qui peuplent la forêt et un prélèvement parcimonieux des ressources. Ce mammifère est donc pour les habitants de Bornéo bien plus qu’un simple gibier : il n’est pas seulement bon à manger, il est également bon à penser.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/XCktNumO8kY?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Retour de chasse au sanglier barbu chez les Punan (2000).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Clé de voûte écologique et culturelle</h2>
<p>Sans être menacé d’extinction – son omnivorie et sa capacité d’adaptation lui permettent de subsister dans toutes sortes d’environnements, même les plus dégradés –, le sanglier barbu est néanmoins classé <a href="http://maps.iucnredlist.org/map.html?id=41772">comme vulnérable dans la liste rouge de l’UICN</a> et constitue un indéniable révélateur de la détérioration des forêts de Bornéo.</p>
<p>Les chasseurs de sangliers sont à même, mieux que les plus éminents écologues, de détecter les moindres modifications comportementales de leur ressource la plus charismatique. En bonnes sentinelles de leur environnement, ils peuvent se révéler de précieux partenaires pour la communauté scientifique internationale dans le suivi et la compréhension des changements, <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0073008">notamment climatiques, qui affectent leurs forêts</a>.</p>
<p>Véritable clé de voûte écologique et culturelle, cet étrange mammifère qu’est le sanglier barbu témoigne du fait qu’aucune préservation durable des forêts n’est concevable sans le concours des savoirs naturalistes des peuples autochtones, et sans une reconnaissance de leurs visions du monde.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/91876/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Edmond Dounias receives funding from FAO. He is associate to the Center for International Forestry Research. He is affiliated with non-profit scientific societies: the Society of Anthropology of Paris, the International Society of Ethnobiology, the French Society of Human Ecology, and the International Commission on the Anthropology of Food and Nutrition. </span></em></p>Le sanglier barbu est rarement mis à l’honneur, pourtant son rôle dans la forêt de cette île de l’archipel malais est aussi crucial qu’emblématique.Edmond Dounias, Directeur de recherche, interactions bioculturelles, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/922172018-03-06T21:06:42Z2018-03-06T21:06:42ZChasse, trafic, huile de palme : qui tue vraiment les orangs-outans ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/207917/original/file-20180226-140184-jizvba.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les orangs-outans ont le taux de reproduction le plus lent parmi les mammifères avec, en moyenne, un petit par femelle tous les huit ans.</span> <span class="attribution"><span class="source">Hutan-Kocp/Kapar</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire.</em></p>
<p><em>Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a></em></p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/208044/original/file-20180227-36700-2wv3df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/208044/original/file-20180227-36700-2wv3df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/208044/original/file-20180227-36700-2wv3df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/208044/original/file-20180227-36700-2wv3df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/208044/original/file-20180227-36700-2wv3df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/208044/original/file-20180227-36700-2wv3df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/208044/original/file-20180227-36700-2wv3df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/208044/original/file-20180227-36700-2wv3df.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Sabah, l’un des deux États de Malaisie orientale situés sur l’île de Bornéo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">DR</span></span>
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<p>Depuis vingt ans, je me consacre au sein du programme <a href="http://www.hutan.org.my/">Kinabatangan Orangutan Conservation</a> à la sauvegarde des populations sauvages d’orangs-outans qui vivent à Bornéo ; et ce plus particulièrement dans l’État de Sabah (situé au nord-est de l’île, dans la partie malaisienne) où vivent 11 000 de ces animaux, <a href="http://www.iucnredlist.org/details/17975/0">soit entre 15 et 20 %</a> du nombre total possiblement présent dans l’île aujourd’hui.</p>
<p>Il y a deux ans, la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature <a href="http://uicn.fr/">(UICN)</a> déclarait que les orangs-outans de Bornéo étaient en danger critique d’extinction, estimant que 80 % des effectifs présents en 1950 auraient <a href="http://www.iucnredlist.org/details/17975/0">disparu d’ici à 2025</a>.</p>
<p>Et, ce 15 février, Maria Voigt, une chercheuse à l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste à Leipzig, publiait dans la revue <em>Current Biology</em> une nouvelle analyse qui confirme ce triste tableau : <a href="http://bit.ly/2CKdVlk">100 000 orangs-outans sauvages</a> ont disparu de Bornéo au cours des 16 dernières années.</p>
<p>Une perte qui équivaut, à titre de comparaison, au nombre d’habitants d’une ville moyenne telle que Roubaix, Nancy ou Avignon.</p>
<h2>Interroger les chiffres</h2>
<p>Il est grand temps de réfléchir à la signification de ces chiffres et d’admettre que cinquante années d’efforts et d’argent dépensé pour conserver l’un de nos plus proches cousins n’auront pas réussi à empêcher ni leur déclin ni leur disparition annoncée.</p>
<p>Soulignons ici que les chiffres avancés par Maria Voigt et ses collègues indiquent qu’il y a davantage d’orangs-outans à Bornéo que ce qui a été estimé <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Orang-outan_de_Born%C3%A9o">au cours des dernières décennies</a>.</p>
<p>La presse relate souvent en effet que seuls quelques milliers d’orangs-outans survivraient à Bornéo. Si c’était le cas, ils auraient déjà disparu depuis bien longtemps ! Et il faut encore rappeler que compter les orangs-outans sauvages est extrêmement difficile : faible densité, timidité des animaux qui se cachent a l’approche des hommes, et le fait que la plupart d’entre eux habitent des zones reculées qui sont difficiles d’accès. La plupart des estimations publiées jusqu’alors se sont d’ailleurs avérées <a href="https://global.oup.com/academic/product/orangutans-9780199213276?cc=us&lang=en&">inexactes et en deçà de la réalité</a>.</p>
<p>Ce qui est essentiel, c’est de quantifier le déclin d’une espèce, plutôt que d’essayer de deviner combien d’individus existent encore. Et c’est précisément l’objet de l’étude menée par Maria Voigt et ses collègues.</p>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Marc Ancrenaz</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>La chasse, le problème essentiel</h2>
<p>Ces travaux montrent ainsi que les taux les plus spectaculaires de déclin des populations d’orangs-outans (jusqu’à 50 %) ont lieu dans les zones déboisées ou converties à l’agriculture (principalement pour l’industrie de l’huile de palme et de la pâte a papier). Cela n’a rien de surprenant : lorsque le foret est détruit, les orangs-outans perdent leur milieu naturel.</p>
<p>Mais avec ces résultats, nous voyons surtout que les pertes absolues en effectif sont maximales dans les forêts exploitées pour leur bois et dans les forêts primaires protégées, où survivent actuellement les plus importantes populations d’orangs-outans. Dans ces zones forestières, la chasse illégale constitue la première cause de ce déclin.</p>
