tag:theconversation.com,2011:/us/topics/medecines-alternatives-31418/articlesmédecines alternatives – The Conversation2024-01-21T14:42:47Ztag:theconversation.com,2011:article/2212582024-01-21T14:42:47Z2024-01-21T14:42:47ZBien-être et fausse médecine : quand la physique quantique est récupérée par les pseudosciences<p>Le 2 janvier dernier, la parfumerie Guerlain a mis au jour un nouveau produit cosmétique, assurant qu’il était <a href="https://www.francetvinfo.fr/vrai-ou-fake/cosmetiques-guerlain-cree-la-polemique-avec-sa-creme-quantique_6301623.html">basé sur la physique quantique</a>. En proposant une <a href="https://web.archive.org/web/20240102181002/">« nouvelle voie de réjuvénation […] basée sur la science quantique [qui] aide à restaurer la lumière quantique d’une cellule jeune »</a>, l’entreprise a suscité les réactions indignées de la <a href="https://twitter.com/EtienneKlein/status/1742268657286209956">communauté scientifique</a>, <a href="https://www.quechoisir.org/actualite-allegations-cosmetiques-guerlain-pousse-le-bouchon-avec-sa-creme-quantique-n115470/">de</a> <a href="https://www.liberation.fr/checknews/cosmetique-quantique-de-guerlain-un-fin-vernis-scientifique-et-une-grosse-louche-de-foutaises-20240105_ZAVUDZ7EB5EG3NAHY7GDBW4MAI/">médias</a> et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=z4ZfsJRGJsM">youtubeurs</a>, qui ont poussé le parfumeur à modifier rapidement sa communication.</p>
<p>Cette affaire n’est qu’une étape de plus dans une <a href="https://www.book-e-book.com/livres/30-quantox-mesusages-ideologiques-de-la-mecanique-quantique-9782915312737.html">longue histoire de détournement des concepts et du lexique de la mécanique quantique</a> – et de la science en général – dont le résultat est la promotion des pseudosciences, ces disciplines qui revêtent les apparats de la connaissance établie sans en avoir le moindre fondement.</p>
<p>Le qualificatif « quantique » est désormais omniprésent dans le monde du bien-être, des médecines « alternatives » et des sphères ésotériques (salons, sites de vente en ligne, praticiens, réseaux sociaux, rayons « bien-être » voire « médecine » de grandes librairies).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=422&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569805/original/file-20240117-25-r202j2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Plaque professionnelle d’un thérapeute en région parisienne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Aymeric Delteil</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Certains appareils de soins quantiques ont été fortement médiatisés, tel le « Taopatch » <a href="https://www.midilibre.fr/2023/06/04/des-nanocristaux-appeles-boites-quantiques-cest-quoi-ce-patch-que-novak-djokovic-porte-scotche-a-la-poitrine-11240264.phpe-11240264.php">arboré par la star du tennis Novak Djokovic lors du dernier Roland-Garros</a>. Ce dispositif de la taille d’une pièce de monnaie prétend améliorer les performances physiques, mais aussi soigner les maladies neuromusculaires. De telles prétentions sèment la confusion dans le grand public, qui a fort à faire pour distinguer le vrai du faux.</p>
<h2>Des risques en termes de santé, de dérives sectaires… et pour le porte-monnaie</h2>
<p>Le danger est réel, car la confusion peut avoir des conséquences nocives pour la population.</p>
<p>En effet, les tenants des médecines quantiques prétendent parfois pouvoir guérir la quasi-totalité de nos troubles, y compris des maladies graves. Ainsi, dans le livre <em>Le Corps quantique</em> de Deepak Chopra (1989), ouvrage fondateur vendu à près d’un million d’exemplaires, non seulement l’auteur suggère que son approche peut guérir le cancer, mais ses propos engendrent de plus une défiance à l’égard de la médecine. Ce type de discours, <a href="https://www.marianne.net/societe/sciences-et-bioethique/le-saut-quantique-larnaque-a-la-mode-des-gourous-du-developpement-personnel">désormais répandu dans ce milieu</a> et notamment sur Internet, peut pousser les gens à se <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamaoncology/fullarticle/2687972">détourner du monde médical</a>.</p>
<p>Un autre exemple plus récent : le « Healy », un appareil de thérapie soi-disant basé sur un « capteur quantique », vendu à près de 200 000 exemplaires à des prix <a href="https://therafrequentielle.fr/index.php/produit/healy-professional-edition/">allant de 500 à 4 000 euros</a>, propose des programmes pour un grand nombre de soins via des applications payantes, qui pourraient même <a href="https://therafrequentielle.fr/media/2020/04/Healy_FL1_Digital-Nutrition_Flyer_FR.pdf">remplacer une partie de notre alimentation</a>. Une analyse par <a href="https://www.youtube.com/watch?v=UrDfPGSWxas">rétro-ingénierie</a> a pourtant révélé qu’il ne contient pas de capteur quantique – et même pas de capteur du tout.</p>
<p>En poussant les gens à se détourner de la médecine et/ou à adopter des conduites risquées, ces arguments peuvent provoquer des <a href="https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/ethique/inefficaces-dangereuses-pas-ethiques-des-praticiens-sattaquent-aux-fake-medecines-replique-immediate">pertes de chances</a> d’un point de vue médical.</p>
<p>Les médecines alternatives peuvent également déboucher sur des <a href="https://www.leparisien.fr/societe/sante/medecines-douces-lordre-des-medecins-alerte-sur-les-derives-therapeutiques-voire-sectaires-27-06-2023-LU5F6ARXHBHJBKQI7JUAGNIJD4.php">dérives sectaires</a> : le dernier rapport de la Miviludes montre que <a href="https://www.miviludes.interieur.gouv.fr/publications-de-la-miviludes/rapports-annuels/rapport-dactivit%C3%A9-2021">24 % des signalements pour dérives sectaires concernent les « pratiques de soin non conventionnelles »</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/569804/original/file-20240117-19-o9jllg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Rayon médecine d’une librairie francilienne, où se côtoient sciences et pseudo-sciences, notamment quantiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Aymeric Delteil</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Des comportements quantiques au monde classique que nous expérimentons au quotidien : une histoire d’échelle</h2>
<p>Disons-le tout net : ces approches n’ont rien de quantique.</p>
<p>Pour s’en rendre compte, rappelons que la physique quantique a été construite afin de comprendre les phénomènes d’interaction entre la lumière et la matière à l’échelle atomique. Elle a abouti à une description très féconde de la nature à l’échelle microscopique, tout en révélant des phénomènes contre-intuitifs, qui sont difficiles à interpréter.</p>
<p>Ainsi, selon la mécanique quantique, les particules élémentaires peuvent se comporter comme des ondes, elles peuvent être en <a href="https://theconversation.com/quest-ce-que-le-hasard-quantique-85358">superposition</a> de plusieurs états (par exemple en deux endroits simultanément) voire <a href="https://theconversation.com/le-prix-nobel-de-physique-2022-pour-lintrication-quantique-133000">intriquées</a>, lorsque les états de deux particules dépendent l’un de l’autre même éloignées. Or le monde à notre échelle ne se comporte pas de cette façon. Nous en faisons l’expérience quotidienne : les objets qui nous entourent sont dans un seul état, à un seul endroit, ils ne se propagent pas. Les chats ne sont pas <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chat_de_Schr%C3%B6dinger">à la fois morts et vivants</a>.</p>
<p>La raison de cette différence entre le comportement de la matière à notre échelle et celui des particules qui la composent est l’objet de recherches fondamentales depuis plus d’un demi-siècle, et les résultats de ces recherches sont sans équivoque. Les effets quantiques sont très fragiles, et leur observation nécessite des conditions extrêmes : très basse température (souvent proche du zéro absolu), vide très poussé, obscurité totale, nombre de particules très réduit. Hors de ces conditions, les effets quantiques disparaissent très rapidement sous l’effet d’un phénomène omniprésent appelé <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9coh%C3%A9rence_quantique">« décohérence »</a>. Ce terme désigne l’effet destructeur de l’environnement (lumière, atmosphère, chaleur) sur les effets quantiques.</p>
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<p>« Les superpositions quantiques à grande échelle sont si fragiles et si promptes à être détruites par leur couplage avec l’environnement qu’elles ne peuvent pas être observées en pratique. Aussitôt créées, elles se transforment en un éclair en des mélanges statistiques sans intérêt. » (Serge Haroche, prix Nobel de physique 2012 et pionnier de la décohérence, dans « Exploring the Quantum » aux éditions Oxford, 2006)</p>
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<figcaption><span class="caption">La décohérence quantique. Source : ScienceClic.</span></figcaption>
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<p>Ainsi, en biologie, où la matière est dense et la température relativement élevée, on peut certes identifier <a href="https://physics.aps.org/articles/v8/s22">quelques phénomènes purement quantiques</a>, mais très localement, à l’échelle de quelques électrons (par exemple, la détection du champ magnétique terrestre par les oiseaux migrateurs implique la superposition d’états de deux électrons au sein d’une <a href="https://www.nature.com/articles/s41586-021-03618-9">molécule appelée cryptochrome</a>). En revanche, les phénomènes physiques à l’échelle de nos organes, d’une cellule ou même d’une molécule biologique, comme une protéine ou de l’ADN, sont purement classiques, en vertu de la décohérence.</p>
<h2>Un vocabulaire et des concepts dévoyés par les tenants des pseudosciences</h2>
<p>Ces considérations ne dérangent toutefois pas les tenants des discours pseudoscientifiques, qui saupoudrent le jargon de la mécanique quantique sans aucune rigueur et de façon ambiguë, multipliant les contresens et les contrevérités. Ils se cachent fréquemment derrière des citations de grands physiciens qui ont quelquefois <a href="https://cortecs.org/wp-content/uploads/2011/08/CorteX_Quantoc_BUP_21027.pdf">affirmé leurs propres difficultés d’interprétation</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Guerlain sort sa « crème quantique » (G. Milgram).</span></figcaption>
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<p>Qu’on ne s’y trompe pas : la physique quantique est très bien comprise et extrêmement précise dans ses prédictions. Les difficultés énoncées par les scientifiques du domaine proviennent de l’interprétation, de la représentation mentale que l’on se fait des phénomènes quantiques, troublants, très différents de notre expérience quotidienne et si éloignés de notre intuition.</p>
<p>C’est la raison pour laquelle la mécanique quantique constitue un <a href="https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/10/10/la-medecine-quantique-de-fausses-therapies-qui-surfent-sur-les-revolutions-de-la-physique-quantique_6145232_1650684.html">terreau idéal pour le mysticisme</a>. Elle fournit un mélange de phénomènes fascinants, de concepts abstraits réputés difficiles et d’un <a href="https://theconversation.com/lenvers-des-mots-quantique-196536">vocabulaire évocateur</a> qui est dilué dans un amalgame de lexique ésotérique <em>New Age</em>. Cela donne un beau mélange de « vibrations », « lumière », « champ énergétique », « biorésonance quantique », « élévation de son niveau d’énergie », « clés d’harmonisation multidimensionnelle » et tant d’autres formulations vides de sens.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/sans-culture-linguistique-pas-de-culture-scientifique-213487">Sans culture linguistique, pas de culture scientifique</a>
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<p>Les phénomènes de la mécanique quantique eux-mêmes sont dévoyés : l’intrication permettrait de <a href="https://www.symphony-energetique.com/comment-se-deroule-les-soins-a-distance-quantique.html">soigner à distance</a>, la bioluminescence fournirait une justification aux <a href="https://emmind.net/endogenous_fields-mind-ebp-biophotons_acupunture_meridians.html">méridiens de l’acupuncture</a>, le vide quantique <a href="https://www.editions-dangles.fr/produit/289/9782703311478/l-eau-et-la-physique-quantique">expliquerait la mémoire de l’eau</a>.</p>
<h2>Une imposture intellectuelle à but lucratif</h2>
<p>Cette démarche constitue une <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Impostures_intellectuelles">imposture intellectuelle, telle que définie par Alan Sokal et Jean Bricmont</a>, c’est-à-dire une « utilisation abusive du vocabulaire scientifique […] pour se donner une illusion de crédibilité ».</p>
<p>Le business est lucratif : de consultations à quelques dizaines d’euros la séance, à des formations en ligne à plusieurs centaines voire milliers d’euros, en passant par des appareils à l’apparence de dispositifs médicaux <a href="https://www.interfacetherapiequantique.com/">dépassant les 20 000 euros</a>.</p>
<p>Leur <a href="https://lesjours.fr/obsessions/antivax-extreme-droite/ep6-healy-arnaque/">promotion, basée sur les réseaux sociaux, utilise souvent</a> un <a href="https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/marches-financiers/fonctionnement-du-marche/systeme-de-vente-pyramidale/">système pyramidal</a>, où les acheteurs sont enrôlés en tant que revendeurs, puis embauchent à leur tour des revendeurs. Ce schéma protège les fabricants derrière les utilisateurs qui assurent la promotion et assument les fausses prétentions.</p>
<h2>Surfer sur la vague médiatique de technologies réellement quantiques</h2>
<p>Si les appareils de médecine quantique ne sont pas plus quantiques que votre stylo, les phénomènes quantiques néanmoins sont bel et bien exploités à l’heure actuelle, notamment pour réaliser les premiers ordinateurs quantiques. Ceux-ci sont opérés dans les conditions très exigeantes que les phénomènes quantiques exigent : ultravide et très basses températures (quelques degrés voire fractions de degrés au-dessus du zéro absolu, c’est-à-dire la bagatelle de -273 °C).</p>
<p>Avec le développement actuel de ces technologies quantiques bien réelles, il est à craindre que les charlatans ne surfent de plus belle sur la vague médiatique actuelle.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/dossier-la-course-a-lordinateur-et-aux-communications-quantiques-196837">Dossier : La course à l’ordinateur et aux communications quantiques</a>
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<p>Il convient donc d’être particulièrement vigilants quant au contenu scientifique et à la sincérité de ceux qui nous font miroiter des promesses de santé ou de prospérité quantiques, afin que la médecine quantique ne devienne pas l’homéopathie de demain.</p>
<p>En ce sens, l’affaire Guerlain peut être vue comme une lueur d’espoir car elle a été un électrochoc pour de nombreux <a href="https://www.youtube.com/watch?v=ShYK49Y11mI">scientifiques</a>, <a href="https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sciences/de-schrodinger-a-guerlain-le-quantique-une-science-mal-comprise-UGLJ3LCHG5HXXLNQJOAELV3QOI/">médias</a> et <a href="https://twitter.com/epenser/status/1742620037528138174">vulgarisateurs</a> – relais essentiels entre les scientifiques et le grand public – qui se sont exprimés en chœur sur cette thématique. Le fait que la totalité des grands médias leur ait donné un écho immédiat et sans ambiguïté – ce qui n’est pas toujours le cas en ce qui concerne les pseudosciences – est en ce sens rassurant.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221258/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aymeric Delteil a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR). </span></em></p>Les pseudosciences récupèrent souvent la physique quantique, dont les concepts servent de caution à des produits souvent chers et qui n’ont rien de quantique.Aymeric Delteil, Chercheur CNRS, Groupe d'étude de la matière condensée, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2001542023-07-26T16:38:08Z2023-07-26T16:38:08ZPlantes de la forêt boréale : de la médecine traditionnelle autochtone à la médecine moderne<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/514538/original/file-20230309-26-a04jeh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C6%2C2286%2C1714&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les cultures autochtones possèdent un savoir ancestral et une connaissance approfondie des plantes qui méritent d'être reconnus, préservés et valorisés pour le bénéfice de l'ensemble de la société.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Olivier Fradette)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Les produits naturels de santé et phytomédicaments (médicaments à base de plantes) sont utilisés dans de nombreux pays comme première option de médication. Ce marché représente une part importante du commerce des produits de santé, en particulier dans les pays en développement où une grande partie de la population dépend de ces produits pour se soigner.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/523895/original/file-20230502-16-gbwpsg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><strong>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/foret-boreale-138017">Forêt boréale : mille secrets, mille dangers</a></strong></p>
<p><br><em>La Conversation vous propose une promenade au cœur de la forêt boréale. Nos experts se penchent sur les enjeux d’aménagement et de développement durable, les perturbations naturelles, l’écologie de la faune terrestre et des écosystèmes aquatiques, l’agriculture nordique et l’importance culturelle et économique de la forêt boréale pour les peuples autochtones. Nous vous souhaitons une agréable – et instructive – balade en forêt !</em></p>
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<p>Ces produits sont profondément enracinés dans les connaissances et les traditions ancestrales, transmises de génération en génération par les communautés autochtones. Ces savoirs représentent une source d’informations inestimable pour la recherche scientifique.</p>
<p>En explorant ces connaissances, les chercheurs peuvent découvrir de nouvelles molécules médicinales. Certaines de ces molécules isolées de plantes sont aujourd’hui des agents thérapeutiques très importants de la médecine moderne. On peut par exemple penser au <em>paclitaxel</em>, un agent anticancéreux utilisé en chimiothérapie, qui a été isolé de l’if du Canada (<em>Taxus canadensis</em>), un arbuste que les peuples autochtones utilisent pour soigner divers problèmes de santé.</p>
<p>Depuis plusieurs années, le <a href="https://creb-uqac.ca/recherches/laboratoire-danalyse-et-de-separation-des-essences-vegetales-laseve/">laboratoire LASEVE</a>, situé à l’Université du Québec à Chicoutimi, a mis de l’avant son expérience en recherche phytochimique, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pharmacognosie">pharmacognostique</a> et pharmacologique pour explorer les composés actifs de plantes endémiques du Canada en se basant sur les connaissances ancestrales des peuples autochtones. Le laboratoire dispose d’une expertise complète, allant de l’identification des plantes à fort potentiel thérapeutique, à la détermination de la composition chimique, au développement de méthodes d’extraction, à l’isolement des composés ainsi qu’à l’évaluation des activités biologiques.</p>
<h2>La forêt boréale : une source de médicaments naturels</h2>
<p>Plusieurs espèces de plantes de la forêt boréale répertoriées dans la médecine traditionnelle autochtone ont été étudiées par l’équipe du LASEVE.</p>
<p>Le quatre-temps (<em>Cornus canadensis</em>), par exemple, est traditionnellement utilisé comme remède antiviral par les Premières Nations. Nos travaux de recherche sur cette espèce ont mis en évidence que l’extrait des feuilles détenait une <a href="https://bmccomplementmedtherapies.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12906-017-1618-2">activité thérapeutique contre l’herpès simplex de type 1 (HSV-1)</a>, un virus responsable des feux sauvages. Grâce à une analyse chimique approfondie, nous avons isolé une dizaine de molécules de cet extrait. Ces molécules, appartenant à la famille des polyphénols, sont des substances naturelles aux propriétés antioxydantes que l’on retrouve dans de nombreux aliments et qui aident à protéger le corps contre les dommages causés par les <a href="https://www.futura-sciences.com/sciences/definitions/chimie-radical-libre-242/">radicaux libres</a>. Parmi elles, le tannin nommé Tellimagrandin 1 a été identifié comme la molécule polyphénolique la plus active de l’extrait pour inhiber le virus HSV-1.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514307/original/file-20230308-14-rpxzth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514307/original/file-20230308-14-rpxzth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514307/original/file-20230308-14-rpxzth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514307/original/file-20230308-14-rpxzth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514307/original/file-20230308-14-rpxzth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514307/original/file-20230308-14-rpxzth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514307/original/file-20230308-14-rpxzth.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le quatre-temps est traditionnellement utilisé comme remède antiviral par les Premières Nations.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Jacques Ibarzabal), Fourni par l’auteure</span></span>
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<p>D’autres études de notre laboratoire se sont intéressées à l’utilisation traditionnelle des bourgeons de peuplier baumier (<em>Populus balsamifera</em>) pour lutter contre les problèmes inflammatoires et les infections. Plusieurs molécules qui se trouvent dans les bourgeons ont été identifiées et certaines appartenant à la famille chimique des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0040403912021338?via%3Dihub">balsacones</a> ont montré des <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31681206/">propriétés antibactériennes</a> intéressantes, en particulier contre le staphylocoque doré résistant à la méthicilline, aussi appelé <em>SARM</em>. Cette bactérie peut causer des infections très graves, difficiles à traiter de par sa résistance à plusieurs antibiotiques, dont la méthiciline. D’autres molécules de cette même famille ont montré des effets prometteurs dans le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6981943/">traitement du psoriasis</a>, en raison de leur capacité à réduire l’inflammation et les dommages oxydatifs.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/514305/original/file-20230308-18-5c07sc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514305/original/file-20230308-18-5c07sc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514305/original/file-20230308-18-5c07sc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514305/original/file-20230308-18-5c07sc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514305/original/file-20230308-18-5c07sc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514305/original/file-20230308-18-5c07sc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514305/original/file-20230308-18-5c07sc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514305/original/file-20230308-18-5c07sc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les bourgeons de peuplier baumier sont utilisés pour lutter contre les problèmes inflammatoires et les infections.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Jacques Ibarzabal), Fourni par l’auteure</span></span>
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<p>Plusieurs composés aux propriétés anti-inflammatoires, dont de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S187439002100077X">nouvelles molécules nommées nudicaulosides</a>, ont été isolés à partir de l’aralie salsepareille (<em>Aralia nudicaulis</em>), une plante connue par les autochtones pour ses multiples bienfaits. L’extrait obtenu à partir de la tige souterraine (ou rhizome) a montré des activités antioxydantes et anti-inflammatoires prometteuses. Ces dernières indiquent des effets protecteurs potentiels contre le stress oxydatif induit par le soleil sur les cellules de la peau. Cette activité est due à la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34361611/">haute teneur en composés phénoliques</a> dans l’extrait.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514306/original/file-20230308-24-1zojpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514306/original/file-20230308-24-1zojpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514306/original/file-20230308-24-1zojpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514306/original/file-20230308-24-1zojpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514306/original/file-20230308-24-1zojpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514306/original/file-20230308-24-1zojpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514306/original/file-20230308-24-1zojpm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’aralie salsepareille est une plante connue par les autochtones pour ses multiples bienfaits.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Jacques Ibarzabal), Fourni par l’auteure</span></span>
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<h2>Plantes adaptogènes de la forêt boréale</h2>
<p>Dans notre société moderne effrénée, le stress est un véritable fléau qui peut avoir de graves répercussions sur la santé. Face à ce problème de santé publique, il est devenu crucial de trouver des moyens de renforcer notre capacité à résister à ce stress et de préserver notre bien-être. Les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8398443/">plantes dites adaptogènes</a> attirent l’attention des chercheurs pour répondre à ce défi.</p>
<p>Ces plantes exercent une action régulatrice, notamment sur notre système immunitaire, ce qui améliore la capacité de l’organisme à s’adapter au stress environnemental. L’échinacée, l’astragale ou encore le fameux ginseng sont quelques exemples de plantes adaptogènes.</p>
<p>Comme la demande pour ces plantes est en constante augmentation, nous avons choisi d’explorer le potentiel comme plante adaptogène de deux espèces d’aralies originaires d’Amérique du Nord, soit <em>Aralia nudicaulis</em> et <em>Aralia hispida</em>. Ces deux plantes, qui sont de la même famille que le ginseng, ont été jusqu’alors que très peu étudiées, bien qu’elles soient fréquemment utilisées dans la médecine traditionnelle. La caractérisation chimique et biologique de ces plantes a débuté dans nos laboratoires et plusieurs molécules bioactives ont déjà été identifiées.</p>
<p>Pour conclure, notre groupe de recherche consacre ses efforts depuis plusieurs années à explorer les potentiels thérapeutiques cachés dans les plantes de la forêt boréale. Dans ce contexte, la médecine traditionnelle des Premières Nations est un atout précieux. </p>
<p>Ces cultures possèdent un savoir ancestral et une connaissance approfondie des plantes qui méritent d’être reconnus, préservés et valorisés au bénéfice de l’ensemble de la société.</p>
<p>Il est important de rappeler que la prudence est de mise lorsqu’il s’agit de produits naturels. Ces produits ne sont pas toujours sans danger, puisqu’ils contiennent un mélange de composés dont seuls certains ont des propriétés bénéfiques, alors que d’autres peuvent causer des effets indésirables ou interférer avec d’autres médicaments. </p>
<p>Il est donc important de consulter un professionnel de la santé avant de prendre tout remède naturel.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200154/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>André Pichette est membre de l’Ordre des chimistes du Québec (OCQ)
André Pichette a reçu des financements de Fonds de recherche du Québec - Santé (FRQS)
Conseil de Recherches en Sciences Naturelles et Génie du Canada
(CRSNG)- Alliance - Mathematics of Information Technology and Complex Systems
(MITACS) - Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC)</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jean Legault est membre de l'ordre des chimistes du Québec.
