tag:theconversation.com,2011:/us/topics/minerais-66310/articlesminerais – The Conversation2024-03-05T16:00:55Ztag:theconversation.com,2011:article/2226562024-03-05T16:00:55Z2024-03-05T16:00:55ZExploitation minière en Afrique : enjeux fiscaux, sociaux et environnementaux<p>« La course est lancée » pour dominer la technologie des énergies propres, a déclaré Ursula von der Leyen, en mars 2023, lorsqu’elle a annoncé la mise en place du <a href="https://www.consilium.europa.eu/fr/infographics/critical-raw-materials/">Règlement européen sur les matières premières critiques</a>, qui vise à réduire la dépendance actuelle de l’UE en matière d’approvisionnement en minerais critiques. Ce texte a été présenté en réponse à la <a href="https://www.ofce.sciences-po.fr/blog/linflation-reduction-act-americain-une-loi-mal-nommee/">loi sur la réduction de l’inflation des États-Unis</a>, qui comprend notamment un engagement à accroître l’approvisionnement national en ces minerais essentiels.</p>
<p>Dans ce contexte de compétition entre grandes puissances, on peut craindre que certains impacts socio-économiques et environnementaux négatifs propres à l’industrie minière soient volontairement ignorés, dans un objectif de sécurisation rapide des ressources. Or, négliger ces questions pourrait compromettre les efforts déployés pour atténuer le changement climatique et protéger la biodiversité, et répéterait les erreurs du passé, avec une exploitation systématique des pays en développement réduits à la production de matières premières de base, comme l’a souligné le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres dans son <a href="https://news.un.org/en/story/2023/12/1144267">adresse aux dirigeants mondiaux</a> lors de la COP28.</p>
<h2>Un moment charnière</h2>
<p>La transition énergétique, qui vise à réduire, voire à remplacer un système utilisant les énergies fossiles par un nouveau mode de consommation centré sur les énergies renouvelables, implique un besoin accru de ressources minières, aussi appelées minerais critiques. La demande de ces minerais – lithium, cobalt, graphite, nickel et cuivre – <a href="https://www.iea.org/news/iea-critical-minerals-and-clean-energy-summit-delivers-six-key-actions-for-secure-sustainable-and-responsible-supply-chains">va exploser dans les années à venir</a>.</p>
<p>Le continent africain abrite de vastes ressources naturelles, <a href="https://theconversation.com/les-nouveaux-enjeux-de-lexpansion-miniere-en-afrique-220605">notamment minières</a>. Cependant, le nombre de pays pouvant prétendre produire une quantité significative de minerais critiques pour la transition énergétique est, au regard de l’état des réserves connues, <a href="https://theconversation.com/les-minerais-critiques-des-ambitions-pour-lafrique-220735">très restreint</a>. Contrairement au boom minier des minerais précieux qui se situait principalement en Afrique de l’Ouest, ce nouveau boom trouve son centre de gravité en Afrique centrale et australe : République démocratique du Congo (RDC) et Zambie pour le cuivre et le cobalt, Afrique du Sud et Zimbabwe pour le platine et le manganèse, ou encore Madagascar et Mozambique pour le graphite, le titane et les <a href="https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/289457-terres-rares-quels-enjeux-pour-la-france-et-leurope">terres rares</a>.</p>
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<p>C’est donc l’occasion pour ces pays de réexaminer les régimes fiscaux afin de favoriser une mobilisation plus efficace des recettes qui seront nécessaires pour assurer leur propre transition énergétique.</p>
<p>Contrairement au secteur pétrolier, où les pays et compagnies ont adopté principalement des accords de partage de la production (ou des revenus), dans le secteur minier c’est le régime de concession qui est prédominant. Dès lors, les États doivent développer la fiscalité pour récupérer une partie des revenus générés par l’exploitation minière. Le débat sur la politique fiscale optimale qui permettrait aux gouvernements africains de capter une « juste » part de la rente ressurgit donc suite à l’augmentation des cours de certains des minerais clés pour la transition énergétique.</p>
<p>Il est crucial de ne pas reproduire le cycle des années 2000. À cette époque, la vague de privatisations des années 1990 combinée à la hausse des prix des métaux en 2000 s’est traduite par une vague d’investissements, mais les administrations des États africains n’étaient pas préparées pour négocier avec les multinationales minières, et leurs codes miniers pas suffisamment bien conçus pour les aider à tirer un revenu décent de l’exploitation. En outre, ces pays ont offert des incitations fiscales de façon trop systématique dans le cadre des premières conventions minières négociées, qui n’ont que rarement permis aux gouvernements de percevoir les recettes attendues. Exemple révélateur de cette asymétrie : <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2011/02/COLOMA/20108">« les contrats chinois »</a> conclus entre Pékin et Kinshasa entre 2007 et 2008 pour plusieurs milliards de dollars.</p>
<h2>Depuis 2010, un processus de rééquilibrage des intérêts</h2>
<p>Les pays producteurs de minerais, critiques ou pas, ont entrepris depuis 2010 des processus d’élaboration de <a href="https://www.ictd.ac/fr/publication/la-fiscalite-miniere-en-afrique-quelle-evolution-recente-en-2018/">nouveaux codes miniers</a> afin de rééquilibrer les intérêts de l’ensemble des parties concernées.</p>
<p>Les redevances minières sont en hausse (elles sont généralement versées aux collectivités locales plutôt qu’à l’État central). Par ailleurs, les taux sont de plus en plus variables ou progressifs en fonction du cours des matières premières. En moyenne, les taux de l’impôt sur les sociétés pour le secteur minier restent généralement inférieurs aux taux du régime général, mais on observe une moindre pratique des exonérations dans le cadre des conventions minières (il est préférable d’avoir un <a href="https://ferdi.fr/publications/analyse-comparee-des-cadres-legislatifs-et-conventionnels-de-la-fiscalite-aurifere-en-afrique-de-l-ouest">taux moindre mais effectivement appliqué)</a>.</p>
<p>La gratuité des participations pour les États est plus fréquente, ce qui permet à ces États de recevoir des dividendes, mais aussi des informations sur l’exploitation de la mine qui peuvent être utiles pour déterminer la rentabilité réelle du projet et donc la taxation appropriée.</p>
<p>On constate enfin une résurgence de l’impôt sur la rente, qui permet de compenser les pertes liées aux sous-estimations (intentionnelles ou non) du potentiel des prix des minerais par les compagnies.</p>
<p>Dans l’ensemble, les <a href="https://ferdi.fr/publications/analyse-la-fiscalite-miniere-augmente-en-afrique">impôts ont augmenté</a> ; cependant, toute augmentation du taux d’imposition ne garantit pas que les recettes seront effectivement perçues.</p>
<h2>Etat des lieux au cours de la dernière décennie</h2>
<p>Les recettes du secteur minier en Afrique demeurent pourtant inférieures à leur potentiel. Le <a href="https://jaga.afrique-gouvernance.net/_docs/app_ar2013_fr_summary_hi_res_final.pdf">rapport du Africa Progress Panel (2013)</a> avait déjà attiré l’attention de la communauté internationale sur ce paradoxe coûteux pour la mobilisation des ressources intérieures en Afrique. <a href="https://www.ictd.ac/fr/publication/quavons-nous-appris-au-sujet-de-la-taxation-des-activites-minieres-en-afrique/">Lundstøl & Moore, en 2016</a>, soulignent que le chiffre d’affaires du secteur a été multiplié par 4,6 pendant le dernier boom 2000-2010 tandis que les recettes fiscales, elles, n’ont été augmentées que d’un facteur de 1,15.</p>
<p>Force est de constater que sur la période 2010-2020 les choses ne se sont guère améliorées. En effet, on observe que les recettes fiscales sont toujours significativement plus faibles que les rentes minières issues de l’extraction : elles sont de deux à cinq fois moins importantes sur 2010-2019.</p>
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<h2>Les défis de la fiscalité minière</h2>
<p>Ainsi, réviser les codes miniers ne suffit pas et peut même se révéler contreproductif car les fréquents changements de niveaux de taxation peuvent représenter une difficulté pour les investisseurs et les faire fuir.</p>
<p>Car si la baisse des recettes minières s’explique en partie par la baisse des cours des minerais jusqu’à 2019, elle résulte également des défis récurrents de la fiscalité minière :</p>
<ul>
<li><p>la faible capacité des administrations fiscales et minières dans les pays ;</p></li>
<li><p>la course au moins-disant fiscal que se livrent toujours les économies du continent ;</p></li>
<li><p>la non-imposition du secteur artisanal, qui joue un rôle important dans minerais de la transition ;</p></li>
<li><p>les clauses de stabilisation dans les conventions passées figeant les dispositions fiscales sur des périodes de 10 à 30 ans et rendant inopérantes les nouvelles dispositions fiscales.</p></li>
</ul>
<h2>Le problème de l’évasion fiscale</h2>
<p>L’optimisation fiscale agressive des entreprises multinationales, qui leur permet de réduire les profits déclarés dans les pays à taux d’imposition élevés pour les transférer dans des pays à taux d’imposition privilégiés, reste le défi principal.</p>
<p>Plusieurs études ont montré la relation qui existe entre les taux d’imposition et le niveau de profits des entreprises minières. En particulier, <a href="https://www.imf.org/en/Publications/WP/Issues/2021/01/15/Is-There-Money-on-the-Table-Evidence-on-the-Magnitude-of-Profit-Shifting-in-the-Extractive-49983">Beer and Devlin (2021)</a> montrent qu’une augmentation du taux d’impôt sur les bénéfices de 1 % entraîne une réduction de l’assiette de ce même impôt de 3,5 %. En 2021, le <a href="https://www.letemps.ch/economie/compagnies-minieres-ne-paient-assez-dimpots-afrique">FMI indiquait</a> que 15 pays d’Afrique perdaient entre 450 et 730 millions de dollars par an en recettes fiscales sur le revenu des sociétés, en raison du transfert de bénéfices par les entreprises multinationales.</p>
<p>Parmi les techniques d’érosion de la base d’imposition et de transfert de bénéfices, la plus fréquemment utilisée dans le secteur minier est l’abus des règles sur les prix de transfert. Les entreprises vendant le minerai à leur filiale à l’étranger pour le transformer peuvent effectuer cette opération à un prix inférieur au cours réel afin de diminuer le profit, et donc le prélèvement, dans le pays d’origine. Il existe aussi d’autres techniques aux résultats similaires comme la surévaluation des coûts d’investissement, le surendettement auprès de sociétés affiliées, le chalandage fiscal (<a href="https://doi.org/10.35188/UNU-WIDER/2023/433-5">Kinda and Tagem,2023</a>) et les transferts indirects de titres miniers (<a href="https://www.elibrary.imf.org/view/journals/087/2021/022/087.2021.issue-022-en.xml">Albertin et coll., 2021</a>).</p>
<h2>Mise en place de standards sur les prix de transfert et de prix plancher</h2>
<p>Des avancées ont été réalisées par la communauté internationale, notamment à travers les actions de lutte contre l’érosion de la base d’imposition via le <a href="https://www.igfmining.org/resource/determining-price-minerals/">transfert de bénéfices (BEPS-OCDE) et les standards sur les prix de transfert</a>.</p>
<p>Par exemple, pour déterminer le prix de vente du cuivre entre parties liées, la Zambie a adopté ce que l’on appelle la « sixième méthode », qui utilise des prix cotés publics, ajustés en fonction des conditions précises de la vente, pour calculer le produit de la vente aux fins de l’impôt sur les bénéfices. L’autorité fiscale zambienne (ZRA) <a href="https://oecd-development-matters.org/2020/11/12/victoire-historique-devant-la-cour-supreme-en-zambie--des-milliards-de-dollars-us-en-recettes-fiscales-supplementaires-et-un-message-par-dela-les-frontieres/">a remporté une bataille judiciaire</a> contre une filiale de Glencore, Mopani Mining Copper plc, qui pratiquait abusivement la manipulation des prix de transfert sur le cuivre pour éviter l’imposition.</p>
<h2>Renégociation des contrats miniers</h2>
<p>En mai 2023, les autorités congolaises ont lancé la <a href="https://www.rfi.fr/fr/afrique/20230526-quel-avenir-pour-le-contrat-du-si%C3%A8cle-entre-la-rdc-et-la-chine">renégociation du fameux contrat du siècle</a> (dit Mines contre infrastructures) signé en 2007, qui prévoyait plus de 6 milliards de dollars d’investissements chinois en échange d’accès aux mines de cobalt et de cuivre.</p>
<p>Or, quinze ans après, les résultats attendus n’ont pas été au rendez-vous. <a href="https://www.rfi.fr/fr/afrique/20240130-la-rdc-obtient-5-8-millliards-suppl%C3%A9mentaires-dans-le-contrat-du-si%C3%A8cle-avec-les-entreprises-chinoises">Ces négociations ont abouti en février 2024</a> et les autorités congolaises ont obtenu 5,8 milliards USD de surplus dans les négociations avec le groupement d’entreprises chinoises signataires de l’accord, cependant ce groupement voit les quelque 100 millions USD d’exonération maintenus.</p>
<h2>L’exemple de la Copperbelt – révélateur des tensions entre le développement économique…</h2>
<p>La <a href="https://www.britannica.com/place/Copperbelt-region-Africa">Copperbelt</a> désigne une zone géologique riche en gisements de cobalt et de cuivre, située à cheval entre le sud de la République démocratique du Congo (RDC) et le nord de la Zambie. Grâce à l’extraction qui y est conduite, la RDC est de loin le premier producteur de cobalt, avec près de 70 % de la production mondiale. Le pays est aussi (re)devenu un très important producteur de cuivre.</p>
<p>En dépit de son importance pour la production mondiale de minerais critiques, cette zone comporte de grandes fragilités. Le secteur ne crée pas suffisamment de valeur économique pour réduire durablement la pauvreté. Depuis les années 2000, on assiste dans la région à une forte croissante démographique en raison de la forte attractivité économique des mines et donc de la main-d’œuvre disponible, que l’économie de la zone peine à intégrer.</p>
<p>En effet, bien que les mines de la région nécessitent annuellement plus de <a href="https://rue.bmz.de/resource/blob/75700/f832381629ad21dc7f2d16f2a06b227a/lion-in-the-copperbelt-data.pdf">2 milliards de dollars</a> de biens et services pour leur fonctionnement : électricité, carburant, pièces de rechange ou produits chimiques. Mais le partage de la valeur économique avec les populations locales reste limité.</p>
<p>Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. On citera en particulier le manque d’intégration des fournisseurs locaux au sein de cet écosystème minier, en particulier pour les produits et services à forte valeur ajoutée. On pourra aussi noter les difficultés économiques et technologiques rencontrées par ces pays qui rendent compliquée la production locale de produits à plus forte valeur ajoutée par exemple, des batteries. Enfin, la zone est notoirement enclavée et éloignée de certains des principaux poumons économiques des deux pays, ce qui constitue un frein supplémentaire au développement industriel.</p>
<h2>… et la protection de l’environnement</h2>
<p>La Copperbelt est intégralement localisée au sein de l’écorégion du Miombo zambézien central, un environnement hébergeant une importante biodiversité florale et animale. Les pressions exercées par l’extraction du cuivre et du cobalt peuvent être classées en deux catégories d’impacts :</p>
<ul>
<li><p>Les impacts directs renvoient à la surface nécessaire à l’extraction des minerais et aux infrastructures associées, impliquant l’inévitable défrichement de la zone ainsi que la production de déchets miniers ;</p></li>
<li><p>L’impact indirect, généré par l’attractivité des villes minières, qui implique le développement d’activités économiques de subsistance comme l’agriculture ou la production de charbon de bois, qui ont un impact direct sur l’état des forêts.</p></li>
</ul>
<p>Le grand nombre de mines industrielles et artisanales dans cette région rend inévitables les dommages environnementaux directs comme la déforestation des sites d’extraction, et la production de déchets miniers ou indirects via le développement de l’agriculture pour répondre aux besoins d’une population croissante et au développement des mines artisanales (la zone hébergerait aussi plus de <a href="https://www.bgr.bund.de/EN/Themen/Min_rohstoffe/Downloads/studie_BGR_kupfer_kobalt_kongo_2019_en.pdf?__blob=publicationFile&v=3">100 000 mineurs artisanaux</a>).</p>
<p>Bien que cette zone comporte de nombreuses aires protégées, la combinaison des dynamiques démographiques et minières semble compromettre les efforts de conservation de l’environnement mis en place par les gouvernements. <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/19475705.2021.2017021">De récents travaux</a> suggèrent que les aires protégées à proximité des sites miniers sont largement dégradées par les activités humaines.</p>
<h2>Initiatives internationales</h2>
<p>Les pays ont tout intérêt à retirer des bénéfices et à se mêler de l’exploitation minière pour prendre soin et protéger des zones comme celle de la Copperbelt.</p>
<p>Il existe de nombreuses initiatives internationales pour les accompagner : <a href="https://www.icmm.com/fr/societe-et-economie/gouvernance-et-transparence/l-initiative-relative-a-la-transparence-des-industries-extractives">l’Initiative sur la transparence des industries extractives</a> et <a href="https://www.igfmining.org/">l’Intergovernmental Forum on Mining, Minerals, Metals and Sustainable Development</a> (IGF) pour les aspects gouvernance et fiscalité, l’<a href="https://responsiblemining.net/">Initiative for Responsible Mining Assurance</a> (IRMA) et la <a href="https://www.oecd.org/fr/gouvernementdentreprise/mne/mining.htm">Due Diligence Guidance for Responsible Supply Chains of Minerals from Conflict-Affected and High-Risk Areas</a> de l’OCDE pour les aspects environnementaux et sociaux.</p>
<p>Ainsi c’est forte des conseils et de l’assistance technique du Forum sur l’administration fiscale africaine (ATAF), de l’OCDE et du Groupe de la banque mondiale que l’administration fiscale de la Zambie a <a href="https://oecd-development-matters.org/2020/11/12/victoire-historique-devant-la-cour-supreme-en-zambie--des-milliards-de-dollars-us-en-recettes-fiscales-supplementaires-et-un-message-par-dela-les-frontieres/">bâti son argumentaire</a> de manière à faire valoir que Mopani Mining Copper plc avait vendu son cuivre à Glencore International AG à bas prix, minorant de cette façon son bénéfice imposable et, donc, l’impôt dont elle était redevable.</p>
<p>De même, en mai 2022, le gouvernement guinéen a travaillé avec l’IGF et l’OCDE pour <a href="https://www.igfmining.org/impactstory/guinea-bauxite-reference-price/">établir un prix minimum de la bauxite</a> que les sociétés minières devraient appliquer dans leurs ventes aux sociétés affiliées dans des conditions économiques normales. Ce « prix de référence » est entré en vigueur en septembre 2022.</p>
<p>Afin d’éviter les « injustices et l’extractivisme » du passé de l’exploitation des ressources naturelles, les dirigeants africains appellent à un meilleur contrôle de l’extraction des minéraux et des métaux nécessaires à la transition vers une énergie propre. <a href="https://www.theguardian.com/environment/2024/feb/28/african-leaders-call-for-equity-over-minerals-used-for-clean-energy">Une résolution</a> en faveur d’un changement structurel favorisant un partage équitable des bénéfices de l’extraction, soutenu par un groupe de pays principalement africains, dont le Sénégal, le Burkina Faso, le Cameroun et le Tchad, a été présentée mercredi 28 février 2024 à l’assemblée environnementale des Nations unies à Nairobi et appelle à l’utilisation durable des minerais de transition.</p>
<hr>
<p><em>Pour une analyse plus détaillée de ces questions, lire le chapitre qui y est consacré dans <a href="https://www.editionsladecouverte.fr/l_economie_africaine_2024-9782348081903">« L’économie africaine 2024 »</a>, qui vient de paraître aux éditions La Découverte</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222656/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugo Lapeyronie a reçu des financements de l'Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Harouna Kinda et Julien Gourdon ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>En Afrique, le secteur minier est en plein boom, en bonne partie du fait de son rôle central dans la transition énergétique. Mais la hausse de l’extraction s’accompagne de nombreux défis.Julien Gourdon, Economiste, Agence française de développement (AFD)Harouna Kinda, Attaché temporaire d’enseignement et de recherche, Université Clermont Auvergne (UCA)Hugo Lapeyronie, Doctorant en économie du développement, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2207352024-02-04T15:37:06Z2024-02-04T15:37:06ZLes minerais critiques, des ambitions pour l’Afrique<p>Avec l’accélération de la transition énergétique et numérique, les besoins mondiaux en <a href="https://theconversation.com/pourquoi-parle-t-on-de-criticite-des-materiaux-105258">minerais critiques</a> connaissent une croissance exponentielle ces dernières années, avec de 2017 à 2022 une hausse de 200 % de la demande de lithium, un bond de 70 % pour le cobalt et de 40 % pour le nickel. La demande de minéraux essentiels critiques devrait être <a href="https://www.iea.org/reports/critical-minerals-market-review-2023">multipliée par 3,5 d’ici à 2030</a>.</p>
<p>L’Afrique, qui dispose de larges ressources et gisements en la matière, espère en profiter pour soutenir une trajectoire d’industrialisation fondée sur une transformation locale accrue de ses minerais et renforcer son rôle dans les <a href="https://au.int/sites/default/files/documents/30995-doc-africaminingvisionfrench.pd">chaînes de valeur internationales</a>.</p>
<p>Ces ambitions doivent cependant être analysées au prisme des réalités géologiques, des politiques et de l’environnement de chaque pays et du contexte international. C’est en particulier la montée du « protectionnisme vert » au sein des grandes puissances économiques et la multiplication des offres de partenariats aux pays du continent <a href="https://www.afd.fr/fr/ressources/les-minerais-de-la-transition-energetique-et-numerique-une-opportunite-pour-lafrique">qu’il faudra juger au fil du temps</a>.</p>
