tag:theconversation.com,2011:/us/topics/microplastiques-58606/articlesmicroplastiques – The Conversation2024-02-26T15:50:11Ztag:theconversation.com,2011:article/2228392024-02-26T15:50:11Z2024-02-26T15:50:11ZPeut-on se passer de plastique en agriculture ?<p>En novembre 2023, les Nations unies se sont réunies pour élaborer un <a href="https://www.vie-publique.fr/en-bref/291790-pollution-plastique-pas-daccord-au-kenya-pour-un-traite-international">traité international sur la pollution plastique</a>, avec un instrument qui se veut juridiquement contraignant. Un effort pour l’instant en forme de coup d’épée dans l’eau, puisque les discussions n’ont pas abouti.</p>
<p><a href="https://www.unep.org/inc-plastic-pollution/session-4">Les discussions se poursuivront</a> en avril 2024 sur un <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/44526/RevisedZeroDraftText.pdf">projet de texte révisé</a>. Sans surprise, les exportateurs de pétrole, qui sert de base à la fabrication des plastiques, ne <a href="https://www.voanews.com/a/un-plastic-treaty-talks-grapple-with-re-use-recycle-reduce-debate-/7361510.htm">sont pas favorables à une réduction de la production de plastique</a>. Au vu de la quantité de secteurs économiques qui dépendent du plastique, l’inertie est grande.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-lindustrie-fossile-influence-les-negociations-mondiales-sur-le-plastique-222112">Comment l’industrie fossile influence les négociations mondiales sur le plastique</a>
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<p>Le problème de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/pollution-plastique-81856">pollution</a> posé par le plastique est bien connu. Il s’agit du <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X22010402">troisième matériau de synthèse le plus produit</a> après le ciment et l’acier. Entre 1950 et 2017, la production de plastique neuf a atteint <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X22010402">9 200 millions de tonnes</a> et pourrait atteindre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780128178805000025">34 milliards de tonnes en 2050</a>.</p>
<p>Ce qui n’empêche guère l’insolent succès du plastique. Notamment en agriculture, où le matériau est notamment prisé pour le paillage des cultures. L’enjeu : contrôler la température du sol et le rayonnement solaire, limiter l’évaporation d’eau et empêcher le développement des mauvaises herbes (ou adventices). Des alternatives biodégradables existent, mais elles ne sont pas dénuées d’inconvénients…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vers-des-plastiques-biodegradables-et-recyclables-la-piste-des-phas-progresse-211962">Vers des plastiques biodégradables et recyclables ? La piste des « PHAs » progresse</a>
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<h2>Bienvenue dans le « plasticocène »</h2>
<p>Pour qualifier l’omniprésence du plastique, certains parlent de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969723034903">« plasticocène »</a>, sur le modèle de la construction du mot <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X22010402">anthropocène</a>. Sur tout le plastique produit depuis 1950, <a href="https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/36963/POLSOL.pdf">seuls 24 % sont encore en usage</a>, 8 % ont été recyclés, et plus de la moitié (58 %) a été jetée (décharges ou autres) dans l’environnement.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=648&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=648&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=648&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=814&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=814&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573795/original/file-20240206-28-l2g5ml.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=814&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Production globale de plastique depuis 1950.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.grida.no/resources/15041">GRID-Arendal/UNEP (2021)</a></span>
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<p>En bout de course, le plastique s’accumule l’environnement : dans les sols et dans les systèmes aquatiques. L’image du <a href="https://marinedebris.noaa.gov/info/patch.html">« continent de plastique »</a> illustre bien le phénomène. À l’échelle macroscopique ou microscopique, les plastiques créent des risques pour de nombreux organismes et écosystèmes terrestres et marins.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/que-sont-les-microplastiques-et-pourquoi-sont-ils-un-enorme-probleme-dans-les-oceans-144634">Que sont les microplastiques et pourquoi sont-ils un énorme problème dans les océans ?</a>
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<h2>Le plastique en agriculture, à la fois bénédiction et malédiction</h2>
<p>Le plastique possède de nombreux atouts : robuste, flexible, léger et bon marché. Une bénédiction pour l’industrie et les consommateurs, mais une malédiction pour l’environnement. Dans la production agricole, le paillage plastique permet de protéger les récoltes et <a href="https://doi.org/10.3390/polym14235062">d’augmenter les rendements de production</a>.</p>
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<p>Grâce au « mulch » (paillis) de plastique, les agriculteurs peuvent prolonger la période de récolte et réduire les pertes. De quoi mieux contrôler l’humidité du sol, empêcher le développement des mauvaises herbes, limiter le recours aux pesticides, aux engrais, diminuer les besoins d’eau et même protéger le sol de l’érosion.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/573860/original/file-20240206-24-c4wbsm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Paillage plastique pour protéger des champs de Maïs en Belgique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gilles San Martin/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
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<p>De ce point de vue, l’<a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s13593-011-0068-3">application de paillis plastique</a> contribue donc à la protection de l’environnement et à l’utilisation durable des ressources… Mais ce dernier présente aussi des aspects négatifs.</p>
<p>D’abord parce que le plastique est produit à partir de pétrole, et que son usage en agriculture n’est pas très esthétique dans le paysage. La couverture du sol modifie aussi les écosystèmes de la flore et de la faune. Mais aussi parce que des fragments de plastique et de microplastique vont se retrouver dans les sols, pouvant être lessivés <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0048969716301528">jusque dans les écosystèmes aquatiques</a>.</p>
<p>Il est donc essentiel de trouver des alternatives moins problématiques. Mais toutes les options ne sont pas des compromis acceptables.</p>
<h2>Des alternatives biodégradables parfois pires</h2>
<p>L’industrie tente généralement de résoudre le problème de la pollution plastique agricole en utilisant des paillages plastiques biodégradables. Ces derniers ont toutefois plusieurs inconvénients : moins solides, ils <a href="https://doi.org/10.1016/j.apsoil.2022.104667">peuvent libérer davantage de matière plastique dans le sol</a>.</p>
<p>L’utilisation de paillage en plastiques biodégradables suggère une production agricole durable. Mais leur biodégradabilité et les émissions de plastique qu’ils entraînent dans l’environnement constituent des sujets de préoccupation.</p>
<p>Pour être qualifié de plastique biodégradable, un matériau doit pouvoir être transformé en CO<sub>2</sub>, eau et biomasse par des micro-organismes en <a href="https://natureplast.eu/en/biodegradable-plastics-definitions-and-standards/">moins de 24 mois</a>. Cette aptitude à la dégradation est généralement vérifiée en laboratoire dans des conditions contrôlées.</p>
<p>Le problème ? C’est qu’il n’y a <a href="https://doi.org/10.1016/j.jhazmat.2022.130055">pas assez de preuves</a> pour s’assurer que cela fonctionne aussi bien dans le vrai sol sans impacter négativement son écosystème… Si les plastiques biodégradables ne le sont pas suffisamment, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11367-023-02253-y">alors ils peuvent s’accumuler dans le sol</a>. Des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0045653522023323">recherches supplémentaires sont donc requises</a> avant d’affirmer que les paillis plastiques biodégradables constituent une alternative intéressante aux paillis plastiques non biodégradables.</p>
<p>Dans certains cas, des alternatives comme le <a href="https://bnrc.springeropen.com/articles/10.1186/s42269-020-00290-3">paillage végétal</a>) peuvent être intéressantes, mais elles sont généralement moins efficaces contre la prolifération des mauvaises herbes et pour conserver la chaleur au sol. De nouvelles technologies (par exemple, le paillis de cellulose ou les films de paillis liquides) sont également en cours de développement. Mais pour l’instant, ces options <a href="https://doi.org/10.3390/agronomy10101618">restent moins intéressantes que les paillis en plastique</a>.</p>
<h2>Des pistes pour améliorer les paillages plastiques</h2>
<p>Les scientifiques travaillent au développement de matériaux nouveaux qui combineraient les avantages des plastiques les plus robustes, tout en pouvant se dégrader rapidement dans l’environnement. Or, il est difficile de combiner les deux caractéristiques. Pour l’heure, <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10666-022-09826-5">cela nécessite des technologies sophistiquées et des coûts de production encore très élevés</a>.</p>
<p>L’augmentation de la stabilité et de la résistance à la traction du paillage plastique est une autre stratégie pour réduire ses émissions de plastique dans l’environnement. Pour cela, on peut soit améliorer la structure chimique du film plastique, soit tout simplement en augmenter l’épaisseur. C’est ce que montre une <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10666-023-09944-8">étude récente</a> que j’ai menée, qui s’intéressait à la situation en Allemagne.</p>
<p>En effet, on observe que des films de paillage épais, de l’ordre de 50 micromètres d’épaisseur, libèrent <a href="https://doi.org/10.5194/soil-8-31-2022">moins de plastique dans l’environnement que des films plus fins</a>. Remplacer un film de paillage plastique de 20 micromètres d’épaisseur par un film de 30 ou 40 micromètres <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10666-022-09826-5">peut ainsi réduire les émissions de plastique</a>.</p>
<p>Cependant, l’augmentation de cette épaisseur entraîne des coûts plus élevés et une augmentation des quantités de plastique totales étendues dans les champs. Des systèmes efficaces de recyclage des films de paillage usagés peuvent permettre de lutter contre l’augmentation des déchets plastiques. <a href="https://www.erde-recycling.de/en/erde-news/ik-initiative-erde-starts-collecting-mulch-film-in-germany/">Une initiative existe déjà en Allemagne pour recycler les films de paillage usagés</a>.</p>
<p>En fin de compte, le statut de bénédiction ou de malédiction du plastique en agriculture va surtout dépendre de la façon dont il est utilisé, dont il est éliminé et dont il est recyclé. Un concept qui n’est pas très nouveau.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-dechets-plastiques-de-lafrique-de-louest-pourraient-alimenter-leconomie-au-lieu-de-polluer-les-oceans-217849">Les déchets plastiques de l'Afrique de l'Ouest pourraient alimenter l'économie au lieu de polluer les océans</a>
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<p class="fine-print"><em><span>Martin Henseler ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le plastique est très utilisé en agriculture pour le paillage des cultures, où il pose des problèmes de pollution. Des alternatives existent, mais elles ne sont pas toujours satisfaisantes.Martin Henseler, Research Engineer, Laboratoire d’Economie Rouen Normandie, Université de Rouen NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2235722024-02-20T14:42:26Z2024-02-20T14:42:26ZLes bernard-l’ermite déménagent dans des déchets plastiques… et intriguent les scientifiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/575576/original/file-20240129-15-j4gupx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les bernard-l'ermite utilisent de plus en plus le plastique (et d'autres déchets) pour se protéger.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/hermit-crab-carrying-plastic-bottle-cap-1962035515">metamorworks/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Les bernard-l’ermite terrestres utilisent des bouchons de bouteille, des morceaux d’ampoules électriques ou même de bouteilles en verre cassées à la place des coquilles.</p>
<p>C’est ce que montre une récente étude menée par des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969723075885">chercheurs polonais</a>, qui ont étudié 386 images de bernard-l’ermite occupant ces coquilles artificielles. Les photos ont été analysées par ces scientifiques grâce à une approche connue sous le nom de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S016953472030077X">« iEcology », ou écologie Internet</a>, qui se base sur des photographies collectées à d’autres fins que des fins de recherche. Sur les 386 photos, la grande majorité (326 cas) montrait des bernard-l’ermite utilisant des objets en plastique comme abri.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-pollution-par-microplastiques-est-partout-mais-on-connait-mal-ses-effets-sur-la-faune-130757">La pollution par microplastiques est partout, mais on connaît mal ses effets sur la faune</a>
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<p>À première vue, il s’agit d’un exemple révélateur de la façon dont les activités humaines peuvent modifier le comportement des animaux sauvages, et même la façon dont les <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fevo.2022.893453/full">populations et les écosystèmes interagissent</a> en conséquence. Mais de nombreux facteurs entrent en jeu et, bien qu’il soit facile de tirer des conclusions hâtives, il est important de s’interroger sur les causes exactes de ce changement particulier.</p>
<h2>Comment choisir sa coquille ?</h2>
<p>Le bernard-l’ermite est un modèle animal intéressant, parce qu’il se comporte de différentes façons qui peuvent être facilement mesurées. Au lieu de laisser pousser sa propre carapace pour se protéger, comme le ferait un crabe normal ou un homard, il utilise les coquilles vides laissées par d’autres espèces.</p>
<p>Lorsqu’ils se déplacent, la coquille protège leur abdomen, mais lorsqu’ils sont menacés, ils rentrent tout entier dans la coquille. Leur coquille leur sert alors d’abri portatif.</p>
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<p>Il est donc essentiel pour la survie d’un individu d’avoir une coquille de suffisamment bonne qualité, c’est pourquoi les bernard-l’ermite changent de coquille ou l’améliorent au fur et à mesure de leur croissance. Ils vont jusqu’à se battre avec d’autres bernard-l’ermite pour obtenir de meilleures coquilles, et évaluent toute nouvelle coquille découverte pour voir si elle pourrait leur convenir.</p>
<p>Ils recherchent avant tout des coquilles suffisamment grandes pour les protéger, mais <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsbl.2010.0761">leur choix</a> tient également compte du type de coquille, de son état et même de sa couleur, un facteur qui peut avoir une incidence sur la visibilité du crabe.</p>
<p>Un autre facteur qui limite le choix de la coquille est la disponibilité de coquilles appropriées. Or, pour une raison encore inconnue, une partie des bernard-l’ermite terrestres choisissent d’occuper des objets en plastique plutôt que des coquilles naturelles, comme le montre cette <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969723075885">dernière étude</a>.</p>
<h2>Crise du logement ou déménagement audacieux ? Des questions en suspens</h2>
<p>Depuis des millénaires, l’homme modifie intentionnellement le comportement des animaux en les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2213305413000052">domestiquant</a>. Toute modification involontaire du comportement des populations animales naturelles est potentiellement préoccupante, mais dans quelle mesure devrions-nous nous inquiéter du fait que les bernard-l’ermite utilisent des <a href="https://theconversation.com/que-deviennent-les-dechets-plastiques-rejetes-dans-locean-depuis-les-cotes-et-les-rivieres-155535">déchets plastiques</a> comme abri ?</p>
<p>La recherche polonaise soulève un certain nombre de questions. Tout d’abord, le recours aux déchets plastiques en guise de coquilles est-il fréquent ? 326 crabes s’abritant dans du plastique, cela semble beaucoup. Pourtant, ce nombre est probablement sous-estimé, étant donné que les images analysées se limitaient aux zones accessibles aux humains des populations de crabes.</p>
<p>L’inverse est également possible : les internautes pourraient avoir tendance à mettre en ligne les images les plus frappantes ou les plus inhabituelles. De sorte que l’approche iEcology pourrait donner une impression exagérée de la proportion de bernard-l’ermite qui optent pour des coquilles en plastique plutôt que naturelles. Nous avons besoin d’études structurées sur le terrain pour clarifier ce point.</p>
<p>La deuxième question qui se pose, c’est de savoir pourquoi certains crabes préfèrent le plastique. Il est possible qu’ils y soient contraints par le manque de coquilles naturelles, mais nous ne pouvons pas vérifier cette hypothèse sans disposer de plus d’informations sur la démographie des populations locales d’escargots. Peut-être les crabes préfèrent vraiment le plastique… ou alors, ce dernier est-il plus facile à trouver que de vraies coquilles ?</p>
<p>Comme le soulignent les auteurs de l’étude, le plastique pourrait être plus léger que les coquillages équivalents, offrant ainsi la même protection, mais en demandant à l’animal moins d’énergie pour transporter son abri. Étonnement, les produits chimiques que libère le plastique sont connus pour attirer les bernard-l’ermite marins, car <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0025326X21005671">ils imitent l’odeur de sa nourriture</a>.</p>
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<img alt="Bernard-l’ermite utilisant un bouchon de bouteille en plastique rouge comme coquille sur une plage couverte de sable et d’algues." src="https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/572811/original/file-20240201-23-4epat6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les bernard-l’ermite s’adaptent à l’augmentation de la pollution plastique, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre ce comportement.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/hermit-crab-plastic-shell-zanzibar-2270754839">Bertrand Godfroid/Shutterstock</a></span>
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<p>Cela nous amène à une troisième question sur les inconvénients possibles du plastique. Par rapport aux vraies carapaces, les déchets plastiques ont tendance à être plus brillants et à contraster davantage avec l’arrière-plan, ce qui rend les crabes plus vulnérables aux prédateurs.</p>
<p>En outre, nous savons que l’exposition aux <a href="https://theconversation.com/que-sont-les-microplastiques-et-pourquoi-sont-ils-un-enorme-probleme-dans-les-oceans-144634">microplastiques</a> et aux autres composés chimiques qui s’échappent du plastique peut modifier le comportement des bernard-l’ermite, les rendant <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36978596/">moins exigeants</a> quant aux coquilles qu’ils choisissent, moins enclins à <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8511743/">se battre pour les coquilles</a> et changeant jusqu’à leur personnalité en les rendant plus enclins à <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666911020300058">prendre des risques</a>. Pour répondre à ces questions sur les causes et les conséquences de l’utilisation des déchets plastiques par les bernard-l’ermite, nous devons étudier leur comportement de sélection des coquilles au moyen d’une série d’expériences en laboratoire.</p>
<h2>La pollution change le comportement des coquillages</h2>
<p>La pollution plastique n’est qu’une des façons dont nous modifions notre environnement. C’est de loin la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0025326X14008571">forme la plus médiatisée</a> de débris introduits par l’humain dans les environnements marins. Mais le comportement des animaux est également affecté par <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969723059879">d’autres formes de pollution</a>, comme les microplastiques, les produits pharmaceutiques, la lumière et le bruit, ainsi que la hausse des températures et l’acidification des océans que provoque le changement climatique.</p>
<p>Ainsi, si l’étude de l’utilisation des déchets plastiques par le bernard-l’ermite peut nous aider à mieux comprendre les conséquences de certains impacts humains sur l’environnement, elle ne montre pas exactement comment les animaux s’adapteront à l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/anthropocene-25399">anthropocène</a>, où l’activité humaine affecte significativement la planète.</p>
<p>Les bernard-l’ermite s’adapteront-ils en utilisant des réponses comportementales basées sur le recours au plastique, évolueront-ils au fil des générations, ou peut-être les deux à la fois ? À elle seule, l’approche iEcology ne peut pas répondre à de telles questions. Cette étude tire simplement la sonnette d’alarme, en mettant en lumière des changements qui doivent maintenant être étudiés de manière approfondie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223572/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Briffa travaille pour l'université de Plymouth. Il a reçu des financements du BBSRC britannique.</span></em></p>Après Plastic Bertrand, Plastic Bernard ? Les bernard-l’ermite élisent normalement domicile dans des coquilles vides, mais optent de plus en plus souvent pour des déchets plastiques.Mark Briffa, Professor of Animal Behaviour, University of PlymouthLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2106092023-08-02T14:35:44Z2023-08-02T14:35:44ZDoit-on laver le riz avant de le faire cuire ? Voici ce que dit la science<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/539993/original/file-20230728-20-g6ehnj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C11%2C1902%2C1264&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le lavage du riz, pratique courante aux quatre coins du monde, est-elle vraiment recommandée?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/jasmine-rice-cooking-electric-cooker-steam-1786700948">(Shutterstock)</a></span></figcaption></figure><p>Le riz est un aliment essentiel pour des milliards de personnes en Asie et en Afrique. C’est également un ingrédient polyvalent qui entre dans la composition de nombreux plats emblématiques du monde entier, comme les dolmades en Grèce, les risottos en Italie, la paella en Espagne et les puddings au riz au Royaume-Uni.</p>
<p>Malgré son attrait universel, la question que l’on se pose dans toutes les cuisines, qu’elles soient professionnelles ou personnelles, est de savoir s’il faut prélaver (ou rincer) le riz avant de le faire cuire.</p>
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<h2>Qu’en pensent les chefs et les cuisiniers ?</h2>
<p>Les experts culinaires affirment que le prélavage du riz <a href="https://www.cuisineactuelle.fr/culture-food/les-petits-plus-en-cuisine/conseils-et-astuces/pourquoi-faut-il-rincer-le-riz-avant-de-le-cuire-188064">réduit la quantité d’amidon</a> provenant des grains de riz. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0924224416300619">Certaines études ont confirmé</a> que c’est bien l’amidon libre (amylose) à la surface du grain de riz, issu du processus de mouture, qui trouble l’eau de rinçage.</p>
<p>Dans le milieu culinaire, le lavage est préconisé pour certains plats qui requièrent un grain séparé. En revanche, pour d’autres plats tels que les risottos, la paella et les puddings au riz (dans lesquels on recherche un effet collant et crémeux), le lavage est à éviter.</p>
<p>D’autres facteurs, tels que le type de riz, la tradition familiale, les avis sanitaires locaux et même le temps et les efforts nécessaires, influencent le choix du prélavage du riz.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/527943/original/file-20230524-19-867jpc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Gros plan sur un risotto aux champignons doré, surmonté de copeaux de parmesan" src="https://images.theconversation.com/files/527943/original/file-20230524-19-867jpc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/527943/original/file-20230524-19-867jpc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/527943/original/file-20230524-19-867jpc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/527943/original/file-20230524-19-867jpc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/527943/original/file-20230524-19-867jpc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/527943/original/file-20230524-19-867jpc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/527943/original/file-20230524-19-867jpc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Pour le risotto, traditionnellement cuisiné avec du riz arborio, il n’est pas recommandé de rincer le riz, afin de favoriser la texture crémeuse du plat.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/macro-close-small-portion-fungi-risotto-173037734">(Shutterstock)</a></span>
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<h2>Existe-t-il des preuves que laver le riz le rend moins collant ?</h2>
<p>Une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308814618313293#b0005">étude récente</a> a comparé l’effet du lavage sur l’adhésivité et la dureté de trois types de riz différents provenant du même fournisseur. Les trois types étaient le riz glutineux (riz collant), le riz à grain moyen et le riz au jasmin. Ces différents riz ont été soit non lavés, soit lavés trois fois avec de l’eau, soit lavés dix fois avec de l’eau.</p>
<p>Contrairement à ce que vous diront les chefs cuisiniers, cette étude a indiqué que le processus de lavage n’avait aucun effet sur l’adhésivité (ou la dureté) du riz. </p>
<p>Les scientifiques ont plutôt démontré que l’adhésivité n’était pas due à l’amidon de surface (amylose), mais plutôt à un autre amidon appelé amylopectine, qui est extrait du grain de riz durant le processus de cuisson. La quantité d’amylopectine qui est lessivée diffère d’un type de grain de riz à l’autre.</p>
<p>C’est donc la variété de riz, plutôt que le fait de laver le riz, qui lui procure sa caractéristique collante. Dans cette étude, le riz glutineux était le plus collant, tandis que le riz à grain moyen et le riz au jasmin étaient moins collants et également plus durs (croquants) lors des tests effectués en laboratoire (la dureté est représentative des textures associées à la mastication).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/527944/original/file-20230524-29-eqan30.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Gros plan d’un plat de riz frit surmonté de poulet, de légumes et d’un œuf" src="https://images.theconversation.com/files/527944/original/file-20230524-29-eqan30.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/527944/original/file-20230524-29-eqan30.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/527944/original/file-20230524-29-eqan30.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/527944/original/file-20230524-29-eqan30.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/527944/original/file-20230524-29-eqan30.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/527944/original/file-20230524-29-eqan30.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/527944/original/file-20230524-29-eqan30.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les plats de riz frit, comme le nasi goreng, sont réalisés à partir de variétés de riz moins collantes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/fried-rice-nasi-goreng-chicken-egg-759039364">(Shutterstock)</a></span>
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<h2>Il est tout de même utile de laver le riz</h2>
<p>Traditionnellement, le riz était lavé pour éliminer la poussière, les insectes, les petits cailloux et les morceaux d’écorce laissés par le processus de décorticage du riz. Cela peut encore être important dans certaines régions du monde où le procédé de transformation n’est pas aussi méticuleux, et peut apporter une certaine tranquillité d’esprit. </p>
<p>Plus récemment, avec l’utilisation abondante de plastiques dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire, des microplastiques ont été trouvés dans nos aliments, y compris dans le riz. Il a été démontré que le processus de lavage permettait de rincer jusqu’à 20 % des plastiques <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0304389421007421?via%3Dihub">du riz non cuit</a>.</p>
<p>Cette même étude a révélé que le riz contient la même quantité de microplastiques, quel que soit l’emballage (sacs en plastique ou en papier) dans lequel vous l’achetez. Les chercheurs ont également montré que les plastiques présents dans le riz instantané (précuit) étaient quatre fois plus élevés que dans le riz non cuit. En prérinçant le riz instantané, on peut réduire de 40 % la quantité de matières plastiques qu’il contient.</p>
<p>Le riz est également connu pour contenir des niveaux relativement élevés d’arsenic, en raison de l’absorption d’une plus grande quantité d’arsenic au cours de la croissance des plants. Il a été démontré que le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23245893/">lavage du riz élimine</a> non seulement près de 90 % de l’arsenic bioaccessible, mais aussi une grande quantité d’autres nutriments importants pour notre santé, notamment le cuivre, le fer, le zinc et le vanadium.</p>
<p>Chez les personnes qui consomment peu de riz et qui comblent leur apport quotidien en ces nutriments autrement, laver le riz n’aura qu’un faible impact sur leur santé. Cependant, pour les populations qui consomment quotidiennement de grandes quantités de riz très lavé, cela pourrait avoir un impact sur leur nutrition globale.</p>
<p><a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29363749/">Une autre étude</a> a examiné la présence d’autres métaux lourds, soit le plomb et le cadmium, en plus de l’arsenic. Selon cette étude, le prélavage a permis de réduire les niveaux de tous ces métaux de 7 à 20 %. L’<a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/arsenic">Organisation mondiale de la santé a mis en garde la population</a> contre le risque d’exposition à l’arsenic contenu dans l’eau et dans les aliments.</p>
<p>Les niveaux d’arsenic dans le riz varient en fonction de l’endroit où il est cultivé, des cultivars de riz et de la façon dont il est cuit. Le meilleur conseil reste de prélaver votre riz et de vous assurer de <a href="https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/">consommer une variété de céréales</a>. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16124284/">L’étude la plus récente, réalisée en 2005</a>, a révélé que c’est aux États-Unis que la teneur en arsenic est la plus élevée. Cependant, il est important de garder à l’esprit que l’arsenic est présent dans <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969714010614">d’autres aliments</a>, y compris dans les produits à base de riz (gâteaux, craquelins, biscuits et céréales), les algues, les fruits de mer et les légumes.</p>
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<h2>Le lavage du riz peut-il éliminer les bactéries ?</h2>
<p>En bref, non. Le lavage du riz n’aura aucun effet sur la teneur en bactéries du riz cuit, car les températures de cuisson élevées tueront toutes les bactéries présentes.</p>
<p>Ce qui est davantage préoccupant, cependant, c’est la durée de conservation du riz cuit ou lavé à température ambiante. La cuisson du riz ne tue pas les spores bactériennes d’un agent pathogène appelé <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/biosecurite-biosurete-laboratoire/fiches-techniques-sante-securite-agents-pathogenes-evaluation-risques/bacillus-cereus.html"><em>Bacillus cereus</em></a>.</p>
<p>Si le riz humide ou le riz cuit est conservé à température ambiante, les spores bactériennes peuvent être activées et commencer à se développer. Ces bactéries produisent alors des toxines qui ne peuvent pas être neutralisées par la cuisson ou le réchauffage ; ces toxines peuvent provoquer des maladies gastro-intestinales graves. Veillez donc à ne pas conserver trop longtemps le riz lavé ou cuit à température ambiante.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210609/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Evangeline Mantzioris est affiliée à l'Alliance for Research in Nutrition, Exercise and Activity (ARENA) de l'Université d'Australie du Sud. Evangeline Mantzioris a reçu des fonds du National Health and Medical Research Council et a été nommée au Dietary Guidelines Expert Committee du National Health and Medical Research Council.</span></em></p>Certaines personnes ne jurent que par la pratique du lavage de riz, tandis que d’autres ne s’en soucient guère. Mais que disent les études sur le lavage du riz et quand faut-il le faire ?Evangeline Mantzioris, Program Director of Nutrition and Food Sciences, Accredited Practising Dietitian, University of South AustraliaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1877452022-09-01T17:43:45Z2022-09-01T17:43:45ZParticules plastiques : comment évaluer leur toxicité en laboratoire ?<p>Les adultes <a href="https://pubs.acs.org/doi/10.1021/acs.estlett.1c00559">ingéreraient</a> environ 50 000 particules de plastique par an, et les bébés plus d’un million par an. Les particules de plastiques <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0304389422011542">peuvent être ingérées</a> par l’eau de boisson ou du robinet, des aliments contaminés (en contact direct avec des emballages en plastique), par l’air ambiant contenant des microfibres (provenant du textile par exemple) ou encore par voie cutanée au contact de produits d’hygiène.</p>
<p>Les effets toxiques de ces particules chez l’humain sont encore inconnus mais il existe <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0304389422011542">trois principaux risques pour la santé</a> : la diffusion de composants chimiques toxiques tels que les additifs (<a href="https://theconversation.com/perturbateurs-endocriniens-pourquoi-les-remplacants-du-bisphenol-a-posent-aussi-probleme-155772">bisphénols</a>, phtalates, métaux) ; le relargage de substances nocives adsorbées par des particules, qui agissent alors comme vecteurs de polluants environnementaux ; des dommages physiques directement causés par des débris de plastique (fragment, fibres, mousse, microbille) provoquant des lésions ou une obstruction dans divers organes. Plusieurs <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969721016193">études</a> ont mis en évidence des effets au niveau cellulaire, en particulier l’augmentation de l’inflammation, du stress oxydant, de la mortalité cellulaire et de la perturbation du métabolisme énergétique.</p>
