tag:theconversation.com,2011:/us/topics/obesite-23289/articlesobésité – The Conversation2024-03-14T14:26:22Ztag:theconversation.com,2011:article/2250372024-03-14T14:26:22Z2024-03-14T14:26:22ZAliments ultra-transformés : la plus grande étude jamais réalisée révèle leurs effets néfastes sur la santé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/579591/original/file-20240304-24-u7mgqr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5184%2C3453&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">On estime qu’un décès sur cinq dans le monde est dû à une mauvaise alimentation, et le rôle des aliments ultra-transformés (AUT) a fait l’objet de nombreuses études au cours des dernières années
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/multicolored-cereals-white-bowl-on-blue-1425370253">(Shutterstock)</a></span></figcaption></figure><p>La <a href="https://www.bmj.com/content/384/bmj-2023-077310">plus grande revue</a> des données sur les aliments ultra-transformés, tels que les céréales et les boissons gazeuses, a établi un lien entre ceux-ci et 32 effets néfastes sur la santé.</p>
<p>On estime <a href="https://www.healthdata.org/news-events/newsroom/news-releases/new-study-finds-poor-diet-kills-more-people-globally-tobacco-and">qu’un décès sur cinq</a> dans le monde est dû à une mauvaise alimentation, et le rôle des aliments ultra-transformés (AUT) a fait l’objet de nombreuses études au cours des dernières années</p>
<p><a href="https://cadernos.ensp.fiocruz.br/ojs/index.php/csp/article/view/4445/9058">On a défini les AUT pour la première fois</a> il y a une quinzaine d’années pour aider des chercheurs à étudier l’effet de la transformation des aliments sur la santé. La plus récente revue générale, ou « revue parapluie », a permis d’analyser de nombreuses études portant sur près de 10 millions de personnes afin de rassembler la plupart des données disponibles et d’obtenir une image globale de la manière dont les AUT affectent notre santé.</p>
<p>Les résultats montrent qu’une consommation de grandes quantités d’AUT est associée à des effets nocifs sur la santé et à une mort prématurée due à une série de pathologies, notamment maladies cardiaques, diabète de type 2, obésité et une mauvaise santé mentale.</p>
<p>Les régimes contenant beaucoup d’AUT sont sans conteste néfastes pour la santé, et la nouvelle étude établit des liens avec un large éventail de maladies. Des questions subsistent toutefois quant aux mécanismes par lesquels ces aliments nous affectent.</p>
<p>Les chercheurs ont proposé <a href="https://doi.org/10.1111/nbu.12623">plusieurs mécanismes</a> au fil des ans, dont une mauvaise qualité nutritionnelle. Certains AUT sont riches en graisses, en sucre et en sel, pauvres en fibres et déficients en vitamines essentielles, en minéraux et en antioxydants.</p>
<p>Parmi les autres mécanismes, citons le manque de structure et de texture, ce qui accélère la consommation de la nourriture, augmente le taux de sucre dans le sang et réduit la sensation de satiété. On s’est également intéressés <a href="https://doi.org/10.1038/s41575-024-00893-5">aux additifs alimentaires</a> et autres produits chimiques, ajoutés aux aliments ou issus des emballages ou de l’environnement.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/les-fibres-alimentaires-nagissent-pas-seulement-sur-le-colon-le-systeme-immunitaire-le-cerveau-et-la-sante-globale-en-beneficient-egalement-221686">Les fibres alimentaires n’agissent pas seulement sur le côlon – le système immunitaire, le cerveau et la santé globale en bénéficient également</a>
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<h2>Qualité inégale des données</h2>
<p>Un aspect intéressant des travaux actuels est le fait que la solidité des résultats varie d’une étude à l’autre et que certaines corrélations sont faibles. C’est probablement en partie attribuable à la vaste gamme d’aliments inclus dans la catégorie des aliments ultra-transformés.</p>
<p>On classe parmi les AUT les aliments qui contiennent des additifs et des produits chimiques et qui sont hautement transformés à l’aide d’ingrédients raffinés et reconstitués, dont certains que les consommateurs ne connaissent pas. La catégorie comprend des produits aussi variés que la crème glacée, les grignotines, le <a href="https://theconversation.com/ultra-processed-foods-bread-may-be-considered-one-but-that-doesnt-mean-its-all-bad-207236">pain de blé entier</a>, les viandes transformées et les tartinades faibles en gras. Ces aliments, contenant toutes sortes d’ingrédients et de nutriments, ont probablement des effets très différents sur notre santé.</p>
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<img alt="Des tranches de pain de blé entier" src="https://images.theconversation.com/files/579533/original/file-20240304-20-w8kd5a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/579533/original/file-20240304-20-w8kd5a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/579533/original/file-20240304-20-w8kd5a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/579533/original/file-20240304-20-w8kd5a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/579533/original/file-20240304-20-w8kd5a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/579533/original/file-20240304-20-w8kd5a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/579533/original/file-20240304-20-w8kd5a.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Voici un aliment ultra-transformé.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/healthy-wholemeal-bread-on-wooden-table-547213069">Supitcha McAdam/Shutterstock</a></span>
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<p>Un autre facteur important à considérer est le fait qu’on se base sur des analyses populationnelles, pour lesquelles des milliers de personnes ont enregistré leurs apports alimentaires et leur état de santé. L’analyse tient compte (« ajuste en fonction ») de divers facteurs, tels que l’âge, le sexe et le mode de vie, qui peuvent fausser les chiffres.</p>
<p>Cependant, les résultats ne font que montrer une relation entre ce qu’on mange et la santé. Ils ne fournissent pas de preuves des mécanismes impliqués. Nous devons mener rapidement de nouvelles recherches pour comprendre comment et pourquoi certains aliments sont mauvais pour la santé.</p>
<p>Bien que certaines études directes soient possibles, le fait d’examiner les effets à long terme d’une consommation élevée d’additifs, par exemple, pourrait s’avérer difficile et délicat d’un point de vue éthique. Mais il est possible d’étudier plus en détail les effets à l’aide des données existantes. À mesure que de nouvelles études seront publiées, la quantité de données devrait nous permettre de nous concentrer sur les différents AUT pour reconnaître les meilleurs et les pires.</p>
<p>Compte tenu de l’énorme quantité de données contenues dans cette revue générale, il serait intéressant d’extraire des données plus précises pour aider à identifier les aliments à éviter.</p>
<h2>Approfondir la question</h2>
<p>La catégorie des AUT comprend un large éventail d’aliments dont la teneur en nutriments est très variée. Le pain entier du commerce s’y trouve, tout comme la crème glacée, les beignes et les grignotines frites. Il est fort probable que les AUT n’ont pas tous les mêmes effets sur la santé.</p>
<p>En outre, des études mécanistiques dans lesquelles des personnes sont nourries de manière contrôlée avec certains aliments ou ingrédients, ainsi qu’une analyse statistique plus détaillée des études existantes, devraient nous aider à connaître les AUT à éviter, ceux qui sont sans risque et ceux qui peuvent même être bénéfiques dans le cadre d’une alimentation saine et équilibrée.</p>
<p>Une chose est sûre, ces études devraient nous permettre d’en savoir plus quant aux aliments ultra-transformés qui sont clairement néfastes à la santé. Nous devrions également chercher à comprendre les éléments les plus dangereux des AUT, afin que les fabricants puissent les éliminer, comme cela a été fait pour des ingrédients nocifs tels que les <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/trans-fat">acides gras trans</a> et certains <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1179/1077352512Z.00000000034">colorants artificiels</a>.</p>
<p>De nombreuses personnes ont recours à de la nourriture commerciale et transformée, et nous devons veiller à ce que ceux-ci puissent être sûrs et nutritifs, en particulier pour les populations pauvres et vulnérables.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225037/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pete Wilde a reçu des fonds principalement du Biotechnology and Biological Sciences Research Council (Conseil de recherche en biotechnologie et en sciences biologiques) et a bénéficié d'une aide à la recherche en nature de la part de diverses entreprises de l'industrie alimentaire. Il ne reçoit actuellement aucun soutien de l'industrie alimentaire. Il est actuellement membre du conseil consultatif scientifique du programme Healthy Diet Healthy Life financé par l'UE.</span></em></p>Une nouvelle étude d’envergure révèle que les AUT sont impliqués dans de nombreux problèmes de santé, mais ignorons toujours quels aliments sont les principaux coupables.Pete Wilde, Emeritus Fellow, Bioscience, Quadram InstituteLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2228212024-03-05T10:14:40Z2024-03-05T10:14:40ZL’alimentation positive, c’est s’inspirer du régime méditerranéen et limiter le sucre<p>L’alimentation peut être positive ! C’est le cas quand elle favorise la santé en combinant deux approches clés : l’adoption d’un <a href="https://theconversation.com/fr/topics/regime-mediterraneen-21767">régime méditerranéen</a> et la réduction de la consommation de sucres non essentiels qui sont ajoutés par l’industrie agroalimentaire dans différentes familles de produits (gâteaux, biscuits pour goûter, sodas, etc.)</p>
<p>Et l’alimentation peut aussi être durable quand elle contribue à la diminution de la production de gaz à effet de serre.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578916/original/file-20240229-16-5yncpq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<h2>Le régime occidental favorise l’obésité et les maladies cardiovasculaires</h2>
<p>Les changements socioéconomiques, influencés par la grande distribution et les géants de l’agroalimentaire, éloignent les individus des choix alimentaires sains comme le régime méditerranéen.</p>
<p>Le principal problème réside en l’accessibilité trop facile de produits ultra-transformés, trop riches en sucres et graisses et souvent peu coûteux.</p>
<p>En France, la <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-interview-eco/crise-agricole-le-consommateur-doit-prendre-conscience-que-l-alimentation-vertueuse-est-plus-chere-selon-le-chercheur-sebastien-abis_6335743.html">crise agricole</a> récente a également mis en lumière les déséquilibres dans la chaîne alimentaire, en montrant la nécessité de repenser notre approche de sa production, de sa distribution et de sa consommation.</p>
<p>Pour faire le lien avec la santé, il est clairement établi que l’hyperalimentation devient le principal défi de santé publique, bien que la pénurie alimentaire reste une préoccupation majeure pour bon nombre de personnes dans le monde.</p>
<p>Sont en cause : l’augmentation de la taille des portions, leur plus grande densité énergétique, l’alimentation industrielle en excès, la grande disponibilité de l’alimentation, et l’évolution des prix alimentaires qui sont tous des éléments qui favorisent des repas trop riches en calories.</p>
<p>Ce type de régime, couramment appelé « régime occidental », est à l’origine d’une prise de poids excessive. Ainsi, l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/obesite-23289">obésité</a> est un véritable problème de santé publique, que ce soit en France ou au niveau mondial. <a href="https://presse.inserm.fr/obesite-et-surpoids-pres-dun-francais-sur-deux-concerne-etat-des-lieux-prevention-et-solutions-therapeutiques/66542/">En France, une personne sur deux est en surpoids et 17 % de la population souffre d’obésité</a>.</p>
<p>Une vaste étude épidémiologique montre que les facteurs de risque alimentaires sont responsables de <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)30041-8">plus de 11 millions de décès par an dans le monde</a>, un chiffre qui date de 2017. Et <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)30041-8">il est prévu qu’il continue de croître dans les années à venir</a>.</p>
<p>Les <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/risque-cardiovasculaire/definition-facteurs-favorisants">maladies cardiovasculaires</a> constituent la principale cause de décès liés à une alimentation inadéquate, totalisant 10 millions de décès, suivies des <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers">cancers</a> (environ 1 million) et du <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/diabete/diabete-comprendre/definition">diabète de type 2</a> (environ 340 000).</p>
<p>Il est également alarmant de constater, toujours selon cette étude, que plus de 5 millions de décès liés à l’alimentation (représentant 45 % du total) surviennent chez des adultes de moins de 70 ans.</p>
<h2>Trop de viande rouge, de sel, de sucres et pas assez de fibres, de fruits, de légumes</h2>
<p>Les principaux facteurs de risque alimentaires incluent un faible apport en céréales complètes (issues du petit-déjeuner, du pain, du riz, des pâtes, etc.) et une consommation insuffisante de fruits et de légumes.</p>
<p>En revanche, dans cette <a href="https://doi.org/10.1016/S0140-6736(19)30041-8">alimentation occidentale</a>, l’apport en sodium (le sel dans le langage courant) est trop élevé, notamment dans les plats préparés. Elle est également marquée par une surconsommation de sucre ajouté, de viande rouge, d’<a href="https://theconversation.com/acides-gras-trans-limites-par-lue-que-se-passe-t-il-au-niveau-moleculaire-pour-quils-soient-nocifs-157791">acides gras trans</a> et de viandes transformées (charcuterie), ainsi qu’un faible apport en certaines céréales, légumineuses (lentilles, haricots secs…), produits de la mer et en calcium.</p>
<p>Des <a href="https://academic.oup.com/jnci/article/97/12/906/2544064">études</a> <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2776517">montrent</a> clairement que le risque de <a href="https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-colon/Les-points-cles">cancer colorectal</a> peut être réduit en prenant en compte ces facteurs de risque dans nos habitudes alimentaires, notamment en réduisant la consommation de viande rouge, d’abats et de charcuterie.</p>
<h2>Pourquoi le choix du régime méditerranéen ?</h2>
<p>Pour la sixième année consécutive, le régime méditerranéen a été désigné comme le meilleur régime à suivre en 2023 par le <a href="https://health.usnews.com/best-diet/mediterranean-diet">« US News and World Report »</a>. Il est à présent universellement reconnu comme un des modèles d’alimentation de référence pour une bonne santé.</p>
<p>Le terme « régime méditerranéen » désigne un mode alimentaire établi dans le bassin méditerranéen depuis des millénaires, reposant sur l’utilisation des ressources locales. Au cours des 30 dernières années et après plus de 3000 références d’<a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/14/14/2956">articles scientifiques publiés dans le monde</a>, ce régime s’est avéré être un <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/joim.13333">allié précieux pour la santé</a>, dans la prévention de l’infarctus, de l’accident vasculaire cérébral, du diabète, de certains cancers…</p>
<p>Dès les années 1990, en France, Michel de Lorgeril et ses collaborateurs ont mis en lumière les <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/01.CIR.99.6.779">effets protecteurs du régime méditerranéen contre les maladies cardiovasculaires</a>. Ces études ont largement démontré les bienfaits de ce régime sur de vastes échantillons de population.</p>
<p>Ces effets bénéfiques s’expliquent notamment par la présence d’aliments aux propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes, ainsi que par son efficacité globale dans le contrôle du poids et la réduction de l’obésité.</p>
<h2>En pratique, ça donne quoi le régime méditerranéen ?</h2>
<p>Le <a href="https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-319-29370-7">régime méditerranéen</a> apporte une multitude de bienfaits pour la santé grâce à sa variété d’aliments nutritifs. Les produits de la mer, comme les sardines, le saumon et le maquereau, fournissent des <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-acides-gras-om%C3%A9ga-3">acides gras oméga-3 essentiels</a>, tandis que <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/7/9/5356">l’huile d’olive extra vierge</a>, principale source de graisse dans ce régime, est riche en molécules actives bénéfiques.</p>
<p>Les fruits et légumes occupent une place prépondérante dans le régime méditerranéen, offrant une grande diversité de nutriments tels que les fibres, le <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-r%C3%A9f%C3%A9rences-nutritionnelles-en-vitamines-et-min%C3%A9raux">potassium</a>, la <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-r%C3%A9f%C3%A9rences-nutritionnelles-en-vitamines-et-min%C3%A9raux">vitamine C</a> et les polyphénols. Des <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/proceedings-of-the-nutrition-society/article/generating-the-evidence-for-risk-reduction-a-contribution-to-the-future-of-foodbased-dietary-guidelines/D4CBE7A3A8218A48859A70E0314C0D36#">études</a> ont démontré que leur consommation réduisait le risque de <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10408398.2017.1392288">maladies cardiovasculaires, d’accident vasculaire cérébral</a>, de diabète de type 2, de cancer du côlon rectal et de <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2161831322003970">prise de poids</a>.</p>
<p>Les légumineuses, les céréales et les oléagineux sont également des composantes importantes de ce régime, riches en fibres, en <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-r%C3%A9f%C3%A9rences-nutritionnelles-en-vitamines-et-min%C3%A9raux">vitamines et en minéraux</a>. En particulier, la <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/B9780081005965225110">consommation</a> de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/british-journal-of-nutrition/article/nuts-and-coronary-heart-disease-an-epidemiological-perspective/3560F2ECAF709F832E625C4DB163C8D4">noix</a>, amandes ou encore noisettes est <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/jcp.27506">cruciale</a> en raison de leur teneur en <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-lipides">acides gras monoinsaturés et polyinsaturés</a> ainsi qu’en flavonoïdes (des antioxydants présents dans le thé, le cacao, les pommes… qui appartiennent à la grande famille des polyphénols).</p>
<h2>Pourquoi il faut réduire la consommation de sucres non essentiels</h2>
<p>Il convient également de réduire la consommation de sucres non essentiels ajoutés artificiellement à notre alimentation via les produits industriels notamment. L’objectif est de réduire les pics de <a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/diabete/diabete-symptomes-evolution/autosurveillance-glycemie">glycémie</a> (ou taux de sucre dans le sang) pour éviter les coups de fatigue et le stockage de graisses.</p>
<p>Limiter les aliments à indice glycémique élevé (le sucre blanc raffiné, pain blanc, viennoiseries, les pommes de terre cuites…) et favoriser les sucres lents (la famille des féculents par exemple) et nutriments complets (farine complète, riz et pain complets…) est recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (<a href="https://www.who.int/fr/news/item/04-03-2015-who-calls-on-countries-to-reduce-sugars-intake-among-adults-and-children">OMS</a>) et, en France, par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (<a href="https://www.anses.fr/fr/content/sucres-dans-l%E2%80%99alimentation">Anses</a>).</p>
<p>L’OMS suggère de limiter les sucres ajoutés à moins de 25 g par jour (soit cinq cuillères à café environ). Les sucres libres sont présents dans les aliments transformés et les boissons telles que les jus de fruits et les sodas. Réduire leur consommation de moitié est recommandé par les organismes officiels pour lutter contre le diabète et l’obésité.</p>
<p>Or, le régime méditerranéen limite naturellement les sucres rapides. Limiter les sucres et augmenter les lipides, selon la littérature scientifique, favorise la perte de poids et améliore la santé globale. C’est notamment la stratégie adoptée quand on met en place un <a href="https://www.inrae.fr/actualites/regime-cetogene-utile-pas-forcement-perdre-du-poids">régime dit cétogène</a>.</p>
<h2>Manger mieux aussi pour la planète</h2>
<p>Manger mieux pour sa santé est également bénéfique pour l’environnement. L’agriculture intensive, telle qu’elle est pratiquée depuis les années 1960, a certes des rendements extraordinaires, mais elle épuise les sols et pollue l’environnement.</p>
<p>L’émission de méthane par les ruminants y joue un rôle majeur. La prise de conscience récente des limites des ressources naturelles et de la pollution des sols, de l’air et de l’eau, pousse vers une nouvelle agriculture, l’agriculture axée sur le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/developpement-durable-21018">développement durable</a>.</p>
<p>En France, l’agriculture est le deuxième poste d’émission de gaz à effet de serre avec <a href="https://www.notre-environnement.gouv.fr/themes/climat/les-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-et-l-empreinte-carbone-ressources/article/les-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-de-l-agriculture">19 % du total national</a>.</p>
<p>Ainsi, il est primordial que l’agriculture contribue à l’effort général de réduction des émissions de gaz et c’est donc à nous, citoyens de ce monde, de pousser tous les acteurs, des politiciens à la grande distribution, à diminuer cette production.</p>
<h2>Des repères pour manger positif et durable ?</h2>
<p>Pour concrétiser nos recherches, nous avons créé le site Internet <a href="https://mmmenus.fr/">Mes meilleurs menus</a> qui propose un programme de menus hebdomadaires. Ce programme a été réalisé grâce aux méta-analyses publiées dans les plus grandes revues scientifiques internationales et en tenant compte des recommandations officielles.</p>
<p>Ces menus s’appuient sur une alimentation méditerranéenne à faible indice glycémique, équilibrée en 25 nutriments essentiels et personnalisée en fonction du poids, de l’âge, du sexe et du niveau d’activité physique.</p>
<p>Ce service est offert gratuitement. L’objectif est également d’inciter la population à adopter de bonnes habitudes alimentaires sans culpabilité.</p>
<p>D’autres sites fournissent des repères pour mieux connaître la qualité des aliments et manger mieux comme la <a href="https://ciqual.anses.fr/">table de composition nutritionnelle</a> de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).</p>
<p>A nous de nous rapprocher de nos agriculteurs, de nos fermes, afin de consommer local en privilégiant les <a href="https://www.aprifel.com/fr/">produits de saison</a>,ce qui favorise une alimentation saine et durable.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/222821/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Joffrey Zoll a reçu des financements de l'Université de Strasbourg, la société STEPAN. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anouk Charlot a reçu des financements de l’université de Strasbourg (bourse doctorale)</span></em></p>Manger positif et durable pour sa santé et pour la planète, c’est possible. Pour cela, il faut adopter un régime méditerranéen et limiter le sucre non essentiel présent dans les aliments industriels.Joffrey Zoll, MCU-PH en physiologie, faculté de médecine, Université de StrasbourgAnouk Charlot, Doctorante, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2216862024-02-22T15:09:23Z2024-02-22T15:09:23ZLes fibres alimentaires n’agissent pas seulement sur le côlon – le système immunitaire, le cerveau et la santé globale en bénéficient également<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/570673/original/file-20240119-19-bkynf2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=66%2C6%2C3923%2C2249&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La plupart des gens ne consomment que la moitié de la quantité de fibres alimentaires recommandée, ce qui peut avoir un effet négatif sur leur santé.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les conseils sur l’alimentation ne manquent pas, qu’il s’agisse de manger des <a href="https://www.hsph.harvard.edu/nutritionsource/superfoods/">superaliments</a> qui permettent de <a href="https://www.npr.org/sections/thesalt/2015/04/11/398325030/eating-to-break-100-longevity-diet-tips-from-the-blue-zones">vivre jusqu’à 100 ans</a> ou de suivre des <a href="https://guide-alimentaire.canada.ca/fr/conseils-pour-alimentation-saine/regimes-et-tendances-alimentaires/">régimes restrictifs</a> qui sont censés faire perdre du poids et améliorer l’apparence. En tant que chercheur du <a href="https://farncombe.mcmaster.ca/"><em>Farncombe Family Digestive Health Research Institute</em></a>, je suis parfaitement conscient qu’il n’existe pas de « régime santé » universel qui convienne à tout le monde.</p>