<h2>Position dominante de l’Afrique</h2>
<p>Les <a href="https://theconversation.com/loi-europeenne-sur-les-metaux-critiques-moins-de-dependance-mais-des-questions-en-suspens-218631">« minerais critiques »</a> englobent une série de ressources essentielles à la construction des infrastructures de la <a href="https://theconversation.com/les-pressions-sur-leau-face-ignoree-de-la-transition-energetique-154969">transition énergétique et numérique</a> (panneaux solaires, éoliennes véhicules électriques, écrans tactiles, stockages de données, connexion des systèmes entre eux).</p>
<p><a href="https://theconversation.com/loi-europeenne-sur-les-metaux-critiques-moins-de-dependance-mais-des-questions-en-suspens-218631">Différentes listes</a> de ces minerais ont été établies par les pays consommateurs de minerais, chacune étant basée sur des hypothèses concernant la demande à venir, les utilisations futures et leur disponibilité. Elles reflètent ainsi le caractère stratégique du minerai pour le pays.</p>
<p>L’Afrique dispose d’une position dominante sur quatre minerais considérés comme critiques par plusieurs listes : le cobalt, le manganèse, le chrome et le platine. Elle est également très présente sur cinq autres – le bauxite, le graphite, le cuivre, le nickel et le zinc.</p>
<h2>Opportunité pour le continent ?</h2>
<p>Cette place centrale du continent africain incite les gouvernements à proposer aux investisseurs de transformer les minerais sur place, afin de créer davantage de valeur ajoutée et susciter des retombées économiques locales et régionales.</p>
<p>Ils entendent utiliser les avantages de la nouvelle dynamique en matière de liberté d’échange et d’intégrité régionale (mise en place de la Zone de libre échange continentale africaine Zlecaf) en développant des chaînes de valeur régionales compétitives. Cette politique nouvelle est au centre de l’agenda du <a href="https://au.int/en/amdc">Centre pour le développement des ressources minérales en Afrique</a> parrainé par l’Union Africaine.</p>
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<p>Avec le temps et l’appui de bonnes politiques incitatives, la plupart de ces projets pourraient devenir réels et pérennes. Pour certains pays moins dotés, des objectifs plus modestes pourront sans doute inclure d’abord le développement de réseaux de fournisseurs de produits et de services aux sociétés minières, des camionnettes et des fabricants de pièces de rechange jusqu’aux services de restauration, géomètres et services de ressources humaines, soutenus par des exigences de contenu local afin d’abaisser les barrières à l’entrée pour les entreprises locales.</p>
<p>Ces services n’ont pas le statut ou le potentiel économique du raffinage mais contribueront à renforcer les chaînes d’approvisionnement locales amont et à ajouter une valeur utile à l’exploitation des minerais en Afrique.</p>
<h2>Transformation des minerais</h2>
<p>Afin de tirer le meilleur parti de leurs ressources minières, les pays africains pourraient ainsi développer une industrie de transformation locale des minerais.</p>
<p>Sur l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur, l’extraction minière rapporte en effet peu par rapport aux étapes en aval de production de biens issus des minerais. Cela contribuerait en outre à une industrialisation du continent attendue de longue date.</p>
<p>L’exemple du cuivre illustre bien les défis à relever : en <a href="https://documents.banquemondiale.org/fr/publication/documents-reports/documentdetail/305141468189249424/zambia-economic-brief-making-mining-work-for-zambia">Zambie</a> et en RDC, la production minière a augmenté dans les années 2010 alors que la part des exportations de produits semi-finis a diminué.</p>
<h2>Production de batteries ?</h2>
<p>L’ambition de certains pays africains s’étend jusqu’à la <a href="https://www.state.gov/translations/french/les-etats-unis-publient-un-protocole-daccord-signe-avec-la-republique-democratique-du-congo-et-la-zambie-pour-renforcer-la-chaine-de-valeur-des-batteries-de-vehicules-electriques/">production de batteries</a> à destination des véhicules électriques, ce qui dépendra aussi de l’existence d’un marché pour les véhicules alimentés par des batteries à proximité.</p>
<p>Du fait du manque d’accessibilité financière et d’infrastructures de recharge à l’échelle du réseau, le marché africain de l’électrique à quatre roues risque de rester longtemps limité. La chaîne de valeur des batteries fabriquées à partir de nickel, lithium et manganèse pourrait s’arrêter à la production de matériaux précurseurs de batteries.</p>
<p>Avec un potentiel plus important sur le marché africain des véhicules électriques à 2 ou 3 roues – qui utilisent des batteries au lithium, au fer et au phosphate et sont aussi précieuses pour le stockage stationnaire de l’énergie – les industries fondées sur la chimie des batteries ont plus de chances d’être viables.</p>
<p>Cela requerra des investissements dans les usines de fabrication de cellules : ils seraient facilités par un soutien aux fabricants nationaux de véhicules électriques à 2 et 3 roues, par davantage de découvertes de lithium et par une coordination régionale sur le raffinage du lithium.</p>
<h2>Contrôler les exportations ?</h2>
<p>La stratégie adoptée par certains pays africains est d’essayer de forcer la main aux compagnies minières : contraindre les exportations de matières premières non transformées en imposant des <a href="https://www.oecd-ilibrary.org/trade/raw-materials-critical-for-the-green-transition_c6bb598b-en;jsessionid=t10e5NtYkZgGGN68CYsRV6fi9TsVUl-Iwykelcg_.ip-10-240-5-29">restrictions</a>, dans le but que cela favorise les industries locales en aval.</p>
<p>On en compte presque 2500 restrictions aux exportations sur le continent en 2021 (contre 1000 en 2009) lorsque l’on croise les différents types de mesures (interdiction, quotas d’exportation, licences ou taxes sur les exportations) et les 70 minerais et métaux.</p>
<p>Ces restrictions à l’exportation en Afrique comme outils de stimulation de la transformation locale des minéraux <a href="https://www.oecd-ilibrary.org/trade/export-controls-and-competitiveness-in-african-mining-and-minerals-processing-industries_1fddd828-en">ne semblent pourtant pas efficaces</a>. Il n’y a pas eu d’amélioration de l’avantage comparatif révélé des produits transformés et ces décisions ont même pu saper la performance globale des industries dans certains cas.</p>
<h2>Favoriser les zones économiques spéciales</h2>
<p>Un problème majeur de la transformation locale est celui du financement. Pour les États, le défi sera de réussir à attirer des investisseurs prêts à dépenser les fonds nécessaires pour construire et installer des usines.</p>
<p>Les recettes directes seraient toutefois maximisées si plusieurs pays s’associaient pour développer ensemble des complexes de transformation et des filières de référence. C’est dans ce contexte qu’émergent des projets de zones économiques spéciales (ZES) autour de la transformation des minerais.</p>
<p>Dans la dernière décennie, des dizaines de nouvelles ZES ont ainsi surgi pour répondre aux besoins de l’industrie minière : la « Platinum Valley » cherche à révolutionner la production africaine de piles à hydrogène.</p>
<p>La <a href="https://www.uneca.org/fr">Commission économique des Nations unies pour l’Afrique</a> (CEA) et la banque d’affaires <a href="https://www.afreximbank.com/fr/">Afreximbank</a> se sont récemment associées à travers un accord-cadre pour l’établissement d’une ZES pour la production de batteries et de véhicules électriques en RDC et en Zambie.</p>
<h2>Accroître la taille du marché local</h2>
<p>Un autre défi à l’émergence d’une industrie de transformation est l’absence d’un marché local suffisant pouvant justifier la création d’unités de transformation locale et permettre le développement des chaînes de valeurs régionales.</p>
<p>Aucun pays africain ne possédant à lui seul tous les minéraux nécessaires à la production de batteries, les États devront donc mettre en commun leurs approvisionnements en minéraux pour atteindre les échelles requises.</p>
<p>De nombreuses barrières au commerce sur le continent demeurent : plus le produit est haut dans la chaîne de valeurs des produits miniers, plus les tarifs entre les pays du continent sont élevés. Cela crée un obstacle majeur au développement de la chaîne de valeur. Les standards sont en moyenne de 2 à 4 sur chaque produit, or en moyenne, les coûts commerciaux liés à ces mesures non tarifaires <a href="https://openknowledge.worldbank.org/entities/publication/09f9bbdd-3bf0-5196-879b-b1a9f328b825">diminuent de 4,9 points de pourcentage le commerce des produits miniers</a> (contre 2,6 % en moyenne pour les biens). L’agenda de la Zlecaf, qui entend réduire ces barrières tarifaires et non-tarifaires, peut proposer un cadre intéressant pour ces transformations.</p>
<h2>Défis majeurs des infrastructures</h2>
<p>Outre l’émergence d’un marché local, aller au-delà d’un simple traitement des minerais et créer des chaînes de valeur intégrées à l’échelle de l’Afrique est très complexe au regard des défis énergétiques et des systèmes de transport actuels.</p>
<p>Cela implique des besoins énergétiques importants pour les usines de transformation, alors que l’accès à l’électricité demeure un problème pour de nombreux pays africains. Si l’extraction industrielle peut consommer assez peu d’énergie, la transformation en produits raffinés est le plus souvent très <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0301679X17302359">énergivore</a>. Les grandes raffineries de minerais du monde sont souvent là où l’énergie est disponible et <a href="https://www.piie.com/publications/policy-briefs/building-downstream-capacity-critical-minerals-africa-challenges-and">peu coûteuse</a>.</p>
<p>L’autre obstacle est l’insuffisance des transports terrestres. Les réseaux de transport en Afrique demandent à être réhabilités ou développés pour supporter les trafics courants et absorber ces flux minéraliers massifs.</p>
<p>En résumé, le continent africain dispose de perspectives de création de valeur mais devra pour les concrétiser renforcer sa position sur le marché des matières premières minérales, exploiter ses avantages comparatifs et améliorer ses infrastructures, systèmes énergétiques et conditions générales d’investissements. Des <a href="https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_23_5303">alliances</a> sont donc à bâtir au niveau africain et international. Cependant l’analyse des potentiels de transformation ne doit pas se borner aux seuls minerais de la transition. Il est en effet crucial pour le continent de développer ses capacités de transformation sur les minerais qu’il produit d’ores et déjà en grandes quantités, platines et or et également pour les matériaux de construction : le fer et l’acier. D’autant que les besoins en minerais stratégiques sont tellement importants que cela pourrait conduire les industries de la transition énergétique à utiliser d’autres composants et à se passer de lithium pour les batteries par exemple.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220735/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugo Lapeyronie a reçu des financements de l'Association nationale de la recherche et de la technologie. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Julien Gourdon, Philippe Bosse et Émilie Normand ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Le continent espère profiter des besoins croissants en minerais critiques pour renforcer son rôle dans les chaînes de valeur internationales, au-delà de la seule extraction.Julien Gourdon, Economiste, Agence française de développement (AFD)Émilie Normand, Économiste, IFP Énergies nouvelles Hugo Lapeyronie, Doctorant en économie du développement, Université Paris 1 Panthéon-SorbonnePhilippe Bosse, Ingénieur géologue au département Afrique de l’AFD, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2206052024-01-31T15:55:37Z2024-01-31T15:55:37ZLes nouveaux enjeux de l’expansion minière en Afrique<p>La production minière a commencé à augmenter de <a href="https://reporterre.net/Une-ruee-miniere-mondiale">façon significative au cours des années 2000</a> dans le monde entier et en Afrique, principalement du fait de la poursuite de la libéralisation du secteur minier, notamment sur le continent africain, des cours élevés de l’or, et du développement, en de nombreux points de la planète, de nouvelles mines, essentiellement par des investisseurs anglo-saxons (Canada, Australie, etc.).</p>
<p>Cet essor s’est encore accéléré à partir de la seconde moitié des années 2010, du fait de la hausse des investissements internationaux (notamment en provenance de Chine, des Émirats, d’Inde, de Russie, des États-Unis, du Canada, du Japon ou encore du Maroc), bien sûr dans l’or mais aussi dans d’autres métaux (cuivre, cobalt, diamant, manganèse, bauxite, fer, titane, étain) puis, à partir de 2020, dans de nouveaux métaux (graphite, platine, terres rares, lithium…).</p>
<p><a href="https://afd.keepeek.com/publicMedia?t=pm0GgoI5rG&o=155257">L’Afrique joue une part importante dans ce boom minier mondial</a>, même si les investissements y restent encore modestes (moins de 14 % des IDE mondiaux dans le secteur entre 2018 et 2022 étaient à destination du continent).</p>
<h2>Quels sont les minerais concernés et dans quelles régions se trouvent-ils ?</h2>
<p>Le secteur minier du continent africain produit essentiellement quinze minerais. Les métaux précieux comptent pour 45 % des exportations de métaux du continent, loin devant les métaux ferreux (23 % des exportations), les métaux non ferreux (19 %) et les minerais industriels (12 %).</p>
<p>Les métaux dits de la transition énergétique – surlignés en rouge dans le graphique ci-dessous – sont ceux utilisés dans la fabrication de véhicules électrifiés (cobalt, cuivre, lithium, graphites), dans les piles à combustible (métaux du groupe platine) et dans les technologies de l’éolien et du solaire photovoltaïque (cuivre, lithium, cobalt, nickel). Ils représentent près de 29 % des exportations.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/568037/original/file-20240105-27-b3s6bc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/568037/original/file-20240105-27-b3s6bc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/568037/original/file-20240105-27-b3s6bc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=312&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/568037/original/file-20240105-27-b3s6bc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=312&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/568037/original/file-20240105-27-b3s6bc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=312&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/568037/original/file-20240105-27-b3s6bc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=392&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/568037/original/file-20240105-27-b3s6bc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=392&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/568037/original/file-20240105-27-b3s6bc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=392&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cliquer pour zoomer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">UN Comtrade</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p><strong>– Métaux précieux : or et métaux du groupe du platine (MGP)</strong></p>
<p>Le dynamisme actuel du secteur minier africain est en grande partie porté par la production d’or. L’Afrique du Sud possède les premières réserves du continent et les troisièmes réserves mondiales.</p>
<p>Toutefois, l’Afrique de l’Ouest est en passe de devenir une place forte, notamment grâce au Ghana, au Burkina Faso et au Mali, qui possèdent des réserves non négligeables, encore peu exploitées. Les métaux du groupe du platine (MGP) nécessaires à la fabrication de piles à combustible sont produits principalement en Afrique du Sud, premier producteur de palladium et de platine au monde. Toutefois, la production minière d’or d’Afrique du Sud a beaucoup baissé en raison de la forte profondeur de plusieurs sites d’extraction importants anciens arrivés à leurs limites d’exploitabilité.</p>
<p><strong>– Métaux ferreux : cobalt, manganèse, coltan, chrome, nickel et fer</strong></p>
<p>L’Afrique est incontestablement le leader mondial du cobalt. Le continent possède plus de 50 % des réserves mondiales de ce métal non ferreux, dont 48 % se situent en République démocratique du Congo.</p>
<p>En 2022, le continent africain concentrait plus de 58 % des réserves de manganèse connues et est, dans son ensemble, le leader mondial de la production de manganèse. L’Afrique est aussi le plus gros producteur de coltan (72 % de la production mondiale) et de chrome.</p>
<p>Le continent est en revanche un modeste producteur de nickel et de fer avec respectivement 4 % et 3 % de la production mondiale, principalement en Afrique du Sud. Bien que de nombreux autres pays africains possèdent des réserves de taille substantielle, elles sont dans l’ensemble encore peu exploitées. C’est en particulier le cas de l’Afrique de l’Ouest, qui dispose de plusieurs gisements de taille mondiale.</p>
<p><strong>– Métaux non ferreux : bauxite, cuivre, zinc et lithium</strong></p>
<p>Le continent africain est un acteur majeur de la production de bauxite, essentiellement grâce à la richesse du sous-sol guinéen. Avec 23,8 % des réserves mondiales en 2022, le pays dispose des premières réserves mondiales.</p>
<p>D’importantes quantités de cuivre encore sous-exploitées sont aussi hébergées dans le sol africain. Les principales réserves exploitées du continent sont partagées entre la RDC et la Zambie dans la zone dite de la <a href="https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers16-09/010047833.pdf">« Copperbelt »</a>, les deux pays possédant respectivement les 7<sup>e</sup> et 11<sup>e</sup> réserves mondiales.</p>
<p>L’Afrique est cependant un petit producteur de zinc à l’échelle mondiale avec seulement 4 % de la production. L’Afrique du Sud en est depuis peu le premier producteur (30 % de la production du continent).</p>
<p>De nombreux projets d’extraction de lithium et terres rares sont en cours : au Burundi, en Tanzanie, en Angola, à Madagascar et en Afrique du Sud pour les terres rares ; en RDC, au Mali et au Zimbabwe pour le lithium. Le continent n’est toutefois pas un acteur leader sur ces minerais.</p>
<p><strong>– Minerais industriels : diamants, phosphate et graphite</strong></p>
<p>L’Afrique est particulièrement bien fournie en diamants, détenant en 2022 environ 43 % des réserves mondiales, réparties pour l’essentiel entre l’Afrique du Sud, la Namibie, le Botswana, la RDC et l’Angola.</p>
<p>Le continent dispose aussi d’immenses réserves de phosphate (environ 80 % des réserves mondiales), même si dans les faits, les réserves et la production africaines sont très largement dominées par le Maroc. Le pays, qui possède à lui seul environ 70 % des réserves mondiales, n’est pourtant que le second producteur mondial derrière la Chine.</p>
<p>Concernant le graphite, enfin, l’Afrique représente 20 % de la production mondiale et détient 20 % des réserves. Le Mozambique en est le 1<sup>er</sup> producteur africain devant Madagascar et la Tanzanie.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/572776/original/file-20240201-19-cinark.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/572776/original/file-20240201-19-cinark.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/572776/original/file-20240201-19-cinark.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/572776/original/file-20240201-19-cinark.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/572776/original/file-20240201-19-cinark.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/572776/original/file-20240201-19-cinark.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/572776/original/file-20240201-19-cinark.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/572776/original/file-20240201-19-cinark.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Part de l’Afrique dans la production et les exportations mondiales. Cliquer pour zoomer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">USG & UN Comtrade</span></span>
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<h2>Que représente le secteur minier pour ces économies ?</h2>
<p>Il est remarquable que la part des exportations des produits miniers dans le PIB n’a que faiblement ralenti lors de la chute des cours des produits miniers en 2015, puis a fortement augmenté depuis 2016. Plus encore, la part des exportations minières dans les exportations totales n’a pas ralenti : la moyenne sur le continent était de 25 % sur 2013-2021 contre 14 % sur 2005-2012.</p>
<p>Cette part des exportations minières dans les exportations totales est très significative dans de nombreux pays du continent avec des valeurs ressortant au-delà de 50 % pour la Zambie, la RDC, la Mauritanie, la Guinée, le Mali et le Burkina Faso. Le rebond a été particulièrement fort au Burkina Faso, au Ghana ou au Mali sur l’or, mais également en Sierra Leone et en Guinée. Une grande partie des exportations minières depuis dix ans sont constituées des produits or et diamant (représentant 12 % des exportations totales d’Afrique), des métaux (7,5 %) et des minerais (6 %).</p>
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<span class="caption">Évolution et part des exportations de ressources minières dans les exportations totales 2005-2012, 2013-2021. Cliquer pour zoomer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">WITS, Banque mondiale</span></span>
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<span class="caption">Évolution et part des exportations de ressources minières dans les exportations totales 2005-2012, 2013-2021. Cliquer pour zoomer.</span>
<span class="attribution"><span class="source">WITS, Banque mondiale</span></span>
