tag:theconversation.com,2011:/us/topics/nouvelle-aquitaine-93118/articlesNouvelle-Aquitaine – The Conversation2024-03-21T15:41:29Ztag:theconversation.com,2011:article/2253782024-03-21T15:41:29Z2024-03-21T15:41:29ZVignobles bordelais : les investisseurs chinois les ont-ils vraiment négligés ?<p>La vague d’achats de châteaux bordelais par des investisseurs chinois serait-elle terminée ? Plusieurs signes en attestent. Aucun d’entre eux n’a montré son intérêt lors des transactions récentes. De nombreux châteaux sont même mis en vente par les anciens acquéreurs : il y avait une <a href="https://www.francetvinfo.fr/france/nouvelle-aquitaine/gironde/bordeaux/vignoble-bordelais-sur-200-domaines-achetes-par-les-chinois-une-cinquantaine-est-a-vendre_5532906.html">cinquantaine d’offres à saisir fin 2022</a>.</p>
<p>Depuis 2012, plus de 200 acquisitions ont été réalisées par des investisseurs chinois dans le prestigieux <a href="https://theconversation.com/topics/vin-20325">vignoble</a> bordelais, des investisseurs issus principalement de l’élite économique, politique et artistique du pays. Le fondateur d’Alibaba, <a href="https://theconversation.com/fr/topics/jack-ma-81252">Jack Ma</a>, a, par exemple, racheté plusieurs châteaux, dont le <a href="https://www.terredevins.com/actualites/le-chateau-de-sours-revoit-les-choses-en-grand">Château de Sours</a> dans l’appellation Entre-Deux-Mers ; l’actrice <a href="https://www.vitisphere.com/actualite-94717-les-chateaux-de-zhao-wei-fonctionnent-normalement-malgre-sa-disgrace-en-chine.html">Zhao Wei</a> a, elle, jeté son dévolu sur plusieurs châteaux de l’appellation Saint-Émilion.</p>
<p>Ces transactions impliquant à la fois des membres de l’élite et des actifs prestigieux détonnent dans le monde des <a href="https://theconversation.com/topics/fusion-dentreprise-109223">fusions/acquisitions</a>. Considérées indifféremment comme des « danseuses », des « opérations d’ego », des <a href="https://www.pourleco.com/la-galerie-des-economistes/thorstein-veblen-le-snobisme-et-la-consommation-ostentatoire">« dépenses ostentatoires »</a> ou comme ce que les Anglo-saxons qualifient de « self-interest transactions », ces acquisitions atypiques sont <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/tie.21967">largement décriées par la littérature académique financière</a>. En produisant peu ou pas de synergies et de complémentarités entre la cible et l’acquéreur, elles seraient destructrices de valeur et vouées à l’échec. Les cas de châteaux bordelais <a href="https://www.rts.ch/info/monde/13265418-dans-le-vignoble-bordelais-des-rachats-chinois-au-gout-de-bouchon.html">laissés à l’abandon par leurs propriétaires chinois</a>, dont la presse et la télévision se font l’écho, vont dans le sens de cette perception négative, largement répandue dans l’opinion publique.</p>
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<p><em>Reportage de la RTS, novembre 2023.</em></p>
<p>À y regarder de plus près cependant, ces investissements chinois dans le Bordelais sont loin d’être tous des échecs. C’est ce que nous montrons dans un <a href="https://www.researchgate.net/publication/362930206_In_vino_vanitas_Social_dynamics_and_performance_of_Chinese_chateau_acquisitions_in_the_Bordeaux_vineyards">travail de recherche récent</a> qui analyse les suites de 123 acquisitions entre 2008 et 2015.</p>
<h2>Quelle intention d’achat ?</h2>
<p>Une approche sociologique nous a permis de montrer que certaines de ces transactions créent de la valeur tant d’un point de vue économique que social et symbolique. Donnant l’occasion de se distinguer socialement, ces biens sont acquis pour le prestige accru qu’ils confèrent à leurs détenteurs et qui permet de se hisser au plus haut dans l’échelle sociale.</p>
<p>Considérant ces acquisitions de châteaux viticoles comme le prolongement d’une partie d’eux-mêmes, les nouveaux propriétaires leur accordent un soin tout particulier. Ils s’investissent ainsi pleinement dans la rénovation de la propriété, l’entretien des chais et, avant tout, la confection du vin. Nous avons pu constater de nombreux exemples d’investissements significatifs dans de nouveaux outils de vinification, un recours aux meilleurs œnologues comme Michel Rolland et Stéphane Derenoncourt, et un renouvellement du vignoble pour des domaines souvent à bout de souffle. Ces acquisitions ont souvent sauvé des exploitations de la banqueroute en même temps que s’améliorait la qualité du vin.</p>
<p>Le <a href="https://www.hachette-vins.com/">Guide Hachette des Vins</a> qui couvre l’ensemble des vignobles AOC français montre même des progressions significatives pour les vins produits par certaines de ces propriétés détenues par l’élite chinoise. Ainsi en est-il des productions du couple Andrew et Melody Kuk qui ont acquis la propriété <a href="https://www.sudouest.fr/vin/investisseurs-chinois-a-pomerol-les-epoux-kuk-reaffirment-leur-attachement-au-terroir-17148857.php">La Commanderie à Pomerol</a> en 2013. Ayant fait fortune dans la finance et l’événementiel à Hongkong, ils ont renouvelé l’outil de vinification ainsi que procédé à la réfection du bâtiment de la propriété. Après quelques années, le vin de ce domaine qualifié de « belle endormie » est régulièrement présent dans les classements des meilleurs vins bordelais.</p>
<p>Ces types d’acquisitions intégrées à une stratégie d’ascension sociale apparaissent très éloignés des quelques rachats conduits par des milliardaires chinois, qui concentrent pourtant l’essentiel de l’attention des médias. Déjà au sommet de la hiérarchie sociale, ces acquéreurs s’impliquent peu dans leurs propriétés viticoles et changent fréquemment de violons d’Ingres car leur rang social ne dépend pas de la performance de leurs acquisitions. Il en résulte dans ce cas effectivement des performances souvent dégradées.</p>
<p>Statistiquement, nous observons bien cette corrélation significative entre stratégies d’ascension sociale et amélioration de la qualité du vin dans les classements.</p>
<h2>Dans le vin comme ailleurs</h2>
<p>Notre approche apporte plus généralement des clés de compréhension des motivations de ces « acquisitions ostentatoires » conduites à l’échelle internationale par les élites économiques, sportives et artistiques. Ce concept est né à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle, dans les travaux de l’économiste <a href="https://www.pourleco.com/la-galerie-des-economistes/thorstein-veblen-le-snobisme-et-la-consommation-ostentatoire">Thorstein Veblen</a> qui observait les dépenses de la classe supérieure américaine. Certains comportements d’achat de ces élites ne semblent pas logiques du point de vue de la science économique mais s’inscrivent pleinement dans des stratégies d’affirmation ou de réaffirmation sociale.</p>
<p>Se concentrant dans des secteurs tels que le sport, l’hôtellerie et l’immobilier de luxe, ces acquisitions de prestige sont le fait d’investisseurs individuels très fortunés (« High-Net-Worth Individuals ») dont le nombre est estimé à 22 millions dans le monde et dont la richesse cumulée approcherait les <a href="https://www.capgemini.com/insights/research-library/world-wealth-report/">83 000 milliards de dollars</a>. Ils sont de plus en plus nombreux, conséquence des politiques néolibérales depuis la fin des années 1970, de l’effondrement de l’URSS et de l’ascension des pays émergents.</p>
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<p>Une partie de cette fortune est consacrée à des <a href="https://www.enograf.com/media/pdf/Profit%20ili%20zadovoljstvo%20-%20kompletan%20izvestaj.pdf">acquisitions de prestige</a>. Ainsi, les grands clubs de football, Paris Saint-Germain et Manchester City, sont détenus par les fonds d’investissement souverains en lien avec les familles régnantes qatariennes et émiraties, et, il y a encore peu, le Chelsea FC l’était par l’oligarque russe, Roman Abramovitch. Concernant l’hôtellerie, les palaces tels que le Bristol, le George V et le Meurice appartiennent à des personnalités fortunées étrangères, respectivement le groupe familial allemand Oetker, le prince saoudien Al-Walid Ben Talal Al Saoud et le sultan de Brunei.</p>
<p>Autant de personnalités dont la fortune ne provient pas du secteur concerné par leurs acquisitions et qui ont conduit ces acquisitions dans le but d’accéder ou de réaffirmer leur affiliation à l’élite internationale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225378/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre-Xavier Meschi est président de l'association Atlas-AFMI (Association Francophone de Management International)</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alexandre Bohas ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Contrairement aux idées reçues, seule une minorité de vignobles bordelais rachetés par des investisseurs chinois a connu des suites négatives.Alexandre Bohas, Professeur d'Affaires internationales, ESSCA School of ManagementPierre-Xavier Meschi, Professeur des Universités en sciences de gestion, Affillié à Skema Business School, IAE Aix-Marseille Graduate School of Management – Aix-Marseille UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2022062023-06-21T18:37:55Z2023-06-21T18:37:55ZNouvelle-Aquitaine : photographier le littoral pour en comprendre les évolutions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/516419/original/file-20230320-20-g7v3r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C44%2C4940%2C3925&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À Capbreton (Landes), une borne « Coastsnap » a été installée pour inviter les promeneurs à photographier le littoral.</span> <span class="attribution"><span class="source">Author provided</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>En France métropolitaine, plus de 25 % du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/littoral-24000">littoral</a> est confronté au risque d’érosion côtière, tandis <a href="https://observatoires-littoral.developpement-durable.gouv.fr/chiffres-cles-r9.html">que 1,4 million d’habitants seraient exposés à la submersion marine</a>. Si la façade néo-aquitaine, qui compte 839 km de rivage, est l’une des moins artificialisées de l’Hexagone, elle est aussi la deuxième façade métropolitaine la plus affectée par <a href="https://theconversation.com/fr/topics/erosion-31710">l’érosion</a>, après le Nord-Ouest.</p>
<p>Phénomène naturel à l’œuvre depuis des milliers d’années sur le littoral atlantique, le recul du <a href="http://www.observatoire-cote-aquitaine.fr/Qu-est-ce-que-le-trait-de-cote">trait de côte</a> se caractérise par un déplacement massif de sédiments sous l’effet des vagues, des vents et des marées.</p>
<p>D’ici à 2050, le littoral sableux de la Gironde et des Landes pourrait ainsi perdre en moyenne <a href="http://www.observatoire-cote-aquitaine.fr/Littoral-aquitain-de-nouvelles-projections-de-l-erosion-jusqu-en-2050">50 mètres, et les côtes rocheuses du Pays basque 27 mètres</a>. En Charente-Maritime, tout au sud de l’île d’Oléron, sur la pointe de Gatseau, la mer grignote, en moyenne, une vingtaine de mètres par an. C’est l’un des endroits d’Europe <a href="https://www.nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/25_rapport_de_presentation_oleron_cle0c67ec.pdf">qui subit le plus fort recul du trait de côte</a>.</p>
<h2>Observer les côtes, accompagner les politiques publiques</h2>
<p>Créé en 1996, l’<a href="http://www.observatoire-cote-aquitaine.fr/">Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine</a> (OCNA) a pour rôle de mettre au service des acteurs du littoral un outil d’observation, d’aide à la décision et de partage de la connaissance pour la gestion et la <a href="https://theconversation.com/sur-le-littoral-notre-rapport-a-la-nature-change-en-meme-temps-que-le-climat-189582">prévention des risques côtiers</a>. L’idée est ainsi de favoriser <a href="https://theconversation.com/sur-le-littoral-notre-rapport-a-la-nature-change-en-meme-temps-que-le-climat-189582">l’adaptation au recul du trait de côte</a>.</p>
<p>Pourquoi ne pas faire appel aux promeneurs pour en documenter les évolutions ? En se baladant le long du littoral de Nouvelle-Aquitaine, ils peuvent désormais apercevoir de petits panneaux métalliques jaunes surplombant certaines plages et incitant les passants à devenir, l’espace d’un instant, acteurs du suivi du littoral.</p>
<p>Il s’agit de postes d’observation déployés dans le cadre de <a href="https://coastsnap-nouvelle-aquitaine.fr/">CoastSnap Nouvelle-Aquitaine</a>, un nouveau système de suivi participatif, installé à l’automne 2021. Son fonctionnement, particulièrement simple, est basé sur les photos prises par les citoyens à l’aide de leur smartphone, depuis un même point fixe.</p>
<p>Leur envoi, via différents canaux (formulaire web, mail ou application), va ensuite alimenter une importante base de données d’images qui seront utilisées pour mieux saisir et analyser les évolutions du littoral à différentes échelles de temps.</p>
<h2>Un outil participatif né en Australie</h2>
<p>Développée en 2017 par une équipe de <a href="https://www.coastsnap.com/">chercheurs australiens de l’Université de New South Wales</a>, l’initiative CoastSnap a pour objectif de cartographier les changements à l’œuvre à partir de contributions citoyennes.</p>
<p>Elle est complémentaire d’autres outils utilisés par les scientifiques : mesures terrain au <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/GPS_diff%C3%A9rentiel">DGPS</a>, un GPS différentiel de précision centimétrique, imagerie vidéo (webcams par exemple), images satellites.</p>
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<p>CoastSnap présente l’avantage de recueillir des observations très régulières, de façon quotidienne, tout en sensibilisant les citoyens à l’évolution du littoral et aux risques existants au niveau des zones côtières. Cette nouvelle source de données reste également plus économique que les mesures classiques ou les webcams, qui consomment de l’énergie et génèrent des coûts de maintenance.</p>
<p>Cet outil participatif innovant a donc séduit l’Observatoire de la côte de Nouvelle-Aquitaine. Tout en s’inscrivant au sein du réseau international CoastSnap, il a choisi de réunir un consortium de partenaires locaux afin de développer le projet dans la région : le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l’Office national des forêts (ONF) – principaux opérateurs techniques de l’OCNA, ainsi que le Centre aquitain des technologies de l’information et électroniques (CATIE), spécialiste des technologies du numérique.</p>