<p>Les orangs-outans sont en effet tués lorsqu’ils occasionnent des pertes économiques lors de conflits dans les zones agricoles (consommation de fruits ou d’écorce qui détruit les arbres par exemple). Ce type de braconnage expliquerait environ un tiers de la mortalité des singes. Mais ils sont aussi, et avant tout, tués pour leur viande, leur valeur médicinale (certaines parties des animaux ayant soi-disant des valeurs curatives) ou encore pour la capture des bébés qui vient alimenter le <a href="http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0075373">trafic international</a> d’animaux exotiques.</p>
<p>Les orangs-outans sont très sensibles à la pression de chasse : avec le taux de reproduction le plus lent parmi les mammifères (en moyenne un petit par femelle tous les huit ans), un taux de chasse qui prélèverait plus de 1 % du nombre de femelles adultes d’une population donnée conduirait cette population à l’extinction en moins de 100 ans.</p>
<p>Or, nos données montrent que pour de nombreuses populations, les taux de mortalité oscillent à Bornéo <a href="https://dx.doi.org/10.1038%2Fs41598-017-04435-9">entre 3 et 4 %</a>. Ces résultats expliqueraient les forts déclins de certaines populations dans les zones forestières de l’île.</p>
<p>À la lumière de ces récents résultats, on peut donc avancer que c’est en premier lieu la chasse illégale et non l’industrie de l’huile de palme – un aspect qui concentre toute l’attention médiatique – qui est la cause principale de ce déclin des orangs-outans sauvages à Bornéo.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/207913/original/file-20180226-140204-1o5p7iz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/207913/original/file-20180226-140204-1o5p7iz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/207913/original/file-20180226-140204-1o5p7iz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/207913/original/file-20180226-140204-1o5p7iz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/207913/original/file-20180226-140204-1o5p7iz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/207913/original/file-20180226-140204-1o5p7iz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/207913/original/file-20180226-140204-1o5p7iz.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Paysage de mosaïque agricole de la Kinabatangan.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marc Ancrenaz</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Des alertes contre-productives</h2>
<p>Dans un tel contexte, les messages annonçant la disparition imminente des orangs-outans se multiplient régulièrement dans les médias. Ces avertissements m’attristent, car ils sont à la fois faux et n’aident en rien la protection de l’espèce.</p>
<p>Non, les orangs-outans ne vont pas disparaître d’ici à 20 ans ! Certaines populations sont stables et bien protégées sur l’île. Pour d’autres en revanche, le déclin risque en effet de se poursuivre… sauf si notre approche pour conserver l’espèce se base sur des faits réels et non seulement des émotions.</p>
<p>Prenons la réhabilitation des jeunes orangs-outans ; cette initiative souvent citée en exemple ne rencontre pas le succès annoncé et <a href="https://fr.mongabay.com/2016/11/la-reintroduction-des-orangs-outans-pourrait-constituer-un-risque-pour-la-survie-des-populations-de-lespece-alerte-une-etude/">ne parviendra pas à endiguer le déclin actuel</a>, il ne faut pas avoir peur de le dire.</p>
<p>La solution est ailleurs et pour y parvenir certains mythes doivent cesser.</p>
<p>Pour la plupart d’entre nous, les orangs-outans symbolisent la forêt et constituent une espèce très sensible à la dégradation des milieux naturels. Or vingt années de recherche dans l’État de Sabah montrent que ces animaux intelligents sont capables de s’adapter et de survivre dans des milieux fortement modifiés pas l’homme.</p>
<p>Ils sont, par exemple, <a href="https://www.nature.com/articles/srep04024">bien plus terrestres</a> que nous ne le pensions, se nourrissent de plantes qui ne faisaient pas partie de leur régime alimentaire (comme l’acacia, l’hévéa ou le palmier à huile), font des nids dans des palmiers, apprennent à se déplacer et à survivre dans des paysages fragmentés et des parcelles de forêt <a href="http://dx.doi.org/10.1017/S0030605313001270">beaucoup plus petites</a> que ce que l’on croyait auparavant possible. Cela donne l’espoir de pouvoir façonner des paysages de mosaïque, combinant plantations industrielles et villageoises, forêts et autres types d’utilisation foncière avec un développement raisonnable et la survie des orangs-outans.</p>
<p>Tout cela ne veut bien sûr pas dire qu’il ne faut pas s’occuper de la déforestation imputable au développement agricole – et en particulier celui du palmier à huile, de l’acacia et du caoutchouc. Il s’agit d’une menace réelle, mais ce n’est pas la seule menace : les travaux de Maria Voigt montre que plus de la moitie du déclin des orangs-outans aujourd’hui est constaté dans les forêts et non dans les zones agricoles.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/207914/original/file-20180226-140208-c4020d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/207914/original/file-20180226-140208-c4020d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/207914/original/file-20180226-140208-c4020d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/207914/original/file-20180226-140208-c4020d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/207914/original/file-20180226-140208-c4020d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/207914/original/file-20180226-140208-c4020d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/207914/original/file-20180226-140208-c4020d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Îlot forestier dans une plantation de palmes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Marc Ancrenaz</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<h2>La bonne stratégie de sauvegarde</h2>
<p>La question essentielle aujourd’hui c’est savoir comment bien lutter contre cette déforestation imputable au développement agricole et fatale aux orangs-outans.</p>
<p>Si l’on considère que l’espèce est capable de s’adapter à des changements drastiques touchant son environnement et que des milliers d’animaux vivent désormais dans des espaces non protégés (classés en zones agricoles à développer par les gouvernements indonésiens et malaisiens), il semble beaucoup plus efficace d’essayer de trouver des moyens de travailler avec ces secteurs de l’industrie bornéenne.</p>
<p>C’est une réalité indéniable : l’industrie de l’huile de palme a connu une <a href="http://www.nationalgeographic.fr/environnement/ce-quil-faut-savoir-sur-lhuile-de-palme">expansion sans précédent</a>. Son application est alimentaire (on la retrouve dans la plupart des produits utilisés au quotidien), cosmétique, industrielle ou énergétique (bio-carburants).</p>
<p>Si nous voulons sauver les animaux qui vivent dans ces zones non protégées allouées au développement agricole, il paraît urgent et crucial de minimiser les impacts négatifs liés à ce développement. De meilleures pratiques, comme celles promues par la RSPO (<a href="https://www.rspo.org">Round Table for Sustainable Palm Oil</a>), organisme de certification internationale qui promeut des pratiques durables d’exploitation. De telles normes doivent devenir les outils indispensables pour promouvoir un développement durable.</p>