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<p>Cependant la contribution au PIB reste faible que l’on prenne comme indicateur la part des exportations de produits miniers dans le PIB – produit intérieur brut (A), la part de la rente minière dans le PIB (B) ou la part des ressources minières dans la richesse totale (C), 10 % en moyenne alors que pour les pays pétrolier cette ressource pétrolière représentait généralement 30 % du PIB.</p>
<h2>Quelles dynamiques dans l’exploitation de ces richesses ?</h2>
<p>On observe une double dynamique dans l’attribution des budgets d’exploration des ressources minières en Afrique. Les pays miniers historiques, quoique drainant des montants d’exploration supérieurs, sont en perte de vitesse relative vis-à-vis de nouveaux pays émergents dans la production minière.</p>
<iframe title="Part de la rente minière dans le PIB national" aria-label="Carte" id="datawrapper-chart-JwlYK" src="https://datawrapper.dwcdn.net/JwlYK/1/" scrolling="no" frameborder="0" style="width: 0; min-width: 100%!important; border: none;" height="776" data-external="1" width="100%"></iframe>
<p>Une part très élevée de pays miniers historiques concentrent depuis longtemps l’essentiel de la production africaine de quelques métaux-clés. On pense en premier lieu à l’Afrique du Sud ainsi qu’à la RDC, au Ghana, au Burkina Faso et à la Zambie qui sont les premières destinations des budgets d’exploration en Afrique et comptent le plus grand nombre de mines ouvertes sur leurs territoires entre les années 2000 et 2021.</p>
<p>Le budget d’exploration à destination de ces pays semble cependant stagner voire décliner depuis 2012, malgré un léger regain en 2018, révélant une relative faiblesse de l’attractivité du secteur minier africain. Cet essoufflement relatif s’explique essentiellement par la chute des cours des métaux, mais il est significatif de constater que les dépenses d’exploration de ces pays ne parviennent pas à repartir alors même que le secteur minier mondial repart à la hausse. Les raisons principales nonobstant des ressources importantes de grande qualité sont l’insuffisance ou la précarité de certaines infrastructures (énergie, rail, port), les problèmes de sécurité et une perception négative des risques politiques et économiques (prix de l’énérgie).</p>
<iframe title="Évolution du budget d'exploration de cinq pays africains" aria-label="Interactive line chart" id="datawrapper-chart-wsM30" src="https://datawrapper.dwcdn.net/wsM30/1/" scrolling="no" frameborder="0" style="width: 0; min-width: 100%!important; border: none;" height="400" data-external="1" width="100%"></iframe>
<p>De façon générale, on observe un intérêt renouvelé des pays africains pour leur secteur minier. C’est le cas au <a href="https://www.jeuneafrique.com/1429158/economie-entreprises/avec-son-hub-minier-le-senegal-veut-se-rendre-incontournable/">Sénégal</a>, en <a href="https://www.afrique-sur7.ci/485322-secteur-minier-cote-divoire-economie">Côte d’Ivoire</a> et au <a href="https://www.jeuneafrique.com/1477461/economie-entreprises/avec-un-nouveau-code-minier-le-mali-se-reapproprie-son-or/">Mali</a>. Plusieurs pays traditionnellement peu miniers tentent de se positionner sur le marché grâce au développement de leur cartographie minière et à la mise en œuvre de politiques attractives pour les explorateurs et les investisseurs. Ainsi, le Cameroun, la République du Congo, l’Ouganda, le Tchad, le Togo, Djibouti ou encore la République centrafricaine développent plusieurs projets miniers alors même qu’ils ne comptent actuellement aucune mine industrielle majeure.</p>
<h2>L’émergence de nouveaux acteurs</h2>
<p>La libéralisation du secteur portée par les <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/raq/2010-v40-n3-raq0118/1009370ar.pdf">réformes promues par la Banque mondiale dans les années 1980</a> voit l’installation durable des acteurs canadiens, australiens et, dans une moindre mesure, suisses et américains dans le secteur minier africain.</p>
<p>À ce jour, si l’on observe la part de chaque entreprise dans la production minière africaine totale, on constate que les compagnies occidentales sont très largement en tête et représentent 80 % des investissements miniers en Afrique. Les entreprises Anglo American (Royaume-Uni, ex sud-africaine), Glencore (Suisse) et First Quantum Minerals (Canada) sont ainsi les champions de la production minière africaine et représentent à elles quatre près du quart de la production en 2018. Ces acteurs occidentaux continuent d’être très dynamiques via le financement de projets d’exploration et des activités d’expansion des mines existantes.</p>
<iframe src="https://afd.keepeek.com/pm0GgoI5rG" style="border: 0;width:100%;height:100%" frameborder="0" allowfullscreen="" width="100%" height="400"></iframe>
<p>Le <a href="https://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-2020-1-page-99.htm?ref=doi">boom minier de 2009-2013</a> voit également l’apparition des nouveaux acteurs dits « émergents ». Parmi ces pays, la Chine est celui qui connaît la progression la plus fulgurante en Afrique. Dans la lignée de <a href="https://www.cifor.org/knowledge/publication/4321/">sa politique du « Going Out »</a> et pour répondre à sa demande croissante en minerais, la Chine s’implante solidement dans le secteur minier africain à partir des années 2010. En 2018, les entreprises chinoises représentaient ainsi 41 % de la production de cobalt africaine et 28 % de celle de cuivre.</p>
<p>La Russie, autre géant du secteur minier, a également profité de l’ouverture du secteur minier <a href="https://lejournaldelafrique.com/lexploitation-russe-des-diamants-africains-une-affaire-couteuse-et-urgente/">pour s’implanter en Afrique</a>, principalement dans le diamant et le platine en Afrique australe et dans l’or en Afrique de l’Ouest. Elle a particulièrement renforcé son influence sur le continent après <a href="https://theconversation.com/la-russie-les-sanctions-et-la-securite-europeenne-70424">l’imposition des premières sanctions internationales</a> suite à l’annexion russe de la Crimée en 2014 et continue d’entretenir d’étroites relations avec des pays comme le Mali, le Zimbabwe, l’Afrique du Sud ou la Centrafrique.</p>
<p>Moins étudiée que la Chine, l’influence indienne est pourtant bien réelle dans le secteur minier africain, principalement en Afrique australe. L’Inde cherche avant tout à sécuriser son approvisionnement en charbon dont elle est une grosse consommatrice (70 % de son mix énergétique). Elle se positionne également sur le fer africain pour nourrir son industrie de la sidérurgie mais également sur le zinc, le plomb, le cuivre et les pierres précieuses au travers du géant minier indien Vedanta.</p>
<p>Les pays du Golfe (Émirats arabes unis, Arabie saoudite, Qatar) quant à eux, partenaires commerciaux historiques dans le commerce d’or avec l’Afrique, s’implantent peu à peu dans le secteur du diamant et des métaux industriels comme le cobalt et l’aluminium.</p>
<p>L’Afrique du Sud a toujours fait figure d’exception à l’échelle du continent. Longtemps référence de la production minière africaine, elle compte un grand nombre de compagnies actives en Afrique du Sud même, en Afrique australe et sur le reste du continent, et de taille comparable aux plus grands investisseurs sur le sol africain. L’Afrique du Sud a développé ses propres compagnies minières d’envergure mondiale, notamment AngloGold Ashanti, Anglo American Platinum, Impala Platinum et Gold Fields qui figurent parmi les cinquante plus grandes entreprises minières.</p>
<p>Le Maroc a également développé une stratégie panafricaine au travers d’acteurs publics comme le <a href="https://www.jeuneafrique.com/1476249/economie-entreprises/freine-au-soudan-managem-creuse-sa-dette-pour-soutenir-son-expansion-ouest-africaine/">groupe Managem</a> ou l’<a href="https://www.jeuneafrique.com/1435671/economie-entreprises/le-geant-marocain-ocp-engrange-100-millions-de-dollars-pour-verdir-ses-activites/">Office Chérifien des Phosphates</a> (OCP). L’OCP a un monopole sur l’extraction, la transformation et la vente de phosphates au Maroc et est la plus grande société de phosphate mondiale (31 % du marché). Le groupe a mis sur pied une stratégie d’expansion à travers 12 pays africains. Managem est quant à elle le leader du secteur minier métallique marocain et exploite 15 mines à travers huit pays africains, notamment en Guinée, au Gabon, en RDC et au Soudan.</p>
<iframe title="Part des compagnies dans la production minière africaine en 2018" aria-label="Diagramme circulaire" id="datawrapper-chart-6tunn" src="https://datawrapper.dwcdn.net/6tunn/1/" scrolling="no" frameborder="0" style="width: 0; min-width: 100%!important; border: none;" height="433" data-external="1" width="100%"></iframe>
<p>Les pays africains ont donc engagé des politiques ambitieuses afin de bénéficier du <a href="https://www.afd.fr/fr/ressources/les-minerais-de-la-transition-energetique-et-numerique-une-opportunite-pour-lafrique">boom minier sur les matériaux critiques</a> de la transition énergétique mais également sur d’autres minerais de valeur tel que l’or. Mais ces pays doivent maintenant développer de nouvelles politiques pour inciter à la transformation de ces minerais sur le continent et accroître les revenus fiscaux tout en ménageant les impacts environnementaux et sociaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/220605/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hugo Lapeyronie a reçu des financements de l'Association nationale de la recherche et de la technologie. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Julien Gourdon, Philippe Bosse et Émilie Normand ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Alors que le secteur minier est en plein essor en Afrique, les pays du continent tentent de développer leurs programmes d’exploration pour prendre part à la dynamique.Julien Gourdon, Economiste, Agence française de développement (AFD)Émilie Normand, Économiste, IFP Énergies nouvelles Hugo Lapeyronie, Doctorant en économie du développement, Université Paris 1 Panthéon-SorbonnePhilippe Bosse, Ingénieur géologue au département Afrique de l’AFD, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1569962021-04-07T18:47:08Z2021-04-07T18:47:08ZRares, chers, essentiels : quelle actualité pour les métaux en période de pandémie ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/392246/original/file-20210329-21-13s21yn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C5%2C1183%2C668&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une mine à ciel ouvert dans le parc minier national de Huangshi, dans la province de Hubei en Chine.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/panoramic-view-open-pit-iron-mine-1880125651">chuyuss, Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Depuis fin 2019, la pandémie liée au virus SARS-CoV-2 remet en cause plusieurs fondamentaux sur nos stratégies et méthodes d’approvisionnement. Certains produits anodins et non stratégiques, tels que les masques ou encore les lits de réanimations, se sont transformés en produits à forts enjeux qui ont créé des tensions importantes dans les chaînes d’approvisionnement. Cette situation montre d’une part qu’un produit, sans enjeux à un moment donné, peut rapidement devenir essentiel et donc très critique, et d’autre part, que de nombreux pays se sont rendu compte des conséquences de leur forte dépendance envers certains pays, notamment la Chine.</p>
<p>Au-delà de la situation sanitaire actuelle et des produits médicaux, des questions se posent plus généralement pour tous les produits critiques, c’est-à-dire nécessaires et essentiels à un pays, dans un contexte de dépendance économique. Avec la transition écologique et la croissance exponentielle des objets connectés, les pays développés ont davantage besoin de métaux rares qu’auparavant pour alimenter les <a href="https://theconversation.com/internet-des-objets-une-dependance-aux-metaux-rares-source-de-grande-vulnerabilite-119194">industries électroniques</a>, proposant des produits tels que des smartphones, ordinateurs ou encore des voitures électriques.</p>
<p>Or, la plupart des pays développés n’ont pas accès à ces métaux rares et doivent donc les approvisionner auprès d’autres pays, <a href="https://www.europe1.fr/emissions/L-edito-eco2/la-chine-durcit-le-ton-sur-les-terres-rares-strategiques-pour-les-armees-du-monde-entier-4025775">notamment la Chine</a> qui aujourd’hui est l’acteur majeur. Ces approvisionnements soulèvent des problèmes <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/2020/07/BORTOLINI/61981">géopolitiques</a>, éthiques et environnementaux. Le contexte pandémique que nous connaissons actuellement a eu des conséquences importantes sur ces approvisionnements et a poussé les différents pays à concevoir et mettre en œuvre des stratégies différentes pour les sécuriser autant que possible.</p>
<h2>Quels sont ces métaux ?</h2>
<p>Les <a href="http://www.mineralinfo.fr/page/minerais-metaux-0">métaux rares</a> représentent une quarantaine d’éléments du tableau périodique. Ils sont produits à faibles tonnages et sont nécessaires à un grand nombre d’industries. Leur rareté n’est pas nécessairement due à leur faible teneur dans la croûte terrestre, mais davantage à leur complexité d’extraction. En effet, il faut <a href="http://minesqc.com/fiches-dinformations/quentend-on-par-ressources-minerales-et-reserves-minerales-y-a-t-il-une-difference/">distinguer</a> les réserves, réellement exploitables, et les ressources, c’est-à-dire l’ensemble des gisements contenant les minéraux recherchés dans la croûte terrestre. Les métaux rares sont généralement présents à l’intérieur des minerais classiques. Ils proviennent, pour certains d’entre eux, des mines de zinc, de cuivre ou encore de nickel. On retrouve parmi ces métaux, l’indium, le gallium, le cobalt.</p>
<p>Parmi ces métaux rares, on distingue les fameuses terres rares. Certaines d’entre elles sont très recherchées pour leurs propriétés magnétiques et sont principalement produites et extraites en Chine, pouvant générer des conflits d’ordre géopolitique. Contrairement à ce que leur nom suggère, les terres rares ne sont pas si rares, mais leurs teneurs dans les gisements sont souvent très faibles et elles sont donc difficiles à exploiter.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/391664/original/file-20210325-17-19rgobk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des terres rares. Dans le sens des aiguilles d’une montre, en partant du haut : praséodyme, cérium, lanthane, néodyme, samarium et gadolinium.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rareearthoxides.jpg">Peggy Greb, USDA/Wikipedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="http://www.mineralinfo.fr/page/matieres-premieres-critiques">Les métaux critiques</a> sont ainsi nommés par référence à la situation qui serait la nôtre s’ils venaient à manquer. Ils peuvent être propres à chaque entreprise, État ou région. Parmi ces métaux critiques, on distingue les métaux stratégiques qui sont critiques pour des secteurs à enjeux vitaux. Les industries de la défense et l’énergie utilisent ainsi des métaux qui sont stratégiques, car essentiels à leur activité, par exemple l’uranium, en particulier en France, qui est un métal stratégique pour l’industrie du nucléaire.</p>
<p><a href="https://ec.europa.eu/trade/policy/in-focus/conflict-minerals-regulation/regulation-explained/index_fr.htm">Les minerais de conflit</a> sont des métaux dont une partie – minoritaire – est issue de territoires sous tension. On parle des 3TG (pour Tantale, Tungstène, Tin et l’or) auxquels s’ajoute souvent le cobalt. Ils sont qualifiés « de conflits », car leur exploitation peut participer au financement de groupes armés, ou reposer sur le travail d’enfants ou <a href="https://www.franceinter.fr/monde/l-ue-mettra-t-elle-un-frein-a-l-exploitation-des-ouvriers-qui-extraient-les-minerais-pour-nos-smartphones">travail forcé</a> dans des mines artisanales illégales.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=442&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=442&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392202/original/file-20210329-19-1m24y3t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=442&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Où sont les terres rares dans le tableau périodique des éléments ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/7d/Tableau_periodique_terres_rares.svg/1280px-Tableau_periodique_terres_rares.svg.png">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Chacun de ces métaux ou minerais est au cœur d’enjeux actuels forts pour chaque grande région, économie ou pays, comme l’illustrent les questions de terres rares en Chine, de métaux de conflit en Europe et de métaux rares et stratégiques aux USA.</p>
<h2>Pas de tension pour la Chine</h2>
<p>La Chine, premier producteur, extracteur et importateur de terres rares au monde a vu sa <a href="https://www.latribune.fr/opinions/blogs/commodities-influence/avant-l-election-americaine-la-chine-decouple-des-metaux-en-profiteront-860246.html">production légèrement baisser au début de la pandémie</a>, du fait des suspensions d’activités industrielles sur les sites de production, du manque de main-d’œuvre dû à la quarantaine et des problématiques logistiques. Avant cette situation, la Chine utilisait ses unités de transformation de terres rares à moins de 40 % de leur capacité, certaines d’entre elles ayant été fermées les années précédentes suite à des renforcements de contrôle environnemental. Les prix n’ont <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/le-coronavirus-affecte-peu-la-production-chinoise-de-terres-rares.N933309">pas subi de forte augmentation</a> et la demande est toujours présente.</p>
<h2>Tentative d’émancipation des États-Unis</h2>
<p>Les États-Unis avaient déjà décidé de s’émanciper de la Chine pour la <a href="https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/washington-accelere-ses-investissements-dans-les-metaux-rares-1198605">production de leurs métaux stratégiques</a>. La crise de la Covid-19 a accéléré cette stratégie concernant l’ouverture de mines et la création de sites de transformation. Sous l’administration Trump, cette recherche d’indépendance vis-à-vis de la Chine était une priorité. Depuis l’arrivée de Joe Biden, la Chine menace encore davantage de <a href="https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/terres-rares-pekin-tente-par-un-nouveau-bras-de-fer-avec-washington-1290788">réduire ses exportations</a> vers les États-Unis, pour cibler et affaiblir <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/17/la-bataille-des-terres-rares-passe-par-la-relance-de-la-production-hors-de-chine_6070272_3234.html">l’industrie militaire américaine</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/392203/original/file-20210329-25-bupvdf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le site de Round Top Mountain, au Texas, États-Unis.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/ff/Round_Top_Mountain_Texas.png">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En réponse, de forts investissements sont faits, notamment sur certains sites comme celui de <a href="https://www.lefigaro.fr/economie/au-texas-une-montagne-pour-briser-le-monopole-chinois-sur-les-terres-rares-20200716">Round Top Mountain au Texas</a>, qui abriterait 16 des 17 éléments composants les terres rares et 11 des 35 métaux critiques tels que l’uranium et le lithium. Cette montagne, connue comme étant le plus grand gisement de terres rares des États-Unis, pourrait permettre à ce dernier de s’approvisionner en métaux stratégiques pendant <a href="https://lvsl.fr/comment-son-quasi-monopole-sur-les-metaux-rares-permet-a-la-chine-de-redessiner-la-geopolitique-internationale/">130 ans</a>.</p>
<p>Toutefois, la mise en exploitation d’un tel gisement nécessite près d’une vingtaine d’années. La stratégie des Américains concernant ces métaux ne concerne pas uniquement l’extraction, ils misent également beaucoup sur la <a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/le-plan-des-etats-unis-pour-se-passer-des-terres-rares-de-la-chine-1340833">recherche et le développement</a> pour notamment trouver des méthodes de recyclages ou de substitutions pour les métaux stratégiques.</p>
<h2>La traçabilité des métaux pour l’Europe</h2>
<p>En Europe, l’ensemble des États mise sur la <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/rwanda/l-union-europeenne-impose-le-tracage-des-metaux-rares-pour-lutter-contre-le-trafic-des-minerais-du-conflit_4259099.html">traçabilité des minerais de conflits</a>. Depuis le premier janvier 2021, l’Union européenne impose une totale traçabilité de ces métaux, tout comme les États-Unis qui l’avaient mise en place dès 2010 à travers le <a href="http://www.mineralinfo.fr/ecomine/lunion-europeenne-compte-encadrer-commerce-minerais-conflits">Dodd-Frank Act</a>.</p>
<p>Au cœur de cette stratégie, la République Démocratique du Congo (RDC) avec la province du nord Kivu, région frontalière du Rwanda et de l’Ouganda. En effet, la RDC est connue, depuis des décennies, pour le trafic de métaux impliquant des problématiques de conflit armé. À l’époque, l’or et les diamants étaient déjà sous les feux des projecteurs, mais dorénavant avec l’explosion des nouvelles technologies, ce sont les métaux tels que le tantale ou le tungstène qui sont ciblés. La <a href="https://ec.europa.eu/trade/policy/in-focus/conflict-minerals-regulation/regulation-explained/index_fr.htm">nouvelle loi européenne</a> « prévoit l’obligation pour les entreprises européennes intervenant dans la chaîne d’approvisionnement de veiller à ce que leurs importations de ces minerais et métaux proviennent exclusivement de sources responsables et ne soient pas issues de conflits ».</p>
<p>Si le virus SARS-CoV-2 a été un catalyseur des tensions internationales sur certains métaux critiques et/ou rares, les stratégies des grandes puissances différaient déjà avant la crise. L’explosion des nouvelles technologies va continuer d’engendrer des besoins accrus et met en lumière les enjeux de régionalisation des chaînes d’approvisionnement.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été coécrit par Pablo Maniglier</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156996/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marty Justine a reçu des financements.