<p>La plupart des professionnels s’accordent à dire que l’on doit avoir un régime équilibré sur le plan des groupes alimentaires, et qu’il est préférable d’y ajouter des légumes et des <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/11/8/1806">aliments fermentés</a> plutôt que de se limiter inutilement. De plus, la consommation d’aliments qui favorisent la santé intestinale améliore l’état de santé global.</p>
<h2>Pourquoi se préoccupe-t-on autant des fibres ?</h2>
<p>L’importance des fibres est connue depuis plusieurs décennies. <a href="https://doi.org/10.1017/S0954422417000117">Denis Burkitt</a>, regretté chirurgien et chercheur dans le domaine des fibres, a déclaré : « Si vous avez de petites selles, vous devrez avoir de gros hôpitaux. » Mais les fibres alimentaires ne se contentent pas de faciliter le transit intestinal, elles sont aussi un <a href="https://www.mayoclinic.org/healthy-lifestyle/nutrition-and-healthy-eating/expert-answers/probiotics/faq-20058065">nutriment prébiotique</a>.</p>
<p>Les prébiotiques ne sont pas activement digérés et absorbés, ils servent plutôt à favoriser la croissance de bactéries bénéfiques dans notre intestin. <a href="https://doi.org/10.3390%2Ffoods8030092">Ces micro-organismes contribuent ensuite à la digestion des aliments</a> pour que nous en retirions davantage de nutriments, soutiennent l’intégrité de la barrière intestinale et empêchent la prolifération de bactéries nocives.</p>
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<img alt="High-fibre foods against the outline of intestines" src="https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570413/original/file-20240119-17-wpd6x9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les prébiotiques ne sont pas activement digérés et absorbés, ils servent plutôt à favoriser la croissance de bactéries bénéfiques dans notre intestin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Indépendamment de leur effet sur les bactéries, les fibres peuvent aussi influencer notre système immunitaire lorsqu’elles <a href="https://doi.org/10.1111/bph.14871">interagissent directement avec des récepteurs exprimés par nos cellules</a>. Ces bienfaits peuvent même aider le système immunitaire à être plus tolérant et à réduire l’inflammation.</p>
<h2>Mange-t-on suffisamment de fibres ?</h2>
<p>Probablement pas. Le <a href="https://doi.org/10.3390%2Fnu15122749">régime alimentaire occidental</a> est pauvre en fibres et riche en aliments ultra-transformés. <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/nutriments/fibres.html">On recommande de consommer</a> de <a href="https://www.nature.com/articles/s41575-020-00375-4">25 à 38 grammes de fibres par jour</a>, selon l’âge, le sexe et le niveau d’activité. La plupart des gens consomment environ la moitié de la quantité recommandée, ce qui peut nuire à leur santé globale.</p>
<p>Les céréales complètes, les fruits et légumes, les légumineuses, les noix et les graines constituent de bonnes sources de fibres alimentaires. On insiste beaucoup sur les fibres solubles et moins sur les fibres insolubles, mais en réalité, la plupart des aliments contiennent un mélange de ces deux types, qui ont tous deux <a href="https://www.healthline.com/health/soluble-vs-insoluble-fiber%23risks">leurs bons côtés</a>.</p>
<p>Les collations à haute teneur en fibres gagnent en popularité. Avec une valeur globale estimée à 7 milliards de dollars américains en 2022, le <a href="https://www.precedenceresearch.com/prebiotic-ingredients-market#:%7E:text=The%2520global%2520prebiotic%2520ingredients%2520market,13.25%2525%2520from%25202022%2520to%25202030">marché des ingrédients prébiotiques</a> devrait tripler d’ici 2032.</p>
<h2>Les bienfaits des fibres alimentaires</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="Diagram of a human with arrows linking brain and intestines" src="https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/570414/original/file-20240119-17-fwfmrl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les fibres sont associées à la santé globale et à la santé cérébrale par l’axe intestin-cerveau.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Il existe de nombreuses preuves des bienfaits des fibres alimentaires. Les fibres ne sont pas seulement associées à la santé du côlon ; elles influencent aussi la santé globale et la santé du cerveau par <a href="https://my.clevelandclinic.org/health/body/the-gut-brain-connection">l’axe intestin-cerveau</a>. Les régimes pauvres en fibres ont été corrélés à des troubles gastro-intestinaux tels que le syndrome du côlon irritable ou des maladies inflammatoires de l’intestin.</p>
<p>Par ailleurs, une consommation suffisante de fibres <a href="https://doi.org/10.1038/s41575-020-00375-4">réduit les risques et la mortalité liés aux maladies cardiovasculaires et à l’obésité</a>. Des études montrent que <a href="https://doi.org/10.3390/nu13072159">certains types de fibres peuvent améliorer les fonctions cognitives</a>.</p>
<p>Certaines maladies gastro-intestinales, comme la maladie cœliaque, ne semblent pas influencées par la consommation de fibres. De plus, <a href="https://doi.org/10.1038/s41575-020-00375-4">il n’y a pas de consensus</a> sur le type de fibres et la dose qui serait bénéfique pour le traitement de la plupart des maladies.</p>
<h2>Les fibres ne sont pas toutes bonnes</h2>
<p>Étonnamment, ce ne sont pas toutes les fibres qui sont bonnes pour la santé. Fibre est un terme générique pour désigner les polysaccharides végétaux qu’on ne peut digérer. Il en existe de nombreux types, dont la fermentescibilité, la solubilité et la viscosité dans l’intestin varient.</p>
<p>Pour compliquer les choses, la <a href="https://doi.org/10.3389/fped.2020.620189">source a également son importance</a>. Les fibres provenant d’une plante en particulier ne sont pas les mêmes que celles issues d’une autre. En outre, le vieux dicton « trop, c’est comme pas assez » s’applique ici, car la surconsommation de suppléments de fibres peut provoquer des symptômes tels que constipation, ballonnements et gaz. Cela est dû en partie au fait qu’il existe différents microbiomes intestinaux et que tous n’ont pas la même la capacité à métaboliser les fibres pour produire des molécules bénéfiques telles que les acides gras à chaînes courtes.</p>
<p>Dans certains cas, comme chez les personnes atteintes de maladies inflammatoires de l’intestin, l’absence de bactéries capables de digérer les fibres peut laisser les fibres intactes <a href="https://doi.org/10.1053/j.gastro.2022.09.034">interagir directement avec les cellules intestinales et engendrer des effets inflammatoires</a>. Des données récentes ont même montré qu’une consommation excessive de fibres solubles, telles que l’inuline, un complément répandu, peut <a href="https://doi.org/10.1053/j.gastro.2023.10.012">accroître le risque de développer un cancer du côlon dans un modèle animal expérimental</a>.</p>
<h2>Un élément d’un régime alimentaire sain</h2>
<p>Les fibres alimentaires sont un élément important d’un régime alimentaire qui peut favoriser la santé de l’intestin et la santé globale. Les fibres contribuent à la sensation de satiété après les repas et à la régulation de la glycémie et du cholestérol. Assurez-vous de consommer des fibres dans votre alimentation et, si nécessaire, prenez des compléments alimentaires sans dépasser la dose recommandée.</p>
<p>Les prébiotiques favorisent le développement de bactéries intestinales qui peuvent influencer la santé et l’immunité de l’intestin dans le cadre de nombreuses maladies, bien que toutes les fibres ne se valent pas. Si les fibres ne guérissent pas les maladies, une saine alimentation peut soutenir le travail des médicaments et des traitements, dont elle peut améliorer l’efficacité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221686/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mark Wulczynski ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les fibres ne sont pas seulement associées à la santé du côlon ; elles influencent aussi la santé globale et la santé du cerveau par l’axe intestin-cerveau. Mais toutes les fibres ne se valent pas.Mark Wulczynski, Medical Sciences PhD Candidate, McMaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2184802023-12-25T20:22:29Z2023-12-25T20:22:29ZRendre les enfants acteurs du bien manger<p>En 2021, l’agence officielle Santé Publique France a mené une <a href="https://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2022/8/index.html">étude</a> auprès de 48 119 enfants scolarisés en maternelle dans le département du Val-de-Marne. Ces travaux avaient pour objet de mesurer l’impact de la crise Covid et du confinement sur le poids (« le statut staturo-pondéral ») d’enfants âgés de quatre ans.</p>
<p>Cette étude a mis en exergue le fait que la proportion d’enfants obèses a quasiment doublé entre les périodes 2018-2019 et 2020-2021, passant de 2,8 % à 4,6 %. Le taux d’enfants en surpoids a également progressé de 8,9 % à 11,2 %.</p>
<p>Les causes de l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/obesite-23289">obésité</a> sont multifactorielles. Cette étude a ainsi souligné le rôle joué par la sédentarité et la dégradation des modes d’alimentation. Cette dernière se caractérise notamment par l’augmentation de la consommation de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/aliments-ultratransformes-71800">produits ultra-transformés</a> et du grignotage.</p>
<h2>Davantage d’obésité chez les enfants de milieux défavorisés</h2>
<p>Elle a également montré l’importance du contexte socio-économique. Ainsi, le nombre d’enfants obèses dans la population d’enfants étudiés – on parle de <a href="https://www.ined.fr/fr/lexique/prevalence-d-une-maladie/">prévalence</a> – était plus élevé chez les enfants issus de milieux défavorisés, par rapport à ceux vivant au sein de familles aisées. Cette prévalence s’explique, en partie, par un déficit des modèles de transmission, ce qui a pour conséquence de <a href="https://www.goodreads.com/book/show/199372228-alimentation-et-sant">limiter l’acquisition précoce de connaissances nutritionnelles et de compétences culinaires</a> chez les enfants issus des familles les plus modestes.</p>
<p>De manière générale et quel que soit leur niveau de vie, l’urbanisation croissante dans laquelle évoluent les enfants tend à les éloigner du monde du vivant. Ceci conduit la grande majorité d’entre eux à <a href="https://www.puq.ca/catalogue/livres/education-environnement-ecocitoyennete-3109.html">disposer de connaissances limitées sur l’origine des aliments</a>.</p>
<h2>Éducation alimentaire des enfants : des initiatives à conforter</h2>
<p>Face à cette situation alarmante, on assiste, depuis plusieurs années, à une prise de conscience collective de la nécessité d’éduquer les enfants au bien manger pour garantir leur santé et leur bien-être tout au long de la vie.</p>
<p>Dans cet objectif, de nombreux programmes d’éducation alimentaire, réactivés par la pandémie du Covid-19, ont vu le jour. Portés par une diversité d’acteurs publics ou privés (professionnels de santé, éducateurs, <a href="https://www.les-enfants-cuisinent.com/">diverses</a> <a href="https://vivonsenforme.org/">associations</a>, entreprises…), ces initiatives prennent des formes variées : <a href="https://www.ecolecomestible.org/nos-actions">ateliers de cuisine</a>, animations autour des fruits et des légumes ou du gaspillage alimentaire, visites de lieux de production et de distribution…</p>
<p>Ces démarches doivent être saluées. En revanche, leur multiplicité et/ou leur territorialité ne permettent pas toujours de bénéficier de retours d’expériences pour les dupliquer à un échelon national. En outre, les actions sont souvent ancrées dans le court terme et les objectifs ne sont pas clairement définis, ce qui rend difficile l’<a href="https://www.effect-erasmus.eu/">évaluation de leurs impacts sur les changements de comportements pérennes des enfants</a>, en particulier pour ceux qui vivent dans des milieux défavorisés.</p>
<p>A cela s’ajoute le fait que les parents ne sont pas toujours associés à ces actions. Les mécanismes de socialisation inversée – c’est-à-dire de <a href="https://shs.hal.science/halshs-02925772/">transmission des valeurs de consommation des enfants vers les parents</a> – sont alors rendus difficiles car on fait souvent jouer à l’enfant un rôle de censeur, en l’amenant à porter un regard critique sur les choix et les pratiques alimentaires de son foyer.</p>
<h2>Accroître la capacité des enfants à améliorer leur alimentation</h2>
<p>Afin de réduire ces difficultés, la capacité des membres du foyer à renforcer la qualité de leur alimentation au fil du temps apparaît comme un levier pertinent pour repenser le bien manger chez les enfants et lutter contre les inégalités sociales. Il s’agit alors de leur apporter un ensemble d’informations et de savoir-faire pour leur permettre de choisir les aliments qu’ils consomment avec davantage de discernement. Les spécialistes parlent de <a href="https://rrapps-bfc.org/glossaire/litteratie-alimentaire">« littératie alimentaire »</a>).</p>
<p>Ils envisagent ce <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0195666316306833">concept</a> comme un ensemble de connaissances liées à l’alimentation (nutrition, santé, interprétation des étiquettes, ingrédients dans les recettes) mais aussi des compétences techniques (utilisation d’ustensiles, de matériels, d’appareils, manipulation des ingrédients), ainsi que des compétences en planification (organisation des repas, gestion du budget, achat et stockage des denrées).</p>
<h2>Faire les courses, sélectionner les produits…</h2>
<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=9OPUjWhX9xM">Largement mobilisée au Canada</a> pour promouvoir l’éducation alimentaire des populations jeunes, sa mise en œuvre semble bénéficier d’une adhésion moins forte en France. Or, promouvoir les compétences de l’enfant dans le domaine alimentaire (autre façon de définir la littératie alimentaire) constitue sans doute une opportunité pour mettre en cohérence l’ensemble des actions de sensibilisation dédiées au bien manger et augmenter leur efficacité.</p>
<p>Parmi les nombreux modèles qui émergent, <a href="https://doi.org/10.1016/j.appet.2014.01.010">celui proposé par les chercheuses australiennes Vidgen et Gallegos</a> en 2014 apparaît comme le plus opérationnel pour les acteurs de terrain. Il permet de rendre compte de l’ensemble des savoirs et des savoir-faire à acquérir pour devenir un consommateur éclairé.</p>
<p>Il se présente sous la forme d’un programme d’accompagnement à suivre pour développer des habiletés alimentaires et culinaires à partir de quatre domaines de compétences : savoir faire ses courses, sélectionner les produits appropriés en fonction de la saison, du lieu de production, etc. et les cuisiner, partager un repas avec ses proches et enfin développer un esprit critique vis-à-vis de son alimentation.</p>
<p>Ce modèle offre donc un cadre structurant pour déployer des actions de terrain séquencées et graduées, tenant compte des capacités d’apprentissage des enfants. Facilement transposable dans le cadre d’ateliers ou de séances d’éveil en milieu scolaire, les acteurs engagés dans la promotion du bien manger peuvent alors le décliner en objectifs adaptés à l’âge des enfants, pour les inciter à prendre en charge des tâches quotidiennes liées à l’alimentation chez eux : faire une liste de courses et participer aux achats, savoir lire une recette et préparer les produits nécessaires pour la réaliser…</p>
<h2>Le marketing social pour aider aux bonnes pratiques</h2>
<p>Depuis plusieurs années, le <a href="https://www.presses.ehesp.fr/produit/marketing-social/">marketing social</a> suscite un intérêt particulier parmi les acteurs de santé. Il consiste à appliquer les techniques de persuasion éprouvées en marketing pour encourager les individus à adopter des pratiques favorables à leur santé et leur bien-être.</p>
<p>L’enjeu est ici de favoriser l’implication des enfants, qui participent à ces actions d’éducation au bien manger, en jouant sur les <a href="https://hal.science/hal-02019299/">leviers de persuasion identifiés par les chercheurs en marketing pour communiquer auprès du jeune public</a>.</p>
<p>Ainsi, pour qu’un message soit compris et accepté par l’enfant, il est nécessaire de lui faire vivre au préalable une expérience qu’il perçoit comme agréable. Appliqué à l’éducation alimentaire, ce principe induit trois étapes à respecter :</p>
<p>1/Placer l’enfant dans un environnement bienveillant pour provoquer une attitude favorable envers l’activité proposée ;</p>
<p>2/Une fois cette mise en confiance obtenue, l’engager à faire par lui-même pour renforcer ses croyances en ses propres capacités ;</p>
<p>3/Nourrir sa curiosité, induite par cette mise en situation, avec des connaissances sur l’alimentation.</p>
<p>Si l’éducation des enfants au bien manger est un enjeu de santé publique pour lutter contre l’obésité et le surpoids, elle peut aussi s’envisager comme une formidable occasion de fédérer des acteurs sociaux et de faire dialoguer divers champs théoriques autour d’un objectif majeur : accroître leur capacité à améliorer leur alimentation avec des programmes d’accompagnement à partager et à répliquer.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218480/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pascale Ezan est membre du conseil d'administration de l'association Vivons en Forme. </span></em></p>Pour garantir la santé des enfants, notamment ceux de milieux modestes, on peut les impliquer dans des actions d’éducation à l’alimentation pour en faire de véritables consommateurs éclairés.Pascale Ezan, professeur des universités - comportements de consommation - alimentation - réseaux sociaux, Université Le Havre NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2188772023-12-21T17:37:23Z2023-12-21T17:37:23Z« Bouge 30 minutes chaque jour » : la campagne manque-t-elle sa cible ?<p>« <a href="https://www.gouvernement.fr/les-priorites/bouge-30-minutes">Bouge 30 minutes chaque jour !</a> », tel est le slogan de la <a href="https://www.grandecause-sport.fr">Grande cause nationale 2024</a>, <a href="https://www.sports.gouv.fr/presentation-de-la-grande-cause-nationale-2024-par-amelie-oudea-castera-ministre-des-sports-et-des">récemment dévoilée par la ministre des Sports</a>, et massivement diffusé par les médias, avec des <a href="https://youtu.be/X81WD4JfA9I?feature=shared">ambassadeurs sportifs</a> de <a href="https://youtu.be/nHHQW4OKYTk?feature=shared">renom</a>. L’argumentaire est clair : la <a href="https://theconversation.com/gare-a-la-sedentarite-deux-semaines-sans-bouger-peuvent-ruiner-la-sante-151081">sédentarité</a> est le <a href="https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=1211">mal du siècle et augmente le risque de décès prématurés de 20 à 30 %</a>. Pratiquer une activité physique régulière est essentiel pour prévenir les pathologies chroniques et les accidents cardiaques et cérébraux, mais aussi pour préserver la <a href="https://theconversation.com/bouger-dehors-cet-hiver-sera-plus-que-jamais-necessaire-pour-garder-le-moral-149950">santé mentale</a>. Des recherches biomédicales très développées en attestent, <a href="https://www.inserm.fr/expertise-collective/activite-physique-prevention-et-traitement-maladies-chroniques/">avec un niveau de preuve très élevé</a>.</p>
<p>Pour autant, un regard sociologique sur ces orientations gouvernementales montre les paradoxes de ces campagnes de promotion de la santé par les activités physiques et sportives. Là aussi, la littérature scientifique est très avancée, mais malheureusement peu prise en compte.</p>
<h2>Entrepreneur de sa santé</h2>
<p>Les campagnes de communication privilégiées par l’État posent question. Leur vision de la prévention est à questionner. La démarche proposée est basée sur les théories du <a href="https://theconversation.com/comment-tenir-vraiment-vos-bonnes-resolutions-en-2017-70802">changement comportemental</a> : la motivation individuelle est au cœur du processus. Il s’agit de convaincre et mobiliser le sujet afin de créer des routines personnelles pour changer de modes de vie. L’idée est d’amener la population à se prendre en charge, à être entrepreneuse de soi-même pour chaque jour intégrer l’activité physique et/ou le sport dans son emploi du temps. L’auto-responsabilisation est de mise, avec son corollaire, la culpabilisation.</p>
<p><a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_conversion_des_corps_bouger_pour_etre_sain_gilles_vieille_marchiset-9782343189260-64511.html">Nos enquêtes dans plusieurs pays européens</a> révèlent la diffusion de ce paradigme gestionnaire, très éloigné de la vie quotidienne des populations socialement défavorisées (celles qu’il faut convaincre en priorité), souvent débordées par l’urgence du quotidien.</p>
<p>Cette vision néo-libérale, qui irrigue les hautes sphères gouvernementales de la plupart des pays occidentaux, privilégie des campagnes de communication généralistes, notamment des spots publicitaires dans les grands médias (en déléguant l’action de l’État à des entreprises de communication privées). Là où L’État pourrait avoir une approche privilégiant des actions de proximité, il choisit une action par le haut et déplace la responsabilité vers les populations, appelées à se prendre en charge. Cette approche se révèle souvent improductive.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/7bIsdRvb73Q?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Pour aller plus loin, un documentaire Arte éclairant.</span></figcaption>
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<h2>Un message peu clair et inefficace ?</h2>
<p>Tout d’abord, l’ambiguïté demeure dans la définition des termes : sport et/ou activité physique. Les messages sont constamment brouillés. D’un côté, l’activité physique quotidienne est préconisée dans sa version la plus large : <a href="https://youtu.be/ZXoTVmyGLSk?feature=shared">mobilités, ménage, jardinage</a>. De l’autre, les bienfaits du sport sont également défendus <a href="https://youtu.be/X81WD4JfA9I?feature=shared">par des champions</a>, dont le niveau de pratique et le mode de vie sont inaccessibles pour la grande majorité de la population.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Certes, la pratique sportive est en hausse en France (<a href="https://injep.fr/publication/les-chiffres-cles-du-sport-2023/">60 % en 2023 contre 54 % en 2018</a>), mais les inégalités sociales et territoriales restent très fortes. Le sport demeure très éloigné des modes de vie des populations sédentaires, souvent marquées par des expériences sportives désagréables (à l’école ou en club) ou socialement défavorisées.</p>
<p>Le sport reste en effet moins accessible pour les classes populaires, <a href="https://injep.fr/publication/les-chiffres-cles-du-sport-2023/">notamment chez les femmes</a>. Les personnes que nous avons interrogées connaissent parfois les slogans, mais ont des difficultés à les appliquer au jour le jour : les urgences du quotidien (travail, alimentation, transport, aide aux devoirs) priment. Une mère de famille interviewée dans un quartier populaire de Strasbourg précise :</p>
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<p>“J’essaie d’y aller, au fitness… j’ai failli y aller aujourd’hui, mais bon j’avais aussi les lessives. Toutes ces choses, pour qu’après la semaine, j’arrive à suivre le rythme normal !”</p>
</blockquote>
<p>Dès lors, même si les messages sont répétés continuellement, notamment lors d’événements promotionnels (challenges sportifs, collecte de matériels, festivals, etc.), comme pour les appels à la consommation de fruits et de légumes, <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_conversion_des_corps_bouger_pour_etre_sain_gilles_vieille_marchiset-9782343189260-64511.html">ces slogans peinent à être appliqués</a>, surtout par les populations éloignées des modes de vie sain défendus. Comme le montrent <a href="https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_conversion_des_corps_bouger_pour_etre_sain_gilles_vieille_marchiset-9782343189260-64511.html">nos enquêtes dans quatre pays européens</a>, seuls les plus avertis, déjà actifs, intègrent finalement les messages de santé publique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/30-minutes-dactivite-physique-a-lecole-un-dispositif-contre-la-sedentarite-a-questionner-212817">« 30 minutes d'activité physique » à l’école : un dispositif contre la sédentarité à questionner</a>