Jean Legault a reçu des financements du FQRNT, FRQS, CRSNG, Mitacs.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Marianne Piochon et Vakhtang Mshvildadze ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Le savoir traditionnel ancestral des peuples autochtones sur les plantes médicinales est à la base de la découverte scientifique de nouveaux composés bioactifs.Marianne Piochon, Assistante de recherche, MSc, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Andre Pichette, Professeur en chimie des produits naturels, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Jean Legault, Professeur-chercheur en biochimie et pharmacologie, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Vakhtang Mshvildadze, Professeur de Pharmacognosie, Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1298802020-01-15T15:58:46Z2020-01-15T15:58:46ZLe Goop Lab de Gwyneth Paltrow : une infopub pour son entreprise douteuse<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/310045/original/file-20200114-151829-lti8vg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le Goop Lab sera lancé le 24 janvier 2020 : il sera probablement rempli de pensées magiques et d'histoires de santé non prouvées - ce qui en fait un énorme conflit d'intérêts pour Gwyneth Paltrow. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock </span></span></figcaption></figure><p>La semaine dernière, Netflix <a href="https://www.youtube.com/watch?v=MunlAm7IGsE">a diffusé pour la première fois la bande-annonce</a> de la nouvelle série de Gwyneth Paltrow <em>The Goop Lab</em>. Il s’agit d’une série de six épisodes qui, selon les bandes-annonces, se concentre sur les approches de bien-être qui sont « hors normes », « non réglementées » et vaguement « inquiétantes ». (Lire : non éprouvées par la science).</p>
<p>La <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/202001/09/01-5256140-goop-lab-diffuser-ce-genre-de-pseudoscience-est-dangereux.php">réaction</a> des professionnels de la santé et des défenseurs de la science a été immédiate et généralisée. Et pour de bonnes raisons. Comme <a href="https://www.bustle.com/p/a-doctor-reacts-to-netflixs-the-goop-lab-trailer-19769024">l'a noté</a> l’obstétricienne et gynécologue <a href="https://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2018/10/19/surprise-gwyneth-paltrow-vend-pseudoscience">Dr Jen Gunter</a> dans le magazine <em>Bustle</em>, la bande-annonce reflète bien l’image de Goop : « De belles informations présentées pour appuyer des thérapies non scientifiques, non prouvées, potentiellement nocives… »</p>
<p>Nous savons que la <a href="https://www.nbcnews.com/think/opinion/celebrities-gwyneth-paltrow-made-2010s-decade-health-wellness-misinformation-ncna1107501">propagation</a> de ce genre de désinformation sur la santé engendre de fausses croyances et des comportements nocifs pouvant avoir un impact important et préjudiciable sur la santé publique.</p>
<p>C’est <a href="https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/la-desinformation-un-danger-reel-pour-la-sante-publique-91f6c41718af30bff7a021c9df23c392">l'âge de la désinformation</a> et cette émission est susceptible d’amplifier le bruit et la confusion du public sur la façon de vivre sainement.</p>
<p>Mais ce qui a été largement négligé dans la première vague de critiques est la question des conflits d’intérêts. Les producteurs de cette émission – c’est-à-dire Gwyneth Paltrow et son entreprise Goop – bénéficient directement non seulement de la popularité de la série mais aussi de la légitimation de la pseudoscience. Cette série est, en fait, une infopublicité pour la marque Goop, construite autour de produits et d’idées <a href="https://www.journaldemontreal.com/2020/01/10/un-expert-pourfend-la-pseudoscience-de-lactrice-gwyneth-paltrow">qui ne sont pas appuyés par la science</a>.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/MunlAm7IGsE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption"><em>La bande annonce du Goop Lab</em> sur Netflix.</movie.</span></figcaption>
</figure></p>
<h2>Marketing et pseudo-science</h2>
<p>Pour être honnête, je n’ai pas encore vu un épisode complet de la série. Mais étant donné le contenu de la bande-annonce et <a href="http://madame.lefigaro.fr/bien-etre/oeufs-de-jade-dans-le-vagin-pour-ameliorer-sa-sante-sexuelle-gwyneth-paltrow-dans-la-tourmente-goop-070918-150365">l’historique de Goop</a> en matière de propagation de conseils nuisibles à la santé, il y a peu de raisons d’être optimiste sur la place de la science dans la série. Quoi qu’il en soit, la simple existence de la série permettra à Paltrow et Goop de consolider la marque, dont la <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1132732/gwyneth-paltrow-goop-bien-etre-canada-controverse">valeur est estimée à 250 millions de dollars</a> US.</p>
<p>La série est une occasion de promouvoir la pensée magique et la pseudo-science, ce qui aidera à vendre les produits de Goop. C’est comme si Netflix diffusait une émission appelée <em>The Coca-Cola Beverage Lab</em> ou <em>The Starbucks Coffee Adventure</em>.</p>
<p>Ce qui pousse les gens à se tourner vers des pratiques de santé alternatives comme celles mise de l’avant par Goop est la frustration face à l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_complot_de_Big_Pharma">influence de l’industrie pharmaceutique</a>, et sa recherche de profits, sur le système de santé conventionnel.</p>
<p>Cette préoccupation est compréhensible. Plusieurs articles ont mis en relief les <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/sante/202001/12/01-5256545-big-pharma-et-le-prix-de-la-vie.php">comportements répréhensibles</a> de grandes sociétés pharmaceutiques et leurs conséquences néfastes sur la recherche, la pratique clinique et les lignes directrices cliniques.</p>
<p>La sensibilisation à ces questions a contribué à une diminution de la <a href="https://www.passeportsante.net/fr/Communaute/Blogue/Fiche.aspx?doc=peut-on-encore-avoir-confiance-en-son-medecin-">confiance envers la profession médicale</a> et à des comportements néfastes comme l’<a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-anti-vaccins-prennent-ils-un-tel-risque-de-declencher-une-crise-de-sante-publique-117148">hésitation à se faire vacciner</a>.</p>
<p>Pour les défenseurs des approches alternatives au bien-être, la médecine conventionnelle est corrompue. Et plusieurs en sont venus à croire des <a href="https://www.conspiracywatch.info/un-remede-naturel-contre-le-cancer-cache-par-les-labos-pharmaceutiques.html">versions extrêmes</a> de cette théorie du complot.</p>
<p>Un <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/1835348">sondage</a> réalisé aux États-Unis, en 2013, auprès de 1351 adultes a révélé que 37 pour cent d’entre eux croient (et 31 pour cent pensent que cela pourrait être vrai) que la « Food and Drug Administration empêche délibérément le public d’obtenir des traitements naturels pour le cancer et d’autres maladies en raison des pressions exercées par les sociétés pharmaceutiques ». Goop a également encouragé ces idées radicales en publiant l’<a href="https://web.archive.org/web/20150112121030/http://kellybroganmd.com/snippet/hiv-pregnancy-pharma-abusing-women/">article</a> d’une médecin qui prétend que les traitements contre le sida sont aussi un complot de Big Pharma.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/309507/original/file-20200110-97183-1wn6lax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/309507/original/file-20200110-97183-1wn6lax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/309507/original/file-20200110-97183-1wn6lax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/309507/original/file-20200110-97183-1wn6lax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/309507/original/file-20200110-97183-1wn6lax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/309507/original/file-20200110-97183-1wn6lax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/309507/original/file-20200110-97183-1wn6lax.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le Goop Lab met en vedette Gwyneth Paltrow et Elise Loehne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Netflix)</span></span>
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</figure>
<h2>L’industrie de la médecine alternative</h2>
<p>Placées ainsi en concurrence avec les traitements conventionnels, les approches alternatives apparaissent en quelque sorte non contaminées ou, du moins, moins entachées par des intérêts particuliers. Elles constituent, par conséquent, le meilleur choix. Mais cette image sans tache est <a href="https://skepticalinquirer.org/2011/07/conflicts_of_interest_in_alternative_medicine/">manifestement faussée</a>.</p>
<p>D’abord, nous devons reconnaître que la médecine parallèle est aussi une <a href="https://www.reportbuyer.com/product/5741274/complementary-and-alternative-medicine-market-size-share-and-trends-analysis-report-by-intervention-by-distribution-and-segment-forecasts-2019-2026.html">énorme industrie</a>. <a href="https://globalwellnessinstitute.org/press-room/press-releases/wellness-now-a-4-2-trillion-global-industry/">Le marché</a> mondial du « bien-être », en grande partie constitué de produits non éprouvés et de méthodes « alternatives », est estimé à plus de 4 milliards de dollars US.</p>
<p>La <a href="https://www.marketwatch.com/press-release/herbal-medicine-market-research-reports-2019-global-industry-size-share-emerging-trends-growth-boosted-by-demand-and-advanced-technology-till-2023-2019-10-02">vente de plantes médicinales et de suppléments</a> est également une industrie de plusieurs milliards de dollars. Étant donné la taille de ces marchés, il serait naïf de croire que la médecine alternative n’est pas elle aussi à la recherche de profits comme l’est l’industrie pharmaceutique.</p>
<p>Les <a href="https://www.washingtonpost.com/investigations/2019/10/15/fdc01078-c29c-11e9-b5e4-54aa56d5b7ce_story.html">conflits d’intérêts</a> sont aussi présents dans la communauté de la santé alternative. Pour ne citer que quelques exemples, les naturopathes <a href="https://www.naturopathicdiaries.com/in-office-sales-ethical-problem-naturopaths/">vendent des produits</a> et ont un <a href="https://www.statnews.com/2016/05/17/naturopaths-go-mainstream/">partenariat</a> avec l’industrie des vitamines pour élargir la portée de leur pratique.</p>
<p>De plus, la <a href="https://sciencebasedmedicine.org/chinese-systematic-reviews-of-acupuncture/">recherche en médecine alternative</a> a été influencée par <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9551280">divers biais</a>. Et nous ne devrions pas oublier que plusieurs des produits naturels les plus couramment utilisés, notamment les suppléments et les <a href="http://www.nbcnews.com/id/31188920/ns/health-alternative_medicine/t/many-herbal-products-made-big-pharma/#.Xhd88y0ZOu4">remèdes à base de plantes</a>, sont souvent <a href="https://pharma.elsevier.com/pharma-rd/link-big-pharma-supplement-industry/">fabriqués par cette même industrie pharmaceutique</a> que les adeptes de médecine alternative cherchent à éviter.</p>
<p>Enfin, la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_de_l%27action_raisonn%C3%A9e">théorie de l’action raisonnée</a> joue un grand rôle dans ce phénomène. Lorsqu’un individu ou une entreprise a bâti sa profession ou son modèle d’affaires autour d’une vision du monde particulière, cet engagement aura un impact sur la façon dont il interprétera, utilisera et présentera au public les données probantes dans son domaine.</p>
<p>Pour un homéopathe, par exemple, il serait extrêmement difficile d’accepter ce que la recherche dit au sujet des traitements qu’il propose. Accepter la science lui ferait perdre son identité professionnelle, voire son gagne-pain.</p>
<p>Il faut combattre davantage les effets négatifs que les conflits d’intérêts peuvent avoir sur la recherche biomédicale et la pratique clinique. Mais nous devons également reconnaître que de profonds conflits d’intérêts existent dans le domaine de la médecine alternative. Nous ne devrions pas donner de passe-droit à ceux et celles qui sont engagés dans cette industrie – y compris Paltrow et Goop.</p>
<p>[<em>Ne manquez aucun de nos articles écrits par nos experts universitaires</em>. <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a>. ]</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/129880/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Timothy Caulfield reçoit des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada, de Génome Canada et du Programme des chaires de recherche du Canada. Il est affilié à Peacock Alley Entertainment et à Speakers' Spotlight. M. Caulfield a également présenté une émission, « A User's Guide to Cheating Death », qui a été diffusée sur Netflix. </span></em></p>La controversée série Goop Lab, bientôt sur Netflix, permettra à Gwyneth Paltrow de consolider la marque Goop, dont la valeur est estimée à 250 millions de dollars US.Timothy Caulfield, Canada Research Chair in Health Law and Policy; Professor, Faculty of Law and School of Public Health; and Research Director, Health Law Institute, University of AlbertaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1262872019-11-07T19:29:25Z2019-11-07T19:29:25ZLes vertus anti-inflammatoires et sans effet secondaire du « tsontso », une plante locale malgache<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/300330/original/file-20191105-88394-vlrobx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C1191%2C790&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La flore malgache est un trésor biologique à préserver. </span> <span class="attribution"><span class="source">Rijasolo/AFP</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>À Madagascar, l’utilisation des plantes médicinales pour le soin des maladies est une pratique largement répandue en milieu rural. Au-delà de la simple coutume ou de la transmission d’un art ancestral, cette méthode de soin, connue sous l’appellation de « médecine traditionnelle », apparaît comme une vraie pratique vitale pour la population là où l’éloignement géographique et la limite du pouvoir d’achat ne permettent pas l’accès aux services et produits de santé.</p>
<h2>La flore malgache, un trésor biologique</h2>
<p>C’est indéniable, Madagascar est doté d’une <a href="https://www.nytimes.com/2004/03/30/science/on-madagascar-a-treasury-of-fauna-and-flora.html">flore riche</a> et luxuriante, à l’origine de la vaste panoplie de soins en médecine traditionnelle qu’elle offre. La présence de ces plantes sur l’ensemble de l’île assure aussi une grande accessibilité.</p>
<p>Cependant, si en milieu rural la médecine traditionnelle est assez bien implantée, elle l’<a href="http://digitalcollections.sit.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=2651&context=isp_collection">est moins dans les centres urbains</a>. Pourtant, de <a href="https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01732278/document">nombreuses recherches</a> ont déjà démontré l’efficacité de ces plantes. Qui plus est, la <a href="https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/95009/9789242506099_fre.pdf;jsessionid=7636D47B48F312B700260BBA9270AC8A?sequence=1">stratégie mondiale de l’OMS</a>, vient davantage confirmer la contribution que la médecine traditionnelle peut apporter à la santé et au bien-être des individus.</p>
<h2>Le « tsontso », plus efficace que les anti-inflammatoires actuels</h2>
<p>Dans la continuité de ces efforts en faveur de la promotion des plantes médicinales, nous avons entamé des travaux de recherche sur une plante endémique à Madagascar, le <em>Cladogelonium madagascariense</em>, plus communément appelé « tsontso » par la population locale. Les objectifs étaient de valoriser les ressources du pays, d’apporter des évidences scientifiques sur les vertus thérapeutiques de la plante et d’établir des références pour une utilisation sure et efficace.</p>
<p>Le « tsontso » a été recensé lors d’une <a href="https://www.persee.fr/doc/jatba_0021-7662_1968_num_15_7_2992">enquête ethnopharmacologique</a> dans la partie nord de Madagascar. Les villageois l’utilisent pour soigner notamment les fièvres, douleurs et enflures. Vu ces utilisations traditionnelles, l’hypothèse d’une probable activité anti-inflammatoire a été émise, ce qui a constitué le postulat de départ de nos travaux. Après purification, nous avons isolé une molécule qui s’appelle D :B-friedo-olean-5-en-3α-ol (DBFO).</p>
<p>Les résultats ont dévoilé que la molécule DBFO est plus efficace que certains médicaments déjà présents sur le marché et utilisés dans le traitement de l’inflammation, notamment la <a href="https://www.doctissimo.fr/principe-actif-5718-PHENYLBUTAZONE.htm">Phénylbutazone</a>, l’<a href="https://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2003/sem01/mag0411/sa_6663_aspirine_remede_miracle.htm">aspirine</a> et le <a href="https://www.doctissimo.fr/principe-actif-7222-TRAMADOL.htm">Tramadol</a>.</p>
<h2>Sans effet secondaire</h2>
<p>Par ailleurs, toute étude pharmacologique devant passer par un test de toxicité, DBFO a été soumis à deux séries de tests. Sur la première, dite test de toxicité aiguë, DBFO a été administré jusqu’à 60 fois sa dose normale d’efficacité. Les résultats ont montré que DBFO ne provoque pas la mortalité. Sur la seconde, dite test de toxicité chronique, les résultats ont montré que DBFO ne provoque aucune lésion au niveau de l’estomac, même administré à une dose égale à 15 fois sa dose normale d’efficacité.</p>
<p>Cela marque un jalon important dans nos travaux de recherche car bon nombre de médicaments anti-inflammatoires actuellement en vente sur le marché présentent tous le <a href="https://www.santemagazine.fr/traitement/medicaments/anti-inflammatoires/7-choses-a-savoir-avant-la-prise-danti-inflammatoires-361891">même effet secondaire</a> : ils provoquent des ulcères gastriques.</p>
<p>Nos travaux se sont par la suite concentrés sur une analyse plus approfondie du mécanisme de fonctionnement de DBFO. Une inflammation est par définition une réaction de défense de l’organisme à la suite d’une agression. Elle est caractérisée par quatre symptômes : rougeur, chaleur, tumeur, douleur. La rougeur est provoquée par la dilatation des vaisseaux sanguins à proximité de la zone lésée, accompagnée par la chaleur due à l’augmentation de la perméabilité des capillaires. Ces derniers, étant perméables, laissent échapper de l’eau et du plasma des vaisseaux sanguins, formant la tumeur ou œdème qui limite la lésion. Ce gonflement vient compresser les nerfs et fait apparaître en cascade la douleur.</p>
<p>Les globules blancs du sang sont aussi recrutés au niveau de la lésion pour combattre les agents pathogènes. Ils libèrent des substances, dont le TNF-α (de l’anglais <em>tumor necrosis factor</em> ou facteur de nécrose tumorale). Ce TNF-α, une fois libéré, va « recruter » d’autres cellules de défense de l’organisme. Si l’agent pathogène persiste, le TNF-α va entretenir sa propre libération et, en même temps, continuer à « recruter » indéfiniment d’autres éléments de défense : ainsi, l’inflammation s’aggrave.</p>
<p>Cette connaissance du mécanisme de l’inflammation permet de cibler directement les acteurs de la réaction inflammatoire. Comme le TNF-α y joue un rôle essentiel, il constitue une cible idéale pour les substances anti-inflammatoires. Les résultats des tests effectués sur des globules blancs du sang humain ont montré que DBFO diminue la concentration de TNF-α. Ces résultats ont permis de déduire que l’activité anti-inflammatoire de DBFO isolé de <em>Cladogelonium madagascariense</em> est due à l’inhibition de la synthèse ou de la libération de TNF-α.</p>
<p>En conclusion, les données empiriques sur l’utilisation du « tsontso » sont donc bien fondées et vérifiées scientifiquement. De plus, une découverte majeure a été faite sur une propriété de la plante : elle est démunie d’effets secondaires, contrairement aux anti-inflammatoires sur le marché.</p>
<p>Bien que ces résultats soient réellement satisfaisants, ils ne clôturent pas pour autant nos recherches sur le <em>Cladogelonium madagascariense</em>. Beaucoup en effet reste à découvrir, notamment l’effet probable de DBFO sur les substances du système immunitaire autres que le TNF-α, la présence de molécules pures autre que DBFO dans la plante ainsi que leurs mécanismes respectifs, etc. </p>
<p>Toujours est-il que de la plante au médicament, le chemin est encore long. En attendant, le « tsontso » est disponible en décoction, « tambavy » comme on l’appelle dans le pays. Il est souvent servi dans des petits verres bien remplis. Le toast prendrait alors tout son sens. Santé !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126287/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tianarilalaina Tantely, Andriamampianina ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les données empiriques sur l’utilisation du « tsontso » ont montré que cette plante malgache est plus efficace que les médicaments anti-inflammatoires. Qui plus est, elle n’a pas d’effet secondaire.Tianarilalaina Tantely, Andriamampianina, Enseignant-chercheur en pharmacologie, Université d’AntananarivoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1161122019-05-07T04:21:35Z2019-05-07T04:21:35ZCes grains de sucre sèment la discorde : la (très) longue saga de l’homéopathie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/272601/original/file-20190504-103068-1crbllm.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C2%2C1681%2C1020&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Granulés.</span> <span class="attribution"><span class="source">distillated/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>À grand renfort de publicités, la campagne « Mon homéo, mon choix » bat son plein sur le Net. Et provoque l’ire de la grande majorité des scientifiques et des médecins qui souhaitent dénoncer ces traitements, très populaires en France mais dont on sait qu’ils ne sont pas des médicaments à l’efficacité établie. Alors que l’homéopathie est toujours remboursée dans notre pays, retour sur une longue histoire et une controverse actuelle qui s’avive.</p>
<p>Le mot homéopathie apparaît dans l’Antiquité, du grec ομοιωζ, semblable et παθοζ, affection, maladie. Aristote (380 av. J.-C.) le définissait comme l’« état d’une âme qui sent d’une façon semblable à la façon de sentir d’une autre âme, et qui, par cela, est plus disposée pour la véritable amitié ». À titre d’exemple, on avait recours à la cochenille (<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Cochineal"><em>Coccus cacti</em></a>) pour traiter la <a href="https://fr.wiktionary.org/wiki/strangurie">strangurie</a>, suite à l’observation de l’effet irritant de ces mêmes insectes.</p>
<h2>Samuel Hahnemann, emblématique et déjà controversé</h2>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/272730/original/file-20190506-103053-cydda2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/272730/original/file-20190506-103053-cydda2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/272730/original/file-20190506-103053-cydda2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/272730/original/file-20190506-103053-cydda2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/272730/original/file-20190506-103053-cydda2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/272730/original/file-20190506-103053-cydda2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/272730/original/file-20190506-103053-cydda2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Hahnemann, de David d’Angers. Buste offert au modèle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jean‑Pierre Dalbéra/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Parcourons les siècles pour retrouver Samuel Hahnemann, médecin allemand né au XVIII<sup>e</sup> siècle à qui l’on attribue la découverte de l’homéopathie. Véritablement ? D’aucuns prétendent qu’il faudrait plutôt citer le médecin William Cüllen. Laissons cela de côté puisqu’il y a de quoi s’intéresser au Dr Hahnemann. Brillant, il l’est indubitablement. Curieux de nature… sûrement aussi. Ne réalise-t-il pas des études de chimie en parallèle de la préparation de son doctorat en médecine ? Après avoir formulé les deux principes de base sur lesquels reposent toujours aujourd’hui l’homéopathie, à savoir le principe de similitude (<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dilution_hom%C3%A9opathique"><em>Similia similibus curentur</em></a>) et le principe d’infinitésimalité (les remèdes utilisés sont dispensés d’une manière très très diluée au point qu’il ne reste plus trace des molécules de la substance de départ, en respect du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_d%27Avogadro">nombre d’Avogadro</a>), Hahnemann rédige, en 1810, son ouvrage majeur, <em>L’Organon de l’Art rationnel de guérir</em>. Mais ce praticien est peu regardant en matière de déontologie. Ne fabrique-t-il pas lui-même les « petites pilules » (devenues aujourd’hui granules et globules), pratiquant ainsi un exercice illégal de la pharmacie ? Ne donne-t-il pas des conseils médicaux par correspondance ?</p>
<p>À son arrivée en France, en 1835, l’octogénaire va pouvoir répandre sa théorie. Contre l’avis de l’Académie de Médecine (déjà !), Hahnemann est autorisé à exercer à Paris grâce au ministre François Guizot. Il faut dire que sa femme Mélanie est fort introduite dans les milieux politiques et artistiques parisiens de l’époque… Guizot déclare : </p>
<blockquote>
<p>« Hahnemann est un savant de grand mérite. Si l’homéopathie est une chimère ou un système sans valeur utilitaire, elle tombera d’elle-même. Si elle est, au contraire, un progrès, elle se répandra en dépit de vos mesures de préservation, et l’Académie doit le désirer avant tout autre, elle, qui a mission de faire avancer la science et d’encourager les découvertes. »</p>
</blockquote>
<p>Le Tout-Paris de la Monarchie de Juillet se presse dans le cabinet du Dr Hahnemann qui, paraît-il, fait des miracles auprès de ses patients célèbres, parmi lesquels on retrouve des écrivains comme Honoré de Balzac et Ernest Legouvé, le sculpteur Pierre-Jean David dit David d’Angers (qui nous laissera un buste du médecin), des musiciens comme Niccolò Paganini… En 1843, Hahnemann contracte une mauvaise bronchite qui va entraîner sa mort le 2 juillet.</p>
<h2>Au XX<sup>e</sup> siècle, l’affaire de la mémoire de l’eau</h2>
<p>En Allemagne, entre 1936 et 1939, des expérimentations seront réalisées pour le compte du III<sup>e</sup> Reich, par le Dr Fritz Donner. Conclusion sans appel : aucun résultat positif pouvant être porté au crédit de l’homéopathie n’a pu être obtenu. Rien de notable par la suite et il faut attendre les années 1980 pour que l’on reparle de l’homéopathie en raison de l’« affaire Benveniste ». Médecin et immunologiste français, Jacques Benveniste est un chercheur reconnu. Sous contrat avec les laboratoires Boiron, il dit avoir observé la dégranulation de basophiles à l’aide de solutions aqueuses d’IgE fortement diluées, phénomène qu’il décrit et publie dans la prestigieuse revue <em>Nature</em> en 1988. La réponse biologique observée est interprétée par lui comme la démonstration que l’eau était capable de conserver les propriétés d’un soluté qui ne s’y trouvait plus, d’où la notion de « mémoire de l’eau ». Cela peut être vu comme une piste à explorer afin d’envisager un mécanisme rationnel à l’homéopathie. Toutefois, il s’agit en fait d’une belle idée poétique, reprise comme titre de l’un de ses recueils par le poète Hélène Cadou et non d’une réalité scientifique.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/272602/original/file-20190504-103082-17nv0li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/272602/original/file-20190504-103082-17nv0li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/272602/original/file-20190504-103082-17nv0li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/272602/original/file-20190504-103082-17nv0li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/272602/original/file-20190504-103082-17nv0li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/272602/original/file-20190504-103082-17nv0li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/272602/original/file-20190504-103082-17nv0li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Du sucre, du lactose, et rien d’autre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">shellac/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Georgina Dufoix, ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, de 1984 à 1986, apporte son soutien aux médecines dites non conventionnelles. On lui doit un arrêté autorisant le remboursement des préparations homéopathiques par la Sécurité sociale. Le 13 décembre 1985, elle déclarait vouloir organiser une étude randomisée en double aveugle sur deux produits homéopathiques, et également favoriser l’enseignement de l’homéopathie et de l’acupuncture. Les urnes en décideront autrement en raison de la victoire du RPR aux élections législatives de mars 1986.</p>
<h2>Un tournant, la « tribune des 124 »</h2>
<p>Après des demandes récurrentes de déremboursement de l’homéopathie, tout semble s’accélérer au décours des années 2010. En 2014, le National Health and Medical Research Council (NHMRC) australien conclut, dans un rapport, qu’il n’existe pas de preuves fiables concernant l’efficacité de l’homéopathie. En France, en novembre 2016, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé lance un avertissement clair : </p>
<blockquote>
<p>« Les médicaments homéopathiques ne peuvent être considérés comme des vaccins et se prévaloir de la désignation de vaccins homéopathiques. » </p>
</blockquote>
<p>Pas d’efficacité scientifiquement prouvée, c’est clair. Mais qu’en est-il de la sécurité d’emploi ? Un cas dramatique survenu en Italie, en mai 2017, nous interpelle : il s’agit de la mort d’un enfant de 7 ans traité par homéopathie pour une otite qui nécessitait une antibiothérapie.</p>
<p>L’année dernière, un tournant se produit véritablement avec la « tribune des 124 », parue dans <em>Le Figaro</em>, en mars 2018. Qui sont ces 124 ? Essentiellement des médecins, plutôt jeunes. Que veulent-ils ? Alerter sur l’absence de preuves d’efficacité de l’homéopathie et sur son caractère coûteux pour les finances publiques. La conséquence pratique de cette tribune est la fermeture définitive, à la rentrée 2018, de deux diplômes universitaires dispensés dans les facultés de pharmacie de Lille et d’Angers.</p>
<p>La controverse s’envenime. À la rentrée 2018, le syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF), en la personne du Dr Charles Bentz, porte plainte contre les 124 professionnels de santé signataires d’une tribune contre les « médecines alternatives » pour « non-confraternité ». Mais les 124 sont soutenus : en décembre 2018, une tribune de 131 membres des Académies des Sciences, de Médecine et de Pharmacie est publiée. Elle affirme que :</p>