Ce travail a bénéficié d'une aide de l'Etat gérée par l'Agence Nationale de la Recherche au titre du programme Investissements d'Avenir portant la référence ANR-15-IDEX-02</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Blandine Ageron a reçu des financements de ANR. </span></em></p>Difficile de s’y retrouver entre les métaux rares qui le sont vraiment, les terres rares qui ne le sont pas toujours, et les métaux qui ont des rôles stratégiques et géopolitiques. On fait le point.Justine Marty, Doctorante en Supply Chain Management, Université Grenoble Alpes (UGA)Blandine Ageron, Professeur des Universités, Université Grenoble Alpes (UGA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1549692021-02-16T19:26:05Z2021-02-16T19:26:05ZLes pressions sur l’eau, face ignorée de la transition énergétique<p>La question des matériaux utilisés pour produire les technologies bas-carbone (batteries, éoliennes, panneaux solaires, véhicules électrifiés, etc.) est fondamentale, et largement commentée. Celle de la consommation en eau nécessaire à l’extraction des minerais et la fabrication de ces technologies est beaucoup moins abordée, alors qu’elle est pourtant essentielle.</p>
<p>On parle en effet des pressions sur l’eau dans le cadre des usages agricoles, de l’élevage et plus <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10021-011-9517-8">particulièrement de la production de viande</a>, mais peu quand il s’agit du déploiement des technologies bas carbone. Dans un monde de plus en plus contraint par la ressource hydrique, cet enjeu va pourtant devenir incontournable, et l’est d’ailleurs déjà dans certaines régions.</p>
<p>Aux effets connus du réchauffement climatique <a href="https://www.nature.com/articles/s41558-019-0456-2">sur le cycle de l’eau</a> s’ajoutent les <a href="https://www.fao.org/aquastat/en/overview/methodology/water-use">pressions anthropiques croissantes</a> exercées sur les ressources en eau : entre 1900 et 2010, les prélèvements au niveau mondial ont été multipliés par plus de 7 alors que la population n’a été multipliée sur la même période « que » par 4,4. Certaines zones se retrouvent ainsi en état de fort stress hydrique, augurant des conflits d’usages croissants entre l’agriculture, l’industrie et la population, voire des tensions au niveau international.</p>
<h2>L’eau et les métaux de la transition</h2>
<p>Les technologies de la transition énergétique sont complexes et consomment certains matériaux en grande quantité. <a href="https://theconversation.com/les-materiaux-de-la-transition-energetique-le-lithium-105429">Le lithium</a>, le <a href="https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/article/cobalt-transition-energetique-quels-risques-dapprovisionnements">cobalt</a> ou encore le nickel sont ainsi devenus les métaux vedettes des batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques. <a href="https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/article/cuivre-transition-energetique-metal-essentiel-structurel-et-geopolitique">Le cuivre</a>, déjà omniprésent dans notre quotidien, pourrait voir sa demande exploser en relation avec les nouvelles mobilités mais également avec le solaire photovoltaïque (PV).</p>
<p>De manière globale, la dynamique de transition énergétique mondiale ne pourra se réaliser qu’à travers <a href="https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/article/transition-energetique-bas-carbone-quelles-evolutions-geopolitique-lenergie">l’intensification des extractions minières à travers le monde</a> et donc engendrer une augmentation de la consommation d’eau.</p>
<p>À l’échelle d’un pays, le secteur minier se trouve souvent <a href="http://pdf.wri.org/working_papers/mine_the_gap.pdf">bien loin derrière l’agriculture</a> ou même d’autres secteurs industriels (au <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0301420718301193">Pérou</a>, par exemple, il pèse pour environ 1 % de la consommation en eau du pays contre presque 89 % pour l’agriculture). Il n’en demeure pas moins un important consommateur, notamment lors des phases d’extraction et de traitement des minerais et génère de nombreuses externalités sur l’eau (déversements de substances, drainages acides, etc.).</p>
<p>En outre, pour bon nombre de métaux étudiés, la production minière ou les activités de transformation sont effectuées dans des pays où la pression sur la ressource en eau est déjà forte et pour lesquels la situation hydrique n’est pas, dans l’état actuel des choses, amenée à s’améliorer dans les décennies à venir.</p>
<p>Très gourmande en eau, l’industrie des terres rares illustre bien cette problématique. <a href="https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/article/les-terres-rares-transition-energetique-quelles-menaces-les-vitamines-lere-moderne">Nos résultats</a> révèlent en effet une pression accrue sur les ressources en eau dans au moins deux pays déjà soumis à des épisodes de fort stress hydrique : la Chine et l’Australie. Dans un scénario climatique contraint, la consommation en eau de l’industrie australienne des terres rares en 2050 représenterait plus de deux tiers (69,2 %) du prélèvement en eau de l’ensemble des secteurs industriels en 2015 ou encore 11,2 % de l’eau prélevée au total en 2015 dans le pays.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/383244/original/file-20210209-15-11dxs6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/383244/original/file-20210209-15-11dxs6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/383244/original/file-20210209-15-11dxs6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/383244/original/file-20210209-15-11dxs6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/383244/original/file-20210209-15-11dxs6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=339&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/383244/original/file-20210209-15-11dxs6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/383244/original/file-20210209-15-11dxs6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/383244/original/file-20210209-15-11dxs6y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=426&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Classement des pays dans la production minière mondiale de certains métaux pour l’année 2020 et niveau de stress hydrique attendu en 2040.</span>
<span class="attribution"><span class="source">World Resource Institute, 2015 ; USGS, 2021</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Or les terres rares ne sont pas les seuls éléments concernés par la politique minière volontariste de l’Australie : celle-ci figure dans le top 5 des producteurs mondiaux pour le lithium, le nickel, le cuivre le cobalt ou encore l’aluminium. On ne peut alors qu’imaginer <a href="https://ofb.gouv.fr/documentation/eau-et-milieux-aquatiques-les-chiffres-cles-edition-2020">l’empreinte eau du secteur minier</a> dans un pays où les épisodes de sécheresse s’intensifient.</p>
<p>Bien que moins alarmant, le constat est similaire pour la Chine : la plus grande réserve de terre rares au monde – Bayan Obo en Mongolie intérieure – est située dans une zone de stress hydrique qualifié de « extrêmement élevé ».</p>
<h2>Des conflits sur l’eau de plus en plus fréquents</h2>
<p>Dans de nombreux autres pays miniers, les conflits autour de la ressource en eau représentent déjà une menace.</p>
<p>Au Chili par exemple, les activités d’extraction (cuivre et lithium) se concentrent dans le nord du pays, zone parmi les plus arides au monde. Ces dernières années, on constate un renforcement de la mobilisation des populations indigènes et des groupes environnementaux, appuyés récemment par le régulateur environnemental chilien, qui dénoncent l’épuisement de l’aquifère situé dans la zone du désert d’Atacama et les dommages causés aux écosystèmes. Les batailles juridiques se multiplient et ralentissent des projets miniers, comme celui de « Rajo Inca », un projet à 1,2 milliard de dollars mené par Codelco.</p>
<p>Malgré ses ressources en eau, le Pérou <a href="https://www.2030wrg.org/peru/background/">est soumis à un fort stress hydrique</a> en raison de leur inégale répartition, des pollutions diverses et de la fonte des glaciers de la région andine. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0301420718301193">La rareté de l’eau et les investissements miniers</a> élevés seraient les deux facteurs qui augmentent la prédisposition aux conflits dans la région. L’empreinte environnementale du secteur minier apparaît ainsi « la goutte de trop » : la <a href="http://cooperaccion.org.pe/wp-content/uploads/2016/10/GOBERNANZAAGUA.pdf">pollution de 16 des 21 fleuves les plus contaminées</a> serait due aux activités minières ou industrielles présentes ou passées selon l’Autorité nationale de l’eau (ANA).</p>
<h2>La désalinisation, fausse bonne idée ?</h2>
<p>La multiplication des conflits et la raréfaction de cette ressource mettent en péril les activités minières et demandent aux entreprises du secteur d’anticiper, de s’adapter et d’innover.</p>
<p>En réponse au défi de l’eau, ces dernières cherchent notamment à réduire leur consommation en améliorant l’efficacité de leurs procédés d’exploitation ou de transformation. Le développement d’un procédé innovant d’extraction directe du lithium adapté aux eaux des salars d’Argentine par <a href="https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/innovation-et-industrie/nos-expertises/climat-et-environnement/metaux-critiques-et-terres-rares/nos-solutions">IFP Energies Nouvelles et Eramet</a> illustre par exemple ce type de défis. L’entreprise chilienne SQM, spécialisée dans le lithium souhaite ainsi grâce à ses innovations réduire sa consommation en eau de 30 % d’ici 2030.</p>
<p><a href="https://www.cochilco.cl/Listado%20Temtico/2020%2010%2030%20Consumo%20de%20agua%20en%20la%20mineria%20del%20cobre%20al%202019_version%20final.pdf">Dans l’industrie du cuivre</a>, l’amélioration des processus de recyclage de l’eau a permis de faire passer la part d’eau recyclée dans la consommation totale du secteur de 72,7 à 76,4 % entre 2018 et 2019.</p>
<p>Une autre option connaît un franc succès dans la région ces dernières années : le recours à la désalinisation. Cochilco (la Commission chilienne du cuivre) estime ainsi que l’utilisation d’eau de mer <a href="https://www.cochilco.cl/Listado%20Temtico/2020%2010%2030%20Consumo%20de%20agua%20en%20la%20mineria%20del%20cobre%20al%202019_version%20final.pdf">devrait plus que tripler</a> à l’horizon 2029.</p>
<p>La <a href="https://www.mckinsey.com/industries/metals-and-mining/our-insights/desalination-is-not-the-only-answer-to-chiles-water-problems">viabilité d’une telle stratégie</a> interroge toutefois dans la mesure où les installations de pompage, de traitement de l’eau de mer et d’acheminement de l’eau sur des milliers de kilomètres à travers les Andes supposent des investissements ainsi qu’une consommation en matériaux et en énergie conséquente. En bref, un procédé énergivore et à forte intensité matière.</p>
<p>L’exploitation des aquifères grâce aux procédés de forage est une autre des possibilités exploitées pour faire face au manque d’eau. Début 2020, au plus fort de la sécheresse australienne, Glencore optait ainsi pour cette dernière solution <a href="https://www.wsj.com/articles/australia-is-dry-as-a-bone-and-miners-need-water-to-stay-afloat-11579170604">afin d’alimenter en eau</a> sa mine CSA de cuivre située en <a href="https://www.wsj.com/articles/australia-is-dry-as-a-bone-and-miners-need-water-to-stay-afloat-11579170604">Nouvelle-Galles du Sud</a>. Là aussi, ces forages effectués pour exploiter des eaux souterraines déjà menacées interrogent.</p>
<h2>L’empreinte eau, un indicateur mal connu</h2>
<p>Dans ce contexte, l’enjeu de la consommation en eau devrait faire l’objet d’une sensibilisation plus importante auprès des citoyens pour aller dans le sens d’une plus grande sobriété. Il est notamment incarné par la notion d’empreinte eau, qui pour une population donnée correspond à la quantité d’eau utilisée sur le territoire pour répondre à l’ensemble de ses besoins. Elle incorpore ainsi, en plus de l’eau du robinet consommée, celle nécessaire à la production des biens et des services produits sur le territoire national mais également importés.</p>
<p>L’empreinte eau des citoyens des pays de l’OCDE est, en moyenne, plus élevée que celle des pays hors-OCDE. Celle d’un Français est par exemple supérieure à 200m3/habitant/an alors qu’elle est de 167m3/habitant/an au niveau mondial.</p>
<p>Plus encore, il s’avère que l’empreinte eau française est environ trois fois supérieure au volume d’eau consommé à l’échelle domestique. À l’instar de l’empreinte carbone, une large portion du bilan en eau d’un français vient du fait que la consommation d’eau pour produire les biens et services importés en France est supérieure à celle des biens et services exportés de France.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/384017/original/file-20210212-15-mxboyi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/384017/original/file-20210212-15-mxboyi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/384017/original/file-20210212-15-mxboyi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/384017/original/file-20210212-15-mxboyi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/384017/original/file-20210212-15-mxboyi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=346&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/384017/original/file-20210212-15-mxboyi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/384017/original/file-20210212-15-mxboyi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/384017/original/file-20210212-15-mxboyi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=435&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Comparaison international des volumes d’eau consommée par personne et de l’empreinte eau, moyenne 1995–2016.</span>
<span class="attribution"><span class="source">D’après les données de base de données EXIOBASE3.7 ; MTES, 2020</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette non-prise en compte de l’empreinte eau accentue le décalage entre la perception de l’usager sur sa consommation et la réalité des impacts de son mode de vie sur la ressource en eau. Cette perception est d’autant plus aggravée qu’il existe une forte tolérance vis-à-vis des <a href="https://www.novethic.fr/actualite/environnement/eau/isr-rse/en-france-20-du-reseau-d-eau-fuit-et-c-est-un-probleme-ecologique-148759.html">fuites d’eau potable des canalisations</a> (environ 20 % de l’eau serait perdue) par les citoyens et les opérateurs, évitant à ces derniers d’investir massivement dans la maintenance des infrastructures.</p>
<p>Comme pour la sobriété énergétique ou en matériaux, une modification des comportements d’achats est nécessaire et elle passera par une meilleure information du consommateur avec, par exemple, un étiquetage obligatoire du contenu en eau des produits.</p>
<h2>Recycler les minerais</h2>
<p>L’empreinte environnementale relative à l’eau des minerais recyclés est bien inférieure à celle des minerais directement extraits du sous-sol. La consommation en eau peut être divisée par 5 dans le cas des terres rares, par 10 dans le cas du cuivre ou même par 20 dans le cas du cobalt. Lorsque l’on sait que <a href="https://globalewaste.org/">seulement 42,5 % du total des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE)</a> ont été recyclés au sein de l’Union européenne à 28 en 2019, la promotion de la collecte et du recyclage apparaît être un levier intéressant à mobiliser.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/383247/original/file-20210209-19-l65zu3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/383247/original/file-20210209-19-l65zu3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/383247/original/file-20210209-19-l65zu3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=229&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/383247/original/file-20210209-19-l65zu3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=229&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/383247/original/file-20210209-19-l65zu3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=229&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/383247/original/file-20210209-19-l65zu3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=288&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/383247/original/file-20210209-19-l65zu3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=288&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/383247/original/file-20210209-19-l65zu3.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=288&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Quantité d’eau utilisée pour l’extraction de minerai ou la réutilisation de déchets de l’industrie minière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sverdrup and Koca, 2016</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La mise en place par les pouvoirs publics de politiques publiques allant dans le sens d’une économie circulaire pourrait par ailleurs être porteuse de bénéfices allant au-delà de la réduction de la pression sur les ressources.</p>
<p>Selon l’Institut de l’économie circulaire, elle permettrait la <a href="https://institut-economie-circulaire.fr/wp-content/uploads/2018/01/2015_iec_etude_emploi.pdf">création ou le renforcement de filières créatrices d’emplois</a>, argument d’autant plus pertinent dans le contexte de la crise économique générée par la pandémie de la Covid-19. Elle permettrait également de renforcer la souveraineté de l’État français et plus largement des pays de l’Union européenne dans leur approvisionnement en métaux critiques.</p>
<p>Enfin, appuyer la recherche et l’innovation autour des procédés industriels de pointe est également un levier pour améliorer la gestion de l’eau dans le secteur tout en consolidant le rayonnement des entreprises françaises à l’international.</p>
<h2>L’or bleu : bien commun ou bien privé ?</h2>
<p>L’industrie minière, mais également les populations vont aussi devoir faire face à l’augmentation de l’incertitude autour des conditions d’accès à l’or bleu. On voit en effet deux phénomènes antagonistes se développer.</p>
<p>D’une part, on observe un mouvement de marchandisation de la ressource en eau dont la dernière manifestation hautement symbolique est <a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/les-contrats-futurs-sur-leau-sechangent-pour-la-premiere-fois-a-la-bourse-de-chicago-1388069">l’introduction d’un contrat à terme sur l’eau</a> sur le Chicago Mercantile Exchange fin 2020.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1202085416909836294"}"></div></p>
<p>D’autre part, certaines populations ou collectivités revendiquent l’eau en tant que <a href="https://news.un.org/fr/story/2010/07/190352-lassemblee-generale-declare-que-lacces-leau-potable-est-un-droit-fondamental">droit humain fondamental</a> et entendent s’opposer à l’accaparement de celle-ci par le secteur privé.</p>
<p>Parmi les pays évoqués ici, le Chili est un exemple évocateur. Plébiscité par le peuple chilien, le <a href="https://dialogochino.net/en/climate-energy/38578-chile-opens-the-door-for-an-ecological-constitution/">projet de nouvelle constitution</a> pourrait redonner à l’eau, privatisée depuis 1981, le statut de bien commun, ce qui engendrera des incertitudes pour le secteur minier.</p>
<p>Ce mouvement de réappropriation de l’eau en tant que bien public est également observable dans certains pays occidentaux. C’est par exemple ce qu’il s’est passé à Paris avec la remunicipalisation du service public de l’eau en 2009 et, depuis 2010, la régie Eau de Paris en assure toute la distribution.</p>
<p>Bien qu’elle soit un modeste usager d’eau à côté du secteur agricole, l’industrie minière devra, comme tous les autres secteurs, composer dans un monde où le spectre de la <a href="https://www.un.org/sustainabledevelopment/water-action-decade/">crise de l’eau redoutée par les Nations-Unies</a> risque de devenir bien réel et où chaque goutte d’eau consommée comptera.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/154969/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Hache a reçu des financements de l'Agence nationale de la recherche (ANR) pour le projet Generate (Géopolitique des énergies renouvelables et analyse prospective de la transition énergétique) entre 2018 et 2020. Il est chercheur associé au laboratoire Economix de l’Université Paris Nanterre et directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Charlène Barnet et Gondia Sokhna Seck ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les technologies bas-carbone nécessaires à la transition énergétique ne sont pas seulement gourmandes en métaux, mais également en eau.Emmanuel Hache, Économiste et prospectiviste, IFP Énergies nouvelles, Auteurs historiques The Conversation FranceCharlène Barnet, Économiste, IFP Énergies nouvelles Gondia Sokhna Seck, Spécialiste en modélisation et analyse des systèmes énergétiques, IFP Énergies nouvelles Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1388422020-05-29T17:13:54Z2020-05-29T17:13:54ZPenser l’après : Les limites physiques de la planète<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/338316/original/file-20200528-51445-7my5wn.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C150%2C1488%2C840&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La physique fixe des bornes à notre vie sur Terre.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/argonne/32229215831/in/photostream/">Sean M. Couch, MSU</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>Les chercheuses et les chercheurs qui contribuent chaque jour à alimenter notre média en partageant leurs connaissances et leurs analyses éclairées jouent un rôle de premier plan pendant cette période si particulière. En leur compagnie, commençons à penser la vie post-crise, à nous outiller pour interroger les causes et les effets de la pandémie, et préparons-nous à inventer, ensemble, le monde d’après.</em></p>
<hr>
<p>Le confinement mis en place pour lutter contre la pandémie de Covid-19 a radicalement modifié nos vies en stoppant de nombreuses activités. Une des conséquences de cette crise sanitaire est la <a href="https://theconversation.com/covid-et-baisse-des-emissions-de-co-une-nouvelle-etude-fait-le-point-secteur-par-secteur-138971">diminution de nos émissions</a> de CO<sub>2</sub> la <a href="https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/05/11/covid-19-combien-de-co2-evite/">plus importante</a> depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : <a href="https://arxiv.org/abs/2004.13614">7 % sur les quatre premiers mois de 2020</a>. Respecter l’objectif de l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_de_Paris_sur_le_climat">Accord de Paris</a> pour limiter le réchauffement à 1,5 °C nécessite une baisse des émissions équivalente à celle imposée par le Covid-19, mais <em>en continu</em> <a href="https://www.unenvironment.org/resources/emissions-gap-report-2019">durant les prochaines décennies</a>.</p>
<p>La pandémie a aussi révélé la fragilité de notre société. Quelles seraient les conséquences humaines d’une telle pandémie combinée avec un phénomène naturel extrême – <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/05/21/le-cyclone-amphan-devaste-l-inde-et-le-bangladesh_6040335_3244.html">ouragan</a>, <a href="https://www.franceculture.fr/environnement/2019-annee-sous-les-feux">incendie géant</a>, canicule – dont la probabilité et l’amplitude <a href="http://documents.irevues.inist.fr/handle/2042/56362">augmentent</a> à cause du réchauffement climatique ?</p>
<p>Il est grand temps de prendre des mesures face aux risques futurs – qui se cumuleront – et d’augmenter l’intensité des efforts consentis pour être en état d’y faire face. Deux oublis sont à l’origine de nos imprudences : l’oubli de principes de base de la physique et l’oubli des limites physiques de notre planète.</p>
<h2>La physique ne se laisse pas oublier</h2>
<p>L’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_(physique)">énergie</a> est une notion fondamentale de la physique, qui quantifie la capacité à transformer la matière. Déplacer un objet, le construire ou le détruire, le chauffer, et toute autre transformation, nécessitent de l’énergie, et d’autant plus d’énergie que la transformation est importante.</p>
<p>Depuis sa maîtrise du feu, l’humanité a domestiqué de nombreuses <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ressources_et_consommation_%C3%A9nerg%C3%A9tiques_mondiales">formes d’énergie</a>, classées en deux groupes : <a href="https://www.pourlascience.fr/sd/energie/energie-de-stock-ou-energie-de-flux-1973.php">énergies <em>de flux</em> et énergies <em>de stock</em></a>. Voici une analogie. En cas de soif, vous pouvez vous abreuver à une source – il est impossible de choisir son débit, mais elle coule en permanence. Avec une bouteille d’eau, l’eau peut être bue d’un coup ou progressivement, mais la quantité totale consommée est fixée par le stock initial – la taille de la bouteille.</p>
<p>Les énergies de flux sont le vent, le solaire, l’hydraulique au fil de l’eau, les courants marins et la géothermie. Elles ont une puissance limitée et nous devons l’accepter. Impossible de faire souffler le vent plus fort, ou de tirer du Soleil plus de lumière que la Terre n’en reçoit.</p>
<p>Les énergies de stocks sont les énergies fossiles – pétrole, gaz, charbon – et l’énergie nucléaire. Avec celles-ci, la contrainte est la quantité totale qui est disponible moyennant un effort considéré comme acceptable. En pratique, le débit d’énergie (la puissance) résultant de l’exploitation d’une énergie de stock est si grand que le rythme des transformations s’accroît considérablement tant que le stock n’atteint pas une valeur critique. À cause de la difficulté à estimer « ce qu’il reste dans le puits » (l’état du stock), il est fréquent d’être leurré par le mirage d’une source illimitée, alors qu’en réalité un stock utilisé finit par s’épuiser.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338320/original/file-20200528-51509-ffvoww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338320/original/file-20200528-51509-ffvoww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338320/original/file-20200528-51509-ffvoww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338320/original/file-20200528-51509-ffvoww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=391&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338320/original/file-20200528-51509-ffvoww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338320/original/file-20200528-51509-ffvoww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338320/original/file-20200528-51509-ffvoww.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=492&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Différents types d’énergie, différentes contraintes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-illustration/black-background-form-3d-illustration-rendering-797190190">Angelatriks/Shutterstock</a></span>