<p>Le milieu aquatique est le réceptacle final des déchets et contaminants liés à ces « microplastiques » (de taille inférieure à 5 millimètres) et est donc particulièrement étudié. Début septembre 2021, <a href="https://microplastics.springeropen.com/articles/10.1186/s43591-021-00013-z">on estimait</a> à 24 400 milliards le nombre de fragments de plastiques flottant à la surface des océans, avec un poids estimé entre 82 000 et 578 000 tonnes.</p>
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<p>Depuis plusieurs années, de plus en plus de laboratoires étudient les effets toxiques des particules de plastique dans les organismes marins et d’eau douce – bactéries, poissons, plantes aquatiques notamment – mais la grande variété des caractéristiques de ces particules telles que leurs tailles, formes, types de polymère (polyéthylène, polypropylène, polystyrène, etc.) et d’additifs ajoutés, rendent les effets difficiles à démêler. Si l’on peut évaluer la toxicité de ces particules individuellement chez chacune de ces espèces, cela prendra énormément de temps pour tester les tous les types de particules existantes et les additifs associés.</p>
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<p>Parmi les méthodes complémentaires, voire alternatives, la culture cellulaire, aussi appelée test <em>in vitro</em>, pourrait être un outil prometteur pour évaluer la toxicité des différentes particules de plastique. Cette approche présente des défis techniques et aussi des limitations, notamment pour extrapoler les résultats à des organismes entiers… comme les humains.</p>
<h2>L’intérêt de la culture cellulaire pour évaluer la toxicité des micro et nanoplastiques</h2>
<p>Les scientifiques, qui ont l’habitude de travailler avec des modèles animaux, font face à de plus en plus de défis éthiques, économiques et environnementaux au niveau de leurs pratiques.</p>
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<p>La culture cellulaire est principalement utilisée pour évaluer la toxicité au niveau de cellules provenant de certains organes, par exemple le foie ou les poumons, et les mécanismes mis en jeu, dans une grande diversité de conditions expérimentales.</p>
<p>Actuellement, les études in vitro se développent pour déterminer la toxicité de contaminants chez plusieurs organismes aquatiques. Cet outil aurait un intérêt éthique puissant car cela permettrait de respecter le <a href="https://ec.europa.eu/health/scientific_committees/opinions_layman/en/non-human-primates/glossary/tuv/three-rs-principle.htm">« principe des 3R »</a> : remplacer l’utilisation d’animaux par d’autres méthodes expérimentales, réduire le nombre d’animaux utilisés dans les expériences, et améliorer les procédures d’expérimentation afin de réduire la souffrance animale.</p>
<p>Les tests <em>in vitro</em> permettent aussi de présélectionner rapidement la toxicité potentielle des produits chimiques avant une analyse plus poussée avec des essais <em>in vivo</em>, et des corrélations entre des tests <em>in vivo</em> et <em>in vitro</em> confirment que les <a href="https://setac.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/etc.3811">cultures cellulaires pourraient être une méthode alternative à l’expérimentation animale</a>.</p>
<p>Le deuxième avantage de la culture cellulaire est qu’elle permet l’évaluation de nombreux impacts biologiques, tels que les dommages à l’ADN ou la viabilité des cellules dans différentes conditions, car l’échelle de taille des tests est beaucoup plus petite que l’exposition des animaux en aquariums – ce qui réduit, par ailleurs, les coûts.</p>
<p>Elle permet enfin d’étudier les mécanismes cellulaires impliqués dans la toxicité, comme la <a href="https://www.ocl-journal.org/articles/ocl/pdf/2006/01/ocl2006131p31.pdf">production d’espèces réactives de l’oxygène</a> liée à l’augmentation du stress oxydant, pouvant induire la peroxydation des lipides et endommager les membranes des organites cellulaires, puis potentiellement mener <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0006291X16317715">à la mort des cellules</a>.</p>
<p>Ainsi, les recherches ont montré que tous les types de particules plastiques ont des effets potentiellement nocifs sur les cellules avec une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666911021000198">cytotoxicité</a>, une <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-020-65596-8">immunotoxicité</a> et une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2213231720308259">augmentation du stress oxydant</a>.</p>
<h2>Les difficultés de la culture cellulaire pour l’évaluation écotoxicologique</h2>
<p>La première difficulté est le nombre limité de lignées cellulaires standardisées disponibles pour les organismes aquatiques. À part les lignées commercialisées concernant des modèles de poissons, pour les autres espèces aquatiques, il est nécessaire d’isoler des cellules et de les cultiver en laboratoire avant de réaliser les tests. Cela nécessite une période de développement important, dont la précision doit être solidement établie avant tout test de toxicité. L’origine des cellules est considérée comme une limitation puisque les cellules de certains organes sont plus difficiles à entretenir que d’autres et nécessitent des milieux de culture spécifiques.</p>
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<p>La composition du milieu de culture semble également jouer un <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/smll.202005834">rôle dans la réponse des cellules aux microplastiques</a>, puisque la présence de certains composés pourrait induire des changements dans les propriétés physico-chimiques des nanoparticules de plastique et donc leur interaction avec les cellules.</p>
<h2>Les limites de cette approche</h2>
<p>En dépit de son potentiel, l’utilisation de la culture cellulaire pour étudier la toxicité des microplastiques et des nanoplastiques en est encore à ses débuts avec un certain nombre de limitations.</p>
<p>Pour les microparticules, une <a href="https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2021.03.18.436024v1.full">approche alternative utilisant des tissus ou des cultures d’organes semble être plus adaptée</a> car les grosses particules auront tendance, <em>in vivo</em>, à ne pas pénétrer dans les cellules et à interagir avec les organes et les tissus.</p>
<p>Par ailleurs, l’utilisation de cultures cellulaires présente une limite dans la mesure où cela ne permet pas de reproduire exactement les conditions des cellules dans un organisme entier. Par exemple, les cellules isolées et cultivées diffèrent en général fortement du type de cellule correspondant dans un organisme, ce qui limite la valeur des données <em>in vitro</em> pour prédire l’impact toxique <em>in vivo</em>.</p>
<p>De nombreux travaux poursuivent l’étude de l’optimisation des tests sur cultures cellulaires avec notamment l’<a href="https://www.frontiersin.org/10.3389%2Fconf.fncel.2018.38.00069/event_abstract">utilisation de milieux de culture dans des conditions plus proches de celles rencontrées <em>in vivo</em></a>, par exemple en <a href="https://www.teagasc.ie/media/website/publications/2020/26-3D-mammalian-cell-culture-models-in-toxicology-testing.pdf">trois dimensions</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187745/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Messika Revel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La culture cellulaire pourrait être une alternative à l’expérimentation animale pour étudier la toxicité des micro et nanoplastiques.Messika Revel, Enseignante-chercheure en écotoxicologie, UniLaSalleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1758812022-02-09T20:43:37Z2022-02-09T20:43:37ZUn filet de pêche biodégradable pour limiter la pollution plastique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/444753/original/file-20220207-999-1dg6tzh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La fragmentation des filets de pêche perdus a des conséquences néfastes pour la faune marine. </span> <span class="attribution"><span class="source">Juliette Lasserre</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Les engins de pêche (filets, casiers…) sont fabriqués à partir de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/plastique-23485">plastiques</a> dont la durée de vie peut atteindre plusieurs centaines d’années, un vrai problème lorsqu’ils sont perdus en mer.</p>
<p>L’accumulation et la fragmentation progressive de <a href="https://theconversation.com/images-de-science-la-pollution-aux-microplastiques-144634">ces déchets dans les eaux</a> ont des conséquences néfastes pour la faune marine, comme l’ingestion de particules de plastique qui impacte ensuite l’ensemble de la chaîne alimentaire.</p>
<p>Autre problème notable dans la liste des <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-021-86123-3">risques liés aux dispositifs de pêche dans l’environnement</a> : les engins perdus peuvent être à l’origine de ce qu’on nomme la « pêche fantôme », en continuant de piéger des animaux marins.</p>
<h2>Une offre alternative à construire</h2>
<p>Prenons l’exemple précis de la zone de la Manche où le secteur de la pêche et de l’aquaculture représente une activité économique importante, avec <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/647482/UK_Sea_Fisheries_Statistics_2016_Full_report.pdf">15 % des parts du marché européen</a>. Ici comme ailleurs, les professionnels manquent d’équipement à durée de vie contrôlée : il n’y a pour le moment pas d’engins de pêche biodégradable disponible sur le marché même si plusieurs projets de recherche sont en cours.</p>
<p>Or la substitution de ces plastiques par des matériaux biodégradables représente aujourd’hui une alternative promue par la <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?qid=1516265440535&uri=COM:2018:28:FIN">directive européenne</a>. Dans une démarche globale de réduction des déchets, il devient primordial d’adapter la durée de vie du matériau à son utilisation.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=495&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/444754/original/file-20220207-999-ozykas.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=622&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Collecte de déchets en bord de mer, dont de nombreux filets de pêche échoués, sur la plage du Lohic (Morbihan), en janvier 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Juliette Lasserre</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>C’est dans cette optique que six institutions de recherche et quatre partenaires industriels se sont regroupés <a href="https://indigo-interregproject.eu/">au sein du projet INdIGO</a> pour assurer le développement et l’adoption d’un nouveau filet biodégradable par les professionnels de la pêche et de l’aquaculture.</p>
<p>INdIGO s’attache aussi à améliorer la prévention et la gestion des pollutions générées par les engins, en identifiant les filières de recyclage existantes et en développant une application pour localiser les engins déjà perdus via le programme de science participative « Fish & Click ».</p>
<h2>« Fish & Click », en savoir plus sur les engins de pêche perdus, abandonnés ou rejetés</h2>
<p>Depuis 2020, Fish & Click sollicite les usagers de la mer (plongeurs, pêcheurs, plaisanciers, promeneurs) afin de recenser le matériel de pêche perdu ou abandonné en mer et sur le littoral. Les observations sont signalées via un formulaire simple et accessible à tous, sur le <a href="https://fishandclick.ifremer.fr/">site Internet</a> ou sur l’application mobile <a href="https://play.google.com/store/apps/details?id=fr.ifremer.fishandclick">Fish & Click</a>. La catégorie du matériel retrouvé, le lieu, la date et une photo de l’engin de pêche sont demandés aux participants.</p>
<p>Les données recueillies doivent permettre de cartographier la répartition des déchets plastiques issus des activités de pêche et d’aquaculture et d’orienter le développement de matériaux biodégradables vers les types d’engins les plus enclins à être perdus.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/jG0_lFu5dH8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Présentation de Fish & Click (Ifremer, 2020).</span></figcaption>
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<p>Fish & Click compte aujourd’hui 440 observateurs et plus de 1860 signalements d’engins et de fragments d’engins perdus dans la zone de la Manche et en Bretagne Sud. Les observations sur le littoral représentent 85 % des signalements, les plages étant plus faciles d’accès que les explorations sous-marines.</p>
<p>Parmi les 18 000 engins signalés, les cordages constituent la majorité des signalements à terre, notamment en Bretagne et dans les Hauts-de-France. La tendance est tout autre en Normandie, puisqu’environ 60 % des signalements sont dans la catégorie « autre » et concernent du matériel d’aquaculture (filet de mytiliculture, poches ostréicoles…). Une part importante de ce matériel est également signalée en Bretagne Nord (25 %).</p>
<p>En mer, trois types d’engins perdus sont majoritairement observés : les lignes, les cordages et les casiers respectivement dans le nord-est du Golfe de Gascogne, la mer Celtique et la Manche. Le nombre d’observations est très variable d’une zone à l’autre, que ce soit en mer ou sur le littoral. La poursuite de la collecte de données par les citoyens permettra de consolider ces résultats.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1463553004041297926"}"></div></p>
<h2>Les engins de pêche biodégradables</h2>
<p>Dans le cadre du projet INdIGO, l’un des objectifs concerne la mise au point d’un engin de pêche résistant et biodégradable en milieu marin.</p>
<p>Pour cela, il faut d’abord s’entendre sur ce que signifie « biodégradable ».</p>
<p>Évoquer les biomatériaux exige en effet d’identifer au mieux les aspects d’origine et de fin de vie. Le terme « bioplastique » renvoie ainsi à trois familles de polymères : les polymères biosourcés et biodégradables, les polymères biosourcés et non biodégradables et les polymères non biosourcés mais biodégradables.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/bienvenue-dans-le-monde-du-biosource-112719">Le terme « biosourcé »</a> s’applique aux polymères dont la majorité des constituants est issue de la biomasse, c’est-à-dire de matières premières renouvelables qui peuvent se régénérer sur une période de temps significative à l’échelle humaine. Les ressources minérales et les énergies fossiles sont considérées comme des ressources naturelles, mais non renouvelables, ne pouvant se régénérer sur une période suffisamment courte pour les activités humaines.</p>
<p>Le terme « biodégradable » s’applique aux polymères issus de ressources renouvelables ou non. En effet, la biodégradabilité dépend principalement de la structure chimique du plastique et des caractéristiques du milieu dans lequel il est placé (compost industriel, sol réel, milieu marin…). Selon la <a href="https://www.boutique.afnor.org/fr-fr/norme/nf-en-13432/emballage-exigences-relatives-aux-emballages-valorisables-par-compostage-et/fa049121/454">norme NF EN 13432</a>, la biodégradabilité désigne la capacité intrinsèque d’un matériau à être dégradé par une attaque microbienne, pour simplifier progressivement sa structure et finalement se convertir facilement en eau, CO<sub>2</sub> et/ou CH<sub>4</sub> et une nouvelle biomasse.</p>
<h2>En conditions réelles</h2>
<p>La première étape concernant la mise au point d’un engin de pêche résistant et biodégradable en milieu marin correspond au développement d’une nouvelle formulation, composée d’un mélange de plastiques, qui sera utilisée pour fabriquer les monofilaments (filaments composés d’un brin unique) et multifilaments (filaments composés de plusieurs brins).</p>
<p>Les acteurs du projet tentent ainsi de concevoir la meilleure combinaison possible afin d’élaborer des matériaux avec les propriétés requises (résistance, élasticité, efficacité…).</p>
<p>Deux prototypes de filets biodégradables seront ensuite développés en mai 2022 dans le but de remplacer une partie des filets actuellement utilisés pour l’aquaculture (filet de catinage) et pour la pêche (filet fin).</p>
<p>L’une des particularités de ce projet concerne l’étude approfondie du comportement du filet en conditions réelles, tout en s’assurant que l’impact sur l’environnement est nul. Des tests de déploiement en mer seront réalisés par la suite avec les professionnels de la pêche et de l’aquaculture.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/une-nouvelle-version-de-la-nasse-a-poisson-pour-limiter-limpact-de-la-peche-155619">Une nouvelle version de la nasse à poisson pour limiter l’impact de la pêche</a>
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<p>Le suivi de la dégradation du filet sera étudié via des tests de vieillissement en mer. Des tests de biodégradation et d’écotoxicité permettront de vérifier scientifiquement que les filets INdIGO, en fin de vie, sont réellement assimilables par les micro-organismes, sans aucun impact sur l’environnement marin.</p>
<p>Enfin, une analyse du cycle de vie permettra de modéliser différents scénarios de fin de vie du nouveau filet, afin de fournir une analyse robuste pour évaluer les impacts environnementaux à chaque étape de la vie du produit.</p>
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<p><em>Juliette Lasserre (Ifremer) a contribué à l’élaboration de cet article. <a href="http://indigo-interregproject.eu/newsletter/">Une newsletter dédiée</a> permet de suivre l’avancement du projet INdIGO</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175881/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La fragmentation des déchets plastiques dans les eaux a des conséquences très néfastes pour la faune. Des recherches sont conduites pour élaborer des filets de pêche résistants et moins polluants.Morgan Deroiné, Ingénieure R&D matériaux biodégradables, Université Bretagne SudLaetitia Miquerol, Ingénieur en écologie marine, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1755322022-02-06T17:59:01Z2022-02-06T17:59:01ZPêche, pollution, réchauffement : comment les sciences marines peuvent nous aider à sauvegarder l’océan<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/444115/original/file-20220202-15-10jrin4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le robot submersible Ariane, utilisé dans des missions de prélèvement, d’inspection ou de cartographie, peut descendre jusqu’à 2500 mètres de profondeur. </span> <span class="attribution"><span class="source">Olivier Dugornay / Ifremer</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Parce qu’un océan en bonne santé conditionne l’équilibre planétaire et, pour cette raison, le bien-être et la santé des femmes et des hommes, le rôle des sciences océaniques n’a jamais été aussi important pour comprendre la dégradation actuelle du plus grand écosystème mondial et imaginer des solutions.</p>
<p>À l’occasion du <a href="https://oneoceansummit.fr/?trk=public_post_share-update_update-text">One Ocean Summit</a>, qui se tient à Brest du 9 au 11 février 2022, scientifiques, acteurs publics et privés et chefs de gouvernement partageront diagnostics et remèdes pour améliorer l’état du « patient ». Convié à la table des débats, l’Ifremer revient sur différentes pistes de recherche prometteuses.</p>
<h2><em>Mare incognitum</em></h2>
<p>Si elle est baptisée la Terre, ce nom est finalement peu conforme à la réalité d’une planète où l’élément liquide prédomine. La terre ferme n’occupe guère qu’un peu moins de 30 % de la surface du globe tandis que l’océan recouvre les 70 % restants.</p>
<p>Plus grand écosystème monde, l’océan reste malgré tout un grand inconnu : une <em>mare incognitum</em>. Rien que les abysses abriteraient jusqu’à un million d’espèces non répertoriées par les scientifiques…</p>
<p>C’est dire le besoin de sciences pour lever le voile sur cet univers encore si mystérieux, mais dont l’importance pour la bonne santé de la planète comme celle des êtres vivants ne fait, elle, plus mystère.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1488160804285390849"}"></div></p>
<p>L’océan constitue la principale source de protéines pour trois milliards d’êtres humains. Il est également responsable d’environ 50 % de l’oxygène produit sur la planète. Sans oublier les ressources énergétiques et la valorisation des molécules issues de la biodiversité marine (nouveaux médicaments, par exemple).</p>
<p>Mais son intérêt ne se limite pas à prodiguer des ressources, il est aussi un maillon essentiel à la bonne marche de la planète comme principal régulateur du climat. Une fonction précieuse à l’heure où le réchauffement climatique s’accélère.</p>
<p>Mais c’est au prix de lourdes conséquences sur la santé de l’océan, avec une manifestation de symptômes durablement préoccupants : réchauffement de la température des eaux, y compris en profondeur, et acidification du milieu, désoxygénation, élévation du niveau de la mer. Trop sollicitée, la <a href="https://www.ocean-climate.org/wp-content/uploads/2015/03/FichesScientifiques-ocean-pompe-carbone.pdf">« pompe » océanique se grippe</a>… Combinés aux impacts de la surpêche, de la pollution, et de la destruction des habitats, ces maux aboutissent à une érosion de la biodiversité marine, menacée avant même d’être totalement inventoriée.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lacidification-des-oceans-lautre-danger-du-co-114716">L’acidification des océans, l’autre danger du CO₂</a>
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<p>Pour préserver la face bleu marine de notre planète, la recherche en sciences océaniques doit ainsi s’atteler à quatre défis prioritaires : la gestion durable des ressources, la préservation de la biodiversité, la lutte contre les pollutions, et le dérèglement climatique.</p>
<h2>Une pêche plus durable avec la science</h2>
<p>La quantité de produits de la mer consommés dans le monde a déjà été <a href="https://www.fao.org/3/ca9231fr/CA9231FR.pdf#page=16">multipliée par 5 depuis les années 1960</a>, autant du fait de l’augmentation de la population mondiale que de celle de la consommation individuelle. Environ la moitié provient de captures de ressources marines sauvages, ce qui illustre l’importance de la pêche dans l’alimentation mondiale et européenne. <a href="https://www.fao.org/3/ca9231fr/CA9231FR.pdf">Et les projections de la FAO</a> et de l’OCDE prévoient une pression de la demande en poissons encore plus forte à l’avenir.</p>
<p>Les données produites par la recherche scientifique sont capitales pour éclairer les politiques de gestion des pêches. Même si les objectifs fixés, notamment en Europe dans le cadre de la politique commune de la pêche, sont encore loin d’être atteints, des avancées significatives ont été obtenues.</p>
<p><a href="https://wwz.ifremer.fr/Expertise/Peches-maritimes/Bilan-de-l-etat-des-populations-de-poissons-pechees-en-France/Bilan-2020-de-l-etat-des-populations-de-poissons-pechees-en-France">Dans son bilan 2020 de l’état des poissons pêchés en France</a>, l’Ifremer indique que 60 % des débarquements français proviennent de populations exploitées durablement contre seulement 15 % il y a 20 ans. La <a href="https://wwz.ifremer.fr/Expertise/Peches-maritimes/Bilan-de-l-etat-des-populations-de-poissons-pechees-en-France/Bilan-2020-de-l-etat-des-populations-de-poissons-pechees-en-France/Quel-bilan-en-Mediterranee">situation de la Méditerranée</a>, marquée par une surpêche chronique reste cependant préoccupante.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1471737682111995907"}"></div></p>
<p>Pour tenter d’inverser la tendance, l’Europe a instauré un tout premier <a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/eu-fish-stocks/multiannual-management-plans/">plan de gestion pluriannuel</a> en janvier 2020, les scientifiques contribuant à l’analyse de différents scénarios pour sa mise en œuvre.</p>
<p>De même, des travaux scientifiques sont en cours pour produire des connaissances et des avis sur les stocks halieutiques exploités par les flottilles des Antilles, de la Guyane, de la Réunion et de Mayotte, en vue d’améliorer les dispositifs de gestion des ressources.</p>
<p>Plusieurs exemples dans l’histoire récente attestent que de tels plans d’urgence ont été en capacité de redresser la barre : le <a href="https://wwz.ifremer.fr/Expertise/Peches-maritimes/Bilan-de-l-etat-des-populations-de-poissons-pechees-en-France/Bilan-2020-de-l-etat-des-populations-de-poissons-pechees-en-France/Le-merlu-une-histoire-entre-avis-de-tempetes-et-accalmies">merlu</a> du golfe de Gascogne et de la mer Celtique ou le <a href="https://wwz.ifremer.fr/content/download/41835/file/DP%20thon%20rouge%202019_MiseAjour.pdf">thon rouge</a> de Méditerranée et de l’Atlantique, dont les populations ont fortement augmenté ces dernières années, en fournissent de belles illustrations.</p>
<p>L’innovation est aussi l’une des clés pour une pêche plus durable : si l’être humain a déployé pendant des siècles des trésors d’ingéniosité pour pêcher plus, l’heure est venue aujourd’hui de pêcher mieux. Cela passe par une sélectivité accrue des engins de pêche et par une diminution de leur impact sur l’environnement marin.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1468593266148974599"}"></div></p>
<p>Une piste prometteuse explore par exemple les technologies de « deep learning » pour rendre les filets « intelligents ». Le principe : coupler l’emploi de la vidéo à de l’intelligence artificielle pour que le filet s’ouvre ou se ferme automatiquement <a href="https://gameoftrawls.ifremer.fr/">pour ne cibler que les espèces désirées</a>.</p>
<h2>Comment préserver et restaurer la biodiversité ?</h2>
<p>Sur le front de la protection de la biodiversité marine, l’innovation scientifique peut également soutenir la mise en œuvre de politiques visant à la préservation des espèces et habitats sensibles.</p>
<p>Cette innovation se matérialise par exemple par l’installation d’observatoires qui permettent de mieux connaître les écosystèmes et suivre leur évolution. Depuis 10 ans, l’observatoire des grands fonds Emso Açores assure en continu le suivi d’un champ hydrothermal. Il contribue chaque année à une meilleure compréhension de l’environnement abyssal et de ses espèces, encore largement méconnues.</p>
<p>Tout récemment, un <a href="https://wwz.ifremer.fr/Actualites-et-Agenda/Toutes-les-actualites/Mieux-proteger-les-coraux-profonds-un-observatoire-unique-dans-le-golfe-de-Gascogne">nouvel observatoire</a> vient d’être installé dans un canyon sous-marin au large de la Bretagne. Son rôle est d’étudier les <a href="https://theconversation.com/connaissez-vous-les-coraux-deau-froide-144314">coraux d’eaux froides</a>, menacés par les activités humaines.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1296318153052626945"}"></div></p>
<p>Les chercheurs participent également à la réintroduction de certaines populations en déclin. Un projet de <a href="https://wwz.ifremer.fr/Actualites-et-Agenda/Toutes-les-actualites/L-huitre-plate-de-l-espoir-sous-la-coquille">restauration de l’huître plate</a>, espèce menacée d’extinction, a notamment permis d’aider de jeunes larves à coloniser des supports artificiels immergés en rade de Brest et en baie de Quiberon.</p>
<p>Les scientifiques ont montré les conditions environnementales idéales pour l’espèce : une eau à 18 °C, une salinité suffisante, et des supports rugueux pour l’accroche du bivalve. Ces résultats appuieront les mesures de gestion nécessaires pour le retour de l’huître plate.</p>
<p>Autre exemple, <a href="https://theconversation.com/dans-la-rade-de-toulon-un-ecosysteme-artificiel-pour-sauver-les-poissons-145252">dans la Rade de Toulon</a> : une équipe de chercheurs a conçu et installé des récifs artificiels en béton surmontés d’herbiers, artificiels eux aussi. Le but étant d’offrir des zones refuges aux petits poissons qui pourront grandir à l’abri des prédateurs et renforcer ensuite les populations naturelles.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1301813861805428736"}"></div></p>
<p>Des travaux, menés dans le cadre d’un partenariat avec l’Agence française de développement, sont également en cours pour développer des outils permettant de restaurer efficacement les récifs coralliens menacés par des épisodes de blanchiment dans l’océan Pacifique.</p>
<h2>Intensifier la lutte contre les pollutions</h2>
<p>Entre terre et mer, la frontière n’est pas étanche, au point que <a href="https://theconversation.com/microplastiques-en-mer-les-solutions-sont-a-terre-111224">80 % de la pollution des mers</a> a une origine terrestre et se déverse via les fleuves et la bande littorale. Néanmoins, à la faveur d’actions publiques fortes notamment sur l’assainissement, cette pollution peut reculer comme nous l’avons constaté en France avec une amélioration de la qualité du milieu marin avérée depuis 30 ans.</p>
<p><a href="https://wwz.ifremer.fr/Expertise/Pour-un-littoral-mieux-preserve-et-restaure">Les derniers résultats de la surveillance du littoral</a> font ainsi apparaître une amélioration sur plusieurs fronts : contamination chimique, contamination microbiologique, prolifération des microalgues et eutrophisation. Toutefois, des points de vigilance persistent sur certaines zones du littoral ainsi que dans les territoires ultra-marins, confrontés à de problématiques spécifiques (chlordécone, sargasse, ciguatera).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1448969034100318262"}"></div></p>
<p>La pollution plastique fait l’objet d’une attention particulière. Une étude récente établit que <a href="https://wwz.ifremer.fr/Actualites-et-Agenda/Toutes-les-actualites/Pourquoi-le-nombre-de-microplastiques-a-la-surface-des-oceans-a-t-il-ete-multiplie-par-5-Parole-de-scientifique-8">8 à 18 millions de tonnes de déchets plastiques</a> arrivent en mer chaque année. Non biodégradables, ces déchets se fragmentent en microplastiques, de taille inférieure à 5 mm. Les scientifiques évaluent à <a href="https://wwz.ifremer.fr/L-ocean-pour-tous/Sciences-Societe/Parole-de-scientifique/Pourquoi-le-nombre-de-microplastiques-a-la-surface-des-oceans-a-t-il-ete-multiplie-par-5-Parole-de-scientifique-8">24 400 milliards la quantité de ces fragments présents dans l’océan</a>, soit 5 fois plus qu’on ne le supposait jusqu’ici !</p>
<p><a href="https://theconversation.com/images-de-science-la-pollution-aux-microplastiques-144634">Les conséquences pour la faune et la flore</a> sont loin d’être anecdotiques. Les microplastiques servent de cheval de Troie à tout un écosystème microscopique de bactéries, virus, microalgues ou microprédateurs qui « embarquent » sur les plastiques comme sur autant de radeaux de survie. Certaines espèces invasives utilisent aussi ce nouveau moyen de déplacement pour conquérir des territoires supplémentaires.</p>
<p>Autre écueil causé par cette « invasion » : les organismes filtreurs confondent les microparticules et nanoparticules de plastique avec le plancton et les ingèrent. <a href="https://theconversation.com/que-se-passe-t-il-quand-les-huitres-avalent-des-microplastiques-137921">Une expérimentation sur l’huître creuse <em>Crassostrea Gigas</em></a> a révélé qu’une exposition des mollusques en laboratoire à des microparticules et nanoparticules de polystyrène affecte leur reproduction.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1276018446346657797"}"></div></p>
<p>La pollution de l’océan n’est pas le seul fait des microplastiques et celle-ci reste encore largement méconnue. Aussi, mieux comprendre la nature de cette pollution et ses effets sur la biodiversité constitue l’un des 7 axes du <a href="https://www.cnrs.fr/sites/default/files/press_info/2021-06/05_PPR.pdf">programme de recherche « Océan et Climat »</a>, piloté conjointement par l’Ifremer et le CNRS.</p>
<h2>Eviter la surchauffe</h2>
<p>Longtemps l’océan a été ignoré comme un facteur clé de l’équation climatique par manque de connaissances sur le fonctionnement de l’environnement marin. Depuis sa création dans les années 2000, le <a href="https://www.youtube.com/watch?v=poP4i_XK-XU">programme international Argo</a> a contribué à rendre les secrets de l’océan moins impénétrables grâce à un <a href="https://theconversation.com/images-de-science-des-petits-robots-autonomes-qui-revolutionnent-lobservation-de-locean-163524">réseau de plus de 4000 flotteurs chargés de surveiller l’océan en temps quasi réel</a>. Des données qui ont permis aux sciences marines de faire un pas de géant.</p>
<p>Au fur et à mesure que les chercheurs assemblent les pièces du puzzle, on découvre que l’océan agit comme un amortisseur des effets du changement climatique : il a absorbé depuis le début de l’ère industrielle <a href="https://ocean-climate.org/wp-content/uploads/2020/01/1.-Loc%C3%A9an-r%C3%A9servoir-de-chaleur-Fiches-S-2019-.pdf">93 % de l’excès de chaleur</a> généré par les activités humaines et de <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/3/2019/09/SROCC_PressRelease_EN.pdf">30 % à 40 % du CO₂</a> présent dans l’atmosphère !</p>
<p>Une « générosité » qui n’est pas sans conséquence : l’océan a enregistré un nouveau record de chaleur en 2021 qui renforce une série de signaux préoccupants pour sa santé et celles de ses « habitants » : poursuite de l’élévation du niveau de la mer, diminution de l’oxygène dissous dans l’eau, acidification de l’océan, stress thermique pour certaines espèces marines ; mais aussi intensification des événements météorologiques extrêmes auxquels les territoires ultra-marins sont particulièrement vulnérables.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1204076097652088834"}"></div></p>
<p>Les huîtres et les moules peuvent par exemple souffrir, comme les coraux, de la diminution de la concentration en carbonate de calcium, élément chimique indispensable à la construction de leur coquille. Les chercheurs ont pu mettre en évidence que les mollusques, placés dans des conditions plus acides, présentent une coquille moins épaisse et plus légère, suggérant une moindre résistance à la prédation et aux chocs (vagues ou manipulations conchylicoles).</p>
<p>Pour la première fois, un <a href="https://wwz.ifremer.fr/Espace-Presse/Communiques-de-presse/Anticiper-l-impact-du-changement-climatique-sur-les-huitres-et-les-moules">projet scientifique</a> s’attache d’ailleurs à étudier les effets combinés du réchauffement climatique et de l’acidification sur plusieurs générations de bivalves du Nord de la Bretagne à la Méditerranée.</p>
<h2>Construire une gouvernance internationale</h2>
<p>Bien que récente, la prise de conscience de la communauté internationale sur le rôle primordial de l’océan dans les problématiques climatiques et de biodiversité est aujourd’hui réelle. La montée en puissance des sciences océaniques s’affirme comme une nécessité pour préserver un écosystème en voie de dégradation.</p>
<p>Signe de cette nouvelle dynamique : le développement des aires marines protégées, la création de structures de gouvernance comme l’IPBES ou la conférence intergouvernementale de l’ONU sur la biodiversité marine en haute mer (hors juridictions nationales). En témoigne aussi la publication d’un <a href="https://twitter.com/valmasdel/status/1204076097652088834?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1204076097652088834%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Ftheconversation.com%2Fdrafts%2F175532%2Fedit">rapport spécial du GIEC consacré aux océans et à la cryosphère</a>, ou encore <a href="https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000375148_fre">l’augmentation continue du nombre de publications scientifiques</a> touchant ce domaine.</p>
