tag:theconversation.com,2011:/us/topics/montreal-63498/articlesMontréal – The Conversation2024-02-29T15:36:28Ztag:theconversation.com,2011:article/2241102024-02-29T15:36:28Z2024-02-29T15:36:28ZRéchauffement planétaire : l’hiver canadien n’est plus ce qu’il était<p>Au terme d’un autre hiver particulièrement doux, la population canadienne constate une fois de plus à quel point le réchauffement planétaire a transformé le climat hivernal du pays.</p>
<p>D’un océan à l’autre, les températures clémentes sont venues bousculer les activités hivernales. De la <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/regional/2024-02-11/carnaval-de-quebec/le-palais-de-bonhomme-ferme.php">fonte des châteaux de glace au Carnaval de Québec</a> à l’insuffisance du couvert neigeux dans les <a href="https://www.journaldemontreal.com/2024/01/29/faute-de-neige-une-station-de-ski-nouvrira-pas-de-la-saison">stations de ski de l’Ouest canadien</a>, aucune région du pays ne semble échapper au phénomène.</p>
<p>Toutefois, le changement le plus universellement perceptible sera probablement la <a href="https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/7/1/014028">précarité de la saison du patinage sur glace</a>.</p>
<p>Pour la deuxième année consécutive, la <a href="https://ccn-ncc.gc.ca/endroits/patinoire-du-canal-rideau">patinoire du canal Rideau à Ottawa</a> était fermée en plein cœur de la saison du patinage. En 2022-2023, elle est restée fermée tout l’hiver pour la première fois de son histoire. Cette année, un tronçon a été brièvement accessible en janvier, mais la persistance des températures douces en a forcé la fermeture après seulement quatre jours. À Montréal, <a href="https://www.patinermontreal.ca/f/paysagee/patin-libre/sports-dequipe">moins de 40 % des patinoires extérieures municipales étaient ouvertes</a> à la mi-février. Le fameux étang du parc Lafontaine n’a pas été ouvert au patinage de la saison.</p>
<p>Rien qui incite à l’optimisme, donc. Cette nouvelle réalité témoigne de notre inaction devant la crise climatique, dont la disparition graduelle du patinage extérieur est en voie de devenir la plus récente manifestation.</p>
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<a href="https://theconversation.com/le-sport-et-lactivite-physique-seront-bouleverses-par-le-changement-climatique-voici-comment-attenuer-ses-effets-167935">Le sport et l’activité physique seront bouleversés par le changement climatique. Voici comment atténuer ses effets</a>
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<h2>Sur une glace mince</h2>
<p>Il y a plus de 10 ans, notre groupe de recherche publiait <a href="https://doi.org/10.1088/1748-9326/7/1/014028">sa première analyse</a> de l’effet des hivers de plus en plus doux sur le patinage extérieur au Canada : dès 2005, on observait que la saison de patinage commençait de plus en plus tard et durait de moins en moins longtemps, et ce, un peu partout au pays.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/s89qXYP1DqE?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Un reportage de CBC sur la gestion de la patinoire du canal Rideau en 2023.</span></figcaption>
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<p>Même son de cloche dans <a href="https://www.rinkwatch.org">certaines publications subséquentes du projet RinkWatch</a>, qui ont fait état du <a href="https://doi.org/10.1111/cag.12878">raccourcissement de la saison et de la détérioration de la qualité de la glace</a> au fil des ans dans de nombreuses villes canadiennes.</p>
<p>À Ottawa, le nombre de jours de <a href="https://rideaucanalskateway.com/fr">patinage sur le canal Rideau</a> diminue depuis 20 ans. Au cours de cette période, la saison de patinage type s’est écourtée et a été amputée de près de 40 %, une tendance directement liée à la hausse des températures hivernales.</p>
<h2>Avancer dans la mauvaise direction</h2>
<p>Les progrès dans l’atténuation des risques climatiques restent beaucoup trop lents.</p>
<p>Les émissions mondiales de CO2 ont atteint un <a href="https://globalcarbonbudget.org/fossil-co2-emissions-at-record-high-in-2023/">sommet inégalé en 2023</a>, et les températures moyennes <a href="https://berkeleyearth.org">dépassent maintenant de 1,3 °C celles de l’ère préindustrielle</a>. À ce rythme, nous franchirons le seuil de 1,5 °C — la limite inférieure de la fourchette cible de température établie dans le cadre de l’Accord de Paris — dans <a href="https://climateclock.net">moins de sept ans</a>.</p>
<p>Dans un <a href="https://doi.org/10.1111/cag.12878">article de 2012</a>, nous avons avancé que, d’ici la moitié du siècle, il pourrait ne plus y avoir de journées propices à l’arrosage des patinoires dans la plupart des régions du sud du Canada. Dans une <a href="https://doi.org/10.1088/2515-7620/ab8ca8">analyse plus récente des patinoires extérieures de Montréal</a>, nous avons émis l’hypothèse qu’il sera impossible d’y pratiquer le patinage dès 2070.</p>
<p>En rétrospective, ces prévisions, comme d’autres du même ordre, étaient peut-être trop optimistes. Dans une <a href="https://doi.org/10.1038/nclimate2465">étude concernant les jours de patinage sur le canal Rideau publiée en 2015</a>, les auteurs parlaient du patinage extérieur comme d’une activité en déclin, mais qui persisterait jusqu’à la fin du siècle, même si les émissions de CO<sub>2</sub> restent élevées. Vu les deux dernières saisons, force est de constater que les choses se sont dégradées beaucoup plus rapidement que prévu.</p>
<p>En 2023, les températures ont été les plus élevées jamais enregistrées à l’échelle mondiale. C’était aussi le cas en décembre 2023 et en janvier 2024. Depuis 1950, les hivers canadiens ont gagné plus de 3 °C, une <a href="https://ressources-naturelles.canada.ca/changements-climatiques/en-quoi-consiste-ladaptation/10026">hausse environ trois fois plus rapide que le réchauffement planétaire sur la même période</a>.</p>
<p>Il faut au moins trois journées très froides de suite pour créer la base de glace d’une patinoire extérieure, suivies d’une période de froid assez longue pour que la surface reste en bon état. Déjà que les patinoires tolèrent mal des températures supérieures au point de congélation, quand la pluie se met de la partie, le résultat est souvent catastrophique.</p>
<p>Il suffit de quelques degrés de plus en janvier et en février pour rendre une patinoire hors d’usage. Comme les hivers se réchauffent, les municipalités auront de plus en plus de mal à justifier les ressources consacrées à la préparation et à l’entretien des patinoires extérieures.</p>
<h2>Une transition brutale vers une nouvelle réalité changeante</h2>
<p>Plus les années passent sans que nous arrivions à atténuer véritablement les effets des changements climatiques, plus il est difficile d’imaginer la présence de nombreuses patinoires extérieures sans le recours à la réfrigération artificielle. Si les autres activités hivernales subissent aussi les contrecoups des conditions de neige capricieuses, le patinage extérieur risque d’être la première victime du réchauffement climatique.</p>
<p>C’est bien connu, Wayne Gretzky <a href="https://gretzky.com/bio.php">a appris à patiner et à jouer au hockey dans les années 1960 à Brantford, en Ontario, sur une patinoire extérieure aménagée par son père</a>. Or, elle est maintenant presque révolue l’époque où on pouvait année après année s’adonner au patinage extérieur dans le sud de l’Ontario. Et, en raison du réchauffement planétaire, il devient de plus en plus utopique de penser que les jeunes d’aujourd’hui et de demain pourront encore suivre les traces de « La Merveille ».</p>
<p>Cette réalité est une injustice pour bon nombre de ces jeunes, mais aussi une menace à l’existence même d’une activité emblématique de l’hiver canadien.</p>
<p>Pour préserver ce qu’il reste de la culture du patinage hivernal au Canada, nous devons redoubler d’efforts afin de réduire nos émissions de CO<sub>2</sub> et de stabiliser les températures à l’échelle mondiale, faute de quoi les images qu’évoquent les paroles de la chanson « River » de Joni Mitchell, <a href="https://genius.com/Joni-mitchell-river-lyrics">« une rivière où je pourrais filer, patins aux pieds »</a>, relèveront bientôt de la fiction ou du folklore.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/224110/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>H. Damon Matthews est financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mitchell Dickau est financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.</span></em></p>Le réchauffement climatique affecte une pierre angulaire de la culture canadienne : le patinage en plein air.H. Damon Matthews, Professor and Climate Scientist, Department of Geography, Planning and Environment, Concordia UniversityMitchell Dickau, PhD Candidate, Geography, Planning, and Environment Department, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2184832024-02-21T15:53:21Z2024-02-21T15:53:21ZQuand « du coup » devient « fait que » : comment se font les transferts linguistiques entre les Français et les Québécois<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/577097/original/file-20240221-22-ju29e8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C0%2C6000%2C3997&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La présence grandissante de personnes originaires de France au Québec, notamment à Montréal, influence le français parlé par l'ensemble des communautés.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Une importante vague d’immigration de Français et de Françaises a été enregistrée au cours des quinze dernières années au Québec. Ils seraient <a href="https://quebec.consulfrance.org/La-communaute-francaise-au-Quebec">environ 65 000 selon les dernières estimations, à Montréal seulement</a>, et le double dans l’ensemble du Québec.</p>
<p>Plusieurs facteurs expliquent leur choix de s’installer au Québec : une vie en Amérique du Nord sans barrière linguistique, de nombreuses opportunités professionnelles, des logements plus abordables, du moins jusqu’à récemment, et une sécurité accrue pour les femmes.</p>
<p>Le gouvernement québécois déploie par ailleurs d’importantes ressources pour les attirer : missions de recrutement de main-d’œuvre en France, partenariats entre la France et le Québec (prix des études réduit, assurance santé gratuite, etc.).</p>
<p>Ils et elles bénéficient donc d’une immigration facilitée. En plus, ce groupe maîtrise la langue officielle de la province. Leur intégration est-elle pour autant facile ? Pas forcément. Car <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/rs/2012-v53-n2-rs0287/1012405ar/">il s’agit d’une « minorité audible »</a>. Une <a href="https://www.shs-conferences.org/articles/shsconf/pdf/2020/06/shsconf_cmlf2020_02002.pdf">étude sociolinguistique récente</a>, réalisée dans la ville de Québec, suggère que l’accent français n’est pas optimal pour créer des liens amicaux avec des Québécoises et des Québécois. Plusieurs <a href="https://www.exemplaire.com.ulaval.ca/actualites/prendre-laccent-quebecois-pour-mieux-sintegrer-le-cas-des-cousins-francais-immigrants">adopteraient ainsi des éléments du français québécois pour s’intégrer</a>.</p>
<p>Mais comment évolue le parler des personnes originaires de France au fil du temps ? Comment s’influencent les français québécois et français ? Dans quelle mesure les Français et Françaises adoptent-ils l’accent, les expressions ? Quels sont les facteurs linguistiques, sociaux et cognitifs qui favorisent ou défavorisent l’usage de différentes formes ?</p>
<p>Ce phénomène a attiré l’attention de la linguiste que je suis. Et à ma grande surprise, aucune étude linguistique n’avait été réalisée sur le sujet. C’est ainsi que j’ai décidé d’explorer les pratiques langagières de la communauté française de Montréal dans le cadre de mon doctorat, avec la collaboration de Julie Auger, sociolinguiste et spécialiste du français québécois, et de Simone Falk, experte en linguistique expérimentale et en neurolinguistique. </p>
<h2>Deux groupes tests</h2>
<p>Notre équipe a réalisé des entrevues enregistrées auprès de 35 Françaises et Français. Certaines personnes avaient vécu à Montréal pendant plus de huit ans tandis que d’autres étaient fraîchement arrivées. Ces dernières ont été interviewées une fois par an pendant leurs trois premières années à Montréal.</p>
<p>Le profil des personnes recrutées varie en ce qui concerne l’âge et le genre, mais aussi de la région d’origine. La plupart sont issues de la région parisienne, ou de régions du nord et de l’ouest de la France. Ces derniers partagent des traits avec le français québécois, par exemple, avec des mots comme <em>asteure</em> et des éléments de prononciation comme <em>oé</em> dans <em>croire</em>. Nous prédisions qu’ils et elles auraient davantage tendance à assimiler certains traits du français québécois que les Parisiennes et les Parisiens.</p>
<p>Chaque participant et participante a d’abord conversé une heure avec une enquêtrice québécoise, puis une heure avec une enquêtrice française. Cela nous permet de vérifier s’il y a une modification dans leur façon de parler selon l’origine des personnes en présence. </p>
<p>Nous avons posé des questions sur leur histoire sociolinguistique, les raisons qui les ont amenés à Montréal, leur réseau social, leurs projets d’avenir ainsi que leurs attitudes envers le Québec, les gens qui y vivent et le français québécois. Le but était de favoriser des conversations naturelles et de recueillir des informations individuelles qui pourraient expliquer les changements linguistiques observés au sein de la communauté.</p>
<p>Dans un cadre expérimental, nous leur avons aussi fait évaluer et répéter des phrases en français québécois. L’idée était de tester leur capacité de perception et de production de formes linguistiques québécoises. Nous cherchions aussi à comprendre quels traits du français québécois « sautent aux oreilles » des Françaises et des Français, et lesquels passent inaperçus.</p>
<h2>« Fait que » versus « du coup »</h2>
<p>Nos enregistrements sont en cours de transcription. Malgré tout, nous avons pu commencer à analyser le parler de huit participants : quatre personnes établies à Montréal depuis plus de huit ans, en couple avec un Québécois ou une Québécoise, et quatre nouvellement arrivées. Nous nous sommes concentrées sur des traits linguistiques précis qui distinguent le français de France du français québécois.</p>
<p>D’abord, nous avons observé comment ces individus prononcent le <em>a</em> à la fin des mots, par exemple dans <em>Canada</em>, <em>pas</em>, <em>doctorat</em>, etc. Ce son a tendance à être produit à l’avant de la bouche en France (<em>a</em> antérieur) et à l’arrière de la bouche au Québec (<em>a</em> postérieur).</p>
<p>Ensuite, nous avons examiné l’usage de <em>alors</em>, <em>donc</em>, <em>fait que</em> et <em>du coup</em>. Ces termes sont utilisés dans des contextes similaires : ils peuvent marquer la conséquence ou encore ponctuer le discours. Si <em>alors</em> et <em>donc</em> sont neutres, les autres formes sont marquées géographiquement. <em>Du coup</em> est un stéréotype du français de France tandis que <em>fait que</em> est propre au français québécois.</p>
<p>Enfin, nous avons exploré l’emploi du mot <em>tsé</em>, une <a href="https://www.je-parle-quebecois.com">spécificité linguistique québécoise qui sert à ponctuer les phrases</a>. En réalité, il est utilisé des deux côtés de l’Atlantique, mais pas dans la même mesure. <em>Tsé</em> est plus fréquent au Québec qu’en France.</p>
<h2>Un parler hybride</h2>
<p>Dans les études menées, deux facteurs se sont avérés significatifs : la durée de séjour et l’enquêtrice en présence. Ainsi, les quatre individus installés à Montréal depuis longtemps ont employé beaucoup plus les traits linguistiques locaux étudiés (<em>a</em> postérieurs final, <em>fait que</em> et <em>tsé</em>) que les quatre fraîchement débarqués. On observe également une tendance claire à l’ajustement envers l’interlocutrice, non seulement chez les personnes bien établies à Montréal, mais aussi chez celles qui viennent de s’installer.</p>
<p>On a donc de l’adaptation linguistique. Cela ne veut pas pour autant dire que nos participantes et participants parlent exactement comme les locaux. Après tout, il s’agit de personnes arrivées au Québec à l’âge adulte. Or, comme pour les langues secondes, plus on est exposé tard à une seconde variété de sa langue maternelle, plus il est difficile de l’acquérir.</p>
<p>Qu’est-ce qui caractérise le parler des Françaises et Français bien établis à Montréal ? En quoi se distingue-t-il de celui des Québécoises et Québécois ? </p>
<p>Quelques constats se dégagent de nos premières analyses. D’abord, la fréquence d’usage des traits québécois est loin d’atteindre celle des locaux. En plus, la prononciation de certaines formes québécoises adoptées peut être erronée. Un exemple typique : le mot <em>piastre</em> qui devient <em>pièce</em>. Sans surprise, on remarque aussi un maintien de formes françaises comme le fameux <em>du coup</em>.</p>
<p>C’est donc un parler hybride qui se développe chez ces individus mobiles, de sorte qu’ils peuvent être perçus comme étrangers dans leur société d’accueil, mais aussi dans leur pays d’origine. Nombre des personnes interviewées ayant résidé à Montréal pendant longtemps ont déclaré : « on me dit que j’ai un accent québécois en France alors qu’on sait immédiatement que je viens de France ici ».</p>
<h2>Une influence à deux sens</h2>
<p>Ce n’est pas seulement le parler des Françaises et Français qui évolue. Cette population grandissante semble également exercer une influence sur les pratiques langagières des locutrices et locuteurs du français québécois.</p>
<p>Nombre d’anecdotes me sont parvenues. Plusieurs personnes participantes ont rapporté s’être étonnées d’entendre <em>putain</em> et <em>du coup</em> sortir spontanément de la bouche de Québécois et de Québécoises.</p>
<p>On me parle aussi souvent de l’influence des médias français, notamment du rap et de YouTube, sur le parler de la jeunesse québécoise. Des enfants qui grandissent à Montréal se mettent à utiliser de l’argot français que leurs parents québécois ne comprennent pas (p. ex. <em>daron</em> ‘père’, <em>avoir la flemme</em> ‘être paresseux’). </p>
<p>Dans son <a href="https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/10788/ainsi-soit-chill/728930/mot-inversion-francais-jeunes">balado diffusé sur Radio-Canada</a>, l’auteur-compositeur-interprète québécois Jerôme 50 mentionne l’adoption de verlan par certains groupes montréalais qui ne viennent pas de la France (p. ex. <em>truc de ouf</em> ‘truc de fou’, <em>fonsdé</em> ‘défonsé’). </p>
<p>Ainsi, chaque communauté enrichit son répertoire linguistique au contact de l’autre. Cette influence mutuelle laissera sans doute une empreinte durable sur la manière dont le français est parlé à Montréal. Il convient de s’en réjouir, car l’évolution du français montréalais témoigne de la vitalité de cette variété.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218483/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nadège Fournier a reçu des financements de FRQSC et UdeM. </span></em></p>Les communautés françaises et québécoises enrichissent leur répertoire linguistique au contact de l’autre. Cela laissera sans doute une empreinte durable sur le français parlé au Québec.Nadège Fournier, Candidate au doctorat en linguistique, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2196912024-01-17T14:46:59Z2024-01-17T14:46:59ZComment un simple vélo peut changer la vie des jeunes en milieu défavorisé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/568465/original/file-20240109-19-24agn5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C989%2C717&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’organisme Cyclo Nord-Sud a mis sur pied, en 2023, le projet pilote Construis ton vélo!.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Notre état de santé dépend en partie de nos modes de déplacement. Le temps que l’on consacre à nos trajets en vélo, en voiture ou en transport en commun peut en effet avoir un effet positif ou négatif sur notre santé physique et mentale.</p>
<p>Or, l’organisation de notre quartier favorise certains modes de transport plus que d’autres.</p>
<p>C’est le <a href="https://urbanisme.umontreal.ca/fileadmin/amenagement/URB/Realisations-etudiantes/Expo-des-finissants/EFFA-2012/Analyser/SICG.pdf">cas du quartier Saint-Michel à Montréal</a>, dont la planification urbaine est centrée sur la voiture. De plus, il s’agit de l’un des quartiers les plus défavorisés du Québec. Ainsi, les personnes qui ne possèdent pas de voiture dépendent des transports publics, ce qui leur impose des trajets plus longs et plus éprouvants.</p>
<p>En raison d’une circulation mal adaptée et dangereuse pour les déplacements actifs, le vélo est le grand absent des modes de transport dans Saint-Michel. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour les habitants, puisque ce mode de transport favorise la participation sociale et présente de nombreux bénéfices pour la santé physique et mentale.</p>
<p>C’est dans cette visée que l’organisme <a href="https://cyclonordsud.org/">Cyclo Nord-Sud</a> a mis sur pied, en 2023, le projet pilote <a href="https://www.youtube.com/watch?v=8WP3JOv963g"><em>Construis ton vélo !</em></a>, lauréat de l’Incubateur civique de la <a href="https://www.mis.quebec/">Maison de l’innovation sociale</a>.</p>
<p>Il s’agit d’un programme parascolaire offert aux jeunes d’une école secondaire du quartier Saint-Michel, encadré par des bénévoles responsables, soit leur professeur d’éducation physique et un coach en mécanique. Les élèves ont été amenés à construire leur vélo de A à Z en binôme pendant 18 semaines. Ils ont donc terminé le programme avec, en poche, un vélo assemblé et de multiples connaissances pratiques en mécanique vélo.</p>
<p>Notre équipe de chercheurs en kinésiologie du <a href="https://sap.uqam.ca/">département des sciences de l’activité physique</a> de l’UQAM a collaboré avec Cyclo Nord-Sud pour comprendre les effets du projet du point de vue des participants. Concrètement, nous avons mené des groupes de discussion avec les élèves et analysé ce qui a été exprimé. Ce travail a d’ailleurs fait l’objet d’une <a href="https://osf.io/preprints/osf/vys83">publication académique</a> dans la revue <em>Santé Publique</em>.</p>
<h2>L’approche humaine et le sentiment d’accomplissement</h2>
<p>Une retombée importante du programme est le sentiment de fierté et d’accomplissement. Ces sentiments, nourris par les relations que les jeunes ont entretenues avec les bénévoles encadrants, ont permis d’instaurer un climat d’apprentissage agréable non seulement entre les élèves, mais aussi avec le coach mécanique et l’enseignant.</p>
<p>Par exemple, un des jeunes exprimait avoir ressenti de la fierté lors des ateliers :</p>
<blockquote>
<p>Tout ce que je fais ici j’étais fier […] t’es tout le temps en train d’avancer et j’étais tout le temps près de finir mon vélo, j’étais fier de ça.</p>
</blockquote>
<h2>Un environnement d’apprentissage bienveillant</h2>
<p>Les jeunes ont souvent évoqué la différence entre être dans une salle de classe ou à l’école en général. L’ambiance plus libre des ateliers s’opposait ainsi à l’atmosphère scolaire plus rigide.</p>
<p>Ils ont également souligné l’effet relaxant des ateliers, et son rôle parfois thérapeutique. Le fait que ce soit une activité parascolaire pourrait expliquer le sentiment de bien-être exprimé par les jeunes.</p>
<p>Un participant exprimait d’ailleurs l’effet positif de l’attitude des bénévoles encadrants :</p>
<blockquote>
<p>Ce que j’apprécie aussi, c’est qu’il (l’enseignant) était là pour nous soutenir […] tu te sens pas inférieur et il est là pour t’aider, mais en même temps il est là pour apprendre avec toi, c’est ça que je trouvais très important.</p>
</blockquote>
<h2>Faire les choses pour soi, pas pour un vélo</h2>
<p>Les jeunes ont soulevé qu’avant de débuter le programme, leur motivation principale à y participer était d’avoir un vélo gratuit.</p>
<p>Or, leur motivation à se présenter aux ateliers a évolué au fil du temps : au-delà du vélo, l’ambiance agréable leur donnait envie de revenir chaque semaine.</p>
<p>Un jeune témoigne d’ailleurs qu’il revenait chaque semaine, car il avait toujours du plaisir pendant des ateliers :</p>
<blockquote>
<p>Moi, je dirais au début, c’était compliqué […] on savait pas beaucoup de choses […] mais y’avait la plupart de nos amis qui étaient là […] et ça veut dire que je savais que quand j’allais arriver ici, j’allais rigoler et m’amuser.</p>
</blockquote>
<h2>Être plus autonome pour bouger</h2>
<p>Plusieurs jeunes ont soulevé certaines difficultés à se déplacer en transport en commun, souvent dû au fait qu’ils habitent loin des lieux fréquentés.</p>
<p>En effet, les participants ont rapporté que les horaires d’autobus du quartier sont complexes et que les trajets sont longs.</p>
<p>Leur nouveau vélo est alors devenu un élément essentiel qui contribue positivement à leur autonomie de déplacement. Ils ont aussi identifié le vélo comme étant un moyen de favoriser leur participation sociale et leurs opportunités de participer à diverses activités.</p>
<p>À la question <em>Qu’allez-vous faire de votre vélo maintenant ?</em>, l’un des jeunes a répondu :</p>
<blockquote>
<p>Je sais que ça va m’être utile parce que je travaille pas loin, et ça peut me permettre de m’y rendre pendant l’été, de me prendre moins de temps, ou même d’aller au parc si j’ai envie, c’est utile dans la vie de tous les jours.</p>
</blockquote>
<p>Le programme <em>Construis ton vélo</em> désire se développer à plus grande échelle au Québec (sous réserve de financements) et s’améliorer.</p>
<p>À travers cette initiative, le vélo permet de réunit l’éducation et la santé. Et les participants gagnent en autonomie ainsi qu’en compétences.</p>
<p>Gageons que ce genre de programme, combiné à davantage d’infrastructures cyclables agréables et sécuritaires, pourrait contribuer à la santé et au bien-être de tout un chacun.</p>
<img src="https://counter.theconversation.com/content/219691/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Célia Kingsbury a reçu des financements des Instituts de recherche en santé du Canada. Elle travaille en collaboration avec l'organisme Cyclo Nord-Sud. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Paquito Bernard ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Cet article explore les retombées d’un projet pilote offert à des élèves en milieu défavorisé par l’organisme Cyclo Nord-Sud visant à promouvoir l’utilisation du vélo comme mode de transport.Célia Kingsbury, Candidate au doctorat en promotion de la santé, Université de MontréalPaquito Bernard, Professeur, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2118142024-01-03T16:06:20Z2024-01-03T16:06:20ZVoici comment l'IA aide à concevoir des œuvres d’art public engageantes et interactives<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/543339/original/file-20230711-29-7uc6gy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C33%2C4500%2C2957&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Prismatica, une installation artistique présentée en 2015 dans le Quartier des Spectacles de Montréal.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Grâce à son <a href="https://artpublic.ville.montreal.qc.ca">Bureau d'art public</a>, la Ville de Montréal détient une collection de plus de 360 œuvres intégrées tant dans ses espaces publics que dans ses édifices municipaux.</p>
<p>Parmi elles, des œuvres d’art interactives qui vont des <a href="https://wireframe.ca/portfolio-item/sound-sculpture/">sculptures audiovisuelles</a> aux <a href="https://www.mtl.org/fr/experience/luminotherapie">installations lumineuses</a> en passant par les <a href="https://massivart.com/fr/project/public-urban-art-installation-montreal/">aménagements ludiques qui invitent à l’action</a>. Bien que ces installations soient divertissantes, force est de constater qu’elles sont relativement uniformes.</p>
<p><a href="https://www.apa.org/members/content/social-media-research">La montée en puissance des médias sociaux</a> incite la population <a href="https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/instagrammable">à rechercher les expériences instagrammables</a> et le contenu digne de TikTok. En réaction à ce phénomène, de nombreuses installations montréalaises ont été mises au point en songeant à leur rendu visuel sur le Web.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lart-ecologique-le-design-et-larchitecture-peuvent-etre-des-agents-du-changement-170184">L’art écologique, le design et l’architecture peuvent être des agents du changement</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Créativité artificielle</h2>
<p>L’intelligence artificielle (IA) <a href="https://www.forbes.com/advisor/business/ai-statistics/">est en train de devenir une partie intégrante</a> de nos vies, <a href="https://hai.stanford.edu/news/ai-will-transform-teaching-and-learning-lets-get-it-right">tant dans la sphère de l’éducation</a>, <a href="https://www.businessnewsdaily.com/9402-artificial-intelligence-business-trends.html">que dans celles des affaires</a>, de <a href="https://builtin.com/artificial-intelligence/artificial-intelligence-healthcare">la santé</a>, <a href="https://theconversation.com/sci-fi-shows-like-westworld-and-altered-carbon-offer-a-glimpse-into-the-future-of-urban-transportation-179916">du transport</a> <a href="https://devtechnosys.com/insights/ai-in-gaming/">et des divertissements</a>.</p>
<p>Le monde des arts n’est pas en reste ; il profite lui aussi de ce que <a href="https://aelaschool.com/en/art/artificial-intelligence-art-changes/">l’IA a à offrir</a>. Montréal a exposé des œuvres exploitant cette technologie et continue de soutenir les arts et l’innovation. Prenez par exemple <a href="https://iregular.io/fr/work/faces/"><em>Faces</em></a>, du studio d’art <a href="https://iregular.io/fr/a-propos/">Iregular</a> : l’installation tire parti d’un algorithme de reconnaissance faciale qui collecte des images de l’assistance pour créer un portrait en constante évolution.</p>
<p><a href="https://iregular.io/fr/work/notre-habitat-commun/"><em>Notre Habitat Commun</em></a>, autre fruit d’Iregular, se sert quant à elle de la vision par ordinateur et des technologies d’IA pour spéculer au sujet de l’impact de l’humanité sur la planète. Par son intermédiaire, le studio cherche à <a href="https://expo2020.canada.ca/media/faconner-lavenir-de-lart-interactif.html">sensibiliser le public</a> au moyen de quatre installations dont on peut faire l’expérience sur d’immenses écrans.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/reel/CrN-eezK_8l","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<h2>Périls et opportunités</h2>
<p>Les espaces publics peuvent aider les citadins et citadines à interagir avec leur communauté, à tisser des liens avec les autres et à faire des expériences captivantes. Lorsqu’intégrées au domaine public, les technologies numériques ont le potentiel de remodeler <a href="https://repository.corp.at/661/">l’expérience urbaine</a>.</p>
<p>En créant des interactions dans l’espace public, il est possible de faire des villes des lieux ludiques et de socialisation, attractifs pour les résidents de tous âges. <a href="https://doi.org/10.1007/978-3-642-34292-9_16">La conception d’installations interactives présente toutefois quelques défis en milieu urbain</a>. Les œuvres comprenant des éléments audio risquent par exemple d’être perçues comme dérangeantes par certains ; les installations lumineuses peuvent pour leur part être moins visibles de jour ; et il faut tenir compte de la sécurité du public.</p>
<p>Un autre défi central concerne l’accessibilité. Les villes devraient <a href="https://urbandesignlab.in/redefining-universal-design-in-public-spaces/">respecter des principes de design universels</a> afin de favoriser le développement <a href="https://futurecitiescanada.ca/portal/wp-content/uploads/sites/2/2022/11/eg-fcc-publicspaces-accessible-fr-uae-nov-2022.pdf">d’espaces publics accessibles et inclusifs</a>.</p>
<p>L’intégration de l’art dans l’espace public soulève en outre la question des parties prenantes et des personnes mandatées pour prendre les décisions. <a href="https://effetquebec.ca/tendances/installations-interactives-espace-public-4-tendances-a-surveiller/">En général, une agence gouvernementale commande une œuvre sur mesure auprès d’artistes de la région</a>, mais plusieurs défendent une <a href="https://www.theguardian.com/artanddesign/artblog/2008/may/11/artinpublicspacesshouldbe">démarche plus démocratique</a>. <a href="https://doi.org/10.4000/belgeo.13381">D’autres conflits sont susceptibles de survenir</a> au sujet des questions à savoir si l’art est le bon outil pour reconstruire les espaces publics et si le public devrait contribuer aux œuvres, par exemple.</p>
<p>Cela dit, les installations interactives <a href="https://doi.org/10.1007/978-981-13-9765-3_9">peuvent accroître l’implication sociale et créer un dialogue au sein des communautés</a>. Diverses technologies d’IA, comme l’apprentissage machine et l’IA générative, sont capables de fournir des <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2405896321001725?via%3Dihub">expériences dynamiques dans les espaces publics</a>.</p>
<p>L’IA pourrait en outre soutenir le développement des communautés urbaines tant par le biais des arts que par celui de la mobilité, de l’éducation et des soins de santé. En utilisant des données tirées de l’environnement immédiat, elle est capable de créer des expériences en temps réel comme des <a href="https://www.geotab.com/blog/future-of-transportation/">systèmes de transport intelligents</a>, des <a href="https://doi.org/10.1109/SCIOT50840.2020.9250204">interactions publiques propulsées par la réalité augmentée</a>, et des <a href="https://www.osti.gov/servlets/purl/773961">structures inclusives, sécuritaires et adaptatives</a>.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/CtUzUEwg1AS","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<p>Ses capacités peuvent même servir à promouvoir l’apprentissage dans la sphère publique. L’engouement croissant pour les technologies d’intelligence artificielle <a href="https://doi.org/10.3389/fpsyg.2022.825625">suscite la curiosité et attire différents publics</a>. Incorporer des installations interactives qui proposent des expériences amusantes, enrichissantes et captivantes pourrait permettre de rendre les villes plus justes et durables.</p>
<p>En même temps, l’adoption des technologies d’IA dans le domaine public soulève des enjeux liés <a href="https://doi.org/10.1016/j.giq.2016.06.004">au consentement, à la vie privée</a> et au <a href="https://www.dukeupress.edu/cloud-ethics">rôle des algorithmes dans la société</a>.</p>
<h2>Expériences interactives</h2>
<p>Bien que les œuvres d’art faisant appel à l’IA commencent à peine à apparaître dans la sphère publique, les artistes et concepteurs ont déjà recours aux multiples fonctions de l’intelligence artificielle, comme la génération de données et le traitement d’image, pour créer des œuvres uniques. Dans le cas spécifique des œuvres interactives, l’IA améliore l’expérience en créant un engagement stimulant avec le public.</p>
<p><a href="https://www.tomokihara.com/">Tomo Kihara</a>, designer d’interaction d’origine japonaise, du studio de design <a href="https://studioplayfool.com/">Playfool</a>, localisé au Royaume-Uni, ont travaillé ensemble sur le jeu <a href="https://deviationgame.com/"><em>Deviation Game</em></a>, une installation multimédia avec un jeu électronique, qui imprime les résultats.</p>
<p><em>Deviation Game</em> est un bon exemple de l’idée d’engagement participatif, où les joueurs interagissent à la fois entre eux et avec l’IA par voie électronique. Les joueurs doivent décrire des mots choisis au hasard en dessinant sur un écran. Le but est de s’exécuter de telle façon que les autres joueurs devinent ce dont il s’agit tout en rendant les images incompréhensibles pour l’IA.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/538544/original/file-20230720-15-sd93cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="trois personnes sont assises autour d’un écran, l’une d’entre elles dessine sur une tablette" src="https://images.theconversation.com/files/538544/original/file-20230720-15-sd93cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/538544/original/file-20230720-15-sd93cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/538544/original/file-20230720-15-sd93cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/538544/original/file-20230720-15-sd93cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/538544/original/file-20230720-15-sd93cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/538544/original/file-20230720-15-sd93cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/538544/original/file-20230720-15-sd93cy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Dans <em>Deviation Game</em>, les joueurs doivent dessiner des images sur une tablette et tenter de déjouer l’IA.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(S. Maruyama)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p><a href="https://infratonal.com/portfolio_page/intention/"><em>Intention</em></a> est un autre exemple d’œuvre interactive recourant à l’IA. Créée par <a href="https://infratonal.com/about-2/">l’artiste d’origine française Louk Amidou</a>, elle se sert de la technologie pour réagir aux gestes.</p>
<p>L’œuvre présente un mode d’engagement individuel, ce qui permet aux membres de l’assistance de jouer avec les formes numériques. <em>Intention</em> recourt au design d’interaction, à l’IA, à l’art numérique et à la musique électronique pour produire une expérience multisensorielle.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/535636/original/file-20230704-17-u71i6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="photo montrant une main humaine qui tente de saisir une image générée par ordinateur" src="https://images.theconversation.com/files/535636/original/file-20230704-17-u71i6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/535636/original/file-20230704-17-u71i6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/535636/original/file-20230704-17-u71i6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/535636/original/file-20230704-17-u71i6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=329&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/535636/original/file-20230704-17-u71i6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/535636/original/file-20230704-17-u71i6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/535636/original/file-20230704-17-u71i6.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=414&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Capture d’écran d’<em>Intention</em>, une installation interactive créée par l’artiste d’origine française Louk Amidou.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(L. Amidou)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces deux installations créent des expériences interactives uniques qui encouragent la participation en impliquant l’assistance dans le processus de création.</p>
<h2>Villes ludiques</h2>
<p>Les artistes et programmeurs pour l’espace public peuvent prendre certaines mesures pour s’assurer que les pratiques d’apprentissage machine soient <a href="https://doi.org/10.1109/MTS.2020.2967486">éthiques et moralement responsables</a>. Les spécialistes en informatique développent d’ailleurs des approches humanocentriques en matière de <a href="https://doi.org/10.1007/978-981-15-5679-1_49">protection de la vie privée</a> pour les <a href="https://doi.org/10.1016/j.neucom.2020.06.149">applications intelligentes</a>, les <a href="https://doi.org/10.1145/3408308.3427605">outils d’évaluation de risque</a>, les <a href="https://doi.org/10.1108/DPRG-03-2022-0023">approches axées sur les données pour les villes intelligentes</a> et plus encore.</p>
<p>L’IA peut rendre les installations interactives présentes en ville plus ludiques, plus divertissantes et même plus formatrices. Le résultat serait des espaces publics remodelés, proposant des activités engageantes pour la population locale et les touristes. Chose certaine, l’IA promet des fonctions intéressantes pour améliorer ces installations, à condition d’être conçue de façon responsable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/211814/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Carmela Cucuzzella reçoit un financement du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Burcu Olgen ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les œuvres d’art interactives sont fréquentes dans les espaces publics de Montréal. Bien que divertissantes, elles peuvent devenir monotones. Les technologies numériques aident à remodeler l’expérience.Burcu Olgen, PhD Candicate, Research Assistant, Lecturer, Concordia UniversityCarmela Cucuzzella, Professor Design and Computation Arts, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2198962023-12-21T17:31:05Z2023-12-21T17:31:05ZVoici en quoi la vie, la poésie et les chansons de Leonard Cohen font de lui un prophète de l’amour<p>Leonard Cohen n’est pas exactement la première personne dont on songerait à faire un chantre du « vrai sens du temps des fêtes ».</p>
<p>En tant que chercheur en études religieuses <a href="https://theconversation.com/life-of-brian-terry-joness-legacy-of-a-surprisingly-historical-jesus-130582">se spécialisant dans les débuts du christianisme</a>, et <a href="https://www.cbc.ca/player/play/2279666243993">admirateur de Cohen issu d’un milieu chrétien</a>,je reconnais que le mot « festivité » ne colle tout simplement pas à cet artiste qui a toujours exprimé davantage une mélancolie narquoise qu’une jovialité à tout crin.</p>
<p>Or, le <a href="https://podcasts.apple.com/ca/podcast/a-conversation-with-matthew-r-anderson/id1650272494?i=1000637487270">défunt poète, romancier et auteur-compositeur-interprète juif bien-aimé de Montréal porte un regard pénétrant sur la lumière</a>. Ses mots doux-amers accompagnent bien les jours les plus courts et les plus sombres de l’année dans l’hémisphère nord, jours pendant lesquels ont lieu des fêtes religieuses où la lumière est à l’honneur.</p>
<h2>Tout devient pénombre</h2>