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<p>Les matériaux extraits de la croûte terrestre utiles à nos sociétés, comme les métaux, forment aussi un stock. Or des <a href="https://www.pnas.org/content/112/20/6295">métaux importants</a> sont dispersés dans la roche avec des teneurs parfois aussi faibles que quelques grammes par tonne. <a href="https://ecoinfo.cnrs.fr/2014/09/03/2-lenergie-des-metaux/">Concentrer la matière</a> est une étape clé qui utilise d’énormes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652609003199">quantités d’énergie, souvent à haute puissance</a>. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959378017313031">90 milliards de tonnes de matériaux</a> sont extraits chaque année et l’état des stocks devient <a href="https://www.zeit.de/wissen/2015-06/ressourcen-rohstoffe.pdf">critique</a>. De plus, cette matière concentrée artificiellement n’est pas toujours bien recyclée : sur une soixantaine de métaux <a href="http://wedocs.unep.org/handle/20.500.11822/8702">34 ont un taux de recyclage inférieur à 1 %</a>, dont beaucoup sont demandés par les nouvelles technologies.</p>
<h2>Les trois limites de la planète : matière, énergie, environnement</h2>
<p>Matière, énergie et environnement forment un triptyque interconnecté et indissociable. Par exemple, transformer la matière grâce à l’énergie modifie l’environnement : directement par l’extraction et la production, indirectement par les déchets qui en résultent inéluctablement. Agir sur une seule des crises qui touchent ce triptyque aboutit souvent à aggraver les deux autres.</p>
<p>Il est désormais acquis que le <a href="https://ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr">déclin rapide de la biodiversité</a> et le changement climatique menacent <a href="https://advances.sciencemag.org/content/6/19/eaaw1838">l’habitabilité de notre planète</a> et la survie à long terme de l’espèce humaine, requérant des <a href="https://theconversation.com/rapport-de-lipbes-sur-la-biodiversite-lheure-nest-plus-aux-demi-mesures-116473">actions urgentes</a>. <a href="http://vaclavsmil.com/2012/12/21/harvesting-the-biosphere-what-we-have-taken-from-nature/">L’empreinte de l’humanité sur la biosphère</a> prend de <a href="https://science.sciencemag.org/content/347/6223/1259855.abstract">multiples formes</a> et a considérablement augmenté depuis qu’aux énergies de flux utilisées traditionnellement se sont ajoutées les énergies de stock.</p>
<p>Nous entrons dans une période où nous disposerons sans doute de moins en moins d’énergie à cause de la <a href="https://www.lemonde.fr/blog/petrole/2019/02/04/pic-petrolier-probable-dici-a-2025-selon-lagence-internationale-de-lenergie/">raréfaction des stocks d’énergies fossiles</a>. Surtout, il est indispensable que nous en réduisions sensiblement notre consommation pour limiter le réchauffement climatique qui posera <a href="https://www.refletsdelaphysique.fr/articles/refdp/abs/2015/01/refdp201543p46/refdp201543p46.html">certainement des problèmes avant l’épuisement des stocks</a>. Développer le nucléaire pour compenser cette réduction <a href="https://www.refletsdelaphysique.fr/dossiers/255-l-electricite-nucleaire-questions-ouvertes-et-points-de-vue">n’est pas la solution idéale</a>, en particulier à cause des déchets.</p>
<p>Disposer de moins d’énergie, volontairement ou non, c’est effectuer des déplacements moins nombreux et moins rapides, produire moins d’objets manufacturés, réduire l’usage du numérique, altérer les services publics, bref avoir moins de capacités à affronter les catastrophes naturelles ou les effets de la société de consommation. Si l’on pense à la pandémie actuelle, cela veut dire moins de masques, et plus de difficulté à les laver.</p>
<p>On pourrait certes espérer que la solution passe par l’amélioration de l’efficacité de nos machines, les perfectionnant pour qu’elles rendent le même service en consommant moins d’énergie et de matière. Mais tant qu’on reste attaché aux énergies fossiles et aux hautes puissances, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_rebond_(%C3%A9conomie)">l’effet rebond</a> menace : un gain d’efficacité visant à réduire la consommation d’une machine en énergie ou en matière est souvent annulé par une augmentation de son usage et donc de sa consommation globale.</p>
<p>Certains rêvent d’aller chercher des <a href="https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/exploration-spacex-elon-musk-promet-million-personnes-mars-2050-79254/">régions habitables</a> ou des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Exploitation_mini%C3%A8re_des_ast%C3%A9ro%C3%AFdes">minerais</a> hors de notre planète. Une telle tentative détournerait à son profit des ressources d’énergie et de matière considérables, sans avoir démontré au préalable qu’elle rapporterait effectivement plus d’énergie qu’elle n’en consomme. On peut aussi craindre une exportation des problèmes environnementaux.</p>
<h2>De quels leviers disposons-nous ?</h2>
<p>Pour l’instant, notre société ne lance des projets et ne prend des décisions que sous l’angle du profit monétaire. Pourquoi ne pas faire preuve désormais de prévoyance, en calculant les coûts d’abord selon le triptyque matière-énergie-environnement et de ses limites ?</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338321/original/file-20200528-51483-81nc2i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338321/original/file-20200528-51483-81nc2i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338321/original/file-20200528-51483-81nc2i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338321/original/file-20200528-51483-81nc2i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338321/original/file-20200528-51483-81nc2i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=476&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338321/original/file-20200528-51483-81nc2i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=476&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338321/original/file-20200528-51483-81nc2i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=476&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Quels leviers pour faire avec moins ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-vector/vector-ink-swirling-water-isolated-cloud-204927085">Duvanova/Shutterstock</a></span>
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<p>Concernant la matière : le cycle entier de la production – extraction, fabrication, distribution, usage, fin de vie, retour à la fabrication ou à l’usage – doit être pensé pour diminuer la dégradation spontanée. En l’occurrence une triple dégradation : l’énergie se transforme en des formes de moins en moins utilisables, et se dilue <em>in fine</em> en chaleur ; les matières se mélangent et se diluent ; l’environnement est de moins en moins adapté à la vie. Le recyclage, tel qu’il est pratiqué, est <a href="https://theconversation.com/pourquoi-ne-recycle-t-on-que-22-des-plastiques-49626">limité</a> et n’est <a href="https://www.linkedin.com/pulse/la-d%C3%A9sillusion-dune-start-up-de-l%C3%A9conomie-circulaire-charles-dauzet/">pas la solution</a>. La robustesse, la modularité et la facilité de réparation permettraient de passer de l’obsolescence à la durabilité, et de l’irresponsabilité à la responsabilité vis-à-vis des objets que nous utilisons.</p>
<p>Constatant que les énergies de stocks ne sont pas durables, il serait judicieux de se tourner vers la seule source qui l’est : le Soleil, qui devrait encore briller pendant <a href="https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/astronomie-soleil-notre-etoile-va-t-elle-mourir-9545/">5 milliards d’années</a>. Le flux solaire reçu par la Terre est directement ou indirectement à l’origine de nos énergies solaires, hydroélectrique, éolienne et alimentaire. Il a une puissance considérable : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Irradiation_solaire">174 000 térawatts, à peu près dix mille fois</a> supérieure à la consommation de l’humanité entière. En effet, à titre de comparaison, notons que les ressources fossiles que nous avons brûlées en à peine deux siècles proviennent de l’accumulation de l’énergie solaire captée par la photosynthèse durant cent mille fois plus longtemps.</p>
<p>La puissance reçue du Soleil est distribuée sur toute la surface de la planète. La capter entièrement et la concentrer pour alimenter la société de consommation, par exemple sous forme de panneaux photovoltaïques ou de biocarburants, se heurte à des obstacles en <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Biocarburant#Possibilit%C3%A9_de_remplacement_des_%C3%A9nergies_fossiles">pratique</a>, tant en termes d’utilisation de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_solaire_photovolta%C3%AFque#Risques_environnementaux">matière première</a> que d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Biocarburant#Utilisation_de_terre_arable">utilisation des sols</a> et d’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Biocarburant#Bilan_environnemental">environnement</a>.</p>
<p>Il serait donc judicieux de se restreindre à utiliser des technologies de basse puissance. C’est-à-dire limitées par ce qui arrive sur une surface donnée locale au cours de l’année : le flux solaire, le vent, la pluie et les fleuves, la géothermie, le bois et la végétation qui poussent. Du fait qu’on intègre ces limites, il ne peut y avoir d’effet rebond.</p>
<p>De telles technologies seraient-elles réalisables en pratique ? L’exemple de la vie depuis plusieurs milliards d’années montre qu’il est non seulement faisable, mais aussi durable, de n’utiliser que le flux d’énergie venant du Soleil, et surtout la matière disponible inlassablement recyclée à partir de sources diluées.</p>
<p>Qu’est-ce à dire ? Il y a des éléments dont nos cellules ne peuvent se passer, mais qu’elles emploient en toute petite quantité, le fer par exemple. Qu’ils proviennent de l’eau de mer ou d’une roche, ils y étaient très dilués. Jamais, dans toute la chaîne écologique, il n’y a l’équivalent d’un haut-fourneau qui les utilise sous forme pure avec un coût énergétique élevé. Ils restent plus ou moins dilués dans les cellules, à l’état de trace, et passant ainsi d’un organisme à l’autre. La biochimie fine des cellules limite la dégradation de l’énergie et la déperdition de matière.</p>
<p>Cependant, les leviers d’actions sont loin de se limiter à des choix technologiques. La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Scientisme">foi inconsidérée en la science</a> ou la technique a montré ses limites. Est-il raisonnable d’espérer que la technologie, à elle seule, résoudra les problèmes qu’elle pose ? Qui oserait encore proclamer aujourd’hui que <a href="https://www.albin-michel.fr/ouvrages/homo-deus-9782226393876">« nous sommes parvenus à dominer la famine, les épidémies et la guerre »</a> ? Un premier levier d’action consisterait à forger les outils mentaux qui nous permettront de réagir à une situation encore jamais vue.</p>
<p>De la pandémie, nous pouvons tirer une leçon d’<a href="https://theconversation.com/face-au-mur-de-la-croissance-exponentielle-135331">anticipation</a>, <a href="https://editions-metailie.com/livre/histoire-dun-escargot-qui-decouvrit-limportance-de-la-lenteur/">sans confondre urgence et précipitation</a>. La prudence, vertu recommandable, consiste à imaginer les conséquences de nos actes, et aussi à admettre que certaines nous échappent. La pandémie rappelle crûment qu’il y a deux durées distinctes : celle de la prise de décision – brève – et celle au bout de laquelle les conséquences des décisions deviennent perceptibles – potentiellement longue. Les physiciens savent bien qu’une telle situation est difficilement pilotable et potentiellement <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9troaction#Boucle,_cha%C3%AEne_et_oscillation">instable</a>.</p>
<p>La pandémie a aussi changé notre perception de la mobilité incessante, réputée indispensable auparavant et désormais source de diffusion du danger. Le confinement nous a donné un exemple collectif d’autolimitation, d’une ampleur inédite dans l’histoire récente de l’humanité. La <a href="https://theconversation.com/pourquoi-leconomie-circulaire-ne-doit-pas-remplacer-la-sobriete-119021">sobriété</a>, vertu tout aussi recommandable que la prudence, dépend de nos capacités à nous limiter nous-mêmes.</p>
<p>À l’échelle de l’individu, viser plus de sobriété nécessite de rétablir le lien entre nos actions et la perception de leurs conséquences. Par exemple, dans les pays industrialisés, nous consommons l’eau du robinet sans prêter aucune attention à la somme colossale d’efforts individuels, collectifs, industriels, technologiques et scientifiques que requiert son arrivée apparemment miraculeuse. Expliquer, enseigner, persuader peut amener à changer nos comportements. Ici aussi, le confinement a contribué au <a href="https://theconversation.com/trier-reemployer-reparer-entretenir-confines-quatre-conseils-pour-une-consommation-plus-sobre-136915">changement d’attitude</a>.</p>
<p>À l’échelle collective, il existe des tentatives de répartir les contraintes concernant la pollution, comme le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Budget_carbone">budget carbone</a>. La subvention ou la taxe, le quota ou le rationnement, la norme ou la loi, bref tous les mécanismes collectifs de limitation peuvent être des leviers d’action s’ils sont justifiés et compris. L’enjeu, dans toute sa complexité, est bien sûr que ces contraintes soient équitables pour être acceptées : là encore, la pandémie a été un <a href="https://theconversation.com/dans-les-cites-le-sentiment-dinjustice-sintensifie-avec-le-confinement-137135">révélateur</a>.</p>
<h2>Leçons collectives à tirer</h2>
<p>Les termes de « croissance verte » ou de « développement durable » sont des <a href="https://reporterre.net/Les-mensonges-de-la-croissance">oxymores</a> : sans croissance de la consommation d’énergie <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01151590">pas de croissance</a> du flux formel d’échanges monétaires, aussi appelé PIB. Parce qu’il semble <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13563467.2019.1598964">impossible</a>, ou extrêmement difficile, de consommer moins d’énergie tout en maintenant la croissance économique telle qu’elle est définie actuellement, il est irresponsable de miser sur la perpétuation de cette dernière.</p>
<p>La <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9croissance">décroissance</a> n’est pas l’opposé de la croissance économique : elle se place sur un plan plus large, positif, aussi qualitatif que quantitatif. Considérant que la société de consommation apporte plus de nuisances que de bienfaits, elle invite à repenser l’économie, la culture et la politique afin de limiter tant la consommation d’énergie que l’empreinte écologique tout en réduisant les inégalités. Ce n’est donc pas une simple diminution quantitative : c’est un changement de structure. Si la société de consommation était comparée à une voiture, la croissance économique et énergétique serait son carburant. Passer à la décroissance ne consisterait pas à priver la voiture de carburant, mais plutôt à la remplacer par un vélo.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338323/original/file-20200528-51477-sl7z16.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338323/original/file-20200528-51477-sl7z16.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338323/original/file-20200528-51477-sl7z16.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338323/original/file-20200528-51477-sl7z16.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338323/original/file-20200528-51477-sl7z16.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338323/original/file-20200528-51477-sl7z16.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338323/original/file-20200528-51477-sl7z16.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La pandémie a montré que nous pouvons nous autolimiter, individuellement et collectivement, en nous réorganisant.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-illustration/smooth-curles-colorful-strings-on-white-1303569259">Evgeniy Zebolov/Shutterstock</a></span>
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<p>Longtemps confinée aux <a href="http://www.decroissance.org/">cercles militants</a>, la notion de décroissance est depuis un an reprise par les milieux <a href="https://www.pnas.org/content/113/22/6105">académiques</a> puis <a href="https://www.usinenouvelle.com/blogs/julien-fosse/la-croissance-verte-ideal-ou-illusion.N853460">économiques</a>. Elle suscite des remises en cause inattendues, <a href="https://www.linkedin.com/pulse/la-d%C3%A9sillusion-dune-start-up-de-l%C3%A9conomie-circulaire-charles-dauzet/">d’un startupper</a> comme de l’<a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/mon-probleme-avec-la-croissance-1158702">éditorialiste des Échos</a>. La réflexion gagne une frange de <a href="https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/11/03/ces-jeunes-ingenieurs-qui-choisissent-la-decroissance_6017843_4401467.html">jeunes ingénieurs</a>. Quand un sondage indique que <a href="http://www.odoxa.fr/sondage/barometre-economique-doctobre-francais-plus-ecolos-jamais/">54 % des Français préfèrent la décroissance à une croissance « verte »</a>, le journal <em>La Décroissance</em> titre ironiquement : <a href="http://www.ladecroissance.net/?chemin=journal&numero=165">« On a gagné ? ! »</a>.</p>
<p>La pandémie fait basculer le statut du débat croissance/décroissance, devenu un sujet <a href="https://lbbe.univ-lyon1.fr/Francois-Graner-Matiere-et-Systemes-Complexes-CNRS-Univ-de-Paris-Diderot.html">scientifique</a>. Il peut désormais être abordé dans les <a href="https://www.franceinter.fr/societe/agricultrice-entrepreneur-autrice-on-a-demande-aux-moins-de-35-ans-ce-qu-ils-veulent-pour-le-monde-d-apres">médias grand public</a>. Des <a href="https://labos1point5.org/nos-objectifs/">scientifiques</a> s’engagent – au nom des limites physiques de la planète – et œuvrent pour réorienter les politiques publiques de façon à s’affranchir du <a href="https://theshiftproject.org/article/crise-climat-plan-transformation-economie-chantier-urgence-crowdfunding/">pari incertain et périlleux de la croissance</a>.</p>
<h2>À quoi sommes-nous prêts pour survivre ?</h2>
<p>La pandémie frappe de manière très <a href="https://theconversation.com/logement-comment-la-crise-sanitaire-amplifie-les-inegalites-135762">inégalitaire</a>, et une crise économique frappe beaucoup plus violemment à mesure que l’on est moins riche. De la même façon, la crise écologique et énergétique qui s’annonce risque de frapper plus fortement les pays et les personnes les plus pauvres. Pour nous autolimiter dans un cadre de collaboration plutôt qu’en compétition, une réforme profonde de notre système politico-économique est nécessaire.</p>
<p>L’un des rares <a href="https://www.thomassankara.net/sankarisme-et-environnement-communication-de-meng-nere-fidele-kientega/">chefs d’État ayant commencé à implémenter une politique écologique</a> a été assassiné après quelques années. On peut imaginer qu’un changement profond vers une <a href="https://editions-libertaires.org/?p=885">écologie politique assumée</a> aurait à surmonter de fortes résistances. Pourtant, la pandémie met aussi en lumière que, même dans des sociétés basées sur la concurrence, les <a href="https://theconversation.com/dossier-la-solidarite-en-temps-de-crise-138670">solidarités</a> prennent parfois le dessus.</p>
<p>Elle apporte aussi la preuve que les États peuvent prendre, au nom de la survie, la décision d’arrêter la machine économique et industrielle. Bien sûr, la brutalité de cet arrêt a eu des conséquences très graves : en premier lieu, la faim, de l’<a href="https://www.la-croix.com/Monde/Asie-et-Oceanie/En-Inde-peur-faim-prevaut-celle-coronavirus-2020-04-05-1201087921">Inde</a> à la <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-la-pandemie-aggrave-la-crise-alimentaire_3934589.html">Colombie</a> en passant par les États-Unis où l’on peut voir des <a href="https://www.youtube.com/watch?v=iWT9aOE0OGo">Mercedes dans une queue</a> pour recevoir de l’aide alimentaire gratuite. Dans le futur, mieux vaudrait étaler ces changements dans le temps, les anticiper et les piloter, plutôt que les subir.</p>
<p>Face à cette pandémie qui ne contient qu’un seul risque, certes très grave, une large frange de l’humanité a donné un coup de frein d’une ampleur encore jamais vue. Face à la crise globale énergétique, matérielle et environnementale, face aux risques bien plus nombreux, tout aussi certains, et au moins aussi <a href="https://advances.sciencemag.org/content/6/19/eaaw1838">mortels</a>, mais à une échéance plus étalée, consentirons-nous les efforts indispensables ?</p>
<hr>
<p><em>Cet article a bénéficié de discussions avec Emmanuelle Rio, Jean‑Manuel Traimond et Aurélien Ficot. Nous remercions aussi les nombreux relecteurs</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138842/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La pandémie confirme les limites de la croissance, incite à repenser nos relations aux technologies en tenant compte du triptyque énergie-matière-environnement, et ouvre le débat de la décroissance.Roland Lehoucq, Chercheur en astrophysique, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)François Graner, Directeur de recherche CNRS, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1328942020-03-17T20:22:34Z2020-03-17T20:22:34ZConnais-tu le lien entre ton téléphone portable et les cailloux ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/319912/original/file-20200311-116261-78ao1b.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C25%2C1092%2C679&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nos téléphones portables, comme tous les objets que nous utilisons au quotidien, sont en grande partie constitués de... cailloux !</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-vector/young-friends-teenagers-taking-photo-smartphone-723691432">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>On pourrait se poser la même question pour la voiture de tes parents, ta maison, ta console de jeux ou même tes livres ! Eh oui, les cailloux, ou devrait-on dire les roches et les minéraux, sont présents dans à peu près tous les objets.</p>
<p>Le géologue, c’est-à-dire le scientifique spécialiste du sous-sol, a notamment pour rôle de chercher des roches et des minéraux, qui servent ensuite à fabriquer tous les objets du quotidien. C’est un véritable explorateur des ressources minérales, qui reconstitue l’histoire de la planète et tente de comprendre son fonctionnement.</p>
<p>Aluminium des canettes, cuivre des fils électriques, sable pour les vitres et le béton, argile pour les tuiles et briques, terres rares pour les haut-parleurs du téléphone portable, kaolin dans le papier et les assiettes… Toutes ces ressources minérales qui constituent les objets que nous utilisons dans notre vie quotidienne sont issues des roches et des minéraux extraits du sous-sol.</p>
<p>Ces ressources minérales, les géologues vont les chercher dans des mines et des carrières, qui sont des lieux en souterrain et à ciel ouvert… Selon la nature du sous-sol, autrement dit sa géologie, on y trouvera des métaux, des roches, des minéraux, du sable, des graviers, et c’est le géologue qui pourra les identifier.</p>
<p>Bien sûr, on n’extrait pas des ressources minérales par plaisir, mais bien parce qu’on en a besoin. Il faut prendre de nombreuses précautions pour les extraire, car les impacts sur la nature et les personnes peuvent être graves, notamment sur les ressources en eau ou la biodiversité. Si tu sais d’où proviennent les matières premières de tes objets du quotidien, tu pourras mieux prendre conscience de l’impact que tu peux avoir sur la nature.</p>
<p>Avoir une consommation raisonnable, utiliser des objets issus du recyclage, s’informer sur l’utilisation des ressources minérales et sur leur lieu d’extraction sont des actions qui t’amèneront à mieux respecter la planète. Tu verras désormais différemment les objets qui t’entourent, car les cailloux sont partout !</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/5z4p4zGISww?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Quelle place occupent les ressources minérales dans notre vie quotidienne ? (BRGM TV).</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/132894/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Charles ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Pour le découvrir, il faut explorer le sous-sol de la Terre…Nicolas Charles, Géologue, BRGMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1138852019-12-17T17:42:55Z2019-12-17T17:42:55ZLucas, 8 ans : « Que contiennent les diamants et comment sont-ils formés ? »<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/307461/original/file-20191217-58315-iu3ooe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2754%2C3323&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un seul type d'atome pour former ces si belles pierres.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.freepik.com/vecteurs-libre/banniere-diamant-brillant_4475742.htm#page=1&query=diamant&position=23">Rawpixel/Freepik</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le diamant est un minéral. Les minéraux sont composés d’éléments qui s’assemblent d’une façon particulière : les atomes, qui peuvent être semblables ou différents. Pour le diamant c’est facile, il n’y a qu’un seul élément : le carbone. Mais attention ! Il existe un autre minéral qui contient lui aussi, uniquement du carbone : le graphite. Les mines de tes crayons à papier sont faites en graphite. Encore plus surprenant, le charbon dont on se sert pour faire chauffer les chaudières ou les poêles, n’est aussi fait que de carbone.</p>
<p>Alors, pourquoi un morceau de charbon ne ressemble pas à un diamant ? Tout simplement parce que les atomes de carbone ne sont pas disposés de la même façon. Tu peux voir des représentations dans la vidéo ci-dessous.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/a82zXwhYovQ?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Road Trip #5 : « Les secrets du diamant » (Universciences TV).</span></figcaption>
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<p>Pour former un diamant, il faut beaucoup de pression et une énorme température : 1 000 à 2 000 °C. Le diamant se forme donc en très grande profondeur sous la terre, aux alentours de 150 kilomètres sous nos pieds ! C’est la raison pour laquelle on ne devrait normalement pas trouver de diamant à la surface de la terre.</p>
