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inflammation – The Conversation
2024-01-02T19:27:15Z
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2024-01-02T19:27:15Z
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Changer son mode de vie peut réduire les risques de démence – mais il faut le faire maintenant
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/562264/original/file-20231125-24-4dpbbp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C704%2C5714%2C3742&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Changer son mode de vie peut être la meilleure façon de retarder l’apparition de la démence ou de ne pas la développer du tout.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Faire 10 000 pas par jour, diminuer sa consommation d’alcool, bien dormir la nuit, avoir une vie sociale active : ces éléments <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30367-6">pourraient prévenir jusqu’à 40 % des cas de démence</a>.</p>
<p>Étant donné que la démence est une des <a href="https://doi.org/10.1186%2Fs12889-023-15772-y">maladies les plus redoutées</a>, ne devrions-nous pas simplement inciter les médecins et les gouvernements à promouvoir ces changements de mode de vie au moyen de programmes et d’initiatives politiques ?</p>
<p>La vérité n’est pas aussi simple. Nous savons qu’<a href="https://theconversation.com/got-health-goals-research-based-tips-for-adopting-and-sticking-to-new-healthy-lifestyle-behaviours-173740">il est difficile de changer son mode de vie</a>. Demandez à quiconque a déjà tenté de tenir sa résolution du Nouvel An de s’entraîner trois fois par semaine. C’est encore moins évident si les modifications que nous devons apporter maintenant ne produisent des résultats que dans plusieurs années, voire plusieurs décennies, et que nous ne comprenons pas vraiment pourquoi elles sont efficaces.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/prevention-de-lalzheimer-lexercice-physique-pourrait-reduire-linflammation-du-cerveau-172661">Prévention de l’Alzheimer : l’exercice physique pourrait réduire l’inflammation du cerveau</a>
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<h2>Prendre sa santé en main</h2>
<p>Quiconque a accompagné un proche atteint de démence, confronté aux petites et grandes indignités et au déclin qui finissent par lui faire perdre peu à peu ses souvenirs et la capacité de manger et de communiquer, sait qu’il s’agit d’une maladie dévastatrice.</p>
<p><a href="https://alzheimer.ca/fr/whats-happening/events/nouveaux-medicaments-et-traitements-contre-les-troubles-neurocognitifs-ce">Plusieurs nouveaux médicaments</a> contre l’Alzheimer (une des formes les plus courantes de démence) sont sur le point d’être commercialisés. Toutefois, ils sont encore loin de permettre la guérison et sont pour l’instant uniquement efficaces pour le stade précoce de la maladie.</p>
<p>Apporter des modifications à son mode de vie est actuellement notre meilleur espoir de retarder la démence ou de ne pas la développer du tout. L’acteur <a href="https://www.vanityfair.fr/article/la-nouvelle-vie-de-chris-hemsworth-menace-par-la-maladie-dalzheimer">Chris Hemsworth</a> en est bien conscient. Lui qui a vu son grand-père vivre avec la maladie d’Alzheimer a changé ses habitudes de vie après avoir appris qu’il était porteur de deux copies du gène APOE4. Ce <a href="https://www.reuters.com/business/healthcare-pharmaceuticals/what-is-apoe4-how-does-it-relate-alzheimers-disease-2023-04-21/">gène</a> constitue un facteur de risque pour l’Alzheimer, et le fait d’en posséder deux copies augmente considérablement la probabilité d’en souffrir.</p>
<p>Des recherches ont identifié certains <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30367-6">facteurs modifiables</a> qui accroissent le risque de démence :</p>
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<li><p>manque d’activité physique</p></li>
<li><p>consommation excessive d’alcool</p></li>
<li><p>manque de sommeil</p></li>
<li><p>isolement social</p></li>
<li><p>perte auditive</p></li>
<li><p>faible engagement cognitif</p></li>
<li><p>mauvaise alimentation</p></li>
<li><p>hypertension</p></li>
<li><p>obésité</p></li>
<li><p>diabète</p></li>
<li><p>traumatisme crânien</p></li>
<li><p>tabagisme</p></li>
<li><p>dépression</p></li>
<li><p>pollution atmosphérique</p></li>
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<p>Notre connaissance des mécanismes biologiques de ces facteurs de risque est variée, certains étant mieux compris que d’autres, et voici quelques informations qui devraient vous intéresser.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/de-saines-habitudes-de-vie-peuvent-prevenir-jusqua-40-des-cas-de-demence-212150">De saines habitudes de vie peuvent prévenir jusqu’à 40 % des cas de démence</a>
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<h2>Réserve cognitive et neuroplasticité</h2>
<p>La <a href="https://doi.org/10.1016/j.neurobiolaging.2019.03.022">réserve cognitive</a> est la capacité du cerveau à résister aux dommages ou aux maladies neurodégénératives. En cas de perte de tissu ou de fonction dans une partie du cerveau, d’autres cellules cérébrales (neurones) travaillent davantage pour compenser. En théorie, cela signifie que les expériences et les activités vécues tout au long de la vie créent un barrage contre les dommages causés par la maladie et le vieillissement du cerveau.</p>
<p>On appelle <a href="https://doi.org/10.3928/02793695-20100302-01">neuroplasticité</a> l’étonnante capacité du cerveau à s’adapter, à apprendre, à se réorganiser, à créer de nouvelles voies ou à recâbler les voies existantes pour se remettre d’un traumatisme. IL est utile de savoir que la neuroplasticité peut intervenir à tout moment et à tout âge, ce qui signifie que l’apprentissage et les activités doivent se poursuivre la vie durant.</p>
<p>De nombreux facteurs de risque liés à la démence agissent sous doute conjointement, c’est pourquoi il est essentiel de modifier son mode de vie de façon globale. Ainsi, des <a href="https://doi.org/10.1007/s11920-016-0721-2">études ont montré</a> que l’exercice physique et l’engagement cognitif et social stimulent le cerveau et préservent sa plasticité en développant de nouvelles connexions neuronales et en constituant des réserves cognitives.</p>
<p>Une combinaison de facteurs est à l’origine de ce phénomène : augmentation de l’oxygène et du flux sanguin dans le cerveau, stimulation des facteurs de croissance qui maintiennent les neurones en bonne santé et réduction de l’inflammation.</p>
<p>Le contraire est également vrai. Un mauvais sommeil, une mauvaise alimentation, l’isolement social et une dépression non traitée sont liés à une <a href="https://doi.org/10.3928/02793695-20100302-01">diminution de la réserve cognitive</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Deux hommes âgés sur un banc public, dont l’un s’efforce d’entendre l’autre parler" src="https://images.theconversation.com/files/561625/original/file-20231125-21-n964o8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/561625/original/file-20231125-21-n964o8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/561625/original/file-20231125-21-n964o8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/561625/original/file-20231125-21-n964o8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/561625/original/file-20231125-21-n964o8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/561625/original/file-20231125-21-n964o8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/561625/original/file-20231125-21-n964o8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Lorsqu’une personne souffre de perte auditive, il peut lui être difficile de communiquer avec son entourage, ce qui se traduit par une perte d’informations sensorielles. Le cerveau doit travailler plus fort pour compenser cette perte.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Le même raisonnement s’applique à la perte d’audition, un facteur de risque pour la démence dont on a conscience depuis peu. Lorsqu’une personne entend moins bien, il peut lui être difficile d’entretenir des relations sociales, ce qui se traduit par une perte d’informations sensorielles. Le <a href="https://doi.org/10.1097%2FWAD.0000000000000325">cerveau doit travailler davantage</a> pour compenser cette perte, ce qui épuise ses réserves cognitives et le rend moins apte à résister à la démence.</p>
<h2>Stress et inflammation</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Illustration d’un cerveau dessiné à la main avec des craies multicolores sur un tableau noir" src="https://images.theconversation.com/files/561626/original/file-20231125-17-6hps66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/561626/original/file-20231125-17-6hps66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/561626/original/file-20231125-17-6hps66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/561626/original/file-20231125-17-6hps66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=222&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/561626/original/file-20231125-17-6hps66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/561626/original/file-20231125-17-6hps66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/561626/original/file-20231125-17-6hps66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=279&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’inflammation chronique ou prolongée perturbe le fonctionnement normal du cerveau et endommage ses cellules.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>L’organisme réagit aux dommages par des réponses au stress et de l’inflammation. Celle-ci constitue une composante importante du système immunitaire et permet de se défendre contre les menaces et de réparer les lésions tissulaires. Si l’inflammation est naturelle et bénéfique à court terme, lorsqu’elle devient chronique ou prolongée, elle perturbe le fonctionnement normal du corps et endommage les cellules du cerveau.</p>
<p>Le <a href="https://doi.org/10.17219/acem/149897%22%22">processus inflammatoire</a> constitue un point commun entre la démence et la dépression non traitée. Une exposition prolongée aux hormones du stress peut entraîner une inflammation chronique. L’hypertension, la sédentarité, le tabagisme et la pollution atmosphérique sont également associés à l’inflammation chronique et au stress, qui peuvent endommager les vaisseaux sanguins et les neurones du cerveau.</p>
<p>Dans un domaine de recherche exploré depuis peu, on observe qu’il existe aussi un lien entre <a href="https://actu.fr/societe/la-solitude-est-un-probleme-de-sante-publique-mondial-alerte-l-oms_60346000.html">l’isolement social</a> et l’<a href="https://doi.org/10.1016/j.yfrne.2023.101061">inflammation</a>. Comme nous l’avons appris lors de la pandémie de ovid-19, le cerveau est câblé pour répondre par l’engagement social afin de créer des liens et du soutien émotionnel, en particulier dans les moments de détresse.</p>
<p>Des sondages montrent que <a href="https://www.thestar.com/opinion/contributors/we-have-a-loneliness-crisis-it-s-time-to-act/article_30e6c996-a9e2-588b-a776-58addc503762.html">plus d’un Canadien sur trois</a> se sent isolé. Le manque de liens sociaux et la solitude peuvent déclencher dans le corps une réponse au stress et des changements neuroendocriniens, et une exposition prolongée à ce processus inflammatoire peut endommager le cerveau.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/dix-facteurs-qui-augmentent-les-risques-de-developper-la-maladie-dalzheimer-143424">Dix facteurs qui augmentent les risques de développer la maladie d’Alzheimer</a>
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<h2>Des voies similaires dans plusieurs maladies</h2>
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<img alt="Trois femmes vêtues de combinaison sport sont en discussion" src="https://images.theconversation.com/files/561627/original/file-20231125-27-f0h7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/561627/original/file-20231125-27-f0h7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/561627/original/file-20231125-27-f0h7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/561627/original/file-20231125-27-f0h7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/561627/original/file-20231125-27-f0h7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/561627/original/file-20231125-27-f0h7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/561627/original/file-20231125-27-f0h7c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Bien qu’à tout âge, il y ait des avantages à rester actif sur les plans physique et social, certaines études montrent que les bénéfices seraient plus importants après 40 ans, au moment où le métabolisme ralentit, où les facteurs de risque augmentent et où la réserve cognitive devient encore plus essentielle pour lutter contre le déclin cognitif.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Bon nombre de ces facteurs de risque et leurs voies biologiques touchent plusieurs maladies chroniques. L’accumulation de preuves issues de <a href="https://doi.org/10.1016/S1474-4422(19)30087-0">décennies de recherche</a> appuie l’idée selon laquelle « ce qui est bon pour le cœur est bon pour la tête ».</p>
<p>Par conséquent, des changements de mode de vie peuvent réduire le risque de démence, mais aussi celui de diabète, d’hypertension et de problèmes cardiaques. Cela met en évidence la nature complexe de la démence tout en offrant une stratégie commune pour répondre aux multiples problèmes de santé qui peuvent survenir avec l’âge.</p>
<h2>Jamais trop tard</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un homme endormi dans un lit" src="https://images.theconversation.com/files/561628/original/file-20231125-27-dyme8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/561628/original/file-20231125-27-dyme8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/561628/original/file-20231125-27-dyme8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/561628/original/file-20231125-27-dyme8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/561628/original/file-20231125-27-dyme8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/561628/original/file-20231125-27-dyme8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/561628/original/file-20231125-27-dyme8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Des facteurs tels que le manque de sommeil, une mauvaise alimentation et un manque d’engagement social et cognitif peuvent accroître les risques de souffrir de démence.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Il n’est jamais vraiment trop tard pour modifier ses habitudes. Le cerveau et le corps humain ont une remarquable capacité d’adaptation et de résilience tout au long de la vie.</p>
<p>Bien qu’à tout âge, il y ait des avantages à rester actif sur les plans physique et social, certaines recherches montrent que les <a href="https://doi.org/10.1016/j.smhs.2019.08.006">bénéfices seraient plus importants</a> après 40 ans, au moment où métabolisme du corps ralentit, où les facteurs de risque augmentent et où la réserve cognitive devient encore plus essentielle pour lutter contre le <a href="https://doi.org/10.1212/WNL.0000000000007003">déclin cognitif</a>.</p>
<p>Si modifier son mode de vie permet de voir ses enfants vivre leur vie d’adulte, de faire chaque jour à pied 20 pâtés de maisons pour se rendre à son café préféré et de demeurer dans son domicile, peut-être cela vaut le coup de faire 10 000 pas par jour, de changer son alimentation et d’entretenir son réseau d’amis. Au pire, on sera en meilleure santé et plus indépendant, avec ou sans démence. Dans le meilleur des cas, on évitera complètement la démence et d’autres maladies graves et on continuera à vivre pleinement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218789/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laura Middleton reçoit des fonds de l'Agence de santé publique du Canada et des Instituts de recherche en santé du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Saskia Sivananthan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les risques de démence liés au mode de vie sont complexes. Des facteurs tels que le sommeil, l’exercice et l’alimentation interagissent avec la réserve cognitive, la neuroplasticité et l’inflammation.
Saskia Sivananthan, Affiliate Professor, Department of Family Medicine, McGill University
Laura Middleton, Associate Professor and Schlegel-UW Research Chair in Dementia and Active Living, Department of Kinesiology and Health Sciences, University of Waterloo
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/204441
2023-05-12T13:46:19Z
2023-05-12T13:46:19Z
Syndrome du côlon irritable : la gravité en cause, selon une nouvelle étude
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/522692/original/file-20230424-16-y8xuaf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1%2C2%2C997%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les nombreux symptômes du syndrome du colon irritable comprennent des douleurs abdominales, des ballonnements, de la constipation, de la diarrhée et des modifications du transit intestinal.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><blockquote>
<p>Je préfère ne pas essayer ce nouveau restaurant, pourquoi ne pas rester à la maison ce week-end ? </p>
<p>Je ressens à nouveau un inconfort, s’agit-il d’une crise ? </p>
<p>Cette situation me perturbe, je n’arrive pas à la contrôler… je préfère rentrer chez moi. </p>
</blockquote>
<p>Les personnes souffrant du <a href="https://cdhf.ca/fr/digestive-conditions/irritable-bowel-syndrome-ibs/">syndrome du côlon irritable</a> sont souvent confrontées à ce type de réflexion. Que ce soit votre cas ou celui de l’un de vos proches, <a href="https://cusm.ca/newsroom/article/ne-n%C3%A9gligez-pas-syndrome-du-c%C3%B4lon-irritable#:%7E:text=Le%20SCI%20est%20un%20trouble,de%20moins%20de%2050%20ans.">il s’agit de l’un des problèmes les plus courants poussant les patients à consulter un gastro-entérologue</a>. </p>
<p>Et si la cause exacte demeure inconnue, une nouvelle hypothèse, liée à la force de gravité, pourrait apporter un éclairage sur cette énigme et changer la manière dont nous la traitons. </p>
<h2>Un large éventail de symptômes</h2>
<p>D’un point de vue clinique, le syndrome du côlon irritable est défini comme un trouble fonctionnel chronique (c’est-à-dire qui ne peut être expliqué par des altérations morphologiques, métaboliques ou neurologiques) du gros intestin. Les nombreux symptômes comprennent des douleurs abdominales, des ballonnements, de la constipation, de la diarrhée et des modifications du transit intestinal. </p>
<p>En outre, ces maux se recoupent souvent avec d’autres affections intestinales et digestives, telles que la constipation fonctionnelle, la <a href="https://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=dyspepsie_troubles_digestifs_fonctionnels_pm">dyspepsie</a> et les brûlures d’estomac fonctionnelles. </p>
<p>Sa prévalence semble varier considérablement d’un pays à l’autre, allant de moins de 1 % en Inde à 10 % en Espagne et plus de 20 % aux États-Unis ou en Croatie. <a href="https://www.thelancet.com/journals/langas/article/PIIS2468-12532030217-X/fulltext">Une récente méta-analyse publiée dans la revue <em>The</em> Lancet_Gastroenterology and Hepatology_</a> a établi la fourchette entre 3,8 % et 9,2 %, selon les critères utilisés. </p>
<p>Cette étude a également montré qu’elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes (12 % contre 8,6 %) et qu’elle est l’une des causes les plus importantes d’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15217162/">absentéisme au travail</a>.</p>
<p>Comme il s’agit d’un trouble fonctionnel, de nombreux facteurs peuvent en déclencher l’apparition : des épisodes d’anxiété ou de stress, des événements traumatisants, une légère inflammation ou divers facteurs psychosociaux peuvent être à l’origine de l’inconfort. Le syndrome du côlon irritable a toujours été considéré comme une sorte de « tiroir fourre-tout » des symptômes abdominaux.</p>
<h2>Une hypothèse de taille</h2>
<p>En d’autres termes, il n’existe pas d’origine unique au syndrome du côlon irritable, et c’est précisément la raison pour laquelle il est si complexe de s’y attaquer. Toutefois, le tableau pourrait s’éclaircir : comme indiqué plus haut, <a href="https://journals.lww.com/ajg/fulltext/2022/12000/gravity_and_the_gut__a_hypothesis_of_irritable.15.aspx"><em>The American Journal of Gastroenterology</em></a> a avancé une théorie non conventionnelle selon laquelle le syndrome trouverait son origine dans une incapacité d’adaptation de nos systèmes gastro-intestinal, musculo-squelettique, cardiovasculaire et vestibulaire (responsable de l’équilibre et de l’orientation dans l’espace) à la gravité. </p>
<p>Selon <a href="https://researchers.cedars-sinai.edu/Brennan.Spiegel">Brennan Spiegel</a>, directeur de la recherche sur les services de santé au Cedars-Sinai Medical Center à Los Angeles et auteur de l’étude, lorsque ces systèmes ne peuvent pas contrôler l’attraction de la gravité, cela peut entraîner des douleurs, des crampes, des vertiges, des sueurs, de la tachycardie et des problèmes de dos, qui sont tous des symptômes du syndrome du côlon irritable. Et ce phénomène peut même contribuer à la prolifération bactérienne dans l’intestin, un problème également lié au syndrome du côlon irritable. </p>
<p>L’intérêt de l’hypothèse de Spiegel est qu’elle relie les différentes explications entourant le syndrome du côlon irritable en utilisant la gravité comme fil conducteur. Des anomalies dans les mécanismes de résistance à l’attraction gravitationnelle du tractus gastro-intestinal (telles qu’un mésentère sous-développé ou faible – le pli de membranes qui relie l’intestin à la paroi abdominale) entraîneraient un affaissement des organes abdominaux et les symptômes du syndrome du côlon irritable.</p>
<h2>Sensibilité accrue à la douleur</h2>
<p>Une autre conséquence serait liée à une prolifération anormale des bactéries dans l’intestin due à un transit intestinal lent, entraînant une augmentation de la perméabilité intestinale, une inflammation et une surproduction de <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/serotonine-64573">sérotonine</a>. Ce neurotransmetteur joue non seulement un rôle clé dans la santé mentale, mais il est également lié à la motilité intestinale et à la fonction cardiovasculaire, tout en étant un puissant sensibilisateur à la douleur. </p>
<p>La colonne vertébrale, la cage thoracique, le diaphragme et les ligaments agiraient ensemble comme un « châssis » stabilisateur pour tous les viscères de la cavité abdominale. Si cette structure n’était pas en mesure de résister à la force g (l’accélération produite par la gravité terrestre sur un objet), il se produirait un étirement et un gonflement, ce qui activerait les neurones sensoriels de manière soutenue.</p>
<p>Une « sensibilisation périphérique » se produirait alors, amenant le patient à ressentir la douleur à des seuils très bas. Et ce, même en l’absence de tout stimulus apparent.</p>
<p>L’auteur de l’étude affirme que la présence de tous ces facteurs pourrait générer une émission à haute fréquence et à haute intensité de signaux de douleur vers le cerveau, et que ce dernier modifierait le comportement et l’état psychologique de la personne pour compenser l’état altéré. </p>
<p>L’existence d’un <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Axe_intestin-cerveau">axe intestin-cerveau</a> intègre les systèmes nerveux et gastro-intestinal. Son dérèglement entraîne un cercle vicieux de sensations viscérales (douleurs, crampes, gonflements, picotements…) et d’hypervigilance. Cette dernière aggrave à son tour les symptômes gastro-intestinaux et l’anxiété liée à ces désagréments, connue sous le nom d’« anxiété viscérale ». Si l’hypervigilance est maintenue dans le temps, la personne peut atteindre un état d’épuisement vital.</p>
<h2>Facteurs de risque</h2>
<p>La susceptibilité au syndrome du côlon irritable serait donc déterminée par trois facteurs :</p>
<ol>
<li><p>La résistance de nos structures de soutien gastro-intestinales à la force g. </p></li>
<li><p>Notre capacité à détecter le stress viscéral causé par la gravité.</p></li>
<li><p>Notre niveau de vigilance par rapport à ce stress. </p></li>
</ol>
<p>Ainsi, une personne ayant une faible résistance mécanique, dont le système nerveux périphérique est très sensible à ces contraintes et qui, de surcroît, est constamment en alerte pour protéger le corps contre le stress gravitationnel – qu’il existe ou non – aura un risque plus élevé de développer le syndrome du côlon irritable.</p>
<p>Après avoir lu cette étude, on peut se demander si les astronautes souffrent de troubles gastro-intestinaux lors de leurs vols spatiaux dans des conditions de microgravité. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2214552420300651?via%3Dihub">La réponse est oui</a> : ils souffrent souvent de reflux gastrique, de dyspepsie, de ballonnements, de diarrhée, de constipation et même de <a href="https://microbiomejournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40168-019-0724-4">modifications de leur microbiote intestinal</a>. </p>
<p>L’idée que le syndrome du côlon irritable est une conséquence de l’intolérance à la gravité pave la voie à de nouvelles perspectives, tant dans notre perception du syndrome que dans son traitement. Nous serions enfin en mesure d’organiser tous les facteurs ou pièces de ce grand casse-tête que représente le syndrome du côlon irritable, que nous n’avons pas réussi à résoudre jusqu’à présent, malgré de grands efforts. La poursuite des recherches permettra de renforcer ou d’infirmer cette hypothèse fascinante.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204441/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Et si le syndrome du côlon irritable avait pour origine une mauvaise adaptation du corps à la force de gravité ? Si elle était confirmée, cette explication changerait la façon dont nous le traitons.
Elisabet Navarro Tapia, Coordinadora del Máster de Epidemiología y Salud Pública de la Universidad Internacional de Valencia, Universidad Internacional de Valencia
Vicente Andreu Fernández, Director del Instituto de Investigación Biosanitaria de la Universidad Internacional de Valencia, Universidad Internacional de Valencia
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tag:theconversation.com,2011:article/201607
2023-03-26T16:05:46Z
2023-03-26T16:05:46Z
Microbiote urinaire : quels sont ses nombreux impacts sur notre santé ?
<p>Notre corps abrite, on s’en doutera, nombre de cellules – et nombre de types de cellules (sanguines, nerveuses, etc.). Il a ainsi été estimé qu’un être humain dit « de référence » (20 à 30 ans, pour 70 kg et 1,70 m) en comptait, environ, quelques 3.10<sup>13</sup>, soit 30 mille milliards de cellules.</p>
<p>Ce que l’on sait moins, c’est que nous sommes aussi une terre d’accueil de premier choix pour les microbes, bactéries en tête ! Elles seraient <a href="https://www.biorxiv.org/content/10.1101/036103v1">près de 3,9.10<sup>13</sup></a>, soit plus que nos propres cellules.</p>
<p>L’importance de cette population microscopique peut donner le tournis… Ces chiffres élevés laissent surtout présager d’un rôle important pour les cohortes de bactéries, champignons et autres virus qui nous colonisent.</p>
<p>Plusieurs parties ou organes de notre corps sont ainsi occupés par un <a href="https://theconversation.com/fr/search?q=microbiote">« microbiote »</a> – comme l’intestin, dont le microbiote associé <a href="https://theconversation.com/microbiote-intestinal-et-sante-une-alliance-que-chacun-peut-optimiser-168965">a fait l’objet d’études approfondies</a>. Mais si la composition et les rôles dans la santé et la maladie de ce dernier commencent à être mieux connus, d’autres microbiotes passent encore largement sous les radars. Par exemple au niveau de notre <a href="https://theconversation.com/le-microbiote-cutane-notre-premiere-barriere-protectrice-183503">peau</a>, du <a href="https://theconversation.com/des-microbes-dans-le-sperme-la-fertilite-masculine-depend-aussi-de-ce-microbiote-meconnu-187651">sperme</a> pour ces messieurs…</p>
<hr>
<p>
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<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-microbiote-cutane-notre-premiere-barriere-protectrice-183503">Le microbiote cutané, notre première barrière protectrice</a>
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</p>
<hr>
<p>Le microbiote urinaire fait lui aussi partie de ces illustres quasi-inconnus. Une erreur tant <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fcimb.2021.617002/full">ses implications pour la santé sont nombreuses</a>, comme l’ont découvert des chercheurs de l’université de Grenade, d’Almeria et de l’hôpital universitaire Virgen de las Nieves.</p>
<h2>Le microbiote urinaire : un grand inconnu</h2>
<p>Pendant longtemps, on a cru que l’urine des personnes en bonne santé était stérile ; que les bactéries qui pourraient s’y trouver pouvaient être à l’origine d’infections locales. Cette idée était confortée par l’utilisation de techniques de culture bactérienne qui ne permettaient la croissance que d’un nombre très limité de micro-organismes.</p>
<p>C’est une erreur : l’urine n’est pas stérile.</p>
<p>La génomique, le développement du <a href="https://hmpdacc.org/">Human Microbiome Project</a> ou des nouveaux outils de séquençage génétique de masse ont changé la donne : ils ont prouvé qu’il existait une large <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0302283815002067">communauté microbienne également dans les voies urinaires d’individus sains</a>.</p>
<p>De premiers grands constats peuvent être dégagés :</p>
<ul>
<li><p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1600613522249016">Cet écosystème particulier varie en fonction du sexe de l’hôte</a> : le genre bactérien majeur chez la femme est <em>Lactobacillus</em> ; chez l’homme, beaucoup moins étudié, le microbiote urinaire est dominé par les genres <em>Corynebacterium</em> et <em>Streptococcus</em>.</p></li>
<li><p><a href="https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/1471-0528.15920">L’âge</a> et le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0301211518302902">niveau d’hormones</a> sont capables de l’altérer, ce qui fait que les espèces bactériennes évoluent. Au fil des années, on observe par exemple une diminution des <em>Lactobacillus</em> et des <em>Gardnerella</em> et une prolifération de genres tels que les <em>Mobiluncus</em>, les <em>Oligella</em> et les <em>Porphyromonas</em>.</p></li>
<li><p>De nombreuses espèces propres aux voies urinaires ne se contentent pas de ce secteur, mais <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2020.513305/full">peuplent également le vagin et l’intestin</a>. Des modifications de ces deux communautés bactériennes entraînent également des changements dans le microbiote urinaire.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/511665/original/file-20230222-14-kph8nh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/511665/original/file-20230222-14-kph8nh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/511665/original/file-20230222-14-kph8nh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/511665/original/file-20230222-14-kph8nh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/511665/original/file-20230222-14-kph8nh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/511665/original/file-20230222-14-kph8nh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/511665/original/file-20230222-14-kph8nh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/511665/original/file-20230222-14-kph8nh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Chez madame, les bactéries du genre <em>Lactobacillus</em> sont prédominantes. Chez monsieur, ce sont plutôt les <em>Corynebacterium</em> et <em>Streptococcus</em> qui sont majoritaires.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-vector/modern-toilet-room-interior-handing-bowl-1454401352">OrangeVector/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Son rôle dans les maladies des voies urinaires</h2>
<p>Traditionnellement, l’infection des voies urinaires est associée à des bactéries pathogènes isolées telles que <em>Escherichia coli</em>. Cependant, de nouvelles recherches ont identifié une origine multiple, c’est-à-dire qu’elle est davantage due à une détérioration du microbiote qu’à l’invasion d’un pathogène spécifique. En général, une diminution des <em>Lactobacillus</em> – toujours largement présentes chez les individus sains des deux sexes – semble augmenter la fréquence des infections urinaires.</p>
<p>Certaines de ses altérations ont également été associées à d’autres pathologies telles que le <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fcimb.2018.00167/full">carcinome urothélial</a> et le <a href="https://www.auajournals.org/doi/10.1016/j.juro.2017.08.001">cancer de la prostate</a>. L’augmentation de bactéries qui sécrètent des substances impliquées dans les processus inflammatoires pourrait favoriser le développement de ces maladies. Les bactéries <em>Streptococcus anginosus</em>, du genre <em>Anaerococcus</em> sont par exemple souvent impliquées dans des infections urogénitales et peuvent être plus abondantes dans des échantillons prélevés en cas de cancer.</p>
<p>Et ce n’est pas tout : des problèmes mécaniques tels que l’<a href="https://journals.asm.org/doi/10.1128/mSphere.00439-19">incontinence urinaire</a> peuvent aussi être influencés par des changements dans la communauté bactérienne locale. L’appauvrissement microbien chez les individus sains va souvent de pair avec une augmentation de la population de micro-organismes pathogènes, qui libèrent des molécules favorisant la contraction musculaire dans la vessie – entre autres mécanismes.</p>
<p>Ce ne sont là que quelques-unes des affections diverses et variées liées à l’état du microbiote urinaire : ces résultats soulignent donc l’importance d’en tenir compte dans la prévention, leur diagnostic et leur traitement…</p>
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<h2>Un nouveau champ d’études pour de nouvelles thérapies</h2>
<p>Aujourd’hui, la plupart des infections urinaires sont traitées avec des antibiotiques à large spectre. Cependant, l’émergence croissante de <a href="https://theconversation.com/resistance-aux-antibiotiques-comment-lutter-contre-la-pandemie-silencieuse-168008">bactéries résistantes</a> à ces médicaments montre à quel point il est crucial d’identifier plus précisément les agents pathogènes responsables.</p>
<p>Mieux les identifier permettra de mieux identifier les antibiotiques à administrer afin d’ obtenir une action précise. D’une part cela évitera de favoriser le développement de résistance chez des bactéries qui n’étaient pas impliquées dans la maladie et cela préviendra, d’autre part, la détérioration des communautés microbiennes présentes partut ailleurs dans le corps humain.</p>
<p>L’idée est également de développer de nouvelles thérapies, en dehors des antibiotiques.</p>
<p>Les probiotiques par exemple, ces microbes vivants (principalement des bactéries) pouvant avoir des effets bénéfiques sur la santé, ont suscité un intérêt croissant ces dernières années. L’<a href="https://academic.oup.com/cid/article/52/10/1212/478332">administration intravaginale</a> ou <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/14787210.2019.1664287">orale</a> de certaines souches de <em>Lactobacillus</em>, telles que <em>L. crispatus</em> et <em>L. acidophilus</em>, a permis une colonisation à long terme du microbiote urinaire et une réduction de l’incidence des infections.</p>
<p>D’autres thérapies basées sur les connaissances actuelles du microbiote urinaire comprennent la <a href="https://academic.oup.com/cid/article/65/10/1745/3978076">transplantation de microbiote fécal</a> et <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2018.01832/full">l’utilisation de bactériophages (virus infectant et pouvant tuer des bactéries spécifiques)</a>. Ces deux méthodes ont permis de réduire la prévalence des infections urinaires et la présence des bactéries responsables, y compris celles qui présentent une résistance importante aux antibiotiques.</p>
<h2>L’alimentation pour maintenir un microbiote sain</h2>
<p>Mais avant d’en arriver là, nous pouvons aussi contribuer très simplement, par nos habitudes, à maintenir stable et en bonne santé la population microscopique qui colonise nos voies urinaires.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/transformation-des-aliments-ce-que-nous-mangeons-faconne-notre-microbiote-intestinal-135856">Comme pour les autres microbiotes</a>, l’alimentation joue un rôle important. Ainsi, une consommation modérée de produits contenant de la canneberge, d’aliments fermentés riches en probiotiques, etc. peut contribuer à préserver notre équilibre bactérien et à éliminer les bactéries pathogènes.</p>
<p>Bien qu’il reste encore un long chemin à parcourir pour le comprendre en profondeur, le microbiome urinaire pourrait être la clé du développement de nouvelles stratégies préventives, diagnostiques et thérapeutiques pour les maladies affectant le système urinaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201607/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Virginia Pérez Carrasco a reçu des financements du ministère des Universités.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>José Antonio García Salcedo a reçu des financements du Plan d'État pour la recherche scientifique, technique et d'innovation. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Miguel Soriano Rodríguez a reçu des financements du Plan national pour la recherche scientifique et technique et l'innovation (PEICTI) d'Espagne.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>José Gutiérrez-Fernández ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Il fait partie des illustres inconnus : le microbiote urinaire ! Même sans infection, notre urine n’est jamais stérile. On commence seulement à découvrir l’impact des bactéries de nos voies urinaires…
Virginia Pérez Carrasco, Investigador predoctoral FPU, Universidad de Granada
José Antonio García Salcedo, Investigador principal en el area de biomedicina, Universidad de Almería
José Gutiérrez-Fernández, Catedrático de Universidad en Microbiología Médica., Universidad de Granada
Miguel Soriano Rodríguez, Profesor Titular de Universidad. Departamento de Agronomía, Universidad de Almería
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tag:theconversation.com,2011:article/196172
2023-01-03T20:11:48Z
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Le réseau méconnu qui protège le cœur (et le reste du corps)
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/499562/original/file-20221207-4016-perzij.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=22%2C74%2C2134%2C2295&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les vaisseaux lymphatiques d’un cœur de souris, vus par microscopie avec deux marqueurs fluorescents.</span> <span class="attribution"><span class="source">Coraline Héron</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Voici les vaisseaux lymphatiques du cœur d’une souris, observés par microscopie à <a href="https://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/7710/MS_2011_08-09_753.html">« feuille de lumière »</a>. Moins connu que le réseau vasculaire sanguin, le système lymphatique est pourtant indispensable au bon fonctionnement de l’organisme.</p>
<p>En conditions physiologiques, les vaisseaux sanguins sont perméables, ce qui laisse passer certains fluides, molécules et cellules immunitaires au sein des tissus. Les vaisseaux lymphatiques assurent le retour de ces éléments vers la circulation sanguine, ce qui permet aux tissus d’être dans un état d’équilibre. La lymphe circule le long du réseau lymphatique, composé de ganglions et de vaisseaux, et rejoint la circulation sanguine au niveau du « canal thoracique ».</p>
<p>En conditions inflammatoires, l’absorption des cellules immunitaires contribue à résoudre l’inflammation. Des messagers chimiques, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chimiokine">« chimiokines »</a>, sont libérés par les ganglions lymphatiques, ce qui attire les cellules immunitaires vers la circulation lymphatique et les draine hors du tissu inflammé. Ce « drainage lymphatique » permet aussi d’éviter la formation d’un œdème – une accumulation du liquide tissulaire néfaste pour le bon fonctionnement de l’organe affecté.</p>
<p>Dans le cas du cœur, inflammation, œdème et fibrose peuvent aboutir à une insuffisance cardiaque, pour laquelle les traitements actuels ne sont pas suffisants. Nous explorons les relations entre système lymphatique et insuffisances cardiaques pour comprendre si des thérapies visant le système lymphatique sont envisageables. Selon le type de maladie cardiaque (et donc le type d’inflammation), les vaisseaux lymphatiques réagissent différemment, et leur ciblage thérapeutique devrait donc probablement être adapté aux différents contextes inflammatoires.</p>
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<h2>Le drainage lymphatique au secours du cœur</h2>
<p>Les maladies cardiovasculaires constituent la deuxième cause de mortalité mondiale (après les cancers). Elles présentent des caractéristiques communes telles que l’inflammation, l’œdème et la fibrose cardiaques, qui peuvent mener au développement d’une insuffisance cardiaque, c’est-à-dire une incapacité du cœur à apporter un débit sanguin, et donc un apport en oxygène suffisant au bon fonctionnement de l’organisme. Aujourd’hui, dans l’absence de traitement efficace, de nouvelles cibles pharmacologiques sont recherchées.</p>
<p>Dans un modèle expérimental d’<a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/ATVBAHA.120.314370">infarctus du myocarde chez la souris</a>, l’inflammation cardiaque provoque une raréfaction des vaisseaux lymphatiques, qui sont alors incapables de résoudre l’inflammation, l’œdème et la fibrose délétères pour la fonction cardiaque. Nous <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.115.020143">avons démontré</a> qu’un traitement « prolymphangiogénique », qui permet d’induire la croissance des lymphatiques (lymphangiogenèse), permettait alors d’améliorer inflammation, l’œdème et fibrose et de prévenir ainsi l’apparition d’une insuffisance cardiaque.</p>
<p>En revanche, dans un modèle de cardiomyopathie dilatée chez la souris, le cœur se dilate et dysfonctionne sans avoir été privé de sang et d’oxygène, mais à la suite d’une surcharge de pression (hypertension artérielle par exemple). Dans ce contexte, nous <a href="https://academic.oup.com/cardiovascres/advance-article/doi/10.1093/cvr/cvac086/6605782">avons observé une croissance importante des vaisseaux lymphatiques</a> dans le cœur des souris malades. Cependant, leur développement anarchique et non fonctionnel dans cet environnement inflammatoire ne leur permet pas d’avoir un effet bénéfique pour la résolution de l’inflammation et de l’œdème — au contraire du cas de l’infarctus du myocarde.</p>
<p>Nos travaux montrent ainsi que le réseau lymphatique cardiaque est différemment affecté selon les contextes inflammatoires. Une meilleure compréhension de ces mécanismes pourrait permettre un meilleur ciblage thérapeutique des vaisseaux lymphatiques cardiaques chez les patients atteints de maladies cardiaques.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196172/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Coraline Héron a reçu des financements de Fondation pour la Recherche Médicale ; Bourse doctorale ministérielle ; ANR CITE-LYMPH. </span></em></p>
Les vaisseaux lymphatiques aident à limiter les inflammations en drainant les cellules immunitaires. Peut-on les cibler dans le cadre de thérapies, par exemple pour l’insuffisance cardiaque ?