<p>Bien que les manières et les raisons de célébrer diffèrent considérablement, <a href="https://theconversation.com/hanukkahs-true-meaning-is-about-jewish-survival-88225">Hanoukka</a>, <a href="https://theconversation.com/apocalypse-booze-and-christmas-an-ancient-abc-172014">Noël</a>, <a href="https://theconversation.com/yule-a-celebration-of-the-return-of-light-and-warmth-218779">Yule</a> et, plus tôt dans l’année, <a href="https://theconversation.com/diwali-a-celebration-of-the-goddess-lakshmi-and-her-promise-of-prosperity-and-good-fortune-191992">Divali</a> sont toutes des fêtes faisant la part belle aux bougies et aux lumières scintillantes.</p>
<p>Qu’elles aient été imaginées dans cette optique ou non, à mesure que les nuits s’allongent à l’approche du solstice d’hiver, ces fêtes aident les gens à composer avec les journées courtes, l’obscurité extérieure et les intérieurs sombres qui causent la <a href="https://www.cbc.ca/news/health/sad-science-why-winter-brings-us-down-but-won-t-for-long-1.2981920">dépression saisonnière</a> et d’autres stress.</p>
<h2>Une année sous le signe de la morosité</h2>
<p>Bien que la violence ne connaisse jamais de répit, l’année qui s’achève a été particulièrement morose, marquée <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/toronto/hate-crime-record-levels-toronto-1.7037413">par des crimes haineux en forte hausse</a> la <a href="https://www.apa.org/monitor/2021/03/controlling-misinformation">désinformation, source de division</a> et des guerres. Voilà des propos où commence à poindre l’esprit de Cohen.</p>
<p>Les thèmes récurrents de l’échec, du regret, de la souffrance, de la violence et de la mortalité rendent l’œuvre de Cohen <a href="https://www.youtube.com/watch?v=B6WnnZRSKYs">plus mélancolique encore que le Noël d’Elvis</a>. Néanmoins, mes récentes recherches sur l’imagerie religieuse dans sa poésie et sa musique m’ont permis de découvrir au moins quatre aspects de la vie et de la poésie de Cohen qui en font un <a href="https://www.mqup.ca/prophets-of-love-products-9780228018643.php">prophète de l’amour</a>.</p>
<p><strong>1. Cohen ne craignait pas de dire que la religion rythme la vie des gens partout dans le monde et que les symboles religieux ont du pouvoir</strong>. Supprimez les références religieuses des écrits de Cohen, et sa production se réduit comme peau de chagrin. Les titres de ses livres, du premier <em>Let Us Compare Mythologies</em> (1956), au dernier, <em>The Flame</em> (2018) montrent à quel point Cohen était <a href="https://www.firstthings.com/blogs/firstthoughts/2016/11/leonard-cohen-the-christ-haunted">conscient de la portée symbolique quasi universelle de la religion</a>.</p>
<p>La religion était un moyen pratique de parler de sexe pour Cohen. Mais il est tout aussi vrai que le sexe lui permettait de parler de religion. Pour lui, ces perspectives étaient liées au sentiment que chaque personne porte en elle une part de divin. Il observe : « Je crois que tous les êtres humains ont une vie spirituelle en phase <a href="https://books.google.ca/books/about/Leonard_Cohen.html?id=s8RbAgAACAAJ&redir_esc=y">avec leurs propres facultés divines »</a>.</p>
<p><strong>2. Cohen n’a jamais caricaturé les traditions religieuses.</strong> Il a souligné la richesse de nombreuses religions tout en affirmant sa propre position. Cohen savait que la compréhension des autres commence par la compréhension de soi. <a href="https://books.google.ca/books/about/Leonard_Cohen.html?id=s8RbAgAACAAJ&redir_esc=y">« Jamais je ne prétendrai que je ne suis pas juif »</a>, répétait-il constamment. </p>
<p>Le grand-père maternel de Cohen était un grand érudit féru de la lecture des écritures, et son arrière-grand-père paternel <a href="https://globalnews.ca/news/9707000/shaar-hashomayim-celebrates-century-in-westmount/">a contribué à fonder la congrégation montréalaise Shaar Hashomayim de Montréal</a>. Pourtant, bien qu’il ait été profondément enraciné dans le judaïsme, Leonard Cohen manifestait une vaste et profonde connaissance des autres religions.</p>
<p>Dans mes recherches, je montre <a href="https://atlanticbooks.ca/stories/im-your-saint-cohen-and-st-paul-studied-in-prophets-of-love/">l’importance de Jésus pour Cohen</a>, sans commettre l’erreur de prétendre qu’il était chrétien. J’explore comment le catholicisme a profondément marqué son enfance. Je note également que sa pratique du bouddhisme zen pendant des décennies, ses lectures sur le soufisme et son étude de l’hindouisme ont imprégné son œuvre.</p>
<p>Les <a href="https://www.theguardian.com/music/2021/oct/17/how-leonard-cohen-mined-sacred-texts-for-lyrics-to-his-songs">contes juifs tirés de la Mishna et du Talmud</a>, la <a href="https://www.heyalma.com/leonard-cohens-rabbi-reveals-the-jewish-theology-behind-the-music/">philosophie kabbalistique</a>, les anciennes légendes chrétiennes, les poèmes de Federico García Lorca et de Rumi, ainsi que ses <a href="https://www.npr.org/2016/10/21/498810429/leonard-cohen-on-poetry-music-and-why-he-left-the-zen-monastery">réflexions zen sur le désir</a>, l’attachement et la vacuité s’entremêlent tous dans son œuvre.</p>
<p><strong>3. Cohen était respectueux des croyances et spiritualités, mais il dénonçait l’hypocrisie religieuse.</strong> En 1984, <a href="https://books.google.ca/books/about/Leonard_Cohen.html?id=s8RbAgAACAAJ&redir_esc=y">il remarquait</a> : </p>
<blockquote>
<p>La mystification et la manipulation sont toujours possibles… Il y a dans le monde des forces du mal qui ont des visées impérialistes par rapport à la religion, mais j’ai confiance que les forces du bien prévaudront. </p>
</blockquote>
<p>Voilà des mots bien optimistes pour un homme qui a aussi écrit :</p>
<blockquote>
<p>Give me Stalin and St. Paul/I’ve seen the future, brother/It is murder (Rendez-moi Staline et Saint Paul/J’ai vu l’avenir, frère :/Il n’est que meurtre).</p>
</blockquote>
<figure>
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<figcaption><span class="caption">Leonard Cohen’s « The Future. ».</span></figcaption>
</figure>
<p>Cohen était adulé et donc susceptible d’abuser de son pouvoir. Il a eu la chance de réussir à transformer <a href="https://web.archive.org/web/20201211115215/https:/www.theglobeandmail.com/arts/article-leonard-cohens-tales-of-seduction-look-different-through-a-metoo">ses relations en apparence misogynes avec les femmes</a> en chansons plutôt qu’en procès, en partie grâce à sa façon à la fois compliquée et désarmante de parler de regret, d’excuses et de pardon, et aussi en <a href="https://sharpmagazine.com/2018/11/06/how-do-we-come-to-terms-with-leonard-cohens-legacy-in-the-metoo-era/">raison de son âge grandissant, puis de son décès</a>.</p>
<ol>
<li>Et surtout, Cohen utilisait des histoires et des images religieuses pour trouver des causes rassembleuses et donner du courage à ses semblables pendant les périodes sombres. Ses paroles les plus célèbres sont sans doute ce passage de la chanson <em>Anthem</em> :</li>
</ol>
<blockquote>
<p>Ring the bells that still can ring/forget your perfect offering/There is a crack in everything/that’s how the light gets in (Sonnez les cloches qui peuvent encore sonner/Oubliez vos offrandes parfaites/Il y a une brèche en toute chose/C’est ainsi qu’entre la lumière).</p>
</blockquote>
<p>Harry Freedman, dans <a href="https://www.bloomsbury.com/ca/leonard-cohen-9781472987273/"><em>Leonard Cohen : The Mystical Roots of Genius</em></a> a décelé de nombreuses références à la religion juive dans <em>Anthem</em>. J’en ai découvert d’autres. Cohen s’est donné comme mission (une <em>mission biblique</em> à ses yeux, il faut le souligner) de trouver et de mettre en évidence la lumière présente dans toute souffrance humaine. <a href="https://www.mqup.ca/prophets-of-love-products-9780228018643.php">Comme je l’ai écrit ailleurs</a>, « A crack in everything means especially a crack in human beings – une brèche en toute chose, ça signifie en particulier une brèche dans l’être humain. »</p>
<p>Dans ses dernières années, l’artiste a endossé progressivement le rôle évoqué par son patronyme, <a href="https://www.britannica.com/topic/cohen">celui de cohen, c’est-à-dire de prêtre</a>. Ainsi, des amis et collègues qui ont assisté à ses derniers concerts – certains étant croyants, mais de nombreux autres vivant une <a href="https://theconversation.com/what-does-it-mean-to-be-spiritual-87236">forme de spiritualité sans foi religieuse</a>, ont souligné l’ambiance de lieu sacré qui y régnait.</p>
<p>Les textes de Cohen parlent d’échecs humains, de regret et de violence. Or, selon sa collaboratrice Sharon Robinson, les <a href="https://www.rollingstone.com/music/music-features/sharon-robinson-reflects-on-touring-with-leonard-cohen-194281/">tournées sont devenues « un genre de méditation » pour Cohen</a>, et il bénissait la foule à la fin de ses derniers concerts. Le titre de l’album <em>You Want It Darker</em> fait référence à la fois à ses admirateurs et à son dieu, ce qui est typique chez Cohen, qui n’admettait jamais qu’une phrase n’ait qu’un seul sens. Il <a href="https://jewishreviewofbooks.com/articles/2315/darkness-and-light-leonard-cohen-and-the-new-cantors-a-playlist-for-the-high-holidays/">y met le divin au défi tout en acceptant la fin</a>.</p>
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<figcaption><span class="caption">Leonard Cohen’s « You Want it Darker. ».</span></figcaption>
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<h2>Une disparition comme un mauvais présage, une pertinence toujours grande</h2>
<p>Sa connaissance de nombreuses religions, son regard scrutateur sur la condition humaine, son défi au divin de répondre aux tourments de l’humanité : voilà ce qui fait de Cohen un chantre improbable, mais lucide des jours sombres de l’hiver.</p>
<p>Si j’avais à choisir une <a href="https://www.msn.com/en-ca/news/canada/douglas-todd-leonard-cohen-may-help-us-find-hope-in-today-s-holy-broken-world/ar-AA1izeLe">chanson de Cohen pour les fêtes</a>, ce serait sans doute <em>Come Healing</em>. Voilà ce qui pourrait bien faire de Leonard Cohen, un homme au sujet duquel aucun film de Noël mièvre ne sera certainement jamais tourné, un puissant antidote contre l’obscurité cette année.</p>
<blockquote>
<p>And let the heavens falter/Let the earth proclaim/Come healing of the altar/Come healing of the name (Et que les cieux balbutient/Et que la terre proclame :/Que vienne la guérison de l’Autel/Que vienne la guérison du Nom).</p>
</blockquote><img src="https://counter.theconversation.com/content/219896/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Matthew Robert Anderson ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les mots doux-amers des chansons de Leonard Cohen accompagnent bien les jours les plus courts de l’année dans l’hémisphère nord, pendant lesquels ont lieu des fêtes où la lumière est à l’honneur.Matthew Robert Anderson, Adjunct professor, Theological Studies, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2185702023-12-12T16:15:39Z2023-12-12T16:15:39ZProjet Montréal continue d’augmenter le budget de son service de police. Voici pourquoi<p>En novembre, Projet Montréal a présenté son budget pour 2024. Certains auront une impression de déjà-vu. Comme l’an dernier, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) s’apprête à dépasser son budget d’au moins <a href="http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/COMMISSIONS_PERM_V2_FR/MEDIA/DOCUMENTS/PR%C9SENTATION_SPVM_BUDGET2024_20231110.PDF">36,9 millions de dollars</a>. </p>
<p>Une fois de plus, Projet Montréal se contente de couvrir les dépenses extraordinaires du SPVM et d’augmenter son budget pour l’année à venir — tout en demandant à la Société de transport de Montréal (STM) de combler son déficit budgétaire en réduisant ses dépenses en 2024.</p>
<p>Mes recherches portent sur les politiques de sécurité publique dans les villes canadiennes. J’ai ainsi suivi l’évolution des budgets des dix plus grandes polices urbaines du Canada au cours des cinq dernières années. Les résultats de cette recherche, j’espère, permettront de placer le débat budgétaire actuel à Montréal dans un contexte plus large.</p>
<h2>De plus en plus d’argent pour la police</h2>
<p>Les largesses de Projet Montréal à l’égard de la police n’est pas nouvelle. Au cours des cinq dernières années, le SPVM a dépassé son budget de <a href="https://theconversation.com/canadian-cities-continue-to-over-invest-in-policing-217344">35,7 millions de dollars par année</a>. Au total, ce sont 178,6 millions de dollars que le SPVM s’est octroyé — une somme que la Ville aurait pu consacrer à d’autres priorités.</p>
<p>Aucune autre grande ville du Canada ne permet de tels dépassements budgétaires. Celle qui s’en rapproche le plus est Vancouver, qui tolère que son service de police excède son budget de <a href="https://theconversation.com/canadian-cities-continue-to-over-invest-in-policing-217344">2,5 millions de dollars par année</a> — soit 15 fois moins.</p>
<p>Projet Montréal a également octroyé des augmentations budgétaires sans précédent au SPVM. La majoration de 45 millions de dollars du budget du SPVM en 2022 était la plus importante de l’histoire de la Ville, jusqu’à ce que l’augmentation de 60 millions de dollars pour 2023 établisse un nouveau record. Il s’agit là aussi d’un cas unique au Canada. Depuis 2020, <a href="https://theconversation.com/canadian-cities-continue-to-over-invest-in-policing-217344">Montréal a injecté plus d’argent frais dans la police que n’importe quelle autre grande ville canadienne</a> — 35 millions de dollars de plus que Toronto, la deuxième ville la plus dépensière.</p>
<p>En octroyant au SPVM une nouvelle augmentation dans le budget municipal 2024, une somme de 35 millions de dollars, Projet Montréal continue à agir comme la division de collecte de fonds de la police.</p>
<h2>Le transport en commun, le grand perdant</h2>
<p>Ces dépenses sont difficiles à défendre, et Projet Montréal a fait très peu d’efforts pour les justifier. </p>
<p>De son côté, le SPVM fournit des excuses. Au cours des trois dernières années, il évaluait que le service <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2023-11-27/spvm/deux-fois-plus-de-temps-supplementaire-que-prevu-en-2023.php">manquait d’effectifs et devait recourir aux heures supplémentaires</a> (beaucoup plus coûteuses) pour combler le manque de ressources. Pourtant, Montréal est la ville qui compte déjà le <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2020001/article/00015-fra.htm">plus de policiers par habitant au Canada</a>. D’autres services de police (notamment celui de Toronto) accumulent <a href="https://theconversation.com/canadian-cities-continue-to-over-invest-in-policing-217344">plus d’heures supplémentaires, tout en respectant leur budget</a>.</p>
<p>Il est par ailleurs encore plus difficile d’expliquer comment le SPVM n’a pas réussi à embaucher les 124 policiers supplémentaires en 2023 — l’estimation la plus optimiste est une <a href="https://www.journaldemontreal.com/2023/12/04/spvm-enfin-une-annee-ou-le-recrutement-fonctionne">augmentation de 80 à 90 policiers</a> — mais qu’il a quand même dépassé son budget et veut maintenant une autre augmentation pour embaucher 107 policiers de plus.</p>
<p>Il est peut-être ironique que Projet Montréal prétende prioriser le transport en commun — la « ligne rose » étant l’une de ses principales promesses lors de l’élection de 2017 — alors que l’administration municipale force la STM à réduire ses dépenses et ses effectifs, tout en redistribuant au SPVM les économies ainsi réalisées. </p>
<p>En 2023, la STM a été forcée de <a href="https://montrealgazette.com/news/local-news/montreal-budget-stm-finances">réaliser 51,6 millions de dollars d’économies</a>, alors que le SPVM a été autorisé à augmenter ses dépenses de 65 millions de dollars. Au cours de la prochaine année, la STM sera forcée de <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2023-11-15/transport-collectif/la-stm-devra-supprimer-120-postes-pour-eviter-le-pire.php">réduire ses dépenses d’encore 50 millions de dollars</a>, alors que le SPVM sera autorisé à augmenter ses dépenses de 35 millions de dollars. Résultat : <a href="https://www.ledevoir.com/societe/transports-urbanisme/803010/transport-collectif-bus-bondes-usagers-insatisfaits-repentigny">250 effectifs de moins pour le STM</a> et 107 de plus pour le SPVM.</p>
<h2>Des alternatives à la police</h2>
<p>On pourrait rétorquer que la sécurité publique est une dépense essentielle, car des vies sont littéralement en jeu. Mais la sécurité publique n’est pas qu’une question de police. Ce qui distingue Montréal des autres grandes villes dans son approche est son incapacité de considérer comment les investissements dans d’autres services et programmes peuvent mieux prévenir la violence, mieux répondre à certaines catégories d’appels au 911 et, en fin de compte, donner moins de travail à la police. </p>
<p>À Toronto, par exemple, le <a href="https://www.toronto.ca/wp-content/uploads/2023/01/8e71-Toronto-Community-Crisis-Service-Jan-2023-Evaluation-Reportaccessible.pdf">Community Crisis Service</a> a été lancé en 2022 comme réponse non policière aux appels d’urgence impliquant la santé mentale. Ce service fait appel à des professionnels de la santé, qui relèvent généralement de la compétence des provinces, mais est <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/toronto/toronto-community-crisis-service-report-expansion-city-council-committee-1.7007108">financé par la Ville</a> au motif qu’il permet de réduire le recours à la police. Montréal pourrait bien suivre l’exemple de Toronto, ce que le <a href="https://www.ledevoir.com/politique/montreal/772079/fady-dagher-promet-un-equilibre-entre-la-repression-et-la-prevention?">directeur du SPVM, Fady Dagher, semble soutenir</a>.</p>
<p>Fady Dagher soutient aussi, par ailleurs, les demandes de la communauté de <a href="https://journalmetro.com/actualites/montreal/3115353/le-spvm-voudrait-reduire-sa-presence-dans-les-ecoles/">retirer les policiers « socio-communautaires » des écoles</a>, où leur présence cause un sentiment d’insécurité à de nombreux élèves. La Ville pourrait saisir cette opportunité et réaffecter l’argent actuellement alloué aux « socio-comms » à des professionnels mieux outillés à répondre aux besoins des élèves. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait les écoles de Toronto, d’Hamilton, d’Ottawa et de Vancouver.</p>
<p>Parmi les nombreuses questions que nous devrions poser pendant cette saison budgétaire, est celle de savoir si Projet Montréal croit que le SPVM devrait avoir un plus grand rôle dans la ville — ou si on pourrait finalement mettre un terme à son sur financement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218570/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ted Rutland a reçu des financements de Conseil de recherches en sciences humaines.</span></em></p>Le Service de police de la Ville de Montréal s’apprête à dépasser son budget encore une fois cette année. Aucune autre grande ville du Canada ne permet de tels dépassements budgétaires.Ted Rutland, Associate professor, Geography, Planning and Environment, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2143212023-10-16T13:57:12Z2023-10-16T13:57:12ZLe logement est bien plus qu’un bien marchand. Et la crise actuelle ne se réduit pas à équilibrer l’offre et la demande<p>La crise du logement est un défi mondial : près de 1,6 milliard de personnes vivent dans des conditions précaires ou inadéquates. Et ce nombre pourrait même doubler d’ici 2030, selon l’<a href="https://unhabitat.org/news/13-jul-2023/the-world-is-failing-to-provide-adequate-housing">UN Habitat</a>. </p>
<p>Le Canada n’est pas épargné. Amplifiée par la pandémie de Covid-19, la demande de logements y surpasse largement l’offre. D’ici 2030, <a href="https://www.cmhc-schl.gc.ca/professionnels/marche-du-logement-donnees-et-recherche/recherche-sur-le-logement/rapports-de-recherche-en-habitation/accroitre-loffre-de-logements/penurie-de-logements-au-canada--resoudre-la-crise-de-labordabilite">3,5 millions de logements supplémentaires seront nécessaires</a>. Et pour y faire face, les initiatives gouvernementales se multiplient. </p>
<p>En tant que professeur en études urbaines à l’Université du Québec à Montréal, je m’intéresse à la manière dont les villes canadiennes contribuent aux <a href="https://www.sosve.org/objectifs-de-developpement-durable-post-2015/">17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies</a>, notamment le 11<sup>e</sup>, qui vise à rendre les villes inclusives, sûres, résilientes et durables.</p>
<h2>Les gouvernements se mobilisent</h2>
<p>En septembre 2023, le gouvernement du Canada a annoncé une <a href="https://www.canada.ca/fr/ministere-finances/nouvelles/2023/09/bonification-du-remboursement-de-la-tps-pour-immeubles-dhabitation-locatifs-afin-de-construire-plus-dappartements-pour-les-locataires.html">exonération de la TPS</a> pour la construction de nouveaux immeubles locatifs, dans l’optique d’alléger les coûts pour les constructeurs. Cette initiative s’ajoute à celles de la <a href="https://www.cmhc-schl.gc.ca/strategie-nationale-sur-le-logement/questce-que-la-strategie#strategyfr">Stratégie nationale sur le logement</a> lancée en 2018, un plan de 82 milliards de dollars étalé jusqu’en 2028. Ce plan englobe des subventions pour de nouveaux logements abordables, la rénovation, le soutien au logement communautaire et la promotion de la recherche en matière de logement. </p>
<p>Les gouvernements provinciaux et municipaux sont également à pied d’œuvre. Par exemple, l’<a href="https://news.ontario.ca/mmah/en">Ontario</a> multiplie les soutiens financiers aux projets immobiliers. Le Québec propose, entre autres, une <a href="https://www.revenuquebec.ca/fr/citoyens/votre-situation/faible-revenu/programme-allocation-logement/">Allocation-Logement</a> aux ménages les moins aisés. Et la Colombie-Britannique a instauré la <a href="https://news.gov.bc.ca/releases/2023HOUS0059-000851">Housing Supply Act</a>, adoptée en 2022, visant à mieux cibler les besoins en logement en collaboration avec les municipalités. </p>
<p>Plusieurs villes, comme <a href="https://globalnews.ca/news/9738121/toronto-multiplex-policy-housing/">Toronto</a>, <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/multiplex-housing-vancouver-1.6967977">Vancouver</a>, <a href="https://montreal.ca/articles/metropole-mixte-les-grandes-lignes-du-reglement-7816">Montréal</a> et <a href="https://www.lesoleil.com/actualites/actualites-locales/la-capitale/2023/09/27/un-plan-ambitieux-pour-contrer-la-crise-du-logement-UHZAPO6FXFGIDHBI255E4KY2E4/">Québec</a>, adoptent des stratégies pour augmenter la densité et favoriser la construction de logements sociaux et locatifs, collaborant souvent avec des <a href="https://www.cmhc-schl.gc.ca/professionnels/financement-de-projets-et-financement-hypothecaire/programmes-de-financement/toutes-les-opportunites-de-financement/fonds-dinnovation-pour-le-logement-abordable#:%7E:text=Le%20Fonds%20d%27innovation%20a,municipaliti%C3%A9s%2C%20provinces%20et%20territoires">entités communautaires</a> pour innover.</p>
<p>L’objectif de ces mesures ? Faire passer le taux d’inoccupation des logements de <a href="https://assets.cmhc-schl.gc.ca/sites/cmhc/professional/housing-markets-data-and-research/housing-research/research-reports/2022/housing-shortages-canada-solving-affordability-crisis-fr.pdf">1,9 % au Canada et de 1,7 % dans les grandes villes du Québec à une fourchette de 3 à 4 %</a>, considérée comme un équilibre entre l’offre et la demande de logements.</p>
<h2>La valeur sociétale du logement</h2>
<p>Cependant, la crise du logement ne se réduit pas simplement à une équation où il suffit d’équilibrer l’offre et la demande. Agir sur l’offre, en stimulant la construction et sur la demande, en fournissant des aides financières aux ménages, peut avoir un impact temporaire. Mais ces mesures ne ciblent que les symptômes de la crise, et non ses causes fondamentales. </p>
<p>Pourquoi ? Parce que le logement est bien plus qu’un bien marchand : il représente un foyer, un espace de vie et un élément structurant du tissu urbain, social et économique. Sa valeur sociétale dépasse ainsi sa valeur marchande, avec des implications sur l’accès aux services et aux lieux d’emploi, sur la stabilité de la population et l’attractivité urbaine, sur la santé physique et mentale ainsi que sur la compétitivité des entreprises locales.</p>
<p>La crise actuelle ne provient pas seulement d’un manque absolu de logements, mais surtout d’une pénurie relative de logements adaptés aux revenus de la majorité des habitants de chaque ville. À <a href="https://assets.cmhc-schl.gc.ca/sites/cmhc/professional/housing-markets-data-and-research/market-reports/rental-market-report/rental-market-report-2022-fr.pdf">Montréal</a>, par exemple, le taux d’inoccupation pour les logements abordables pour les ménages les moins fortunés est seulement de 1 %. En revanche, pour les ménages à revenus moyens et élevés, il est de 5,4 %. À <a href="https://assets.cmhc-schl.gc.ca/sites/cmhc/professional/housing-markets-data-and-research/market-reports/rental-market-report/rental-market-report-2022-fr.pdf">Québec et à Gatineau</a>, la situation est similaire, montrant que la compétition pour accéder à un logement est plus rude pour les individus et les familles les plus exposés à la crise.</p>
<p>La vision mercantile de la propriété a érodé sa valeur sociétale, transformant ce qui était autrefois un rêve en un simple outil d’investissement où l’objectif est d’acheter, rénover, fixer un loyer en fonction de l’investissement et séduire une population plus aisée.</p>
<h2>Des conséquences pour les citoyens et les entreprises</h2>
<p>Les conséquences sont nombreuses. D’une part, les prix élevés des propriétés ont transformé beaucoup de citoyens en locataires à long terme, écartant leur rêve de propriété. Cette situation crée une tension sur le nombre de logements locatifs disponibles, particulièrement pour les étudiants et les nouveaux arrivants. L’écart croissant entre les loyers des logements vacants et ceux occupés a aussi ralenti le taux de roulement, comme illustré à <a href="https://assets.cmhc-schl.gc.ca/sites/cmhc/professional/housing-markets-data-and-research/market-reports/rental-market-report/rental-market-report-2022-fr.pdf">Québec et à Gatineau</a>. </p>
<p>Les populations économiquement précaires subissent les effets les plus sévères, devant opter pour des logements basés sur leur capacité financière plutôt que leurs besoins. Cela se traduit par une baisse de la qualité de vie, des trajets plus longs vers les lieux de travail et de services ainsi que des coûts de transport augmentés. </p>
<p>Enfin, cette situation impacte directement le développement économique régional. L’augmentation rapide des loyers par rapport aux salaires peut diminuer la compétitivité des entreprises locales qui peinent à attirer et retenir les talents. Cette situation peut entraîner une baisse de la productivité (par exemple, des employés stressés par leurs finances), des temps de trajet plus longs pour les employés (choisissant de vivre en périphérie où le coût de logement est moindre), un frein à l’innovation régionale (avec moins d’entrepreneurs prêts à prendre des risques dans des zones chères) et la migration des talents vers des régions plus abordables.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="homme noir travaille de la maison" src="https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/550443/original/file-20230926-23-f01g5m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les employeurs pourraient contribuer financièrement aux coûts du logement des employés en télétravail.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Des solutions existent</h2>
<p>Pour aborder la crise, le logement doit avant tout être considéré comme un service sociétal essentiel et non seulement comme un bien marchand. Quatre pistes de solution peuvent compléter les interventions publiques actuelles.</p>
<p><strong>Ajuster les loyers aux réalités économiques locales.</strong> En plus des mesures gouvernementales actuelles visant à stimuler l’offre (par plus de constructions) et la demande (par l’aide financière aux ménages), l’idée est d’établir une fourchette de loyers acceptable en fonction des capacités financières des résidents locaux. Les propriétaires dépassant cette fourchette pourraient être soumis à des mesures fiscales, dont les recettes permettraient de soutenir des logements plus abordables. Un tel calcul peut paraître complexe, mais pas impossible à réaliser en travaillant, par exemple, avec le milieu universitaire. C’est pourquoi l’instauration d’un registre des loyers, comme le suggèrent <a href="https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/2023/09/17/crise-du-logement-manque-de-vision-des-gouvernements-LUYQVANSXVHTDAOV5FVKEGDH4A/">14 maires et mairesses au Québec</a>, est pertinente.</p>
<p><strong>Faire des employeurs des alliés.</strong> L’accès à un logement est devenu un atout pour attirer et retenir la main-d’œuvre. Les employeurs pourraient offrir des primes « logement » aux employés à faibles revenus. Pour ceux en télétravail, les employeurs pourraient contribuer financièrement aux coûts du logement (loyers et dépenses liées au travail). Comme de telles mesures contribuent au succès des entreprises, elles pourraient être appuyées par les agences de développement économique.</p>
<p><strong>Soustraire les groupes vulnérables de la compétition.</strong> Les jeunes, les familles monoparentales, les personnes âgées, les Premières Nations et les nouveaux arrivants doivent être soustraits de la compétition pour le logement, car ils ne sont pas en position de concurrence équitable. Des taxes sur certains logements de luxe, par exemple, permettraient de générer des fonds dédiés aux logements de ces groupes. </p>
<p>Enfin, des alternatives comme les résidences intergénérationnelles ou les micrologements temporaires pourraient être encouragées. Ces modèles offrent des solutions abordables et adaptées à divers besoins temporaires, surtout en milieu urbain. </p>
<p>Considérer le logement simplement comme un bien marchand à la merci des forces du marché est réducteur. Il a une profonde valeur sociétale, et c’est en la reconnaissant et en la préservant que nous aborderons la crise de front.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214321/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Juste Rajaonson ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La crise du logement ne peut pas être résolue simplement en équilibrant l’offre et la demande. Il faut plutôt repenser le logement comme un service sociétal plutôt que comme un simple bien marchand.Juste Rajaonson, Professeur en études urbaines, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2071672023-09-12T14:32:21Z2023-09-12T14:32:21ZComment mieux construire ? Voici un nouveau guide qui assure la durabilité et la résilience des infrastructures<p>Les nouveaux projets d’infrastructure <a href="https://www.journaldemontreal.com/2023/09/02/ce-peuple-de-batisseurs-qui-nest-plus">se font rares au Québec ces dernières décennies</a>. Le troisième lien entre Québec et Lévis semble au point mort, tout comme le « REM de l’Est », en <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1993440/rem-est-rapport-final">raison de ses coûts qui dépassent l’entendement</a>. </p>
<p>Comme dans la majorité des pays occidentaux, on ne peut plus construire des infrastructures sans se questionner sur les meilleures pratiques à adopter et en respectant les critères de développement durable.</p>
<p>Comment pouvons-nous concevoir de telles infrastructures qui vont durer dans le temps, et qui répondent aux besoins des parties prenantes et de la communauté ? </p>
<p>Professeure agrégée à HEC Montréal, experte de la gouvernance et l’innovation des grands projets et de leur acceptabilité sociale, je m’intéresse à un système d’évaluation conçu pour améliorer la durabilité et la résilience des infrastructures au moyen d’indicateurs standardisés. Il s’agit d’Envision, qui existe depuis 2012. Je remercie pour sa contribution à cet article Hélène Dubé, experte de ce système chez SNC-Lavalin et très impliquée dans le projet du pont Samuel-De Champlain. Elle est actuellement dans l’équipe du <a href="https://www.calgary.ca/green-line.html">Calgary Green Line</a>. </p>
<p>Envision cible tous types et tailles d’infrastructure telles que les routes, les ponts, les ports, les aéroports, les gares et les réseaux de transport. C’est un outil intéressant à prendre en compte pour développer des infrastructures de façon harmonieuse, en respectant le milieu naturel et les collectivités.</p>
<p>Il est administré par l’Institute for Sustainable Infrastructure (ISI), un organisme à but non lucratif dont la <a href="https://sustainableinfrastructure.org/about-isi/">mission</a> est d’aider les communautés à construire des infrastructures civiles durables, résilientes et équitables par le biais de l’éducation et la recherche. Au Canada, Envision est en partenariat avec la Société canadienne d’ingénierie civile.</p>
<h2>Le pont Samuel-De Champlain, première Reconnaissance Envision</h2>
<p>Le nouveau pont Samuel-De Champlain, inauguré en 2019, <a href="https://afg.quebec/actualites/blogue/reconnaissance-envision-platine-pour-le-nouveau-pont-champlain/">a été le premier projet vérifié Envision au Québec</a> et le premier pont d’envergure au Canada à recevoir cette distinction.</p>
<p>Les enjeux du projet étaient nombreux puisqu’il se trouve à la fois au cœur du milieu urbain et d’un milieu naturel sensible. Le projet incluait la reconstruction et l’élargissement de l’autoroute, la reconfiguration des échangeurs et voies d’accès, un corridor réservé au transport en commun et une piste multifonctionnelle offrant un nouveau lien pour le transport actif entre Montréal et la Rive-Sud. </p>
<p>Bien que l’arrivée du REM <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2023-08-08/pont-samuel-de-champlain/la-voie-reservee-pour-les-autobus-arrive-a-sa-fin.php">ait impliqué la fin de la voie réservée aux autobus</a>, il faut souligner en amont les efforts de développement et de concertation avec les nombreux paliers gouvernementaux qui ont été réalisés pour permettre l’intégration de ce mode collectif de transport au pont. </p>
<p>En plus de maintenir un lien avec les communautés tout au long du processus, plusieurs initiatives, telles que la communication des enjeux et <a href="https://sustainableinfrastructure.org/project-awards/projet-de-corridor-du-nouveau-pont-champlain-new-champlain-bridge-corridor-project/">l’intégration du développement durable</a> à la gestion environnementale du projet, ont été mises en place afin de favoriser l’acceptabilité sociale du projet.</p>
<h2>Soixante-quatre critères pour concevoir des infrastructures durables</h2>
<p><a href="https://sustainableinfrastructure.org/envision/use-envision/">Envision est un guide</a> pour évaluer 64 critères de développement durable, appelés crédits, et répartis en cinq catégories : qualité de vie, leadership, utilisation des ressources, milieu naturel ainsi que changements climatiques et résilience. </p>
<p><strong>La qualité de vie :</strong> Il s’agit de l’impact d’un projet sur les communautés, depuis la santé et le bien-être des individus jusqu’à celui de l’ensemble de la communauté et incluant l’intégration de l’infrastructure à son milieu.</p>
<p>Il s’agit d’évaluer si les projets d’infrastructure sont conformes aux objectifs et besoins de la communauté, à court et long terme, et s’ils sont intégrés dans les réseaux communautaires existants. Cette catégorie couvre la mobilité, le transport actif, l’amélioration de l’espace urbain ainsi que l’équité et la justice sociale. Les représentants des communautés concernées sont des parties prenantes importantes dans le processus décisionnel. </p>
<p><strong>Le leadership :</strong> Un projet durable exige une nouvelle façon de le concevoir et le mettre en œuvre. Les équipes sont plus performantes si elles collaborent dès le début, si elles impliquent une équipe multidisciplinaire et si elles comprennent une vision holistique à long terme du projet. Cette catégorie couvre la gouvernance, les parties prenantes, les analyses de cycle de vie et la maintenance.</p>
<p><strong>L’utilisation des ressources :</strong> Les ressources sont nécessaires à la construction et au fonctionnement des infrastructures. Il s’agit de la quantité et des caractéristiques de ces ressources et de leur impact sur la durabilité du projet. En plus de couvrir les pratiques d’approvisionnement responsables, le recyclage, la gestion des matières résiduelles, l’utilisation de l’eau et de l’énergie, Envision s’assure du suivi de la performance et de la disponibilité des ressources lors de l’exploitation. </p>
<p><strong>Le milieu naturel :</strong> Les infrastructures peuvent avoir des effets indésirables sur l’environnement, notamment sur les habitats fauniques et floristiques et sur les services écosystémiques. Ceux-ci sont liés aux fonctions essentielles du milieu qui nous fournissent de l’air pur, de l’eau propre et contribuent à l’atténuation des risques. Par exemple, les plaines inondables jouent un rôle pour la régulation des niveaux d’eau. </p>
<p>Envision permet de rehausser la performance des projets avec différentes actions mesurables et permettant de prévenir la pollution et d’améliorer la biodiversité, en plus de renforcer les mesures d’atténuation selon le principe d’évitement, réduction, atténuation et compensation.</p>
<p><strong>Les changements climatiques et la résilience :</strong> Cette catégorie vise à réduire les émissions susceptibles de contribuer au changement climatique et à d’autres risques à court et à long terme, et à veiller à la résilience des infrastructures. </p>
<p>Ainsi, les vulnérabilités doivent être identifiées et permettent de développer un plan pour s’adapter aux risques pour la durée de vie de l’ouvrage. Envision propose aussi le calcul des GES et du <a href="https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/26558155/carbone-intrinseque">carbone intrinsèque</a>, soit la somme du carbone requis tout au long du cycle de vie du projet, pour guider la réduction de l’empreinte des matériaux et du projet et optimiser les méthodes de construction. </p>
<p><strong>Vérification officielle et reconnaissance Envision :</strong> Un pointage est associé lorsque les crédits Envision sont atteints. Il peut être confirmé par une tierce partie, indépendante et formée avec rigueur, au moyen de documents déposés en ligne et démontrant la conformité. Un pourcentage du pointage est ainsi atteint et quatre niveaux de reconnaissance sont possibles : vérifié, argent, or et platine.</p>
<h2>Les bons projets, de la bonne manière</h2>
<p>Les critères Envision sont alignés avec les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dont les entreprises doivent tenir compte. Ils permettent de concrètement reconnaître des initiatives et de proposer des améliorations à l’empreinte de durabilité, de résilience et de gouvernance des organisations et des infrastructures. </p>
<p>Et au-delà de bien réaliser les projets, conformément aux principes de développement durable, Envision permet essentiellement de se demander si nous réalisons les bons projets… et de la bonne manière, ce qui offre un outil de réflexion intéressant pour modifier nos pratiques. </p>
<p>Bien que le système Envision commence à se faire connaître par les principaux donneurs d’ouvrage locaux, et que des projets pilotes sont envisagés ou amorcés, une meilleure compréhension de ses avantages permettra à terme de générer plus de valeur sociétale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/207167/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Maude Brunet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Un nouveau système d’évaluation améliore la durabilité et la résilience des infrastructures au moyen d’indicateurs standardisés. Il permet de réaliser les bons projets, de la bonne manière.Maude Brunet, Professeure agrégée, Gestion de projets, HEC MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2093802023-07-25T20:03:40Z2023-07-25T20:03:40ZUn nouveau rapport laisse penser qu’aucun effort sérieux n’est déployé pour mettre fin au profilage racial à Montréal<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/539373/original/file-20230725-17-ah5wvg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=11%2C5%2C1891%2C1247&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le Service de Police de la Ville de Montréal aurait encore du chemin à faire pour éradiquer le profilage racial au sein de son organisation.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Graham Hughes</span></span></figcaption></figure><p>Un nouveau rapport accablant <a href="https://spvm.qc.ca/upload/02/Rapport_final_2e_mandat.pdf">que vient de rendre public le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sur le profilage racial à Montréal</a> laisse penser que la Ville et ses forces de police <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1990437/spvm-interpellations-dagher-montreal-police">ont renoncé à lutter contre le problème</a>.</p>
<p>Mise à jour d’une étude réalisée en 2019, le rapport rédigé par quatre chercheurs indépendants engagés par le SPVM a révélé que les taux de profilage racial étaient identiques ou supérieurs à ceux enregistrés quatre ans plus tôt. En effet, les personnes noires, autochtones et arabes sont encore particulièrement susceptibles d’être interpellées par les forces de l’ordre.</p>
<p>Ainsi, le rapport souligne les problèmes non seulement du SPVM, mais aussi de l’administration municipale qui a promis depuis longtemps de mettre fin au profilage racial.</p>
<p>Le problème du profilage racial <a href="https://canadiandimension.com/articles/view/robyn-maynard-police-violence-legacy-of-racial-and-economic-injustice">remonte aux prémices de la surveillance policière</a> en Amérique du Nord. Cependant, il attire davantage l’attention du public depuis 10 ou 15 ans.</p>
<h2>L’histoire du profilage racial à Montréal</h2>