<p>Par ailleurs, il faut souligner que cette industrie possède les moyens financiers nécessaires pour gérer des zones de forêts protégées (ou non) dans lesquelles les orangs-outans devraient pouvoir évoluer. En effet, le gouvernement indonésien pourrait créer des partenariats avec les industriels afin de gérer les forêts protégées qui ne le sont pas faute de moyens financiers gouvernementaux.</p>
<h2>Des efforts à intensifier</h2>
<p>Depuis plusieurs années, les gouvernements de Malaisie et d’Indonésie <a href="https://actu.orange.fr/societe/environnement/indonesie-deux-hommes-arretes-pour-avoir-decapite-un-orang-outan-CNT000000XavdB.html">luttent de façon plus active</a> contre le braconnage des orangs-outans. Mais seuls quelques cas isolés se traduisent par des condamnations. Un meilleur contrôle et un renforcement des lois existantes constitue aujourd’hui un autre volet indispensable à la protection de ces animaux.</p>
<p>Il faut également souligner que le gouvernement de Sabah conduit une politique accrue de conservation des forêts ou la chasse est interdite et les animaux protégés efficacement par les instances gouvernementales. Aujourd’hui ces forêts strictement protégées couvrent <a href="http://www.forest.sabah.gov.my/">28 % de la surface totale de l’État</a> ; elles abritent 70 % environ de la population globale d’orangs-outans de Sabah (sur une population estimée a 11 000 animaux environ).</p>
<p>Le gouvernement a en outre décidé que toute l’huile de palme produite dans l’État (et qui représente 10 % de la production mondiale) serait certifiée durable selon les critères de la RSPO <a href="http://www.forest.sabah.gov.my/media-centre/broadcast/press-release/702-jurisdictional-certified-sustainable-palm-oil-jcspo-the-sabah-strategy">d’ici a 2025</a>.</p>
<p>De telles initiatives de certification à l’échelle d’un État ou d’une province, comme à Sabah ou dans le Kalimantan central, peuvent changer la donne et constituer la clé du succès pour sauver nos cousins et beaucoup d’autres espèces. C’est à les soutenir que nous devrions consacrer toute l’énergie nécessaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/92217/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marc Ancrenaz ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Si pour une majorité de gens, la disparition des orangs-outans est essentiellement imputable au développement de l’huile de palme, les faits montrent que la chasse constitue la première menace.Marc Ancrenaz, Research Fellow, Cardiff UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/769552017-05-16T20:02:56Z2017-05-16T20:02:56ZNon, l’huile de palme n’est pas responsable de 40 % de la déforestation<p>La filière de l’huile de palme symbolise les tiraillements qui existent entre la volonté de conserver des espaces naturels et celle de soutenir le développement économique au Sud.</p>
<p><a href="http://www.cirad.fr/nos-recherches/filieres-tropicales/palmier-a-huile/contexte-et-enjeux">Le palmier à huile</a> est un oléagineux d’exception, doté d’un inégalable rendement à l’hectare. Il produit une huile aux usages multiples, abondante et bon marché, dont les caractéristiques sont recherchées par l’industrie agroalimentaire comme pour les biocarburants. Lorsqu’elles sont développées dans de bonnes conditions et bien encadrées, les plantations de palmier à huile jouent un rôle important dans l’éradication de la pauvreté en zones rurales.</p>
<p>Portée par une demande en croissance exponentielle, la culture du palmier à huile va poursuivre son expansion. C’est pour cela qu’elle doit être encadrée par des normes de durabilité crédibles et reconnues, établies à partir de critères scientifiques solides et partagés.</p>
<p>La production mondiale d’huile de palme est aujourd’hui majoritairement assurée par deux pays, l’Indonésie et la Malaisie, qui totalisent à eux seuls 85 % des approvisionnements. La consommation est tirée par les pays du Sud, portée à la fois par la croissance démographique et l’élévation du niveau de vie dans les pays émergents comme l’Inde, l’Indonésie ou la Chine. La consommation européenne pèse pour 15 % dans la balance mondiale (contre 3 % seulement pour les États-Unis).</p>
<h2>Le problème de la déforestation</h2>
<p>Le Parlement européen a conduit en avril dernier un débat sur la possibilité d’encadrer les importations d’huile de palme, notamment pour limiter la déforestation en Asie du Sud-Est. Les eurodéputés ont ainsi voté une résolution pour faire face à une situation jugée critique et dans laquelle l’Union européenne pense avoir sa part de responsabilité.</p>
<p>Cet enjeu de la déforestation et de l’action de l’UE a été abordé dans un <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/04/03/les-ravages-de-la-culture-d-huile-de-palme-passes-au-crible-du-parlement-europeen_5104827_3244.html?xtmc=huile_de_palme&xtcr=4">article publié par <em>Le Monde</em></a> en date du 3 avril 2017. Consacré aux dégâts environnementaux liés à la production d’huile de palme, le texte contient cette révélation-choc :</p>
<blockquote>
<p>« La conversion des terres en plantations de palmier à huile est à elle seule à l’origine de 40 % des pertes de couvert forestier naturel autour de la planète. »</p>
</blockquote>
<p>Pourtant, en remontant à la source de ces données, il s’avère que la culture du palmier à huile est en fait responsable de seulement 2,3 % de la déforestation mondiale sur la période étudiée. D’où vient alors ce chiffre de 40 % ? Et que révèle un tel écart sur l’étendue réelle et les acteurs de la déforestation ? Enfin, quelles sont les conditions d’une information précise à propos de l’huile de palme ?</p>
<p>Pour nous, scientifiques confrontés aux questions du grand public et de la société civile, l’information – parce qu’elle va forger l’opinion publique sur les causes de la déforestation – se doit d’éviter toute déformation et approximation. Il nous est donc paru essentiel d’examiner ces données.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7WvMli9_KPs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Montage vidéo montrant la perte de couvert forestier entre 2000 et 2012dans la province indonésienne de Riau (Earth Outreach, 2013).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Des chiffres qui interrogent</h2>
<p>L’article du <em>Monde</em> s’appuie sur un <a href="http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-%2f%2fEP%2f%2fTEXT%2bREPORT%2bA8-2017-0066%2b0%2bDOC%2bXML%2bV0%2f%2fFR&language=FR">rapport</a> voté récemment par le Parlement européen et qui revient sur les impacts sociaux et environnementaux de la culture du palmier à huile ; le texte propose des recommandations pour aller vers un approvisionnement plus durable.</p>
<p>L’article avance que l’agriculture industrielle est à l’origine de 73 % de la déforestation mondiale, dont 40 % pour le seul palmier à huile. Ce chiffre est ensuite repris dans une vidéo datée du 5 avril (<a href="http://www.lemonde.fr/planete/video/2017/04/05/quel-est-le-probleme-avec-l-huile-de-palme_5106199_3244.html?xtmc=huile_de_palme&xtcr=2">« Quel est le problème avec l’huile de palme ? »</a>). Il y est affirmé que :</p>
<blockquote>
<p>« Les plantations de palmiers à huile sont à l’origine de 40 % de la déforestation liée à l’agriculture intensive. »</p>
</blockquote>
<p>Le palmier n’est plus ici responsable de 40 % de la déforestation mondiale mais « seulement » de 40 % de la déforestation due à l’agriculture intensive. Grave constat tout de même pour les pays producteurs, en particulier l’Indonésie et la Malaisie qui ont immédiatement <a href="http://www.kemlu.go.id/Documents/Joint%20Communique%20final.pdf">réagi par un communiqué</a> du Council of Palm Oil Producing Countries (CPOPC) en date du 11 avril.</p>