<p>Trois sites pilotes de la côte de Nouvelle-Aquitaine ont été sélectionnés pour l’installation d’un poste d’observation. L’un à Lacanau (Gironde), l’autre à Capbreton (Landes) et le dernier à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques). Ces lieux sont implantés dans chaque département de l’ex-région Aquitaine et présentent des sites aux environnements et problématiques d’érosion différents. L’objectif est d’aménager dans les mois à venir de nouveaux postes dans la région, notamment en Charente-Maritime.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/516434/original/file-20230320-195-t9jmcc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/516434/original/file-20230320-195-t9jmcc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516434/original/file-20230320-195-t9jmcc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=477&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516434/original/file-20230320-195-t9jmcc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=477&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516434/original/file-20230320-195-t9jmcc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=477&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516434/original/file-20230320-195-t9jmcc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=599&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516434/original/file-20230320-195-t9jmcc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=599&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516434/original/file-20230320-195-t9jmcc.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=599&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Situation géographique (a) et photos des postes d’observation CoastSnap de Nouvelle-Aquitaine (b, c, d).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Author provided</span></span>
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<h2>Plus de 3 000 photos reçues</h2>
<p>Résultat : près de quinze photos par semaine en moyenne sont partagées par les citoyens sur chacun des trois sites, portant ainsi le total à plus de 3 000 clichés reçus fin mai 2023.</p>
<p>La photo ci-dessous illustre les clichés « types » pris depuis ces stations. La base de données d’images constituée, le travail d’analyse et de traitement a pu débuter pour les équipes du projet dont l’œil avisé cherche à extraire les informations pertinentes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/516435/original/file-20230320-1425-sbmzh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/516435/original/file-20230320-1425-sbmzh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/516435/original/file-20230320-1425-sbmzh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=154&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/516435/original/file-20230320-1425-sbmzh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=154&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/516435/original/file-20230320-1425-sbmzh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=154&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/516435/original/file-20230320-1425-sbmzh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=193&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/516435/original/file-20230320-1425-sbmzh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=193&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/516435/original/file-20230320-1425-sbmzh.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=193&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Photos types prises depuis les postes de Lacanau-Océan (a), Santocha à Capbreton (b) et Lafitenia à Saint-Jean-de-Luz (c).</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Un suivi quantitatif des mouvements côtiers n’est possible qu’à partir d’images géoréférencées, dont les coordonnées des pixels dans un repère réel sont connues.</p>
<p>Ce n’est pas le cas des images brutes envoyées par les promeneurs, qui sont des images dites « obliques » (ou de biais). Un traitement technique, appelé orthorectification, est réalisé par les équipes de l’Observatoire afin d’aligner les images entre elles et de les projeter sur un plan horizontal.</p>
<p>Les images sont ainsi traitées avec une grande précision et permettent de caractériser la dynamique littorale de façon quantitative.</p>
<p><a href="https://www.paralia.fr/jngcgc/17_50_robinet.pdf">Des applications récentes de l’outil CoastSnap</a> ont permis le suivi de la hauteur de la plage en pied d’ouvrage à Lacanau (l’enrochement situé sur le front de mer), ainsi que celui de l’érosion du bourrelet sableux de protection à Capbreton. Il s’agit d’un apport de sable effectué par rechargement une fois par an et profilé avec la forme d’un merlon pour protéger la dune en arrière. Le changement d’orientation de la plage de Lafitenia à Saint-Jean-de-Luz a également pu être observé avec attention.</p>
<h2>Mieux comprendre les dynamiques littorales</h2>
<p>L’intérêt de disposer d’images aussi fréquentes (quasi quotidiennes) est de pouvoir identifier les causes d’évolution des sites à différentes échelles, de l’échelle d’une tempête à l’échelle pluriannuelle.</p>
<p>Ces suivis permettent aux scientifiques de mieux comprendre la dynamique littorale et son lien avec les conditions météo-marines, tout en fournissant aux gestionnaires des indicateurs haute fréquence sur l’état des sites.</p>
<p>Coastnap vient donc appuyer les stratégies de lutte contre l’érosion engagées par les collectivités locales.</p>
<p>Aujourd’hui, de nombreux pays dans le monde profitent des avantages de ce système, parmi lesquels l’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas, le Brésil, les États-Unis, l’Inde ou encore le Mozambique.</p>
<p>Plus de 200 stations CoastSnap sont ainsi présentes dans 21 États. En France, on compte déjà plus d’une vingtaine de ces installations réparties le long du littoral métropolitain, portées par les observatoires du littoral ou les universités (notamment l’Observatoire citoyen du littoral et l’Observatoire régional des risques côtiers en Pays de Loire). Elles permettront, sans nul doute, d’améliorer la compréhension et la gestion de ces zones si fragiles.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption"></span>
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</figure>
<p><em>Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr">ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202206/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sophie Lecacheux ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Depuis l’automne 2021, un projet de science participative, baptisé CoastSnap, permet d’aider à cartographier l’évolution du littoral aquitain. Objectif : mieux le comprendre pour mieux le préserver.Sophie Lecacheux, Ingénieur risques BRGM, BRGMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1706772021-11-14T16:45:43Z2021-11-14T16:45:43ZHandicap : une enquête en Nouvelle-Aquitaine révèle qu’une femme sur deux a subi des violences sexuelles<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/430267/original/file-20211104-17-j8d0uo.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C14%2C1908%2C1261&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une enquête inédite menée en Nouvelle-Aquitaine révèle que toutes les femmes en situation de handicap interrogées ont tenté de mettre fin à leurs jours.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/statue-sculpture-bronze-4595979/">Jacques Gaimard/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>En 2020, en France, <a href="https://iddhea.fr/un-point-sur-le-handicap-en-france-en-2020">1 personne sur 6</a> souffre d’un handicap, soit environ 12 millions de personnes.</p>
<p>Notre recherche, à paraître le 24 novembre, sur les femmes victimes de violences en situation de handicap montre que ces dernières sont particulièrement vulnérables aux violences sexuelles. Pour ces femmes, les violences avaient augmenté durant le confinement de près de20 % (contre 7 % pour les autres femmes lors de la <a href="https://associationaresvi.fr/violences-sexistes-et-sexuelles-resultats">précédente enquête</a> menée en 2020.</p>
<p>Ces violences engendrent des conséquences psychologiques importantes, mais aussi des contraintes matérielles ou sociales concernant les femmes malentendantes ou aveugles par exemple, davantage isolées, comme le soulignait déjà Maudy Piot, fondatrice de l’<a href="https://fdfa.fr/ecoute-violences-femmes-handicapees/">Association femmes pour le dire, femmes pour agir (FDFA)</a> lors d’un <a href="https://fdfa.fr/wp-content/uploads/2014/12/violences-contre-femmes-handicapees14.pdf">colloque tenu le 19 juin 2010</a>.</p>
<h2>Une enquête inédite</h2>
<p>De janvier à septembre 2021 nous avons mené une enquête inédite à l’aide d’une triple méthodologie : le croisement de deux questionnaires (N=149), d’entretiens semi-directifs auprès des professionnel.les et des personnes concernées (N=38), ainsi que des entretiens collectifs (N=24). Au total, 211 femmes en Nouvelle-Aquitaine, âgées de 19 a 72 ans, issues de toutes catégories sociales, ont été entendues, avec des entretiens extrêmement douloureux pour certains. Cette méthodologie a permis une triangulation des données propice à une compréhension plus fine des « violences invisibles ».</p>
<p>Il a été fait le choix de ne pas sélectionner un handicap et de s’en tenir à une définition <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000809647/2021-10-24">large au sens de la loi française</a>. Intégrant les troubles psychiques, distincts du handicap mental, cette définition peut donc concerner les personnes que des violences, notamment sexuelles, ont exposées à des troubles psychotraumatiques.</p>
<p>Ainsi, si le handicap accroît le risque de violences, il peut aussi en être la conséquence. Enfin, une différence méthodologique entre les femmes victimes à l’âge adulte, suite aux violences et celles ayant eu un parcours dès le plus jeune âge, traversé par le handicap et son corollaire de violences a été effectuée intégrant ainsi <a href="https://www.cairn.info/revue-cahiers-du-genre-2019-1-page-17.htm">l’analyse des violences sur le temps long</a>.</p>
<h2>Un constat alarmant</h2>
<p>Nos résultats mettent en évidence plusieurs points clefs ;</p>
<ul>
<li><p>Les femmes en situation de handicap déclarent deux fois plus que les autres avoir subi des agressions incestueuses durant leur enfance.</p></li>
<li><p>Les personnes en situation de handicap sont bien plus exposées aux violences sous toutes leurs formes.</p></li>
<li><p>En raison de leur parcours, elles ont peu confiance aux institutions, et se tournent davantage vers les associations dédiées, qui peuvent les accompagner dans ces démarches encore plus difficiles pour elles. C’est grâce au soutien associatif qu’elles peuvent sortir des violences pour une majorité d’entre elles.</p></li>
<li><p>Près des trois quarts estiment l’intervention des forces de sécurité insatisfaisantes ; ce qui montre une forte déception vis-à-vis des institutions.</p></li>
<li><p>Plus de la moitié d’entre elles a fait appel à une association dédiée (en lien avec leur handicap).</p></li>
<li><p>40 % ont changé de ville suite aux violences.</p></li>
</ul>
<iframe width="100%" height="682" frameborder="0" scrolling="no" style="overflow-y:hidden;" src="https://create.piktochart.com/embed/56587845-femmes-dagorn"></iframe>
<p>Les femmes en situation de handicap mental et psychique sont davantage touchées dans la fréquence et l’intensité des violences. Elles connaissent trois fois plus de violences économiques que les autres. 40 % des femmes en situation de handicap relèvent des violences économiques et administratives (notamment la privation de l’allocation handicapée.). Parmi les 53 % des femmes qui réussissent à en parler, elles s’adressent majoritairement à la famille (48 %) et à un médecin (40 %) ou un travailleur social (23 %).</p>
<h2>Une femme sur deux a subi un inceste</h2>
<p>Par ailleurs, plus de la moitié des femmes en situation de handicap (tous handicaps confondus) entendues lors des entretiens ont rapporté des crimes incestueux.</p>
<p>Lors d’un entretien, une femme en situation de handicap psychique, violée durant l’enfance et boulimique suite à l’inceste subi, dit avoir « eu la chance d’avoir un compagnon malgré son poids ».</p>
<p>Cette personne rencontrée en unité hospitalière a subi des violences physiques, sexuelles et psychologiques dès le premier jour de sa rencontre :</p>
<blockquote>
<p>« Tous les jours et depuis toujours il m’a battue pour tout et n’importe quoi… Vous voulez un exemple ! Celui où j’ai été virée de la formation que j’attendais depuis un moment : Je faisais une formation professionnelle dans le domaine viticole. Mon compagnon m’a téléphoné et hurlé dessus en me disant qu’il fallait que je rentre de suite, sans vraiment d’explications. C’est ce que j’ai fait. Une fois arrivée à domicile, je l’ai surpris en train de dormir. Je lui ai alors demandé ce qu’il y avait il m’a dit que c’était comme ça et qu’il n’avait pas à se justifier et m’a mis des coups de pied quand j’étais par terre. J’étais sa chose et il décidait de tous mes mouvements. »</p>
</blockquote>
<p>Un autre témoignage issu du verbatim du questionnaire d’une dame en situation de handicap psychique âgée de 41 ans aujourd’hui montre l’amplitude des violences :</p>
<blockquote>
<p>« J’ai été abusée sexuellement à l’âge de quatre ans par ma cousine qui avait huit ans de plus que moi. Malgré mon petit âge, plusieurs fois j’ai voulu prévenir ma tante, car j’avais déjà conscience que ce que me demandais et faisais à ma cousine était mal. Or, quand j’allais pour me plaindre à ma tante, celle-ci me répondait “le bureau des pleurs est fermé !”. Plus tard, à l’âge de 23 ans, un collègue de travail m’a obligé à le masturber sur le lieu de travail. Lorsque j’ai voulu en avertir mon employeur, on m’a traitée de menteuse et de folle… On me croit jamais parce que je suis travailleuse handicapée. »</p>
</blockquote>
<h2>Une violence symbolique accrue et intériorisée</h2>
<p>En raison de leur position économique et sociale fragile, de leur sentiment de culpabilité et d’infériorité, les femmes en situation de handicap mental et psychique sont victimes de doubles stéréotypes, et sont rarement crues lorsqu’elles en parlent, en dépit des témoignages.</p>
<p>Lors de nos entretiens, nous avons pu entendre que ces violences réelles et symboliques sont si présentes au quotidien que les femmes les perçoivent comme « normales » :</p>
<blockquote>
<p>« Moi je pensais que c’était normal que les couples vivaient un peu comme ça. »</p>
<p>À force de se sentir rabaissée, on finit par être endurcie. »</p>
<p>« Dans ma famille, on reçoit des coups pour être éduqué, c’est normal ! Mais de toute manière c’est comme ça que l’on se fait éduquer, c’est normal. »</p>
</blockquote>