<p><a href="https://fr.unesco.org/ocean-decade">La Décennie des Nations unies</a> pour les sciences océaniques au service du développement durable, proclamée par l’ONU en 2021, constitue un autre jalon d’importance pour fédérer la communauté scientifique internationale, les gouvernements et la société civile autour de la recherche de changements transformateurs pour la conservation et l’exploitation durable des mers.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1442414975549534212"}"></div></p>
<p>En octobre 2021, la campagne internationale <a href="https://oneoceanscience.com/">One Ocean Science</a> a poursuivi ce même objectif en rassemblant des scientifiques de 37 organismes de recherche et de 33 pays pour se faire l’écho du rôle essentiel que doivent tenir les sciences océaniques pour mieux connaître et protéger l’océan.</p>
<p>C’est ce même sillage que creuse le One Ocean Summit qui se tiendra à Brest cette semaine, en présence de scientifiques experts de ces questions et de chefs d’État, avec une ambition commune : que l’océan ne soit plus seulement une source de préoccupation mondiale, mais aussi une porte ouverte sur de nouvelles solutions.</p>
<hr>
<p><em>Marie Levasseur (Ifremer) a co-écrit cet article. Clara Ulrich, Wilfried Sanchez et Philippe Goulletquer (Ifremer) ont contribué à son élaboration</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175532/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>À l’occasion du One Ocean Summit, qui se tient cette semaine à Brest du 9 au 11 février 2022, tour d’horizon des pistes de recherche prometteuses pour protéger le plus grand écosystème de notre planète.Anne Renault, Directrice scientifique, IfremerClara Ulrich, Coordinatrice des expertises halieutiques, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1620572021-06-13T16:35:29Z2021-06-13T16:35:29ZComment freiner le commerce illégal de déchets plastiques ?<p>Une récente opération mondiale contre la pollution marine, coordonnée en Europe par Interpol et Frontex, <a href="https://www.europol.europa.eu/newsroom/news/1-600-offences-detected-in-global-operation-against-marine-pollution">a dévoilé 1 600 délits environnementaux</a>, dont une grande partie liée au commerce illégal de déchets. 22 personnes suspectées d’être impliquées dans un réseau criminel de trafic de déchets plastiques entre l’Europe et l’Asie ont été arrêtées.</p>
<p>Rien qu’en 2020, dans les pays de l’OCDE, plus de 1,7 milliard de tonnes de déchets plastiques ont été envoyées de façon illégale à des pays tiers via des intermédiaires ou des « courtiers ».</p>
<p>La consommation de plastique dans le monde a atteint en 2018 les <a href="https://www.statista.com/statistics/282732/global-production-of-plastics-since-1950/">360 millions de tonnes</a>. La production de déchets est si importante que son recyclage ou sa valorisation énergétique génèrent un marché dont le volume commercial attendu pour 2022 dépasse les 50 milliards de dollars. Dans l’Union européenne, 25 millions de tonnes de déchets plastiques sont générées chaque année, <a href="https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_18_5">mais seuls 30 % sont récupérés pour le recyclage</a>.</p>
<p>L’exportation vers des pays membres ou extérieurs à l’Union européenne est une option prévue et permise par la norme européenne, tant qu’il existe des preuves solides que la récupération de matériaux s’effectuera dans des conditions équivalentes à celles imposées par la législation européenne.</p>
<p>Cependant, la gestion opérationnelle finale de ces déchets plastiques (recyclage et valorisation énergétique) dans les pays qui l’encouragent entraîne des coûts et le paiement de droits et de taxes. Ce qui génère un marché noir afin d’optimiser les profits.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=393&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/401046/original/file-20210517-23-1pskm2v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les principales évolutions dans les exportations de déchets plastiques vers l’Asie depuis janvier 2018.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.interpol.int/es/Noticias-y-acontecimientos/Noticias/2020/Un-informe-de-INTERPOL-alerta-del-drastico-aumento-de-los-delitos-relacionados-con-los-residuos-plasticos">Interpol</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Pourquoi il existe un marché noir des déchets</h2>
<p>Les motivations derrière ce commerce illégal sont nombreuses, mais voici les trois principales :</p>
<ul>
<li><p>La volonté de tirer profit d’une matière première en évitant les coûts du traitement approprié.</p></li>
<li><p>Le prix du plastique recyclé n’est pas compétitif par rapport au plastique vierge lorsque le prix du pétrole est relativement bas. Cela incite à s’en débarrasser par le biais de pays tiers.</p></li>
<li><p>L’existence d’un surplus important sur le marché producteur et le manque de traçabilité, en raison d’un <a href="https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_18_6444">écart évident entre l’offre et la demande</a> pour les plastiques recyclés.</p></li>
</ul>
<p>Ces expéditions illégales sont facilitées par un mauvais contrôle dans les ports de départ et par l’utilisation de licences d’exportation de matières plastiques (via des déclarations frauduleuses), alors qu’il s’agit en réalité de déchets plastiques.</p>
<p>Ceux-ci finissent dans des pays où ils sont traités illégalement : soit ils sont brûlés dans des installations énergétiques, soit ils sont déversés directement dans des décharges. Dans le meilleur des cas, un faux tissu industriel est formé pour recycler les plastiques sans contrôle sanitaire ni contrôle de la main-d’œuvre mobilisée.</p>
<h2>Incendies de décharges</h2>
<p>Depuis que les contrôles à l’importation se sont renforcés dans les pays qui recevaient traditionnellement ces déchets – alors que leur propre production est excédentaire – les pays d’Europe du Sud ont signalé une augmentation des feux de déchets plastiques dans les stations de traitement et les décharges.</p>
<p>L’administration espagnole a par exemple observé cette <a href="https://www.interpol.int/es/Noticias-y-acontecimientos/Noticias/2020/Un-informe-de-INTERPOL-alerta-del-drastico-aumento-de-los-delitos-relacionados-con-los-residuos-plasticos">évolution</a> liée à l’élimination des déchets accumulés dans les champs et les entrepôts de certains recycleurs.</p>
<p>L’Espagne avait l’habitude d’exporter près de 60 % de ses déchets plastiques vers la Chine. Depuis que cette dernière ne l’autorise plus, les centres de recyclage n’ont pas la capacité de traiter tout le plastique qui n’est plus exporté. Il a été estimé qu’entre 2017 et 2018, la fréquence des incendies de déchets en Espagne <a href="https://www.interpol.int/es/Noticias-y-acontecimientos/Noticias/2020/Un-informe-de-INTERPOL-alerta-del-drastico-aumento-de-los-delitos-relacionados-con-los-residuos-plasticos">a augmenté de 100 %</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=392&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/401047/original/file-20210517-23-r3ctwp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=493&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Types d’activités illégales de traitement des déchets plastiques, en janvier 2018.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.interpol.int/es/Noticias-y-acontecimientos/Noticias/2020/Un-informe-de-INTERPOL-alerta-del-drastico-aumento-de-los-delitos-relacionados-con-los-residuos-plasticos">Interpol</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Améliorer la gestion des plastiques</h2>
<p>La situation actuelle semble complexe. D’un côté, le contrôle à l’encontre de ces délits s’est renforcé. Les pays du Sud-est asiatique ne sont plus les importateurs traditionnels de déchets plastiques qu’ils étaient, ou du moins plus dans les mêmes proportions. La population de son côté souhaite de plus en plus contribuer au recyclage, ce qui entraîne une augmentation de la récupération de matériaux plastiques. Dans ce contexte, l’industrie de recyclage est toutefois incapable d’assimiler tous ces volumes de déchets.</p>
<p>Cela conduit les mafias à cherche de nouvelles destinations et « marchés » illégaux. On observe un transfert des déchets vers des pays tels que la Turquie, ou même au sein de l’Union européenne vers la Bulgarie, la Roumanie et la Pologne. Là, ils sont utilisés dans les usines de production d’énergie comme combustible de substitution, ce qui permet d’économiser environ 40 euros par tonne de plastique brûlé illégalement.</p>
<p>Pour résoudre cette situation, trois types de solutions existent :</p>
<p><strong>Techniques</strong></p>
<ul>
<li><p>Réduire ou éliminer la fabrication de plastiques non recyclables ou difficilement, comme ceux <a href="https://www.boe.es/doue/2019/155/L00001-00019.pdf">à usage unique</a> ; promouvoir des matériaux biodégradables alternatifs.</p></li>
<li><p>Augmenter la qualité des matériaux récupérés, en améliorant les systèmes de collecte sélective et l’efficacité des centres de tri.</p></li>
</ul>
<p><strong>Économiques</strong></p>
<ul>
<li><p>Faire en sorte que le recyclage soit plus rentable pour les entreprises, à travers des normes de recyclabilité et en augmentant la part des plastiques recyclés dans les nouveaux produits. Améliorer les systèmes de gestion des déchets impliquerait des économies de <a href="https://eur-lex.europa.eu/resource.html?uri=cellar:2df5d1d2-fac7-11e7-b8f5-01aa75ed71a1.0023.02/DOC_1&format=PDF">77 à 120 € par tonne collectée</a>.</p></li>
<li><p>Soutenir l’innovation et le financement pour le développement de plastiques plus intelligents et recyclables. On estime les besoins d’investissements en la matière entre <a href="https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/my/Documents/risk/my-risk-blueprint-plastics-packaging-waste-2017.pdf">8 400 et 16 600 millions d’euros</a>.</p></li>
</ul>
<p><strong>Politiques</strong></p>
<p>Sur le plan politique, il s’agit de lutter contre les importations illégales, sur la base de l’amendement de la <a href="https://www.basel.int/Portals/4/Basel%20Convention/docs/text/BaselConventionText-s.pdf">Convention de Bâle</a> – traité international sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et leur élimination, signé par 180 pays. Le but est de renforcer les règles d’exportation et d’obliger les opérateurs du commerce des déchets à demander le consentement du gouvernement du pays destinataire.</p>
<p>Au sein de l’Union européenne, plusieurs objectifs ambitieux ont été adoptés. <a href="https://ec.europa.eu/info/research-and-innovation/research-area/environment/circular-economy/plastics-circular-economy_en">Dix millions de tonnes</a> de plastiques recyclés seront convertis en nouveaux produits d’ici à 2025. Et en <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=celex:32018L0852">2030</a>, 55 % des déchets de contenus plastiques seront recyclés. Les bouteilles devront par ailleurs contenir au minimum 30 % de matériau recyclé.</p>
<p>Toutes ces mesures, comme d’autres qui émergent au fil du temps, contribueront à diminuer et éliminer le gouffre entre l’offre et la demande. Et elles compliqueront le traitement illégal de plastiques dont se nourrissent les mafias et les recycleurs sans scrupule.</p>
<p>Le défi est complexe et les consommateurs doivent également faire un effort pour changer leurs habitudes, afin de réduire la fabrication de certains produits en plastique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162057/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>José Vicente López ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En 2020, plus de 1,7 milliard de tonnes de déchets plastiques ont été transférées illégalement vers des pays tiers. Car leur gestion est coûteuse et l’industrie du recyclage incapable de tout absorber.José Vicente López, Investigador en el Departamento de Ingeniería y Gestión Forestal y Ambiental, Universidad Politécnica de Madrid (UPM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1598692021-06-07T19:58:52Z2021-06-07T19:58:52ZUne nouvelle génération de leaders pour l’océan<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/397367/original/file-20210427-19-1rvysi8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=80%2C6%2C1304%2C669&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une vue du haut Arctique norvégien à bord du navire de recherche Lance (juillet 2015).</span> <span class="attribution"><span class="source">Rick Bajornas/UN</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les océans sont aujourd’hui confrontés à de multiples dangers : le dérèglement climatique qui s’accélère, la perte de la biodiversité marine, l’extraction croissante des ressources (exploitation minière en haute mer), etc. Tout ceci à un moment où les hommes dépendent <a href="http://www.fao.org/documents/card/en/c/ca9229en/">plus que jamais</a> de l’océan pour se nourrir et gagner leur vie.</p>
<p>La décennie (2021-2030) que l’ONU se propose de consacrer <a href="https://www.oceandecade.org/">aux sciences océaniques au service du développement durable</a> – également connue sous le nom de « Décennie de l’océan » – a pour but d’assurer la pérennité des océans. Cette mission exige une action concertée de différents secteurs, disciplines, États, communautés et générations ; sa réussite passe par une diversité des voix représentant les leaders, actuels et à venir, de l’océan.</p>
<p>À ce titre, les jeunes professionnels de l’océan joueront un rôle clé dans le développement et l’application des connaissances marines inclusives qui sont le gage du succès.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/deqwrTvkqLw?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Présentation de la « Décennie de l’océan » lancée en 2021 par l’ONU (OzeanDekade in Deutschland/Youtube, 2021)</span></figcaption>
</figure>
<h2>Une approche intergénérationnelle pour la « Décennie de l’océan »</h2>
<p>Cette <a href="https://www.oceandecade.org/">« Décennie de l’océan »</a> reconnaît l’importance des professionnels en début de carrière, qui travaillent dans et avec l’océan, bien au-delà du seul domaine des sciences. Elle a ainsi mis en place un groupe de travail informel qui suscite l’intérêt de jeunes professionnels du monde entier. </p>
<p>Ce groupe de travail, dont nous faisons partie, est chargé d’établir une stratégie impliquant et incluant les points de vue et idées des jeunes dans l’ensemble du programme de la Décennie.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/395176/original/file-20210415-21-1ip0va8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/395176/original/file-20210415-21-1ip0va8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/395176/original/file-20210415-21-1ip0va8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=384&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/395176/original/file-20210415-21-1ip0va8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=384&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/395176/original/file-20210415-21-1ip0va8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=384&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/395176/original/file-20210415-21-1ip0va8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/395176/original/file-20210415-21-1ip0va8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/395176/original/file-20210415-21-1ip0va8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Des membres du groupe informel des jeunes professionnels pour l’océan (ECOP Informal Working Group) avec, de gauche à droite, Evgeniia Kostianaia, Erin Satterthwaite, Harriet Harden-Davies rencontrant l’océanographe Vladimir Ryabinin, à la tête de la Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alison Clausen/UNESCO</span></span>
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</figure>
<p>Si nous menons à bien la tâche qui nous est confiée, la diversité intergénérationnelle (et la reconnaissance de son importance) sera au centre des discussions sur la durabilité des océans, au-delà de la Décennie.</p>
<p>Notre objectif est d’initier des changements profonds dans la manière de concevoir et de mettre en application la science, les solutions et les innovations touchant aux océans.</p>
<h2>De nouveaux domaines de recherche</h2>
<p>Ce groupe de travail informel vise à amorcer cette révolution inter – et transdisciplinaire pour changer notre façon de <a href="https://oceandecade.org/news/99/A-Brave-New-Ocean-inspiring-the-start-of-the-Ocean-Decade">créer et d’utiliser les connaissances pratiques sur l’océan</a>.</p>
<p>Avec d’autres professionnels en début de carrière, nous appliquons dès maintenant des approches inclusives et participatives afin d’imaginer des <a href="https://www.oceandecade.org/about">solutions innovantes et efficaces</a>.</p>
<p>Conscients que les océans sont aujourd’hui <a href="https://www.cnbc.com/2017/06/06/un-secretary-general-guterres-says-worlds-oceans-are-facing-unprecedented-threat.html">plus menacés que jamais par les activités humaines</a>, notre groupe de travail s’efforce de trouver des solutions aux problèmes rencontrés dans les eaux côtières, la haute mer et les profondeurs de l’océan.</p>
<p>Nous menons au niveau mondial des recherches dans de nouveaux domaines et développons des initiatives originales pour faire connaître les données scientifiques sur l’océan et <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11160-020-09625-9">impliquer le public</a>.</p>
<h2>Le changement climatique à la loupe</h2>
<p>Beaucoup de jeunes professionnels de l’océan travaillent et mènent des recherches sur des sujets liés au dérèglement climatique.</p>
<p>Ils tentent notamment de répondre au défi croissant du <a href="https://chinadialogueocean.net/10294-climate-change-impact-on-ocean/">réchauffement et de l’acidification des océans</a> et élaborent des <a href="https://research.csiro.au/teps/current-activities/flatbackfutures/">stratégies d’adaptation</a>.</p>
<p>Agir pour le climat et s’adapter à ces nouvelles conditions climatiques nécessite des <a href="https://research.csiro.au/teps/current-activities/developing-adaptation-pathways-for-albatross-or-other-species/">approches innovantes et proactives</a>, capables d’intégrer divers facteurs environnementaux, sociaux et économiques.</p>
<h2>Des initiatives pour lutter contre la surpêche et la pollution</h2>
<p>Les jeunes professionnels s’impliquent aussi dans une variété d’initiatives contre la <a href="https://www.unep.org/regions/north-america/regional-initiatives/tackling-marine-debris">pollution marine</a>, le <a href="https://www.conserve-energy-future.com/causes-effects-solutions-ocean-dumping.php">déversement des déchets dans la mer</a> et la <a href="https://www.edf.org/oceans/overfishing-most-serious-threat-our-oceans">surpêche</a>, sans oublier la promotion de la <a href="https://www.wwf.eu/what_we_do/oceans/promoting_a_sustainable_blue_economy/">durabilité des océans</a> et de la <a href="https://www.prog-ocean.org/about/regional-ocean-governance/">gouvernance régionale</a>.</p>
<p>Nous nous intéressons particulièrement aux zones marines qui ne dépendent pas des juridictions nationales et présentent un défi spécial au niveau scientifique mais aussi de l’application de la loi et de la gouvernance.</p>
<p>Dans ce cadre, nous abordons des sujets tels que la <a href="https://www.abnjdeepseasproject.com/en/components/2">gestion de la pêche durable</a>, la création de <a href="https://www.pewtrusts.org/en/research-and-analysis/issue-briefs/2019/08/how-mpas-safeguard-the-high-seas">zones marines protégées</a> et d’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0308597X19309248">autres types de gestion du territoire</a>.</p>
<p>L’un des principaux enjeux des premières années de la « Décennie de l’océan » sera de créer un instrument juridiquement contraignant – en cours de négociation sous l’égide des Nations unies – pour la <a href="https://www.un.org/bbnj/">préservation et l’utilisation durable de la biodiversité en haute mer</a>.</p>
<p>D’autres jeunes professionnels réalisent un travail crucial sur les nouvelles activités d’extraction des ressources (potentiellement très risquées), comme l’<a href="https://www.iucn.org/resources/issues-briefs/deep-sea-mining">exploitation minière en haute mer</a>.</p>
<h2>Une plongée dans les eaux profondes</h2>
<p>Les connaissances scientifiques des eaux profondes restent limitées, mais des avancées se profilent dans les technologies d’observation peu coûteuses, notamment avec des <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmars.2020.601411/full">systèmes de caméras pour fonds marins</a> capables de contribuer aux recherches sur la <a href="https://www.mdpi.com/2077-1312/8/8/581">biodiversité</a>, la <a href="https://www.darwinfoundation.org/en/blog-articles/595-two-shark-species-newly-registered-in-the-deep-waters-of-the-galapagos-marine-reserve">répartition des espèces</a> et leur <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s12526-020-01122-3">comportement</a>.</p>
<p>La <a href="https://oceandecade.org/news/99/A-Brave-New-Ocean-inspiring-the-start-of-the-Ocean-Decade">recherche scientifique et d’autres sources de savoir</a> – notamment les <a href="https://oceandecade.org/news/99/A-Brave-New-Ocean-inspiring-the-start-of-the-Ocean-Decade">connaissances autochtones et traditionnelles</a> – nous aideront à mieux connaître les eaux profondes et les autres environnements marins, afin d’orienter et d’améliorer la gestion et la réglementation de ces écosystèmes essentiels.</p>
<h2>Ouvrir les horizons</h2>
<p>Notre vision et notre mission communes doivent refléter toutes ces nouvelles voix, comme en témoigne la liste des coauteurs de cet article.</p>
<p>Si la majorité sont des universitaires (71 %) et des fonctionnaires (11 %), beaucoup d’autres apportent des perspectives et des connaissances issues de la société civile, des industries du secteur maritime et des organisations intergouvernementales.</p>
<p>Nous nous sommes organisés en groupes de travail sur des sujets tels que le développement durable des entreprises, la formation et le mentorat, l’engagement de la jeunesse et la sensibilisation à l’océan.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/394919/original/file-20210414-19-1sve4ox.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/394919/original/file-20210414-19-1sve4ox.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/394919/original/file-20210414-19-1sve4ox.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/394919/original/file-20210414-19-1sve4ox.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/394919/original/file-20210414-19-1sve4ox.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/394919/original/file-20210414-19-1sve4ox.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/394919/original/file-20210414-19-1sve4ox.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=423&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Représentation internationale dans les groupes de travail des jeunes professionnels de l’océan.</span>
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</figure>
<h2>Changer nos habitudes, impliquer le plus grand nombre</h2>
<p>L’un de nos principaux objectifs est d’établir un lien entre l’océan et les personnes et communautés, afin d’encourager ces dernières à adopter des <a href="https://marinesanctuary.org/chow-2020-archive/">comportements écologiques et agir pour la préservation des océans</a>.</p>
<p>Afin de provoquer les changements voulus dans le milieu scientifique, certains jeunes professionnels de l’océan tentent de réinventer le processus de production des connaissances, en créant de <a href="https://www.jonathagiddens.com/4447-2/">nouvelles opportunités de communication</a>.</p>
<p>Des collaborations entre art et science peuvent ainsi permettre aux scientifiques et aux communautés de mieux explorer et transmettre leurs expériences de l’océan et les <a href="https://www.nationalgeographic.com/impact/article/jonatha-giddens-oceans">données qu’ils en tirent</a>.</p>
<p><a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2019.0461">L’océanographie citoyenne</a> représente une autre manière d’impliquer les communautés, en proposant aux participants d’interagir directement avec la science, voire d’influer sur les domaines de recherche.</p>
<p>Les <a href="https://www.nurdlehunt.org.uk/">nettoyages des plages</a> constituent par exemple une forme de contribution citoyenne à la science, engageant la population à s’investir dans leur milieu marin local, tout en produisant des données sur l’impact de la pollution dans l’océan, en étudiant notamment l’<a href="https://www.birdsanddebris.com/">interaction des animaux avec les déchets</a>. Ces données peuvent ensuite aider à déterminer l’ampleur et les effets des problèmes environnementaux, et à orienter la création de solutions pratiques.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/393062/original/file-20210401-15-1ev8546.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/393062/original/file-20210401-15-1ev8546.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/393062/original/file-20210401-15-1ev8546.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/393062/original/file-20210401-15-1ev8546.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/393062/original/file-20210401-15-1ev8546.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/393062/original/file-20210401-15-1ev8546.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/393062/original/file-20210401-15-1ev8546.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En s’associant à des groupes de jeunes et aux communautés locales, les jeunes professionnels de l’océan peuvent recueillir des données à plus grande échelle. Ici, ils travaillent avec des étudiants de Tasmanie dans un projet de recherche sur l’ingestion du plastique par les oiseaux marins.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Peter Puskic/Unesco</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<h2>Un meilleur accès aux ressources et aux infrastructures</h2>
<p>Nous avons beaucoup à gagner et pouvons largement contribuer aux <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmars.2020.00692/full">projets internationaux et interdisciplinaires d’envergure</a> en apportant des idées originales et novatrices dans les questions et les défis qui touchent les zones océaniques mondiales.</p>
<p>Néanmoins, pour espérer devenir des <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-021-00956-6">leaders de l’océan</a>, capables de contribuer à la protection des <a href="https://www.cell.com/one-earth/pdf/S2590-3322(20)30350-X.pdf">connaissances culturelles</a> et institutionnelles, et de favoriser des actions à responsabilité partagée aux effets notables sur plusieurs générations, il nous faut le <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s42532-019-00018-2">soutien des acteurs locaux</a>.</p>
<p>Un meilleur accès, plus équitable, aux ressources et aux infrastructures sera essentiel pour mobiliser les jeunes professionnels de l’océan, notamment dans les régions où leurs idées et leur énergie sont les plus utiles. Nous pourrons alors offrir à la génération actuelle, et aux générations futures, les moyens de créer des solutions inclusives et innovantes pour l’océan en vue d’un avenir plus durable à l’horizon 2030.</p>
<p><em>Traduit de l’anglais par Valeriya Macogon pour <a href="http://www.fastforword.fr">Fast ForWord</a>.</em></p>
<hr>
<p><em><strong>Autres contributeur·trice·s</strong> : <strong>Riaan Cedras</strong>, service de la biodiversité et biologie de la conservation, université du Cap-occidental, Afrique du Sud ; <strong>Alessia Dinoi</strong>, service de zoologie du centre de génomique environnementale et de préservation de la faune sauvage de l’université de Johannesburg, Afrique du Sud ; <strong>Jonatha Giddens</strong>, laboratoire technologique d’exploration de la National Geographic Society, États-Unis ; <strong>Alfredo Giron-Nava</strong>, centre de solutions océaniques de Stanford (Californie), États-Unis ; <strong>Claire Mason</strong>, Institut d’études marines et de l’Antarctique de l’université de Tasmanie, Hobart, Australie ; <strong>Guillermo Ortuño Crespo</strong>, centre de résilience de l’université de Stockholm, Suède ; <strong>Peter S. Puskic</strong>, centre de socio-écologie marine de l’université de Tasmania, Hobart, Australie.</em></p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/398644/original/file-20210504-19-1go5ksg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/398644/original/file-20210504-19-1go5ksg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/398644/original/file-20210504-19-1go5ksg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/398644/original/file-20210504-19-1go5ksg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/398644/original/file-20210504-19-1go5ksg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/398644/original/file-20210504-19-1go5ksg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/398644/original/file-20210504-19-1go5ksg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=419&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Depuis 60 ans, la <a href="https://ioc.unesco.org/">Commission océanographique intergouvernementale</a> (COI) de l'UNESCO a travaillé dans les coulisses pour permettre à ses États membres de travailler ensemble pour renforcer notre compréhension scientifique de l'océan au profit de l'humanité.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/159869/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rachel Kelly est membre du groupe de travail des professionnels de l'océan en début de carrière.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pradeep Arjan Singh est membre du groupe de travail des professionnels de l'océan en début de carrière.</span></em></p>Dans le cadre de la « Décennie de l’océan » lancée par l’ONU en 2021, de jeunes chercheurs et professionnels initient des actions entre les disciplines, les pays, les communautés et les générations.Rachel Kelly, Postdoctoral Research Fellow - Future Ocean and Coastal Infrastructures (FOCI) Consortium, Memorial University Canada & Centre for Marine Socioecology, University of TasmaniaPradeep Arjan Singh, Research Associate, Institute for Advanced Sustainability Studies, PotsdamLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1531432021-01-27T18:34:46Z2021-01-27T18:34:46ZBon vent, mais surtout bonne collecte !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/378361/original/file-20210112-21-ko0szl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C11%2C7904%2C5237&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’étude des océans occupe une place centrale dans la recherche sur le climat. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/mer-nature-eau-bleu-2765872/">Pexels/Jeremy Bishop</a></span></figcaption></figure><p>Les océans couvrent environ les deux tiers de la surface de la Terre, les observer et comprendre leur fonctionnement représentent une tâche immense et complexe. Le besoin de collecte de données sur cet environnement si peu accessible est par conséquent récurrent, tant depuis les débuts de l’océanographie moderne qu’aujourd’hui afin de comprendre, en particulier, les évolutions du climat.</p>
<p>Le parcours des grands navigateurs que sont aujourd’hui les skippers des grandes courses maritimes, comme le Vendée Globe, offre une opportunité sans équivalent pour réaliser une collecte d’observation in situ (« sur le terrain ») de certains paramètres physiques de l’océan, comme la salinité ou bien encore de la pollution par les déchets et plastiques.</p>
<p>Grâce à ces deux exemples, nous reviendrons sur les opportunités d’observations dans des régions encore largement sous échantillonnées et trop rarement explorées par des navires.</p>
<h2>La salinité, indicateur du réchauffement</h2>
<p>La salinité́ est aujourd’hui reconnue comme une variable climatique essentielle par les grands programmes internationaux de recherche sur le climat mondial, au même titre que la température des eaux ou bien le niveau de la mer qui caractérisent le réchauffement global. Elle forme aussi avec la température le couple de paramètres physiques fondamentaux de l’eau de mer, qui détermine et contrôle sa densité́ et joue ainsi un rôle majeur dans la circulation océanique.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/k4G6eQJGcRM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’impact du changement climatique sur les océans.</span></figcaption>
</figure>
<p>Il est donc primordial d’observer les variations spatio-temporelles de la salinité, afin d’être en mesure de les considérer dans les analyses réalisées en temps réel par les centres d’océanographie opérationnelle qui, à l’image des centres météorologiques pour l’atmosphère, permettent de prévoir les courants océaniques de demain.</p>
<h2>Des satellites pour observer les océans</h2>
<p>Depuis plus d’une décennie, le besoin d’observations directes de la salinité est devenu essentiel et impérieux afin de réaliser l’étalonnage des algorithmes de détermination de la salinité à partir des observations spatiales. </p>
<p>Différentes missions spatiales sont en effet dédiées à ce paramètre, telle la mission SMOS (Soil Moisture Ocean Salinity) de l’Agence spatiale européenne (ESA), qui demeure un <a href="https://doi.org/10.1016/j.rse.2020.111769">succès</a> depuis son lancement en novembre 2009.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1190573010823987200"}"></div></p>
<p>La couverture spatio-temporelle des satellites, renvoyant des observations hebdomadaires avec une résolution de 50 km environ et ayant une précision suffisante pour les études climatiques, demeure inégalée, mais ces observations sont dépendantes de nos capacités d’observations des plus fines échelles océaniques, que l’on nomme la méso-échelle océanique, présente sous forme de tourbillons, méandres et fronts, d’une grandeur caractéristique de 10 à 500 km.</p>
<h2>Les navires mis à contribution</h2>
<p>Afin d’être en mesure de détecter ces différents processus physiques dans les observations, il convient d’avoir des mesures en continu, ou du moins avec une fréquence d’acquisition élevée (typiquement toutes les 5 min), opportunité offerte par les enregistrements des thermosalinographes (instrumentation embarquée permettant la mesure de la température et de la conductivité de l’eau de mer, à partir desquelles on déduit celle de la salinité) installés à bord des navires de commerce et des voiliers de course.</p>
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<figcaption><span class="caption">Naviguer utile pour la science.</span></figcaption>
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<p>Ces derniers présentent deux avantages que sont l’exploration de régions peu ou quasiment pas explorées et parcourues par d’autres navires (peu de données sont, dans tous les cas, collectées au sud de 40°S) et l’effet « photographie quasi instantanée » des conditions environnantes à l’échelle d’un bassin océanique ou d’une traversée transocéanique. </p>
<p>Ce type d’observation a trouvé sa place aujourd’hui au sein de la communauté scientifique et les <a href="https://www.seanoe.org/data/00284/39476/">données</a> sont diffusées le plus largement possible.</p>
<h2>Traquer le plastique</h2>
<p>Le plastique ne serait plus fantastique ? Cette question, en écho à une chanson bien connue du début des années 1990, n’est pas vraiment pertinente tant les plastiques et les matières synthétiques se sont imposés dans toutes les filières industrielles ou médicales, et se sont si fortement imprégnés dans nos modes de consommation.</p>