<p>Montréal est une ville marquée par une <a href="https://www.ledevoir.com/societe/791858/manifestation-contre-le-profilage-racial-et-le-projet-de-loi-14-a-montreal">longue histoire de manifestations contre la violence et le racisme policiers</a>. La mort de <a href="https://www.ledevoir.com/societe/791858/manifestation-contre-le-profilage-racial-et-le-projet-de-loi-14-a-montreal">Fredy Villanueva</a>, tué par la police dans un parc en 2008, a déclenché des rassemblements de grande envergure. La tournure des événements a pris une telle ampleur, en partie parce que le drame s’est produit au cœur d’une campagne de maintien de l’ordre incroyablement raciste dans un quartier du nord-est de la ville.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/536413/original/file-20230709-27-vczmod.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une femme pleure dans une poignée de mouchoirs" src="https://images.theconversation.com/files/536413/original/file-20230709-27-vczmod.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/536413/original/file-20230709-27-vczmod.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=457&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/536413/original/file-20230709-27-vczmod.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=457&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/536413/original/file-20230709-27-vczmod.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=457&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/536413/original/file-20230709-27-vczmod.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=575&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/536413/original/file-20230709-27-vczmod.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=575&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/536413/original/file-20230709-27-vczmod.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=575&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Lilian Villanueva, mère de Fredy Villanueva, réagit au rapport du coroner sur la mort de son fils lors d’une conférence de presse en 2013 à Montréal. Villanueva a été abattu par la police dans un parc de Montréal en 2008.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<p>Un <a href="https://www.cdpdj.qc.ca/fr/publications/profilage-racial-et-discrimina-1">rapport long et accablant</a> de la Commission des droits de la personne du Québec sur le profilage racial a suivi en 2011, tandis qu’une série de rapports plus courts ont été publiés au cours des cinq années suivantes.</p>
<p>Bien que ces manifestations et ces rapports aient interpellé le SPVM, la lutte contre le profilage racial incombe, en fin de compte, aux entités gouvernementales qui encadrent la police, notamment la Ville de Montréal.</p>
<p>La première véritable intervention de la Ville face aux critiques grandissantes à l’endroit du SPVM a été d’organiser une <a href="https://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=6877,142735375&_dad=portal&_schema=PORTAL">grande consultation publique</a> sur le profilage racial en 2017. La consultation a permis à un grand nombre d’organismes communautaires, d’activistes et de chercheurs d’<a href="https://doi.org/10.1080/02722011.2020.1831139">appeler à une réforme de la police</a>.</p>
<p>Parmi ces revendications figuraient le renforcement du contrôle et de la discipline au sein de la police, l’abolition des interpellations policières arbitraires et le transfert partiel du budget de la police à des initiatives de sécurité centrées sur la communauté.</p>
<p>La Ville a refusé ces demandes, mais a pris une mesure sans précédent en <a href="https://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/COMMISSIONS_PERM_V2_FR/MEDIA/DOCUMENTS/DOCCONSULT_20170519.PDF">demandant au SPVM de réaliser une analyse des interpellations policières par groupe racial</a>, un indicateur clé du profilage racial. Le SPVM a répondu favorablement à la demande et engagé rapidement les trois chercheurs indépendants pour la rédaction d’un rapport.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un manifestant vêtu d’un parka brandit une pancarte dénonçant le profilage racial par la police" src="https://images.theconversation.com/files/536410/original/file-20230709-19-9362vb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/536410/original/file-20230709-19-9362vb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=430&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/536410/original/file-20230709-19-9362vb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=430&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/536410/original/file-20230709-19-9362vb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=430&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/536410/original/file-20230709-19-9362vb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=540&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/536410/original/file-20230709-19-9362vb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=540&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/536410/original/file-20230709-19-9362vb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=540&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des gens participent à une manifestation à Montréal en février 2021 et demandent justice pour un homme noir qui a été arrêté à tort par la police et emprisonné pendant six jours ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Graham Hughes</span></span>
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</figure>
<h2>À quand des mesures ?</h2>
<p>D’une certaine manière, la Ville a repoussé le moment d’agir. Les Montréalais ont été informés que <a href="https://ocpm.qc.ca/sites/default/files/pdf/P100/8-27_Rapport_Armony-Hassaoui-Mulone.pdf">des mesures concrètes seraient décidées après une évaluation plus détaillée du problème, mais que des initiatives seraient prises prochainement</a>.</p>
<p>Entre-temps, une nouvelle administration municipale est entrée en fonction. Valérie Plante a été élue mairesse et son parti, Projet Montréal, a remporté une majorité de sièges lors des élections de novembre 2017. Après l’élection, la <a href="https://www.cbc.ca/news/canada/montreal/montreal-police-report-fail-address-racial-profile-1.4416461">mairesse a annoncé</a> que la lutte contre le « profilage social et racial » constituerait une priorité pour son administration.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/536408/original/file-20230709-191791-djethv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Une femme aux cheveux bruns fait des gestes avec ses mains alors qu’elle parle dans un microphone" src="https://images.theconversation.com/files/536408/original/file-20230709-191791-djethv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/536408/original/file-20230709-191791-djethv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=445&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/536408/original/file-20230709-191791-djethv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=445&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/536408/original/file-20230709-191791-djethv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=445&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/536408/original/file-20230709-191791-djethv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=559&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/536408/original/file-20230709-191791-djethv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=559&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/536408/original/file-20230709-191791-djethv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=559&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La mairesse de Montréal Valérie Plante s’exprime lors d’une conférence de presse à Montréal en août 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Graham Hughes</span></span>
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</figure>
<p>L’analyse des interpellations policières promise en 2017 a finalement été achevée en 2019. Communément appelée <a href="https://spvm.qc.ca/upload/Rapport_Armony-Hassaoui-Mulone.pdf">rapport Armony</a>, l’étude a conclu que les personnes noires et autochtones étaient plus de quatre fois plus susceptibles que les personnes blanches d’être interpellées par la police, tandis que les personnes arabes l’étaient deux fois plus.</p>
<p>Lorsqu’on examine les données en fonction du genre, soulignaient également les auteurs, on observait que les femmes autochtones étaient 11 fois plus susceptibles d’être interpellées que les femmes blanches.</p>
<p>Une fois l’évaluation terminée, la Ville se devait d’agir. Cependant, plutôt que de tenir compte des revendications de la communauté, l’administration de Projet Montréal a investi ses espoirs dans une nouvelle politique d’interpellation policière.</p>
<p>La politique, instaurée en juillet 2020, précise que les interpellations policières ne doivent pas être discriminatoires et qu’elles doivent se fonder sur des « faits observables » qui justifient l’interpellation. Cette politique a été largement critiquée à l’époque, car elle ne faisait que reprendre les dispositions antidiscriminatoires de la Charte canadienne des droits et libertés.</p>
<p>De nombreuses personnes (<a href="https://montrealgazette.com/opinion/opinion-new-montreal-police-policy-wont-stop-racial-profiling">y compris moi-même</a>) ont également fait remarquer que la police pouvait toujours trouver des « faits observables » pour justifier une interpellation motivée par d’autres critères discriminatoires.</p>
<h2>Soutien à la police</h2>
<p>Depuis 2020, l’administration de Valérie Plante a vanté à plusieurs reprises la politique d’interpellation policière comme un antidote efficace au profilage racial. Par exemple, Plante a cité la politique en février 2023, alors qu’elle était appelée à témoigner dans le cadre d’un recours collectif contre la Ville et le SPVM pour profilage racial.</p>
<p>Évoquant la politique, <a href="https://www.noovo.info/nouvelle/action-collective-pour-profilage-racial-temoignage-de-la-mairesse-de-montreal.html">elle a attesté</a> que son équipe était « très proactive et travaillait dur sur le profilage racial ».</p>
<p>Ce récit, déjà contesté, a été totalement discrédité lorsque le rapport actualisé sur le profilage racial a été publié en juin 2023.</p>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/536412/original/file-20230709-27-tqncm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un homme noir chauve fait des gestes pendant qu’il parle" src="https://images.theconversation.com/files/536412/original/file-20230709-27-tqncm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/536412/original/file-20230709-27-tqncm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/536412/original/file-20230709-27-tqncm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/536412/original/file-20230709-27-tqncm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=386&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/536412/original/file-20230709-27-tqncm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=485&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/536412/original/file-20230709-27-tqncm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=485&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/536412/original/file-20230709-27-tqncm3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=485&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Dan Philip, président de la Ligue des Noirs du Québec, répond à une question lors d’une conférence de presse à Montréal en 2019 après qu’un juge ait autorisé un recours collectif contre la Ville pour profilage racial.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Paul Chiasson</span></span>
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</figure>
<p><a href="https://spvm.qc.ca/upload/02/Rapport_final_2e_mandat.pdf">Ce rapport</a> indique que les personnes noires sont aujourd’hui 3,6 fois plus susceptibles d’être interpellées par la police que les personnes blanches (une légère baisse par rapport à 2019), les personnes arabes sont 2,6 fois plus susceptibles d’être interpellées (une légère hausse) et les personnes autochtones sont maintenant six fois plus susceptibles d’être interpellées (une forte hausse). </p>
<p>Si quiconque s’attendait à un mea culpa de la part de la Ville concernant ses maigres efforts pour lutter contre le profilage racial, il y a de quoi être déçu, comme je le suis. Valérie Plante, qui a reconnu avoir été choquée par le rapport de 2019, n’a pas encore commenté publiquement les nouvelles conclusions.</p>
<p>Son collègue Alain Vaillancourt, membre du comité exécutif et responsable de la sécurité publique, s’est contenté de <a href="https://www.ledevoir.com/societe/793501/malgre-un-rapport-extremement-critique-le-spvm-maintient-les-interpellations-policieres">dire qu’il soutenait le directeur de la police de la ville, Fady Dagher</a>, et qu’il se sentait « comfortable » avec son projet visant à changer la « culture » du SPVM. </p>
<p>Dagher a notamment refusé d’appliquer le moratoire sur les interpellations recommandé par les quatre chercheurs et s’est plutôt engagé à se concentrer sur l’amélioration du recrutement et de la promotion des policiers racisés, une <a href="https://doi.org/10.1080/02722011.2020.1831139">mesure en vigueur au SPVM depuis 1991</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1672250179611684864"}"></div></p>
<p>La réponse de la Ville au problème du profilage racial semble avoir franchi une nouvelle étape. Après avoir retardé la prise de mesures en 2017 et mis en œuvre une nouvelle politique plusieurs ont jugé inefficace en 2019, la Ville semble se contenter de laisser le problème entre les mains du directeur de la police renoncer à son rôle de supervision de la police au nom de la population.</p>
<p>Dans une ville ayant une longue histoire de manifestations contre la violence et le racisme policiers, je ne m’attends pas à ce que cette position soit acceptée par la population.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209380/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ted Rutland ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La réponse de la Ville de Montréal au nouveau rapport de la SPVM sur le profilage racial démontre peu de volonté de changer les choses.Ted Rutland, Associate professor, Geography, Planning and Environment, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2066622023-06-12T14:51:12Z2023-06-12T14:51:12ZFaut-il une collaboration entre villes et commerçants pour réussir une piétonnisation ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/531395/original/file-20230612-15-dbyrjc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C6211%2C4138&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des gens déambulent sur la rue Ste-Catherine, devenue piétonne. Pour réussir une piétonnisation, commerçants et dirigeants doivent être en harmonie.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le développement des rues piétonnes a atteint un sommet en 2020 au Québec, en réponse à la pandémie. On souhaitait notamment assurer une <a href="https://theconversation.com/comment-va-t-on-circuler-dans-les-villes-tout-en-etant-distancie-137244">distanciation</a> entre les piétons et permettre l’ouverture des terrasses des restaurants et des bars.</p>
<p>Plusieurs d’entre elles continueront à opérer selon ce mode cet été. Le modèle fait des émules. Ce n’est pas surprenant, puisque les résultats sont parfois fort impressionnants. </p>
<p>Par exemple, la <a href="https://www.nyc.gov/html/dot/downloads/pdf/streets-for-recovery.pdf">ville de New York</a> rapporte des ventes taxables de 20 % supérieures et une meilleure rétention des commerces sur les rues piétonnes, par rapport à celles comparables. Malheureusement, peu de villes ont ainsi rendu publiques des données objectives des retombées de leurs programmes. </p>
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<img alt="graphique" src="https://images.theconversation.com/files/529678/original/file-20230601-16-kkv04o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/529678/original/file-20230601-16-kkv04o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/529678/original/file-20230601-16-kkv04o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/529678/original/file-20230601-16-kkv04o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/529678/original/file-20230601-16-kkv04o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=508&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/529678/original/file-20230601-16-kkv04o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=508&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/529678/original/file-20230601-16-kkv04o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=508&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Variation du nombre de restaurants et bars sur des rues piétonnes (Open Streets) en comparant à des rues contrôles et à la moyenne du quartier à New York.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Streets for Recovery : The Economic Benefits of the NYC Open Streets Program</span></span>
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<p>Dans le cadre de la recherche préparatoire à son mémoire de maîtrise, Roxane Bédard, sous ma direction, a produit un inventaire de ces initiatives au Québec, principalement basé sur la couverture médiatique des projets de piétonnisation. En tant que chercheurs intéressés par les politiques publiques, les villes et la mobilité durable, nous nous intéressons aux acteurs et aux facteurs de succès des projets de transformation de rues. </p>
<p>Ainsi, les Sociétés de Développement Commercial (SDC) sont devenues des facilitatrices souvent indispensables dans les démarches de piétonnisation. Celles-ci ont démontré pouvoir convaincre leurs membres, structurer des solutions acceptables, négocier avec les villes, obtenir des fonds publics pour mener à bien ces activités et maintenir l’engagement de leurs membres, parfois sur le long terme. </p>
<p>Les SDC peuvent également rassembler des voix divergentes. Les restaurants, bars et commerces « de routine », de quartier et de consommation spontanée sont ceux qui gagnent le plus d’une piétonnisation. Au contraire, les propriétaires de commerces dits de « destination », attirant une clientèle vivant plus loin, intéressée par un produit spécialisé difficile à trouver ailleurs, craignent la perte de stationnement et d’achalandage. </p>
<h2>Pas seulement dans les grandes villes, mais plus difficile en région</h2>
<p>Dans les dernières années, près d’une quarantaine de rues commerciales piétonnes ont été déployées au Québec. </p>
<p>Avant la pandémie, des projets de piétonnisation existaient, autant à Montréal et Québec qu’en région, mais généralement dans une logique événementielle et ponctuelle. Le centre-ville de Trois-Rivières est ainsi passé depuis 2020 d’une piétonnisation les <a href="https://www.lechodetroisrivieres.ca/actualites/culturel/294296/lanimation-estivale-du-centre-ville-un-incontournable">vendredi et samedi soir</a> à une rue piétonne <a href="https://www.v3r.net/a-propos-de-la-ville/communications/actualites/retour-de-la-pietonnisation-dune-partie-de-la-rue-des-forges">permanente lors de la saison estivale</a>. <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1978358/economie-environnement-commerces-abitibi">Rouyn-Noranda</a> et <a href="https://www.latribune.ca/2023/03/22/well-nord--une-pietonnisation-limitee-et-un-sens-unique-cet-ete-acc5cd6704b3ecbc645b979859bfd2e9/">Sherbrooke</a> ont suivi des trajectoires similaires. </p>
<p>Bien que la plupart des piétonnisations de 2020 aient été couronnées de succès, aucun de ces projets n’ont été reconduits en 2023 dans les autres villes recensées, soit <a href="https://lelacstjean.com/actualite/le-centre-ville-dalma-sanimera/">Alma</a>, <a href="https://lecourrier.qc.ca/le-rapport-de-saint-hyacinthe-technopole-rendu-public/">Saint-Hyacinthe</a>, <a href="https://www.lenouvelliste.ca/2021/04/14/Covid-19-rues-pietonnes-et-terrasses-elargies-encore-cet-ete-a-shawinigan-9c4f70f784ec580ec57d9d675a3ea505/">Shawinigan</a>, <a href="https://www.lechodelatuque.com/actualites/sdc-partenariat-avec-la-sadc-et-trois-nouveaux-axes-dintervention/">La Tuque</a> et <a href="https://www.lanouvelle.net/actualites/la-rue-notre-dame-demeurera-ouverte/">Victoriaville</a>. La SDC de La Tuque déclare toutefois avoir vu l’intérêt de s’impliquer dans l’urbanisme et l’embellissement, tandis que celles de Victoriaville et de Saint-Hyacinthe retourneront à l’animation ponctuelle. </p>
<p>L’abandon des projets de piétonnisation semble ainsi plus fréquent en région. À Montréal, un <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwix0KiFnaX_AhVijIkEHew8DhAQFnoECAkQAQ&url=http%3A%2F%2Fville.montreal.qc.ca%2Fpls%2Fportal%2Fdocs%2FPAGE%2FARROND_VSP_FR%2FMEDIA%2FDOCUMENTS%2FPROGRAMME_RUES_PIETONNES_2017.PDF&usg=AOvVaw1k8ngt948H7iZbFNaOoR2B">programme</a> de subvention de rues piétonnes et partagées en vigueur depuis 2015 facilite certainement le succès et la pérennisation de celles-ci. <a href="https://www.ledevoir.com/societe/791899/urbanisme-les-pietons-ont-conquis-le-plateau-mont-royal">Ainsi à Montréal cet été, dix rues seront piétonnes</a>. Mont-Royal le sera durant quatre mois plutôt que trois.</p>
<p>Un programme panquébécois de subventions pourrait aider à remédier cette disparité. En effet, cela pourrait clarifier les objectifs et les modalités de la piétonnisation tout en partageant le fardeau des coûts.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/529875/original/file-20230602-15-1t42o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/529875/original/file-20230602-15-1t42o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=813&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/529875/original/file-20230602-15-1t42o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=813&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/529875/original/file-20230602-15-1t42o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=813&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/529875/original/file-20230602-15-1t42o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1021&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/529875/original/file-20230602-15-1t42o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1021&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/529875/original/file-20230602-15-1t42o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1021&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Foule piétonne marchant sur la rue Sainte-Catherine dans le Village à Montréal sous les boules roses en 2016..</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Carl Campbell)</span></span>
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<h2>Partager le risque politique de la piétonnisation</h2>
<p>Bien qu’une SDC ne soit pas nécessaire à la piétonnisation, elle y est très utile. </p>
<p>Elle permet notamment à la Ville de déléguer les responsabilités d’animation et de gestion et de traiter avec un unique interlocuteur. Dans le quartier Mile-End, à Montréal, faute d’une SDC, un conseiller municipal a dû aller voir chacun des commerçants pour leur expliquer le concept de rue partagée. </p>
<p>Pour les commerçants, une SDC permet d’avoir une voix forte et unie auprès des élus pour mettre des ressources en commun, réclamer des aménagements favorables aux commerces et obtenir des <a href="https://journalmetro.com/local/2792940/societes-developpement-commercial-montreal-132-trois-ans/">fonds</a>. Des subventions qui stimulent le dynamisme des artères commerciales tout en améliorant la qualité de vie tendent à établir un <a href="https://www.ledevoir.com/bis/625500/le-pari-reussi-de-la-pietonnisation">certain consensus</a>. </p>
<p>La création de rues piétonnes encourage la mobilité active, ce qui peut être mal vu des automobilistes. Ainsi, les politiciens municipaux peuvent partager une partie du risque politique de ces changements dans l’aménagement avec la SDC. Le maire de <a href="https://www.lechodelatuque.com/actualites/la-rue-commerciale-sera-pietonniere-cet-ete/">La Tuque</a>, disait en 2020 qu’il n’avait jamais osé piétonniser son centre-ville, même s’il y pensait depuis longtemps, mais qu’avec le soutien de la SDC, c’était maintenant le bon moment. La participation des acteurs commerciaux peut servir d’impulsion au projet même s’il s’agit d’une décision de la municipalité.</p>
<p><a href="https://www.lanouvelle.net/actualites/notre-dame-en-partie-pietonniere-pas-que-des-heureux/">La SDC</a> peut également rejeter une partie de la responsabilité sur la Ville en cas de problèmes, puisque que cette dernière est formellement responsable du projet. En somme, à travers le processus de piétonnisation, la Ville et la SDC forment une relation fort symbiotique ! </p>
<h2>Vers une transformation de la mobilité</h2>
<p>La piétonnisation d’artères commerciales est une démarche importante dans la transition vers une mobilité durable. </p>
<p>Pour que les commerçants puissent collectivement participer à cette transformation, ils devront probablement militer au-delà de leur tronçon commercial respectif, et en considérer plus généralement l’accès par des modes alternatifs. En effet, si on réduit ou complique l’accès à une artère commerciale en automobile, on doit l’augmenter par d’autres modes de transport pour qu’elle conserve son dynamisme, son attractivité et son bassin de clientèle. Ainsi, <a href="https://www.st-hyacinthe.ca/services-aux-citoyens/transport-collectif/horaire-dautobus">sans transport collectif</a> vers le centre-ville le dimanche à Saint-Hyacinthe, on a restreint en partie l’accès à l’artère. </p>
<p>En se mobilisant pour diversifier les modes d’accès à leurs artères commerciales, particulièrement si elles sont piétonnisées, les SDC du Québec pourraient devenir des alliées de taille à la mobilité durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/206662/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ugo Lachapelle a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), notamment pour travailler sur le rôle des différentes formes d'accès à l'alimentation dans la mobilité quotidienne et la possession d'automobile. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Roxane Bédard est subventionnée par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), notamment pour travailler sur le rôle des différentes formes d'accès à l'alimentation dans la mobilité quotidienne et la possession d'automobile. </span></em></p>La piétonnisation est une bonne stratégie pour démarquer les artères commerciales des centres commerciaux. Les SDC sont devenues des facilitatrices souvent indispensables de cette démarche.Ugo Lachapelle, Professeur au département d'études urbaines et touristiques, Université du Québec à Montréal (UQAM)Roxane Bédard, Auxiliaire de recherche en études urbaines, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1955062023-01-19T16:00:09Z2023-01-19T16:00:09ZLa fiscalité, un outil précieux pour résoudre la crise du logement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/505177/original/file-20230118-16-izbt03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2995%2C2061&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des manifestants réclament davantage de logements sociaux et abordables à Montréal, le 24 avril 2021. Une des manières d'y parvenir serait grâce à la fiscalité.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Graham Hughes</span></span></figcaption></figure><p>La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a adopté le 24 novembre dernier sa <a href="https://cmm.qc.ca/communiques/la-cmm-se-dote-dune-premiere-politique-en-habitation/">première politique d’habitation</a>.</p>
<p>Celle-ci arrive dans un contexte de <a href="https://www.nbc.ca/content/dam/bnc/taux-analyses/analyse-eco/logement/housing-affordability.pdf">dégradation importante de l’abordabilité du logement dans de nombreuses villes canadiennes</a>. En effet, les coûts supportés par les ménages pour se loger dans les grandes villes canadiennes, dont Montréal, augmentent bien plus vite que leurs revenus.</p>
<p>Face à cet enjeu, la CMM propose plusieurs mesures visant à accroître l’offre de logements aux ménages montréalais, dont l'insuffisance est de plus en plus souvent signalée comme une des <a href="https://www.cmhc-schl.gc.ca/fr/lobservateur-du-logement/2022/retablir-labordabilite-dici-2030">causes de l’envolée de leurs prix</a>. Cette politique est donc bienvenue. Elle repose toutefois essentiellement sur la construction de nouveaux logements sociaux et privés, et sur la rénovation des logements plus anciens.</p>
<p>Professeur d’économie à l’ESG-UQAM et spécialiste des questions d’économie urbaine, je pense qu’une dimension importante est ignorée dans cette première politique métropolitaine d’habitation : l’utilisation de la fiscalité afin de s’assurer que tous les logements déjà existants soient effectivement mis à la disposition des Montréalais.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/505178/original/file-20230118-7953-usmvs7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505178/original/file-20230118-7953-usmvs7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505178/original/file-20230118-7953-usmvs7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505178/original/file-20230118-7953-usmvs7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505178/original/file-20230118-7953-usmvs7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505178/original/file-20230118-7953-usmvs7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505178/original/file-20230118-7953-usmvs7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=571&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une femme brandit une pancarte réclamant plus de logements sociaux et abordables lors d’une manifestation à Montréal, le 24 avril 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Graham Hughes</span></span>
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<h2>Construire et rénover des logements, pas si simple aujourd’hui</h2>
<p>Accroître le stock de logements de qualité en rénovant les anciens et en en construisant de nouveaux est sans aucun doute nécessaire. Mais dans le contexte actuel, <a href="https://www.cmhc-schl.gc.ca/fr/lobservateur-du-logement/2022/offre-logements-dans-6-grandes-villes-canada">il s’agit d’une avenue difficile et incertaine</a>.</p>
<p>En effet, les pénuries de main-d’œuvre n’épargnent pas le secteur de la construction. De plus, l’inflation et les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement durant la pandémie ont engendré une augmentation importante des coûts de construction. Enfin, la hausse récente des taux d’intérêt risque de conduire les <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/230116/dq230116b-eng.htm">promoteurs à mettre certains projets sur la glace</a>.</p>
<p>Compte tenu des difficultés de recrutement dans le secteur de la construction, les <a href="https://www.cmhc-schl.gc.ca/fr/salle-de-presse/news-releases/2022/penurie-logements-canada-capacite-main-doeuvre-qualifiee">estimations sont peu optimistes</a> : il sera impossible pour la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec de rétablir l’abordabilité d’ici 2030. De plus, des <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2022-12-03/crise-de-l-habitation/des-chantiers-sur-pause-malgre-la-penurie.php">lenteurs dans les processus administratifs d’octroi des permis de construire et des freins mis par les municipalités</a> <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2022-12-03/crise-de-l-habitation/des-chantiers-sur-pause-malgre-la-penurie.php">à certains projets immobiliers</a> sont parfois à regretter. D’autres leviers doivent donc être mobilisés en parallèle de la construction de nouveaux logements.</p>
<h2>Des logements existants indisponibles pour les résidents</h2>
<p>Le recensement de la population permet d’identifier le nombre de logements qui ne sont pas occupés par des « résidents habituels » : cela inclut les logements inoccupés, ceux détenus par des personnes dont la résidence principale se situe ailleurs au Canada ou à l’étranger, ou encore offerts sur les plates-formes de location à court terme, telles Airbnb. À Montréal, ce sont <a href="https://censusmapper.ca/maps/3055#8/45.346/-73.943">7,1 % des logements qui seraient dans cette situation en 2021</a>.</p>
<p>Des <a href="https://financialpost.com/real-estate/busting-the-myth-of-canadas-million-or-more-vacant-homes">débats existent concernant la part de ces logements qui pourraient être réellement rendus disponibles pour les résidents</a>. On sait que certains propriétaires préfèrent ne pas mettre les logements qu’ils détiennent sur le marché locatif à long terme. À cela plusieurs raisons : ils occupent temporairement ces logements à titre de résidences secondaires, ils trouvent plus rentable de les louer pour des courtes périodes, ou ils ne souhaitent pas avoir à gérer les parfois difficiles relations propriétaire-locataire. Dans tous les cas, le retrait de ces logements de l’offre immobilière peut conduire à aggraver les problèmes d’abordabilité.</p>
<p>De nombreuses études montrent qu’à <a href="https://www.bde.es/f/webpi/SES/seminars/2019/Fich/sie20191210.pdf">Barcelone</a>, <a href="https://www.diw.de/documents/publikationen/73/diw_01.c.796620.de/dp1890.pdf">Berlin</a>, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0094119021000383">Los Angeles</a> et dans l’ensemble des <a href="https://marketing.wharton.upenn.edu/wp-content/uploads/2019/08/09.05.2019-Proserpio-Davide-Paper.pdf">villes américaines</a>, l’arrivée d’Airbnb a contribué à l’augmentation des loyers et du prix de vente des logements.</p>
<h2>La taxation des logements vacants, un outil qui a fait ses preuves</h2>
<p>Afin d’inciter les propriétaires à mettre leurs logements vacants en vente ou en location de long terme, plusieurs villes ou pays ont eu recours à la fiscalité.</p>
<p>Au Canada, <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/national/2022-11-26/ottawa-commence-a-taxer-les-logements-vacants.php">Ottawa vient de mettre en place</a> une taxe sur les logements vacants dont les recettes serviront à financer la construction de logements abordables. Toronto, où le <a href="https://www.theglobeandmail.com/business/article-vacant-homes-are-on-the-rise-in-toronto-census-indicator-suggests/">nombre de logements vacants tend à augmenter</a>, aura également une <a href="https://www.toronto.ca/services-payments/property-taxes-utilities/vacant-home-tax/">taxe de ce type en 2023</a>. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0047272719301409?fr=RR-2&ref=pdf_download&rr=7748ff1e28434bd1">L’évaluation d’une taxe sur les logements vacants mise en œuvre en France</a> à la fin des années 1990 montre qu’elle a permis de faire significativement baisser le taux de vacance.</p>
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<img alt="Vue extérieure d’un immeuble à condos" src="https://images.theconversation.com/files/505179/original/file-20230118-14-5sy7jz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/505179/original/file-20230118-14-5sy7jz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/505179/original/file-20230118-14-5sy7jz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/505179/original/file-20230118-14-5sy7jz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/505179/original/file-20230118-14-5sy7jz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/505179/original/file-20230118-14-5sy7jz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/505179/original/file-20230118-14-5sy7jz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Plusieurs appartements montréalais restent vacants ou louer seulement sur des plates-formes comme Airbn. Afin d’inciter les propriétaires à mettre leurs logements vacants en vente ou en location de long terme, plusieurs villes ou pays ont eu recours à la fiscalité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Son impact a été particulièrement fort dans les villes où le taux de vacance était élevé et pour les logements qui étaient vacants depuis longtemps. En Colombie-Britannique, une taxe sur la spéculation et les logements vacants a été mise en place en 2018. La Ville de Vancouver a pris au même moment d’autres mesures sur les logements vacants et sur les locations à court terme. <a href="https://www.bcrea.bc.ca/wp-content/uploads/Speculation-and-Vacancy-Tax.pdf">Une étude montre un ralentissement des prix de l’immobilier peu de temps après</a>, surtout à Vancouver, où la situation était particulièrement critique.</p>
<h2>Taxer aussi les terrains vacants</h2>
<p>Par ailleurs, il arrive que les promoteurs immobiliers achètent des terrains, mais n'y construisent pas immédiatement. Ils attendent pour le faire des conditions de marché plus favorables afin de réaliser des profits plus élevés. C’est ce que l’on appelle le « land banking », et cela contribue également à aggraver la pénurie de logements.</p>
<p>Afin de contrer ce phénomène, une taxe exceptionnelle sur les terrains vacants pourrait être utile. De manière générale, une réforme de la fiscalité foncière conduisant à un <a href="https://www.ledevoir.com/opinion/idees/699180/point-de-vue-reformer-l-impot-foncier-pour-accroitre-l-offre-de-logements">taux de taxe (beaucoup) plus élevé sur les terrains que sur les bâtiments</a> stimulerait la <a href="https://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/NTJ41789240">construction de logements et la densification de ces derniers</a>.</p>
<p>En effet, lorsque le taux de taxe sur les terrains est plus élevé, il devient avantageux de construire plus de logements sur chaque parcelle afin de répartir la taxation du terrain entre un nombre plus élevé de propriétaires. Cette évolution est préférable à la <a href="https://www.ledevoir.com/societe/transports-urbanisme/773973/ces-villes-qui-taxent-la-densite">taxation majorée des immeubles de six étages ou plus que plusieurs municipalités du Grand Montréal mettent ou souhaitent mettre en œuvre</a>. Cette dernière décourage en effet la densification urbaine, qui est pourtant souhaitable pour accroître l’offre de logements tout en respectant au mieux les limites environnementales.</p>
<p>Il est certain que de tels changements de la fiscalité foncière ne feraient pas que des heureux. <a href="https://doodles.mountainmath.ca/blog/2020/12/07/what-to-expect-from-an-empty-homes-tax/">De plus, la fiscalité ne résoudra pas à elle seule la pénurie de logements</a>.</p>
<p>Mais taxer les logements et les terrains vacants est un moyen efficace de s’assurer que le stock de logements et de terrains existants est utilisé au mieux. La fiscalité fait partie des outils à activer pour créer un écosystème du logement qui favorise l’abordabilité. Cela permettrait par ailleurs, le temps que les propriétaires adaptent leur comportement, de dégager des ressources utiles pour le financement de nouveaux logements abordable pour les ménages.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195506/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florian Mayneris a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines. </span></em></p>Les coûts supportés par les ménages pour se loger dans les grandes villes canadiennes augmentent bien plus vite que leurs revenus. Une fiscalité innovante pourrait aider à résoudre la crise du logement.Florian Mayneris, Professor, Urban Economics, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1968432023-01-10T15:00:37Z2023-01-10T15:00:37ZCOP15 sur la biodiversité : les entreprises veulent - aussi - faire partie de la solution<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/503651/original/file-20230109-6413-jtsw2x.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=215%2C34%2C7349%2C5557&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des manifestants portent des masques des milliardaires Bill Gates et Jeff Bezos lors de la COP15 sur la biodiversité, le 15 décembre 2022, à Montréal. Pour la première fois dans une COP, les grandes entreprises, présentes en grand nombre, avaient leur propre agenda.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Ryan Remiorz</span></span></figcaption></figure><p>La <a href="https://www.cbd.int/conferences/2021-2022">15ᵉ Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique</a> (COP 15), qui s’est déroulée en décembre 2022 à Montréal, a abouti sur l’adoption dite « historique » d’un cadre visant à protéger au moins 30 % des zones terrestres et marines d’ici 2030.</p>
<p>Le <a href="https://www.cbd.int/doc/c/0bde/b7c0/00c058bbfd77574515f170bd/cop-15-l-25-fr.pdf">Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal</a> guidera ainsi les efforts mondiaux en matière de conservation et d’utilisation durable de la biodiversité pour les huit prochaines années.</p>
<p>La COP 15 a également donné lieu à une mobilisation sans précédent des entreprises. Pour la première fois dans une COP sur la biodiversité, de nombreux événements et espaces leur ont été dédiés avec une participation record, notamment un <a href="https://www.cbd.int/article/cop15-business-biodiversity-forum">Forum entreprises et biodiversité</a> qui s’est tenu du 12 au 13 décembre 2022. Parmi les firmes participantes, de gros noms : Total Energies, BP, Vale, IKEA, Holcim et Walmart.</p>
<p>Professeure à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, où je fais des recherches sur la responsabilité sociale des entreprises, j’ai été l’une des représentantes du Centre du droit de l’environnement et de la durabilité mondiale à la COP 15 en tant qu’observatrice. Je me propose de vous présenter un survol des principaux messages des entreprises lors de cette conférence.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-cop15-a-ete-un-succes-mais-les-cibles-ambitieuses-de-protection-de-la-biodiversite-seront-elles-atteintes-195185">La COP15 a été un succès. Mais les cibles ambitieuses de protection de la biodiversité seront-elles atteintes ?</a>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/503657/original/file-20230109-7992-v5phpw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503657/original/file-20230109-7992-v5phpw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=396&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503657/original/file-20230109-7992-v5phpw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=396&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503657/original/file-20230109-7992-v5phpw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=396&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503657/original/file-20230109-7992-v5phpw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503657/original/file-20230109-7992-v5phpw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503657/original/file-20230109-7992-v5phpw.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des membres du Réseau mondial des jeunes pour la biodiversité manifestent dans les halls du centre de convention lors de la conférence de la COP15 sur la biodiversité à Montréal, le 16 décembre 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Paul Chiasson</span></span>