<ul>
<li><p>Non, l’homéopathie n’est pas un médicament actif ;</p></li>
<li><p>Non, les produits homéopathiques ne peuvent plus continuer à entretenir le flou sur leur composition ;</p></li>
<li><p>Non, l’homéopathie n’est pas plus efficace qu’un autre placebo ;</p></li>
<li><p>Non, l’homéopathie n’est pas forcément inoffensive ;</p></li>
<li><p>Non, l’homéopathie ne saurait invoquer un effet thérapeutique ;</p></li>
<li><p>Non, l’homéopathie ne doit plus être enseignée dans les facultés de médecine et de pharmacie ;</p></li>
<li><p>Non, l’homéopathie ne coûte pas moins cher à la collectivité que la médecine conventionnelle.</p></li>
</ul>
<p>Et maintenant ? Peu de politiques se manifestent en faveur en l’homéopathie, à l’exception de Xavier Bertrand, actuel président de la région des Hauts-de-France, signataire de la pétition en faveur du maintien du remboursement de l’homéopathie. On se rappellera qu’alors qu’il était ministre de la santé, il avait déclaré, en 2005, « Tant que je serai ministre, on ne touchera pas à l’homéopathie ». Désormais, reste à attendre la décision de la Haute Autorité de Santé… Et celle de nos dirigeants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116112/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La bataille de l’homéopathie fait rage : ses partisans veulent s’opposer au déremboursement de ces granules populaires mais dont l’efficacité n’a jamais été établie. Retour historique et politique.Céline Couteau, Maître de conférences en pharmacie industrielle et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation FranceLaurence Coiffard, Professeur en galénique et cosmétologie, Université de Nantes, Auteurs historiques The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1020762018-08-26T20:08:11Z2018-08-26T20:08:11ZVitamine C, zinc, probiotiques : quels remèdes contre le rhume ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/233608/original/file-20180826-149496-11jzjgy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6272%2C4168&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une fois le rhume déclaré, la vitamine C n'aide pas...</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La semaine dernière, j’ai attrapé un méchant rhume. Nez bouché, gorge douloureuse, état misérable… Je me suis souvenue des innombrables vitamines et suppléments vendus avec la promesse d’atténuer les symptômes du rhume, d’améliorer la vitesse de récupération, et de limiter le risque d’en attraper un autre.</p>
<p>Toutefois, lorsqu’il s’agit d’un banal rhume (également appelé infection des voies respiratoires supérieures) il n’existe pas de remède miracle (j’aimerais, pourtant), même si certains compléments peuvent procurer des améliorations très mineures. Voici ce que permettent de conclure les recherches les plus récentes.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/medicaments-du-rhume-mieux-vaut-sabstenir-72267">Médicaments du rhume : mieux vaut s’abstenir</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Vitamine C</h2>
<p>Pour l’individu moyen, prendre de la vitamine C <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28353648">ne permet pas de réduire le nombre de rhumes attrapés</a>, ou d’en atténuer la sévérité.</p>
<p>En ce qui concerne leur durée, certaines études se sont intéressées aux gens prenant de la vitamine C quotidiennement, tandis que d’autres se sont focalisées sur les personnes qui ont commencé le traitement après avoir attrapé le rhume.</p>
<p>Dans 30 études qui ont comparé la durée des rhumes chez des individus prenant régulièrement au moins 200 mg de vitamine C chaque jour, une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23440782">réduction significative de la durée des symptômes</a> a été mise en évidence.</p>
<p>Néanmoins, l’effet était faible. Il équivalait à une demi-journée en moins chez les adultes, et d’une demi-journée à un jour entier de moins chez les enfants. Ce type d’étude a également révélé une réduction très mineure de la durée des arrêts de travail ou d’école.</p>
<p>Parmi les études s’intéressant aux prises de vitamine C démarrées une fois que le rhume s’était développé, aucune différence n’a pu être démontrée <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23440782">dans la durée ou la sévérité de la maladie</a>.</p>
<p>La prise de suppléments à base de vitamine C n’est pas sans danger. Ils peuvent augmenter le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26463139">risque de calculs rénaux chez les hommes</a>, et ne devraient pas être pris par les personnes atteintes d’<a href="https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/hemochromatose-genetique">hémochromatose</a>, une maladie génétique qui provoque une hyperabsorption intestinale du fer. La vitamine C augmente en effet également son absorption.</p>
<p><strong>Exceptions</strong></p>
<p>Bien que dans la population générale, la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28353648">vitamine C n’a pas d’impact sur le nombre de rhumes attrapés</a>, il existe une exception. Chez les gens exerçant une importante activité physique – tels que les marathoniens, les skieurs ou les soldats en exercice dans des conditions de froid intense – la vitamine C a <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28353648">diminué de moitié le risque de contracter l’infection</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/230351/original/file-20180802-136646-141mpkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/230351/original/file-20180802-136646-141mpkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/230351/original/file-20180802-136646-141mpkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/230351/original/file-20180802-136646-141mpkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/230351/original/file-20180802-136646-141mpkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/230351/original/file-20180802-136646-141mpkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/230351/original/file-20180802-136646-141mpkf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">De nombreuses personnes prennent de la vitamine C dans l’espoir de soigner leur rhume.</span>
<span class="attribution"><span class="source">From Shutterstock</span></span>
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<p>Un petit nombre d’études a également identifié quelques bénéfices à la prise quotidienne de compléments à la vitamine C (dosée au moins à 200 mg) afin de prévenir le rhume <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28353648">chez les individus atteints de pneumonie</a>.</p>
<p>Attention toutefois, prendre des compléments à base de vitamine E en même temps que d’importantes quantités de vitamine C augmentent notablement le risque de pneumonie.</p>
<h2>Zinc</h2>
<p>Une revue de littérature des études ayant testé les effets des compléments à base de zinc a mis en évidence une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23775705">diminution de la durée du rhume</a> pouvant atteindre deux jours, ou un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28515951">tiers de la durée normale</a>, chez des adultes en bonne santé qui ont commencé un traitement quotidien d’au moins 75 mg dans les 24 heures ayant suivi le déclenchement de la maladie. La prise de zinc n’a pas eu d’effet sur la sévérité du rhume.</p>
<p>On observe une certaine variabilité dans les résultats des différents essais, et les preuves de l’efficacité de ces compléments pour prévenir le rhume sont insuffisantes. Des chercheurs ont suggéré que, chez certaines personnes, les effets indésirables des pastilles de zinc, tels que nausée ou mauvais goût persistant, dépassent leurs bénéfices.</p>
<p>Prenez garde à bien arrêter la prise de ces compléments dès que votre rhume est passé, car absorber trop de zinc peut entraîner des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26085547">carences en cuivre</a> et mener à une anémie, une diminution du nombre de globules blancs, et des problèmes de mémoire.</p>
<h2>Ail</h2>
<p>Une seule étude a testé l’<a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25386977">impact de l’ail sur le rhume</a>. Les chercheurs ont demandé à 146 personnes de prendre des compléments à base d’ail ou un placebo, quotidiennement, pendant 12 semaines. Ils ont ensuite relevé le nombre et la durée de leurs rhumes.</p>
<p>Les membres du groupe qui avait pris de l’ail ont rapporté avoir contracté moins de rhumes que ceux du groupe qui avait reçu le placebo. La durée des rhumes était la même dans les deux groupes, mais certaines personnes ont développé une réaction à l’ail (un rash), ou ont trouvé son odeur déplaisante.</p>
<p>Étant donné qu’il n’y a eu qu’un essai rapporté dans la littérature scientifique, il est indispensable de demeurer prudent quant à l’efficacité de la prise d’ail pour prévenir ou traiter les rhumes. Il faut également être précautionneux en ce qui concerne l’interprétation des résultats, car la méthodologie impliquait que les participants consignent eux-mêmes leurs rhumes, ce qui a pu introduire des biais.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/science-or-snake-oil-will-horseradish-and-garlic-really-ease-a-cold-87602">Science or Snake Oil: will horseradish and garlic really ease a cold?</a>
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<h2>Probiotiques</h2>
<p>Une revue de littérature portant sur <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25927096">13 essais de compléments alimentaires à base de probiotiques</a> auxquels ont participé plus de 3 700 enfants, adultes et seniors, révèle que les personnes prenant des probiotiques se sont avérés moins susceptibles d’attraper un rhume.</p>
<p>Leurs rhumes étaient également plus courts, et moins sévères (en termes de nombre de jours d’absences scolaires).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/230352/original/file-20180802-136664-e188zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/230352/original/file-20180802-136664-e188zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/230352/original/file-20180802-136664-e188zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/230352/original/file-20180802-136664-e188zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/230352/original/file-20180802-136664-e188zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/230352/original/file-20180802-136664-e188zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/230352/original/file-20180802-136664-e188zp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Il existerait des preuves que les probiotiques, qui sont présents dans les yaourts, pourraient réduire l’incidence des rhumes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">From Shutterstock</span></span>
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<p>La plupart des compléments utilisés étaient des produits à base de lait, tels que des yaourts. Seules trois études ont utilisé des probiotiques sous forme de poudres, et deux, sous forme de gélules.</p>
<p>Néanmoins, la qualité scientifique de toutes les études sur les probiotiques était très faible. Elles contenaient notamment des biais et des limitations, ce qui signifie que ces résultats doivent être interprétés avec précaution.</p>
<h2>Echinacée</h2>
<p>Les <a href="https://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-86350-synthese">échinacées</a> constituent un groupe de plantes à fleurs commun en Amérique du Nord. Dans le commerce, il est possible d’acheter des produits à base d’échinacée sous forme de gélules, cachets ou de gouttes.</p>
<p>Une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24554461">revue de ces produits</a> a révélé qu’ils ne sont d’aucun bénéfice dans le traitement du rhume. Toutefois, les auteurs indiquent que <em>certains</em> d’entre eux pourraient peut-être avoir malgré tout un <em>faible</em> intérêt, et que des recherches plus approfondies sont nécessaires.</p>
<h2>Le bouillon de poulet</h2>
<p>Oui, j’ai gardé le meilleur pour la fin.</p>
<p>Dans une expérience menée en 1978 sur quinze adultes en bonne santé, des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/359266">chercheurs ont mesuré la vélocité du flux de mucus nasal des participants</a> – qui traduit notre capacité à fluidifier et évacuer le mucus afin de mieux respirer. Concrètement, ils ont comparé à quel point le nez des participants coulait après avoir siroté de l’eau chaude, du bouillon de poulet ou de l’eau froide (ou les avoir absorbés à travers une paille).</p>
<p>Siroter de l’eau chaude ou du bouillon de poulet a fait davantage couler les nez des participants que l’eau froide, avec un avantage au bouillon de poulet. Selon les chercheurs, celui-ci stimule les récepteurs de l’odorat et/ou du goût, ce qui en retour augmente le flux de mucus nasal.</p>
<p>Une autre étude menée sur le bouillon de poulet a démontré qu’il pouvait aider à <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11035691">mieux récupérer des infections des voies respiratoires</a>, et à mieux combattre le rhume. Par ailleurs, d’autres travaux ont montré que les nourritures qui nous réconfortent, comme le bouillon de poulet, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21537054">pouvaient nous aider à nous sentir mieux</a>…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102076/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Clare Collins est affiliée au Priority Research Centre for Physical Activity and Nutrition, de l'Université de Newcastle. Elle bénéficie du soutien du National Health and Medical Research Council (NHMRC) et de la bourse de recherche Gladys M Brawn. Elle a reçu des bourses de recherche du NHMRC, ARC, Hunter Medical Research Institute, Meat and Livestock Australia, Diabetes Australia, Heart Foundation, Bill and Melinda Gates Foundation, nib foundation. Elle a été consultante pour SHINE Australia, Novo Nordisk, Quality Bakers and the Sax Institute. Elle a été membre d’une équipe en charge des revues de littérature destinées à mettre à jour les Directives diététiques australiennes et l’édition 2017 des profils diététiques pour la Heart Foundation (Fondation Nationale pour le Cœur australienne).</span></em></p>De la vitamine C jusqu'au bouillon de poulet en passant par les probiotiques, divers aliments ou compléments sont supposés soigner le rhume ou aider à le combattre. Qu'en dit la science ?Clare Collins, Professor in Nutrition and Dietetics, University of NewcastleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/965992018-06-11T21:11:17Z2018-06-11T21:11:17ZMalades chroniques : l’activité physique et la psychothérapie, aussi efficaces pour préserver sa santé mentale<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/219754/original/file-20180521-14957-tfzp9j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C7360%2C4792&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La prescription d'activité physique peut améliorer la santé mentale des personnes touchées par des maladies chroniques, par exemple le cancer. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/vietnamese-bald-woman-doing-exercising-outdoors-346177118?src=FaOkz8N-GbCnX_Bpc53cQw-1-22">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Les personnes touchées par une maladie chronique, comme un diabète, une bronchopneumopathie chronique obstructive, une lombalgie ou un cancer, doivent affronter un quotidien parfois difficile. Celui-ci peut être source d’anxiété, ou entraîner une dépression.</p>
<p>Pour les aider à préserver leur santé mentale, différentes alternatives aux médicaments leur sont couramment proposées. Parmi celles-ci, des psychothérapies comme la thérapie cognitive et comportementale, ou encore du sport, dans une version adaptée à leur pathologie, qu’on qualifie « d’intervention d’activité physique ».</p>
<p>Notre équipe du département des sciences de l’activité physique, à l’<a href="http://www.sap.uqam.ca/">Université du Québec à Montréal</a>, en association avec l’<a href="http://www.lab-epsylon.fr/">université de Montpellier</a> et l’université de Lyon, a décidé de vérifier si la combinaison des deux se soldait par une plus grande efficacité. L’analyse des articles scientifiques disponibles sur la question nous a permis de publier en mai une <a href="https://archipel.uqam.ca/10922/1/Bernard2018CBTEx.pdf">méta-analyse</a> dans la revue <em>Health Psychology</em>. La conclusion est négative, incitant les patients à se tourner, au choix, vers la thérapie ou vers l’activité physique.</p>
<h2>La maladie chronique, source possible d’anxiété</h2>
<p>Les personnes touchées par une maladie chronique peuvent ressentir des symptômes au quotidien. Vivre avec une maladie chronique, même si elle est bien traitée, peut entraîner des contraintes importantes et les complications ne peuvent pas toujours être évitées. Ces circonstances peuvent susciter de l’anxiété plus fréquemment ou plus intensément que chez d’autres personnes.</p>
<p>Parmi ces pathologies, certaines font naître des sensations de fatigue ou de douleurs accrues qui ont tendance à se répéter ou se prolonger – par exemple la lombalgie chronique. Elles peuvent aussi entraîner le déclin de la mobilité, de l’autonomie ou rendre un appareillage obligatoire. Ces difficultés peuvent être associées à des troubles dépressifs.</p>
<p>Pour les personnes malades chroniques comme pour tout un chacun, il n’y a pas de bonne santé <a href="http://www.psychiatry.utoronto.ca/wp-content/uploads/2012/12/Prince-et-al-2007-Lancet-series-article-1.pdf">sans une bonne santé mentale</a>.</p>
<h2>Des traitements non pharmacologiques</h2>
<p>Il existe des traitements non pharmacologiques pour agir sur les symptômes affectant la santé mentale, comme les troubles anxio-dépressifs, les douleurs ou la fatigue. Deux types d’interventions en particulier ont fait l’objet d’un nombre élevé d’études cliniques : les <a href="http://www.psycom.org/Espace-Presse/Actualites-du-Psycom/Nouvelle-version-de-la-brochure-Therapie-comportementale-et-cognitive-TCC">thérapies cognitives et comportementales</a> (TCC) et les interventions d’activité physique (AP).</p>
<p>Les <a href="https://www.elsevier-masson.fr/les-psychotherapies-cognitives-et-comportementales-9782294750090.html">thérapies cognitives et comportementales</a> sont une famille de psychothérapie centrée sur la modification des pensées, des émotions et des comportements problématiques. Elle est généralement qualifiée comme étant active (c’est-à-dire demandant l’implication du patient), directive (le thérapeute propose différents exercices au patient), structurée (avec des étapes à franchir pour obtenir le résultat souhaité).</p>
<p>L’intervention d’activité physique, elle, consiste en des séances de marche, de danse ou encore d’entraînement sur un vélo fixe avec des critères précis d’exécution (concernant par exemple l’intensité de l’effort) et une adaptation aux besoins de la personne. Elle peut être supervisée par un professionnel qui encadre des sessions régulières durant plusieurs semaines. Mais elle peut aussi être conseillée par le thérapeute afin que la personne incorpore elle-même plus de moments actifs dans son quotidien. Ces deux approches peuvent même être utilisées conjointement.</p>
<p>Plusieurs <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmedhealth/PMH0034317/">méta-analyses</a>, incluant des essais randomisés contrôlés offrant le plus haut niveau de preuve, ont exploré les effets respectifs de la TCC et de l’AP sur la santé mentale. Mais aucune n’a porté sur la combinaison des deux. Or des dispositifs proposant un suivi psychologique et de l’AP <a href="http://airplusr.com/wordpress/">sont déjà proposés aux malades chroniques</a> dans les hôpitaux de jour, les centres spécialisés ou les réseaux de santé. C’est pourquoi notre équipe a décidé de mener à bien ce travail.</p>
<h2>Quels effets sur l’anxiété, la dépression, la fatigue et la douleur ?</h2>
<p>Nous avons souhaité répondre à deux questions. D’abord, une intervention de TCC combinée à de l’AP entraîne-t-elle une diminution du niveau d’anxiété et de dépression, de fatigue et de douleur chez des adultes avec une maladie chronique ? Ensuite, les personnes malades chroniques retirent-elles plus de bénéfices à mener de front une TCC couplée à l’AP, ou bien une des deux interventions uniquement ?</p>
<p>Trente essais randomisés contrôlés portant sur la combinaison d’une TCC et d’une AP ont été identifiés, avec des participant·e·s majoritairement affecté·e·s par un syndrome de fatigue chronique, une lombalgie chronique, un cancer ou une bronchopneumopathie chronique obstructive.</p>
<p>L’analyse fine des interventions de TCC a suggéré une grande diversité dans les intervenants, qui pouvaient être une infirmière, un psychologue ou encore un travailleur social. Les modalités d’intervention étaient également variables : en groupe, en individuel, par téléphone.</p>
<p>Une importante diversité dans les programmes d’activité physique était aussi relevée. Ainsi, plus de la moitié des interventions incluaient de l’AP supervisée par un professionnel, par exemple un enseignant en activité physique adapté. Le type d’AP proposé incluait des efforts physiques liés à l’endurance cardio-vasculaire et/ou des exercices qui visent le gain de force musculaire.</p>
<h2>Un bénéfice pour la santé mentale des malades chroniques</h2>
<p>L’analyse statistique nous a permis de constater qu’une amélioration de la dépression, de l’anxiété, de la douleur et fatigue était bien présente en fin d’intervention, avec des tailles d’effet modérées à élevées. Autrement dit, oui la combinaison TCC et AP entraîne un bénéfice pour la santé mentale des malades chroniques.</p>
<p>En revanche, la comparaison des interventions couplant TCC et AP face à la TCC seule ou à l’AP seule ne montrait pas de différence notable dans les effets. On peut donc penser qu’il n’y a pas de bénéfice supplémentaire à mener de front une TCC et une intervention d’AP pour les malades chroniques.</p>
<p>Comment expliquer que la combinaison TCC et AP n’entraîne pas d’effet supérieur ? Une explication possible pourrait être que la TCC et l’AP agissent grâce à des <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/9781118625392.wbecp272/abstract">facteurs communs</a>. Plusieurs sont déjà connus. Il s’agit notamment de l’<a href="https://www.ordrepsy.qc.ca/documents/26707/63191/psychologie-quebec-mars-2011/9798beba-a780-4a5f-a879-e77eadfb6ce8">alliance thérapeutique</a>, c’est-à-dire le désir de collaborer avec le soignant durant l’intervention, fondé sur des affects positifs. Jouent également les effets de l’apprentissage, par exemple le fait d’avoir l’impression d’être plus à l’aise physiquement au cours d’une intervention d’AP, ou encore des croyances envers une intervention, par exemple se dire « le sport c’est la pilule magique pour moi ». Ces facteurs sont d’ailleurs souvent mis en avant pour expliquer l’absence (ou les faibles) différences d’efficacité entre différents types de psychothérapies.</p>
<h2>Laisser le choix à la personne en fonction de ses envies</h2>
<p>Nos conclusions, cependant, trouvent certaines limites. Plusieurs interventions de TCC semblaient être plus « inspirées » de la TCC que réellement construites sur ses <a href="https://www.cairn.info/revue-psychotherapies-2004-3-page-151.html">principes directeurs</a>. Autrement dit, toutes les interventions présentées comme des TCC ne sont pas forcément aussi rigoureuses qu’attendu. Le manque de détails à ce sujet dans les articles scientifiques pose un problème récurrent de fiabilité au stade de l’analyse.</p>
<p>Cette première étape de notre projet de recherche permet d’établir un état des connaissances sur la combinaison de la TCC avec l’AP. Par la suite, des études mieux réalisées avec des comparaisons directes entre la combinaison TCC et AP et la TCC seule, puis entre la combinaison des deux et l’AP seule, devraient être menées.</p>
<p>Pour l’instant, faut-il proposer la TCC seule, l’AP seule, ou la combinaison des deux ? D’un point de vue clinique, les résultats suggèrent que la TCC combinée à l’AP entraîne des améliorations mais que celles-ci ne sont pas supérieures à chacune des interventions proposée seule. Il y a peut-être des profils de personnes aux prises avec une maladie chronique qui répondent mieux à une des trois options. En attendant que de nouvelles études permettent de le savoir, le choix pourrait donc être tout simplement laissé à la personne, en fonction de ses envies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96599/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bernard Paquito a reçu des financements des Fonds de Recherche Santé Québec, du Réseau de recherche en santé des populations du Québec et de la Fondation de l'institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal. Il est membre de la Society of Behavioral Medicine et de la Société Française des Professionnels en Activité Physique Adaptée.</span></em></p>La thérapie cognitive et comportementale est couramment proposée en cas de maladie chronique. De même l’activité physique adaptée. Les deux ont des effets prouvés contre l’anxiété ou la dépression.Paquito Bernard, Professeur adjoint, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/972042018-05-27T19:49:57Z2018-05-27T19:49:57ZBac, brevet, examens : comment éviter la panique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/220331/original/file-20180524-117628-14dcjn1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C5440%2C3357&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La période qui précède les oraux peut se révéler particulièrement stressante pour les adolescents. Plusieurs méthodes permettent de diminuer l'anxiété. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/4WnlU07YZ98">David Kennedy/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>De nombreux adolescents se découvrent soudainement en état de panique à l’approche des premiers examens. Le compte à rebours a en effet commencé pour les <a href="http://www.education.gouv.fr/pid37441/brevet-baccalaureat-cap-et-bep-les-dates-des-examens-2018.html">épreuves</a> du brevet des collèges, du CAP, du BEP et en particulier du baccalauréat, dont les épreuves écrites commencent le 18 juin. </p>
<p>Cette réaction peut se produire chez n’importe quel élève, qu’il soit ou non de nature anxieuse. Cela ne dépend pas, non plus, de son bon ou mauvais niveau scolaire. C’est le cas surtout avec la toute première épreuve orale. Elle impressionne par son caractère solennel et le peu d’expérience qu’en ont les jeunes, en France, dans leur parcours scolaire.</p>
<p>L’état de panique correspond en général à un mélange d’<a href="http://pelissolo.over-blog.com/2016/08/phobies-sociales-l-enfer-c-est-les-autres.html">anxiété sociale</a> (la crainte du regard d’autrui, avec peur de perdre ses moyens et d’être ridiculisé) et d’anxiété de performance (la peur d’échouer). Elle peut s’exprimer par tous les degrés du stress, léger et même stimulant chez les moins sensibles, ou plus fort voire paralysant sur le moment chez les plus fragiles. Car un examen est un événement suffisamment déstabilisant pour que des jeunes que l’on ne considérait pas comme anxieux ou qui parvenaient à prendre sur eux jusque-là développent soudainement des symptômes parfois invalidants – à la grande surprise de leurs parents.</p>
<h2>Une boule dans le ventre, des palpitations, des bouffées de chaleur</h2>
<p>Cette anxiété s’installe parfois bien avant la date de l’examen. Mais le plus souvent, elle survient dans les heures précédant l’épreuve, avec une peur croissante et des signes de tension nerveuse comme une boule dans la gorge ou le ventre, des palpitations, des bouffées de chaleur, l’envie d’aller aux toilettes, etc. Comme le trac banal, ces signes restent habituellement supportables et s’atténuent assez rapidement une fois l’action engagée. Ils deviennent problématiques quand ils sont très intenses et persistants, et peuvent ainsi perturber la prestation du fait des conséquences physiques (tremblements, bégaiement, douleurs, etc.) ou intellectuelles (incapacité à se concentrer et à retrouver ses idées) de ce trouble émotionnel.</p>
<p>La gêne s’accentue quand l’anxiété apparaît plusieurs jours avant l’épreuve, voire plus, avec des angoisses récurrentes, des somatisations diverses, des insomnies et des troubles de l’attention perturbant les révisions et le repos pourtant essentiels à cette période.</p>
<p>Le principal risque lié à cette anxiété des examens est l’éventualité d’un renoncement, quelques jours avant ou sur le moment même, du fait de l’intensité de la peur et de son caractère insupportable qui s’accompagne de la certitude (erronée) d’un échec assuré.</p>
<h2>Des exercices de préparation mentale, l’entraînement à la prise de parole</h2>
<p>Comment éviter tout cela ? Si les signes sont repérés suffisamment tôt, parce que l’adolescent en parle de lui-même ou parce que son entourage s’en rend compte, la meilleure solution est d’effectuer une préparation spécifique un peu à l’avance. Il s’agit surtout d’apprendre à gérer son stress et son anxiété, et pour cela des exercices de relaxation, de méditation et de préparation mentale peuvent être très efficaces, avec des <a href="https://www.symbiofi.com/fr/exercices-de-relaxation">outils</a> à utiliser seul ou en consultant un thérapeute, pratiquant notamment les <a href="http://www.aftcc.org/les-therapies-comportementales-et-cognitives">thérapies comportementales et cognitives</a>.</p>
<p>L’entraînement à la <a href="https://theconversation.com/parler-en-public-les-dix-commandements-contre-le-trac-86072%3Futm_source=twitter%26utm_medium=twitterbutton">prise de parole en public</a>, par des jeux de rôle et des simulations, fait partie des ingrédients très utiles de cette préparation, en plus des révisions bien sûr !</p>
<p>Si les symptômes sont découverts ou s’expriment très tardivement, quelques jours ou quelques heures avant les épreuves, voici quelques conseils pouvant aider à surmonter l’anxiété voire la panique de l’examen.</p>
<h2>Une anxiété proportionnelle aux conséquences redoutées en cas d’échec</h2>
<p>Tout d’abord, les aspects purement psychologiques peuvent avoir une influence décisive, car il suffit souvent de peu de choses pour passer d’un mode de relative sérénité à un mode de panique totale en fonction de la manière dont on perçoit les enjeux de la situation. Le chemin dans l’autre sens peut aussi se faire aussi vite si on trouve les bons leviers.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/220330/original/file-20180524-51141-957pef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/220330/original/file-20180524-51141-957pef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/220330/original/file-20180524-51141-957pef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/220330/original/file-20180524-51141-957pef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=800&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/220330/original/file-20180524-51141-957pef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/220330/original/file-20180524-51141-957pef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/220330/original/file-20180524-51141-957pef.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1005&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’anxiété peut se manifester juste avant l’épreuve, ou dans les jours qui précèdent.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/ViEBSoZH6M4">Chris Liverani/Unsplash</a></span>