<p>Pour autant, leur production en masse depuis les années 1950 et leur dissémination dans notre environnement (aujourd’hui, aucun milieu naturel sur la planète n’est resté vierge de leur impact et présence, visible ou non) amènent à penser que nous avons à faire à « une bombe à retardement », comme le soulignent deux parlementaires français dans <a href="http://www.senat.fr/notice-rapport/2020/r20-217-notice.html">leur récent rapport</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Plastiques : emportés par les courants.</span></figcaption>
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<p>Inévitablement, une partie des déchets plastiques issus de nos sociétés se retrouvera dans les mers et les océans. Des incertitudes persistent sur leur impact réel sur les écosystèmes naturels marins et, à plus long terme, sur la santé des humains ; mais le problème majeur réside dans le fait que nous ne disposons que d’une cartographie très partielle de la présence de ces déchets plastiques à la surface des océans, de leur présence supposée dans la colonne d’eau et de leur accumulation dans les sédiments et le fond des océans de notre planète. </p>
<p>Si l’on veut comprendre le cycle environnemental de ces déchets et leur ultime destination, il faut être capable de les détecter et de mesurer leur concentration dans le milieu océanique.</p>
<h2>Le Vendée Globe comme outil scientifique</h2>
<p>D’un point de vue dynamique, la dispersion des objets flottants reste complexe car elle implique différents processus physiques tels que l’effet direct des courants océaniques, celle du vent (action s’appliquant directement sur la partie émergée dans l’air de l’objet) ou bien encore celle de la dérive de Stokes (action liée aux vagues qui s’applique sur la partie submergée de l’objet) par exemple. </p>
<p>Un <a href="http://scor-flotsam.it/">groupe d’experts</a> international a tenté de synthétiser l’état de notre connaissance de ces processus et de leur observabilité avec des moyens de terrain ou bien encore depuis des capteurs embarqués sur de futures missions satellites.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1279009652773138433"}"></div></p>
<p>À l’image de la salinité déjà évoquée précédemment, l’apport de mesures depuis des grands transits océaniques ou, mieux encore, lors de course autour du monde représente une opportunité inégalée à l’heure actuelle de collecter des données uniques, des mesures dans des régions inexplorées jusqu’à présent, et d’être à même de dresser le constat de notre impact sociétal sur les océans.</p>
<p>Installé à bord de son IMOCA Newrest – Art & Fenêtres, c’est le pari et l’enjeu poursuivis par le skipper français Fabrice Amedeo pour la collecte de mesure de la concentration des microplastiques. </p>
<p>Les premiers tests et les premières mesures sont très encourageants, et même si l’abandon prématuré de Fabrice lors du Vendée Globe 2020/21 ne permet pas d’obtenir la première photographie ou cartographie de ces déchets à l’échelle globale, toute son équipe scientifique fait le pari que les prochaines courses apporteront une moisson riche d’observations inédites qui nous feront progresser dans notre connaissance et notre compréhension de ce problème majeur. </p>
<p>À l’instar de Jules Rouch, dans l’avant-propos de son <em>Traité d’océanographie</em> : « Gardons-nous de faire de l’océanographie sans explorer la mer ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/153143/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Christophe Maes a reçu des financements de CNES
</span></em></p>Le Vendée Globe, cette compétition autour du monde en solitaire, permet également aux scientifiques d’en savoir plus sur les effets du réchauffement climatique sur les océans.Christophe Maes, Chargé de Recherche Hors Classe, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1472692020-11-18T21:34:51Z2020-11-18T21:34:51ZPourquoi la pollution plastique des côtes est largement sous-estimée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/361557/original/file-20201005-22-s5rf9t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=16%2C5%2C1164%2C869&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Opération de nettoyage d'un filet enfoui par une tempête il y a 13 ans. Son poids était aux alentours de 700 kg.</span> <span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p><em>Julien Moreau, chercheur et fondateur de <a href="https://www.plasticatbay.org/fr/?v=79cba1185463">Plastic@Bay</a> est co-auteur de cet article.</em></p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020 (du 2 au 12 octobre 2020 en métropole et du 6 au 16 novembre en Corse, en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
<hr>
<p>Les images illustrant la pollution marine globale sont nombreuses et souvent impressionnantes lorsqu’elle affecte de manière spectaculaire les <a href="https://www.nationalgeographic.com/environment/habitats/plastic-pollution/">communautés côtières</a>. Étrangement, le public semble ignorer que cela se passe aussi chez eux, <a href="https://www.francebleu.fr/emissions/la-vie-en-bleu-le-mag/gironde/la-pollution-des-oceans-avec-vanessa-baldi-de-surf-rider">sur leurs plages</a>, <a href="https://www.ehn.org/plastic-in-farm-soil-and-food-2647384684.html">dans leurs champs</a> et <a href="https://fr.statista.com/infographie/17656/dechets-plastiques-dans-les-rivieres-et-fleuves-d-europe/">dans leurs rivières</a>.</p>
<p>Les océans étouffent, envahis par des dizaines de millions de tonnes de plastique <a href="https://science.sciencemag.org/content/347/6223/768">qui y ont été déversées</a>, mais les sociétés semblent étrangement dans le déni. La pollution est devenue dans l’esprit de beaucoup un phénomène quasiment normal, que l’on ne voit plus.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361549/original/file-20201005-18-137syic.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Carte de localisation de la baie de Balnakeil en Écosse.</span>
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<p>Plastic@Bay CIC</p>
<p>Le plastique a pris une telle place sur les côtes qu’il peut désormais être considéré comme un nouveau type de sédiment, qui se déplace et s’accumule dans notre environnement côtier pour in fine contaminer l’ensemble du vivant.</p>
<h2>Invisible plastique</h2>
<p>Sur la plage de la baie de Balnakeil, 3 à 5 kg de plastique sont ramassés quotidiennement, soit 1 à 1,5 tonne par an. Les visiteurs ne voient pourtant pas beaucoup de plastique sur cette plage perdue au bout de l’Écosse, car de nombreux résidents ont pris l’habitude de ramasser ce qu’ils y trouvent. Ce ramassage anonyme est probablement l’effort de nettoyage global le plus important, avant les actions communautaires ou professionnelles.</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<span class="caption">Portail montrant les quantités cumulées de plastique ramassé dans la baie de Balnakeil depuis avril 2017 (en bleu). En orange les vitesses d’accumulation de plastique déduites en kg/jour.</span>
<span class="attribution"><span class="source">capture d’écran</span></span>
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<p>Plastic@Bay CIC</p>
<p>Nous avons récemment lancé un <a href="https://www.youtube.com/watch?v=ll8Zplvq004">programme de science citoyenne</a> permettant à n’importe qui, n’importe où dans le monde, de soumettre le poids du plastique ramassé au cours d’une collecte. Cette méthode simple nous a aidés à illustrer localement l’échelle de la pollution, en partenariat avec les autorités et le public. Une démarche de partage d’information à laquelle nous invitons fortement les individus, associations et gouvernements à participer via <a href="https://www.plasticatbay.org/research">notre portail Internet</a> ou d’autres outils similaires.</p>
<p>Le caractère invisible du plastique sur les plages est aussi lié à sa façon de se déplacer et se déposer. Comme l’indique le graphique, sa vitesse d’accumulation estimée varie considérablement, allant de 1 kg/jour de plastique en été jusqu’à 140 kg/jour en hiver. Dans notre région subarctique, nous avons essentiellement des visiteurs en été, là où le plastique est moins présent. Les forts pics de pollution hivernaux sont en effet associés à des tempêtes qui ont la capacité de déposer une tonne de plastique sur la plage en quelques jours. Une semaine plus tard, vous n’en verrez plus que quelques kilos.</p>
<h2>Tempêtes et stockage du plastique</h2>
<p>Pour comprendre ce phénomène, il faut se pencher sur la sédimentologie des plages et leur réponse aux tempêtes. Par temps calme, en particulier en été, la plage est haute et descend en pente douce des dunes jusqu’à la mer. Le profil de la plage est dit « à l’équilibre » ; par conditions calmes, les sédiments vont se déposer pour préserver cette pente douce. Lors d’une tempête, le niveau de l’eau monte et les vagues vont aller percuter les dunes jusqu’en haut de la plage. Toute cette énergie commence par saper la base des dunes mais va progressivement aplanir le profil de la plage, jusqu’à le rendre quasi horizontal.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361550/original/file-20201005-24-2bgf30.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Le cycle du plastique côtier.</span>
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<p>Plastic@Bay CIC</p>
<p>Les fortes tempêtes prennent leur source dans les tropiques, notamment dans le golfe du Mexique. Elles vont lécher les côtes est-américaine et canadienne avant de traverser l’Atlantique Nord et venir percuter le nord-ouest de l’Écosse.</p>
<p>La capacité d’érosion de ces phénomènes climatiques ainsi que les précipitations vont alors arracher les plastiques accumulés en bords d’océan et de rivières tout au long de leur trajectoire, et emporter ainsi de grandes quantités de pollution. En bout de course, ces énormes volumes de plastique sont projetés sur la côte écossaise et peuvent y rester bloqués, sous certaines conditions que nous identifions au fil de l’article, lorsque la tempête se calme. En quelques jours, le sable ou les galets peuvent reformer le profil d’équilibre de la plage et enfouir tout le plastique, le rendant potentiellement inaccessible.</p>
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<span class="caption">Opération de nettoyage d’un filet enfoui par une tempête il y a 13 ans. Le filet a finalement pu être totalement enlevé après 3 ans de travail, à la faveur d’une forte tempête en février 2020. Le poids total du filet était aux alentours de 700 kg.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Plastic@Bay CIC</span></span>
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<p>Ce phénomène de stockage du plastique est très méconnu et généralement ignoré dans les estimations globales du plastique présent dans l’eau. Dans un rayon de 50 km autour du Cape Wrath, Plastic@Bay a ainsi estimé que 1000 à 2000 tonnes de plastique seraient enfouies.</p>
<h2>Le plastique concentré dans la baie</h2>
<p>Pour estimer la quantité de plastique marin flottant, les équipes scientifiques utilisent des filets qui sont traînés à l’arrière de bateaux. Les particules de plastique capturées sont ensuite comptées et en fonction de la distance parcourue et de la taille du filet, une concentration est estimée. Ces mesures se font généralement en haute mer et par temps calme, loin des conditions au cours desquelles nous observons les déplacements majeurs de plastique. Aux environs du Cape Wrath, les mesures relèvent environ <a href="https://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2019.110725">20 plastiques par kilomètre carré</a>. Or dans la baie de Balnakeil, nous ramassons l’équivalent de 70 plastiques par jour sur la plage, pour une surface bien inférieure à 1 km<sup>2</sup>.</p>
<p>Pour comprendre l’origine de cette différence, nous avons donc essayé de reproduire les conditions connues en mer dans la zone grâce à un <a href="https://www.mts-cfd.com/">modèle océanographique</a> simulant la marée et le vent. <a href="https://video.wixstatic.com/video/f6b0cc_be3b6189e4cd417fad1fcb225e777ecd/720p/mp4/file.mp4">Il nous montre</a> que lorsque la marée monte dans la baie, elle aspire un très grand volume d’eau et donc de plastique au large, vers l’intérieur des terres. Au cours des différents cycles, le <a href="https://video.wixstatic.com/video/f6b0cc_be3b6189e4cd417fad1fcb225e777ecd/720p/mp4/file.mp4">plastique va donc se concentrer</a> de plus en plus dans la baie.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=625&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=625&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=625&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=785&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=785&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361555/original/file-20201005-20-1jqo82e.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=785&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La marée et le vent contribuent à la concentration et l’accumulation de plastique dans la baie de Balnakeil.</span>
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<p>En parallèle, un vent récurrent très puissant pousse les plastiques en direction du Nord-est, donc de la plage. Par temps calme, si le plastique se déposait uniquement le long de la ligne de marée haute, très peu s’accumulerait car les marées suivantes seraient capables de le remettre en mer.</p>
<p>Néanmoins, le vent puissant et constant pousse les plastiques vers l’intérieur des terres, les rendant inaccessibles aux marées successives. C’est donc la combinaison des tempêtes, de la marée et du vent qui concentrent la pollution plastique dans certaines zones côtières et créent des accumulations majeures. Seules d’autres tempêtes, les plus fortes, ont le pouvoir de remobiliser et rendre cette pollution accessible.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=341&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=428&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=428&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/361553/original/file-20201005-14-1dlwiyy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=428&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Petite baie reculée située 30 km au sud de Balnakiel où le plastique s’accumule depuis des décennies. Nous avons évalué à 15 à 20 tonnes la quantité de plastique enfoui et à la surface sur 300 m de large.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Plastic@Bay CIC</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Comprendre le cycle côtier du plastique</h2>
<p>Il est désormais communément admis que le plastique a des effets néfastes pour la santé et la survie de l’écosystème global. Ses particules ont été retrouvées dans tous les types d’organismes, y compris les humains. Selon WWF, <a href="https://awsassets.panda.org/downloads/plastic_ingestion_press_singles.pdf">nous en ingurgitons en moyenne 5 grammes</a> par semaine.</p>
<p>Ce matériau ne se dégrade par ailleurs réellement que par l’exposition aux UV de la lumière naturelle. Le plastique enfoui reste donc intact et peut lentement polluer pendant des milliers d’années, voire plus. Les effets de sa concentration sur certaines plages sont marquants : leur identification est donc primordiale pour pouvoir nettoyer ces zones d’accumulation très régulièrement.</p>
<p>Ce nettoyage constitue un moyen peu cher de « diluer » la concentration globale de plastique dans l’océan. Pour être efficaces, nous avons calculé qu’il faudrait nettoyer tous les 4 jours, être immédiatement présents après les fortes tempêtes et ainsi récupérer le plastique accumulé depuis des décennies.</p>
<p>Grâce à cette méthode, le stock local de plastique enfoui baisse au cours des années. Les plages avoisinantes ne sont plus nourries par l’éventuelle remobilisation du plastique de la Baie de Balnakeil durant les plus fortes tempêtes. Il est donc essentiel qu’elle se généralise, que les États se saisissent du nettoyage professionnel des plages. C’est indispensable à la fois pour ne plus dépendre du bon vouloir de volontaires et gagner en efficacité, d’autre part pour réaliser des évaluations réalistes de la pollution, qui intègrent son coût réel et contribuent au débat <a href="https://www.theguardian.com/us-news/2019/dec/31/ocean-plastic-we-cant-see">sur les 99 % de plastique manquant</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147269/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cet article repose sur les données et résultats de Plastic@Bay dont le fondateur, Julien Moreau, a rédigé cet article en collaboration avec Julien Bailleul. Julien Bailleul et Julien Moreau ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leurs organisme de recherche et association respectivement.</span></em></p>Comprendre le cycle côtier du plastique permettrait de mieux évaluer le volume des déchets présents dans l’eau et sur la plage afin de lutte plus efficacement contre ce phénomène dramatique.Julien Bailleul, Enseignant-chercheur en géologie sédimentaire et analyse de bassin, UniLaSalleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1500142020-11-17T20:53:13Z2020-11-17T20:53:13ZPlastiques : la délicate question du « cycle de vie » des emballages<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/369141/original/file-20201112-13-1761eiu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les emballages plastiques à usage unique sont polluants et difficiles à recycler. </span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le 2 novembre dernier, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili annonçait que le gouvernement visait une diminution de 20 % des emballages plastiques à usage unique d’ici à 2025. Un peu partout dans le monde, des avancées législatives se concrétisent en la matière. La Nouvelle-Zélande par exemple, a elle aussi proposé cet été de <a href="https://www.beehive.govt.nz/release/government-regulate-environmentally-harmful-plastic-packaging-tyres-e-waste">réguler ce type d’emballages</a> et d’interdire <a href="https://www.mfe.govt.nz/publications/waste/reducing-impact-of-plastic-our-environment-moving-away-from-hard-to-recycle-and-single-use-items">plusieurs plastiques difficiles à recycler et articles en plastique à usage unique</a>.</p>
<p>Ces évolutions répondent à une <a href="https://www.colmarbrunton.co.nz/better-futures-reports-2020/">préoccupation grandissante de la population</a> autour du plastique, des <a href="https://science.sciencemag.org/content/369/6510/1515.abstract">volumes croissants</a> présents dans l’environnement, des preuves innombrables de ses <a href="https://www.pewtrusts.org/-/media/assets/2020/07/breakingtheplasticwave_report.pdf">effets négatifs sur l’environnement et la santé</a> et du rôle qu’il joue dans la <a href="https://www.ciel.org/wp-content/uploads/2019/05/Plastic-and-Climate-FINAL-2019.pdf">crise climatique mondiale</a>.</p>
<p>S’attaquer à l’emballage plastique est indispensable pour inverser ces tendances négatives. Il <a href="https://advances.sciencemag.org/content/3/7/e1700782.full">représente 42 %</a> de l’ensemble des plastiques non fibreux produits.</p>
<p>Mais l’industrie du plastique tente à tout prix de freiner ces efforts. Pour convaincre que les emballages plastiques sont irremplaçables, ses représentants assurent que leur régulation aura en réalité des <a href="https://www.scoop.co.nz/stories/PO2007/S00394/declaring-plastic-packaging-a-priority-product-will-be-bad-for-the-environment.htm">conséquences environnementales négatives</a>, car le plastique est un matériau léger dont l’empreinte carbone est plus faible que le verre, le papier ou le métal.</p>
<p>Ces arguments sont fondés sur ce que l’on appelle <a href="https://www.ademe.fr/expertises/consommer-autrement/passer-a-laction/dossier/lanalyse-cycle-vie/quest-lacv">« l’analyse cycle de vie »</a> (ACV). C’est un outil permettant de mesurer et comparer l’impact environnemental des matériaux tout au long de leur vie.</p>
<h2>Les arguments rôdés de l’industrie plastique</h2>
<p>L’ACV est utilisée <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/1099-1522(200003/04)13:2%3C55::AID-PTS490%3E3.0.CO;2-G">pour évaluer l’impact de l’emballage</a> depuis que l’entreprise Coca-Cola a commandé la première évaluation complète en 1969.</p>
<p>Bien que les praticiens indépendants de l’ACV puissent adopter des processus rigoureux, la méthode est <a href="https://www.eunomia.co.uk/reports-tools/plastics-can-life-cycle-assessment-rise-to-the-challenge/">vulnérable aux abus</a>. Selon le cabinet de conseil européen en gestion des déchets Eunomia, elle est limitée par les questions auxquelles elle cherche à répondre :</p>
<blockquote>
<p>« Posez des questions inappropriées, trompeuses, étroites ou mal informées et le processus n’apportera que des réponses du même genre. »</p>
</blockquote>
<p>Les ACV commandées par l’industrie ont souvent pour fondement des hypothèses positives sur le plastique. Selon elle, le poids léger du plastique compenserait ses impacts négatifs sur les humains, la faune et les écosystèmes. Certaines études sont même utilisées pour justifier l’expansion continue de la <a href="https://www.plasticseurope.org/application/files/9015/1310/4686/september-2010-the-impact-of-plastic.pdf">production de plastique</a>.</p>
<p>Mais ce plaidoyer néglige certains facteurs importants. En théorie, l’analyse cycle de vie tient compte de l’impact environnemental d’un produit tout au long de son existence. En pratique, cela varie d’une analyse à l’autre, puisque ceux qui la réalisent en délimitent les contours.</p>
<p>Zero Waste Europe a mis en lumière que l’ACV des emballages alimentaires omet souvent de prendre en compte certains aspects importants. Notamment la <a href="http://zerowasteeurope.eu/wp-content/uploads/2018/04/Justifying-plastic-pollution_The-shortcomings-of-LCAs-in-food-packaging-policy_FoEE-ZWE-April-2018.pdf">potentielle toxicité de certains matériaux</a>, ou l’impact des fuites dans l’environnement. Exclure des facteurs comme ceux-ci confère au plastique un avantage injustifié.</p>
<p>Des chercheurs ont par exemple <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26826362/">reconnu</a> l’échec critique de la méthode à prendre en compte la pollution marine. C’est désormais une priorité pour la <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s11367-017-1382-z">communauté scientifique</a>… mais pas pour l’industrie du plastique.</p>
<p>Malgré cela, même les études ACV douteuses conservent aujourd’hui un crédit important dans le domaine public. L’industrie de l’emballage capitalise dessus pour <a href="https://talking-trash.com/wp-content/uploads/2020/09/TalkingTrash_FullReport.pdf">distraire, retarder et empêcher</a> l’évolution de la législation. Il est difficile de réfuter les études de l’industrie qui promeuvent la supériorité environnementale du plastique car la mise en place d’une ACV robuste <a href="https://lcanz.org.nz/wp/wp-content/uploads/2020/08/LCT-LCA-and-transitioning-to-a-Circular-Economy-LCANZ-July-2020-v1.6.pdf">est coûteuse et prend du temps</a>.</p>
<h2>L’analyse cycle de vie et la politique d’emballage</h2>
<p>Si l’ACV séduit les décideurs soucieux de développer une politique d’emballage fondée sur la preuve, il est essentiel de bien connaître les limites de cet outil, sans quoi les politiques décidées risquent bien de renforcer la communication biaisée des industriels du plastique.</p>
<p>En Nouvelle-Zélande, un rapport intitulé <a href="https://www.pmcsa.ac.nz/topics/rethinking-plastics/">Rethinking Plastics</a> a été réalisé par le bureau du conseiller scientifique du premier ministre. Il a beaucoup influencé l’évolution de la politique nationale à l’égard du plastique.</p>
<p>Ce rapport consacre un chapitre entier à l’ACV. Or il comprend des études de cas qui n’adoptent pas réellement une approche cycle de vie complète, allant de l’extraction des matériaux nécessaires à la fabrication à l’élimination du produit. Un biais que le document ne concède qu’à la dernière page, en précisant que l’ACV ne tient pas compte des impacts environnementaux, économiques et sanitaires du plastique répandu dans l’environnement.</p>
<p>Le rapport suggère également, à tort, que l’ACV constitue « une approche alternative » à la hiérarchie du zéro déchet. En fait, les deux outils fonctionnent bien mieux ensemble. La hiérarchie du zéro déchet priorise les stratégies de prévention, réduction et réutilisation des emballages. Elle est en effet fondée sur l’idée selon laquelle ces approches ont un impact sur le cycle de vie plus faible que le recyclage et la mise en décharge.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368175/original/file-20201109-23-160b0s8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La Nouvelle-Zélande compte un nombre croissant d’épiceries zéro-déchet.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ugis Riba/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Or parmi les problèmes que pose l’ACV, l’un réside dans le fait que ses praticiens ont tendance à comparer des matériaux déjà disponibles sur le marché des emballages à usage unique. Une ACV guidée par la hiérarchie des déchets inclurait pourtant aussi des <a href="http://zerowasteeurope.eu/wp-content/uploads/2018/04/Justifying-plastic-pollution_The-shortcomings-of-LCAs-in-food-packaging-policy_FoEE-ZWE-April-2018.pdf">systèmes d’emballage zéro déchet ou réutilisable</a>. Une telle approche contribuerait à concevoir une politique d’emballages réellement durable.</p>
<p>La Nouvelle-Zélande compte déjà un <a href="https://www.facebook.com/sustainaotearoa">nombre croissant d’épiceries sans déchets</a>, approvisionnées par des entreprises locales qui livrent leurs produits dans des emballages réutilisables en vrac. Nous avons également <a href="https://takeawaythrowaways.nz/reuse-schemes-at-home-and-abroad">divers programmes de consignes pour les emballages des produits à emporter</a>.</p>
<p>Le pays a également signé le <a href="https://www.newplasticseconomy.org/assets/doc/Global-Commitment_Definitions_2020-1.pdf">New Plastics Economy Global Commitment</a>, qui engage des entreprises et des gouvernements dans la perspective d’augmenter les emballages réutilisables d’ici à 2025.</p>
<p>Des organisations reconnues comme la <a href="https://www.ellenmacarthurfoundation.org/publications/reuse">Fondation Ellen MacArthur</a> et l’ONG <a href="https://www.pewtrusts.org/en/">The Pew Charitable Trusts</a> estiment que <a href="https://www.pewtrusts.org/-/media/assets/2020/07/breakingtheplasticwave_report.pdf">30 % des emballages en plastique à usage unique</a> pourraient être remplacés par du <a href="https://www.pewtrusts.org/-/media/assets/2020/07/breakingtheplasticwave_report.pdf">réutilisable</a> d’ici à 2040. Le rapport de The Pew souligne :</p>
<blockquote>
<p>« Une réduction de la production de plastique – via l’élimination, la croissance des possibilités de réutilisation pour le consommateur, ou la naissance de nouveaux modèles de livraison – est la solution la plus attractive d’un point de vue environnemental, économique et social. »</p>
</blockquote>
<p>L’industrie du plastique a abusé de l’ACV pour faire valoir que les tentatives de réduction de la pollution du plastique auront de mauvais résultats sur le plan climatique. Mais de plus en plus, les <a href="https://www.lifecycleinitiative.org/">analyses du cycle de vie qui comparent les types d’emballages dans la hiérarchie des déchets</a> révèlent que cet argumentaire ne règle pas le problème principal, à savoir l’emballage à usage unique.</p>
<p>Les décideurs politiques devraient porter l’analyse du cycle de vie au-delà du carcan imposé par l’industrie et s’en servir pour éclairer la conception des systèmes d’emballage zéro et réutilisable. Ce faisant, les gouvernements pourraient contribuer à réduire la pollution par le plastique, ses effets négatifs sur la santé et les émissions de gaz à effet de serre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/150014/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Trisia Farrelly receives funding from Massey University, the Ryoichi Sasakawa Foundation, and Environmental Investigation Agency International. She is affiliated with Massey University, New Zealand Product Stewardship Council, Aotearoa Plastic Pollution Alliance, Global Alliance for Incinerator Alternatives, Break Free From Plastic, and Association of Social Anthropologists Aotearoa NZ.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Hannah Blumhardt is affiliated with the New Zealand Product Stewardship Council, The Rubbish Trip, Takeaway Throwaways,, Aotearoa Plastic Pollution Alliance, Better Futures Forum, Sustain Aotearoa: Independent Zero Waste Grocers Incorporated, Lawyers for Climate Action New Zealand and Zero Waste Network Aotearoa. Hannah also works part-time as a Researcher for Eunomia Research & Consulting NZ.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Takunda Y Chitaka ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’analyse cycle de vie des emballages alimentaires omet souvent l’impact et la toxicité éventuelle des fuites de plastique dans l’environnement. Ce qui donne aux plastiques un avantage injustifié.Trisia Farrelly, Senior Lecturer, Massey UniversityHannah Blumhardt, Senior Associate at the Institute of Governance and Policy Studies, Te Herenga Waka — Victoria University of WellingtonTakunda Y Chitaka, Postdoctoral Fellow, University of the Western CapeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1454822020-11-17T20:53:06Z2020-11-17T20:53:06ZLes bioplastiques, une solution bio pas si écolo<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/368559/original/file-20201110-17-66ok9u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C32%2C1115%2C747&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Parmi les bioplastiques produits aujourd'hui, moins de la moitié (44%) sont biodégradables en raison de leur nature chimique.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/coloured-glasses-compostable-bioplastic-plastic-free-1554934808">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Cible incontestable de l’amoncellement des déchets et de la nécessaire transition écologique, le plastique fait pourtant partie intégrante de notre quotidien. Polystyrène, PVC, Téflon, on trouve des objets en plastique tout autour de nous, des couverts jetables à usage unique aux écrans de nos smartphones, en passant par nos vêtements de sport anti-transpirants.</p>
<p>En 2018, on a ainsi produit <a href="https://www.plasticseurope.org/fr/resources/market-data">359 millions de tonnes</a> de plastique, contre 1,5 million en 1950. Depuis l’essor de ces matériaux légers et modulables à l’envi au milieu du XX<sup>e</sup> siècle, 9200 millions de tonnes ont été produites au total. Parmi ces quantités difficilement concevables, <a href="https://www.plasticseurope.org/fr/resources/market-data">40 % sont utilisées pour de l’emballage</a>. Les fins sachets transparents de polypropylène ou les protections en polystyrène expansé dans les colis ont souvent une durée de vie très limitée et sont difficilement recyclables.</p>
<p>Or ces plastiques de grande diffusion sont fabriqués à partir de produits issus de ressources minières (gaz, charbon et pétrole) augmentant encore leur impact environnemental. Les plastiques conventionnels représentent <a href="https://www.wingsoftheocean.com/plastique-industrie-petroliere/">4 à 8 %</a> de l’utilisation annuelle des ressources en pétrole.</p>
<p>Pour réduire l’empreinte écologique de ces plastiques, les bioplastiques se développent massivement, avec à leur tête le PLA (ou acide polylactique). À première vue, ils ont tout pour plaire : ils sont issus de ressources naturelles et renouvelables, leurs propriétés peuvent atteindre celles des polymères pétrosourcés et certains peuvent être recyclés ou compostés. Leur production intéresse donc les industriels de la plasturgie mais aussi les entreprises du secteur pétrolier, <a href="https://www.info-chimie.fr/biopolymeres-total-corbion-pla-inaugure-son-unite-de-pla-en-thailande,101800">telles que Total</a>.</p>
<p>Il convient pourtant de se montrer prudent devant les vertus annoncées de ces matériaux dits écologiques. En matière de disponibilités des ressources comme en matière de recyclage, les bioplastiques présentent encore des verrous importants qu’il est bon d’avoir à l’esprit.</p>
<h2>Les bioplastiques, késako ?</h2>
<p>Rappelons en premier lieu ce que l’on entend par plastiques et par bioplastiques. Les polymères thermoplastiques, plus simplement appelés plastiques, sont des matériaux organiques constitués de très grandes molécules essentiellement faites de carbone, d’hydrogène, d’oxygène, d’azote et de quelques autres composants comme le chlore ou le fluor. Les plastiques artificiels sont aujourd’hui obtenus à partir d’hydrocarbures (pétrole, gaz, charbon).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1101596831665008640"}"></div></p>
<p>Les biopolymères ou bioplastiques sont eux, comme leur nom l’indique, issus de ressources naturelles, renouvelables et principalement agricoles. Il s’agit de polymères produits à partir d’amidon, de saccharose ou d’huiles végétales, produits dans lesquels on retrouve ces très grandes chaînes carbonées. Ainsi, le PLA (acide polylactique) est obtenu par la fermentation de saccharose ou par l’hydrolyse d’amidon. Citons également les gommes végétales comme l’alginate, qui permettent de préparer des bonbons, ou la sève de l’hévéa qui donne du caoutchouc naturel que l’on retrouve dans les pneus. Mais des plastiques plus conventionnels peuvent aussi être biosourcés. Ainsi le PET (poly-éthylène-téréphtalate) des bouteilles plastiques, peut contenir jusqu’à 30 % de composants d’origine végétale.</p>
<p>Malgré des matières premières très diversifiées, les bioplastiques restent encore à la marge dans la production mondiale puisqu’ils représentent environ <a href="https://www.allize-plasturgie.org/fr/economie-circulaire/bioplastiques-production-mondiale">1 % de la masse totale de plastique produite</a>. Parmi cette production, le PLA, développé à partir de 1950, représente un peu plus de 10 % et le bio-PET représente plus du quart (26 %).</p>
<hr>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/bonnes-feuilles-plastique-le-grand-emballement-148787">Bonnes feuilles : « Plastique, le grand emballement »</a>
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<hr>
<h2>Quelle disponibilité pour les agroressources ?</h2>
<p>Les plastiques biosourcés représentent aujourd’hui une opportunité d’utiliser les sous-produits de l’agriculture, notamment de l’agriculture intensive. Mais cet approvisionnement pourrait présenter des inconvénients majeurs si la production venait à augmenter fortement.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1259685095503532034"}"></div></p>
<p>Ainsi <a href="https://fr.boell.org/fr/atlas-du-plastique">l’Atlas du plastique</a> précise que la production d’une tonne de PLA exige 2,39 tonnes de maïs, 0,37 hectare de terre et 2 921 m<sup>3</sup> d’eau. Cela signifie une utilisation massive de terres arables, des besoins en eau conséquents et le recours à des OGM pour la production à grande échelle de céréales ou de sucres. Même si le besoin énergétique est moindre pour le bioplastique que pour le plastique pétrosourcé, ces chiffres imposent une nécessaire réflexion vis-à-vis d’une production à très grande échelle. La question de l’usage de pesticides pour assurer des rendements agricoles entre aussi en jeu pour la production de ces… bioplastiques !</p>