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<h2>Des solutions existent !</h2>
<p>La démarche de promotion de la santé par les activités physiques doit prendre en compte les modes de vie difficiles des personnes sédentaires : des freins culturels, économiques et environnementaux sont à lever. La question des équipements de proximité est cruciale : le manque d’équipements sportifs est criant, notamment dans les grandes agglomérations. Le soutien de l’entourage et l’accompagnement par des professionnels de l’activité physique bien formés (à l’université) est primordiale. Le tissu associatif local doit être mobilisé dans la durée.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/cxLiOhKkARA?wmode=transparent&start=13" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Un programme de recherche européen sur la promotion de la santé par l’activité physique et leur réception par les classes populaires.</span></figcaption>
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<p>Il est indispensable donc de valoriser une approche territorialisée, de partir des ressources locales pour construire des projets locaux de développement de l’activité physique et sportive pour toutes et tous (la <a href="https://www.vie-publique.fr/loi/279107-loi-2-mars-2022-democratiser-le-sport-en-france#:%7E:text=La%20loi%20porte%20sur%20trois,mod%C3%A8le%20%C3%A9conomique%20vertueux%20au%20secteur.">loi du 2 mars 2022</a> visant à démocratiser le sport en France, prévoit le développement de plans sportifs locaux). Les recherches-formations collaboratives menées en Seine-Saint-Denis (<a href="https://www.professionbanlieue.org/Innovation-pedagogie-par-le-sport-un-heritage-social-des-Jeux-Olympiques-et">Profession banlieue</a>) ou en Alsace (<a href="https://vimeo.com/796675913/7e34c7425a">Les Olympiades des ainés</a>) ouvrent de belles perspectives. L’idée est de créer des environnements physiques et humains favorables à la pratique du plus grand nombre.</p>
<p>A ce niveau, la participation sociale des populations locales est à intégrer dans les dispositifs innovants. Il convient de construire des eco-systèmes reliant toutes les parties prenantes dans chaque ville ou communauté de communes rurales. L’aménagement urbain peut ainsi être combiné à la mobilisation des associations, mais aussi des habitants. Des expérimentations sont en cours, <a href="https://www.francetvinfo.fr/france/ilsontlasolution/en-haute-marne-saint-dizier-veut-faire-bouger-ses-habitants-avec-le-design-actif_5397037.html">comme à Saint Dizier</a>.</p>
<p>Bien que critiques, les travaux sociologiques sont aussi forces de propositions pour faire de la promotion des activités physiques une grande cause nationale réussie. Néanmoins, un changement de perspective est indispensable pour lever les paradoxes mis en avant. Les solutions existent. Une vision écosystémique et territorialisée est à organiser en mobilisant les collectivités locales, les clubs sportifs, les associations socioculturelles, les entreprises et surtout les populations. Cette démarche pourrait même être un héritage des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. La balle est dans le camp des élus locaux pour agir au plus près des populations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218877/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gilles VIEILLE MARCHISET est vice-président de l'Institut de recherche collaborative sur l'activité physique et la promotion de la santé (ReCAPPS). Il a reçu des financements de l'Université de Strasbourg (Initiative d'Excellence), de l'Agence régionale de santé Grand Est et de la Collectivité européenne d'Alsace. </span></em></p>La promotion de l’activité physique et sportive sera la grande cause nationale de 2024. Mais la communication interroge : seules les personnes déjà actives semblent intégrer les messages.Gilles Vieille Marchiset, Professeur de sciences sociales, directeur de l'Unité de recherche Sport et Sciences sociales, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2147522023-12-10T15:50:19Z2023-12-10T15:50:19ZLutter contre l’obésité avec des fibres<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/564650/original/file-20231210-29-id9nwb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C3866%2C2567&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un pain développé par une équipe de recherche permet de lutter contre l'obésité.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/cereales-et-trois-petits-pains-rsWZ-P9FbQ4">WESUAL CLICK/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Au niveau mondial, l’obésité a triplé depuis 1975. Selon les derniers chiffres de l’organisation mondiale de la santé, presque <a href="https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight">2 milliards d’adultes étaient en surpoids ou obèses</a>, et parmi eux, 650 millions obèses – soit 13 % de la population mondiale. Un surpoids est défini par un indice de masse corporel (<a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/surpoids-obesite-adulte/calcul-imc-bilan-medical">IMC</a>) compris entre 25 et 30, une obésité lorsque ce dernier dépasse 30.</p>
<p>En 2020, la prévalence de surpoids et de l’obésité est de 47,3 % <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36769573/">dans la population française</a> (17 % de personnes obèses), avec une tendance à la hausse. Du fait que l’occurrence de nombreuses pathologies chroniques est plus élevée chez des populations obèses ou en surpoids (diabète de type 2, pathologies cardiovasculaires…), de nombreuses politiques publiques se sont mises en place pour enrayer cette augmentation constante de l’obésité et du surpoids,notamment le PNNS (Programme national nutrition santé en France).</p>
<p>Parmi les repères nutritionnels et les objectifs du PNNS, il est recommandé d’augmenter la part des fibres dans notre alimentation pour prévenir l’occurence de l’obésité et des pathologies associées mais aussi pour lutter contre l’obésité installée. Cela passe notamment par une augmentation de l’ingestion des fruits et légumes, des céréales complètes ou des légumineuses par exemple.</p>
<p>En effet, il existe un écart important entre la <a href="https://www.anses.fr/fr/content/inca-3-evolution-des-habitudes-et-modes-de-consommation-de-nouveaux-enjeux-en-mati%C3%A8re-de">consommation de fibres alimentaires</a> dans la population française et les recommandations du PNNS (30 g). Or, une consommation accrue de fibres alimentaires est connue pour être <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/proceedings-of-the-nutrition-society/article/dietary-fibre-and-cardiovascular-health-a-review-of-current-evidence-and-policy/D32A613205AE6F23509F2381379131F8">inversement corrélée</a> avec la prévalence des pathologies chroniques associées à l’obésité.</p>
<h2>Du pain enrichi en fibres fermentescibles</h2>
<p>L’augmentation de l’ingestion de fibres, en particulier fermentescibles (celles dégradées par le microbiote intestinal) ont montré, dans des <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/12/10/3209">études cliniques contrôlées</a>, un effet bénéfique sur l’insulino-sensibilité et donc la diminution de l’apparition du diabète et des pathologies cardiovasculaires. Les fibres fermentescibles sont présentes dans les légumineuses, les céréales complètes, les fruits et les graines en particulier.</p>
<p>Pour corriger cette déficience, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0963996917301333">nous avons mis au point un pain enrichi en fibres fermentescibles</a> potentiellement capable d’augmenter la sensibilité à l’insuline et donc limiter le développement du diabète. Un mélange de fibres fermentescibles a été développé sur une base de 20 % d’inuline, 20 % de pectine et 60 % d’amidon résistant.</p>
<p>Ainsi, la consommation de 250g (soit environ une baguette) de ce pain apporte 25g de fibres et permet d’atteindre, voire de dépasser, les recommandations du PNNS dans le cadre d’une alimentation saine.</p>
<p>Nous avons testé ce pain sur un modèle animal en cours de développement de l’obésité et nous sommes intéressés à la courbe de prise de poids des animaux en présence ou non du pain enrichi en fibre. Nous avons par ailleurs montré des effets métaboliques intéressants de ce pain enrichi en fibres sur le métabolisme de muscle et en particulier sur son métabolisme énergétique.</p>
<p>Nous avons utilisé comme modèle animal le <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/nutrition-research-reviews/article/use-of-pigs-as-a-potential-model-for-research-into-dietary-modulation-of-the-human-gut-microbiota/9A2097DC0550A9B551AFFB3CF2AB07DC">mini porc</a>, car ce dernier présente la particularité d’être relativement proche de l’humain du point de vue de la taille, la physiologie digestive, la composition de son microbiote intestinal et surtout de la réponse de nombreux paramètres physio-métaboliques à la surnutrition et à l’obésité.</p>
<h2>Des résultats prometteurs chez l’animal</h2>
<p>Ces mini porcs sont ainsi nourris afin qu’ils développent de l’obésité : ingestion de 800g d’un régime enrichi en graisse et sucre (apport énergétique largement supérieur à leurs besoins). Les mini porcs reçoivent de plus : soit 250 g de pain à base d’une farine raffinée pauvre en fibres, celle que l’on retrouve dans les baguettes blanches (T = Témoin) soit 250g d’un pain enrichi en fibres fermentescibles (F = Fibres).</p>
<p>Les fibres fermentescibles ont été choisies, car elles sont dégradées dans le colon par le microbiote intestinal, générant des molécules appelées acides gras à chaînes courtes (butyrate et propionate en particulier) connues pour avoir des effets bénéfiques sur la santé, en particulier <a href="https://www.wageningenacademic.com/doi/10.3920/BM2020.0057">sur la santé métabolique et la sensibilité à l’insuline</a>. Nous avons choisi un mélange de fibres pour permettre la synthèse d’une grande variété d’acides gras à chaînes courtes.</p>
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<img alt="Schéma des résultats de l’expérience chez le mini porc." src="https://images.theconversation.com/files/564651/original/file-20231210-27-5mmjej.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/564651/original/file-20231210-27-5mmjej.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/564651/original/file-20231210-27-5mmjej.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/564651/original/file-20231210-27-5mmjej.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=323&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/564651/original/file-20231210-27-5mmjej.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/564651/original/file-20231210-27-5mmjej.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/564651/original/file-20231210-27-5mmjej.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=406&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Schéma des résultats de l’expérience chez le mini porc.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Le pain enrichi en fibres a permis de limiter la prise de poids induite par le régime riche en graisse et sucre (-15 % de prise de poids chez les animaux F relativement à T). Ceci s’est également traduit par un <a href="https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0955286318305060">moindre stockage des graisses dans leur foie</a>. Par ailleurs, les fibres fermentescibles présentes dans le pain des animaux F ont aussi permis de stimuler, dans le muscle, l’expression de nombreux gènes impliqués dans la dégradation complète des acides gras (graisses) ainsi que dans l’activité mitochondriale (la centrale énergétique de nos cellules). En plus des enzymes impliquées directement dans la dégradation et l’utilisation des lipides dans les mitochondries, l’expression génique de nombreux facteurs de régulation des activités mitochondriales est également augmentée chez les animaux F, suggérant là encore une <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/13/12/4202">limitation du stockage des graisses</a> et une augmentation de leur utilisation.</p>
<p>Parmi les éléments pouvant expliquer l’effet des fibres fermentescibles sur l’utilisation des graisses à des fins d’oxydation plutôt que de stockage dans le muscle, nous supposons l’action des acides gras à chaînes courtes (butyrate et propionate) connus pour limiter le diabète et augmenter l’insulino-sensibilité. En effet, sur ces mêmes animaux, nous avons vu, une augmentation du butyrate et du propionate dans les fécès ainsi que dans le sang émis par l’intestin en veine porte chez les animaux ayant eu le pain supplémenté en fibres fermentescibles. Par ailleurs, une augmentation de l’expression de récepteurs de ces mêmes acides gras dans le colon a également été montrée, suggérant une augmentation de la sensibilité des animaux supplémentés en fibres vis-à-vis acides gras à chaînes coutes.</p>
<p>L’ingestion de quantités raisonnables de pain enrichi en fibres fermentescibles est donc un moyen efficace de se rapprocher des apports recommandés en fibres par le PNNS, mais aussi de limiter la prise de poids en favorisant le catabolisme musculaire des lipides. Les effets de la supplémentation en fibres ne se limitent donc pas à la prise de poids mais ont des effets majeurs sur l’utilisation des lipides dans l’organisme, en particulier au niveau musculaire. Ce pain pourrait être recommandé pour les personnes en surpoids afin qu’elles puissent, sans régime amaigrissant, éviter de prendre du poids. La mise à disposition de ce type de pain pourrait également limiter l’arrivée de perturbations métaboliques associées à l’obésité comme le développement de l’insulino-résistance puis du diabète sur le long terme.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214752/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Savary-Auzeloux ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une équipe de recherche a mis au point un pain enrichi en fibres qui pourrait permettre de lutter contre l’obésité.Isabelle Savary-Auzeloux, Chercheuse en nutrition, Université Clermont Auvergne (UCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2188662023-12-03T16:25:54Z2023-12-03T16:25:54ZActivité physique : est-elle plus bénéfique le matin ou l'après-midi ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/562425/original/file-20231027-15-t7nmsg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=104%2C0%2C4550%2C3233&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour prévenir des pathologies graves comme les maladies cardiovasculaires, le diabète ou des cancers, l'activité physique reste toujours bénéfique, quel que soit le moment de la journée où on pratique.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/young-man-running-on-bridge-along-330424760">Bernard/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Le mode de vie actuel nous a amenés à supprimer les activités physiques que pratiquaient nos grands-parents, comme travailler au champ. Pire encore, nous les avons remplacées par des activités sédentaires, comme regarder la télévision sur le canapé. Cette situation a engendré un problème inquiétant en Espagne : au cours des 30 dernières années, l'incidence de maladies telles que le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/diabete-22284">diabète</a> et le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/cholesterol-62341">cholestérol</a> a doublé, selon les données révélées par l’<a href="https://www.sanidad.gob.es/estadEstudios/estadisticas/EncuestaEuropea/EncuestaEuropea2020/EESE2020_inf_evol_princip_result.pdf">Enquête européenne sur la santé 2020</a>).</p>
<p>(<em>Dans cette enquête menée dans l'ensemble des pays de l'Union européenne, la <a href="https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021-04/DD78%20-%20Synth%C3%A8se.pdf">France hexagonale affichait un taux d'obésité estimé à environ 15 %</a>, le chiffre étant quasiment équivalent chez les hommes et les femmes. Selon l'Institut nationale de la santé et de la recherche médicale (Inserm), ce chiffre a <a href="https://presse.inserm.fr/obesite-et-surpoids-pres-dun-francais-sur-deux-concerne-etat-des-lieux-prevention-et-solutions-therapeutiques/66542/">grimpé à 17% en 2020, contre 8,5 % en 1997</a>. Et c'est près d'un Français sur deux qui est aujourd'hui concerné par le surpoids ou l'obésité, ndlr</em>).</p>
<p>Cette augmentation alarmante nous oblige à repenser nos modes de vie et à explorer des solutions abordables pour améliorer notre bien-être. L'une de ces solutions, à la portée de tous, est aussi simple qu'efficace : faire de l'exercice physique !</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/surpoids-et-obesite-quels-exercices-physiques-pour-quels-benefices-214020">Surpoids et obésité : quels exercices physiques pour quels bénéfices ?</a>
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<p>Aujourd'hui, l’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/activite-physique-23234">activité physique</a> est considérée comme un médicament, car elle est capable d'améliorer la prise en charge d'un large éventail de maladies, notamment le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26606383/">diabète, les maladies cardiovasculaires et le cancer</a>. Cependant, tout le monde n'a pas la même énergie tout au long de la journée. Certains d'entre nous connaissent un pic d'énergie le matin, ce qui les incite à faire de l'exercice dès les premières heures de la journée. D'autres, en revanche, préfèrent profiter de l'après-midi ou de la soirée pour se donner à fond dans leur programme d'exercices physiques.</p>
<p>Une question se pose naturellement : est-il aussi bénéfique de faire de l'exercice le matin que l'après-midi ? Cette question est devenue un sujet de grand intérêt pour la communauté scientifique.</p>
<h2>Pour contrôler la glycémie et améliorer la santé cardiovasculaire, faites de l'exercice l'après-midi</h2>
<p>Ces dernières années, les preuves scientifiques se sont accumulées pour comparer les effets de l'exercice physique le matin ou le soir. <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40279-023-01879-0">Une méta-analyse récente</a> a évalué l'effet combiné de 9 études portant sur un total de 450 personnes. Les résultats ont révélé que l'exercice physique pratiqué l'après-midi est plus bénéfique pour la santé cardiovasculaire.</p>
<p>Ces conclusions ont été obtenues après qu'une réduction plus importante du <a href="https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/trop-cholesterol-triglycerides-dans-sang-dyslipidemie/traitement">taux de triglycérides dans le sang</a> (<em>les triglycérides constituent une famille de lipides, ou graisses, présents dans l'organisme, ndlr</em>) a été observée à la suite d'une activité physique pratiquée le soir. L'activité physique de l'après-midi est également la meilleure option pour <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30489494/">abaisser la tension chez les personnes souffrant d'hypertension artérielle</a>). En outre, chez les personnes atteintes de diabète de type 2, l'exercice physique pratiqué l'après-midi est plus efficace pour contrôler le <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30426166/">taux de sucre dans le sang</a>.</p>
<p>Il est important de noter qu'il s'agit là d'un domaine de recherche très récent. Il convient donc de rappeler que faire de l'activité physique est toujours bénéfique, quel que soit le moment de la journée où on pratique. Les personnes qui n'ont pas la possibilité de choisir le moment où elles font de l'exercice peuvent continuer à en faire le matin. Dans ce cas, elles bénéficieront d'un avantage supplémentaire en améliorant leur <a href="https://www.sciencedaily.com/releases/2019/04/190429154529.htm">attention, mémoire et prise de décision</a>).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pour-sa-sante-mentale-et-son-bien-etre-quelles-activites-sportives-privilegier-214016">Pour sa santé mentale et son bien-être, quelles activités sportives privilégier ?</a>
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<h2>Conseils pour choisir le meilleur moment pour s'entraîner</h2>
<p>Des études suggèrent également que l'exercice en soirée pourrait avoir un effet légèrement plus prononcé sur la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36502286/">perte de poids</a>. En outre, l'activité physique en fin de journée semble <a href="https://www.sciencedaily.com/releases/2019/02/190221083411.htm">diminuer l'appétit</a>.</p>
<p>Cependant, il est essentiel de comprendre que l'exercice seul n'est pas la meilleure stratégie pour <a href="https://theconversation.com/pour-perdre-du-poids-faire-de-lexercice-naide-pas-beaucoup-il-est-plus-efficace-de-manger-moins-124448">perdre du poids</a>. Ainsi, si notre objectif premier est d'être plus léger sur la balance, l'exercice doit être accompagné d'ajustements nutritionnels, quelle que soit l'heure de la journée.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Lorsqu'on prévoit de faire de l'activité physique le soir, le choix du type d'exercice est important. Les activités très intenses et la musculation doivent être évitées dans les heures qui précèdent le sommeil, car elles peuvent nuire à la qualité et à la durée du sommeil.</p>
<p>Pour garantir un sommeil réparateur, il est recommandé de respecter un délai d'au moins deux heures entre l'exercice physique intense pratiqué le soir et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1087079221001209">l'heure du coucher</a>. Cela contribue à un repos nocturne plus efficace et meilleur pour la santé, en particulier pour les personnes qui ont du mal à s'endormir.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/218866/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Pour se maintenir en bonne santé, vaut-il mieux faire de l'exercice le matin ou l'après-midi ? Des études scientifiques suggèrent que l'exercice le soir est meilleur pour la santé cardiovasculaire.Rafael A Casuso, Profesor Investigador en Ciencias de la Salud, Universidad Loyola AndalucíaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2103452023-11-24T14:14:25Z2023-11-24T14:14:25ZLa biologie, et non le manque de volonté, serait à l’origine de l’épidémie d’obésité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/539072/original/file-20230724-18386-l9s376.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=14%2C8%2C1902%2C1224&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour de nombreuses personnes, il est très difficile de perdre du poids sans aide professionnelle. L'obésité est un problème moderne, qui nécessite une approche novatrice.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Depuis que l’humain a utilisé pour la première fois un outil pour faciliter sa vie, il était condamné à prendre du poids.</p>
<p>Les progrès époustouflants de l’humanité ont suivi une trajectoire parallèle à la disponibilité croissante de calories. Cela a eu des conséquences sanitaires et sociales — initialement positives.</p>
<p>Tout au long de son histoire <a href="https://doi.org/10.1146%2Fannurev-nutr-080508-141048">notre espèce a dû composer avec le manque de nourriture</a>. Il fallait se démener pour trouver suffisamment de calories pour rester en vie, et notre capacité à rivaliser et à survivre impliquait parfois de longues pauses entre de maigres repas.</p>
<p>Lorsque la nourriture était abondante, notre corps emmagasinait l’énergie excédentaire sous forme de graisse pour pouvoir l’utiliser en temps de disette.</p>
<h2>Un métabolisme ancien dans un monde moderne</h2>
<p>Notre ingéniosité nous a conduits à exploiter le feu, à créer des armes de chasse et à inventer l’agriculture. Notre intelligence a permis à notre espèce de mener une vie plus facile et plus confortable tout en assurant un approvisionnement régulier en nourriture pour soutenir la croissance de la population.</p>
<p>Au fil des progrès de l’humanité, nos ancêtres ont appris à domestiquer et à utiliser les animaux. Plus tard, nous avons inventé des machines pour nous déplacer, nous et nos biens, d’un endroit à l’autre, et la vie est devenue encore plus facile.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Silhouettes de l’évolution commençant par un primate, se transformant en humains portant du feu ou des lances, et finalement en une personne poussant un chariot d’épicerie" src="https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=282&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/538774/original/file-20230721-23892-afrwop.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=355&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Notre métabolisme reste calibré pour une vie dure et inconfortable durant laquelle chaque bouchée devait être gagnée au prix d’un effort physique intense. Notre cerveau nous dit toujours de manger plus que ce dont nous avons besoin.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Aujourd’hui, des montagnes d’aliments riches en calories (et souvent pauvres sur le plan nutritionnel) de même que des boissons sucrées sont facilement accessibles partout dans le monde. Il n’est plus nécessaire de sortir de chez soi — ni même de se lever — pour accéder à cette corne d’abondance.</p>