Coraline Héron, Doctorante 4ème année en Physiologie cardiovasculaire, Université de Rouen Normandie
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2022-06-28T17:06:13Z
2022-06-28T17:06:13Z
Camille : « Pourquoi notre nez devient rouge quand on se mouche beaucoup ? »
<p>Les premières chaleurs sont de retour et avec elles le rhume des foins provoquant éternuement et nez qui coulent chez ceux qui en souffrent. À force de se moucher, on finit par avoir le nez tout rouge : la peau est agressée !</p>
<p>Pour comprendre pourquoi, je dois t’expliquer la structure et le fonctionnement de la peau.</p>
<p>La peau est l’enveloppe protectrice de notre corps. Elle contient environ 70 % d’eau et est composée de plusieurs couches appelées l’hypoderme, le derme et l’épiderme (de la plus profonde à la plus en surface).</p>
<p>A la surface de l’épiderme, on trouve une couche quatre fois plus fine qu’un cheveu qui constitue un vrai bouclier de protection contre les agressions de l’extérieur (bactéries, rayons solaires…) et permet d’empêcher l’eau (contenue dans la peau) de s’évaporer. On le représente souvent comme un mur de briques très solide : les cellules de peau font office de briques et sont reliées solidement entre elles par un genre de ciment qu’on appelle les lipides cutanés.</p>
<p>Plus il y a de couches de cellules, plus le mur est solide.</p>
<p>Malheureusement, malgré la solidité de ce mur de protection, un frottement répété de mouchoirs contre la peau peut l’endommager. En effet, plus on frotte le nez avec un mouchoir, plus on enlève des cellules de peau c’est-à-dire des briques du mur. Ainsi, la barrière de protection est affaiblie, la peau se dessèche, les bactéries peuvent franchir le mur de protection et l’organisme se sent agressé. Il se défend alors en répondant par une réaction inflammatoire permettant l’élimination totale des intrus puis la réparation de la barrière cutanée en fabriquant de nouvelles cellules de peau. Cette inflammation est associée, notamment, à une augmentation du flux sanguin vers la peau abîmée : le fameux nez rouge fait son apparition.</p>
<p>Rien de grave, néanmoins, ce nez rouge peut être la cause de sensations très désagréables que l’on préfèrerait éviter.</p>
<p>Pour contrer cette apparition, tu peux déjà revoir ta technique de mouchage. Eh oui, se moucher, ça s’apprend. Alors, évite de frotter trop fort avec ton mouchoir : plus tu frottes fort, plus tu abîmes la barrière protectrice de la peau.</p>
<p>Ensuite, si malgré tous tes efforts, tu as quand même le nez du renne Rudolph, tu peux soigner rapidement cette irritation en appliquant de la crème hydratante dessus. La crème va créer une barrière entre la peau et l’air et aider à la cicatrisation de la peau, c’est-à-dire à reconstruire les briques du mur de protection.</p>
<p>Et la prochaine fois, pourquoi ne pas utiliser des mouchoirs aux super pouvoirs ? Pour éviter ton problème de nez rouge, les scientifiques et industriels rivalisent d’inventivité pour fabriquer des mouchoirs toujours plus doux et aux propriétés apaisantes pour la peau. Certains mouchoirs en papier tout doux contiennent de l’Aloe Vera ou de l’huile d’amande douce, toutes deux connues pour les propriétés apaisantes pour la peau. On trouve également des mouchoirs enrichis en vitamine E reconnue pour ses propriétés anti-inflammatoire et hydratante. Même si ces mouchoirs apportent plus de confort et permettent de réduire l’irritation, après 50 mouchages, il est fort probable que ton nez finisse par être rouge quand même !</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : <a href="mailto:tcjunior@theconversation.fr">tcjunior@theconversation.fr</a>. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185061/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Coralie Thieulin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Pour tout comprendre, il faut aller explorer la structure de notre peau.
Coralie Thieulin, Enseignant chercheur en physique à l'ECE, docteure en biophysique, ECE Paris
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/184437
2022-06-05T16:26:57Z
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Punaises de lit : apprendre à les détecter pour éviter les piqûres
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/479712/original/file-20220817-26-8fo979.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C3375%2C2250&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les punaises de lit, un fléau en recrudescence partout sur la planète…</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/bed-bug-cimex-lectularius-514911556">Akos Nagy / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Les punaises de lit sont de retour en force. Après une absence d’environ 70 ans, du fait de l’emploi de pesticides puissants tels que le DDT, elles ont fait leur (ré)apparition dans les hôtels de luxe, les spas, les grands magasins, les métros, les cinémas et, bien sûr, les maisons.</p>
<p><a href="https://scholar.google.com/citations?user=JVfeckwAAAAJ&hl=en&oi=ao">Je suis entomologiste en santé publique</a> et, dans le cadre de mon travail, j’ai étudié ces petits suceurs de sang - allant jusqu’à les laisser se régaler sur mes propres appendices, au nom de la science… <a href="https://www.cc.com/video/5klha6/the-colbert-report-threatdown-bedbugs-environmentalists-jerome-goddard">Personne n’aime avoir affaire à des punaises de lit</a>. Heureusement, il existe des moyens de minimiser le risque de devoir s’y confronter.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/466795/original/file-20220602-22-q1mksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Gros plan de la face ventrale de l’insecte" src="https://images.theconversation.com/files/466795/original/file-20220602-22-q1mksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466795/original/file-20220602-22-q1mksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466795/original/file-20220602-22-q1mksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466795/original/file-20220602-22-q1mksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=408&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466795/original/file-20220602-22-q1mksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466795/original/file-20220602-22-q1mksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466795/original/file-20220602-22-q1mksl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=513&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Image colorisée prise au microscope électronique à balayage de la face ventrale d’une punaise de lit (rostre en violet, yeux en rouge).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://phil.cdc.gov/Details.aspx?pid=11739">CDC/Janice Haney Carr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Connais ton ennemi…</h2>
<p>La <a href="https://theconversation.com/en-direct-des-especes-tout-ce-que-vous-navez-jamais-voulu-savoir-sur-la-punaise-des-lits-88362">punaise de lit commune, <em>Cimex lectularius</em></a>, parasite notre espèce depuis des milliers d’années. Historiquement, ces minuscules suceuses de sang étaient courantes dans les habitations humaines du monde entier, donnant un véritable sens au vieux dicton qu’on trouve toujours par endroit : « Dors bien serré, ne laisse pas les punaises de lit te piquer »…</p>
<p>Jusqu’au milieu des années 1990, elles avaient pratiquement disparu dans les pays en développement – période à laquelle elles ont commencé à <a href="https://doi.org/10.1093/ae/52.2.102">faire leur retour</a>, pour diverses raisons : mise en place de résistance à certains pesticides utilisés contre elles, restriction ou interdiction de certains d’entre eux, changements dans les méthodes de lutte contre les parasites, ou encore augmentation des voyages internationaux.</p>
<p><a href="https://medent.usyd.edu.au/bedbug/papers/doggett_icup2008.pdf">Dans de nombreuses régions</a> du monde, les punaises de lits sont désormais <a href="https://npmapestworld.org/default/assets/File/publicpolicy/executivesummaryreleasetomembersFINAL.pdf">des parasites urbains d’importance</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/455860/original/file-20220401-30316-7hdfi7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Punaise de lit sur le bras d’un homme, en train de se nourrir" src="https://images.theconversation.com/files/455860/original/file-20220401-30316-7hdfi7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455860/original/file-20220401-30316-7hdfi7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455860/original/file-20220401-30316-7hdfi7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455860/original/file-20220401-30316-7hdfi7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455860/original/file-20220401-30316-7hdfi7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455860/original/file-20220401-30316-7hdfi7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455860/original/file-20220401-30316-7hdfi7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Une punaise de lit étend sa trompe en forme de bec pour se nourrir de sang humain.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jerome Goddard</span></span>
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</figure>
<p>Les adultes, d'un brun-rougeâtre, mesurent quelques 5 mm. Elles sont de forme ovale et aplatie, et ressemblent à des tiques non nourries ou à de petits cafards. Les jeunes, minuscules, sont de couleur blanc-jaunâtre. </p>
<p>Repliée sous leur tête, les punaises de lit possèdent une longue trompe (ou proboscis) : une pièce buccale tubulaire qu’elles peuvent étendre pour prendre leur repas de sang. Une punaise de lit n’a besoin que de trois à dix minutes pour <a href="http://ipm.ucanr.edu/PMG/PESTNOTES/pn7454.html">consommer jusqu’à six fois son poids en sang</a> en un seul repas.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/455865/original/file-20220401-11604-l3fugz.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Petit insecte sur une pièce" src="https://images.theconversation.com/files/455865/original/file-20220401-11604-l3fugz.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455865/original/file-20220401-11604-l3fugz.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=537&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455865/original/file-20220401-11604-l3fugz.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=537&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455865/original/file-20220401-11604-l3fugz.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=537&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455865/original/file-20220401-11604-l3fugz.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=675&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455865/original/file-20220401-11604-l3fugz.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=675&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455865/original/file-20220401-11604-l3fugz.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=675&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">On voit ici, de couleur blanc jaunâtre, une minuscule nymphe de punaise de lit de premier stade.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jerome Goddard</span></span>
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</figure>
<p>Ces insectes se cachent dans les fissures et les crevasses de nos habitations, de préférence celles situées à quelques mètres d’un lit, ne sortant que pour se nourrir d’un hôte peu méfiant. Puis elles retournent en courant dans leur cachette, où elles s’accouplent et pondent des œufs.</p>
<p>Les maisons peuvent être infestées par des milliers de ces bestioles assoiffées de sang. Matelas et sommier sont alors souvent couverts de taches fécales noires révélatrices. Dans les cas graves, il peut y avoir d’épaisses accumulations d’excréments, des centaines de mues perdues et des œufs sur plusieurs millimètres d’épaisseur.</p>
<h2>Leur plus grand impact est peut-être psychologique</h2>
<p>Les punaises de lit ont été <a href="https://doi.org/10.2307/4591852">suspectées de transmettre</a> plus de 40 types de pathogènes, mais il y a <a href="https://doi.org/10.1001/jama.2009.405">peu de preuves qu’elles transmettent des agents pathogènes humains</a>, à l’exception <a href="https://doi.org/10.4269/ajtmh.14-0483">possible du micro-organisme qui cause la maladie de Chagas</a>. Les infestations extrêmes peuvent toutefois, dans de rares cas, entraîner une <a href="https://doi.org/10.1503/cmaj.090482">perte de sang suffisamment importante pour provoquer une anémie</a>.</p>
<p>Leurs <a href="https://www.cdc.gov/parasites/bedbugs/faqs.html">principaux impacts médicaux</a> sont liés aux piqûres, en raison des démangeaisons et inflammations associées. Les réactions les plus courantes à ces attaques sont des <a href="https://doi.org/10.1016/j.parint.2006.12.002">taches rouges qui grattent</a>. Situées au niveau des sites de piqûre, elles disparaissent généralement en une semaine environ. Certaines personnes peuvent présenter des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11534921/">réactions cutanées</a> <a href="https://doi.org/10.1007/978-1-4471-1356-0">complexes</a>, <a href="https://doi.org/10.4314/wajm.v21i4.27994">y compris de l’urticaire</a> et des <a href="https://doi.org/10.1016/j.amjmed.2011.11.020">cloques</a>, ou encore des réactions allergiques.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/455870/original/file-20220401-11-2vzeac.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Boutons rouges, signes d'irritation sur la peau." src="https://images.theconversation.com/files/455870/original/file-20220401-11-2vzeac.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455870/original/file-20220401-11-2vzeac.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455870/original/file-20220401-11-2vzeac.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455870/original/file-20220401-11-2vzeac.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455870/original/file-20220401-11-2vzeac.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455870/original/file-20220401-11-2vzeac.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455870/original/file-20220401-11-2vzeac.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les marques de piqûres des punaises de lit peuvent persister pendant plusieurs jours.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jerome Goddard and Kristine T. Edwards</span></span>
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</figure>
<p>Mais au-delà de ces manifestations physiques, il ne faut pas négliger les <a href="http://dx.doi.org/10.1136/bmjopen-2012-000838">effets émotionnels et</a> <a href="https://doi.org/10.1016/j.amjmed.2011.08.010">psychologiques</a> de ces insectes sur leurs victimes.</p>
<p>Une infestation par des punaises de lit a souvent pour effet secondaire de susciter une inquiétude constante et un sentiment de honte. La rencontre avec ces parasites peut entraîner de la nervosité, de l’anxiété et des insomnies. <a href="http://habitatservices.org/wp-content/uploads/PDF3-Bed-Bugs-Are-Back-Report.pdf">Un Canadien en détresse l’a exprimé ainsi</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Pour être honnête, tant que vous n’avez pas vécu une [infestation], vous n’avez aucune idée de l’horreur que cela représente. Il est tout à fait naturel de devenir paranoïaque ; on perd le sommeil, on finit par rêver et penser aux punaises de lit – elles consument chaque fibre de notre être… »</p>
</blockquote>
<p><a href="http://hdl.handle.net/1866/10783">Une étude sur les personnes qui ont été confrontées aux punaises de lit</a> a d’ailleurs révélé qu’environ la moitié d’entre elles ont rapporté des troubles du sommeil et un isolement social liés à l’infestation.</p>
<p>Avec mon collègue, nous avons analysé <a href="https://doi.org/10.1016/j.amjmed.2011.08.010">135 messages Internet concernant des infestations de punaises de lit</a>. La majorité d’entre eux (81 %) faisaient état d’au moins trois comportements généralement associés au <a href="https://theconversation.com/stress-post-traumatique-rompre-le-silence-123803#:%7E:text=les%20pens%C3%A9es%20de%20r%C3%A9p%C3%A9tition%20comme,ou%20les%20troubles%20du%20sommeil.">syndrome de stress post-traumatique</a> : des réactions de reviviscence de l’événement avec des souvenirs intrusifs et des cauchemars, des sursauts, et une hypervigilance.</p>
<p>Six messages décrivent des nettoyages intenses et répétés de la maison ou du bureau. Cinq font état d’un évitement persistant des personnes, des activités et des lieux susceptibles d’entraîner la transmission d’insectes ou d’éveiller des souvenirs de la rencontre initiale. Enfin, cinq messages font état de pensées suicidaires ou de tentatives de suicide. Il existe d’autres rapports anecdotiques de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3700489/">suicides</a> ou d’overdoses de drogues concernant des personnes luttant contre les punaises de lit.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/455868/original/file-20220401-19-26i6dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Punaises de lit et taches fécales sur un drap de lit" src="https://images.theconversation.com/files/455868/original/file-20220401-19-26i6dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/455868/original/file-20220401-19-26i6dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/455868/original/file-20220401-19-26i6dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/455868/original/file-20220401-19-26i6dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/455868/original/file-20220401-19-26i6dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/455868/original/file-20220401-19-26i6dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/455868/original/file-20220401-19-26i6dl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Vous pouvez rechercher les signes révélateurs d’une infestation de punaises de lit sur le matelas et le sommier d’un couchage.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.acq.osd.mil/eie/afpmb/docs/techguides/tg44.pdf">H.J. Harlan, U.S. Armed Forces Pest Management Board</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Comment se protéger</h2>
<p>Bien sûr, toutes les chambres d’hôtel ne sont pas infestées de punaises de lit, mais certaines le sont. Des précautions simples peuvent contribuer à vous protéger contre une infestation. Voici quelques recommandations simples.</p>
<p>● <strong>À l’hôtel</strong> : laissez les choses dont vous n’avez pas besoin dans votre véhicule, tels que les vêtements supplémentaires, le matériel et l’équipement divers. Lorsque vous entrez dans votre chambre d’hôtel, placez vos bagages dans la salle de bain jusqu’à ce que vous ayez eu l’occasion d’inspecter les lieux. Retirez les draps et vérifiez que le matelas et le sommier ne contiennent pas de punaises de lit vivantes ou de taches fécales noires.</p>
<p>Si vous trouvez des punaises ou des signes suspects d’infestation, rendez-vous à la réception et demandez une autre chambre. Comme les punaises de lit ne se déplacent généralement pas beaucoup par elles-mêmes, d’autres chambres non adjacentes peuvent être parfaitement exemptes de parasites.</p>
<p>● <strong>À domicile</strong> : il peut être difficile d’empêcher les punaises de lit d’entrer dans les maisons et les appartements, surtout si vous voyagez beaucoup. Après un voyage, défaites les bagages à l’extérieur ou dans le garage, et lavez tous les vêtements qu’ils contenaient à l’eau chaude puis séchez-les à haute température si possible (le sèche-linge est un excellent outil dans la lutte contre les punaises de lit).</p>
<p>Les punaises de lit peuvent également s’introduire dans votre maison, via des meubles de seconde main ou des articles achetés dans des magasins d’occasion ou lors de brocantes par exemple. Veillez à les désinfecter – plus précisément à les « désinsectiser ». Il est par ailleurs conseillé de ne jamais acheter de matelas ou de lits usagés, même s’il s’agit d’une bonne affaire…</p>
<p>Que faire si vous vous retrouvez confronté à ces suceurs de sang ? </p>
<p>Comme mentionné précédemment, une infestation de punaises de lit découverte dans une chambre d’hôtel doit être immédiatement signalée à la direction. Si vous trouvez des punaises de lit chez vous, ou si vous en détectez sur des objets achetés d’occasion, il est préférable de ne pas essayer de les traiter vous-même au moyen des pesticides en vente libre. Je vous recommande plutôt de contacter un exterminateur compétent, qui traitera votre espace de vie avec des pesticides adaptés, ou procédera à une désinsectisation thermique – voire les deux – pour vous débarasser de ces insectes.</p>
<p>Quoi qu’il en soit, essayez de ne pas paniquer. N’oubliez pas qu'il ne s'agit que d'insectes qui n’ont rien de maléfique… Croyez-moi : il est parfaitement possible de les éliminer et d’en débarasser votre logement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/184437/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jerome Goddard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les punaises de lit sont universellement détestées. Insidieuses, difficiles à chasser, elles provoquent nombre de désagréments, physiques comme moraux… Le point sur ces dégâts et comment les éviter.
Jerome Goddard, Extension Professor of Biochemistry, Molecular Biology, Entomology and Plant Pathology, Mississippi State University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/183245
2022-05-18T17:59:38Z
2022-05-18T17:59:38Z
Ce que vos yeux révèlent de votre santé
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/463711/original/file-20220517-18-cxqe08.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C4%2C2747%2C1357&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nos yeux peuvent être les révélateurs de petites affections.</span> <span class="attribution"><span class="source">Irina Bg / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’université de Californie, à San Diego, vient de <a href="https://www.universityofcalifornia.edu/news/diagnosing-neurological-disease-home">développer une application pour smartphone</a> capable, immédiatement et simplement, de détecter les signes précoces de plusieurs troubles neurologiques, dont la maladie d’Alzheimer. Comment ? Via la caméra du téléphone, capable de suivre les changements de taille des pupilles d’une personne à un niveau de résolution inférieur au millimètre. L’analyse de ces mesures peut ensuite être utilisée pour évaluer son état cognitif.</p>
<p>L’idée n’est pas nouvelle et, à mesure que les technologies évoluent, les yeux se révéleront toujours plus pertinents pour diagnostiquer un large panel de maladies. En effet, de par leur transparence partielle, ils demandent des méthodes d’examen beaucoup moins invasives que les autres parties du corps.</p>
<p>Sans aucune technologie, en vous regardant juste dans les yeux (ou vos proches), vous pouvez vous-mêmes détecter un certain nombre de problèmes de santé bénins – mais pas que. Voici les exemples concrets de quelques caractéristiques que vous pouvez analyser.</p>
<h2>Anomalie de dilatation de la pupille</h2>
<p>La pupille, ce « trou noir » au cœur de notre œil, réagit instantanément à la lumière grâce à l’iris (partie colorée, composée de fibres musculaires) qui est capable de se contracter ou se dilater tel un diaphragme d’appareil photo.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Gif montrant la contraction-dilatation d’une pupille sous l’effet d’une variation de la luminosité" src="https://images.theconversation.com/files/463601/original/file-20220517-14-tkdmxd.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/463601/original/file-20220517-14-tkdmxd.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/463601/original/file-20220517-14-tkdmxd.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/463601/original/file-20220517-14-tkdmxd.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/463601/original/file-20220517-14-tkdmxd.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/463601/original/file-20220517-14-tkdmxd.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/463601/original/file-20220517-14-tkdmxd.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le réflexe pupillaire permet de tester rapidement la présence de certaines lésions nerveuses.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Greyson Orlando</span></span>
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</figure>
<p>Elle s’adapte en devenant plus petite dans les environnements lumineux et plus grande dans une ambiance plus sombre. Ce <a href="https://www.msdmanuals.com/fr/professional/multimedia/table/interpr%C3%A9tation-de-la-r%C3%A9ponse-pupillaire-et-des-mouvements-oculaires">réflexe pupillaire (ou photomoteur) est couramment vérifié</a> par les professionnels de santé.</p>
<p>Une réponse lente ou tardive de la taille de la pupille peut être le signe de plusieurs maladies, notamment de maladies graves comme la <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fneur.2019.00360/full">maladie d’Alzheimer</a>, ainsi que de l’effet de médicaments et de la consommation de drogues. Les pupilles dilatées sont courantes chez les personnes qui consomment des drogues stimulantes, comme la cocaïne et les amphétamines. Des pupilles très petites peuvent être observées chez les consommateurs d’héroïne.</p>
<h2>Couleur du « blanc de l’œil »</h2>
<p>Un changement de couleur de la sclérotique (le « blanc des yeux ») indique que quelque chose ne va pas…</p>
<p>Un œil rouge et injecté de sang peut, par exemple, être déclenché par un abus d’alcool ou de drogues. Il peut également être causé par une irritation ou une infection qui, dans la plupart des cas, disparaît en quelques jours.</p>
<p>Si le changement de couleur est persistant, il peut signaler une infection plus grave, une inflammation ou une réaction aux lentilles de contact ou à leurs solutions. Dans les cas extrêmes, un œil rouge indique un <a href="https://www.moorfields.nhs.uk/condition/glaucoma">glaucome</a>, une atteinte qui peut conduire à la cécité.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="Différence entre un œil normal et avec un début de jaunisse" src="https://images.theconversation.com/files/463611/original/file-20220517-23-bgt9du.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/463611/original/file-20220517-23-bgt9du.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=840&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/463611/original/file-20220517-23-bgt9du.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=840&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/463611/original/file-20220517-23-bgt9du.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=840&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/463611/original/file-20220517-23-bgt9du.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1055&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/463611/original/file-20220517-23-bgt9du.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1055&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/463611/original/file-20220517-23-bgt9du.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1055&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le jaunissement du blanc de l’œil est le signe d’une atteinte du foie (en bas, œil normal, en haut, « jaunisse »).</span>
<span class="attribution"><span class="source">sruilk/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La sclérotique devenant jaune est le signe le plus évident d’une <a href="https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-du-foie-et-de-la-v%C3%A9sicule-biliaire/manifestations-cliniques-des-maladies-du-foie/la-jaunisse-chez-l-adulte">jaunisse (ictère)</a> ou d’une autre atteinte du foie. Les causes sous-jacentes sont très variables, et ce jaunissement de la peau et de l’œil est dû à un excès de bilirubine (pigment jaune) dans le sang lorsqu’elle ne peut plus être excrétée normalement par le foie. Elles comprennent l’inflammation de cet organe (hépatite), les maladies génétiques ou auto-immunes, ainsi que certains médicaments, virus ou tumeurs.</p>
<h2>Hémorragie oculaire</h2>
<p>Une petite tache rouge dans le blanc de l’œil, témoin d’une hémorragie sous-conjonctivale – ou d’un petit vaisseau sanguin qui a « claqué » localement – peut effrayer. La plupart du temps, il n’y a pas de raison de s’inquiéter : les causes sont rarement claires à ce phénomène et l’hémorragie disparaît généralement en quelques jours.</p>
<p>Cependant, elle peut également être <a href="https://www.medicalnewstoday.com/articles/324752">l’indication d’une hypertension artérielle</a>, d’un diabète et de troubles de la coagulation sanguine qui provoquent des saignements excessifs. Les médicaments anticoagulants comme l’aspirine peuvent également en être la cause. Aussi, si ce problème est fréquent, cela peut suggérer que vous devez limiter votre consommation de ces médicaments, ou au moins en revoir le dosage.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Gros plan sur les yeux d’un jeune homme, dont l’œil gauche est rougi" src="https://images.theconversation.com/files/463648/original/file-20220517-26-rm20a5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/463648/original/file-20220517-26-rm20a5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=266&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/463648/original/file-20220517-26-rm20a5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=266&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/463648/original/file-20220517-26-rm20a5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=266&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/463648/original/file-20220517-26-rm20a5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=334&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/463648/original/file-20220517-26-rm20a5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=334&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/463648/original/file-20220517-26-rm20a5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=334&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’éclatement d’un petit vaisseau sanguin dans le blanc de l’œil peut être impressionnant, mais c’est le plus souvent sans conséquence.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Zay Nyi Nyi/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Apparition d’un arc clair</h2>
<p>C’est une caractéristique commune passé un certain âge, d’où son nom scientifique d’<a href="https://www.aao.org/eye-health/diseases/what-is-arcus-senilis">arcus senilis</a> (ou arc sénile de la cornée, gérontoxon) : un « arc » plus clair, parfois presque blanc, peut se former en périphérie de la cornée.</p>
<p>Il est dû à un dépôt de cholestérol… mais n’est pas forcément le signe d’une hypercholestérolémie, et il ne diminue pas l’acuité visuelle. Dans certains cas toutefois, il peut effectivement être lié à un taux de cholestérol élevé et à un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21742308/">risque accru de maladie cardiaque</a>. Il peut également révéler un alcoolisme.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Œil avec un arc clair en bordure de cornée" src="https://images.theconversation.com/files/461965/original/file-20220509-26-wt576b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461965/original/file-20220509-26-wt576b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461965/original/file-20220509-26-wt576b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461965/original/file-20220509-26-wt576b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461965/original/file-20220509-26-wt576b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461965/original/file-20220509-26-wt576b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461965/original/file-20220509-26-wt576b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’« Arcus senilis » devient fréquent au-delà de 50 ans.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/close-arcus-senilis-during-ophthalmic-examination-650829127">Arztsamui/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Développement d’une petite bosse graisseuse</h2>
<p>Parfois, les caractéristiques les plus alarmantes qui peuvent apparaître sur les yeux sont en fait les plus bénignes et les plus faciles à traiter.</p>
<p>Une petite bosse kystique jaunâtre peut apparaître sur le blanc de l’œil : il s’agit d’un <a href="https://www.specsavers.co.uk/eye-health/pinguecula">pinguécula</a>, un dépôt de graisse et de protéines. Cette petite lésion (qui peut être causée par une exposition à des poussières, etc.) peut être accompagnée d’une légère inflammation et d’une irritation. N’entraînant pas de gêne visuelle, elle ne demande pas forcément de traitement. Mais si l’inflammation s’installe, elle peut être facilement soignée par des gouttes ophtalmiques ou retirée par une petite opération.</p>
<p>Le <a href="https://www.webmd.com/eye-health/pterygium-surfers-eye">ptérygion (ou ptérygie)</a> vient lui aussi au niveau de la sclérotique, mais l’impact n’est pas le même. Il s’agit cette fois d’une excroissance rosâtre évolutive qui vient recouvrir le blanc de l’œil ; il ne constitue pas un danger pour la vue tant qu’il ne commence pas à empiéter sur la cornée.</p>
<p>Heureusement, son développement est très lent. Et comme la pinguécula, il peut être facilement enlevé. En fait, il doit être retiré bien avant d’atteindre la cornée. Si on le laisse s’installer, le ptérygion formera un « film » opaque sur la cornée qui obstruera la vision. L’un des principaux facteurs à l’origine du ptérygion (comme pour la pinguécula) serait l’exposition chronique aux rayons ultraviolets du soleil.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Œil avec un pinguécula" src="https://images.theconversation.com/files/461964/original/file-20220509-20-ahmmn9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/461964/original/file-20220509-20-ahmmn9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/461964/original/file-20220509-20-ahmmn9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/461964/original/file-20220509-20-ahmmn9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/461964/original/file-20220509-20-ahmmn9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/461964/original/file-20220509-20-ahmmn9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/461964/original/file-20220509-20-ahmmn9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Cette petite bosse sur la cornée est anodine.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/macro-womans-eye-primopiano-on-pinguecula-2128388876">sruilk/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<h2>Des yeux qui deviennent plus globuleux</h2>
<p>C’est un trait du visage : les yeux peuvent être plus ou moins enfoncés, écartés… Certains ont ainsi des yeux plus exorbités que d’autres. Mais parfois ce trait évolue et on constate une tendance des yeux à se projeter vers l’avant (on parle d’exophtalmie). L’œil parait « grossir », ce qui est notamment dû à une augmentation des muscles oculaires ; si le phénomène s’accentue, une gêne visuelle est possible, avec douleur, mauvaise hydratation du globe, etc.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="Un jeune homme présente deux yeux globuleux" src="https://images.theconversation.com/files/463684/original/file-20220517-24-4dnm1x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/463684/original/file-20220517-24-4dnm1x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/463684/original/file-20220517-24-4dnm1x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/463684/original/file-20220517-24-4dnm1x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/463684/original/file-20220517-24-4dnm1x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/463684/original/file-20220517-24-4dnm1x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/463684/original/file-20220517-24-4dnm1x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1130&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Avoir les yeux globuleux n’est problématique qu’en cas d’évolution de ce trait.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Garna Zarina/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La cause peut être médicale et demander une attention particulière. Il peut s’agir de la conséquence d’une infection (cause la plus fréquente chez les enfants), d’une blessure, d’une inflammation (liée à une mycose, un abcès…), d’une tumeur derrière l’œil (très rare), etc. Mais l’origine la plus courante est un <a href="https://www.nhs.uk/conditions/bulging-eyes/">problème au niveau de la glande thyroïde</a> (80 % de ces cas thyroïdiens découlent d’une hyperthyroïdie), qui déclenche une inflammation des tissus oculaires et provoque leur gonflement. Elle touche alors les deux yeux.</p>
<h2>Ce que disent les paupières</h2>
<p>Les paupières peuvent également indiquer de nombreuses maladies. Celles-ci sont généralement liées à des affections mineures des glandes qui leur sont associées.</p>
<p>L’<a href="https://www.moorfields.nhs.uk/condition/styes">orgelet</a> est par exemple une infection courante et sans conséquence de la base d’un cil par des bactéries, qui provoque un gonflement et un rougissement localisé. Il disparaît généralement de lui-même ou avec des compresses chaudes ; en cas de persistance, il peut être retiré par une procédure simple. Le <a href="https://www.moorfields.nhs.uk/condition/chalazion-0">chalazion</a>, qui se présente sous la forme d’une bosse rouge sur la paupière supérieure et, plus rarement, sur la paupière inférieure, est dû à l’obstruction d’une glande sébacée.</p>
<p>Les spasmes et contractions involontaires de la paupière (myokymie) va irriter, gêner – mais dans la plupart des cas, le phénomène est parfaitement inoffensif et est plus désagréable que dangereux. Il peut être <a href="https://www.nhs.uk/conditions/twitching-eyes-and-muscles/">liée</a> au stress, à un déséquilibre nutritionnel ou à une consommation excessive de caféine.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183245/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Barbara Pierscionek a reçu des financements de l'UE (Centre de formation doctorale Marie-Skłodowska-Curie) et de Rayners (subvention de conseil). Elle a été financée par l'EPSRC, Fight for Sight (organisation caritative) et Essilor International (industrie).</span></em></p>
Petite rougeur, gonflement anormal, réflexe des pupilles… Nos yeux, miroirs de l’âme, sont aussi témoins de notre état de santé. Voici quelques signes à suivre pour savoir quand s’inquiéter ou pas.