<p>Or, en 2015, les plantations de palmier à huile en production représentaient seulement <a href="https://www.oilworld.biz/t/statistics/commodities">17,5 millions d’hectares</a> dans le monde en 2015 ; et la FAO annonce <a href="http://www.fao.org/forest-resources-assessment/en/">dans son dernier rapport</a> une perte nette de couverts forestiers de 129 millions d’hectares au niveau mondial entre 1990 et 2015. Le chiffre de 40 % ne semble donc correspondre a aucune réalité.</p>
<h2>Le rapport du Parlement européen</h2>
<p>Repartons du rapport de 39 pages émis par le Parlement européen d’où est certainement tiré le chiffre de 40 %. On y lit en effet que :</p>
<blockquote>
<p>« 40 % de la déforestation mondiale est imputable au passage à des plantations en monoculture de palmiers à huile à grande échelle » et que « […] 73 % de la déforestation mondiale résulte du défrichement de terres réalisé pour la production de matières premières agricoles […] ».</p>
</blockquote>
<p>Il s’agit des mêmes chiffres de déforestation pour l’agriculture mondiale et pour le secteur du palmier à huile, mais en prenant cette fois en compte l’ensemble des formes d’agriculture, et non pas seulement l’agriculture « intensive » ou « industrielle » (des concepts d’ailleurs non définis dans le texte).</p>
<p>Il est important de rappeler ici que les petits planteurs jouent eux aussi un rôle clé dans la production agricole mondiale : ainsi 95 % de la production de café, de cacao et de riz proviennent par exemple de <a href="http://www.quae.com/fr/r3338-agricultures-familiales-et-mondes-a-venir.html">petits exploitants</a>. Pour le palmier à huile, les exploitations non agro-industrielles représentent environ 40 % des surfaces et ces dernières contribuent également à la déforestation.</p>
<h2>La déforestation « importée »</h2>
<p>Les données avancées dans le rapport du Parlement européen ne sont pas toutes référencées : si le chiffre de 73 % n’est pas lié à une source, le chiffre de 40 % est lui cité comme provenant d’un rapport technique de 384 pages, datant de 2013.</p>
<p>Cet autre rapport fait suite à une <a href="http://ec.europa.eu/environment/forests/pdf/1.%20Report%20analysis%20of%20impact.pdf">étude</a> commandée par la Commission européenne et réalisée par trois bureaux d’étude privés. Cette dernière, qui porte sur la période 1990-2008, avait pour objectif d’évaluer la part de la déforestation mondiale due à la consommation de l’Union européenne. Elle s’appuie sur les <a href="http://www.fao.org/forest-resources-assessment/fr/">données de la FAO</a> pour le bilan en ressources forestières de chaque pays ainsi que sur un échantillon de 13 000 images satellites à travers le monde permettant de suivre l’évolution des forêts.</p>
<p>L’étude utilise le principe de « déforestation incarnée » – concept qui permet d’associer la déforestation à la production d’un bien ou d’une marchandise ; ce principe permet ainsi d’estimer le taux de déforestation causé par la production de différents biens, services et matières premières importés dans l’Union européenne, toujours selon les données de la FAO.</p>
<p>On y apprend que bien que les surfaces forestières soient en augmentation nette dans l’Union européenne, celle-ci a « consommé » 10 % de la déforestation mondiale entre 1990 et 2008, soit 732 000 hectares par an <em>via</em> ses importations. Cette déforestation « importée » est à 60 % due aux denrées alimentaires que les pays membres importent des zones tropicales : 18 % pour le bétail et les produits carnés et 42 % pour les cultures destinées à l’alimentation humaine et animale. Parmi ces cultures, on retrouve le soja (60 %), l’huile de palme (12 %), le cacao (8 %), le café (4 %) et le caoutchouc naturel (3 %). En 2004, la déforestation « importée » par l’UE provenait à 48 % du Brésil, 9 % d’Indonésie, 5 % du Cameroun, 5 % d’Argentine et 4 % de Malaisie.</p>
<p>Le rapport technique aborde ensuite un bilan global, par pays et par cause de la déforestation. On y apprend que 239 millions d’hectares de forêts ont ainsi été coupés sur la période étudiée, majoritairement dans les zones tropicales ou subtropicales : 91 millions d’hectares en Amérique Latine, 73 millions en Afrique subsaharienne, 44 millions en Asie du Sud-Est.</p>
<p>L’agriculture est donc la première cause de déforestation mondiale, à hauteur de 24 % pour l’élevage et 29 % pour les cultures. Le rapport donne ensuite le détail de ces 29 % de déforestation dus aux cultures, en mettant en avant les productions qui participent le plus à la déforestation : le soja (19 %), le maïs (11 %), le palmier à huile (8 %), le riz (6 %) et la canne à sucre (5 %).</p>
<h2>On refait le calcul</h2>
<p>Selon ce document technique sur lequel s’appuie le rapport du Parlement européen, le palmier à huile représente donc 8 % de la déforestation imputée aux cultures. Au total, il s’agit donc de 8 % de 29 %, soit 2,3 % ou 5,6 millions d’hectares sur les 239 millions d’hectares de forêt perdus entre 1990 et 2008.</p>
<p>D’où vient alors ce chiffre de 40 % ?</p>
<p>Il faut pour cela regarder un peu plus loin dans le rapport technique – là où est analysée en détail la déforestation au Brésil et en Indonésie, deux pays où la perte en forêts fut la plus importante. En Indonésie, 25 millions d’hectares de forêt ont été perdus, dont 7,5 millions pour la production agricole. Sur ces 7,5 millions d’hectares, 2,9 millions correspondent aux plantations de palmier à huile, soit environ 40 % (à noter que le graphique présenté dans le rapport donne le chiffre 43 % pour la déforestation agricole).</p>
<p>Il s’agit donc bien de 40 % de la déforestation, mais uniquement celle causée par le secteur agricole et ce dans un seul pays, l’Indonésie, premier producteur mondial d’huile de palme.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/168191/original/file-20170506-19138-1rnk967.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/168191/original/file-20170506-19138-1rnk967.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/168191/original/file-20170506-19138-1rnk967.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=823&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/168191/original/file-20170506-19138-1rnk967.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=823&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/168191/original/file-20170506-19138-1rnk967.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=823&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/168191/original/file-20170506-19138-1rnk967.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1034&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/168191/original/file-20170506-19138-1rnk967.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1034&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/168191/original/file-20170506-19138-1rnk967.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1034&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Cheminement et déformation de l’information.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’infographie ci-dessus résume la manière dont cette information a été successivement reprise et déformée. L’information de départ provenant de la synthèse des données de la FAO, 40 % de la déforestation agricole indonésienne entre 1990 et 2008, a été transformée par le Parlement européen en 40 % de la déforestation mondiale, sans donner la période. Puis elle est reprise par <em>Le Monde</em> en précisant qu’il s’agit d’agriculture industrielle ou intensive, alors que la question des formes d’agricultures n’a jamais été abordée ni par le Parlement européen ni par les bureaux d’études auxquels il a confié la rédaction du rapport technique.</p>