<p><a href="https://obesitycanada.ca/fr/deslignesdirectrices/lascience/">Cependant, notre métabolisme n’a pas suivi nos avancées technologiques</a>. Il reste calibré pour une vie dure et inconfortable dans laquelle chaque bouchée doit être gagnée au prix d’un effort physique intense. Notre cerveau nous envoie encore le message de manger plus que ce dont nous avons besoin.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.2174%2F138920211795677895">L’obésité polygénique (la prédisposition héréditaire à consommer et à emmagasiner de l’énergie)</a> est le résultat inévitable de l’affrontement entre nos instincts primaires et l’abondance phénoménale créée par l’humain. C’est aussi ce qui rend la perte d’un excès de graisse et le maintien d’un poids sain si difficile.</p>
<h2>Le rôle du cerveau dans l’obésité</h2>
<p>Grâce à notre travail clinique et à nos recherches sur l’obésité, nous savons que certaines personnes peuvent prendre du poids et être en bonne santé. Mais d’autres développent de graves problèmes, <a href="https://doi.org/10.3390/ijms20092358">comme le diabète, l’hypertension artérielle, le cancer et l’arthrite</a>.</p>
<p>La société a trop longtemps considéré l’obésité comme un échec personnel, alors qu’il s’agit en réalité d’une <a href="https://obesitycanada.ca/fr/deslignesdirectrices/lascience/">maladie biologique, physiologique, environnementale et chronique</a>.</p>
<p>Pour plusieurs, essayer de perdre un excès de poids sans aide est très difficile. Le cerveau nous pousse à manger autant que possible parce qu’il croit que cela nous aide à survivre. Il a ainsi le pouvoir d’anéantir nos meilleures intentions. </p>
<p>En dépit de l’opinion courante selon laquelle les personnes à forte corpulence devraient <a href="https://theconversation.com/its-time-to-bust-the-calories-in-calories-out-weight-loss-myth-199092">simplement manger moins et bouger plus</a>, il est pratiquement impossible de lutter contre notre patrimoine génétique ou d’autres facteurs sur lesquels nous n’avons aucun contrôle. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Dessin à la craie d’un cerveau dont la moitié est remplie de différents types d’aliments" src="https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=278&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=278&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=278&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=349&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=349&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/538591/original/file-20230720-25-6r6648.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=349&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le cerveau nous incite à manger le plus possible parce qu’il croit que cela nous aide à survivre, et il a le pouvoir de faire fi de nos meilleures intentions.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Notre corps défend farouchement son poids. Il modifie les niveaux de leptine et d’insuline qui régulent l’appétit. <a href="https://obesitycanada.ca/fr/deslignesdirectrices/lascience/">Lorsque nous nous restreignons sur le plan calorique pour perdre du poids</a>, les hormones obligent notre cerveau à signaler une augmentation de la faim et une diminution de la satiété, et elles ralentissent notre métabolisme dans le but de conserver la graisse corporelle. </p>
<p>Entre-temps, une autre partie de notre cerveau, qui régule la récompense et le plaisir, travaille également à nous faire manger davantage. </p>
<p>Le plaisir de manger est <a href="https://doi.org/10.1016%2Fj.neuron.2011.02.016">stimulé par des substances neurochimiques naturelles comme la dopamine, les opioïdes et les cannabinoïdes</a>, afin d’aider à la survie et à l’emmagasinage de l’énergie. Les personnes souffrant d’obésité peuvent avoir une prédisposition génétique à un système de récompense accru associé à la nourriture. Les emballages brillants, le marketing agressif (<a href="https://www.apa.org/topics/obesity/food-advertising-children">ciblant souvent les enfants</a>), les aliments au bon goût, mais pauvres en nutriments, les commandes au volant et les services de livraison en ligne sont autant d’éléments qui favorisent ce phénomène. </p>
<h2>Un traitement efficace</h2>
<p>De la même manière que le progrès humain est à l’origine de l’obésité, il peut contribuer à le résoudre. </p>
<p>Cela commence par l’acceptation du fait que <a href="https://obesitycanada.ca/guidelines/weightbias/">l’obésité polygénique est une maladie et non une question de volonté</a>. Plutôt que de juger la taille de tout un chacun, nous devrions être plus compréhensifs et en apprendre davantage sur ses causes.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.2105%2FAJPH.2009.159491">La société envoie des messages nuisibles relativement au poids, en particulier par le biais de la culture populaire</a>. Nous voulons donc être très clairs : notre poids ne définit pas qui nous sommes, et il ne définit pas notre état de santé non plus.</p>
<p>Il importe de reconnaître que lorsque l’obésité nuit à la santé d’une personne, elle nécessite un traitement, et il y en a de très efficaces qui sont disponibles. <a href="https://doi.org/10.1503/cmaj.191707">Les lignes directrices de pratique clinique 2020 du Canada</a> reposent sur trois piliers : la chirurgie bariatrique, la médication et la psychothérapie cognitive. </p>
<p>Celle-ci est essentielle à l’efficacité tant de la chirurgie que de la prise de médicaments. La thérapie comportementale permet de répondre à des questions telles que : pourquoi est-ce que je mange comme je le fais ? Quelle est ma relation avec la nourriture ? Quelle en est l’origine ?</p>
<p>Il a été démontré à maintes reprises que ces piliers constituent les principales interventions susceptibles d’aider les personnes souffrant d’obésité à améliorer leur santé tout en réduisant leur poids et en le maintenant sur le long terme.</p>
<p>Nous avons besoin de moins de jugement et de plus de science. Le progrès est possible si nous y travaillons.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/210345/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Megha Poddar est directrice médicale du Medical Weight Management Centre of Canada. Elle a participé à l'élaboration et à la mise en œuvre d'une formation médicale continue avec des sociétés pharmaceutiques qui proposent des médicaments contre l'obésité, notamment Novo Nordisk et Eli Lilly.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sean Wharton est le directeur médical de la Wharton Medical Clinic et l'auteur principal des Lignes directrices canadiennes sur l'obésité. Il a reçu des fonds des IRSC, de Mitacs, de Novo Nordisk, de Bausch Health Canada Inc, d'Eli Lilly et de Boehringer Ingelheim.</span></em></p>L’humain a commencé à prendre du poids à mesure que les progrès technologiques ont rendu la nourriture abondante et disponible. Car son cerveau et son métabolisme fonctionnent comme en temps de disette.Megha Poddar, Assistant (Adjunct) professor, Deptartment of Internal Medicine, McMaster UniversitySean Wharton, Adjunct professor, Department of Medicine, McMaster UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2171532023-11-17T14:12:03Z2023-11-17T14:12:03ZPuis-je réellement cibler des zones où je veux perdre du gras, comme mon ventre ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/557823/original/file-20231023-17-dj2vz1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=16%2C74%2C5481%2C3585&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les recherches confirment que notre corps brûle les graisses lorsque nous nous entraînons; la perte de graisse localisée n’est qu’un mythe entourant la perte de poids.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/full-male-runs-on-treadmill-gym-1456626641">(Shutterstock)</a></span></figcaption></figure><p>Si vous passez un moment sur les médias sociaux, vous êtes pratiquement assuré de voir une publicité promettant de vous aider à perdre de la graisse de manière ciblée. Ces publicités font la promotion de ce concept, affirmant que vous pouvez brûler les graisses d’une zone précise du corps, généralement le ventre, à l’aide d’exercices ou de séances d’entraînement spécialement conçus à cet effet. </p>
<p>Il est également courant de voir des publicités vantant les mérites de diètes adaptées, de comprimés et de suppléments capables de faire disparaître les graisses dans des zones ciblées. Ces publicités, qui présentent souvent des photos impressionnantes avant et après, prises à plusieurs semaines d’intervalle, peuvent sembler crédibles. </p>
<p>Malheureusement, la perte de graisse ciblée est un autre mythe sur la perte de poids. Il n’est tout simplement pas possible de cibler l’endroit où se produit la réduction de graisse. Voici pourquoi. </p>
<h2>1. Notre corps est programmé pour accéder à toutes nos réserves de graisse et les brûler pour obtenir de l’énergie</h2>
<p>Pour découvrir pourquoi la perte de graisse ciblée est un mythe, il est important de comprendre comment la graisse corporelle est stockée et utilisée.</p>
<p>Les graisses emmagasinées dans notre corps prennent la forme de triglycérides, un type de lipides ou de molécules de graisse que nous pouvons utiliser comme source d’énergie. Environ 95 % des graisses alimentaires que <a href="https://www.betterhealth.vic.gov.au/health/conditionsandtreatments/triglycerides">nous consommons sont des triglycérides</a> ; lorsque nous mangeons, notre corps convertit également en triglycérides l’énergie non utilisée qu’il absorbe.</p>
<p>Les triglycérides sont stockés dans des cellules adipeuses spéciales appelées adipocytes. Ils sont ensuite libérés dans la circulation sanguine et transportés vers le tissu adipeux, que l’on appelle plus communément la graisse corporelle.</p>
<p>Ce gras se trouve partout dans notre corps, mais il est principalement stocké sous forme de graisse du tissu sous-cutané sous notre peau, et de graisse viscérale autour de nos organes internes.</p>
<p>Ces réserves de graisse constituent une source énergétique vitale, notre corps se mobilisant pour accéder aux triglycérides emmagasinés afin de fournir de l’énergie pendant les périodes d’exercice prolongé. Nous puisons également dans ces réserves lorsque nous suivons un régime ou que nous jeûnons.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une personne boutonne un jean serré" src="https://images.theconversation.com/files/555199/original/file-20231023-21-rf34fu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/555199/original/file-20231023-21-rf34fu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/555199/original/file-20231023-21-rf34fu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/555199/original/file-20231023-21-rf34fu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/555199/original/file-20231023-21-rf34fu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/555199/original/file-20231023-21-rf34fu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/555199/original/file-20231023-21-rf34fu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les réserves de graisse que nous utilisons comme source d’énergie proviennent de toutes les parties de notre corps, et pas seulement du ventre.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/woman-trying-put-on-tight-light-1521248603">(Shutterstock)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Toutefois, contrairement à ce que de nombreuses publicités pour la perte de graisse ciblée voudraient nous faire croire, nos muscles ne peuvent pas accéder directement à des réserves de graisse précises et les brûler lorsque nous faisons de l’exercice. </p>
<p>Ils utilisent plutôt un processus appelé lipolyse pour convertir les triglycérides en acides gras libres et en un composé, le glycérol, qui est ensuite acheminé vers nos muscles par la circulation sanguine.</p>
<p>Par conséquent, les réserves de graisse que nous utilisons comme source d’énergie lorsque nous pratiquons une activité physique proviennent de toutes les parties de notre corps, et pas seulement des zones où nous cherchons à perdre du gras. </p>
<p>Les recherches confirment que notre corps brûle les graisses lorsque nous nous entraînons ; la perte de graisse ciblée n’est qu’un mythe entourant la perte de poids. Parmi ces études, un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25766455/">essai clinique randomisé de 12 semaines</a> a notamment montré que la réduction de la graisse abdominale était la même chez les personnes ayant suivi un programme de résistance des abdominaux en complément d’une modification de leur régime alimentaire que chez les personnes ayant suivi un régime alimentaire seul.</p>
<p>En outre, une <a href="https://www.termedia.pl/A-proposed-model-to-test-the-hypothesis-of-exerciseinduced-localized-fat-reduction-spot-reduction-including-a-systematic-review-with-meta-analysis,129,45538,0,1.html">méta-analyse de 2021</a> portant sur 13 études réunissant plus de 1100 participants a montré que l’entraînement musculaire localisé n’avait pas d’effet sur les dépôts de graisse à ces endroits. En d’autres termes, l’entraînement d’une partie donnée du corps n’a pas permis de réduire la graisse qui s’y trouvait.</p>
<p>Les <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/18/7/3845">études</a> qui prétendent montrer les avantages d’une perte de graisse ciblée comptent un petit nombre de participants et leurs résultats ne sont pas cliniquement significatifs. </p>
<h2>2. C’est notre corps qui décide où nous stockons la graisse et où nous la perdons en priorité</h2>
<p>Des facteurs indépendants de notre volonté influencent les zones et l’ordre dans lesquels notre corps stocke et perd de la graisse, à savoir :</p>
<ul>
<li><p>nos gènes. Tout comme l’ADN détermine notre taille, la génétique joue un rôle important dans la gestion de nos réserves de graisse. Les recherches montrent que nos gènes peuvent être responsables de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24632736/">60 % de la répartition des graisses</a>. Par conséquent, si votre mère a tendance à stocker et à perdre du poids d’abord au visage, il y a de fortes chances pour que ce soit également votre cas ;</p></li>
<li><p>notre sexe. Par nature, notre corps présente des caractéristiques de stockage des graisses distinctes en <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11706283/">fonction de notre sexe</a>, les femmes ayant notamment une masse graisseuse plus importante que les hommes. Elles ont tendance à maigrir d’abord du visage, des mollets et des bras, car ce sont les parties qui affectent le moins la grossesse ; en revanche, elles conservent les graisses stockées autour des hanches, des cuisses et des fesses.</p></li>
<li><p>notre âge. Le processus de vieillissement entraîne des changements dans la masse musculaire, le métabolisme et les taux d’hormones, ce qui peut avoir une incidence sur l’endroit où la graisse est éliminée et sur la vitesse à laquelle elle l’est. Les <a href="https://theconversation.com/is-menopause-making-me-put-on-weight-no-but-its-complicated-198308">femmes ménopausées</a> et les <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/british-journal-of-nutrition/article/sex-differences-in-fat-storage-fat-metabolism-and-the-health-risks-from-obesity-possible-evolutionary-origins/00950AD6710FB3D0414B13EAA67D4327">hommes d’âge moyen</a> ont tendance à stocker la graisse viscérale autour de la ceinture abdominale ; tous considèrent qu’il s’agit d’un endroit où il est difficile de se débarrasser de la graisse. </p></li>
</ul>
<h2>3. Les comprimés et les suppléments en vente libre ne peuvent pas cibler efficacement la perte de graisse</h2>
<p>La plupart des publicités pour ces comprimés et suppléments alimentaires – y compris les produits qui prétendent être « la meilleure façon de perdre la graisse du ventre » – affirment également avec fierté que les résultats de leur produit sont étayés par des « essais cliniques » et des « preuves scientifiques ». </p>
<p>En réalité, une multitude d’études indépendantes ne confirment pas ces allégations. </p>
<p>Deux études récentes de l’université de Sydney ont notamment examiné les données de plus de 120 essais contrôlés par placebo portant sur des suppléments à base de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31984610/">plantes</a> et des suppléments <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33976376/">alimentaires</a>. Aucun de ces produits n’a permis d’obtenir une réduction cliniquement significative du poids corporel chez les personnes en surpoids ou obèses.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme prend une pilule amaigrissante" src="https://images.theconversation.com/files/555202/original/file-20231023-29-7dt3ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/555202/original/file-20231023-29-7dt3ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/555202/original/file-20231023-29-7dt3ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/555202/original/file-20231023-29-7dt3ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/555202/original/file-20231023-29-7dt3ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/555202/original/file-20231023-29-7dt3ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/555202/original/file-20231023-29-7dt3ul.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Les suppléments ne vous aideront pas non plus à perdre du poids de manière ciblée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/senior-woman-taking-tablet-glass-water-1498026977">(Shutterstock)</a></span>
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<h2>Ce qu’il faut retenir</h2>
<p>La perte de graisse ciblée est un mythe ; nous ne pouvons pas décider de l’endroit où notre corps perd de la graisse. Mais nous pouvons obtenir les résultats que nous recherchons dans des zones précises en ciblant la perte de graisse globale. </p>
<p>Même si vous ne perdez pas de poids à un endroit donné lorsque vous faites du sport, toute activité physique contribue à brûler la graisse corporelle et à préserver la masse musculaire. Cela entraînera un changement de votre silhouette au fil du temps et vous aidera également à gérer votre poids à long terme. </p>
<p>En effet, votre taux métabolique, c’est-à-dire la quantité d’énergie que vous brûlez au repos, est déterminé par la quantité de muscles et de graisse que vous transportez. Les muscles étant plus actifs sur le plan métabolique que la graisse (c.-à-d. qu’ils brûlent plus d’énergie que celle-ci), une personne ayant une masse musculaire élevée affichera un taux métabolique plus rapide qu’un individu de même poids ayant une masse adipeuse accrue. </p>
<p>Pour réussir à perdre de la graisse sur le long terme, il faut maigrir par petites portions gérables que vous pouvez maintenir – des périodes de perte de poids, suivies de périodes de maintien, et ainsi de suite, jusqu’à ce que vous atteigniez votre objectif.</p>
<p>Vous devez également modifier progressivement votre mode de vie (alimentation, exercice physique et sommeil) afin de prendre des habitudes qui dureront.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217153/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Le Dr Nick Fuller travaille pour l'Université de Sydney et a reçu des financements externes pour des projets relatifs au traitement du surpoids et de l'obésité. Il est l'auteur et le fondateur du programme Interval Weight Loss.</span></em></p>Les publicités pour la perte de gras ciblée, en particulier pour la graisse abdominale, sont omniprésentes sur les médias sociaux. Mais existe-t-il des preuves à l’appui de cette « perte de graisse localisée » ?Nick Fuller, Charles Perkins Centre Research Program Leader, University of SydneyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2133222023-10-12T17:28:57Z2023-10-12T17:28:57ZQuand l’odorat influence l’insuline : une clé pour mieux comprendre l’obésité ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/553210/original/file-20231011-25-2tfvpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C14%2C1592%2C1183&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Chez les souris obèses, le système d'activation de l'insuline via l'odorat ne fonctionne pas.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/36348786@N00/3755842722/in/photolist-6HTFc1-6HPzJg-2njU1AB-58bVa8-RVjqmL-bJMCma-yGSaEm-oEKsTY-2geJwjJ-2gf3bgf-CViv9G-7tp5c-2geJg7F-2n5Sns9-2mfgToh-2gf3Fpb-2nGxvkG-2jguSLt-4h953j-24wWBq3-qcCLvR-2geJduM-swr3kE-24oVbky-anmrQP-xqAyHh-bB6nRf-6qikV-LjrR9N-ajxdUA-9pbzEM-LqCmGs-mcEJXL-2geHU1q-dCTFWZ-hzXXMb-2jySSzv-J8rTzD-66GkLs-zFuPxb-fRPJ8k-2oKeMSj-2mJdPpu-2ohWRCj-2jguQqX-qmUj38-djRMXS-pkKa3M-qj3Fne-2ouASXe/">Crwr/Shutterstock</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>À table ! Notre vie est rythmée au quotidien par trois repas journaliers qui apportent l’énergie nécessaire à nos cellules pour leur fonctionnement. Alors qu’elle semble être automatique et facilement régulée au premier abord, la prise alimentaire pendant les repas est régie par des mécanismes cérébraux et corporels complexes et encore méconnus. Pour une régulation harmonieuse du niveau d’énergie, un ensemble de signaux nerveux et hormonaux met en communication dans les deux sens le cerveau et le reste du corps, notamment les organes importants pour la régulation du niveau d’énergie corporelle comme le pancréas, le tissu adipeux, le foie ou les intestins.</p>
<p>Il est connu que ces signaux internes, dont l’insuline, fonctionnent mal dans les cas de maladies métaboliques telles que l’obésité ou le diabète de type 2. En plus de ces signaux internes, l’alimentation est fortement marquée par les stimulations sensorielles externes (senteurs, saveurs, couleurs et formes, textures et sons dans la bouche) qui sont intégrées par le cerveau pour bien appréhender les aliments ingérés. Dans ce contexte, nous étudions au laboratoire les mécanismes qui lient la perception des odeurs aux modifications métaboliques du corps, notamment à la régulation de l’insuline. <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10212752/">Nous venons de découvrir</a>, chez la souris, l’existence d’une nouvelle voie de communication entre le cerveau et le reste du corps, plus précisément, entre le système olfactif et le pancréas : le fait de détecter une odeur de nourriture à jeun déclenche la production d’insuline.</p>
<p>Revenons à table, ou plutôt à la dizaine de minutes qui précèdent notre entrée à table ou notre arrivée à la cantine. Quand le corps est en manque d’énergie, typiquement quand nous sommes à jeun avant midi, nous sentons le vide de notre estomac et un attrait pour tous les aliments, surtout ceux chargés en énergie, en sucres et/ou en gras.</p>
<h2>La digestion est préparée par le corps bien avant le repas</h2>
<p>À jeun, on dit souvent qu’on salive à l’idée de manger un bon repas. Mais cette salive n’est pas essentiellement liée à une envie de manger, mais plutôt à la préparation des enzymes de digestion dans la bouche pour commencer à découper au niveau moléculaire la nourriture qui sera mise en bouche quelques minutes plus tard.</p>
<p>Pendant cette phase précédant d’une dizaine de minutes le début du repas, appelée aussi phase céphalique, notre métabolisme énergétique corporel se prépare à l’arrivée du repas, c’est-à-dire, vu du corps, à une forte quantité d’énergie dans un temps très bref, notamment sous forme de sucres, ce qui va perturber notre glycémie (pensons aux shoots d’énergie des fast foods). Or notre taux de glucose sanguin, comme notre température ou notre tension artérielle, doit être maintenu constant : on parle d’homéostasie glucidique. Un excès de glucose sanguin, défini comme hyperglycémie chronique, représente une rupture de cette constance et mène le patient adulte à un diabète de type 2. Cette pathologie qui touche <a href="https://www.mdpi.com/2077-0383/12/3/925">plus de 3 millions de Français</a> est une des conséquences les plus fréquentes de l’obésité, qui touche, elle, 17 % de la population adulte.</p>
<p>Comment l’organisme peut-il diminuer la glycémie, ou, mieux, se préparer à la diminuer ? C’est l’insuline, une hormone pancréatique qui a ce rôle clé : une fois libérée dans le sang, elle induit une diminution des taux de glucose en agissant sur un ensemble de tissus cibles, comme les muscles, le foie ou le cerveau. Cette hormone est également libérée pendant la phase précédant le repas, la phase céphalique, à des quantités moindres que pendant le repas, mais elle reste essentielle à la préparation du corps à l’arrivée de fortes quantités d’énergie. <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32707265/">Quelques études</a> ont montré que les stimulations sensorielles sont considérées comme signaux déclencheurs pour la libération anticipatoire et préparatoire d’insuline, mais les mécanismes cérébraux provoquant cette libération n’étaient pas connus jusqu’à présent.</p>
<h2>Découverte d'une nouvelle voie de régulation métabolique</h2>