<p>Pourtant on en trouve dans le sud de l’Afrique, en Russie, au Canada notamment dans une roche volcanique appelée <em>kimberlite</em>. Ce sont de très violentes éruptions volcaniques qui ont entraîné et propulsé les diamants à la surface. Les plus anciennes datent de 900 millions d’années. Quel que soit leur lieu de découverte les diamants sont presque tous datés de 2,5 milliards d’années.</p>
<hr>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/251779/original/file-20181220-103676-bvxzth.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p><em>Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : tcjunior@theconversation.fr. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre.</em></p>
<p><em>Illustration : <a href="https://www.dianerottner.com/">Diane Rottner</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/113885/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Didier Nectoux ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les diamants ne contiennent que du carbone comme… les mines des crayons à papier ou même le charbon ! Alors pourquoi n'a-t-il pas le même aspect ?Didier Nectoux, Conservateur du Musée de Minéralogie de Mines Paristech, Mines Paris - PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1269452019-11-18T19:55:34Z2019-11-18T19:55:34ZDaech, un écran de fumée idéologique sur un business très rentable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/301495/original/file-20191113-77300-1xa1w83.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=79%2C10%2C1038%2C698&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les puits de pétrole controlés par l'État islamique, qui lui assuraient 25% de des ses ressources en 2015, ont été détruits lorsque ses combattants ont battu en retraite.</span> <span class="attribution"><span class="source">Odd Andersen / AFP</span></span></figcaption></figure><p>Le 27 octobre 2019, le président américain Donald Trump a annoncé sur Twitter la <a href="https://www.sudouest.fr/2019/10/27/le-chef-de-daesh-est-mort-confirme-trump-6752716-6093.php">mort du chef de Daech</a>, Abou Bakr al-Baghdadi, lors d’une opération militaire américaine menée dans le nord-ouest de la Syrie. Cet événement constitue le point d’orgue des opérations militaires de la coalition internationale antijihadiste menée par les États-Unis et clos l’offensive menée en février 2019 par la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) pour liquider territorialement <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/etat-islamique-daech-daesh/">l’État islamique</a>. </p>
<p>La mort d'al-Baghdadi marquera-t-elle la fin de Daech ? Rien n’est moins sûr. L'organisation est devenue en quelques années le groupe le plus puissant et le plus attractif de toutes les formations djihadistes. Si les frappes des Occidentaux ont réduit le territoire occupé, Daech conserve une capacité de mobilisation idéologique dans de nombreuses régions du monde, en Occident, au Sahel, aux Philippines ou encore en Somalie. </p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1188948812339011590"}"></div></p>
<p>Daech a bâti, grâce à l’assise territoriale, un système économique autosuffisant et diversifié qui repose sur un large éventail d’activités industrielles et commerciales, de ressources naturelles et de matières premières, du pétrole aux denrées agricoles en passant par les minerais. </p>
<p>Selon les dernières données disponibles issues de l'analyse de 26 rapports parlementaires, la valeur théorique des actifs sous le contrôle de l’État islamique (réserves de pétrole, réserves gazières, minerais, actifs monétaires) était estimée à <a href="http://cat-int.org/wp-content/uploads/2017/03/Financement-EI-2015-Rapport.pdf">2 260 milliards dollars</a> fin 2015, date de l'apogée de l'organisation. </p>
<p>Et si le califat n’était qu’un écran destiné à masquer un business model extrêmement lucratif ? Le califat ne serait donc ni un projet de société, ni une terre promise, ni la réminiscence d’un modèle de cité islamique de l’âge d’or, mais une stratégie d’affaires savamment élaborée, fondée sur le pillage, pour accumuler des richesses en un temps record.</p>
<h2>Une ingénierie financière redoutable</h2>
<p>Le <a href="http://www.slate.fr/story/89025/finance-eiil-irak">pillage de la banque de Mossoul</a> a rapporté près de 400 millions de dollars à Daech en 2014, ce qui lui a permis de changer de dimension et de verser, dans la durée, des salaires aux combattants, de fidéliser des soutiens et d’acheter des armes. </p>
<p>Daech a contrôlé jusqu'à une vingtaine de puits de pétrole en Syrie et en Irak, captant <a href="http://cat-int.org/wp-content/uploads/2017/03/Financement-EI-2015-Rapport.pdf">60% de la production irakienne</a>. 10% du PIB de l’Irak aurait été aux mains de Daech, soit 40 milliards de dollars. Les revenus de la vente/contrebande du pétrole auraient oscillé selon les estimations entre 500 000 et un million de dollars par jour. </p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/301489/original/file-20191113-77300-1mlbyyd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301489/original/file-20191113-77300-1mlbyyd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301489/original/file-20191113-77300-1mlbyyd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=644&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301489/original/file-20191113-77300-1mlbyyd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=644&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301489/original/file-20191113-77300-1mlbyyd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=644&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301489/original/file-20191113-77300-1mlbyyd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=809&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301489/original/file-20191113-77300-1mlbyyd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=809&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301489/original/file-20191113-77300-1mlbyyd.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=809&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://cat-int.org/wp-content/uploads/2017/03/Financement-EI-2015-Rapport.pdf">Centre d'analyse du terrorisme</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En 2015, le pétrole a rapporté 600 millions de dollars au mouvement, l’exploitation du phosphate 250 millions de dollars, la production de gaz près de 60 millions, le ciment 400 millions et l’agriculture 200 millions. L’extorsion, qui constituait la première source de financement sous la forme de diverses taxes, amendes, redevances et confiscations, a rapporté près de 800 millions. Le montant des dons atteignait lui environ 50 millions.</p>
<p>Daech affiche une grande maîtrise des canaux de financement possibles en combinant diverses sources : </p>
<ul>
<li><p>Le système de revenus physiques : recettes locales, fiscalité, amendes et droits de douanes, commerce des ressources naturelles, racket des citoyens et des entreprises, confiscations de biens, commerce des otages, pillages d’antiquités, trafics d’êtres humains, de matériel de guerre et d’œuvres d’art ;</p></li>
<li><p>Le système de revenus dématérialisés : systèmes financiers virtualisés, contrôle de succursales bancaires, nouvelle monnaie indexée sur le cours de l’or convertible en Turquie, crypto-actif (monnaies virtuelles), financement participatif (<a href="https://theconversation.com/terrorisme-et-optimisation-fiscale-la-face-sombre-du-financement-participatif-125506">crowdfunding</a>), dons en provenance de pays sympathisants comme la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar.</p></li>
</ul>
<p>Le mouvement bénéficie de complicités bancaires à l’échelle internationale. De gros soupçons pèsent sur la porosité de l’infrastructure bancaire du Liban, de Chypre, de Malaisie, d’Indonésie ou encore de la Turquie. Des prête-noms et des sociétés-écrans émettent de faussent factures et enregistrent des transactions fictives. L’importante trésorerie disponible a d’ailleurs permis de corrompre des fonctionnaires de plusieurs pays, dont des Syriens opposés au régime de Bachar al-Assad. </p>
<p>Daech paye à prix d’or des intelligences bancaires pour ouvrir des comptes, via des sociétés-écrans, reproduisant en quelque sorte « le <a href="http://www.iiac.cnrs.fr/article1242.html">modèle supranational d’al-Qaïda</a> », explique Dawod Hosham chercheur au CNRS. Il faut transférer du cash pour assurer aux têtes pensantes du groupe un moyen de se mettre à l’abri, y compris les proches et familles, mais aussi pour permettre aux cellules de se projeter vers de nouvelles opérations terroristes.</p>
<h2>Daech dans la guerre des talents</h2>
<p>Daech a capté l’immense potentiel qu’offrent les nouvelles technologies pour créer une organisation résiliente et pérenne. Derrière les images moyenâgeuses de combattants du désert se cache un système d’affaires des plus actuels. Le progrès offre à Daech une couverture globale de l’idéologie qui permet à tout sympathisant, où qu’il soit dans le monde, de rallier le mouvement. En plus de la presse écrite (Dabiq, Dar al-Islam), Daech aurait produit près de 15 000 documents de propagande, dont 800 vidéos et une vingtaine de revues traduites en 11 langues, dont le mandarin. </p>
<p>Entre 2011 et 2017, la propagande a permis de construire un bataillon de 20 000 à 50 000 hommes avec des prisonniers libérés et des transfuges d’Al-Qaïda. Les troupes comprenaient en 2017, 4 000 Saoudiens, 2 000 Tunisiens, 450 Allemands, 200 Belges, 300 britanniques, 1 432 Français et des combattants d’Afghanistan, de Somalie, de Bosnie, de Tchétchénie, du Waziristan (nord-ouest du Pakistan), du Mali, du Liban, du Maroc et de l’Algérie, selon les données issues des différents rapports des commissions d'enquête parlementaires. </p>
<p>Le mythe de l’adhésion de personnes peu instruites et en situation de désarroi a été largement déconstruit. Daech recrute des cerveaux et cible des intellectuels, des financiers et des hauts diplômés tels que des médecins et des ingénieurs pour conduire des opérations internationales d’une grande complexité. Ces professionnels perçoivent des salaires plus élevés que ceux du marché local. </p>
<h2>Structure 2.0.</h2>
<p>La stratégie de recrutement de Daech s’est avérée efficace et peu coûteuse. L’État islamique est ainsi devenu l’organisation terroriste la plus riche et le mouvement le plus violent du monde. La rentabilité de ce business model induit aujourd'hui un risque de « franchisage ». Le modèle opérationnel extrêmement lucratif, pourrait en effet le devenir encore davantage s’il était vendu à d’autres groupes terroristes en échange de redevances (royalties). </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/301491/original/file-20191113-77300-1gjlc8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/301491/original/file-20191113-77300-1gjlc8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/301491/original/file-20191113-77300-1gjlc8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/301491/original/file-20191113-77300-1gjlc8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/301491/original/file-20191113-77300-1gjlc8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/301491/original/file-20191113-77300-1gjlc8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/301491/original/file-20191113-77300-1gjlc8i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">La franchise, nouvel axe de développement ?</span>
<span class="attribution"><span class="source">Musaib Mushtaq / Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Mais la grande force du modèle se situe dans la capacité du mouvement à s’approprier et à combiner des pratiques issues du crime organisé, du terrorisme, des sectes, du domaine militaire, de la société civile, du monde de l’entreprise et de l’administration publique. La structure de type 2.0., immatérielle et mondialisée, permet de poursuivre l’expansion du mouvement sans territoire physique, ce qui amène de nouvelles difficultés à lui appliquer un cadre juridique et à exercer une surveillance internationale qui permettrait de contrer sa propagation. </p>
<hr>
<p><em>Cet article est extrait de l'étude plus détaillée « L’État Islamique/Daech : Business model et terrorisme 2.0 » (à paraître) qui reconstitue le modèle économique et la configuration organisationnelle de Daech rédigée en collaboration avec Alain Bauer, professeur de criminologie au CNAM de Paris.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/126945/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurence Frank ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L'assise territoriale que l'organisation terroriste a pu se constituer entre 2014 et 2019 lui a permis de développer de plusieurs sources de revenus à la fois physiques et dématérialisés.Laurence Frank, Professeure de management stratégique, ESC Clermont Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1195002019-07-11T21:35:15Z2019-07-11T21:35:15ZCuivre : quel avenir pour ce métal essentiel à la transition énergétique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/282044/original/file-20190701-105215-1eqh2pf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=73%2C163%2C5333%2C3459&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La mine de cuivre à ciel ouvert de Rio Tinto, en Andalousie.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/download/success?u=http%3A%2F%2Fdownload.shutterstock.com%2Fgatekeeper%2FW3siZSI6MTU2MjAxMjgwMCwiYyI6Il9waG90b19zZXNzaW9uX2lkIiwiZGMiOiJpZGxfNjg0NjU0NjY3IiwiayI6InBob3RvLzY4NDY1NDY2Ny9odWdlLmpwZyIsIm0iOjEsImQiOiJzaHV0dGVyc3RvY2stbWVkaWEifSwiN0R5cFNLZkh3clczNDAvYzhZb3FGcFpHYjBRIl0%2Fshutterstock_684654667.jpg&pi=33421636&m=684654667&src=5tFmipwbhv_I532pXGUdNQ-1-23">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Présentes dans de nombreuses technologies de décarbonation, les matières premières minérales sont essentielles à la transition énergétique. À la fois de manière directe, pour les intégrer dans les technologies, et indirecte, pour les inclure dans un composant lié mais indépendant de la technologie, à l’image des batteries pour les véhicules électriques.</p>
<p>L’ensemble des innovations de décarbonation <a href="http://documents.worldbank.org/curated/en/207371500386458722/The-Growing-Role-of-Minerals-and-Metals-for-a-Low-Carbon-Future">est ainsi dépendant</a> de la <a href="https://www.oecd.org/environment/waste/highlights-global-material-resources-outlook-to-2060.pdf">disponibilité de minerais</a> devenus <a href="https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/article/vers-geopolitique-lenergie-plus-complexe">« stratégiques »</a>.</p>
<p>Si l’on s’appuie généralement sur les exemples du lithium, du cobalt et des terres rares pour illustrer les aspects systémiques de la transition énergétique, il ne faut pas oublier que cette dynamique pourrait, avant tout, engendrer des conséquences majeures sur les grands marchés de métaux non ferreux (aluminium, cuivre, nickel, etc.) ; mais également sur le secteur de l’acier, des granulats ou de l’eau.</p>
<p>Aujourd’hui, le cuivre est utilisé à près de 35 % pour des usages électriques (distribution, transmission et systèmes électriques des bâtiments) et cette part pourrait enregistrer une accélération avec le déploiement des énergies renouvelables.</p>
<p>Dans le contexte de la transition énergétique, cette matière première structurelle semble être un cas d’étude intéressant concernant les <a href="https://theconversation.com/pourquoi-parle-t-on-de-criticite-des-materiaux-105258">questions de « criticité »</a> de certaines ressources.</p>
<p>Étant donné que les secteurs de l’électricité et des transports sont les principaux émetteurs de gaz à effet de serre, il est crucial de savoir si la disponibilité du cuivre peut constituer un frein au déploiement des technologies bas-carbone.</p>
<h2>Panorama du marché du cuivre</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/282007/original/file-20190701-105172-ejnx6t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/282007/original/file-20190701-105172-ejnx6t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/282007/original/file-20190701-105172-ejnx6t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=484&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/282007/original/file-20190701-105172-ejnx6t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=484&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/282007/original/file-20190701-105172-ejnx6t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=484&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/282007/original/file-20190701-105172-ejnx6t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=608&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/282007/original/file-20190701-105172-ejnx6t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=608&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/282007/original/file-20190701-105172-ejnx6t.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=608&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Utilisation finale du cuivre en 2015.</span>
<span class="attribution"><span class="source">IWCC/ICA</span></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-right zoomable">
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<figcaption>
<span class="caption">Production et réserves de cuivre en pourcentage du total.</span>
<span class="attribution"><span class="source">USGS</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/282005/original/file-20190701-105191-k72pge.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/282005/original/file-20190701-105191-k72pge.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/282005/original/file-20190701-105191-k72pge.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=552&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/282005/original/file-20190701-105191-k72pge.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=552&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/282005/original/file-20190701-105191-k72pge.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=552&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/282005/original/file-20190701-105191-k72pge.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=694&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/282005/original/file-20190701-105191-k72pge.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=694&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/282005/original/file-20190701-105191-k72pge.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=694&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Production et réserves de cuivre en pourcentage du total.</span>
<span class="attribution"><span class="source">USGS</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le cuivre est utilisé dans de nombreux secteurs, tels que l’industrie de la construction (plomberie, toiture, construction navale et bardage), le secteur de l’énergie (centrales électriques et infrastructures électriques), celui de l’industrie, des transports ou des produits finis : dans de nombreux pays, c’est le principal composant des pièces de monnaie, accessoires pour le logement, chauffe-eau, etc.</p>
<p>Le secteur des biens de consommation (appareils électroménagers, instruments de climatisation et de réfrigération, électronique industrielle et commerciale, et informatique) représente 29 % de la consommation de cuivre, suivi par celui de la construction (25 %), de l’industrie (19 %), de la transmission électrique (15 %) et enfin des transports (12 %).</p>
<p>De fait, le cuivre est largement utilisé dans des applications à longue durée de vie, allant jusqu’à plusieurs décennies. On estime ainsi que les deux tiers du cuivre produit depuis 1900 <a href="http://www.nautilusminerals.com/irm/content/pdf/eartheconomics-reports/earth-economics-may-2015.pdf">étaient encore utilisés en 2010</a>.</p>
<p>Par conséquent, la période pendant laquelle le cuivre peut rester immobilisé dans des produits encore en service constitue un obstacle majeur à sa réutilisation. Ce métal n’est pas uniformément réparti dans la croûte terrestre, comme le montre la répartition géographique des réserves et de la production. Près de la moitié des réserves mondiales sont situées en Amérique centrale et en Amérique du Sud, principalement au Chili et au Pérou.</p>
<h2>Cuivre et transition énergétique mondiale</h2>
<p>Dans de nombreuses régions du monde, la décarbonation des mix énergétiques et électriques est devenue une priorité pour répondre aux objectifs climatiques internationaux et aux problématiques de pollutions locales. Cette dynamique pourrait contribuer à alimenter la demande en cuivre dans les secteurs du transport et de l’électricité au sens large (réseaux et centrales) dans les années à venir.</p>
<p>En outre, la substitution des technologies traditionnelles par des solutions décarbonées aura des conséquences sur la demande en cuivre puisque le contenu en cuivre de ces dernières est plus important que ce soit dans le secteur électrique ou le transport. Ainsi, les principaux moyens de production électrique renouvelables (solaire et éolien) ont des contenus supérieurs en cuivre en puissance installée aux moyens de production carbonés (charbon et gaz).</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<figcaption>
<span class="caption">Contenu en cuivre des principaux moyens de production électrique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Ecoinvent. CCGT : Combine Cycle Gas turbine ; PWR : Pressurized Water Reactor ; PV : Photovoltaic</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La même tendance est observée pour les véhicules de transport routier. Par rapport aux véhicules conventionnels, les électriques contiennent trois à neuf fois plus de cuivre.</p>
<figure class="align-center zoomable">
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<figcaption>
<span class="caption">Contenu en cuivre des principales technologies de transport.</span>
<span class="attribution"><span class="source">GREET2</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Scénarios d’évolution de la demande en cuivre</h2>
<p>Dans le cadre du projet <a href="https://anr.fr/fileadmin/documents/2018/CP-Generate-IFPEN-IRIS-ANR-avril-2018.pdf">Generate</a>, nous avons examiné deux scénarios climatiques afin d’évaluer l’impact de la transition énergétique sur le marché du cuivre :</p>
<ul>
<li><p>le scénario 4 °C qui est cohérent avec la limitation de l’augmentation de la température moyenne mondiale prévue de 2100 à 4 °C ;</p></li>
<li><p>le scénario 2 °C qui est un scénario plus ambitieux, traduisant les objectifs climatiques de limiter le réchauffement climatique à 2 °C d’ici 2100.</p></li>
</ul>
<p>Dans les deux scénarios, la capacité de production de cuivre devra augmenter considérablement. Ils tendent à montrer qu’une décarbonation des secteurs électriques et du transport pourrait engendrer une diminution marquée de la marge de sécurité d’approvisionnement en cuivre – c’est-à-dire du rapport entre la consommation cumulée de cuivre entre 2005 et 2055 et les ressources actuelles.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1112509024568786944"}"></div></p>
<p>La marge de sécurité se situe ainsi à 17,3 % pour le scénario de référence, et à moins de 4 % pour le scénario 2 °C. Pour saisir l’ampleur de ces transformations, les réserves mondiales de cuivre de 2017 devront être multipliées respectivement par 2,2 et par 2,55 entre 2010 et 2055 dans un scénario de 4 °C et 2 °C.</p>
<p>Un effort supplémentaire important sur le développement des réserves de cuivre sera donc nécessaire. Compte tenu de l’évolution historique des réserves de cuivre, l’augmentation semble réalisable. En 1996, l’USGS (<a href="https://www.usgs.gov/">United States Geological Survey</a>) estimait les réserves mondiales de cuivre à 310 Mt. En 2015, l’Institut a révisé ses estimations à 700 Mt. Cette évolution correspond à une multiplication par 2,25 des réserves sur seulement 20 ans, suggérant que les besoins mondiaux en cuivre pourraient probablement être satisfaits d’ici à 2055.</p>
<figure class="align-right zoomable">
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<figcaption>
<span class="caption">Demande cumulée de cuivre entre 2010 et 2055 selon deux scénarios climatiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Calcul des auteurs</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans ce contexte, l’Amérique latine pourrait obtenir une rente supplémentaire pour l’extraction de ces ressources (dans un scénario de 2 °C) et les pays de la région qui détiennent la grande majorité des ressources en cuivre (Chili et Pérou) constitueraient un puissant duopole sur le marché du cuivre.</p>
<p>Cet ensemble pourrait toutefois être confronté à une frange concurrentielle de petits producteurs de cuivre. Selon nos résultats, l’Afrique, l’Asie centrale et le Caucase, le Canada, le Mexique, la Russie, les États-Unis et les autres pays en développement d’Asie sont les régions qui disposent de ressources en cuivre suffisantes pour satisfaire leur demande intérieure et exporter vers d’autres régions dans les deux scénarios.</p>
<h2>La question de l’eau au Chili</h2>
<p>Selon notre exercice de modélisation, on peut s’attendre à ce que le Chili renforce son rôle dans la production de cuivre en alimentant la demande mondiale. En ce sens, les ressources en cuivre du pays sont cruciales pour gérer la transition énergétique mondiale. Il serait donc tentant de conclure que le Chili bénéficiera de l’accompagnement de la demande croissante de cuivre.</p>
<p>Pourtant, le secteur de la production du cuivre au Chili pourrait souffrir des limites naturelles de son propre écosystème. L’évolution du secteur chilien du cuivre est ainsi directement liée aux ressources en eau. L’autorité chilienne chargée de la gestion de l’eau a récemment annoncé une réduction progressive des permis d’extraction d’eau et l’interdiction d’accorder de nouveaux permis d’exploitation minière dans les zones soumises à un certain stress hydrique.</p>
<p>À titre d’exemple, la mine Escondida, la plus grande mine de cuivre au monde, est autorisée à pomper 1 400 litres par seconde d’eau du sol par seconde. Entre 2020 et 2030, ce taux d’extraction devra tomber à 640 litres par seconde. Dans un contexte de baisse des teneurs en minerai, cette réduction est d’autant plus problématique que l’eau est une ressource importante dans les opérations de concentration du minerai. Et son utilisation est proportionnelle à la teneur en métaux des minerais extraits.</p>