<p>Toutes les personnes en situation de handicap psychique interrogées relatent des refus de plainte par les forces de sécurité, d’écoute ou de soin par les proches et professionnels, en raison d’une certaine « hystérie » mise en avant.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/433696/original/file-20211124-14-6qrdxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/433696/original/file-20211124-14-6qrdxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/433696/original/file-20211124-14-6qrdxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=801&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/433696/original/file-20211124-14-6qrdxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=801&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/433696/original/file-20211124-14-6qrdxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=801&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/433696/original/file-20211124-14-6qrdxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1007&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/433696/original/file-20211124-14-6qrdxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1007&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/433696/original/file-20211124-14-6qrdxx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1007&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">CRP Sud NA. Centre Hospitalier Charles Perrens Bordeaux. Le 23 novembre 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">J.Dagorn</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En dépit d’un certain « embarras » de certains membres des services publics face aux agressions, plusieurs professionnels (majoritairement issus du social, médico-social et médical) interrogés ont rapporté l’ampleur du phénomène.</p>
<p>Ainsi 80 % des professionnel·le·s interrogés connaissent au moins une femme en situation de handicap victime de violences. Parmi ces violences, la moitié des professionnels révèlent des rapports sexuels forcés par un compagnon ou un parent. En rapportant également que ces femmes cumulent tous types de violences, y compris un fort taux de violences économiques, leurs témoignages font écho à ceux des personnes concernées.</p>
<h2>Le rôle ambivalent des aidants</h2>
<p>En effet, si la situation des femmes en situation de handicap physique diffère, elle peut aussi être extrêmement compliquée lorsque le <a href="https://www.senat.fr/rap/r19-014/r19-014_mono.html">conjoint violent est souvent « un aidant »</a>.</p>
<p>Plusieurs professionnelles interrogées ont fait part de la difficulté concrète de la séparation avec le conjoint violent lorsque ce dernier est également qualifié d’« aidant » alors qu’il s’agit du bourreau domestique.</p>
<p>Leur handicap est souvent source de dépendance physique, économique, financière et également source de revenus lorsque le conjoint a le <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/affaires-sociales/personnes-agees/droits-et-aides/article/allocation-journaliere-du-proche-aidant">statut de proche aidant</a>. Cet état de fait augmente le risque de subir des violences et la dépendance à l’égard du partenaire intime ou du ménage, car dénoncer c’est prendre le risque de perdre l’aide au quotidien et de se retrouver dans une situation de vulnérabilité encore plus forte, d’autant plus quand la nature du handicap se traduit par des difficultés dans les déplacements.</p>
<p>L’insuffisance des moyens humains et financiers lors de la séparation est un véritable frein pour ces femmes, qui subissent alors la double peine liée au parcours de sortie des violences et à l’incapacité de vivre seule dignement. Une personne concernée y a fait allusion lors d’un entretien individuel, en parlant de sa tentative de suicide par médicaments après être restée seule chez elle, sans « perspective d’aller mieux ».</p>
<p>Les professionnelles ont fait allusion à la situation « humiliante » dans laquelle se retrouvaient certaines femmes sans les « soins » prodigués par leur compagnon. C’est pourquoi ce paramètre doit absolument être pris en considération dans le calcul des aides en cas de séparation.</p>
<h2>Des capacités de résistances hors du commun</h2>
<p>Malgré des parcours de violences compliqués, nombre de femmes rencontrées expriment une force et des capacités de résistances inouïes comme en témoigne cette femme de 42 ans :</p>
<blockquote>
<p>« Aujourd’hui, même si les violences que j’ai vécues m’ont brisée, j’ai réussi à me reconstruire. J’ai réussi à m’accepter comme je suis et à refuser de me mettre de nouveau dans une situation de faiblesse. Je sais que nous sommes beaucoup de femmes handicapées à vivre des violences mais nous ne sommes pas obligées de subir. Nous ne sommes pas obligées de nous soumettre à une place que nous attribue la société. Le handicap n’est pas un frein. C’est vrai qu’il ne facilite pas les choses mais nous ne sommes pas condamnées à subir. Aujourd’hui je réapprends à m’aimer en tant que femme et plus en tant que handicapée. Je veux vivre heureuse et je me bats quotidiennement pour y arriver ».</p>
</blockquote>
<p>Une autre confie :</p>
<blockquote>
<p>« C’est étrange mais en quelque sorte j’estime que cela m’a aidé, je ne peux pas dire que j’en ai souffert. Ces remarques sur mon problème de vue m’ont permis de me construire et également de me protéger face à des réactions qui peuvent être plus ou moins virulentes. Il ne s’agit pas de banaliser la chose, mais dans mon cas, ou cela restait « minime » j’ai pu apprendre à réagir à certaines situations, finalement par la pratique. »</p>
</blockquote>
<p>Leur <a href="https://www.caf.fr/allocataires/droits-et-prestations/s-informer-sur-les-aides/solidarite-et-insertion/l-allocation-aux-adultes-handicapes-aah">Allocation handicapée</a> (AAH) représente aussi une manne financière non négligeable (903 euros maximum par mois) pour certains hommes, qui les privent de papier, d’argent, et peuvent aller jusqu’à les prostituer afin d’augmenter leurs revenus comme en témoigne une enquêtée en situation de dépendance à l’alcool.</p>
<blockquote>
<p>« Il me cachait mes bouteilles et m’enfermait dans la chambre… J’étais folle, je tremblais, j’avais mal à la tête… C’était horrible… Il faisait venir des amis dans la chambre et me faisait faire des tas de choses avec eux… Il me donnait une bière que quand c’était fini et qu’il n’y avait plus personne dans la maison… Puis une fois que je prenais ma bière […] Il me tapait au sol avec son pied… J’avais mal, mais j’avais ma bière… Maintenant, grâce au médicament qu’on m’a donné ici, j’ai plus envie de boire, ça me dégoute… J’essaie d’oublier, mais j’y arrive pas… je vois une psy qui m’aide… J’ai envie de retravailler et d’oublier tout ça madame ! »</p>
</blockquote>
<p>La prise en compte politique et médiatique de la situation de ces femmes, dans un contexte post #MeToo permet de lever une partie de la violence symbolique subie, de dénoncer, mais aussi de vivre autrement, sans souffrances, comme l’exprime cette dame porteuse de handicap, qui a 72 ans, se révèle pleine d’optimisme :</p>
<blockquote>
<p>« À l’époque je ne disais rien, aujourd’hui ça me révolte ! Je suis triste de ne pas avoir eu d’enfants mais je me dis que c’est mieux comme ça car l’enfant ne méritait pas d’avoir un père comme ça… Je vois à la télé qu’il y a beaucoup de publicité et il y a de plus d’associations qui existent il faut que ça continue c’est vraiment important. Il y a encore trop de féminicides et ça m’inquiète. J’ai réussi à sortir des griffes de cet homme mais toutes les femmes n’y arrivent pas et qu’elles soient accompagnées c’est important. »</p>
</blockquote>
<hr>
<p><em>Cet article reprend en avant-première les éléments d’analyse et la recherche menée par Johanna Dagorn pour l’Observatoire régional des <a href="https://associationaresvi.fr/category/violences-sexistes-et-sexuelles/">violences sexistes et sexuelles de Nouvelle-Aquitaine</a> et soutenue par la Région Nouvelle-Aquitaine et l’État.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/170677/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Johanna Dagorn ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Résultats d’une enquête inédite auprès de femmes en situation de handicap : plus de la moitié ont vécu ou vivent des situations d’abus physiques, psychologiques ou sexuels.Johanna Dagorn, Sociologue, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1580412021-04-22T18:21:15Z2021-04-22T18:21:15ZComment la sortie en forêt est devenue une valeur refuge avec la Covid-19<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/393781/original/file-20210407-17-1tzme0u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Marcher dans les bois pour laisser les contraintes derrière soi. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Yh6K2eTr_FY">Jake Melara/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Les limitations de déplacement causées par l’épidémie de la Covid-19 auront certainement eu pour effets de nous faire redécouvrir la place qu’occupe la nature dans notre <a href="https://theconversation.com/confinement-en-ville-pourquoi-lacces-a-la-nature-est-tout-simplement-vital-137500">qualité de vie au quotidien</a>.</p>
<p>Si des études scientifiques avaient documenté les bénéfices sur la santé morale et physique du temps passé « dehors » (comme dans ces <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=1408694">travaux de 2009</a> ou de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28763021/">2017</a>), ces activités revêtent indéniablement aujourd’hui une <a href="https://theconversation.com/the-challenges-and-benefits-of-outdoor-recreation-during-nzs-coronavirus-lockdown-134892">dimension nouvelle</a>.</p>
<p>Et nul besoin de partir à l’autre bout de la planète pour profiter de ces bienfaits ! Ils sont parfaitement accessibles dans des espaces de proximité, dans une nature parfois qualifiée « d’ordinaire ».</p>
<p>C’est le cas des forêts, recherchées et plébiscitées par un grand nombre d’usagers, <a href="https://www.researchgate.net/publication/344556035_Les_Francais_et_la_nature_frequentation_representations_et_opinions">tant en France</a> qu’à <a href="http://www.metla.fi/julkaisut/workingpapers/2008/mwp079.pdf">l’étranger</a>. Ces espaces offrent, en effet, la possibilité de se détendre, de pratiquer du sport, de se ressourcer, seul, en famille ou avec des amis.</p>
<p>Comment avons-nous réagi aux restrictions qui nous ont été imposées ces 12 derniers mois ? Avons-nous modifié nos comportements ? Avons-nous développé de nouvelles aspirations ou, au contraire, distendu encore un peu plus nos liens au monde naturel ?</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1255716366805581824"}"></div></p>
<h2>Une enquête grandeur nature dans le Sud-Ouest</h2>
<p>Pour tenter de répondre à ces questions, une enquête sur la fréquentation des espaces naturels dans les départements de la Gironde, Landes, des Pyrénées-Atlantiques, de la Dordogne et du Lot-et-Garonne a été déployée fin 2020.</p>
<p><a href="https://www.quae.com/produit/1126/9782759220090/l-ouverture-des-forets-au-public">Mobilisant des outils et méthodes issus des sciences humaines et sociales</a>, deux échantillons représentatifs de la population aquitaine – sur les critères d’âge, de genre, de catégories socioprofessionnelles et de type de commune de résidence – de 500 individus chacun, ont été interrogés.</p>
<p>Les données collectées à cette occasion <a href="https://hal.inrae.fr/hal-02599276">ont été comparées aux résultats issus de deux éditions antérieures</a>, respectivement en 2006 et 2012, grâce à la répétition des protocoles. Cette vision longue, assez inédite, permet de retracer les tendances et les variations conjoncturelles de l’évolution de la demande.</p>
<p>Quatre grands enseignements se dégagent.</p>
<h2>Campagne, forêt, littoral…</h2>
<p>L’étude révèle tout d’abord que la sortie en forêt est demeurée extrêmement populaire en 2020, malgré les contraintes et les restrictions, dans le Sud-Ouest de la France : 7 habitants sur 10 ont déclaré y passer du temps, proportion remarquablement stable depuis près de 15 ans.</p>
<p>Cela en fait le deuxième espace naturel le plus fréquenté, juste derrière la campagne (78 % de la population), mais devant le littoral (50 %). Plus d’un tiers des sondés ont pu se rendre en forêt durant le premier confinement, autrement dit celui qui a été le plus strict, et plus de 40 % durant le second.</p>
<p>Plusieurs caractères de fréquentation sont remarquablement stables par rapport aux années précédentes : les activités pratiquées (la promenade pour 95 % des usagers, la cueillette 68 %, l’observation des plantes et des animaux 67 %), ce qui plaît (le calme 96 %, les animaux 72 %) ou, au contraire, ce que l’on ne veut pas y voir (des ordures 87 %, des activités motorisées 68 %, du « monde » à 50 %).</p>
<h2>S’évader à proximité</h2>
<p>À l’inverse, d’autres comportements semblent avoir été ajustés.</p>
<p>En particulier, les usagers ont déclaré y aller beaucoup plus souvent seuls (52 %), soit un taux deux fois plus élevé que ce que l’on constatait dans les enquêtes antérieures. De tels chiffres pourraient laisser penser que les gestes barrières et autres consignes de « distanciation sociale » ont bien été respectés.</p>
<p>Plus que d’habitude, la fréquentation s’est faite sur des espaces très proches, que les usagers connaissaient déjà (situés à moins de 10 minutes de leur domicile, soit deux fois moins loin qu’en 2012), y compris durant la phase du déconfinement, alors que les contraintes de déplacement étaient progressivement levées.</p>
<hr>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pourquoi-la-nature-nous-fait-du-bien-les-scientifiques-expliquent-92959">Pourquoi la nature nous fait du bien, les scientifiques expliquent</a>
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<p>Doit-on voir dans cette « demande de proximité », une recherche de stabilité, particulièrement rassurante dans les périodes marquées par l’incertitude ? Probablement.</p>
<p>D’autant que la forêt, en France, est traditionnellement associée à des représentations sociales <a href="https://hal-univ-pau.archives-ouvertes.fr/hal-02167371">patrimoniales</a> et <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/une-histoire-de-la-foret-martine-chalvet/9782020872348">au temps long</a>.</p>
<h2>Au profit du plus grand nombre</h2>
<p>Par conséquent, il n’y a rien d’étonnant à ce que la forêt apparaisse comme un espace refuge, relativement sûr vis-à-vis de l’épidémie.</p>