<p><a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10212752/">Nous avons reproduit</a> <a href="https://bfa.u-paris.fr/">au laboratoire</a> la scène de l’attente de la cantine chez des souris au poids normal ou en situation d’obésité (sous régime hypercalorique, gras et sucré, un peu comme au fast food). Nous avons présenté une odeur d’aliment attrayant, un cookie odorisé au beurre de cacahuète, à ces souris qui avaient appris avant le test à associer l’odeur au cookie avec cet aliment qui a du goût, on dit aussi un aliment palatable. Nous avons alors mesuré la quantité d’insuline circulante chez les souris en prélevant une petite goutte de sang. Nous avons observé que la présentation de l’odeur alimentaire avant l’arrivée du cookie a pour conséquence d’augmenter l’insuline en phase céphalique chez les souris au poids normal, mais qu’elle est inefficace chez les souris obèses. Ces dernières ne sont pas donc pas en situation de se préparer correctement au niveau métabolique à l’ingestion d’une nourriture très chargée en calories.</p>
<p>Pour aller plus loin dans la compréhension des mécanismes cérébraux responsables de l’augmentation préparatoire d’insuline en phase céphalique, nous nous sommes intéressés au bulbe olfactif, une structure cérébrale commune à tous les mammifères, qui se trouve entre les deux yeux, juste au-dessus de la base du nez. Cette structure reçoit les informations qui lui proviennent des détecteurs olfactifs que nous avons dans le nez. Elle est aussi une gare de triage des informations olfactives : elle permet de coder les cartes d’identité olfactives et de les distribuer à des centres de traitement de la mémoire, des émotions et du plaisir.</p>
<p>Les neurones de cette structure cérébrale sont très sensibles aux changements des états énergétiques, par exemple, à jeun, ils sont très fortement activés par les odeurs. Mais nous ne savions pas encore si cette structure pouvait réguler le métabolisme énergétique, en contrôlant par exemple les variations de l’insuline. Dans le bulbe olfactif, pour mieux comprendre les mécanismes qui peuvent être à l’origine de la régulation de l’insuline, nous avons ciblé un nouveau système cérébral, celui du GLP-1 (pour Glucagon Like Protein-1). Cette molécule avait été <a href="https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/physrev.00034.2006">initialement décrite</a> comme une hormone intestinale renforçant la libération et les effets de l’insuline. Elle avait été aussi <a href="https://bpspubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/bph.15638">récemment décrite</a> comme étant synthétisée par des neurones cérébraux, dont ceux du bulbe olfactif, mais son rôle fonctionnel était inconnu.</p>
<p>Par des techniques pharmacologiques ou génétiques, nous avons bloqué l’activité du système GLP-1 dans le bulbe olfactif, ce qui a eu comme effet de diminuer la quantité d’insuline circulante en réponse à l’odeur alimentaire de beurre de cacahuète chez des souris au poids normal. De plus, le blocage de l’activité du nerf vague, qui contrôle la libération d’insuline par le pancréas, induit une diminution de la quantité d’insuline circulante en réponse à une odeur alimentaire chez ces souris.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/550918/original/file-20230928-15-bk07nk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/550918/original/file-20230928-15-bk07nk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/550918/original/file-20230928-15-bk07nk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=461&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/550918/original/file-20230928-15-bk07nk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=461&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/550918/original/file-20230928-15-bk07nk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=461&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/550918/original/file-20230928-15-bk07nk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=579&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/550918/original/file-20230928-15-bk07nk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=579&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/550918/original/file-20230928-15-bk07nk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=579&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">En réponse à une odeur alimentaire, le système GLP-1 dans le bulbe olfactif, la première structure codant les odeurs dans le cerveau des mammifères, promeut la libération d’insuline par le pancréas.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Nous nous sommes aussi interrogés sur l’impact du système GLP-1 dans le bulbe olfactif sur la sensibilité olfactive. Dans ce but, nous avons placé les souris en recherche de nourriture aromatisée au beurre de cacahouète sous la litière qui recouvre le fond de leur cage. Pour trouver la nourriture, les souris sont obligées d’utiliser uniquement leur odorat et les souris au poids normal sont très rapides à trouver la nourriture attrayante alors que les souris obèses sont plus lentes, car elles ont des problèmes olfactifs.</p>
<h2>Une piste de traitement pour l’humain ?</h2>
<p>Mais, si le système GLP-1 dans le bulbe olfactif est activé par une molécule pharmacologique injectée directement dans la structure, les souris obèses se comportent comme des souris normales et n’ont plus leur problème de sensibilité olfactive : elles trouvent très rapidement la nourriture odorisée ! À l’inverse, si l’activité du système GLP-1 dans le bulbe olfactif des souris au poids normal est bloquée, alors elles se comportent comme des souris obèses, sont un peu perdues, et mettent très longtemps à trouver la nourriture odorisée.</p>
<p>Le bulbe olfactif, spécifiquement par l’intermédiaire du système de communication neuronale par le GLP-1, permet de préparer le corps à l’arrivée d’une quantité importante d’énergie en permettant la libération accrue d’insuline par le pancréas. Dans le même temps, ce système est très important pour réguler le niveau de sensibilité olfactive de la souris, permettant donc à la fois, de façon coordonnée, la recherche de nourriture et la préparation métabolique de l’organisme à l’ingestion de nourriture qui va arriver. Ces résultats sont prometteurs pour lancer de nouvelles études chez l’humain afin de connaître le lien entre odorat et insuline chez des sujets au poids normal et des sujets obèses.</p>
<p>Si ce lien cerveau-pancréas par l’intermédiaire de l’odorat est rompu en cas d’obésité, de nouvelles pistes pharmacologiques agissant sur le système GLP-1 du bulbe olfactif pourraient être proposées, notamment par des techniques de reniflage intranasal sans douleur ni contrainte pour le patient.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213322/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hirac Gurden ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Une étude vient de démontrer l’existence d’une voie de communication entre le système olfactif et le pancréas : détecter une odeur de nourriture déclenche la production d’insuline.Hirac Gurden, Directeur de Recherches en Neurosciences au CNRS (perception olfactive), Université Paris CitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2140202023-10-11T17:29:36Z2023-10-11T17:29:36ZSurpoids et obésité : quels exercices physiques pour quels bénéfices ?<p>Le surpoids et l’obésité touchent aujourd’hui en France <a href="https://presse.inserm.fr/obesite-et-surpoids-pres-dun-francais-sur-deux-concerne-etat-des-lieux-prevention-et-solutions-therapeutiques/66542/">près d’une personne sur deux</a> et ils continuent à progresser, quels que soient l’âge et le milieu social. Le surpoids est défini par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 25 et l’obésité par un IMC supérieur ou égal à 30 (à noter que l’IMC est calculé en faisant le rapport du poids sur la taille au carré).</p>
<p>L’excès de poids induit un fardeau sur la santé puisqu’il est responsable de nombreuses complications comme l’hypertension artérielle, le diabète, la <a href="https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/trop-cholesterol-triglycerides-dans-sang-dyslipidemie/definition-causes-consequences">dyslipidémie</a>… Ces pathologies associées à l’obésité diminuent l’espérance de vie en bonne santé et exposent à une mortalité prématurée.</p>
<h2>L’activité physique, en prévention des complications de l’obésité</h2>
<p>Il est maintenant largement admis que l’activité physique protège contre ces pathologies. Depuis 2016, les médecins peuvent également <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000033748987">prescrire l’activité physique sur ordonnance</a> comme thérapie de prévention et traitement d’un certain nombre de maladies chroniques non transmissibles, dont l’obésité et le diabète.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lactivite-physique-adaptee-pour-rester-durablement-en-bonne-sante-171979">L’activité physique adaptée, pour rester durablement en bonne santé</a>
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<p>Une <a href="https://www.inserm.fr/expertise-collective/activite-physique-prevention-et-traitement-maladies-chroniques/">expertise collective</a> de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), restituée en 2019 au ministère des sports, recommande que l’activité physique soit prescrite en première intention, avant tout traitement médicamenteux, dans le traitement de l’obésité et de ses complications.</p>
<h2>Un intérêt pour limiter le risque cardiovasculaire</h2>
<p>Les bénéfices de la pratique d’une activité physique l’emportent sans conteste sur les risques encourus, quel que soit l’âge et l’état de santé des personnes. D’après les données de la cohorte <a href="https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.111.038422">« Aerobics Center Longitudinal Study »</a> (suivi longitudinal de 6,4 ans), quand la condition physique s’améliore, la mortalité diminue.</p>
<p>De manière chiffrée, cette étude explique qu’une augmentation de condition physique de 1 équivalent métabolique (ou 1 MET pour « metabolic equivalent of task »), qui correspond à une dépense d’énergie au repos assis, est associée à une diminution de 15 % de la mortalité, toutes causes confondues, et à une diminution de 19 % de la mortalité cardiovasculaire.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/accidents-cardiaques-pour-votre-sante-faites-du-sport-mais-pas-nimporte-comment-208032">Accidents cardiaques : pour votre santé, faites du sport – mais pas n’importe comment</a>
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<p>La prescription d’exercices physiques <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0033062011000685">améliore</a> également le <a href="https://www.inserm.fr/c-est-quoi/pour-seviter-un-bide-cest-quoi-le-syndrome-metabolique/">statut métabolique</a> des personnes en situation de surpoids et d’obésité en diminuant la pression artérielle, le « mauvais » cholestérol et la glycémie. Chez les personnes en situation d’obésité et de diabète, l’activité physique (150 minutes par semaine) entraîne une baisse de la mortalité entre 30 % et 40 %, toutes causes confondues, et une baisse de la mortalité cardiovasculaire entre 25 % et 40 %.</p>
<h2>Des bénéfices sur le tour de taille</h2>
<p>L’activité physique prescrite seule ne semble pas suffisante pour induire une perte de poids significative, en raison d’une compensation par la prise alimentaire. Cependant, en association avec une restriction calorique, l’activité physique potentialise la perte de poids et facilite le maintien à long terme de la perte de poids.</p>
<p>Une <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0004515">étude</a> préconise que les programmes d’activité physique devraient mettre l’accent sur la diminution du tour de taille, qui reflète la masse grasse viscérale, plutôt que le poids.</p>
<p>Et des <a href="https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0056415">données des méta-analyses</a> (analyses systématiques combinant les résultats de dizaines d’études randomisées contrôlées) indiquent par ailleurs que des exercices de type aérobie ou d’endurance modérés à intenses (type randonnée, marche nordique, course à pied, vélo, aquagym…) continus, ou par intervalle de haute intensité, diminuent le tour de taille et la quantité de graisse viscérale.</p>
<h2>Choisir les programmes et la période de la journée adaptés</h2>
<p>Les <a href="https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/899553">programmes</a> combinant des exercices de type aérobie et de résistance ou renforcement musculaire (type squat, développé couché, rameur, l’appareil de musculation appelé presse…) pratiqués en alternance, c’est-à-dire sur des jours différents, apportent des bénéfices maximaux chez les personnes en situation d’obésité et de diabète, en augmentant la force musculaire et en améliorant l’<a href="https://www.federationdesdiabetiques.org/information/glycemie/hba1c">équilibre glycémique</a> (c’est-à-dire en diminuant l’<a href="https://www.federationdesdiabetiques.org/information/glycemie/hba1c">hémoglobine glyquée</a>).</p>
<p><em>(L’hémoglobine glyquée, ou HbA1c, est le reflet d’une glycémie moyenne sur 2 ou 3 mois et un marqueur du risque de complication du diabète à long terme, ndlr).</em></p>
<p>Dans le cas de l’obésité et du diabète, les programmes devraient viser des volumes de 2,5h d’activité physique modérée à intense par semaine pour obtenir les meilleurs bénéfices sur la santé. Des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/obr.13599">études récentes</a> indiquent également que la période de la journée pendant laquelle l’exercice physique est pratiqué influencerait les bénéfices en santé. Un exercice pratiqué le matin favoriserait la perte de poids tandis qu’un exercice pratiqué l’après-midi serait favorable pour l’équilibre glycémique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/obesite-lutter-a-la-fois-contre-la-stigmatisation-et-contre-la-maladie-160498">Obésité : lutter à la fois contre la stigmatisation et contre la maladie</a>
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<h2>Divers mécanismes physiologiques en jeu</h2>
<p>L’activité physique induit des <a href="https://www.cell.com/trends/endocrinology-metabolism/fulltext/S1043-2760(03)00143-7">adaptations facilitant la mobilisation des graisses</a> (processus appelé lipolyse) par les tissus adipeux et leur utilisation (processus appelé oxydation lipidique) par les muscles locomoteurs. Notre <a href="https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/ajpheart.00704.2012">équipe a montré</a> que l’entraînement en endurance améliore la sensibilité du tissu adipeux aux principales hormones lipolytiques (ce sont les hormones de dégradation des lipides, comme les catécholamines et le peptide atrial natriurétique) et restaure en partie les défauts de lipolyse, c’est-à-dire les difficultés à mobiliser les graisses chez des sujets en surpoids ou obèses.</p>
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<p>L’exercice physique est connu de longue date pour <a href="https://www.jci.org/articles/view/64526">stimuler l’utilisation des graisses (lipides) par les muscles</a>. Ce phénomène s’observe chez des <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1600-0838.2005.00480.x">individus entraînés</a> en endurance par rapport à des personnes non entraînées, ainsi que chez des individus en <a href="https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/ajpendo.00152.2003">situation d’obésité</a> soumis à un programme d’entraînement en endurance de deux mois, à raison de trois séances par semaine.</p>
<p>En résumé, l’activité physique peut être utilisée comme un traitement efficace de l’obésité et de ses complications. Une pratique régulière de 30 minutes à 1 heure d’activité physique par jour confère de très nombreux bénéfices en santé et prolonge l’espérance de vie en bonne santé.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=250&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485612/original/file-20220920-3440-4oxruu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=314&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 6 au 16 octobre 2023 en métropole et du 10 au 27 novembre 2023 en outre-mer et à l’international), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « sport et science ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site <a href="https://www.fetedelascience.fr/">Fetedelascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214020/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Cédric Moro a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche, de la Fondation pour la Recherche Médicale, de l'AFM/Téléthon, de la Société Francophone du Diabète, de l'Association Européenne du Diabète (EFSD) et de la Région
Occitanie.</span></em></p>Des données scientifiques confirment l’intérêt de pratiquer une activité physique adapté pour prévenir les complications liées au surpoids et à l’obésité, en premier lieu le risque cardiovasculaire.Cédric Moro, Directeur de Recherche, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2141122023-10-06T13:36:11Z2023-10-06T13:36:11ZL’obésité est une maladie grave qui comporte des caractéristiques communes avec le cancer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/552106/original/file-20231004-24-m4j46s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=36%2C0%2C3440%2C2430&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’obésité est en soi une maladie, en plus de contribuer à l’apparition et à la progression d’autres pathologies telles que le diabète, l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Bien que l’obésité <a href="https://www.nature.com/articles/ijo2008247">soit reconnue comme une maladie par l’Organisation mondiale de la santé</a> (OMS) depuis 1948, on ne la perçoit pas forcément de la même façon que les autres problèmes de santé.</p>
<p>Les personnes qui souffrent d’obésité sont <a href="https://doi.org/10.1007/s13679-021-00444-y">moins susceptibles de recevoir des soins appropriés</a> que celles atteintes d’autres maladies, telles que le cancer. Pourtant, l’obésité et le cancer présentent plusieurs similitudes. Cette question <a href="https://fr.worldobesityday.org/">revêt une importance capitale</a> à l’échelle mondiale, compte tenu de l’augmentation spectaculaire du nombre d’adultes et d’enfants touchés, <a href="https://data.worldobesity.org/country/canada-36/#data_population-breakdowns%7Coverweightobesity-by-region">notamment au Canada</a>.</p>
<h2>L’obésité est une maladie</h2>
<p>Comme le cancer ou d’autres maladies reconnues par la médecine, l’obésité devrait être considérée comme une pathologie par l’opinion publique. En effet, elle est en soi une maladie, en plus de contribuer à l’apparition et à la progression <a href="https://doi.org/10.1177/2042018820934955">du cancer et d’autres conditions</a>, telles que le <a href="https://doi.org/10.1155/2018/3407306">diabète, l’athérosclérose, les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux</a> (AVC).</p>
<p>L’obésité affecte les personnes atteintes de plusieurs manières.</p>
<p><strong>Mécaniquement</strong> : elle exerce une <a href="https://www.health.harvard.edu/pain/why-weight-matters-when-it-comes-to-joint-pain">surcharge sur les os et les articulations</a>, ainsi que sur les organes internes. Elle risque également de provoquer une <a href="https://www.sleepfoundation.org/sleep-apnea/weight-loss-and-sleep-apnea">obstruction des voies respiratoires</a> qui peut engendrer une apnée obstructive du sommeil.</p>
<p><strong>Biologiquement</strong> : <a href="https://doi.org/10.3389/fimmu.2022.907750">elle peut générer de l’arthrose</a>, qui se manifeste par de <a href="https://doi.org/10.1172/JCI92035">l’inflammation</a> et une <a href="https://doi.org/10.3390/ijms21103570">dysrégulation des sécrétions</a> des cellules du tissu adipeux.</p>
<p>L’obésité peut causer des <a href="https://doi.org/10.1172/JCI81507%22%22">dépôts anormaux de graisse</a> sur les organes vitaux, ce qui modifie de façon importante <a href="https://www.cnrtl.fr/definition/hom%C3%A9ostasie">l’homéostasie</a>, ou stabilité biologique, de l’organisme.</p>
<p><strong>Psychologiquement :</strong> les patients souffrant d’obésité <a href="https://doi.org/10.1111/scs.12756">peuvent éprouver des difficultés à accomplir leurs activités quotidiennes</a> ; des choses aussi simples que nouer ses lacets peuvent constituer un défi. Cette situation se trouve aggravée par <a href="https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2022.101464">l’influence des médias sociaux</a> et la promotion d’une image corporelle prétendument « idéale », mais irréaliste, qui stigmatise les personnes atteintes d’obésité.</p>
<p>De plus, des données indiquent que l’obésité s’accompagne d’une <a href="https://doi.org/10.1007/s12272-019-01138-9">inflammation du cerveau</a> et d’un risque accru de troubles mentaux tels que <a href="https://doi.org/10.1038/s41380-018-0017-5">dépression sévère</a> et <a href="https://doi.org/10.1007/s40211-019-0302-9">anxiété</a>.</p>
<h2>Caractéristiques communes de l’obésité et du cancer</h2>
<p>L’obésité présente plusieurs caractéristiques communes avec le cancer.</p>
<p><strong>Facteurs multiples</strong> : ces deux maladies n’ont pas de cause unique connue, ce qui peut en rendre la prévention et le traitement difficiles. L’obésité n’est pas simplement attribuable à un mode de vie personnel caractérisé par une consommation élevée de calories ou un faible niveau d’exercice physique, puisque l’équilibre entre l’apport et la dépense énergétiques peut être modifié dans un sens ou dans l’autre par la <a href="https://doi.org/10.1007/s00261-012-9862-x">génétique, l’environnement ainsi que d’autres facteurs qui ne sont pas encore totalement compris</a>.</p>
<p><strong>Métastases</strong> : <a href="https://doi.org/10.3390/cells11121872">comme le cancer, l’obésité peut entraîner des métastases</a>, c’est-à-dire que la maladie peut se propager à d’autres parties du corps. Dans le cas de l’obésité, il s’agit de dépôts de graisse ectopique, qui se créent lorsque le tissu adipeux (la graisse) ne peut pas stocker tous les excédents de <a href="https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=baisser-taux-triglycerides">triglycérides</a> (un type de matière grasse). Les triglycérides s’accumulent alors hors de leur emplacement normal, notamment autour des organes. En cas d’obésité, la graisse peut se retrouver sur le cœur, le foie, dans les vaisseaux sanguins et même dans le <a href="https://physoc.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1113/jphysiol.2012.239491">cerveau</a>. Ces dépôts peuvent altérer le fonctionnement d’organes vitaux et avoir des effets dévastateurs sur la santé.</p>
<p><strong>Développement progressif et étapes</strong> : <a href="https://doi.org/10.1155/2015/619734">l’obésité</a>, comme le <a href="https://doi.org/10.1038/s41568-020-00300-6">cancer</a>, peut se développer progressivement pour atteindre des stades avancés et néfastes. L’une des raisons pour lesquelles on a tendance à considérer l’obésité comme une maladie moins grave que le cancer est qu’on accorde plus d’attention aux stades du cancer.</p>
<p>En fait, l’obésité et le cancer peuvent tous deux évoluer graduellement en l’absence d’un diagnostic et d’une intervention appropriés. Cependant, les décès imputables à l’obésité sont le plus souvent attribués à des maladies qui en résultent (telles que les accidents ischémiques cardiovasculaires ou même le cancer) sans qu’on tienne compte de l’impact central de l’obésité.</p>
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<img alt="Un yo-yo rouge avec un mètre ruban à la place de la ficelle" src="https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/549432/original/file-20230920-29-30f3tt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">De nombreuses personnes souffrant d’obésité luttent pour contrôler la reprise de poids après une perte de poids.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p><strong>Récidive</strong> : les personnes qui guérissent de l’obésité peuvent connaître une récidive. La série télévisée « Qui perd gagne » en est un bon exemple. Les <a href="https://www.health.harvard.edu/diet-and-weight-loss/lessons-from-the-biggest-loser">candidats qui ont perdu du poids</a> dans le cadre de l’émission <a href="https://doi.org/10.1002/oby.21538">l’ont repris</a> par la suite.</p>
<p>La récidive de l’obésité est souvent qualifiée d’effet « yo-yo ». Cependant, il convient de remplacer ce terme par celui de « récidive », pour mettre en lumière que l’obésité est loin d’être un jeu. En effet, certains patients luttent avec acharnement pour endiguer une reprise de poids incontrôlable.</p>
<h2>Il faut revoir notre perception de l’obésité</h2>
<p>Comme l’illustre l’histoire des habits neufs de l’empereur, nos perceptions peuvent être erronées. Souvent, notre vision de l’obésité ne témoigne pas des graves menaces qu’elle fait peser sur la santé. </p>