Barbara Pierscionek, Professor and Deputy Dean, Research and Innovation, Anglia Ruskin University
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tag:theconversation.com,2011:article/180934
2022-04-11T21:08:20Z
2022-04-11T21:08:20Z
Quelles sont les particularités du microbiote intestinal d’une personne dépressive ?
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/456975/original/file-20220407-20-a132m0.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=129%2C123%2C1787%2C793&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-vector/gut-brain-connection-microbiome-enteric-nervous-2040322340">Shutterstock / Pikovit</a></span></figcaption></figure><p>Notre cerveau n’est pas un organe à part, isolé du reste du corps, coincé dans sa boite crânienne. Il est lié bien sûr à nos organes sensoriels, yeux mais aussi mains – au point, pour cette dernière, qu’elle est surnommée « cerveau externe » depuis le philosophe Emmanuel Kant.</p>
<p>Mais si nos organes sensoriels sont essentiels à notre cerveau pour les informations qu’ils lui envoient sur la réalité qui nous entoure et pour nous permettre d’exprimer nos idées, ils ne sont pas des organes vitaux.</p>
<p>L’intestin est le seul à être dans ce cas. Sa relation avec le cerveau est ainsi d’une nature particulière et bien plus poussée encore que ce qui s’observe avec les autres organes.</p>
<h2>Quel est le lien entre le cerveau et l’intestin ?</h2>
<p>Une <a href="https://www.nature.com/articles/nrn3071">étude</a> publiée dans <em>Nature</em> par le gastro-entérologue Emeran A. Mayer explique comment les deux organes, le cerveau et l’intestin, sont reliés. Et il apparaît que cette interaction présente un intérêt pour les deux parties : non seulement pour la régulation des fonctions gastro-intestinales, mais aussi pour l’humeur et la prise de décision intuitive.</p>
<p>En premier lieu, rappelons les nombreux liens, physiques, qui les unissent. L’intestin est déjà issu de cellules venant d’une structure de l’embryon appelée « crête neurale », qui donnera aussi les neurones et une bonne parte de notre système nerveux périphérique. Et une fois le corps pleinement développé, il existe un réseau complexe de terminaisons nerveuses tapissant l’ensemble du tube digestif et des zones dans le système nerveux central dédiées au système intestinal. La communication entre cerveau et intestin s’établit à plusieurs niveaux : par des voies nerveuses (notamment le nerf vague), mais aussi par le sang.</p>
<p>Ensuite, il faut souligner une autre particularité de l’intestin, qui s’avère être un organe aux fonctions bien plus complexes qu’on le pense souvent. Certaines de ses cellules, dites entéro-endocrines, cachées dans ses couches le plus profondes, sont capables de sécréter des hormones ; d’autres, comme les cellules entérochromaffines, sont chargées de neurotransmetteurs. Par exemple, des peptides (également présents dans le cerveau) et de la sérotonine – souvent surnommée « hormone du bonheur ».</p>
<p>En fait, l’intestin est l’endroit de notre corps où l’on trouve le plus de sérotonine (plus de 90 %). Le reste se trouve dans le sang et le cerveau (pour seulement 1 %).</p>
<p>Mais ce n’est pas tout. L’intestin, non content de posséder ses propres neurones et neurotransmetteurs plus ou moins connectés au cerveau et avec des neurones et neurotransmetteurs spécifiques, abrite également un grand nombre de micro-organismes. Ces derniers, des bactéries, virus, champignons, etc. plus nombreux que nos propres cellules, constituent ce qu’on appelle le « microbiote ». Ils contribuent à notre bonne digestion, à la lutte contre d’autres agents pathogènes et à de <a href="https://www.inserm.fr/dossier/microbiote-intestinal-flore-intestinale/">nombreux autres processus</a>.</p>
<h2>Symptômes physiques de l’anxiété et de la dépression</h2>
<p>Le lien entre cerveau et intestin, et son impact, a <a href="https://www.nature.com/articles/nrn3071">longtemps été sous-estimé</a>. Y compris par les médecins. Chez de nombreux patients venant consulter pour des soucis gastro-entérologiques (digestion lourde, douleurs, diarrhée, constipation occasionnelle, etc.), les spécialistes constataient toutefois une sorte de « problème d’humeur » lorsqu’ils étudiaient chez eux l’histoire de cette pathologie.</p>
<p>De fait, beaucoup d’entre nous ont constaté que le fait d’être stressé (en prenant la parole en public ou en passant un examen, mais aussi dans des situations plus positives : lorsque l’on tombe amoureux par exemple !) nous prédispose, non seulement de façon aiguë, mais aussi de façon chronique, à des vomissements, aux nausées, à la diarrhée ou à la constipation.</p>
<p>À chaque fois, les symptômes intestinaux suivent le stimulus stressant.</p>
<h2>Anxiété et dépression, un problème de santé publique</h2>
<p>L’anxiété et la dépression sont les deux représentants les plus évidents des troubles de l’humeur. Ils comptent parmi les motifs de consultation les plus fréquents.</p>
<p>La dépression serait même de plus en plus courante et constitue un problème majeur de santé publique. <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/depression">Selon l’OMS</a> (et c’était déjà le cas des années avant la pandémie), elle sera la première cause de morbidité d’ici 2030.</p>
<p>Désormais, grâce à des études telles que celle de Mayer, le rôle du stress, important facteur de risque de dépression, dans ces maladies est mieux connu. Il en va de même pour les altérations de certains neurotransmetteurs et la mauvaise régulation du système immunitaire. Mais les connaissances restent incomplètes.</p>
<p>Un nombre important de patients est toujours résistant aux traitements pharmacologiques disponibles pour la dépression. C’est pourquoi il est urgent de mieux en comprendre la physiopathologie, afin de développer des stratégies thérapeutiques plus efficaces. L’intestin, de par son lien avec le cerveau, est un bon candidat pour en savoir plus.</p>
<h2>Le stress et son influence sur le microbiote (et vice versa)</h2>
<p>Au cours des deux dernières décennies, de nombreuses <a href="https://www.nature.com/articles/nrn3071">preuves scientifiques</a> ont été présentées, dans des modèles animaux et chez l’homme, indiquant que lorsqu’un individu subit un stress, l’intestin est en effet altéré et la composition de son microbiote peut même être modifiée. Des études ont montré qu’un stress subi au début de la vie diminue la concentration de bactéries <em>Lactobacili</em>, laissant ainsi la place à des bactéries pathogènes qui vont venir perturber l’équilibre physiologique entre les différentes populations de micro-organismes présentes.</p>
<p>À l’inverse, la modification expérimentale du microbiote peut également induire des changements de comportement. Ainsi, certains bifidobacteriums sont capables de renforcer le comportement dépressif chez les rats.</p>
<h2>Le stress produit-il aussi une inflammation ?</h2>
<p>Ces dernières années, de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25934103/">nombreux travaux</a> ont indiqué que l’inflammation chronique de faible intensité pouvait également jouer un rôle dans la physiopathologie de la dépression.</p>
<p>Sur la base de ces informations, et connaissant le lien entre dépression et stress, on a cherché à savoir s’il pouvait y avoir un lien entre l’inflammation d’origine intestinale et ce dernier. Et de fait, <a href="https://www.nature.com/articles/s41398-021-01755-3">plusieurs études</a> menées notamment par l’Université Complutense de Madrid ont montré comment il pouvait produire un déséquilibre intestinal.</p>
<p>Cela pourrait entraîner une instabilité de la barrière intestinale, la rendant plus poreuse et perturbant donc le passage des molécules, nutriments et composants divers (parfois d’origine bactérienne) vers la circulation sanguine – et ainsi vers d’autres organes. Ces composants peuvent être toxiques et déclencher une réaction inflammatoire généralisée.</p>
<p>En outre, ces études ont montré que la composition de la flore bactérienne est altérée chez les patients souffrant de dépression par rapport à la flore des individus témoins sains. En général, la diversité bactérienne diminue en cas de dépression. Cependant, nous ne comprenons toujours pas l’association entre le microbiote et l’inflammation dans la dépression.</p>
<p>Nous savons maintenant que les dommages cellulaires oxydatifs (qui sont la conséquence ultime de l’inflammation) sont plus élevés chez les patients présentant un épisode actif de dépression. Ces personnes présentaient également des niveaux élevés d’un composant de la membrane des bactéries intestinales étroitement lié à la réponse immunitaire : le lipopolysaccharide des bactéries du genre <em>Bilophila</em> et <em>Alistipes</em>. Étaient encore constatées la diminution des <em>Anaerostipes</em> et la disparition complète des <em>Dialister</em>. Ces altérations n’apparaissent pas chez les patients en rémission de leur maladie.</p>
<p>Il reste à déterminer si les toxines des bactéries présentes dans le microbiote des patients atteints de dépression peuvent circuler dans tout le système nerveux et marquer certaines structures du cerveau.</p>
<p>Pour l’instant, on sait déjà que, dans les modèles animaux, ces bactéries sont bien capables d’atteindre le cerveau et d’activer les récepteurs de la réponse immunitaire dans les neurones et autres cellules cérébrales. Nous savons également que dans le tissu cérébral de patients dépressifs qui se sont suicidés, une <a href="https://jneuroinflammation.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12974-018-1294-2">hyperactivation de la réponse immunitaire a été identifiée</a>.</p>
<p>Mais nous sommes encore loin de pouvoir affirmer qu’il existe une causalité entre ces phénomènes et la physiopathologie de la dépression. Néanmoins, le défi est là et la tâche de la science biomédicale est de démêler tous ces mécanismes afin d’offrir aux patients de nouvelles et meilleures solutions thérapeutiques.</p>
<hr>
<p><em>Il existe actuellement un projet espagnol ouvert pour l’<a href="https://smalanmul.wixsite.com/psicobioma">étude</a> du microbiome en relation avec la santé mentale, auquel vous pouvez collaborer.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180934/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le groupe de recherche coordonné par Juan C. Leza reçoit un financement public compétitif de l'UCM, du MCINN et du FIS-ISCIII. Il a reçu des honoraires en tant que conférencier et consultant pour Janssen, Lundbeck, Fund. Alicia Koplowitz, Sanofi, sur des sujets sans rapport avec le sujet de cette publication. Il travaille pour des agences d'évaluation de projets, des comités publics et des fondations en Espagne, dans l'UE, au Portugal, au Royaume-Uni, en Italie, au Brésil, en Pologne, en Argentine, au Mexique, en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis et au Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Javier R. Caso reçoit un financement compétitif en tant que chercheur principal du ministère espagnol des sciences et de l'innovation (MICINN).</span></em></p>
Cerveau et intestin sont bien plus liés qu’on ne croit souvent. Le stress peut ainsi provoquer un déséquilibre du microbiote, qui peut à son tour jouer un rôle sur la dépression…
Juan C. Leza, Catedrático. Dpto. Farmacología y Toxicología. Facultad de Medicina. CIBERSAM., Universidad Complutense de Madrid
Javier R. Caso, Profesor Contratado Doctor. Dpto. Farmacología y Toxicología, Facultad de Medicina. CIBERSAM-ISCIII., Universidad Complutense de Madrid
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tag:theconversation.com,2011:article/178221
2022-03-15T18:36:59Z
2022-03-15T18:36:59Z
Virus, vaccins… Comment la pandémie a perturbé les règles féminines
<p>Au cours de ces deux dernières années, le coronavirus a eu de nombreux impacts, y compris, semble-t-il, sur les règles. De nombreuses femmes ont <a href="https://academic.oup.com/ije/advance-article/doi/10.1093/ije/dyab239/6447179">signalé des perturbations</a> de leur cycle menstruel, certaines ayant remarqué des changements <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8452349/">après avoir attrapé le virus</a>, d’autres <a href="https://www.bmj.com/content/374/bmj.n2211">après la vaccination</a>.</p>
<p>Pour certaines, toutefois, des perturbations suffisamment marquées pour être perceptibles <a href="https://www.theguardian.com/society/2021/mar/25/pandemic-periods-why-womens-menstrual-cycles-have-gone-haywire">n’ont suivi ni l’un ni l’autre</a>.</p>
<p>Avant d’essayer de déterminer les causes de ces changements, il est important de noter que, de façon naturelle, les cycles menstruels varient. Bien qu’il soit communément admis qu’un cycle prévisible de 28 jours avec cinq jours de saignement est normal, il ne s’agit que d’une moyenne. Pour la plupart des femmes qui ont leurs règles, ça ne correspond pas à ce qui est réellement vécu.</p>
<h2>Un cycle naturellement variable</h2>
<p>En effet, la longueur, l’abondance et la durée des saignements menstruels sont <a href="https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ijgo.12666">toutes variables</a> – non seulement d’une personne à l’autre, mais également chez une même personne au fil du temps. Selon la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique, une <a href="https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/ijgo.12666">variation de la durée du cycle allant jusqu’à huit jours est normale</a>.</p>
<p>Le cycle menstruel est contrôlé par un mélange d’hormones régulées par les ovaires et par l’ensemble situé dans le cerveau hypothalamus-hypophyse (une glande). Des perturbations de l’organisme peuvent modifier la libération des hormones, ce qui peut à son tour avoir un impact sur différents aspects du cycle menstruel, comme la durée et les symptômes.</p>
<p>Par exemple, un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1521690X00900526">exercice physique intense</a> ou un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0149291820300527">régime extrême</a> entraîner parfois une interruption des règles. Ce phénomène est néanmoins réversible une fois que la consommation alimentaire augmente ou que l’exercice physique diminue. Nous devons donc être prudents lorsque nous évaluons les changements de cycles menstruels autodéclarés, car de nombreuses influences peuvent être en jeu.</p>
<p>Néanmoins, dans le cas présent, il se passe bien « quelque chose ».</p>
<h2>L’impact de la pandémie</h2>
<p>Le stress lié à la pandémie pourrait être encore un autre facteur. Le stress est en effet connu pour altérer le système de régulation présenté précédemment (hypothalamus-hypophyse), et des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/jne.12179?saml_referrer">études antérieures ont trouvé des associations entre le stress</a> et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4413117/">l’irrégularité menstruelle</a> ou la <a href="https://www.jstage.jst.go.jp/article/indhealth/45/5/45_5_709/_article">durée des saignements</a>.</p>
<p>Or nous savons que la santé mentale a été impactée lors du premier confinement. Au Royaume-Uni, elle s’est <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32707037/">détériorée</a> avec augmentation du stress et de la dépression.</p>
<p>Dans une <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fendo.2021.642755/full?sp_sn=twitter&spclid=071676D2-8BE5-492D-8F98-4EA8D299A7E6#h11">enquête en ligne</a>, 46 % des personnes interrogées ont ainsi déclaré avoir constaté une modification de leur cycle menstruel pendant la pandémie, notamment au niveau de la gravité des symptômes prémenstruels ou de la durée du cycle. Le stress est une cause plausible, mais non confirmée.</p>
<p>D’autres changements liés à la pandémie pourraient également avoir une influence. La <a href="https://www.bbc.co.uk/news/health-57968651">prise de poids</a> et l’augmentation de la <a href="https://ahauk.org/news/alcohol-harm-on-the-rise-during-covid-19-pandemic/">consommation d’alcool</a>, effectivement signalées pendant la pandémie, sont là encore des <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/BF03345694">facteurs connus</a> pour contribuer aux <a href="https://www.acog.org/womens-health/faqs/alcohol-and-women">modifications des cycles</a>.</p>
<h2>Qu’en est-il des vaccins ?</h2>
<p>Peu après la mise sur le marché des vaccins contre le Covid, des rapports ont commencé à faire état de leur impact sur les cycles menstruels – en particulier sur la longueur des cycles, qu’ils pouvaient notamment rendre plus courts et plus longs.</p>
<p>Malheureusement, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8690231/">questions relatives aux menstruations n’ont guère été traitées lors de la plupart des recherches et essais</a> sur les vaccins, de sorte qu’il n’y a pas beaucoup de données fiables.</p>
<p>Quelques études se sont tout de même penchées sur le sujet.</p>
<p>Une étude américaine portant sur près de 4 000 femmes (<em>2403 vaccinées et 1556 non-vaccinées ; 55 % ont reçu le vaccin Pfizer-BioNTech, 35 % le Moderna 35 % et 7 % le Johnson & Johnson/Janssen, ndlr</em>) a montré que la <a href="https://journals.lww.com/greenjournal/Fulltext/9900/Association_Between_Menstrual_Cycle_Length_and.357.aspx">première dose du vaccin n’avait aucun impact sur le déclenchement des prochaines règles</a>. Mais après la deuxième dose, certaines ont connu un léger retard – un peu moins d’une demi-journée en moyenne. Cette différence avait disparu au troisième cycle post-vaccinal.</p>
<p>Il est intéressant de noter que les personnes qui ont reçu deux doses en un seul cycle ont vu la durée de leur cycle augmenter de deux jours. Suivi d’un retour à la normale au troisième cycle après le vaccin.</p>
<p>Il est toutefois difficile de dissocier les effets du vaccin de l’impact de la pandémie. Dans une étude norvégienne portant sur plus de 5 500 personnes, 41 % des participantes ont signalé des troubles menstruels après avoir reçu leur deuxième vaccin. Mais surtout <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/653642">38 % ont signalé des troubles avant même d’avoir été vaccinés</a>. Le symptôme le plus courant étant des règles plus abondantes que d’habitude.</p>
<p>Cela suggère soit que les perturbations des cycles menstruels sont normales ; si la pandémie entraîne des modifications des cycles, les impacts des vaccins sont faibles. Ces études valident les expériences des femmes décrivant des changements menstruels, mais fournissent également l’assurance que ces changements sont transitoires.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une jeune femme se fait vacciner contre le Covid" src="https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448298/original/file-20220224-13-1hxx8jk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=425&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La vaccination en général (et pas uniquement contre le Covid) peut jouer sur les hormones qui contrôlent le cycle menstruel.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/practitioner-vaccinating-woman-patient-clinic-doctor-1921596446">Chaay_Tee/Shutterstock</a></span>
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</figure>
<p>Comment et pourquoi les vaccins pourraient-ils affecter les cycles menstruels ? Il y a plusieurs explications, notamment le fait que la réponse immunitaire de l’organisme suite à un vaccin quel qu’il soit peut influencer les hormones contrôlant le cycle menstruel. De fait, le constat que des changements du cycle menstruel peuvent être observés après une vaccination n’est pas nouveaux.</p>
<p>Dès 1913, un médecin new-yorkais établissait un <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/653642">lien entre le vaccin contre la typhoïde et des modifications menstruelles</a>. Une étude plus récente a révélé une probabilité accrue de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2405852117300708?via%3Dihub">modifications du cycle menstruel à court terme après l’administration du vaccin contre les Papillomavirus humains</a>.</p>
<p>Avec les vaccins contre le Covid, lorsqu’il y a des changements, ils semblent être de courte durée. Il conviendrait peut-être de préciser ce point afin que les femmes sur le point de se faire vacciner puissent s’organiser en conséquence.</p>
<p>Surtout, il n’a pas été démontré que ces vaccins avaient un impact sur la fertilité.</p>
<p>Signaler les perturbations menstruelles comme un effet secondaire pourrait encourager entreprises pharmaceutiques et chercheurs à accorder une place plus centrale à la santé menstruelle et reproductive dans la recherche médicale. Cela permettrait de disposer à l’avenir de meilleures données pour les vaccins et les médicaments. Toute personne au Royaume-Uni qui connaît des changements dans ses cycles est encouragée à les signaler au <a href="https://coronavirus-yellowcard.mhra.gov.uk/">système de carte jaune</a>, qui consigne les effets secondaires potentiels des vaccins.</p>
<p>(<em>En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament indique que « dans le cadre de la surveillance renforcée des vaccins utilisés contre la Covid-19, une <a href="https://ansm.sante.fr/actualites/point-de-situation-sur-la-surveillance-des-vaccins-contre-la-covid-19-periode-du-16-07-2021-au-22-07-2021">enquête de pharmacovigilance est mise en place pour surveiller en temps réel</a> le <a href="https://www.vidal.fr/actualites/28433-vaccins-arn-m-et-troubles-menstruels-les-donnees-de-pharmacovigilance-francaises.html">profil de sécurité des vaccins disponibles en France</a> à partir des déclarations réalisées par les professionnels de santé, les personnes vaccinées ou leur entourage. » <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/signalement-sante-gouv-fr/">Toute personne peut faire remonter un signalement</a>, ndlr</em>)</p>
<h2>Conséquences d’une infection au SARS-CoV-2</h2>
<p>Il a également été suggéré que, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8690231/">face à une maladie grave comme le Covid</a>, le corps réduit temporairement l’ovulation – ce qui peut avoir un impact sur les saignements menstruels. Ceci afin de rediriger l’énergie de la reproduction vers la lutte contre l’infection.</p>
<p>Une autre cause pourrait être les effets inflammatoires massifs que le Covid a sur le corps, ce qui là encore a un impact sur le cycle menstruel. (<em>À noter que le <a href="https://presse.inserm.fr/en/la-covid-19-a-un-impact-sur-la-fertilite-vraiment/43403/">risque de naissances prématurées ou de fausses couches existe en cas d’infection au Covid</a>, ndlr</em>)</p>
<p>Des données sont disponibles qui confirment bien l’influence du Covid, (<em>des travaux complémentaires sont également demandés pour permettre comprendre l’étendue des effets, et notamment l’<a href="https://postcovidcenters.com/blog/long-covid-affects-menstrual-cycle/">impact du Covid long</a>, ndlr</em>). Une étude <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1472648320305253">comparant les cycles menstruels de 237 malades à leurs cycles antérieurs</a> a révélé que 18 % des patientes légèrement malades et 21 % des patientes gravement malades avaient eu des cycles plus longs qu’auparavant.</p>
<p>Les choses étaient revenues à la normale dans les deux mois suivant la sortie de l’hôpital.</p>
<p>Il semble donc que vaccins et infection puissent affecter le cycle menstruel. Et bien que cela demande des travaux complémentaires, il est plausible que le stress de la pandémie le puisse également. Les perturbations ne sont que temporaires (quelques mois pour les cas les plus longs), mais si vous rencontrez de nouveaux problèmes avec votre cycle menstruel ou si les changements de vos cycles sont durables, veuillez en discuter avec votre médecin.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/178221/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gabriella Kountourides ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Le constat est réel : chez un certain nombre de femmes, le cycle menstruel a été perturbé. Mais par quoi ? Voilà comment vaccination, infection et pandémie elle-même peuvent jouer…
Gabriella Kountourides, PhD Candidate in Biological Anthropology, University of Oxford
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2022-02-23T18:37:12Z
2022-02-23T18:37:12Z
L’alimentation : un atout de taille négligé dans la guerre contre le Covid-19
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/447493/original/file-20220221-15803-1kg1jcg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=81%2C29%2C4832%2C3223&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La pandémie aurait été une bonne occasion de rappeler les bienfaits d'une alimentation saine pour notre système immunitaire. </span> <span class="attribution"><span class="source">Pearl PhotoPix / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Y a-t-il un angle mort dans les politiques publiques de lutte contre le Covid-19 ? Depuis deux ans, des mesures pour freiner la circulation du virus et limiter son impact sanitaire (confinement, gestes barrières et vaccins) ont été mises en avant. Par contre, malgré une abondante littérature scientifique, le rôle de l’alimentation a été sous-médiatisé.</p>
<p>C’est sans doute une occasion manquée. Sensibiliser le grand public à cette problématique permettrait non seulement de réduire les risques de maladies chroniques à moyen terme, mais aussi les risques à plus long terme de formes graves de certaines maladies infectieuses associées à ces comorbidités.</p>
<p>Dès mai 2020, nous rappelions l’intérêt de <a href="https://theconversation.com/mieux-salimenter-pour-prevenir-les-maladies-chroniques-et-infectieuses-136811">mieux s’alimenter pour prévenir certains risques d’infection et de complications</a>. Nous indiquions que plusieurs facteurs de comorbidité du Covid (obésité, diabète, hypertension…) avaient souvent comme origine une dysbiose intestinale, un déséquilibre dans la biodiversité de notre flore, liée à la « malbouffe ».</p>
<p>Un problème ancien. Malgré des politiques sanitaires dédiées, le nombre de personnes atteintes de ces dérégulations métaboliques a presque doublé entre 1997 et 2015 pour atteindre respectivement 17, 7,1, et 30,9 % de la population adulte française.</p>
<h2>De l’infection à la maladie</h2>
<p>Lors de l’infection virale, le SARS-CoV-2 vient se fixer sur nos cellules (notamment pulmonaires et intestinales) via leur récepteur ACE-2. Cela a pour effet de suractiver le système hormonal dit « rénine-angiotensine » (SRA), qui contrôle d’une part l’immunité « innée » correspondant à la réponse immunitaire non spécifique « immédiate » aux agents pathogènes, et d’autre part le microbiote intestinal.</p>
<p>Une telle suractivation du SRA est délétère pour notre santé car elle induit un stress oxydatif, voire l’orage cytokinique observé lors des formes graves de Covid-19.</p>
<p>La vitamine D est, entre autres, connue pour renforcer la production de cytokines spécifiques, des protéines messagères en l’occurrence dédiées à l’inhibition de l’hyperinflammation systémique aiguë. Elle induit aussi la production de molécules antimicrobiennes actives sur les virus. Or il est estimé que 80 % des Français présentent des carences en hiver.</p>
<h2>Quel rôle du microbiote ?</h2>
<p>Notre microbiote est un facteur clé de notre santé. En effet, humains et microbes ont établi une association symbiotique au fil du temps, dont les perturbations sont à l’origine de maladies inflammatoires à médiation immunitaire (maladies cardiovasculaires, diabètes, certains cancers…).</p>
<p><a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1756284820974914">Le microbiote intestinal, en participant à la régulation des récepteurs ACE-2</a> peut jouer un rôle dans la gravité du SARS-CoV-2. Il peut influencer la progression des infections virales respiratoires <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1359610122000077?via%3Dihub">par le biais des métabolites et de la réponse immunitaire</a>.</p>
<p>Lorsque l’on développe un Covid, il s’avère que les bactéries à fonction pro-inflammatoire vont prendre le pas sur celles ayant une fonction anti-inflammatoire. Un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1471491421002574?via%3Dihub">microbiote intestinal sain et équilibré pourrait aider à prévenir les réactions immunitaires pro-inflammatoires</a> dans les poumons et autres organes vitaux infectés. Et ainsi permettre de lutter plus efficacement contre les attaques virales.</p>
<p>Dans le cadre de cette maladie, certains facteurs sont apparus comme majeurs pour le développement des complications : l’âge mais aussi, nous l’avons déjà indiqué, la présence de certaines maladies chroniques et, plus généralement, d’une <a href="https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.05.06.20092999v1">dysbiose intestinale quel que soit l’âge</a>.</p>
<p>Ainsi, l’obésité et ses comorbidités induisent une inflammation chronique de bas grade et une augmentation des récepteurs de l’enzyme ACE-2 présents dans les poumons, l’intestin et les reins. Ces altérations et inflammations qui se chevauchent, associées à la tempête de cytokines induite par le Covid, augmentent le risque de complications chez ces patients : <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/nutrition-research-reviews/article/obesity-and-the-increased-risk-for-covid19-mechanisms-and-nutritional-management/5E2F04556408D9F7CD4E9DF5D74E9958">insuffisance respiratoire, choc septique et finalement mortalité accrue</a>.</p>
<h2>Les effets anti-inflammatoires de l’alimentation</h2>
<p>L’alimentation de type occidental est pauvre en fibres, et riche en <a href="https://theconversation.com/aliments-ultratransformes-de-quoi-parle-t-on-117065">aliments ultra-transformés</a> et en produits animaux issus d’une alimentation à base de céréales et tourteaux de soja. Ces caractéristiques favorisent l’inflammation qui <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1074761319304169?via%3Dihub">augmente les risques de maladies chroniques et de sensibilité aux maladies infectieuses</a>. Un mauvais état nutritionnel est associé à une inflammation et à un stress oxydatif, qui à leur tour peuvent avoir un impact sur le système immunitaire.</p>
<p>Mais on connaît des constituants alimentaires à capacité anti-inflammatoire et antioxydante : la vitamine D précédemment citée, les vitamines C et E et des composés phytochimiques tels que les caroténoïdes et les polyphénols. Il en est de même d’une insuffisance en vitamines A, B6, B12, en oligo-éléments, dont le zinc, le fer, le sélénium, le magnésium et cuivre, et tout particulièrement en acides gras oméga-3 <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/12/4/1181">qui jouent un rôle important sur le système immunitaire</a>.</p>
<p>Il a également été démontré que les fibres alimentaires fermentées par le microbiote intestinal en acides gras à chaîne courte <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/12/4/1181">produisent des effets anti-inflammatoires</a>. Enfin une consommation trop importante de produits ultra-transformés (<a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/13/13/7433">35 % des calories en France</a>) <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0899900721002811?via%3Dihub">accroît le stress oxydant</a>.</p>
<h2>L’impact sur l’infection</h2>
<p>Des études épidémiologiques ont mis en évidence les composantes de l’alimentation qui réduisent ou amplifient les risques d’infection et de formes graves du Covid.</p>
<p>Chez 2884 agents de santé de première ligne de six pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis), des personnes ayant des régimes à base de plantes (plus riches en légumes, légumineuses et noix), et plus faibles en viandes rouges et transformées, avaient <a href="https://nutrition.bmj.com/content/4/1/257">respectivement 73 % et 59 % de risques en moins de Covid-19 modérée à grave</a>.</p>
<p>De même, les personnes ayant une alimentation équilibrée et une consommation quotidienne moyenne de 500 g (et plus) de légumes et de fruits et 10 g de noix (et plus) avaient un risque de Covid-19 <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/14/2/350">inférieur de 86 % à celles qui en consommaient de plus faibles quantités</a>. Des apports alimentaires plus élevés en fruits et légumes et, systématiquement, en vitamine C, en folate, en vitamine K et en fibres <a href="https://bmcmedicine.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12916-021-02168-1">ont été associés à une sensibilité plus faible</a> à l’infection par le SARS-CoV-2. La sévérité de la maladie est aussi réduite avec la <a href="https://nutrition.bmj.com/content/4/2/469">consommation de légumineuses, de céréales complètes</a>.</p>
<p>Plus généralement, l’adhésion à un régime méditerranéen (<a href="https://www.cambridge.org/core/journals/public-health-nutrition/article/adherence-to-mediterranean-diet-is-inversely-associated-with-the-consumption-of-ultraprocessed-foods-among-spanish-children-the-sendo-project/87FE84C1C812BBA1180D615CF718E75C">dont une caractéristique est une faible consommation de calories provenant d’aliments ultra-transformés</a>) était négativement associée à la fois au pourcentage de personnes infectées et décédées de Covid-19. <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnut.2021.591964/full">Tel a été le cas dans 17 régions d’Espagne et dans 23 pays</a> après ajustement des facteurs de bien-être et d’inactivité physique.</p>
<p>Ainsi, au-delà de son rôle établi dans la prévention des maladies non transmissibles, l’alimentation pourrait donc aussi contribuer à prévenir certaines maladies infectieuses comme le Covid. Or, par rapport aux composantes les plus citées à cette fin, les Français ont un régime déficitaire en fruits et légumes, en fibres et oméga-3 (pour 95 % des Français), et comprenant une part trop importante d’aliments ultra-transformés.</p>
<h2>Un nécessaire changement de paradigme</h2>
<p>Un régime favorable à la santé du microbiote nécessite de consommer plus de légumineuses et de céréales complètes, ainsi qu’une grande variété de fruits et légumes. Réduire la consommation d’aliments ultra-transformés, tout en privilégiant des produits à teneur résiduelle réduite en pesticides, est complémentaire.</p>
<p>En résumé, il s’agit d’une <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/public-health-nutrition/article/how-to-protect-both-health-and-food-system-sustainability-a-holistic-global-healthbased-approach-via-the-3v-rule-proposal/EF3A140579D97540507085F82523DF5C">alimentation respectant la règle des « 3V »</a> : <a href="https://theconversation.com/alimentation-protegez-votre-sante-et-la-planete-grace-a-la-regle-des-3v-117033">plus Vrai (moins de produits ultra-transformés), plus Végétalisé et plus Varié</a>.</p>
<p>Il convient donc de sensibiliser tous les acteurs du système alimentaire au fait que la diète moyenne actuelle ne permet pas à notre microbiote de jouer un rôle optimal en santé. Les politiques publiques devraient ainsi davantage inciter les consommateurs à changer leurs préférences. Ce changement de paradigme <a href="https://www.em-consulte.com/article/1487034/figures/microbiote-intestinal-et-sante%C2%A0-une-necessaire-ref">implique également un changement dans l’agriculture et les procédés de transformation des aliments</a>.</p>
<h2>Les bénéfices d’une vision holistique de la santé</h2>
<p>Le régime alimentaire courant dans les pays occidentaux accroît le risque de développer des maladies chroniques (comorbidités) et nous rend plus vulnérables aux maladies infectieuses, on l’a dit. C’est pourquoi le traitement de la pandémie, tant dans les politiques publiques que dans l’espace médiatique, est tronqué, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10408398.2020.1858751">se focalisant essentiellement sur les effets en aval avec une approche trop réductionniste plutôt que sur les causes multifactorielles en amont avec une approche plus holistique</a>.</p>
<p>D’une part, il empêche la responsabilisation des acteurs du système alimentaire et des consommateurs, qui pourraient participer à la mise en place d’une alimentation préventive plus durable. Ce qui permettrait pourtant de lutter contre l’échec des politiques visant à réduire les risques de maladies chroniques.</p>
<p>D’autre part, il nous prépare mal aux risques futurs. En effet, selon l’OMS, l’apparition de maladies infectieuses, qui était de l’ordre d’une tous les 15 ans dans les années 1970, est désormais d’une à cinq par an, en <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.abl4183">intégrant les maladies issues de la résistance aux antibiotiques</a>.</p>
<p>Ne sensibiliser le public ni aux principaux facteurs de ces zoonoses (l’effondrement de la biodiversité en lien avec la déforestation notamment) ni aux conséquences de nos modes de vie (via la « malbouffe » comme nous le développons) nous rend plus vulnérables. Cela génère en outre des coûts cachés payés par les finances publiques d’aujourd’hui – dont le <a href="https://www.research-collection.ethz.ch/handle/20.500.11850/473289">niveau peut atteindre 85 et 100 % du coût de l’alimentation en Europe</a> – mais aussi de demain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177386/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Duru est membre de plusieurs comités scientifiques (Ecophyto, Pour une agriculture du vivant (PADV), Siga et Ecosert en cuisine) et de l'association française d'agronomie (AFA); il est aussi au conseil d'administration de Solagro et participe à l'Atelier dEcologie Politique de Toulouse (Atecopol). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anthony Fardet est membre des comités scientifiques de Siga, Wuji & co, MiamNutrition, Complexus Care, Regenerative Society Foundation, Centre européen d'excellence ERASME Jean Monnet pour la durabilité et du Projet Alimentaire Territorial Grand Clermont-PNR Livradois Forez. Il est aussi adhérent et membre des associations auvergnates GREFFE, AuSI et ANIS Etoilé. </span></em></p>
Obésité ou hypertension sont des facteurs de risque en cas de Covid. Or on sait le rôle de l’alimentation dans leur développement. Bien se nourrir n’a pourtant pas été mis en avant lors de l’épidémie.