<p>En matière de risque de contamination, on s’y sent en effet moins exposé que sur son lieu de travail (point de vue défendu par 83 % des répondants), dans les rues piétonnes (96 %) ou les parcs et espaces verts en ville (93 %) ; mais aussi moins exposé qu’à l’océan tout proche (70 %), lequel offre pourtant d’immenses étendues naturelles de plages sableuses.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/396529/original/file-20210422-24-e22ou0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/396529/original/file-20210422-24-e22ou0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/396529/original/file-20210422-24-e22ou0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/396529/original/file-20210422-24-e22ou0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/396529/original/file-20210422-24-e22ou0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/396529/original/file-20210422-24-e22ou0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/396529/original/file-20210422-24-e22ou0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’évasion et le repos, deux des nombreux bénéfices de la pause en forêt.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Jeoffrey Dehez</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Seule la montagne est placée à un niveau comparable (risque jugé « identique » dans 65 % des cas). <a href="https://www.onf.fr/onf/+/f1::bilan-p%20atrimonial-des-forets-domaniales-2015.html">L’image de « réserve à biodiversité »</a>, dont jouit la forêt, n’y est sans doute pas étrangère. L’enquête révèle que l’on cherche le contact avec la nature (76 %), le besoin de ressourcement (70 %), le bien-être, psychologique (72 %) et physique (59 %).</p>
<p>Enfin, en dépit des inégalités sociospatiales qui perdurent, il semble que ces espaces aient profité au plus grand nombre.</p>
<p>Bien que certaines caractéristiques socio-économiques (revenus, catégories socioprofessionnelles, âge) soient statistiquement discriminantes, leur influence apparaît moins forte que pour d’autres destinations, notamment le littoral ou la montagne.</p>
<p>De même, les habitants des communes rurales, de moins de 2000 habitants, en particulier ceux qui habitent une maison individuelle, y sont allés plus que les autres.</p>
<h2>Une activité essentielle en temps de pandémie</h2>
<p>S’adaptant aux restrictions et limitations de déplacement, les habitants du Sud-Ouest de la France ont donc continué à passer du temps en forêt, en 2020. Sachant que les milieux forestiers couvrent plus de 15 millions d’hectares sur l’ensemble du territoire national, dont un tiers en propriété publique, il y a fort à parier que ce fût le cas dans d’autres régions françaises.</p>
<p>Longtemps considérée comme un placement financier de long terme, la forêt acquiert aujourd’hui le rôle de « valeur refuge », sur un plan sanitaire et social aussi.</p>
<p>Relativement accessible, le plus souvent gratuitement, on disposerait peut-être là d’un nouvel outil d’accompagnement des populations dans la gestion de l’épidémie de la Covid-19. À ajouter à la liste des activités « essentielles » ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/158041/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jeoffrey Dehez a reçu des financements du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sandrine Lyser a reçu des financements du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. </span></em></p>Avec les restrictions de déplacement, les espaces boisés de proximité sont devenus indispensables au bien-être, comme le révèle une vaste enquête conduite dans le Sud-Ouest.Jeoffrey Dehez, Chargé de recherche en économie des loisirs et environnement, InraeSandrine Lyser, Ingénieure d’études en statistique, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1459462020-09-20T17:06:56Z2020-09-20T17:06:56ZLe changement climatique à l’échelle régionale : retour sur le projet « Acclimaterra »<p><em>Cet article est publié dans le cadre du Forum international de la météo et du climat, qui se tiendra du 15 au 18 octobre 2020 et dont The Conversation est partenaire. Nous vous donnons rendez-vous dès le 30 septembre 2020 au Campus des Cordeliers (Sorbonne Université) <a href="https://forumeteoclimat.com/programme/colloque-2020/">pour assister au colloque international</a> qui donnera le coup d’envoi du Forum. Retrouvez toutes les infos sur <a href="https://forumeteoclimat.com/">forumeteoclimat.com</a>.</em></p>
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<p>Les changements climatiques liés aux émissions de gaz à effet de serre sont désormais <a href="https://theconversation.com/comment-les-scientifiques-organisent-la-surveillance-du-climat-128016">clairement visibles</a> ; il n’est plus possible de réfléchir aux implications d’un tel changement de la même manière que dans les années 1980 ou 1990, lorsque se sont mises en place des instances telles que le Programme mondial de recherche sur le climat (1980), le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/giec-20579">GIEC</a> (1988) ou encore la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, dans la foulée du <a href="https://www.novethic.fr/lexique/detail/sommet-de-rio.html">Sommet de Rio de 1992</a>.</p>
<p>Nous avons, depuis cette époque, <a href="https://theconversation.com/plus-2-demissions-de-co-en-2018-une-tendance-qui-sinstalle-pour-2019-108516">continué à émettre des gaz à effet de serre</a> à un rythme annuel toujours croissant. Ces gaz se stockent pour moitié environ dans l’atmosphère. Ils rendent largement irréversible une évolution qui crée par ailleurs une situation d’interdépendance totale entre les différents pays de la planète, puisque les gaz à effet de serre sont continuellement mélangés par les mouvements de l’air, quelle que soit leur origine.</p>
<p>Le <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/IPCC-Special-Report-1.5-SPM_fr.pdf">rapport du GIEC de 2019</a> montre que, dans ces conditions, rester sous la barre des 1,5 degré de réchauffement réclame d’atteindre l’équilibre carbone vers 2050 : cela signifie moins de 30 ans pour avoir remplacé de manière complète des <a href="https://theconversation.com/changement-climatique-comment-sortir-de-lage-des-fossiles-87534">combustibles fossiles</a> qui représentent environ 80 % de nos ressources énergétiques.</p>
<p>Dans un tel contexte, il est impossible d’ignorer les risques irrémédiablement croissants auxquels sont soumis les territoires où nous vivons. Et le champ de ce qui est possible diminue constamment, au fil des émissions nouvelles de gaz à effet de serre, qui s’ajoutent aux plus anciennes.</p>
<h2>Quel horizon climatique pour l’Aquitaine ?</h2>
<p>Nous allons illustrer ce que cette évolution impose de nouveau, en nous appuyant sur un travail demandé il y a une décennie par la région Aquitaine (agrandie depuis 2016 aux dimensions de la <a href="https://www.nouvelle-aquitaine.fr/le-territoire/la-plus-grande-region-de-france">Nouvelle-Aquitaine</a>) ; les acteurs de cette analyse furent réunis au sein d’un groupe appelé <a href="http://www.acclimaterra.fr/qui-sommes-nous/">« Acclimaterra »</a>.</p>
<p>Il s’agissait « simplement » de faire un diagnostic de ce que pourrait devenir ce territoire dans quelques décennies, et le travail qui a été choisi a été avant tout de s’appuyer sur les études et documents disponibles : Bordeaux et les autres villes de la région sont riches d’un grand potentiel scientifique, avec des études très nombreuses portant de manière directe sur le territoire local.</p>
<p>Si le travail mis en œuvre par Acclimaterra peut paraître très simple, il aura porté une approche nouvelle.</p>
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<figcaption><span class="caption">Conférence d’Acclimaterra en 2018 (Région Nouvelle-Aquitaine).</span></figcaption>
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<h2>Régionaliser les résultats de la modélisation</h2>
<p>En matière de climat et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la méthode la plus commune pour déterminer les objectifs à tenir est d’utiliser des modèles numériques travaillant à l’échelle globale, de se donner des objectifs relativement lointains (par exemple, ne pas dépasser 1,5 ou 2 °C de réchauffement en moyenne globale à l’horizon 2100), et de mettre en place une forme de rétroplanning vers le temps présent, qui permet de définir ce qu’il faut décider aujourd’hui pour ne pas dériver vers des futurs trop élevés dans un siècle.</p>
<p>On peut alors « régionaliser » ces résultats à l’échelle d’un domaine plus petit, en utilisant des méthodes statistiques. Mais il est difficile de tenir compte dans ce cadre de faits tels que l’évolution de l’économie régionale, ou celle de la biodiversité.</p>
<p>Une grande part se joue à l’échelle des humains et il faut donc renverser ou compléter l’injonction célèbre « Penser globalement pour agir localement », en se souciant aussi de « penser localement ».</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/de-new-york-a-la-nouvelle-aquitaine-lemergence-des-giec-territoriaux-110945">De New York à la Nouvelle-Aquitaine : l’émergence des « GIEC » territoriaux</a>
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<h2>400 chercheurs impliqués</h2>
<p>L’objectif que s’est donné pour cela le projet Acclimaterra a été de faire un recensement des travaux existants qui soient porteurs d’informations et d’anticipations sur le changement climatique – mais en allant du présent vers le futur et en agrégeant progressivement des compétences variées, depuis la physique et la biochimie jusqu’au droit environnement et aux sciences sociales en passant par les enjeux de santé, l’écologie, ou l’histoire (la liste n’est pas limitative !).</p>
<p>Deux publications ont accompagné ces travaux : l’une en <a href="http://www.acclimaterra.fr/uploads/2015/10/LES-IMPACTS-DU-CHANGEMENT-CLIMATIQUE-EN-AQUITAINE-110Mo.pdf">2013 consacrée à l’Aquitaine</a> ; l’autre en <a href="http://www.acclimaterra.fr/uploads/2018/05/Rapport-AcclimaTerra.pdf">2018 à la Nouvelle-Aquitaine</a>.</p>
<p>Un des facteurs de réussite du projet concerne l’ampleur et la densité de l’information disponible au niveau régional. Les membres des « bureaux » qui ont géré ce travail étaient souvent au nombre de 4 ou 5, le comité scientifique qui a mis en place les « groupes de chapitres » en comptait une vingtaine ; au final, près de 400 chercheurs ont contribué par leurs écrits à ces deux publications.</p>
<p>Le fait régional a trouvé une expression forte à ce niveau : les participants étaient tous bénévoles, presque tous locaux, et leur attachement au territoire a été inévitablement l’une des raisons de leur intérêt.</p>
<p>C’est aussi cet intérêt qui a permis à Acclimaterra, au fil des années, de jouer un rôle qui n’était pas vraiment prévu au départ : aller à la rencontre des acteurs de la Nouvelle-Aquitaine.</p>
<h2>À la rencontre des acteurs de terrain</h2>
<p>Dans un premier temps, une vingtaine de villes ont été ciblées : Acclimaterra y a passé très souvent 3 jours, pour des contacts avec les élus, les entrepreneurs, les associations, le grand public, les scolaires.</p>
<p>Il s’agissait de porter le diagnostic scientifique mais aussi d’être à l’écoute des personnes rencontrées. Le succès de ces visites fait qu’elles ont été répétées ensuite dans une vingtaine d’autres lieux, et qu’elles se sont accompagnées d’opérations plus ciblées, d’aides à la mise en place des plans « Climat Air Énergie » territoriaux (PCAET), d’actions répétées de médiation dans un large ensemble de domaines ; citons à titre d’exemple le <a href="http://www.acclimaterra.fr/actualites-2/">projet « Acclimacampus »</a>, hébergé par l’université de Bordeaux.</p>
<p>Le travail scientifique lui-même a fait l’objet de réunions très régulières. On peut l’articuler autour de deux notions essentielles : la vulnérabilité des territoires et le caractère systémique du fonctionnement de la région, que l’on retrouve en faisant une liste incomplète des thèmes abordés : les climats anciens, la variabilité naturelle du climat, la santé, les ressources forestières, agricoles et vinicoles, les ressources de la mer, la fragilité du littoral, la qualité de l’air, de l’eau et des sols, la gestion de l’eau, l’évolution des massifs montagneux, la biodiversité (en lien partiel avec des ONG), l’énergie, l’urbanisme, l’économie, le droit environnemental, la gouvernance…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/changement-climatique-penser-les-trajectoires-de-ladaptation-145737">Changement climatique : penser les « trajectoires » de l’adaptation</a>
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<p>La dimension systémique du fait régional est un fait essentiel. On peut l’illustrer en évoquant la ressource en eau qui constitue sans aucun doute l’un des éléments les plus sensibles de la gestion régionale. Elle est associée à des phénomènes multiples : l’enneigement des montagnes, les ressources hydroélectriques, le refroidissement des centrales nucléaires, le bouchon vaseux de l’estuaire girondin, les filières agricoles, la forêt, la vigne… Et elle n’est gérable que dans le respect de cette complexité.</p>
<p>Tout ceci définit un système climatique localisé dont la complexité est sans doute égale à celle du système climatique global et qui a une double légitimité : être proche des citoyens, tout en gérant un domaine suffisamment large pour être en mesure d’y aborder les problèmes d’arbitrage entre différentes solutions.</p>
<h2>Un nouvel espace de solutions</h2>
<p>Face aux dérèglements climatiques, le niveau régional apporte très certainement un nouvel espace de solutions, finalement très peu étudié, permettant de casser l’opposition trop fréquente entre « atténuation » (stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère) et « adaptation » (limiter les effets négatifs) du changement climatique.</p>
<p>Il est devenu nécessaire aujourd’hui de concilier ces enjeux que rien n’oppose. Dans un monde où une grande part des émissions de gaz à effet de serre sont liées au transport, à l’habitat et à l’agriculture, il faut tirer parti de ce que représentent les territoires : des lieux de décisions en réponse à des problèmes qui relèvent de l’urbanisme, de l’évolution des filières agricoles, du développement des infrastructures de transport, de la défense des zones naturelles, du développement de filières énergétiques locales, de la qualité de l’air, de l’eau et des sols, du soutien à l’organisation de la pêche…</p>
<p>Ce sont donc des changements structurels que les régions peuvent aider à mettre en place. La Nouvelle-Aquitaine a eu de ce point de vue une initiative importante en créant « Néo Terra », un projet qui s’appuie sur AcclimaTerra et sur Ecobiose, un groupe parallèle dédié à la biodiversité.</p>
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<figcaption><span class="caption">Néo Terra : une feuille de route pour le climat (Région Nouvelle-Aquitaine, 2020).</span></figcaption>