<h2>Pour une information solide</h2>
<p>Notre préoccupation est que cette information érodée et déformée va directement façonner l’opinion publique. En outre, ce sont les rapports du Parlement européen qui orientent les priorités en termes de réglementation et de politiques publiques, ce qui est encore plus grave.</p>
<p>L’adoption de ce rapport par le Parlement européen a ainsi immédiatement <a href="http://www.reuters.com/article/us-indonesia-malaysia-eu-palmoil-idUSKBN17E094">suscité de vives réactions</a> de la part de l’Indonésie et de la Malaisie, qui dénoncent des mesures discriminatoires et protectionnistes et annoncent des mesures de rétorsion économique.</p>
<p>Face à des pays producteurs qui défendront coûte que coûte la culture du palmier à huile – qu’ils considèrent comme un vecteur majeur de développement économique et d’éradication de la pauvreté –, l’Union européenne doit construire une argumentation solide. Mais en citant des chiffres déformés et hors contexte, le Parlement européen et les médias français s’exposent à la critique des pays producteurs.</p>
<p>Si nous souhaitons lutter efficacement contre la déforestation, il est nécessaire de s’appuyer sur des données fiables, partagées et attestées. Et il faut également accepter de considérer toutes les causes du phénomène.</p>
<h2>Ce que disent les dernières études</h2>
<p>Pour ce qui est de l’Indonésie, il existe en effet plusieurs études scientifiques bien plus récentes que le rapport technique commandé par la Commission européenne.</p>
<p>L’une d’entre elles, publiée dans la revue scientifique <em>Nature Climate Change</em>, montre bien que les pertes en forêts primaires <a href="http://www.nature.com/nclimate/journal/v4/n8/full/nclimate2277.html">n’ont cessé de s’accélérer en Indonésie</a> (tout particulièrement sur les îles de Sumatra et de Bornéo) entre 2000 et 2012, passant de 200 000 à 800 000 hectares par an.</p>
<p>Pour ce qui est des causes de la déforestation, une <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/conl.12103/abstract">autre étude</a> portant sur la période 2000-2010 souligne la responsabilité de trois industries dans la déforestation en Indonésie : les plantations d’arbres pour la pâte à papier (12,8 %), les concessions forestières (12,5 %), les plantations industrielles de palmier à huile (11 %) et les concessions minières (2,1 %).</p>
<p>Cependant, la part imputable à l’huile de palme est plus grande sur l’île de Bornéo et également plus importante en ce qui concerne les tourbières (18,2 %). Les tourbières sont ces milieux naturels côtiers ou continentaux dans lesquels le carbone s’est naturellement accumulé durant des millénaires. Particulièrement sensibles aux incendies, les tourbières jouent un rôle massif dans les émissions de gaz a effet de serre lorsqu’elles sont exploitées. À ces chiffres il faut ajouter la part de déforestation directe et indirecte due aux petits agriculteurs, beaucoup plus difficile à évaluer.</p>
<p><a href="https://www.nature.com/articles/srep32017">La synthèse la plus récente</a> concernant l’île de Bornéo dresse un bilan des pertes en forêt sur les 40 dernières années (dont 18,7 millions d’hectares de forêts primaires sur les 55 millions d’hectares que comptait l’île en 1973). Aujourd’hui, 7 millions d’hectares de plantations industrielles (palmier à huile et pâte à papier) sont implantées sur des zones qui étaient couvertes par de la forêt primaire en 1973. Cette étude insiste sur le fait que les liens entre plantations industrielles et déforestation ne sont pas toujours directs. À Bornéo, 25 % de la déforestation correspondent à une conversion directe en plantations (dans un délai de moins de cinq ans entre la déforestation et la plantation). Dans les autres cas, les forêts sont exploitées pour leur bois, de manière légale ou illégale, ce qui les fragilise et les expose à des incendies de plus en plus fréquents. Les zones déforestées ne sont pas immédiatement ni automatiquement mises en culture.</p>
<h2>Les conclusions à tirer</h2>
<p>On le voit – quelques mois après les diverses tentatives avortées de « taxe Nutella » –, les solutions durables ne sauront être apportées par la taxation différentielle, ni par l’interdiction d’importation de l’huile de palme. Elles vont demander des actions de terrain conjointes dans et avec les pays producteurs concernés, et la recherche en partenariat a un rôle fondamental à jouer dans l’acquisition partagée des connaissances indispensables à cet effort.</p>
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<figcaption><span class="caption">Huile de palme : une taxe trop light ? (La Quotidienne, avril 2016).</span></figcaption>
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<p>Les plantations agro-industrielles de palmier à huile ont une responsabilité réelle dans la déforestation. Mais cette responsabilité est partagée avec d’autres secteurs de l’économie indonésienne comme les industries papetières, les exploitations forestières et l’industrie minière.</p>
<p>L’augmentation de la fréquence de feux non contrôlés est également une cause majeure de dégradation des forêts de Sumatra et de Bornéo. Un responsable de l’ONG <em>Bornéo Futures</em> a d’ailleurs <a href="http://jakartaglobe.id/opinion/erik-meijaard-get-facts-right-indonesias-haze-problem/">pris la parole à ce sujet</a> en septembre 2015 dans les colonnes du <em>Jakarta Globe</em>. Il y affirmait que la lutte contre les feux de forêt reste inefficace parce qu’on refuse d’en considérer les véritables causes : les communautés locales et les petits agriculteurs qui sont à l’origine de la majorité des feux, car ils ne disposent pas des mêmes moyens que les agro-industries pour accéder à la terre.</p>
<p>Au-delà du fait d’encadrer les grandes concessions industrielles, il insiste sur l’importance de donner les moyens au gouvernement locaux de faire appliquer la loi auprès des petits agriculteurs et aussi de leur donner les moyens d’accéder à la terre sans recourir au brûlis, une pratique inefficace, polluante et dangereuse.</p>
<p>La définition de politiques publiques crédibles et efficaces pour encadrer un développement rural durable et respectueux des peuples et des espaces naturels du monde tropical engage des groupes d’acteurs divers aux intérêts souvent divergents. Elle impose de travailler sur des données exactes, prises dans l’ensemble de leur contexte et issues de sources vérifiables.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/76955/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Victor Baron a reçu des financements du CIRAD, de PalmElit et de PT Smart tbk.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Raphael Marichal a reçu des financements du Cirad, de l'ANR et de PT Smart tbk. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alain Rival ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La lutte contre la déforestation causée par la culture du palmier à huile en Asie du Sud-Est passe par une information solide et partagée.Victor Baron, Chercheur en agronomie, CiradAlain Rival, Directeur régional pour l’Asie du Sud-Est insulaire, correspondant de la filière palmier à huile, CiradRaphael Marichal, Chercheur en agro-écologie, CiradLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/756532017-04-04T11:50:51Z2017-04-04T11:50:51ZPour une huile de palme durable, soutenir les petits producteurs et encadrer les grandes plantations<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/163670/original/image-20170403-21963-1vhj261.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Récolte dans une plantation d’huile de palme certifiée RSPO en Indonésie. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/135537130@N04/20641919281/in/photolist-fxtq4C-8ZuFvL-btByYh-aUzuqt-bGwh6D-aUzh52-bGwgWB-aUzgBv-h5cSyg-9sB7T3-rpo2N5-8ZrANa-gLMXhc-aUzgGZ-huNhDC-bEwGAN-aKXAXX-aKXCv8-6MAR4J-9D1gCd-h5cY5N-hEub6x-pZKd8f-aKXAKn-pkxiV2-GjuahA-aKXxHa-Cfkb4u-4cTaat-d7Lcg7-CnAzGJ-CfkaPS-CnAz3N-CnAAsw-BRoNq6-CnAAFC-F161N1-R9iDEi-EobDTz-Dqsjdf-DqNdWH-DPGUwp-EeXyfF-Saqsaz-Qfgn3p-r3zf3w-4cWR7b-btBwAb-rnD71V-xs4es2">LetsAllStayCalmHere/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Depuis hier, le Parlement européen examine un projet de résolution ambitieux pointant la responsabilité du développement du <a href="http://www.nationalgeographic.fr/video/tv/les-trafiquants-de-la-peche">palmier à huile</a> dans la déforestation tropicale, responsable d’une part importante des émissions de gaz à effet de serre dans les grands pays producteurs – près de 50 % en Indonésie (où la libération de carbone est imputable à la destruction des tourbières et aux feux de forêt). </p>