<h2>Biosourcé n’est pas biodégradable</h2>
<p>On attribue souvent aux bioplastiques l’avantage d’être dégradable. Étant produit à partir de sucres, d’amidon, de cellulose ou même de gluten, il semble évident qu’ils sont en effet capables d’être détruits par des micro-organismes pour former du CO<sub>2</sub>, de l’eau et de la biomasse et créer ainsi un cercle vertueux. Or, parmi les bioplastiques produits aujourd’hui, moins de la moitié (44 %) sont réellement <a href="https://www.allize-plasturgie.org/fr/economie-circulaire/bioplastiques-production-mondiale">biodégradables</a> en raison de leur nature chimique.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=286&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368278/original/file-20201109-13-tkds8d.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=360&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cycle de vie circulaire des bioplastiques recyclables ou compostables.</span>
<span class="attribution"><span class="source">European Plastics</span></span>
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</figure>
<p>Le recyclage des bioplastiques biodégradables est quant à lui limité par plusieurs obstacles. Le premier est lié au système de gestion de nos déchets, les circuits de récupération des bioplastiques étant bien moins développés que ceux des plastiques courants utilisés dans les bouteilles d’eau ou de lessive fabriquées en polypropylène ou en PET. De nos jours, la récupération et l’identification de déchets en PLA pour le recyclage ou le compostage sont très peu mises en œuvre et ces déchets sont donc incinérés.</p>
<p>Pour que le PLA puisse être récupéré puis composté, des <a href="https://www.european-bioplastics.org/bioplastics/waste-management/composting/">conditions industrielles</a> sont requises. Il doit être chauffé à 60 °Celsius pendant plusieurs semaines pour donner du compost exploitable. Dans les faits, cela s’avère souvent trop coûteux pour les entreprises qui préfèrent le brûler. À l’inverse le compostage domestique du PLA est peu efficace et demeure donc marginal par rapport au compostage industriel.</p>
<p>Certains bioplastiques sont quant à eux biofragmentables, ou oxofragmentables, comme les sachets d’emballages compostables. Cela signifie que sous l’effet de la chaleur et de l’humidité, ils se décomposent en petits morceaux. Mais cela n’équivaut pas à un processus de biodégradabilité permettant de revenir aux molécules initiales. Les déchets sont plus petits, <a href="https://www.youtube.com/watch?v=6XonH-g5FfI">moins visibles mais toujours présents</a>. Leur petite taille facile de plus leur migration dans l’environnement et ils continuent de polluer l’environnement, sans être vus. L’interdiction de ces plastiques oxofragmentables est d’ailleurs en <a href="https://bo.citeo.com/sites/default/files/2020-06/Citeo%20Prospective%20-%20Note%20r%C3%A9glementation%20plastiques%20compostables%20et%20biosourc%C3%A9s.pdf">cours</a>.</p>
<p>En parallèle, les filières de recyclage des plastiques courants sont plus largement développées et permettent de recycler en France <a href="https://www.citeo.com/le-mag/les-chiffres-du-recyclage-en-france/">environ 23 % du plastique consommé</a>, dont la majorité correspond au plastique des emballages.</p>
<p>Une autre limitation du recyclage de ces matières nouvelles tient au fait qu’il faut souvent leur ajouter des renforts pour atteindre une tenue mécanique équivalente aux plastiques conventionnels. Il devient alors encore plus difficile de séparer la part de matière recyclage des fibres ou particules et donc de donner une seconde vie à ces bioplastiques.</p>
<p>Les bioplastiques font partie des <a href="https://lejournal.cnrs.fr/nos-blogs/matieres-a-penser/peut-concevoir-des-plastiques-ecoresponsables">voies suivies</a> par les acteurs du plastique pour réduire l’impact de ces matières sur l’environnement. Leurs avantages sont réels et il n’est pas nécessaire de leur tourner le dos.</p>
<p>Cessons donc de nous demander comment produire des plastiques moins dommageables pour la planète pour nous poser la question clé : comment réduire drastiquement notre consommation de plastique ? En cela, les <a href="https://bo.citeo.com/sites/default/files/2020-06/Citeo%20Prospective%20-%20Note%20r%C3%A9glementation%20plastiques%20compostables%20et%20biosourc%C3%A9s.pdf">interdictions de plus en plus nombreuses</a> d’articles à usage unique en France, comme en Europe, sont indispensables.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/145482/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Elise Contraires ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les bioplastiques présentent des avantages incontestables au regard des plastiques conventionnels. Mais leurs limites montrent que la vraie solution demeure de réduire notre consommation de plastique.Elise Contraires, Maîtresse de conférences en science des matériaux, École centrale de Lyon, CNRS, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1489622020-11-11T17:32:03Z2020-11-11T17:32:03ZLes bisphénols issus des microplastiques affectent le cerveau – et il y en a de plus en plus dans l’océan<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/368561/original/file-20201110-19-1lmf1qb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C10%2C2382%2C1785&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les ascidies sont des organismes marins. Leur système nerveux est étonnamment proche du nôtre.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ascidiacea#/media/Fichier:Tunicate_medley_komodo.jpg">Nick Hobgood / Wikipédia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Des tonnes de plastique sont produites <a href="https://theconversation.com/comment-le-monde-sest-plastifie-115991">chaque année</a>, et la plupart des déchets finissent dans les océans et les mers <a href="https://www.rtbf.be/tendance/green/detail_pres-de-230-000-tonnes-de-plastique-jetees-chaque-annee-dans-la-mediterranee?id=10618555">comme la Méditerranée</a>. Un des gros problèmes de cette pollution aux plastiques n’est pas ce que nous pouvons voir à l’œil nu – les sacs ou les emballages – mais bien ce que nous ne pouvons pas voir : les petits morceaux appelés « microplastiques », et aussi les molécules qui les composent. Des microplastiques ont été détecté pour la première fois <a href="https://sciencepost.fr/des-micro-et-nanoplastiques-detectes-dans-des-tissus-humains-pour-la-premiere-fois/">dans des tissus humains</a>. Ils présentent un risque pour notre santé, car ils libèrent de petites quantités de molécules toxiques, comme le tristement célèbre <a href="https://www.anses.fr/fr/content/bisph%C3%A9nol">bisphénol A</a>.</p>
<p>Le bisphénol A perturbe notamment le développement du cerveau. Nous étudions comment il affecte les animaux marins et leur développement, et comment ces informations pourraient être importantes pour les humains.</p>
<h2>D’où vient la toxicité du bisphénol A ?</h2>
<p>La toxicité de molécules chimiques comme le bisphénol A repose sur leur petite taille et leur facilité à traverser les membranes cellulaires. De plus, leur structure est très similaire aux hormones, les œstrogènes par exemple. Dans une situation normale, les hormones contrôlent notre système endocrinien en se liant sur des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9cepteur_nucl%C3%A9aire">récepteurs spécifiques</a> qui régissent de nombreuses étapes de la vie animale. Si on imagine ces « récepteurs nucléaires » comme de grosses pièces de Lego, le bisphénol A et les autres <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Perturbateur_endocrinien">« perturbateurs endocriniens »</a> sont de petites pièces de Lego qui s’accrochent très facilement au récepteur. Avec pour conséquence d’activer ou d’inhiber certains processus hormonaux, ce qui aura un effet indésirable dans notre corps.</p>
<p>Nous avons bien sûr besoin d’hormones au cours de notre vie, mais uniquement à certains moments, par exemple lorsqu’une femme accouche pour les œstrogènes, et à une dose spécifique. Plusieurs études ont montré qu’être exposé à des perturbateurs endocriniens d’une manière chronique, même en petites quantités, peut dérégler les récepteurs nucléaires, et donc le <a href="https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Sante/bisphenols-tous-incidence-lactivite-hormonale-2019-10-18-1201055231">système endocrinien</a>. Ce dérèglement du système endocrinien a été associé à des problèmes de santé très variés : infertilité, cancer du sein, diabètes, obésité, maladies cardiovasculaires, malformations congénitales, et maladies associées au développement du cerveau. En ce qui concerne ce dernier, quelques études ont associé la présence des bisphénols avec des troubles du comportement, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4474754/">par exemple</a> <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-019-39386-w">l’autisme</a>, ou le fait que ces molécules peuvent affecter nos capacités cérébrales.</p>
<p>Comment ces molécules impactent-elles le développement du cerveau ?</p>
<h2>Les premiers effets du bisphénol A sur le développement ont été découverts par hasard</h2>
<p>En 1992, le Dr Feldman et son groupe de recherche de l’université de Stanford pensaient que leurs cultures de levure produisaient une molécule œstrogénique. Il s’est avéré que ce n’était pas la levure qui synthétisait l’œstrogène, mais plutôt la <a href="https://doi.org/10.1210/endo.132.6.8504731">dissolution du tube en plastique où les levures poussaient</a>.</p>
<p>En 1998, la généticienne Patricia Hunt de la <em>Case Western Reserve University</em> remarquait un changement bizarre dans les œufs des souris femelles qu’elle étudiait : 40 % des œufs montraient une anomalie dans leurs chromosomes (taux bien plus élevé que ce qui est observé habituellement). Hunt remarqua alors que ses cages de souris recouvertes de plastique polycarbonate semblaient fondre, et découvrit que les cages avaient été lavées par erreur avec un détergent hautement alcalin. Après un véritable travail de détective, Hunt et ses collègues <a href="https://doi.org/10.1016/S0960-9822(03)00189-1">ont prouvé</a> que les anomalies chromosomiques des œufs étaient créées par le bisphénol A dissous du plastique endommagé.</p>
<p>Depuis 1998, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31201879/">plusieurs travaux ont montré la toxicité</a> du bisphénol A en utilisant des modèles vertébrés comme la souris et le poisson-zèbre, et quelques modèles invertébrés comme le ver <em>Caenorhabditis elegans</em> et le crustacé <em>Daphnia magna</em>.</p>
<h2>Les bisphénols affectent le développement du cerveau d’ascidie</h2>
<p>Dans notre laboratoire, on utilise les embryons d’ascidie pour étudier l’effet du bisphénol A sur le développement. Les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ascidiacea">ascidies</a> sont des animaux marins « filtreurs », c’est-à-dire qu’ils se nourrissent en filtrant l’eau de mer. Les microplastiques sont suffisamment petits pour être absorbés par les ascidies, <a href="https://www.ecomagazine.com/news/coasts/microplastics-and-plastic-additives-discovered-in-ascidians-along-israel-s-coastline">qui ingèrent aussi par conséquent les molécules toxiques associées</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368550/original/file-20201110-13-tryscw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368550/original/file-20201110-13-tryscw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368550/original/file-20201110-13-tryscw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368550/original/file-20201110-13-tryscw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368550/original/file-20201110-13-tryscw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368550/original/file-20201110-13-tryscw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368550/original/file-20201110-13-tryscw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Ascidie blanche, <em>Phallusia mammillata</em>.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1f/Ascidie_blanche%2C_Phallusia_mammillata.jpg/1280px-Ascidie_blanche%2C_Phallusia_mammillata.jpg">Waielbi/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Difficile à imaginer vu leurs apparences, mais les ascidies sont considérées comme des « cousins » de l’humain parmi les invertébrés, d’un point de vue <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Phylog%C3%A9nie">« phylogénétique »</a> : des études en évolution ont montré que les ascidies appartiennent au groupe des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chordata">« chordés »</a>, c’est-à-dire que l’embryon d’ascidie possède un cerveau centralisé lié à un tube nerveux et une corde dorsale. La simplicité et la transparence des embryons d’ascidie, ainsi que la <a href="https://doi.org/10.1002/mrd.23219">présence de récepteurs nucléaires dans leur génome</a>, font de ces animaux un système puissant pour découvrir les mécanismes impliqués dans les « modes d’action » des perturbateurs endocriniens. Une fois les mécanismes connus, on peut non seulement comprendre plus en détail l’effet de la pollution sur la faune marine, mais aussi comprendre comment ces perturbateurs endocriniens peuvent affecter les vertébrés, dont les humains, vu qu’ils partagent les mêmes récepteurs.</p>
<p>Au cours de ma thèse, nous avons découvert que le bisphénol A induit une <a href="https://doi.org/10.1016/j.aquatox.2019.105314">toxicité neuro-développementale</a> chez l’embryon d’ascidie. Plus précisément, la présence du bisphénol A dans le milieu marin provoque une malformation du cerveau de la larve, en diminuant la pigmentation et la taille des cellules sensorielles (celles qui permettent à la larve de nager dans la bonne direction). Alors qu’en absence de bisphénol A, ces cellules se forment ensemble et se séparent à la fin du développement, avec bisphénol A elles ne se séparent jamais – ce qui nous indique aussi une fenêtre d’action du bisphénol A très précise dans le temps. Le bisphénol E et bisphénol F provoquent aussi le même effet.</p>
<h2>Un récepteur très sensible dans le cerveau</h2>
<p>Mais la découverte plus importante de cette étude est la présence d’un récepteur nucléaire dans le cerveau de la larve d’ascidie, précisément au moment où les cellules sensorielles se développent. Il est appelé <em>estrogen-related receptor</em> ou « ERR » et il peut lier fortement le bisphénol A.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/368549/original/file-20201110-19-909z4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368549/original/file-20201110-19-909z4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=232&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368549/original/file-20201110-19-909z4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=232&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368549/original/file-20201110-19-909z4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=232&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368549/original/file-20201110-19-909z4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368549/original/file-20201110-19-909z4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368549/original/file-20201110-19-909z4i.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=292&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Deux larves d’ascidie montrant les cellules sensorielles du cerveau qui sont pigmentées alors que l’embryon est très transparent. On peut voir dans la larve traitée au bisphénol A, à droite, que les cellules sensorielles pigmentées sont réduites et que leurs positions dans le cerveau sont affectées.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Rémi Dumollard et Isa Gomes</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans le cerveau humain et celui du poisson-zèbre, ce récepteur lie aussi le bisphénol A. Chez l’humain, le récepteur ERR est très souvent <a href="https://doi.org/10.3389/fendo.2015.00083">associé aux cancers du sein et de la prostate</a>, mais jusqu’à présent peu d’études se concentrent sur son rôle potentiel <a href="https://doi.org/10.3390/ijms19041091">dans le cerveau</a>.</p>
<p>Pour vérifier notre hypothèse selon laquelle le récepteur ERR peut être impliqué dans le développement du cerveau de la larve d’ascidie, nous avons exposé les embryons à d’autres molécules connues pour se lier à ce récepteur ERR (le diéthylstilbestrol et le tamoxifène). Nous avons observé un effet similaire – une malformation des cellules sensorielles du cerveau.</p>
<p>Il reste maintenant beaucoup de travail à faire : tout d’abord il faut prouver la liaison du bisphénol A au récepteur ERR de l’ascidie ; puis, il faut établir le rôle de ce récepteur nucléaire dans le cerveau et répondre à la question : comment est-il impliqué dans les malformations du cerveau lorsqu’il est lié par le bisphénol A ? La réponse à cette question aidera non seulement à mieux comprendre l’effet de la présence de molécules issues du plastique dans les animaux marins, mais aussi à mieux comprendre la complexité du mode d’action des perturbateurs endocriniens chez les vertébrés, afin de prouver aux agences gouvernementales à quel point elles peuvent être dangereuses pour l’environnement, et par conséquent limiter encore plus la production et l’utilisation de ces plastiques.</p>
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<p>« Nous sommes liés à l’océan. Et quand nous retournons à la mer – que ce soit pour naviguer ou pour la regarder, nous revenons d’où nous venons. » (<a href="https://www.jfklibrary.org/about-us/news-and-press/press-releases/new-exhibit-to-celebrate-jfks-love-of-the-sea">John F. Kennedy</a>, 1962)</p>
</blockquote><img src="https://counter.theconversation.com/content/148962/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isa Gomes a reçu des financements de l'École Doctorale Complexité du Vivant (ED515) et de Marine-EmbryoTox project (ANR-14-OHRI-0009-01-1).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Rémi Dumollard a reçu des financements de l' Agence Nationale de la Recherche (grant Marine‐EmbryoTox: ANR‐14‐OHRI‐0009‐01‐1), du CNRS, de Sorbonne Université et de l'Agence pour le Recherche sur le Cancer (ARC)</span></em></p>Comment les polluants chimiques comme le bisphénol A affectent-ils le développement du cerveau ?Isa Gomes, Associate research scientist, Sorbonne UniversitéRémi Dumollard, Chercheur CNRS, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1446342020-08-18T17:50:36Z2020-08-18T17:50:36ZQue sont les microplastiques et pourquoi sont-ils un énorme problème dans les océans ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/353395/original/file-20200818-18-11vwpil.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=23%2C0%2C3976%2C2994&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Microplastiques collectés au filet à la surface de la Méditerranée.</span> <span class="attribution"><span class="source">F. Galgani/ J. H. Hecq</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Les microplastiques, petits fragments de moins de 5 millimètres parfois joliment appelés <a href="https://www.ouest-france.fr/bretagne/lorient-56100/les-larmes-de-sirene-sechouent-en-silence-4321779">« larmes de sirènes »</a> par certaines ONGs, sont devenus le symbole de la pollution plastique des océans. Ils ne représentent qu’environ 10 % du poids de la pollution plastique en mer, mais 90 % du nombre des objets trouvés à la surface.</p>
<p>Parfois conçus pour être de petite taille dès leurs fabrication, ils proviennent pour la majeure partie de la fragmentation des plastiques en mer ou des peintures de navires, arrivant également par les fleuves ou l’atmosphère pour les fibres textiles ou ceux issus de l’usure des pneus.</p>
<p>Ils constituent un univers très varié de formes, couleurs, et de composition, et reflètent les divers usages de l’homme. Les moins denses comme les polyéthylènes (sacs plastiques, jouets, etc.) sont essentiellement flottants alors que les plus lourds comme les polychlrorovinyls (tuyaux, etc.) peuvent s’accumuler dans les sédiments marins, parfois très profonds.</p>
<p>Si leur quantité sur les fonds semble augmenter avec la production mondiale de plastiques, ceux en surface ou ingérés par les organismes restent à des niveaux relativement constants, sans que l’on connaisse vraiment les mécanismes de transfert et de dégradation. Leur cycle reste encore un mystère, mais leur quantité est phénoménale, avec plus de 5 milliards de milliards de microparticules pour celles flottantes à la surface des océans et des concentrations parfois de plusieurs dizaines de particules par kilogramme de sédiments dans les fonds.</p>
<p>Ces microplastiques voyagent loin, très loin, jusqu’aux pôles et s’accumulent parfois dans des zones de surface, dites de convergence. Ainsi a-t-on parlé de « continents de plastiques », vue largement exagérée correspondant seulement à des concentrations élevées, cependant moindres que celles d’eaux côtières comme le golfe du Bengale ou la Méditerranée, mer la plus touchée par la pollution plastique ou les maxima ont atteint 64 millions de particules par km<sup>2</sup>.</p>
<p>La bonne nouvelle est que malgré leur ingestion par certaines espèces du plancton, les filtreurs, comme les éponges et mollusques, les poissons ou certains cétacés, ils ne sont pas transférés dans la chaîne alimentaire, car excrétés dans des temps variant de quelques heures à quelques jours seulement.</p>
<p>En conséquence, le risque pour l’homme de les retrouver dans les produits issus de la pêche ou de l’aquaculture reste limité, en tout cas très en deçà de ceux liés à la consommation d’eau de consommation courante ou à l’ingestion par les voies respiratoires.</p>
<p>Sur le plan environnemental, quelques espèces comme les oiseaux de la famille des fulmars ou albatros restent très exposés en raison de fortes accumulations dans les jabots de leurs estomacs, provoquant des blessures, parfois la mort, mais servant également à la digestion.</p>
<p>Autre nouvelle rassurante, les produits chimiques fixés sur les plastiques constituent un risque mineur de contamination en raison des quantités très en deçà de celles contenues dans l’eau de mer, les sédiments ou de la matière organique où s’accumulent également les polluants.</p>
<p>L’impact le plus important semble celui lié aux transports d’espèces sur les microplastiques des bactéries, virus marins, et autres espèces unicellulaires d’algues parfois toxiques ou parfois d’animaux pathogènes comme l’espèce Martelia, responsable de mortalités plus élevées chez les huîtres creuses. Bien que mal connu, le nombre de microorganismes transportés par les milliers de milliards de microplastiques à la surface des océans pourrait largement affecter les équilibres des écosystèmes océaniques et côtiers.</p>
<p>Enfin, les microplastiques peuvent se dégrader eux-mêmes en particules plus petites, les nanoplastiques dont la <a href="https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acs.est.7b03667">présence en mer est argumentée</a>. Pas de chiffres disponibles, mais leur présence pourrait changer la perception des risques pour l’homme, car contrairement aux microplastiques, ils peuvent s’accumuler dans les tissus des organismes marins et être transférés dans la chaîne alimentaire.</p>
<p>Le traitement tertiaire dans les stations d’épuration, spécifique aux microplastiques, l’interdiction déjà effective de l’usage cosmétique des microplastiques, et une gestion améliorée du transport et de la maintenance des granulés industriels sont les mesures phares spécifiques aux microplastiques.</p>
<p>Au-delà, toutes les solutions existantes pour la pollution plastique en général serviront à limiter leur nombre et leurs impacts. La recyclabilité augmentée des matériaux et le niveau de recyclage, les interdictions des plastiques à usage unique, un meilleur traitement des eaux, les bonnes pratiques dans le domaine industriel, du transport maritime et de la pêche et des comportements plus appropriés du genre humain sont les premières mesures favorisant l’économie circulaire. Seulement certaines sont engagées depuis peu, malgré des enjeux scientifiques, environnementaux, sociaux, économiques et politiques considérables. Il reste beaucoup à faire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/144634/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Galgani ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La pollution des mers et des océans par les plastiques devient un enjeu tant environnemental que de santé pour les animaux marins et les humains.François Galgani, Chercheur en océanographie et sciences de l'environnement, IfremerLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1307572020-02-12T19:55:11Z2020-02-12T19:55:11ZLa pollution par microplastiques est partout, mais on connaît mal ses effets sur la faune<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/312655/original/file-20200129-92987-8kx14a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les gros morceaux de plastique se décomposent en minuscules particules appelées microplastiques qui peuvent rester dans l’environnement pendant des centaines d’années.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La pollution par les matières plastiques est une préoccupation mondiale croissante. De gros morceaux de plastique ont été trouvés presque partout sur la Terre, des <a href="https://www.energies-nouvelles.net/eco-gestes/nettoyage-plages-nature-bannir-plastique/">plages les plus fréquentées</a> aux <a href="https://www.ompe.org/pollution-des-oceans-quand-le-plastique-remplace-le-sable-blanc/">îles isolées et inhabitées</a>. Comme la faune est régulièrement exposée à la pollution par le plastique, nous cherchons à comprendre les effets de celle-ci sur les animaux.</p>
<p>Au fil du temps, les macroplastiques (débris de plus de cinq millimètres) se décomposent en minuscules particules appelées microplastiques (moins de cinq millimètres), qui peuvent demeurer dans l’environnement <a href="https://www.novethic.fr/actualite/infographies/isr-rse/infographie-tout-tout-tout-vous-saurez-tout-sur-le-plastique-146089.html">pendant des centaines d’années</a>.</p>
<p>On connaît les effets néfastes des macroplastiques sur la faune. Les animaux peuvent <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1090985/plastique-depotoir-pacifique-continent-microplastiques-etude">ingérer de gros morceaux</a> ou <a href="http://www.fao.org/3/a-i0620f.pdf">s’enchevêtrer dans des objets en plastique</a>, tels que du matériel de pêche, et s’étouffer ou mourir de faim. S’il ne fait aucun doute que les macroplastiques sont nocifs pour la faune, les impacts des microplastiques sont plus subtils.</p>
<p>De nombreuses études démontrent que les microplastiques peuvent affecter l’expression des gènes, la croissance, la reproduction ou la survie des animaux, mais d’autres concluent qu’ils n’ont pas d’effets négatifs. L’absence de consensus clair rend plus difficile l’adoption de politiques efficaces pour réduire la pollution par les plastiques.</p>
<h2>Les plastiques : pas tous pareils</h2>
<p>Nous avons analysé en profondeur des <a href="https://doi.org/10.1002/eap.2044">études sur les impacts de la pollution plastique sur la faune aquatique et terrestre</a>.</p>
<p>Nous avons constaté que si les macroplastiques ont effectivement des effets néfastes sur des animaux individuels, ils provoquent également des changements à grande échelle dans les populations d’animaux et les écosystèmes. Ainsi, la pollution par les plastiques peut <a href="https://www.nationalgeographic.com/environment/2018/08/news-invasive-species-ride-plastic-across-ocean">introduire des espèces envahissantes dans de nouveaux habitats en</a> transportant des organismes à des centaines de kilomètres de leur aire de répartition naturelle, modifiant la composition des communautés.</p>
<p>Les effets des microplastiques sont cependant beaucoup plus complexes. Près de la moitié (45 pour cent) des études que nous avons incluses dans notre analyse ont conclu que les microplastiques avaient une incidence sur la faune. Certaines ont montré qu’ils réduisaient la durée de vie des animaux, que ceux-ci mangeaient moins ou nageaient plus lentement, tandis que d’autres ont constaté des changements dans le nombre de rejetons engendrés et dans les gènes exprimés. Toutefois, 55 pour cent des études n’ont détecté aucun effet.</p>
<p>Pourquoi certaines études découvrent-elles des impacts alors que d’autres n’en trouvent pas ? Il existe plusieurs réponses possibles. Tout d’abord, les chercheurs ont utilisé différents modèles pour leurs expériences de laboratoire.</p>
<p>Il y a aussi la question de savoir de quoi on parle. Le terme « microplastiques » désigne un mélange complexe de plastiques dont la matière (comme le polyéthylène, le polystyrène ou le polychlorure de vinyle), les produits chimiques qu’on y retrouve (comme les additifs, les charges et les colorants), ainsi que la taille et la forme varient. Chacune de ces caractéristiques, de même que la quantité de plastique à laquelle l’animal est exposé au cours de l’expérience, peuvent modifier la possibilité de constater un effet.</p>
<h2>Microfibres et microbilles</h2>
<p>Par exemple, nous avons constaté que lorsqu’on expose des crustacés au polystyrène – qu’on retrouve dans des contenants, des couvercles et des couverts jetables –, les crustacés produisent en général plus de descendants. Mais quand ils sont en contact avec du polyéthylène ou du polyéthylène téréphtalate – dans les sacs en plastique et les bouteilles de boisson –, ils en ont moins.</p>
<p>Nous avons également observé que les études utilisant des particules plus petites détectent plus souvent un impact. Cela peut être attribuable au fait que ces particules sont plus facilement consommées par les petits organismes ou qu’elles peuvent traverser la membrane cellulaire et provoquer des effets tels que l’inflammation.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/311884/original/file-20200124-81395-1r2bior.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/311884/original/file-20200124-81395-1r2bior.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1012&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/311884/original/file-20200124-81395-1r2bior.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1012&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/311884/original/file-20200124-81395-1r2bior.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1012&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/311884/original/file-20200124-81395-1r2bior.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1272&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/311884/original/file-20200124-81395-1r2bior.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1272&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/311884/original/file-20200124-81395-1r2bior.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1272&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">On trouve des microbilles dans les produits exfoliants tels que les nettoyants pour le visage et le dentifrice. Plusieurs pays ont interdit leur production et leur vente.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En ce qui concerne la forme du plastique, les microfibres (de tissus ou de cordes) et les fragments ont plus souvent un impact sur l’organisme que les billes (des nettoyants pour le visage). Ainsi, une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28594093">étude</a> a démontré que les microfibres étaient plus toxiques pour une espèce de crevettes marines que les fragments ou les sphères de microplastique.</p>
<p>D’autre part, on peut s’attendre à ce que les impacts chez les animaux soient proportionnels aux concentrations de microplastiques. S’il est vrai que les crustacés ont plus de risques de mourir lorsqu’ils sont exposés à des doses accrues de microplastiques, l’effet sur la reproduction est plus complexe. Le nombre de descendants augmente avec des doses extrêmement élevées, mais diminue à des doses plus faibles, comme ce que l’on observe dans l’environnement.</p>
<h2>Différentes particules, différents résultats</h2>
<p>À la lumière de notre étude, nous considérons que la recherche doit reconnaître la complexité des microplastiques et que les scientifiques doivent concevoir leurs tests de manière stratégique afin que nous puissions réellement comprendre comment les différents types, tailles, formes et doses de microplastiques ainsi que la durée d’exposition à ceux-ci affectent la faune.</p>
<p>Plusieurs pays, dont le <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/substances-chimiques/autres-substances-chimiques-interets/microbilles.html">Canada</a>, le <a href="https://edition.cnn.com/2018/01/09/health/microbead-ban-uk-intl/index.html">Royaume-Uni</a> et les <a href="https://www.fda.gov/cosmetics/cosmetics-laws-regulations/microbead-free-waters-act-faqs">États-Unis</a>, ont récemment interdit les microbilles de plastique – les perles et fragments présents dans les nettoyants pour le visage, les gommages corporels et le dentifrice – parce qu’ils contaminaient l’environnement et ont des effets potentiellement négatifs sur les animaux aquatiques. Bien que cette législation réduise un type de microplastique dans l’environnement, elle ne concerne pas beaucoup d’autres types.</p>
<p>Pour prendre les bonnes décisions politiques, il nous faut mieux comprendre comment les différents types, formes et concentrations de microplastiques affectent la faune et la flore. Si, par exemple, les microfibres s’avèrent effectivement plus nocives que les sphères, nous pourrions travailler à empêcher la pénétration de ces fibres dans les cours d’eau à partir de sources connues, <a href="https://www.consoglobe.com/microfibres-plastiques-lavage-oceans-cg">telles que les machines à laver</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130757/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kennedy Bucci reçoit des fonds du ministère de l'environnement, de la conservation et des parcs.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Chelsea Rochman reçoit des fonds du ministère de l'Environnement, de la Conservation et des Parcs et du CRSNG. Elle est également conseillère scientifique auprès de l'Ocean Conservancy.</span></em></p>De nombreuses études montrent que les microplastiques ont des effets négatifs importants sur la faune aquatique, mais d'autres n'en révèlent pas.Kennedy Bucci, PhD Student, Department of Ecology and Evolutionary Biology, University of TorontoChelsea Rochman, Assistant Professor of Ecology and Evolutionary Biology, University of TorontoLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1309032020-02-04T19:54:42Z2020-02-04T19:54:42ZPlanetary Boundaries : un outil pour limiter l'impact environnemental de l'industrie textile<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/312859/original/file-20200130-41481-j04sku.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les déchets textiles sont des polluants majeurs dans les pays d'Asie du Sud-Est comme le Bangladesh.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/textile-waste-major-polluter-southeast-asian-1203644071">Swapan Photography / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Beaucoup d’entreprises sont conscientes que leur survie à moyen voire long terme dépend des ressources naturelles que notre planète est susceptible de leur fournir. Un nombre croissant de rapports et d’études portant sur le développement durable des entreprises intègrent des expressions ou propose de grands titres tels que « réduire notre empreinte environnementale », « diminuer les émissions de CO<sub>2</sub> » ou encore « réduire de moitié notre consommation d’eau ».</p>