<p>Le changement climatique est également un facteur qui réduit la <a href="https://research.monash.edu/en/publications/the-exposure-of-global-base-metal-resources-to-water-criticality-">disponibilité des ressources en eau</a>. La solution technique choisie pour répondre aux besoins du secteur minier chilien est l’utilisation de l’eau de mer. <a href="https://www.cochilco.cl/Research/Proyeccion-de-consumo-de-agua-en-la-mineria-del-cobre-2017-2028-V4_Edici%C3%B3nFinal.pdf">Cochilco, la Commission chilienne du cuivre</a>, prévoit une augmentation de 290 % de l’utilisation de l’eau de mer entre 2016 et 2028 pour alimenter les mines chiliennes.</p>
<p>Les consommations d’eau douce et d’eau de mer de l’industrie minière devraient presque atteindre le même niveau en 2028. Cette conversion à l’eau de mer de l’industrie minière chilienne posera plusieurs défis.</p>
<p>Les sites miniers chiliens sont en effet généralement situés dans des zones extrêmement arides et à haute altitude. L’utilisation de l’eau de mer implique potentiellement son dessalement, son transport par canalisations nécessitant des systèmes de pompage et son intégration dans les processus miniers.</p>
<p>L’utilisation directe de l’eau de mer nécessiterait alors des installations adaptées, en raison des interactions entre les éléments chimiques présents dans le minerai et l’eau de mer. Enfin, le coût d’utilisation de l’eau de mer dans les mines est plus élevé au Chili, du fait de l’altitude des mines et du coût plus élevé de l’énergie, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/08827508.2017.1389729">par rapport aux autres pays miniers</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1054904984075202561"}"></div></p>
<h2>Des prix et une concurrence accrus</h2>
<p>L’évolution de l’industrie minière chilienne est donc au cœur des enjeux de la transition énergétique. Saura-t-elle répondre à la demande mondiale de cuivre à un coût économique et environnemental concurrentiel ? Les dépenses en eau et en énergie pour produire les minerais nécessaires aux technologies bas carbone doivent ainsi être au cœur de nos préoccupations.</p>
<p>Nos résultats soulignent que le taux d’augmentation de la consommation mondiale de cuivre prévisible dans un scénario 2 °C devrait exercer une pression sur la capacité de production de cuivre existante. Dans ce contexte, on peut craindre une augmentation rapide des prix du cuivre et une concurrence entre les différents secteurs pour la consommation de cuivre.</p>
<p>Un tel phénomène affecterait sans doute le processus de transition énergétique et traduit donc l’importance des politiques visant à atténuer les tendances futures de la demande, notamment le recyclage et les politiques publiques sur le transport.</p>
<p>Si notre scénario montre le poids des ressources en cuivre détenues par le Chili et le Pérou, il n’élimine pas l’incertitude quant à la capacité et la volonté de ces pays de continuer à accroître leurs capacités de production de cuivre, notamment en raison des externalités environnementales (eau et pollution locale) causées par l’exploitation du minerai produit.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://www.iris-france.org/chercheurs/samuel-carcanague/page/3/">Samuel Carcanague</a>, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) a participé à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/119500/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuel Hache est chercheur associé au laboratoire Economix de l’université Paris Nanterre et directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Cet article a reçu des financements de l’Agence nationale de la recherche dans le cadre du projet Generate (Géopolitique des énergies renouvelables et analyse prospective de la transition énergétique).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Clément Bonnet a reçu des financements de l'Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre du projet Generate. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Gondia Sokhna Seck et Marine Simoën ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>La part du cuivre utilisé à des fins électriques pourrait s’accélérer avec le déploiement des énergies renouvelables, au risque de créer une nouvelle dépendance.Emmanuel Hache, Économiste et prospectiviste, IFP Énergies nouvelles, Auteurs historiques The Conversation FranceClément Bonnet, Économiste, IFP Énergies nouvelles Gondia Sokhna Seck, Spécialiste modélisation et analyses des systèmes énergétiques, IFP Énergies nouvelles Marine Simoën, Ingénieure de recherche en économie, IFP Énergies nouvelles Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1166182019-05-09T19:57:56Z2019-05-09T19:57:56ZLe rôle des multinationales dans les violences en Afrique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/272786/original/file-20190506-103049-1o52fnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C9%2C2032%2C1352&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Plus de 250 000 personnes ont été contraintes à l'exil en raison des violences dans l'Est de la RDC.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/un_photo/8068469904/in/photolist-dhZ215-bvnby1-pZ9bcs-5HfQti-nv17fk-p9oZPs-dSsbHV-bJgYya-nPgDZR-5MQuYd-oaEajj-nuZcA3-oauEwz-nKFKGm-65ntmF-nTjt22-nmbViL-9mhDL-e6cPCc-nvesgY-bEiNJe-9JZ2ad-bM5g9B-6R29Q6-dj57Fg-4S4KGg-9T5UGK-cwjF8J-V65nZe-mhs7nX-5MxTHe-dp8gMk-4eWtNy-V2Cbky-dmRDq9-nuYYuy-mhs7R2-nMtMf2-oaN6Di-fbP16B-6pbufo-7zJEbq-nPhePK-bvnc29-nv26wV-i4naGf-bJgY2T-nPgYeM-TRwmHK-bvncc5/">United Nations/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p><em>Qui fait quoi dans les conflits miniers en Afrique ? Traquer l’origine des minerais n’est pas chose aisée pour les multinationales. Pourtant, face à l’ampleur des dégâts humains et sociaux, leur responsabilité est fortement engagée. Dans un récent <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.20150774">article scientifique</a>, Nicolas Berman, Mathieu Couttenier, Dominic Rohner, et Mathias Thoenig montrent que la présence de firmes étrangères en Afrique augmente la violence des territoires miniers. Depuis peu, les firmes, ONG et États multiplient les initiatives de transparence. Les auteurs se penchent sur leur impact sur la stabilité dans ces régions.</em></p>
<hr>
<p>En février 2019, Apple s’est engagé à améliorer la traçabilité de ses matières premières. Dès 2017, la firme avait été <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/apple-salue-par-amnesty-pour-la-tracabilite-de-l-origine-de-son-cobalt_118315">saluée par l’ONG Amnesty International</a> pour avoir publié les noms de ses fournisseurs de cobalt afin d’éviter d’alimenter le travail des enfants en République Démocratique du Congo (RDC). La firme est membre de l’initiative <a href="http://www.responsiblemineralsinitiative.org">RMI</a> (<em>Responsible minerals initiative</em>), un organisme visant à faire respecter les droits de l’Homme dans la chaîne d’approvisionnement.</p>
<p>Ces initiatives contrastent avec les pratiques actuelles de la plupart des entreprises. Souvent implantées en Afrique, là où les sous-sols regorgent de matières premières, elles contribuent à alimenter un terrain déjà très conflictuel. Leur rôle dans l’augmentation de la violence en Afrique a été détaillé par un <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.20150774">article scientifique</a> des économistes Nicolas Berman, Mathieu Couttenier, Dominic Rohner, et Mathias Thoenig.</p>
<p>Les auteurs s’appuient sur une étude géolocalisée mettant en parallèle la présence des firmes et l’occurrence des conflits miniers. Ils ont quadrillé l’Afrique par zones de 55 sur 55 kilomètres pour analyser l’impact de l’augmentation du prix de 14 minerais. Leurs résultats suggèrent qu’une hausse des prix des matières premières augmente la violence uniquement dans les zones exploitées par des firmes étrangères.</p>
<h2>Des pratiques douteuses</h2>
<p>Pourquoi une telle différence entre les entreprises domestiques et étrangères ? Une des explications avancées est celle de leur vulnérabilité par rapport aux extorsions rebelles. Alors que les entreprises domestiques disposent généralement de la protection de l’armée ou de l’État, les multinationales étrangères doivent faire sans. Si elles s’implantent dans des zones instables, comme c’est le cas dans beaucoup de territoires miniers, elles doivent composer avec les pratiques des groupes en place. Là où règne le non-droit, elles s’adaptent.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=200&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/272787/original/file-20190506-103057-2lx3e9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=251&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Joseph King.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/kingjn/14298154665/in/photolist-nMtMf2-oaN6Di-fbP16B-6pbufo-7zJEbq-nPhePK-bvnc29-nv26wV-i4naGf-bJgY2T-nPgYeM-TRwmHK-bvncc5-aAko35-bEmiRZ-nuZMwF-bvnbJ5-fc4rDG-mhvB1c-23heiWJ-fc4kpf-jyZSAx-dEELSH-nMAjQd-4fRqw-VTjEBh-q6mL6y-ADRp9-bsf4VC-5pehV9-cwjBw9-pHcqof-nveGFw-6abCD1-jz26Cy-31Wmqz-nmbVqu-5pa7sP-mhvBce-6pWomV-fVcWta-5HvPVP-74DqnF-dNGCy4-bEmkKF-JQWixi-bvnbBW-qnR2Kj-cwjGqo-hKsQ88">Joseph King/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est exactement ce qui s’est passé pour la firme chinoise Kun Hou Mining, de 2013 à 2015, selon un rapport de l’<a href="https://www.jeuneafrique.com/339286/politique/rd-congo-entreprise-chinoise-a-arme-miliciens-locaux-exploiter-de-lor-a-lest/">ONG Global Witness</a>. Pour extraire l’or de la rivière Ulindi, située au Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo, elle a su jouer du droit coutumier en place. Elle s’est appuyée sur la corruption des autorités locales et le soutien de milices opérant sur le territoire pour avoir accès aux mines. En échange, elle leur a envoyé des liasses de billets, des armes et des rations alimentaires. Le butin récolté a pris le large vers Dubaï. Résultat : dans la province du Sud-Kivu, l’extraction de l’or n’a officiellement généré aucun revenu fiscal.</p>
<p>Une histoire parmi tant d’autres pour ce pays de la région des Grands Lacs. La richesse de son sous-sol et la faiblesse de ses institutions se conjuguent pour en faire un terrain d’affrontement où les droits de l’Homme sont bafoués. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, la <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/partout-ailleurs/partout-ailleurs-20-novembre-2014">Seconde Guerre du Congo</a> (1998-2003) a été le conflit le plus meurtrier et ses répercussions n’ont pas cessé de secouer le pays.</p>
<p>L’influence des entreprises étrangères sur le sol africain est loin d’être négligeable quand on sait qu’elles représentent 60 % du total des firmes. Si elles ne sont pas tenues de rendre des comptes, elles deviennent des facteurs d’instabilité majeurs pour le continent. Mais toutes n’ont pas le même profil. Pour les firmes implantées dans les ex-colonies, les comportements sont différents.</p>
<h2>Qui paye un tribut aux milices sur place ?</h2>
<p>Certaines multinationales jouissent de la protection des États africains grâce aux liens historiques qui les unissent. Ici, le passé colonial imprègne encore le tissu économique. De nombreuses recherches scientifiques ont souligné la proximité qui persiste entre les firmes des anciens colons et les gouvernements des anciennes colonies. Les entreprises reçoivent une attention toute particulière de la part de l’État et sont plus facilement protégées par l’armée. Cela leur offre une marge de manœuvre plus importante dans l’exploitation des ressources.</p>
<p>Les quatre économistes rejoignent ce consensus. Leurs estimations suggèrent que ces multinationales n’ont pas d’incidence significative sur l’augmentation de la violence. Toutefois, comme elles ne représentent qu’un cinquième de l’échantillon de firmes étrangères qu’ils étudient, ils invitent à continuer les analyses.</p>
<p>Les entreprises nord-américaines ou chinoises par exemple, doivent généralement faire face à l’insécurité sans bénéficier de protection externe. Pour l’obtenir, elles sont prêtes à payer le prix. Bien souvent, la rançon qu’elles payent alimente les activités rebelles et les trafics illégaux. Cet argent permet aux milices de se maintenir en place et d’étendre leur zone d’influence.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1121326770421207040"}"></div></p>
<h2>Comment pacifier les conflits ?</h2>
<p>Des initiatives visant à modifier les pratiques des entreprises se sont peu à peu mises en place. Parmi elles, la <a href="https://www.globalwitness.org/fr/archive/7801/">section 1502 de la loi Dodd-Franck</a> de 2010 qui visait principalement le commerce avec la République Démocratique du Congo. Bien que <a href="https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/le-congres-americain-assouplit-la-loi-dodd-frank-de-regulation-bancaire-779295.html">menacée</a> par l’administration Trump, elle impose aux entreprises américaines de révéler l’origine des minerais qu’elles utilisent.</p>
<p>De telles mesures de transparence sont-elles efficaces en pratique ? Les auteurs se sont penchés sur les multinationales qui ont signé l’<a href="https://www.icmm.com">ICMN</a> (<em>International Council on Mining and Metals</em>), pour promouvoir la responsabilité sociale des entreprises. Pour vérifier l’efficacité de telles mesures, les quatre économistes localisent les entreprises signataires et étudient leur correspondance avec les conflits. Le résultat semble encourageant puisque les signataires n’ont aucun effet sur la violence. Une bonne nouvelle pour ces régions où de nombreuses initiatives fleurissent depuis quelques années. Mais les entreprises ne sont pas les seuls leviers.</p>
<h2>De nouvelles initiatives de la part des États</h2>
<p>Le 9 avril, le gouvernement nigérian a décidé de bannir toute activité minière dans la région de Zamfara, pour restaurer la paix. Le ministre des Mines et du Développement sidérurgique, Abubakar Bwari, a précisé :</p>
<blockquote>
<p>« Lorsque nous visons le développement d’activités économiques, nous devons aussi penser aux aspects humains et aux pertes humaines dont nous sommes témoins ».</p>
</blockquote>
<p>Pour ce faire, le gouvernement a donné 48 heures aux étrangers impliqués dans les activités minières pour quitter son territoire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/272788/original/file-20190506-103075-182jkli.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un ministre congolais atterrit sous escorte des Nations unies pour entamer des pourparlers avec des groupes rebelles (photo prise en 2014).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/un_photo/14547290101/in/photolist-oauEwz-nKFKGm-65ntmF-nTjt22-nmbViL-9mhDL-e6cPCc-nvesgY-bEiNJe-9JZ2ad-bM5g9B-6R29Q6-dj57Fg-4S4KGg-9T5UGK-cwjF8J-V65nZe-mhs7nX-5MxTHe-dp8gMk-4eWtNy-V2Cbky-dmRDq9-nuYYuy-mhs7R2-nMtMf2-oaN6Di-fbP16B-6pbufo-7zJEbq-nPhePK-bvnc29-nv26wV-i4naGf-bJgY2T-nPgYeM-TRwmHK-bvncc5-aAko35-bEmiRZ-nuZMwF-bvnbJ5-fc4rDG-mhvB1c-23heiWJ-fc4kpf-jyZSAx-dEELSH-nMAjQd-4fRqw">United Nations/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Comme le Nigeria, les États africains ont un rôle de premier plan dans la stabilisation de leur territoire. Ils doivent lutter contre la corruption qui gangrène leurs institutions et sert de caution aux activités illégales. Une Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), s’est créée en 2003 avec l’objectif de créer une norme pour respecter la traçabilité en matière de ressources pétrolières, gazières et minérales. Elle s’applique aujourd’hui à 52 pays à travers le monde. Selon l’étude des auteurs, la participation des États africains à cette ITIE a des répercussions positives sur l’incidence des conflits (même si leur adhésion est relativement récente et que les calculs nécessiteraient davantage de données). L’exacerbation de la violence due à une hausse des prix en est amoindrie.</p>
<p>À travers la traçabilité des minerais, les États reprennent aussi la main sur leurs ressources. Le Niger et le Nigeria ont signé le 26 mars 2019 un <a href="https://www.niameyetles2jours.com/l-economie/mines/2803-3668-le-niger-et-le-nigeria-veulent-davantage-developper-leur-secteur-minier">mémorandum d’entente</a> afin de mutualiser leurs efforts dans le secteur minier et ainsi augmenter sa contribution au PIB. De nouveaux codes miniers ont éclos pour renégocier la position des compagnies étrangères dans l’industrie minière. Le dernier en date est celui de la République Démocratique du Congo qui a imposé de <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/04/03/en-afrique-la-rdc-fait-trembler-les-geants-miniers_5279870_3234.html">nouvelles taxes</a> en mars 2018. Le nouveau Président Félix Tshisekedi pourrait désormais <a href="https://www.agenceecofin.com/gestion-publique/0403-64405-rdc-le-nouveau-president-soutient-la-revision-du-code-minier">aller plus loin</a>, toujours avec le même objectif : permettre au pays de générer plus de revenus grâce à ces ressources. La RDC ne fait que suivre une dynamique entamée par bien d’autres pays depuis déjà une dizaine d’années (l’Afrique du Sud, le Maroc, le Mali, le Sénégal, le Niger, la Guinée ou encore le Burkina Faso par exemple).</p>
<p>L’effet de telles mesures de traçabilité et de transparence est complexe : certaines recherches montrent par exemple que le Dodd-Frank Act, au lieu de réduire l’insécurité, a notamment incité les groupes armés à réorienter leurs actions vers des actes plus violents, comme le pillage des populations locales. Selon le contexte et l’application qui est faite de la mesure, les effets peuvent varier. Ces mécanismes sont récents et encore peu étudiés, c’est pourquoi les auteurs appellent à de nouvelles analyses. Toutefois, ces premiers résultats encouragent les États à mettre en place des mesures pour contrer ces pratiques illicites. Surtout, ils intiment aux entreprises d’assumer leurs responsabilités lorsqu’elles s’installent dans un territoire minier.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
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</figure>
<p><em>Cet article a été rédigé par Claire Lapique en collaboration avec Nicolas Berman, et publié dans la revue <a href="https://www.amse-aixmarseille.fr/fr/dialogeco">« Dialogues économiques »</a> de l’AMSE, l’école d’économie d’Aix-Marseille, en partenariat avec The Conversation France.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116618/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Berman a reçu des financements de l'A*midex.</span></em></p>Les firmes étrangères, qui gèrent elles-mêmes la sécurité de leurs activités, participent à l’entretien des conflits miniers sur le continent.Nicolas Berman, Chercheur en économie, CNRS, Aix-Marseille School of Economics (AMSE), Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1157732019-04-24T20:12:12Z2019-04-24T20:12:12ZComment le « boom des minerais » augmente la violence en Afrique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/270107/original/file-20190419-28084-6m6ohv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=15%2C15%2C2029%2C1345&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Près de deux tonnes d’or échapperaient aux autorités locales de l’Ituri, dans le nord-est de la RDC.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/un_photo/14549777252/in/photolist-oaHpSu-oTWccu-oaE9ob-4RcytE-bvnby1-drutWX-31xJ9A-TigxB-WyvDhy-nMp2ii-i4n1ip-qnR2HW-U7sJv-dhZ215-5HfQti-i4nJEg-nv17fk-p9oZPs-dSsbHV-bJgYya-mhxvtA-nPgDZR-5MQuYd-oaEajj-nTiJUN-mhs7sg-nuZcA3-V65nZe-oauEwz-mhs7nX-5MxTHe-dp8gMk-4eWtNy-V2Cbky-65ntmF-nTjt22-nmbViL-i4naGf-9mhDL-mhvB1c-bEiNJe-9JZ2ad-bM5g9B-jyZSAx-VTjEBh-dEELSH-4S4KGg-q6mL6y-nKFKGm-dmRDq9/">United Nations/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span></figcaption></figure><p><em>La hausse du prix des minerais peut avoir de sanglantes conséquences en Afrique. C’est ce qu’ont observé Nicolas Berman, Mathieu Couttenier, Dominic Rohner, et Mathias Thoenig dans une <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/aer.20150774">étude récente</a> parue dans The American Economic Review et portant sur l’ensemble de l’Afrique de 1997 à 2010. Le boom des prix de ces minerais en 2000 pourrait expliquer jusqu’à un quart des conflits en Afrique. La violence se déploie même au-delà des zones minières. Avec l’argent gagné, les rebelles déploient leurs combats en étendant leurs zones d’influence.</em></p>
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<p>« Diamants de sang », « or des conflits », « coltan sanglant » les appellations sont nombreuses pour rappeler la guerre à laquelle se livrent les plus cupides. N’y a-t-il jamais de minerais sans violence ? Ce sujet a été largement discuté, mais peu d’études ont montré la relation causale entre hausse du prix des minerais et conflits. C’est le propos de cette analyse, parue dans <em>American Economic Review</em> et portant sur l’ensemble de l’Afrique de 1997 à 2010.</p>
<h2>Le « boom » des minerais</h2>
<p>Entre 2000 et 2009, le prix des minerais a plus que doublé en moyenne. Ce « boom des minerais » a été largement impulsé par le rôle de nouvelles puissances, comme la Chine ou l’Inde par exemple, qui ont considérablement augmenté leur demande. En 1997 une once d’or valait 338 dollars et en 2010, elle atteignait 1 084 dollars !</p>
<p>Les conséquences sur le terrain sont tout autant explosives… Sur la période étudiée, un quart des conflits observés sur le continent africain peut être expliqué par la hausse de ces cours mondiaux !</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270105/original/file-20190419-28100-14xhgb9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Près de deux tonnes d’or échapperaient aux autorités locales de l’Ituri, dans le nord-est de la RDC.</span>
<span class="attribution"><span class="source">United Nations/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
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<p>En quadrillant l’Afrique par zones de 55 sur 55 km, l’étude se penche sur l’impact de l’augmentation du prix de 14 minerais. Ces résultats sont mis en relation avec une base de données géolocalisée des événements violents (des émeutes aux conflits civils en passant par les batailles entre groupes armés) sur tout le territoire africain.</p>
<p>Ce quadrillage à échelle locale va au-delà du cadre frontalier et réduit le poids des caractéristiques étatiques. Les conflits liés aux élections, les guerres inter-ethniques ou religieuses n’interfèrent pas avec les résultats. Chaque zone peut être comparée à sa voisine, qui lui est en tout point semblable, la présence de minerais mise à part. L’analyse permet donc d’affirmer que la hausse du prix a pour conséquence directe l’augmentation de la violence. Comment se répercute concrètement le cours des minerais sur le terrain ?</p>
<h2>Financer l’avancée des milices</h2>
<p>Rackets, extorsions ou encore profits : les groupes rebelles s’alimentent à travers la rente de ces mines. Lorsque l’État est faible, les mines sont convoitées par les groupes armés qui en font leur base arrière. En République Démocratique du Congo (RDC), secouée depuis plus de 20 ans par la guerre, plus de 40 milices quadrillent le territoire. Leur appétit est à la hauteur des richesses de la région : 70 % des réserves mondiales de coltan, des réserves en or, en diamant, en étain… D’autant que l’absence de l’État est patente. Entre mai 2012 et novembre 2013, un groupe appelé le M23 s’est établi sur le territoire congolais en développant une véritable administration et en créant des postes de ministres de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de l’Agriculture.</p>
<p>Conquérir une mine permet aux rebelles de générer des revenus en taxant la production ou la population locale, ou de bénéficier du support logistique des compagnies minières. Ce système repose souvent sur la promesse de protection pour les communautés sur place. Avec la manne d’argent recueillie, les milices peuvent financer leurs activités. Lorsque le prix des minerais augmente, leur capacité de combat s’accroît et ils peuvent alors étendre leurs zones d’influence.</p>
<p>À la suite de l’appropriation d’un territoire minier, l’étude montre que les groupes rebelles ont trois fois plus de chance de déployer leurs combats vers d’autres régions que des groupes qui conquièrent un territoire sans minerai. Cette escalade de violence est encore visible jusqu’à 1 000 kilomètres à la ronde. La détention d’une mine est donc bien un facteur déterminant. Au contraire, les groupes qui conquièrent un territoire sans minerai ne sont pas plus belliqueux. La détention d’une mine est donc bien un facteur déterminant. L’enjeu dépasse le simple contexte local. Pour soutenir le propos, l’étude identifie l’ethnie principale de chaque groupe armé et montre qu’une hausse du prix des minerais exploités dans leur territoire d’origine leur permet d’étendre leurs combats.</p>
<h2>Une PlayStation pour Noël ?</h2>
<p>C’est la consommation des pays développés qui fait varier le prix des minerais en grande partie. La demande de produits électroniques peut ébranler durablement les régions fournisseuses de minerais. À l’annonce de la sortie d’une nouvelle PlayStation par la firme Sony, au début 2000, une demande accrue en coltan, un de ses composants principaux, a engendré une augmentation de son prix de 90 dollars à 590 dollars par kilogramme.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270108/original/file-20190419-28100-1zvrpz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270108/original/file-20190419-28100-1zvrpz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270108/original/file-20190419-28100-1zvrpz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270108/original/file-20190419-28100-1zvrpz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270108/original/file-20190419-28100-1zvrpz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270108/original/file-20190419-28100-1zvrpz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270108/original/file-20190419-28100-1zvrpz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’engouement pour les produits électroniques en Occident a alimenté la hausse des prix.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Twin Design/Shutterstock</span></span>
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<p>La République Démocratique du Congo est apparue comme un terrain idéal pour les fournisseurs étrangers. Raul Sanchez de la Sierra a analysé les répercussions sur le terrain à travers une <a href="https://voxeu.org/article/stationary-bandits-taxation-and-emergence-states">étude sur 380 zones minières</a>. Selon cet économiste, suite à la hausse des prix, les milices se sont multipliées dans les sites de coltan et la violence s’est accrue. Malgré la baisse des prix, elles sont restées sur le territoire, entraînant des perturbations à long terme pour les villages alentours. À travers son effet sur les cours mondiaux, notre consommation peut donc créer une véritable onde de choc.</p>