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<img alt="Illustration d’un tailleur et d’un roi en sous-vêtements se regardant dans un miroir" src="https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/549437/original/file-20230920-25-zab88z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Nous devons tirer les leçons de l’histoire des habits neufs de l’empereur et reconnaître la réalité des choses : l’obésité est une véritable maladie.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Bien que l’obésité comporte de nombreuses caractéristiques de morbidité communes avec le cancer, elle n’est pas reconnue comme une maladie par l’ensemble de la société, et les personnes qui en sont atteintes sont moins susceptibles d’obtenir l’aide et le traitement dont elles ont besoin. Il est urgent de revoir notre perception de l’obésité.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214112/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Besma Boubertakh reçoit un financement de la Chaire d'excellence en recherche du Canada sur l'axe microbiome-endocannabinoïde dans la santé métabolique (CERC-MEND ; titulaire de la chaire, le professeur Vincenzo Di Marzo).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Cristoforo Silvestri reçoit un financement de la Chaire d'excellence en recherche du Canada sur l'axe microbiome-endocannabinoïde dans la santé métabolique (CERC-MEND ; titulaire de la chaire, le professeur Vincenzo Di Marzo).</span></em></p>L’obésité est une maladie qui partage plusieurs caractéristiques avec le cancer, mais qui n’est pas reconnue comme telle par la société. Les personnes atteintes sont moins susceptibles d’être traitées.Besma Boubertakh, Doctoral student, molecular medicine, Université LavalCristoforo Silvestri, Assistant Professor, Faculty of Medicine, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2087932023-08-10T21:18:31Z2023-08-10T21:18:31Z« Snack Masters », quand les grands chefs font recette avec la malbouffe<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/541978/original/file-20230809-14-9gcmy3.png?ixlib=rb-1.1.0&rect=20%2C2%2C1912%2C1286&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Reproduire le burger d'une grande enseigne de junk food, une fausse bonne idée ? </span> <span class="attribution"><span class="source">M6 / Capture d'écran</span></span></figcaption></figure><p>Avec <em>Snack Masters</em>, dont le second épisode sera diffusé mardi 16 août 2023, M6 présente <a href="https://youtu.be/zYxW_k-iX_8?si=o3Ev2EoyJs8E_Eli">sa nouvelle émission culinaire</a> venue tout droit de Grande-Bretagne. Son concept est pour le moins surprenant, voire déroutant. Il s’agit en effet de demander à de grands noms de la gastronomie française – chefs étoilés et/ou Meilleurs Ouvriers de France (MOF) – de reproduire à l’identique des produits issus de la « junk food », comme des hamburgers, des frites ou des cornets glacés industriels. Au-delà de l’aspect divertissant de l’émission, menée comme une enquête policière, de la confrontation de deux univers culinaires qui, par principe, ne se rencontrent jamais, ces grands chefs sont-ils à leur place dans ce jeu ? En se montrant ainsi, ne prennent-ils pas le risque de légitimer la malbouffe ?</p>
<h2>Les grands chefs : Artisanat d’excellence, créativité et innovation</h2>
<p>Obtenir le statut de <a href="https://toutpourleresto.fr/carte-restaurants-etoiles/">chef étoilé</a> et/ou de <a href="https://www.lexpress.fr/styles/plaisirs/saveurs/tout-ce-qu-il-faut-savoir-sur-le-titre-de-meilleur-ouvrier-de-france-ou-mof_1648941.html">Meilleur ouvrier de France</a> est loin d’être aisé. Seule une petite élite y parvient au terme d’années d’un labeur extrême, d’un engagement total, d’heures de travail non comptées. Ce sont des artisans d’excellence qui maîtrisent leur art à la perfection, doublés de créatifs capables d’innover, que ce soit en associant de nouvelles saveurs, en revisitant des mets traditionnels, en remettant au goût du jour des produits tombés dans l’oubli, ou en créant de nouveaux plats.</p>
<p>Ces artisans insistent aussi sur de la qualité des produits qu’ils utilisent, principalement de saison, mettent en avant les relations qu’ils entretiennent avec leurs producteurs, souvent locaux, et vantent les avantages des <a href="https://www.huffingtonpost.fr/life/article/les-chefs-adaptent-de-plus-en-plus-leurs-menus-aux-produits-locaux-et-de-saison_71904.html">circuits courts</a>. Ils sont les garants de la réputation de la gastronomie française, d’un savoir-faire spécifique, d’un art de vivre envié. Ce statut leur confère une forte légitimité aussi bien auprès des autres acteurs de la profession que du grand public. Et c’est bien cette légitimité que recherchent les producteurs de l’émission. Cependant, derrière ce discours se cache une autre réalité : celle des liens des chefs avec l’industrie agroalimentaire.</p>
<h2>Une relation ancienne et fructueuse</h2>
<p>En effet, les liens entre l’industrie agroalimentaire et les chefs existent, sous différentes formes, depuis des années. Dans son ouvrage <em>Histoire des cuisiniers en France XIXe-XX<sup>e</sup> siècle</em> (2004), Alain Drouard explique que dès le XIX<sup>e</sup> siècle les chefs et les industriels de l’alimentation se mettent à tisser des relations. C’est ainsi que le <a href="https://disciples-escoffier.com/fr/histoire/auguste-escoffier-biographie">célèbre chef Auguste Escoffier</a> (1846-1935) après avoir longuement cherché à obtenir un produit capable toute l’année de remplacer la tomate fraîche, fut à l’origine de la conserve de tomates concassées. Ce nouveau produit, qui rencontra un vif succès suite à son utilisation dans les cuisines du célèbre palace londonien le Savoy dont il gérait les cuisines, était en fait fabriqué dans une conserverie dans laquelle il possédait des parts.</p>
<p>Mais c’est surtout dans le dernier quart du XX<sup>e</sup> siècle que les grands cuisiniers, en plus d’être des artisans du luxe et des restaurateurs haut de gamme sont aussi devenus des consultants pour les grands groupes alimentaires. C’est à partir de 1976 que le chef multi étoilé Michel Guérard, membre du mouvement « nouvelle cuisine » et chantre de la cuisine « légère », développa le premier partenariat en signant un contrat avec la marque Findus du groupe Nestlé. Il élabora pour eux des plats surgelés parmi lesquels le « Pithiviers de poisson au beurre blanc » qui est resté en rayon… plus de 35 ans. Il justifia cette collaboration en expliquant que l’observation industrielle lui avait énormément apporté sur le plan culinaire, qu’il avait découvert la « dimension scientifique » de l’agroalimentaire et qu’il était important de bien s’entendre avec les professionnels de cet univers là pour les aider à s’améliorer.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/539386/original/file-20230725-23-m3x988.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/539386/original/file-20230725-23-m3x988.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/539386/original/file-20230725-23-m3x988.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/539386/original/file-20230725-23-m3x988.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/539386/original/file-20230725-23-m3x988.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/539386/original/file-20230725-23-m3x988.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/539386/original/file-20230725-23-m3x988.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=531&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Publicité montrant la collaboration entre la marque de surgelés Findus et le chef multi étoilé Michel Guérard.</span>
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<p>Depuis, très rares sont les grands chefs qui n’ont pas développé de partenariat avec les acteurs de l’industrie agroalimentaire. Parmi eux on trouve – pour un temps plus ou moins long – la collaboration de Marc Veyrat avec le jambon <em>Madrange</em>, Joël Robuchon avec <em>Fleury Michon</em>, Cyril Lignac, avec <em>Findus</em> lui aussi ou Philippe Etchebest pour l’accord mets et bière avec la <em>1664 de Kronembourg</em>.</p>
<p>Cet été, le <a href="https://www.slate.fr/story/248677/collaboration-burger-king-michel-sarran-experience-culinaire-decevante-fast-food-master-boeuf-mozzarella-top-chef">chef Michel Sarran</a>, ancien juré de <em>Top Chef</em> est allé un peu plus loin encore dans les partenariats en s’associant avec la chaîne de restauration rapide <em>Burger King</em> pour laquelle il a imaginé trois nouvelles recettes, les « Masters du chef ». C’est, en effet, la première fois qu’un chef étoilé s’associe à un fast-food, ce qu’il justifie en expliquant la mise en commun d’expertises et l’utilisation de produits frais tandis que le directeur France de l’enseigne parle de « proposer des burgers de chef étoilé à un prix accessible pendant plus d’un mois dans toute la France […] notamment en période d’inflation ». Les problèmes liés à la malbouffe ne sont, eux, pas du tout mentionnés.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/540979/original/file-20230803-19-rtzeo7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/540979/original/file-20230803-19-rtzeo7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/540979/original/file-20230803-19-rtzeo7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/540979/original/file-20230803-19-rtzeo7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/540979/original/file-20230803-19-rtzeo7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/540979/original/file-20230803-19-rtzeo7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/540979/original/file-20230803-19-rtzeo7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=418&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Michel Sarran premier chef à signer un partenariat avec une chaine de fast food.</span>
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<h2>Restaurants gastronomiques en quête de rentabilité</h2>
<p>Si le fait de comprendre les enjeux et d’aider l’industrie agroalimentaire à s’améliorer sont les principaux motifs évoqués par les chefs pour expliquer leurs différents partenariats, il y a d’autres explications. Les raisons financières sont, elles aussi, déterminantes, bien que jamais évoquées. En effet, gérer un restaurant étoilé se révèle très <a href="https://www.neorestauration.com/article/restaurants-gastronomiques-la-difficile-equation-de-la-rentabilite,29832">onéreux et pas vraiment rentable</a>. Entre les frais de personnel et d’infrastructure en hausse constante, l’univers très concurrentiel dans lequel ils évoluent, plus dernièrement la crise du Covid-19 ainsi que l’inflation, leurs bénéfices sont maigres.</p>
<p>Selon la revue <a href="https://www.entreprendre.fr/les-etoiles-michelin-une-pression-insupportable-pour-les-chefs/"><em>Entreprendre</em></a> de mai dernier, le taux de marge oscillerait entre 5 et 10 %, ce qui est peu. C’est pourquoi les divers partenariats pour de la publicité ou du consulting avec des <a href="https://www.leparisien.fr/economie/quand-ils-pretent-leur-nom-aux-plats-cuisines-13-12-2010-1188374.php">marques de l’agro-alimentaire</a> s’avèrent très lucratifs et permettent souvent d’aider à combler le manque à gagner des restaurants étoilés.</p>
<p>Les émissions télévisées sont aussi l’occasion, pour les chefs qui y participent, de faire connaître leurs restaurants et d’augmenter ainsi leur popularité. Hélène Darroze expliquait à Cécilia Delporte dans <a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/emissions-culinaires-la-poule-aux-oeufs-dor-de-la-television-1158094"><em>Les Echos</em></a> que dès les premières minutes de <em>Top Chef</em> les coups de téléphone avaient afflué dans son restaurant pour des réservations. Elle ajoutait que si parfois elle envisageait d’arrêter l’émission, cette décision était difficile à prendre à cause de la visibilité que cette dernière lui apportait.</p>
<h2>Snacking et obésité</h2>
<p>Le marché du snacking (ou celui du « prêt à manger » ou de la restauration rapide avec par exemple les sandwichs, les hamburgers ou les plats préparés) connaît depuis quelques années une réelle croissance avec un chiffre d’affaires proche des <a href="https://www.businessfrance.fr/les-francais-de-plus-en-plus-seduits-par-le-snacking">18,5 milliards d’euros en 2022</a>. Les français souhaitent, en effet, trouver des moyens pratiques et rapides pour se nourrir. Même si les snacks sains et bio sont de plus en plus recherchés, la majeure partie d’entre eux restent peu équilibrés avec trop de matières grasses, de sel ou de sucre. Or la <a href="https://presse.inserm.fr/obesite-et-surpoids-pres-dun-francais-sur-deux-concerne-etat-des-lieux-prevention-et-solutions-therapeutiques/66542/">moitié de la population française est aujourd’hui en excès de poids</a> et 17 % des personnes concernées par l’obésité. De plus, ce sont surtout les plus jeunes qui sont touchés.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/539833/original/file-20230727-19593-46c6up.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/539833/original/file-20230727-19593-46c6up.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/539833/original/file-20230727-19593-46c6up.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/539833/original/file-20230727-19593-46c6up.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/539833/original/file-20230727-19593-46c6up.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/539833/original/file-20230727-19593-46c6up.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/539833/original/file-20230727-19593-46c6up.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Évolution des prévalences de l’obésité selon l’âge entre les enquêtes Obépi-Roche 1997-2012 et l’enquête Obépi 2020 (source Inserm).</span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans ce contexte, on peut se demander si ce n’est pas jouer avec la santé de certains de nos concitoyens, en particulier les plus jeunes, que de proposer en prime time une émission qui promeut plus ou moins indirectement et sous forme ludique le snacking, le tout légitimé par deux grands chefs. En effet, jusqu’à présent dans des émissions comme <em>Top Chef</em> il s’agissait parfois de reproduire des plats de la steet food ou de revisiter des burgers, mais avec des produits frais. Or, dans <em>Snack Masters</em>, il s’agit de réaliser à l’identique des produits issus de la junk food, de montrer les usines dans lesquelles ils sont produits, comme si ce n’était finalement pas si mauvais que cela, qu’il ne s’agissait pas presque systématiquement de produits trop gras, trop salés, trop sucrés. Difficile de ne pas penser au documentaire de Morgan Spurlock <a href="https://youtu.be/JsMwvTnu5Bc?si=KjCgb1v-g9zWVejk"><em>Supersize me</em></a> (2004) qui dénonçait la malbouffe et ses conséquences néfastes pour la santé.</p>
<p>Avec ce programme, les shows culinaires ne viennent-ils pas, sous couvert d’un jeu divertissant avec des chefs reconnus et appréciés, de franchir une limite ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/208793/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Nathalie Louisgrand ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Quand les grands chefs reproduisent à l’identique des produits issus de la « junk food », la gastronomie et la santé n’en sortent pas forcément gagnantes.Nathalie Louisgrand, Enseignante-chercheuse, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2034612023-08-01T14:36:33Z2023-08-01T14:36:33ZLe surplus de peau après une chirurgie bariatrique est fréquent, mais on parle peu de ses conséquences<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/538760/original/file-20230721-37190-hlx10f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=49%2C0%2C5472%2C3628&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Il n'est pas rare, après une chirurgie bariatrique, qu'une personne ait un surplus de peau. Cela peut occasionner plusieurs problèmes physiologiques et psycholoqiques. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>La chirurgie bariatrique, plus communément appelée la chirurgie de l’obésité, permet d’aider les personnes vivant avec une obésité sévère à perdre du poids et à améliorer leur santé. L’opération consiste globalement à réduire la taille de l’estomac avec ou sans réduction de la taille de l’intestin associée.</p>
<p><a href="https://iucpq.qc.ca/sites/default/files/2020-06-15_rapport_medecine_bariatrique_hres.pdf">La chirurgie bariatrique est de plus en plus répandue</a>, tant au Québec qu’au Canada, en raison notamment de <a href="https://www.inspq.qc.ca/saine-alimentation-mode-vie-actif/prevention-obesite/montee-obesite-quebec">l’augmentation de l’obésité sévère</a></p>
<p>Cependant, la perte de poids massive est à l’origine de surplus de peau chez plus de 70 % des personnes. Celui-ci est associé à une diminution de la qualité de vie et à des difficultés psychologiques, physiques, et fonctionnelles. En tant qu’équipe scientifique dans le domaine de la psychologie et des sciences de l’activité physique, nous nous intéressons à cette problématique depuis plusieurs années. Avec l’aide d’une patiente partenaire, Christyne Simard, nous vous présentons les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29957078/">connaissances actuelles sur le sujet</a>. </p>
<h2>Des conséquences psychologiques, physiologiques et fonctionnelles</h2>
<p>Plusieurs études ont décrit les conséquences du surplus de peau après la chirurgie bariatrique. </p>
<p>Sur le plan psychologique, les personnes vivant avec un surplus de peau rapportent fréquemment de l’embarras en lien avec le jugement réel ou supposé des autres, des insatisfactions corporelles, des problèmes d’estime de soi, de la honte et du dégoût. Comme le dit une participante de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37389805/">notre étude</a> :</p>
<blockquote>
<p>Même avec moi-même, j’ai de la misère à me regarder dans le miroir parce que là bin surplus de peau fait que ça me ramène au fait que t’sais, c’est pas nécessairement attrayant selon les normes sociales.</p>
</blockquote>
<p>Sur le plan physique, des problèmes de peau, tels que des irritations, des mycoses, des plaies ou des démangeaisons sont également rapportées. Le surplus de peau entraîne parfois de mauvaises odeurs et de la douleur. </p>
<p>Sur le plan fonctionnel, le surplus de peau peut être associé à une mobilité réduite pouvant nuire aux activités quotidiennes (par exemple : hygiène, déplacements, habillage). Les personnes vivant avec du surplus de peau peuvent aussi avoir des difficultés à se trouver des vêtements adéquats et confortables. </p>
<p>Dans l’une de nos études, des participants ont expliqué que l’inconfort causé par l’excès de peau peut être plus ou moins fort en fonction de sa localisation sur le corps. Ceci semble particulièrement vrai lorsque l’excès de peau est visible, comme sur les bras. </p>
<p>De plus, l’inconfort causé par l’excès de peau peut évoluer selon les événements ou les situations vécus. Par exemple, l’embarras peut être plus élevé l’été, période durant laquelle le corps est davantage exposé aux regards des autres et où le port de vêtements courts est plus difficilement évitable.</p>
<h2>Trois questions fréquentes sur le surplus de peau</h2>
<p>Au cours de nos recherches et d’après notre expérience clinique, trois questions apparaissaient de manière fréquente :</p>
<p><strong>Pourquoi certaines personnes ont plus de surplus de peau que d’autres ?</strong></p>
<p>D’après les différentes études, un indice de masse corporelle plus élevé avant la chirurgie serait relié à une quantité plus importante de surplus de peau après la chirurgie. </p>
<p>L’âge ou encore le temps écoulé depuis la chirurgie ne semblent pas être associés à la quantité de surplus de peau. La qualité ou l’élasticité de la peau seraient des pistes à explorer davantage dans de futures études.</p>
<p><strong>Pourquoi certains ont plus d’inconfort par rapport à leur surplus de peau ?</strong></p>
<p>Plusieurs facteurs influencent l’inconfort lié au surplus de peau. D’après les résultats d’études, le fait d’être une femme et d’avoir une perception négative de son image corporelle seraient liées à un inconfort plus important. La quantité de surplus de peau mesurée objectivement ne serait pas systématiquement associée à l’inconfort causé par celui-ci. </p>
<p>Plus d’études avec des évaluations à long terme sont tout de même nécessaires pour identifier d’autres facteurs liés à cet inconfort. </p>
<p><strong>Est-il possible de prévenir l’apparition du surplus de peau ?</strong></p>
<p>Selon l’état des connaissances actuelles, il semble malheureusement impossible de prévenir l’apparition du surplus de peau, même avec la pratique d’activité physique. C’est pourquoi il est important de savoir comment gérer le surplus de peau à la suite d’une chirurgie bariatrique. </p>
<h2>La gestion du surplus de peau</h2>
<p>Plusieurs stratégies peuvent aider avec la gestion du surplus de peau : </p>
<p><strong>Des vêtements adéquats</strong></p>
<p>Certains types de vêtements peuvent réduire les inconforts que le surplus de peau peut amener (par exemple, les manches longues, les vêtements serrés ou les gaines abdominales). </p>
<p><strong>Une bonne hygiène</strong></p>
<p>Elle est impérative pour minimiser les risques de plaies, de champignons et d’odeurs. Par exemple, bien laver et sécher le surplus de peau régulièrement est essentiel. Aussi, l’utilisation de poudres (tel que de l’amidon de maïs) aide à absorber l’humidité et l’utilisation de vêtements serrés au niveau des cuisses peut aider à réduire les frictions. Les infirmières ou les pharmaciens sont bien placés pour donner des conseils à ce niveau.</p>
<p><strong>Le soutien social</strong></p>
<p>Selon une de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37389805/">nos études</a>, le soutien des proches joue un rôle important. En effet, cela peut favoriser l’acceptation du surplus de peau, en plus d’aider à diminuer l’évitement de situations où la peau pourrait être exposée et la crainte du jugement d’autrui. Le soutien social contribue à une estime de soi positive et à une bonne santé mentale. </p>
<p><strong>Le soutien psychologique</strong></p>
<p>Axé sur le développement d’une image corporelle positive, il peut aider les personnes vivant avec un surplus de peau. Une image corporelle positive implique d’être en mesure de respecter son corps, d’apprécier ce qui le rend unique et d’apprécier ce qu’il permet de faire. On tente alors de traiter le corps avec respect, comme si c’était un ami et non pas un objet qu’il faut changer. </p>
<p><strong>La chirurgie reconstructive</strong></p>
<p>Elle peut améliorer l’image corporelle, l’estime de soi, le bien-être sexuel, et la mobilité. Entre 60 % et 80 % des personnes ayant eu une chirurgie bariatrique désirent une chirurgie reconstructive pour enlever leur surplus de peau. Toutefois, son accès est limité par son coût élevé, rarement pris en charge par les assurances. </p>
<p>Ainsi, une proportion importante des personnes qui désirent une chirurgie reconstructive finissent par devoir garder et gérer leur surplus de peau. </p>
<h2>Une meilleure communication</h2>
<p>Le surplus de peau est associé à des problèmes psychologiques, physiques et fonctionnels. C’est pourquoi il est important d’en parler. Les personnes suivies au Québec expriment avoir besoin de plus de soutien et d’information sur cette question. En clinique, son évaluation devrait non seulement porter sur sa quantité, mais aussi sur ses conséquences pour chacun. </p>
<p>Avec toutes ces informations en tête, nous nous demandons si la chirurgie reconstructive ne devrait pas être accessible gratuitement aux patients après leur chirurgie bariatrique, afin d’aider à atténuer les conséquences parfois néfastes d’une telle opération.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/203461/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurelie Baillot a reçu une bourse salariale jeune chercheur Junior du FRQS.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Annie Aimé et Shaina Gabriel ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Le surplus de peau est associé à des problèmes psychologiques, physiques et fonctionnels. Il est donc important d’en parler, et d’offrir plus de soutien et d’information aux patients.Shaina Gabriel, Université du Québec en Outaouais (UQO)Annie Aimé, Professeure au département de psychoéducation et de psychologie, Université du Québec en Outaouais (UQO)Aurelie Baillot, Professeure agrégée, expertise obésité et activité physique, Université du Québec en Outaouais (UQO)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2057102023-07-10T13:49:04Z2023-07-10T13:49:04ZL’activité physique peut-elle renforcer notre résilience face au réchauffement climatique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/532041/original/file-20230614-21-prtf5x.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C0%2C4000%2C2658&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les journées de chaleur extrême se multiplieront dans les années à venir. Un mode de vie actif permet d'en atténuer les conséquences sur la santé. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Les changements climatiques, la forte prévalence des maladies chroniques et les niveaux alarmants d’inactivité physique sont trois enjeux centraux du XXI<sup>e</sup> siècle. </p>