<p>Bien que ces déclarations puissent dénoter de véritables intentions, les actions concrètes qui permettent effectivement de poursuivre ces objectifs affichés restent toutefois à identifier, tant que les entreprises ne pourront pas connaître précisément leurs impacts en termes de pollution et de consommation de ressources naturelles au niveau régional, national et international.</p>
<h2>Processus interdépendants</h2>
<p>Dans ce but, il peut alors être pertinent de mobiliser le cadre d’analyse <a href="https://www.nature.com/articles/461472a">Planetary Boundaries</a> (« limites planétaires »), présenté en 2009 dans la revue « Nature ». Cet outil vise à fournir des mesures quantitatives sur le niveau d’acceptabilité de l’activité humaine par rapport aux ressources naturelles disponibles sur neuf facteurs biophysiques interconnectés influençant les écosystèmes terrestres :</p>
<ul>
<li><p>le changement climatique, avec l’augmentation des concentrations en dioxyde de carbone dans l’atmosphère ;</p></li>
<li><p>la diffusion d’aérosols dans l’atmosphère, liée à la pollution et au changement d’affectation des terres qui augmente le dégagement de poussière et de fumée ;</p></li>
<li><p>l’utilisation de l’eau douce, dont le cycle est fortement influencé par le changement climatique ;</p></li>
<li><p>les nouveaux polluants, c’est-à-dire les émissions de composés toxiques tels que les polluants organiques synthétiques, les matières radioactives, les nanomatériaux et les microplastiques ;</p></li>
<li><p>la transformation des écosystèmes terrestres tels que les forêts, les zones humides et d’autres espaces de végétation principalement convertis en terres agricoles ;</p></li>
<li><p>les flux biochimiques dont les cycles de l’azote et du phosphore ont été radicalement modifiés par l’homme du fait des processus industriels et agricoles ;</p></li>
<li><p>l’acidification des océans liée au CO<sub>2</sub> dissout ;</p></li>
<li><p>l’intégrité de la biosphère et la diversité biologique touchées par la disparition d’espèces végétales et animales due aux activités humaines ;</p></li>
<li><p>l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique, conséquence de la concentration de substances chimiques entraînant un amincissement de cette couche protectrice.</p></li>
</ul>
<p>Ce cadre est à la fois novateur et ambitieux dans sa conception. Il propose une perspective systémique afin de mesurer les dommages environnementaux. La mesure des dommages environnementaux ne peut être traitée comme une question isolée, mais doit être considérée comme faisant partie d’un ensemble complexe de processus interdépendants.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/312835/original/file-20200130-41554-1kpnq5k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/312835/original/file-20200130-41554-1kpnq5k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/312835/original/file-20200130-41554-1kpnq5k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/312835/original/file-20200130-41554-1kpnq5k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/312835/original/file-20200130-41554-1kpnq5k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/312835/original/file-20200130-41554-1kpnq5k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/312835/original/file-20200130-41554-1kpnq5k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/312835/original/file-20200130-41554-1kpnq5k.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Estimation de l’évolution des différentes variables de contrôle pour les neuf limites planétaires de 1950 à aujourd’hui.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://science.sciencemag.org/content/347/6223/1259855">Steffen et coll., 2015</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Solutions alternatives</h2>
<p>L’industrie textile est responsable d’un nombre important de dommages environnementaux. Sa chaîne logistique est divisée en quatre grandes étapes : la production des fibres, la fabrication, la distribution et la vente au détail, et enfin le recyclage et la mise au rebut.</p>
<p>La culture du coton utilise de grandes quantités d’eau, de pesticides et d’engrais, et les différents processus industriels et logistiques émettent énormément de gaz à effet de serre. Pour calculer la quantité d’eau qu’une entreprise peut utiliser ou retirer d’une source donnée sans mettre les écosystèmes en danger, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1877343513001498">deux méthodes doivent être combinées</a> : une approche ascendante basée sur une évaluation des besoins en débits environnementaux et une analyse descendante à l’échelle mondiale des liens entre les cycles hydrologiques et les autres écosystèmes dépendants.</p>
<p>La fabrication de vêtements et de textiles génère de grandes quantités d’eaux usées fortement polluées ainsi que des poussières contaminées. La présence de composés chimiques dangereux et de métaux lourds rend les effluents textiles très toxiques. L’application de composés chimiques de remplacement pour réduire la toxicité des effluents n’en est encore qu’à ses débuts et demeure une option coûteuse pour la plupart des entreprises dont la priorité est de réduire les coûts.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/3DdU7c66E9g?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">« Pourquoi s’habiller pollue la planète » (Le Monde, 13 décembre 2018).</span></figcaption>
</figure>
<p>L’industrie du vêtement et du textile doit aussi trouver des solutions alternatives aux perturbateurs endocriniens, aux fibres plastiques et aux produits chimiques perfluorés (les fameux PFC utilisés pour traiter le textile afin qu’il soit facile d’en éliminer les taches). Il existe suffisamment de preuves pour comprendre la toxicité et les dommages causés par l’utilisation de ces produits chimiques et des plastiques. Malheureusement, les chercheurs craignent que nous ayons déjà dépassé les limites acceptables pour la planète.</p>
<p>La phase de distribution est liée au type de marché auquel il est destiné : les marchandises sont achetées auprès de grossistes ou de sociétés commerciales ou livrées par la distribution directe. Bien que l’utilisation d’emballages plastiques soit une préoccupation environnementale majeure, la principale question est celle des émissions provenant des flux de transport.</p>
<p>Étant donné l’hétérogénéité spatiale des flux de biens qui forment les chaînes logistiques du textile, une évaluation du cycle de vie des émissions totales de CO<sub>2</sub> devient nécessaire. La concentration atmosphérique des émissions de CO<sub>2</sub> de 350 ppm (parties par million en volume) a déjà été dépassée. Les chaînes logistiques textiles dans leur ensemble devraient argumenter la manière dont elles entendent réduire leur contribution aux émissions de CO<sub>2</sub> et gaz à effet de serre.</p>
<h2>Les méthodes actuelles restent insuffisantes</h2>
<p>Les systèmes de reprise des produits et de recyclage jouent un rôle fondamental pour l’empreinte environnementale de l’industrie textile. À la fin de leur vie, les vêtements peuvent être recyclés, souvent par des structures mixant organisations à but non lucratif et privées fournissant des services de ramassage et de tri. Une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652618305985">étude</a> confirme que la réutilisation et le recyclage des textiles pourraient réduire sensiblement l’impact environnemental par rapport à l’incinération et à la mise en décharge, la réutilisation étant même plus bénéfique pour l’environnement que le recyclage.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"720172183322886144"}"></div></p>
<p>Malgré ces impacts négatifs, les méthodes de contrôle actuelles dans l’industrie, telles que l’<a href="https://apparelcoalition.org/the-higg-index/">indice de Higg</a>, ne permettent toujours pas de mesurer quantitativement l’impact des organisations sur les écosystèmes terrestres. En outre, la nécessité d’une plus grande durabilité dans cette industrie est accrue par la hausse des niveaux de consommation.</p>
<p>L’application d’un cadre de lecture fondé sur les Planetary Boundaries fournirait les données nécessaires pour aider l’industrie textile à transformer ses pratiques commerciales et à stimuler des solutions novatrices. À titre d’exemple, une collaboration plus étroite entre designers et consommateurs pour personnaliser les vêtements afin d’augmenter leur durée d’utilisation pourrait constituer une opportunité intéressante.</p>
<p>En intégrant tous les facteurs qui ont un effet négatif sur l’environnement, le cadre d’analyse des Planetary Boundaries permet donc d’intégrer les préoccupations de durabilité à toutes les étapes de la chaîne logistique. L’intérêt majeur de cette approche est qu’elle donne aux acteurs de l’industrie une vue globale des limites acceptables de pollution et d’utilisation des ressources naturelles.</p>
<p>Actuellement, les organisations industrielles travaillent surtout avec des données relatives qui ne fournissent pas les informations nécessaires pour mesurer les seuils que la planète peut supporter. Au niveau des organisations, le cadre des Planetary Boundaries peut aider à faire des choix plus rationnels en matière de durabilité, définis par la valeur d’un ou plusieurs seuils. Au niveau des nations, il peut assister les décideurs pour mettre en cohérence les initiatives nationales et les défis environnementaux mondiaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130903/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Ce cadre d'analyse permet de mesurer le niveau d'acceptabilité de l'activité par rapport aux ressources naturelles disponibles. Il pourrait constituer un outil précieux pour la filière textile.Eileen Murphy, Professeur en Management de la Supply Chain, ICN Business SchoolNathalie Dagorn, Professeur associée, ICN Business SchoolThierry Houé, Professeur associé, ICN Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1305862020-01-29T17:52:57Z2020-01-29T17:52:57ZQuand les jeunes poissons mangent du plastique au lieu du plancton<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/312593/original/file-20200129-92987-t72pxc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3259%2C2443&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les océans contiennent tellement de plastique que les poissons le confondent avec leurs proies.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/RUqoVelx59I">dustan woodhouse RUqoVelx / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le plastique est un des plus grands fléaux de la pollution marine. Avec <a href="https://science.sciencemag.org/content/358/6365/843">plus de 8 millions de tonnes de détritus plastiques</a> rejoignant chaque année les océans, l’accumulation de ces déchets sature le milieu naturel. Depuis plus de 20 ans les scientifiques tentent d’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X02002205?via%3Dihub">alerter l’opinion</a> publique fasse à l’ampleur de cette pollution, permettant ainsi une prise de conscience collective.</p>
<p>Nous avons tous été horrifiés par l’exemple de ces photos d’estomacs de baleines échouées ou d’oiseaux marins contenant des sacs plastiques, des bouchons de bouteilles, etc. ; ou encore cette photo d’une tortue dont sa carapace, prise au piège dans un sac plastique, se développe en forme de sablier. Ces macroplastiques (dont la taille est supérieure à 25 millimètres) ne sont malheureusement que la partie visible de l’iceberg. En effet, il existe deux autres catégories de plastiques issus de la dégradation des macroplastiques : les microplastiques (entre 5 millimètres et 1 nanomètre) et les nanoplastiques (inférieurs à un nanomètre).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/312592/original/file-20200129-92964-1w5i4m1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Microplastiques contenu dans l’estomac de poissons.</span>
<span class="attribution"><span class="source">MathieuReynaud/</span></span>
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<p>Les impacts de ces microplastiques sur les organismes vivant dans les fleuves, les mers et les océans sont encore mal connus et font l’objet de nombreuses recherches dans le monde entier. Un grand nombre d’études se sont portées sur l’ingestion de microplastiques par des poissons adultes. Selon les régions du globe, la présence de plastiques dans les estomacs de poissons peut atteindre <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749117332062">95 % des poissons étudiés</a>. Néanmoins, la vie des poissons ne se limite pas à leur vie d’adulte ! <a href="https://www.pnas.org/content/116/48/24143">Une équipe de scientifiques</a> a donc cherché à savoir si les poissons étaient en contact des microplastiques dès leur plus jeune âge.</p>
<h2>Quel impact pour les jeunes poissons ?</h2>
<p>Durant leurs premiers jours de vie, les poissons ne mesurent que quelques millimètres et passent le plus clair de leur temps dans la zone pélagique (c’est-à-dire les parties autres que les côtes ou le fond marin) et notamment dans des nappes de surface (courants calmes de surface). Ces très jeunes poissons (ou plus communément appelées larves) sont très vulnérables, et leur survie dépend notamment de la disponibilité de la nourriture.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=139&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=139&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=139&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=174&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=174&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/312598/original/file-20200129-92954-1gwnw15.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=174&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Larve de poisson clown à gauche et de jeune adulte à droite.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Natacha.Roux/</span></span>
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<p>Les chercheurs Gove et Whitney du Pacific Islands Fisheries Science Center de Honolulu à Hawai se sont demandés dans quelle mesure les larves étaient en contact avec les microplastiques. Pour cela, ils ont fait des prélèvements d’eau de mer au niveau des nappes de surface (où s’accumulent les larves de poissons) pour voir s’il y avait des microplastiques et dans quelle proportion. Ils ont alors observé que ces zones concentrent 60 fois plus de particules de microplastiques que dans les eaux ambiantes.</p>
<p>Plus alarmant encore, ils ont observé qu’il y a près d’une particule de plastiques pour 55 organismes planctoniques. Les planctons sont des organismes microscopiques qui, comme le plastique dérivent au gré des courants et qui sont les proies des larves de poissons. Ainsi les larves ont une chance sur 55 de confondre une proie planctonique avec un microplastique.</p>
<p>Par la suite les chercheurs se sont intéressés à l’ingestion de plastiques par les larves de poissons. Pour cela, ils ont simplement regardé le contenu de l’estomac de larves de plusieurs espèces et ont observé que 6,4 % des larves de poissons présentaient des particules de plastiques dans leur estomac. Parmi les plastiques retrouvés, les chercheurs ont observé une préférence pour les plastiques de couleur bleue ou transparents, c’est-à-dire des plastiques qui ressemblent au plancton. Il est donc fort probable que les larves de poissons confondent leurs proies avec ces particules de plastiques.</p>
<h2>Quelles conséquences pour la survie des poissons ?</h2>
<p>Comme l’ont démontré ces travaux, les larves sont confrontées très tôt à une grande quantité de microplastiques qu’elles peuvent ingérer. Jusqu’à présent aucune étude n’a démontré une mortalité significative des larves par ingestion de plastiques, ni si cela induit des problèmes lors de leur développement. Cependant on peut supposer que, comme chez les adultes, ces microplastiques soient en mesure de bloquer ou perforer le système digestif et/ou provoquer une malnutrition.</p>
<p>En outre, les débris plastiques peuvent contenir des <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/full/10.1098/rstb.2008.0284">substances toxiques et des perturbateurs endocriniens</a>, ce qui peut avoir une conséquence désastreuse sur le développement de ces larves. En effet, au cours de leur transition, les larves très différentes des adultes vont subir de nombreux changements morphologiques afin de devenir adulte. Comme la transformation du têtard en grenouille, cette phase appelée métamorphose, est sous le contrôle endocrine des hormones thyroïdiennes. La sole est un exemple spectaculaire de métamorphose chez les poissons. À l’éclosion, la larve de sole naît avec une symétrie bilatérale et possède un œil de chaque côté, puis au cours de sa métamorphose, l’œil gauche migre sur le côté droit. Ainsi, les microplastiques pourraient perturber le développement des poissons, et la conséquence de cette pollution serait encore plus grave que celle imaginée.</p>
<p>Depuis les années 1930, la production et la consommation de produits plastiques ont augmenté de façon exponentielle avec pour résultat une pollution plastique en constante augmentation dans les océans. Nous savions que les poissons pouvaient ingérer des plastiques, mais nous étions encore loin d’imaginer que les poissons étaient confrontés dès leurs plus jeune âge à cette pollution. Au vu de ces études, il est important de se demander quels seront les impacts sur le long terme sur la survie des poissons. Êtes-vous prêts à imaginer des océans sans poissons ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/130586/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les larves de poisson se nourrissent de plancton mais de plus en plus de plastiques de taille similaire sont présents dans les océans donc les chances de consommer du plastique augmentent.Pauline Salis, Chercheur postdoctoral, Sorbonne UniversitéMathieu Reynaud, PHD Student, École pratique des hautes études (EPHE)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1237172019-10-06T19:41:10Z2019-10-06T19:41:10ZLa lente fragmentation des plastiques décryptée<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/294863/original/file-20190930-194884-1pf6a5r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sac plastique à la dérive. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://search.creativecommons.org/photos/3a109804-abf5-438c-805e-48a127527ca3">MichaelisScientists/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/293181/original/file-20190919-22450-1e2zj7j.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (du 5 au 13 octobre 2019 en métropole et du 9 au 17 novembre en outre-mer et à l’international) dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition aura pour thème : « À demain, raconter la science, imaginer l’avenir ». Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>Les plastiques présentent de nombreux avantages : ils sont légers, résistants et peu coûteux à fabriquer, ce qui explique pourquoi ils font aujourd’hui partie intégrante de notre quotidien.</p>
<p>Leur durée de vie est toutefois tellement longue qu’ils s’accumulent dans notre environnement jusqu’à devenir de nouveaux marqueurs géologiques de notre temps. Beaucoup de plastiques sont en effet utilisés pour de très courtes durées et leur fin de vie est relativement mal gérée. Nos décharges sont pleines de suremballages et les rejets industriels toujours plus conséquents.</p>
<h2>Ce que les plastiques deviennent dans l’eau</h2>
<p>La pollution plastique en mer atteint aujourd’hui des proportions affolantes : sur les 359 millions de tonnes de plastiques produites chaque année (données 2018 de Plastics Europe en 2018) dans le monde, 5 % se déverseraient dans l’océan.</p>
<p>Lorsqu’ils atteignent l’environnement aquatique, les plus denses vont couler dans les fonds marins tandis que les moins denses, comme les films d’emballages par exemple, flottent à la surface. Ils peuvent alors être ingérés par divers organismes vivants ou encore sédimenter si des organismes se fixent dessus ; ils peuvent aussi se fragmenter.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1032621128689364992"}"></div></p>
<p>Une fois dans les eaux, les plastiques sont dégradés et se cassent en particules de tailles micrométriques (millième de mm) – on les appelle alors « microplastiques » – voire nanométriques (de la taille d’un virus). Cette fragmentation rend l’ingestion des plastiques possible pour des tailles très diverses d’organismes, dont ceux situés à la base de la chaîne alimentaire. Au cours de leur lente dégradation, les plastiques relarguent également des produits toxiques comme les additifs, ajoutés lors de leur formulation pour leur allouer des propriétés spécifiques (anti-feu, antioxydant…).</p>
<p>Tous ces fragments et molécules issus des déchets plastiques s’accumulent dans les diverses composantes de l’environnement, si bien qu’on peut les retrouver très loin des zones d’émission, comme c’est le cas dans les glaces polaires.</p>
<p>À la lumière de cette situation, une question simple se pose : nagerons-nous bientôt dans un océan de micro et de nanoplastiques ?</p>
<p>Pour répondre à cette question, il est nécessaire de comprendre les mécanismes de fragmentation des plastiques dans l’environnement pour mieux prédire l’évolution des concentrations futures. C’est ce à quoi je m’emploie <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0045653519316303">dans mes recherches</a> en testant les plastiques en laboratoire.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1105260320279445506"}"></div></p>
<h2>Comment les plastiques se fragmentent</h2>
<p>La lumière du soleil, les écarts de température, les contraintes mécaniques et l’activité biologique sont à l’origine de la dégradation du plastique. Les radiations solaires (les UV plus précisément) détériorent, tels les coups de soleil sur notre peau, la surface de ces matériaux.</p>
<p>Lorsque le soleil interagit avec les plastiques, leurs molécules organisées en longues chaînes se coupent. L’oxygène disponible dans l’air et/ou l’eau vient alors se greffer sur ces chaînes cassées. Pour évaluer le vieillissement, il faut donc suivre ces modifications chimiques grâce à des techniques dites « spectroscopiques » (Infrarouge, Raman). Elles permettent d’obtenir un spectre propre à chaque type de plastique, à la manière d’une empreinte digitale. Plus la chimie du plastique sera modifiée et plus son spectre changera. Nous pourrons ainsi suivre jour après jour, dans notre laboratoire, l’évolution chimique de nos plastiques modèles.</p>
<p>Dans le cas d’échantillons disposés dans l’air, la surface des plastiques devient tellement rigide qu’elle ne permet pas aux fissures de s’initier. Sous toutes ces contraintes, le plastique ne pouvant se fragmenter finit par s’enrouler sur lui-même. Il n’en est pas pour autant stable puisque si une contrainte extérieure y est appliquée, comme la manipulation d’une pince, la fragmentation intervient instantanément et se propage dans toutes les directions.</p>
<p>L’eau, quant à elle, ne permet pas au polymère d’atteindre une rigidité aussi élevée, ce qui offre la possibilité au matériau de relâcher toutes les contraintes stockées en initiant la fissuration. Elle pénètre ensuite dans les fissures, les propageant jusqu’à une fragmentation complète.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pollution-plastique-retour-sur-une-prise-de-conscience-101541">Pollution plastique : retour sur une prise de conscience</a>
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<h2>Typologie des fissures</h2>
<p>Les fissures ne s’initient ni ne se propagent aléatoirement, mais en fonction du type de plastique étudié et du type de fabrication utilisé. Ces deux paramètres définissent des zones de tailles nanométriques dans le plastique dont certaines vieillissent plus facilement que d’autres.</p>
<p>Par exemple, l’organisation de films en polyéthylène (comme dans les sacs plastiques) étant souvent linéaire, les fissures se propagent plus facilement, linéairement et perpendiculairement, à cette organisation ; cela conduit à des fragments de formes allongées. Le polypropylène, utilisé pour les bouchons de soda, présente quant à lui une organisation sous forme de sphères posées les unes à côté des autres : les fissures se propagent dans les sphères, s’ajoutant alors aux fractures linéaires.</p>
<p>Pour l’observation de fissures très petites, qui n’ont pas encore eu le temps de se propager, un instrument très précis – le microscope à force atomique – s’avère nécessaire. Il s’agit d’une petite pointe de taille nanométrique, accrochée à une poutre se promenant à la surface de l’échantillon. Tous types d’informations peuvent ainsi être récoltées à l’aide de cet outil : image, rugosité, résistivité.</p>
<p>On le voit, les fissures constituent la clé de l’étude de la fragmentation des plastiques puisqu’elles déterminent en majeure partie les quantités et les tailles des microplastiques formés. Plus le nombre de fissures est important et plus le nombre de fragments de petite taille est grand. Il a également été observé qu’au cours du vieillissement, le nombre de fragments augmentait mais avec une vitesse de fragmentation différente en fonction du plastique observé ; ce qui semble cohérent avec le fait que l’initiation et la propagation des fissures n’est pas la même d’un plastique à l’autre.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1176610609489686529"}"></div></p>
<h2>Mystérieux nanoplastiques</h2>
<p>Des questions subsistent cependant : jusqu’où vont se fragmenter les nouveaux fragments ainsi formés ? Tous ces fragments vont-ils à leur tour générer de grandes quantités de nanoplastiques ?</p>
<p>Ces interrogations sont d’importance, les nanoplastiques étant potentiellement les plus dangereux ; or on sait très peu de choses sur leur formation et leur devenir. On pourrait supposer, en guise de conclusion, que l’énergie à fournir pour casser un petit fragment devienne trop importante en dessous d’une certaine taille, un peu comme lorsqu’on plie une feuille plusieurs fois de suite. La fragmentation n’aurait ainsi pas le même résultat en fonction des tailles de débris plastiques.</p>
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<p><em>Remerciements à Nicolas Delorme et Fabienne Lagarde, mes directeurs de thèse.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/123717/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Fanon Julienne ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Q’arrive-t-il aux milliers de tonnes de plastiques qui rejoignent l’océan chaque année ?Fanon Julienne, Doctorante, Institut des molécules et matériaux, Le Mans UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1241252019-09-26T17:53:19Z2019-09-26T17:53:19ZLes microplastiques pourraient affecter la formation et la fonte des glaces de l’Arctique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/294437/original/file-20190926-51463-135feps.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">De la glace à la dérive se forme en mer Baltique où la concentration de microplastiques est à un niveau semblable à celle que l’on trouve dans l’Arctique. L’absorption de microplastiques a un impact sur la façon dont la glace absorbe ou reflète l’énergie du soleil.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La pollution des océans par le plastique est devenu un enjeu de société important, <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2008.0205">les matières plastiques étant le polluant des océans et des plages le plus courant et à la durée de vie la plus longue dans le monde</a>. Dans l’imaginaire collectif, les déchets plastiques sont souvent associés à des bouteilles à la dérive sur la mer, des équipements de pêche retrouvés sur les plages, ou des sacs plastiques avalés par erreur par les tortues qui les confondent avec des méduses.</p>
<p>Mais ces grosses particules ne forment que la pointe de l’iceberg. Les particules plus fines sont un facteur tout aussi important. On appelle ces particules de moins de cinq millimètres de diamètre des microplastiques. Ils proviennent soit de produits délibérément conçus comme tels (comme les produits nettoyants ou de de beauté), soit de la décomposition de morceaux de plastique plus grands, ou encore des microfibres que l’on utilise dans les textiles. </p>
<p><a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0045653518311767?via%3Dihub">L’impact des microplastiques sur l’environnement</a> et <a href="https://theconversation.com/youre-eating-microplastics-in-ways-you-dont-even-realise-97649">la santé humaine fait encore l’objet de recherches</a></p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/291978/original/file-20190911-190044-2l7pm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=46%2C0%2C5184%2C3445&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/291978/original/file-20190911-190044-2l7pm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=46%2C0%2C5184%2C3445&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/291978/original/file-20190911-190044-2l7pm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/291978/original/file-20190911-190044-2l7pm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/291978/original/file-20190911-190044-2l7pm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/291978/original/file-20190911-190044-2l7pm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/291978/original/file-20190911-190044-2l7pm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/291978/original/file-20190911-190044-2l7pm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les microplastiques sont des morceaux de plastique plus petits qu’un grain de riz. Ils polluent l’écosystème qui les entoure et s’introduisent dans la chaîne alimentaire.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Leur impact sur l’Arctique</h2>
<p>Si certains s’imaginent que l’Arctique est immunisé par ce que les humains jettent dans les océans, ils ont tort. Les eaux limpides de l’océan arctique sont menacées par ces particules alors qu’<a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/2014EF000240">elles dérivent en suivant les courants marins sur de longues distances</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/expedition-mosaic-mieux-comprendre-la-crise-climatique-grace-a-larctique-122901">Expédition MOSAiC: mieux comprendre la crise climatique grâce à l'Arctique</a>
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<hr>
<p>On s’attend à ce que la concentration de microplastiques dans l’Arctique augmente rapidement en raison des quantités importantes d’eau douce qui viennent s’y mélanger et de l’accélération du trafic maritime et du développement des ressources. Compte tenu de <a href="https://www.arcticbiodiversity.is/">la fragilité exceptionnelle des écosystèmes marins de l’Arctique</a>, il est urgent d’évaluer la distribution, le parcours, et le destin de ces particules.</p>
<p>Dans un récent article publié dans le <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0025326X19304758?via%3Dihub"><em>Marine Pollution Bulletin</em></a>, nous nous sommes demandés si et comment les microplastiques pénètrent la structure même de la glace et si, de ce fait, ils pourraient avoir un effet sur l’absorption du rayonnement solaire incident. Ceci affecterait l’albédo de la glace océanique - c’est à dire la manière dont la glace reflète l’énergie solaire - <a href="https://nsidc.org/cryosphere/seaice/processes/albedo.html">l’une des propriétés clé qui permet de réguler l’échange de chaleur entre l’océan et l’atmosphère</a>.</p>
<h2>Mesurer l’albédo</h2>
<p>Des changements de l’albédo des eaux glaciaires auraient de graves conséquences sur le cycle annuel de glaciation et de fonte des océans. Afin de tester notre hypothèse, nous avons mis en place une étude de microcosmes à la <a href="https://home.cc.umanitoba.ca/%7Ewangf/serf/">Sea-ice Environmental Research Facilityde l'université du Manitoba</a>, une piscine extérieure dans laquelle nous pouvons cultiver de la glace à partir d’eau de mer.</p>
<p>On a fabriqué deux jeux de 12 microcosmes dont le cadre est fait de tubes d’acier galvanisé, les parois en draps de coton, et mesurant chacun un mètre cube. Le premier jeu a servi à mesurer l’intensité de la lumière, alors que le second a servi à prélever des échantillons de glace maritime. Nous avons ajouté à la main des microplastiques afin d’étudier leur absorption par la glace. Nous avons utilisé quatre dilutions différentes: une de contrôle (pas de particules ajoutées), une faible, une moyenne et une haute (respectivement 120, 380 et 1200 particules par litre).</p>
<p>Nous avons utilisé une teinture, le Nil rouge, afin de pouvoir observer les microplastiques au fur et à mesure du processus de glaciation. Cette teinture a fait briller les particules de microplastique placées sous une source lumineuse fluorescente, ce qui nous a permis de voir comment la glace concentre les microplastiques en son sein, et une fois intégrées, comment <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0025326X19304758?via%3Dihub">ces particules s’incrustent dans la matrice de la glace</a></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/292697/original/file-20190916-19063-1nvyzwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/292697/original/file-20190916-19063-1nvyzwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/292697/original/file-20190916-19063-1nvyzwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/292697/original/file-20190916-19063-1nvyzwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=451&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/292697/original/file-20190916-19063-1nvyzwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/292697/original/file-20190916-19063-1nvyzwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/292697/original/file-20190916-19063-1nvyzwi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=567&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nous avons étudié plusieurs concentrations de microplastiques dans un environnement contrôlé.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Nous avons trouvé de fortes concentrations de particules à la surface de la glace en raison de la force ascensionnelle des particules et de la rapidité à laquelle les cristaux de glace capturent les particules pendant que la glace se coagule pour former un couche solide. Si les microplastiques n’ont pas eu d’impact sur le rythme de croissance de la glace, nous avons observé de nets changement de l’albédo en réponse à des concentrations moyennes à élevées de microcosmes de microplastiques.</p>
<p>Afin de vérifier l’impact de nos observations en situation réelle, nous avons également mesuré les concentrations de microplastiques provenant de plusieurs échantillons de glace d’eau de mer récoltés dans le golfe de Bothnia (mer Baltique). Nous y avons trouvé des concentrations de microplastiques similaires à celles mesurées dans l’océan arctique (8 à 41 particules par litre), mais nettement moins élevées que celles de nos microcosmes expérimentaux. À cette concentration, nous ne nous attendons pas à ce que l’incorporation de microplastiques ait un effet quelconque sur l’albédo de la glace de mer.</p>