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<p>Néo Terra devrait ainsi faciliter les interactions nécessaires mais souvent difficiles entre le monde académique et celui des décideurs – en veillant bien sûr à ce que la région ne soit pas lieux de repli sur soi, mais bien de projets ouverts aux partenariats.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/145946/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hervé Le Treut est président (bénévole) de l’association Acclimaterra.</span></em></p>Il est désormais impossible d’ignorer les risques irrémédiablement croissants auxquels sont soumis les territoires où nous vivons.Hervé Le Treut, Climatologue, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1395292020-06-02T17:35:47Z2020-06-02T17:35:47ZListes citoyennes : un cas concret et quelques désillusions<p>Le premier tour des élections municipales a été marqué par un investissement sans précédent de candidats issus de la société civile – c’est-à-dire n’ayant pas d’affiliation partisane et n’ayant jamais été élus. Il résulte de la conjonction d’un déclin des partis traditionnels, de l’absence d’enracinement <a href="https://theconversation.com/le-difficile-atterrissage-municipal-de-lrem-132043">local de LREM</a> et d’un rejet des professionnels de la politique. C’est aussi un écho au mouvement des <a href="https://theconversation.com/fr/topics/gilets-jaunes-62467">« gilets jaunes »</a> et de ce qu’il porte de défiance vis-à-vis de l’ordre établi.</p>
<p>Cette tendance a été <a href="https://www.la-croix.com/France/Politique/Sengager-liste-citoyenne-tendance-2020-2020-02-05-1201076378">accentuée</a> par l’intérêt porté par les électeurs à de <a href="https://www.liberation.fr/politiques/2020/03/02/les-listes-citoyennes-mirage-ou-ancrage_1780190">telles listes</a>. Pour la première fois, plus de la <a href="https://www.lagazettedescommunes.com/627272/municipales-2020-les-francais-aspirent-au-renouvellement">moitié des citoyens sondés</a> (71 %) ont affirmé préférer des candidats sans étiquette partisane. Les listes ne bénéficiant d’aucun appui partisan se sont multipliées, et certaines ont bousculé des élus sortants bien établis.</p>
<p>Ces candidats sans étiquette séduisent. Ils semblent motivés par l’intérêt général et ne pas se soucier de faire une carrière politique. Ils ne sont pas dépendants de réseaux clientélistes et de jeux d’alliances. Ils ne paraissent pas prêts à tout pour gagner et n’ont pas besoin de la politique pour vivre. En somme, ils semblent là pour servir, et non pour se servir.</p>
<p>À la faveur des négociations d’entre-deux-tours, on constate que c’est un peu plus compliqué que cela.</p>
<h2>Chez moi</h2>
<p>Prenons le cas de ma commune, une ville de 30 000 habitants, appartenant à la métropole de Bordeaux.</p>
<p>Le maire sortant porte l’étiquette MoDem, mais a un positionnement relativement droitier. En 2014, il avait battu le maire sortant Parti socialiste (PS), qui entendait effectuer un sixième mandat. L’aspiration au changement avait permis à son opposant historique de l’emporter aisément.</p>
<p>Cette année, le nouveau maire pensait être réélu dans un fauteuil. C’est souvent le cas au terme d’un premier mandat, surtout quand l’opposition est exsangue. Mais le maire a, semble-t-il, déçu. Il a présenté une liste d’union de la droite et du centre, qui était toutefois dépourvue d’étiquette afin de jouer la carte du rassemblement.</p>
<p>Trois listes d’opposition ont émergé pour exprimer le mécontentement des habitants. La première était une liste d’union de la gauche, englobant toutes les forces politiques de La France insoumise (LFI) aux radicaux. La ville, comme le département et la région, est historiquement une <a href="https://www.cairn.info/revue-parlements1-2005-3-page-40.htm">terre socialiste</a> et radicale ; malgré les déconvenues des derniers scrutins, les réseaux de ces partis restent solides.</p>
<p>Les écologistes avaient quant à eux le vent en poupe dans cette ville relativement jeune et aisée. La deuxième liste était une liste citoyenne, comprenant quelques élus sortants PS, adossée à un collectif mobilisé par les enjeux de démocratie participative et délibérative. La troisième était une autre liste citoyenne, située plus au centre, conduite par l’ex-responsable du comité La République En Marche (LREM) de la ville, mais dépourvue elle aussi d’investiture partisane.</p>
<p>Un peu par hasard, j’ai été en contact avec le leader de la liste citoyenne centriste. J’ai trouvé l’homme sympathique et sa démarche intéressante. Hormis son engagement comme responsable du fantomatique comité LREM local, il n’avait jamais fait de politique. Il se présentait comme un citoyen déçu par l’action du maire, et notamment par son manque d’écoute sur des projets de mobilité qui lui tenaient à cœur. Il avait donc décidé, avec quelques proches, de monter une liste. N’ayant pas obtenu l’investiture LREM, ils ont persisté dans l’aventure, en mobilisant des gens de gauche comme de droite, dont aucun n’avait jamais été candidat ou élu.</p>
<p>Directeur régional d’un grand groupe de services, il n’avait pas besoin de faire de la politique pour gagner sa vie ou s’élever socialement. Sa démarche semblait sincère et désintéressée. Le positionnement droitier du maire et la faiblesse du PS local créaient un espace politique à conquérir.</p>
<h2>De l’opposition à la majorité</h2>
<p>Ce novice en politique a choisi de mener campagne autour de propositions mesurées et concrètes, et d’une critique, polie, mais inexorable, du bilan de l’équipe sortante. La matière ne manquait pas, qu’il s’agisse du cumul des mandats par le maire, de sa politique sociale conservatrice, de ses relations tendues avec la société civile et l’opposition, de travaux de prestige menés en dépit du bon sens, ou encore de ses promesses de 2014 – intenables et non tenues – en matière d’urbanisme (la fin de la densification, la création d’un grand parc) et de transports publics (l’arrivée du tram en centre-ville).</p>
<p>Je me suis engagé auprès de cette liste – sans être candidat – parce que je désirais contribuer à l’alternance. J’ai organisé une réunion chez moi pour présenter la tête de liste à des amis, susceptibles de le conseiller sur tel ou tel aspect de la gestion municipale. Je suis allé à cinq meetings et j’ai publiquement appelé à voter pour lui. J’ai pris du temps pour conseiller les membres de la liste au mieux de mes connaissances.</p>
<p>Le candidat de tête m’a toujours affirmé que son objectif était de défaire le maire sortant et que si celui-ci lui proposait une alliance en vue du second tour il la refuserait.</p>
<p>Je ne doutais pas de sa sincérité, mais je souhaitais mettre un terme aux rumeurs qui présentaient sa candidature comme une manœuvre du maire sortant pour capter l’électorat LREM et centriste. Je l’ai donc interrogé sur ses intentions devant témoins. À ma question – et à des questions similaires posées par des électeurs lors de réunions publiques – il a répondu avec aplomb qu’il n’y aurait pas d’alliance avec la majorité municipale.</p>
<p>À l’issue du premier tour, le maire a fait 38 %, ce qui constituait un désaveu cuisant. La liste d’union de la gauche a fait 28 %, et les deux listes citoyennes 17 % chacune.</p>
<p>Des discussions se sont engagées entre les trois listes d’opposition en vue d’une fusion, qui leur aurait assuré une victoire facile. À lire les programmes, il existait des convergences manifestes, tant sur l’appréciation du bilan de l’équipe sortante, que sur les projets à conduire et la méthode pour le faire. La liste d’union de la gauche a trouvé un accord avec la liste citoyenne située le plus à gauche. Mais, à la surprise générale, la seconde liste citoyenne, celle pour laquelle j’avais fait campagne, a décidé de fusionner avec celle du maire. Je l’ai appris par la rumeur, sans vouloir y croire, puis par un communiqué officiel du candidat, annonçant ce choix comme s’il en avait toujours été question. Les conditions dans lesquelles la décision a été prise sont peu claires, mais elle n’a pas été mise au vote de l’ensemble des membres de la liste et les conditions de la fusion ont été négociées à huis clos par les deux têtes de liste.</p>
<h2>La piètre image des élus</h2>
<p>Depuis 20 ans, j’étudie les responsables politiques. Je connais leurs qualités et leurs mérites, mais aussi leurs défauts et leurs faiblesses. À l’échelle municipale, la vie politique n’est pas toujours reluisante. <a href="https://www.persee.fr/doc/polix_0295-2319_1989_num_2_5_2019">On citera pêle-mêle</a> les problèmes de compétence et d’ego de certains élus, leurs conflits d’intérêts, leurs relations clientélistes avec les acteurs de l’économie et de la société civile, ou encore la transformation des appareils partisans en outils au service du maire, de son entourage et d’une poignée de militants dévoués.</p>
<p>Mais il faut aussi reconnaître que les élus municipaux en charge de fonctions exécutives travaillent beaucoup pour des <a href="https://jean-jaures.org/nos-productions/le-blues-des-maires">indemnités modestes</a>, accomplissent des tâches d’une grande complexité, sont sollicités sans cesse et doivent s’accommoder de l’ingratitude d’une bonne partie de leurs administrés.</p>
<p><a href="https://www.cairn.info/revue-mouvements-2001-5-page-21.htm">Assumer une fonction élective</a> n’est pas la <a href="https://jean-jaures.org/nos-productions/a-quoi-servent-encore-les-elus-locaux-apres-les-gilets-jaunes">sinécure</a> que nombre de citoyens s’imaginent. Les élus bénéficient d’un certain prestige social et s’enivrent parfois du pouvoir, mais la carrière politique est un chemin de croix qui implique d’importants sacrifices personnels. Nombre d’élus d’une certaine importance n’ont rien d’autre que la politique dans leur vie et s’y dévouent avec passion. Cela explique la rage qu’ils mettent à conserver leurs mandats, au risque de se compromettre ou de faire la campagne de trop.</p>
<p>Il faut aussi rendre justice aux responsables politiques à l’ancienne, ceux qui sont issus des partis et sont tant vilipendés par les candidats dits de la société civile. Ils ont en effet des qualités que les seconds possèdent trop rarement. Quatre méritent d’être ici mentionnées.</p>
<h2>Patience et constance</h2>
<p>La première est la patience. Quand on milite dans un parti, on apprend qu’il faut attendre son heure et siéger longuement dans une instance avant d’y prendre des responsabilités. Les gens qui ont attendu leur tour pour être candidat, puis pour se faire élire, ont une connaissance appréciable de la marche des institutions publiques – de leurs rouages, acteurs et activités. Ils ont aussi la sérénité de ceux qui ont avalé des couleuvres et digéré des échecs. Du côté de la société civile, on a rarement cette patience : on se présente pour renverser la table, on veut tout, tout de suite et, à défaut, on retourne à sa vie d’avant.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338212/original/file-20200528-51445-xsio80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338212/original/file-20200528-51445-xsio80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338212/original/file-20200528-51445-xsio80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338212/original/file-20200528-51445-xsio80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338212/original/file-20200528-51445-xsio80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=525&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338212/original/file-20200528-51445-xsio80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=525&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338212/original/file-20200528-51445-xsio80.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=525&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Malgré les apparences, faire de la politique n’est pas une sinécure : ici Bernard Quesson, Claude-Gérard Marcus, Alain Juppé et Jacques Chirac en 1988.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Jupp%C3%A9#/media/Fichier:Bernard_Quesson_-_Claude-G%C3%A9rard_Marcus_-_Alain_Jupp%C3%A9_-_Jacques_Chirac_en_1988.jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>La deuxième qualité des élus issus des partis est leur constance dans l’engagement politique. Certes, les convictions de chacun évoluent au fil du temps et du contexte, pour des raisons idéologiques ou stratégiques. En outre, tout responsable politique peut être contraint, sous la pression des événements, à renier certains engagements. Il arrive aussi qu’un parti doive oublier l’inimitié que lui inspirait une formation concurrente pour forger une alliance électorale.</p>
<p>Mais, au sein d’un parti, les retournements de veste se paient cher, car son fonctionnement repose sur la confiance et le respect de la parole donnée. On a ainsi rarement vu une formation d’opposition rejoindre la majorité entre les deux tours d’une élection. Dans le monde des partis, les positionnements et les clivages sont stables.</p>
<h2>Loyauté et clarté</h2>
<p>La troisième qualité des candidats qui ont fait leurs classes au sein d’un parti est la loyauté au collectif. Le candidat d’une formation très structurée ne peut pas décider unilatéralement de changer d’avis et de position pour se saisir d’une opportunité. Lors des municipales, la tête de la liste d’un parti n’agit pas à sa guise, et doit veiller à conserver le soutien de ses colistiers et de sa formation. Le parti est certes au service du candidat, mais celui-ci n’est que l’agent de celui-là. Cette relation à double sens permet de maintenir le cap et évite les revirements inattendus.</p>
<p>La dernière qualité des candidats issus d’un parti est la clarté. Un parti s’adresse à une clientèle électorale donnée et lui dit des choses qu’elle veut entendre. Les candidats ne peuvent pas toujours tenir les promesses ainsi faites, mais la cohérence et la franchise de leur discours sont indispensables à leur crédibilité. Sur tous les grands sujets, les citoyens et les militants attendent d’un parti qu’il ait une position et qu’il s’y tienne. Ainsi, au risque de se répéter, il est rare qu’un parti fasse ouvertement campagne contre un élu sortant au premier tour pour s’y rallier au second.</p>
<h2>Les listes citoyennes sont-elles toujours vertueuses ?</h2>
<p>Bien entendu, il ne s’agit pas de dénigrer tous les candidats sans étiquette. Il est même louable – quand tant de citoyens se contentent de tout critiquer du fond de leur canapé – que d’autres s’engagent, proposent et aspirent à exercer des responsabilités en marge des partis. Ce faisant ils sont susceptibles de réconcilier avec la <a href="https://www.revuepolitique.fr/la-democratie-representative-est-elle-en-crise">démocratie représentative</a> les citoyens qui ne se reconnaissent plus dans le jeu politique traditionnel. Et nombreux sont les candidats dits de la société civile qui ont des convictions politiques claires et constantes.</p>