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</figure>
<p>L’anxiété, anticipatoire ou immédiate, est proportionnelle au décalage perçu par le jeune entre ses capacités et la difficulté de la tâche, mais elle est aussi proportionnelle aux conséquences redoutées en cas d’échec. Cette appréciation est éminemment subjective et très sensible au climat émotionnel du moment, qui peut perturber grandement la perception de la réalité et le sentiment de maîtrise de soi et de la situation. Le mécanisme principal de la panique est une spirale s’auto-aggravant : plus je stresse, plus je me sens vulnérable, et donc plus je stresse.</p>
<p>Pour combattre ces idées catastrophistes, le rôle des parents est souvent crucial, même chez des grands adolescents presque adultes. Ils restent en effet très sensibles au rôle rassurant de la mère ou du père (ou d’autres personnes proches de confiance), qui doivent leur rappeler qu’ils ont des capacités, qu’ils ont travaillé pour préparer leurs examens, que la situation est certes intimidante mais qu’ils ont déjà réussi des interrogations orales ou des épreuves du même type. Et, surtout, que la réussite à un examen se joue rarement en tout ou rien, que la note peut être modulée par de nombreux paramètres et, qu’au pire, il existe très souvent des solutions de rattrapage.</p>
<p>Bref, une mauvaise prestation n’est pas un arrêt de mort, et surtout l’affection et l’estime des parents n’en sera en rien remise en cause – ce qui peut être une crainte, dite ou non dite, des adolescents. D’ailleurs, le témoignage des propres souvenirs de stress du père ou de la mère dans la même situation peut avoir un effet très encourageant. On peut dire, aussi, qu’il est normal d’être intimidé dans ce type de situation, et que les enseignants voient plutôt l’émotivité comme un signe d’implication et de sérieux, mieux perçu que le comportement trop affirmé voire désinvolte de certains candidats.</p>
<h2>Visualiser la scène en se focalisant sur les éléments du décor</h2>
<p>D’autres éléments peuvent aider, s’il reste un peu de temps avant l’épreuve : une activité physique qui permet de se défouler puis ensuite de bien dormir, une séance de cinéma ou un autre loisir dans les goûts de l’adolescent, s’entraîner à respirer calmement et plutôt avec le ventre, en se concentrant quelques minutes sur son souffle et sur rien d’autre. On peut aussi conseiller au jeune de visualiser très concrètement la scène qu’il anticipe en se focalisant sur les éléments très concrets du décor, des personnes présentes et du travail à effectuer, et tout cela en se « forçant » à être optimiste et à penser que tout se passera très bien.</p>
<p>C’est une petite méthode Coué qui peut créer un auto-conditionnement favorable et éviter une focalisation négative injustifiée. Ces conseils pourront être appliqué lors de la passation, et surtout dans la phase d’attente qui est souvent la plus anxiogène. On peut recommander également d’échanger avec les autres candidats présents, notamment pour réaliser qu’ils sont probablement tous dans le même état d’esprit, et parfois encore plus stressés eux-mêmes !</p>
<p>La question de la prise de médicament est souvent posée par les parents, pour dormir la veille de l’examen ou pour affronter l’épreuve le moment venu. Il s’agit vraiment d’un dernier recours, car cette solution est artificielle et comporte quelques risques. S’en tenir à des produits naturels comme une bonne tisane ou un lait chaud est bien sûr préférable, et cela peut bien fonctionner par un effet de réassurance.</p>
<h2>Une toute première utilisation d’anxiolytique paraît un peu risquée</h2>
<p>Les <a href="http://www.psycom.org/Medicaments-psychotropes/Medicaments-psychotropes/Anxiolytiques">médicaments anxiolytiques</a> comportent toujours un risque de sédation (somnolence) et de troubles de l’attention, qui peuvent être délétères pour une tache intellectuelle – même si c’est rare à de petites doses. Il est difficile de prévoir la sensibilité de chaque personne, aussi une toute première utilisation lors d’une situation d’examen paraît un peu risquée.</p>
<p>Cependant, c’est parfois la seule solution pour « passer le cap » dans de bonnes conditions, donc il arrive qu’une prescription se justifie. Celle-ci doit toujours être effectuée par un médecin, qui vérifie notamment l’absence de contre-indication et qui peut personnaliser la posologie. Un tel rendez-vous demande d’être anticipé par rapport aux dates des examens. Une règle, en tout cas : ne jamais donner un médicament anxiolytique sans avis médical sous prétexte qu’on en a chez soi, et ne pas en reprendre ensuite régulièrement en dehors d’un suivi.</p>
<p>S’il y avait un message à retenir, ce serait… pas de panique ! La grande majorité des situations de ce type se terminent bien, avec de bons résultats aux examens, ne serait-ce parce que l’anxiété de performance s’accompagne le plus souvent d’une forte motivation et d’une bonne implication dans le travail.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/97204/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Pelissolo a reçu ces trois dernières années des financements (rémunérations pour des travaux de recherche ou de formation, ou invitations à des réunions scientifiques) des laboratoires pharmaceutiques Biocodex, Otsuka et Janssen-Cilag.</span></em></p>A l’approche des épreuves du mois de juin, n’importe quel adolescent peut se retrouver en état de panique. Des mesures simples permettent de ne pas se laisser déborder par l’anxiété.Antoine Pelissolo, Professeur de psychiatrie, Inserm, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/963612018-05-21T21:55:32Z2018-05-21T21:55:32ZDébat : L’effet placebo ne doit pas devenir la caution scientifique de l’homéopathie<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/218341/original/file-20180509-34024-13pgtvh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C5184%2C3437&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un tube de granules homéopathique. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Homeopathy_Overdose_MCS.jpg">Sgerbic/wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’homéopathie est l’une des médecines non conventionnelles les plus populaires en France. Régulièrement, ses défenseurs et ses détracteurs s’affrontent au sujet de son mode d’action. La polémique <a href="http://www.slate.fr/story/160312/fake-medecines-homeopathie">est relancée</a> depuis la publication en mars <a href="http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/03/18/31003-20180318ARTFIG00183-l-appel-de-124-professionnels-de-la-sante-contre-les-medecines-alternatives.php">d’une tribune controversée dans <em>Le Figaro</em></a>, où 124 professionnels de santé taxent l’homéopathie de « fake médecine ».</p>
<p>La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a réaffirmé le principe du remboursement des granules par l’Assurance Maladie, auquel les signataires du texte veulent mettre fin. À l’appui de sa position, elle <a href="http://www.europe1.fr/developpement-personnel/effet-placebo-ce-qui-se-joue-dans-notre-cerveau-3630722">déclarait sur Europe 1</a> : « En tant que scientifique, je considère que l’homéopathie ne peut pas fonctionner autrement que par l’effet placebo. En tout cas, rien n’a jamais été prouvé d’autre ».</p>
<p>L’effet placebo serait-il en passe de devenir le nouveau fondement rationnel <a href="https://theconversation.com/lhomeopathie-est-elle-fiable-66242">pour justifier l’usage de l’homéopathie en médecine</a> ? Si tel est bien le cas, alors il convient de s’y intéresser de plus près. En examinant si l’effet placebo en général, et celui prêté à l’homéopathie en particulier, fonctionne dans les situations de soin courantes.</p>
<h2>Une certaine efficacité thérapeutique, à travers l’effet placebo ?</h2>
<p>Un nombre imposant d’études scientifiques indique que les substances hyper-diluées de l’homéopathie <a href="http://sante.lefigaro.fr/article/l-homeopathie-se-limite-t-elle-vraiment-a-un-effet-placebo-/">ne sont pas supérieures à des traitements placebos</a>, c’est-à-dire ne contenant pas de molécule active. Ces études ont été utilisées par les détracteurs de l’homéopathie pour conclure à son absence d’efficacité. Depuis peu, les défenseurs de cette médecine alternative retournent l’argument, affirmant que ces travaux montrent scientifiquement l’équivalence de l’homéopathie et de l’effet placebo. Autrement dit, ces résultats confirmeraient que l’homéopathie peut avoir un certain effet thérapeutique, à travers l’effet placebo.</p>
<p>C’est par exemple la position d’un généraliste de Pessac (Gironde), diplômé en homéopathie, estimant <a href="https://www.20minutes.fr/sante/2246083-20180329-polemique-homeopathie-effet-placebo-autres-medicaments-plaide-medecin-generaliste">sur le site de <em>20 Minutes</em></a> qu’avec la prescription de l’homéopathie, « on a le même effet placebo que les autres médicaments ». Pour sa part, le journaliste de France Inter spécialiste des sciences Mathieu Vidard qualifie cette prescription de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=YRqw58Mht7A">« part de magie permettant de soigner »</a>.</p>
<p>Ainsi, une forme de réconciliation en faveur de l’homéopathie se dessine, en France ou encore en Suisse. Elle suit un raisonnement en trois étapes :</p>
<ol>
<li><p>L’homéopathie est un traitement placebo ;</p></li>
<li><p>À ce titre elle permet de soigner – au pire elle ne fait pas de mal ;</p></li>
<li><p>Cet effet justifie sa diffusion et son remboursement partiel par l’Assurance maladie.</p></li>
</ol>
<h2>L’effet placebo existe bel et bien</h2>
<p>En tant que phénomène scientifique, l’effet placebo existe bel et bien. Dans son livre <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/medecine/medecine-generale/mystere-du-placebo_9782738103475.php">Le Mystère du placebo</a>, le psychiatre Patrick Lemoine le définit comme un « effet thérapeutique obtenu par l’administration de comprimés, de liquides, d’injections et toutes procédures qui n’ont pas d’effet spécifique sur la maladie à traiter ». Des travaux lui sont consacrés depuis plusieurs décennies, et la part de magie ou de mystère qu’il recèle encore ne cesse de se réduire. Les facteurs qui le déterminent et les mécanismes biologiques, psychologiques et comportementaux qui le sous-tendent sont de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_placebo">mieux en mieux connus</a>.</p>
<p>L’effet placebo est-il utilisé actuellement dans le but de soigner ? Des études sur ce sujet encore tabou, réalisées <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00663369">auprès de généralistes de la région Rhône-Alpes</a> ou <a href="https://www.rts.ch/info/sciences-tech/1062979-l-effet-placebo-apprecie-des-medecins-zurichois.html">du canton de Zurich en Suisse</a> montrent que oui. Une majorité des médecins interrogés par questionnaire disent rechercher un tel effet en prescrivant, en toute connaissance de cause mais sans le dire, des produits n’ayant pas d’effet pharmacologique connu sur le symptôme de leurs patients.</p>
<p>Il est plus difficile d’y recourir ouvertement. En 2001, le psychiatre Jean‑Jacques Aulas avait tenté de distribuer en pharmacie le Lobepac (anagramme de placebo), « élixir psycho-actif » ne cachant pas son statut de placebo ; mais <a href="http://sante.lefigaro.fr/actualite/2010/03/08/10085-pourquoi-placebo-peut-guerir">seulement 500 flacons avaient été vendus</a>.</p>
<p>Néanmoins, l’hypothèse d’un usage thérapeutique de l’effet placebo est séduisante : puisque dans certaines conditions on observe un effet placebo, pourquoi ne pas l’utiliser dans le cadre d’une pratique médicale courante ? Les bénéfices en seraient évidents, à commencer par celui de soigner sans exposer le corps à des produits chimiques aux effets secondaires incertains.</p>
<h2>Comparer le traitement placebo à l’absence de traitement</h2>
<p>Pour s’assurer que le placebo fonctionne dans la pratique courante, on se heurte à un problème de méthodologie. Car à quoi comparer une intervention placebo ? En médecine conventionnelle, la méthode reine est l’essai contrôlé-randomisé, où l’on compare généralement le traitement actif à… un groupe prenant un placebo.</p>
<p>Dès 1996, le professeur de médecine britannique <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2550609/">Edzard Ernst</a> préconisait de résoudre le problème en comparant le traitement placebo à l’absence de traitement. Cette méthode permet de distinguer l’effet placebo de nombreux événements qui peuvent survenir naturellement lorsqu’on est malade, par exemple une guérison spontanée, la diminution des symptômes ou un changement de leur évaluation par le patient.</p>
<p>Par exemple, en 2006, des chercheurs britanniques du <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S147549160600097X">Royal Homeopathic Hospital et du Royal College de London</a> ont réparti des patients souffrant d’eczéma soit dans un groupe A avec un traitement homéopathique, soit dans un groupe B qui n’en prenait pas. Au bout d’un certain temps, ils ont évalué l’évolution des symptômes de leurs patients. Les chercheurs n’ont pas constaté de différence entre les patients qui prenaient le traitement homéopathique (groupe A) et ceux qui ne le prenaient pas (groupe B).</p>
<h2>Pas d’effet placebo dans la vie réelle</h2>
<p>Des études évaluant des traitements placebo par cette méthode sont publiées régulièrement. Deux chercheurs de l’institut Cochrane nordique à Copenhague (Danemark), Asbjørn Hróbjartsson et Peter Gøtzsche, les recensent depuis 2001. Ils en fournissent les <a href="http://nordic.cochrane.org/sites/nordic.cochrane.org/files/public/uploads/ResearchHighlights/Placebo%20interventions%20for%20all%20clinical%20conditions%20(Cochrane%20review).pdf">méta-analyses</a> les plus complètes. Leurs résultats montrent que, dans la majorité des cas, les interventions placebos ne se différencient pas de l’absence traitement. Lorsque des différences sont observées pour certaines catégories d’études (par exemple les études où ce sont les patientes qui reportaient eux-mêmes l’évolution de leurs symptômes), celles-ci sont faibles et cliniquement insignifiantes.</p>
<p>La conclusion de ce travail est claire : dans la vie réelle, il ne suffit pas de donner un placebo pour produire un effet placebo. Sur cette base, on peut penser que les médecins qui recourent à un placebo se leurrent quant à ses effets thérapeutiques sur le patient. Les conditions ne sont pas forcément réunies pour que ceux-ci se produisent.</p>
<p>Pour en revenir au cas spécifique de l’homéopathie, cette médecine non conventionnelle n’a été que rarement comparée à une absence de traitement. En 2013, la biologiste Claire Haresnape, chercheuse à l’université de Londres, <a href="http://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/2042533313490927">ne recensait que trois études de ce type</a>. Le nombre est trop faible pour en tirer des conclusions et de nouvelles études devraient être menées. Cependant, l’étude citée plus haut ainsi que <a href="https://bpspubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/j.1365-2125.2007.03008.x">celle publiée en 2007 par une équipe de la faculté de médecine de Grenoble</a> concluent, déjà, à l’équivalence entre homéopathie et absence de traitement.</p>
<p>Une indication peut également être tirée des méta-analyses danoises, qui affinent les différentes interventions placebos par catégories. Celle des interventions pharmacologiques, dans laquelle se rangerait l’homéopathie, ne parvient pas plus que les autres à démontrer une efficacité cliniquement significative.</p>
<p>Ainsi, ceux qui cherchent à donner un appui à l’homéopathie à travers l’effet placebo s’appuient sur une base scientifique très fragile. Car l’utilisation de l’effet placebo dans un contexte de soins n’a pas encore passé avec succès l’épreuve des faits.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96361/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Desrichard a reçu ces trois dernières années des financements, pour ses travaux, du réseau des Hautes écoles de santé de Suisse occidentale, de la Swiss National Science Foundation, du Fonds de prévention du tabagisme (Suisse) et du Centre national de la recherche scientifique (France).</span></em></p>Un médicament ne contenant aucun principe actif peut malgré tout réduire les symptômes d’une maladie. Mais cette démonstration n’a pas encore été faite pour l’homéopathie.Olivier Desrichard, Professeur de psychologie, Université de GenèveLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/965002018-05-13T19:55:50Z2018-05-13T19:55:50ZLe yoga peut-il aider à faire face aux troubles psychiques ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/218655/original/file-20180512-52177-asmj2n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C351%2C5105%2C3041&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption"></span> <span class="attribution"><span class="source">Brenkee/Pixabay</span></span></figcaption></figure><p>Si vous avez visité une grande ville dans le monde au cours des 10 ou 20 dernières années, vous avez peut-être remarqué l’incroyable poussée du yoga dans le domaine de la santé. Le yoga n’est plus perçu comme une activité seulement récréative, mais comme un moyen de renforcer et de maintenir la santé : <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26497261">environ 31 millions d’adultes américains (plus de 13 %)</a> ont utilisé le yoga pour cette raison, et des données comparables sont disponibles pour l’Europe et l’Australie.</p>
<p>Des essais cliniques ont montré que le yoga soulage la douleur en étirant les muscles et en alignant la posture, abaisse la tension artérielle en rééquilibrant le système nerveux autonome et réduit l’inflammation en régulant le stress chronique. Ces derniers temps, le yoga est de plus en plus perçu non seulement comme un moyen de réduire le stress et d’améliorer la forme physique, mais aussi de surmonter la souffrance mentale.</p>
<p>Cela ne devrait pas vraiment être une surprise : il y a environ 2 000 ans, le sage indien Patanjali, le « grand-père » du yoga moderne, définissait le yoga comme « le contrôle des fluctuations de l’esprit ». Au-delà du spirituel, il existe des preuves scientifiques fiables et des mécanismes clairs par lesquels le yoga pourrait aider dans le cas des symptômes de troubles mentaux.</p>
<h2>Stress post-traumatique</h2>
<p>Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est un problème majeur de santé publique affectant jusqu’à <a href="http://assets.cambridge.org/97805218/84198/frontmatter/9780521884198_frontmatter.pdf">6 % de la population mondiale</a>. Le TSPT résulte d’expériences traumatisantes importantes rencontrées beaucoup plus fréquemment chez les anciens combattants, les survivants de guerres ou de catastrophes naturelles et les victimes de violence. Le trouble est caractérisé par la réexpérience, l’évitement et l’hyperréactivité. Le TSPT est associé à une structure cérébrale appelée amygdale qui relie la mémoire de certaines expériences aux émotions – dans le cas du TSPT, l’amygdale est suractivée et produit ainsi constamment les symptômes susmentionnés.</p>
<p>En augmentant l’activité <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_nerveux_parasympathique">parasympathique</a>, le yoga réduit les effets du stress : c’est la réponse de relaxation qui <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22365651">pourrait également réduire directement</a> l’activité de l’amygdale. Cela semble être le cas notamment avec les méthodes de respiration yogiques telles que la respiration alternée des narines. D’un point de vue psychologique, le TSPT est caractérisé par le paradoxe suivant : les patients se sentent anxieux quant à l’avenir, bien que l’événement traumatique soit passé. Ceci est principalement provoqué par une surgénéralisation des expériences passées et une évaluation négative des actions personnelles, de celles des autres, ainsi que des perspectives de vie.</p>
<p>Le yoga, comprenant des aspects de pleine conscience, c’est-à-dire une attention ouverte, y compris aux émotions ou aux souvenirs désagréables, est de nature à augmenter la régulation des émotions, bien mieux que l’évitement. La conscience consciente de la nature transitoire de son expérience physique, sensorielle, et émotionnelle momentanée au cours de la pratique du yoga est <a href="http://www.aolresearch.org/pdf/Descilo_et_al_2009.pdf">supposée conduire à un changement dans l’auto-évaluation de soi</a>, réduisant ainsi les symptômes du TSPT.</p>
<p>Des études sur les deux Amériques et en Australie ont convié des vétérans ainsi que d’autres personnes ayant des expériences traumatisantes et les ont orientés au hasard soit vers des sessions de yoga réparties sur des périodes de plusieurs semaines à plusieurs mois, soit vers des groupes de contrôle pas traités du tout ou qui ont reçu de simples conseils de santé. Dans une méta-analyse de ces études, <a href="https://bmcpsychiatry.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12888-018-1650-x">mes collègues et moi-même avons pu démontrer</a> que les participants qui pratiquaient le yoga présentaient une réduction beaucoup plus forte et cliniquement significative de leurs symptômes – même si le style de yoga n’était pas spécifiquement conçu pour les participants atteints de TSPT.</p>
<h2>Peur et anxiété</h2>
<p>D’autres études ont ciblé les troubles anxieux. L’anxiété est une réponse normale à des situations ou des événements spécifiques. Sans anxiété, l’humanité n’aurait sûrement pas survécu. Cependant, une peur ou une anxiété excessive peut indiquer un trouble anxieux. Dans le trouble anxieux généralisé (TAG), par exemple, des niveaux élevés d’anxiété, associés à des problèmes de santé, de relations, de travail et de finances, entraînent une grande variété de symptômes physiques et de changements de comportement. On estime qu’à lui seul, le <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/psychological-medicine/article/social-anxiety-disorder-and-alcohol-use-disorder-comorbidity-in-the-national-epidemiologic-survey-on-alcohol-and-related-conditions/D2E84E6B59EB8023D6C3DD162874630D">TAG</a> touche 4 % de la population aux États-Unis.</p>
<p>L’anxiété excessive a également des conséquences sur la santé à long terme, les symptômes somatiques de l’anxiété comme les palpitations et les battements cardiaques irréguliers étant associés à un <a href="http://www.scirp.org/journal/PaperInformation.aspx?PaperID=46638">risque accru de maladie cardiovasculaire</a>. Il est intéressant de constater que traiter l’anxiété est l’une des principales motivations que les gens mentionnent pour la pratique du yoga. Là encore, la vigilance semble jouer un rôle clé : les patients atteints de TAG <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25012409">sont moins « conscients » que la moyenne de la population générale</a>, ce qui indique que le travail corporel, la respiration et la méditation peuvent aider en « contrôlant les fluctuations » de l’esprit.</p>
<p>Mais ce sont surtout les techniques de respiration yogiques qui sont les <a href="https://www.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/da.22166/">plus efficaces pour traiter les troubles mentaux</a>, bien plus que les postures de yoga bien connues. Il est d’ailleurs intéressant de noter que les troubles anxieux <a href="https://scholars.houstonmethodist.org/en/publications/surprisingly-high-prevalence-of-anxiety-and-depression-in-chronic-breathing-disorders(d9ff71de-d70b-40ae-b115-9e32cc1e3a61).html">sont plus fréquents</a> chez les patients souffrant de troubles respiratoires tels que l’asthme ou la broncho-pneumopathie chronique obstructive et que la rééducation respiratoire a été une partie essentielle de nombreuses approches de thérapie cognitivo-comportementale pour les troubles anxieux.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/218656/original/file-20180512-34015-1cgwv7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/218656/original/file-20180512-34015-1cgwv7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/218656/original/file-20180512-34015-1cgwv7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/218656/original/file-20180512-34015-1cgwv7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/218656/original/file-20180512-34015-1cgwv7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/218656/original/file-20180512-34015-1cgwv7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/218656/original/file-20180512-34015-1cgwv7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Thérapie avec yoga dans un hôpital militaire américain.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:US_Navy_090702-N-1783P-003_Hospital_Corpsman_1st_Class_Guy_Duke,_left,_and_Electronics_Technician_3rd_Class_Joshua_Benedict_demonstrate_how_the_Physical_therapy_Department_at_Naval_Health_Clinic,_Charleston_use_the_Wii_Fit%27s_yoga.jpg">US Navy/Juan Pinalez</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Notre équipe a aussi analysé dans une autre méta-analyse les effets du yoga sur les troubles anxieux, y compris le TAG ou la phobie. Les résultats sont souvent positifs, toutefois la plupart des études sont assez anciennes et ne répondent pas aux exigences de la science moderne, de <a href="https://www.researchgate.net/publication/7463321_Yoga_for_anxiety_A_systematic_review_of_the_research_evidence">sorte qu’il est urgent de les reproduire</a>. Reste que le soulagement des symptômes d’anxiété chez les personnes en bonne santé est globalement avéré, aussi bien pour la peur quotidienne diffuse que pour l’anxiété liée à un examen ou à la performance chez les musiciens.</p>
<p>Ainsi, il est clair que le yoga peut aider à soulager les symptômes liés au traumatisme et l’anxiété, et que les exercices de respiration représentent le mécanisme principal par lequel il opère. Pour l’anxiété quotidienne mineure, les techniques de respiration yogiques simples valent la peine d’être essayées comme stratégie personnelle de soin. En revanche les patients atteints de troubles mentaux ne devraient pas pratiquer le yoga par eux-mêmes, avant d’avoir consulté leur psychiatre et leur psychothérapeute.</p>
<hr>
<p><em>Holger Cramer interviendra toute la journée avec d’autres intervenants au <a href="http://www.yogaetsante.org">« Symposium Yoga et Santé »</a> le 18 mai 2018 à la Cité des Sciences de Paris.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96500/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Holger Cramer participe au Symposium Yoga et santé mentionné dans l'article.</span></em></p>Il existe des preuves scientifiques fiables par lesquels le yoga pourrait aider les individus souffrant de troubles mentaux.Holger Cramer, Directeur de recherches, médecine interne et intégrative, University of Duisburg-EssenLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/950012018-04-22T19:39:48Z2018-04-22T19:39:48ZPetit guide des médicaments à l’usage des anxieux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/214729/original/file-20180413-566-yzwwt8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C189%2C5988%2C3647&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les troubles anxieux touchent une personne sur cinq. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/yy3GonY48N0">Ben White/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p><em>Notre auteur, psychiatre et directeur d’enseignement à l’université Lille Nord Europe, consulte et enseigne sur le traitement de l’anxiété depuis 25 ans. Dominique Servant n’est pas un adepte des médicaments, mais il les connaît bien et les remet à leur juste place. « L’anxiété ne se soigne pas seulement, elle se maîtrise : on apprend à l’accepter pour qu’elle ne soit plus un obstacle dans notre vie », écrit-il dans <a href="https://www.tallandier.com/livre-9791021026254.htm"><em>Se libérer de l’anxiété et des phobies en 100 questions</em></a> (éditions Tallandier), l’ouvrage dont nous publions ci-dessous un extrait</em>.</p>
<hr>
<p>Nous ressentons tous une <a href="https://theconversation.com/fr/topics/anxiete-30927">anxiété</a> face aux incertitudes et aux peurs de l’existence. Nous avons peur de tomber malade, de perdre des êtres chers, nous devons faire face à l’incertitude. L’anxiété est normale, et l’on peut considérer qu’elle joue un certain rôle dans notre capacité à nous adapter à ce qui nous arrive.</p>
<p>Mais pour beaucoup d’entre nous, l’anxiété n’est plus raisonnable, elle n’obéit plus à la logique, elle devient envahissante et nous rend vulnérables. Il nous est alors difficile de trouver le sommeil, de nous concentrer. Notre esprit s’accroche à des pensées que nous n’arrivons pas à mettre à distance de notre cerveau. Elle se dresse devant nous sans prévenir, et tout d’un coup la panique s’abat sur nous. Nos proches ne comprennent pas toujours cette souffrance qui ne relève pas d’une anomalie observable ou d’un problème concret. Mais l’anxiété est bien là et nous gâche la vie.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/214731/original/file-20180413-127631-1sihsoa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/ZC0EbdLC8G0">Stefano Pollio/Unsplash</a></span>
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<p>On distingue les <a href="http://www.psycom.org/Espace-Presse/Sante-mentale-de-A-a-Z/Anxiete">troubles anxieux</a> de l’anxiété normale par la présence de plusieurs symptômes intenses, durables, qui entraînent un vrai mal-être et une gêne dans la vie de tous les jours, dans le travail ou les loisirs. Ces troubles touchent environ une personne sur cinq.</p>
<h2>Les médicaments, pas une fin en soi</h2>
<p>On prescrit des médicaments pour soulager les symptômes s’il n’est pas possible immédiatement de le faire par des moyens non médicamenteux. Les médicaments ne sont pas une fin en soi. Il est nécessaire de s’engager en parallèle dans un autre traitement impliquant un engagement personnel comme les <a href="http://www.aftcc.org/">thérapies comportementales et cognitives</a> (TCC). Les études montrent en effet que leur efficacité est comparable à celle des antidépresseurs sur le court terme (deux à trois mois) et qu’elle est supérieure sur le long terme (un an et plus). Avec les techniques de relaxation, cet ensemble alternatif ou complémentaire permettra de soulager les symptômes. Il a une efficacité équivalente aux médicaments, avec l’avantage de mieux éviter la rechute et de ne pas provoquer de dépendance.</p>