<p>Pour les régions à concentrations plus élevées de microplastiques, ou dont la concentration risque d’augmenter, nous nous attendons à ce que les propriétés de la glace évoluent. </p>
<p>Un tel changement affecterait l’albédo de façon notoire, mais également les processus photochimiques et photobiologiques qui se produisent dans la glace, comme la quantité de lumière disponible <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/antarctic-science/article/light-environment-and-seasonal-dynamics-of-microalgae-in-the-annual-sea-ice-at-terra-nova-bay-ross-sea-antarctica/20FA17772217E141A621AC7BCEB145CE">aux algues vivant au fond de la couverture glaciaire</a>. Cela aurait des impacts potentiels importants sur la chaîne alimentaire de base de l’Arctique.</p>
<p>[ <em>Ne manquez aucun de nos articles écrits par nos experts universitaires.</em> <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters?utm_source=TCCA-FR&utm_medium=inline-link&utm_campaign=newsletter-text&utm_content=expert">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a>. ]</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/124125/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas-Xavier Geilfus reçoit des fonds de la Fondation suédoise des codes postaux, appuyée par l'Union internationale pour la conservation de la nature, avec un soutien financier additionnel du Programme des chaires de recherche du Canada et de la Fondation canadienne pour l'innovation.</span></em></p>Les niveaux de microplastiques dans l'océan augmentent. Il nous faut comprendre comment ils affectent les qualités et les propriétés de la glace de mer, et quel pourrait en être l'impact potentiel.Nicolas-Xavier Geilfus, Research Associate, University of ManitobaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1211502019-08-28T19:35:10Z2019-08-28T19:35:10ZPlastiques : pour une meilleure gestion de l’emballage, du recyclage et de la consommation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/286250/original/file-20190730-186805-1wrlw9h.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=74%2C67%2C4850%2C3053&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Léger, résistant, bon marché... Ses nombreux atouts ne compensent pas le fléau qu’il représente pour l’environnement.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/success?u=http%3A%2F%2Fdownload.shutterstock.com%2Fgatekeeper%2FW3siZSI6MTU2NDUyMzM4NiwiYyI6Il9waG90b19zZXNzaW9uX2lkIiwiZGMiOiJpZGxfNTMwNTE1MjkxIiwiayI6InBob3RvLzUzMDUxNTI5MS9odWdlLmpwZyIsIm0iOjEsImQiOiJzaHV0dGVyc3RvY2stbWVkaWEifSwiWTBiTTRPTHkxbFlGRmJHc3h1Y2dBTklSenZnIl0%2Fshutterstock_530515291.jpg&pi=33421636&m=530515291&src=_qlvAfgBU3DXkhRv85uKJw-1-102">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>« En 2050, il y aura plus de plastiques que de poissons dans l’océan », alertait en 2016 la <a href="https://www.ellenmacarthurfoundation.org/">fondation Ellen McArthur</a>. Dramatique pour l’environnement, l’accumulation de ces déchets dans la nature provoque chaque année l’introduction d’environ <a href="https://www.unenvironment.org/annualreport/2018/index.php#ch-06">13 millions de tonnes de plastiques</a> dans les mers.</p>
<p>En se décomposant, ils se fragmentent en micro puis en nanoplastiques. 90 % de l’eau en bouteille et 83 % de l’eau du robinet contiennent ainsi ce type <a href="https://orbmedia.org/stories/invisibles_final_report">microparticules</a>. Et nous les retrouvons dans notre chaîne alimentaire <a href="https://www.quantamagazine.org/on-waste-plastics-at-sea-maria-luiza-pedrotti-finds-unique-microbial-multitudes-20180913/">via leur absorption par les organismes marins</a>.</p>
<h2>Industriels sous pression</h2>
<p>Les acteurs économiques font aujourd’hui face à de nouveaux enjeux en matière de gaspillage et de déchets : ils sont contraints par de nouvelles lois et placés sous une pression croissante des médias et des consommateurs. Le 10 juillet dernier, Brune Poirson, secrétaire d’État à la Transition écologique, a présenté <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/loi-anti-gaspillage">son projet de loi « anti-gaspillage »</a>.</p>
<p>Le texte comporte quatre volets : mieux informer et consommer, lutter contre le gaspillage, renforcer le principe pollueur-payeur et appuyer la lutte contre la pollution plastique. Ce projet de loi va de pair avec la <a href="https://agriculture.gouv.fr/egalim-ce-que-contient-la-loi-agriculture-et-alimentation">loi EGAlim</a> sur l’interdiction des produits à usage unique. Le plastique y est pointé du doigt tant à cause de son origine pétrochimique que par la pollution qu’il entraîne en fin de vie, et ce tout particulièrement dans les eaux.</p>
<p>Trouver le bon dosage – entre matières recyclées et vierges, ressources épuisables et renouvelables, emballages réutilisables et jetables – devient donc une préoccupation majeure des industriels… et un casse-tête qui exige d’adapter la chaîne de l’offre dans son intégralité.</p>
<h2>De l’origine du plastique</h2>
<p>La toute première matière plastique de synthèse, appelée celluloïd, a été mise au point par le Français <a href="https://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_2003_num_91_337_5479">Henri Braconnot</a> en 1833, avant d’être produit industriellement par les frères Hyatt aux États-Unis en 1868. Fabriqué à partir de cellulose du bois et de camphre, le celluloïd étant en fait un bioplastique, composé non pas de molécules issues du pétrole, mais de fibres de coton.</p>
<p>C’est seulement dans la première moitié du XX<sup>e</sup> siècle que la pétrochimie s’impose dans la production de plastique ; et l’emballage que nous connaissons actuellement n’a vu le jour qu’à partir de 1930. Aujourd’hui, on peut regrouper en trois catégories les <a href="http://www.septiemecontinent.com/pedagogie/wp-content/uploads/2014/11/Familles-de-plastiques-et-usages.pdf">différentes variétés de plastiques</a> existantes : les thermoplastiques, les thermodurcissables et élastomères.</p>
<p>Des adjuvants technologiques sont ajoutés à ces polymères de base pour améliorer ou ajuster leurs propriétés – qualité, stabilité, souplesse, teinte… Ces additifs se comptent par milliers.</p>
<h2>Un matériau résistant, léger et peu coûteux</h2>
<p>D’année en année, les matières plastiques destinées à l’emballage ont pris une place déterminante dans les stratégies d’optimisation de la chaîne logistique.</p>
<p>Lorsqu’il est question de gagner du poids pour économiser le carburant, par exemple, le plastique sort grand vainqueur.</p>
<p>Résistant, durable, léger et peu coûteux, il possède de nombreux avantages : moins lourd que le métal, plus durable que le bois, il est aussi très malléable. Peu étonnant alors que le secteur alimentaire, premier utilisateur en volume d’emballage plastique, ne jure que par ce matériau. Selon une <a href="https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/chimie-fabrication-plastique-5-etapes-6227">étude Xerfi</a> publiée en 2018, la grande distribution constitue deux tiers du chiffre d’affaires des fabricants de plastique.</p>
<p>Ce matériau joue aussi un rôle dans la lutte contre le gaspillage alimentaire grâce à son rôle « protecteur », qui limite tout contact avec l’environnement extérieur et allonge la durée de vie en créant des barrières à l’humidité et l’oxygène. Nos biscuits, par exemple, conservent leur croustillance grâce à l’emballage plastique, même si de <a href="https://tipa-corp.com/bio_plastic_technology/">nouveaux matériaux voient le jour</a>.</p>
<p>Si certains produits requièrent un emballage efficace pour des raisons évidentes de conservation, d’autres sont tout à fait superflus et sont donc suremballés. Mais ce suremballage tient aussi au rôle majeur que joue l’empaquetage dans la visibilité et l’attraction du produit dans les points de vente. Pour toutes ces raisons, il est perçu comme un <a href="http://supplychainmagazine.fr/TOUTE-INFO/Archives/SCM097/ENQUETE-97.pdf">outil d’optimisation</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"957858193148928000"}"></div></p>
<h2>Le recyclage, un processus lourd</h2>
<p>La réutilisation de la matière, pilier de l’économie circulaire est apparue comme une solution miracle pour faire face à l’abondance de plastique. Toutefois, considérant la faiblesse des techniques actuellement employées pour le recyclage, la filière n’est pas optimisée, ce qui a pour conséquence de dégrader la qualité de la matière recyclée et de limiter les volumes susceptibles d’être valorisés.</p>
<p>La multitude de logos constitue d’autre part une source de confusion pour le consommateur qui se retrouve souvent à trier des plastiques qui ne sont pas recyclables. Séparer les plastiques recyclables requiert un travail manuel chronophage, difficile, et un coût en main d’œuvre élevé pour la filière. Le recyclage se heurte donc à la multiplicité des types de plastiques, qui complexifie les activités de collecte et de tri et engendre des coûts élevés en recherche et développement pour les collecteurs souvent très mal équipés.</p>
<p>Dans tous les cas, le recyclage ne constitue pas l’ultime solution car le plastique, non recyclable à l’infini, finira toujours par devenir un déchet. Par exemple, pour fabriquer une bouteille en plastique, nous pouvons utiliser, certes, de la matière recyclée mais dans un souci de qualité et de tenue, de la matière plastique vierge est aussi indispensable. En moyenne, seuls <a href="https://www.ellenmacarthurfoundation.org/assets/downloads/Foundation_New-Plastics-Economy_5.jpg">14 % des plastiques usagés</a> sont collectés pour être recyclés. Et au cours du processus de recyclage, 4 % rejoignent les déchets dispersés car ils sont « perdus », 2 % sont recyclés en boucle fermée et 8 % sont recyclés en boucle ouverte, c’est-à-dire pour des applications différentes de <a href="https://www.reco-france.com/et-ma-bouteille-elle-devient-quoi/">leur rôle premier</a>.</p>
<h2>La limite de l’exportation des déchets</h2>
<p>Une autre difficulté concerne la collecte des matières plastiques, largement insuffisante. En Europe, par manque de gisement de plastique recyclé, le <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/analyse-chaine-de-valeur-recyclage-plastiques-en-france-201412-synthese.pdf">prix</a> du PET (polytéréphtalate d’éthylène) recyclé clair peut dépasser celui du PET clair vierge. En Chine, les politiques limitant l’usage et la dépendance aux résines vierges ont fait exploser le <a href="https://www.environnement-magazine.fr/recyclage/article/2016/01/27/45559/rien-plus-pour-pet-recycle">cours</a> du plastique recyclé.</p>
<p>Une des raisons pour laquelle les volumes de plastiques recyclés sont si faibles en France tient à la fuite des ressources via l’exportation des déchets, instituée depuis les années 2000. En Europe et en France, une large partie des déchets était exportée vers l’Asie et en particulier vers le Chine, premier importateur de déchets plastiques au monde. Le coût du travail y est moins élevé et les économies réalisées permettent de compenser les coûts de transport. L’équilibre a changé depuis janvier 2018 : alors que l’Union européenne exportait la moitié de ses plastiques collectés et triés, la <a href="https://www.novethic.fr/actualite/environnement/dechets/isr-rse/plastique-depuis-que-la-chine-a-ferme-sa-poubelle-le-recyclage-mondial-est-en-plein-chaos-147185.html">Chine a fermé ses frontières</a> à l’importation de déchets plastiques.</p>
<h2>Écoconception, consigne et vrac</h2>
<p>Si les filières de recyclage ne suffisent pas à absorber la consommation croissante de plastique, des pistes de solutions existent.</p>
<p>En matière d’écoconception, d’une part, trois axes sont à privilégier pour réduire les impacts négatifs de la production et de la consommation sur l’environnement : concevoir des emballages allégés, composés d’un unique matériau et fondés sur des matières premières renouvelables, recyclées et/ou recyclables.</p>
<p>En dix ans, les emballages en plastique ont perdu 28 % de leurs poids : l’allégement de la matière passe en partie par la simplification du système de l’emballage et l’optimisation de ses dimensions en l’adaptant au contenant.</p>
<p>Le développement d’un emballage mono-résine plastique (contre un emballage multi-matériaux) permet d’améliorer le rendement de matière recyclée en facilitant la sélection au tri, ce qui a pour conséquence d’améliorer considérablement la qualité des flux collectés. Le choix de coloris compte aussi, certains étant détectables au tri optique quand d’autres ne le sont pas. Déployer une meilleure recyclabilité favorise des <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/comment-roxane-a-ouvert-la-voie-du-plastique-recycle-avec-son-eau-cristaline-1030728">filières de recyclage plus pérennes</a>.</p>
<p>En parallèle, le vrac explose. Des initiatives comme Coop Atlantique développent des boutiques où tout est vendu sans emballage. Des camions vrac itinérants permettent de ravitailler les zones rurales et d’éviter aux consommateurs de se déplacer au magasin avec leurs contenants (V’la Vrac et l’Épicerie Zéro déchet). Biocoop lance <a href="https://www.biocoop.fr/actualites-bio/Biocoop-ouvre-son-premier-magasin-anti-dechet">Biocoop ADN</a> dont 80 % de l’offre est vendue sans contenant ou avec des pots réutilisables. Au rayon, frais les produits s’achètent à la coupe, y compris le beurre.</p>
<p>Enfin, il serait bon de remettre au goût du jour la consigne. Abandonnée en France dans les années 1980, seule l’Alsace la pratique encore concernant les bouteilles en verre destinées à la consommation à domicile. Tandis que de nombreux consommateurs commandent désormais leurs courses en ligne, la <a href="https://maboutiqueloop.fr/">société Loop</a> propose de livrer des contenants consignés que l’on redonne à la prochaine commande et que l’entreprise entretient et réintègre dans la chaîne.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1145468595373322241"}"></div></p>
<p>Toutes ces initiatives visant le zéro déchet mettent en pratique les principes de circularité, en réinsérant systématiquement le contenant dans les chaînes de production. Mais simultanément, loin de diminuer, les usages du plastique se développent. Les nouveaux modes de vie (urbanisation, nomadisme et réduction de temps consacré à l’alimentaire) ont ainsi entraîné une augmentation du prêt-à-manger, grand pourvoyeur de déchets plastiques.</p>
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<p><em><a href="https://www.linkedin.com/in/audrey-quintana/?originalSubdomain=fr">Audrey Quintana</a> a participé à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/121150/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anicia Jaegler ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Soumis à de nouvelles contraintes, le plastique constitue un défi de taille pour les industriels. Pour lutter contre le suremballage, le recyclage ne suffit pas.Anicia Jaegler, Professeure, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1112242019-03-11T20:35:49Z2019-03-11T20:35:49ZMicroplastiques en mer, les solutions sont à terre<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/260730/original/file-20190225-26177-pretje.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">N.Sardet/Tara Expeditions</span></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte est extrait de la récente édition de « La revue de l’Institut Veolia – Facts Reports » <a href="https://www.institut.veolia.org/fr/nos-publications/la-revue-de-linstitut-facts-reports/lindispensable-reinvention-des-plastiques">consacrée aux plastiques</a>. André Abreu, directeur des politiques internationales pour la <a href="https://oceans.taraexpeditions.org/">Fondation Tara Expéditions</a>, est co-auteur de cet article.</em></p>
<hr>
<p>Chaque année, entre <a href="https://www.unenvironment.org/news-and-stories/press-release/remarks-achim-steiner-un-under-secretary-general-and-unep-executive">10 et 20 millions</a> de tonnes de déchets en tous genres sont déversées dans les océans, dont une grande majorité de matières plastiques. En surface, ces dernières représentent même la quasi-totalité des objets flottants.</p>
<p>Si certains détritus proviennent des activités maritimes, en moyenne, 70 à 80 % des déchets rejetés en mer <a href="https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=uiug.30112032828391;view=1up;seq=4">sont arrivés par la terre</a>, acheminés notamment par les fleuves et les rivières.</p>
<p>La surconsommation de plastique et les déchets qu’elle génère ont un impact très important sur la nature et en particulier sur l’environnement marin. Les dommages globaux causés par les déchets plastiques sur les écosystèmes marins, liés à la mortalité des espèces, à la destruction des habitats, mais aussi à la contamination chimique, à la propagation des espèces envahissantes et aux dommages économiques sur les industries de la pêche et du tourisme, pourraient représenter plus de 13 milliards de dollars par an, <a href="http://wedocs.unep.org/handle/20.500.11822/9240">estime ainsi l’UNEP</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-presence-des-microplastiques-dans-locean-nettement-revue-a-la-hausse-52951">La présence des microplastiques dans l’océan nettement revue à la hausse</a>
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<h2>Nettoyer les mers ne suffira pas</h2>
<p>Face à ce constat alarmant, beaucoup se tournent vers des méthodes technologiques dans l’espoir de nettoyer les mers et les océans du globe du plastique qui y flotte. Mais l’océan est immense, les déchets toujours plus nombreux et, avec l’émergence des microplastiques, de plus en plus difficiles à collecter.</p>
<p>Bien que le nettoyage reste indispensable, s’en contenter serait s’attaquer aux conséquences du problème sans prendre en compte ses causes. Il faut aujourd’hui agir plus en amont : ce n’est qu’en empêchant les déchets d’arriver en mer que nous pouvons espérer préserver et restaurer durablement l’océan.</p>
<p>Malgré son apparente simplicité, cette solution et la stratégie qu’elle implique – c’est-à-dire réduire la production de plastique, inciter la population à ne pas jeter – n’est pas pour autant facile à mettre en œuvre : elle repose en effet sur un changement profond des comportements, tant de la part des producteurs de plastiques que des consommateurs.</p>
<p>Pour que les plastiques cessent d’envahir l’océan, ce sont nos modes de vie qu’il faut repenser.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1032621128689364992"}"></div></p>
<h2>Réduire, réutiliser, recycler</h2>
<p>Aujourd’hui, peu de citoyens sont au fait de la quantité de déchets qu’ils produisent, simplement en consommant les produits du quotidien. Pour minimiser cet impact, une prise de conscience et une remise en question sont nécessaires : les comportements doivent évoluer vers la réduction des déchets, la réutilisation et le recyclage.</p>
<p>Les consommateurs ont donc un rôle essentiel à jouer. Pour prévenir la production de déchets plastiques, il leur appartient de faire des achats responsables : privilégier les produits avec peu ou pas d’emballages, choisir des produits durables et réutilisables plutôt que des produits jetables – vaisselle en plastique, rasoirs jetables, etc. – très générateurs de déchets et, enfin, refuser les sacs plastiques lorsqu’ils effectuent ces achats.</p>
<p>En les réutilisant au lieu de les jeter, ils peuvent aussi donner une seconde vie à leurs objets. Entretenir et réparer, vendre ou donner des objets dont on n’a plus l’utilité, réutiliser les emballages, les contenants, les pièces détachées, ou encore déposer les bouteilles à la consigne lorsque cela est possible, sont autant de moyens pour réduire sa production de déchets.</p>
<p>Enfin, les consommateurs ont la responsabilité de trier et d’orienter les produits en fin de vie vers les filières de recyclage, lorsqu’elles existent. Pour qu’un tel changement des comportements soit possible, la sensibilisation et la présence d’infrastructures adaptées sont bien sûr essentielles.</p>
<p>Au-delà des plastiques, c’est aussi notre perception de la mer qu’il faut changer : un important travail d’éducation reste à faire pour qu’elle ne soit plus perçue comme un grand réservoir dans lequel les déchets peuvent être abandonnés sans conséquence.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"957858193148928000"}"></div></p>
<h2>Interdire les plastiques à usage unique</h2>
<p>L’usage des sacs plastiques est depuis longtemps ancré dans notre quotidien, sans que nous ayons conscience de ses conséquences.</p>
<p>Pourtant, les recherches mettent de plus en plus en lumière leurs impacts préoccupants sur le milieu marin. Devant l’étendue de la pollution plastique observée, et après la décision de la France d’<a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/fin-des-sacs-plastique-usage-unique-daction">interdire les sacs plastiques</a> légers à partir de 2016, une action concrète est nécessaire de la part de tous les gouvernements et institutions multilatérales.</p>
<p>Pour une mer et des hommes en bonne santé, l’interdiction globale des plastiques à usage unique, véritable fléau pour l’environnement, est devenue nécessaire. Le 31 janvier dernier, pourtant, le <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/Senat-repousse-2021-interdiction-certains-ustensiles-plastique-32790.php4">Sénat a reculé d’un an l’interdiction</a> de certains produits, comme les pailles et les couverts, initialement prévue en 2020.</p>
<p>Au niveau des pays du pourtour méditerranéen, d’autres pays ont annoncé l’interdiction des sacs à usage unique, comme le Maroc et Monaco, mais des progrès restent à faire avec les gros pays pollueurs de la région, comme l’Égypte ou le Liban, dont la gestion des déchets demeure défaillante.</p>
<p>Face à ce fléau, il reste important de rappeler que les solutions passent nécessairement par la mise en place d’infrastructures adéquates et coûteuses, comme les usines de recyclage ou les stations d’épuration.</p>
<p>Ces investissements sont aujourd’hui plus que jamais nécessaires dans les pays du sud, d’autant plus que l’océan ne connaît pas de frontière et que les courants marins font circuler les particules très rapidement au niveau de tout le bassin de la Méditerranée.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"690140755952848896"}"></div></p>
<h2>Sacs plastiques, du supermarché à nos assiettes</h2>
<p>Les sacs plastiques fins, toujours utilisés en caisse ou pour la vente des fruits et légumes, sont distribués par milliards chaque année en France, et jetés pour la majorité après une seule utilisation. Ils mettent pourtant entre cent et cinq cents ans à se dégrader dans l’environnement.</p>
<p>Très légers, ils n’ont pas de valeur dans les systèmes de recyclage monétarisés, contrairement aux bouteilles ou autres emballages rigides, qui peuvent rapporter de l’argent au poids. Ils sont facilement emportés par le vent et, qu’ils aient été déposés dans une poubelle, dans une décharge, ou bien délibérément abandonnés par terre, ils finissent la plupart du temps leur course dans la mer.</p>
<p>Là, leur impact est dévastateur : transportés sur de très longues distances, ils endommagent les fonds marins et mettent en danger les espèces qui les ingèrent, s’y enchevêtrent, ou sont contaminées par les substances toxiques qu’ils libèrent.</p>
<p>Au gré des courants, les sacs plastiques sont ensuite fragmentés en microparticules qui se dispersent partout dans l’environnement. Absorbées par les organismes marins, ces microparticules remontent la chaîne alimentaire pour se retrouver finalement dans nos assiettes. Les sacs plastiques jetables représentent donc une potentielle menace pour la santé humaine, et leur coût général pour la société n’est pas non plus négligeable : toutes les activités liées à la mer et au littoral – pêche, aquaculture, loisirs, tourisme – pâtissent de leur présence.</p>
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<figcaption><span class="caption">L’interdiction des sacs plastiques est-elle un fiasco ? (Actu-Environnement/YouTube, 2018).</span></figcaption>
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<h2>Une concertation nécessaire</h2>
<p>Face à l’ampleur de l’enjeu, des solutions réalistes existent déjà, et que pour la plupart elles se trouvent à terre, dans la prévention et le traitement correct des déchets et de l’eau.</p>
<p>Transformer les habitudes pour une réduction des emballages de chaque ménage et supprimer le geste automatique de jeter suppose un gros travail d’éducation, que ce soit pour les habitants des pays côtiers, ou pour les millions de touristes qui y affluent chaque année en Méditerranée ou dans les îles du pacifique.</p>
<p>Mais les citoyens ne sont pas les seuls responsables. La prévention des déchets plastiques doit également se faire en amont, auprès des fabricants, des distributeurs, avant que les produits ne soient vendus.</p>
<p>S’il serait illusoire d’exiger des entreprises productrices de plastique l’arrêt de leur activité, la responsabilité industrielle est clé pour ralentir la production de déchets. En réduisant leurs emballages et en créant des produits faciles à entretenir, réparables et durables, adaptés à la réutilisation ou au recyclage, les entreprises peuvent changer la donne.</p>
<p>En parallèle d’un remplacement progressif par des matériaux alternatifs, une bonne gestion du plastique – favorisant le recyclage et la réutilisation – permettrait aux entreprises de biens de consommation d’effectuer d’importantes économies, dont le potentiel, aujourd’hui évalué à 4 milliards de dollars chaque année, est appelé à augmenter.</p>
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<p><em>Tous les numéros de la revue de l’Institut Veolia « Facts Reports » sont disponibles sur le <a href="https://www.institut.veolia.org/fr/La-Revue-de-l-Institut-FACTS-Reports">site dédié</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111224/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maria Luiza Pedrotti ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La surconsommation de plastique et les déchets qu’elle génère ont un impact fort sur l’environnement marin : la lutte contre ce fléau doit passer par une réduction de la production de plastique.Maria Luiza Pedrotti, Chercheuse en biologie marine, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1112052019-03-11T20:35:48Z2019-03-11T20:35:48ZEt l’on découvrit que la Méditerranée était devenue une mer de plastiques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/260703/original/file-20190225-26162-66dag9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Traitement des échantillons prélevés à bord de la goélette Tara. </span> <span class="attribution"><span class="source">Samuel Bollendorff/Fondation Tara Expéditions</span></span></figcaption></figure><p><em>Ce texte est extrait de la récente édition de « La revue de l’Institut Veolia – Facts Reports » <a href="https://www.institut.veolia.org/fr/nos-publications/la-revue-de-linstitut-facts-reports/lindispensable-reinvention-des-plastiques">consacrée aux plastiques</a>. André Abreu, directeur des politiques internationales pour la <a href="https://oceans.taraexpeditions.org/">Fondation Tara Expéditions</a>, est co-auteur de cet article.</em></p>
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<p><a href="https://www.iswa.org/fileadmin/user_upload/Calendar_2011_03_AMERICANA/Science-2015-Jambeck-768-71__2_.pdf">5 250 milliards</a>, c’est le nombre de particules plastiques qui flottent à la surface des mers et des océans du monde, soit l’équivalent de 268 940 tonnes de déchets. Des fragments qui circulent au gré des courants, avant d’échouer pour une partie sur les plages, les îles, les atolls de récifs coralliens ou encore dans l’un des cinq <a href="https://theconversation.com/la-presence-des-microplastiques-dans-locean-nettement-revue-a-la-hausse-52951">« gyres » océaniques</a>, dont le plus grand et plus connu se situe dans l’océan Pacifique nord.</p>
<p>La majorité de ces déchets existe sous forme de microplastiques, c’est-à-dire de déchets d’une taille inférieure à 5 mm. Ces micro-déchets sont constitués d’un assemblage hétérogène de pièces qui varient en taille, forme, couleur, densité et composition chimique. Parmi eux, la plupart dérivent en mer avant d’être détérioriés, un processus qui peut prendre entre 100 et 1 000 ans.</p>
<p>On distingue les microplastiques primaires, libérés sous forme de petites particules plastiques – microbilles contenus dans les cosmétiques, fragments textiles… – des microplastiques secondaires, qui proviennent surtout de la dégradation des gros déchets plastiques en milieu marin – comme les sacs plastiques à usage unique.</p>
<p>Selon les experts de l’Ifremer, 700 tonnes de déchets se déversent chaque jour en mer Méditerranée qui représente l’une des régions les plus impactées par la pollution marine, plastique tout particulièrement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pollution-plastique-retour-sur-une-prise-de-conscience-101541">Pollution plastique : retour sur une prise de conscience</a>
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<h2>Un bassin particulièrement vulnérable</h2>
<p>Du fait de son caractère de mer semi-fermée, la Méditerranée connaît une exposition plus forte que les océans : le taux de renouvellement de ses eaux est de 90 ans alors que la persistance des plastiques est, elle, supérieure à 100 ans.</p>
<p>Entre <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0121762">1 000 et 3 000 tonnes</a> de plastiques flottent actuellement à la surface (fragments de bouteilles, sacs, emballages, fils de pêche…), provenant en grande partie des zones d’accumulation des villes côtières, des zones à forte activité touristique et des décharges à ciel ouvert. La majeure partie de la pollution méditerranéenne provient des 250 milliards de fragments de microplastiques qui s’y trouvent, selon les estimations de l’<a href="http://www.expeditionmed.eu/fr/">Expédition MED</a>.</p>
<p>Un problème exacerbé par d’autres facteurs : les côtes densément peuplées, le tourisme fortement développé, le passage de 30 % du trafic maritime mondial et les apports supplémentaires des déchets par les rivières et les zones très urbanisées.</p>
<p>En Méditerranée, 95 % des déchets marins sont en plastique, ce qui a mené certains experts à la qualifier de sixième grande zone d’accumulation de déchets marins au monde, après les cinq gyres océaniques.</p>
<h2>Des conséquences encore mal connues</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/257529/original/file-20190206-174894-3vlpxp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/257529/original/file-20190206-174894-3vlpxp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/257529/original/file-20190206-174894-3vlpxp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/257529/original/file-20190206-174894-3vlpxp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/257529/original/file-20190206-174894-3vlpxp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/257529/original/file-20190206-174894-3vlpxp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/257529/original/file-20190206-174894-3vlpxp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/257529/original/file-20190206-174894-3vlpxp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Microplastiques récoltés en Méditerranée par le bateau de la fondation Tara.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Samuel Bollendorff</span></span>
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<p>En 2014, la fondation Tara a conduit une expédition pendant neuf mois dans le bassin méditerranéen pour étudier spécifiquement les microplastiques et en comprendre les impacts sur cet écosystème. Elle a permis d’effectuer 2 000 prélèvements dans quelque 350 stations, près des côtes, proches des villes, des embouchures de rivières et dans les ports. Des données représentant 75 000 particules de plastique, actuellement en cours d’analyse.</p>
<p>L’expédition a déjà permis un constat clair : que ce soit près des côtes ou plus au large, la Méditerranée est polluée à 100 % par les plastiques. Plus alarmant encore, la concentration des microplastiques (<5mm) est parfois aussi importante que celle trouvée dans le « 7<sup>e</sup> continent de plastique » – qui fait trois fois la taille de la France, dans le Pacifique. Leur nombre avoisine par ailleurs l’ordre de grandeur du plancton, à la base de la chaîne alimentaire.</p>
<p>Outre les dommages financiers engendrés par le plastique sur les écosystèmes – qui seraient, à l’échelle mondiale, de l’ordre de 13 milliards de dollars annuels, notamment à travers la pêche, la plaisance et le tourisme – l’impact sur la biodiversité et la santé humaine de cette forme de pollution demeure encore mal connu.</p>
<p>Plusieurs hypothèses de dessinent toutefois : d’une part, les microplastiques attirent et accumulent les contaminants déjà présents dans l’eau, comme les produits chimiques et les engrais. Ensuite, il existe du fait de leur petite taille un risque de confusion important entre le plancton et les micro-déchets par les organismes filtrants, comme les poissons ou les baleines.</p>
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<figcaption><span class="caption">Un filet saturé de plastiques (Fondation Tara Expéditions/YouTube, 2014).</span></figcaption>
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<h2>Les bactéries, colons des microplastiques</h2>
<p>Le rôle des déchets plastiques dans le développement de problèmes de santé demeure par ailleurs incertain, par manque de connaissances sur le niveau d’exposition aux contaminants dus aux déchets plastiques, et sur les mécanismes par lesquels les produits chimiques absorbés par le plastique sont ensuite transférés aux humains et aux espèces marines.</p>
<p>Mais les bactéries, c’est avéré, colonisent intensément les microplastiques, comme le révèle une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S026974911732198X?via%3Dihub">étude publiée en 2018</a> dans la revue <em>Environmental Pollution</em> par l’équipe scientifique du chercheur Jean‑François Ghiglione de l’observatoire océanologique de Banyuls. De véritables écosystèmes microscopiques (bactéries, virus, micro-algues, micro-prédateurs) se développent à la surface des fragments, posant des questions sur l’entrée probable de ces molécules dans la chaîne alimentaire. « Les bactéries adorent vivre sur les plastiques. On en trouve en grande quantité, avec une biodiversité très importante, voire plus importante à volume équivalent que dans l’eau de mer », souligne Jean‑François Ghiglione.</p>
<p>Des groupes de bactéries inattendus ont ainsi été révélés, tels que certaines cyanobactéries vivant habituellement dans les sédiments, qui sont très abondantes sur les plastiques récoltés à la surface de la mer. « Un des problèmes majeurs de la pollution plastique est la dispersion d’espèces invasives, qui s’accrochent sur des radeaux artificiels et peuvent parcourir de très longues distances. Ces espèces peuvent modifier durablement les écosystèmes qu’ils colonisent », indique le chercheur du CNRS.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/des-emballages-qui-ne-polluent-pas-ca-existe-72305">Des emballages qui ne polluent pas, ça existe !</a>
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<h2>Éviter la surenchère</h2>