Michel Duru, Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), Inrae
Anthony Fardet, Chargé de recherche, UMR 1019 - Unité de Nutrition humaine, Université de Clermont-Auvergne, Inrae
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2022-02-21T21:08:38Z
2022-02-21T21:08:38Z
Antiviraux, anticorps, immunomodulateurs… Où en est-on des traitements anti-Covid-19 ?
<p><em>Épidémiologiste et biostatisticienne, membre de l’Académie des Sciences, <a href="https://histoire.inserm.fr/les-femmes-et-les-hommes/dominique-costagliola">Dominique Costagliola</a> est directrice de recherche émérite à l’Inserm. Elle fait le point pour The Conversation sur l’avancée des recherches concernant les antiviraux anti-Covid-19.</em></p>
<hr>
<p><strong>The Conversation : Qu’est-ce qu’un « bon » antiviral ?</strong></p>
<p><strong>Dominique Costagliola :</strong> Cela dépend de la maladie.</p>
<p>Dans les cas d’une pathologie longue, pour laquelle on va être traité à vie, telle que l’infection par le VIH, il est important que les antiviraux fassent diminuer rapidement la charge virale, qu’ils n’entraînent pas trop d’effets indésirables, et que leur formulation soit simple pour faciliter leur prise régulière. Par ailleurs, leur mode d’administration ne doit pas être trop lourd. S’il faut se rendre à l’hôpital tous les deux mois pour recevoir son traitement par intraveineuse, c’est probablement acceptable, mais s’il faut y aller plus souvent, la qualité de vie s’en ressent forcément…</p>
<p>Dans le cas d’une maladie virale brève, comme le Covid, les choses sont différentes, car les manifestations cliniques sont généralement de courte durée (si l’on excepte le cas des patients qui développent un Covid long). Dans un tel cas de figure, un bon antiviral doit avant tout être facile à utiliser (voie orale, avec peu d’interactions), et surtout accessible rapidement.</p>
<p><strong>TC : Cette rapidité d’administration constitue un facteur clé, dans le cas du SARS-CoV-2 ?</strong></p>
<p><strong>DC :</strong> Oui. Et ce, quelle que soit l’efficacité de l’antiviral. En effet, pour être efficace, le médicament doit être administré dans les quelques jours qui suivent l’apparition des symptômes, afin d’empêcher que le virus ne se dissémine dans le corps et ne déclenche la « tempête cytokinique » – autrement dit, l’inflammation généralisée – qui survient chez les patients atteints de formes sévères. C’est elle qui est notamment à l’origine de la destruction de leurs poumons.</p>
<p>Or, administrer précocement les traitements n’est pas toujours simple. Les patients inclus dans l’essai « Coverage » (<em>un essai thérapeutique français visant à évaluer la sécurité et l’efficacité des traitements anti-Covid administrés en phase précoce à des malades risquant de développer des formes sévères, dont une particularité d’être mené en ambulatoire plutôt qu’à l’hôpital, ndlr</em>) étaient en médiane inclus dans les 4 jours qui suivaient le début des symptômes. Cela signifie que la moitié était incluse plus tard, et ce, alors même que le contexte d’un tel essai clinique est « idéal », puisque les moyens et le suivi sont conséquents.</p>
<p>C’est la raison pour laquelle la rapidité d’accès aux tests de dépistage est essentielle. Actuellement, les gens non vaccinés (qui sont les plus à risque d’infection, voire de développer des formes sévères) doivent passer <a href="https://www.ameli.fr/assure/actualites/prise-en-charge-des-tests-covid-19-partir-du-15-octobre-quels-changements">par une prescription médicale</a> pour être remboursés de leur test, ce qui peut allonger les délais de prise en charge.</p>
<p><strong>TC : Comment fonctionnent les antiviraux ?</strong></p>
<p><strong>DC :</strong> On distingue plusieurs modes d’action. Certains antiviraux sont des inhibiteurs de la protéase virale, une enzyme essentielle du virus. Le Paxlovid de Pfizer fonctionne de cette façon. Il s’agit d’un mélange de deux inhibiteurs de protéase : le nirmatrelvir (ou PF-07321332), qui inhibe la protéase du SARS-CoV-2, et le ritonavir, un inhibiteur de protéase dont le rôle est de limiter la dégradation du nirmatrelvir par les enzymes qui s’y attaquent (le ritonavir est aussi utilisé comme « booster » dans la lutte contre le VIH).</p>
<p>D’autres antiviraux prennent plutôt pour cible le génome du virus. C’est le cas par exemple du molnupiravir (nom commercial : Lagevrio) mis au point par le laboratoire Merck. La molécule de molnupiravir « leurre » l’enzyme qui réplique l’ARN viral, l’ARN polymérase. Celle-ci l’intègre dans les molécules d’ARN qu’elle assemble, à la place des composants « normaux » (<a href="https://www.nature.com/articles/s41594-021-00651-0.pdf">cytidine triphosphate ou uridine triphosphate</a>). L’intégration du médicament perturbe la fabrication de l’ARN et entraîne de nombreuses mutations, lesquelles rendent les virus nouvellement produits inactifs.</p>
<p>Selon Pfizer, l’efficacité du Paxlovid pour prévenir les formes graves est de 89 % s’il est administré dans les trois jours suivant l’apparition des symptômes, et de 85 % s’il est administré dans les 5 jours, tandis que selon Merck, le molnupiravir réduit de 30 % le risque d’hospitalisation et de décès (initialement, le chiffre de 50 % avait été évoqué).</p>
<p>Un troisième produit, l’AT-527 des laboratoires Atea Pharmaceuticals et Roche, cible lui aussi l’ARN polymérase <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8097421/">dont il inhibe une fonction essentielle</a>.</p>
<p>Tous ces antiviraux sont les antiviraux « classiques », qui sont administrés sous forme de comprimés. À titre d’exemple, la posologie du Paxlovid est de 2 comprimés (un de nirmatrelvir et un de ritonavir) 2 fois par jour, pendant 5 jours. Celle du molnupiravir est de 800 mg (soit 2 gélules de 200 mg, 2 fois par jour) pendant 5 jours.</p>
<p>Reste maintenant à accumuler davantage de données pour s’assurer de la sécurité d’emploi de ces antiviraux. Les essais conduits par les laboratoires sont de petite taille. Il faut s’assurer qu’ils ne sont pas passés à côté d’effets indésirables graves, mais rares, en particulier dans le cas du Molnupiravir qui, bien qu’autorisé au Royaume-Uni et aux États-Unis, est déconseillé aux femmes enceintes, car on craint des effets mutagènes. Il faut aussi vérifier leur efficacité chez des personnes vaccinées et sur les variants actuels du virus.</p>
<p><strong>The Conversation : Ces antiviraux sont-ils disponibles dans notre pays ?</strong></p>
<p><strong>DC :</strong> Le Paxlovid a reçu une autorisation conditionnelle de l’Agence européenne des Médicaments (EMA). Il est disponible sur prescription médicale dans les pharmacies depuis début février.</p>
<p><a href="https://www.ema.europa.eu/en/human-regulatory/overview/public-health-threats/coronavirus-disease-covid-19/treatments-vaccines/covid-19-treatments">Ce n’est pas le cas du Molnupiravir</a>, dont l’évaluation se prolonge.</p>
<p>L’AT-527 devrait faire l’objet d’un <a href="https://ir.ateapharma.com/news-releases/news-release-details/atea-pharmaceuticals-highlights-strategic-priorities-2022">essai clinique de phase 2 en 2022</a>, selon son fabricant. Il n’est pas encore autorisé, mais la Commission européenne l’a fait figurer sur sa liste des molécules présentant un <a href="https://s28.q4cdn.com/539885110/files/doc_presentations/2021/October/Final-Report-of-Covid-19-therapeutics-subgroup-for-European-Commission-Oct.-22-2021.pdf%20ou%20https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/qanda_21_5367">intérêt potentiel dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19</a>.</p>
<p><strong>TC : On a beaucoup entendu parler des anticorps monoclonaux. Peut-on les classer parmi les antiviraux ? Quand sont-ils utilisés ?</strong></p>
<p><strong>DC :</strong> Les anticorps monoclonaux sont fabriqués en reproduisant en laboratoire des anticorps isolés chez des patients. On peut, dans une certaine mesure, considérer que les anticorps monoclonaux sont des antiviraux, puisqu’ils s’attaquent au virus. Mais leur intérêt principal est qu’ils procurent une défense immune que l’organisme met normalement une dizaine de jours à acquérir. La plupart de ceux disponibles pour l’instant ciblent la protéine de spicule (protéine « Spike »). Précisons que si les gens ont déjà des anticorps, mais ne contrôlent pas la maladie, ces traitements n’apportent sans doute rien de plus.</p>
<p>Jusqu’à l’arrivée des autres types d’antiviraux, les anticorps monoclonaux constituaient les seuls traitements disponibles en début de maladie en France. Le Ronapreve (un mélange de deux anticorps, Casirivimab et Imdevimab), en particulier, était administré aux patients qui n’avaient pas eux-mêmes développé d’anticorps. Parmi les autres anticorps monoclonaux existants, on peut citer le sotrovimab (nom commercial Xevudy, de GSK et Vir Biotechnology), le regdanvimab (nom commercial Regkirona, du Suisse iQone Healthcare Switzerland), ou encore les associations bamlanivimab/etesevimab (laboratoire Lilly France) et tixagevimab/cilgavimab (nom commercial Evusheld, d’AstraZeneca)).</p>
<p>L’arrivée du variant Omicron a changé la donne : les données in vitro ont montré que le Ronapreve, le Regkirona et la bithérapie de Lilly <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dgs-urgent__2022-03_acm_.pdf">ont perdu leur activité neutralisante face à ce variant</a>. Evusheld a perdu une partie de son activité, tandis que Xevudy (sotrovimab) a conservé une activité neutralisante, ce qui est peut-être dû au fait qu’il cible une partie différente de la protéine Spike.</p>
<p>En conséquence, désormais la Haute Autorité de Santé ne recommande le Ronapreve que pour traiter les patients infectés par le variant Delta, et préconise plutôt d’utiliser le Xevudy (sotrovimab) en <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/p_3190801/fr/prise-en-charge-de-premier-recours-des-patients-atteints-de-covid-19#toc_1_7">traitement curatif</a>. La possibilité de combiner des anticorps monoclonaux et des antiviraux est à l’étude.</p>
<p><strong>TC : Les antiviraux et les anticorps monoclonaux pourraient-ils être pris en prophylaxie, pour éviter les infections ?</strong></p>
<p><strong>DC :</strong> Dans le cas de la bithérapie <a href="https://www.has-sante.fr/jcms/p_3304161/fr/covid-19-deux-nouveaux-traitements-evalues-par-la-has">tixagévimab/cilgavimab (Evusheld)</a>, oui. Cependant, il faut rappeler que les traitements par anticorps monoclonaux sont lourds, puisqu’ils s’administrent en intraveineuse à l’hôpital, et que des craintes existent concernant les risques d’émergence de résistance (c’est pour cela que les thérapies contiennent souvent deux anticorps). En outre, leur coût est important (environ 2000 €).</p>
<p>(_les recommandations des autorités concernant cet usage concernent les personnes <a href="https://ansm.sante.fr/uploads/2021/12/14/20211214-aap-put-rd-evusheld.pdf">à très haut risque de forme sévère</a> : patients greffés, patients atteints d’hémopathie lymphoïde, patients recevant un traitement par anticorps anti-CD20, personnes ayant un déficit immunitaire…_ndlr).</p>
<p>Concernant les antiviraux en comprimés, le coût est moins élevé, mais il est de l’ordre de 700 €, ce qui reste beaucoup plus élevé qu’un vaccin. Ils n’ont donc pas vocation à se substituer à la vaccination : il s’agit uniquement de thérapies complémentaires, destinées à réduire au maximum le risque de formes sévères et donc de décès.</p>
<p>Par ailleurs, il est important de souligner qu’il n’existe pas de médicament qui soit dépourvu d’effet indésirable. Pour l’instant, on ne dispose que de peu de données sur ce sujet concernant les antiviraux. Or, dans une situation prophylactique, il faut par définition traiter un très grand nombre de personnes. Il faut donc être certain qu’il n’y a réellement aucun risque sérieux.</p>
<p>La prophylaxie doit se limiter à des situations très particulières, comme dans le cas de l’administration d’anticorps à des gens qui n’ont pas pu monter de défense immunitaire. Car sinon, autant recommander le vaccin : celui-ci est non seulement très efficace contre les formes graves, mais qui plus est, il s’agit probablement du produit de santé qui a été le plus minutieusement examiné jusqu’à présent (grâce notamment à la généralisation des grandes bases de données internationales). On en connaît donc particulièrement bien les risques d’effets indésirables…</p>
<p><strong>TC : <a href="https://s28.q4cdn.com/539885110/files/doc_presentations/2021/October/Final-Report-of-Covid-19-therapeutics-subgroup-for-European-Commission-Oct.-22-2021.pdf%20ou%20https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/qanda_21_5367">La liste</a> dressée par la Commission européenne en octobre comportait quatre immunomodulateurs (tocilizumab (nom commercial RoActemra), sotrovimab (nom commercial Xevudy) et anakinra (nom commercial Kineret), baricitinib (nom commercial Olumiant) et lenzilumab). Comment fonctionnent ces médicaments ?</strong></p>
<p><strong>DC :</strong> Les immunomodulateurs ne s’attaquent pas directement au virus, mais agissent sur la réponse immunitaire des malades, pour contrôler la tempête cytokinique qui résulte de l’infection.</p>
<p>Le tocilizumab ou le lenzilumab sont par exemple des anticorps monoclonaux qui ne s’attaquent pas au SARS-CoV-2, mais à des messagers chimiques (cytokines) produits par le patient et essentiels à la réaction immunitaire ainsi qu’à l’inflammation. D’autres molécules immunomodulatrices comme l’anakinra vont plutôt inhiber les récepteurs avec lesquels interagissent ces messagers chimiques, les empêchant ainsi d’agir.</p>
<p>Le tocilizumab était un médicament déjà utilisé contre l’arthrite. Il a reçu une <a href="https://www.ema.europa.eu/en/medicines/human/EPAR/roactemra">autorisation d’utilisation de l’EMA dans le cadre de la Covid-19</a> début décembre, car le grand essai clinique britannique Recovery a mis en évidence un <a href="https://www.recoverytrial.net/news/tocilizumab-reduces-deaths-in-patients-hospitalised-with-covid-19">effet significatif sur la mortalité</a> : dans le groupe qui avait reçu le tocilizumab, on a constaté 4 % de décès en moins.</p>
<p>L’anakinra, autre médicament déjà utilisé pour traiter la polyarthrite rhumatoïde, <a href="https://www.ema.europa.eu/en/news/ema-recommends-approval-use-kineret-adults-covid-19">a aussi reçu une autorisation de l’EMA</a>. Mais ses effets sont modestes, et il ne semble efficace que chez les personnes avec un taux de suPAR élevé (<em>un marqueur sanguin de la réponse inflammatoire, ndlr</em>). Or ce test n’est pas utilisé en pratique clinique.</p>
<p>Le baracitinib, autre médicament utilisé pour lutter contre la polyarthrite, est actuellement en cours d’évaluation par l’Agence européenne des médicaments. Eli Lilly a mis la molécule à disposition d’EU-Solidact, l’essai auquel je participe, et nous sommes en train d’évaluer ses effets dans le cas de personnes qui sont déjà un stade avancé de l’infection. Pour l’instant, le seul essai qui a été mené par le fabricant ne s’était pas avéré concluant sur le critère de jugement principal de l’étude (progression de la maladie ou décès). En revanche, un effet sur la mortalité <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanres/article/PIIS2213-2600(21)00331-3/fulltext">a été avéré</a>. Nous sommes en train d’accumuler des données complémentaires, afin de détecter un éventuel effet antiviral. Le traitement a l’air de mieux marcher chez les patients tardifs, qui sont ce que nous incluons dans notre étude.</p>
<p>Enfin, la dexaméthasone reste un traitement de référence. L’essai Recovery a montré que ce corticoïde <a href="https://www.ema.europa.eu/en/news/ema-endorses-use-dexamethasone-covid-19-patients-oxygen-mechanical-ventilation">réduit la mortalité d’un tiers chez les patients les plus gravement atteints</a>.</p>
<p><strong>TC : Existe-t-il d’autres pistes à part celles-ci ?</strong></p>
<p><strong>DC :</strong> Les molécules que nous venons d’évoquer sont celles pour lesquelles une certaine efficacité a pu être démontrée chez des patients.</p>
<p>Le reste (interféron, plasma de convalescent, ou des choses plus « exotiques »…) n’a pas fait preuve de son efficacité, mais de nombreux essais sont en cours. Des recherches sur les anticoagulants sont aussi menées, car c’est une composante importante de l’évolution de la maladie. Il s’agit de déterminer le bon niveau d’anticoagulants à administrer en fonction du stade de la maladie, notamment.</p>
<p>On dénombre actuellement 82 traitements à l’essai à des stades avancés en Europe. Outre les essais des firmes pharmaceutiques, plusieurs essais académiques sont menés. Pour les patients hospitalisés, on peut citer l’essai Recovery au Royaume-Uni, Remap-cap (un essai patient <a href="https://ec.europa.eu/info/news/eu-funded-clinical-trial-finds-new-treatments-be-effective-against-covid-19-2021-jan-08_en">financé par l’Union européenne</a> qui existait avant la pandémie), EU-Solidact, ou encore un essai mené dans le cadre d’un réseau international financé par le NIH américain.</p>
<p>Des essais « en ville », en ambulatoire, sont également menés, comme l’essai Principle, au Royaume-Uni : dès qu’un patient reçoit un résultat de test positif, il est informé de l’existence de cet essai, auquel on lui propose de participer. S’il accepte, il reçoit directement les médicaments chez lui, sans avoir besoin de repasser par un médecin. Cela permet d’inclure beaucoup de patients, et serait totalement impossible dans la réglementation française. Dans notre pays, il avait été envisagé de prévenir les patients positifs de l’existence de l’essai Coverage (autre essai en ville), mais les autorisations d’accès aux résultats des tests Covid-19 ont été refusées aux investigateurs.</p>
<p>Cette différence illustre les écarts en matière de conception de la protection des données. En France, il est aussi plus compliqué de croiser les informations provenant de différentes bases de données, ce qui limite beaucoup les possibilités d’analyses. Pourtant, Royaume-Uni comme France sont soumis au RGPD (Règlement général sur la protection des données)… Il y aurait probablement une réflexion à mener à ce sujet, à la lumière de ce que nous a enseigné cette pandémie…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/176133/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dominique Costagliola est membre de l'association AIDES. Elle a fait un exposé en 2020 financé par Gilead sur l'incidence de l'infection à VIH en région parisienne, et un exposé en 2022 financé par Pfizer sur Recherche Clinique dans l'urgence, Pourquoi, Comment. Son laboratoire a reçu 2 contrats de recherches de Janssen sur l'utilisation du darunavir et de la rilpivirine en France</span></em></p>
Depuis début février, un premier antiviral anti-Covid-19 est autorisé en France sur prescription médicale : le Paxlovid de Pfizer. D’autres pourraient suivre, selon les résultats des essais cliniques.