<p>Deux principales classes de médicaments sont indiquées dans l’anxiété et les troubles anxieux : les <a href="http://www.psycom.org/Medicaments-psychotropes/Medicaments-psychotropes/Anxiolytiques">anxiolytiques</a> et – cela peut paraître surprenant – les <a href="http://www.psycom.org/Medicaments-psychotropes/Medicaments-psychotropes/Antidepresseurs">antidépresseurs</a>, qui sont avant tout prescrits pour la dépression. Les autorités sanitaires ont accordé depuis les années 2000 aux antidépresseurs l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le traitement de fond des troubles anxieux dits caractérisés (c’est-à-dire bien définis par des critères diagnostiques). En fait, si les deux types de médicaments peuvent l’un et l’autre être utilisés, ils n’ont pas les mêmes indications, et les effets recherchés ne sont pas tout à fait les mêmes.</p>
<p>Les anxiolytiques ne doivent pas être prescrits dans le traitement de fond. Ils sont indiqués dans le traitement symptomatique de l’anxiété, pour des périodes courtes d’exacerbation anxieuse. Leur prescription est en théorie (si l’on suit les recommandations) limitée à douze semaines, sevrage inclus. Autant dire que beaucoup de personnes sortent complètement de ce cadre.</p>
<p>Les anxiolytiques appartiennent principalement à la classe des benzodiazépines. Ils sont aujourd’hui essentiellement prescrits sous leur forme générique, c’est-à-dire sous le nom de la molécule chimique. Voici une liste de benzodiazépines commercialisées en France par nom de marque (la molécule, c’est-à-dire le nom générique, est entre parenthèses) : Lexomil (Bromazépam), Lysanxia (Prazépam), Nordaz (Nordazépam), Seresta (Oxazépam), Temesta (Lorazépam), Tranxène (Clorazépate dipotassique), Urbanyl (Clobazam), Valium (Diazépam), Veratran (Clotiazépam), Victan (Loflazépate d’éthyle), Xanax (Alprazolam).</p>
<p>D’autres anxiolytiques qui appartiennent à d’autres classes chimiques que les benzodiazépines sont utilisés. Ce sont les médicaments suivants : Atarax (Hydroxyzine), Stresam (Etifoxine), pour l’indication de « manifestations psychosomatiques de l’anxiété », et moins fréquemment : Buspar (Buspirone).</p>
<h2>Les antidépresseurs en traitement de fond des troubles anxieux</h2>
<p>Les antidépresseurs utilisés depuis plusieurs décennies dans les cas de dépressions ont été autorisés comme traitement de fond des troubles anxieux. Ils agissent comme une sorte de filtre des émotions négatives. Ils sont indiqués dans les différents troubles anxieux et ils ont remplacé les benzodiazépines comme traitement de fond.</p>
<p>Il existe deux classes d’antidépresseurs de nouvelle génération, distinguées selon leur mécanisme d’action sur les deux principaux neuromédiateurs impliqués dans l’anxiété, la sérotonine et la noradrénaline. Ce sont les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) : Deroxat (Paroxétine), Fluoxétine (Prozac), Seroplex (Escitalopram), Zoloft (Sertraline) ; et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSNA) : Cymbalta (Duloxétine), Effexor (Venlafaxine).</p>
<p>On débutera les antidépresseurs à demi-dose pendant trois à cinq jours, puis à dose efficace minimum (le plus souvent un comprimé/jour en une prise). Au bout de quatre à six semaines, on évaluera l’efficacité et l’on pourra augmenter les doses si l’effet est insuffisant. On augmente généralement d’un demi-comprimé pour doubler la dose. Les résultats des études montrent 50 à 75 % de réponse positive environ à trois mois pour les troubles anxieux, contre 35 à 50 % de réponse placebo, ce qui est assez élevé dans cette indication et montre bien l’effet bénéfique de la prise en charge et du simple fait de prescrire un remède.</p>
<p>À douze semaines, s’il n’y a pas d’efficacité, on pourra changer d’antidépresseur, car comme pour d’autres traitements (par exemple les antihypertenseurs), un médicament peut être plus ou moins efficace pour chaque patient. Une fois les symptômes anxieux stabilisés, on considère qu’il faut maintenir les antidépresseurs pendant six mois ou un an, parfois plus dans des formes plus sévères, récidivantes ou compliquées de dépressions. Il n’y a pas vraiment de preuves scientifiques concernant la durée du traitement.</p>
<h2>Phytothérapie, homéopathie, compléments alimentaires</h2>
<p>À côté de ces deux types de médicaments dits allopathiques, d’autres médicaments peuvent être utilisés comme les médicaments à base de plantes (phytothérapie), homéopathiques, et des compléments alimentaires. Ils sont considérés comme des traitements complémentaires de l’anxiété mineure et n’ont pas fait la preuve de leur efficacité dans les troubles anxieux.</p>
<p>Pour trois troubles anxieux, l’efficacité des médicaments allopathiques proposés (antidépresseurs et anxiolytiques, principalement benzodiazépines) a été démontrée par des essais thérapeutiques : anxiété généralisée, trouble panique et anxiété sociale. Il y a peu d’études qui comparent médicaments et psychothérapie. Ces médicaments ont des effets secondaires.</p>
<p>Schématiquement, les recommandations de la Haute Autorité de santé concernant les traitements médicamenteux pour chaque trouble sont les suivantes :</p>
<ul>
<li><p>Attaques de panique (trouble panique avec ou sans agoraphobie) : Deroxat (Paroxétine), Effexor (Venlafaxine), Seroplex (Escitalopram), Seropram (Citalopram), Zoloft (Sertraline).</p></li>
<li><p>Anxiété généralisée (inquiétude quasi permanente touchant tous les domaines de la vie) en traitement de fond : Cymbalta (Duloxétine), Deroxat (Paroxétine), Effexor (Venlafaxine), Seroplex (Escitalopram).</p></li>
<li><p>Phobie spécifique (concernant un objet ou une situation précise : peur des araignées, de l’avion, <a href="https://theconversation.com/phobie-jai-peur-de-conduire-89597">peur de conduire</a>…) : aucun traitement n’a apporté la preuve de son efficacité, et aucun médicament n’a obtenu l’AMM.</p></li>
</ul>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=781&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=781&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=781&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=982&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=982&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/214712/original/file-20180413-587-1eda5tq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=982&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Couverture du livre paru aux éditions Tallandier, le 12 avril 2018.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Tallandier</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<ul>
<li><p>Anxiété sociale : le traitement recommandé (Paroxétine) est très critiqué. Il s’agit probablement d’une médicalisation excessive d’un trait de caractère. Il est bien spécifié que l’anxiété sociale ne doit en rien être confondue avec la timidité. En traitement de fond, les antidépresseurs doivent être réservés aux formes sévères avec retentissement important sur la vie professionnelle ou personnelle. Leur efficacité est relative. Ceux ayant l’AMM en France sont les suivants : Deroxat (Paroxétine), Effexor (Venlafaxine), Seroplex (Escitalopram), Seropram (Citalopram), Zoloft (Sertraline). Les benzodiazépines peuvent être prescrits en association avec le traitement de fond sur de courtes durées en cas d’anxiété aiguë invalidante. De façon ponctuelle, le Propranolol (bêta-bloquant) peut être utilisé pour des situations d’anxiété de performance, comme un entretien d’embauche.</p></li>
<li><p>Trouble de l’adaptation avec anxiété (survenant à la suite d’un événement de vie difficile) : il n’y a pas d’AMM. Compte tenu du caractère transitoire du stress, on pourra s’orienter vers un anxiolytique s’il faut vraiment un traitement. Le Stresam (Etifoxine) qui n’a pas l’AMM peut être une alternative aux benzodiazépines pour éviter la dépendance.</p></li>
<li><p>Syndrome de <a href="https://theconversation.com/quel-risque-de-developper-un-etat-de-stress-post-traumatique-a-la-suite-dun-attentat-50734">stress post-traumatique</a> : deux antidépresseurs ont obtenu l’AMM, Deroxat (Paroxétine) et Zoloft (Sertraline).</p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/95001/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Dominique Servant ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il est difficile de vivre, au quotidien, avec un niveau élevé de peur. Si les médicaments ne sont pas la meilleure façon de surmonter l’anxiété ou les phobies, ils peuvent cependant jouer leur rôle.Dominique Servant, Psychiatre, responsable de l’unité stress et anxiété du CHRU de Lille, directeur d'enseignement, Université de Lille - initiative d'excellenceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/929812018-03-22T23:21:49Z2018-03-22T23:21:49ZLe sport ne guérit pas le cancer, mais il peut y aider<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/210521/original/file-20180315-104699-1mhk4rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C147%2C5302%2C2819&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les études scientifiques montrent qu'une activité physique suffisamment régulière et bien dosée contribue à lutter efficacement contre le cancer. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/happy-senior-spouses-warming-muscles-before-299787299">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le sport devient un atout pour lutter contre le cancer. <a href="https://www.sportetcancer.com/qui-sommes-nous">Des associations</a> proposent aux patients de pratiquer le karaté ou le tai-chi. Des centres spécialisés contre le cancer <a href="https://curie.fr/page/le-programme-activ">comme l’institut Curie</a> organisent des cours collectifs de gymnastique ou d’endurance. Des sociétés montent des séances d’exercices en visioconférence, comme <a href="http://www.vas-i.fr/">V@si</a>. Et des fédérations sportives, par exemple celle du <a href="http://www.fft.fr/actualites/fil-d-infos/le-tennis-un-allie-dans-la-lutte-contre-le-cancer-du-sein">tennis</a>, proposent des sessions spécifiques pour ce public.</p>
<p>Suivre un programme d’activité physique adaptée est l’une des nombreuses « médecines douces » auxquelles on peut recourir dans cette maladie, en complément des traitements. Son intérêt sera débattu lors du congrès scientifique sur l’<a href="https://iceps2018.fr/">efficacité des interventions non médicamenteuses dans le cancer</a>, qui se tient le 23 mars à Montpellier, à l’initiative de la <a href="https://www.youtube.com/watch?time_continue=55&v=CB70xbLsGvI">Plateforme CEPS</a>.</p>
<p>Car aujourd’hui, tout se dit, tout s’écrit sur les bienfaits du sport contre le cancer – trop souvent sans arguments scientifiques suffisants. L’analyse des études disponibles permet pourtant aux patients de savoir quoi attendre de leur investissement. Si le sport ne guérit pas du cancer, certains programmes d’activité physique peuvent y aider – preuves à l’appui.</p>
<h2>L’activité physique, longtemps considérée comme accessoire</h2>
<p>Petit retour historique. Avant les années 1980, l’activité physique ne suscitait aucun intérêt de la part des professionnels en charge des cancers en France. Priorité était donnée aux traitements : chirurgies, radiothérapies et chimiothérapies – le reste était accessoire. Et ceci à juste titre, au regard des progrès qui avaient été réalisés dans le domaine.</p>
<p>Des hôpitaux spécialisés ont été créés dans les plus grandes villes, les <a href="http://www.unicancer.fr/le-reseau-des-centres-de-lutte-contre-le-cancer">Centres de Lutte Contre le Cancer (CLCC)</a>, pour répondre au flux croissant de patients dépistés de plus en plus précocement, et pour installer les plateaux techniques dans des locaux appropriés.</p>
<p>Entre 1980 et 2000, des équipes ont lancé les premières recherches cliniques, notamment au Canada et aux États-Unis. Un essai prospectif publié en 1999 <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10548868">par un scientifique américain</a> a montré par exemple une amélioration de la qualité de vie de 27 patientes traitées par chimiothérapie pour un cancer du sein, grâce à un programme d’activité physique de huit semaines réalisé à domicile.</p>
<h2>Des premières études dans le cancer du sein surtout</h2>
<p>La plupart des études disponibles durant cette période était des études pilotes, avec de nombreuses limites méthodologiques. On y trouvait une prédominance du cancer du sein – la tentation étant grande, alors, d’extrapoler les résultats à tous les cancers. Les activités physiques analysées étaient très différentes les unes des autres. Et elles étaient amorcées à des moments différents de la prise en charge du patient : juste après l’annonce du diagnostic, avant le début du traitement, après le traitement.</p>
<p>Une revue de la littérature scientifique <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10499138">publiée en 1999</a> confirme cependant l’impact significatif de l’exercice physique sur la qualité de vie liée à la santé pour les patients. À l’époque, l’activité physique avait pour objectif d’améliorer la qualité de vie mais aussi l’estime de soi, mise à mal par des traitements agressifs faisant perdre des cheveux notamment.</p>
<p>Prendre du plaisir à faire du sport était l’essentiel. On laissait donc le choix de la pratique au patient, dans l’idée qu’il reprenne confiance en lui et rompe avec l’isolement. Cette pratique se faisait essentiellement à domicile, encouragée par des professionnels de santé et quelques oncologues pionniers. Les messages de santé étaient assez basiques. Qualifiés d’hygiéno-diététiques, ils pourraient se résumer aujourd’hui par la phrase : « il faut bouger plus avec un cancer ».</p>
<h2>Réduire la fatigue, la douleur, l’anxiété</h2>
<p>À partir des années 2000, l’activité physique devient un <a href="http://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Qualite-de-vie/Soins-de-support/Definition">« soin de support »</a> à part entière. C’est-à-dire qu’elle entre dans « les soins et soutiens nécessaires aux personnes malades tout au long de la maladie ». Les recommandations officielles indiquent de la débuter le plus tôt possible après l’annonce du cancer au patient.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/210523/original/file-20180315-104642-17o1pfx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/210523/original/file-20180315-104642-17o1pfx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/210523/original/file-20180315-104642-17o1pfx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/210523/original/file-20180315-104642-17o1pfx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/210523/original/file-20180315-104642-17o1pfx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/210523/original/file-20180315-104642-17o1pfx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/210523/original/file-20180315-104642-17o1pfx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’activité physique adaptée est devenu un « soin de support » à part entière dans le traitement du cancer.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/physiotherapist-working-elderly-patient-clinic-551059054">Shutterstock</a></span>
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<p>L’ambition est triple. D’abord, réduire les symptômes induits par les traitements et le cancer lui-même comme la fatigue, la douleur, l’anxiété, la dépression, les nausées, les troubles du sommeil, les <a href="http://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-sein/Lymphoedeme">lymphœdèmes</a> (gonflement lié à une mauvaise circulation de la lymphe) et les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Neuropathie">neuropathies</a> (affection des nerfs). Ensuite, améliorer l’état général, la condition physique et la composition corporelle – c’est-à-dire favoriser la prise de masse musculaire au détriment de la masse graisseuse, en particulier abdominale. Enfin, prévenir le <a href="http://blogensante.fr/2013/09/20/definir-la-notion-de-deconditionnement/">déconditionnement physique</a>, c’est-à-dire le cercle vicieux conduisant à l’inactivité physique avec toutes ses répercussions physiologiques (atrophie musculaire par exemple) et psychologiques (perte de confiance en ses capacités physiques). Ce déconditionnement est un facteur de mauvais pronostic, de moindre efficacité des traitements et de mortalité plus élevée.</p>
<p>Des essais randomisés contrôlés sont alors menés, avec des conclusions convergentes montrant la réduction de la fatigue et des symptômes anxio-dépressifs, l’amélioration de la condition physique et la prévention du déconditionnement. Une succession de méta-analyses est venue apporter le niveau de preuve le plus élevé, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16030088">celle de 2005</a>, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17054230">celle de 2006</a>, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19176403">celle de 2009</a> et <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21051654">celle de 2011</a>.</p>
<h2>Bien doser l’intensité de la pratique pour ne pas épuiser le patient</h2>
<p>Une dernière méta-analyse, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23152233">publiée en 2012</a>, particulièrement démonstrative, conclut au bénéfice d’un programme d’activité physique supervisé sur la fatigue, sur la base de 56 essais randomisés contrôlés ayant inclus 4068 patients traités pour un cancer. La pratique est encadrée pour veiller à la sécurité des participants – on tient compte par exemple du risque de problème cardio-vasculaire dû à une chimiothérapie. La supervision consiste aussi bien à doser l’intensité pour ne pas épuiser le patient durant son traitement, qu’à maintenir sa participation au fil du temps.</p>
<p>Actuellement, d’autres travaux sont menés sur la période de l’après-cancer, pour encourager les personnes à poursuivre une activité physique hebdomadaire régulière conforme aux recommandations. Des principes généraux établis par l’<a href="http://www.e-cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Benefices-de-l-activite-physique-pendant-et-apres-cancer-Des-connaissances-aux-reperes-pratiques">Institut général du cancer (INCa)</a> en 2017 encadrent ces pratiques. Deux autres institutions, l’Inserm et la Haute autorité de santé (HAS), publieront leurs recommandations cette année.</p>
<p>Ces initiatives s’inscrivent dans un mouvement général de « sport sur ordonnance », applicable <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2016/12/30/2016-1990/jo/texte">par décret</a> depuis le 1<sup>er</sup> mars 2017. Il s’agit de la prescription médicale de programmes d’activité physique adaptée (APA) aux personnes malades chroniques. Vient s’y ajouter l’incitation à la pratique d’une APA mentionnée dans le <a href="http://www.e-cancer.fr/Plan-cancer/Plan-cancer-2014-2019-priorites-et-objectifs/Plan-cancer-2014-2019-de-quoi-s-agit-il/Les-17-objectifs-du-Plan">Plan Cancer 2014-2019</a>.</p>
<h2>Distinguer les fausses promesses des vraies</h2>
<p>On assiste en France à une offre pléthorique mais inégale d’activités physiques de la part des CLCC, des cliniques, des maisons médicales, des associations sportives, des associations dédiées au cancer, des entreprises du secteur du sport-santé, des start-up et des professionnels libéraux. Ce foisonnement de propositions s’accompagne parfois de promesses qui vont au-delà des connaissances scientifiques, allant jusqu’à faire miroiter la guérison ou encore la prévention de récidives.</p>
<p>À ce jour, il n’est pas possible de prédire de tels résultats à l’échelle d’un individu. Seules les études de cohortes, qui suivent des centaines de patients dans le temps, donnent des indications sur le rôle de l’activité physique dans la guérison. Et ce, sous forme de probabilité seulement. Par exemple, l’analyse de 24 cohortes issues de pays différents, comportant au total 35 622 patients, indique une réduction du risque de mortalité due au cancer de 38 % dans le cancer du sein, le cancer colorectal et le cancer de la prostate, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27407093">selon les travaux d’une équipe canadienne publiée en 2016</a>. Ce qui ne fait pas du sport un remède anti-cancer.</p>
<p>Des essais cliniques commencent à être menés dans le monde sur la survie et la diminution des récidives grâce à l’activité physique, en association avec les traitements conventionnels du cancer comme celle d’une équipe de l’université de l’Alberta (Canada) dans le cancer du côlon <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19079628">dont le protocole a été publiée en 2008</a>. Les premiers résultats seront connus d’ici 2020. En attendant, les preuves s’avèrent encore insuffisantes pour affirmer qu’une pratique d’activité physique à une intensité et d’une façon données permet d’influer sur l’évolution d’un cancer ou sa récidive.</p>
<h2>Agir sur l’immunité, le métabolisme, l’inflammation et la neuropsychologie</h2>
<p>L’idée de fond est de ralentir la progression de la tumeur et de contribuer à éviter une récidive en sollicitant de manière ciblée les fonctions immunitaires, métaboliques, inflammatoires et neuropsychologiques de l’individu par une activité physique ciblée. Des progrès scientifiques et cliniques restent à faire pour comprendre les mécanismes en jeu et proposer le meilleur programme à chaque patient, en fonction de sa tumeur et de son mode de vie.</p>
<p>Les espoirs de pouvoir agir un jour sur la tumeur par l’activité physique ne sont pas totalement infondés. Mais pour l’heure, ce qui est prouvé est qu’une activité physique <a href="https://www.youtube.com/watch?v=WKU6WEE1-dw">suffisamment régulière et bien dosée</a> permet d’améliorer la qualité de vie du patient, d’améliorer son état général de santé, de réduire les effets secondaires des traitements et de renforcer les effets de certains. C’est déjà beaucoup.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/92981/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gregory Ninot a reçu des financements de l'Etat français, de la Région Occitanie, de la Métropole de Montpellier, de l'INCa, de la Ligue contre le Cancer et de l'ARC pour le développement de ses recherches interventionnelles non pharmacologiques. Ces fonds ont été gérés par les universités de Montpellier.</span></em></p>De nombreuses études scientifiques permettent d’affirmer aujourd’hui que l’activité physique réduit les effets secondaires des traitements contre le cancer et renforce l’effet de certains.Gregory Ninot, Professeur en santé, psychologie et sciences du sport, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/907972018-03-13T22:29:44Z2018-03-13T22:29:44ZComment mieux évaluer l'efficacité des médecines douces<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/209587/original/file-20180308-30989-91l850.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=10%2C0%2C3484%2C1907&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Toutes les méthodes pour se soigner sans médicament ne se valent pas, comme le montrent les études scientifiques. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/woman-rolling-her-mat-after-yoga-311457659?src=aI3gcNQBM3USK9HTuIQSUw-1-15">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Les mots ont été choisis pour frapper les esprits. En qualifiant les médecines alternatives de « fausses » médecines, les auteurs de <a href="http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/03/18/31003-20180318ARTFIG00183-l-appel-de-124-professionnels-de-la-sante-contre-les-medecines-alternatives.php">la tribune parue le 19 mars dans <em>Le Figaro</em></a> ont suscité <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/soigner/des-medecins-partent-en-guerre-contre-les-medecines-alternatives_2664718.html">de nombreuses réactions</a>. S'il fallait retenir un seul point consensuel dans ce texte intitulé « Comment faire face à la montée des “fake médecines” ? », ce serait l'un des tout derniers. Les signataires, 124 professionnels de santé, y appellent à « encourager les démarches d’information sur la nature des thérapies alternatives, leurs effets délétères et leur efficacité réelle. »</p>
<p>Le moment est venu, en effet, de se donner davantage de moyens pour les évaluer de manière scientifique. Les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/medecines-alternatives-31418">médecines douces</a> sont aujourd’hui plébiscitées, en France comme ailleurs. Un complément alimentaire, des tisanes, du tai chi, des méthodes d’hypnose, des psychothérapies, des thérapies manuelles, des jeux vidéo, des objets connectés pour la santé, des oreillers ergonomiques… La liste des produits et des méthodes proposés pour se soigner semble infinie.</p>
<p>Des médecines douces sont désormais accessibles dans les hôpitaux et dans les cabinets de généralistes ou de spécialistes. Plus de 100 millions de personnes y ont recours en Europe, selon l’enquête menée par le <a href="http://www.cambrella.eu">programme européen CAMBrella</a> en 2012.</p>
<p>Ces solutions à nos problèmes de santé sont le plus souvent présentées comme efficaces et sans danger. Pourtant, toutes ne se valent pas. Partout dans le monde, des chercheurs ont entrepris d’évaluer leurs bénéfices et leurs risques sur la santé. Avec, déjà, <a href="http://blogensante.fr/">des résultats solides</a>.</p>
<p>Pour rendre ces connaissances plus accessibles, <a href="http://www.plateforme-ceps.fr/">notre équipe des universités de Montpellier</a> a lancé en février le tout premier moteur de recherche dédié à ces « interventions non médicamenteuses » (INM), baptisé <a href="http://www.motrial.fr/">Motrial</a>. Une sorte de « Google des études sur les médecines douces ». Fonctionnant exclusivement en anglais, il est destiné aux chercheurs. Mais un médecin peut aussi s'en servir pour identifier les études pertinentes à lire face à <a href="https://theconversation.com/contre-le-mal-de-dos-bouger-plus-ne-suffit-pas-88417">un patient qui souffre du dos</a>, par exemple, et trouver quoi lui proposer.</p>
<h2>Médecines complémentaires ou médecines alternatives ?</h2>
<p>La demande d’évaluation rigoureuse des médecines douces se fait de plus en plus pressante au fil des années. En 2011, la Haute autorité de santé (HAS) a appelé au <a href="https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1059795/fr/developpement-de-la-prescription-de-therapeutiques-non-medicamenteuses-validees">« développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées »</a>. En 2013, l’Académie de médecine a réclamé une utilisation plus pertinente <a href="http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2013/07/4.rapport-Th%C3%A9rapies-compl%C3%A9mentaires1.pdf">des « thérapies complémentaires »</a>.</p>
<p>Les citoyens s’en préoccupent aussi, comme le montre l’<a href="http://cam-europe.eu/cam-2020-the-contribution-of-complementary-and-alternative-medicine-to-sustainable-healthcare-in-europe.php">enquête publiée en 2014 par Eurocam</a>, une fondation pour les médecines complémentaires et alternatives.</p>
<p>Car les questions qui se posent sont nombreuses : quels sont les bénéfices réels de ces interventions ? Quels risques font-elles courir à leurs utilisateurs ? Sont-elles des compléments ou des alternatives aux traitements conventionnels ? Offrent-elles une porte d’entrée à des abus, par exemple des arnaques financières, à une emprise psychologique amenant la personne à refuser les soins classiques, au recrutement par des sectes ? Doivent-elles être prescrites par un médecin ?</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Panorama de l’ensemble des interventions non médicamenteuses possibles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Plateforme CEPS Universités de Montpellier</span></span>
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</figure>
<h2>Un programme d’ostéopathie efficace contre le mal de dos</h2>
<p>Parce que ce serait plus simple pour tout le monde, on aimerait que la science puisse trancher de manière globale et définitive sur l’efficacité de chaque discipline. L’ostéopathie, par exemple. Cette technique de manipulation des articulations et des muscles est maintenant bien connue. Alors, nous demande-t-on, ça marche, ou ça ne marche pas ?</p>
<p>Il n’existe pas de réponse sérieuse à une telle question. Par contre, nous pouvons attester des effets positifs d’une méthode précise d’ostéopathie dans un trouble donné, autrement dit une « intervention non médicamenteuse ». Ainsi, une étude britannique portant sur deux mois de séances prodiguées à des personnes souffrant d’une lombalgie (mal de dos) a pu montrer une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/14701889">diminution de l’intensité des douleurs</a>.</p>
<p>De même, au lieu d’évoquer « les compléments alimentaires » en général, il faut se pencher sur un produit en particulier, avec un certain dosage sur une certaine durée, en rapport avec un problème de santé précis. Une équipe de chercheurs iraniens s’est ainsi intéressée <a href="http://blogensante.fr/2014/09/15/laloe-vera-complement-alimentaire-contre-diabete-type-2/">au gel d’aloe vera</a>. Ils ont observé qu’une capsule de 300 mg toutes les douze heures durant deux mois chez les personnes diabétiques (type 2) améliorait leur taux de sucre dans le sang – mais pas le taux de gras (lipides) dans le sang.</p>
<h2>Des médecines douces… fondées sur les preuves</h2>
<p>On assiste aujourd’hui à l’avènement d’une médecine <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8555924">fondée sur les preuves</a>, avec des pratiques étayées par la science. Ce courant incite à sortir de la nébuleuse « médecines douces ». Les interventions non médicamenteuses (INM) doivent être étudiées avec la même exigence que les médicaments. A terme, chaque INM s’accompagnera d’une appellation reconnue à l’échelle mondiale, d’une description de son contenu, d’objectifs portant sur des indicateurs de santé, d’une population cible, d’une théorie explicative, de professionnels qualifiés prêts à la mettre en œuvre et de publications scientifiques la validant.</p>
<p>Les chercheurs qui évaluent ces interventions ont recours, déjà, aux essais cliniques – exactement comme pour une future chimiothérapie dans le cancer. Un essai clinique est une étude expérimentale qui compare les bénéfices et les risques sur la santé d’une solution chez un groupe de personnes à un ou plusieurs autres groupes appelés contrôle, ou placebo. Il permet de rompre avec la pensée magique, les effets de mode et les discours marketing qui accompagnent trop souvent les médecines douces.</p>