<p>L’augmentation de la fréquence, de la durée et de l’intensité des vagues de chaleur est l’un des constats indéniables des changements climatiques déjà bien amorcés. D’ici la fin du siècle, entre la <a href="https://www.nature.com/articles/nclimate3322">moitié et les trois quarts de la population mondiale seront exposés à une chaleur mortelle pendant plus de 20 jours par an</a>, selon les divers scénarios climatiques. Et le Québec, lui, ne sera pas épargné. </p>
<p>Les impacts futurs des épisodes de chaleur extrême dépendront de l’ampleur des changements climatiques, mais aussi de notre capacité d’adaptation en devenant moins sensibles et vulnérables à la chaleur, et donc plus résilients. Chercheurs en sciences de l’activité physique et en physiologie environnementale, nous évaluons comment l’adoption d’un mode de vie actif peut permettre d’être mieux équipé pour faire face à la hausse des températures mondiales.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-sport-et-lactivite-physique-seront-bouleverses-par-le-changement-climatique-voici-comment-attenuer-ses-effets-167935">Le sport et l’activité physique seront bouleversés par le changement climatique. Voici comment atténuer ses effets</a>
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<h2>De quels mécanismes l’Humain dispose-t-il pour combattre la chaleur ?</h2>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/532038/original/file-20230614-6008-evbd3c.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Un enfant profite de jets d’eau, sur la rue Jeanne-Mance, à Montréal, durant une canicule.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Lorsqu’il est exposé à la chaleur, <a href="https://journals.lww.com/acsm-essr/Fulltext/2019/04000/Regulation_of_Body_Temperature_by_Autonomic_and.9.aspx">l’organisme déploie plusieurs réponses pour tenter de la dissiper</a>. La première est consciente et dépend de décisions comportementales que nous prenons pour minimiser l’exposition, comme chercher un endroit frais, allumer un ventilateur ou réduire notre activité physique. </p>
<p>Dans un second temps, si ces stratégies ne sont pas suffisantes, le cerveau active des réponses physiologiques qui sont, elles, hors de notre contrôle ; les vaisseaux sanguins de la peau se dilatent pour y augmenter l’apport de sang et les glandes sudoripares accroissent leur activité pour excréter plus de sueur. </p>
<p>Il n’est donc pas surprenant que tout facteur qui affecte ces réponses puisse altérer la capacité de l’organisme à réagir adéquatement lors d’une exposition à la chaleur.</p>
<h2>Quels sont les groupes vulnérables ?</h2>
<p>Bien que la chaleur nous affecte tous, les données probantes démontrent que <a href="https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2792-mesures-adaptation-chaleur.pdf">certains groupes de personnes y sont plus sensibles, ce qui augmente leur vulnérabilité</a>. </p>
<p>Plusieurs facteurs individuels tels que l’âge, les problèmes de santé préexistants comme les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2, la prise de certains médicaments (anticholinergiques, β-bloquants, antidépresseurs, diurétiques parmi d’autres), le surpoids et l’obésité, de faibles capacités fonctionnelles et cognitives et une faible capacité cardiorespiratoire <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0140673621012083">sont tous associés à une tolérance à la chaleur réduite et à un plus grand risque de développer des problèmes de santé liés à la chaleur</a>. Cela se traduit dans les chiffres de santé publique puisque <a href="https://www.cmaj.ca/content/182/10/1053.short">ces facteurs sont associés à une augmentation du risque d’hospitalisation ou de décès lors d’un événement de chaleur extrême</a>. </p>
<p>Ce constat s’explique par le fait que plusieurs de ces conditions sont associées à :</p>
<ul>
<li><p>d’un côté, des capacités de dissipation de la chaleur, volontaires et autonomes, qui sont réduites, ce qui augmente le stress imposé à l’organisme ;</p></li>
<li><p>de l’autre, un potentiel physiologique diminué, ce qui réduit la capacité de l’organisme à y faire face.</p></li>
</ul>
<p>Ensemble, ces deux conditions augmentent la probabilité que le stress placé sur l’organisme atteigne et dépasse le potentiel physiologique de ce même organisme, ce qui augmente le risque de développer des problèmes de santé liés à la chaleur.</p>
<h2>Comment une pratique régulière d’activité physique peut-elle améliorer la résilience à la chaleur ?</h2>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/529874/original/file-20230602-15-kht9ts.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Créé avec BioRender.com</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il est intéressant de noter que parmi les nombreux facteurs de risque de développer des problèmes de santé liés à la chaleur, plusieurs peuvent être évités en adoptant un mode de vie sain et actif. En effet, une pratique d’activité physique régulière au cours de la vie pourrait permettre d’être mieux équipé pour faire face à la hausse des températures mondiales :</p>
<ol>
<li><p>En entraînant plusieurs adaptations physiologiques qui augmentent les capacités de dissipation de la chaleur (hausse de la production de sueur) ainsi que le potentiel physiologique de l’organisme (hausse de la réserve cardiovasculaire), ce qui augmente la tolérance à la chaleur et aide à répondre aux exigences accrues imposées au système cardiovasculaire lors d’un stress thermique ;</p></li>
<li><p>En limitant le déclin de la capacité cardiorespiratoire et des fonctions thermorégulatrices associé à l’obésité, aux maladies chroniques et à la prise de certains médicaments. La pratique régulière d’activité physique peut également contribuer à limiter le déclin cognitif et fonctionnel, permettant aux individus de maintenir leur autonomie, un facteur de protection important face à la chaleur ;</p></li>
<li><p>En ralentissant le déclin de la fonction cardiovasculaire et des fonctions thermorégulatrices inhérent au vieillissement ;</p></li>
<li><p>En contribuant à un meilleur bien-être mental, qui pourrait aider à faire face au stress associé aux épisodes de chaleur extrême.</p></li>
</ol>
<p>L’activité physique pourrait donc avoir une contribution importante dans l’adaptation à la hausse des températures mondiales, augmentant notre résilience individuelle et communautaire.</p>
<p>Toutefois, il est important de constater que plusieurs autres facteurs de risques ne sont pas directement modifiables par un mode de vie sain et actif, incluant certains troubles de santé mentale, un faible statut socioéconomique, un accès limité à des endroits frais ou climatisés, parmi d’autres. Il est également bien établi que les personnes qui effectuent des activités physiques intenses à modérées lors des épisodes de chaleur sont plus à risque de développer des problèmes de santé liés à la chaleur (travailleurs agricoles, construction, restauration, etc.).</p>
<h2>La prochaine génération est-elle suffisamment équipée pour répondre à ce défi ?</h2>
<p>Au Canada, la <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/childhood-obesity/childhood-obesity.html">prévalence de l’obésité chez les 5-17 ans a presque triplée dans les 30 dernières années</a>. Actuellement, <a href="https://www.canada.ca/en/public-health/services/reports-publications/health-promotion-chronic-disease-prevention-canada-research-policy-practice/vol-37-no-11-2017/adherence-24hour-movement-guidelines-10-17-year-old-canadians.html">plus de 9 jeunes sur 10 n’atteignent pas les directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures</a>. Ce constat est mondial. </p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/532039/original/file-20230614-18-xsmcof.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les jeunes générations sont moins actives que celles qui les ont précédées. Ils risquent d’être plus vulnérables aux chaleurs extrêmes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Au Québec, les récents chiffres dressent un portrait plus qu’alarmant : une <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpubh.2022.1056484/full">diminution de 15 % de la capacité cardiorespiratoire et de 30 % de la capacité fonctionnelle des jeunes</a> comparativement à leurs aînés qui avaient effectué les mêmes tests dans les années 1980. Pire, les chercheurs ont observé que chez les 15-17 ans, <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpubh.2022.1056484/full">6 garçons sur 10 et 7 filles sur 10 ont une capacité cardiorespiratoire qui les exposent à des problèmes de santé cardiométabolique dans le futur</a>. </p>
<p>De telles tendances suggèrent que les jeunes d’aujourd’hui pourraient être de moins en moins équipés pour tolérer la chaleur, alors qu’ils y seront de plus en plus exposés. Du point de vue de la santé publique, ce constat est alarmant. En maintenant une activité physique régulière et une condition physique adéquate tout au long de leur vie, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/23328940.2022.2102375">ils pourraient être mieux équipés pour relever ces défis</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205710/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Plusieurs problèmes de santé liés à la chaleur peuvent être évités en adoptant un mode de vie sain et actif. Mais la jeune génération est moins active que les précédentes, et donc plus vulnérable.Thomas Deshayes, Chercheur postdoctoral en sciences de l'activité physique, Université de MontréalJulien Periard, Research professor, University of CanberraLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2057632023-05-31T16:21:37Z2023-05-31T16:21:37ZObésité et « manque de volonté » : les préjugés négatifs ont la vie dure<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/529315/original/file-20230531-19-x53efg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=89%2C17%2C5074%2C3970&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les personnes en situation d’obésité font encore trop souvent l’objet de stigmatisations en raison d’un supposé « manque de volonté ».</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://ecpomedia.org/image/sweden-friends/">Marcus CF Tinnerholm / ECPO</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Regards désapprobateurs, remarques désobligeantes sur leur physique, commentaire sur les portions de nourriture présentes dans leur assiette ou sur la qualité de leur alimentation… Les personnes en situation de surpoids ou d’obésité ont toutes fait l’expérience, à un moment ou un autre, du jugement d’autrui.</p>
<p>En effet, aujourd’hui encore, l’idée selon laquelle les personnes en situation d’obésité sont seules responsables de leur situation est encore largement répandue, comme le montrent les résultats de <a href="https://www.ajpmonline.org/article/S0749.3797(23)0 0072-7/fulltext">notre enquête sur le sujet</a>.</p>
<p>Or, comme souvent, la réalité est bien plus complexe, et cette vision simpliste est non seulement inexacte, mais elle peut en outre s’avérer dangereuse : elle est en effet très souvent à l’origine de la stigmatisation des personnes en situation d’obésité.</p>
<p>Pour changer notre regard sur l’obésité et sur les personnes qui en souffrent, l’éducation a un rôle majeur à jouer. Mais pour améliorer plus globalement la situation, des politiques visant à rendre notre environnement plus favorable à la santé doivent également être mises en place. Et ce n’est pas une mince affaire.</p>
<h2>L’obésité, une maladie qui progresse</h2>
<p>En France, à l’heure actuelle, une <a href="https://presse.inserm.fr/obesite-et-surpoids-pres-dun-francais-sur-deux-concerne/46494/">personne sur deux est concernée par le surpoids ou l’obésité</a>. Cette dernière, en particulier, se répand : elle touche aujourd’hui 17 % des adultes, contre 8,5 % en 1997. Notre pays reste cependant loin derrière d’autres : aux États-Unis, par exemple, <a href="https://www.cdc.gov/obesity/data/adult.html">42 % des adultes étaient en situation d’obésité en 2022</a>.</p>
<p>Selon la communauté scientifique, les <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanpub/article/PIIS2468-2667(23)0 0033-6/fulltext">origines de cette progression sont multiples</a>. Elles résultent des transformations récentes et profondes de nos environnements de vie.</p>
<p>Ainsi, l’industrialisation a mené à la commercialisation d’aliments <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5325830/">contenant davantage d’acides gras et de sucres que les produits frais</a>. Cette augmentation de la densité calorique s’est par ailleurs accompagnée d’un développement sans précédent du marketing alimentaire, ainsi que d’une augmentation de l’accessibilité des aliments.</p>
<p>En parallèle, l’urbanisation des modes de vie a abouti à la généralisation des transports motorisés, tandis que la <a href="https://bmcpublichealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12889-020-09293-1">sédentarité a augmenté</a>, tant sur les lieux de travail que dans le privé.</p>
<p>Notre environnement s’est à ce point modifié au fil des dernières décennies que <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/295681/07-735-obesogenic-environments-review.pdf">certains auteurs n’hésitent plus à le qualifier d’obésogène</a>.</p>
<p>Aujourd’hui, les résultats des recherches scientifiques nous permettent de l’affirmer avec certitude : les personnes en situation d’obésité ne peuvent pas être tenues pour seules responsables de leur situation. Notre environnement moderne favorise la prise de poids.</p>
<h2>Pourquoi la volonté n’explique pas tout</h2>
<p>L’alimentation et l’activité physique sont deux mesures préventives essentielles pour lutter contre l’obésité et ses conséquences négatives sur la santé. Ces deux comportements sont modifiables, ce qui signifie que nous avons le pouvoir d’agir sur eux. Cependant, on sait également que tous deux relèvent d’une multitude de déterminants individuels, sociaux et environnementaux.</p>
<p>Ainsi, au-delà de notre environnement moderne qui favorise la prise de poids, il est largement admis que l’obésité est plus fréquente chez les personnes ayant un plus faible niveau socio-économique.</p>
<p>Pour cette raison, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19175510/">il est réducteur de croire que la façon dont nous nous alimentons et dont nous bougeons est simplement affaire de choix personnel</a>. On sait que, dans un environnement « obésogène », les interventions centrées sur les personnes, tels que les conseils nutritionnels ou les recommandations en matière d’activité physique, sont peu efficaces à long terme.</p>
<p>C’est la raison pour laquelle le Programme National Nutrition Santé 2019-2023 a défini comme objectif prioritaire d’agir sur l’environnement, afin de le rendre plus favorable à la santé.</p>
<p>Pourtant, une part importante de la population, en France <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25809827/">comme dans d’autres pays</a>, attribue encore l’obésité à un manque de volonté. Or, préjugés sur la volonté et stigmatisation sont liés.</p>
<h2>Des préjugés négatifs qui ont des conséquences</h2>
<p>Notre récente enquête réalisée auprès de 33 948 participantes et participants de <a href="https://etude-nutrinet-sante.fr/">l’étude NutriNet-Santé</a> a révélé que près de 38 % des femmes et 54 % des hommes interrogés adhéraient à l’idée que l’obésité est <a href="https://www.ajpmonline.org/article/S0749.3797(23)0 0072-7/fulltext">« due à un manque de volonté »</a>.</p>
<p>Ce constat est inquiétant, car, comme le souligne un collectif de sociétés savantes, d’associations et de représentants de patients, cette croyance serait en grande partie <a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/pnns4_2019-2023.pdf">à l’origine des actes de stigmatisation envers les personnes en situation d’obésité</a>.</p>
<p>À ce sujet, les chiffres sont alarmants : en France, en 2020, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34059785/">56 % des personnes interrogées</a> déclaraient avoir déjà été stigmatisées en raison de leur poids. En cause, principalement, des membres de leur famille, des camarades de classe, des médecins ou des collègues de travail. Cette stigmatisation prenait le plus souvent la forme de moqueries, de traitements injustifiés ou de discrimination.</p>
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<p><a href="https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/pnns4_2019-2023.pdf">Cette stigmatisation peut avoir diverses conséquences</a> : moindre réussite académique et professionnelle, discrimination à l’embauche, altération des relations sociales, majoration des troubles du comportement alimentaire et des symptômes anxieux ou dépressifs, évitement des activités physiques, prise de poids accrue, moindre recours aux soins…</p>
<p>Devant l’ampleur de ce phénomène, et sur l’impulsion notamment des <a href="https://cnao.fr/">associations de patients</a>, le terme « grossophobie » a fait son entrée dans les dictionnaires <a href="https://www.babelio.com/livres/Deydier-On-ne-nait-pas-grosse/959716">Petit Robert</a> en 2018 et <a href="https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/grossophobie/188694">Larousse</a> en 2023.</p>
<p>La question de la stigmatisation de l’obésité étant désormais <a href="https://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0017/351026/WeightBias.pdf">entrée dans le débat public</a>, il est urgent de trouver des solutions pour la prévenir ainsi que pour mieux protéger les personnes qui pourraient en être victimes.</p>
<h2>Agir sur les déterminants de nos choix alimentaires</h2>
<p>Si nos choix au quotidien doivent être orientés dans un sens favorable à la santé et au maintien du poids, agir « en amont », sur les déterminants de ces choix, pourrait permettre de prévenir l’augmentation continue de l’obésité.</p>
<p>De l’école au travail, en passant par les transports ou les commerces, les politiques mises en place doivent donc promouvoir des environnements qui faciliteront, tout au long de notre vie, des choix alimentaires et d’activité physique favorables à notre santé et au maintien du poids dans des valeurs considérées comme normales.</p>
<p>Il s’agit par exemple d’améliorer la qualité nutritionnelle des aliments, de réguler le marketing alimentaire, de rendre financièrement plus accessibles les aliments favorables à la santé, ou encore de promouvoir des plans d’urbanisme qui encouragent la pratique de la marche et du vélo.</p>
<p>Mais ce n’est pas tout : il faut aussi parvenir à déconstruire l’idée selon laquelle l’obésité est due à un manque de volonté. Et pour cela, l’éducation a un rôle à jouer.</p>
<h2>Mieux former les professionnels de santé</h2>
<p>Des travaux que nous avons coordonnés ont révélé que les personnes ayant un niveau d’étude plus élevé adhéraient moins ouvertement à l’idée selon laquelle <a href="https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/295681/07-735-obesogenic-environments-review.pdf">l’obésité est liée à un manque de volonté</a>.</p>
<p>Plus que le niveau d’étude, le contenu éducatif pourrait jouer un rôle déterminant. Par exemple, les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24502966/">étudiants en santé adhèrent moins à cette idée de manque de volonté</a> que les étudiants des autres filières.</p>
<p>Suivre une formation sur les multiples causes – génétiques, sociales et environnementales – de l’obésité permettrait également de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35934011/">réduire cette croyance</a>, contrairement à une formation uniquement centrée sur l’importance de l’alimentation et de l’activité physique dans la prévention de l’obésité.</p>
<p>Les universités ont pris conscience de l’importance de mieux former les professionnels de santé sur ces sujets. Ainsi, l’Université Sorbonne Paris Nord a mis en place des expériences pédagogiques innovantes, faisant directement participer les patients à certains enseignements, dans le cadre de la <a href="https://leps.univ-paris13.fr/fr/equipe/8-actualites/863-cr%C3%A9ation-de-la-chaire-de-recherche-universitaire-sur-l-engagement-des-usagers-patients-dans-le-syst%C3%A8me-de-sant%C3%A9.html">Chaire de Recherche Universitaire sur l’engagement des usagers/patients dans le système de santé</a>. Cette initiative traduit la volonté d’aider les étudiants en santé à mieux comprendre le point de vue des patients.</p>
<p>Dans le cadre d’un enseignement dirigé intitulé « Stigmatisation dans les soins », un appel a été lancé sur les réseaux sociaux pour que des personnes qui ont été victimes de ce type de stigmatisation soumettent une proposition d’intervention. Parmi la trentaine de propositions formulées, plusieurs ont porté sur la stigmatisation liée à l’obésité, ce qui témoigne de l’importance de cette stigmatisation dans le cadre des soins.</p>
<p><a href="https://www.em-consulte.com/article/1100063/evaluation-des-prejuges-des-etudiants-en-medecine-">Une pédagogie centrée sur la relation de soins et le vécu des patients</a> a également été mise en place à Sorbonne Université. Celle-ci permet aux étudiants d’échanger sur leurs représentations vis-à-vis de pathologies stigmatisantes et de rencontrer des associations de patients.</p>
<p>Enfin, un podcast (<a href="https://www.sorbonne-universite.fr/actualites/le-serment-daugusta-un-podcast-pour-reinventer-ensemble-la-relation-soignant-soigne"><em>Le serment d’Augusta. Je penserai les corps en dehors de la norme</em></a>), destiné aux étudiants en santé et centré sur la relation soignant-soigné, a également été produit afin de faire réfléchir à ces questions.</p>
<p>Cependant, s’il est important de mieux former les seuls professionnels de santé, cela ne suffira pas à modifier notre vision collective sur l’obésité. Pour y parvenir, d’autres actions devront être mises en place, non seulement à l’université, mais aussi à l’école, dans les collèges, les lycées, sur les lieux de travail, dans les cabinets médicaux, les médias…</p>
<p>La stigmatisation de l’obésité ne cessera que lorsque nous aurons tous compris que nos habitudes alimentaires et d’activité physique dépendent avant tout de facteurs sociaux et environnementaux (en particulier économiques), plutôt que de notre seule volonté…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/205763/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Michel Oppert a reçu des financements de l'ANR, de l'INca et de la Commission Européenne pour la conduite de ses travaux de recherche.. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mathilde Touvier a reçu des financements publics et associatifs à but non lucratif de l'Institut National du Cancer, l'European Research Council, le Ministère de la Santé, la Fondation Bettencourt, l'Agence Nationale pour la Recherche. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alice Bellicha et Chantal Julia ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Les personnes en surpoids sont souvent soupçonnées de « manquer de volonté », et stigmatisées en conséquence. Pourtant, il est établi que la prise de poids n’est pas qu’une affaire de choix personnel.Alice Bellicha, Maître de Conférences, Université Sorbonne Paris NordChantal Julia, Maitre de Conférence Université Paris 13, Praticien Hospitalier, Hôpital Avicenne (AP-HP), Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, U1153 Inserm,Inra,Cnam, Université Sorbonne Paris NordJean-Michel Oppert, PUPH et chef de service de Nutrition à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, Sorbonne UniversitéMathilde Touvier, Directrice de l'Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, U1153 Inserm,Inra,Cnam, Université Sorbonne Paris Nord, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2028892023-04-03T17:57:03Z2023-04-03T17:57:03ZOzempic et perte de poids : les risques derrière le mauvais usage de cet antidiabétique<p>Début mars, L’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) et l’Assurance-maladie annonçaient une « surveillance renforcée » sur un antidiabétique : l’Ozempic. Or, ce médicament est plébiscité sur le réseau social TikTok, mais pour un autre usage… maigrir. Y a-t-il un usage détourné ? Et quels en sont les risques réels ?</p>
<p>Il importe de savoir, déjà, de quoi l’on parle. L’Ozempic est le nom commercial du <a href="https://www.vidal.fr/medicaments/substances/semaglutide-25733.html">sémaglutide</a>. C’est un agent de la classe des analogues du GLP-1 (<em>glucagon-like peptide 1</em>) utilisé pour le traitement du diabète de type 2, le diabète de loin le plus fréquent et qui est fortement lié à l’obésité.</p>