<p>Il reste qu’être un candidat de la société civile n’est pas, par essence, un gage de vertu, d’abnégation et de probité. L’absence de corpus idéologique, de connaissance des règles écrites et non écrites de la vie politique et de contrainte organisationnelle rend possible des dérives opportunistes et des reniements qui seraient impensables de la part d’un candidat issu d’un parti. Sauf lorsqu’une liste citoyenne s’adosse à un collectif bien structuré, son leader est relativement libre de son discours et de ses engagements.</p>
<p>La montée en puissance des listes citoyennes permet aussi de manipuler le jeu électoral à peu de frais. Il est facile pour un maire sortant de susciter la création d’une liste dite « citoyenne », dans le but d’occuper l’espace politique, de désorganiser l’opposition et de rallier une partie de l’électorat. Une poignée de personnes de bonne volonté suffit, et il n’est pas nécessaire de mettre leurs colistiers dans la confidence. Cette liste citoyenne s’adressera à des électeurs qui ne sont pas naturellement portés à voter pour l’équipe sortante. Dans l’entre-deux-tours, elle s’y ralliera, en faisant valoir que c’est la solution la plus propice à la défense de ses propositions et valeurs. Les leaders de la liste y gagneront des postes d’adjoint et le maire des électeurs et l’image d’un rassembleur. Dans une configuration politique classique, de telles manœuvres sont plus improbables : on n’achète pas l’appareil d’un parti aussi facilement que l’allégeance d’une poignée de candidats, et certaines alliances sont exclues par nature.</p>
<p>Il faut donc être prudent avant de se réjouir du déclin inexorable des partis traditionnels au profit de listes dites citoyennes. Celles-ci peuvent contribuer au renouveau du débat démocratique, mais à la condition de s’adosser à des structures citoyennes cohérentes, dont le fonctionnement est lui-même démocratique et transparent. À défaut de cela, ces listes sont susceptibles d’être les instruments de manipulations électorales d’une ampleur inédite, qui ont peu à voir avec l’idéal d’une démocratie renouvelée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139529/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Costa est membre de l'Observatoire de l'éthique publique, think tank engagé dans la promotion de la transparence et de la déontologie</span></em></p>Un candidat de la société civile n’est pas, par essence, un gage de vertu, d’abnégation et de probité : le chercheur en fait lui-même l’expérience.Olivier Costa, Directeur de recherche au CNRS / Directeur des Etudes politiques au Collège d'Europe, Sciences Po Bordeaux, centre Emile Durkheim, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1220942019-09-12T22:26:13Z2019-09-12T22:26:13ZLe sable, une ressource essentielle en voie de disparition<p>Inévitablement associé dans la conscience collective aux plages de nos vacances, le sable fait pourtant l’objet de convoitises bien au-delà du tourisme. Juste après l’eau, il constitue la seconde ressource minérale exploitée par l’homme !</p>
<p>Résultat de l’altération d’une roche mère par des agents le plus souvent météoriques – l’eau, le vent, l’action des cycles de gel et dégel – sa nature dépend donc de sa source : il existe autant de sables différents que de roches sur la planète ! Trois critères relatifs à ses grains permettre de le caractériser : la nature (minérale ou organique), la forme (morphoscopie) et les dimensions (granulométrie). Ces deux dernières dépendent de la durée du transport et de ses agents de transport : le vent et l’eau, laquelle peut être pluviale, fluviale ou marine.</p>
<p>Omniprésent dans notre quotidien même si nous l’ignorons, le sable entre notamment dans la composition du béton, son premier consommateur. Or l’exploitation et l’utilisation de cette ressource n’est pas sans conséquence environnementales, économiques, sociales et culturelles.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/288567/original/file-20190819-123736-2lj1pv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Plage de sable noir, Fidji.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nicolas Bernon</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Des dizaines de milliers d’années pour le produire</h2>
<p>Outre les plages et les fonds marins, nos terres aussi regorgent de sable. En France, les bassins sédimentaires <a href="http://sigesaqi.brgm.fr/Structure-et-histoire-simplifiees.html#321">aquitain</a> et <a href="http://sigessn.brgm.fr/spip.php?article18">parisien</a> renferment sous nos pieds de vastes formations sableuses. Cette présence sur le continent, en surface ou en sous-sol, provient d’un environnement passé où le transport et le dépôt de sédiments sableux étaient possibles.</p>
<p>Des dizaines voire centaines de milliers d’années sont nécessaires pour que la nature produise du sable en grande quantité. Deux conditions doivent être réunies : un climat favorable à l’érosion des sols et une zone propice au dépôt de sédiments. D’une manière générale, lors des phases glaciaires, le volume des calottes glaciaires continentales s’accroît, le niveau marin s’abaisse et la ligne de rivage recule. Les rivières parcourent alors de longues distances avant d’atteindre l’océan, ce qui accentue leur pouvoir érosif : ce contexte favorise la formation et le dépôt de sédiments sableux.</p>
<p>La dernière époque glaciaire s’est achevée il y a un peu plus de 18 000 ans. À titre d’exemple, dans le golfe de Gascogne, le niveau marin global se situait alors à 120m environ en dessous du niveau actuel. Depuis, la mer <a href="http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-67152-FR.pdf">est remontée plus ou moins régulièrement</a>. Il y a 14 000 ans, son niveau était à -80m par rapport à l’actuel et il y a 9 000 ans à -20m. Depuis 5 000 ans environ, il a plus ou moins cessé de s’élever, limitant fortement les apports sédimentaires. Cet appauvrissement au cours des derniers millénaires induit que le stock de sable présent sur nos côtes n’est plus renouvelé. Malgré cela, il demeure largement mobilisé par les activités humaines.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=568&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=568&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=568&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=714&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=714&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/292173/original/file-20190912-190035-vo7wk8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=714&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Variation du niveau marin relatif lors des derniers 150 000 ans.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Imbrie et coll., 1984 ; Stanley, 1995 ; Menier, 2003 ; BRGM et ONF, 2018</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=771&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=771&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=771&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=969&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=969&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/292172/original/file-20190912-190021-7i7thf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=969&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Rivages holocènes dans le sud du Golfe de Gascogne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Prat & Auly, 2010, d’après Gensous, 1971.</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>De graves conséquences environnementales</h2>
<p>Comme évoqué antérieurement, le secteur de la construction est le plus gourmand en sable. Celui-ci entre en effet dans la composition du béton et du verre, mais est également utilisé dans les remblais maritimes. Or, tous les sables ne sont pas adaptés à ces usages. Les grains du désert, par exemple, sont trop petits et trop ronds pour fabriquer du béton. Raison pour laquelle les sables continentaux, des rivières et des plages subissent une telle pression. Mais ces précieux grains se glissent aussi dans des objets plus inattendus. Ils jouent par exemple un rôle central dans le processus de construction de nos ordinateurs, de nos cosmétiques ou encore de nos voitures.</p>
<p>Ces applications nombreuses impliquent des extractions massives. Le sable est prélevé de terre dans des carrières, aspiré par des dragues au fond de l’océan, ou raclé à la pelle mécanique dans les rivières et sur le littoral. Autant de méthodes qui affectent la qualité de l’eau – en augmentant la turbidité par exemple – de l’air et du sol. Elles bouleversent les paysages et les écosystèmes, affectant la biodiversité.</p>
<p>Ces prélèvements en milieu naturel sont par ailleurs susceptibles de modifier le fonctionnement hydrologique des cours d’eau, la morphologie des côtes et les courants marins, et tout particulièrement de provoquer l’érosion des sols et du littoral. Au risque d’exposer les populations à des risques accrus d’inondation, de submersion marine et d’érosion.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/288562/original/file-20190819-123741-f5f7yu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Exploitation de sable en bordure de rivière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">UNEP, 2019/Minette Lontsie</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<h2>Cible des trafics</h2>
<p>Les conséquences potentielles de l’exploitation du sable ne sont donc pas qu’environnementales, mais aussi économiques, humaines, sociales et culturelles. À titre d’exemple, l’appauvrissement des sols et la disparition des plages affectent les secteurs de l’agriculture et du tourisme.</p>
<p>La demande en sable au Maroc a provoqué le développement de <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/maroc/les-plages-du-maroc-vont-elles-survivre-aux-mafias-du-sable_3449149.html">filières illégales d’extraction du sable</a> sur le littoral, et l’<a href="http://www.harvarddesignmagazine.org/issues/39/built-on-sand-singapore-and-the-new-state-of-risk">extension de Singapour</a>, essentiellement sur des remblais maritimes, est à l’origine de tensions avec les pays voisins. En Inde, l’exploitation du sable pour ses minéraux est aussi <a href="https://www.franceinter.fr/emissions/secrets-d-info/secrets-d-info-22-juin-2019">entachée d’illégalité et de corruption</a>.</p>
<p>Bien sûr, son extraction n’est pas non plus sans impact sur le réchauffement climatique. <a href="https://read.oecd-ilibrary.org/environment/global-material-resources-outlook-to-2060_9789264307452-en#page1">Un rapport de l’OCDE de février 2019</a> indique ainsi que la production de béton actuelle occasionne 9 % de la totalité des émissions de gaz à effet de serre, et projette ce chiffre à 12 % en 2060.</p>
<h2>Sobriété, efficacité et matériaux alternatifs</h2>
<p><a href="https://www.unenvironment.org/news-and-stories/press-release/rising-demand-sand-calls-resource-governance">Une autre étude, de l’ONU cette fois</a>, également publiée en 2019, fait état de l’exploitation de sable à l’échelle mondiale. Elle s’intéresse pour cela à la production de ciment dans 150 pays. En considérant que le béton comporte 25 % de sable et 45 % de sédiments grossiers par unité de volume, elle conclut que les granulats (qui englobent les deux) constituent les matériaux les plus exploités sur la planète.</p>
<p>En 2010, leur consommation annuelle mondiale, tous usages confondus, <a href="https://archive-ouverte.unige.ch/unige:75919">était estimée à 40 gigatonnes</a>. En 2017, la seule production de béton en a nécessité 30 gigatonnes. Une quantité qui pourrait atteindre les 50 gigatonnes par an en 2030 – des chiffres qui dépassent largement les apports naturels par les fleuves. Étant donné la demande croissante en sable et les conséquences de son exploitation, ce rythme apparaît insoutenable. Comme pour l’énergie, la sobriété et l’efficacité feront partie de la solution.</p>
<p><a href="https://www.unenvironment.org/news-and-stories/press-release/rising-demand-sand-calls-resource-governance">Le rapport de l’ONU</a> propose notamment de réduire la consommation du sable par l’emploi des matériaux alternatifs, la densification urbaine, ou encore l’investissement dans la rénovation et l’entretien du bâti existant – plutôt que dans la démolition et la reconstruction. Il préconise également de miser sur le recyclage et l’innovation pour limiter les extractions en milieu naturel.</p>
<p>Afin d’encourager le déploiement de ces solutions, il apparaît indispensable d’homogénéiser les pratiques et les réglementations en matière d’extraction du sable.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été écrit en partenariat avec l’Observatoire de la côte Aquitaine.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/122094/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nicolas Bernon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le sable de nos plages qui semble inépuisable se renouvelle en réalité très lentement et constitue la seconde ressource minérale la plus exploitée par l’homme après l’eau.Nicolas Bernon, Ingénieur risques naturels - littoral, BRGMLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1109452019-02-10T23:22:38Z2019-02-10T23:22:38ZDe New York à la Nouvelle-Aquitaine : l’émergence des « GIEC » territoriaux<p>En mars prochain, la ville de New York fêtera les 10 ans d’existence du <a href="https://nyaspubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/nyas.12625">New York City Panel on Climate Change</a>, un panel de chercheurs de haut niveau réuni pour examiner les données scientifiques récentes sur le changement climatique et ses impacts potentiels sur la ville. Cet organisme synthétise la connaissance et formule des recommandations pour des politiques locales de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation aux évolutions du climat les plus pertinentes possibles.</p>
<p>Sur la base notamment des informations fournies par ce panel, New York déploie un programme de renforcement de sa résilience au changement climatique, assorti d’un budget de 20 milliards de dollars. <a href="https://www1.nyc.gov/site/orr/projects/projects.page">Ce programme</a> comprend des investissements dans de nouvelles infrastructures, l’amélioration d’infrastructures existantes, mais aussi la définition de bonnes pratiques d’aménagement et de construction.</p>
<p>Pionnière, New York n’est toutefois pas la seule collectivité à expérimenter de nouvelles formes d’interactions entre scientifiques et décideurs sur le climat. <a href="http://uccrn.org">Partout dans le monde</a> des « GIEC locaux » – c’est-à-dire des groupes de scientifiques chargés d’évaluer l’état de la connaissance sur les changements climatiques – émergent pour faciliter l’appropriation territoriale des enjeux climatiques.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1085907224470245379"}"></div></p>