<p>Dans son état actuel, <a href="http://www.europarl.europa.eu/oeil/popups/summary.do?id=1481912&t=e&l=fr">le texte prend des positions fortes</a>. Il rappelle notamment que les schémas de certification existants ne sont pas en mesure de garantir à l’acheteur qu’une huile n’est pas liée à la déforestation, au travail forcé ou à l’éviction de populations forestières de leurs terres coutumières (manque d’exigence de certains critères, marché des produits certifiés trop peu rémunérateur pour stimuler l’adhésion des producteurs, conflits d’intérêts avérés dans la conduite d’audits pourtant qualifiés d’« indépendants »). </p>
<p>Le texte insiste également sur le fait que, même renforcées, ces initiatives volontaires seraient insuffisantes pour transformer le secteur vers plus de durabilité, et que les cadres de politiques publiques doivent être renforcés.</p>
<h2>Une majorité de plantations industrielles</h2>
<p>Pour tirer pleinement les conséquences de cette résolution, il faut bien distinguer les deux modes de production qui dominent en Indonésie et en Malaisie, où se concentre 85 % de la production mondiale d’huile de palme. </p>
<p>Environ <a href="http://www.rspo.org/smallholders/">60 % de la production</a> y est assurée par les plantations industrielles contre 40 % par des petits producteurs, sur des surfaces inférieures à 25 hectares. </p>
<p>Compte tenu de l’impact différencié de ces deux modes de production, <a href="http://www.iddri.org/Publications/Vers-une-huile-de-palme-(plus)-durable-quel-role-pour-les-pays-importateurs">favoriser la durabilité</a> de la production d’huile de palme consiste simultanément à mieux encadrer les pratiques en plantations industrielles, renforcer les capacités des petits producteurs et, enfin, mettre en place des garde-fous pour garantir que ces derniers n’étendront pas leurs cultures sur les forêts.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/163676/original/image-20170403-21983-17w58gv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Déforester pour récolter toujours davantage d’huile de palme. Photo prise en 2009 sur l’île de Bornéo (Indonésie).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/rainforestactionnetwork/5551932646/in/photolist-aUztZt-ciAr9w-aUzhCx-wHxF6-aKXzjc-h5cUmf-bGwhVr-8ZrAPp-h5d9yw-9sy7fD-DPGUwp-EeXyfF-Saqsaz-Qfgn3p-r3zf3w-4cWR7b-btBwAb-rnD71V-xs4es2-aUzsSa-aUzuYg-h5cZR3-9sB79E-8ZrBv2-btBA7G-aUzhtg-9sy6Q4-rpvBQa-rnD4PR-aUzre6-rDES95-aKXCi8-dx3rwe-8ZuFoE-dTkQS4-aKXxvv-huMKXP-6MAHTu-rFXrHK-majujk-aKXAXX-6MAR4J-9D1gCd-6rGWnq-aKXzKc-CnAAsw-Dqsjdf-qJXSHy-rDEYJj-qKaSj2">Rainforest Action Network/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Le fléau de la déforestation</h2>
<p>Si les petits producteurs ont participé et participent encore à la déforestation, ils n’en sont responsables que pour une faible part (<a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/conl.12039/full">inférieure à 10 %</a> dans le cas de Sumatra entre 1990 et 2010). </p>
<p>Comme par ailleurs les capacités d’investissement et les compétences techniques de ces planteurs sont souvent faibles, leurs rendements sont 30 à 50 % inférieurs à ceux des plantations industrielles. </p>
<p>Il serait donc possible de répondre à une part importante de l’accroissement de la demande mondiale sur les 20 prochaines années sans générer de déforestation, ceci en augmentant les rendements de ces petits producteurs d’une part, en cadrant mieux la grande plantation industrielle d’autre part – ce qui supposerait cependant de réduire la demande mondiale en agrocarburants, en particulier en Europe, où <a href="https://www.transportenvironment.org/press/cars-and-trucks-burn-almost-half-all-palm-oil-used-europe">45 % de l’huile de palme importée</a> est utilisée à cette fin.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"848871479382913024"}"></div></p>
<h2>Comment encadrer la production industrielle…</h2>
<p>Mieux cadrer la production industrielle peut passer par plusieurs canaux. </p>
<p>Il pourrait d’abord s’agir de favoriser l’adoption par l’ensemble des standards de certification d’une définition de la forêt exigeante, prenant en compte tant les enjeux de biodiversité que de maintien des stocks de carbone, comme la méthodologie <a href="http://highcarbonstock.org/">High Carbon Stocks</a>. </p>
<p>Encourager ensuite, sur la base de ces définitions claires, le développement du marché des produits certifiés. Enfin, favoriser, voire exiger, la traçabilité dans les chaînes d’approvisionnement des entreprises européennes pour pouvoir identifier d’où vient l’huile de palme utilisée et, en particulier, si elle est issue ou non de la déforestation.</p>
<h2>… et celle des petits producteurs</h2>
<p>Pour agir sur les petits producteurs, il faut améliorer leur accès à des semences de qualité, leur niveau de formation, leur accès au crédit. </p>
<p>Compte tenu de leur faible capacité de négociation avec leurs acheteurs, il faut aussi accompagner la structuration d’organisations collectives pour rééquilibrer les échanges et permettre aux producteurs de capter une part plus importante de la valeur ajoutée de la filière. De telles actions supposent de développer le conseil agricole, l’accès au crédit bancaire et l’encadrement technique et organisationnel des producteurs en milieu rural. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"847002538905931776"}"></div></p>
<p>C’est donc un renforcement ou une réorientation des politiques de développement agricole et rural qu’il s’agit d’encourager, si l’Union européenne veut réellement diminuer les impacts de la filière huile de palme. Ceci pourrait notamment passer par une augmentation des engagements des bailleurs européens (de l’UE comme de ses États membres) dans des projets de soutien à l’organisation des petits producteurs de la filière.</p>
<p>Néanmoins, ces efforts en direction des petits producteurs n’auront d’effet que si, par ailleurs, il est possible de garantir qu’ils n’étendront pas leurs cultures sur les zones forestières jugées importantes pour la conservation. </p>
<p>Là encore, les politiques de coopération peuvent jouer un rôle clé, en particulier en accompagnant les pays producteurs dans la mise en œuvre de leur engagements climatiques et en appuyant le déploiement des politiques foncières.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/75653/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pour cette recherche, Pierre-Marie Aubert a reçu des financements de la Fondation Hermès, de l’organisation The Forest Trust et de l’Alliance française pour une huile de palme durable.