<p>Le nombre de ces essais ne cesse d’augmenter dans les INM depuis le début du siècle. Chaque année, plus de 50 000 nouvelles publications concernent des études cliniques ne portant pas sur des médicaments. Leur qualité méthodologique progresse aussi, à l’initiative notamment de collectifs de chercheurs. En France, le Collège universitaire interdisciplinaire de médecine intégrative et thérapies complémentaires (CUMIC) a été créé dans ce but en 2018, avec la coordination de deux professeurs de médecine <a href="http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/63787/HEGEL_2017_04_12.pdf">Julien Nizard et Jacques Kopferschmitt</a>.</p>
<h2>Une méta-analyse sur l’activité physique et le cancer du sein</h2>
<p>Un autre outil permet aux chercheurs d’évaluer les INM : la méta-analyse. Il s’agit d’une revue systématique de la littérature scientifique, doublée de techniques statistiques. En combinant les données provenant de toutes les études pertinentes, ces méta-analyses fournissent des estimations plus fiables des effets d’une stratégie de soin ou de prévention <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19621070">que celles issues d’une seule étude</a>. Les autorités de santé, les agences nationales et les sociétés savantes s’appuient fortement sur ces méta-synthèses pour émettre leurs recommandations.</p>
<p>Par exemple, la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23041586">méta-analyse publiée en 2013</a> par notre laboratoire, Epsylon, a porté sur la dose d’activité physique utile pour réduire la fatigue durant les traitements du cancer du sein. Ce travail montre une diminution de la fatigue ressentie par les femmes, si leur pratique d’activité physique est inférieure à 2 heures par semaine. Cette méta-analyse repose sur 17 études ayant inclus au total 1380 patientes.</p>
<p>Toujours dans le cancer du sein, un autre exemple porte sur la psychothérapie. Une méta-analyse <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28686520">publiée en 2017 par une équipe allemande</a> s’est intéressée à la méditation en pleine conscience, pratiquée en complément des traitements biologiques de la tumeur. Il s’agit de la méthode de l’américain John Kabat-Zinn, un programme de 8 semaines destiné à réduire le stress (<em>Mindfulness Based Stress Reduction</em> ou MBSR). Conclusion : comparativement aux soins courants seuls, ce programme apporte des bénéfices supplémentaires en agissant sur l’anxiété et la dépression. Cette méta-analyse a été réalisée à partir de 10 études ayant inclus 1709 patientes au total.</p>
<h2>La thérapie comportementale, plus efficace contre la dépression que la luminothérapie</h2>
<p>Cet outil permet aussi de comparer des INM entre elles. Ainsi, la méta-analyse d’une équipe néerlandaise <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28938015">publiée en 2017</a> a réuni 11 études (incluant 1041 patients) portant sur différentes manières de soigner une dépression en médecine générale. Entre une thérapie cognitivo-comportementale (TCC), un programme d’activité physique, une psychothérapie fondée sur la résolution de problème, un programme de changement comportemental et une luminothérapie, les auteurs concluent qu’une TCC semble être préférable – tout en encourageant de nouvelles études pour confirmer ce résultat.</p>
<p>Ce travail de méta-analyse, cependant, s’avère particulièrement long et difficile à mener quand il s’agit d’INM. C’est pourquoi nous avons lancé le méta-moteur de recherche Motrial, dans l’idée de faire gagner du temps aux chercheurs.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"961154581232279553"}"></div></p>
<p>Motrial trie et organise les publications scientifiques en identifiant la publication principale, le numéro de déclaration au comité d’éthique, le numéro d’enregistrement du protocole aux autorités compétentes, les sources de financement, le nom du promoteur et le pays de réalisation de chaque étude. Il réalise automatiquement, en six minutes, ce qui peut prendre 6 mois manuellement.</p>
<p></p>
<p>Ainsi, les scientifiques se dotent peu à peu d’outils capables de les aider à distinguer le vrai du faux quant à l’efficacité des différentes médecines douces. Les espoirs qu’elles suscitent sont immenses. Ne serait-ce que pour cette seule raison, elles doivent pouvoir être évaluées avec autant de rigueur que des médicaments ou des traitements issus des biotechnologies.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/90797/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gregory Ninot a reçu des financements de l'Etat français, de la Région Occitanie, de la Métropole de Montpellier, de l'INCa, de la Ligue contre le Cancer et de l'ARC pour le développement de ses recherches interventionnelles non pharmacologiques. Ces fonds ont été gérés par les universités de Montpellier.</span></em></p>Les études scientifiques montrent que toutes les méthodes pour se soigner sans médicament ne se valent pas. Les chercheurs s’attachent à les évaluer et même, à les comparer entre elles.Gregory Ninot, Professeur en santé, psychologie et sciences du sport, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/884172017-12-07T21:42:34Z2017-12-07T21:42:34ZContre le mal de dos, bouger plus ne suffit pas<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/197843/original/file-20171205-23037-rtznai.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Certaines méthodes de yoga figurent parmi les interventions validées par les études scientifiques dans la lombalgie. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/yoga-concept-close-woman-meditates-while-760566325?src=MYKwKIfYbQJuY7QMka3JYw-1-49">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>« Mal de dos ? Le bon traitement, c’est le mouvement ». Le slogan est martelé depuis deux semaines à la télévision et sur des affiches. L’Assurance-Maladie <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/vie-professionnelle/sante-au-travail/une-campagne-pour-lutter-contre-le-mal-de-dos_2472660.html">a lancé sa première campagne nationale</a> pour encourager les personnes souffrant de lombalgie à l’activité physique.</p>
<p>L’objectif de <a href="https://www.ameli.fr/paris/medecin/actualites/lombalgie-lancement-de-la-campagne-mal-de-dos-le-bon-traitement-cest-le-mouvement">cette campagne</a>, programmée jusqu’au 18 décembre, est de lutter contre une idée reçue, selon laquelle rester couché est le meilleur moyen de se remettre d’un tour de rein. Bouger plus est certes bénéfique, mais est-ce si simple ?</p>
<p>Le mal de dos touche <a href="http://ard.bmj.com/content/early/2014/02/14/annrheumdis-2013-204428">environ 1 personne sur 10</a>. Cette douleur persistante au niveau des vertèbres lombaires, situées un peu au-dessus du coccyx, est appelée lombalgie bénigne ou non spécifique. Elle provoque une limitation des mouvements, une sédentarité accrue, des pensées négatives récurrentes, des difficultés émotionnelles et des arrêts de travail à répétition, comme l’établit une <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1521694210000884?via%3Dihub">étude publiée en 2010</a>.</p>
<p>Certaines personnes se sentent désemparées, près de 60 % des personnes souffrant de lombalgie <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2758336/">pensant ne pas pouvoir récupérer</a>. Elles multiplient les traitements et les soins, sans en tirer de bénéfice durable. Et les coûts de prise en charge pour l’Assurance-maladie s’envolent. Ainsi, une <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1472-8206.2009.00730.x/epdf">étude française sur une cohorte de personnes suivies en médecine générale</a> a montré que la durée de la lombalgie était supérieure à un an chez 81 % des patients, avec un coût moyen total par patient sur six mois de 715 euros, en 2007.</p>
<p>Le reste à charge pour les patients augmente, lui aussi, car l’Assurance-Maladie ne rembourse que 35 à 70 % des soins, selon les cas.</p>
<h2>Le mouvement est nécessaire</h2>
<p>Pour soigner le mal de dos, le mouvement est nécessaire, comme le souligne la <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/carriere/vie-professionnelle/sante-au-travail/une-campagne-pour-lutter-contre-le-mal-de-dos_2472660.html">campagne</a>. Prendre les escaliers au lieu de l’ascenseur, s’arrêter une station de métro ou de tramway plus tôt, utiliser un vélo dès que possible pour se déplacer, nager sont un début de réponse. Ces efforts physiques sont un mal pour un bien, bien plus efficaces que le repos pour venir à bout des douleurs lombaires.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"934063328590213120"}"></div></p>
<p>Le repos est un mauvais réflexe, acquis lors de maladies épisodiques comme une grippe. En pensant soigner la lombalgie par le repos, on l’aggrave, au contraire. Moins les personnes bougent et moins elles se sentent capables de bouger. L’inactivité physique les rend plus vulnérables à d’autres problèmes de santé. La lombalgie se complique et devient chronique. Ce processus se nomme le <a href="http://blogensante.fr/2013/09/20/definir-la-notion-de-deconditionnement/">cercle vicieux du déconditionnement</a>.</p>
<p>À l’opposé, le danger serait d’aller trop loin, trop vite, trop fort. Prendre des traitements masquant la douleur, pratiquer du sport à outrance ou « faire avec » (en accusant le vieillissement, le surmenage professionnel, le burn-out, les contraintes familiales…) permet d’oublier le mal mais ne règle rien.</p>
<h2>Bouger plus, mais pas n’importe comment</h2>
<p>Bouger plus, oui, mais pas n’importe comment. La recherche explore de plus en plus le domaine, très riche, des <a href="http://blogensante.fr/2013/09/16/definir-la-notion-dintervention-non-medicamenteuse/">interventions non médicamenteuses</a>. La <a href="https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-06/developpement_de_la_prescription_de_therapeutiques_non_medicamenteuses_rapport.pdf">Haute Autorité de Santé (HAS)</a>, l’<a href="https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0ahUKEwi4iOTK6-jXAhUsCcAKHShoCa8QFggnMAA&url=https%3A%2F%2Fwww.inserm.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F75074%2F592913%2Ffile%2FOst%25C3%25A9opathie.pdf&usg=AOvVaw2pEGAWSwE-VW2xX4knlKv9">Inserm</a> comme l’<a href="http://www.academie-medecine.fr/publication100100025/">Académie de Médecine</a> s’y intéressent.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/197309/original/file-20171201-318-ljwolx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=359&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Panorama de l’ensemble des interventions non médicamenteuses possibles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Plateforme CEPS Universités de Montpellier</span></span>
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<p>Des interventions non médicamenteuses (INM) spécifiques à la lombalgie vont cibler des aspects musculaires (comme le renforcement des muscles posturaux), neuromusculaires (comme la souplesse), neurologiques (comme la gestion de la douleur), posturaux (comme la station de travail), psychologiques (comme la désensibilisation à la douleur et la régulation du stress), sociaux (comme l’organisation du travail) et environnementaux (comme la literie).</p>
<p>Ces INM vont faire appel à des professionnels formés, masseur kinésithérapeute, ostéopathe, acupuncteur, professeur en activité physique adaptée (APA), psychologue ou professionnel en éducation thérapeutique.</p>
<p>Définir la dose, l’intensité et la fréquence de ces INM pour chaque personne est essentiel pour obtenir des résultats satisfaisants.</p>
<p>Des interventions non médicamenteuses ont fait l’objet d’études cliniques évaluant leur efficacité dans le traitement et la prévention des lombalgies. Il s’agit notamment du <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4077575/pdf/pone.0100402.pdf">Pilates</a>, du dru yoga (une <a href="http://blogensante.fr/2016/03/01/le-dru-yoga-un-remede-contre-stress-et-le-mal-de-dos-au-travail/">forme de yoga</a> notamment pratiquée en Grande-Bretagne), du tai-chi, des programmes en activité physique adaptée, de l’ostéopathie, de la chiropraxie, de l’acupuncture, d’une cure thermale, de la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2328760/pdf/iowaorthj00030-0073.pdf">méthode Back School</a> (une « école du dos » d’origine américaine, née en 1969), de la <a href="http://blogensante.fr/2016/02/15/deux-inm-a-letude-pour-soigner-la-lombalgie/">méthode McKenzie</a> (d’origine néo-zélandaise, née en 1981) et enfin de l’éducation thérapeutique du patient.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/197850/original/file-20171205-23018-7doj8y.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Des programmes d'acupuncture ont fait leurs preuves dans la lombalgie chronique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/jmRbgqXLCI0">Antonika Chanel/Unsplash</a></span>
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<h2>Un programme d’ostéopathie spécifique à la lombalgie</h2>
<p>Certaines études sont particulièrement intéressantes. Ainsi, l’essai clinique <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/14701889">mené par l’équipe du médecin et chercheur britannique Nefyn Howard Williams</a> a évalué les <a href="http://blogensante.fr/2015/11/01/losteopathie-previent-le-mal-de-dos/">bénéfices d’une méthode d’ostéopathie</a> chez des personnes souffrant de douleurs rachidiennes aiguës et subaiguës (c’est-à-dire de faible intensité). L’<a href="http://blogensante.fr/2013/09/07/definir-la-notion-dessai-randomise-controle/">essai randomisé contrôlé</a> a inclut 201 personnes âgées de 16 à 65 ans. Elles avaient consulté leur médecin généraliste pour des douleurs dans le cou ou dans le dos apparues entre 2 et 12 semaines auparavant.</p>
<p>Des comparaisons entre le groupe recevant seulement les soins courants et celui suivant 3 à 4 séances d’ostéopathie par un médecin formé ont été réalisées à trois reprises : avant le début de l’intervention, en fin d’intervention (soit 2 mois plus tard) et six mois après l’intervention. Les mesures concernaient l’état de santé lié aux douleurs rachidiennes, la qualité de vie, les dimensions sensorielles et affectives de la douleur et le rapport entre le coût et l’efficacité des soins reçus.</p>
<p>Les séances d’ostéopathie étaient espacées d’une à deux semaines, dans un intervalle de temps maximal de deux mois. Le programme incluait des techniques manuelles et des conseils sur la pratique régulière d’activité physique. Les résultats montrent, à la fin des deux mois d’intervention ostéopathique, une diminution de l’intensité de la douleur rachidienne et une amélioration de la qualité de vie par rapport au groupe servant de contrôle.</p>
<p>Au bout de six mois, la qualité de vie est restée supérieure au groupe contrôle. Par contre, les niveaux de douleur ne différaient plus entre les deux groupes. Les coûts de soins de santé spécifiques aux douleurs rachidiennes ont été significativement supérieurs pour le groupe bénéficiant de l’intervention en ostéopathie (88 euros par patient au total).</p>
<h2>Une psychothérapie adaptée à la lombalgie</h2>
<p>Autre étude, cette fois avec une psychothérapie. L’essai mené <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10926-015-9596-z">par l’équipe du chercheur suédois Steven Linton</a>, publié en 2015, évalue l’efficacité d’une intervention menée auprès de travailleurs et de leurs employeurs pour <a href="http://blogensante.fr/2015/12/08/prevenir-le-mal-de-dos-et-le-mal-de-cou/">prévenir les invalidités dues à un mal de dos</a>. L’intervention est comparée à une prise en charge habituelle des lombalgies.</p>
<p>140 personnes de 27 à 65 ans ont participé à cette étude, réalisée dans une maison de santé suédoise. Elles souffraient d’une douleur lombaire, avec un risque élevé de développer un trouble musculo-squelettique chronique. Les chercheurs ont comptabilisé pour chaque personne les jours d’arrêt de travail liés aux troubles musculo-squelettiques, le recours aux soins, l’état de santé perçu et l’intensité des douleurs. Les mesures ont été faites avant et après l’intervention, puis six mois après l’intervention.</p>
<p>Les participants du groupe test ont reçu, en plus, une intervention psychologique brève basée sur les principes <a href="http://www.aftcc.org/les-therapies-comportementales-et-cognitives">des thérapies cognitivo-comportementales</a> (TCC). Ils ont participé à trois séances en face à face avec un psychologue clinicien. Chaque séance durait entre 60 et 90 minutes. L’objectif principal de l’intervention était d’accroître la capacité des travailleurs à gérer eux-mêmes au quotidien, et notamment sur leur lieu de travail, les difficultés liées à leur expérience de la douleur.</p>
<p>L’étude montre une réduction par deux de la moyenne des jours d’arrêt de travail six mois après l’intervention (38 jours, au lieu de 17). La différence est statistiquement significative par rapport au groupe contrôle. Les chercheurs constatent également une amélioration de l’état de santé perçue et une diminution de l’utilisation des soins pour le groupe test. L’intensité de la douleur ressentie est réduite de manière identique dans les deux groupes.</p>
<h2>Le yoga, une intervention non médicamenteuse pertinente</h2>
<p>Le yoga fait partie, lui aussi, des interventions non médicamenteuses pertinentes contre les lombalgies. Une <a href="http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/14651858.CD010671.pub2/abstract">méta-analyse publiée en janvier 2017</a> passe en revue l’ensemble des études scientifiques sur l'utilisation du yoga dans la lombalgie et indique des bienfaits. Ces programmes de yoga comprennent des exercices physiques, des exercices de respiration, des techniques de relaxation et de méditation. Ils favorisent la pleine conscience et renforcent le lien entre le corps et l’esprit.</p>
<p>À qui s’adresser pour espérer venir à bout d’un mal de dos ? Le rôle du médecin généraliste et/ou spécialiste consiste à cerner l’origine de la douleur, sa gravité et son évolution. Il peut ainsi proposer l’intervention non médicamenteuse la plus adaptée à la lombalgie du patient – voire en proposer plusieurs. Celle-ci peut venir en complément de médicaments antidouleur. Ce choix se fait sur la base de la meilleure balance entre les bénéfices et les risques issue des données de la science, de l’expérience du médecin, de la préférence du patient et de la faisabilité de l’intervention.</p>
<p>Les médecins généralistes et spécialistes <a href="http://blogensante.fr/2017/11/22/linnovation-medecine-generale-lapproche-globale-chemin-vers-inm/">connaissent de mieux en mieux les INM</a> et le réseau local des professionnels qui les animent. Des mutuelles commencent à rembourser certaines d’entre elles. Contre le mal de dos, il faut bouger plus, mais surtout bouger mieux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/88417/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gregory Ninot a reçu des financements de l'Etat français, de la Région Occitanie, de la Métropole de Montpellier, de l'INCa, de la Ligue contre le Cancer et de l'ARC pour le développement de ses recherches interventionnelles non pharmacologiques. Ces fonds ont été gérés par les universités de Montpellier.</span></em></p>La campagne nationale contre le mal de dos incite à ne pas rester inactif pour en guérir. Mais tous les mouvements ne se valent pas. Revue des méthodes validées par des études scientifiques.Gregory Ninot, Professeur en santé, psychologie et sciences du sport, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/874872017-11-27T20:21:50Z2017-11-27T20:21:50ZLe magnétisme, les « magnétiseurs » et la science : cherchez l’intrus<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/194698/original/file-20171115-29993-1fc0eie.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les mains des « magnétiseurs », comme celles des autres humains, ne génèrent pas de champs magnétiques.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/bien-%C3%AAtre-massage-reiki-285590/">Pixabay</a></span></figcaption></figure><p>De nos jours, la question de la perception des concepts et de la pratique scientifiques par le grand public revêt <a href="https://theconversation.com/climat-vaccins-ogm-les-francais-acceptent-la-science-quand-ca-leur-plait-75785">une importance certaine</a>. Pour un chercheur, s’intéresser à cette question est une expérience enrichissante qui pourra réserver quelques surprises. Pour ma part, ayant travaillé dans le domaine du magnétisme lors de mon doctorat, j’ai été plus d’une fois interpellé par le fait que pour certaines personnes, la première chose qu’évoque le mot <em>magnétisme</em> est la pratique des « magnétiseurs ».</p>
<h2>Vous avez dit magnétisme ?</h2>
<p>De fait, si on considère que les requêtes Google reflètent bien l’image que le grand public se fait du concept de magnétisme, il semble effectivement que la physique soit sérieusement concurrencée par ce que l’on appelle la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pseudo-science">pseudo-science</a>.</p>
<p><figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/196549/original/file-20171127-2009-1v6lqiz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/196549/original/file-20171127-2009-1v6lqiz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/196549/original/file-20171127-2009-1v6lqiz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/196549/original/file-20171127-2009-1v6lqiz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/196549/original/file-20171127-2009-1v6lqiz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/196549/original/file-20171127-2009-1v6lqiz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/196549/original/file-20171127-2009-1v6lqiz.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La moitié des requêtes Google autour du magnétisme sont liées à des notions pseudo-scientifiques, ou du moins qui n’ont rien à voir avec le magnétisme physique.</span>
</figcaption>
</figure></p>
<p>Les pages web les plus visibles regorgent de contenus qui laisseront un <em>magnéticien</em> perplexe. Du côté des médias audiovisuels publics, on trouvera également des émissions radio (ici, sur <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre/la-tete-au-carre-29-janvier-2015">France Inter</a>) et télévisées (par exemple sur <a href="http://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/jt-de-20h-du-samedi-30-janvier-2016_1282839.html">France 2</a> et <a href="http://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/emissions/rendez-vous-info/therapies-alternatives-magnetiseur-1207365.html">France 3</a>) qui reprennent à leur compte l’appellation de « magnétiseurs » et présentent ces pratiques sous un jour favorable.</p>
<p>En dépit de son aura de mystère, le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Champ_magn%C3%A9tique">champ magnétique</a> est une grandeur physique parfaitement comprise, que l’on sait créer et mesurer depuis bien longtemps. <a href="https://couleur-science.eu/?d=2014/03/20/21/17/33-lelectromagnetisme-une-manifestation-visible-de-la-relativite-restreinte">Conséquence directe de la relativité</a>, les champs magnétiques peuvent être produits par la matière aimantée ou par les courants électriques… mais certainement pas par nos mains. Ainsi, on sait de longue date que les magnétiseurs ne travaillent pas avec des champs magnétiques. Dès lors, on peut se poser la question suivante : pourquoi parle-t-on encore de « magnétiseurs » aujourd’hui ?</p>
<p>La pratique des magnétiseurs est certes étrangère au magnétisme décrit par la physique, mais c’est bien un autre « type » de magnétisme qu’ils entendent manipuler : <em>le magnétisme animal</em>. Pour comprendre ce dont il s’agit, <a href="http://www.ampere.cnrs.fr/parcourspedagogique/zoom/mythesetlegendes/mesmerisme/">il faut remonter au XVIIIᵉ siècle</a> – époque où les phénomènes électromagnétiques intriguaient profondément l’Europe – et s’intéresser à un certain Mesmer.</p>
<h2>Le magnétisme selon Mesmer</h2>
<p>Franz-Anton Mesmer était un médecin ayant étudié à Vienne, où il obtint <a href="https://books.google.fr/books/about/Fridericus_Antonius_Mesmer_de_planetarum.html?id=DtYnGwAACAAJ&redir_esc=y">son doctorat</a> intitulé <em>De l’influence des planètes sur le corps humain</em>… C’était bien un autre temps pour la médecine qui n’avait pas encore complètement intégré la méthode scientifique. Il développa par la suite une technique thérapeutique de manipulation du « fluide magnétique » (y compris sans l’aide d’aimants) en considérant la maladie comme un déséquilibre de ce fluide qui serait à l’origine de tous les mouvements de la nature. Mesmer émigre alors à Paris en 1778, où il rencontre rapidement du succès jusqu’aux plus hautes sphères de la société. Il met en place des séances collectives autour de <em>baquets</em> en bois contenant de l’eau « magnétisée », où les sujets expérimentaient des « crises magnétiques » contagieuses, associées au processus de guérison.</p>
<p>Les pratiques de Mesmer sont accueillies avec beaucoup de scepticisme par l’Académie des sciences et la Société royale de médecine qui rejettent ses sollicitations. Troublé par le phénomène Mesmer, Louis XVI ordonne en 1784 deux commissions – auxquelles participeront Antoine Lavoisier et Benjamin Franklin – pour enquêter sur ces étranges séances magnétiques. Étudiant la pratique de Deslon, disciple de Mesmer, les enquêteurs mettent en place des essais en aveugle dont les résultats s’avèrent négatifs. Ils concluent alors à l’absence de fondements du magnétisme animal, puisque « l’imagination sans magnétisme produit des convulsions… le magnétisme sans imagination ne produit rien ». Cela pourra évoquer un concept précurseur de ce qu’on appelle couramment aujourd’hui l’effet placebo, qui reste d’ailleurs souvent <a href="https://sciencepop.fr/2017/09/19/effet-placebo/">mal interprété</a>. Plus tard, suite à des conflits avec ses disciples et une réputation ternie, Mesmer quitte Paris pour retourner à Vienne.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/194703/original/file-20171115-30029-1k7r9cb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/194703/original/file-20171115-30029-1k7r9cb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/194703/original/file-20171115-30029-1k7r9cb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/194703/original/file-20171115-30029-1k7r9cb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/194703/original/file-20171115-30029-1k7r9cb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=468&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/194703/original/file-20171115-30029-1k7r9cb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=588&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/194703/original/file-20171115-30029-1k7r9cb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=588&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/194703/original/file-20171115-30029-1k7r9cb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=588&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Un magnétiseur avec une patiente.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Wikimédia</span></span>
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<p>Aujourd’hui figure emblématique du charlatan, Mesmer a toutefois eu une influence considérable. Si la pratique des magnétiseurs a beaucoup évolué depuis son temps, c’est bien lui qui a contribué à diffuser le concept de magnétisme animal, ou <em>mesmérisme</em>. On parle bien d’ailleurs du <em>magnétisme</em> d’un orateur, et l’anglais a même verbalisé son nom : <em>to mesmerise</em> signifie <em>fasciner</em> ou <em>hypnotiser</em>.</p>
<h2>Des ondes guérisseuses ?</h2>
<p>Mettant de côté la question de l’efficacité de la pratique des magnétiseurs, on peut légitimement se poser des questions sur ce « magnétisme animal » qu’ils entendent manipuler. Car cette grandeur s’est avérée insaisissable : il demeure aujourd’hui indétectable pour tous nos appareils de mesure et… pour les magnétiseurs eux-mêmes ! C’est du moins ce que suggèrent les expérimentations effectuées en double-aveugle en suivant les <a href="http://www.zetetique.fr/index.php/dossiers/83-experience-magnetisme">protocoles</a> <a href="http://www.zetetique.fr/index.php/dossiers/370-protocole-magnetisme-2012">établis</a> par l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Observatoire_z%C3%A9t%C3%A9tique">Observatoire Zététique</a>.</p>
<p>À ce stade, notons qu’une véritable mise en évidence d’une nouvelle force produite par le corps humain constituerait un bouleversement scientifique considérable, bien au-delà de la médecine. Étant donnés la cohérence et le succès de nos théories physiques actuelles, il convient de disposer de fortes motivations – c’est-à-dire de preuves solides de l’existence du phénomène nouveau – avant de tout remettre en cause. Face à l’absence de telles preuves, il n’y a tout simplement <a href="https://cortecs.org/materiel/rasoir-occam10/">pas de raison</a> de croire en l’existence du magnétisme animal. De fait, ce concept est complètement absent de la physique, la biologie et la médecine contemporaines, à l’instar de toutes les variantes de « force universelle » ou « vitale », comme le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Qi_%28spiritualit%C3%A9%29"><em>qi</em> (ou <em>chi</em>) chinois</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/194706/original/file-20171115-29990-o32cd1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/194706/original/file-20171115-29990-o32cd1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/194706/original/file-20171115-29990-o32cd1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=908&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/194706/original/file-20171115-29990-o32cd1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=908&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/194706/original/file-20171115-29990-o32cd1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=908&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/194706/original/file-20171115-29990-o32cd1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1140&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/194706/original/file-20171115-29990-o32cd1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1140&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/194706/original/file-20171115-29990-o32cd1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1140&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">BD inspirée d’une discussion réelle.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fournie par l’auteur.</span></span>
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<p>La confusion dans l’esprit du public non averti est entretenue par ceux qui détournent la terminologie scientifique et parlent de <em>flux</em>, de <em>forces</em>, d’<em>ondes</em> ou d’<em>énergies</em> afin de donner une caution à leur pratique. Contrairement à l’astrologue qui malgré son approche pseudo-scientifique s’intéresse vraiment aux astres, le magnétiseur ne travaille pas avec les champs magnétiques. Que penserait-on d’un « électriseur » qui n’utiliserait même pas l’électricité ?</p>