<h2>Adapter la réflexion aux spécificités du territoire</h2>
<p>En France, le collectif <a href="http://www.acclimaterra.fr">AcclimaTerra</a> (comité scientifique régional sur le changement climatique) a publié en juin dernier le rapport « Anticiper les changements climatiques en Nouvelle-Aquitaine. Pour agir dans les territoires ».</p>
<p>Ce groupe permanent de 21 experts scientifiques pluridisciplinaires et indépendants est mandaté par le Conseil régional depuis 2011 pour « apporter aux acteurs du territoire les connaissances nécessaires à leur stratégie d’adaptation au changement climatique ».</p>
<p>Sous la direction du climatologue Hervé Le Treut, le rapport décrit par domaine, à partir de la littérature scientifique existante, les leviers de l’adaptation territoriale en prenant en compte les spécificités de la nouvelle région : sa longue façade littorale, ses marais aménagés par l’homme, ses paysages de moyenne montagne et ses systèmes agricoles et viticoles.</p>
<p>Des recommandations sont formulées pour les différents types de milieux : urbains, milieux humides, forêts, montagnes et littoraux mais aussi pour les activités économiques associées, à savoir l’agriculture, la pêche et la conchyliculture et la gestion de la ressource en eau. Le rapport identifie, par exemple, trois grands modes d’adaptation à combiner pour adapter l’agriculture régionale à de futurs épisodes de sécheresse : « un choix d’espèces, de variétés, de races mieux adaptées et plus résilientes face aux nouvelles conditions climatiques, une irrigation raisonnée et une évolution de la répartition spatiale des cultures ».</p>
<p>Ces travaux sont très précieux à un moment où les territoires se heurtent à des questions aussi fondamentales et complexes que la définition de la neutralité carbone ou la compréhension de leurs options d’adaptation face à des changements qui n’affecteront pas de la même manière toutes les régions.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1044598300605845504"}"></div></p>
<h2>« Adapter le rapport de la science à la décision politique »</h2>
<p>Le diagnostic global du GIEC, <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/quil-faut-retenir-du-rapport-du-giec-sur-rechauffement-climatique">encore confirmé en 2018</a>, de changements déjà en cours dont les impacts seront d’autant plus importants que nous continuerons à émettre des gaz à effet de serre, doit être complété et affiné à l’échelle locale en associant les acteurs politiques, économiques et les acteurs scientifiques du territoire.</p>
<p>Pour <a href="http://www.theses.fr/s166375">Pascale Bosbœuf</a>, chercheuse au Laboratoire de l’action urbaine de l’École d’urbanisme de Paris, qui étudie directement ces organismes frontières, « cela fait 30 ans que les chercheurs nous alertent sur les changements économiques et sociaux nécessaires pour endiguer le changement climatique, il est probablement temps d’adapter aussi notre rapport de la science à la décision et notre façon de produire des connaissances ».</p>
<p>Le défi est de créer les bonnes dynamiques pour aller au-delà de rapports distants ou de présentations ponctuelles entre chercheurs et décideurs locaux.</p>
<p>Il s’agit d’une part d’établir un dialogue durable qui permette aux acteurs territoriaux d’avoir un canal pour partager leurs questionnements. Trop souvent, en effet, l’information nécessaire pour sortir d’une situation d’incertitude bloquante existe mais n’est pas portée à connaissance faute de relais pour formuler ensemble les besoins. Une politique de mobilité aurait par exemple tout intérêt à tenir compte des évolutions du risque d’inondation pour permettre aux investissements faits aujourd’hui de garantir un niveau de service robuste et résilient dans les décennies à venir. </p>
<p>Pourtant, peu habitués à intégrer ce type de questions, les acteurs du transport n’ont pas le réflexe d’aborder le sujet avec la communauté scientifique locale qui peut pourtant avoir des choses à dire sur la manière dont les changements globaux modifient les dynamiques des cours d’eau.</p>
<p>Il s’agit d’autre part pour la communauté scientifique de s’approprier les enjeux du territoire – notamment par un accès privilégié au terrain – et d’oser interpeller directement les acteurs en rappelant les questions critiques, en contexte. L’élévation du niveau de la mer par exemple constitue aujourd’hui une dynamique certaine et de mieux en mieux comprise. À l’image de ce qu’il se passe en <a href="https://www.giplittoral.fr/le-gip/projet">Nouvelle-Aquitaine</a>, cette compréhension peut nourrir les évolutions des modes de gestion et d’occupation du littoral.</p>
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<h2>Des figures politiques et scientifiques fortes</h2>
<p>Partie en éclaireur, la démarche aquitaine commence à faire des petits, souvent sous l’impulsion de collectifs de chercheurs.</p>
<p>Au cours du colloque sur « L’adaptation des territoires aux changements climatiques » qui s’est tenu à Marseille en décembre dernier, une <a href="http://www.grec-sud.fr/wp-content/uploads/2019/01/TB_OrganismesFronti%C3%A8res_Marseille191218.pdf">table ronde a réuni</a> les représentants de trois autres de ces réseaux ou plates-formes, aujourd’hui à différents stades de structuration, en Occitanie (<a href="https://reco-occitanie.org/">RECO</a>, Réseau d’expertise sur le climat en Occitanie), en PACA (<a href="http://www.grec-sud.fr/">GREC-SUD</a>, Groupe régional d’experts sur le climat en Région sud), en Auvergne-Rhône-Alpes (<a href="https://plateforme-ouranos.fr/">Ouranos-AuRA</a>).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1059776920152432640"}"></div></p>
<p>Si toutes ces initiatives n’ont pas la même forme ni la même organisation, certains facteurs clés de réussite se dégagent des premières expériences.</p>
<p>On peut notamment citer l’importance du portage politique : le groupe new-yorkais a été mis en place directement par Michaël Bloomberg, alors qu’il était maire de la ville ; en Aquitaine, le mandat vient directement du président du Conseil régional, Alain Rousset.</p>
<p>Par ailleurs, la présence d’un « champion scientifique » capable d’incarner la démarche peut lui donner une bonne impulsion : à New York, Cynthia Rosenzweig, de la NASA, joue ce rôle ; en Aquitaine, c’est le climatologue Hervé le Treut qui l’endosse. L’existence d’une communauté scientifique impliquée sur le territoire peut également jouer en la faveur de ces « mini-GIEC ».</p>
<p>Il est toutefois important d’ajuster la gouvernance et les modalités d’action aux contraintes et aux spécificités de chaque territoire en prenant appui sur les dynamiques – politiques, scientifiques mais aussi associatives – déjà présentes. De telles initiatives n’ont pas encore vu le jour dans toutes les régions et celles qui existent commencent tout juste à partager leurs expériences. Le défi aujourd’hui est donc d’encourager et de soutenir leur développement et de permettre à ces collectifs de se structurer dans la durée.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été écrit sur la base d’un constat partagé auquel sont arrivés les représentants de collectivités, administrations, laboratoires et entreprises membres – scientifiques et acteurs locaux – du <a href="https://www.i4ce.org/go_project/club-vitecc-projet/">Club Villes Territoires Energie et Changement Climatique</a> lors de leur rencontre de novembre 2018.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/110945/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Vivian Dépoues travaille au sein d’I4CE-Institute for Climate Economics, un think-tank fondé par la Caisse des dépôts et l’Agence française de développement, qui est par ailleurs soutenu par la Caisse des dépôts et gestion du Maroc et l’Ademe.</span></em></p>Dans certaines régions françaises, des groupes d’experts mènent une réflexion locale sur l’impact du changement climatique et la façon d’y faire face au sein de leur territoire.Vivian Dépoues, Research associate - I4CE, Institut de l'Economie pour le Climat. Doctorat, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1085292018-12-11T21:49:35Z2018-12-11T21:49:35ZCe que le « big data » en analyse économique ne montrera jamais<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/249722/original/file-20181210-76983-8o9iti.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=1026%2C73%2C5019%2C2483&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La région Nouvelle-Aquitaine a repensé ses méthodes d'évaluation des politiques publiques en matière de dynamisme économique (Ici, un panorama de la ville de Poitiers).</span> <span class="attribution"><span class="source">Henryk Sadura/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>La Nouvelle-Aquitaine est loin d’être la région la plus industrialisée de France. En revanche, elle est probablement l’une des plus interventionnistes en matière de soutien aux entreprises (<a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01326487/document">Vanderstocken, 2015</a>). L’action régionale en faveur de l’industrie se réalise notamment au travers de la <a href="https://www.nouvelle-aquitaine.fr/actions/region-pilier-economie-emploi-regional.html#Aider-les-entreprises-%C3%A0-chaque-stade-de-leur-d%C3%A9veloppement">Direction de la performance industrielle</a>, qui accompagne des entreprises de différentes tailles : TPE, PME, ETI et, plus rarement, des grands groupes.</p>
<p>Mais pour quel impact ? Pour le mesurer et améliorer ses dispositifs, la région a mis en place un service dédié à l’évaluation et a innové en employant des <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid22130/les-cifre.html">doctorants CIFRE</a>, dont je fais partie.</p>
<h2>Mieux comprendre l’allocation des subventions</h2>
<p>Mon travail de thèse a consisté à analyser les subventions allouées aux entreprises du territoire aquitain sur 10 ans (2007-2016, avant la fusion des régions) pour répondre, entre autres, aux questions suivantes :</p>
<ul>
<li><p>Existe-t-il un phénomène de récurrence dans l’allocation des aides ? Y a-t-il des entreprises qui ont bénéficié de plusieurs aides sur la période ?</p></li>
<li><p>Quelle est la répartition géographique, sectorielle, et par filières économiques régionales des subventions allouées ?</p></li>
</ul>
<p>L’analyse montre d’abord un phénomène significatif de récurrence : une proportion non négligeable d’entreprises concentre un volume de subvention important. Deuxième enseignement : la répartition par département est relativement équilibrée contrairement à l’hypothèse de départ qui voulait que la Gironde soit sur-dotée. Nous observons plutôt que la Dordogne et les Landes sont légèrement sous-dotés et les Pyrénées-Atlantiques sur-dotées. Enfin, nous avons relevé une répartition hétérogène par filière, cohérente avec les priorités stratégiques de la région (aéronautique, santé, chimie-matériaux, électronique-TIC, etc.).</p>
<p>La présentation de ces constats aux équipes de la région ainsi qu’à des chercheurs a suscité de nombreuses réactions. Chez le public concerné, un premier réflexe consiste à être étonné, parfois choqué, soit parce que les constats ne correspondent pas aux hypothèses émises, soit parce qu’ils n’avaient même pas été imaginés. Une analyse classique d’évaluation, voire de type expérience contrôlée, amènerait probablement à une conclusion du type : « l’évolution de telle entreprise ne justifie pas les aides qui ont été allouées ».</p>
<p>J’ai donc décidé d’aller sur le terrain, en tentant de balayer les premiers a priori et observations qui avaient pu être émises : « il faut arrêter de la financer autant », « elle profite des subventions publiques », etc.</p>
<h2>Sortir de la froideur des chiffres</h2>
<p>Je me suis notamment rendu dans une PME girondine, dont l’analyse chiffrée décrivait une entreprise très subventionnée. Elle avait enregistré une croissance notable depuis 2007, sans être extraordinaire, avant de connaître des difficultés ces trois dernières années.</p>
<p>En arrivant sur place, j’ai découvert un site industriel moderne et un chef d’entreprise dynamique. Au fil de l’entretien, de mes questions et grâce aux recherches effectuées au préalable, des faits marquants ont émergé. Il en est en particulier ressorti que cette entreprise collabore énormément avec des sociétés régionales, et qu’elle est apporteuse d’affaires pour de nombreux partenaires. Elle est donc à l’origine d’un ensemble d’emplois non comptabilisés dans le travail quantitatif initial (une sorte d’externalité positive de l’aide). En effet, comme le chef d’entreprise n’a pas les moyens de répondre à toutes les sollicitations, il a développé toute une série de collaborations locales pour co-concevoir des produits ou des solutions industrielles, cela en se mettant sur un pied d’égalité avec le partenaire, partageant le risque, bien sûr, mais aussi le volume d’affaires généré.</p>
<p>De plus, l’entreprise est située hors métropole bordelaise, sur un territoire considéré comme peu dynamique. Elle y a créé et maintient aujourd’hui de nombreux emplois grâce à un chiffre d’affaires réalisé pour une grande partie à l’international.</p>
<p>Dans ce cas, financer cette entreprise, c’est accroître ou maintenir sa compétitivité en l’aidant à prendre des risques mesurés. Cela revient donc à mener une politique indirecte d’aménagement du territoire, ce qui peut se défendre du point de vue de « l’intérêt général ». Cela permet de développer ce territoire en permettant la création d’une dynamique industrielle génératrice de richesses pour de nombreux foyers et donc de nombreuses communes. Ces conclusions rejoignent dans une certaine mesure l’analyse d’<a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01724699">Olivier Bouba-Olga (Université de Poitiers) et Michel Grossetti (CNRS, EHESS)</a> sur les limites des évaluations du dynamisme économique des territoires.</p>
<h2>Allier méthodes quantitatives et qualitatives</h2>
<p>Je n’ai pas encore réalisé de synthèse de ce travail, mais il est certain que ces rencontres sont cruciales. Elles permettent de parler non pas uniquement de chiffres, de sommes de subventions reçues, mais de stratégie, de choix humains, d’erreurs, de réussite, de conception, d’industrialisation, de rapport au territoire, etc. Tout cela permet de prendre de la hauteur, d’aller au fond des choses. Le but est d’apporter un matériau qualitatif pour apporter de la richesse, de la complexité à une analyse brute chiffrée qui nous fait parfois prendre des raccourcis et faire des constats, parfois vrais, parfois erronés, mais souvent limités par rapport à la réalité des entreprises, comme le montre l’exemple.</p>