Dominique Costagliola, Épidémiologiste et biostatisticienne, directrice adjointe de l'Institut Pierre Louis d’Épidémiologie et de Santé Publique (Sorbonne Université/Inserm), directrice de recherches, Inserm
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2021-12-06T22:34:07Z
2021-12-06T22:34:07Z
Dépression et inflammation : le rôle émergent du système immunitaire en psychiatrie
<p>La dépression est une maladie mentale fréquente, et mal comprise. Selon les critères du <a href="https://www.psychiatry.org/psychiatrists/practice/dsm">DSM-5</a> (le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorder, publié par l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Association_Am%C3%A9ricaine_de_Psychiatrie">Association américaine de psychiatrie</a>) ; elle est caractérisée par des symptômes tels qu’une tristesse persistante, un manque de motivation à effectuer des tâches habituelles, une perte d’intérêt et de plaisir, une grande fatigue, des troubles du sommeil, une perte d’appétit… mais également un sentiment de désespoir, qui peut mener jusqu’à des pensées et gestes suicidaires.</p>
<p>Pendant longtemps, nous n’avons pas disposé de traitements adaptés. Jusqu’à ce que, dans les années 1950, on découvre fortuitement que certains médicaments, des inhibiteurs de l’enzyme de dégradation de la sérotonine testés jusque-là dans d’autres indications (comme antituberculeux), <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25643025/">avaient des effets positifs sur « l’humeur »</a>…</p>
<p>Cette observation a contribué à l’élaboration de l’hypothèse selon laquelle la dépression pouvait être une maladie causée par un déséquilibre biochimique de neurotransmetteurs, ces substances libérées entre cellules nerveuses.</p>
<p>Un neurotransmetteur particulièrement suspecté fut la <a href="https://theconversation.com/non-la-serotonine-ne-fait-pas-le-bonheur-mais-elle-fait-bien-plus-109280">sérotonine, dont il a été montré qu’il intervient dans la modulation des émotions</a>. En effet, la plupart des médicaments qui agissent comme antidépresseur ont pour effet de renforcer la disponibilité de la sérotonine, notamment en inhibant sa récupération par les neurones. Ces médicaments, de <a href="https://www.vidal.fr/medicaments/gammes/prozac-8447.html">type Prozac©</a>, sont ainsi devenus la classe d’antidépresseurs la plus fréquemment prescrite.</p>
<p>Cependant, environ 30 % des patients souffrant de dépression ne voient pas leur état s’améliorer par ces traitements. La recherche de nouveaux mécanismes neurobiologiques a donc été élargie.</p>
<h2>L’inflammation : une nouvelle piste prometteuse</h2>
<p>Le rôle de l’inflammation a, dans ce cadre, connu un intérêt grandissant pour les perspectives thérapeutiques qu’il permettrait d’ouvrir. Encore imparfaite, cette hypothèse s’appuie toutefois sur de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10442164/">multiples observations biologiques</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32150310/">et cliniques</a> telles que :</p>
<ul>
<li><p>Les patients souffrant de maladies inflammatoires chroniques présentent une prévalence élevée de troubles dépressifs ;</p></li>
<li><p>Des malades traités par immunothérapie avec des cytokines (petites protéines pro-inflammatoires) développent fréquemment un syndrome dépressif sévère ;</p></li>
<li><p>Des biomarqueurs de l’inflammation (cytokines pro-inflammatoires, protéine C-réactive ou CRP) sont souvent en quantité plus élevés dans le sang des patients présentant un épisode de dépression majeure. Un trait qui semble corrélé avec un profil clinique d’anhédonie (perte de la capacité à ressentir le plaisir) et de troubles cognitifs, et est souvent associé à la non-réponse aux médicaments antidépresseurs ;</p></li>
<li><p>Certains anti-inflammatoires réduisent l’état dépressif <em>per se</em> ou potentialisent l’effet clinique des antidépresseurs ;</p></li>
<li><p><a href="https://us.macmillan.com/books/9781250318145/theinflamedmind">L’état inflammatoire modifie le comportement et la connectivité cérébrale</a>, en particulier dans le système de récompense du cerveau, entre striatum ventral et le cortex frontal (circuit qui gère les émotions positives de bien-être).</p></li>
</ul>
<p>Ces observations établissant un lien entre pathologie mentale et inflammation sont suffisamment solides pour permettre l’émergence d’une nouvelle discipline : la psycho-neuro-immunologie ou immuno-psychiatrie. <a href="https://www.scimagojr.com/journalsearch.php?q=20695&tip=sid">Plusieurs journaux scientifiques internationaux de grande notoriété publient désormais des travaux dans ce champ émergent</a> et une <a href="https://t.numblr.net/pic/enc/cHJvZmlsZV9iYW5uZXJzLzE5NTExNzk3OTkvMTQ4ODg4ODc4NS8xNTAweDUwMA==">société internationale de neuro-immunologie a été fondée</a>.</p>
<h2>De multiples pistes à explorer</h2>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32150310/">L’hypothèse d’une composante inflammatoire dans la maladie mentale</a> a ceci d’intéressant qu’elle conduit à reconsidérer le trouble comme une pathologie de l’organisme entier et non comme exclusivement cérébrale : ce qui permet de dépasser une approche trop dichotomisante entre pathologies de l’esprit (maladies mentales) et pathologies somatiques (du corps).</p>
<p>La recherche dans ce domaine n’en est qu’à ses débuts, et l’origine de l’inflammation qui accompagne les pathologies mentales reste mal comprise. En effet, une inflammation est habituellement une réponse immunitaire non spécifique et transitoire en réaction à l’exposition à un corps étranger ou à un agent infectieux. Dans le cas de la maladie mentale, l’origine de l’inflammation doit être recherchée au niveau de l’organisme.</p>
<p>La responsabilité d’un glucocorticoïde (le cortisol), hormone du stress, a été également évoquée. Un stress chronique est en effet souvent un facteur déclenchant d’une pathologie dépressive.</p>
<p>On s’interroge aussi sur les mécanismes de dispersion de cellules immunitaires (macrophages) et des médiateurs de l’inflammation (interleukines pro-inflammatoires) du compartiment sanguin vers l’intérieur du cerveau. Cette entrée des macrophages est vraisemblablement la conséquence d’une modification de la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique, qui sépare les compartiments sanguin et cérébral.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28373688/">Des travaux expérimentaux</a> chez l’animal suggèrent que cette modification pourrait être la conséquence du stress mécanique induit par la circulation sanguine – une hypothèse désormais <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21349153/">bien documentée</a> en <a href="https://www.nature.com/articles/npp2017113">clinique humaine</a> (par de nouvelles techniques d’imagerie par ultrason par exemple.</p>
<p>L’intérêt de cette nouvelle approche est qu’elle est compatible avec le modèle biochimique préexistant. Un lien entre déficit de la transmission de la sérotonine et inflammation a en effet été trouvé : le chaînon manquant entre ces deux voies semble être la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30844963/">voie métabolique dite « Tryptophane/kynurénine/acide quinolinique »</a>.</p>
<p>Le tryptophane est un amino-acide qui nous est apporté par l’alimentation et est le précurseur de la sérotonine. Or, en cas d’inflammation ou de stress, les réactions biologiques de métabolisation du tryptophane sont détournées vers une autre molécule, la kynurénine, et d’autres produits ayant des propriétés oxydantes ou <a href="https://www.sciencedirect.com/topics/neuroscience/excitotoxicity">excito-toxiques</a> (toxiques pour les neurones) comme l’acide quinolinique.</p>
<h2>Au cœur des réactions biologiques impliquées</h2>
<p>Selon certains auteurs, 85 % des synapses de notre cortex cérébral utilisent un neurotransmetteur appelé glutamate – qui y serait ainsi le principal neurotransmetteur excitateur. Cela signifie que toute modification de l’activité des synapses « glutamatergiques » aura un impact élevé sur l’activité cérébrale. Or l’acide quinolinique est capable de se fixer sur les mêmes récepteurs que le glutamate pour en potentialiser l’effet (effet agoniste). Leur excès de stimulation conduit à un phénomène d’excito-toxicité, aboutissant à de la mort neuronale.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/436799/original/file-20211209-21-sp2s6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/436799/original/file-20211209-21-sp2s6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/436799/original/file-20211209-21-sp2s6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/436799/original/file-20211209-21-sp2s6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/436799/original/file-20211209-21-sp2s6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/436799/original/file-20211209-21-sp2s6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=589&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/436799/original/file-20211209-21-sp2s6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=589&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/436799/original/file-20211209-21-sp2s6x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=589&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La barrière hémato-encéphalique (H-E), entre compartiment sanguin et cérébral, est constituée, en partie, d’astrocytes, qui transportent TRP, KYN et 3–HK. Lorsque le métabolisme du TRP est dévié vers KYN, la sérotonine (5-HT) cérébrale baisse. Nous pensons que l’équilibre 5-HT/QUIN/KYNA joue un rôle majeur dans la dépression.</span>
<span class="attribution"><span class="source">d’après Troubat et coll., European Journal of Neurosciences</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette hypothèse de l’implication de la neuro-inflammation et de la voie métabolique des kynurénines excito-toxique dans la dépression est congruente avec l’hypothèse du rôle du glutamate dans la dépression. D’autant que des études pharmacologiques ont montré, chez l’humain, qu’une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10686270/">autre molécule capable cette fois de concurrencer le glutamate sur ses récepteurs (effet antagoniste), la kétamine, a des propriétés antidépressives puissantes et rapides</a>.</p>
<p>Mais ce n’est pas le seul intérêt de ce modèle : la découverte des liens entre système impliquant la sérotonine et inflammation permet aussi de mieux comprendre les liens entre dépression et pathologies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer.</p>
<p>Il a en effet été démontré en clinique humaine que la <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/the-british-journal-of-psychiatry/article/affective-disorders-and-risk-of-developing-dementia-systematic-review/343C1DA7C277F28256A0B4F0264CEE76">survenue d’épisodes dépressifs augmente la probabilité de développer, plus tard, un trouble comme la maladie d’Alzheimer</a>, ce qui suggère des mécanismes communs à ces deux pathologies.</p>
<p>Il a également pu être mis en évidence, chez l’animal, que le stress chronique perturbe certaines voies métaboliques dans des régions du cerveau impliquées dans la dépression chez l’humain – telles que l’amygdale (qui a un rôle de système d’alerte) et serait une des <a href="https://livre.fnac.com/a1652564/Joseph-Ledoux-Le-Cerveau-des-emotions">structures du circuit de la peur</a>.</p>
<p>L’inflammation et l’état de stress chronique conduisent aussi à l’accumulation de composés favorisant là encore la mort neuronale, qui caractérise les pathologies neuro-dégénératives de type Alzheimer.</p>
<p>On le voit, la prise en considération de la composante inflammatoire ouvre un champ de recherche prometteur. Elle permet non seulement d’envisager de nouvelles pistes thérapeutiques pour les maladies mentales comme la dépression, mais aussi de mieux comprendre leurs relations avec d’autres pathologies – neuro-dégénératives notamment.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/171459/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Esther Belzic a reçu des financements pour une bourse de thèse par la Fondation Recherche Alzheimer</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Negar Ahmadi a reçu une bourse de la part de labex (Laboratoire d’excellence) financée par l’ANR (l’agence national de la recherche) dans le cadre de sa thèse à l’IGF (institut génomique fonctionnelle) du CNRS. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Vincent Camus a reçu des financements DGOS AAP en recherche clinique.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pascal Barone ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
La dépression reste mal comprise, malgré les avancées diagnostiques et thérapeutiques. Bien des cas restent encore sans traitement. La découverte du rôle de l'inflammation ouvre des pistes inédites.
Pascal Barone, Maître de conférences en Neurosciences, UMR iBrain, imagerie et cerveau, univ-Tours/INSERM, laboratoire de psychiatrie neuro-fonctionnelle, Tours, France, Université de Tours
Esther Belzic, PhD à Neurosciences Paris Seine à l'institut de Biologie Paris Seine, CNRS UMR 8246, Inserm U1130, Sorbonne Université
Negar Ahmadi, PhD à Institut de Génomique Fonctionnelle, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Vincent Camus, Professeur des Universités-Praticien Hospitalier, Université de Tours & INSERM U1253, CHRU de Tours, Université de Tours
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/169787
2021-10-20T19:26:56Z
2021-10-20T19:26:56Z
Ne gardez pas vos écouteurs toute la journée… Vos oreilles aussi ont besoin de respirer !
<p>Les ventes d’écouteurs sans fil sont en plein essor : la société Apple aurait vendu, à elle seule, <a href="https://www.businessofapps.com/data/apple-statistics/">100 millions de jeux d’AirPods</a> en 2020. Ne plus être relié à nos téléphones ou à nos appareils par un cordon exaspérant fait que nous sommes plus susceptibles de garder nos écouteurs sur de longues périodes.</p>
<p>Lorsque cela se produit, vous pouvez remarquer que vos oreilles sont plus collantes ou cireuses… Pourquoi ? Ce phénomène est-il courant ? Et qu’arrive-t-il à nos oreilles ?</p>
<p>Bien que les écouteurs sans fil soient relativement nouveaux sur le marché, de nombreuses recherches ont été menées sur l’utilisation prolongée des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28846265/">aides auditives</a>, dont le mécanisme est souvent similaire. Il ressort de ces travaux que le port d’appareils intra-auriculaires sur de longues durées peut entraîner des problèmes de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4356173/">cérumen</a>.</p>
<h2>À quoi sert le cérumen ?</h2>
<p>La production de <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK448155/">cérumen</a> (cette sorte de « cire », en fait un lubrifiant naturel, de nos oreilles) est un processus normal chez l’homme et de nombreux autres mammifères. Il devrait toujours y en avoir une fine couche près de l’ouverture du canal auditif.</p>
<p>Cette sécrétion est à la fois imperméable et protectrice. Elle humidifie la peau du conduit auditif externe et agit comme un mécanisme de protection pour prévenir les infections, en constituant une barrière contre les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK448155/">insectes, les bactéries et l’eau</a>. Le cérumen humide est brun et collant, tandis que le cérumen sec est plutôt de couleur blanche.</p>
<p>En fait, le cérumen est une barrière tellement efficace que, au XIX<sup>e</sup> siècle, il était utilisé comme baume pour les <a href="https://theconversation.com/what-causes-dry-lips-and-how-can-you-treat-them-does-lip-balm-actually-help-161264">lèvres gercées</a> !</p>
<p>Il est produit dans la partie externe du <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK459335/">canal auditif</a>. Les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9433685/">glandes sébacées et les glandes sudoripares</a> des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4356173/">follicules pileux</a> locaux libèrent des sécrétions qui vont retenir la poussière, les bactéries, les champignons, les poils et les cellules mortes pour former le cérumen.</p>
<p>Le conduit auditif externe peut être considéré comme une sorte de système d’escalator, le cérumen se déplaçant toujours vers l’extérieur : ce qui empêche les oreilles de se remplir de cellules mortes. Cette migration du cérumen est également favorisée par les mouvements naturels de la mâchoire. Lorsque le cérumen atteint l’extrémité de l’oreille, il tombe tout naturellement.</p>
<h2>L’effet des écouteurs</h2>
<p>Notre oreille est donc autonettoyante et elle assure parfaitement cette fonction, en continu. Cependant, tout ce qui va bloquer la progression normale du cérumen vers l’extérieur peut causer des problèmes…</p>
<p>L’utilisation normale d’appareils intra-auriculaires <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4704552/">ne cause pas souvent</a> de souci. Mais conserver ses écouteurs, par exemple toute la journée, n’est pas sans conséquence. Ils peuvent notamment :</p>
<ul>
<li><p>comprimer le cérumen, le rendant moins fluide et plus difficile à <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30277727/">expulser</a> naturellement par le corps ;</p></li>
<li><p>bloquer le cérumen au point de causer une inflammation. Les globules blancs migrent alors vers la zone concernée, ce qui augmente encore le nombre de cellules impliquées dans le <a href="https://www.aafp.org/afp/2007/0515/p1523.html">bouchon</a> ;</p></li>
<li><p>gêner la circulation de l’air et empêcher le cérumen humide de sécher. Et lorsque le cérumen reste collant pendant de longues périodes, cela favorise son accumulation ;</p></li>
<li><p>emprisonner la sueur et l’humidité dans les oreilles, ce qui les rend plus sujettes aux <a href="https://journals.lww.com/thehearingjournal/fulltext/2010/03000/how_to_care_for_moist_ears.12.aspx">infections bactériennes et fongiques</a> ;</p></li>
<li><p>créer une barrière à l’expulsion naturelle du cérumen, ce qui finit par stimuler les glandes sécrétrices et augmenter la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4311346/">production de cérumen</a> ;</p></li>
<li><p>réduire l’hygiène générale de l’oreille. C’est encore amplifié si les coussinets des oreillettes ne sont pas nettoyés correctement ou s’ils sont <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8335768/">contaminés</a> par des bactéries ou des agents infectieux ;</p></li>
<li><p>endommager votre <a href="https://www.abc.net.au/news/2018-06-06/headphones-could-be-causing-permanent-hearing-damage/9826294">ouïe</a> si le volume est réglé trop haut.</p></li>
</ul>
<p>Si le cérumen s’accumule trop, cela peut donc provoquer des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4356173/">problèmes d’audition</a> ainsi que d’autres symptômes tels que des douleurs, des étourdissements, des acouphènes, des démangeaisons et des vertiges.</p>
<p>Aussi, si vous devez conserver vos oreillettes pendant une longue période, l’utilisation d’écouteurs supra-auriculaires, ou casques portés sur les oreilles, peut être préférable. Ils permettent le passage d’un petit <a href="https://www.wellandgood.com/do-headphones-increase-ear-wax/">flux d’air supplémentaire</a> par rapport aux écouteurs intra-auriculaires et oreillettes classiques.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une adolescente porte son casque autour du cou" src="https://images.theconversation.com/files/426448/original/file-20211014-25-9sn2o9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/426448/original/file-20211014-25-9sn2o9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/426448/original/file-20211014-25-9sn2o9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/426448/original/file-20211014-25-9sn2o9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/426448/original/file-20211014-25-9sn2o9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/426448/original/file-20211014-25-9sn2o9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/426448/original/file-20211014-25-9sn2o9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les casques sont moins problématiques que les oreillettes intra-auriculaires. Mais ils doivent aussi être enlevés régulièrement… et nettoyés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Burst/Pexels</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Comme ils se situent à l’extérieur du conduit auditif, les casques sont également moins susceptibles de provoquer un compactage du cérumen ou d’introduire des bactéries ou des agents pathogènes dans le conduit auditif.</p>
<p>Malgré cela, ce n’est pas idéal et une accumulation de cérumen peut toujours se produire.</p>
<h2>« Rien de plus petit que votre coude »</h2>
<p>Dans la plupart des cas, la meilleure façon de gérer le cérumen est de… <a href="https://www.scientificamerican.com/article/the-dangers-of-excessive-earwax/">ne rien faire</a>. Il est déconseillé d’utiliser trop fréquemment des cotons-tiges, car cela risque de le refouler dans le conduit auditif. Le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK2333/">conseil de longue date</a> est de ne rien mettre de plus petit que votre coude dans votre oreille – en d’autres termes, n’y mettez rien !</p>
<p>Certaines méthodes dites traditionnelles, comme les gouttes d’huile d’olive ou les bougies auriculaires, peuvent également avoir des effets indésirables et ne sont pas utiles.</p>
<p>Si vous avez des problèmes de cérumen ou d’audition, votre médecin disposera d’une série d’options de traitement pour vous aider. Il pourra également vous orienter vers le service de santé adéquat si cela nécessite une prise en charge à plus long terme. Dans un premier temps, il examinera votre oreille à l’aide d’un instrument spécial (otoscope) et déterminera l’étendue de l’éventuel blocage ou <a href="https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/earwax-blockage/diagnosis-treatment/drc-20353007">dysfonctionnement</a>.</p>
<p>Quoiqu’il en soit, l’oreille a un merveilleux processus d’autonettoyage et nous devons faire de notre mieux pour laisser ce processus se dérouler naturellement. Dans la plupart des cas, les écouteurs ne posent pas de problème, mais pensez à surveiller le temps que vous passez à les porter. Et veillez à toujours maintenir le volume à un niveau sûr…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/169787/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Pourquoi s’embêter à enlever ses écouteurs, surtout maintenant qu’ils sont sans fil ? Tout simplement parce qu’ils empêchent la bonne aération du conduit auditif, ce qui n’est pas sans risque…
Charlotte Phelps, PhD Student, Bond University
Christian Moro, Associate Professor of Science & Medicine, Bond University
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/168451
2021-09-27T20:45:32Z
2021-09-27T20:45:32Z
Covid-19 : les pistes pour comprendre pourquoi l’obésité est un facteur de risque
<p>Après un an et demi de pandémie de Covid-19, la recherche scientifique a eu le temps d’investiguer la maladie et les spécificités de son développement. Après l’âge, l’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32649962/">obésité est désormais considérée comme le deuxième facteur de risque d’être hospitalisé suite à une infection par le virus SARS-CoV-2</a>. Le lien entre obésité et maladies respiratoires ayant déjà été établi, par exemple pour l’apnée du sommeil, cette corrélation ne nous a pas particulièrement surpris.</p>
<p>Néanmoins, des interrogations demeurent pour expliquer les mécanismes impliqués et notamment quant au rôle du tissu adipeux dans la sévérité de la maladie.</p>
<p>Depuis les débuts de l’épidémie, les données s’accumulent pour montrer que parmi les patients atteints de la Covid, environ 5 % sont hospitalisés en soins intensifs du fait de l’emballement de leur système immunitaire associé à une réaction inflammatoire excessive. C’est le fameux « orage cytokinique ».</p>
<p>Les patients obèses semblent y être particulièrement vulnérables. Pour améliorer la prise en charge et identifier des traitements adaptés, il est essentiel de comprendre pourquoi, et d’identifier quelles caractéristiques biologiques et immunologiques participent à ce phénomène.</p>
<h2>Le rôle du tissu adipeux</h2>
<p>L’obésité ne correspond pas seulement à un indice de masse corporelle (IMC) élevé – soit le poids divisé par la taille au carré, égal ou supérieur à 30kg/m<sup>2</sup>. Elle se caractérise également par un excès de tissu adipeux (l’ensemble des cellules stockant les graisses, ou adipocytes). Par ailleurs, les personnes avec un IMC élevé présentent des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/14679176/">signes persistants d’inflammation liés à la production, par le tissu adipeux, de résidus métaboliques</a> que certaines cellules immunitaires identifient comme des « signaux de danger ».</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Tissu adipeux et intervention de cellules immunitaires lors d’une inflammation" src="https://images.theconversation.com/files/422899/original/file-20210923-22-133twfo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422899/original/file-20210923-22-133twfo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422899/original/file-20210923-22-133twfo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422899/original/file-20210923-22-133twfo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=436&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422899/original/file-20210923-22-133twfo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422899/original/file-20210923-22-133twfo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422899/original/file-20210923-22-133twfo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=548&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les tissus adipeux, chez les personnes obèses, sont le siège de réactions inflammatoires chroniques. Ces dernières pourraient s’aggraver lors d’une infection par le SARS-CoV-2.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Designua/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Du fait de cette inflammation préexistante, plusieurs équipes de recherche avaient émis l’hypothèse que ces patients seraient plus à risque de développer une forme sévère de la maladie. L’infection pulmonaire par le SARS-CoV-2 aggraverait ainsi l’inflammation préexistante, créant des dégâts plus importants au niveau des poumons et se généralisant dans les cas les plus sévères à d’autres organes.</p>
<p>Toujours à l’étude, cette piste n’explique toutefois pas pourquoi une telle inflammation n’est pas observée à un degré similaire chez les personnes obèses lors d’infections par d’autres coronavirus, comme le MERS-CoV ou le SARS-CoV. Il est donc essentiel de poursuivre les investigations pour déterminer quelles sont les particularités du SARS-CoV-2 qui entraînent un tel emballement immunitaire en cas d’obésité.</p>
<h2>Infection et inflammation</h2>
<p>Une autre piste de recherche se dessine : lors de l’infection par le virus SARS-CoV-2, la réponse du système immunitaire entraîne un afflux de cytokines pro-inflammatoires – de petites protéines sécrétées par les cellules immunitaires, et qui contribuent à orienter notre défense. Les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25366964/">interactions entre cytokines et adipocytes du tissu adipeux seraient responsables de l’inflammation excessive observée</a>.</p>
<p>Stimulés par ces cytokines, les adipocytes vont également activer les voies de dégradation des lipides qu’ils stockent, ce qui conduit à la libération de quantités importantes d’acides gras dans l’organisme. Cette altération du métabolisme lipidique accentuerait les processus inflammatoires et contribuerait à la destruction de cellules au niveau de certains organes.</p>
<p>Il faut également noter ici que l’obésité masculine favorise une accumulation du tissu adipeux dans la cavité viscérale et donc à proximité des organes vitaux. Ce qui pourrait en partie expliquer la plus grande sévérité des infections Covid-19 chez les hommes par rapport aux femmes.</p>
<h2>D’autres pistes encore à explorer</h2>
<p>Il est également nécessaire de poursuivre les travaux sur le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32413319/">rôle du récepteur ACE2</a>. Présent à la surface de différents types cellulaires, ce dernier joue un rôle clé auprès du SARS-CoV-2 responsable de la Covid-19 puisque c’est lui qui <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32142651/">permet l’entrée de ce virus dans les cellules de l’hôte</a>. Or, de nombreux récepteurs ACE2 sont présents à la surface des adipocytes, faisant donc de ce tissu un réservoir potentiel pour la réplication virale. Présentant un nombre d’adipocytes plus élevé, les personnes obèses ont par ailleurs une surface de cellules pouvant être infectée plus importante.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des virus SARS-CoV-2 se fixent à leur récepteur ACE2 à la surface d’une cellule" src="https://images.theconversation.com/files/422902/original/file-20210923-27-8xh6mi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/422902/original/file-20210923-27-8xh6mi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/422902/original/file-20210923-27-8xh6mi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/422902/original/file-20210923-27-8xh6mi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/422902/original/file-20210923-27-8xh6mi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/422902/original/file-20210923-27-8xh6mi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/422902/original/file-20210923-27-8xh6mi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le virus SARS-CoV-2 utilise le récepteur ACE2 (en bleu), placé à la surface des cellules, pour y pénétrer. Or les cellules adipeuses, particulièrement nombreuses chez les personnes obèses, portent de nombreux ACE2 qui les rendent d’autant plus vulnérables au virus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En outre, il peut être intéressant d’étudier le système hormonal Rénine-Angiotensine-Aldosterone de l’organisme, qui joue un rôle physiologique essentiel dans la régulation cardiaque, rénale et de la pression artérielle. De nombreux acteurs de ce système se trouvent présents dans le tissu adipeux, et pourraient établir un lien avec l’hypertension qui est un autre facteur de risque de sévérité de la maladie Covid-19.</p>
<p>Enfin, il convient de rappeler que les lipides stockés par les adipocytes jouent un rôle clé dans le cycle de vie des virus : ils fournissent notamment l’énergie nécessaire à la réplication virale, mais jouent aussi un rôle crucial dans l’entrée du virus dans la cellule infectée, comme dans la libération de nouvelles particules virales.</p>
<p>La compréhension de ces mécanismes doit encore être approfondie, mais il est probable que ceux-ci expliquent en partie la sévérité de l’infection chez les patients obèses.</p>
<h2>Perspectives et recherche thérapeutique</h2>
<p>À mesure que nos connaissances sur cette nouvelle maladie progressent, nous nous rendons compte de la diversité et de la complexité des symptômes. Ceux-ci semblent établir un lien évident entre la sévérité de l’infection Covid-19 et la préexistence de différents facteurs de risque, parmi lesquels l’obésité est aujourd’hui l’un des mieux validés. Toutefois, mettre en évidence les liens possibles entre ces différents facteurs de risque nécessite à présent une stratification optimale de l’ensemble des patients Covid-19. En d’autres termes, il faut que l’ensemble des paramètres physiologiques et cliniques pour chaque patient puisse être référencé afin d’en permettre une analyse détaillée.</p>
<p>Des équipes de recherche travaillent déjà sur la base de ces hypothèses à développer de nouveaux traitements, notamment des molécules ciblant le récepteur ACE2 et capables de bloquer l’entrée du virus dans les cellules. Dans l’attente de résultats prometteurs, des interventions sur le mode de vie, pour limiter les problèmes liés à l’obésité, pourraient être envisagées. Par exemple, plusieurs études ont mis en avant l’intérêt d’un régime méditerranéen et d’une activité physique régulière pour réduire à plus long terme les signes d’inflammation chronique chez les personnes obèses.</p>
<p>Au-delà de ces travaux, il sera aussi essentiel de proposer un suivi adéquat à ces patients, afin de comprendre s’ils sont également plus à risque de séquelles.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/168451/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Vitale a reçu des financements de la Fondation pour la Recherche Médicale, la Ligue Contre le Cancer, l'Agence Nationale pour la Recherche</span></em></p>
Très tôt, l’obésité a été identifiée comme facteur de risque face à la Covid. Restait à comprendre pourquoi… Plusieurs pistes ont été identifiées, et contribuent déjà au développement de traitements.
Nicolas Vitale, Directeur de recherche, Inserm
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/163746
2021-07-29T17:14:29Z
2021-07-29T17:14:29Z
La vie secrète des plaquettes sanguines
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/409282/original/file-20210701-27-df5yc5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=51%2C0%2C5760%2C3811&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tubes de sang en deux couches - cellules sanguines en bas et plasma des plaquettes en haut - après passage dans une centrifugeuse.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/preparing-plasmolifting-blood-tubes-two-layers-241407193">Iryna Kalamurza/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>La cicatrisation fait partie de ces capacités si primordiales et omniprésentes… qu’on ne la remarque même plus. À la moindre coupure ou écorchure, à la moindre plaie, les plaquettes sanguines s’activent à sa cicatrisation et, y arrêtant les saignements tels des pansements physiologiques, nous empêche de nous vider de notre sang.</p>
<p>En termes scientifiques, on parle de « maintien de l’hémostase ». Ce système n’a qu’un seul inconvénient : lorsqu’il fonctionne trop bien, il peut jouer contre nous et générer des thrombus, sortes de caillot en mouvement qui risquent d’entraîner des <a href="https://www.nature.com/articles/s41569-018-0110-0.">crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux</a>.</p>
<p>Malgré une fonction aussi importante, les plaquettes ont longtemps été reléguées aux oubliettes.</p>
<h2>Petites au milieu de l’essaim du sang</h2>
<p>Le sang est pourtant l’un des tissus (liquides) les plus étudiés. Depuis les globules rouges et leur fonction bien connue de transport de l’oxygène vers tous nos tissus et organes, jusqu’aux globules blancs, qui constituent les différentes lignes de défense de notre système, en passant par le plasma et sa cohorte de protéines, de lipides, de nutriments et de minéraux.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Les plaquettes sont bien plus petites que les globules rouges et blancs" src="https://images.theconversation.com/files/413304/original/file-20210727-19-wsrzpn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413304/original/file-20210727-19-wsrzpn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413304/original/file-20210727-19-wsrzpn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413304/original/file-20210727-19-wsrzpn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413304/original/file-20210727-19-wsrzpn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413304/original/file-20210727-19-wsrzpn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413304/original/file-20210727-19-wsrzpn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Globule rouge, plaquette et globule blanc (par MEB).</span>
<span class="attribution"><span class="source">The National Cancer Institute at Frederick</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Avec une telle foule, il n’est finalement pas si aberrant que ses plus petits membres se soient trouvés négligés. D’autant que les plaquettes sont non seulement petites, mais elles ne sont pas gratifiées du rang de cellule, étant dépourvues de noyau et donc d’ADN. D’une certaine manière, elles sont en effet de simples fragments de cellules, des « poussières de sang », comme elle furent décrites à leur première observation.</p>
<p>Mais attention car, loin d’être un inconvénient, l’absence de noyau se traduit par un espace plus important pour stocker toutes sortes de protéines, tant à l’intérieur qu’à leur surface. De plus, leur petite taille leur donne suffisamment de souplesse pour pouvoir se glisser dans les recoins les plus étroits et les plus cachés de notre corps.</p>
<h2>Une non-cellule très polyvalente</h2>
<p>Nous avons plus d’un trillion de plaquettes en circulation et, étant donné que leur durée de vie est d’à peine une semaine, notre moelle osseuse est chargée de les produire au rythme d’un milliard par jour.</p>
<p>Il y a quelques années seulement, la communauté scientifique a commencé à se demander comment il était possible que les plaquettes, si nombreuses, soient uniquement dédiées à la coagulation. L’hypothèse selon laquelle elles pourraient jouer des rôles supplémentaires a peu à peu fait son chemin et les chercheurs les ont alors découvertes dans des situations, tant physiologiques que pathologiques, auxquelles elles n’avaient jamais été associées.</p>
<p>Ainsi, alors que nous pensions tout savoir sur elles, une myriade d’articles ont montré que nous les avions sous-estimées. Que les plaquettes possédaient en fait toute une vie secrète qui nous avait jusque-là échappé.</p>
<h2>Membres de la patrouille immunitaire</h2>
<p>Pour commencer, les plaquettes jouent un rôle majeur <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26293514/">dans l’inflammation</a> et la réponse immunitaire. Grâce à leurs inlassables patrouilles dans le sang, elles sont parmi les premières à remarquer si des agents étrangers (virus ou bactéries, par exemple) causent des dommages. Lorsque cela se produit, elles libèrent une pléthore de molécules qui induisent une inflammation dans la zone et alertent les différents intervenants du système immunitaire du danger.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Les plaquettes sont capables de se fixer sur les cellules qui les entourent" src="https://images.theconversation.com/files/413309/original/file-20210727-24-6mw4la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413309/original/file-20210727-24-6mw4la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=748&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413309/original/file-20210727-24-6mw4la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=748&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413309/original/file-20210727-24-6mw4la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=748&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413309/original/file-20210727-24-6mw4la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=940&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413309/original/file-20210727-24-6mw4la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=940&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413309/original/file-20210727-24-6mw4la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=940&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Omniprésentes, les plaquettes (vert) multiplient les rôles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Dennis Kunkel, Dennis Kunkel Microscopy, Inc./Zeiss Microscopy/Flickr</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>De plus, elles participent très activement à leur élimination, <a href="https://www.nature.com/articles/nri2956">soit en collaboration avec les globules blancs, soit seuls</a>. Ce rôle est également une arme à double tranchant, puisqu’elles ont été liées à l’origine et à l’évolution de certaines maladies auto-immunes, telles que <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/eci.12101">l’athérosclérose ou la polyarthrite rhumatoïde</a>.</p>
<p>Leur grosse cargaison moléculaire est également multi-fonction : les quelques <a href="https://ashpublications.org/blood/article/120/15/e73/30645/The-first-comprehensiveand-quantitative-analysis.">4 000 protéines différentes</a> qu’elles charrient peuvent être libérées ou retirées de la circulation sanguine, selon les besoins du moment. Les plus populaires sont peut-être les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/bdrc.10030">facteurs de croissance</a>, qui interviennent dans des domaines aussi variés que le développement embryonnaire ou la médecine régénérative, dans la reconstruction de tissus endommagés après une blessure, et même au niveau neurologique.</p>
<p>La cargaison plaquettaire comprend également de la sérotonine, impliquée dans la promotion de la <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/rth2.12254">régénération du foie</a> lorsqu’il a été endommagé ou partiellement éliminé. C’est d’ailleurs la présence de sérotonine dans les plaquettes, ainsi que d’autres protéines (<a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00018-009-0201-5">rééline</a>, peptide β-amyloïde) typiquement associées aux neurones, qui a été utilisée pour établir l’hypothèse d’un lien entre les deux, la première étant le miroir de ce qui se passe dans la seconde.</p>
<h2>Une cape d’invisibilité pour le cancer ?</h2>
<p>Enfin, on ne peut négliger le possible rôle des plaquettes dans le cancer, plus précisément <a href="https://ashpublications.org/blood/article/126/5/582/126435/Platelets-at-the-interface-ofthrombose">dans les métastases</a>. Les cellules tumorales qui se déplacent dans le sang à la recherche d’un nouvel organe à coloniser ont un taux de survie extrêmement faible. Cependant, nos plaquettes seraient prêtes à leur prêter main forte, en se collant à eux et en les entourant, comme une sorte de cape d’invisibilité, empêchant les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1535610818300709?via%3Dihub">cellules du système immunitaire de les détecter et de les éliminer</a>.</p>
<p>Non contents de cela, elles favoriseraient leur transfert du sang vers un nouvel organe. En plus de créer un environnement favorable aux cellules cancéreuses après leur installation, elles pourraient contribuer à la croissance de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse) qui les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1535610818300709?via%3Dihub">alimentent en oxygène et en nutriments</a>.</p>
<p>En bref, au cours des dernières années, l’étude des plaquettes nous a permis de découvrir qu’elles sont impliquées dans un bien plus grand nombre de fonctions que nous ne le pensions, tant au niveau de la santé que de la maladie. Cela en fait non seulement des acteurs très importants pour la recherche, mais aussi des cibles potentielles et des facteurs thérapeutiques, avec la possibilité d’aider un nombre important et diversifié de patients.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a remporté le <a href="https://theconversation.com/un-articulo-sobre-los-beneficios-cerebrales-de-la-musica-gana-el-certamen-de-divulgacion-fundacion-lilly-the-conversation-163407">deuxième prix de la première édition du concours de vulgarisation pour jeunes organisé par la Fondation Lilly et The Conversation España</a></em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163746/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Patricia Martínez Botía ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Incontournables dans la coagulation, les plaquettes multiplient les rôles. Comme on le découvre, elles sont des éléments clés dans l’inflammation, l’immunité, la régénération des tissus et le cancer.