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<h2>Un cadre ambitieux pour tous, y compris pour les entreprises</h2>
<p>À la COP 15, les entreprises ont, elles aussi, réclamé un engagement politique fort, avec l’adoption d’un cadre ambitieux et exigeant, aux objectifs mesurables. Une fois traduits en directives étatiques claires, ces objectifs guideraient leurs actions en faveur d’un impact positif sur la nature.</p>
<p>Elles se sont déclarées favorables à l’adoption de la Cible 15 du Cadre mondial, reconnaissant ainsi les limites des mécanismes volontaires et la nécessité de la régulation étatique pour résoudre la crise de la biodiversité, notamment en termes d’incitatifs positifs (taxes sur la pollution, redevances, etc.) Cette cible enjoint les États à prendre des mesures (dont juridiques) pour exiger que les entreprises et les institutions financières contrôlent, évaluent et divulguent leurs risques, dépendances et impacts sur la biodiversité afin de les réduire.</p>
<p>Les entreprises s’attendent donc à ce que la divulgation obligatoire des risques liés à la nature puisse se généraliser.</p>
<h2>Les entreprises veulent faire partie du changement</h2>
<p>L’importance de la participation de tous dans la mise en œuvre du Cadre mondial a été maintes fois soulignée par les panélistes du Forum entreprises et biodiversité.</p>
<p>Les entreprises ont martelé leur volonté de faire partie du changement et, faute d’expertise suffisante, se sont dites ouvertes à collaborer avec l’ensemble des acteurs à tous les niveaux, pour y parvenir. Certes, des défis concernant les données (parfois nombreuses, mais disparates, ou alors peu fiables et peu consolidées) sur les impacts de leurs activités ont souvent été évoqués. Mais un Cadre mondial fort leur semble être un bon point de départ pour concentrer leurs efforts sur des objectifs et indicateurs précis.</p>
<h2>L’argent, le nerf de la guerre</h2>
<p>La mobilisation des ressources financières a été au cœur des discussions à Montréal.</p>
<p>C’est l’un des enjeux sur lesquels les États ont eu le plus du mal à s’entendre jusqu’à la toute fin, et sans nul doute un élément déterminant pour une mise en œuvre réussie du Cadre mondial, dont l’ambition devra être suivie par des investissements importants.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/503660/original/file-20230109-9349-urcf3z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/503660/original/file-20230109-9349-urcf3z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/503660/original/file-20230109-9349-urcf3z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/503660/original/file-20230109-9349-urcf3z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=394&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/503660/original/file-20230109-9349-urcf3z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=496&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/503660/original/file-20230109-9349-urcf3z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=496&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/503660/original/file-20230109-9349-urcf3z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=496&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une bannière protestant contre le poids des milliardaires dans la crise climatique a été installée sur un immeuble jouxtant la Banque de Montréal, au centre-ville de Montréal, lors de la COP15 sur la biodiversité, le 15 décembre 2022. L’un des grands enjeux au cœur des discussions à Montréal est la mobilisation des ressources financières.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<p>Par exemple, il ne suffira pas d’accroître à 30 % la superficie des zones terrestres et marines protégées de la planète : il faudra encore s’assurer que ces aires protégées soient bien gérées. Il y a un risque de passer à côté des objectifs sans un soutien financier conséquent de cette mise en œuvre. Les mécanismes financiers traditionnels existants ont leurs limites en termes d’accès. Il faut aussi des mécanismes novateurs. En ce sens, il a été proposé de diversifier les sources de financement, issu à la fois du secteur public et privé.</p>
<p>Les entreprises sont donc interpellées et se voient reconnaître un rôle important dans le financement de la mise en œuvre du Cadre mondial, notamment au moyen de différents instruments fondés sur le marché.</p>
<h2>Un engagement controversé</h2>
<p>S’il est clair que le « business as usual » n’est plus possible pour les entreprises, leur engagement, tant dans la protection de la biodiversité que dans son financement, n’est pas sans soulever des questions, notamment en termes de légitimité.</p>
<p>En effet, leur implication demeure étroitement liée à la stratégie corporative visant à améliorer leur image et à réduire leurs risques d’affaires. Elle est donc d’abord et avant tout motivée par des objectifs d’intérêt privé, contrairement à l’intérêt global de l’ensemble de la planète qui anime les États ayant adopté le Cadre mondial.</p>
<p>Par ailleurs, leur implication favorise l’intégration d’une logique et d’instruments fondés sur le marché dans la protection de la biodiversité, ce qui renforce la marchandisation et la financiarisation de la nature. Selon <a href="https://content.time.com/time/business/article/0,8599,1970173,00.html">Edward Barbier</a> professeur d’économie à la Colorado State University, « the reason we’re losing natural capital is because it’s free » (« la raison pour laquelle nous perdons le capital naturel est qu’il est gratuit »).</p>
<h2>La valeur intrinsèque de la biodiversité</h2>
<p>Dans les discours des entreprises présentes à la COP 15, un thème revenait : il faudrait donner une valeur monétaire à la biodiversité pour résoudre le problème de sa déperdition.</p>
<p>Une telle évaluation économique de la biodiversité rend possible sa substituabilité ou sa compensation par d’autres formes de capital, dont celui financier. Mais est-ce vraiment une bonne chose ? Comme le soulignent <a href="https://greenfinanceobservatory.org/wp-content/uploads/2022/11/openletternaturepositive-final-3.pdf">certains experts</a>, les problèmes actuels de la biodiversité ont été créés par les distorsions de l’économie de marché. Les résoudre à travers ce même système a le potentiel de les aggraver, en induisant de mauvaises décisions.</p>
<p>Et puis, est-il réellement possible d’attribuer une valeur marchande aux éléments de la biodiversité et à leurs fonctions écologiques, vitales pour la survie de l’humanité ? L’utilitarisme a ses limites.</p>
<p>Or, les négociations lors de cette COP 15, axées sur les intérêts nationaux, semblent avoir occulté la valeur intrinsèque de la biodiversité. Au-delà de la valeur économique qu’elle revêt, quel pays pouvait véritablement prétendre s’être présenté à cette COP en ayant uniquement à cœur la survie des lémuriens, des orangs-outans ou des ours polaires, en eux-mêmes et pour eux-mêmes ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196843/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lynda Hubert Ta est membre du Centre du droit de l'environnement et de la durabilité mondiale de l'Université d'Ottawa, duquel elle a reçu un financement pour participer à la COP 15.</span></em></p>Lors de la COP15, les entreprises ont réclamé un engagement politique fort, avec l’adoption d’un cadre ambitieux, aux objectifs mesurables. Mais leur engagement n’est pas sans soulever des questions.Lynda Hubert Ta, Professeur en droit, L’Université d’Ottawa/University of OttawaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1951852022-12-23T14:18:26Z2022-12-23T14:18:26ZLa COP15 a été un succès. Mais les cibles ambitieuses de protection de la biodiversité seront-elles atteintes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/502254/original/file-20221220-20-jr3say.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C8061%2C5148&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les parties à la Convention sur la diversité biologique ont adopté leur nouveau cadre mondial pour la biodiversité post-2020 le 19 décembre 2022.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Paul Chiasson</span></span></figcaption></figure><p>La pandémie de Covid-19 n’a pas seulement altéré nos vies depuis 2020, elle a également eu de profonds impacts sur la collaboration internationale, notamment en matière de protection de la biodiversité.</p>
<p>Initialement prévue en octobre 2020, soit 10 ans après le <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/organisation/affaires-internationales/partenariats-organisations/protocole-nagoya-acces-ressources-genetiques.html">protocole de Nagoya</a> et <a href="https://www.cbd.int/doc/strategic-plan/2011-2020/Aichi-Targets-FR.pdf">l’adoption des objectifs d’Aichi</a>, la seconde partie de la <a href="https://www.cbd.int/conferences/2021-2022">Conférence des Parties sur la Convention de la Biodiversité des Nations-Unies (COP CDB) de Kunming</a> a été reportée, et s’est finalement tenue à <a href="https://www.ledevoir.com/environnement/725454/montreal-accueillera-la-deuxieme-partie-de-la-cop15-du-5-au-17-decembre">Montréal du 7 au 19 décembre 2022</a>.</p>
<p>Chercheurs à l’Université d’Ottawa et à l’UQAM, nous avons représenté le Centre du droit de l’environnement et de la durabilité mondiale à la COP 15 en tant qu’observateurs durant toute la conférence.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/cop-27-une-decision-historique-et-un-terrible-statu-quo-194151">COP 27 : une décision historique… et un terrible statu quo</a>
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<h2>Un nouveau cadre pour tenter d’arrêter l’érosion de la biodiversité</h2>
<p>Les négociations de la COP15 se sont cristallisées autour de trois thèmes majeurs interreliés, selon les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1941211/pays-pauvres-quittent-sommet-biodiversite-financement">déclarations de certaines délégations</a> : l’adoption d’un nouveau cadre mondial de la biodiversité post-2020, la mobilisation de ressources financières et l’encadrement de l’information de séquençage numérique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/502467/original/file-20221221-25-jeeqn6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502467/original/file-20221221-25-jeeqn6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502467/original/file-20221221-25-jeeqn6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502467/original/file-20221221-25-jeeqn6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=380&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502467/original/file-20221221-25-jeeqn6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502467/original/file-20221221-25-jeeqn6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502467/original/file-20221221-25-jeeqn6.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=477&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le premier ministre Justin Trudeau prononce un discours lors de la cérémonie d’ouverture de la conférence de l’ONU sur la biodiversité à Montréal, le 6 décembre 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Paul Chiasson</span></span>
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</figure>
<p>La <a href="https://www.cbd.int/doc/strategic-plan/2011-2020/Aichi-Targets-FR.pdf">décennie des Nations-Unies sur la biodiversité 2011-2020</a> n’a pas été suffisante pour inverser le cours de la <a href="https://www.weforum.org/agenda/2022/10/nature-loss-biodiversity-wwf/">perte de la biodiversité</a> et assurer sa conservation à travers le monde. En effet, la majorité des États-Parties, dont le Canada, ont échoué à atteindre à l’horizon 2020 les <a href="https://www.cbd.int/aichi-targets/#:%7E:text=To%20improve%20the%20status%20of,ecosystems%2C%20species%20and%20genetic%20diversity.">20 objectifs fixés dans les cibles d’Aichi</a>. Dans ce contexte, un des enjeux majeurs de la COP15 consistait dans l’adoption (avec deux ans de retard) de nouveaux objectifs ambitieux, chiffrés et mesurables pour la protection de la biodiversité à l’horizon 2030.</p>
<p>Compte tenu de cela, la COP15 peut être considérée comme un succès avec <a href="https://s3.documentcloud.org/documents/23466127/cop-15-l-25-en-1_221219_035022.pdf">l’adoption du Cadre mondial pour la Biodiversité de Kunming-Montréal</a>. Ce cadre adopté dans la nuit de dimanche à lundi comprend <a href="https://twitter.com/CELGS/status/1605272501260804096">quatre objectifs</a> et <a href="https://twitter.com/CELGS/status/1605272728134889473">23 cibles</a> parmi lesquelles la cible 3 (ou 30 par 30) visant à protéger au moins 30 % des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines d’ici 2030. Ce cadre constituera la feuille de route des États pour les huit prochaines années.</p>
<h2>Les nouvelles ressources financières toujours insuffisantes pour les pays en développement</h2>
<p>Dans la course pour la réalisation de ces cibles, le financement jouera un rôle clé.</p>
<p>Les pays en développement, qui abritent une large part de la biodiversité mondiale, l’ont bien compris et ont insisté sur ce point durant les deux semaines de négociations. Les pays développés se sont finalement engagés à fournir aux pays en développement <a href="https://s3.documentcloud.org/documents/23466127/cop-15-l-25-en-1_221219_035022.pdf">20 milliards de dollars par an d’ici à 2025 puis 30 milliards par an d’ici à 2030</a> pour la mise en œuvre du nouveau cadre mondial (aujourd’hui ces financements sont de l’ordre de 10 milliards de dollars).</p>
<p>Ces engagements, même s’ils sont supérieurs aux propositions initiales des pays développés, demeurent inférieurs aux attentes des pays en développement qui demandaient <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1941028/cop15-pays-nord-defavorable-nouveau-fonds-biodiversite">100 milliards de dollars par an</a>.</p>
<h2>Un nouveau mécanisme pour encadrer l’ISN</h2>
<p>Dernier sujet âprement discuté durant les deux semaines de négociation : l’encadrement de l’usage et de l’exploitation de <a href="https://www.ledevoir.com/environnement/774673/les-donnees-genetiques-un-enjeu-majeur-et-meconnu-des-negociations-a-la-cop15">l’information de séquençage numérique (ISN)</a>.</p>
<p>Il s’agit de ressources cruciales pour la recherche scientifique, disponibles en ligne, gratuitement et parfois sans aucune traçabilité vers les pays d’origine des ressources. Ces informations <a href="https://www.youtube.com/watch?v=xJ0ZjpY0VQo&t=194s">conservées au sein de larges bases de données en ligne</a> ne font jusqu’à ce jour l’objet d’aucun partage des avantages qui découlent de leur exploitation.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/502468/original/file-20221221-11-748g1z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502468/original/file-20221221-11-748g1z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=396&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502468/original/file-20221221-11-748g1z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=396&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502468/original/file-20221221-11-748g1z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=396&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502468/original/file-20221221-11-748g1z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502468/original/file-20221221-11-748g1z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502468/original/file-20221221-11-748g1z.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=498&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des membres du Réseau mondial des jeunes pour la biodiversité manifestent dans les couloirs du Palais des congrès, lors de la conférence de la COP15 à Montréal, le 16 décembre 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Paul Chiasson</span></span>
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<p>Ces avantages, notamment financiers, pourraient pourtant potentiellement être mobilisés en partie à des fins de conservation de la biodiversité. Ceci est un sujet de mécontentement profond pour les États qui ont fourni les ressources dont est issue l’ISN, notamment les pays du <a href="https://www.theglobeandmail.com/canada/article-cop15-save-nature-genetic-diversity/">groupe africain</a>.</p>
<p>À l’issue de négociations très tendues, une <a href="https://www.cbd.int/doc/c/6d20/a2aa/a5690825c94dfba69847ab8f/cop-15-l-30-fr.pdf">solution de compromis a été retenue</a> : l’adoption d’un mécanisme multilatéral de partage ainsi qu’un fonds mondial dont les détails seront négociés lors de la prochaine COP, qui sera organisée dans deux ans, en Turquie. En parvenant à cet accord, les parties ont évité un blocage de l’adoption du cadre mondial de la biodiversité qui avait été brandi par certains États.</p>
<h2>Un manque de confiance entre les pays développés et en développement</h2>
<p>Comme lors de la négociation des objectifs d’Aichi, l’adoption du cadre mondial sur la biodiversité s’est faite dans la douleur. Si le cadre a été adopté en avance sur l’horaire, la manière de procéder a été sévèrement critiquée par certaines délégations.</p>
<p>Et pour cause, la présidence chinoise a précipité l’adoption des dernières décisions en négociation, dont celle portant sur le cadre mondial, malgré l’opposition d’un représentant de la République Démocratique du Congo (RDC) lors d’une plénière nocturne. Au lendemain de cette rencontre, le secrétariat de la CDB a affirmé que les décisions avaient été adoptées par consensus (et non à l’unanimité) et sans objection formelle.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/502469/original/file-20221221-17-kjtlfq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502469/original/file-20221221-17-kjtlfq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502469/original/file-20221221-17-kjtlfq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502469/original/file-20221221-17-kjtlfq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=363&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502469/original/file-20221221-17-kjtlfq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502469/original/file-20221221-17-kjtlfq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502469/original/file-20221221-17-kjtlfq.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=456&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Eve Bazaiba Masudi, vice-première ministre et ministre de l’Environnement de la République démocratique du Congo, en compagnie de Leonardo Cleaver de Athayde, ministre brésilien des Affaires étrangères, et d’autres délégués, lors de la COP15, à Montréal, le 19 décembre 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Paul Chiasson</span></span>
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<p>Cette affirmation est contredite par les <a href="https://www.theguardian.com/environment/2022/dec/19/objection-by-drc-sours-paradigm-changing-cop15-biodiversity-deal">déclarations de plusieurs représentants</a>, dont la RDC, qui a pu réaffirmer son opposition lors de la dernière plénière de la COP. Celle-ci sera consignée dans les textes. Cet incident diplomatique arrive à l’occasion d’une convention au cours de laquelle le manque de confiance entre les pays du Nord et les pays du Sud a été souligné à de multiples reprises.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1604760907292504069"}"></div></p>
<p>L’adoption rocambolesque du cadre mondial (malgré la <a href="https://twitter.com/EtienneFG/status/1604971724680069121">tentative de rattrapage in extremis de la présidence chinoise</a>) risque de laisser des traces dans les relations entre les parties à la Convention sur la diversité biologique et peut-être miner l’atteinte des objectifs fixés dans le cadre mondial.</p>
<h2>Le Canada : hôte et facilitateur très engagé</h2>
<p>Lors de la COP, le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/nouvelles/2022/12/le-canada-contribue-a-mener-le-monde-a-une-entente-sur-lexceptionnel-cadre-mondial-de-kunming-montreal-pour-la-biodiversite.html">a joué un rôle d’hôte actif dans les coulisses</a> facilitant, au côté de la présidence chinoise, les négociations et la recherche de collaboration, consensus et compromis.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/502446/original/file-20221221-17-uqyvis.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502446/original/file-20221221-17-uqyvis.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502446/original/file-20221221-17-uqyvis.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502446/original/file-20221221-17-uqyvis.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=331&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502446/original/file-20221221-17-uqyvis.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502446/original/file-20221221-17-uqyvis.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502446/original/file-20221221-17-uqyvis.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=415&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Huang Runqiu, ministre chinois de l’Écologie et de l’Environnement et président de la COP15, en compagnie du ministre canadien de l’Environnement Steven Guilbeault, lors de la conférence de presse de clôture de la conférence des Nations unies sur la biodiversité, à Montréal, le 20 décembre 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Paul Chiasson</span></span>
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<p><a href="https://twitter.com/CELGS/status/1605272001970851841">Sur la scène nationale, le gouvernement du Canada a effectué un grand nombre d’annonces en matière de protection environnementale</a>. Le premier ministre Justin Trudeau avait d’ailleurs ouvert la COP15 avec un premier engagement de <a href="https://www.canada.ca/fr/affaires-mondiales/nouvelles/2022/12/le-canada-accorde-un-nouveau-financement-pour-proteger-la-biodiversite-dans-les-pays-en-developpement.html">350 millions de dollars destiné à soutenir les efforts mondiaux</a> pour conserver et inverser la perte de biodiversité dans le monde.</p>
<p><a href="https://www.canada.ca/fr/affaires-mondiales/nouvelles/2022/12/le-canada-accorde-un-nouveau-financement-pour-proteger-la-biodiversite-dans-les-pays-en-developpement.html">Un investissement supplémentaire de 255 millions au FEM (Fonds pour l’Environnement Mondial) pour la conservation de la nature</a> (ex. : Action climatique féministe dans l’ouest de l’Afrique, stratégie forestière au Maroc), a été effectué par le ministre Guilbeault, propulsant le Canada au rang de 7<sup>e</sup> plus grand contributeur au GEF.</p>
<p>D’autres annonces à retenir incluent la <a href="https://www.canada.ca/fr/ressources-naturelles-canada/nouvelles/2022/12/le-canada-sengage-a-relever-le-defi-de-bonn-pour-la-restauration-des-paysagesa-loccasion-de-la-cop15.html">participation du Canada</a> au <a href="https://www.bonnchallenge.org/">Défi de Bonn</a> et son engagement à restaurer 19 millions d’hectares de terre et de forêts dégradés d’ici 2030 ainsi que le <a href="https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/nouvelles/2022/12/lancement-du-nouveau-reseau-des-gardiens-des-premieres-nations.html">lancement du Réseau national des Gardiens des Premières Nations_</a>, qui permettra de faciliter la collaboration et la coordination des initiatives environnementales autochtones à travers le pays.</p>
<h2>Le travail ne fait que commencer</h2>
<p><a href="https://s3.documentcloud.org/documents/23466127/cop-15-l-25-en-1_221219_035022.pdf">L’adoption du Cadre mondial pour la Biodiversité de Kunming-Montréal</a> constitue bel et bien un nouvel élan bienvenu afin de tenter d’inverser la perte de biodiversité à travers le monde.</p>
<p>Si certains ont déjà salué un <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2022-12-19/cop15/un-accord-historique-adopte-dans-la-bisbille.php">moment historique</a> ou encore une <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2022-12-19/accord-a-la-cop15/plante-on-l-a-gagnee-la-cop.php">victoire</a>, le travail ne fait en réalité que commencer.</p>
<p>Il serait plus raisonnable de crier victoire lorsque les cibles auront effectivement été atteintes, car rappelons-le, les <a href="https://www.nationalgeographic.fr/environnement/2020/09/objectifs-daichi-aucun-engagement-pour-sauver-la-biodiversite-na-ete-respecte">objectifs d’Aichi ne l’ont pas été</a> sur une période de 10 ans. Or les cibles du nouveau cadre sont d’une ambition supérieure aux précédentes. Et il ne reste que huit ans pour les atteindre.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/195185/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lauren Touchant a reçu des financements du Centre du droit de l'environnement et de la durabilité mondiale à titre de chercheure postdoctorale, Université d'Ottawa. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Elie Klee a reçu des financements de l'Université d'Ottawa au titre de coordinateur du Centre du droit de l'environnement et de la durabilité mondiale (CDEDM).. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lynda Hubert Ta est membre du Centre du droit de l'environnement et de la durabilité mondiale de l'Université d'Ottawa, duquel elle a reçu du financement pour participer à la COP 15.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Nessan Akemakou est membre du Forum de l'Université d'Ottawa sur le droit et la gouvernance de l'eau qui a financé sa participation à la COP 15. Il est par ailleurs président du think tank indépendant et à but non lucratif L'Afrique des Idées.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Thomas Burelli est co-directeur du centre du droit de l'environnement et de la durabilité mondiale de l'Université d'Ottawa. Il a reçu un financement de la part du centre pour participer à la COP15. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Erin Dobbelsteyn ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La COP15 peut être considérée comme un succès avec l’adoption d’un cadre qui vise notamment à protéger au moins 30 % des zones terrestres, côtières et marines d’ici 2030.Lauren Touchant, Professor at Vancouver Island University & Postdoctoral fellow, Centre d’études en gouvernance et du Centre de droit de l’environnement et de la durabilité mondiale, L’Université d’Ottawa/University of OttawaElie Klee, Doctorant en droit international public, coordinateur du Centre du droit de l'environnement et de la durabilité mondiale de l'Université d'Ottawa, L’Université d’Ottawa/University of OttawaErin Dobbelsteyn, PhD Student in Environmental Law, L’Université d’Ottawa/University of OttawaLynda Hubert Ta, Professeur en droit, L’Université d’Ottawa/University of OttawaNessan Akemakou, Chercheur postdoctoral, L’Université d’Ottawa/University of OttawaThomas Burelli, Professeur en droit, Section de droit civil, Université d’Ottawa (Canada), membre du Conseil scientifique de la Fondation France Libertés, L’Université d’Ottawa/University of OttawaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1960792022-12-07T16:04:52Z2022-12-07T16:04:52ZPour préserver la biodiversité, il faut rendre les villes plus compactes, circulaires et vertes<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/499592/original/file-20221207-11743-ram4pa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C18%2C3159%2C2085&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Vue aérienne du Plateau Mont Royal, à Montréal, l'un des quartiers les plus densément peuplés au Canada.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Comment mieux protéger les espèces vivantes soumises aux pressions croissantes des activités humaines ? Cette question est au cœur des discussions de la <a href="https://www.canada.ca/fr/services/environnement/faune-flore-especes/biodiversite/cop15.html">COP15</a>, qui se tient actuellement à Montréal.</p>
<p>Le développement des villes fait partie de la solution, à condition de limiter leur étalement, de promouvoir l’économie circulaire et de favoriser la cohabitation entre les activités humaines et les différentes espèces végétales et animales qui y vivent.</p>
<p>Professeur en études urbaines à l’Université du Québec à Montréal, mes activités de recherche portent sur les indicateurs de durabilité urbaine et les démarches de durabilité dans les petites et moyennes municipalités du Québec.</p>
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<img alt="Vu du ciel de Tokyo" src="https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499591/original/file-20221207-4221-m1xemt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Tokyo, avec le temple Sensoji à l’avant-plan. La métropole japonaise est l’une des villes les plus densément peuplées au monde, mais elle conserve de nombreux espaces verts.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Les villes nuisent à la biodiversité, mais contribuent à la préserver</h2>
<p>Les villes n’occupent que <a href="https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwiYhoa-kOX7AhWsjokEHaz9DqcQFnoECAsQAQ&url=https%3A%2F%2Feuropa.eu%2Fcapacity4dev%2Ffile%2F13847%2Fdownload%3Ftoken%3DohKLITsm&usg=AOvVaw0Ey2E3KL55BvY6SzzmtEMf">3 % de la superficie de la planète</a>, mais elles sont responsables d’une grande partie de la perte de biodiversité mondiale à l’extérieur de leurs frontières. On parle ici de l’extinction de nombreuses espèces vivantes dans les régions rurales et les pays tropicaux en raison de la destruction d’habitats naturels.</p>
<p>Dans quel but ? Répondre <a href="https://royalsociety.org/topics-policy/projects/biodiversity/consumption-patterns-and-biodiversity/">aux besoins en ressources naturelles et en énergie</a> afin de loger, nourrir, vêtir et prendre soin de la population. Deux tiers de ces besoins se trouvent dans les villes et ils sont <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">jusqu’à cinq fois plus élevés dans les villes des pays les plus riches</a>.</p>
<p>En même temps, les villes contribuent à préserver la biodiversité mondiale en concentrant les populations dans des zones limitées et en isolant ainsi les activités humaines des environnements où se concentrent d’autres espèces vivantes. Cela implique toutefois une cohabitation entre les activités humaines et les autres espèces qui vivent dans les villes. Et cette cohabitation n’est pas toujours facile.</p>
<p>On observe notamment des <a href="https://royalsociety.org/topics-policy/projects/biodiversity/human-impact-on-biodiversity/">problèmes</a> liés à la fragmentation des habitats naturels pour la construction de routes et de bâtiments. Ou encore, l’introduction d’espèces exotiques et envahissantes. Et c’est sans parler de la pollution urbaine (matières résiduelles, bruits), qui nuit aux habitats et à la survie de nombreuses espèces végétales et animales en ville.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499586/original/file-20221207-12-amtpnt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Vue aérienne de Dacca, capitale du Bangladesh, la ville la plus densément peuplée au monde, avec 43 797 habitants au km carré. Elle manque d’espaces verts et l’air y est irrespirable pour ses 15 millions d’habitants.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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</figure>
<p>Pourtant, les villes dépendent de cette biodiversité pour prospérer économiquement. Par exemple, les rendements des cultures visitées par les insectes pollinisateurs comme les abeilles <a href="https://www.openaccessgovernment.org/how-bees-can-stabilise-food-supply-and-food-prices/140342/">produisent un approvisionnement alimentaire plus stable et aident à figer les prix des denrées alimentaires</a>. La biodiversité préserve aussi la qualité des sols, ce qui limite le recours aux engrais et pesticides chimiques dont les coûts sont habituellement supportés par les habitants des villes.</p>
<p>Les villes dépendent aussi de cette biodiversité pour maintenir sa population en santé. Par exemple, les écosystèmes riches en biodiversité <a href="https://library.oapen.org/bitstream/handle/20.500.12657/50063/978-94-007-7088-1.pdf">filtrent l’eau et éliminent les polluants avant qu’ils ne puissent contaminer la source d’eau potable des villes</a>. Pensons aussi <a href="https://theconversation.com/en-ville-les-grands-arbres-sont-indispensables-179898">aux bénéfices psychologiques du contact avec la nature et des avantages</a> qu’offrent les espaces verts pour les activités physiques.</p>
<h2>Promouvoir et faciliter l’économie circulaire</h2>
<p>Afin de préserver cette biodiversité des plus importantes pour les activités humaines, l’un des rôles que les villes peuvent jouer est de créer sur leur territoire les dispositifs urbains propices à l’économie circulaire. On parle ici des infrastructures, de l’aménagement du territoire et des services publics qui favorisent le développement de certaines activités économiques basées sur la réduction de la quantité de ressources vierges consommées, l’intensification de l’usage des produits, le prolongement de leur durée de vie et la valorisation des ressources en leur donnant une nouvelle vie.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="un. jardin communautaire, avec un édifice à logements à l’arrière-plan" src="https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499595/original/file-20221207-15956-29psdd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un jardin communautaire au cœur de Paris, une des villes les plus densément peuplées de la planète.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>De tels dispositifs en faveur de l’économie circulaire contribueront à freiner les taux d’extinction de la biodiversité. Comment ? En réduisant la pression qu’exerce la consommation urbaine de ressources sur les habitats naturels situés en dehors de leurs frontières. Rappelons que les villes consomment à elles seules plus de <a href="https://www.journals.elsevier.com/environmental-development/news/urban-resource-flows-and-the-governance">75 % des ressources naturelles mondiales</a> que procurent ces habitats naturels.</p>
<h2>Rendre les villes plus compactes</h2>
<p>Les villes devront aussi demeurer plus compactes, c’est-à-dire utiliser l’espace de manière à limiter l’étalement urbain sur les milieux naturels ou agricoles environnants ainsi que les besoins de transport. Cela implique notamment de créer des milieux de vie attractifs pour les individus et les familles, indépendamment de leur niveau de revenu. Il s’agit donc pour les villes de favoriser sur leur territoire des opportunités de formations et d’emplois diversifiés <a href="https://theconversation.com/la-densification-des-villes-est-bonne-pour-lenvironnement-et-leconomie-189434">permettant de maintenir et d’attirer les jeunes</a>.</p>
<p>Il s’agit aussi d’utiliser l’espace urbain de façon créative afin de colocaliser les services de proximité et les options de logements pour des niveaux de revenus différents. Elles devront également offrir diverses options de transport actif et collectif abordables, efficaces, accessibles et sécuritaires desservant les lieux de vie et de travail.</p>
<h2>Préserver et accroître la biodiversité urbaine</h2>
<p>Enfin, les villes devront accorder une plus grande priorité à la biodiversité dans leur planification, sous peine de perdre un grand nombre de bénéfices qu’elle leur procure. <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/downloads/report/IPCC_AR6_WGIII_Chapter_08.pdf">Soulignons, par exemple, l’assainissement de l’air et de l’eau</a>, la réduction des eaux de ruissellement, l’atténuation des effets du changement climatique ou encore l’augmentation de la valeur des propriétés.</p>
<p>Il n’est pas non plus utopique de penser que les villes peuvent, elles aussi, fournir des bénéfices à la biodiversité en retour de ce qu’elle leur apporte. <a href="https://academic.oup.com/bioscience/article/71/2/148/6102678?login=false">Selon une étude publiée dans <em>Bioscience</em></a>, les villes contribuent plus qu’on ne le pense à la biodiversité. Par exemple, elles servent de lieu de refuge à un nombre croissant d’espèces animales qui sont de plus en plus menacées par la perte grandissante d’habitats et le changement climatique.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499598/original/file-20221207-3544-5yemhw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une pancarte annonce la présence de coyotes, dans un parc au nord de l’île de Montréal. De plus en plus d’animaux sauvages trouvent refuge dans les parcs urbains.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<p>Au-delà des mesures que les villes mettent de l’avant, comme la protection des espaces naturels, la plantation d’arbres et les incitatifs à réduire la pollution urbaine, elles devront déployer des stratégies pour assurer la qualité de vie des autres espèces vivantes en ville et prévenir ainsi leur extinction.</p>
<p>Par exemple, il faudra veiller à la santé des pollinisateurs en limitant l’introduction d’espèces exotiques et en favorisant une végétation diversifiée. Poursuivre les recherches susceptibles d’approfondir notre compréhension de la faune et de la flore urbaines en évolution constante sera aussi vital pour l’avenir de la biodiversité.</p>
<p>Pour amplifier les impacts des politiques nationales en matière de biodiversité, les États gagneraient donc à soutenir les initiatives pilotées par les villes. Car celles-ci auront une double responsabilité. Celle de préserver la biodiversité sur leur territoire et à l’extérieur de leurs frontières. C’est celle-là qui assure leur approvisionnement en ressources et dont dépend leur prospérité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196079/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Juste Rajaonson a reçu du financement des Fonds de recherche du Québec Société et Culture pour ses recherches sur les démarches municipales de durabilité au Québec. Il est aussi titulaire d'une subvention du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et du Réseau de recherche en économie circulaire du Québec pour ses recherche sur les villes et régions circulaires.</span></em></p>Le développement des villes constitue un levier important pour préserver la biodiversité, à condition de limiter leur étalement et de promouvoir l’économie circulaire.Juste Rajaonson, Professeur en études urbaines, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1921202022-12-06T19:03:12Z2022-12-06T19:03:12ZBiodiversité : qu’attendre de la COP15 où va se décider la protection des espaces naturels pour les dix ans à venir ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/499246/original/file-20221206-18-8d8tcz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Usages de la biodiversité végétale par les populations du Vanuatu sur l'île d’Ambae (2011).</span> <span class="attribution"><span class="source">Stéphanie Carrière / IRD </span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>Après de multiples reports dus à la pandémie de Covid-19, la conférence internationale de l’ONU sur la biodiversité – plus précisément la 15<sup>e</sup> réunion de la Conférence des parties (<a href="https://www.cbd.int/">COP15</a>) à la Convention sur la diversité biologique (<a href="https://www.cbd.int/doc/legal/cbd-fr.pdf">CDB</a>) – se tient à partir de ce mercredi 7 décembre 2022 à Montréal.</p>
<p>De la même manière que le cadre de la lutte contre les changements climatiques évolue lors des « COP climat » (comme lors de la récente <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cop27-129062">COP27 de Charm el-Cheikh</a>), celui de la protection des écosystèmes terrestres fait l’objet d’examens et de révisions lors des « COP biodiversité ».</p>
<p>La COP15 de Montréal a ceci de particulier qu’y sera présenté le <a href="https://www.fondationbiodiversite.fr/cadre-mondial-post-2020-pour-la-biodiversite-analyse-du-projet-de-cadre-par-la-frb/">nouveau cadre mondial pour la prochaine décennie</a>. Il sera négocié par les gouvernements des 196 États membres de la CDB dans le but de prendre les mesures nécessaires pour préserver la biodiversité en danger.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Deux zèbres dans une savane du Kenya" src="https://images.theconversation.com/files/499243/original/file-20221206-22-3fc1m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499243/original/file-20221206-22-3fc1m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499243/original/file-20221206-22-3fc1m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499243/original/file-20221206-22-3fc1m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499243/original/file-20221206-22-3fc1m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499243/original/file-20221206-22-3fc1m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499243/original/file-20221206-22-3fc1m2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Deux zèbres dans la savane du lac Naïvasha au Kenya (2012).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Stéphanie Carrière/IRD</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Face à la sixième extinction de masse</h2>
<p>Il y a urgence, d’abord parce que les précédents engagements pris par la CDB (pour la période 2011-2020 et connus sous la dénomination <a href="https://theconversation.com/biodiversite-proteger-30-de-la-planete-quid-des-70-restants-175779">« objectifs d’Aichi »</a>) n’ont <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/04/30/conference-mondiale-sur-la-biodiversite-une-mise-en-uvre-difficile-pour-un-enjeu-crucial_6124273_3232.html">pas été atteints</a>, notamment parce que ces engagements n’avaient pas été assortis de mécanismes (des pénalités par exemple) permettant de veiller efficacement à leur respect.</p>
<p>Il y a urgence, aussi et surtout, parce qu’aujourd’hui, comme c’était déjà le cas il y a dix ans, nous savons que ce sont les activités auxquelles les sociétés humaines ne sont probablement pas prêtes à renoncer qui détruisent la biodiversité (c’est-à-dire la diversité génétique au sein des espèces, la diversité des espèces, les écosystèmes et leur bon fonctionnement).</p>