<p>Dans la région des Grands Lacs, le chemin suivi par l’argent emprunte bien souvent des canaux inofficieux. Selon le quotidien Le Monde, près de <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/03/06/en-afrique-le-florissant-business-de-l-or-des-conflits_5431892_3212.html">deux tonnes d’or</a> filent entre les doigts des autorités locales de l’Ituri (une région du nord-est de la RDC) chaque mois, alors qu’officiellement, seulement 33 kilos sont reportés par an ! Le même schéma se répète pour le coltan. Un rapport du Conseil de sécurité des Nations unies datant de 2014 a ainsi dénoncé l’<a href="https://www.ofpra.gouv.fr/sites/default/files/atoms/files/didr_note_rdc_exploitation_et_exportation_des_minerais_dans_lest_du_pays_ofpra_14.08.2014.pdf">évaporation des minerais congolais</a>, en mettant en cause le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Les chiffres sont pour le moins suspects. Alors que la RDC détient 70 % des réserves mondiales, le Rwanda a été, entre 2013 et 2014, le premier exportateur mondial de coltan.</p>
<h2>Qui en paye le prix ?</h2>
<p>Les milices ne sont pas les seuls éléments perturbateurs de ces régions. Mais parmi ceux qui en payent le prix, les populations sont les premières touchées. Travail forcé, main d’œuvre peu chère, non-respect des droits individuels sont le lot quotidien des mineurs africains. Derrière cette force laborieuse quasi gratuite, le risque d’émeutes ou révoltes accroît aussi l’insécurité.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/270106/original/file-20190419-28097-tpkzh1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/270106/original/file-20190419-28097-tpkzh1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=553&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/270106/original/file-20190419-28097-tpkzh1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=553&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/270106/original/file-20190419-28097-tpkzh1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=553&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/270106/original/file-20190419-28097-tpkzh1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=695&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/270106/original/file-20190419-28097-tpkzh1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=695&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/270106/original/file-20190419-28097-tpkzh1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=695&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les populations civiles sont les premières touchées par les violences.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/julien_harneis/580510493/in/photolist-oaHpSu-oTWccu-oaE9ob-4RcytE-bvnby1-drutWX-31xJ9A-TigxB-WyvDhy-nMp2ii-i4n1ip-qnR2HW-U7sJv-dhZ215-5HfQti-i4nJEg-nv17fk-p9oZPs-dSsbHV-bJgYya-mhxvtA-nPgDZR-5MQuYd-oaEajj-nTiJUN-mhs7sg-nuZcA3-V65nZe-oauEwz-mhs7nX-5MxTHe-dp8gMk-4eWtNy-V2Cbky-65ntmF-nTjt22-nmbViL-i4naGf-9mhDL-mhvB1c-bEiNJe-9JZ2ad-bM5g9B-jyZSAx-VTjEBh-dEELSH-4S4KGg-q6mL6y-nKFKGm-dmRDq9/">Julien Harneis/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Pour les deux chercheurs américains Samuel Bazzi et Christopher Blattman, les mines sont de véritables poudrières à ciel ouvert. L’augmentation du cours des minerais entraîne la cupidité et l’intérêt des voisins. Les nouvelles opportunités économiques minières et l’insécurité génèrent d’importants mouvements de population et changements sociodémographiques, déstabilisant davantage les régions. Et derrière l’exploitation à outrance des sites miniers, les enjeux environnementaux se transforment parfois en disputes territoriales.</p>
<p>Ressources minières et violence sont-elles intrinsèques ? L’étude en souligne bien le risque. Les entreprises multinationales et les États ne peuvent rester spectateurs – voire acteurs ! – de ces exactions. Pour contrer cette tendance, ils peuvent construire des bases solides en s’attaquant à la corruption et en privilégiant la transparence. L’impact des mesures en la matière fera d’ailleurs l’objet d’un prochain article.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=283&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/256813/original/file-20190201-127151-1h8ld7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article a été rédigé par Claire Lapique en collaboration avec Nicolas Berman, et publié dans la revue <a href="https://www.amse-aixmarseille.fr/fr/dialogeco">« Dialogues économiques »</a> de l’AMSE, l’école d’économie d’Aix-Marseille, en partenariat avec The Conversation France.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115773/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Berman a reçu des financements de l'Amidex. </span></em></p>D’après une étude récente, l’explosion du prix des minerais pourrait expliquer jusqu’à un quart des conflits en Afrique.Nicolas Berman, Chercheur en économie, CNRS, Aix-Marseille School of Economics (AMSE), Aix-Marseille Université (AMU)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1147872019-04-04T19:56:15Z2019-04-04T19:56:15ZPourquoi existe-t-il des diamants de toutes les couleurs ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/267599/original/file-20190404-123437-3e58ey.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4523%2C2519&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La mine de diamants Premier en Afrique du Sud. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/07/South_Africa-Cullinan_Premier_Mine02.jpg">Wikipedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Le mois prochain c’est la fête des Mères, et si vous offriez un diamant ? Pour celles et ceux pour qui le prix pourrait être un frein, il vous reste la méthode naturelle. Il faudra simplement compter avec des profondeurs de formation de 250 à 400 km et de 600 à 800 km, par réaction entre des carbonates et du fer dans la croûte océanique.</p>
<p>Il reste à élucider pourquoi ces deux intervalles de formation et surtout à quoi correspond la zone la plus profonde, qui ne représente que quelques pour cent des diamants que l’on rencontre. C’est la question qu’ont essayé de résoudre des <a href="https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1029/2018GL080740">chercheurs de University of Michigan</a> dans un en examinant les conditions de température et pression dans le manteau terrestre. Effectivement, il existe une zone de décroissance de production, ou plutôt de vitesse de croissance des diamants entre 400 et 600 km due à des changements de production en fonction de la température et pression.</p>
<h2>Des impuretés magnifiques</h2>
<p>C’est aussi là qu’interviennent les impuretés qui cristallisent dans la maille du diamant (grenats ou éclogites, des minéraux de haute pression). Le problème est que ces impuretés sont également à l’origine de la destruction des diamants lors de leur remontée rapide à la surface.</p>
<p>Il faut alors se tourner vers les diamantaires et la société De Beers en particulier, qui ont classé les pierres selon les quatre « C » que sont <em>cut</em> (taille), <em>colour</em> (couleur), <em>clarity</em> (pureté) et <em>carat</em> (poids). C’est ce qui fait la qualité, et surtout la valeur d’une pierre. La taille et le poids sont fonction de l’habileté du tailleur et de la forme originale de la pierre. Par contre, sa pureté détermine en partie sa couleur. C’est ainsi que le diamant pur est généralement blanc ou légèrement brunâtre. Cela va même jusqu’au diamants chocolat, à fort taux d’impuretés en nickel, de moindre valeur. Dans les diamants jaunâtres, quelques atomes d’azote remplacent ceux de carbone. Ils sont facilement identifiables par cette abondance en nickel. Les défauts d’empilement des cristaux ou leur irradiation artificielle conduisent à des effets similaires.</p>
<p>Les diamants roses à rouges sont soupçonnés d’avoir subi des pressions inhabituelles durant leur formation et remontée, mais <a href="https://www.gia.edu/doc/Winter-2018-Gems-Gemology.pdf">leur origine est encore controversée</a>. Par contre, les diamants bleus possèdent des inclusions de bore qui donne cette couleur. Ce sont souvent des pierres d’origine profonde (à plus de 400 km), d’où leur occurrence en certaines mines uniquement. Et surtout, leur rareté qui en fait le prix. Se pose alors la question de la provenance de ce bore, habituellement rencontré à moindre profondeur. Ce serait du bore incorporé dans des serpentines, des roches vertes, entraînées lors de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Subduction">subduction</a> de la croûte, comme on en trouve dans les Alpes.</p>
<h2>Fabriquez votre propre diamant</h2>
<p>On sait, assez facilement recréer les conditions de formation de ces diamants, avec les couleurs au choix, à partir d’appareils à très haute pression et très haute température. De même leur détection est, elle aussi, assez facile, ce qui fait les prix moitié moindres des diamants industriels un critère important.</p>
<p>Donc, ces chercheurs du Michigan ont recréé les conditions de pression-température d’une plaque qui subducte, avec des vitesses d’enfouissement de 1 à 10 cm/an, soit 1–10 μm/h. Et effectivement la vitesse de réaction aboutissant à former un diamant décroît à partir de 16 GPa (en gros 400 km), pour devenir inférieure comparée à l’augmentation de pression liée à l’enfouissement de la plaque.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/lWA2pjMjpBs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Rihanna, « Diamonds ».</span></figcaption>
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<p>Cela explique la non-observation de diamants à plus de 400 km. Alors pourquoi une seconde étape de formation à partir de 14 GPa ? Parce que la plaque ne descend pas plus profond. Elle s’accumule vers 650 km et stagne à ces profondeurs (et pressions). Du fait de cette stagnation, les vitesses de réaction permettent à nouveau la croissance des diamants, donnant lieu aux diamants (rares) profonds, originaires de 600-800 km. Il suffisait d’attendre ; c’est le drame des nouveaux riches.</p>
<p>Alors, est ce que valait la peine d’acheter la mine Premier (anciennement Cullinan), à une quarantaine de km à l’est de Prétoria ? Cette mine a fourni, non seulement les célèbres diamants bleus, mais plus du quart des diamants connus de plus de 400 carats (80 g). Le Cullinan 1, une fois taillé, avec ses 76 facettes, au lieu des 58 habituelles, fait tout de même 530,20 carats (106 g tout de même). Il est vrai que pour celles qui recherchent la perte de poids, mieux vaut se peser sans les bagues.</p>
<p>À part cette fonction ornementale, les diamants sont les témoins directs des profondeurs de la terre. Les inclusions, soit de minéral, soit de fluide, sont importantes pour ce qui concerne le fonctionnement du manteau. Tout d’abord ces inclusions peuvent être synchrones de la genèse des diamants, mais pas forcément du même âge. Ces informations sont naturellement importantes pour les pierres les plus profondes. Une catégorie spécifique se nomme CLIPPIR (pauvres en inclusions, purs, de forme irrégulière et résorbés).</p>
<p>Comme le nom l’indique (peu), ils sont originaires de la mine de Cullinan, dans le Lesotho. Les inclusions contiennent du fer, nickel, carbone et soufre, ainsi que des films de méthane et d’hydrogène. Surtout, certaines, encore plus rares contiennent un minéral appelé perovskite (CaSiO3), minéral que l’on recherche, mais que l’on a rarement vu dans des conditions naturelles. Cela indiquerait un recyclage de la croûte jusque dans le manteau inférieur. Ces inclusions informent également sur l’état de l’atmosphère primitive de la Terre par leur composition isotopique. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer de l’utilité des diamants et de plus ils sont éternels.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/114787/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean Louis Vigneresse ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Un diamant constitué de carbone pur est généralement blanc ou légèrement brunâtre. Rajoutez quelques impuretés et vous obtenez un véritable arc-en-ciel diamantaire.Jean Louis Vigneresse, Géophysicien, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1094872019-02-26T20:59:05Z2019-02-26T20:59:05ZDu XIXᵉ siècle à aujourd’hui, des enfants dans l’enfer de la mine<p>En République démocratique du Congo (RDC), de nombreux enfants s’usent au travail dans les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cassit%C3%A9rite">mines de cassitérite</a> et de cobalt des régions du Nord Kivu et du Katanga. Dans ce pays aux ressources considérables, ces minerais rares et chers sont particulièrement prisés, comme en témoigne le journaliste Christophe Boltanski dans son livre enquête de 2014, <em><a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-actuel/Minerais-de-sang">Minerais de sang</a></em>. Leur extraction est en effet indispensable à la fabrication de nos appareils électroniques.</p>
<p>Nulle trace sur les cartes des exploitations où se cachent ces <a href="https://www.youtube.com/watch?v=geeYJegpzy4&feature=player_embedded">esclaves du monde moderne</a>. Localisés dans des zones réputées dangereuses où règnent des bandes armées, ces lieux accueillent pourtant à 200, voire 300, mètres de profondeur, des fillettes et des garçons âgés de 7 à 18 ans : l’Unicef estime qu’ils sont quelque 40 000 et qu’ils forment près de la moitié de la main-d’œuvre utilisée dans ces exploitations. Dans des conditions inhumaines, ces enfants travaillent à mains nues, pour des salaires qui n’excèdent pas un <a href="https://lesechos-congobrazza.com/le-monde/3456-rdc-plus-de-40-000-enfants-travaillent-dans-les-mines-l-unicef">ou deux euros</a> par jour.</p>
<p>Ces très jeunes travailleurs sont exposés quotidiennement, sans aucune protection et dans une obscurité quasi totale, aux poussières hautement toxiques qui envahissent les « galeries ». Source de maladies respiratoires, elles ne constituent pas les seuls dangers qui menacent ces enfants. Dans ces mines périlleuses, les éboulements sont fréquents et provoquent, au mieux, des blessures invalidantes.</p>
<p>Au cours des dernières années, de nombreux petits mineurs africains ont ainsi trouvé la mort dans des conditions qui n’ont rien à envier à celles des tout jeunes ouvriers des pays industrialisés, au XIX<sup>e</sup> siècle. Comme en France à cette époque, les autorités congolaises demeurent aujourd’hui réticentes, ou incapables, à faire voter puis respecter les lois protégeant les enfants au travail.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"908381808563294213"}"></div></p>
<h2>Des « moutards » de 8 à 10 ans</h2>
<p>En France, Jules Vallès est l’un des premiers journalistes à avoir osé s’aventurer dans les ténébreuses profondeurs d’une mine de charbon. À Saint-Étienne, à la fin de l’automne 1866 et à 300 pieds sous terre, là où règne une chaleur torride, celui qui n’a encore écrit ni <em>Le Bachelier</em> (1881), ni <em>L’Insurgé</em> (1886) aperçoit :</p>
<blockquote>
<p>« […] une quinzaine de gamins qui se relaient sur des échelles et portent jusqu’au bord du trou les sacs remplis par les débris de rocs ou du charbon qu’a fait tomber la pioche du mineur. »</p>
</blockquote>
<p>Son reportage, publié dans <em>Le Figaro</em> les 16 et 17 novembre, décrit certains des autres travaux effectués au fond par les « moutards de 8 ou 10 ans » qu’il a vus lors de sa <a href="https://macommunedeparis.com/2017/09/28/saint-etienne-1866-un-journaliste-descend-dans-une-mine-2/">« descente aux enfers »</a>.</p>
<p>Certains d’entre eux font tourner sans relâche le ventilateur qui permet d’aérer les galeries souterraines où l’oxygène est rare. Les « trappers », quant à eux, ouvrent et ferment 12 heures par jour les portes « pare-feu » au passage des chariots remplis du précieux minerai. Ils ont pour seule compagnie une chandelle et, de temps à autre, le salut des jeunes « éclaireurs » de leur âge qui précèdent les convois, ou un bref échange avec les « toucheurs » qui « mènent les chevaux » de trait derrière lesquels s’étire une longue succession de berlines.</p>
<h2>Petites porteuses de houille</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/258704/original/file-20190213-181619-znjwm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/258704/original/file-20190213-181619-znjwm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/258704/original/file-20190213-181619-znjwm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=311&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/258704/original/file-20190213-181619-znjwm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=311&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/258704/original/file-20190213-181619-znjwm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=311&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/258704/original/file-20190213-181619-znjwm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/258704/original/file-20190213-181619-znjwm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/258704/original/file-20190213-181619-znjwm4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=391&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Des enfants poussant un chariot de charbon dans le couloir d’une mine (1842).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://en.wikipedia.org/wiki/Hurrying">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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</figure>
<p>En Angleterre, dans la première moitié du XIX<sup>e</sup>, il n’est pas rare que des enfants de 5 à 8 ans, traînent à quatre pattes, des heures durant, dans les boyaux les plus étroits, là où personne d’autre ne peut se glisser, d’énormes <a href="http://www.histo-libris.fr/d-40_enfants-travaillant-la-mine.htm">charges de houille</a>. Harnachés comme des bêtes, ils ne remontent au jour qu’occasionnellement.</p>
<p>Dans la première moitié du XIX<sup>e</sup> siècle, les garçons ne sont pas les seuls à travailler à la mine. De nombreuses filles effectuent des travaux « en surface », au « triage » et au « criblage » du charbon, mais aussi dans les galeries.</p>
<p>Louis Simonin, dans son célèbre ouvrage <em>La Vie souterraine. Mines et mineurs</em> (1867), cite l’exemple de mines écossaises dans lesquelles :</p>
<blockquote>
<p>« […] de pauvres petites filles […] portent sur leurs dos une hotte, que retient une courroie fixée autour de leur front. À cette courroie elles attachent aussi leur lampe, et, ainsi équipées, charrient péniblement la houille. Les mineurs ajoutent à la charge de la hotte de gros morceaux qu’ils entassent autour du cou des petites malheureuses, et elles s’avancent par bandes, courbées sous le faix, gravissant par de longues échelles toute la longueur des puits, qui dépassent quelques fois cent mètres. »</p>
</blockquote>
<p>Il s’agit pour elles d’amener le <a href="https://patrimoine.mines-paristech.fr/exhibits/show/mines_au_feminin/travail_femmes_mines/femmes_revolution_industrielle">charbon à la surface</a> ; et si l’une d’entre elles trébuche ou fait tomber tout ou partie de sa cargaison, elle entraîne dans sa chute toutes les petites porteuses qui la suivent dans la longue file d’esclaves.</p>
<h2>Une lente évolution législative</h2>
<p>Plusieurs catastrophes alertent l’opinion publique britannique sur la question du travail des enfants. À l’été 1838, dans le sud du comté de Yorkshire, des pluies torrentielles provoquent une inondation du fond qui cause la mort de 26 enfants, <a href="http://mineaccidents.com.au/mine-accident/202/huskar-colliery-1838">âgés de 8 à 17 ans</a>.</p>
<p>Certains patrons d’exploitations minières, comme Charles Vane, troisième marquis de Londonderry, s’obstinent à défendre à la Chambre des Lords, au nom de l’Association des propriétaires de mines du Yorkshire, le droit d’employer des « moutards » au fond.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/258549/original/file-20190212-174867-1ebwy4m.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C41%2C1146%2C774&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/258549/original/file-20190212-174867-1ebwy4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/258549/original/file-20190212-174867-1ebwy4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/258549/original/file-20190212-174867-1ebwy4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/258549/original/file-20190212-174867-1ebwy4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/258549/original/file-20190212-174867-1ebwy4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/258549/original/file-20190212-174867-1ebwy4m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=536&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">En Angleterre, ce n’est qu’en 1842 qu’une loi a réglementé le travail des enfants.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:PD-NCLC">Library of Congress/Wikimedia Commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Une loi réglementant le travail des enfants dans les mines est finalement <a href="https://www.bl.uk/collection-items/report-on-child-labour-1842">votée en Angleterre</a> en 1842. L’enquête parlementaire menée en amont, dont les résultats forment les <em>Blue Papers</em>, est à l’origine d’autres « amendements » sur le même sujet en 1844 et en 1853. À cette date, le travail des filles et des garçons de moins de 10 ans est désormais interdit dans les houillères britanniques.</p>
<p>En France, différentes lois sont également votées et des décrets pris entre 1813 et la fin du XIX<sup>e</sup> siècle. Le 3 janvier 1813, un décret interdit aux enfants de moins de 10 ans de travailler au fond, mais ce n’est que soixante ans plus tard qu’un nouveau texte tente de s’attaquer aux abus des compagnies minières en la matière. La loi du <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/Loi_du_19_mai_1874.pdf">19 mai 1874</a>, ainsi que les décrets du 13 mai 1875 et du 31 octobre 1882, mettent un terme à l’emploi souterrain des garçons de moins de 12 ans.</p>
<p>Pour les 12-16 ans, le travail ne doit pas être physiquement trop pénible, et strictement limité dans sa durée. Après l’interdiction, en 1892, du travail de nuit pour les femmes et les enfants, les 16-18 ans voient leur présence au fond être fixée à cinq heures par jour. L’âge du recrutement des mineurs en herbe est quant à lui relevé à 13 ans. À la fin du siècle, le pourcentage de main-d’œuvre enfantine est en recul dans tous les bassins miniers.</p>
<h2>La persistance de nombreux abus</h2>
<p>Malgré ces textes, les compagnies ont souvent continué à faire travailler des enfants au mépris des lois dans certains bassins miniers.</p>
<p>Dans les mines de Saint-Étienne, Jules Vallès raconte comment les enfants portant des sacs de charbon sur leur dos sont « invités » à les poser et à s’asseoir lorsque des personnes étrangères visitent la mine, comme pour leur cacher des conditions de travail illégales.</p>
<p>André Lebon rappelle dans <a href="https://www.archivesdunord.com/3800--p-martin-du-tiss-mineur-en-1900-p-.html"><em>Martin du Tiss, mineur en 1900</em></a> que, dans le Nord dans les années 1880, le chef de gare allait prévenir le directeur de la mine quand arrivait l’inspecteur chargé de constater les irrégularités dans le fonctionnement de son établissement – notamment les conditions de travail des enfants.</p>
<p>Enfin, Augustin Viseux, dont son magnifique témoignage <em>Mineur de fond</em>, relate qu’un homme de sa famille a été embauché en 1880, par les mines de Lens, à l’<a href="https://fresques.ina.fr/memoires-de-mines/fiche-media/Mineur00018/presentation-d-augustin-viseux-a-propos-de-mineur-de-fond.html">âge de 9 ans</a>.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/258554/original/file-20190212-174864-xc4unf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/258554/original/file-20190212-174864-xc4unf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/258554/original/file-20190212-174864-xc4unf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/258554/original/file-20190212-174864-xc4unf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/258554/original/file-20190212-174864-xc4unf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/258554/original/file-20190212-174864-xc4unf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/258554/original/file-20190212-174864-xc4unf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=533&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Malgré la législation, les compagnies minières ont pendant longtemps contourné les limitations au travail des enfants.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/27170796@N02/7902333466/in/photolist-d3iwqJ-8ry4g7-7mHDny-acSjPZ-6R386i-9ektUE-ow41tK-24Sp3x-4fhR9y-78nnGF-7MW9SD-oeTK7e-4u9hBy-8D5CE3-brtRKS-eMtHJv-puBac4-cqg71S-78nxdx-9gaGGg-q8aDGm-5Sfr8n-oweRRn-oYQhs-gXUAew-jC1Hbd-6XcxYR-VyfBSP-5ZVNq5-nsZAXN-nvfoHc-5mvQ7A-5ZUAsH-8hChYo-P3C49R-dMJgBa-bd2sxa-2ahnrq5-qWNmcg-drAguL-nMyyHq-absNyR-obZAdi-Kk5b2V-478fUb-fFT69X-2aLa1HL-zUNCgy-aobYSE-2csMJaA">Joe Shikspack/Flickr</a></span>
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<h2>Mineurs de père en fils</h2>
<p>Dans tous ces bassins miniers où règne la mono-industrie, la profession se transmet le plus souvent de père en fils. Les garçons les plus âgés sont généralement formés aux métiers du fond par un membre de la famille. Dès l’âge de 13 ans, le jeune est présenté par le <em>pater familias</em> à l’ingénieur, afin de s’assurer de son recrutement par l’unique employeur de la région.</p>
<p>Le futur mineur s’initie au travail souterrain : il commence par aider à l’entretien des voies sur lesquelles passent les convois, ou à la préparation et au raccommodage des bois qui étayent les galeries. Dans certains cas, les syndicats s’en mêlent en tentant d’obtenir de la direction de la compagnie, la préférence à l’embauche pour les enfants de gueules noires.</p>
<p>Car s’il y a bien chez ces hommes le sentiment d’être exploité, ils portent aussi la fierté d’exercer un métier dur, dangereux, mais indispensable au développement industriel et économique de la société.</p>
<p>Un sentiment qui n’est sans doute pas partagé par les jeunes mineurs congolais, dont l’essentiel de la production part directement pour la Chine. Pas plus que pour les quinze mineurs indiens prisonniers d’une mine isolée, située dans l’état du Meghalaya, en Inde et inondée depuis la mi-décembre. L’espoir de les retrouver vivants s’amenuise de <a href="https://www.huffingtonpost.fr/2018/12/30/en-inde-des-plongeurs-tentent-de-retrouver-15-mineurs-pieges-dans-une-mine-inondee_a_23629770/">jour en jour</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/109487/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Diana Cooper-Richet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les conditions que connaissent des milliers d’enfants africains exploités dans les mines n’ont rien à envier à celles des tout jeunes ouvriers des pays industrialisés au XIXᵉ siècle.Diana Cooper-Richet, Chercheur au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.