Patricia Martínez Botía, Investigadora predoctoral Severo Ochoa en Biomedicina. Grupo de Investigación en Plaquetas, Instituto de Investigación Sanitaria del Principado de Asturias (ISPA) y Universidad de Oviedo., Universidad de Oviedo
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tag:theconversation.com,2011:article/159748
2021-04-27T12:27:18Z
2021-04-27T12:27:18Z
Pas d’effets secondaires après le vaccin ? Pas de problèmes !
<p>La plupart des vaccins ont des effets secondaires et ceux contre la Covid-19 ne font pas exception. Bien des gens se sentent <a href="https://www.nhs.uk/conditions/coronavirus-covid-19/coronavirus-vaccination/coronavirus-vaccine/#side-effects">rassurés</a> s’ils ont mal au bras à l’endroit où ils ont reçu l’injection, s’ils sont fatigués, ont mal à la tête, de la fièvre ou des nausées. Ce ne sont là que des signes que leur système immunitaire fonctionne comme il le devrait.</p>
<p>À l’inverse, l’absence d’effets secondaires peut inquiéter : mon système immunitaire ne semble pas faire ce qu’il est censé faire… cela signifie-t-il qu’il n’est pas apte à me protéger ?</p>
<p>Rassurez-vous, cela ne signifie rien de tel. Les essais cliniques du vaccin menés par <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2034577">Pfizer</a> montrent que la moitié des participants n’ont pas ressenti d’effets secondaires importants pendant l’essai, alors que 90 % d’entre eux ont développé une immunité contre le virus. Et les recommandations qui suivent l’injection du <a href="https://www.openaccessgovernment.org/what-are-the-side-effects-of-the-moderna-vaccine/106767/">vaccin Moderna</a> indiquent que des effets secondaires courants peuvent être ressentis par une personne sur dix, alors que le vaccin protège 95 % des personnes qui le prennent.</p>
<p>Ces différences dans les réactions peuvent s’expliquer en considérant la manière dont le système immunitaire développe une immunité protectrice contre les virus lorsqu’il est déclenché par un vaccin. La plupart des vaccins contre la Covid-19 utilisent une protéine virale présente sur l’enveloppe extérieure du coronavirus, appelée protéine spike, pour imiter une infection virale naturelle et déclencher une réponse immunitaire.</p>
<p>La branche de la réponse immunitaire connue sous le nom d’immunité innée réagit presque immédiatement à la protéine spike virale. Elle lance une attaque contre elle en initiant une inflammation, dont les signes caractéristiques sont la fièvre et la douleur. C’est donc la réponse immunitaire innée qui provoque les effets secondaires courants que les gens ressentent un jour ou deux après avoir été vaccinés.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/k9QAyP3bYmc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’immunité innée et adaptative expliquée.</span></figcaption>
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<p>Une immunité spécifique durable, qui est le but ultime de toute vaccination, n’est obtenue qu’en activant la deuxième branche de la réponse immunitaire : l’immunité adaptative. L’immunité adaptative est déclenchée à l’aide des <a href="https://doi.org/10.1086/529197">composants de l’immunité innée</a> et se traduit par la production de lymphocytes T et d’anticorps, qui protègent contre l’infection lors d’une exposition ultérieure au virus.</p>
<p>Contrairement à l’immunité innée, l’immunité adaptative ne peut pas déclencher d’inflammation, bien que des <a href="https://www.hindawi.com/journals/jir/2018/1467538/">études récentes</a> suggèrent qu’elle peut y contribuer de manière significative. Chez certaines personnes, la réponse inflammatoire des systèmes immunitaires inné et adaptatif est exagérée et se manifeste comme un effet secondaire. Chez d’autres, bien qu’elle fonctionne normalement, elle n’atteint pas des niveaux qui pourraient provoquer des effets secondaires notables. Dans tous les cas, l’immunité contre le virus est établie.</p>
<h2>Qu’est-ce qui cause une réponse immunitaire différente ?</h2>
<p>Les scientifiques ont remarqué que les personnes âgées de plus de 65 ans présentent moins d’effets secondaires au vaccin. Cela peut être attribué au déclin progressif de l’activité immunitaire lié à l’âge. <a href="https://doi.org/10.1086/529197">Bien que ce phénomène puisse être en lien avec une baisse du taux d’anticorps</a>, les personnes concernées conservent une immunité contre le virus.</p>
<p>Hommes et femmes ne réagissent pas de la même manière. Dans une étude américaine, <a href="https://www.cdc.gov/mmwr/volumes/70/wr/mm7008e3.htm">79 % des rapports sur les effets secondaires</a> provenaient de femmes. Ce déséquilibre entre les sexes pourrait avoir un rapport avec la testostérone. Elle a tendance à <a href="https://doi.org/10.1046/j.1365-2249.1996.d01-842.x">atténuer l’inflammation</a> et donc les effets secondaires qui y sont associés. Les hommes ont davantage de testostérone que les femmes, ce qui pourrait contribuer à ce que moins d’effets secondaires soient signalés chez eux.</p>
<p>Les personnes souffrant de maladies inflammatoires chroniques, telles que la polyarthrite rhumatoïde, les maladies inflammatoires de l’intestin et la sclérose en plaques, qui prennent des médicaments immunosuppresseurs pour contrôler leurs symptômes, peuvent ressentir moins d’effets secondaires en raison d’une réponse inflammatoire atténuée. Cela ne signifie pas qu’elle est inexistante. <a href="https://ard.bmj.com/content/early/2021/03/24/annrheumdis-2021-220272#T1">Une étude réalisée en 2020</a> a comparé les taux d’anticorps chez les personnes sous immunosuppresseurs et chez celles qui n’en prenaient pas. Les premières produisaient moins d’anticorps, mais aucune d’entre elles n’était dépourvue d’anticorps antiviraux.</p>
<p>Les effets secondaires des vaccins ne doivent pas être considérés comme une mesure de l’efficacité du vaccin. Malgré la diversité des réponses immunitaires après l’injection, la plupart des personnes obtiennent une immunité contre le coronavirus lors de la vaccination, indépendamment de la présence, de l’absence ou de la gravité des effets secondaires.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/159748/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Veenu Manoharan ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles votre système immunitaire peut réagir différemment aux vaccins.
Veenu Manoharan, Lecturer of Immunology, Cardiff Metropolitan University
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2021-03-05T21:31:26Z
2021-03-05T21:31:26Z
Un an plus tard, que sait-on de l’infection des enfants par le coronavirus SARS-CoV-2 ?
<p><em>À quelques jours de la date anniversaire de la déclaration de pandémie de Covid-19 par l’Organisation mondiale de la santé, le 11 mars 2020, les professeurs de pédiatrie Christèle Gras-Le Guen, présidente de la société française de pédiatrie, et Régis Hankard, coordonnateur du réseau de recherche clinique pédiatrique Pedstart, font le point sur les effets du coronavirus SARS-CoV-2 sur les enfants.</em></p>
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<p><strong>The Conversation : Il est apparu dès le début de l’épidémie que les enfants étaient plutôt épargnés par la Covid 19. Les choses ont-elles changé ?</strong></p>
<p><strong>Christèle Gras-Le Guen :</strong> Non, les choses n’ont pas changé. En France, les mineurs infectés par le SARS-CoV-2 depuis le début de l’épidémie représentent moins de 5 % de l’ensemble des patients contaminés par ce coronavirus.</p>
<p>Les formes cliniques de la Covid-19 chez l’enfant qui ont été décrites sont soit des formes asymptomatiques, soit des formes très peu de symptomatiques. Les formes graves restent exceptionnelles : selon les données de Santé Publique France, les hospitalisations pour Covid-19 chez les moins de 18 ans, c’est moins de 0,1 % de toutes les hospitalisations Covid. </p>
<p>Avant 10 ou 11 ans, la fréquence de la maladie est très faible, et lorsque ces enfants sont malades, ils font des formes tout à fait bénignes. À ce jour, on ne déplore en France que 6 décès d’enfants en lien avec le SARS-CoV-2, contre plus de 85000 chez l’adulte en France. </p>
<p>Ces décès concernaient des enfants d’âges variables, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32518045/">certains étaient porteurs de maladies chroniques, mais pas tous</a>.
En avril, la Société Francaise de Pédiatrie a sollicité toutes les sociétés savantes spécialisées dans le suivi des enfants atteints de maladies chroniques : pneumopédiatres, neuropédiatres, pédiatres spécialisés en nutrition… Personne n’a décelé de signal indiquant que ces pathologies chroniques pouvaient être à risque de formes sévères. </p>
<p>L’année qui s’est écoulée a en revanche confirmé que l’influence de l’âge sur la forme clinique de la maladie est très marquée. Les nouveau-nés ne sont quasiment pas concernés par cette maladie, puis à mesure que l’on vieillit et que l’on s’approche de l’âge adulte, les symptômes se rapprochent de ce que l’on connaît chez l’adulte.</p>
<p>Il faut probablement distinguer les moins de 10 ou 11 ans des préadolescents et des adolescents, qui développent des formes cliniques qui se rapprochent progressivement de celles des adultes.</p>
<p><strong>TC : Les variants n’ont rien changé à cette situation ?</strong></p>
<p><strong>C G-LG :</strong> Non, aujourd’hui il est clair que ces variants ne concernent pas plus les enfants que les autres classes d’âge, même si une rumeur a défrayé la chronique voici quelques semaines. Elle était partie d’une interview donnée par une infirmière d’un hôpital londonien : interviewée par la BBC, cette soignante avait affirmé que son service était rempli d’enfants atteints par le nouveau variant. L’information avait été largement diffusée via les réseaux sociaux notamment, or il s’est avéré par la suite que la raison pour laquelle son service accueillait tant d’enfants était une redistribution des moyens des équipes de pédiatrie en sous-activité, pour décharger les services d’adultes !</p>
<p><strong>TC : Où en sont les connaissances sur le syndrome inflammatoire « Kawasaki-like » (Multi-Inflammatory Syndrome in Children, MIMS en français et MIS-C en anglais), qui touche certains enfants dans les semaines qui suivent l’infection ?</strong></p>
<p><strong>C G-LG :</strong> On sait que ce symptôme concerne des enfants <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32493739/">avec un âge médian de 8 ans</a>. En cela, il diffère du syndrome de Kawasaki classique, qui affecte plutôt des enfants plus jeunes. Il n’est pas le fait direct du virus : il est causé par une réaction inadaptée du système immunitaire de certains enfants, 3 a 4 semaines après la fin de l’infection. Cette réaction peut également toucher des enfants qui n’étaient pas connus pour avoir fait l’infection en cas de forme asymptomatique. </p>
<p>Il faut cependant rassurer les parents : les symptômes de ce syndrome sont désormais bien connus des pédiatres et on sait le traiter efficacement. Un consortium français vient d’ailleurs de publier <a href="https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2776054">une étude présentant une association efficace de deux molécules à cet effet</a>.</p>
<p><strong>TC : Le contrôle de l’épidémie reposera probablement en grande partie sur une couverture vaccinale la plus large possible. Quid des enfants dans ce contexte ?</strong></p>
<p><strong>Régis Hankard :</strong> À terme, l’objectif affiché est de vacciner 60 millions de personnes, ce qui à l’évidence inclut aussi les enfants. </p>
<p>Quand on commence une campagne de vaccination, on cherche à protéger les gens les plus à risque, ou ceux dont on ne peut se passer. Pour éviter que le système de santé ne s’effondre, on a donc commencé par protéger les soignants. Parce que les personnes âgées sont celles qui présentent le risque le plus élevé de développer des formes sévères, elles ont aussi fait partie des personnes prioritaires. Les enfants étant assez peu atteints, ils seront vaccinés plus tard, lorsqu’on aura suffisamment avancé.</p>
<p><strong>TC : Quels sont les prérequis à la vaccination des enfants ?</strong></p>
<p><strong>RH :</strong> Les vaccins sont des médicaments, ils nécessitent donc d’obtenir une autorisation de mise sur le marché de la part des autorités compétentes. Pour cela, il faut que des études aient évalué non seulement leur efficacité, mais aussi l’absence de risque, afin de s’assurer que leur utilisation ne pose pas de problème. Des essais cliniques visant à valider l’utilisation chez l’enfant des vaccins actuellement utilisés pour les adultes, comme celui de Moderna, sont en cours en vue d’obtenir une telle autorisation de mise sur le marché.</p>
<p>Il faut savoir que la recherche clinique chez l’enfant est plus compliquée que chez l’adulte, car il faut considérer différentes classes d’âge. En outre, il est non seulement nécessaire d’obtenir la coopération de l’enfant, mais aussi l’accord de ses parents, bien entendu. </p>
<p>En France, la recherche sur le vaccin anticovid est centralisée par le réseau <a href="https://www.covireivac.fr">Covireivac</a>, qui fait partie de l’infrastructure de recherche clinique F-Crin (French Clinical Research Infrastructure Network). Ce réseau fait le lien entre le ministère de la Santé, celui de la Recherche et les industriels. L’idée est d’avoir le même dispositif chez l’enfant, via notre réseau de recherche Pedstart (faisant lui aussi partie de F-Crin).</p>
<p><strong>TC : À propos de recherche en pédiatrie, quels sont les travaux qui mobilisent actuellement les équipes ?</strong></p>
<p><strong>C G-LG :</strong> Des équipes de scientifiques tentent actuellement d’éclaircir les raisons qui font que les enfants développent des formes de la maladie si différentes de celles des adultes. Les récepteurs utilisés par le virus pour infecter les cellules sont particulièrement étudiés. Les réactions immunitaires des enfants et des adultes sont également scrutées avec attention. Il reste encore de nombreux mystères à éclaircir.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/covid-19-et-enfants-comprendre-la-maladie-chez-les-enfants-aidera-aussi-les-adultes-138275">Covid-19 et enfants : « Comprendre la maladie chez les enfants aidera aussi les adultes »</a>
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<p><strong>TC : La pandémie a-t-elle eu des conséquences inattendues ?</strong></p>
<p><strong>C G-LG :</strong> On a vu cette année une diminution des autres infections. De mémoire de pédiatre, c’est la première année que la saison hivernale se passe sans gastro-entérite, sans grippe et sans bronchiolite, c’est assez incroyable ! </p>
<p>Cela s’est traduit par une diminution de l’affluence dans les services d’urgences pédiatriques. Celle-ci a été très marquée pendant le premier confinement, un peu moins pendant le deuxième, cependant cet effet persiste encore : les services pédiatriques accueillent actuellement moins d’enfants que les autres années, en France comme à l’étranger. Il faudra cependant être vigilant, car en Australie, la bronchiolite est arrivée plus tardivement, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7543326/#:%7E:text=Public%20health%20measures%20during%20the,2020%3B%20despite%20reopening%20of%20schools.">mais la vague d’infection en cours semble particulièrement forte</a>.</p>
<p>Cette pandémie a malheureusement également eu des conséquences indirectes très négatives : on constate partout en France un afflux, depuis le mois d’octobre, d’enfants présentant des troubles anxieux, des troubles de l’humeur, voire des dépressions graves, accompagnées d’idées ou de gestes suicidaires. Cette constatation <a href="https://cdn.theconversation.com/static_files/files/1507/2021-02-05_re%CC%81ponse_SFP_%281%29.pdf?1614955092">concerne toutes les régions françaises</a>, y compris celles où le virus a peu circulé.</p>
<p>Ces enfants, préadolescents ou adolescents sont plutôt plus jeunes que ceux que nous accueillons d’habitude, et leur état est a priori plus grave. Ainsi, depuis novembre, six tentatives de suicide ont eu lieu alors même que les enfants étaient hospitalisés dans notre service, ce qui est très inhabituel : en général, une fois pris en charge, leur état s’améliore et s’apaise, ce qui n’est plus forcément le cas en ce moment.</p>
<p>Il faut souligner que si les enfants qui vont mal viennent pour environ la moitié des cas de milieux familiaux affectés par des problèmes médico-psychosociaux, l’autre moitié est issue de familles sans difficultés préexistantes. Dans les mois à venir, il faudra donc être particulièrement attentif aux conséquences de la crise sanitaire sur la santé mentale des enfants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156600/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Alors que l’épidémie de SARS-CoV-2 a entraîné des dizaines de milliers de décès d’adultes dans notre pays, les enfants n’ont été que très peu touchés par ce nouveau coronavirus.
Régis Hankard, PU-PH, Professeur de Pédiatrie, Inserm UMR 1069 "Nutrition, Growth Cancer" & Inserm F-CRIN PEDSTART, Institut Européen de l'Histoire et des Cultures de l'Alimentation,Université de Tours, CHU de Tours, Inserm
Christèle Gras-Le Guen, Professeur des Université en pédiatrie, chef du service de pédiatrie générale et des urgences pédiatriques, hôpital Mère Enfant, CHU Nantes, Université de Nantes
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2021-01-21T18:13:35Z
2021-01-21T18:13:35Z
Covid-19 : que sait-on des effets du coronavirus SARS-CoV-2 sur le cerveau ?
<p>Depuis l’émergence des premiers cas en Chine en décembre 2019, le coronavirus SARS-CoV-2, responsable de la maladie Covid-19, s’est propagé à travers le monde. Au 21 janvier 2020, il avait touché <a href="https://gisanddata.maps.arcgis.com/apps/opsdashboard/index.html#/bda7594740fd40299423467b48e9ecf6">plus de 96 millions de personnes</a>, engendrant plus de 2 millions de décès, dont près de <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/dossiers/coronavirus-covid-19/coronavirus-chiffres-cles-et-evolution-de-la-covid-19-en-france-et-dans-le-monde">72 000 en France</a>. </p>
<p>L’infection se traduit le plus souvent par une atteinte respiratoire, allant d’un syndrome pseudogrippal à des tableaux de <a href="https://theconversation.com/covid-19-comment-soigne-t-on-les-patients-atteints-de-formes-graves-132852">pneumonie sévère</a>. De nombreux symptômes neurologiques ont également été recensés chez les patients atteints de Covid-19. Cependant, tous ne résultent pas d’atteintes du système nerveux.</p>
<p>Que savons-nous à ce jour de ces troubles neurologiques, et que reste-t-il encore à découvrir ?</p>
<h2>Réveils pathologiques, confusions et accidents vasculaires cérébraux</h2>
<p>Tous les symptômes neurologiques ne témoignent pas d’une atteinte du système nerveux par le virus. Ainsi, les maux de tête (céphalées), les sensations de vertige et les douleurs musculaires (myalgies) décrites dans les premières études font partie intégrante du syndrome pseudogrippal associé à l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2. Ces symptômes, qui existent aussi au cours des viroses respiratoires saisonnières, n’orientent donc pas, en général, vers un diagnostic d’atteinte spécifique du système nerveux. En outre, ils s’amendent le plus souvent spontanément en quelques jours. </p>
<p>L’anosmie, autrement dit la perte d’odorat, très évocatrice de Covid-19 et extrêmement fréquente puisqu’elle concerne 30 à 80 % des patients, serait quant à elle plus fréquemment en lien avec une atteinte rhino-pharyngée. Elle résulterait dans la majorité des cas d’une infection des cellules de soutien de la muqueuse nasale (épithélium olfactif), laquelle peut aussi être associée à une <a href="https://theconversation.com/on-sait-desormais-pourquoi-le-coronavirus-fait-parfois-perdre-lodorat-141299">obstruction des fentes olfactives</a> secondaire à l’inflammation des tissus. </p>
<p>Si la majorité des patients récupèrent de l’anosmie en une quinzaine de jours, d’autres gardent des troubles de l’odorat de manière plus prolongée, probablement en lien avec une atteinte des structures nerveuses (cellules neurales de l’épithélium olfactif et/ou bulbe olfactif). La rééducation olfactive est alors recommandée pour favoriser le processus de récupération neurologique, qui peut prendre plusieurs mois et s’accompagner <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/joim.13209">d’hallucinations olfactives</a> ou fantosmies.</p>
<p>D’autres symptômes neurologiques plus sévères ont été constatés dès les premières semaines de la pandémie parmi les patients hospitalisés pour Covid-19 : cas de confusions non expliquées, de réveils pathologiques après une prise en charge en réanimation, ou encore d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) sévères. À ces cas s’est ajoutée la publication de descriptions, dans des revues scientifiques, de cas sporadiques d’encéphalites hétérogènes ou de syndromes de Guillain-Barré. </p>
<p>C’est dans ce contexte qu’a été mis en place en mars 2020 le registre français des manifestations neurologiques associées au Covid-19, qui a impliqué 46 centres en France métropolitaine et en Guadeloupe (services de neurologie, maladies infectieuses, médecine interne et réanimation). Ce registre a inclus 222 patients entre le 1<sup>er</sup> mars et le 30 avril 2020. Il s’agissait principalement de malades hospitalisés soit en raison de la gravité de l’atteinte respiratoire, soit en raison d’une atteinte neurologique pouvant parfois être la première manifestation d’une forme de Covid-19 peu symptomatique au plan pulmonaire. </p>
<p>Les atteintes neurologiques qui nous ont été rapportées sont variées, mais appartiennent à quatre grands tableaux cliniques : au premier plan, des AVC et des encéphalopathies, ainsi que des encéphalites et des syndromes de Guillain-Barré.</p>
<h2>Accidents vasculaires cérébraux (AVC)</h2>
<p>Les AVC représentent plus du quart des manifestations neurologiques associées au Covid-19. Il s’agit le plus souvent d’<a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/accident-vasculaire-cerebral-avc">AVC ischémiques</a>, autrement dit d’AVC ayant pour conséquence la mort du tissu cérébral, en raison d’un défaut d’apport de sang suite à l’obstruction ou la rupture d’un vaisseau sanguin. Souvent étendus, ces AVC touchent des patients ayant des facteurs de risque vasculaire tels qu’une hypertension artérielle ou un diabète. Malgré la présence de ces facteurs, la cause exacte de ces AVC restait non identifiée dans deux tiers des cas après bilan complet. </p>
<p>L’infection par SARS-CoV-2 pourrait donc être un facteur favorisant la survenue d’AVC ischémiques. Il existe au cours de cette infection un état de coagulation sanguine excessive (hypercoagulabilité), résultat de l’état hyperinflammatoire et de l’infection de la paroi des vaisseaux par le virus. Celle-ci pourrait mener à la formation de caillots sanguins.</p>
<p>L’association d’un AVC ischémique et d’une infection par le SARS-CoV-2 n’est pas anodine, puisque la mortalité hospitalière était particulièrement élevée dans ce sous-groupe, de l’ordre de 16 %. Une étude internationale dédiée a en outre confirmé que les patients ayant un AVC ischémique et une infection par le coronavirus SARS-CoV-2 <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32787707/">ont un risque de handicap et de décès plus élevé</a> par rapport aux patients ayant un AVC hors contexte de Covid-19.</p>
<h2>Dysfonctionnements cérébraux</h2>
<p>Les encéphalopathies (des atteintes de l’encéphale, c’est-à-dire l’ensemble composé du cerveau et du cervelet) représentent un tiers des atteintes neurologiques associées au Covid-19, et sont le plus souvent liées aux formes sévères de la maladie. Elles surviennent la plupart du temps après quelques jours d’évolution de la maladie, mais peuvent également être un des premiers symptômes. Elles peuvent aussi se manifester sous forme d’un réveil anormal lors de la levée des sédations en réanimation. </p>
<p>Les encéphalopathies sont caractérisées par un dysfonctionnement cérébral global, et se manifestent par une altération de l’état mental (confusion, troubles du comportement, diminution de la vigilance, voire coma) dont le bilan ne montre pas de signes en faveur d’une encéphalite (inflammation du cerveau). </p>
<p>Le diagnostic d’encéphalopathie associée au Covid-19 impose d’éliminer les autres causes d’encéphalopathie, notamment les désordres métaboliques ou toxiques, aux premiers rangs desquels l’insuffisance rénale aiguë, fréquente chez les patients ayant un Covid-19 sévère. L’imagerie cérébrale est le plus souvent normale. Elle cependant peut aussi montrer des microlésions ischémiques, mais qui n’expliquent pas à elles seules le tableau clinique. </p>
<p>Le mécanisme de ces encéphalopathies est encore mal compris et repose probablement sur divers facteurs en lien avec la réponse inflammatoire généralisée résultant de l’infection (<a href="https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/sepsis-septicemie">sepsis</a>), le manque d’oxygène résultant de la maladie (hypoxie) et la dysfonction des cellules endothéliales, situées sur la face interne des vaisseaux sanguins. Plusieurs études basées sur des autopsies de personnes décédées de la maladie ont mis en évidence la présence de <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s00401-020-02190-2">lésions ischémiques et hémorragiques de petite taille dans la substance blanche cérébrale</a>, résultant d’un mécanisme qui n’est pas établi à ce jour.</p>
<h2>Atteinte inflammatoire</h2>
<p>Les encéphalites représentent 10 % des atteintes neurologiques associées au Covid-19. Elles sont définies par une atteinte cérébrale de type inflammatoire, suspectée par une IRM cérébrale évocatrice et/ou par la présence d’une méningite mise en évidence par ponction lombaire. </p>
<p>Si leurs symptômes sont proches de ceux des encéphalopathies, les encéphalites diffèrent de ces dernières notamment par le fait que leur survenue se traduit plus volontiers par des signes neurologiques focaux (altération des fonctions neurologiques aboutissant à des problèmes affectant certaines régions du corps : une faiblesse ou paralysie d’un bras, d’une jambe…) et des crises d’épilepsie. Il n’y a pas de lien avec la sévérité du Covid-19, contrairement aux encéphalopathies, et l’évolution à court terme des encéphalites est le plus souvent favorable.</p>
<p>D’une manière générale, les encéphalites en contexte infectieux peuvent être liées à deux mécanismes distincts : une agression virale directe du tissu cérébral, qui se retrouve infecté par le pathogène, ou une atteinte liée à une réponse immunitaire inappropriée déclenchée par l’infection. </p>
<p>Dans le cas des encéphalites associées à la Covid-19, les tableaux cliniques et radiologiques sont variés, et évocateurs le plus souvent d’un mécanisme para- ou post-infectieux. L’ARN viral n’est retrouvé qu’exceptionnellement dans le liquide cérébrospinal qui baigne le cerveau et la moelle épinière. Autrement dit, les arguments cliniques ne plaident pas en faveur d’une atteinte directe du tissu cérébral par le coronavirus. Certaines études anatomopathologiques ont néanmoins révélé la présence d’ARN ou de protéines virales dans le tissu cérébral chez certains patients, sans toutefois de destruction tissulaire ni de réaction immunitaire associée. </p>
<p>Ces données confirment que le SARS-CoV-2 a des propriétés neurotropes (il est susceptible d’infecter sur les cellules nerveuses), toutefois les conséquences de sa présence « silencieuse » dans le cerveau de certains patients ne sont pas connues à l’heure actuelle.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1349402098031587330"}"></div></p>
<h2>Syndromes de Guillain-Barré</h2>
<p>Les syndromes de Guillain-Barré sont caractérisés par une atteinte des nerfs périphériques, suite à une réponse inappropriée du système immunitaire après une infection. Les symptômes en sont une paralysie ascendante plus ou moins sévère des membres, avec une atteinte possible des nerfs crâniens et des muscles respiratoires. Cette phase de paralysie est suivie d’une phase de récupération. L’ensemble de la symptomatologie dure plusieurs semaines ou mois. </p>
<p>Les syndromes de Guillain-Barré représentent 7 % des atteintes neurologiques associées à la Covid-19, et la médiane de survenue est de 18 jours après les premiers symptômes de l’infection. L’imputabilité du SARS-CoV-2 dans la survenue d’un syndrome de Guillain-Barré est principalement basée sur des critères de temporalité à l’échelle d’un patient. Au moment de la première vague de Covid-19, des études épidémiologiques ont notamment mis en évidence une <a href="https://jnnp.bmj.com/content/jnnp/early/2020/11/06/jnnp-2020-324837.full.pdf">augmentation significative de l’incidence des syndromes de Guillain-Barré</a> dans les régions du nord de l’Italie. </p>
<p>Le syndrome de Guillain-Barré ne doit pas être confondu avec les <a href="https://www.em-consulte.com/article/287082/neuromyopathies-acquises-en-reanimation">neuromyopathies de réanimation</a>, autre cause fréquente de perte de la fonction motrice des quatre membres (tétraparésie) chez les patients Covid-19 sévères ; il s’agit là d’une complication classique des pathologies respiratoires sévères prises en charge en réanimation.</p>
<h2>À quoi sont dues ces manifestations neurologiques ?</h2>
<p>D’autres manifestations neurologiques, plus rares, ont également été rapportées. Il peut s’agir de méningites aiguës virales bénignes, d’inflammation de la moelle épinière (myélites), de crises d’épilepsie, d’atteintes de nerfs crâniens le plus souvent transitoires et réalisant des tableaux de paralysie faciale ou de vision dédoublée (diplopie). Du fait de leur rareté, le lien entre ces symptômes et l’infection par SARS-CoV-2 est plus difficile à établir.</p>
<p>La grande hétérogénéité des atteintes cliniques suggère qu’il y a différents mécanismes d’atteinte, notamment au niveau du cerveau. Les modifications induites par le SARS-CoV-2 au niveau de l’organisme ont un important retentissement sur le fonctionnement cérébral, en raison notamment de l’hypoxie et de la réponse inflammatoire généralisée qu’elle provoque dans le cas des formes sévères.