<p>Ces activités concernent la conversion des écosystèmes naturels en zones agricoles et urbaines, l’exploitation directe de la biodiversité par la pêche et l’exploitation forestière, l’usage des combustibles fossiles qui conduit aux changements climatiques, et les industries conduisant à une pollution mondiale de l’air, des eaux et des sols (métaux lourds, pesticides, engrais, perturbateurs endocriniens…), <a href="https://ipbes.net/sites/default/files/inline/files/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers.pdf">comme le soulignent les rapports de l’IPBES</a>, la plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, aussi surnommée le <a href="https://theconversation.com/plus-dun-tiers-de-lhumanite-depend-des-especes-sauvages-pour-vivre-186792">« GIEC de la biodiversité »</a>.</p>
<p>On estime ainsi que <a href="https://ipbes.net/sites/default/files/2020-02/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_fr.pdf">75 % de la surface des écosystèmes continentaux et que 40 % des océans</a> ont été fortement dégradés et qu’un million d’espèces sont menacées d’extinction à brève échéance.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Plantation d’arbres brûlés le long d’une route malgache" src="https://images.theconversation.com/files/499241/original/file-20221206-25-e8tpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499241/original/file-20221206-25-e8tpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=288&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499241/original/file-20221206-25-e8tpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=288&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499241/original/file-20221206-25-e8tpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=288&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499241/original/file-20221206-25-e8tpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=362&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499241/original/file-20221206-25-e8tpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=362&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499241/original/file-20221206-25-e8tpo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=362&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Plantation d’eucalyptus brûlés le long de la route nationale 7 au sud d’Antsirabé, à Madagascar (2010).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Stéphanie Carrière/IRD</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>S’ajoute à ce constat alarmant qu’une <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.1259855">partie des « limites planétaires » ont été dépassées</a>, faisant craindre un basculement vers un futur très incertain et une biosphère désormais beaucoup moins accueillante pour les sociétés humaines et l’ensemble du vivant.</p>
<h2>Des défis étroitement interconnectés</h2>
<p>Les textes préfigurant le futur cadre de la protection de la biodiversité au niveau mondial <a href="https://www.fondationbiodiversite.fr/cadre-mondial-post-2020-pour-la-biodiversite-analyse-du-projet-de-cadre-par-la-frb/">fixent actuellement 21 cibles assorties d’indicateurs</a> pour évaluer l’efficacité des mesures qui seront prises. L’un de ces objectifs vise par exemple à restaurer un certain pourcentage (qui reste à négocier) des écosystèmes continentaux et marins.</p>
<p>Ces cibles sont regroupées en quatre volets principaux : la conservation de la biodiversité, son utilisation durable, le partage équitable des bénéfices issus de la biodiversité, et les outils pour mettre en œuvre la stratégie. Ce dernier volet vise en particulier à <a href="https://theconversation.com/cop15-comment-financer-un-accord-ambitieux-pour-proteger-la-biodiversite-195753">réunir les moyens financiers</a> nécessaires pour atteindre tous les objectifs.</p>
<p>En soi, ce découpage est pertinent. L’enjeu essentiel consistant bien à trouver des mesures efficaces pour conserver la biodiversité, tout en permettant aux humains d’y avoir accès pour bénéficier des <a href="https://www.fao.org/ecosystem-services-biodiversity/fr/">« services écosystémiques »</a> qu’elle rend.</p>
<p>L’humanité <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S187734351400116X">dépend étroitement de cette biodiversité</a> pour se loger, se nourrir, se soigner ; mais ce n’est pas tout : en assurant le fonctionnement des écosystèmes et de la biosphère, elle contribue également à réguler le climat et la composition de l’atmosphère, et à fournir de l’eau potable.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Légumes dans des paniers" src="https://images.theconversation.com/files/499239/original/file-20221206-17-ocomzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499239/original/file-20221206-17-ocomzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499239/original/file-20221206-17-ocomzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499239/original/file-20221206-17-ocomzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=382&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499239/original/file-20221206-17-ocomzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499239/original/file-20221206-17-ocomzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499239/original/file-20221206-17-ocomzi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=480&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Légumes-tubercules vendus sur le marché de Luganville au Vanuatu (2011).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Stéphanie Carrière/IRD</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Rappelons que les <a href="https://ipbes.net/sites/default/files/2020-02/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_fr.pdf">écosystèmes naturels absorbent environ 50 % de nos émissions de CO₂</a>, ce qui contribue à atténuer les effets du réchauffement climatique global en cours. Rappelons aussi que 75 % des plantes que nous consommons dépendent des pollinisateurs (des insectes essentiellement).</p>
<p>Les individus ont également tous besoin d’un <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40572-021-00313-9">contact étroit et régulier avec la nature</a> pour s’assurer d’une bonne santé physique et mentale.</p>
<h2>La question centrale des inégalités d’accès à la biodiversité</h2>
<p>Le partage entre humains des bénéfices liés à la biodiversité représente un autre enjeu crucial, à toutes les échelles.</p>
<p>L’asymétrie des échanges commerciaux et la mondialisation permettent encore aujourd’hui aux pays les plus riches d’exploiter la biodiversité et les écosystèmes des pays les plus pauvres. Une partie de la déforestation est ainsi due à la capacité des pays développés à acheter des bois tropicaux et les produits issus des systèmes agricoles remplaçant les forêts, comme le soja ou l’huile de palme.</p>
<p><a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1078087406290729">Au sein même des pays, il existe également des inégalités d’accès</a> à ces bénéfices et vis-à-vis des efforts demandés pour préserver l’environnement, <a href="https://theconversation.com/pourquoi-leffort-environnemental-pese-sur-les-plus-vulnerables-168419">souvent liées aux contextes sociaux économiques</a>. Une difficulté supplémentaire est liée au fait que les efforts de conservation de la biodiversité sont disparates entre les pays, au moins pour des raisons de niveau de développement.</p>
<h2>Les conditions pour des mesures de protection efficaces</h2>
<p>Les antagonismes entre la préservation et l’utilisation de la biodiversité sont aujourd’hui évidents. De même que la compétition vis-à-vis des ressources et des services générés par la biodiversité.</p>
<p>Prenons l’exemple des aires protégées marines et terrestres : si augmenter leur surface – comme le propose le <a href="https://www.fondationbiodiversite.fr/cadre-mondial-post-2020-pour-la-biodiversite-analyse-du-projet-de-cadre-par-la-frb/">futur cadre mondial pour la biodiversité</a> – est bénéfique, cela impose aussi une limitation de son usage dans ces espaces.</p>
<p>Inversement, permettre l’agriculture à un endroit donné, y compris une agriculture durable agroécologique, transformera nécessairement les écosystèmes naturels et leur biodiversité. De même, partager dès aujourd’hui, de manière équitable, les bénéfices de la biodiversité et les efforts pour la conserver « produira » des perdants et des gagnants (parmi les groupes sociaux, les pays, les régions…).</p>
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<p>Enfin, il est sans doute difficile de protéger toute la diversité (espèces emblématiques et ordinaires, tous les écosystèmes et tous les aspects de leur fonctionnement, grands espaces encore sauvages ou microbiotes intestinaux…).</p>
<p>À l’heure actuelle, le cadre qui doit être adopté à Montréal ne fait pas état de ces incompatibilités ; et il n’indique pas non plus comment résoudre ces conflits.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Plantes aquatiques" src="https://images.theconversation.com/files/499249/original/file-20221206-25-sty2ny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499249/original/file-20221206-25-sty2ny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499249/original/file-20221206-25-sty2ny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499249/original/file-20221206-25-sty2ny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499249/original/file-20221206-25-sty2ny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499249/original/file-20221206-25-sty2ny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499249/original/file-20221206-25-sty2ny.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Flore aquatique du lac Naïvasha, au Kenya (2012).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Stéphanie Carrière/IRD</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<figure class="align-center ">
<img alt="Allée de baobabs" src="https://images.theconversation.com/files/499244/original/file-20221206-19-9iol76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/499244/original/file-20221206-19-9iol76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=475&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/499244/original/file-20221206-19-9iol76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=475&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/499244/original/file-20221206-19-9iol76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=475&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/499244/original/file-20221206-19-9iol76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=597&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/499244/original/file-20221206-19-9iol76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=597&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/499244/original/file-20221206-19-9iol76.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=597&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Allée des baobabs à proximité de la ville de Morondava, à Madagascar (2008).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Stéphanie Carrière/IRD</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>De nombreux freins à débloquer</h2>
<p>Si les orientations décidées lors de cette COP15 vont dans le bon sens, on est encore en droit de douter que cela soit suffisant : les mesures visent surtout les pressions directes sur la biodiversité, mais ne ciblent pas les causes systémiques et politiques sous-jacentes.</p>
<p>Par exemple, <a href="https://theconversation.com/pour-preserver-la-biodiversite-ne-delaissons-pas-les-aires-non-protegees-175076">augmenter les surfaces d’aires protégées</a> pourrait être vain, si l’on ne transforme pas le système économique (l’hyperconsommation des pays les plus riches, par exemple) à l’origine des pressions sur la biodiversité.</p>
<p>Ainsi, les doctrines économiques néo-libérales, les accords de libre-échange commerciaux, et la compétition économique entre pays limitent l’efficacité et la portée des mesures environnementales.</p>
<p>Une partie du texte du <a href="https://www.fondationbiodiversite.fr/cadre-mondial-post-2020-pour-la-biodiversite-analyse-du-projet-de-cadre-par-la-frb/">futur cadre mondial pour la biodiversité</a> vise directement l’agriculture (l’une des activités les plus dommageables à la biodiversité), mais l’ensemble du texte reste flou quant aux voies pour atteindre une agriculture durable, alors que cela impliquerait une transformation radicale des systèmes alimentaires (impliquant notamment de <a href="https://theconversation.com/elevage-proteines-animales-et-proteines-vegetales-ce-quil-faut-savoir-pour-y-voir-plus-clair-194271">consommer moins de viande</a>) et une reconfiguration des échanges mondiaux de denrées.</p>
<p>De même, si le partage des bénéfices de la biodiversité, comme le prévoit le Protocole de Nagoya, porte essentiellement sur l’accès aux ressources génétiques – point important pour empêcher la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Biopiraterie">biopiraterie</a> –, les autres enjeux d’inégalités d’accès à la biodiversité que nous avons évoqués sont, eux, très peu abordés. Pas plus que ne le sont les inégalités liées aux spécificités historiques, économiques des pays, et de leurs besoins actuels vis-à-vis de la biodiversité.</p>
<p>Or vouloir conserver la biodiversité à l’échelle mondiale implique de réduire les écarts entre les modèles politiques et économiques des pays et leur niveau de développement. Reste donc à voir si le futur cadre mondial débattu à Montréal peut contribuer à rectifier le tir.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://www.ird.fr/biographie-estienne-rodary">Estienne Rodary</a>, <a href="https://www.linkedin.com/in/benoit-rodrigues-77b21b48/?originalSubdomain=fr">Benoît Rodrigues</a> et <a href="http://www.paloc.fr/fr/annuaire/laure-emperaire-6054">Laure Emperaire</a> (IRD) ont contribué à la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/192120/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sébastien Barot est vice-président de la Société Française d'Ecologie et d'Evolution. Il reçoit des financement publics, en particulier de l'Agence Nationale de la Recherche </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Stéphanie Carrière ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Réunis à Montréal jusqu’au 18 décembre 2022, scientifiques et responsables politiques doivent se mettre d’accord sur le nouveau cadre mondial de protection de la biodiversité terrestre et marine.Sébastien Barot, Chercheur en écologie, IEES-Paris, vice-président du conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), Institut de recherche pour le développement (IRD)Stéphanie Carrière, Directrice de recherche en écologie et ethnoécologie, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1960902022-12-06T18:28:04Z2022-12-06T18:28:04ZCOP15 : quel rôle pour la Chine, qui préside l’événement, dans la préservation de la nature ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/499331/original/file-20221206-8116-687666.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C13%2C2982%2C2056&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Quatre cerfs du père David (Elaphurus davidianus), également connus sous le nom de milus, dans une zone humide près de la réserve naturelle nationale de Dafeng dans la province de Jiangsu, en Chine.
</span> <span class="attribution"><span class="source">He Jinghua/VCG via Getty Images</span></span></figcaption></figure><p>Pendant que le monde décortique les résultats de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques qui s’est tenue en Égypte, des négociateurs se réunissent à Montréal pour fixer des objectifs concernant l’autre crise de la planète : la disparition des espèces vivantes.</p>
<p>À partir du 7 décembre, les 196 nations qui ont ratifié la Convention des Nations unies sur la diversité biologique tiendront leur 15<sup>e</sup> <a href="https://www.cbd.int/cop/">Conférence des parties</a>, ou COP15. La Convention, qui a été adoptée lors du sommet de la Terre de 1992 à Rio de Janeiro, vise à <a href="https://www.cbd.int/convention/guide/">promouvoir le développement durable</a> en protégeant la <a href="https://www.un.org/fr/climatechange/science/climate-issues/biodiversity">biodiversité</a>, c’est-à-dire la variété de la vie sur Terre, qu’il s’agisse de gènes ou d’écosystèmes entiers.</p>
<p>De nos jours, les experts s’accordent pour dire que la biodiversité est en danger. Les activités humaines – notamment la chasse excessive, la surpêche et la modification des sols – causent la disparition des espèces à un rythme <a href="https://www.cbd.int/convention/guide/?id=changing">50 à 100 fois supérieur au rythme historique</a>. Les Nations unies appellent ce déclin une <a href="https://www.unep.org/facts-about-nature-crisis">« crise de la nature »</a>.</p>
<p>La rencontre devait se tenir initialement à Kunming, en Chine, en 2020, mais a été reportée en raison de la pandémie de Covid-19, une partie des négociations ayant eu lieu en ligne. La Chine pilotera les délibérations à Montréal et en fixera l’ordre du jour et le ton. C’est la première fois que Beijing présidera une grande conférence intergouvernementale sur l’environnement. En tant qu’<a href="https://scholar.google.com/citations?user=2TJfBOgAAAAJ">écologiste de la faune</a>, j’ai hâte de voir la Chine assumer un rôle de leader mondial.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/GK_vRtHJZu4?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La biodiversité est importante, car le fait de disposer de beaucoup d’écosystèmes, d’espèces et de gènes augmente la résilience de la nature et sa capacité à faire face à des stress tels que les maladies et les changements climatiques.</span></figcaption>
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<h2>La biodiversité en Chine</h2>
<p>Si on demande aux gens où se trouvent les plus grandes concentrations d’espèces sauvages sur Terre, beaucoup répondront que c’est dans les forêts tropicales ou les récifs coralliens tropicaux. Mais la Chine possède aussi une nature très riche. Elle abrite près de <a href="https://www.biodiversity-science.net/EN/10.17520/biods.2022397">38 000</a> espèces de <a href="http://chertnews.de/Higher_Plants.html">plantes vasculaires</a> – essentiellement des arbres, des arbustes et des fougères –, plus de <a href="https://www.biodiversity-science.net/EN/10.17520/biods.2021214">8 100</a> espèces d’animaux vertébrés, plus de 1 400 espèces d’oiseaux et 20 % des espèces de poissons de la planète.</p>
<p>Il existe en Chine de nombreuses espèces sauvages <a href="https://www.especes-menacees.fr/definition/endemique/">endémiques</a>, c’est-à-dire qu’elles ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. La Chine compte des portions de quatre des <a href="https://www.conservation.org/priorities/biodiversity-hotspots">« points névralgiques »</a> de la biodiversité mondiale, autrement dit des endroits qui abritent un grand nombre d’espèces endémiques et qui sont gravement menacés. <a href="https://www.cepf.net/our-work/biodiversity-hotspots/indo-burma">L’Indo-Birmanie</a>, les <a href="https://www.cepf.net/our-work/biodiversity-hotspots/mountains-southwest-china">montagnes du sud-ouest de la Chine</a>,l’Himalaya oriental et les <a href="https://www.cepf.net/our-work/biodiversity-hotspots/mountains-central-asia">montagnes d’Asie centrale</a> abritent des espèces telles que le panda géant, l’ours noir d’Asie, la torquéole de Boulton, le crapaud Scutiger boulengeri, le serpent Protobothrops xiangchengensis et le faisan doré.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/497728/original/file-20221128-11895-tbc86t.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un panda marche à quatre pattes dans la neige" src="https://images.theconversation.com/files/497728/original/file-20221128-11895-tbc86t.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/497728/original/file-20221128-11895-tbc86t.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/497728/original/file-20221128-11895-tbc86t.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/497728/original/file-20221128-11895-tbc86t.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=428&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/497728/original/file-20221128-11895-tbc86t.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/497728/original/file-20221128-11895-tbc86t.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/497728/original/file-20221128-11895-tbc86t.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=538&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Panda géant dans le sud-ouest de la Chine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Vanessa Hull</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>La préservation en Chine</h2>
<p>En Occident, la couverture médiatique des enjeux environnementaux en Chine se concentre souvent sur son importante pollution atmosphérique urbaine et son rôle de <a href="https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/gaz-effet-serre-pays-emettent-plus-co2-1178/">plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde</a>. Mais la Chine fait des efforts de préservation de la nature et a réalisé des progrès depuis la dernière conférence mondiale sur la biodiversité en 2018.</p>
<p>Cette année-là, les dirigeants chinois ont créé le terme <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.aar3760">« civilisation écologique »</a> et l’ont inscrit dans la constitution du pays. Ils ont ainsi reconnu que le développement devait tenir compte des impacts environnementaux en plus des objectifs économiques.</p>
<p>La Chine avait alors déjà créé plus de <a href="https://doi.org/10.1007/s13280-019-01307-6">2 750 aires protégées</a>, qui représentaient près de 15 % de sa superficie totale. Ces aires sont des endroits où le financement et la gestion sont prévus de manière à préserver les écosystèmes, tout en autorisant certaines activités humaines dans des secteurs désignés.</p>
<p>En 2021, le président Xi Jinping annonçait que la Chine étoffait officiellement ce système en y ajoutant un réseau de <a href="http://french.china.org.cn/china/txt/2022-10/13/content_78463935.htm">cinq parcs nationaux</a> couvrant 227 000 kilomètres carrés – le plus vaste système de ce type au monde.</p>
<p>En outre, la Chine est le pays qui connaît la plus forte expansion de sa zone forestière. Pour la seule période allant de 2013 à 2017, la Chine a reboisé <a href="https://chm.cbd.int/database/record?documentID=241353">334 millions d’hectares</a> de terres nues ou cultivées – une superficie <a href="https://www.fs.usda.gov/about-agency/newsroom/by-the-numbers">quatre fois plus grande</a> que celle de la totalité des forêts nationales des États-Unis.</p>
<p>Au moins <a href="https://chm.cbd.int/database/record?documentID=241353">dix des espèces menacées les plus connues de Chine</a> sont en voie de rétablissement, notamment le <a href="https://wwf.ca/fr/species/panda-geant/">panda géant</a>, le <a href="https://www.iucnredlist.org/fr/species/22697548/132069229">toki</a> et le <a href="https://www.iucnredlist.org/species/22679325/92810598">faisan d’Elliot</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1574051936285908993"}"></div></p>
<h2>Ce qu’il reste à faire</h2>
<p>Il reste toutefois à la Chine d’importants points à améliorer. <a href="https://chm.cbd.int/database/record?documentID=241353">Elle n’a pas atteint</a> quatre des premiers objectifs d’Aichi – objectifs que les membres de la Convention sur la biodiversité ont adoptés pour la période 2011-2020 – comme la promotion de la pêche durable, la prévention des extinctions, le contrôle des espèces exotiques envahissantes et la protection des écosystèmes vulnérables.</p>
<p>Ainsi, près de <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/ddi.12961">50 % des espèces d’amphibiens sont menacés</a> en Chine. Des espèces importantes y sont considérées comme éteintes, comme le <a href="https://www.geo.fr/environnement/dugong-la-vache-de-mer-a-disparu-des-eaux-chinoises-selon-une-nouvelle-etude-211449#:%7E:text=Ce%20mammif%C3%A8re%20marin%20%C3%A0%20la,de%20l%E2%80%99ordre%20des%20sir%C3%A9niens">dugong</a> de Chine, <a href="https://www.lefigaro.fr/sciences/l-espadon-de-chine-premiere-espece-officiellement-eteinte-en-2020-20200110">l’espadon de Chine</a> et <a href="https://chinadialogue.net/en/digest/chinese-paddlefish-and-sturgeon-officially-extinct">l’esturgeon du Yangtsé</a>, ainsi que le <a href="http://www.primate-sg.org/whitehand_gibbon_extinct_china/">gibbon à mains blanches</a>.</p>
<p>La pandémie de Covid-19 a mis en lumière le rôle central de la Chine dans le commerce légal et illégal d’espèces sauvages qui menace de nombreux <a href="https://news.mongabay.com/2022/10/a-fast-growing-pipeline-the-amazon-to-southeast-asia-wildlife-trade/">mammifères, poissons, reptiles et oiseaux</a> en voie de disparition. Pour y remédier, la Chine a mis à jour sa <a href="http://www.npc.gov.cn/zgrdw/englishnpc/Law/2007-12/12/content_1383926.htm">loi sur la protection de la faune</a>, adoptée en 1989.</p>
<p>Le 24 février 2020, la loi a été renforcée de manière à imposer une <a href="https://doi.org/10.1038/s41893-020-00677-0">interdiction quasi totale</a> du commerce des espèces sauvages à des fins alimentaires. Aujourd’hui, cependant, l’interdiction est en <a href="https://chinadialogue.net/en/nature/second-draft-revision-of-chinas-wildlife-protection-law-a-big-step-backwards/">voie de révision</a>, ce qui pourrait l’affaiblir, notamment par l’assouplissement des restrictions sur la reproduction en captivité.</p>
<p>Environ <a href="https://doi.org/10.1016/j.ecolind.2017.08.019">90 % des prairies chinoises</a> sont dégradées, de même que <a href="https://doi.org/10.1016/j.ocecoaman.2017.06.003">53 % des zones humides côtières</a>. <a href="https://cdn.chinadialogue.net/content/uploads/2020/10/29175445/Sustainable-seafood-report-29-Oct-2020.pdf">Depuis 1950</a>, la Chine a perdu 80 % de ses récifs coralliens et 73 % de ses mangroves. Ces enjeux mettent en évidence la nécessité de prendre des mesures énergiques pour protéger les derniers bastions de la biodiversité du pays.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/497111/original/file-20221123-24-zrsld9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Image satellite du barrage des Trois Gorges en 2009" src="https://images.theconversation.com/files/497111/original/file-20221123-24-zrsld9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/497111/original/file-20221123-24-zrsld9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/497111/original/file-20221123-24-zrsld9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/497111/original/file-20221123-24-zrsld9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/497111/original/file-20221123-24-zrsld9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/497111/original/file-20221123-24-zrsld9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/497111/original/file-20221123-24-zrsld9.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Le barrage des Trois-Gorges sur le fleuve Yangtsé en Chine, visible en bas à droite, a été construit pour fournir de l’électricité et aider à prévenir les inondations. Il a modifié les habitats de milliers de plantes, d’animaux et de poissons, dont des espèces menacées.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://eoimages.gsfc.nasa.gov/images/imagerecords/38000/38879/ISS019-E-07720_lrg.jpg">NASA Earth Observatory</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Objectifs de la COP15</h2>
<p>Le principal objectif de la conférence de Montréal est l’adoption <a href="https://www.cbd.int/conferences/2021-2022">d’un cadre mondial pour la biodiversité</a> pour les années qui viennent. Cette feuille de route s’appuie sur les cadres élaborés lors des rencontres précédentes, notamment les <a href="https://www.cbd.int/sp/targets/">objectifs d’Aichi de 2010</a>. Comme l’ont rapporté les Nations unies, les États <a href="https://www.cbd.int/gbo5">n’ont réalisé aucun des objectifs d’Aichi</a> fixés pour 2020, bien que six objectifs aient été partiellement atteints.</p>
<p>Le <a href="https://www.cbd.int/doc/c/abb5/591f/2e46096d3f0330b08ce87a45/wg2020-03-03-en.pdf">nouveau cadre propose</a> vingt-deux objectifs à atteindre d’ici 2030 et quatre objectifs clés à atteindre d’ici 2050. Cela comprend la préservation des écosystèmes, la diversification des services que la nature rend aux populations, l’équité dans le partage des ressources génétiques, telles que les données numériques de séquençage de l’ADN, et la consolidation des engagements financiers.</p>
<p>Nous serons nombreux à suivre l’évolution de la situation pour voir si la Chine peut jouer un rôle de leader et promouvoir la collaboration et le consensus. L’un des principaux défis consiste à trouver un moyen de financer les mesures ambitieuses prévues par le nouveau cadre. Les défenseurs de l’environnement exhortent les pays riches à fournir jusqu’à <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-022-01430-7">60 milliards de dollars US</a> par an pour aider les pays à faible revenu à financer des projets de préservation et à lutter contre le trafic illégal d’espèces sauvages.</p>
<p>La Chine s’est engagée dans cette voie en 2021 en lançant le <a href="https://www.cbd.int/doc/press/2021/pr-2021-10-13-cop15-hls-en.pdf">Fonds pour la biodiversité de Kunming</a> et en y contribuant à hauteur de 230 millions de dollars. Les promesses de dons des autres nations, principalement de la France, du Royaume-Uni, du Japon et de l’Union européenne, s’élèvent actuellement à quelque <a href="https://doi.org/10.1038/d41586-022-01430-7">5,2 milliards de dollars par an</a>.</p>
<p>La Chine devra probablement répondre à des questions concernant <a href="https://www.oecd.org/finance/Chinas-Belt-and-Road-Initiative-in-the-global-trade-investment-and-finance-landscape.pdf">sa nouvelle route de la soie</a>, un projet d’infrastructure de grande envergure qui prévoit la construction de voies ferrées, de pipelines et d’autoroutes dans plus de 60 pays. Ses détracteurs affirment qu’elle va causer de la déforestation, des inondations et <a href="https://theconversation.com/china-is-financing-infrastructure-projects-around-the-world-many-could-harm-nature-and-indigenous-communities-168060">d’autres effets néfastes sur l’environnement</a>, y compris dans des points névralgiques de la biodiversité mondiale comme le <a href="https://www.weforum.org/agenda/2018/09/what-is-the-coral-triangle/">Triangle de Corail</a>en Asie du Sud-Est, qui abrite l’un des plus importants systèmes de récifs au monde.</p>
<p>La Chine s’est engagée à rendre sa nouvelle route de la soie <a href="https://green-bri.org/">plus verte</a> et, en 2021, Xi Jinping <a href="https://www.cnbc.com/2021/09/24/chinas-pledge-to-stop-building-coal-plants-abroad-helps-bri-aiib.html">s’est engagé à mettre fin</a> au financement de nouvelles centrales électriques au charbon à l’étranger, ce qui a entraîné jusqu’ici l’annulation de <a href="https://energyandcleanair.org/publication/china-coal-ban-anniversary/ ?module=inline&pgtype=article">26 centrales.</a> C’est un début, mais la Chine doit faire davantage d’efforts pour remédier aux impacts de ce projet sur la planète.</p>
<p>La Chine, qui abrite <a href="https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SP.POP.TOTL ?locations=CN">18 % de la population mondiale</a> et produit <a href="https://www.worldeconomics.com/Share-of-Global-GDP/China.aspx# : %7E :text=China%E2%80%99s %20share %20of %20Global %20GDP %20in %202021 %20was %2018.4 %25 %20once,year %20and %20informal %20economy %20size.">18,4 % du PIB mondial</a>, a un rôle clé à jouer dans la préservation de la nature. J’espère qu’elle exercera un leadership audacieux à Montréal et par la suite.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196090/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vanessa Hull reçoit un financement de la National Science Foundation.</span></em></p>La Chine possède de riches ressources naturelles et cherche à jouer un rôle de premier plan dans la conservation mondiale. Mais ses objectifs économiques passent souvent avant la protection de la nature.Vanessa Hull, Assistant Professor of Wildlife Ecology and Conservation, University of FloridaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1635432022-06-30T12:23:41Z2022-06-30T12:23:41ZHarcèlement de rue : quatre idées reçues à démystifier<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/455911/original/file-20220402-53457-9w8hp7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=42%2C18%2C3977%2C2999&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le harcèlement de rue est trop souvent banalisé, alors qu'il s'agit d'un phénomène ayant des impacts négatifs réels.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Mélissa Blais)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span></figcaption></figure><p>L’an dernier, nous lancions la publication de la recherche « <a href="https://www.ceaf-montreal.qc.ca/files/rapport_ceaf-avril-2021.pdf">Les impacts du harcèlement de rue sur les femmes</a> à Montréal ». </p>
<p>Fruit d’un partenariat de recherche avec le <a href="https://www.ceaf-montreal.qc.ca/">Centre d’éducation et d’action des femmes</a> (CÉAF), cette enquête (s’appuyant sur cinq groupes de discussion) brosse un portrait détaillé des impacts des multiples violences (verbales, psychologiques, physiques et sexuelles) commises par des hommes envers des femmes dans l’espace public montréalais.</p>
<p>Ces violences comprennent les insultes, les menaces, le fait d’être suivie ou de subir des attouchements et des sifflements, l’exhibitionnisme et les commentaires à connotation sexuelle ou raciste, notamment.</p>
<h2>Le harcèlement de rue ne devrait pas être banalisé</h2>
<p>Les impacts recensés du harcèlement de rue sont de divers ordres. Ils incluent la peur de circuler dans certains endroits le soir venu (impact spatio-temporel) ; la crainte d’échanger avec des inconnus (effet sur la vie sociale) ; la modification de la posture de son corps ou de la façon de s’habiller (impacts corporels) ; la planification de ses réactions au cas où un épisode surviendrait (obligation de riposter) ; l’organisation de ses sorties avec son chien, même pour se rendre à deux coins de rue (l’utilisation d’objets ou d’animaux) ; et, enfin, l’hypervigilance, la culpabilité, la colère, la honte ou le dégoût ressentis à court, moyen ou long terme (impacts psychologiques et émotionnels).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/463066/original/file-20220513-24-v9eo4k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="collage de papiers « libres dans la rue »" src="https://images.theconversation.com/files/463066/original/file-20220513-24-v9eo4k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/463066/original/file-20220513-24-v9eo4k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/463066/original/file-20220513-24-v9eo4k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/463066/original/file-20220513-24-v9eo4k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/463066/original/file-20220513-24-v9eo4k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/463066/original/file-20220513-24-v9eo4k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/463066/original/file-20220513-24-v9eo4k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les femmes devraient être libre de circuler dans l’espace public sans subir de harcèlement.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(CÉAF)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malgré ces témoignages, des procédés de banalisation, voire de négation du harcèlement de rue sont toujours à l’œuvre sur le Web. Ces derniers ont été identifiés comme autant d’attitudes nuisibles par les participantes à la recherche. Loin d’être anodins, ils sont représentatifs de ceux que nous avons l’habitude de lire lors de la publication d’études féministes ou lors de campagnes de sensibilisation sur les violences faites aux femmes.</p>
<p>Dans l’espoir de contrer la banalisation de ces violences, nous souhaitons répondre ici à des commentaires publiés sur les pages des sites Internet et comptes Facebook de quelques médias ayant couvert la parution de notre rapport de recherche (dont <em>La Presse</em>, <em>Le Journal de Montréal</em>, <em>TVA Nouvelles</em> et <em>Le Devoir</em>).</p>
<p>Les prénoms et les citations ont été modifiés pour préserver l’anonymat des internautes.</p>
<p>Nous avons regroupé ces propos sous quatre rubriques.</p>
<h2>Le harcèlement de rue existe ailleurs, mais pas à Montréal</h2>
<p>Pour certain·e·s, le harcèlement de rue n’existe pas à Montréal, contrairement à d’autres métropoles comme Paris, Alger ou Rome. Pour d’autres, il leur suffit de ne pas avoir été victimes ou témoins de tels actes pour nier leur existence, à la manière de Dominic, qui utilise les majuscules pour insister sur le fait qu’il n’a « JAMAIS vu de problème de ce genre ».</p>
<p>Pourtant, une enquête menée en 2019 par <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2019001/article/00017-fra.htm">Statistique Canada</a> indique que les femmes sont couramment la cible de violences commises par des inconnus dans l’espace public. Ainsi, une Canadienne sur trois dit en avoir vécu au moins un épisode dans la dernière année. Il importe d’ajouter que la fréquence de ces violences explique largement pourquoi des gestes qui peuvent sembler anodins aux yeux de certains provoquent des effets durables dans la vie des femmes interrogées.</p>
<h2>Les auteurs de harcèlement sont des hommes racisés</h2>
<p>Selon Paul, Marc, Dany et Roger, les auteurs de harcèlement de rue sont des hommes noirs ou encore des migrants originaires du Maghreb. Or, notre recherche démontre qu’il n’existe pas de profil type : les harceleurs sont de toutes origines et classes sociales. En plus d’être fausses, les affirmations de ces internautes contribuent à la stigmatisation des hommes racisés, justifiant directement ou non le profilage racial par les pouvoirs publics (un problème déjà bien documenté au sein du <a href="https://cridaq.uqam.ca/publication/les-interpellations-policieres-a-la-lumiere-des-identites-racisees-des-personnes-interpellees/">corps policier montréalais</a>).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/463067/original/file-20220513-14-pdhx1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="banderole -- à bas le harcèlement de rue -- au bord d’un viaduc" src="https://images.theconversation.com/files/463067/original/file-20220513-14-pdhx1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/463067/original/file-20220513-14-pdhx1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/463067/original/file-20220513-14-pdhx1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/463067/original/file-20220513-14-pdhx1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/463067/original/file-20220513-14-pdhx1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/463067/original/file-20220513-14-pdhx1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/463067/original/file-20220513-14-pdhx1l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Des gestes qui peuvent sembler anodins aux yeux de certains provoquent des effets délétères durables dans la vie des femmes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(CÉAF)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Plusieurs participantes à notre étude, elles-mêmes harcelées par des hommes blancs, ont exprimé leur crainte qu’une telle dérive survienne si le harcèlement de rue devenait un méfait sanctionné légalement, comme en <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/lsp/2002-n47-lsp377/000340ar/">France</a> et en Belgique, où des <a href="https://www.cairn.info/revue-deviance-et-societe-2021-1-page-25.htm?ref=doi">recherches</a> ont démontré que la criminalisation du harcèlement de rue contribuait à renforcer le <a href="https://journals.openedition.org/ema/3532">profilage</a> racial.</p>
<h2>Les femmes aiment ça et les féministes exagèrent</h2>
<p>Pour certains internautes, le simple fait que notre étude ait été menée à l’aide d’une approche féministe suffit à la décrédibiliser, en plus de représenter une opportunité pour victimiser les hommes. C’est notamment le cas de Jérôme, qui croit que les féministes endoctrinent les femmes et dépeignent « tous les hommes [comme] des obsédés sexuels en puissance ».</p>
<p>D’autres renvoient dos à dos le harcèlement de rue et la séduction en estimant que les femmes « aiment être regardées, admirées et ne s’en plaindront jamais » (Clément). À cela, Marie répond qu’elle était mineure lorsqu’un homme l’a sifflée dans la rue, remettant en question le plaisir qu’elle aurait dû ressentir selon Clément. À ce propos, il convient de rappeler que le premier épisode de harcèlement a été vécu à un très jeune âge pour plusieurs des répondantes à notre enquête (dès 9 ans).</p>
<p>Une <a href="https://australiainstitute.org.au/report/everyday-sexism/">étude australienne</a> démontre à ce propos que 54 % des 1 426 femmes sondées étaient mineures lors du premier épisode, alors que 20 % d’entre elles avaient moins de 15 ans. Ajoutons que l’une des spécificités du harcèlement de rue tient au fait que les agresseurs sont des inconnus des victimes et que ce statut confère à leurs gestes un caractère particulièrement intrusif et inquiétant, laissant parfois présager une escalade de violence.</p>
<p>En outre, les multiples impacts du harcèlement de rue que nous avons documentés suffisent à démontrer que les femmes n’en retirent aucun plaisir.</p>
<h2>C’est la faute des femmes</h2>
<p>Ce qui nous interpelle particulièrement appartient au registre de la culture du viol. Il s’agit des nombreuses tentatives de culpabilisation des victimes et de déresponsabilisation des agresseurs. Plus troublants encore sont les propos de Caroline, qui affirme que des jeunes filles de 12 ans « courent après le trouble » en s’habillant « comme des ados de 16-17 ans », ou ceux de Kevin, qui justifient les coups de Klaxon que subit sa fille de 12 ans en affirmant que les jeunes femmes « sont plus développées maintenant ».</p>
<p>Or, tout en faisant écho au commentaire de Célia, qui dit « porter le voile et ça m’arrive quand même », notre étude démontre que des femmes sont harcelées dans l’espace public, peu importe leur habillement, leur comportement, la saison ou le moment de la journée.</p>