<p>Par souci d’honnêteté intellectuelle et dans le but de favoriser la culture scientifique, on peut considérer qu’il serait souhaitable que les magnétiseurs cessent de revendiquer la notion de magnétisme. Ainsi, plusieurs appellations déjà usitées remplaceront avantageusement celle de « magnétiseur » : selon les cas, les termes de <em>guérisseur</em>, <em>rebouteux</em> ou même <em>sorcier</em> pourraient convenir.</p>
<p>Enfin, même en présence de vrais champs magnétiques, les applications thérapeutiques demeurent limitées, quoi qu’en disent les partisans de la magnétothérapie. Pour la réduction de la douleur par exemple, les champs magnétiques statiques <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17893349">ne font pas mieux</a> que le placebo.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87487/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Théo Mathurin est créateur de l'initiative Science Pop.</span></em></p>Contrairement à ce que leur nom indique, les « magnétiseurs » ne travaillent pas avec les champs magnétiques. Analyse critique.Théo Mathurin, Doctorant en physique des matériaux et nanotechnologie, École Centrale de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/798852017-08-27T19:41:03Z2017-08-27T19:41:03ZSanté : bientôt le « sur mesure » dans les soins ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/179188/original/file-20170721-18141-32x3jh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les patients pourraient bénéficier de soins davantage adaptés à leurs besoins et à leurs particularités, y compris à l'hôpital. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/staff-busy-lobby-area-modern-hospital-479614822?irgwc=1&utm_medium=Affiliate&utm_campaign=Hans%20Braxmeier%20und%20Simon%20Steinberger%20GbR&utm_source=44814&utm_term=">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Vous êtes lassé d’atterrir dans des chambres d’hôtel qui se ressemblent toutes ? Des groupes hôteliers, dans différents pays, vous laissent désormais le choix du mobilier et de la décoration. Vous souhaitez un ordinateur avec davantage de mémoire et un processeur plus puissant, une chemise taillée sur mesure ? Tout se « customise » et même… la santé !</p>
<p>La personnalisation s’impose partout et devient le cœur de la relation de service. Dans ce flot d’expériences, il est un service pour lequel l’effort de personnalisation apparaît particulièrement justifié : celui des soins apportés à notre santé. Il semble logique que, lorsque nous sommes malades, nos besoins, demandes et préférences <a href="http://catalyst.nejm.org/healthcare-built-order-customized-care/">soient pris en compte</a> par les professionnels rencontrés dans les établissements, les cabinets de ville, ou même à notre domicile.</p>
<p>Or, des <a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0168851014001043?via%3Dihub">études menées</a> dans ce domaine montrent que si des dispositifs innovants se développent, ils souffrent d’en être seulement au stade expérimental. Ils peuvent pourtant être développés à grande échelle, si plusieurs conditions sont réunies.</p>
<p>Le soin personnalisé repose d’abord sur une capacité à définir des profils distincts de patients. Un savoir-faire qui existe déjà dans d’autres domaines, par exemple la grande distribution. Cet effort de catégorisation, qui relève du management de la « relation client », permet aux enseignes d’identifier vos préférences afin de vous faire des propositions ciblées. En santé, un tel effort est généralement entrepris à partir de classifications selon des critères cliniques.</p>
<h2>Des traitements selon le profil génétique des patients</h2>
<p>La médecine personnalisée développée grâce à la recherche clinique a notamment renouvelé l’exercice en mettant au point des traitements spécifiques selon le profil génétique des patients, par exemple dans le <a href="http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMp1006304#t=article">cancer</a>. De manière plus large, les prises en charge peuvent être adaptées en fonction de la vulnérabilité sociale des patients. C’est déjà le cas pour les personnes âgées, dont le suivi s’adapte à leur <a href="http://solidarites-sante.gouv.fr/systeme-de-sante-et-medico-social/parcours-des-patients-et-des-usagers/le-parcours-sante-des-aines-paerpa/article/le-dispositif-paerpa">degré d’autonomie</a></p>
<p>Cependant l’effort pourrait être amplifié afin de répondre à d’autres demandes. Par exemple, on pourrait proposer le recours aux médecines complémentaires aux patients qui les apprécient, une meilleure prise en compte des pratiques religieuses ou des coutumes locales. De même, les besoins d’information varient selon les patients – une personne en isolement social, notamment, requiert un suivi plus rapproché – et en tenir compte permettrait de mieux organiser leur prise en charge.</p>
<p>Dans cette catégorisation systématique des patients, l’<a href="https://theconversation.com/la-sante-numerique-redonne-t-elle-vraiment-du-pouvoir-au-patient-78084">e-santé</a> peut jouer un rôle majeur. Le recours aux technologies de l’information et de la communication (TIC) permet de personnaliser des services sans coût faramineux. Un large volume de données peut être traité afin d’apporter en temps réel des réponses adaptées aux différentes catégories de bénéficiaires. Certaines applications commencent ainsi à proposer des suivis « sur-mesure » pour des patients diabétiques, ajustant la quantité d’insuline délivrée en fonction de l’alimentation ou de l’activité physique.</p>
<h2>Un portail Internet pour les patients traités pour un cancer</h2>
<p>Les TIC sont également de nature à encourager les échanges entre les équipes soignantes et les patients via des portails et des applications dédiées, facilitant leur accompagnement personnalisé dans, et hors les murs de l’hôpital. Par exemple, dans le cancer, un portail nommé Capri, <a href="https://www.gustaveroussy.fr/fr/capri">développé par l’institut Gustave Roussy</a> à Villejuif (Val-de-Marne), rend actuellement possible pour les patients l’échange d’information à distance avec des professionnels de santé sur leur traitement de chimiothérapie orale. Cela leur permet de mieux gérer les effets indésirables et d’ajuster plus précisément les doses.</p>
<p>Pour autant, il ne s’agit pas, pour le patient, de se contenter de relations virtuelles. La relation de face-à-face avec le soignant contribue elle aussi à la qualité d’un service personnalisé et met en jeu sa satisfaction, sa confiance et son engagement. Les professionnels l’oublient parfois… mais les patients sont particulièrement attentifs à leur « manière d’être », à l’empathie qu’ils peuvent témoigner, à leur clarté d’expression et leur capacité d’écoute.</p>
<p>De tels comportements, s’ils accompagnent l’expertise clinique, indiquent au patient que la spécificité de sa situation est reconnue et son vécu, pris en considération. Dans un contexte d’urgence, cela peut se révéler plus compliqué et l’appui des TIC se montrer fort utiles. Mais la plupart du temps, l’engagement des soignants dans une relation plus personnelle tient davantage à un changement de culture au sein des structures concernées. Les infirmières, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28276090">particulièrement impliquées dans ces relations de face-à-face</a>, peuvent jouer un rôle-clé dans la mesure où leur formation tient compte de ces aspects.</p>
<h2>Des conciergeries dans des hôpitaux</h2>
<p>Dans le même esprit, des réseaux et établissements de santé ont développé des <a href="http://www.hopital.fr/Actualites/Des-services-de-conciergerie-arrivent-a-l-hopital">conciergeries</a> visant à répondre aux besoins pratiques des patients, comme envoyer ses vêtements au teinturier, se faire déposer des journaux ou faire venir un coiffeur.</p>
<p>La personnalisation permet, aussi des économies. Chaque action vis-à-vis d’un patient étant plus adaptée, elle limite des gestes ou services inutiles. Par exemple, des menus personnalisés ont permis de réduire d’un tiers la quantité de nourriture distribuée dans certains établissements de santé, <a href="https://www.researchgate.net/publication/280924218_Essential_Requirements_for_the_Parameterization_of_Food_Waste_in_Hospitals">limitant le gaspillage</a> et améliorant la satisfaction des patients.</p>
<p>Un autre exemple ? Des applications ont été développées pour aider les patients à gérer leur traitement plus efficacement. C’est particulièrement utile pour les patients dits « complexes », car sujet à de nombreux soins et traitements simultanés. La capacité d’anticiper leurs besoins et de leur offrir des réponses organisationnelles adaptées peut conduire à une meilleure efficience, limitant notamment <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00520-017-3611-1">leurs venues aux urgences</a>.</p>
<p>Les patients plébiscitent les approches plus personnalisées, puisqu’elles prennent en compte leurs besoins réels. Les bénéfices de ces stratégies ont déjà été démontrés dans d’autres secteurs économiques. Si une paire de jeans ou un séjour de vacances peut être conçu à la demande, pourquoi une logique similaire ne s’appliquerait-elle pas aux soins ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/79885/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Etienne Minvielle a reçu ces trois dernières années des financements (rémunérations en tant qu'orateur ou participant à des réunions scientifiques) des laboratoires pharmaceutiques Pfizer, Janssen-Cilag et Novartis Pharma.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span> </span></em></p>Dans une époque où on peut commander des jeans adaptés à sa morphologie, il est temps de personnaliser davantage les soins. Ce serait bénéfique pour les patients, mais aussi pour le système de santé.Etienne Minvielle, Médecin de santé publique, professeur de management, École des hautes études en santé publique (EHESP) Mathias Waelli, Maître de conférences, sciences de gestion, École des hautes études en santé publique (EHESP) Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/764212017-05-10T21:00:30Z2017-05-10T21:00:30ZHypnose : que se passe-t-il dans le cerveau ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/165904/original/file-20170419-2434-197gdsb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C0%2C1989%2C1382&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Richard Bergh (1858-1919), séance d'hypnose.</span> <span class="attribution"><span class="source">National Museum, Stockholm/ Wikimedia</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>L’état d’hypnose est induit plus ou moins rapidement en fonction du contexte et du sujet. Cela peut prendre quelques secondes (par la méthode dite de « rupture de pattern »), quelques dizaines de secondes (lorsqu’on recourt à la confusion mentale), voire quelques minutes (en cas de suggestion).</p>
<p>En pratique, nous sommes tous hypnotisables, et il est possible de nous faire faire absolument n’importe quoi. Bien évidemment, il y a des différences d’une personne à l’autre qui obligent l’hypnotiseur à adapter sa technique, mais ce n’est qu’une question de temps et de compétences. Les démonstrations réalisées sur ce thème par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Derren_Brown">Derren Brown</a>, célèbre hypnotiseur et homme de spectacle anglais, sont édifiantes et sans appel. Les seuls sujets non hypnotisables sont les jeunes enfants et les patients souffrant d’une maladie mentale impactant leur capacité d’inhibition (démence fronto-temporale, Alzheimer).</p>
<h2>Jouer sur le répertoire de l’inhibition</h2>
<p>L’inhibition, c’est la capacité d’empêcher, de réprimer, ou de suspendre une réponse « automatique ». Le test le plus classique pour évaluer cette fonction est vraisemblablement le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Stroop">« Stroop »</a>. Il s’agit de lire une série de noms (de couleur) sans tenir compte de la couleur de l’encre, ou à l’inverse d’énoncer la couleur de l’encre sans tenir compte des noms – tâche qui implique d’inhiber la lecture (automatique).</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/165855/original/file-20170419-2392-h6omqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/165855/original/file-20170419-2392-h6omqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/165855/original/file-20170419-2392-h6omqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/165855/original/file-20170419-2392-h6omqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/165855/original/file-20170419-2392-h6omqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/165855/original/file-20170419-2392-h6omqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/165855/original/file-20170419-2392-h6omqs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Test de Stroop.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Illustration fournie par l'auteur</span></span>
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<p>Compétence apprise, l’inhibition est le résultat de l’éducation. Elle s’acquiert au fil de nos expériences, à chaque instant : quand nous nous concentrons sur la voix de notre interlocuteur et filtrons le bruit ambiant, quand nous conduisons notre véhicule et sommes attentifs uniquement à la route. <em>In fine</em>, nos capacités d’inhibition sont si bien développées que nous pouvons inhiber à peu près tout : sensations, souvenirs, réponses automatiques, etc. L’hypnotiseur joue de ce répertoire d’inhibitions, que ce soit dans le cadre d’un spectacle ou dans un but thérapeutique.</p>
<p>Bien sûr, le « Dormez je le veux ! » est très théâtral. Mais il est aussi très fonctionnel puisqu’en général celui qui se prête à cette injonction semble s’endormir instantanément, et montre de nombreux signes du sommeil : les yeux clos, une conscience diminuée, des muscles relâchés, etc. Que l’endormissement se fasse sur demande de l’hypnotiseur pose question. Comment ses mots peuvent-ils avoir un tel pouvoir ? Pour le <a href="https://hal-amu.archives-ouvertes.fr/hal-01337997">comprendre</a>, il faut faire un retour sur le fonctionnement du système nerveux central, et du cortex en particulier.</p>
<h2>Le cortex, mémoire du vécu</h2>
<p>Représentant 80 % de la masse du cerveau, mais seulement 20 % des neurones (16 milliards), le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cortex_c%C3%A9r%C3%A9bral">cortex</a> est organisé en cartes corticales. On en dénombre au total 380, chacune dédiée à une dimension précise de la réalité. Certaines traitent les formes, d’autres les couleurs, les odeurs, les lettres, les objets que l’on peut saisir, ou des choses plus élaborées comme l’orthographe des mots, ou des concepts. Au sein de ces cartes, les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Neurone">neurones</a> sont organisés en ensembles fonctionnels d’environ 100 000 neurones : les colonnes corticales.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/165906/original/file-20170419-2423-fh4nhf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/165906/original/file-20170419-2423-fh4nhf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=694&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/165906/original/file-20170419-2423-fh4nhf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=694&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/165906/original/file-20170419-2423-fh4nhf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=694&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/165906/original/file-20170419-2423-fh4nhf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=872&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/165906/original/file-20170419-2423-fh4nhf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=872&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/165906/original/file-20170419-2423-fh4nhf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=872&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Santiago Ramon y Cajal, 1899/Wikimedia</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une telle organisation impose qu’à chaque instant, seul un petit nombre de colonnes corticales sont actives. On appelle « état d’activation global » l’ensemble des colonnes activées à un instant donné. Les propriétés d’apprentissage inhérentes au fonctionnement des neurones garantissent que cet état global est mémorisé, comme le sera aussi le suivant, puis celui d’après, et ainsi de suite. Le cortex contient ainsi la mémoire des situations vécues par une personne tout au long de sa vie.</p>
<p>Cette mémoire fonctionne de manière associative : quelques colonnes activées suffisent pour retrouver l’état global auquel elles appartiennent, et « rallumer » toutes les cartes concernées. Chaque fois qu’une nouvelle situation est traitée par le cortex, la dynamique corticale se modifie pour la « retrouver » dans le vécu. Si elle n’a pas été mémorisée, autrement dit si elle n’a pas été vécue, alors elle est traitée de façon plus extensive par des cartes corticales de haut niveau d’abstraction – celles qui sont impliquées dans le langage, et donc dans la conscience. C’est à ce niveau précisément qu’intervient l’hypnose, en empêchant par inhibition certaines cartes (ou parties de cartes) d’intervenir dans le traitement de la situation courante. Mais comment l’hypnose peut-elle se mettre en place ?</p>
<h2>Trois méthodes pour un même but : dormez !</h2>
<p>La « rupture de pattern » consiste à introduire dans une séquence habituelle quelque chose d’incohérent. Par exemple, un mouvement très automatique (comme se serrer la main pour dire « bonjour ») est interrompu en pleine exécution, et remplacé par une action inattendue (comme de porter la main du sujet à son front). Cela sème le désordre (au niveau de l’activation des colonnes corticales), et c’est l’instant idéal pour un « Dormez ! » salvateur qui devient le nouvel état d’activation global.</p>
<p>Pour la confusion mentale, il suffit de noyer le sujet sous un flot d’informations jusqu’à ce que son état d’activation global devienne complètement inconnu. La première chose compréhensible qui se présente (« Dormez ! ») débloque le système et devient de fait le nouvel état d’activation global.</p>
<p>Quant à la suggestion, troisième méthode utilisée, elle s’appuie sur des mouvements normaux mais inconnus de la personne hypnotisée. L’hypnotiseur travaille à démontrer qu’il sait ce qui va se passer : « Malgré tous vos efforts, vos yeux se ferment… » Il oblige ainsi la personne hypnotisée à inhiber ses propres réponses, au profit des siennes. Sa voix et sa parole gagnent en importance, ses suggestions sont de plus en plus écoutées et efficaces, et permettent à terme l’induction finale.</p>
<h2>À la merci des suggestions</h2>
<p>Le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sommeil">sommeil</a>, on le sait, se caractérise au niveau du cortex par l’apparition sur l’enregistrement d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lectroenc%C3%A9phalographie">électroencéphalographie</a> d’ondes lentes. Elles témoignent d’aller-retour importants entre le cortex et le thalamus. La convergence vers des états d’activation globaux n’est plus réalisable. Dès lors il devient impossible de mettre en évidence la nature incohérente (avec la réalité) des suggestions de l’hypnotiseur, et donc de les contester. Le sujet se retrouve à la merci des suggestions faites.</p>
<p>S’il s’agit d’hypnose thérapeutique, l’objectif est de parvenir à certains changements désirables, et désirés : l’arrêt du tabac, moins de stress et d’émotions pendant les examens, etc. On y parvient par le biais de suggestions pendant l’hypnose telle que : « Lors du prochain examen de physique, vous serez plus calme, votre respiration sera ample et tranquille… » Ces suggestions sont très bien mémorisées, car la personne est particulièrement réceptive, ayant très peu de colonnes corticales actives. Leur « durée de vie » est en général de quelques semaines, ce qui permet d’installer de nouvelles (et meilleures) habitudes : moins de cigarettes, moins de stress, etc. À défaut, il faut retourner voir son hypnothérapeute.</p>
<p>Pour conclure, ajoutons que le ressenti d’une personne pendant et après la transe de l’hypnose est un sentiment de grande tranquillité : pas d’inquiétude, pas de stress. Pourquoi ? Simplement parce que la voix de l’hypnotiseur détermine la réalité et que tout le reste est inhibé. Seuls sont représentés les états suggérés par l’hypnotiseur. Il n’y a aucune incohérence, aucune prédiction non exacte. L’état d’activation global est minimal ce qui est le gage d’une mémorisation facilitée et d’un état qualifié de « plaisir ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/76421/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Claude Touzet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Vous avez dit hypnose ? Cet état de « transe » imposé permet d’obtenir d’un sujet qu’il se conforme aux suggestions, indépendamment de leur véracité (par exemple, pour atténuer la douleur).Claude Touzet, Maître de Conférences en Sciences Cognitives, UMR CNRS 7260, Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/732622017-03-09T21:55:02Z2017-03-09T21:55:02ZMédicaments dangereux : des patients plus avertis qu'on le croit<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/160155/original/image-20170309-21039-16uie68.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C257%2C3994%2C2574&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Plaquette de paracétamol. Les patients n'ont pas attendu des scandales comme celui du Mediator pour s'informer sur les effets secondaires des traitements qui leur sont prescrits.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/alicebartlett/6786686078/in/photolist-bkHxjW-4cRkSc-4arnRZ-7L6f4E-eCicW-nxgPZm-iSEqDk-4FBtZ7-kV2DCi-evyrv9-8ssz3h-5W2VXp-B4NNw-6XnCZu-e8kCLv-iXFUyg-afd9Le-fAQkjA-6viS2v-as7nwg-7Tys9A-5W2VXv-7By3ko-8spxe8-iYYhom-edZngT-mmjttB-a89MGf-e2Utx-3HcAUH-2v3U6z-2evwsG-63BT6D-9oBjqZ-7fn1Ft-mXThhR-2kDV2p-r5CvQw-6hWBze-8p2Kj2-dck98r-61uJiP-7MC2wP-f57GnS-3S5akV-tLL5T-78NvuN-7otBRf-5Y8JpU-mXV7vy">Alice Bartlett/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>Depuis le 1<sup>er</sup> mars 2017, les boîtes de Depakine <a href="http://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Valproate-et-derives-renforcement-de-l-information-sur-les-risques-Point-d-Information">arborent un pictogramme en forme de triangle rouge</a>, avec le profil d’une femme enceinte. Une mesure réclamée par les patientes auxquelles ce médicament anti-épileptique a été prescrit pendant longtemps en dépit de ses dangers pour le fœtus. Avant la <a href="https://theconversation.com/apres-le-mediator-la-depakine-65487">Depakine</a>, il y a eu le scandale du <a href="http://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Benfluorex-Mediator-bilan-du-suivi-de-pharmacovigilance-Point-d-Information">Mediator</a>, l’anti-diabétique <a href="https://theconversation.com/avec-la-fille-de-brest-personne-noubliera-le-scandale-du-mediator-69027">responsable d’atteintes cardiaques et d’au moins 1 500 décès</a>. À chacune de ces affaires, les messages se multiplient à destination des patients, les incitant à être prudents avec leurs médicaments.</p>
<p>Des personnalités du monde médical ou politique ont affirmé, au lendemain du scandale du Mediator, que cela allait enfin permettre aux patients de comprendre que le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/medicaments-21224">médicament</a> n’est pas un objet de consommation comme les autres. C’est mal les connaître, car ils n’ont pas attendu cette affaire pour s’inquiéter des effets secondaires, et a fortiori indésirables, des médicaments.</p>
<p>Néanmoins, l’irruption sur la scène publique de ces scandales a exacerbé leurs craintes, et ils sont nombreux aujourd’hui à s’en préoccuper ou à s’en alarmer. Ils ont d’ailleurs modifié leurs comportements. La journée d’étude, <a href="http://lapersonneenmedecine.uspc.fr/archives/evenement/risques-medicamenteux-subjectivites-regards-croises-sciences-sociales">« Risques médicamenteux et subjectivités »</a>, organisée le 10 mars 2017 au Cermes3 (Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société) dans le cadre du programme « La personne en médecine » de l'université Sorbonne Paris Cité, a analysé précisément ces changements en se fondant sur des observations et travaux menés par des anthropologues, sociologues et historiens. L’occasion de se demander, aussi, si les patients peuvent jouer un rôle plus actif dans la surveillance des effets indésirables des médicaments.</p>
<h2>Le recours aux forums de discussion</h2>
<p>Les patients, bien plus conscients des risques liés aux médicaments qu’on ne l’imagine, s’enquièrent spontanément de moyens pour s’en prémunir. Ils recourent notamment à Internet, où ils naviguent entre sites professionnels médicaux et <a href="http://www.atoute.org/n/forum/">forums de discussion</a>, pour recueillir conseils, recommandations ou témoignages.</p>
<p>Les avis glanés sur les forums de discussion sont souvent décriés par le corps médical car jugés peu fiables. En vérité, ils sont d’une qualité égale à ceux que les patients recueillent auprès de leur entourage familial, amical, ou professionnel. Les individus ont de tout temps été insérés dans des réseaux de relations sociales à l’intérieur desquels ils ont cherché des conseils. Ils ont ainsi toujours tenté de trouver confirmation de l’efficacité et de l’innocuité des médicaments qu’ils prenaient ou qu’ils envisageaient de prendre. Il n’y a donc pas de rupture qualitative avec la période d’avant Internet.</p>
<p>En revanche, c’est bien à une rupture quantitative qu’on assiste puisqu’avec les forums de discussion, les internautes accèdent facilement et rapidement à des dizaines, voire des centaines de témoignages.</p>
<h2>Des patients aptes à discuter avec leur médecin</h2>
<p>La consultation de sites médicaux, elle, offre une rupture plus fondamentale, en ce qu’elle met à disposition des usagers un savoir expert. Cet accès participe à la démocratisation du savoir médical, rendant les usagers plus aptes à discuter de leurs traitements avec leur médecin.</p>
<p>Les sites santé bénéficient de la possibilité d’être <a href="http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_334538/fr/la-certification-des-sites-Internet-sante-de-novembre-2007-a-juillet-2013">certifiés par la Haute Autorité de Santé</a> et de porter le logo « HON code » (pour <em>health on the net</em>), ce qui n’est pas le cas des forums de discussion. Pour autant, cela ne signifie pas que le recours aux forums soit nécessairement délétère. Certains internautes, dans leur dialogue avec d’autres, fournissent des conseils tout à fait avisés. Les témoignages que les uns publient sur ces forums sont de nature à attirer l’attention des autres sur les contre-indications ou les effets indésirables de certains médicaments.</p>
<p>La conscience que les usagers ont des risques associés aux médicaments les conduit à prendre, à leur façon, les médicaments qu’ils choisissent <a href="https://www.puf.com/content/L_autom%C3%A9dication_ou_les_mirages_de_lautonomie">dans le cadre de l’automédication</a>, un phénomène d’ampleur croissante.</p>
<h2>Des prescriptions qui se négocient</h2>
<p>La vigilance des patients quant aux risques médicamenteux les conduit également à tenter de négocier avec leurs médecins les prescriptions que ceux-ci leur délivrent. Ils ont en effet leurs propres représentations et leur propre expérience des médicaments. Ils associent ainsi certains risques à des familles pharmaceutiques entières comme les corticoïdes, les <a href="http://eurekasante.vidal.fr/medicaments/antibiotiques/effets-indesirables.html">antibiotiques</a>, les anti-inflammatoires ou les antalgiques. Ils craignent par exemple de subir une intoxication, des dommages à l’estomac ou de développer une dépendance.</p>
<p>La conscience des risques incite en outre les patients à demander conseil au pharmacien pour obtenir des médicaments « moins forts », disent-ils, ou « moins agressifs ». Ces notions sont souvent associées aux médicaments dits « chimiques », c’est-à-dire synthétisés en laboratoire, par contraste avec d’autres remèdes perçus comme « naturels » et envisagés – à tort – comme dénués de risque. Les pharmaciens, qui ont l’obligation de respecter la prescription du médecin, peuvent accéder à cette demande seulement s’il s’agit d’automédication ou d’un complément à une prescription. En réponse à la demande de médicaments « plus doux » ou « sans risque » formulée par les usagers, ils leur proposent parfois des granules homéopathiques, même si beaucoup considèrent <a href="https://theconversation.com/lhomeopathie-est-elle-fiable-66242">que ces traitements s’apparentent à des placebos</a>.</p>
<h2>La « mauvaise observance » du traitement</h2>
<p>Cette conscience des risques conduit aussi des usagers à ne pas prendre les médicaments prescrits d’une manière conforme à l’ordonnance. Nombreux sont les patients qui interrompent leur traitement, diminuent les doses ou modifient les modalités de prise en réduisant leur nombre, leur durée, leur rythme. Leur objectif étant précisément de limiter les risques qu’ils associent, à tort ou à raison, aux médicaments, ou à la relation qu’ils se figurent entre leur corps et un médicament donné.</p>
<p>Ces pratiques de substitution, réduction ou abandon des traitements, sont volontiers qualifiées par les médecins de « mauvaise observance ». Elles sont pourtant, aux yeux de nombreux patients, des stratégies légitimes de gestion des risques. Suivant ce mécanisme, ils recourent à toutes sortes de tests et de mesures, <a href="https://www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=TT_028_0021">comme rapporté dans notre article publié en 2016</a> dans la revue de sciences sociales Terrains & travaux, éditée par l’École normale supérieure de Paris-Saclay.</p>
<p>Par exemple, certains n’achètent qu’une boîte du médicament prescrit pour « l’expérimenter » avant de décider de poursuivre, ou non, le traitement. D’autres effectuent un tri sur l’ordonnance pour ne prendre que les médicaments qui leur semblent essentiels. D’autres encore définissent des seuils au-dessous desquels ils s’abstiennent, comme cette patiente qui ne prend des antibiotiques que si elle a plus de 38,5° de température. Toutes ces pratiques sont élaborées dans le secret du domicile, et rarement révélées aux médecins.</p>