L’atteinte des vaisseaux sanguins cérébraux, qui résulte probablement des atteintes des cellules endothéliales, est aussi pointée du doigt, tout comme l’atteinte inflammatoire du tissu cérébral, lui-même secondaire à une réponse immunitaire inappropriée. </p>
<p>S’il n’y a pas à l’heure actuelle d’argument fort en faveur d’une atteinte directe des cellules nerveuses par le SARS-CoV-2 au cours de la phase aiguë de l’infection, différentes études ont montré que le virus était capable d’infecter des cellules du système nerveux. Ces données alimentent diverses hypothèses de potentielles conséquences neurologiques à plus long terme. Cependant, aucune confirmation clinique n’est venue les étayer à ce jour.</p>
<p>La surveillance reste accrue, notamment en ce qui concerne les symptômes chroniques décrits chez certains patients et regroupés sous le terme de « Covid long », particulièrement complexes à analyser. Dans ce contexte, les maux de tête, difficultés de concentration, troubles de la mémoire, ou troubles sensitifs subjectifs peuvent en effet s’expliquer de bien des manières : <a href="https://theconversation.com/le-syndrome-de-fatigue-chronique-une-maladie-qui-epuise-143613">syndrome de fatigue post-viral</a>, <a href="https://www.em-consulte.com/article/1337560/la-vie-apres-la-reanimation">syndrome post-soins intensifs</a> (ensemble de troubles physiques, psychologiques et cognitifs courants chez les patients qui sont passés par les soins intensifs pour un problème grave), séquelles des atteintes neurologiques initiales. Ces symptômes peuvent également être la conséquence d’une anxiété et d’un stress post-traumatique en lien avec cette crise inédite, aussi bien sur le plan sanitaire, économique que social.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/covid-19-quand-les-symptomes-persistent-que-sait-on-des-formes-longues-de-la-maladie-142929">Covid-19, quand les symptômes persistent : que sait-on des formes longues de la maladie ?</a>
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<p>Les atteintes neurologiques en lien avec la Covid-19 sont relativement fréquentes, puisqu’elles touchent environ 8 % des malades hospitalisés. Pour mieux en appréhender les conséquences, une étude de suivi à 6 mois des patients inclus dans le registre français des manifestations neurologiques associées au Covid-19 est actuellement en cours d’analyse. </p>
<p>L’enjeu est d’importance, car il s’agit d’atteintes graves, qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital, allonger la durée d’hospitalisation et être à l’origine de séquelles neurologiques au long cours. </p>
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<p><em>Les auteurs remercient le Pr Thomas De Broucker qui a coordonné le registre des manifestations neurologiques associées au Covid-19.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/152964/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>
Près de 8 % des malades hospitalisés pour Covid-19 sont victimes d’atteintes neurologiques. En quoi consistent ces problèmes parfois graves ? Quelles en sont les causes ?
Pierre Tattevin, Infectiologue, PU-PH, Inserm
Élodie Meppiel, Neurologue - Centre Hospitalier de Saint-Denis [Ile-de-France]
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/144923
2020-09-01T13:36:31Z
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L’inflammation : le facteur clé qui explique les formes graves de Covid-19
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/355382/original/file-20200828-20-1u1qdoo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=33%2C25%2C5509%2C3642&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une caractéristique commune à de nombreux patients qui développent une forme grave de la COVID est une atteinte pulmonaire sévère causée par une réponse immunitaire trop vigoureuse.</span> <span class="attribution"><span class="source">shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Les symptômes de la Covid-19 varient énormément d’une personne à l’autre. Dans certains cas, elle ne provoque aucun symptôme alors que dans d’autres, elle met la vie en danger. Chez <a href="https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/a-z/coronavirus-2019/malades-chroniques-ou-personnes-avec-systeme-immunitaire-affaibli-covid-19/">certaines personnes</a> la maladie a des conséquences très graves.</p>
<p>Le virus touche davantage les <a href="https://theconversation.com/coronavirus-pourquoi-le-risque-de-deces-est-il-plus-eleve-pour-les-hommes-et-les-personnes-agees-136883">hommes et frappe plus durement les personnes âgées</a> qui souffrent de maladies comme le <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-personnes-diabetiques-doivent-se-mefier-du-coronavirus-131611">diabète</a> ou <a href="https://www.quebecscience.qc.ca/sante/covid-19-personnes-obeses-complications/">l’obésité</a>.</p>
<p>Au Royaume-Uni et dans d’autres pays occidentaux, certaines <a href="https://www.lapresse.ca/international/europe/2020-05-06/covid-19-la-mortalite-bien-plus-elevee-au-sein-des-minorites-selon-deux-etudes">minorités</a> ont également été touchées de manière plus importante. En Amérique du Nord, dont au Canada, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1693871/covid-19-race-noir-autochtones-coronarivus-sante-publique-racisme-disparite">les Noirs sont surreprésentés (en nombre de cas et taux de mortalité.)</a></p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-connaitre-les-points-chauds-de-la-covid-19-il-faut-suivre-les-donnees-raciales-et-sanitaires-139159">Pour connaître les points chauds de la Covid-19, il faut suivre les données raciales et sanitaires</a>
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<p>Bien que de nombreux facteurs, comme <a href="https://jech.bmj.com/content/early/2020/06/13/jech-2020-214401">l’accès aux soins de santé</a> et <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanpub/article/PIIS2468-2667(20)30164-X/fulltext">l’exposition professionnelle</a>, contribuent à augmenter les risques de développer une forme grave de la maladie, la réponse du système immunitaire — l’inflammation — explique pourquoi certaines personnes vulnérables tombent si malades.</p>
<p>Plus précisément, nous constatons que les risques associés au diabète, à l’obésité, à l’âge et au genre sont tous liés au fonctionnement irrégulier du système immunitaire lorsqu’il est confronté au virus.</p>
<h2>L’immunité qui s’emballe</h2>
<p>Une caractéristique commune à de nombreux patients qui développent une forme grave de la Covid-19 est une atteinte pulmonaire sévère causée par une réponse immunitaire trop vigoureuse. Celle-ci se caractérise par la production en trop grande quantité d’un ensemble de protéines appelées cytokines. C’est ce qu’on appelle la « tempête de cytokines ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/traiter-la-covid-19-en-contrant-le-choc-immunitaire-139074">Traiter la Covid-19 en contrant le choc immunitaire</a>
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<p>Les cytokines sont des alliées très puissantes dans la réponse immunitaire : elles peuvent stopper la reproduction des virus. Elles ont aussi la capacité de recruter d’autres cellules immunitaires pour combattre une infection ou améliorer la capacité de ces cellules à traverser les vaisseaux sanguins. Incontrôlé, ce phénomène peut causer de réels dommages. C’est exactement ce qui se produit lors d’une tempête de cytokines.</p>
<p>Une libération excessive de cytokines peut se produire lorsqu’un grand nombre de globules blancs sont activés, mais ce sont des cellules spécialisées appelées monocytes et macrophages qui semblent être parmi les plus grandes responsables des tempêtes de cytokines. Lorsqu’elles sont correctement contrôlées, ces cellules permettent de détecter et détruire les menaces, nettoyer et réparer les tissus endommagés et recruter d’autres cellules immunitaires pour les aider.</p>
<p>Cependant, en cas de Covid-19 sévère, le mode de fonctionnement des monocytes et des macrophages se dérègle, particulièrement chez les patients atteints de diabète et d’obésité.</p>
<h2>Le glucose fait des dégâts</h2>
<p>Un diabète mal contrôlé peut entraîner des niveaux élevés de glucose dans l’organisme. Une <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/covid-19/latest-evidence/epidemiology">étude récente</a> a montré que, dans le cas de la Covid-19, les macrophages et les monocytes réagissent à des niveaux élevés de glucose avec des conséquences graves.</p>
<p>Le virus qui provoque la Covid, le SARS-CoV-2, a besoin d’un récepteur sur lequel s’accrocher pour envahir nos cellules. Son choix se porte sur une protéine à la surface de la cellule <a href="https://theconversation.com/ace2-the-molecule-that-helps-coronavirus-invade-your-cells-138369">appelée ACE2</a>. Le glucose fait augmenter les niveaux d’ACE2 présents sur les macrophages et les monocytes, aidant le virus à infecter les cellules mêmes qui devraient contribuer à le tuer.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une cellule immunitaire libérant des milliers de petites cytokines." src="https://images.theconversation.com/files/354078/original/file-20200821-22-1vpp1gi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/354078/original/file-20200821-22-1vpp1gi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/354078/original/file-20200821-22-1vpp1gi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/354078/original/file-20200821-22-1vpp1gi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/354078/original/file-20200821-22-1vpp1gi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/354078/original/file-20200821-22-1vpp1gi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/354078/original/file-20200821-22-1vpp1gi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les cytokines, petites protéines libérées par un certain nombre de cellules immunitaires, jouent un rôle clé dans la réponse immunitaire.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Cytokine_release.jpg">scientificanimations.com</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>Lorsqu’il est présent à l’intérieur de ces cellules, le virus leur fait produire beaucoup de cytokines inflammatoires, ce qui déclenche la tempête de cytokines. Et plus les niveaux de glucose sont élevés, plus le virus réussit à se répliquer à l’intérieur des cellules. En d’autres mots, le glucose alimente le virus.</p>
<p>Et ce n’est pas fini. Le virus pousse également les cellules immunitaires infectées à fabriquer des espèces réactives de l’oxygène (ERO), qui sont des agents pathogènes très nocifs pour les poumons. En outre, le virus réduit la capacité des autres cellules immunitaires, les lymphocytes, à lutter contre lui.</p>
<p>L’obésité entraîne également des niveaux élevés de glucose dans l’organisme et, comme le diabète, <a href="https://www.nature.com/articles/s41574-019-0286-3#:%7E:text=In%20ob%C3%A9sit%C3%A9%2C%20%C3%A9lev%C3%A9%20plasma%20niveaux,tumeur%20n%C3%A9crose%20facteur%20">affecte l’activation des macrophages et des monocytes</a>. Des recherches ont montré que les macrophages des personnes obèses sont un <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/covid-19/latest-evidence/epidemiology">milieu propice</a> au développement du SARS-CoV-2.</p>
<h2>Autres risques liés à l’inflammation</h2>
<p>Le même type de profil inflammatoire que celui du diabète et de l’obésité est observé chez certaines personnes âgées de plus de 60 ans. Cela est dû à un phénomène connu sous le nom d’<a href="https://www.nature.com/articles/s41569-018-0064-2">inflammation</a>.</p>
<p>L’inflammation se caractérise par des taux élevés de cytokines pro-inflammatoires. Elle est influencée par un certain nombre de facteurs, dont la génétique, le microbiome (l’ensemble des bactéries, virus et autres microbes présents dans notre organisme) et l’obésité.</p>
<p>De nombreuses personnes âgées ont également <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3582124/">moins de lymphocytes</a> — ces mêmes cellules qui peuvent spécifiquement cibler et détruire les virus.</p>
<p>Tout cela signifie que le système immunitaire de certaines personnes âgées est non seulement mal équipé pour combattre une infection, mais il est également plus susceptible d’entraîner une réponse immunitaire néfaste. Le fait d’avoir moins de lymphocytes signifie également que les vaccins pourraient ne pas fonctionner aussi bien, ce qu’il faudra considérer lors de la planification d’une future campagne de vaccination contre la Covid-19.</p>
<p>Une autre question qui préoccupe les chercheurs est pourquoi les hommes semblent plus vulnérables à la Covid ? Les cellules des hommes semblent être infectées plus facilement par le coronavirus que celles des femmes. Le récepteur ACE2 utilisé par le virus pour s’accrocher aux cellules et les infecter est <a href="https://www.cell.com/action/showPdf?pii=S1074-7613%2820%2930336-8">exprimé beaucoup plus fortement</a> chez les hommes que chez les femmes. Les hommes ont également des taux plus élevés d’une enzyme appelée TMPRSS2 qui favorise la capacité du virus à pénétrer dans les cellules.</p>
<p>L’immunologie offre également quelques indices sur la différence entre les genres. On sait depuis longtemps que les hommes et les femmes ont des <a href="https://iai.asm.org/content/63/7/2549">réponses immunitaires différentes</a>. C’est aussi vrai pour la Covid-19.</p>
<p>Une <a href="https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.06.06.20123414v2">prépublication récente</a> (étude qui n’a pas encore été révisée par les pairs) a suivi et comparé la réponse immunitaire au SARS-CoV-2 chez les hommes et les femmes au fil du temps. Elle a révélé que les hommes étaient plus susceptibles de développer des monocytes atypiques, très pro-inflammatoires et capables de produire des cytokines typiques d’une tempête inflammatoire. Les femmes ont également <a href="https://theconversation.com/coronavirus-b-cells-and-t-cells-explained-141888">tendance à avoir une réponse des lymphocytes T plus robuste</a>, ce qui est nécessaire pour détruire efficacement le virus. Cependant, l’âge avancé et un indice de masse corporelle plus élevé ont inversé l’effet immunitaire protecteur chez les femmes.</p>
<p>Des études comme celles-ci montrent à quel point les gens sont différents face à la Covid. Plus nous comprendrons ces différences et ces vulnérabilités, plus nous pourrons cibler le meilleur traitement pour chaque patient. De telles données soulignent également la nécessité de prendre en considération les variations de la réponse immunitaire et d’inclure des personnes aux profils variés dans les essais cliniques de médicaments et de vaccins.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144923/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sheena Cruickshank ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Bien que de nombreux facteurs font augmenter les risques de développer une forme grave de la maladie, l’inflammation explique pourquoi certaines personnes vulnérables tombent si malades.
Sheena Cruickshank, Professor in Biomedical Sciences, University of Manchester
Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.
tag:theconversation.com,2011:article/139598
2020-07-16T17:24:08Z
2020-07-16T17:24:08Z
L’hypertension et ses traitements : une source d’inspiration pour contrer la Covid-19
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/347108/original/file-20200713-50-g0oddl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tensiomètre lectronique poignet</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7e/Tensiom%C3%A8tre_%C3%A9lectronique_poignet.jpg">Littlejazzman/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>C’est désormais un <a href="https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2020-05/reco_392_reponse_rapide_codid-19_suivi_hta_mel.pdf">fait admis</a> : <a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/hypertension-arterielle-hta">l’hypertension artérielle</a>, comme d’autres affections chroniques, est un facteur <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32171062/">prédisposant à l’infection</a> par le virus SARS-CoV-2 et au <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)30566-3/fulltext">syndrome respiratoire aigu et sévère</a> qu’il peut induire.</p>
<p>Très fréquente en France (un adulte sur trois), cette maladie se traduit par une pression anormalement élevée du sang dans les vaisseaux sanguins. Si elle n’est pas prise en charge par des mesures hygiénodiététiques et un traitement médicamenteux, elle expose à différentes complications, telles que l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral.</p>
<p>Or, certains <a href="https://eurekasante.vidal.fr/maladies/coeur-circulation-veines/hypertension-arterielle.html?pb=medicaments">médicaments de l’hypertension</a> ont été suspectés d’interférer avec la Covid-19, et d’augmenter potentiellement le risque d’infection. Faute de bien comprendre la question, des patients ont été tentés d’interrompre leur traitement. Une très mauvaise idée, au vu des risques encourus par le non-contrôle de la pression sanguine…</p>
<h2>Quels liens entre l’hypertension et la Covid-19 ?</h2>
<p>Les maladies cardiovasculaires, et notamment l’hypertension artérielle, pourraient augmenter le risque d’infection <em>via</em> une protéine appelée ACE2 (pour « angiotensin-converting enzyme 2 »). Cette protéine, présente à la surface des cellules épithéliales du poumon, de l’intestin, du rein et des vaisseaux sanguins, joue un rôle important dans la régulation de la pression sanguine. En cas d’hypertension, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15151696/">son niveau d’expression augmente</a> : les cellules en portent alors davantage à leur surface. Or il y a quinze ans, il a été montré sur des cultures cellulaires que l’ACE2 jouait un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7095783/">rôle crucial</a> vis-à-vis du virus responsable de l’épidémie de SARS de 2002-2003, en assurant le rôle de récepteur.</p>
<p>En s’y fixant par les « spikes » de son enveloppe, le coronavirus serait capable de pénétrer dans les cellules du poumon et de les infecter. D’ailleurs, toujours sur des cultures cellulaires, il fut constaté que plus la protéine est exprimée, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7111153/">plus le risque d’infection augmente</a>.</p>
<p>Un constat qui, naturellement, a conduit les chercheurs à s’intéresser aux potentiels effets d’un blocage d’ACE2 : en faisant en sorte que le coronavirus ne puisse plus s’y fixer, ne pourrait-on pas empêcher l’infection ?</p>
<h2>La piste des anticorps</h2>
<p>Chez la souris, le sérum d’animaux immunisés contre d’autres coronavirus renferme des anticorps <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7102599/">qui inhibent la liaison des « spikes » du virus à ACE2</a>, jouant ainsi un rôle préventif. Chez l’homme, différents traitements à base de plasma sanguin ou d’anticorps ont fait l’objet <a href="https://presse.inserm.fr/demarrage-de-lessai-clinique-coviplasm-visant-a-tester-lefficacite-de-la-transfusion-de-plasma-de-patients-convalescents-du-covid-19-dans-le-traitement-de-la-maladie/38984/">d’essais cliniques</a>, à titre thérapeutique et non préventif, mais leurs résultats ne sont pas encore connus. Pour l’heure, la distanciation physique, les mesures d’hygiène et le port d’un masque restent donc la meilleure stratégie de prévention.</p>
<p>Quid de l’utilisation d’anticorps du même genre pour freiner l’évolution de la Covid-19 vers des formes sévères ? On sait que dans toute infection virale, la réponse de l’organisme s’effectue en deux temps : d’abord, une inflammation à l’endroit où le virus entre et se multiplie, puis, après un laps de temps variable, une réponse immunitaire par le biais d’anticorps et de cellules « tueuses ». La phase précoce est en elle-même bénéfique, puisqu’elle peut neutraliser le virus.</p>
<p>Cependant, chez certains malades, cette réaction inflammatoire, médiée par des molécules appelées cytokines, peut se révéler excessive et conduire non seulement à la destruction du virus mais aussi à celle des tissus où il se multiplie. C’est-ce qu’on appelle <a href="http://univ-cotedazur.fr/contenus-riches/actualites/fr/que-savons-nous-de-la-reponse-immunitaire-au-virus-du-covid-19/@@highlight_view#.XwmGO5MzaJI">« l’orage de cytokines »</a>, et c’est cette phase inflammatoire qui, à travers la fibrose des tissus et en particulier les lésions pulmonaires, peut altérer dangereusement les fonctions respiratoires. Outre une action sur l’inflammation, on cherche à agir sur la fibrose lorsqu’on prend en charge de tels patients.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/covid-19-comment-soigne-t-on-les-patients-atteints-de-formes-graves-132852">Covid-19 : comment soigne-t-on les patients atteints de formes graves ?</a>
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<p>Or il s’avère que l’élévation du niveau d’activité d’ACE2, que l’on observe en cas d’hypertension, fait <a href="https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/physrev.00023.2016">baisser la pression artérielle tout en diminuant l’inflammation et la fibrose tissulaire</a> – comme s’il existait une sorte de mécanisme d’adaptation naturelle permettant à l’organisme de faire baisser la pression.</p>
<p>Les scientifiques ont donc eu l’idée de tirer parti d’ACE2 pour empêcher l’aggravation de la Covid-19. Un protocole d’administration <a href="https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04287686">d’ACE2 soluble chez des patients infectés par la Covid-19</a> a été mis au point, mais l’essai clinique n’a pas démarré, en raison d’un rapport bénéfices-risques défavorable.</p>
<h2>Quels sont les effets des médicaments de l’hypertension ?</h2>
<p>Représentant 25 à 30 % des prescriptions en cas d’hypertension, les médicaments type IEC et sartans ont d’abord pour effet de diminuer la pression sanguine, mais ils agissent aussi sur l’inflammation et la fibrose tissulaire. On peut donc imaginer <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMsr2005760">qu’ils interfèrent avec le SARS-CoV-2 et la Covid-19</a> chez les hypertendus qui en prennent. Qu’en est-il ?</p>
<p>Concernant la prévention, des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32587974/">études récentes</a> chez l’animal n’ont pas montré que les sartans et les IEC augmentent l’expression d’ACE2, ce qui serait également le cas chez l’être humain. Aucune étude ne prouve donc que ces médicaments puissent augmenter la liaison des virus à leurs récepteurs, leur entrée dans les cellules et donc leur multiplication.</p>
<p>À ce jour, il n’est donc pas recommandé d’interrompre son traitement antihypertenseur à titre préventif, dans l’espoir de se protéger du SARS-CoV-2 : non seulement c’est inutile, mais c’est même dangereux, car la pression sanguine n’étant plus contrôlée, on court le risque d’être victime d’un arrêt cardiaque ou d’un AVC.</p>
<p>Concernant la maladie, les sartans semblent au contraire être bénéfiques. Chez la souris, le losartan améliore en effet les fonctions respiratoires des animaux infectés par le SARS-CoV-2, et l’on suppose que cette action passe par une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32129518/">régulation du niveau d’expression/activité d’ACE2</a>. Deux <a href="https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04312009">essais</a> <a href="https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04311177">cliniques</a> sont en cours de recrutement chez des patients hospitalisés, pour voir si ce bénéfice se retrouve chez l’être humain. Quant aux IEC, aucune étude ne montre pour l’instant un effet bénéfique sur la maladie.</p>
<p>Pour résumer, s’il est avéré qu’ACE2 constitue la porte d’entrée du virus dans les cellules pulmonaires, rien ne permet pour l’heure d’exploiter ce mécanisme à titre préventif. En revanche, on espère tirer parti des effets du niveau d’expression/activité de cette protéine sur l’inflammation pour freiner l’évolution de la Covid-19, et trois essais cliniques ont été conçus dans cette optique, dont deux sont en cours.</p>
<p>Dans l’attente de résultats, il est recommandé de ne pas interrompre un traitement à base de sartans ou d’IEC : le bénéfice de ces médicaments sur les risques cardiovasculaires prime largement sur une hypothétique protection contre l’infection au SARS-CoV-2, d’autant plus qu’ils pourraient avoir, surtout les sartans, un effet bénéfique sur l’évolution de la maladie via ACE2.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139598/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claire Demiot a reçu des financements de Pharnext (Bourse CIFRE, Ligue contre le cancer 87 (Subvention recherche), CSL Behring (Contrat de recherche) , Cancéropôle Grand-Sud Ouest (AAP Emergence 2020), Direction de la recherche du CHU de Limoges (financement essais clinique). </span></em></p>
7,6 millions de Français se traitent contre l’hypertension, et une multiplication de cas de syndrome respiratoire aigu sévère dus à la Covid-19 a été observée parmi eux. Quels enseignements en tirer ?
Claire Demiot, Maître de conférence en Pharmacologie - PhD, PharmD, Vice-Présidente Comité de protection des personnes entrant dans des essais cliniques- SOOMIV Limoges, Université de Limoges
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tag:theconversation.com,2011:article/140665
2020-06-16T14:54:58Z
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Étranges symptômes durant la pandémie ? C’est le stress, pas la Covid-19 !
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/342209/original/file-20200616-23227-8dudw3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le stress chronique peut causer de l’inflammation et engendrer des symptômes physiques ainsi que des problèmes de santé mentale.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Depuis les débuts de la pandémie de Covid-19, vous êtes-vous demandé pourquoi vous aviez plus souvent mal à la tête ? Ou au ventre ? Des démangeaisons ou des boutons ? Pourquoi vos règles sont-elles irrégulières ou plus douloureuses que d’habitude ? Des recherches scientifiques récentes indiquent qu’il pourrait s’agir de <a href="https://www.oxfordhandbooks.com/view/10.1093/oxfordhb/9780190681777.001.0001/oxfordhb-9780190681777">réactions biologiques du corps au stress</a>.</p>
<p>Notre système biologique de réponse au stress — <a href="http://www.psychomedia.qc.ca/lexique/definition/axe-hypothalamo-hypophyso-surrenalien#:%7E:text=L%E2%80%99axe%20hypothalamo%2Dpituitaire%2D,contr%C3%B4le%20les%20r%C3%A9ponses%20au%20stress.">l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS)</a> — a évolué il y a des centaines de millions d’années pour aider nos ancêtres vertébrés à mobiliser rapidement de l’énergie pour faire face à des événements mettant leur vie en danger, comme des attaques de prédateurs. À court terme, ce système est d’une efficacité redoutable et s’avère essentiel pour la survie.</p>
<p>Le problème de notre situation actuelle est qu’elle dure depuis des mois et qu’on n’en entrevoit toujours pas la fin. Le <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/2470547017692328">stress chronique</a> place l’axe HHS en hyperactivité, avec des effets qui se répercutent dans tout le corps. Ses symptômes peuvent même rajouter une source de stress. En comprenant pourquoi notre organisme réagit de cette manière, on pourra élaborer des stratégies pour empêcher le stress de s’installer.</p>
<h2>La réponse biologique au stress</h2>
<p>Lorsque les animaux perçoivent une menace dans leur environnement, l’axe HHS stimule leurs glandes surrénales pour qu’elles libèrent une hormone appelée cortisol. Le cortisol contribue, avec l’adrénaline, à pomper l’oxygène vers les muscles les plus importants pour permettre à l’animal de combattre ou de fuir.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/341207/original/file-20200611-80746-1izi19h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/341207/original/file-20200611-80746-1izi19h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/341207/original/file-20200611-80746-1izi19h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/341207/original/file-20200611-80746-1izi19h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/341207/original/file-20200611-80746-1izi19h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/341207/original/file-20200611-80746-1izi19h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/341207/original/file-20200611-80746-1izi19h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La réponse au stress chez l’humain est censée aider à faire face aux menaces à court terme, comme les attaques de prédateurs, et non au stress chronique engendré par des événements comme la pandémie de Covid-19.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>La réaction « de lutte ou de fuite » produit des symptômes physiques tels que des palpitations cardiaques et une oppression thoracique (le cœur pompe de l’oxygène vers les principaux muscles) ainsi que des papillons dans l’estomac, des nausées et des picotements (le sang quitte l’estomac et les extrémités pour atteindre les muscles plus importants).</p>
<p>L’axe HHS interagit également avec le <a href="https://www.oxfordhandbooks.com/view/10.1093/oxfordhb/9780190681777.001.0001/oxfordhb-9780190681777-e-24">système immunitaire</a> pour gérer la suite des choses. Le cortisol est un puissant anti-inflammatoire qui se lie à un grand nombre de <a href="https://www.hindawi.com/journals/drp/2012/403908/">récepteurs de la peau</a> afin d’aider à réparer les blessures et à combattre les infections.</p>
<p>L’axe HHS ne voit pas de différence entre la menace mortelle que représente l’attaque d’un prédateur et les facteurs de stress modernes. Ainsi, au début de la pandémie, si votre estomac tressaillait ou que vous sentiez votre cœur battre la chamade en lisant les informations sur l’augmentation des cas de Covid-19, votre corps faisait ce pour quoi il a été programmé même si, à ce moment-là, vous n’étiez pas devant un danger physique imminent.</p>
<h2>Le problème du stress chronique</h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/341210/original/file-20200611-80770-1q5jfpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/341210/original/file-20200611-80770-1q5jfpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/341210/original/file-20200611-80770-1q5jfpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/341210/original/file-20200611-80770-1q5jfpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/341210/original/file-20200611-80770-1q5jfpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/341210/original/file-20200611-80770-1q5jfpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/341210/original/file-20200611-80770-1q5jfpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le stress chronique peut entraîner de l’inflammation, qui à son tour peut engendrer des symptômes physiques aussi bien que des symptômes psychologiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Piqsels</span></span>
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<p>L’attaque d’un prédateur est limitée dans le temps. La pandémie de Covid-19, pour sa part, dure depuis des semaines et peut causer de l’isolement social, de l’insécurité professionnelle ou financière ainsi qu’une augmentation des responsabilités familiales. Malheureusement, tout ce que fait l’axe HHS, c’est de sécréter des hormones de stress lorsqu’on perçoit une menace dans son environnement. Ainsi, si l’on se croit devant une menace constante, l’axe HHS produira continuellement ces substances.</p>
<p>L’un des effets les plus importants de la libération prolongée de cortisol est la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0248866313000672">résistance aux glucocorticoïdes</a>. Les cellules du système immunitaire deviennent alors moins sensibles aux effets anti-inflammatoires du cortisol. En conséquence, le cortisol engendre une augmentation de l’inflammation dans le corps et le cerveau.</p>
<p>Vos démangeaisons et vos éruptions cutanées ? Il est possible que les récepteurs de cortisol de votre peau ne soient plus réceptifs aux effets anti-inflammatoires du cortisol et que soient produites des substances chimiques <a href="https://doi.org/10.1155/2012/403908">qui enflamment la peau</a>.</p>
<p>Vos <a href="https://doi.org/10.1038/s41582-019-0216-y">maux de tête ou d’estomac</a> ? Vos <a href="http://dx.doi.org/10.1136/oem.2003.012302">règles douloureuses</a> ? Tous ces symptômes peuvent également être le résultat d’une inflammation de systèmes d’organes causée par une activation chronique de l’axe HHS.</p>
<p>Même des symptômes psychologiques, tels que les sentiments de <a href="https://www.oxfordhandbooks.com/view/10.1093/oxfordhb/9780190681777.001.0001/oxfordhb-9780190681777-e-24">dépression ou de solitude</a>, peuvent être liés à la libération de substances chimiques pro-inflammatoires engendrée par le stress chronique.</p>
<h2>Contrôler sa réponse au stress</h2>
<p>Une bonne partie de ce qui est perçu comme stressant au quotidien n’est pas liée au risque de contracter le virus de la Covid-19, mais plutôt aux changements que nous avons dû apporter à notre vie. Le travail à domicile, ou la perte de travail, a perturbé nos horaires de sommeil, d’alimentation et d’activité qui régulent notre horloge circadienne interne. Le fait de rester à l’intérieur diminue notre niveau d’activité et d’exercices. De nombreuses personnes, en particulier celles qui vivent seules, se sont retrouvées isolées de leurs amis et de leurs proches.</p>
<p>La <a href="http://www.psychomedia.qc.ca/sante/2019-05-19/chronobiologie-systeme-immunitaire">perturbation de la routine circadienne</a>, le <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0078350">manque d’exercice</a> et <a href="https://www.lesechos.fr/2015/11/la-solitude-nuit-au-systeme-immunitaire-282701#:%7E:text=La%20solitude%20nuit%20au%20syst%C3%A8me%20immunitaire,affirme%20une%20%C3%A9quipe%20de%20chercheurs.&text=La%20solitude%20est%20n%C3%A9faste%20pour,de%20mortalit%C3%A9%20pr%C3%A9matur%C3%A9e%20de%2014%25.">l’isolement social</a> sont considérés comme liés à la dysrégulation des systèmes de stress et immunitaires de l’organisme, ainsi qu’à la libération de substances pro-inflammatoires dans le corps et le cerveau.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340248/original/file-20200608-176560-6u5bkq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340248/original/file-20200608-176560-6u5bkq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340248/original/file-20200608-176560-6u5bkq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340248/original/file-20200608-176560-6u5bkq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340248/original/file-20200608-176560-6u5bkq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340248/original/file-20200608-176560-6u5bkq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340248/original/file-20200608-176560-6u5bkq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La distanciation physique pendant la pandémie ne devrait pas engendrer une perte de contact avec les proches.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Unsplash</span></span>
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<p>Heureusement, il suffit de petits changements positifs pour obtenir une grande réduction du stress. Le fait de maintenir une <a href="https://www.ledevoir.com/societe/science/343354/horloge-immunitaire">routine</a> en allant au lit, en se levant et en mangeant à des heures régulières chaque jour favorise un fonctionnement sain de l’axe HHS et du système immunitaire, ce qui est lié à une meilleure santé générale. Il suffit d’une vingtaine de minutes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0889159116305645?via%3Dihub">d’exercices modérés</a>, ce qui peut inclure des vidéos d’entraînement dans la maison ou du jogging dans le quartier, pour réduire l’inflammation et améliorer son humeur.</p>
<p>Enfin, parler régulièrement avec des proches, même à quelques mètres de distance ou à l’aide d’un appareil de communication, est excellent pour se protéger des effets biologiques et <a href="https://iaap-journals.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/aphw.12000">psychologiques</a> du stress. N’oubliez pas que nous sommes tous dans le même bateau !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/140665/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kate Harkness reçoit des fonds du Conseil de la recherche en sciences humaines. Kate Harkness reçoit des royalties sur les ventes du Oxford Handbook of Stress and Mental Health.</span></em></p>
Une peau qui démange ? Des douleurs ? Des maux de tête ? Si vous avez récemment ressenti des symptômes physiques inhabituels, le stress de la pandémie de Covid-19 peut en être la cause.