<p>Enfin, des propos cherchant à justifier le harcèlement de rue s’appuient sur une soi-disant « nature » masculine, comme ceux de Jacques, qui affirme que « c’est tout un défi pour un homme de maîtriser ses pulsions ».</p>
<p>Face à ce procédé de neutralisation des possibilités de changement social, des voix s’élèvent de plus en plus pour dénoncer les violences basées sur le genre, comme le fait le Centre d’éducation et d’action des femmes depuis plusieurs années.</p>
<p>Des voix qui semblent en déranger certains, pour ne nommer que Mathieu, qui s’insurge du fait que la publication de notre étude vient « brimer » sa « liberté ».</p>
<p>Mais qu’en est-il de leur liberté à elles de pouvoir circuler dans l’espace public sans subir de harcèlement ?</p>
<hr>
<p><em>Les autrices tiennent à remercier Audrey Simard pour la précieuse collaboration à cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163543/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mélissa Blais a reçu des financements du fond PAFARC du Service aux collectivités de l'UQAM et du Réseau québécois en études féministes (RÉQEF). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mélusine Dumerchat ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Il importe de déconstruire les arguments récurrents qui banalisent le phénomène du harcèlement de rue à l’aide des données et analyses.Mélissa Blais, Professeure associée au département des sciences sociales, Université du Québec en Outaouais et à l'Institut de recherches et d'études féministes, UQAM, Université du Québec en Outaouais (UQO)Mélusine Dumerchat, Chercheure doctorale et chargée de cours, département de sociologie, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1858492022-06-28T17:30:54Z2022-06-28T17:30:54ZVoici pourquoi c’est le chaos dans les aéroports du monde entier – dont Montréal<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/471450/original/file-20220628-14521-gv5xbh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=569%2C0%2C8057%2C5755&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les voyageurs font la queue à l'aéroport Schiphol d'Amsterdam le 21 juin. Après deux ans de restrictions liées à la pandémie, la demande de voyages revient en force, mais les compagnies aériennes et les aéroports, qui ont supprimé des emplois au plus fort de la crise de la Covid-19, ont du mal à suivre. </span> <span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Peter Dejong)</span></span></figcaption></figure><p>Partout dans le monde, les gens sont impatients de recommencer à voyager, les restrictions liées à la pandémie ayant été levées. Mais ceux qui prévoient se rendre à leur destination de vacances en avion ont été frustrés par le chaos qui règne dans le secteur aérien.</p>
<p>Tant en Amérique du Nord qu’en Europe, des milliers de vols ont été annulés et des centaines de milliers de passagers ont vu leur voyage perturbé. <a href="https://www.tvanouvelles.ca/2022/06/28/bagages-perdus-delais-a-la-frontiere-et-vols-retardes-situation-chaotique-a-laeroport">L’aéroport Montréal-Trudeau n’est pas en reste</a> : on ne compte plus les bagages perdus, les vols retardés ou annulés, les délais de toutes sortes.</p>
<p>Voici les réponses à quelques grandes interrogations concernant les difficultés actuelles rencontrées dans le secteur des voyages aériens.</p>
<h2>Pourquoi tant de vols sont-ils annulés ou retardés ?</h2>
<p>La principale cause de ces perturbations réside dans le manque de personnel qualifié dans les aéroports pour faire face à la récente augmentation du trafic de passagers.</p>
<p>Les compagnies aériennes ont profité de la récente demande de voyages pour rétablir le nombre d’appareils et les horaires de vol à près de <a href="https://www.aviationpros.com/airlines/news/21271750/air-passengers-to-reach-83-of-2019-levels-this-year-iata">80 % de ce qu’ils étaient avant la pandémie</a>. La quantité de vols qui en résulte met à rude épreuve la capacité de l’infrastructure de soutien – <a href="https://www.dutchnews.nl/news/2022/06/easyjet-to-scrap-more-summer-flights-from-schiphol-klm-limits-sales/">aéroports, contrôle de la circulation aérienne et conditions de travail</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/470792/original/file-20220624-26-1uu9fa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Le graphique montre une chute importante en 2020 et une remontée régulière depuis 2021" src="https://images.theconversation.com/files/470792/original/file-20220624-26-1uu9fa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/470792/original/file-20220624-26-1uu9fa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/470792/original/file-20220624-26-1uu9fa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/470792/original/file-20220624-26-1uu9fa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=437&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/470792/original/file-20220624-26-1uu9fa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=549&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/470792/original/file-20220624-26-1uu9fa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=549&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/470792/original/file-20220624-26-1uu9fa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=549&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les voyages aériens, calculés en fonction du nombre de kilomètres parcourus par les passagers payants, ont entamé une remontée après la levée des restrictions liées à la pandémie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Association internationale du transport aérien)</span></span>
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<h2>Ces situations se produisent-elles uniquement dans certains aéroports ou s’agit-il d’un problème mondial ?</h2>
<p>Le phénomène de congestion observé pendant la saison des voyages estivaux de 2022 se propage rapidement dans un certain nombre d’aéroports européens et nord-américains. La raison sous-jacente est assez simple : le marché des transports aériens actuel a enregistré les volumes les plus élevés de passagers au cours des derniers mois.</p>
<p>La disparition accélérée des protocoles Covid-19 dans ce secteur depuis le mois de mars a généré une augmentation considérable de la demande de voyages par avion, avec des volumes de passagers qui n’avaient pas été observés depuis plus de deux ans. Cette augmentation a été particulièrement visible dans les aéroports centraux des grandes compagnies aériennes, tels qu’<a href="https://www.businessinsider.com/schiphol-airport-amsterdam-photos-security-staff-shortages-europe-flight-2022-6">Amsterdam</a>, <a href="https://www.ctvnews.ca/world/airport-chaos-european-travel-runs-into-pandemic-cutbacks-1.5959561">Londres</a>, <a href="https://www.theguardian.com/us-news/2022/jun/19/us-travelers-flight-cancellations-chaos">New York</a>, <a href="https://globalnews.ca/video/8905320/frustrations-mount-over-ongoing-delays-at-toronto-pearson-airport">Toronto</a> ou Montréal, où des dizaines de milliers de passagers transitent chaque jour.</p>
<h2>Tous ces problèmes sont-ils liés à la pandémie ?</h2>
<p>Lorsque le marché mondial des voyages aériens s’est effondré en mars 2020 avec l’introduction de restrictions sur les déplacements et la fermeture des frontières, le secteur de l’aviation commerciale a pris des mesures pour conserver ses liquidités et maintenir un effectif minimal.</p>
<p>Des centaines de <a href="https://www.forbes.com/sites/jackkelly/2021/02/01/airlines-lost-over-40000-workers-united-airlines-announced-another-14000-jobs-may-be-lost/?sh=6fa3ff1324b3">milliers de travailleurs du secteur de l’aviation ont été licenciés ou mis à pied</a> ; le milieu de l’aviation commerciale a ainsi perdu des années d’expérience et d’expertise technique.</p>
<p>Les gouvernements du monde entier ont apporté un soutien financier de plus de 200 G$ US pour aider le secteur à maintenir un service minimal et à éviter l’effondrement financier.</p>
<p>Lorsque la demande de voyages aériens a repris en mars dernier, un recrutement intensif s’est amorcé, mais dans un environnement de travail très différent. Les personnes qui sont parties en 2020 se sont, pour la plupart, tournées vers d’autres possibilités de carrière et n’avaient plus grand intérêt à revenir dans un secteur caractérisé par une rémunération plus faible et un risque professionnel accru. L’origine de la pénurie de personnel provient donc de la pandémie, et elle continuera d’avoir une incidence sur les niveaux d’emploi lorsque les voyages reprendront.</p>
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<img alt="Une file d’attente derrière une barrière dans un aéroport" src="https://images.theconversation.com/files/470657/original/file-20220623-56660-dwxs79.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/470657/original/file-20220623-56660-dwxs79.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/470657/original/file-20220623-56660-dwxs79.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/470657/original/file-20220623-56660-dwxs79.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/470657/original/file-20220623-56660-dwxs79.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/470657/original/file-20220623-56660-dwxs79.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/470657/original/file-20220623-56660-dwxs79.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des voyageurs font la queue pour s’enregistrer et monter à bord d’un avion à l’aéroport Schiphol d’Amsterdam (Pays-Bas), le 21 juin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Peter Dejong, File)</span></span>
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<h2>À combien s’élève le nombre de personnes qui voyagent aujourd’hui comparativement à l’an dernier, et par rapport à la période prépandémique ?</h2>
<p>L’Association internationale du transport aérien publie des <a href="https://www.iata.org/en/pressroom/2022-releases/2022-06-09-01/">statistiques sur les volumes de voyages par avion</a> sur divers marchés mondiaux. Des différences importantes ont été constatées par rapport aux niveaux de 2021 et d’avant la pandémie.</p>
<p>Le secteur des voyages aérien qui a connu la plus forte reprise est celui des vols intérieurs en Amérique du Nord : en avril 2022, les déplacements ont augmenté de plus de 280 % par rapport aux niveaux de trafic d’avril 2021, mais restent légèrement inférieurs de plus de 30 % à ceux d’avril 2019.</p>
<p>Sur le marché intérieur chinois, la restriction prolongée des déplacements liée à la pandémie et les fermetures occasionnelles des villes ont entraîné une <a href="https://www.iata.org/en/iata-repository/publications/economic-reports/air-passenger-monthly-analysis---april-2022/">baisse de près de 80 % du trafic</a> en avril 2022, par rapport à avril 2021 et 2019.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1540670764269023233"}"></div></p>
<h2>Quoi faire pour éviter les retards ?</h2>
<p>Un certain nombre de solutions peuvent être appliquées pour remédier au nombre actuel de retards.</p>
<p>Les autorités européennes ont annoncé des <a href="https://nltimes.nl/2022/06/16/schiphol-press-conference-many-flights-will-slashed-limit-passengers-ceo-wont-quit">réductions de vols ciblées</a>, tandis que le gouvernement américain <a href="https://www.newsweek.com/flight-cancellations-surge-buttigieg-demands-airlines-hire-staff-1717188">menace d’en imposer</a> afin de réduire autant que possible les annulations de vols.</p>
<p>Le gouvernement canadien a organisé une réunion avec les principales organisations du secteur de l’aviation au Canada pour discuter <a href="https://toronto.citynews.ca/2022/06/21/transport-minister-airlines-airports-delays/">d’une résolution concertée et efficace</a>. <a href="https://investors.aircanada.com/2022-06-23-Air-Canada-Comments-on-Aviation-Industry-Summit-with-Federal-Transport-Minister">Air Canada a annoncé des mesures</a> visant à atténuer la congestion aux aéroports Pearson de Toronto et Trudeau de Montréal.</p>
<p>Les responsables du gouvernement canadien ont également signalé <a href="https://www.thestar.com/business/2022/05/25/airport-delays-are-here-to-stay-for-the-long-term-due-to-a-shortage-of-workers-in-airport-security-union-says.html">leur intention d’embaucher près de 2000 personnes supplémentaires pour assurer la sécurité et le contrôle frontaliers</a> en vue de résoudre des enjeux de congestion ponctuels. Les groupes de travailleurs doutent que de telles mesures permettent de résoudre les problèmes de congestion.</p>
<p>Le principal obstacle est le volume de passagers attirés dans l’environnement aéroportuaire par la quantité de vols proposés par les compagnies aériennes. Ces dernières ont décidé d’accroître leur capacité pour répondre à la forte demande de voyages aériens, mais les infrastructures des aéroports ne sont pas équipées pour traiter de tels volumes.</p>
<p>Cet enthousiasme de la part du secteur aérien est louable dans un contexte où un personnel adéquat et expérimenté est disponible dans les aéroports. Mais ce n’est pas le cas actuellement et ce ne le sera pas dans un avenir prévisible.</p>
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<img alt="Une photo floue de personnes circulant dans un aéroport" src="https://images.theconversation.com/files/470656/original/file-20220623-52339-p46ocy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C10%2C7174%2C4754&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/470656/original/file-20220623-52339-p46ocy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/470656/original/file-20220623-52339-p46ocy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/470656/original/file-20220623-52339-p46ocy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/470656/original/file-20220623-52339-p46ocy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/470656/original/file-20220623-52339-p46ocy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/470656/original/file-20220623-52339-p46ocy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des voyageurs font la queue au contrôle de sécurité à l’aéroport d’Heathrow, à Londres, le 22 juin. Des perturbations dans les transports sont à prévoir au moins jusqu’en septembre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Frank Augstein)</span></span>
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</figure>
<h2>Combien de temps cette situation durera-t-elle ?</h2>
<p>La saison des vacances estivales bat son plein dans l’hémisphère nord. La capacité supplémentaire des compagnies aériennes et la demande accrue de transports par avion de la part d’une population privée de voyages se poursuivront au moins jusqu’en septembre.</p>
<p>À moins que les mesures envisagées par les transporteurs américains, européens et canadiens n’aboutissent à une réduction des charges de pointe liées aux mouvements d’aéronefs dans les principaux carrefours aériens, principalement en Amérique du Nord et en Europe occidentale, la congestion et les retards se maintiendront, et risquent même de s’aggraver.</p>
<p>Il faudra attendre l’automne pour que la situation s’améliore, la demande de voyages aériens diminuant à la rentrée scolaire. Les effectifs atteindront également les niveaux requis d’ici là, avec le retour à des conditions normales d’exploitation des vols commerciaux.</p>
<p>Parmi les autres facteurs susceptibles de réduire la demande, citons <a href="https://www.forbes.com/sites/suzannerowankelleher/2022/05/13/airfare-inflation-cool-demand-summer/?sh=42ae089032c3">l’augmentation des tarifs aériens due à l’inflation et à la hausse des prix du pétrole</a>, qui pourrait compromettre la survie de certaines compagnies aériennes.</p>
<h2>Quels conseils donneriez-vous aux passagers aériens au cours des prochains mois ?</h2>
<p>Les autorités aéroportuaires fournissent des <a href="https://www.newswire.ca/news-releases/travelling-this-summer-toronto-pearson-and-its-airport-partners-offer-travel-advice-for-passengers-822689624.html">conseils aux voyageurs</a> sur la meilleure façon de se préparer aux voyages estivaux, y compris des informations sur la façon d’éviter les retards lors des contrôles de sécurité.</p>
<p>Cet été, pour affronter cette période de perturbations, je recommande aux passagers aériens de faire preuve de patience, de s’assurer qu’ils sont bien reposés avant de se rendre à l’aéroport et de se rappeler que les employés des compagnies aériennes vivent également des moments de stress au quotidien.</p>
<p>Un sourire, un merci et, surtout, une attitude bienveillante envers les autres voyageurs et le personnel sont de mise. L’expérience des voyages en avion n’en sera que meilleure !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185849/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>John Gradek ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Que cache le chaos qui règne dans les aéroports d’Europe et d’Amérique du Nord ? Un expert du secteur aérien nous éclaire sur les raisons pour lesquelles plusieurs vols ont été retardés ou annulés.John Gradek, Faculty Lecturer and Program Co-ordinator, Supply Chain, Logistics and Operations Management, McGill UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1803642022-05-19T14:29:56Z2022-05-19T14:29:56ZLa réponse à la pandémie, une occasion manquée de s’attaquer aux inégalités au Québec et dans le monde<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/462524/original/file-20220511-24-62thp0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C4432%2C2691&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des gens font la queue devant une épicerie de Montréal-Nord, le 30 avril 2020. Le quartier, l’un des plus pauvres au pays, a été l’un des plus affectés par l’épidémie de Covid-19.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Paul Chiasson</span></span></figcaption></figure><p>Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, nous savons que certains groupes de la population <a href="https://theconversation.com/la-covid-19-creuse-les-inegalites-daujourdhui-mais-aussi-celles-de-demain-138288">ont été touchés de manière disproportionnée par la Covid-19</a>.</p>
<p>Nous savons aussi que les inégalités sociales de santé (ISS) peuvent être exacerbées si elles ne sont pas considérées dès la conception des interventions de santé publique.</p>
<p>Voilà pourquoi nous avons lancé <a href="https://health-policy-systems.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12961-021-00707-z">HoSPiCOVID</a>, une étude internationale sur la résilience des systèmes de soins et de santé publique de plusieurs pays face à la pandémie de Covid-19. L’étude est portée par une équipe de recherche composée de spécialistes internationaux en épidémiologie, médecine, santé publique, sciences sociales et géographie.</p>
<p>Les auteurs — des chercheurs, professionnels de recherche et étudiants — ont été impliqués dans le volet santé publique d’HoSPiCOVID en raison de leur expertise sur les ISS. Ce volet s’est penché sur la prise en compte des ISS dans la planification du dépistage et du suivi des contacts pour la Covid-19 au Brésil, en France, au Mali et au Québec. Alors que nous comparons les données, le constat est clair : la question des ISS a largement été oubliée dans la réponse initiale à la Covid-19. Elle devrait pourtant être une priorité en contexte pandémique.</p>
<h2>Des réponses adaptées aux besoins des populations</h2>
<p>Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), <a href="https://www.who.int/health-topics/health-equity#tab=tab_1">l’équité en santé</a> est définie comme l’absence d’écarts systématiques de santé entre des groupes sociaux. Les ISS correspondent aux différences d’états de santé entre divers groupes de la population en raison de leurs positions sociales (ex. : genre, âge, statut socioéconomique, lieu de résidence).</p>
<p>L’OMS reconnaît les ISS comme <a href="https://www.who.int/news-room/facts-in-pictures/detail/health-inequities-and-their-causes">injustes et évitables</a>. Elles peuvent pourtant être réduites par des politiques gouvernementales.</p>
<p>Les interventions de <a href="https://www.jclinepi.com/article/S0895-4356(21)00382-6/fulltext">dépistage</a> et de <a href="https://www.ijidonline.com/article/S1201-9712(21)00227-7/fulltext">suivi des contacts</a> jouent un rôle central dans le contrôle des maladies infectieuses, telle que la Covid-19. Elles permettent la détection, l’isolement et le suivi des cas infectés. Le succès de ces interventions dépend de leur capacité à atteindre tous les groupes de la population, au risque de ne pas freiner la propagation du virus, d’une part, et d’accroître les ISS, d’autre part. L’adoption d’une <a href="https://equityhealthj.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12939-015-0207-6">approche d’universalisme proportionné</a> peut être bénéfique en contexte pandémique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des dizaines de patients reposent dans des lits d’hôpital" src="https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462521/original/file-20220511-12-zud2rs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des dizaines de patients reposent dans des lits d’un hôpital temporaire dédié aux malades de la Covid-19, au Brésil.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Sebastiao Moreira/EPA</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’universalisme proportionné permet le déploiement d’interventions pour l’entièreté de la population, accompagnées d’efforts supplémentaires proportionnels au niveau de désavantage des divers groupes sociaux. Cette approche est plus équitable, considérant que les groupes les plus difficiles à atteindre sont souvent <a href="https://equityhealthj.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12939-015-0207-6">ceux dans le plus grand besoin</a>.</p>
<p>Dans le contexte de la Covid-19, une approche d’universalisme proportionné aurait pu comprendre des interventions populationnelles de dépistage et de suivi des contacts, combinées à des efforts concertés pour les rendre plus accessibles aux populations défavorisées. Bien que cette approche ait souvent été identifiée comme <a href="https://www.instituteofhealthequity.org/resources-reports/fair-society-healthy-lives-the-marmot-review/fair-society-healthy-lives-full-report-pdf.pdf">préférable pour améliorer l’équité en santé</a>, notre étude montre qu’elle ne semble pas avoir été priorisée.</p>
<h2>Pas de consensus sur les inégalités</h2>
<p>Le volet santé publique d’HoSPiCOVID repose sur des études de cas qualitatives comparant la réponse de la santé publique à la pandémie de Covid-19 lors de la première vague (au printemps 2020) et des adaptations mises en œuvre lors de vagues subséquentes (jusqu’à la fin de 2020). L’étude porte sur quatre sites de continents différents : l’État d’Amazonas au Brésil, la région de l’Île-de-France en France, la ville de Bamako au Mali et la ville de Montréal au Québec.</p>
<p>La perception des ISS des acteurs et de leurs organisations varie dans chacun des sites. À Montréal, les personnes interrogées de divers secteurs (hospitalier, santé publique, communautaire, etc.) soutiennent que la réflexion sur les ISS est bien intégrée au mandat de leur organisme, à différents degrés. En Île-de-France, en Amazonas et à Bamako, cette réflexion apparaît moins formalisée.</p>
<p>Néanmoins, à Montréal et en Île-de-France, les acteurs identifient rapidement, pendant la première vague, plusieurs groupes comme étant plus vulnérables à la Covid-19. Ils mentionnent notamment les impacts inégalitaires de la pandémie sur les populations racisées et migrantes, ce que <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0248336">plusieurs études</a> ont finalement montré. À Bamako et en Amazonas, la plupart des acteurs rencontrés considèrent plutôt que la pandémie n’a pas exacerbé les ISS, considérant que le virus n’affecte pas un groupe social plus qu’un autre.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462528/original/file-20220511-18-hhs8la.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une femme porte son enfant, à Bamako, la capitale du Mali. Dans l’étude, la plupart des acteurs rencontrés considèrent plutôt que la pandémie n’a pas exacerbé les inégalités, considérant que le virus n’affecte pas un groupe social plus qu’un autre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Ainsi, dans les quatre sites, les différents acteurs n’ont pas une conception consensuelle des ISS, nuisant potentiellement à leur prise en compte dans les interventions de dépistage et de suivi des contacts. Par ailleurs, le constat selon lequel certains groupes sont plus affectés que d’autres par la pandémie ne se traduit pas directement dans ces interventions.</p>
<h2>Un climat d’urgence</h2>
<p>À Montréal, à Bamako et en Île-de-France, différents acteurs affirment que le climat d’urgence lié à la pandémie éclipse la question des ISS. Elle est mise de côté pour prioriser le déploiement d’interventions à l’échelle de toute la population, dans l’objectif de freiner la propagation du virus.</p>
<p>Cette approche populationnelle est perçue comme nécessaire en contexte pandémique pour que l’ensemble de la population ait un accès égal aux interventions. Égalité et équité sont donc parfois confondues. Certains répondants soulignent néanmoins l’importance d’adapter les interventions pour atteindre les sous-groupes les plus vulnérables.</p>
<p>En Amazonas, le dépistage — non ouvert à l’ensemble de la population — cible plutôt les sous-groupes considérés à risque, incluant initialement les professionnels de la santé, les travailleurs essentiels et les patients hospitalisés. Ce processus de dépistage axé sur les groupes à risques, mis en œuvre lors de la première vague par les autorités d’Amazonas, perdure lors des vagues suivantes.</p>
<h2>Une réponse plus adaptée au fil du temps</h2>
<p>Les interventions de dépistage et de suivi des contacts se sont adaptées au fil du temps. Bien que la question des ISS soit peu considérée à l’étape de la planification initiale des interventions, on s’y intéresse davantage lors de leur mise en œuvre au courant de la première vague. Confrontés à la réalité du terrain, les acteurs impliqués dans la planification des interventions adaptent les interventions pour les vagues subséquentes.</p>
<p>À degré variable entre les sites, favoriser l’accessibilité des interventions devient une priorité dans le but d’atteindre les populations marginalisées. Ces adaptations visent notamment les populations rurales à Bamako, les populations migrantes, racisées et allophones à Montréal, les populations à faible statut socioéconomique en Île-de-France, et les populations autochtones en Amazonas.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Des hommes vêtus de sarraus blancs sont debout, devant un dispensaire" src="https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/462526/original/file-20220511-24-nlimcf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Sur cette photo prise jeudi 21 mai 2020, une délégation conduite par le ministre malien de la Santé, Michel Sidibe, à droite, visite la tente d’isolement des patients atteints du coronavirus à Tombouctou, au Mali.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Baba Ahmed)</span></span>
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</figure>
<p>Parmi les adaptations mises en œuvre, on note le déploiement de cliniques mobiles, la création de nouvelles cliniques de dépistage et l’aide à l’isolement pour les personnes vulnérables testées positives. Le dépistage et le suivi des contacts ont donc été progressivement adaptés, permettant de mieux répondre aux besoins différenciés de certains groupes de la population.</p>
<h2>Un oubli historique</h2>
<p>Alors que les interventions de dépistage et de suivi des contacts mises en œuvre pour faire face à la Covid-19 ne semblent pas avoir considéré les ISS comme une priorité dans leur planification, la pandémie actuelle ne fait pas exception. Il semble plutôt que cet oubli soit historique. Deux revues de littérature menées par notre équipe démontrent effectivement que lors d’épidémies passées dans différents pays (maladies sexuellement transmissibles, VIH, Ebola, tuberculose), la grande majorité des interventions de dépistage et de suivi des contacts ne repose pas sur des stratégies favorisant leur déploiement équitable.</p>
<p>Depuis plusieurs décennies, les <a href="https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/10253823070140021401x">appels</a> à la prise en compte de l’équité et de la justice sociale dans les interventions de santé publique s’accumulent. Différents documents phares de la santé publique — de la <a href="https://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0005/113882/E93945.pdf">Déclaration d’Alma-Ata</a> de 1978 à la <a href="https://apps.who.int/gb/ebwha/pdf_files/A62/A62_9-fr.pdf">Commission sur les déterminants sociaux de la santé</a> de 2008, en passant par la <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/promotion-sante/sante-population/charte-ottawa-promotion-sante-conference-internationale-promotion-sante.html">Charte d’Ottawa</a> de 1986 — insistent sur l’importance de faire de la réduction des ISS une priorité et la base de toute intervention de santé publique.</p>
<p>La réponse à la pandémie de Covid-19 apparaît alors comme une opportunité manquée, qui met en lumière l’attention politique insuffisante portée aux mandats de la santé publique.</p>
<p>Notre étude invite donc à s’attarder à <a href="https://books.openedition.org/pum/10025">l’évaluation</a> de la capacité des interventions sanitaires à tenir compte des ISS, permettant aux professionnels et responsables politiques concernés par la santé publique d’en tirer des leçons. Cela est indispensable pour que les futures interventions de santé publique n’aggravent pas les ISS, et que le climat d’urgence engendré par les pandémies — dont la multiplication semble inévitable — ne serve plus de prétexte au manque de volonté politique à l’échelle mondiale.</p>
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<p><em>Nous remercions nos collègues Raylson Emanuel Dutra da Nóbrega et Sydia Rosana de Araújo Oliveira pour leur contribution importante à l’étude HoSPiCOVID et leur soutien dans la rédaction de cet article.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/180364/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Kate Zinszer a reçu des financements des Instituts de recherche en santé du Canada, des Fonds de recherche en Santé du Québec, et Agence de santé publique du canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Lara Gautier a reçu des subventions de recherche des Instituts de recherche en santé du Canada, des Fonds de recherche en Santé du Québec, et de la Fondation du Grand Montréal.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Pauline Boivin a reçu des financements de l'Agence nationale de la recherche et des Instituts de recherche en santé du Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Stéphanie Gomes de Medeiros a reçu des financements de FIOTEC. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Valery Ridde a reçu des financements d'organismes de recherche publics (ANR, IRSC, AFD, etc.).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Camille Beaujoin, Fanny Chabrol, Marie-Catherine Gagnon-Dufresne et Zoé Richard ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Que ce soit au Québec, en France, au Mali ou au Brésil, la réponse à la pandémie de Covid-19 apparaît comme une opportunité manquée de lutter contre les inégalités et les injustices.Marie-Catherine Gagnon-Dufresne, Candidate au doctorat en santé mondiale, Université de MontréalCamille Beaujoin, Research assistant, Université de MontréalFanny Chabrol, Sociologue, chargée de recherche, Centre Population & Développement (CEPED), Institut de recherche pour le développement (IRD)Kate Zinszer, Professeure adjointe à l'École de Santé Publique de l'Université de Montréal (ESPUM) et chercheuse au Centre de Recherche en Santé Publique (CReSP)., Université de MontréalLara Gautier, Professeure adjointe, Université de MontréalPauline Boivin, Anthropologue junior, Université de BordeauxStéphanie Gomes de Medeiros, Candidate au doctorat en sociologie, Universidade Federal de Pernambuco (UFPE)Valery Ridde, Directeur de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)Zoé Richard, Ingénieure d'étude, santé publique et COVID-19, Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1638732021-08-10T12:12:30Z2021-08-10T12:12:30ZComment prendre soin du sol et de la terre pour favoriser le verdissement en ville<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/412755/original/file-20210722-13-1ttrzbi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C5334%2C3010&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Si l’on veut que les projets de verdissement en ville comblent les attentes des citoyens, il faut travailler avec ce lien entre le sol et les plantes.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>En urbanisme, on entend souvent parler de la <a href="https://cmm.qc.ca/projets/trame-verte-et-bleue/">trame verte et bleue</a> pour parler du réseau de végétation et de forêts urbaines, ainsi que des plans d’eau présents en ville. Mais peu de gens connaissent et se préoccupent de la <a href="https://agencelichen.fr/trame-brune/">« trame brune »</a>, celle du sol et de la terre.</p>
<p>Pourtant, les petits (et grands) projets de verdissement dépendent directement de cette trame oubliée et négligée. J’enseigne l’écologie forestière et je suis co-titulaire de la <a href="https://craum.ffgg.ulaval.ca/">Chaire sur l’Arbre Urbain et son Milieu</a> (CRAUM) à l’Université Laval.</p>
<p>J’étudie le lien sol-plante en milieu urbain et je suis souvent étonnée de voir que les projets d’infrastructures vertes (comme l’aménagement d’une piste cyclable), de plantation massive d’arbres, ou d’aménagement d’îlots verts ne prennent pas en compte la matrice vivante souterraine (le sol !) qui doit supporter tous ces efforts importants en ville. Pourtant, il y a plusieurs bonnes raisons de la considérer.</p>
<h2>Un impact sur la végétation</h2>
<p>Nos aménagements ne durent pas, ils se dégradent avec les années et parfois très rapidement. Selon <a href="https://cremtl.org/actualites/2019/plaidoyer-pour-que-trame-verte-bleue-soit-aussibrune">Élise Beauregard</a>, une aménagiste paysager qui étudie les sols et qui compte plus de vingt-cinq ans d’expérience en architecture de paysage à Montréal, « nous ne traitons pas le sol comme un élément « vivant » mais simplement une matrice neutre, comme le béton. Mais avec toutes ces ambitions de verdissement, il faut que ça change ! »</p>
<p>Si l’on veut que ces projets comblent les attentes des citoyens, il faut travailler avec ce lien entre le sol et les plantes, car le bon fonctionnement des cycles de nutriments et de carbone dans l’écosystème, qui sont à la base de la qualité et la fertilité du sol, est primordial.</p>
<p><a href="https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-1-4020-4289-8_10">Une étude</a> menée aux États-Unis a démontré que 80 % des cas de dépérissement de la végétation et des arbres en villes étaient reliés aux problèmes de gestion de sol.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="une bande de terre avec des plantations dans une rue en ville" src="https://images.theconversation.com/files/412748/original/file-20210722-17-86tauq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412748/original/file-20210722-17-86tauq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412748/original/file-20210722-17-86tauq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412748/original/file-20210722-17-86tauq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412748/original/file-20210722-17-86tauq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412748/original/file-20210722-17-86tauq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412748/original/file-20210722-17-86tauq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Projet d’étude de l’auteure sur le lien sol-plante dans la rue Anna, à Québec.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Auteure</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Nous voyons prendre forme des projets de plantation de centaines de milliers d’arbres dans des villes comme Montréal, ou de milliards d’arbres à l’échelle du pays. Où va-t-on planter ces arbres, et dans quel substrat ? Est-ce que ce substrat va les supporter pendant les 50 ou 100 prochaines années ? Si la réponse est non, tous ces efforts ne permettront pas de séquestrer le carbone calculé pour contrer les gaz à effets de serre (GES).</p>
<p>En ville, nos canopées sont formées d’arbres de tous âges, mais ce sont les vieux arbres qui nous fournissent le <a href="https://theconversation.com/why-keeping-one-mature-street-tree-is-far-better-for-humans-and-nature-than-planting-lots-of-new-ones-154114">plus de bénéfices</a>. Ceux-ci ne seront pas visibles avant 30 ou 40 ans dans les nouvelles plantations.</p>
<h2>Planifier l’expansion racinaire</h2>
<p>Dans la planification des grands travaux urbains ou des plantations après la réfection de boulevards, il faut planifier l’expansion du système racinaire et de ses besoins en nutriments et en eau pendant toute la vie des arbres plantés. Les ingénieurs qui font les plans et les devis n’ont souvent pas ces connaissances clés. Ils ne connaissent ni la qualité des substrats ni les besoins en eau et nutriments des différentes espèces d’arbres.</p>
<p>L’infrastructure des arbres est vivante et les forestiers et les chercheurs doivent travailler conjointement avec les ingénieurs civils pour s’assurer que les besoins des arbres en matière de volume et de qualité du sol soient comblés.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/construire-en-milieu-urbain-menace-la-survie-des-arbres-comment-faire-mieux-151337">Construire en milieu urbain menace la survie des arbres. Comment faire mieux ?</a>
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<p>Un autre élément de verdissement qui dépend directement de la qualité des sols urbains est la <a href="https://www.afes.fr/wp-content/uploads/2020/11/EGS_2020_27_Lothode_361-376.pdf">biodiversité</a>. Actuellement, les vertus d’augmenter la biodiversité en ville font partie des réflexions de plusieurs municipalités, mais encore une fois, peu de mentions sont faites de l’importance du sol.</p>
<p>Les sols compactés et peu fertiles qu’on trouve souvent en ville ne peuvent pas supporter une grande richesse d’espèces pérennes. Les perturbations fréquentes des sols urbains (travaux, circulation humaine, accumulation de sels) résultent en une dégradation des processus importants pour le renouvellement de leur fertilité (cyclage de carbone et azote, par exemple, par l’ajout en continue de matière organique), donc entraînant des superficies végétales moins biodiversifiées.</p>
<h2>Une ressource non renouvelable</h2>
<p>Le manque de retour de matière organique dans les aménagements de gazon, de fleurs annuelles et de vivaces provoque une <a href="https://www.afes.fr/wp-content/uploads/2020/11/EGS_2020_27_Lothode_361-376.pdf">diminution du potentiel des services des écosystèmes</a> : la rétention d’eau, le stockage de carbone et la fertilité qui appuient une biodiversité plus élevée. Aussi l’importation massive du sol fertile ou la tourbe pour les nouveaux aménagements n’est simplement pas durable ; le <a href="http://www.fao.org/soils-2015/news/news-detail/fr/c/276063/">sol n’étant pas une ressource renouvelable</a> à court terme.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Vue panoramique estivale du centre-ville de Montréal" src="https://images.theconversation.com/files/412760/original/file-20210722-21-10w4new.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/412760/original/file-20210722-21-10w4new.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=246&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/412760/original/file-20210722-21-10w4new.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=246&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/412760/original/file-20210722-21-10w4new.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=246&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/412760/original/file-20210722-21-10w4new.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=309&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/412760/original/file-20210722-21-10w4new.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=309&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/412760/original/file-20210722-21-10w4new.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=309&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">En ville, nos canopées sont formées d’arbres de tous âges, mais ce sont les vieux arbres qui nous fournissent le plus de bénéfices.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Toutefois, nous pouvons encore apprendre ! Apprendre à implanter et à gérer nos aménagements paysagers différemment, afin d’utiliser la matière organique en place pour soutenir une diversité de plantes. Apprendre à construire des îlots verts qui sont pérennes et autosuffisants. Bâtir des communautés d’espèces qui « travaillent » bien ensemble, et qui favorisent même la nutrition et la survie des nouvelles plantations d’arbres.</p>
<p>C’est la vision de notre communauté de chercheurs et d’urbanistes. Nous travaillons notamment avec la Ville de Montréal et la Ville de Québec pour proposer des mélanges de vivaces indigènes qui vont contribuer à augmenter la viabilité des aménagements dans les conditions biophysiques difficiles des milieux bétonnés. Cela augmentera en même temps la rétention de carbone dans le sol.</p>
<p>Les trames brunes des villes peuvent produire énormément d’avantages pour les résidents, mais il faut d’abord « voir » le sol comme une entité vivante pour ensuite travailler avec toutes ses qualités afin d’améliorer la vie en sol et par conséquent, en ville.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163873/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alison Munson a reçu des financements de la Ville de Québec pour la Chaire de recherche sur l'arbre urbain et son milieu, et de la Ville de Montréal et la Ville de Québec pour son travail avec l'organisme OBNL LIEU (Laboratoire de l'intégration de l'écologie urbaine), qui s'occupe des sols urbains et la biodiversité en ville.