<p>Au-delà des aspects scientifiques, l’enjeu des plastiques en mer est aujourd’hui de sensibiliser. Les images de sacs plastiques, bouteilles et autres déchets flottants font le tour des médias et des réseaux sociaux, suscitant l’émotion et l’indignation des citoyens.</p>
<p>Un emballement médiatique positif mais souvent trop hâtif, avec des informations et des chiffres non vérifiés. Il s’agit, pour la fondation Tara, de travailler sur une base scientifique robuste, en respectant la science et en évitant de jouer la surenchère sur le danger potentiel des plastiques en mer.</p>
<p>L’océan est sous pression mais le catastrophisme et les images anxiogènes ne contribuent pas toujours à l’avancée concrète des solutions avec les différentes parties prenantes. Des solutions sont possibles à terre, grâce à une économie circulaire, au recyclage, à la réutilisation des ressources et à la transition vers des emballages éco-conçus et non polluants.</p>
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<p><em>Tous les numéros de « La revue de l’Institut Veolia – Facts Reports » sont disponibles sur le <a href="https://www.institut.veolia.org/fr/La-Revue-de-l-Institut-FACTS-Reports">site dédié</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/111205/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maria Luiza Pedrotti ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La mer Méditerranée est particulièrement vulnérable aux microplastiques, ces fragments de déchets qui polluent les mers et les océans.Maria Luiza Pedrotti, Chercheuse en biologie marine, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1028992018-10-11T18:59:08Z2018-10-11T18:59:08ZDes vers pour traquer la pollution aux microplastiques dans l’estuaire de la Seine<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/240296/original/file-20181011-154549-1ek9n2w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au laboratoire, dépuration des vers prélevés dans l’estuaire de la Seine. </span> <span class="attribution"><span class="source">Messika Revel/UCO</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/183036/original/file-20170822-1066-js7jb1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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<p><em>Cet article est publié à l’occasion de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p>
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<p>L’utilisation de plastique n’a cessé <a href="https://committee.iso.org/files/live/sites/tc61/files/The%20Plastic%20Industry%20Berlin%20Aug%202016%20-%20Copy.pdf">d’augmenter depuis les années 1950</a> avec notamment la production massive d’emballages à usage unique comme les bouteilles, les sachets ou encore les sacs plastiques.</p>
<p>Ces plastiques se retrouvent dans l’environnement et les scientifiques s’interrogent sur les effets nocifs pour la faune et l’être humain. D’après une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0111913">étude parue en 2014</a>, plus de 5 000 milliards de microplastiques flotteraient dans les océans, ce qui représente près de 269 000 tonnes de plastique. Même si ce chiffre est impressionnant il est très loin des <a href="https://www.plasticseurope.org/application/files/5715/1717/4180/Plastics_the_facts_2017_FINAL_for_website_one_page.pdf">322 millions de tonnes produits</a> et les scientifiques se demandent toujours où se trouve le reste du plastique (sous forme de nanoplastiques ou dans les fonds marins ?).</p>
<p>De nombreuses études ont mis en évidence la présence de ces particules dans les océans et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749113001140">divers organismes</a> (des phoques, des poissons, des moules, des huîtres, etc.) mais encore très peu se sont intéressées au milieu d’eau douce. C’est pour cette raison que l’impact des microplastiques à long terme et leur accumulation le long de la chaîne alimentaire jusqu’aux humains doivent être éclaircis.</p>
<h2>Dans l’estuaire de la Seine</h2>
<p>C’est <a href="http://science.sciencemag.org/content/185/4150/491">dans les années 1970</a> que les premiers débris de plastiques ont été identifiés dans le milieu marin mais le terme microplastique n’apparaît lui qu’au début des années 2000 pour désigner ces particules dont la taille est inférieure à 5 mm. Les microplastiques proviennent essentiellement de la <a href="http://rstb.royalsocietypublishing.org/content/364/1526/1985.short">fragmentation des macrodéchets</a> de plastiques et peuvent prendre la forme de fragments, films ou fibres.</p>
<p>Contrairement aux macrodéchets de plastiques, visibles à l’œil nu – notamment au niveau des gyres océaniques, aussi appelées « soupes de plastiques » –, les microplastiques, également très présents dans ces zones, doivent être collectés à l’aide de filets pour pouvoir être identifiés. Ceci a bien été mis en évidence lors de l’expédition Tara, réalisée entre 2009 et 2013, où des microplastiques ont été observés jusqu’en Antarctique !</p>
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<figcaption><span class="caption">Tara Océans : en direct du continent plastique. (Fondation Tara Expéditions/Youtube, 2011).</span></figcaption>
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<p>Notre laboratoire étudie actuellement la présence des microplastiques <a href="https://www.seine-aval.fr/projet/plastic-seine/">dans l’estuaire de la Seine</a>, en collaboration avec de nombreux partenaires nationaux, et plus particulièrement chez un animal clé de l’écosystème estuarien (cette zone entre le milieu marin et l’eau douce) : le ver <em>Hediste diversicolor</em>, aussi appelé gravette.</p>
<p>Pourquoi avoir choisi la Seine ? Parce que cette rivière et son estuaire sont susceptibles d’être très contaminés par les microplastiques, en raison des pressions urbaines et des activités industrielles et portuaires au niveau de l’estuaire. D’ailleurs, <a href="http://maldeseine.free.fr/index.html">plusieurs zones d’accumulation</a> de déchets plastiques y ont déjà été observées.</p>
<h2>Comment bien récolter les gravettes ?</h2>
<p>Ces animaux sont très présents sur les littoraux et vivent dans des galeries qu’ils creusent dans les <a href="http://doris.ffessm.fr/Especes/Hediste-diversicolor-Nereis-multicolore-715">sédiments vaseux ou sableux</a>. Ces vers jouent un rôle majeur car ils représentent une source de nourriture importante pour des oiseaux et des poissons. La gravette constitue également un excellent indicateur biologique pour évaluer l’état de santé des écosystèmes estuariens au regard de la pollution chimique. Espèce abondante et peu mobile, elle subit une double exposition aux polluants, via le sédiment et l’eau qui s’y infiltre lorsqu’elle creuse des galeries.</p>
<p>Pour les récolter il faut nous équiper de combinaisons de plongée, aller sur les vasières Nord au niveau de l’estuaire de la Seine, au Havre, et éviter de rester debout pour ne pas s’enfoncer jusqu’au genou ! Selon la composition du sédiment, il nous faut creuser plus ou moins profondément pour trouver des vers. Une fois repérés, il faut manuellement et (surtout) délicatement les prélever et les déposer dans des seaux contenant du sédiment et un peu d’eau du terrain.</p>
<p>De retour au laboratoire, les vers sont récupérés manuellement et (toujours) délicatement des seaux du terrain. Chaque gravette est ensuite déposée dans un petit récipient en verre contenant de l’eau de mer reconstituée (sans microplastiques) pendant plusieurs heures, ce qui permettra aux vers de vider le contenu de leur tube digestif. Cette étape est appelée dépuration ; le lendemain, chaque ver sera récupéré, de même que le contenu de son tube digestif pour évaluer la présence de particules de plastique dans leur corps et le contenu de leur tube digestif. Le lendemain, les vers et les contenus des tubes digestifs sont récupérés et conservés au congélateur.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240233/original/file-20181011-154555-1dqv3yn.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’une des vasières du Havre où les scientifiques prélèvent les gravelles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Messika Revel</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=333&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/240293/original/file-20181011-154573-gs1lzc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">« Hediste diversicolor ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">Messika Revel/UCO</span></span>
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<h2>Identification des microplastiques dans les vers</h2>
<p>Pour identifier les particules de plastique dans les vers, il faut « digérer » leur corps puis le contenu de leur tube digestif. Pour cela, nous utilisons de l’hydroxyde de potassium qui permet de dissoudre la matière organique <a href="https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs11356-017-8862-3">sans altérer les particules plastiques</a>.</p>
<p>Après agitation à 60° pendant plusieurs heures, la solution obtenue est filtrée et le filtre conservé dans une boîte en verre pour éviter la contamination extérieure aux fibres synthétiques <a href="https://www-sciencedirect-com.buadistant.univ-angers.fr/science/article/pii/S2468584417300119">présentes dans l’air</a>. Les filtres sont ensuite observés à la loupe binoculaire pour évaluer la présence de particules et décrire leur forme, leur couleur ou encore leur aspect. Pour valider et identifier le type de plastique auquel correspondent les particules (polyéthylène, polypropylène, polystyrène, etc.), il faut avoir recours à des outils plus performants, tels que la spectroscopie infrarouge ou Raman.</p>
<p>Nos premiers résultats indiquent qu’il y aurait des microplastiques dans les vers récoltés, au niveau du corps et du contenu du tube digestif. Il s’agit ensuite de savoir si ces particules peuvent avoir un impact sur la santé des vers (survie, reproduction, énergie, etc.) et si ces particules peuvent se retrouver à d’autres niveaux de la chaîne alimentaire, comme celui de leurs prédateurs pour potentiellement s’accumuler dans les animaux et avoir également des effets sur leur santé.</p>
<h2>Impact des micro et nanoplastiques</h2>
<p>La préoccupation des scientifiques sur l’impact des microplastiques pour la santé environnementale et humaine grandit. Selon une <a href="https://www.sudouest.fr/2018/08/28/des-microplastiques-decouverts-dans-des-mollusques-du-sel-et-des-crustaces-5341900-706.php">étude européenne publiée en 2018</a> par le magazine <em>Que Choisir</em> plus de deux tiers des 102 échantillons d’aliments analysés tels que du sel, des mollusques et des crustacés, contenaient des microplastiques. Bien que discuté, il existe actuellement trop peu d’études pour nous permettre de répondre à la question du risque de la consommation humaine d’aliments contaminés en <a href="https://biosciences.exeter.ac.uk/documents/Micro-and_Nano-plastics_and_Human_Health_Galloway.pdf">microplastiques</a></p>
<p>Les recherches se poursuivent et de nombreuses autres questions restent en suspens, notamment sur l’impact des nanoplastiques qui proviendraient de la fragmentation des macroplastiques. De par leur taille très réduite (<0,001mm), ces particules pourraient <a href="https://www.nature.com/articles/s41598-017-10813-0">pénétrer les tissus</a>, altérer plus de mécanismes et se diffuser davantage dans la chaîne alimentaire.</p>
<p>D’autres équipes travaillent également sur le développement de nouvelles alternatives au plastique afin de limiter sa diffusion à la source.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102899/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Messika Revel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans l’estuaire de la Seine, des scientifiques ont recours au ver « Hediste diversicolor » pour détecter la présence de microplastiques.Messika Revel, Postdoctorante en écotoxicologie, Université catholique de l’Ouest Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1015412018-09-10T20:19:10Z2018-09-10T20:19:10ZPollution plastique : retour sur une prise de conscience<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/235626/original/file-20180910-123113-9os9eq.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C10%2C1435%2C878&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Récolte de déchets après un nettoyage de plage. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/trash-beach-after-cleaning-by-volunteers-1090810907">Shutterstock </a></span></figcaption></figure><p>La production de plastiques a connu ces dernières décennies une croissance exponentielle, passant de 1,5 million de tonnes produites en 1950 à l’échelle mondiale à <a href="https://www.plasticseurope.org/application/files/4315/1310/4805/plastic-the-fact-2016.pdf">335 millions de tonnes en 2016</a>. Une quantité importante de cette production est consacrée aux emballages ou aux plastiques à « usage unique ». S’y ajoute la fabrication de fibres synthétiques, qui s’élève à 60 millions de tonnes par an.</p>
<p>Cette production massive s’accompagne d’une pollution globale dont les articles de presse et les publications scientifiques se font l’écho. En étudiant le nombre d’articles parus au niveau mondial depuis 1956, on s’aperçoit que cette médiatisation s’est fortement accélérée depuis 2014, et tout particulièrement au cours des derniers mois. Cette intensification s’explique de plusieurs façons.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/235641/original/file-20180910-123119-hhqftp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/235641/original/file-20180910-123119-hhqftp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/235641/original/file-20180910-123119-hhqftp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/235641/original/file-20180910-123119-hhqftp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/235641/original/file-20180910-123119-hhqftp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=330&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/235641/original/file-20180910-123119-hhqftp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/235641/original/file-20180910-123119-hhqftp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/235641/original/file-20180910-123119-hhqftp.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Articles scientifiques publiés depuis 1972 sur la thématique des débris plastiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fourni par l’auteur.</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/235644/original/file-20180910-123104-s2z04v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/235644/original/file-20180910-123104-s2z04v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/235644/original/file-20180910-123104-s2z04v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=460&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/235644/original/file-20180910-123104-s2z04v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=460&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/235644/original/file-20180910-123104-s2z04v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=460&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/235644/original/file-20180910-123104-s2z04v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=578&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/235644/original/file-20180910-123104-s2z04v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=578&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/235644/original/file-20180910-123104-s2z04v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=578&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Articles publiés dans la presse depuis 1956.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fourni par l’auteur.</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<h2>Le choc de la découverte des gyres</h2>
<p>Au cours de leur cycle de vie, les produits en plastique peuvent se retrouver dans l’environnement. Même si des incertitudes persistent, on estime par exemple qu’entre 1 et 2,5 millions de tonnes de ces déchets sont <a href="https://www.nature.com/articles/ncomms15611">rejetés chaque année dans les mers par les fleuves</a>. Ces plastiques, peu dégradables, peuvent se fragmenter en microplastiques – désignant des débris d’une taille inférieure à 5 mm.</p>
<p>La pollution des écosystèmes par les plastiques a débuté dès l’invention de ces matières. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/4628343">En 1970</a>, de premiers « lanceurs d’alerte » mettaient déjà en évidence la présence dans le milieu marin de débris de l’ordre du millimètre. Et ils évoquaient déjà des effets sur l’environnement : étranglements, ingestion par les organismes vivants, risques d’occlusions, accumulation sur ces débris de contaminants organiques, etc. Ils proposaient que des actions et mesures soient prises pour limiter leur présence dans l’environnement marin.</p>
<p>La découverte des gyres océaniques – ces immenses tourbillons d’eau où s’accumulent des tonnes de déchets plastiques – constitue le fait marquant dans la mobilisation des politiques, des citoyens et des scientifiques contre cette pollution. Depuis 1997, les expéditions contribuant à mettre en lumière ce problème et le porter sur la place publique se sont multipliées. Cette prise de conscience collective, partagée entre scientifiques et citoyens, ne cesse depuis de se renforcer.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"686439532837879808"}"></div></p>
<h2>Scientifiques et associations en première ligne</h2>
<p>La communauté scientifique est aujourd’hui fortement mobilisée : nombre de travaux sont menés depuis une dizaine d’années en milieu océanique pour <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969716309731?via%3Dihub">étudier la toxicité des débris plastiques</a> sur les organismes vivants. De plus en plus d’équipes de recherche s’attellent à cette thématique et contribuent à la diffusion de nouvelles connaissances.</p>
<p>Ces travaux démontrent l’omniprésence des plastiques dans l’environnement, dans notre <a href="https://doi.org/10.1038/srep46173">alimentation</a>, dans l’<a href="https://doi.org/10.1016/j.marpolbul.2016.01.006">air</a>, et plus récemment dans les <a href="https://doi.org/10.1016/j.watres.2018.05.027">eaux embouteillées</a>. Après avoir débutées en milieu marin, les nouvelles actions tendent à mieux comprendre l’origine de ces plastiques et se conduisent sur le continent afin de <a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-319-61615-5_4">traquer les différentes sources de déchets plastiques</a>.</p>
<p>En parallèle de l’action scientifique, une forte mobilisation du milieu associatif et de la société civile contre « le tout plastique » est observée ; elle se matérialise par exemple par des opérations citoyennes de collecte de déchets sauvages.</p>
<p>Certaines associations comme <a href="https://www.surfrider.eu/?gclid=EAIaIQobChMI3-fRqOuw3QIVxPhRCh2uGgWZEAAYASAAEgKZ9_D_BwE">Surfrider</a>, la <a href="https://www.ellenmacarthurfoundation.org/fr/economie-circulaire/concept">Fondation Ellen Macarthur</a> ou encore <a href="https://www.theoceancleanup.com/">Ocean Clean Up</a> sont particulièrement connues dans ce domaine. Leur communication est d’autant plus efficace que cette pollution est « visible » et renvoie à chacun la notion de la dégradation de la nature. Les images d’espèces emblématiques (tortues, dauphins, baleines, etc.), prisonnières d’anneaux en plastique ou d’animaux marins morts en ayant ingérés des quantités importantes de déchets plastiques n’ont pu vous échapper ! Ce lobbying associatif a pesé dans les évolutions réglementaires avec, par exemple, l’interdiction attendue en Europe des objets plastiques à usage unique, comme les pailles ou les cotons-tige. Leur exposition et les différentes actions que ces structures mènent leur permettent de lever des fonds importants.</p>
<p>Cette mobilisation scientifique et citoyenne a poussé les instances institutionnelles à se saisir elles aussi de la thématique des débris plastiques.</p>
<p>Celle-ci est devenue une préoccupation environnementale de premier ordre ces dernières années et fait maintenant partie de la définition du « bon état écologique » des écosystèmes marins (dans le cadre de la <a href="http://www.dcsmm-d4.fr/la-directive-cadre-strategie-pour-le-milieu-marin-dcsmm">Directive cadre stratégie pour le milieu marin</a>). À l’échelle de la France, en réponse aux <a href="http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-18-3909_fr.htm">préconisations de la Commission européenne</a> et du lobbying de Surfrider, différents textes législatifs ont été adoptés ou sont en cours de rédaction. Des textes en avance sur le calendrier européen prévoient notamment l’interdiction des cotons-tiges et des pailles, omniprésents dans l’environnement.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1032621128689364992"}"></div></p>
<h2>Chacun s’est emparé de la question</h2>
<p>Il est possible, chacun à son niveau, d’agir directement sur les débris plastiques. En « refusant de disparaître », ces déchets salissent la nature de manière indéniable et invitent à passer à l’action.</p>
<p>Aujourd’hui, les différents acteurs de cette lutte – scientifiques, journalistes et citoyens – s’alimentent réciproquement et continuellement sur ce sujet.</p>
<p>Contrairement à d’autres problématiques environnementales « non visibles » – comme les perturbateurs endocriniens ou l’émission des gaz à effets de serre – où les scientifiques ont alerté mais n’ont été relayés qu’après plusieurs années dans la presse, les dynamiques de publication et de médiatisation sur la pollution plastique montrent que chacun s’est emparé de la question.</p>
<p>Rares sont les sujets où les lobbies industriels, les instances institutionnelles et les milieux associatifs, parviennent à laisser ainsi leurs intérêts divergents dans l’ombre, et à communiquer de concert. Du moins, en apparence…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/101541/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Johnny Gasperi a reçu des financements du ministère de la Transition écologique et solidaire.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bruno Tassin a reçu des financements du ministère de la Transition écologique et solidaire.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Romain Tramoy a reçu des financements du ministère de la Transition écologique et solidaire.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Denis Blot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des millions de tonnes de plastiques sont produites chaque année, dont une part se retrouve dans l’environnement. Mais la lutte contre cette pollution jouit d’une mobilisation sans précédent.Johnny Gasperi, Chercheur en sciences et techniques de l’environnement, Université Gustave EiffelBruno Tassin, Directeur de recherche, sciences de l’environnement, École des Ponts ParisTech (ENPC)Denis Blot, Maître de conférences en sociologie - Chercheur de l'équipe Habiter-le-Monde, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)Romain Tramoy, PostDoc en environnement, École des Ponts ParisTech (ENPC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1026902018-09-05T21:14:11Z2018-09-05T21:14:11ZPlastique dans les cantines : « Un danger inacceptable pour la santé de nos enfants »<p>Il y a un peu plus d’un an, j’ai appris que les repas pris par mes enfants à la cantine étaient cuits, réchauffés et servis dans des contenants alimentaires en plastique. Si, en tant que chercheur, j’ai toujours adopté une certaine distance vis-à-vis des débats de société et des questions d’actualité, cette découverte m’a obligé à sortir de ma réserve.</p>
<p>Tous les jours donc, comme près de 20 000 autres petits Bordelais, mes enfants ont consommé des repas cuits dans des poches en plastique, réchauffés à 120 °C dans des barquettes en plastique, servis dans des assiettes en plastique ; avec l’aval de la mairie <a href="https://www.20minutes.fr/bordeaux/2129383-20170908-bordeaux-apres-analyses-ville-assure-vaisselle-plastique-cantines-danger">certifiant qu’il n’y a aucun risque</a>.</p>
<p>Face à cet état de fait, nous avons constitué un collectif de parents d’élèves appelé « Cantine sans plastique » pour alerter et recueillir des informations.</p>
<p>Cette mobilisation – qui s’est fait entendre sur <a href="https://www.facebook.com/CantineSansPlatique.France/">Facebook</a>, Twitter et dans de nombreux médias – a conduit à plusieurs initiatives législatives (au Sénat et à l’Assemblée nationale) visant à faire interdire le plastique dans les cantines. Des avancées notables ont eu lieu sur le terrain : à Strasbourg, l’inox remplace désormais le plastique pour les couverts et le conditionnement des plats ; à Bordeaux, les assiettes en verre trempé ont été adoptées ; à Montrouge, les barquettes en plastique contenant les plats vont être bannies.</p>
<p>Aujourd’hui, nous publions un livre, <a href="https://editionsdudetour.com/index.php/a-paraitre/"><em>Pas de plastique dans nos assiettes ! Des perturbateurs endocriniens à la cantine</em></a>, qui revient sur cette mobilisation.</p>
<p>Les informations réunies par notre collectif, et consultables dans cet ouvrage, ont de quoi faire peur : à Bordeaux, par exemple, les assiettes en plastique utilisées jusqu’à présent dans les cantines se sont avérées contenir du <a href="https://echa.europa.eu/fr/hot-topics/bisphenol-a">bisphénol A (BPA)</a>, un perturbateur endocrinien interdit ; les poches en plastique fondent pendant la cuisson : près de 1 gramme de plastique par poche se retrouve ainsi dans la nourriture au bout de 2 heures de cuisson (sachant que les poches sont utilisées pour la cuisson plusieurs jours durant). Si l’on ne connaît pas tous les contaminants qui finissent dans les assiettes, on sait cependant qu’on y trouvait du <a href="https://substitution-phtalates.ineris.fr/fr/information-reglementaire">DBP, ce phtalate interdit</a> dans les jouets pour enfants.</p>
<p>Ainsi, les écoliers bordelais ont été exposés des années durant à des substances toxiques sans que personne ne soit au courant.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"993124993813884930"}"></div></p>
<h2>Restauration scolaire en mutation</h2>
<p>Ces dernières décennies, les grandes villes et agglomérations ont modifié l’organisation de leur restauration scolaire, passant de la liaison chaude – repas servis chauds le jour même – à un système de liaison froide – repas cuits à l’avance dans des cuisines centrales, refroidis, stockés, réfrigérés, transportés dans les cantines, réchauffés et servis jusqu’à 15 jours plus tard.</p>
<p>Ce qui relevait au départ de contraintes sanitaires se transforma rapidement en impératifs économiques, nécessitant toujours plus de centralisation de la production, de réduction des échelles, de diminution de la main-d’œuvre, de robotisation des tâches, de flux tendu, de planification… Bref, les cuisines centrales sont devenues aujourd’hui de véritables <a href="https://www.odysseeducinema.fr/film.php?id=380">usines Tricatel</a>.</p>
<p>Dans ce processus, une « technologie » s’est imposée : le plastique. Jetable, il répondait à l’injonction de « réduction des coûts », une réduction en faux-semblant car la diminution des investissements par l’utilisation de consommable/jetable n’est qu’un escamotage de coûts bien plus importants qui seront reportés ailleurs (traitement, achats récurrents) ou à plus tard (coût écologique et sanitaire).</p>
<p>Aujourd’hui, rien qu’en Europe, la production totale de plastiques est passée à plus de <a href="https://www.plasticseurope.org/fr/newsroom/press-releases/lindustrie-des-matieres-plastiques-une-industrie-performante-et-contestee">64 millions de tonnes</a> (2017), dont moins de <a href="https://theconversation.com/dechets-plastiques-la-dangereuse-illusion-du-tout-recyclage-90359#link_time=1517176581">15 % sont recyclés</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1032621128689364992"}"></div></p>
<h2>Crise sanitaire silencieuse</h2>
<p>L’usage systémique du plastique dans la restauration collective est aussi à l’origine d’une crise sanitaire qui ne dit pas son nom. Pour la comprendre, il faut revenir sur cette « soupe chimique » dans laquelle nous baignons.</p>
<p>Au cours du XX<sup>e</sup> siècle, <a href="http://www.seuil.com/ouvrage/la-contamination-du-monde-francois-jarrige/9782021085761">10 millions de composés chimiques</a> ont été synthétisés, parmi lesquels 150 000 ont été commercialisés, sans aucun contrôle sur leurs effets sanitaires pour la plupart. Aux États-Unis, la réglementation sur les molécules chimiques ne vit le jour qu’en 1976 : le <a href="https://www.epa.gov/laws-regulations/summary-toxic-substances-control-act">Toxic Substances Control Act</a> avait recensé à l’époque 62 000 molécules commercialisées en quantité importante, sans compter les cosmétiques, pesticides, médicaments…</p>
<p>Ce chiffre n’a depuis cessé d’augmenter. On estime aujourd’hui qu’un individu moyen est exposé à <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences/neurosciences/cocktail-toxique_9782738140067.php">300 fois plus de molécules chimiques</a> qu’il y a 40 ans. En Europe, le <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/reglementation-reach">règlement REACH</a> a conduit à l’interdiction d’une <a href="https://reach-info.ineris.fr/consultation_section/28654/28846">quarantaine de substances</a> (seulement…) et en a classé <a href="https://echa.europa.eu/fr/candidate-list-table">132 comme « extrêmement préoccupantes »</a>.</p>
<p>Les plastiques font partie intégrante de cet univers. Ce ne sont pas des composés homogènes : il s’agit de polymères composés de monomères (styrène, chlorure de vinyle, propylène…), de nombreux additifs (parfois en forte proportion) mais aussi d’impuretés, de résidus de synthèse et de très nombreux NIAS (pour <em>Non-Intentionnaly Added Substances</em>). Aujourd’hui, au moins <a href="http://www.chemtrust.org/hazardous-chemicals-plastic-packaging">4 000 substances</a> ont été identifiées qui rentreraient dans la composition des emballages plastiques !</p>
<p>Le plastique n’est pas non plus inerte, ni durable. Le polymère se dégrade en effet mécaniquement en microplastique, libérant au fil du fil du temps ses multiples composants. Cette migration est de première importance pour les matériaux destinés au contact alimentaire (dit MDCA). La libération de substances (indéterminées) dans les aliments est amplifiée par l’effet de la chaleur ou agressions physico-chimiques (chaleur, acides, alcools, graisses…).</p>
<p>Que trouve-t-on dans ces produits libérés ? Probablement une fraction de monomères, des additifs, des impuretés, des produits de décomposition… Comme il est très difficile de déterminer la nature et la quantité des impuretés, NIAS, etc., ce sont les additifs qui ont reçu le plus d’attention.</p>
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<p>L’industrie de la plasturgie a sur ce terrain multiplié les innovations, inventant des centaines d’additifs permettant de diversifier les propriétés de leurs plastiques : plastifiants, conservateurs, antioxydants, colorants… Ce sont ainsi des dizaines de molécules différentes qui ont été rajoutés dans la composition des plastiques, molécules pour lesquelles très peu de données toxicologiques sont disponibles ; mais les premières études sur le sujet (comme celles parues en <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S089062380700233X?via%3Dihub">2007</a>, <a href="http://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/102">2008</a>, <a href="http://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/221">2011</a>, <a href="http://press.endocrine.org/doi/10.1210/er.2015-1093">2015</a> et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0890623815300241?via%3Dihub">2016</a>) ont été alarmantes.</p>
<p>De nombreux phtalates et bisphénols ont ainsi été classifiés <a href="https://echa.europa.eu/fr/candidate-list-table">comme substances cancérigènes ou perturbateurs endocriniens</a>. Plus récemment, ce sont les MOSH et les POSH, micro-gouttelettes d’hydrocarbures ou d’huiles minérales qui exsudent des plastiques lors du de leur chauffage, qui <a href="https://www.efsa.europa.eu/de/efsajournal/pub/2704">inquiètent les autorités sanitaires</a>. On sait aujourd’hui que ces molécules, comme le bisphénol A (BPA), sont présentes dans le corps de la quasi-totalité des Européens.</p>
<p>Rappelons que le BPA ou encore certains phtalates de bas poids moléculaire ont été associés à l’augmentation de l’incidence de nombreuses pathologies telles que les cancers hormono-dépendants (comme les cancers du sein, de la prostate, des testicules), les troubles métaboliques (diabètes et obésité), l’infertilité, ou les désordres neurodégénératifs (Alzheimer, Parkinson) ou neuro-développementaux (comme les troubles autistiques et THDA). Partout les scientifiques associent cette exposition inédite aux perturbateurs endocriniens à l’épidémie de maladies non-transmissible (NCD, <em>non-communicable disease</em>) à laquelle nous sommes en train d’assister.</p>
<h2>Absence de transparence</h2>
<p>Face à cette « invasion » du plastique, le collectif « Cantine sans plastique » a commencé par questionner les collectivités, les cuisines centrales, les fabricants : quelle est la composition de ces plastiques ? Est-ce que l’on peut garantir l’absence de perturbateurs endocriniens ? L’impact sanitaire de ces contenants alimentaires a-t-il été évalué ?</p>
<p>À chaque fois, le plastique nous a été présenté comme un matériau inerte et durable, sans danger, avec un risque scientifiquement maîtrisé. Notre collectif a donc mené sa propre enquête, dont les résultats sont détaillés dans le livre que nous venons de publier. Il en ressort que le risque pris par les pouvoirs publics n’est absolument pas maîtrisé et fait courir un danger inacceptable à la santé de nos enfants.</p>
<p>À l’heure actuelle, il est impossible de connaître la composition exacte de ces plastiques. Au final, fabricants et distributeurs ne peuvent certifier ce qu’il y a dans ces matériaux, car ils ne le savent pas eux-mêmes. On comprendra mieux l’absence de transparence des producteurs concernant ces produits.</p>
<p>Mais le plus frappant au cours de cette expérience est le fait que l’information scientifique, spécialisée, à propos des dangers de ces substances existe et qu’elle est facilement accessible. Pourtant, nous avions partout l’impression que personne ne savait. Mais certains politiques, de nombreux scientifiques et surtout les industriels savent depuis très longtemps les risques auxquels nos enfants sont exposés. Pourquoi rien n’avait été fait ? Ce que nous avons appris est que ce savoir était disponible mais détourné, escamoté, travesti de façon à le rendre inutilisable.</p>
<p>Il revient aujourd’hui aux scientifiques d’éclairer les débats de société en contribuant à l’élaboration d’une information claire, robuste et indépendante des enjeux industriels. Pour ainsi permettre aux pouvoirs publics de mettre en place des politiques de santé publique qui protègent vraiment nos enfants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102690/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jérôme Santolini est membre de Cantine Sans Plastique France</span></em></p>Au sein du collectif « Cantine sans plastique », des parents d’élèves se mobilisent pour alerter sur le danger de substances contenues dans la vaisselle et les ustensiles de restauration scolaire.Jérôme Santolini, Chercheur en Biochimie, Responsable du laboratoire Stress Oxydant et Détoxication, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.