<p>Mon travail n’est pas le premier à aller dans ce sens, à mêler des données quantitatives à un travail d’entretien, d’imprégnation des processus productifs, de compréhension des stratégies et des choix effectués par les entreprises. Certains chercheurs utilisent les « méthodes mixtes » (<a href="https://www.cairn.info/revue-terrains-et-travaux-2011-2-page-161.htm">Grossetti</a>) c’est-à-dire le croisement entre les données quantitatives et les données qualitatives.</p>
<p>À mon sens, cela est d’autant plus intéressant à l’époque de l’avènement du « big data ». L’idée que seul traitement de données quantitatives massives peut apporter des réponses complètes aux questions que l’on se pose semble en effet s’installer. J’ai la prétention de penser, qu’au contraire, nous devrions plus souvent sortir des schémas d’analyses classiques et mêler différentes méthodes afin de réaliser un travail peut-être plus complexe, mais plus riche d’enseignements. Il ne faut pas oublier que, dans le domaine où je travaille, derrière chaque chiffre, se cachent des humains, des entreprises, des histoires, des territoires qu’il s’agit eux aussi de prendre en compte dans toute leur complexité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/108529/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Antoine Achard réalise une thèse CIFRE pour le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine</span></em></p>Les enquêtes « terrain » permettent de détecter les angles morts des analyses strictement statistiques sur lesquelles se fondent généralement les politiques publiques. Exemple en Nouvelle-Aquitaine.Antoine Achard, Economie, Innovation, Industrie, Politiques publiques, Université de BordeauxLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/800942017-06-28T18:40:31Z2017-06-28T18:40:31ZLe Brexit et la longue histoire des Anglais propriétaires en France<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/175889/original/file-20170627-24798-x4r0jo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">400 Anglais, retraités ou actifs vivent à Eymet, petit village du Périgord qui compte un peu plus de 2 600 habitants (ici la place Gambetta).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/westher/20211700841/in/photolist-p3snc-p3sW9-p3tMz-p3t6n-p3que-p3qiK-p3q9D-p3sUT-p3tEV-p3sJR-p3q3q-p3spz-p3tAq-p3ssa-p3swN-p3qgG-p3tym-wN3fuH-p3tMZ-p3t4v-p3tc4-p3sG5-p3qg7-p3q1s-p3sRn-p3snZ-p3q1a-p3ttx-p3qkb-p3tu2-p3q1N-p3sTM-p3tPj-p3suN-p3sgf-p3sMN-p3s6m-p3tnS-p3tBJ-p3svc-p3tHd-p3sRK-p3skY-p3sNv-p3qjB-p3sZ3-p3sMe-p3tFm-p3qnm-p3sPH">Esther Westerveld / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Les Britanniques sont nombreux, depuis les premières décennies du XIX<sup>e</sup> siècle, à avoir acheté des propriétés ou fait construire des maisons en France. Avec le temps, leur profil sociologique a beaucoup évolué.</p>
<h2>Une destination pour les grandes fortunes</h2>
<p>Au départ, ceux qui acquièrent des domaines dans l’Hexagone appartiennent aux classes privilégiées. Celles-ci sont le plus souvent, à la fois à la recherche d’un climat plus clément, mais également avides de profiter des opportunités offertes par un coût de la vie moins élevé qui celui qui prévaut de l’autre côté du <em>Channel</em>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/175875/original/file-20170627-24776-19dozrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/175875/original/file-20170627-24776-19dozrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/175875/original/file-20170627-24776-19dozrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=384&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/175875/original/file-20170627-24776-19dozrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=384&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/175875/original/file-20170627-24776-19dozrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=384&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/175875/original/file-20170627-24776-19dozrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/175875/original/file-20170627-24776-19dozrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/175875/original/file-20170627-24776-19dozrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=483&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La villa Bric-à-Brac de la famille anglaise Faber, à Dinard, devenue aquarium, puis aujourd’hui hôtel de luxe.</span>
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<p>C’est ainsi que non loin des ports de la Manche, à Boulogne et à Calais, mais également sur la Riviera, ils s’offrent de luxueuses résidences. À Dinard sur la côte d’Émeraude la villa <em>Bric-à-Brac</em>, édifiée en 1856 par les membres de la famille Faber fondateurs de la colonie anglaise de cette station balnéaire, a récemment été transformé en <a href="http://bit.ly/2sif2mZ">hôtel de luxe</a>. À Dinard, dans une autre superbe villa anglaise – <em>Solidor</em> – vit, dans les années 1870, Williers Forbes créateur du premier club de tennis en France. Achetée en 2005, puis rénovée, par <a href="http://bit.ly/2shZNun">François Pinault</a>, elle a vu se succéder d’illustres invités à l’image de Jacques Chirac.</p>
<p>Dans le sud, d’autres Anglais explorent ce qui deviendra la Côte d’Azur. En 1834, Lord Brougham découvre le petit village de Cannes. Charmé par le lieu, le grand pourfendeur de l’esclavage y fait construire une belle demeure, qu’il baptiste du nom de sa fille, <a href="http://bit.ly/2udwkTD">Eleonore-Louise</a>. Il y séjourne chaque hiver jusqu’à sa mort en 1868, avec l’espoir de voir la jeune phtisique guérir loin des brumes londoniennes. Enterré à proximité de La Croisette, sa statue trône aujourd’hui dans les les <a href="http://bit.ly/2sMLi58">allées de la Liberté</a>.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/175873/original/file-20170627-24749-2sykwx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/175873/original/file-20170627-24749-2sykwx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/175873/original/file-20170627-24749-2sykwx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/175873/original/file-20170627-24749-2sykwx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/175873/original/file-20170627-24749-2sykwx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=425&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/175873/original/file-20170627-24749-2sykwx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/175873/original/file-20170627-24749-2sykwx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/175873/original/file-20170627-24749-2sykwx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=534&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Lord Brougham and his Family at the Villa Eleanore-Louise Cannes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.clarkart.edu/Collection/9278">The Clark Art</a></span>
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<h2>Le temps des artistes</h2>
<p>Entre les deux guerres, de nouveaux Britanniques, plus artistes, plus intellectuels, sont attirés vers la France. Si l’homme de théâtre irlandais George Bernard Shaw séjourne chaque année dans le mythique <em>Eden Roc Hôtel</em> au Cap d’Antibes, son compatriote Herbert George Wells, le père de la science-fiction moderne, préfère quant à lui Grasse où, en 1927, il fait construire <a href="http://bit.ly/2sN6zeX"><em>Lou Pidou</em></a> –, une maison dans laquelle il vit avec son amie, la journaliste néerlandaise Odette Keun.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/175892/original/file-20170627-24749-1f1202i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/175892/original/file-20170627-24749-1f1202i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/175892/original/file-20170627-24749-1f1202i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/175892/original/file-20170627-24749-1f1202i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/175892/original/file-20170627-24749-1f1202i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/175892/original/file-20170627-24749-1f1202i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/175892/original/file-20170627-24749-1f1202i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/175892/original/file-20170627-24749-1f1202i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Nancy Cunard.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/johannab/16790876815/in/photolist-4Tqgcs-5cu3Sd-dD7u5D-7bGjC7-rzKCG8">Johanna/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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</figure>
<p>C’est dans l’Eure, à la Chapelle Réanville, que la « scandaleuse » écrivaine, journaliste, éditrice et collectionneuse Nancy Cunard, riche héritière de la Compagnie Transatlantique éponyme, décide à la même époque de faire l’acquisition de la ferme du <em>Puits carré</em>, qu’elle restaure en compagnie de <a href="http://www.artscouncilcollection.org.uk/artwork/nancy-cunard-and-louis-aragon-paris">Louis Aragon</a>. Elle y lance et y domicilie sa maison d’édition, <em>Hours Press</em>, d’où sortent une vingtaine d’ouvrages, dont des textes de <a href="https://www.theguardian.com/fashion/2011/nov/16/nancy-cunard-gucci">Samuel Beckett</a>. Très endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale la bâtisse, plus tard victime d’un incendie, est à l’heure actuelle totalement <a href="http://abar.net/crowderpuits.htm">à l’abandon</a>. En souvenir de ces célèbres habitants, le lycée voisin porte le nom de l’auteur d’<em>Aurélien</em> (1944).</p>
<h2>Des Anglais à la campagne</h2>
<p>À la Libération, si certains des « anciens » Anglais, comme Graham Green (<em>Voyage avec ma tante</em>, 1989) et Somerset Maugham (<em>Le Fil du rasoir</em>, 1944), reviennent en France, dans la seconde moitié du siècle de nouveaux Britanniques décident d’y élire domicile. Au milieu des années 1980, l’écrivain William Boyd (<em>Un Anglais sous les tropiques</em>, 1981) s’achète un domaine à Sadillac, près de Bergerac en Dordogne, où il fait son vin.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/175878/original/file-20170627-24749-1saf5ic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/175878/original/file-20170627-24749-1saf5ic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/175878/original/file-20170627-24749-1saf5ic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/175878/original/file-20170627-24749-1saf5ic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/175878/original/file-20170627-24749-1saf5ic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=397&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/175878/original/file-20170627-24749-1saf5ic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/175878/original/file-20170627-24749-1saf5ic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/175878/original/file-20170627-24749-1saf5ic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=499&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Avec Peter Mayle, auteur de <em>A Year in Provence</em>.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/voyages-provence/15239517475/in/album-72157647590007511/">Patrick Gaudin/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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<p>Dans les mêmes années, en Provence, Peter Mayle enquête sur « l’art de vivre à la française » (<a href="http://bit.ly/2udYmy6"><em>A Year in Provence</em></a>, 1989). À la fin des années 1990, ils sont de plus en plus nombreux à traverser la Manche pour s’établir, qui en Normandie, qui à l’intérieur de la Bretagne, qui dans le <a href="https://www.cairn.info/revue-population-et-avenir-2008-5-page-15.htm">Limousin</a>, là où les maisons rurales se bradent loin des régions jadis élues par leurs prestigieux prédécesseurs.</p>
<p>Des retraités, des membres de la <em>lower-middle class</em>, dans l’impossibilité de s’acheter le cottage de leurs rêves dans leur pays, où les prix de l’immobilier sont hors de leur portée, sont donc venus repeupler certaines des campagnes françaises les plus déshéritées. Qu’ils soient optimistes ou pessimistes, qu’ils touchent ou non leur pension en livres sterling, la plupart des Anglais de France, ou qui souhaitent le devenir, envisagent avec une certaine appréhension le Brexit. Cette perspective a-t-elle découragé les candidats à l’expatriation et à l’achat de propriétés en France ?</p>
<h2>Le Brexit ne les décourage pas</h2>
<p>La majorité des Anglais (65 %) qui, avant le résultat du référendum et l’annonce de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, avaient l’intention d’acheter une maison dans une région française n’ont pas semble-il, jusqu’ici, décidé d’abandonner leur projet. Selon la 9<sup>e</sup> édition de l’<a href="http://bit.ly/2sNfdu1"><em>Observatoire BNP Paribas International Buyers</em></a>, 23 % des acheteurs potentiels envisageraient même d’accélérer un processus en cours, au cas où les acquisitions seraient remises en cause lorsque le divorce entre les deux « meilleurs ennemis » sera officialisé. Parmi les étrangers les Britanniques demeurent, toujours, les premiers acheteurs de biens immobiliers en France.</p>
<p>À Paris, ils sont devancés par les Américains et les Italiens. En effet, dans la capitale le pouvoir d’achat des futurs propriétaires doit nécessairement être beaucoup plus fort que celui de la moyenne des Anglais qui ambitionnent de s’installer dans une « fermette » en rase campagne.</p>
<p>Ainsi, en deux siècles, le profil des Britanniques de France s’est-il totalement métamorphosé. Les amateurs éclairés, les hédonistes, les cosmopolites, les amoureux de la culture française ou encore les admirateurs de la Révolution de 1789 du début du XIX<sup>e</sup> siècle, ont progressivement été rejoints, puis remplacés, par les premiers touristes voyageant en groupe, chaperonnés par la toute nouvelle agence Cook, puis par des hommes de lettres et des artistes venus chercher leur inspiration dans le Quartier Latin ou encore à Montparnasse.</p>
<p>S’ils s’achètent parfois un appartement, leur enthousiasme pour les maisons françaises n’est en rien comparable à celui des Anglais des classes moyennes, de la fin du XX<sup>e</sup> et du début du XXI<sup>e</sup> siècle, qui contribuent à assécher le marché des maisons rurales et à redynamiser certains villages de France.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/80094/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Diana Cooper-Richet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Parmi les étrangers, les Britanniques demeurent, toujours, les premiers acheteurs de biens immobiliers en France. Histoire d’une passion longue.Diana Cooper-Richet, Chercheur au Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.