</span></em></p>Le Parlement européen a examiné ces 3 et 4 avril un projet de résolution ambitieux sur les liens entre huile de palme et déforestation tropicale. Quels sont les enjeux de ce vote ?Pierre-Marie Aubert, Chercheur en politiques agricoles et alimentaires, IddriLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/536802016-01-25T20:53:36Z2016-01-25T20:53:36ZForêts mondiales : cinq situations à suivre de près<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/109182/original/image-20160125-19657-1o1shs6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une exploitation de pulpe de bois à Sumatra (Indonésie). </span> <span class="attribution"><span class="source">William Laurance</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>L’année passée aura été charnière pour les forêts, avec de bonnes et de moins bonnes <a href="http://alert-conservation.org/issues-research-highlights/2015/12/30/alerts-three-most-important-conservation-trends-in-2015-1">nouvelles</a>. Les douze mois à venir seront tout aussi cruciaux avec, en particulier, cinq situations à suivre de près. Pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin, je conseille la lecture de l’<a href="http://news.mongabay.com/2016/01/whats-ahead-for-rainforests-in-2016-10-things-to-watch/?n3wsletter">analyse</a> de Rhett Butler.</p>
<h2>1. La forte chute du prix des marchandises</h2>
<p>Les répercussions du ralentissement de l’économie chinoise pourraient être fortes pour les zones forestières. La Chine a en effet tenu un rôle central – et <a href="http://e360.yale.edu/feature/chinas_appetite_for_wood_takes_a_heavy_toll_on_forests/2465/">agressif</a> – dans l’exploitation des ressources minières, des énergies fossiles et du bois, tout particulièrement dans des pays en voie de développement à travers l’Asie pacifique, l’Amérique latine, l’Afrique et la Sibérie. Pékin a ainsi soutenu des projets de développement de routes et d’infrastructures dans des zones reculées et sauvages ; ces projets ont souvent ouvert une <a href="http://e360.yale.edu/feature/as_roads_spread_in_tropical_rain_forests_environmental_toll_grows/2485/">boîte de Pandore</a> environnementale, causant de sérieux dommages aux écosystèmes forestiers et à la biodiversité en général.</p>
<p>Avec la <a href="http://news.mongabay.com/2015/12/how-does-the-global-commodity-collapse-impact-forest-conservation/">chute des prix</a> de nombreuses ressources naturelles, les forêts pourraient bénéficier cette année d’un répit. Les acteurs de la conservation pourraient se saisir de cette pause pour créer de <a href="http://www.biopama.org/">nouvelles zones protégées</a> et promouvoir la <a href="https://theconversation.com/global-roadmap-shows-where-to-put-roads-without-costing-the-earth-30815">planification</a> de l’usage des terres dans les espaces les plus fragiles sur le plan environnemental. L’Afrique, en proie à une <a href="https://theconversation.com/massive-road-and-rail-projects-could-be-africas-greatest-environmental-challenge-51188">fièvre minière et routière</a> devrait à ce titre constituer une priorité.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=594&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=594&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=594&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=746&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=746&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/108147/original/image-20160114-2368-plh753.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=746&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un champ pétrolifère au Congo.</span>
<span class="attribution"><span class="source">William Laurance</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>2. Une grande sécheresse signée El Niño</h2>
<p>La dramatique sécheresse <a href="https://theconversation.com/godzilla-el-nino-time-to-prepare-for-mega-droughts-46673">boostée par le phénomène El Niño</a> n’est pas finie – loin de là. Les conditions météorologiques inhabituelles à l’œuvre dans le Pacifique continuent de l’alimenter. Ceci devrait conduire à de fortes périodes de sécheresse et à des incendies, notamment en <a href="http://www.popsci.com/node/227497">Amérique centrale et du Sud et en Asie</a>.</p>
<p>L’Indonésie a été tout particulièrement frappée, subissant d’impressionnants feux de forêts et de tourbières qui n’ont pas manqué de faire <a href="http://www.pri.org/stories/2015-10-26/toxic-haze-threatens-millions-southeast-asia">suffoquer</a> une bonne partie de l’Asie du Sud-Est. Sur une base quotidienne, ces feux ont rejeté autant de CO<sub>2</sub> que l’<a href="http://news.mongabay.com/2015/10/carbon-emissions-from-indonesias-peat-fires-exceed-emissions-from-entire-u-s-economy/">économie des États-Unis</a> toute entière.</p>
<h2>3. L’implosion de l’économie brésilienne</h2>
<p>Si l’économie chinoise marque le pas, celle du Brésil, autrefois si prometteuse, semble être entrée dans un <a href="http://www.economist.com/news/leaders/21684779-disaster-looms-latin-americas-biggest-economy-brazils-fall?zid=309&ah=80dcf288b8561b012f603b9fd9577f0e">véritable âge de glace</a> ; un retournement étonnant pour une nation si riche en terres et ressources naturelles.</p>
<p>Il est toutefois assez difficile de prédire les conséquences d’une telle situation pour les forêts tropicales, celle d’Amazonie et aussi la très endommagée <a href="http://www.dpi.inpe.br/referata/arq/26_Miltinho/Ribeiro_et_al_biocons_2009_authorscopy.pdf">forêt atlantique brésilienne</a>, une zone de biodiversité qui a été dramatiquement entamée et fragmentée.</p>
<p>La monnaie brésilienne, le réal, ayant très fortement chuté, les marchandises destinées à l’export – le bois, le soja, le bétail, le pétrole et les minéraux – seront plus compétitives au niveau international, ce qui va dans le sens d’une exploitation accrue des forêts.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=660&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=660&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=660&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=830&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=830&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/108141/original/image-20160114-2370-t7w67m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=830&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Abattage des arbres de mangrove en Amérique latine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">William Laurance</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>D’autre part, les investisseurs brésiliens et étrangers auront certainement tendance à redoubler de prudence en cas de ralentissement économique. Les projets de nouvelles infrastructures ou d’exploitation des terres – à l’image des gigantesques <a href="http://dams-info.org/en">barrages</a> prévus sur l’Amazone – risquent de s’en trouver ralentis.</p>