<p>Le souci que manifestent aujourd’hui, de manière croissante, les autorités sanitaires nationales telles que l’<a href="http://ansm.sante.fr/Declarer-un-effet-indesirable/Pharmacovigilance/Organisation-de-la-pharmacovigilance-nationale/(offset)/0">Agence nationale de sécurité du médicament</a> (ANSM), ou internationales comme l’<a href="http://apps.who.int/medicinedocs/fr/d/Js6165f/5.html">Organisation mondiale de la santé</a> à l’égard de la pharmacovigilance, les a conduit à préconiser que tous les maillons de la chaîne du médicament y prennent part. La loi de 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé rend ainsi possible, en France, le signalement par tous les acteurs d’un effet indésirable suspecté d’être dû à un médicament.</p>
<p>Si les professionnels ont l’obligation de déclarer tout effet indésirable grave ou inattendu, les patients sont, quant à eux, simplement incités à le faire. Cet encouragement s’exprime à travers la mention indiquée sur les notices glissées dans les boîtes : « Si vous remarquez des effets indésirables non mentionnés dans cette notice, veuillez en informer votre médecin <a href="http://www.acqo.fr/Requetes-patient/En-raison-de-manifestations-consecutives-a-la-prise-d-un-medicament">ou votre pharmacien</a> ». Il se manifeste aussi à travers l'ouverture par la ministre de la Santé, le 13 mars, d'un <a href="https://signalement.social-sante.gouv.fr/psig_ihm_utilisateurs/index.html#/accueil">nouveau portail de signalement d'un événement sanitaire indésirable</a>. Son utilisation, qui reste à tester, est annoncée comme plus facile que <a href="http://ansm.sante.fr/Declarer-un-effet-indesirable/Comment-declarer-un-effet-indesirable/Declarer-un-effet-indesirable-mode-d-emploi/(offset)/0">le formulaire mis en ligne par l’ANSM</a> ou les Centres régionaux de pharmacovigilance qui lui sont rattachés.</p>
<h2>La parole des patients</h2>
<p><a href="http://www.leciss.org/">Le Collectif inter-associatif sur la santé</a> (CISS), représentant des usagers, note en effet que remplir ce formulaire se révèle une démarche compliquée. Dans une brochure intitulée « Le médicament, des idées reçues à la réalité », il écrit : </p>
<blockquote>
<p>« En pratique, lors de la déclaration d’un effet indésirable médicamenteux par un patient, la collaboration avec un professionnel de santé est souhaitable. En tant que nouveau symptôme, il nécessite l’avis d’un soignant ou d’un pharmacien pour être explicité puis pour être déclaré, par le professionnel ou le patient. »</p>
</blockquote>
<p>Au-delà des difficultés pratiques d’une telle déclaration, quelle crédibilité est accordée à la parole du malade sur ce sujet sensible ? Comment réagissent les médecins auxquels les malades confient leur expérience d’effets indésirables avec un médicament, dès lors qu’ils n’en ont pas eu d’écho de la part du fabricant ? J’ai exploré cette question dans une communication intitulée « Un diagnostic déviant ? Les médecins face au travail de diagnostic réalisé par un patient » (« A deviant diagnosis ? Doctors faced with a patient’s diagnostic work ») à la <a href="http://somatosphere.net/2016/11/configurations-of-diagnostic-processes-practices-and-evidence-a-conference-report.html">conférence d’anthropologie médicale organisée en 2016 en Norvège</a> par le <a href="https://www.vjf.cnrs.fr/maah/">réseau international MAAH</a>. Il apparaît que la parole des patients est peu audible dans un contexte où c’est avant tout l’industrie pharmaceutique qui délivre aux médecins « l’information » sur les médicaments et en fait la promotion, comme le rappelle un manuel de la Haute autorité de santé à leur intention, <a href="http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013-04/comprendre_la_promotion_pharmaceutique_et_y_repondre_-_un_manuel_pratique.pdf"><em>Comprendre la promotion pharmaceutique et y répondre</em></a>.</p>
<p>L’effet indésirable constaté ou suspecté par un patient est-il vraiment considéré comme pertinent dans une démarche globale de pharmacovigilance telle que développée actuellement en France ? Le patient pèse-t-il réellement dans la volonté générale de découvrir, dépister ou identifier les risques médicamenteux ? À ce stade, les résultats des observations de terrain menées dans le cadre de notre enquête sur « La perception et la gestion profane du risque médicamenteux en France », financée par l’ANSM, permettent d’en douter.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/73262/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvie Fainzang a reçu des financements de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). </span></em></p>Les patients peuvent désormais déclarer les effets indésirables causés par leur traitement sur un site du ministère de la Santé. Ils n'ont pas attendu cette initiative pour se montrer vigilants.Sylvie Fainzang, Anthropologue, directrice de recherche Inserm, TEPSISLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/677282016-10-26T14:01:33Z2016-10-26T14:01:33ZPourquoi les médicaments anti-Alzheimer font plus de mal que de bien<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/143296/original/image-20161026-32322-nlhn3x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C325%2C3739%2C2169&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.shutterstock.com/pic-464799788/stock-photo-pills-in-a-seniors-hands-painful-old-age-caring-for-the-health-of-the-elderly.html?src=kPOzjSwvy51LM2IhrdPK4A-1-51">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><em>Depuis le 1er août, <a href="https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Sante/medicaments-anti-Alzheimer-vont-etre-derembourses-2018-05-27-1200942113">les quatre médicaments prescrits jusqu'ici dans la maladie d’Alzheimer</a> ne sont plus remboursés <a href="http://sante.lefigaro.fr/article/fin-du-remboursement-des-anti-alzheimer/">par la Sécurité sociale</a>, conformément à l'arrêté pris par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Dans l’extrait du livre <a href="https://www.tallandier.com/livre-9791021020856.htm">« Les médicaments en 100 questions »</a> (Editions Tallandier) que nous publions ici, l’auteur, professeur de pharmacie, explique en quoi ces traitements entraînent trop d’effets indésirables au regard de leur modeste bénéfice. Et encourage plutôt à <a href="http://www.prescrire.org/fr/3/31/52394/0/NewsDetails.aspx">stimuler les facultés intellectuelles des patients</a>.</em></p>
<p><br>Les démences du sujet âgé constituent un <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21834193">ensemble complexe</a> au sein duquel on compte <a href="https://theconversation.com/fr/topics/alzheimer-31417">la maladie d’Alzheimer</a>. Les médicaments ne peuvent apporter que des résultats modestes et parfois si peu consistants que les effets indésirables fréquemment observés ruinent l’intérêt d’une trop rare stabilisation chez les patients.</p>
<p>Parmi les traitements, la prévention au moyen <a href="https://theconversation.com/alzheimer-des-jardins-pour-reapprendre-65694">d’une stimulation cognitive des patients</a> par des personnes motivées – proches, animateurs sociaux ou professionnels de santé – et déployant une attitude positive, respectueuse, centrée sur la personne, semble être un élément cardinal tant chez les malades restés à peu près autonomes que chez ceux qui ont été définitivement « institutionnalisés », c’est-à-dire placés dans un établissement médicalisé. C’est un complément systématique des approches pharmacologiques, même si les améliorations sont modestes.</p>
<h2>Peu d’impact sur l’évolution de la maladie</h2>
<p>Les médicaments <a href="http://eurekasante.vidal.fr/maladies/systeme-nerveux/maladie-alzheimer.html?pb=medicaments">prescrits dans le traitement de la maladie d’Alzheimer</a> sont en majorité des inhibiteurs réversibles de l’enzyme qui régule la production d’acétylcholine dans certains neurones du cerveau en cause dans les démences séniles. Ces médicaments ont vocation à « recharger » le cerveau en acétylcholine, un médiateur qui joue un rôle clé dans ces démences. Malheureusement, le donépezil (Aricept), la galantamine (Reminyl), la rivastigmine (Exelon), ont peu d’impact sur l’évolution de la maladie et la profondeur des symptômes. La mémantine (Ebixa), un antagoniste d’une autre famille de récepteurs, le N-méthyl D-aspartate, affecte la transmission nerveuse dans d’autres neurones. Sans davantage de résultats.</p>
<p>L’efficacité du donépezil, de la galantamine et de la rivastigmine pour le traitement des états modérés à modérément sévères, et de la mémantine dans les états modérément sévères à sévères, reste modeste. Ce sont précisément ces médicaments dont la Haute autorité de Santé (HAS) <a href="http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2679466/fr/medicaments-de-la-maladie-d-alzheimer-un-interet-medical-insuffisant-pour-justifier-leur-prise-en-charge-par-la-solidarite-nationale">a recommandé, le 21 octobre 2016, le déremboursement</a>.</p>
<h2>Des essais cliniques qui posent question</h2>
<p>Ces médicaments ont obtenu une autorisation de mise sur le marché sur la base d’essais cliniques qui, rétrospectivement, posent question. Comme le suggérait pudiquement la HAS dès 2011 dans sa <a href="http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2011-12/recommandation_maladie_d_alzheimer_et_maladies_apparentees_diagnostic_et_prsie_en_charge.pdf">recommandation de bonne pratique sur la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées</a> : « Le traitement médicamenteux spécifique est une option dont l’instauration ou le renouvellement est laissé à l’appréciation du médecin prescripteur. Cette appréciation doit prendre en compte les préférences du patient et le rapport bénéfice/risque du traitement médicamenteux envisagé. »</p>
<p>Malgré le million de malades atteints par la maladie d’Alzheimer, en France, les industriels préservent difficilement un marché à bout de souffle. Plus personne ne croit vraiment à l’intérêt de ces médicaments, même si les médecins se satisfont de la rédaction d’une ordonnance et que les patients – et surtout leur entourage – sont rassurés par l’idée que « la Faculté a une réponse ». <a href="https://theconversation.com/les-medicaments-anti-alzheimer-vont-pouvoir-continuer-a-ruiner-la-sante-des-patients-67570">Qu’importe si cette réponse n’a que peu d’impact sur la maladie</a> ni ne retarde l’« admission en institution ».</p>
<h2><em>Ginkgo biloba</em>, rauwolfia, dérivés de l’ergot de seigle</h2>
<p>Dans ce contexte, tout ou presque a été proposé. Du point de vue des plantes, le fameux <em>Ginkgo biloba</em> (Tanakan) a eu les faveurs médicales et a distancé le rauwolfia (Iskedyl) et les dérivés de l’ergot de seigle (Hydergine) dans le traitement du « déficit pathologique cognitif et neurosensoriel ». Ces médicaments d’origine « naturelle » présentent de supposés effets vasoprotecteurs qui n’ont jamais été démontrés. Un certain nombre d’extraits, dérivés et composés, sont vendus et même pour certains remboursés, leur seul intérêt étant de laisser un peu d’espérance. Les vitamines, antioxydants et autres supplémentations sont une autre forme d’accompagnement. Mais d’efficacité thérapeutique, il n’y en a pas.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Couverture du livre, paru le 15 septembre 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Tallandier</span></span>
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</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/67728/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Chast est chef des services de pharmacie des hôpitaux parisiens Broca, Hôtel-Dieu, Cochin et Necker.</span></em></p>La ministre de la Santé s'apprête à supprimer le remboursement des traitements contre Alzheimer. Ils ont peu d’impact sur l’évolution de la maladie et des effets indésirables fréquents.François Chast, Professeur de pharmacie, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/662422016-10-09T18:46:03Z2016-10-09T18:46:03ZL’homéopathie est-elle fiable ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/141012/original/image-20161009-21439-hh1fqu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un Français sur deux a déjà eu recours à l’homéopathie. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/131504235@N04/21032522023/in/photolist-yWsgq6-zcVL59-yh5Tvi-yh5U8R-yWngf5-yWmmVs-yWsdvD-yWmneJ-zeNJpg-zcVKZE-yh5TBv-zcVLPL-ygWvjb-zeNLVi-yWngLL-yh5V8g-y3zb34-yYrJWS-y3zaY6-xbjjZD-z1fNKn-t6wqfh-to782F-tnQ7Wj-Jky2NQ-Jky21Y-K7Pv7W-Ka6fHk-K7PuFW-JR4vxb-K7Pu2u-JVALxN-JVAJh5-J9pcC2-J9pafM-J9p6XK-K5M7C6-JDVbFW-J9p2oV-K2JLEJ-J9oYZr-K2JKeh-J9oXFp-K2JJcN-J9mMWu-JXQPPM-JWLb7k-JTKPQN-J1mH8u-FXYsAq">Yann Geoffray/Flickr</a></span></figcaption></figure><p><em>Notre auteur, professeur de pharmacie, exerce à l’hôpital public. Autant dire qu’on n’attend pas, de sa part, un soutien inconditionnel à l’homéopathie. L’efficacité de cette branche de la thérapeutique n’est pas scientifiquement démontrée, écrit-il dans <a href="https://www.tallandier.com/livre-9791021020856.htm">« Les médicaments en 100 questions »</a> (Editions Tallandier), l’ouvrage dont nous publions ci-dessous un extrait. Ce qui ne l’empêche pas, <a href="http://www.easac.eu/fileadmin/PDF_s/reports_statements/EASAC_Homepathy_statement_web_final.pdf">contrairement aux Académiciens européens des sciences</a>, de porter un regard positif sur une approche centrée sur le malade, et non la maladie.</em></p>
<p>L’homéopathie est une doctrine née de l’imagination d’un médecin allemand, Samuel Hahnemann, qui écrivit son traité fondateur, <em>Organon de l’art de guérir</em>, en 1810. Elle repose sur quatre principes fondateurs. Le premier est le « principe des similitudes » : les bons médicaments sont ceux qui miment les effets de la maladie. Ainsi la poudre de quinquina qui provoque un pic fébrile quand on l’absorbe est-elle précieuse pour le traitement des fièvres ; l’oignon, qui fait pleurer quand on l’épluche, est considéré comme un médicament de choix dans le traitement des rhinites.</p>
<p>Le deuxième principe est celui des hautes dilutions : les centésimales hahnemanniennes (CH) représentent le nombre de fois où on dilue au centième la teinture mère de la substance en question. Ignatia 6CH est une dilution 6 fois au centième de la teinture mère de noix vomique (c’est-à-dire une dilution au « un millionième de millionième »). En pratique, les médicaments homéopathiques sont préparés d’une manière qui pourrait faire controverse. On vide le flacon d’une solution mère et on considère qu’un centième de cette solution reste « accroché » aux parois du flacon. Une fois rempli au moyen d’eau, ce flacon permet d’obtenir une dilution 1CH (dilution au 1/100). Ce même flacon, une fois vide puis rempli d’eau, permet d’obtenir une dilution 2CH (1/10 000), etc.</p>
<h2>Un traitement personnalisé</h2>
<p>Troisième principe, la dynamisation : pour récupérer l’activité perdue par les hautes dilutions, il est nécessaire d’agiter la préparation afin de « réparer » la perte de substance active. Cette « succussion » (action consistant à secouer), favorable à l’homogénéité du mélange, permettrait surtout d’obtenir les chocs interactifs entre les molécules actives présentes et les molécules d’eau. Ce serait en quelque sorte le mécanisme de la « mémoire de l’eau ». Enfin, l’homéopathie, fondée sur la personnalisation des traitements, considère qu’il convient de les adapter, en fonction du terrain et de l’environnement. Il s’agit donc d’une approche fondée sur l’individu malade et la globalité de sa maladie, de ses symptômes.</p>
<p>Au demeurant, cette approche est satisfaisante puisqu’elle replace le malade (davantage que la maladie) au cœur de la consultation médicale, et le soin dans un ensemble plus large que la seule approche rationnelle. C’est probablement la raison pour laquelle les traitements homéopathiques se placent volontiers en marge des pratiques officielles et, pour tout dire, en dehors de toute approche scientifique. La notion souvent entendue : « l’homéopathie, j’y crois » et son pendant « j’y crois pas… » témoignent du caractère dogmatique de cette branche de la thérapeutique. Ce qui n’a probablement pas pour corollaire la signification de l’inefficacité de l’homéopathie, mais son caractère peu fiable, davantage fondé sur la croyance que sur la démonstration.</p>
<h2>Un placebo qui ne dit pas son nom</h2>
<p>L’homéopathie se place également en dehors des raisonnements scientifiques dans les différents domaines, de la chimie, de la biologie, de la physiologie et de la pharmacologie. Elle échoue à démontrer son efficacité lorsqu’elle est confrontée aux essais cliniques. Le médicament homéopathique est un placebo qui ne dit pas (officiellement) son nom. Pratique davantage commerciale que scientifique, l’homéopathie s’appuie sur la crédulité des malades et sur la bienveillance des pouvoirs publics. Ceux-ci y voient une approche peu coûteuse, même si les médicaments homéopathiques prescrits sont remboursés à 30 % – ce qui n’a aucun sens, et représente quand même près de 2 % des remboursements de médicaments par l’Assurance maladie.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=923&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/137915/original/image-20160915-30600-1a5af2q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1160&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Couverture du livre, paru le 15 septembre 2016.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Tallandier</span></span>
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</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/66242/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Chast ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’action des petites granules en tube repose davantage sur la croyance que sur la science. Cela leur confère une efficacité qui est, elle, bien réelle.François Chast, Professeur de pharmacie, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/656942016-09-21T04:44:33Z2016-09-21T04:44:33ZAlzheimer : des jardins pour réapprendre<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/138490/original/image-20160920-12448-18dmppb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’une des sculptures du jardin thérapeutique du CHRU de Nancy</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/2527">CHRU Nancy</a>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Les jardins thérapeutiques sont parfois considérés, à tort, comme un simple agrément. Situé dans un lieu de soin ou d’accueil des personnes porteuses de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/alzheimer-31417">la maladie d’Alzheimer</a>, un tel espace vert apporte aux malades le bien-être et <a href="https://theconversation.com/pourquoi-les-medicaments-anti-alzheimer-font-plus-de-mal-que-de-bien-67728">les stimulations sensorielles</a> d’un lieu naturel, tout en tenant compte des limites imposées par une pathologie neurodégénérative. Mieux encore, les études menées dans le <a href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/2527">jardin du CHRU de Nancy</a> montrent que dans cet environnement favorable, les patients sont capables d’apprendre et d’enregistrer de nouveaux souvenirs.</p>
<p>Baptisé « art, mémoire et vie », le jardin du CHRU de Nancy a été conçu dès 2010 par un praticien de l’hôpital, la neurologue <a href="http://interpsy.univ-lorraine.fr/content/th%C3%A9r%C3%A8se-rivasseau-jonveaux">Thérèse Rivasseau-Jonveaux</a>, et un médecin sculpteur, <a href="http://www.fescharek.com/">Reinhard Fescharek</a>. L’objectif était de répondre aux besoins médico-psycho-sociaux des usagers tels que préconisés par le plan Alzheimer 2008-2012, lequel recommandait aux unités accueillant des personnes atteintes de se doter de jardins thérapeutiques. La ville de Nancy ainsi que le CHRU ont soutenu cette initiative qu’ils considéraient comme novatrice dans le domaine du soin pour cette pathologie et celles apparentées.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/138491/original/image-20160920-12475-190g1jp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue aérienne du jardin thérapeutique Art, mémoire et vie, à Nancy.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/2527">CHRU Nancy</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Il se trouve que l’initiatrice de l’expérience, Thérèse Rivasseau-Jonveaux, également chef du service accueillant le jardin, était à l’époque chercheur-doctorante en psychologie à l’université de Lorraine. C’est dans les réunions scientifiques organisées au sein du laboratoire Interpsy de l’Université de Lorraine qu’est née l’idée d’ajouter à la visée thérapeutique du jardin, une dimension de recherche.</p>
<p>Au fil des discussions, de la lecture des comptes rendus d’observation et des analyses de la littérature, est apparue l’idée que le jardin est un « espace total de vie » concret, relevant de la culture de chacun, une sorte de « précipité » de vie psychologique, interpersonnelle, sociale et culturelle. Et que c’était en étudiant ce système dans son ensemble qu’on aurait une meilleure compréhension de la « psychologie concrète » de ses habitués. Nous espérions, au final, savoir quelles ressources d’étayage un jardin pouvait offrir aux personnes souffrant de troubles de la mémoire et à leur entourage. C’est ainsi que ce jardin expérimental est devenu un objet de recherche. Le <a href="http://www.jazpairespective.fr/">programme de recherche Jaz</a>, pour « Jardin Alzheimer », était né.</p>
<p>Comment un jardin peut-il pallier aux difficultés des personnes souffrant de troubles Alzheimer ? L’expérimentation porte sur ses effets psychologiques (interactionnels, cognitifs, émotionnels, comportementaux) visibles au travers du moyen de communication le plus naturel aux êtres humains : le dialogue. Dès lors, les conversations engagées lors de promenades entre les patients et les psychologues-chercheurs sont les principaux objets d’observation. Cette problématique engendre des travaux de recherche, notamment des thèses de médecine et de psychologie dont les résultats sont publiés dans les revues scientifiques internationales.</p>
<h2>Apprendre en son jardin</h2>
<p>Le projet de recherche Jaz permet d’appréhender les mécanismes cognitifs, émotionnels et comportementaux mis en jeu par le jardin à travers sa dimension artistique. Ce travail revient en fait à étudier les <a href="http://www.hinnovic.org/jardin-therapeutique-quand-lart-et-la-nature-touchent-les-malades-atteints-dalzheimer/">rapports entre mémoire, langage, art et végétation</a> chez les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, plus précisément à explorer le rôle de l’aménagement de l’environnement sur la cognition et les émotions des patients.</p>
<p>On sait bien que le déclin observé dans Alzheimer touche les systèmes de haut niveau de la mémoire (épisodique, sémantique et de travail). On sait moins qu’il affecte aussi la dimension affective de l’individu, et par conséquent ses relations sociales. Or, les effets positifs de la contemplation des œuvres d’art sur la mémoire, les émotions et les jugements des individus, sont très bien établis depuis l’antiquité. Partant de ce constat, nous avons posé l’hypothèse que les malades d’Alzheimer pourraient bénéficier de la perception d’œuvres végétales ou artistiques en ce qui concerne leur mémoire et les rapports qu’ils entretiennent avec le monde extérieur.</p>
<p>Le jardin « art mémoire et vie » (dont on trouve <a href="http://videos.univ-lorraine.fr/index.php?act=view&id=1472">ici</a> une visite en vidéo) est composé de quatre carrés : la terre, l’eau, le feu et le vent. Ils abritent des œuvres ancrées dans la mémoire à long terme des résidents, autant de <em>stimuli</em> de premier choix permettant d’explorer la dimension affective dans la maladie d’Alzheimer. Plus précisément, on mesure l’impact d’un environnement stimulant, sur le plan émotionnel, sur les différentes formes de mémoire mobilisées. Ainsi, au cours de leurs promenades, les patients peuvent voir et sentir l’odeur de plantes de l’est de la France, comme des jonquilles ou des pivoines. Ils peuvent voir et toucher différents matériaux au contact lisse ou rugueux, en s’approchant d’œuvres d’art faisant référence à la mémoire socio culturelle régionale, par exemple des scènes avec des mineurs ou des travailleurs de l’acier représentés sur un vitrail, ou encore une sculpture de Saint-Nicolas.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/138492/original/image-20160920-12465-1emez99.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue du vitrail, dans le jardin thérapeutique de Nancy.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/2527">CHRU Nancy</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>En analysant les conversations enregistrées lors de ballades dans le jardin, nous découvrons les traces émotionnelles du vécu du patient. Nos travaux apportent déjà des résultats prometteurs qui nous invitent à conclure, sur un petit échantillon de sujets, que le malade Alzheimer est lui aussi, comme la population générale, sensible à la perception de références naturelles et culturelles régionales dont il a eu l’expérience par le passé. De plus, les évaluations cognitives très fines de ces personnes permettent d’avancer que leur mémoire continue d’être stimulée par des perceptions porteuses d’émotions, positives ou négatives, même à un stade avancé de la maladie. C’est là un enseignement majeur : les sujets Alzheimer peuvent donc encoder de nouvelles informations et les restituer, c’est-à-dire s’en souvenir.</p>
<p>Activité paisible, la promenade accompagnée permet d’évaluer, de façon moins anxiogène qu’une situation de test classique, les performances psychologiques, tout en faisant émerger des états émotionnels diversifiés. Mais surtout, l’analyse des dialogues fait ressortir à quel point la fréquentation du jardin mobilise, en une seule fois, toutes les fonctions psychologiques (perception, mémorisation, raisonnement, langage, orientation, imagination). On regarde, on sent, on touche, on se souvient, on parle, on rêve, ce qui constitue un matériau d’une grande richesse pour les chercheurs.</p>
<h2>Retrouver seul son chemin</h2>
<p>Ne plus retrouver son chemin, s’égarer même dans son propre quartier : ces signes de la maladie d’Alzheimer sont bien connus. La désorientation dans l’espace est en effet l’un des symptômes qui se manifestent, selon les personnes, à un degré plus ou moins sévère de la maladie. Une autre étude menée dans notre laboratoire évalue la capacité des sujets Alzheimer à apprendre un trajet et à construire une représentation mentale du jardin.</p>
<p>Il est bien établi maintenant que les repères marquants de l’environnement améliorent l’orientation spatiale chez les êtres humains, à l’inverse d’un lieu monotone dépourvu d’indices distinctifs. Dans la maladie d’Alzheimer, ces points de repère deviennent indispensables pour atteindre une destination. Nous considérons qu’un jardin thérapeutique répond correctement aux besoins des malades s’il leur permet de se déplacer seuls, et s’il les aide à retrouver leur chemin grâce à un aménagement conçu spécifiquement. Le carré de fleurs rouges, le vitrail, sont autant d’aménagements à même de jouer ce rôle.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/138493/original/image-20160920-12453-boxg4l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le jardin thérapeutique doit offrir aux malades d’Alzheimer des points de repères marquants.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://factuel.univ-lorraine.fr/node/2527">CHRU Nancy</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>C’est ainsi qu’en étudiant la capacité d’un sujet à s’orienter dans le jardin, nous comprenons comment il réagit devant un croisement d’allées, quels sont les indices qu’il va retenir pour se repérer et finalement, comment il apprend à emprunter un chemin singulier, dans le sens de l’aller comme du retour. Progressivement, nous parvenons à comprendre ses décisions d’orientation et à dresser sa carte cognitive. Il importe en effet de comprendre les conséquences de la maladie d’Alzheimer sur la capacité à imaginer un environnement physique, et par conséquent, la capacité à s’orienter.</p>
<p>Les premiers résultats de cette étude apportent des informations précieuses sur les impératifs que doit respecter la conception d’un lieu de vie pour personnes souffrant d’Alzheimer et maladies apparentées, d’une part, et sur les aptitudes de ces personnes à penser un environnement nouveau et enfin leur capacité à se déplacer dans un lieu peu ou non connu. Par exemple, le lieu doit être clos pour rassurer les patients mais aussi leurs familles, dont la hantise est de perdre leur trace. Il faut aussi que les malades puissent voir facilement, depuis n’importe quel endroit du jardin, la porte de sortie qui va les ramener vers leur chambre.</p>
<p>Les allées doivent être éclairées de nuit, pour que les malades puissent déambuler à toute heure. Découleront tout naturellement de cette étude des recommandations pour l’<a href="http://www.irts-fc.fr/00COM/00TEL/05R/00_CRD/2014_05_Jardins_th%C3%A9rapeutiques.pdf">aménagement d’autres jardins</a>. Celles-ci seront bientôt formalisées sous la forme d’un logiciel qui sera réalisé par notre équipe et garantira la qualité des réalisations. Il sera distribué au mois de décembre aux établissements pour personnes âgées dépendantes à l’échelle nationale, via les Agences régionales de santé.</p>
<p>Plus généralement, au-delà de la pathologie, à partir de ces travaux menés auprès de ces malades, nous comprenons mieux le rapport que tout un chacun entretient avec l’art, l’espace, les processus impliqués dans les décisions d’orientation et la structuration de nos cartes cognitives. Ainsi les malades d’Alzheimer, trop souvent considérés comme un fardeau pour la société, participent au progrès des connaissances. Les travaux menés au laboratoire Interpsy à Nancy permettent en effet d’imaginer de nouvelles façons de prévenir le trouble de l’orientation spatiale qui survient avec l’âge, y compris chez les bien-portants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/65694/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les études sur le jardin thérapeutique du CHRU de Nancy ont bénéficié des financements de région Lorraine, université de Lorraine, fondation Médéric Alzheimer, fondation Lemarchand, ville de Nancy, association de malades Azheimer 54. Martine Batt est membre de JAZPAIREspective. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Les études sur le jardin thérapeutique du CHRU de Nancy ont bénéficié des financements de région Lorraine, université de Lorraine, fondation Médéric Alzheimer, fondation Lemarchand, ville de Nancy, association de malades Azheimer 54. </span></em></p>Grâce aux espaces verts thérapeutiques, des malades d’Alzheimer réussissent à mémoriser de nouvelles informations et à les restituer. Revue des expériences menées au CHRU de Nancy.Martine Batt, Professeur de psychologie, Université de LorraineAlain Trognon, Professeur en psychologie sociale, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.