Alison Munson travaille avec Élise Beauregard, pour l'organisme LIEU. </span></em></p>Des recherches montrent que 80 % des cas de dépérissement de la végétation et des arbres en ville étaient reliés aux problèmes de gestion de sol.Alison Munson, Écologie forestière, écologie urbaine, sols urbains, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1586902021-04-12T15:51:09Z2021-04-12T15:51:09ZLes mémoires d’une journaliste révèlent le racisme anti-asiatique qui existait à Montréal il y a 130 ans<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/394572/original/file-20210412-23-7cqm85.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C0%2C2986%2C2043&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des personnes marchent dans une rue du quartier chinois de Montréal, dimanche 1er novembre 2020. Une campagne intitulée «Bonne fortune et solidarité», dont l'objectif est de lutter contre le racisme anti-asiatique et de ramener les clients dans le quartier, a été lancée par les commerçants du quartier.</span> <span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Graham Hughes</span></span></figcaption></figure><p>En mars, lorsqu’un homme blanc a <a href="https://www.thecut.com/2021/03/8-people-killed-in-atlanta-rampage-6-of-them-asian-women.html">ciblé et tué huit femmes à Atlanta, dont six étaient asiatiques</a>, les médias et la police ont d’abord <a href="https://theconversation.com/the-atlanta-attacks-were-not-just-racist-and-misogynist-they-painfully-reflect-the-society-we-live-in-157389">refusé de classer cet acte dans la catégorie des crimes haineux à caractère racial</a>. Mais pour les Asiatiques, en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde, cette tragédie n’était qu’un épisode de plus dans une longue histoire de violence anti-asiatique.</p>
<p>Il y a plus de 150 ans, des <a href="https://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=11825013">colons blancs des États-Unis ont rassemblé des marchands et des mineurs chinois</a>, les <a href="https://www.ucpress.edu/book/9780520256941/driven-out">ont entassés sur des barges en feu, les ont jetés dans des wagons de chemin de fer et les ont même lynchés</a>. Mais cette histoire ne se limite pas aux États-Unis – les premiers immigrants chinois n’étaient pas non plus les bienvenus au Canada.</p>
<p>Cette situation est documentée dans la vie et les œuvres de l’auteur et journaliste sinocanadienne <a href="http://www.biographi.ca/en/bio/eaton_edith_maud_14E.html">Edith Maude Eaton</a> née en 1865 et décédée en 1914. J’ai découvert de nombreux témoignages de racisme anti-chinois dans son œuvre, notamment lors de mes recherches sur son livre <a href="https://www.mqup.ca/becoming-sui-sin-far-products-9780773547223.php"><em>Becoming Sui Sin Far : Early Fiction, Journalism, and Travel Writing by Edith Maude Eaton</em></a>,</p>
<h2>Des tourments d’Eaton à la fusillade d’Atlanta</h2>
<p>Dans ses mémoires <a href="http://essays.quotidiana.org/far/leaves_mental_portfolio/"><em>Leaves from the Mental Portfolio of an Eurasian</em></a>, Edith Maude Eaton se rappelle avoir été appelée « Chintok, Chinoise, visage jaune, la tresse, la mangeuse de rats », après avoir déménagé à New-York d'abord, puis à Montréal, avec sa famille – un père blanc, une mère chinoise et cinq frères et sœurs – en 1872.</p>
<p>Peu après son arrivée à Montréal, la famille se faisait crier des noms dans la rue. Des camarades de classe tiraient les cheveux d’Eaton, la pinçaient et refusaient de s’asseoir à côté d’elle.</p>
<p>Ces railleries ont tourmenté Eaton tout au long de sa vie. Elle a écrit :</p>
<blockquote>
<p>« Je suis issue d’une race, du côté de ma mère, dont on dit qu’elle est la plus impassible et la plus insensible aux sentiments de toutes les races. Pourtant, lorsque je regarde en arrière, je me vois si sensible à toutes les nuances du chagrin et de la souffrance que c’est presque une souffrance de vivre ».</p>
</blockquote>
<p>Eaton a publié un <a href="https://broadviewpress.com/product/mrs-spring-fragrance/#tab-description">livre de nouvelles décrivant les cas de racisme vécus par des immigrants chinois</a> sous le pseudonyme de « Sui Sin Far » (fleur de narcisse en cantonais). Et son action a été appréciée par les Chinois de Montréal <a href="https://winnifredeatonarchive.org/timeline.html">qui ont érigé un monument commémoratif près de sa tombe</a> avec l’inscription « Yi bu wang hua » qui signifie « Le juste n’oublie pas la Chine ».</p>
<p>Depuis la fusillade d’Atlanta, des <a href="https://www.nytimes.com/2021/03/30/nyregion/asian-attack-nyc.html">femmes asiatiques ont été agressées et même tuées</a>. Les Asiatiques ont été accusés d’être à l’origine de la pandémie de <a href="https://www.npr.org/sections/goatsandsoda/2021/03/26/980480882/why-pandemics-give-birth-to-hate-from-black-death-to-covid-19">Covid-19</a> et de <a href="https://www.texastribune.org/2021/04/03/sery-kim-texas/">voler la propriété intellectuelle</a>, entre autres. Ce qu’Eaton a décrit dans sa fiction et ses mémoires continue de se produire aujourd’hui.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Article de journal de 1896 intitulé « Les Chinois défendus »" src="https://images.theconversation.com/files/393620/original/file-20210406-13-18nfy9y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/393620/original/file-20210406-13-18nfy9y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/393620/original/file-20210406-13-18nfy9y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/393620/original/file-20210406-13-18nfy9y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=421&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/393620/original/file-20210406-13-18nfy9y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/393620/original/file-20210406-13-18nfy9y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/393620/original/file-20210406-13-18nfy9y.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=529&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans une lettre signée et adressée à l’éditeur, Edith Eaton défend les Chinois de Montréal qui ont été la cible de haine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Montréal Daily Star</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>1890, comme si c’était hier</h2>
<p>Eaton a également documenté la violence anti-chinoise et défendu les droits des immigrants chinois dans des articles publiés dans le <em>Montréal Star</em> et le <em>Montréal Witness</em> dans les années 1890.</p>
<p>À l’époque, les <a href="https://www.bac-lac.gc.ca/eng/discover/immigration/history-ethnic-cultural/early-chinese-canadians/Pages/history.aspx#rac3">hommes blancs sont convaincus que les immigrants chinois leur enlèvent leur emploi</a> et que les Chinois – dont beaucoup vivent seuls derrière leur magasin (à cause de la <a href="https://humanrights.ca/story/the-chinese-head-tax-and-the-chinese-exclusion-act">taxe d’entrée</a> – ont un avantage déloyal sur les hommes blancs qui ont une famille.</p>
<p>Dans le <em>Montréal Star</em>, Eaton publie <a href="https://issuu.com/reillyreads/docs/a_plea_for_the_chinaman?backgroundColor=%2523222222">A Plea for the Chinaman</a>, un article dans lequel elle dénonce les politiciens qui maltraitent les hommes chinois au Canada :</p>
<blockquote>
<p>« Toute personne juste doit sentir son sens de la justice outragé par les attaques que les hommes publics font subir aux Chinois qui viennent dans ce pays… Cela fait rougir de colère de lire que des hommes de haut rang abusent d’un grand nombre de pauvres étrangers dans leur dos et les traitent de tous les mauvais noms dont leur langue est capable. »</p>
</blockquote>
<p>La violence anti-chinoise était si courante dans le Montréal des années 1890 que les Chinois portaient des sifflets de police dans leurs poches. Dans un article de 1895 intitulé <a href="https://www.mqup.ca/becoming-sui-sin-far-products-9780773547223.php"><em>Beaten to Death</em></a>, Eaton note que même lorsqu’ils sifflaient, personne ne venait en aide aux Chinois. Les passants refusaient souvent d’identifier leurs agresseurs, et la police disait aux hommes qu’ils devaient être arrêtés pour les avoir dérangés.</p>
<p>Les récents rapports sur le <a href="https://www.nytimes.com/2021/03/30/nyregion/asian-attack-nyc.html">refus d’un agent de sécurité d’agir lorsqu’une femme philippine a été brutalement battue</a> rappellent étrangement la violence anti-asiatique documentée par Eaton il y a 125 ans.</p>
<p>Mes recherches m’amènent à soupçonner qu’Eaton a publié d’autres <a href="https://www.newspapers.com/image/419804834/?terms=Chinese%2Blaundries">articles non signés documentant le racisme anti-chinois</a> dans des journaux montréalais à cette époque. Elle a peut-être écrit un article de la <em>Gazette</em> relatant les jeunes qui se rassemblaient chaque nuit dans le quartier chinois de Montréal pour <a href="https://www.newspapers.com/image/419785179/?terms=Chinese%2Bwindows">lancer des pierres sur les Chinois qui passaient et à travers les vitres de leurs commerces</a>, ou ceux décrivant des Chinois qui étaient <a href="https://www.newspapers.com/image/419785179/?terms=Chinese%2Bwindows">frappés à coups de poing, de pied ou battus à mort</a>.</p>
<h2>Un siècle de préjudices</h2>
<p>L’examen de la littérature et du journalisme du passé, comme celui d’Eaton, peut aider à éclairer les défis d’aujourd’hui. Ses observations sur les motivations des gens – ignorance, jalousie, suspicion, compétition – nous invitent à réfléchir aux motivations des auteurs actuels de la violence anti-asiatique et à conclure que peu de choses ont changé.</p>
<p>Le racisme anti-asiatique dont témoigne l’œuvre d’Eaton persiste aujourd’hui. Les <a href="https://www.ctvnews.ca/health/coronavirus/new-report-details-disturbing-rise-in-anti-asian-hate-crimes-in-canada-1.5358955">violences racistes récentes</a>, les <a href="https://globalnews.ca/news/7734109/anti-asian-racism-canada-what-to-do/">crimes haineux</a>, le <a href="https://globalnews.ca/news/7726666/guelph-woman-anti-asian-slurs/">harcèlement verbal</a>, les <a href="https://montreal.ctvnews.ca/opaque-policing-two-deaths-other-attacks-loom-as-asian-montrealers-fear-unrecognized-hate-crimes-1.5353647">l'opacité de la police</a> et la <a href="https://www.npr.org/2021/04/03/983406365/in-response-to-anti-asian-hate-incidents-groups-step-up-trainings-for-bystanders">passivité des témoins de ces scènes</a> auraient pu aussi être décrits il y a plus d’un siècle.</p>
<p>Nous avons un long chemin à parcourir et beaucoup de travail à faire pour rattraper plus d’un siècle de traitement des Asiatiques comme s’ils n’étaient pas à leur place.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/158690/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mary Chapman ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La journaliste sino-canadienne Edith Eaton a documenté le racisme anti-asiatique au Canada à la fin du 19ᵉ et au début du XXᵉ siècle. Plus de 100 ans plus tard, peu de choses ont changé.Mary Chapman, Professor of English and Academic Director of the Public Humanities Hub, University of British ColumbiaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1567082021-03-17T16:17:39Z2021-03-17T16:17:39ZREM de l’Est : les experts mis de côté et les bonnes pratiques évacuées<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/389892/original/file-20210316-24-xawnee.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C1%2C1200%2C838&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les voitures du Réseau express métropolitain (REM) sont sorties pour la première fois sur les rails de la Rive-Sud, à proximité de la station Brossard, le 18 décembre 2020, au moment même où la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) annonçait le projet du REM de l'Est.</span> <span class="attribution"><span class="source">CDPQ Infra (domaine public)</span></span></figcaption></figure><p>Depuis l’annonce du projet de <a href="https://rem.info/fr">Réseau express métropolitain (REM)</a> dans l’est de Montréal en décembre dernier, de <a href="https://plus.lapresse.ca/screens/13351c28-7b82-420a-96ac-ea45d7d34a5f__7C___0.html">nombreuses voix se font entendre</a>. Processus bâclé pour les uns, moindre mal pour les autres, le projet du REM de l’Est ne laisse pas indifférent.</p>
<p>Certaines voix se sont élevées pour <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1775614/analyse-transport-commun-michel-c-auger-midi-info">dénoncer un processus mené à l’envers et, ensuite, pour encourager le gouvernement à remettre le projet sur les rails dans le bon sens</a>. D’autres, plus enthousiastes, ont encouragé sa réalisation rapide, malgré ses faiblesses, arguant qu’au moins le gouvernement et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) investissaient massivement dans les transports collectifs.</p>
<p>Face au besoin d’équiper mieux ce territoire en transport durable, ces partisans du REM préfèrent donc tenir que courir, répétant parfois que <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2021-02-24/enfouissement-du-rem-au-centre-ville/montreal-pret-a-prendre-un-bon-niveau-de-risque.php">« le mieux est l’ennemi du bien »</a>.</p>
<h2>Où sont les experts ?</h2>
<p>Cependant, ce projet évite tout débat, qui convierait des experts des transports et acteurs responsables de la gestion du territoire montréalais. <a href="https://www.lapresse.ca/debats/opinions/2021-02-24/rem-de-l-est/gouvernance-et-planification-defaillantes.php">La planification et la gouvernance défaillantes du projet</a> font l’impasse sur la production d’un diagnostic partagé pour déterminer précisément les besoins de mobilité locale des populations ou encore les enjeux d’insertion du projet dans les milieux de vie.</p>
<p>Aucune autre solution alternative au train léger n’est considérée pour répondre efficacement aux enjeux de l’est de Montréal. Un diagnostic devrait être la première étape pour choisir le mode de transport optimal pour un territoire et la population qui y vit. Et, dans un contexte de crise climatique, le bât blesse.</p>
<p>La pandémie de Covid-19 a permis d’affirmer <a href="https://theconversation.com/de-limportance-des-relations-entre-politiciens-et-scientifiques-127387">l’importance cruciale des connaissances scientifiques dans la gestion de la crise et la prise de décision publique afin de sauver des vies</a>. Face à la crise écologique que nous affrontons, et dont les impacts sur la santé des populations seront majeurs, la science devrait guider la prise de décision publique dans le domaine des transports. Or avec le REM, le gouvernement semble pour le moment faire la sourde oreille aux savoirs des scientifiques dans ce domaine.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/de-limportance-des-relations-entre-politiciens-et-scientifiques-127387">De l'importance des relations entre politiciens et scientifiques</a>
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<p>Depuis 17 ans, nos travaux de recherche examinent les politiques susceptibles de contribuer à instaurer des conditions efficaces de mobilité urbaine plus durable dans les métropoles canadiennes. Dans cette perspective, nos recherches au sein de la <a href="https://chaireinsitu.esg.uqam.ca/">Chaire In.SITU</a> portent sur les défis à surmonter et les solutions à développer pour une action collective efficace dans le domaine des transports durables, notamment à Montréal. Elles analysent entre autres les processus décisionnels à mobiliser pour y parvenir.</p>
<h2>Un train léger « hors sol »</h2>
<p>Le projet de <a href="https://rem.info/fr">REM</a> <a href="https://www.lesaffaires.com/secteurs-d-activite/transport/la-phase-2-du-rem-devoilee/621933"></a> pour desservir l’est de Montréal est élaboré actuellement en dehors des institutions responsables des transports pour la région de Montréal. Le gouvernement du Québec a donné de nouveau carte blanche à la CDPQ Infra, filiale de la CDPQ responsable des infrastructures, pour implanter un corridor aérien dédié à la circulation d’un train léger automatique.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/389898/original/file-20210316-15-oqkq4v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/389898/original/file-20210316-15-oqkq4v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/389898/original/file-20210316-15-oqkq4v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/389898/original/file-20210316-15-oqkq4v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=375&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/389898/original/file-20210316-15-oqkq4v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/389898/original/file-20210316-15-oqkq4v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/389898/original/file-20210316-15-oqkq4v.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les sept connexions du REM de l’Est avec les réseaux de transport de Montréal. Le REM de l’Est est présenté par la ligne bleue qui se termine par des pointillés.</span>
<span class="attribution"><span class="source">CDPQ Infra (domaine public)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les caractéristiques de ce « REM 2 » pour l’est sont identiques à celles du <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/777439/caisse-depot-systeme-leger-rails-montreal">REM 1</a> en cours de construction pour desservir une partie de la rive sud, l’ouest de l’Île et l’aéroport, et remplacer la ligne de train de banlieue de Deux-Montagnes, au nord. Et comme pour ce premier réseau, le promoteur ne propose aucune alternative pour convaincre que cette solution est la plus optimale pour améliorer la mobilité des populations, l’accessibilité aux activités implantées au sein de ce vaste territoire, et pour répondre aux défis de la transition climatique.</p>
<p><a href="https://www.persee.fr/doc/spgeo_0046-2497_1993_num_22_3_3209">Or tous les projets de transport collectif (TC) ne se valent pas et ne sont pas non plus vertueux par nature</a>. La seule réalisation d’une infrastructure de transport n’améliore pas automatiquement la qualité de vie d’un territoire. Bien que des effets dits « structurants » soient fortement souhaités lors des projets de TC (développement immobilier, amélioration de l’accès de tous aux activités, réduction de l’usage de la voiture), ceux-ci ne sont pas automatiques ou spontanés.</p>
<p>Au contraire, ils supposent de l’anticipation, des connaissances fines du territoire, des arbitrages et une planification collaborative. Imposer ainsi un mode de transport, sans transparence ni débat, soulève des doutes légitimes sur la pertinence même de l’offre, comme si les <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1012060/rapport-bape-critiques-reseau-electrique-metropolitain-rem">leçons du REM 1</a> n’avaient pas été tirées à cet égard.</p>
<h2>La rentabilité prime</h2>
<p>Dans la métropole montréalaise, l’<a href="https://www.artm.quebec/">Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM)</a> et la <a href="https://cmm.qc.ca/">Communauté métropolitaine de Montréal (CMM)</a>, mais aussi les <a href="https://www.transports.gouv.qc.ca/fr/entreprises-partenaires/municipalites/Pages/municipalites.aspx">municipalités</a>, sont responsables de la planification et de la mise en œuvre des transports. Or le gouvernement leur nie ces compétences et cette expertise en mandatant la CDPQ infra pour concevoir et réaliser le REM de l’Est.</p>
<p>En jouant en dehors des cadres institutionnels et de l’expertise des acteurs clés, le risque est grand de réaliser un projet « hors sol » et d’affaiblir dans la foulée les stratégies que ces acteurs mettent en œuvre actuellement pour le futur de leur territoire et de leur population.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vaut-mieux-commencer-par-electrifier-les-camions-et-les-autobus-que-les-voitures-143733">Vaut mieux commencer par électrifier les camions et les autobus que les voitures</a>
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<p>Par ailleurs, la CDPQ Infra impose un SLR (système léger sur rail) automatique, sans discuter des options alternatives, qui pourraient satisfaire tout aussi bien, voire mieux, les besoins de mobilité des populations. Elle ne démontre pas non plus en quoi ce mode est plus avantageux que d’autres, pour justifier davantage l’option offerte.</p>
<p>À ce titre, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec rappelle pourtant <a href="https://www.environnement.gouv.qc.ca/evaluations/directive-etude-impact/transport-collectif.pdf">explicitement</a> l’importance d’une <a href="https://www.environnement.gouv.qc.ca/evaluations/publicat.htm">évaluation multicritères</a> et a priori des projets de transport en commun (TC).</p>
<p>Les processus d’évaluation a priori des projets de TC relèvent d’ailleurs de méthodes normées dans la plupart des provinces au Canada. Et la production, en amont, de scénarios faisant varier les tracés et les modes de transport possibles en fonction des prévisions de la demande actuelle et future, mais aussi des opportunités de développement urbain, est une méthode éprouvée pour prendre une décision éclairée dans ce domaine.</p>
<p>Mais le choix du REM 2 est essentiellement fondé sur un modèle de rentabilité économique des investissements du promoteur, et non sur un diagnostic des besoins de déplacement ou encore d’une modélisation d’options potentielles.</p>
<h2>L’importance des données probantes</h2>
<p>Même s’il est largement admis aujourd’hui que la voiture ne doit plus être priorisée dans le marché des transports urbains, n’importe quel mode de transport collectif ne fait pas pour autant l’affaire pour la remplacer avantageusement. En fait, aucun mode de transport n’est bon ou mauvais a priori, car tout est une question de contexte d’accueil et de méthode pour en évaluer la performance. Et cette performance n’est pas seulement liée au nombre de personnes que le mode de transport peut déplacer ou au temps de parcours.</p>
<p>La performance du transport collectif est également liée à ses conditions d’accès, donc à l’aménagement du territoire et des milieux de vie environnants, au coût de son utilisation ou aux lieux que les utilisateurs doivent rejoindre. La performance est aussi à évaluer du point de vue des coûts de réalisation et d’exploitation à long terme pour la collectivité. Enfin, un mode pourra être jugé performant au regard des priorités que se sont fixées les acteurs locaux.</p>
<p>De ces différents points de vue complémentaires, il ressort que les exercices de <a href="https://www.transports.gouv.qc.ca/fr/ministere/Planification-transports/modeles-transport/Pages/modeles-transport-urbain-personnes.aspx">modélisation</a>, les analyses de type coûts-bénéfices et les études d’impacts a priori appliquées à différents scénarios sont des <a href="https://www.ifsttar.fr/fileadmin/user_upload/editions/inrets/Recherches/Rapport_INRETS_R193.pdf">méthodes utiles et nécessaires</a>.</p>
<p>Fondées sur des données probantes, elles établissent des cadres de références pour arbitrer des décisions qui intégreront de multiples variables (sociales, économiques, politiques). De tels choix de société seront alors clairement justifiés, de manière transparente et responsable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156708/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Florence Paulhiac Scherrer est titulaire de la Chaire de recherche Internationale sur les usages et pratiques de la Ville intelligente (ESG UQAM), financée par la Ville de Montréal et l'arrondissement Rosemont-Petite-Patrie</span></em></p>Face à la crise écologique que nous affrontons, et dont les impacts sur la santé des populations seront majeurs, la science devrait guider la prise de décision publique dans le domaine des transports.Florence Paulhiac Scherrer, Professeure Titulaire en études urbaines, et directrice de la Chaire internationale sur les usages et pratiques de la Ville Intelligente (ESG UQAM), Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1511522020-11-30T19:09:09Z2020-11-30T19:09:09ZLa BD de la mairesse Plante est très utile. Voici pourquoi<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/372000/original/file-20201130-15-1ylu2bz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La mairesse de Montréal, Valérie Plante, pose avec son nouveau livre, Simone Simoneau, à Montréal, le 20 novembre. Elle y raconte son entrée en politique et le sexisme qu'elle a rencontré en cours de route.