Kate Harkness, Professor of Psychology and Psychiatry and Director of the Mood Research Laboratory, Queen's University, Ontario
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2020-05-06T18:47:09Z
2020-05-06T18:47:09Z
Conversation avec Frédéric Altare : l’obésité, facteur très aggravant du Covid-19
<p><em>Un surpoids important augmente fortement le risque de développer une forme sévère de Covid-19. Frédéric Altare, directeur du département d'immunologie au Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers, dresse pour The Conversation l’état des lieux des relations entre obésité et coronavirus SARS-CoV-2.</em></p>
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<p><strong>The Conversation : Est-il vrai que les personnes en surpoids ont plus de risques que les autres de développer une forme sévère de Covid-19 ?</strong></p>
<p><strong>Frédéric Altare :</strong> Oui. Un surpoids important constitue la principale comorbidité en lien avec les formes sévères de Covid-19, qui nécessitent une admission en réanimation. On peut estimer que, dans certains endroits, jusqu’à 80 % d’entre elles sont liées à l’obésité.</p>
<p>Ce pourcentage varie néanmoins d’une région à l’autre, car la prévalence de l’obésité n’est pas la même sur tout le territoire. Dans les régions où la population y est moins sujette, les autres comorbidités (telles que les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle et le diabète en particulier) peuvent parfois être plus représentées que l’obésité dans les services de réanimation. Cependant si on fait une moyenne nationale, l’obésité représente certainement plus de la moitié de la proportion de personnes admises en réanimation.</p>
<p>Cette association entre surpoids et formes sévères était déjà connue pour d’autres infections respiratoires <a href="https://presse.inserm.fr/lobesite-facteur-de-risque-de-developper-une-forme-severe-du-covid-19/39194/">telles que la grippe A(H1N1)</a>. Dans le cas du Covid-19, certains pensent que les différences de mortalité entre Chine et Italie pourraient notamment s’expliquer <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/oby.22818">par la plus forte prévalence de l’obésité chez nos voisins</a>. Le fait que l’obésité crée un biais favorable à l’aggravation de la maladie est aussi confirmé par la flambée de l’épidémie observée aux États-Unis, où près de 36 % de la population présente une obésité sévère. </p>
<p><strong>TC : Quelles sont les personnes les plus à risque ?</strong></p>
<p><strong>FA :</strong> Les personnes qui se retrouvent en réanimation sont surtout celles qui ont franchi le cap de l’obésité morbide. Le surpoids est évalué grâce au fameux « indice de masse corporelle », ou IMC, qui est le rapport du poids sur la taille au carré. On considère qu’une personne dont l’IMC se situe au-delà de 25 commence à être en léger surpoids. À partir de 30, on parle de surpoids avéré avec début d’obésité, à 35 on commence à parler d’obésité sévère, et à partir de 40 on entre dans ce qu’on appelle l’obésité « morbide ». Morbide, car les gens concernés sont considérés comme à risque de développer des pathologies, majoritairement cardiovasculaires et athérosclérose, mais aussi diabète de type 2, atteintes hépatiques, certaines formes de cancers…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lindice-de-masse-corporelle-un-bon-outil-pour-savoir-si-son-poids-est-sain-104113">L’indice de masse corporelle, un bon outil pour savoir si son poids est sain ?</a>
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<p><strong>TC : Comment expliquer que l’obésité entraîne de telles pathologies ? Quel est son impact sur l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2 ?</strong></p>
<p><strong>FA :</strong> On sait aujourd’hui que toutes ces pathologies découlent directement de l’inflammation.</p>
<p>Tout commence dans la masse graisseuse. Celle-ci est constituée de cellules spécialisées dans la métabolisation du gras, appelées adipocytes. Elles sont capables d’« usiner » les lipides apportés par l’alimentation afin de les utiliser, ou bien de les stocker pour servir ultérieurement de « source d’énergie » pour la cellule. Ils servent notamment à fabriquer des composés lipidiques utilisés pour construire et régénérer la membrane des cellules. Quand la quantité de gras fournie par l’alimentation est normale, ce métabolisme (appelé métabolisme oxydatif) fonctionne bien. Les cellules graisseuses stockent les lipides et se multiplient.</p>
<p>Le problème survient quand la proportion de gras fournie par l’alimentation augmente trop et que les adipocytes sont débordés. Pour faire face à la suraccumulation de lipides, ils mettent en place une chaîne de traitement secondaire, appelée métabolisme non oxydatif. Problème : ce métabolisme alternatif usine lui aussi les lipides alimentaires, mais au lieu de produire des constituants utilisables pour les membranes des cellules, il produit d’autres composés, notamment des céramides. Ces derniers sont très peu stockés par les adipocytes, qui les relarguent à l’extérieur.</p>
<p>Or les céramides favorisent l’inflammation : quand des cellules du système immunitaire entrent en contact avec eux, elles les considèrent comme des signaux de danger. Elles se mettent à s’activer, et à produire à leur tour de nombreux composés favorisant l’inflammation, destinés à attirer d’autres cellules immunitaires, qui vont à leur tour entrer en alerte et accroître l’inflammation, etc.</p>
<p><strong>TC : Quelles sont les cellules immunitaires concernées ?</strong></p>
<p><strong>FA :</strong> Il s’agit surtout des <a href="http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/3648/MS_1987_3_168.pdf">macrophages</a>. Ces membres des « globules blancs » (ou leucocytes, cellules immunitaires produites par la moelle osseuse) s’infiltrent dans les tissus et patrouillent à la recherche d’hôtes indésirables qu’ils ingèrent, avant de prévenir les autres cellules immunitaires. Attirés par les sous-produits métaboliques relargués par les cellules adipeuses, les macrophages peuvent représenter jusqu’à 40 % de toutes les cellules du tissu graisseux. Plus ce dernier est important, plus les macrophages vont être nombreux. Si le nombre de macrophages est donc logiquement plus élevé chez les personnes en surpoids, ces cellules sont néanmoins aussi présentes, en plus faible quantité, dans le tissu graisseux des individus « maigres ». Nous avons donc tous dans notre masse graisseuse un peu d’inflammation.</p>
<p>Lorsque la situation est normale, cette inflammation est maintenue sous contrôle. En effet, il existe deux sortes de macrophages, ceux du type M1, qui sont plutôt proinflammatoires, et ceux du type M2, plutôt anti-inflammatoires. Chez les individus maigres, les macrophages de type M2 prédominent et freinent l’induction de l’inflammation due au gras. Ils sont aidés en cela par d’autres cellules immunitaires, les lymphocytes « régulateurs ». Ces « pompiers » ont pour rôle d’éteindre l’inflammation ou la réponse immunitaire, pour ne pas qu’elle perdure après une infection par exemple.</p>
<p>Chez les individus obèses, on s’est rendu compte non seulement que ces lymphocytes régulateurs étaient peu nombreux, voire absents, mais aussi que les macrophages M2 étaient remplacés par des macrophages M1, beaucoup plus stimulés par les céramides. Or les macrophages M1 produisent de nombreuses molécules favorisant l’inflammation, telles que les cytokines IL-1 ou IL-6, des messagers chimiques.</p>
<p><strong>TC : Que se passe-t-il dans le cas d’une infection par le coronavirus SARS-CoV-2 ?</strong></p>
<p><strong>FA :</strong> Quand le coronavirus nous infecte, notre système immunitaire réagit notamment en produisant, en 7 à 10 jours, des anticorps. Le problème est que si certains de ces anticorps sont neutralisants et empêchent le virus d’entrer dans nos cellules, d’autres sont facilitants. Non seulement ces derniers n’empêchent-ils pas le virus d’entrer dans les cellules, mais qui plus est, comme tous les anticorps, ils activent les macrophages et d’autres cellules immunitaires, ce qui favorise l’inflammation.</p>
<p>Cette réaction est censée, à terme, tuer le virus. Mais ce n’est pas ce qui se passe dans les formes graves du Covid-19 : l’inflammation s’emballe, et un véritable orage cytokinique se déclenche, qui va, à terme, détruire les organes. En particulier les poumons, dans un premier temps, mais également d’autres organes comme les reins ou le cœur.</p>
<p>Dans le cas des personnes obèses, la survenue de cet orage cytokinique est d’autant plus probable que le niveau d’inflammation est déjà élevé de base. Dans les cas d’obésité sévère, on trouve en effet entre 2 et 5 millions de cellules inflammatoires par gramme de tissu adipeux, soit quasiment plus que dans les organes lymphoïdes, dont le travail est de générer ce type de cellules. C’est un peu comme si les individus atteints d’obésité sévère avaient un second système immunitaire dans leur tissu adipeux ! Quand l’inflammation se déclenche chez ces personnes, sa puissance de frappe donc est majeure…</p>
<p><strong>TC : C’est donc cet orage inflammatoire qui est dangereux pour le patient ?</strong></p>
<p><strong>FA :</strong> Tout à fait. Les patients concernés finiraient probablement par guérir du virus, sur un temps plus ou moins long, selon leur réponse immunitaire.
Rappelons que c’est ce qui se passe pour la majorité des patients infectés par le coronavirus. Les jeunes, par exemple, développent très peu de formes graves, contrairement aux personnes âgées, dont le système immunitaire vieillissant est moins efficace. Elles n’arrivent pas à maîtriser le virus, qui se multiplie et active une réponse inflammatoire qui finit par être hors de contrôle.</p>
<p>Chez elles comme chez les personnes obèses et les autres patients qui développent des formes sévères, ce n’est pas le virus qui détruit les poumons : il ne fait qu’activer des cellules qui sont déjà là et qui, par leur activation, détruisent le tissu pulmonaire.</p>
<p>Cela commence au niveau vasculaire : les cellules qui constituent les parois des vaisseaux qui passent dans les poumons se rigidifient, se fibrosent, sous l’action de l’inflammation. Le tissu se nécrose, des trous se forment dans les poumons, les vaisseaux sanguins, détruits, ne peuvent plus transporter l’oxygène…</p>
<p><strong>TC : Observe-t-on une protection pour IMC plus bas ?</strong></p>
<p><strong>FA :</strong> Non, le fait d’être maigre ne protège pas de façon inversement proportionnelle. Si le risque se manifeste vraiment à partir du moment où l’on entre dans la catégorie « obésité morbide », le fait d’être en dessous en terme d’IMC n’est pas un facteur de protection. Quelqu’un qui a un IMC très bas pourrait même au contraire présenter d’autres risques, liés à une potentielle dénutrition par exemple…</p>
<p>Par ailleurs, des gens « maigres » peuvent avoir des problèmes de comorbidités inconnues, comme certaines pathologies cardiovasculaires sous-jacentes. Leurs artères peuvent par exemple être bouchées de plaques d’athérome, si leur alimentation est trop déstabilisée vers les lipides. En temps normal, des taux de cholestérol trop importants dans les vaisseaux, y compris dans les vaisseaux du tractus respiratoire, peuvent passer inaperçus. Cependant en cas d’infection par le SARS-CoV-2, les conséquences peuvent être graves. Cette situation peut concerner des sportifs ou des personnes jeunes, peu enclines à faire des analyses de ce genre.</p>
<p><strong>TC : Au bout de combien de temps le développement d’une forme sévère survient-il ?</strong></p>
<p><strong>FA :</strong> La zone critique est comprise entre 7 et 10 jours, soit la durée de production des anticorps. Les gens vulnérables peuvent développer une pathologie supportable dans un premier temps (de la fièvre avec juste un peu de toux, quelques problèmes respiratoires mineurs…), qui semble arriver à un plateau au bout d’une semaine.</p>
<p>C’est à ce moment que certains malades vont basculer : si le système immunitaire a laissé le virus se multiplier au point de déclencher une pré-inflammation suffisante pour créer un orage cytokinique, en quelques heures l’état de la personne se dégrade. Une radiographie des poumons révèle des masses blanches importantes : ce n’est pas le virus, mais la masse inflammatoire.</p>
<p><strong>TC : Quelles sont les stratégies de lutte ?</strong></p>
<p><strong>FA :</strong> En réanimation, au quotidien, il s’agit moins de lutter contre le virus, pour lequel il n’existe de toute façon pas encore vraiment d’antiviraux très efficaces, que de combattre l’inflammation et d’éviter l’orage inflammatoire, ou de l’enrayer s’il est déjà là.</p>
<p>On utilise pour cela, en particulier, des inhibiteurs des cytokines IL-1 et IL-6, qui sont les deux principaux médiateurs de l’inflammation. Ces traitements sont déjà classiquement utilisés en rhumatologie ou dans des pathologies auto-immunes. Ils ont déjà été testés, on sait comment ils marchent, on connaît les doses… Ils ne fonctionnent plutôt pas trop mal pour lutter contre le Covid-19 : grâce à eux on arrive à récupérer les malades. On peut par exemple citer le tocilizumab, un anti-IL6 pour lequel il y a un essai en cours en Italie.</p>
<p>Le problème des anti-inflammatoires est qu’ils peuvent inhiber une partie de la réponse anti-infectieuse de l’organisme. On diminue l’inflammation d’un patient pour sauver ses organes, mais dans le même temps on l’empêche de lutter efficacement contre le virus. Il faut donc jongler sur le fil du rasoir avec ces anti-inflammatoires, ce qui rend la prise en charge des malades Covid-19 si délicate.</p>
<p>Concernant les antiviraux, des pistes sont à l’étude, mais il s’agit surtout pour l’instant de stratégies « de première ligne » : dans l’urgence on essaie de réutiliser des médicaments qui n’ont pas été conçus pour lutter contre virus, en espérant que certains aient un petit effet. Il s’agit de gagner du temps. Diminuer la quantité de coronavirus, ou réduire de 3 jours sa durée de vie dans l’organisme, c’est laisser d’autant moins de temps à l’inflammation pour s’installer, ce qui peut éviter que les gens partent en réanimation. Les patients y sont en effet admis lorsqu’au moins un de leurs organes est défaillant.</p>
<p><strong>TC : Qu’est-ce qui décide du sort d’un patient en réanimation ?</strong></p>
<p><strong>FA :</strong> C’est son état : si plusieurs organes sont atteints, on va pouvoir diminuer l’inflammation, mais les dégâts sont déjà faits, et il n’est pas dit que les organes tiendront. La question des séquelles est particulièrement importante. On a constaté, chez des patients qui ont récupéré et sont sortis de réanimation, l’existence de lésions au niveau de divers organes. Principalement au niveau des poumons, évidemment, mais aussi au niveau des reins par exemple. Leur organisme a en effet subi, pendant parfois plusieurs semaines, un état inflammatoire important dont les conséquences à long terme restent à déterminer.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/covid-19-comment-soigne-t-on-les-patients-atteints-de-formes-graves-132852">Covid-19 : comment soigne-t-on les patients atteints de formes graves ?</a>
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<p>Ces séquelles pourraient se traduire par des problèmes de perte de capacité respiratoire plus ou moins importante, de reins filtrant moins bien… C’est un peu comme quand un immeuble a brûlé : une fois l’incendie éteint, reste à savoir dans quel état est la structure… Pour l’instant l’urgence est de sauver la vie des gens, mais ensuite il faudra les suivre.</p>
<p><strong>TC : Les recommandations habituelles, perdre du poids, faire de l’exercice surveiller son cholestérol sont donc particulièrement important en ce moment…</strong></p>
<p><strong>FA :</strong> Oui, car toute diminution de la masse graisseuse va aider à diminuer le taux d’inflammation résiduel. Et tout degré d’inflammation en moins constitue une chance supplémentaire de mieux résister au coronavirus, qui déclenche lui-même une inflammation.</p>
<p>Donc moins on aura de masse graisseuse, mieux ce sera. Faire du sport, modifier son alimentation pour limiter le stockage des lipides peuvent aider à ne plus fabriquer ces fameux réactifs de type céramides, qui sont nocifs et activent l’inflammation. On a besoin de gras pour vivre, on peut évidemment en manger, mais il faut éviter la surcharge.</p>
<p>Ces dernières années, une autre piste intéressante a émergé : des travaux ont révélé <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29110901">que le microbiote des gens obèses était très différent de celui des gens non obèses</a>. Certaines bactéries, en particulier, en étaient absentes. Nos propres recherches ont montré que certaines de ces bactéries, qui « manquent » aux personnes obèses, sont habituellement responsables de l’émergence de lymphocytes régulateurs, ces pompiers qui éteignent l’inflammation.</p>
<p>Ces bactéries sont-elles absentes parce qu’une alimentation trop lipidique ne leur convient pas ? Ou plutôt parce que cette alimentation trop riche favorise d’autres bactéries ? On ne le sait pas encore. Mais il est probable que leur absence explique pourquoi les lymphocytes régulateurs sont moins nombreux, voire absents du tissu adipeux des personnes obèses. Cela expliquerait pourquoi l’inflammation flambe sans contrôle chez elles. Non seulement les céramides l’activent, mais de plus les cellules censées la limiter ne sont pas là… C’est la double-peine.</p>
<p>Il est trop tôt pour que ces observations se traduisent par des traitements, mais elles incitent à conseiller de prendre soin de son microbiote, notamment en veillant à avoir une alimentation équilibrée et en limitant sa consommation d’alcool.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/137920/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric Altare ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
La majorité des patients admis en réanimation suite à une infection par le SARS-CoV-2 présentent un surpoids important. Pourquoi les personnes obèses sont-elles plus menacées par ce coronavirus ?
Frédéric Altare, Directeur de recherche Inserm, Directeur du Département d'Immunologie au Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers (CRCINA), Inserm
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tag:theconversation.com,2011:article/123646
2019-11-13T14:58:31Z
2019-11-13T14:58:31Z
Une nouvelle alternative thérapeutique contre les naissances prématurées
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/296483/original/file-20191010-188814-ymnxso.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=15%2C0%2C5250%2C3402&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Selon des études publiées par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), près de <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/preterm-birth">15 millions de naissances prématurées</a> sont répertoriées dans le monde à chaque année. Ainsi, plus d’un bébé sur 10 naît avant terme. Cette réalité est d’autant plus alarmante quand on sait que, par année, près d’un million d’enfants sont victimes des complications liées à la prématurité.</p>
<p>Les chiffres sont en augmentation <a href="https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(16)31593-8/fulltext">ces dernières années</a> dans les pays industrialisés. Aujourd’hui encore, la prématurité est en tête des principales causes mondiales de morbidité et de mortalité néonatale. Elle est la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28122664">seconde cause de décès</a> chez les enfants de moins de 5 ans.</p>
<p>Bien que ces chiffres soient alarmants, il faut savoir qu’un certain nombre de ces naissances prématurées peut être pris en charge et même évité. Néanmoins, face à cette pathologie destructrice, les chances de survie restent disparates d’un pays à l’autre sans compter que, pour certains survivants, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22682464">répercussions</a> sur le développement et la qualité de vie sont conséquentes. Tout est une question, « d’être au bon endroit au bon moment » !</p>
<p>Par ailleurs, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28122664">options de préventions et de traitements</a> cliniques quant à la prématurité sont restreintes et uniformisées. Les soins ne sont pas personnalisés.</p>
<p>En vérité, l’inadéquation des soins vient de la difficulté à cibler la cause exacte de ce mal : les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28122664">infections et les maladies chroniques telles que le diabète, l’obésité ou encore l’hypertension peuvent en être la cause</a>. Il existe autant de motifs de prématurité que de femmes et de types de grossesse !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/296486/original/file-20191010-188797-1aygus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/296486/original/file-20191010-188797-1aygus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/296486/original/file-20191010-188797-1aygus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/296486/original/file-20191010-188797-1aygus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/296486/original/file-20191010-188797-1aygus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/296486/original/file-20191010-188797-1aygus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/296486/original/file-20191010-188797-1aygus.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les options thérapeutiques actuellement disponibles pour traiter les pathologies graves chez la femme enceinte sont à ce jour limitées et inadaptées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>Néanmoins, plusieurs études observent que la prématurité est étroitement liée à une réponse immunitaire brutale et persistante, principalement localisée dans l’utérus maternel. Cette réponse immunitaire intra-utérine est souvent causée par une infection microbienne chez la mère. L’infection est donc majoritairement associée aux naissances prématurées précoces (moins de 28 semaines) et représente <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25520716">près de 40 % des naissances prématurées spontanées</a>.</p>
<h2>Prévenir les naissances prématurées en réduisant l’inflammation</h2>
<p>Les options thérapeutiques actuellement disponibles pour traiter les pathologies graves chez la femme enceinte sont à ce jour limitées et inadaptées. Elles passent entre autres par l’injection de progestérone afin de prévenir les risques d’accouchement avant terme, mais l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28122664">efficacité de ce moyen de prévention est limitée</a>.</p>
<p>Quant aux infections systémiques ou localisées dans l’utérus, l’unique traitement demeure l’utilisation d’antibiotiques. Ceux-ci s’avèrent efficaces contre l’envahisseur, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28122664">mais inopérants à long terme</a> contre l’inflammation intra-utérine. Des médicaments de type anti-inflammatoire ont été proposés pour remédier à cette inflammation persistante. Cependant, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25941525">leur utilisation n’est pas des plus optimales</a> lors d’une grossesse.</p>
<p>À ce jour, force est de constater qu’il existe un cruel manque de choix thérapeutiques adaptés et ciblés pour prévenir les naissances prématurées. C’est pourquoi, dans notre étude, nous proposons l’utilisation d’agents anti-inflammatoires biologiques gestationnels. Il s’agit de molécules immunitaires naturelles et initialement présentes dans notre organisme, qui régulent l’activité et la résolution de l’inflammation.</p>
<p>La particularité de ces agents anti-inflammatoires biologiques est qu’ils font déjà partie intégrante du processus normal de la réponse immune chez la femme enceinte. Cependant, leur potentiel thérapeutique et préventif n’a pas encore été mis en avant dans la recherche de traitement contre les pathologies liées à l’inflammation durant la grossesse.</p>
<p>C’est dans ce contexte que notre laboratoire a démontré que, parmi ces régulateurs biologiques de la grossesse et de l’inflammation, certains agents immunitaires tels que LIF (Leukemia inhibitory factor) participent activement à la résolution du processus inflammatoire favorisant ainsi l’implantation et le maintien de l’embryon au sein de l’utérus.</p>
<p>Dans une première étude, nous avons démontré l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25027966">activité anti-inflammatoire de LIF</a> sur des cellules immunitaires et des modèles cellulaires embryonnaires <em>in vitro</em>.</p>
<p>Ces résultats viennent corroborer des études publiées par d’autres groupes de recherche en 2005 qui avaient mis en évidence l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16049151">importance de LIF dans la réceptivité utérine et l’implantation embryonaire chez la souris</a>. LIF favorise l’implantation embryonnaire au quatrième jour de gestation chez la souris en limitant la réponse immune dans l’utérus lors de l’arrivée de l’embryon.</p>
<p>Ainsi, nos recherches s’articulent davantage autour des facteurs biologiques gestationnels de la même famille que LIF tel que l’OSM (Oncostatine M). Notre hypothèse est que l’OSM possède également des vertus anti-inflammatoires, capables de modérer l’inflammation durant la grossesse et ainsi protéger le fœtus et la mère.</p>
<h2>Sur une bonne voie contre l’inflammation</h2>
<p>À ce jour, notre équipe a réussi à mettre en évidence le rôle de l’OSM et son effet anti-inflammatoire dans des modèles cellulaires de placenta humain (modèles cellulaires élaborés en laboratoire). Cet effet pourrait s’étendre aux cellules immunitaires (macrophages). Ces observations sont très encourageantes et prometteuses bien qu’elles soient pour le moment <em>in vitro</em>.</p>
<p>L’ultime confirmation serait de passer à un modèle <em>in vivo</em>. Cette perspective est envisagée grâce à l’utilisation de modèles de souris gestantes infectées par un agent pathogène bactérien et traitées avec des combinaisons de progestérone, LIF et/ou OSM.</p>
<p>Ces futures expériences nous permettrons d’évaluer la pertinence d’utiliser LIF et OSM pour protéger le placenta et l’embryon d’une inflammation causée par une infection bactérienne en plus d’un traitement antibactérien. Du même coup, nous serions en mesure d’établir si ces molécules peuvent éviter la naissance prématurée ou l’avortement spontané, ou tout au moins atténuer l’impact sur la santé et la qualité de vies des enfants nés lors de ces complications gestationnelles.</p>
<p>Les retombées de ce projet pourraient donc redonner espoir aux milliers de familles affligées par des complications de grossesse de type inflammatoire pouvant porter atteinte à la mère comme à l’enfant.</p>
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<p class="fine-print"><em><span>Marion Ravelojaona a reçu des financements du Réseau Québécois en Reproduction (RQR) Bourse du CIRD (RQR) et l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) </span></em></p><p class="fine-print"><em><span><a href="mailto:carlos.reyes-moreno@uqtr.ca">carlos.reyes-moreno@uqtr.ca</a> a reçu des financements de CRSNG, IRSC, SRC. Il est membre de GRSC, RQR, CIRD, CERMO-FC et CRCQ. </span></em></p>
Les infections sont majoritairement associées aux naissances prématurées précoces (moins de 28 semaines) et représentent près de 40 % des naissances prématurées spontanées.
Marion Ravelojaona, Étudiante Ph.D Laboratoire d'immunologie et d'oncologie, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)
carlos.reyes-moreno@uqtr.ca, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)
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tag:theconversation.com,2011:article/126287
2019-11-07T19:29:25Z
2019-11-07T19:29:25Z
Les vertus anti-inflammatoires et sans effet secondaire du « tsontso », une plante locale malgache
<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/300330/original/file-20191105-88394-vlrobx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C1191%2C790&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La flore malgache est un trésor biologique à préserver. </span> <span class="attribution"><span class="source">Rijasolo/AFP</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>À Madagascar, l’utilisation des plantes médicinales pour le soin des maladies est une pratique largement répandue en milieu rural. Au-delà de la simple coutume ou de la transmission d’un art ancestral, cette méthode de soin, connue sous l’appellation de « médecine traditionnelle », apparaît comme une vraie pratique vitale pour la population là où l’éloignement géographique et la limite du pouvoir d’achat ne permettent pas l’accès aux services et produits de santé.</p>
<h2>La flore malgache, un trésor biologique</h2>
<p>C’est indéniable, Madagascar est doté d’une <a href="https://www.nytimes.com/2004/03/30/science/on-madagascar-a-treasury-of-fauna-and-flora.html">flore riche</a> et luxuriante, à l’origine de la vaste panoplie de soins en médecine traditionnelle qu’elle offre. La présence de ces plantes sur l’ensemble de l’île assure aussi une grande accessibilité.</p>
<p>Cependant, si en milieu rural la médecine traditionnelle est assez bien implantée, elle l’<a href="http://digitalcollections.sit.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=2651&context=isp_collection">est moins dans les centres urbains</a>. Pourtant, de <a href="https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01732278/document">nombreuses recherches</a> ont déjà démontré l’efficacité de ces plantes. Qui plus est, la <a href="https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/95009/9789242506099_fre.pdf;jsessionid=7636D47B48F312B700260BBA9270AC8A?sequence=1">stratégie mondiale de l’OMS</a>, vient davantage confirmer la contribution que la médecine traditionnelle peut apporter à la santé et au bien-être des individus.</p>
<h2>Le « tsontso », plus efficace que les anti-inflammatoires actuels</h2>
<p>Dans la continuité de ces efforts en faveur de la promotion des plantes médicinales, nous avons entamé des travaux de recherche sur une plante endémique à Madagascar, le <em>Cladogelonium madagascariense</em>, plus communément appelé « tsontso » par la population locale. Les objectifs étaient de valoriser les ressources du pays, d’apporter des évidences scientifiques sur les vertus thérapeutiques de la plante et d’établir des références pour une utilisation sure et efficace.</p>
<p>Le « tsontso » a été recensé lors d’une <a href="https://www.persee.fr/doc/jatba_0021-7662_1968_num_15_7_2992">enquête ethnopharmacologique</a> dans la partie nord de Madagascar. Les villageois l’utilisent pour soigner notamment les fièvres, douleurs et enflures. Vu ces utilisations traditionnelles, l’hypothèse d’une probable activité anti-inflammatoire a été émise, ce qui a constitué le postulat de départ de nos travaux. Après purification, nous avons isolé une molécule qui s’appelle D :B-friedo-olean-5-en-3α-ol (DBFO).</p>
<p>Les résultats ont dévoilé que la molécule DBFO est plus efficace que certains médicaments déjà présents sur le marché et utilisés dans le traitement de l’inflammation, notamment la <a href="https://www.doctissimo.fr/principe-actif-5718-PHENYLBUTAZONE.htm">Phénylbutazone</a>, l’<a href="https://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2003/sem01/mag0411/sa_6663_aspirine_remede_miracle.htm">aspirine</a> et le <a href="https://www.doctissimo.fr/principe-actif-7222-TRAMADOL.htm">Tramadol</a>.</p>
<h2>Sans effet secondaire</h2>
<p>Par ailleurs, toute étude pharmacologique devant passer par un test de toxicité, DBFO a été soumis à deux séries de tests. Sur la première, dite test de toxicité aiguë, DBFO a été administré jusqu’à 60 fois sa dose normale d’efficacité. Les résultats ont montré que DBFO ne provoque pas la mortalité. Sur la seconde, dite test de toxicité chronique, les résultats ont montré que DBFO ne provoque aucune lésion au niveau de l’estomac, même administré à une dose égale à 15 fois sa dose normale d’efficacité.</p>
<p>Cela marque un jalon important dans nos travaux de recherche car bon nombre de médicaments anti-inflammatoires actuellement en vente sur le marché présentent tous le <a href="https://www.santemagazine.fr/traitement/medicaments/anti-inflammatoires/7-choses-a-savoir-avant-la-prise-danti-inflammatoires-361891">même effet secondaire</a> : ils provoquent des ulcères gastriques.</p>
<p>Nos travaux se sont par la suite concentrés sur une analyse plus approfondie du mécanisme de fonctionnement de DBFO. Une inflammation est par définition une réaction de défense de l’organisme à la suite d’une agression. Elle est caractérisée par quatre symptômes : rougeur, chaleur, tumeur, douleur. La rougeur est provoquée par la dilatation des vaisseaux sanguins à proximité de la zone lésée, accompagnée par la chaleur due à l’augmentation de la perméabilité des capillaires. Ces derniers, étant perméables, laissent échapper de l’eau et du plasma des vaisseaux sanguins, formant la tumeur ou œdème qui limite la lésion. Ce gonflement vient compresser les nerfs et fait apparaître en cascade la douleur.</p>
<p>Les globules blancs du sang sont aussi recrutés au niveau de la lésion pour combattre les agents pathogènes. Ils libèrent des substances, dont le TNF-α (de l’anglais <em>tumor necrosis factor</em> ou facteur de nécrose tumorale). Ce TNF-α, une fois libéré, va « recruter » d’autres cellules de défense de l’organisme. Si l’agent pathogène persiste, le TNF-α va entretenir sa propre libération et, en même temps, continuer à « recruter » indéfiniment d’autres éléments de défense : ainsi, l’inflammation s’aggrave.</p>
<p>Cette connaissance du mécanisme de l’inflammation permet de cibler directement les acteurs de la réaction inflammatoire. Comme le TNF-α y joue un rôle essentiel, il constitue une cible idéale pour les substances anti-inflammatoires. Les résultats des tests effectués sur des globules blancs du sang humain ont montré que DBFO diminue la concentration de TNF-α. Ces résultats ont permis de déduire que l’activité anti-inflammatoire de DBFO isolé de <em>Cladogelonium madagascariense</em> est due à l’inhibition de la synthèse ou de la libération de TNF-α.</p>
<p>En conclusion, les données empiriques sur l’utilisation du « tsontso » sont donc bien fondées et vérifiées scientifiquement. De plus, une découverte majeure a été faite sur une propriété de la plante : elle est démunie d’effets secondaires, contrairement aux anti-inflammatoires sur le marché.</p>
<p>Bien que ces résultats soient réellement satisfaisants, ils ne clôturent pas pour autant nos recherches sur le <em>Cladogelonium madagascariense</em>. Beaucoup en effet reste à découvrir, notamment l’effet probable de DBFO sur les substances du système immunitaire autres que le TNF-α, la présence de molécules pures autre que DBFO dans la plante ainsi que leurs mécanismes respectifs, etc. </p>
<p>Toujours est-il que de la plante au médicament, le chemin est encore long. En attendant, le « tsontso » est disponible en décoction, « tambavy » comme on l’appelle dans le pays. Il est souvent servi dans des petits verres bien remplis. Le toast prendrait alors tout son sens. Santé !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126287/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tianarilalaina Tantely, Andriamampianina ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>
Les données empiriques sur l’utilisation du « tsontso » ont montré que cette plante malgache est plus efficace que les médicaments anti-inflammatoires. Qui plus est, elle n’a pas d’effet secondaire.
Tianarilalaina Tantely, Andriamampianina, Enseignant-chercheur en pharmacologie, Université d’Antananarivo
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