<p>L’implosion de l’économie brésilienne pourrait tout aussi bien conduire à l’éviction politique de la présidente <a href="https://en.Wikipedia.org/wiki/Dilma_Rousseff">Dilma Rousseff</a> qui s’est plutôt montrée favorable à la défense de l’environnement. Rousseff fit ainsi tout son possible pour contrer les tentatives d’assouplir le code forestier brésilien – un cadre légal crucial pour garantir la protection des zones forestières. Cette dernière décennie, les taux de déforestation en Amazonie ont chuté de <a href="https://e360.yale.edu/digest/brazilian_deforestation__falls_sharply_in_past_eight_years/3609/">plus de 75 %</a>, mais les lobbies agricoles et industriels ont récemment remis en cause les contrôles gouvernementaux relatifs à l’usage des terres, ceux-là mêmes qui ont permis le recul de la déforestation.</p>
<h2>4. Les nouveaux engagements zéro déforestation</h2>
<p>Une bonne nouvelle concerne les engagements pris par de grandes firmes multinationales – productrices ou consommatrices d’huile de palme, de pulpe de bois, de soja et d’autres marchandises – pour <a href="https://theconversation.com/how-global-forest-destroyers-are-turning-over-a-new-leaf-22943">lutter contre la déforestation</a>. Les pressions d’ONG environnementales et de consommateurs concernés par la préservation des forêts furent ici tout à fait déterminantes.</p>
<p>Si cela a constitué globalement une réelle avancée, l’Indonésie et la Malaisie – deux pays qui produisent à eux seuls 85 % de l’huile de palme mondiale – semblent toutefois farouchement déterminées <a href="https://theconversation.com/how-global-forest-destroyers-are-turning-over-a-new-leaf-22943">à démanteler ces accords</a> zéro déforestation.</p>
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<span class="caption">La biodiversité d’Asie du Sud-Est est l’une des plus riches de la planète.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(c) Rhett Butler/Mongabay.com</span></span>
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<p>Le problème reste donc entier : l’Indonésie et la Malaisie veulent pouvoir continuer à déforester de larges zones pour y produire de l’huile de palme et de la pulpe de bois, ce que les accords zéro déforestation mettent à mal. L’Indonésie prévoit ainsi d’abattre <a href="http://alert-conservation.org/issues-research-highlights/2014/8/31/indonesia-plans-to-clear-14-million-hectares-of-native-forest?rq=plantation">14 millions d’hectares</a> de forêts sur son territoire d’ici à 2020. Il s’agit là d’un enjeu de tout premier plan : si les grandes compagnies commencent à amender ces accords zéro déforestation, il faudra que les défenseurs de la cause environnementale s’y opposent et le fasse savoir.</p>
<h2>5. La mise en œuvre de l’Accord de Paris</h2>
<p>J’ai pu assister lors de la récente COP21 de Paris à deux avancées majeures pour les forêts. Il fut question, premièrement, de l’<a href="http://news.mongabay.com/2015/12/cop21-agreement-prominently-addresses-protection-of-earths-forests/">adoption</a> d’un accord formel pour mettre en œuvre l’initiative REDD (« reducing emissions from deforestation and forest degradation »).</p>
<p>Cela signifie, du moins en théorie, que des fonds internationaux devraient commencer à alimenter les projets de conservation des forêts : ralentir la déforestation, encourager la régénération des zones forestières et promouvoir une exploitation plus durable – tout cela allant dans le sens d’une réduction des émissions de CO<sub>2</sub> pour tenter de limiter le changement climatique.</p>
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<span class="caption">Au Suriname (Amérique du Sud), un chercheur d’or exploite illégalement une parcelle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">William Laurance</span></span>
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<p>Cette initiative représente bien sûr véritable avancée, mais il faut désormais passer aux choses concrètes. Des nations riches comme les États-Unis, le Japon et l’Australie devront ainsi <a href="https://theconversation.com/australia-talks-the-talk-but-will-it-walk-the-walk-to-save-rainforests-34145">revoir à la hausse</a> leur aide financière en faveur des projets REDD, tout spécialement dans les zones tropicales.</p>
<p>Deuxièmement, les différentes Parties de la COP se sont accordées sur la nécessaire limitation du réchauffement climatique à 2 °C d’ici à la fin du siècle – en tâchant même de le limiter à 1,5 °C. C’est un accord est aussi exceptionnel qu’extrêmement ambitieux. Or le temps n’est plus à l’autosatisfaction et l’Accord de Paris ne pourra être efficace que si les nations réduisent de manière drastique leurs émissions de gaz à effet de serre et <a href="http://alert-conservation.org/issues-research-highlights/2015/12/4/conserving-tropical-forests-could-get-us-halfway-to-solving-global-warming">préservent leurs forêts</a>.</p>
<h2>Les forêts, essentielles pour nous tous</h2>
<p>La conservation des forêts est cruciale à la bonne santé de la planète. En les protégeant, on préserve la biodiversité, permettant ainsi aux écosystèmes d’être mieux <a href="https://theconversation.com/the-scariest-part-of-climate-change-isnt-what-we-know-but-what-we-dont-45419">adaptés au changement climatique</a>. Les vastes étendues de forêts capturent les précipitations et offrent aux espèces un <a href="http://www.preventionweb.net/files/11519_CCreport.pdf">refuge</a> pour s’abriter durant les vagues de chaleur, les incendies, les tempêtes et autres phénomènes extrêmes.</p>
<p>Protéger et régénérer les forêts pourraient également avoir un impact énorme sur le climat, car les forêts contribuent à refroidir la surface de la Terre, tout en émettant des milliards de tonnes de vapeur d’eau qui provoquent une grande part des précipitations.</p>
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<span class="caption">Dans la forêt amazonienne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">William Laurance</span></span>
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<p>Surtout, les zones forestières peuvent rapidement absorber et stocker une grande quantité de carbone. Il a été récemment estimé qu’un effort concerté pour stopper la déforestation et régénérer les forêts dans des zones tropicales dégradées pourrait nous permettre d’atteindre la <a href="http://www.srs.fs.usda.gov/pubs/ja/ja_zhou006.pdf">moitié de notre objectif mondial</a> en termes de réduction des émissions de carbone dans les cinquante prochaines années.</p>
<p>En 2016, il nous faudra donc garder présent à l’esprit que ces écosystèmes forestiers en péril nous sont vitaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/53680/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bill Laurance receives funding from the Australian Research Council and other scientific and philanthropic organisations. He is director of the Centre for Tropical Environmental and Sustainability Science at James Cook University and founder and director of ALERT--the Alliance of Leading Environmental Researchers & Thinkers.</span></em></p>De la sécheresse alimentée par El Niño au ralentissement des économies brésiliennes et chinoises, que réservent les mois qui viennent pour les zones forestières ?Bill Laurance, Distinguished Research Professor and Australian Laureate, James Cook UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.