</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Paul Chiasson</span></span></figcaption></figure><p>La bande dessinée <em>Simone Simoneau</em>, imaginée par la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et illustrée par Delphie Côté-Lacroix, <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1752976/livre-valerie-plante-bande-dessinee-politique-municipale">est finalement sortie en librairie le 27 novembre</a>. En août dernier, l’annonce de la parution de cet ouvrage a été accueillie par une levée de boucliers.</p>
<p><a href="https://www.journaldemontreal.com/2020/08/21/valerie-plante-bedeiste">Plusieurs personnalités médiatiques ont fait savoir à Valérie Plante que le moment était mal choisi</a>, en pleine pandémie, pour publier une œuvre jetant un regard intime sur les défis et les surprises qu’offre le saut en politique pour les femmes.</p>
<p>Or, bon nombre de politiciens ont publié des ouvrages depuis septembre. Denis Lessard a même intitulé l’une de ses chroniques, dans La Presse, <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2020-09-01/l-automne-litteraire-des-politiciens-quebecois.php">« L’automne littéraire de nos politiciens »</a>. L’accueil médiatique leur a été plutôt favorable, voire très favorable, comme les ouvrages autobiographiques de <a href="https://www.septentrion.qc.ca/catalogue/ici-christine-st-pierre">Christine St-Pierre, <em>De l’école de rang, au rang de ministre</em></a>, toujours députée, et de <a href="https://www.leslibraires.ca/livres/pauline-marois-au-dela-du-pouvoir-elyse-andree-heroux-9782764438800.html">Pauline Marois, <em>Au-delà du pouvoir</em></a>.</p>
<p>Valérie Plante semble être la seule à avoir essuyé critiques après critiques — souvent sexistes — et avoir vu le format qu’elle a choisi — une bande dessinée — moqué et tourné en dérision.</p>
<p>Pourtant le timing de publication et le format privilégié ne sont pas si mauvais. Ils sont même plutôt bons à notre avis.</p>
<p>Soulignons d’emblée que les Élections municipales 2021 sont à nos portes. Les électeurs seront appelés aux urnes dans moins d’un an, en novembre 2020. Or, en 2017, <a href="https://umq.qc.ca/dossiers/femmes-et-gouvernance/">seules 205 femmes ont été élues à un poste de mairesse (18,8 % du total) et 2 358 (34,5 %) à un poste de conseillère</a>. On compte encore trop peu de femmes au palier local et la publication d’un témoignage inspiré du parcours personnel de Valérie Plante est un outil intéressant pour encourager celles qui le souhaitent à s’impliquer politiquement.</p>
<p>Dans le cadre de nos travaux, nous nous intéressons toutes deux aux représentations médiatiques des acteurs politiques — masculins et féminins — ainsi qu’aux défis rencontrés par les femmes lorsqu’elles exercent leur leadership.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/madame-sourire-que-dit-la-couverture-mediatique-de-valerie-plante-146287">« Madame Sourire » : que dit la couverture médiatique de Valérie Plante ?</a>
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<h2>Illustrer les étapes menant à l’élection</h2>
<p>La bande dessinée, ou roman graphique n’est certes pas un format courant pour l’essai politique. <em>Simone Simoneau</em> montre cependant qu’elle n’est pas sans atout : la force incontestable de l’ouvrage de Valérie Plante réside dans l’illustration, ou plutôt dans la description illustrée de toutes les étapes menant à l’élection d’une femme en politique : le recrutement, le financement, l’importance de l’habillement, de la beauté et de l’apparence des femmes, la prise de parole en public, le porte-à-porte, notamment.</p>
<p>Grâce à des images graphiques fortes, <em>Simone Simoneau</em> porte un regard lucide sur la politique et ses défis. Il y a dans le médium choisi une manière originale d’expliquer les dessous des campagnes politiques ce que peu d’ouvrages font.</p>
<p>Il existe bien sûr des ouvrages universitaires comme <em>Inside the Campaign. Managing Elections in Canada</em>, mais ceux-ci s’adressent à d’autres publics. En ce sens, le format utilisé est intéressant. Une BD touche un auditoire plus large (autant les adultes que les jeunes.). L’histoire proposée par Valérie Plante permet de démystifier une campagne électorale et d’envisager la politique comme une activité à leur portée. Surtout, elle montre le parcours d’une citoyenne ordinaire qui parvient à se faire élire et qui représente un modèle féministe fort auquel les adolescentes peuvent s’identifier.</p>
<p>La BD de la mairesse de Montréal illustre par ailleurs fort bien comment le recrutement des candidats fonctionne. Simone Simoneau (le double de Valérie Plante) est approchée par un parti politique parce qu’elle se démarque par son implication dans le milieu communautaire. Elle n’avait jamais pensé elle-même briguer les suffrages au niveau local. C’est là une belle manière d’illustrer la manière dont les femmes entrent en politique.</p>
<p>À cet effet, les <a href="https://www.editions-rm.ca/livres/apolitiques-les-jeunes-femmes/">recherches d’Anne Quéniart et de Julie Jacques</a> ont montré que les Québécoises sont moins présentes en politique, car elles se disent naturellement plus timides, doutent de leur potentiel et avalisent les rôles et les fonctions que la sphère privée leur réserve. Dans la même lignée, la <a href="https://poli.ucalgary.ca/profiles/melanee-thomas">professeure de sciences politiques Melanee Thomas</a> a noté que les femmes jugent le b.a ba (lecture d’un budget, logique administrative, gestion de l’image) de la politique trop difficile à maîtriser. C’est pour ces raisons que des militantes ont fondé des organismes comme le <a href="https://gfpd.ca">Groupe femmes, politique et démocratie</a> qui forme les futures candidates. D’ailleurs, Valérie Plante a siégé au conseil d’administration du Groupe pendant plusieurs années.</p>
<h2>Démystifier les défis rencontrés sur le terrain</h2>
<p>La BD de Valérie Plante décrit aussi très bien les différents défis rencontrés par les politiciennes sur le terrain. Parmi ceux-ci, mentionnons le sexisme et les doubles standards <a href="https://www.asc.upenn.edu/people/faculty/kathleen-hall-jamieson-phd">soulignés par Kathleen Hall Jamieson dans ses travaux</a> : l’importance de la tenue vestimentaire comme élément clé de la construction de l’ethos des femmes politiques, la condescendance des gens qu’elle rencontre à son endroit (parce qu’elle est une femme et qu’elle est jeune, notamment) et enfin, une composante sexuelle dans les insultes reçues. Notons également le peu de modèles auxquels se raccrocher (Michelle Obama, Françoise David et Hillary Clinton sont présentées dans la BD).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/372066/original/file-20201130-17-2k8rr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/372066/original/file-20201130-17-2k8rr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=463&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/372066/original/file-20201130-17-2k8rr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=463&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/372066/original/file-20201130-17-2k8rr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=463&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/372066/original/file-20201130-17-2k8rr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=581&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/372066/original/file-20201130-17-2k8rr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=581&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/372066/original/file-20201130-17-2k8rr0.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=581&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L'ex co-cheffe de Québec Solidaire, Francoise David, au moment où elle annonce sa retraite de la vie politique, le 19 janvier 2017. Elle apparaît dans la bande dessinée «Simone Simoneau» comme modèle de femme politicienne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<p>Le livre met également en lumière la difficulté des candidates qui ne viennent pas du monde des affaires à lever des fonds dans leur propre réseau. Le coût des campagnes électorales reste un obstacle important à l’élection des femmes. Simone Simoneau peine à amasser l’argent nécessaire (5000 dollars) au démarrage de la sienne. Si les recherches montrent que les candidates réussissent (bien que difficilement) à remplir leur caisse électorale, celles-ci y parviennent avec des sommes modestes, alors que les hommes bénéficient de dons substantiels, comme le révèle <a href="https://www.cambridge.org/core/books/gender-and-elections/560163F73A9E599467BB4E21F90F2701">cette étude des politologues Susan J. Caroll et de Richard L. Fox</a>.</p>
<p>Le roman graphique de Valérie Plante et de Delphie Côté-Lacroix illustre aussi toute l’importance de s’entourer d’une équipe souvent composée de bénévoles qui vont travailler avec la candidate à faire de son élection un succès. Il dépeint tout le labeur de persuasion qui doit être fait pour être élue et le rôle clé de l’écoute de citoyens.</p>
<p>Simone Simoneau passe de longues soirées à faire du porte-à-porte, se heurtant souvent à nombreuses réponses négatives. Quand les réponses sont favorables, elle doit montrer qu’elle vient du « coin » et qu’elle maîtrise finement ses dossiers afin d’être crédible.</p>
<p>Si la candidate doit convaincre les citoyens, elle doit aussi jongler avec son rôle de mère, de conjointe et de fille. Réprimant un fou rire, sa propre mère lui avoue trouver cela cocasse que son chum « l’aide » avec les enfants et les repas. Simone Simoneau lui rappelle que c’est la moindre des choses. Ici, c’est bien joué. Les rapports de genre sont inversés. Le mari est celui qui soutient. Enfin, la famille et le rôle de mère qui restent au cœur de son travail et qu’elle ne doit pas mettre de côté. La fin du livre termine avec cette dimension : malgré son élection elle doit préparer le déjeuner à ses filles.</p>
<h2>#Pas la dernière</h2>
<p>Valérie Plante est la première mairesse de Montréal et, <a href="https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/589349/un-discours-axe-vers-l-avenir-pour-harris">pour reprendre les mots du discours de victoire de Kamala Harris, elle ne « sera pas la dernière »</a>.</p>
<p>En brisant ce plafond de verre, Valérie Plante a montré qu’il était possible de se faire élire et d’essayer de faire de la politique autrement. Avec cette BD, elle propose un contre-modèle à la socialisation qui assigne la politique aux hommes. Elle sensibilise, sans ambiguïté ni complaisance, aux défis d’être une femme en politique.</p>
<p>Tout comme la <a href="https://umq.qc.ca/dossiers/femmes-et-gouvernance/je-ne-serai-pas-la-derniere/">nouvelle campagne #PasLaDernière de l’Union des municipalités du Québec</a>, clin d’œil à Kamala Harris, <em>Simone Simoneau</em> invite les femmes à prendre la place qui leur revient afin que le Québec atteigne enfin la parité au sein des conseils municipaux, et ce, dès les élections municipales de 2021.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/151152/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anne-Marie Pilote receives funding from CRSH. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mireille Lalancette ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Grâce à des images graphiques fortes, « Simone Simoneau » porte un regard lucide sur la politique. La bande dessinée est une manière originale d’expliquer les dessous des campagnes politiques.Mireille Lalancette, Professor, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)Anne-Marie Pilote, Doctorante en communication, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1462872020-10-20T13:34:50Z2020-10-20T13:34:50Z« Madame Sourire » : que dit la couverture médiatique de Valérie Plante ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/364355/original/file-20201019-15-fhxhq5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=34%2C48%2C3220%2C2571&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La mairesse de Montréal arrive à une conférence de presse à Montréal, le 20 mars 2019. Les médias font-ils une couverture juste de la première femme mairesse de la métropole?</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Paul Chiasson</span></span></figcaption></figure><p>Valérie Plante est devenue, en novembre 2017, la première femme élue à la tête de la métropole québécoise. À un an des prochaines élections municipales, sa lune de miel avec les citoyens, mais surtout, avec les médias, est bel et bien terminée. Si des élections avaient lieu aujourd’hui, <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2020-09-05/sondage-crop-la-presse-avantage-coderre.php">l’ex-maire Denis Coderre serait élu, même s’il n’a toujours pas annoncé sa candidature</a>.</p>
<p>Que s’est-il passé ? De nombreuses voix s’élèvent, dans les médias, pour dénoncer certaines de ses décisions politiques prises en contexte de pandémie. La reprise des nombreux chantiers, la congestion automobile et la mise en place soudaine de pistes cyclables ont bousculé les citoyens. Mais les médias traitent-ils la mairesse Plante différemment parce qu’elle est une femme ? La virulence des commentaires à son égard est-elle démesurée ?</p>
<p>L’éditorialiste de <em>La Presse</em>, François Cardinal, accuse la mairesse Plante d’être <a href="https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2020-09-02/la-mairesse-est-dans-sa-bulle.php">« loin de sa population »</a>, tandis que le chroniqueur du <em>Journal de Montréal</em>, Richard Martineau, appelle les Montréalais à se <a href="https://www.journaldemontreal.com/2020/08/26/dehors-valerie-plante-exige-richard-martineau">« débarrasser d’elle »</a> lors du prochain scrutin. Commentant l’annonce de la publication de la bande dessinée <em>Simone Simoneau : chronique d’une femme en politique</em>, Mario Girard de <em>La Presse</em> souligne <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/2020-08-22/les-bulles-de-mme-plante.php">« la faiblesse de son instinct politique »</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/manon-masse-vue-par-les-medias-un-portrait-ambigu-126660">Manon Massé vue par les médias : un portrait ambigu</a>
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<p>Un <a href="https://tcgfm.qc.ca/download/Representations_Mediatiques_Femmes_Elections_Municipales_Rapport.pdf">rapport sur les représentations des femmes aux élections municipales de 2017, publié en 2018</a>, concluait à la présence de stéréotypes de genre dans les médias. Les femmes candidates ont reproché aux médias de s’être intéressés davantage à leur façon de concilier le travail et la famille qu’à leur vision politique. Leurs compétences et leur crédibilité étaient davantage remises en question que celles de leurs collègues masculins. Ainsi, les critiques envers la mairesse Plante reflètent-elles un biais genré ?</p>
<p>Pour y répondre, nous avons analysé la couverture médiatique de la mairesse depuis son assermentation, excluant de ce fait les articles concernant son administration. En tant que candidates au doctorat en science politique à l’Université de Montréal, nous nous intéressons plus largement à la place des femmes dans les sphères militantes, politiques et médiatiques.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363982/original/file-20201016-19-1to21th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363982/original/file-20201016-19-1to21th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363982/original/file-20201016-19-1to21th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363982/original/file-20201016-19-1to21th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=444&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363982/original/file-20201016-19-1to21th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=557&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363982/original/file-20201016-19-1to21th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=557&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363982/original/file-20201016-19-1to21th.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=557&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une femme dans un monde d’hommes : la mairesse Valérie Plante est entourée du maire de Québec, Régis Labeaume, et du maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, lors d’une conférence de presse, le 18 septembre à Montréal.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<h2>Des standards plus élevés</h2>
<p>Une analyse de contenu exploratoire des chroniques et des textes d’opinions parus dans <em>La Presse</em>, <em>Le Devoir</em>, <em>Montreal Gazette</em> et <em>Le Journal de Montréal</em> a permis d’examiner les critiques émises à l’égard de la mairesse Plante selon deux catégories.</p>
<p>La première renvoie aux critiques professionnelles, soit aux gages de compétence, à l’expérience et à l’engagement politiques. La seconde réfère plutôt aux critiques personnelles, notamment au sourire de la mairesse et à sa personnalité. Il est à noter que ces deux types de critiques ne sont pas mutuellement exclusives et sont au contraire fortement liées.</p>
<p>Les politiciennes sont souvent tenues à des standards bien <a href="https://www.forbes.com/sites/kimelsesser/2019/11/21/klobuchar-says-women-are-held-to-a-higher-standard-what-does-research-say/#193ce0fb507b">plus élevés</a> que les politiciens et les critiques à leur égard ont tendance à <a href="https://www.cjc-online.ca/index.php/journal/article/view/2583/2747">sortir de l’ordre professionnel</a>. <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/british-journal-of-political-science/article/presidents-sex-and-popularity-baselines-dynamics-and-policy-performance/CF9A7262CO2256D86FBCAF760D108479">Une étude britannique</a> révèle que les femmes chefs d’État ont tendance à être plus sévèrement punies par l’électorat. L’an dernier, la première femme première ministre du Québec, Pauline Marois, <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2019-11-13/femmes-en-politique-il-faut-faire-nos-preuves-deux-fois-plus-dit-marois?fbclid=IwAR33cjgLexFGyMdhYP-OnCVXC6D4jVgzYe9OH8dgiLkG9MBLb_QPkhGVt0U">témoignait des deux poids deux mesures</a>, qui caractérisent l’expérience des femmes en politique, soulignant « l’impression qu’il faut en savoir deux fois plus que les hommes, qu’il faut faire nos preuves deux fois plus ».</p>
<h2>Un sourire aux interprétations multiples</h2>
<p>Le sourire de Valérie Plante illustre, lorsque ça va bien, sa bonhomie et son exubérance, mais davantage, ces temps-ci, <a href="https://www.journaldemontreal.com/2018/01/15/fake-news-a-lhotel-de-ville">son hypocrisie</a>, ou sa mauvaise gestion de dossiers politiques, balisant même les limites de ses compétences. Mentionnons entre autres <a href="https://www.journaldemontreal.com/2020/05/26/une-situation-de-plus-en-plus-inquietante#:%7E:text=La%20mairesse%20Val%C3%A9rie%20Plante%20doit,%C3%87a%20prend%20des%20patrouilles%20polici%C3%A8res.&text=Il%20ne%20s%E2%80%99agit%20pas,dissuader%20des%20comportements%20hautement%20risqu%C3%A9s.">cette chronique</a> de Josée Legault parue dans le <em>Journal de Montréal</em> le 26 mai 2020 :</p>
<blockquote>
<p>Ça ne pourra pas durer. Il en va de la sécurité, de la salubrité et de la santé des Montréalais. La mairesse Valérie Plante doit s’occuper de ce problème qui, très franchement, ne se dissuade pas avec des sourires.</p>
</blockquote>
<p>La performance politique de Valérie Plante apparaît en ce sens évaluée à l’aune de son sourire, comme en témoigne un texte publié dans <em>Le Devoir</em> qui non seulement s’adresse à « Madame Sourire », mais invite celle-ci à devenir <a href="https://www.ledevoir.com/opinion/idees/534324/lettre-a-valerie-plante-j-ai-vote-pour-vous-amere-deception">« enfin l’homme de la situation »</a>, faisant ici référence au slogan de Valérie Plante lors de sa campagne électorale.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/363981/original/file-20201016-23-bqej28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/363981/original/file-20201016-23-bqej28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=461&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/363981/original/file-20201016-23-bqej28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=461&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/363981/original/file-20201016-23-bqej28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=461&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/363981/original/file-20201016-23-bqej28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=580&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/363981/original/file-20201016-23-bqej28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=580&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/363981/original/file-20201016-23-bqej28.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=580&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La mairesse Valerie Plante s’esclaffe alors qu’elle discute avec un homme durant la visite d’un centre de sans-abri, en mai. Le sourire de Valérie Plante agit comme vecteur de canalisation et d’évaluation de sa performance politique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<p>Cet intérêt pour l’apparence des politiciennes <a href="https://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=mJ6RDwAAQBAJ&oi=fnd&pg=PT8&dq=harp+2019+hillary+clinton&ots=6h7rwwsk3S&sig=wYx_oWSzzZcl1IdP41g08ctj0uI#v=onepage&q=harp%202019%20hillary%20clinton&f=false">a souvent été soulevé</a>. Lors de la dernière présidentielle américaine, les choix vestimentaires de Hillary Clinton ont été critiqués et longuement décodés afin d’y trouver un sens profond. Le sourire de Valérie Plante se trouve à son tour décodé de manière similaire à <a href="https://theconversation.com/code-vestimentaire-chez-les-elus-des-pratiques-differentes-selon-les-pays-126739">l’habillement des politiciennes</a>.</p>
<p>Ainsi, dans le rapport sur les représentations des femmes aux élections municipales de 2017, « la thématique de la gestuelle et des expressions faciales est de loin la plus abordée parmi les articles traitant de l’aspect physique des candidates, écrivent les auteures. Par le fait même, ces articles ont contribué à former la représentation de l’identité politique des candidates autour de leur aspect physique ».</p>
<h2>Une bande dessinée ridicule, un brillant essai sur le hockey</h2>
<p>Dans ce même rapport sur les candidates, on note que « la vie privée des candidates a fait l’objet d’une visibilité journalistique au sein de près du quart des articles, qui ont fait le portrait de ces femmes à travers leurs rôles traditionnels féminins de mères et d’épouses », <a href="https://www.ubcpress.ca/mothers-and-others">ce qu’on retrouve aussi dans d’autres études</a>.</p>
<p>Nos résultats abondent en ce sens, dans la mesure où les projets personnels de la mairesse Plante semblent teinter l’analyse de ses compétences. Dans son cas, c’est la publication annoncée d’une bande dessinée, forcément rédigée dans ses temps libres, qui suscite le ridicule des commentateurs. Et si publier demeure un acte public, ceux-ci n’hésitent pas à remettre en question sa gestion de son temps.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/364354/original/file-20201019-23-lrwdb9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/364354/original/file-20201019-23-lrwdb9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/364354/original/file-20201019-23-lrwdb9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/364354/original/file-20201019-23-lrwdb9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=411&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/364354/original/file-20201019-23-lrwdb9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/364354/original/file-20201019-23-lrwdb9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/364354/original/file-20201019-23-lrwdb9.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=517&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La mairesse de Montréal répond à des journalistes lors d’une conférence de presse à Montréal, le 20 mars 2019.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<p>Le 2 septembre, <a href="https://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/2020-09-02/la-mairesse-est-dans-sa-bulle.php">François Cardinal écrit</a>, concernant l’annonce de publication de cette bande dessinée :</p>
<blockquote>
<p>Bref, au moment où les Montréalais sont à bout de patience, « la mairesse de la mobilité » leur impose un projet qui ne leur semble pas nécessaire dans le contexte et qui sera dur à justifier cet hiver […] Disons-le, Montréal sort traumatisé de la première vague de la pandémie, ce que la mairesse semble sous-estimer en poursuivant ses activités, ses projets littéraires et ses engagements électoraux comme si de rien n’était. »</p>
</blockquote>
<p>Ou encore la <a href="https://www.journaldemontreal.com/2020/08/21/valerie-plante-bedeiste#:%7E:text=Quand%20j%E2%80%99ai%20entendu%20dire,que%20c%E2%80%99%C3%A9tait%20une%20blague.&text=Comme%20si%20la%20mairesse%20avait,pourtant%2C%20c%E2%80%99est%20vrai.">réaction</a> de la chroniqueuse Sophie Durocher, dans <em>Le Journal de Montréal</em>, le 21 août :</p>
<blockquote>
<p>Quand j’ai entendu dire que Valérie Plante, mairesse de Montréal, sortait une bande dessinée, j’ai cru que c’était une blague. Voyons donc ! Comme si la mairesse avait le temps, en gérant la métropole, de dessiner des petits bonshommes et de faire des petits comiques […]. Sur Facebook, la mairesse a écrit que « ce processus créatif a contribué à sa santé mentale au cours des dernières années ». J’en suis fort aise. Mais nous, les Montréalais, qu’est-ce qu’on a comme « processus créatif » pour sauver notre santé mentale, nous qui vivons dans une ville qui rend fou ? »</p>
</blockquote>
<p>La bande dessinée féministe de la mairesse Plante n’a pas reçu le même traitement que la <a href="http://www.editions-homme.com/sport-legendaire/stephen-harper/livre/9782761936804">publication d’un ouvrage sur le hockey signé par Stephen Harper, en 2013</a>, alors qu’il était premier ministre du Canada. <a href="https://www.macleans.ca/politics/the-worst-part-of-prime-minister-stephen-harpers-book-about-hockey/?fbclid=IwAR1cKAo2tVzxyKB4n5moxYP-qUssRWSFgA1hsPMuin-4JuWVNk8PLfDSyAA">En dépit de quelques questionnements</a> sur le temps accordé à ce projet personnel, <a href="https://www.nytimes.com/2013/11/05/sports/hockey/hockey-history-as-documented-by-prime-minister.html?fbclid=IwAR3NcUKCD2l8z3-1T9yeCML1dZVL9BpfiDqlZrHV6_6pFCZSeTceZ293BYw">son livre a été salué</a>, perçu comme une contribution majeure à l’histoire de notre sport national.</p>
<p>Pourtant, outre l’objet et le format de leurs ouvrages, les situations sont semblables. Les deux politiciens ont rédigé un ouvrage en plein mandat, pendant leur temps libre, à l’aide de professionnels. Or, la bande dessinée de la mairesse Plante semble déranger davantage.</p>
<h2>Davantage d’intimidation et de harcèlement</h2>
<p>La personnalisation de la performance politique des femmes n’est malheureusement pas sans conséquence. <a href="https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/0160323X19858133">Une étude américaine</a> a démontré que les femmes élues à la tête de grandes villes sont davantage à risque de subir de la violence psychologique, tel que du harcèlement, que leurs collègues masculins.</p>
<p>Valérie Plante <a href="https://www.24heures.ca/2019/12/16/la-mairesse-plante-victime-de-cyberintimidation">a d’ailleurs dénoncé</a> plus d’une fois le cyberharcèlement dont elle a été victime. Elle a de plus <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1164860/valerie-plante-mairesse-montreal-laicite-menaces-haine">fait état</a> de menaces sexistes à son égard, visant entre autres son intégrité physique, suite à sa prise de position contre le projet de loi 21 déposé à l’Assemblée nationale.</p>
<p>La critique politique demeure une activité démocratique importante et nécessaire. Nous constatons toutefois que les femmes en politique font l’objet de l’éternel <a href="https://theconversation.com/dominique-anglade-face-a-la-falaise-de-verre-138583">deux poids, deux mesures</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/146287/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La couverture médiatique de la mairesse Valérie Plante, de son sourire à sa bande dessinée en passant par sa gestion des chantiers, est-elle teintée parce qu’elle est une femme ?Alexie Labelle, Candidate au doctorat en science politique, Université de MontréalKatherine V.R. Sullivan, Candidate au doctorat en science politique, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1413182020-07-03T13:45:38Z2020-07-03T13:45:38ZZones chaudes et froides : la vie et la mort dans un hôpital luttant contre la Covid-19 à Montréal<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/345391/original/file-20200702-111359-6gcx3l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un volontaire de la Croix-Rouge canadienne entre dans une tente d'un hôpital mobile à l'aréna Jacques Lemaire, à LaSalle, le 26 avril. Des zones «chaudes» et «froides» y ont été aménagées.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Graham Hughes</span></span></figcaption></figure><p>Julian Menezes met une blouse, des gants et un masque protecteur, puis entre dans la chambre d’un patient. Son travail ? Être là, simplement — pour accompagner les malades.</p>
<p>L’<a href="https://cusm.ca/glen">Hôpital Royal Victoria</a> (HRV), où travaille Julian, a traité plus de 300 cas confirmés de Covid-19 depuis le mois de mars. Il s’agit d’un des centres les plus occupés de Montréal, ville essuyant de loin le <a href="https://www.theglobeandmail.com/canada/article-coronavirus-cases-canada-world-map-explainer/">plus grand nombre de cas</a> au Canada. Dans tout cela, Julian a un rôle très important à jouer. Il est le seul intervenant en soins spirituels dans la zone « chaude » de l’hôpital, où les patients atteints de la Covid-19 sont traités.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/341583/original/file-20200613-153808-9o1hh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/341583/original/file-20200613-153808-9o1hh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/341583/original/file-20200613-153808-9o1hh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/341583/original/file-20200613-153808-9o1hh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=390&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/341583/original/file-20200613-153808-9o1hh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/341583/original/file-20200613-153808-9o1hh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/341583/original/file-20200613-153808-9o1hh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=490&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’Hôpital Royal Victoriafait partie du site Glen du Centre universitaire de santé McGill à Montréal, ci-dessus.</span>
<span class="attribution"><span class="source">THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes</span></span>
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<p>Les intervenants en soins spirituels — aussi appelés aumôniers — offrent un soutien émotionnel et spirituel aux personnes de toutes religions, ou sans religion. Bien que <a href="https://spiritualcare.ca/professional_practice_home/common-standards/">plus de 10 000</a> intervenants en soins spirituels travaillent dans des établissements à travers l’Amérique du Nord, leur rôle ne devient souvent visible auprès des médias qu’en temps de crise.</p>
<p>Durant la première vague du coronavirus, différents organes de presse, allant du <a href="https://www.nytimes.com/2020/04/11/health/coronavirus-chaplains-hospitals.html"><em>New York Times</em></a> à <a href="https://abcnews.go.com/Politics/chaplains-provide-emotional-support-covid-19-patients/story?id=69944797"><em>ABC News</em></a>, ont parlé de leur travail. Les articles portaient sur la panique et la peine des premières semaines, notamment pour les patients en isolement dans les hôpitaux et leur famille, pour qui les aumôniers devaient alors agir comme <a href="https://abcnews.go.com/Politics/chaplains-provide-emotional-support-covid-19-patients/story?id=69944797">« messagers »</a> ou <a href="https://www.cnn.com/2020/04/26/us/hospital-chaplains-coronavirus/index.html">« substituts »</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/345392/original/file-20200702-111269-frvm67.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/345392/original/file-20200702-111269-frvm67.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/345392/original/file-20200702-111269-frvm67.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/345392/original/file-20200702-111269-frvm67.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/345392/original/file-20200702-111269-frvm67.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/345392/original/file-20200702-111269-frvm67.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/345392/original/file-20200702-111269-frvm67.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Une chambre de l'hôpital Royal Victoria réservé aux patients atteints de la Covid-19.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Hannah Kirkham</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Barrières</h2>
<p>Tandis que la pandémie se poursuit, les thèmes persistants des barrières physiques, des masques et de la distanciation sociale sont devenus courants. Cette reconfiguration des corps et de l’espace est spécialement visible dans les hôpitaux comme l’HRV.</p>
<p>Julian, qui a corédigé le présent article, se souvient de l’anticipation avant l’arrivée des premiers cas de Covid-19.Troublé et tendu, le personnel de l’hôpital attendait. La vague allait-elle vite passer ? Y aurait-il des répercussions liées aux soins donnés aux patients atteints de laCOVID-19 ?</p>
<p>L’hôpital a organisé des « zones chaudes » à la hâte. Le personnel a dû revoir sa façon de diviser l’espace et de se déplacer dans celui-ci. À l’HRV, par exemple, la médecine interne et les salles de chirurgie ont été transformées en étages COVID-19, qui ont rapidement été occupés par des patients venant de résidences pour personnes âgées du Québec.</p>
<p>Suivant des directives précoces pour limiter l’exposition, seul le personnel assurant des soins vitaux était en contact avec les patients atteints de la Covid-19. Or, quelques jours après <a href="https://cusm.ca/nouvelles-et-histoires/nouvelles/premier-cas-confirme-de-covid-19-au-cusm">l’arrivée des premiers cas le 12 mars</a>, il est devenu clair que les patients avaient besoin d’autres types de travailleurs de la santé, dont des personnes offrant des soins spirituels.</p>
<p>Contrairement à <a href="https://www.journaldemontreal.com/2020/05/01/la-pandemie-isole-les-mourants">d’autres hôpitaux de Montréal</a>, l’HRV a maintenu son équipe de quatre intervenants en soins spirituels sur place. Au début, la petite équipe couvrait les étages de Covid-19, mais évitait d’entrer dans les chambres des patients infectés — considérées comme des zones chaudes. Puis, le 4 mai, l’hôpital a renforcé la séparation entre les zones chaudes et froides. Ainsi, l’équipe devait choisir entre l’une ou l’autre. Après délibération, il a été décidé que Julian couvrirait la zone chaude, tandis que ses collègues travailleraient dans la zone froide.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/342799/original/file-20200618-41204-j7z47v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/342799/original/file-20200618-41204-j7z47v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/342799/original/file-20200618-41204-j7z47v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/342799/original/file-20200618-41204-j7z47v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/342799/original/file-20200618-41204-j7z47v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/342799/original/file-20200618-41204-j7z47v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/342799/original/file-20200618-41204-j7z47v.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">La peur de mourir seul, déjà omniprésente, s’est intensifiée durant la pandémie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<h2>Froid et chaud</h2>
<p>Les zones froides ont apporté leur premier lot de surprises. Les patients de la Covid-19 et leurs familles s’attendaient à ce que les visiteurs ne puissent pas entrer dans les zones chaudes. Mais les patients des zones froides, admis à l’hôpital pour d’autres raisons de santé, ont été choqués d’apprendre qu’ils seraient eux aussi coupés de leurs proches. <a href="https://cusm.ca/nouvelles-et-histoires/coronavirus/nouvelles-restrictions-de-visite-et-controle-dentree-dans-les">Le 16 mars</a>, la politique de visite de l’hôpital avait en effet changé. Les patients adultes ne pouvaient désormais plus recevoir de visiteurs, à moins qu’ils ne soient sur le point de mourir.</p>
<p>La mise en place de ces barrières pour limiter l’exposition au virus a coûté très cher sur le plan émotionnel. Les aumôniers des zones très touchées des États-Unis l’ont d’ailleurs remarqué : déjà omniprésente, la <a href="https://www.newyorker.com/news/on-religion/the-plight-of-a-hospital-chaplain">peur de mourir seul</a> s’est intensifiée durant la pandémie.</p>
<p>Dans les zones chaudes, certains patients, notamment les plus âgés, sont trop malades pour interagir. D’autres sont heureux des visites de Julian. Là encore, d’autres barrières se dressent toutefois, car il doit revêtir de l’équipement de protection chaque fois qu’il entre dans une salle. Les visages sont masqués, et les contacts physiques coupés.</p>
<p>« Ces interactions, explique Julian, nous aident à atténuer notre propre exposition à la douleur, à la souffrance et à la mort… Maintenant qu’il y a une barrière, je ne peux pas être avec ces personnes de la même manière ». À force d’être dans la zone chaude, Julian a encore plus réalisé que ce sont les frontières perméables — au sens littéral et émotionnel du terme — qui permettent d’accompagner les gens à travers de telles expériences. Il est bien plus pénible d’être proche et d’observer sans pouvoir toucher ou être touché.</p>
<h2>Soutenir le personnel</h2>
<p>Une grande partie de la couverture médiatique s’est concentrée sur le travail des aumôniers auprès des patients et de leurs familles. Or, à mesure que la pandémie se poursuivait, leur soutien pour le personnel de l’hôpital s’est aussi avéré vital. Dans les jours précédant l’arrivée des premiers patients atteints de la Covid-19 à l’HRV, les membres du personnel s’inquiétaient surtout du risque de transmettre le virus à leur famille. Depuis, d’autres défis sont devenus apparents.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/345393/original/file-20200702-111368-6f1b66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/345393/original/file-20200702-111368-6f1b66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/345393/original/file-20200702-111368-6f1b66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/345393/original/file-20200702-111368-6f1b66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/345393/original/file-20200702-111368-6f1b66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/345393/original/file-20200702-111368-6f1b66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/345393/original/file-20200702-111368-6f1b66.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les blouses et les masques n’offrent aucune protection contre l’exposition émotionnelle à la vie et à la mort.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Graham Hughes</span></span>
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<p>Dans la zone chaude, les infirmières et infirmiers, qui assistaient chaque année à une poignée de décès dans les salles de chirurgie, voient désormais plusieurs patients mourir chaque jour. Ils racontent à Julian qu’ils se sentent impuissants, et pas seulement parce qu’il n’existe pas de traitement contre la Covid-19. Comme Julian, ils sont incapables de fournir le type de soins qui les anime ; ils ne peuvent pas vraiment apprendre à connaître les patients derrière leur équipement de protection, ou donner du réconfort par leur toucher.</p>
<p>Normalement, les médecins et le personnel infirmier restent rarement avec les patients durant leurs derniers instants de vie. Cela a aussi changé, comme les familles ne peuvent plus rester au chevet des malades. Récemment, Julian a assisté à une scène dans laquelle une infirmière de l’unité des soins intensifs tenait le téléphone à l’oreille d’un patient pour que sa femme et ses enfants puissent lui dire au revoir — ils se trouvaient dans le couloir, juste à l’extérieur de la chambre.</p>
<p>La femme du patient a ensuite demandé à l’infirmière de lui caresser la tête, comme elle avait l’habitude de le faire, tandis qu’il rendait l’âme. Après le dernier souffle du patient, l’infirmière est sortie pour s’asseoir avec Julian et la veuve en pleurs. Plus tard, elle confiera à Julian qu’elle avait participé à une scène qui dépassait tout ce qu’elle avait pu imaginer. Il n’y avait pas de rideau à tirer ni de porte à fermer ; aucune barrière pour la protéger de la peine.</p>
<p>« Les aumôniers ont l’habitude d’être présents à un décès et d’assister à quelque chose de très privé », explique Julian. Maintenant, son travail consiste en partie à aider les autres membres du personnel hospitalier à reconnaître — et à essayer d’accepter — ce à quoi ils sont exposés sur le plan émotionnel.</p>
<h2>Exposition</h2>
<p>Tandis que les hospitalisations liées à la Covid-19 <a href="https://www.theglobeandmail.com/canada/article-quebec-reports-lowest-covid-19-daily-death-tally-since-early-april-2/">sont à la baisse</a>, nous entrons dans une nouvelle phase de la pandémie. Même si le personnel hospitalier, y compris l’équipe d’intervenants en soins spirituels, se prépare à une possible seconde vague, il y a pour le moment du temps pour respirer — et, parallèlement, du temps pour réfléchir.</p>
<p>Quand on se trouve au cœur de la zone chaude de la Covid-19 au Canada, explique Julian, « on se demande : Qu’est-ce que vivre ? Qu’est-ce que mourir ? La mort est-elle la pire issue ? À l’hôpital, tout le monde est exposé à ces questions de façon générale. On parle ici de personnes qui ont décidé de travailler avec des gens que personne d’autre ne veut voir. Dans un sens, les malades et les mourants sont déjà en quarantaine et tenus à l’écart. »</p>
<p>Or, même au sein de l’hôpital, poursuit Julian, nombre de travailleurs trouvent des moyens de ne pas voir la mort. « Il y a cette drôle de juxtaposition dans la zone chaude, où nous sommes tous couverts d’une combinaison nous protégeant contre les matières dangereuses, mais en même temps bien plus exposés qu’avant à ce degré d’intimité, de peine. »</p>
<p>Peut-être est-ce là le point d’entrée, la question qui nous guide vers une réflexion plus poussée : à quoi ce virus nous a-t-il exposés ?</p>
<p><em>Julian Menezes, du Centre universitaire de santé McGill, a corédigé le présent article. Il est professionnel en soins spirituels.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/141318/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hillary Kaell ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’aumônier d’un hôpital de Montréal raconte les soins spirituels qu’il offre aux patients et aux familles, ainsi qu’au personnel, qui se sont trouvés plus intimement exposés à la vie et à la mort.Hillary Kaell, Associate Professor of Religion, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.