<p>Il est commercialisé sous la forme de seringues préremplies contenant quatre doses, de façon à atteindre progressivement 1 mg afin de réduire le risque d’intolérance gastro-intestinale.</p>
<p>Outre son effet antidiabétique puissant, le sémaglutide réduit effectivement le poids de façon significative. Raison pour laquelle il a été testé dans l’obésité par son fabricant, Novo Nordisk, à une dose supérieure : 2,4 mg.</p>
<p>Les analogues du GLP-1 offrent aussi une protection cardiovasculaire importante dans le diabète. Ceci est à souligner car le pronostic du diabète, et dans une grande mesure celui de l’obésité sévère, tient surtout à un risque cardiovasculaire accru. On comprend dès lors que la prescription est faite dans le diabète pour la longue durée ; elle ne sera révisée au fil de l’évolution qu’au cas par cas.</p>
<h2>Une perte de poids, vraiment ?</h2>
<p>Les analogues du GLP-1 réduisent généralement le poids (mais pas toujours) en ralentissant la vidange gastrique et en régulant la satiété, sans qu’il s’agisse pour autant d’un <a href="https://theconversation.com/vers-un-nouveau-traitement-de-lobesite-restaurer-la-sensation-de-satiete-88195">« coupe-faim »</a>. S’agissant du sémaglutide/Ozempic, plusieurs études ont été réalisées dans l’obésité et à différents dosages.</p>
<p>Une première a comparé l’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30122305/">effet sur le poids de différentes doses en administration quotidienne</a> comparativement un placebo. À un an, les doses de 0,05 mg, 0,1 mg, 0,2 mg, 0,3 mg et 0,4 mg ont provoqué respectivement des pertes de poids de 6,0 % (-6,7 kg), 8,6 % (-9,3 kg), 11,6 % (-12,3 kg), 11,2 % (-12,5 kg), et 13,8 % (-15,1 kg). La perte pondérale est donc clairement dose-dépendante.</p>
<p>À la dose cette fois hebdomadaire et unique de 2,4 mg, une étude a observé au terme de 68 semaines de traitement une <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2032183">perte pondérale moyenne de 15 % (15 kg)</a>, contre 2 % (3 kg) avec la seule modification du mode de vie.</p>
<p>Novo Nordisk met à disposition deux dosages du sémaglutide, sous deux noms différents :</p>
<ul>
<li><p>L’Ozempic, commercialisé pour le traitement du diabète à la dose de 1 mg par semaine (et remboursé pour cette indication),</p></li>
<li><p>Le Wegovy, pour le traitement de l’obésité à la dose de 2,4 mg par semaine, accessible (en France) dans le cadre d’une procédure strictement contrôlée dite d’accès précoce (menée dans l’attente d’une commercialisation) pour l’obésité la plus sévère (avec un indice de masse corporelle à 40 kg/m<sup>2</sup>) associée à des complications.</p></li>
</ul>
<p>Le Wegovy ne peut donc pas être détourné de son usage ; tel n’est pas nécessairement le cas pour l’Ozempic.</p>
<h2>Un mésusage de l’Ozempic</h2>
<p>Le fabricant a signalé à la fin 2022 des difficultés d’approvisionnement pour les patients diabétiques en raison d’un détournement d’usage. De son côté, l’ANSM, en lien avec l’Assurance Maladie, indiquait <a href="https://ansm.sante.fr/actualites/ozempic-semaglutide-un-medicament-a-utiliser-uniquement-dans-le-traitement-du-diabete-de-type-2">accroître sa vigilance le 1ᵉʳ mars dernier, mais relativisait les choses pour la France</a> :</p>
<blockquote>
<p>« Les données du système national des données de santé extraites pour la période du 1<sup>er</sup> octobre 2021 au 30 septembre 2022 montrent qu’environ 600 000 patients ont reçu un médicament de la classe des analogues du GLP-1, dont 215 000 patients la spécialité Ozempic. Parmi ces patients, 2 185 bénéficiaires d’Ozempic peuvent être considérés comme non-diabétiques selon les estimations de l’Assurance Maladie. Ainsi, sur la base des seules données de remboursement, le mésusage potentiel pour la spécialité Ozempic est estimé à environ 1 %. »</p>
</blockquote>
<p>Ce faible pourcentage, à tout le moins en France, n’est pas de nature à expliquer les difficultés d’approvisionnement. Il faut sans doute plutôt invoquer l’engouement pour la molécule relayé à travers le monde par les réseaux sociaux, notamment en Asie – fortement peuplée et où l’incidence de l’obésité suit le cours du développement.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/4QpZsRoapDA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
</figure>
<h2>Quels sont les risques du mésusage ?</h2>
<p><strong><em>À l’échelle de l’individu</em></strong></p>
<p>On dispose d’un long recul pour juger des effets secondaires des analogues du GLP-1, et les premières études à grande échelle ont été menées dans les années 2000.</p>
<p>Les effets secondaires les plus fréquents répertoriés sont plus gênants que graves. De façon générale, les <a href="https://ansm.sante.fr/actualites/ozempic-semaglutide-un-medicament-a-utiliser-uniquement-dans-le-traitement-du-diabete-de-type-2">fiches techniques</a> font apparaître la fréquence d’un inconfort gastro-intestinal, marqué par des nausées-vomissements et/ou une diarrhée, et un effet dépresseur sur l’appétit d’intensité variable, de nul à assez marqué parfois pour le sémaglutide – la taille modeste de la molécule lui permettant d’atteindre assez aisément le cerveau. Il n’y a pas d’effet hypoglycémiant, sauf si la médication vient renforcer l’effet d’une insuline déjà en place.</p>
<p>Des événements graves ont pu être signalés (et médiatisés), tels une pancréatite, un cancer particulier de la thyroïde ou encore un trouble de la conduction cardiaque. Des éléments méthodologiques font toutefois douter du lien de causalité.</p>
<p>L’effet secondaire problématique à retenir est l’altération de l’appétit quand elle est marquée et survient chez un sujet vulnérable (âgé, etc.). Il convient en effet de s’assurer que la perte de poids ne se produise pas aux dépens de la masse musculaire.</p>
<p>Enfin, il doit être rappelé qu’aucun médicament actif n’est dénué d’effet secondaire. Aussi, si la médication devait être prise en l’absence de diabète et d’obésité très sévère, tout événement grave, même rare, serait inacceptable. Prescrite ou prise en automédication à tort dans l’obésité, la médication devrait alors être suspendue. Que se passerait-il suite à cet arrêt ? Il faut s’attendre au mieux à la reprise du poids perdu, car l’effet de la médication est suspensif ; au plus à un rebond, si la médication a fait cesser la vigilance autour de la modification du mode de vie.</p>
<p><strong><em>En santé publique</em></strong></p>
<p>Le risque se situe plutôt à ce niveau, et il est indirect : à savoir un phénomène de mésusage d’ampleur telle qu’il limiterait l’accès à l’Ozempic de sujets diabétiques, surtout si des pratiques étaient de « forcer la dose » pour accroître l’effet sur le poids. Si la disponibilité venait à manquer pour le diabète, le risque pour le sujet traité serait un déséquilibre franc de son diabète.</p>
<p>Certes, il existe plusieurs classes d’antidiabétiques, mais le sémaglutide est le plus puissant de la classe la plus puissante (hormis l’insuline). Et il n’y a parfois pas de possibilité de remplacement, quand le traitement est déjà à son maximum.</p>
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<p><strong><em>À l’échelle de la collectivité</em></strong></p>
<p>Un élément d’une autre nature à prendre en considération est celui de l’altération du rapport au temps qui prévaut actuellement – les philosophes parlent bien de « tyrannie de l’immédiateté », de « dictature de l’urgence »…</p>
<p>Dans un tel contexte, la communication immédiatement accessible diffusée via les réseaux sociaux sur l’effet du sémaglutide sur le poids peut faire courir le risque de détourner du travail lent et patient, sinon pénible, à mener pour modifier son mode de vie, changer son alimentation, accroître son activité physique, etc.</p>
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<h2>Mésusage, ou contournement de la réglementation ?</h2>
<p>Il n’est pas aisé de distinguer le mésusage du détournement.</p>
<p>Prenons le cas d’un traitement transitoire par sémaglutide en préparation à la chirurgie de l’obésité : cette indication n’est pas reconnue alors qu’elle pourrait être pertinente dans le risque opératoire élevé, a fortiori si elle permet d’éviter une mesure délétère (par exemple le régime cétogène, restrictif, susceptible de réduire la masse musculaire). Il y aurait ici un contournement de la réglementation actuelle, mais pas de mésusage au sens thérapeutique.</p>
<p>Réglementairement, en effet, les indications s’inscrivent en déclinaison des situations testées dans des essais cliniques censés refléter les cas de figure de la pratique courante. Et des médications peuvent faire l’objet d’une ou de plusieurs extension(s) d’indication au décours de leur première autorisation, au sortir de nouveaux protocoles.</p>
<p>Dans le même esprit, comparativement aux conditions très strictes d’accès au Wegovy (à la dose de 2,4 mg par semaine), à savoir l’obésité très sévère avec des complications, l’obésité moins sévère mais associée à des complications (rhumatologiques, respiratoires, hépatiques, etc.) est quand même une maladie. Si l’Ozempic devait être utilisé en lieu et place du Wegovy, il y aurait mésusage au plan réglementaire mais pour une indication qui pourrait être légitime, surtout si le sémaglutide devait faire montre d’une protection vasculaire.</p>
<p>À ce sujet, nous disposerons en fin d’année des résultats d’un essai clinique de protection cardiovasculaire réalisé avec la dose de 2,4 mg par semaine. S’ils s’avèrent favorables, on pourrait s’acheminer vers le remboursement du Wegovy, et ce possiblement pour toutes les situations d’obésité. Ce qui est un mésusage aujourd’hui pourrait ainsi être de bonne pratique thérapeutique bientôt.</p>
<h2>Distinguer les mésusages</h2>
<p>Au-delà des faits, il y a deux niveaux de lecture, non exclusifs, de la présente problématique du mésusage de l’Ozempic : le premier, qui renverrait à une pratique consumériste, n’est guère justifiable.</p>
<p>Le second s’inscrit à l’opposé et tiendrait au fait que nous n’avons pas de parade pour traiter efficacement et dans des délais raisonnables l’obésité en phase statique (et non plus en phase de croissance pondérale) compliquée de douleurs physiques et de souffrance psychosociale.</p>
<p>La médecine de l’obésité est souvent une médecine de l’échec. Or, et ceci est à déplorer aussi, la consultation diététique n’est pas remboursée ; la consultation en psychologie ne l’est guère plus ; l’activité physique adaptée n’est pas inscrite à la nomenclature des soins ; et l’éducation thérapeutique du patient, tant prônée dans les maladies chroniques, est très mal valorisée elle aussi. L’enjeu devient ici politique, surtout si, en regard de ces difficultés, un médicament de l’obésité assez onéreux venait à être remboursé.</p>
<p>En conclusion, il importe d’éviter tout amalgame en établissant deux distinctions : entre les doses de sémaglutide prescrites pour le diabète ou l’obésité ; et entre la médicalisation raisonnée et les pratiques dévoyées par clientélisme ou d’automédication cosmétique – ou, dit autrement, entre usage raisonné mais réalisé hors cadre réglementaire, et réel mésusage. Si ce dernier ne semble pas faire courir un risque important au sujet traité, il risque de priver le sujet diabétique d’un traitement majeur.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/202889/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Daniel Lalau a reçu des honoraires pour des communications scientifiques de : AstraZeneca, Bayer, Lilly, MSD, Novo Nordisk, Sanofi sans que cela n'entraîne de conflit d’intérêt pour la rédaction de cet article.</span></em></p>Depuis quelques mois, la tendance s'est installée sur TikTok : prendre de l'Ozempic, un antidiabétique, pour perdre du poids… Détournement ? Mésusage ? De quoi parle-t-on et quels sont les risques.Jean-Daniel Lalau, Professeur de nutrition, PériTox, UMR_I 01, Université de Picardie Jules Verne, et service d’endocrinologie-diabétologie-nutrition, CHU d’Amiens, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1961922023-01-04T14:17:03Z2023-01-04T14:17:03ZGreffe de matières fécales : on vous explique ce que c’est et à quoi ça sert<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/499655/original/file-20221207-12-cn92lf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C2%2C991%2C663&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La greffe de matières fécales consiste ni plus ni moins à remplacer le microbiote intestinal d'un receveur malade par du matériel fécal provenant d'un donneur sain. </span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Le corps humain abrite une variété considérable de microorganismes. Un grand nombre de bactéries, de champignons, de virus interagissent entre eux et avec notre organisme, coexistant sur les surfaces humaines et dans <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7043356/">toutes les cavités du corps</a>. Cette communauté microbienne complexe est appelée le microbiote. Et ce dernier joue un rôle essentiel dans les fonctions physiologiques globales et la santé de chaque individu.</p>
<p>Plus de 98 % des microorganismes présents chez l’humain résident dans le tractus gastro-intestinal. C’est ce qu’on appelle le microbiote intestinal. Si on le mettait sur une balance, il pèserait environ <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30567928/">2 kilogrammes</a>, soit presque le poids d’un organe. Le microbiote intestinal est impliqué dans la digestion des aliments, la régulation de la fonction des hormones intestinales et la signalisation neurologique. Il joue également un rôle dans la modification de l’action et du métabolisme des médicaments, l’élimination des toxines et la production de nombreux composés qui influencent l’hôte.</p>
<p>Chaque individu possède un microbiote intestinal qui lui est propre et qui est relativement stable et résilient dans le temps. Sa composition est influencée par le type d’accouchement (par voie vaginale ou par césarienne), le régime alimentaire du nourrisson, le mode de vie et les gènes.</p>
<p>Toutefois, certains facteurs environnementaux peuvent modifier sa composition au fil du temps. On parle par exemple de la consommation de probiotiques et de prébiotiques, du régime alimentaire, des infections virales et de la prise de médicaments (notamment les antibiotiques).</p>
<h2>Lorsque l’équilibre est perturbé, les problèmes commencent</h2>
<p>Lorsque le microbiote intestinal est perturbé ou que sa composition est inadéquate, une <a href="https://cdhf.ca/fr/dysbiose-et-syndrome-du-colon-irritable-sci/">dysbiose</a> se produit, entraînant des infections et des <a href="https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMra1600266">troubles métaboliques courants</a>. On parle notamment de l’obésité, du diabète de type 2, des maladies hépatiques non alcooliques et des maladies cardiovasculaires.</p>
<p>En réponse aux problèmes liés à la dysbiose intestinale, la <a href="https://crohnetcolite.ca/A-propos-de-ces-maladies/Parcours-de-la-MII/Traitement-et-medicaments/Greffedematierefecale">greffe de matières fécales</a> s’est avérée être une stratégie thérapeutique prometteuse. Elle consiste ni plus ni moins à remplacer le microbiote intestinal d’un receveur malade par du matériel fécal provenant d’un donneur sain.</p>
<p>L’ère moderne des études sur la greffe de matières fécales a débuté en 1958. Cette année-là, pour la première fois dans la littérature scientifique, on mentionnait son caractère prometteur. Le chirurgien américain Ben Eisman discutait du cas de quatre patients souffrant de diarrhée associée à des antibiotiques et dont l’état s’est rapidement amélioré à la suite de l’utilisation de lavements <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/13592638/">avec des matières fécales provenant d’un donneur sélectionné</a>.</p>
<p>Cette technique est particulièrement efficace pour traiter les infections récurrentes dues à la <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies-infectieuses/fiche-renseignements-clostridium-difficile-difficile.html">bactérie <em>Clostridium difficile</em></a>, la fameuse <em>C. difficile</em>, lorsque les antibiotiques se sont révélés inefficaces. Ce microorganisme provoque une inflammation du côlon et des diarrhées mortelles – et son impact sur la santé publique est estimé très important.</p>
<p>Des données récentes indiquent qu’aux États-Unis, l’infection récurrente par la bactérie <em>Clostridium difficile</em> est à l’origine de <a href="https://www.cdc.gov/cdiff/what-is.html">près d’un demi-million d’infections</a> et de quelque 30 000 décès chaque année. Aux unités soins intensifs, elle entraîne des coûts annuels de soins de santé de <a href="https://bmcinfectdis.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12879-022-07594-x">4,8 milliards de dollars</a>.</p>
<h2>La greffe de matière fécale, étape par étape</h2>
<p>Lors d’une greffe de matières fécales, ces dernières doivent être traitées et préparées avant d’être transplantées chez le patient receveur. La méthode peut varier. Mais, en général, on recueille 100 à 150 grammes de matières fécales, auxquelles on ajoute une solution saline stérile pour une homogénéisation préliminaire afin d’obtenir une suspension fécale.</p>
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<figcaption><span class="caption">La matière fécale peut être utilisée pour guérir des infections de la flore intestinale.</span></figcaption>
</figure>
<p>Les plus grosses particules, les fibres et les aliments non digérés sont ensuite éliminés par filtration à l’aide d’un tamis métallique. L’échantillon fécal frais liquide homogène peut être <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32326509/">transféré dans des seringues stériles</a>.</p>
<p>Récemment, la Food and Drug Administration (FDA) américaine a franchi une nouvelle étape en approuvant <a href="https://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT03244644?term=NCT03244644&draw=2&rank=1">Rebyota</a>, le premier produit à base de microbiote fécal. Il est préparé à partir de fèces qui sont préalablement testées afin d’exclure une panoplie d’agents pathogènes transmissibles. Il est approuvé pour prévenir les infections récurrentes à <em>Clostridium difficile</em> chez les personnes de plus de 18 ans après l’échec d’une antibiothérapie, et est administré par voie rectale en une seule dose.</p>
<h2>La prudence avant tout</h2>
<p>Le traitement n’est pas sans risque. Comme il est fabriqué à partir de matières fécales humaines, il peut comporter un risque de transmission d’agents infectieux. En outre, le Rebyota peut contenir des allergènes alimentaires.</p>
<p>La greffe de matières fécales a démontré un taux remarquablement faible d’effets indésirables graves. Les essais cliniques suggèrent également qu’il s’agit d’une option thérapeutique efficace pour le traitement du <em>Clostridium difficile</em> et d’autres affections, telles que la colite ulcéreuse. Mais le transfert de microorganismes vivants de donneurs sains à des patients malades comporte des risques inhérents. On parle, par exemple, de la transplantation de bactéries multirésistantes qui peuvent entraîner de graves problèmes de santé, voire la mort du receveur.</p>
<p>À l’heure actuelle, il importe d’identifier les méthodes de traitement optimales et de définir les facteurs de risque. De cette manière, la greffe de matières fécales pourra être administrée de la manière la plus fiable possible.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196192/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raúl Rivas González ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le transfert de microorganismes vivants de donneurs sains à des patients malades comporte certains risques.Raúl Rivas González, Catedrático de Microbiología, Universidad de SalamancaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1968462022-12-28T18:11:18Z2022-12-28T18:11:18ZLe jeûne intermittent, une stratégie séduisante… mais compliquée à mettre en place<p>La santé et les bonnes habitudes alimentaires sont au cœur des problématiques modernes. En effet, face à l’augmentation de la prévalence des maladies métaboliques comme le surpoids et l’obésité (<a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight">13 % des adultes en obésité, 39 % en surpoids d’après l’OMS</a>), l’importance d’avoir une alimentation équilibrée et adaptée pour limiter ces risques est de plus en plus présente dans l’esprit collectif.</p>
<p>Politiques de santé publique, recommandations scientifiques et des organismes de santé tentent de lutter contre ce fléau avec des approches préventives. Par exemple, l’<a href="https://theconversation.com/qualite-nutritionnelle-des-aliments-nutri-score-ou-en-est-on-conversation-avec-mathilde-touvier-158985">étiquetage nutritionnel sur les emballages alimentaires</a> fournit aux consommateurs des informations simplifiées sur les nutriments essentiels contenus. Il aide ainsi à identifier et à promouvoir une meilleure alimentation en <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29559017/">choisissant des aliments plus sains</a>.</p>
<p>La promotion de slogans tels que « cinq fruits et légumes par jour », le <a href="https://www.mangerbouger.fr/manger-mieux/se-faire-plaisir-en-mangeant-equilibre/manger-equilibre-ca-veut-dire-quoi-et-comment-y-arriver">programme national de nutrition santé « Manger Bouger »</a> ou encore des campagnes de prévention sont aussi utilisées pour <a href="https://academic.oup.com/her/article/31/2/121/2363250">mettre en garde et promouvoir des comportements alimentaires sains</a>.</p>
<p>Cependant, « ce que nous mangeons » n’est pas suffisant… Il faut avoir à l’esprit que « le moment et la fréquence à laquelle nous mangeons » joue également un rôle important. C’est ainsi qu’est né le concept de « jeûne intermittent », qui a démontré ces dernières années des effets bénéfiques intéressants pour notre santé, à condition cependant de respecter plusieurs principes pour ne pas faire n’importe quoi.</p>
<h2>Le jeûne, une longue histoire…</h2>
<p>Ce jeûne dit intermittent fait référence au fait d'alterner des phases où l’on ne mange pas (plus ou moins longues) et des périodes de prise alimentaire.</p>
<p>De façon physiologique, le jeûne est un comportement qui n'a rien d'exceptionnel. Il est même fréquent chez les animaux qui sont obligés de s’<a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27065168/">adapter à leurs contraintes écologiques et physiologiques</a>. Par exemple, lors des périodes d’hibernation, de reproduction, pendant la mue, ou encore en cas de maladie, certains n’ont pas d’autres choix que de jeûner.</p>
<p>Chez l’humain, ce comportement a également pu être adopté – volontairement ou non. Si l’on fait un retour en arrière de 30 000 ans ou plus, nous pouvons constater que certains de nos ancêtres <em>Homo sapiens</em> ont été confrontés à des périodes de jeûne.</p>
<p>En tant que chasseur-cueilleur très actif, <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20843503/">sa survie dépendait d’une prise alimentaire suffisante</a>. Or son style de vie, associé des variations saisonnières, des conditions climatiques changeantes et un succès imprévisible lors de sa recherche de nourriture pouvaient entraîner des périodes de jeûne. C’est d’ailleurs pour cela que notre grande <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23862645/">capacité à stocker de l’énergie sous forme de tissu adipeux</a> a longtemps été un avantage sélectif pour traverser les périodes de manque de nourriture !</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="Enluminure du VIᵉ s. représentant notamment Galine" src="https://images.theconversation.com/files/502017/original/file-20221219-18-mhnwse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/502017/original/file-20221219-18-mhnwse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=713&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/502017/original/file-20221219-18-mhnwse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=713&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/502017/original/file-20221219-18-mhnwse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=713&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/502017/original/file-20221219-18-mhnwse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=896&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/502017/original/file-20221219-18-mhnwse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=896&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/502017/original/file-20221219-18-mhnwse.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=896&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Le jeûne est pratiqué intentionnellement depuis l’Antiquité, préconisé notamment par Hippocrate et Galien (au centre, en haut), puis tout au long du Moyen Âge.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Dioscorides de Viennes (codex VIᵉ s.)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’abstinence alimentaire volontaire est aussi largement présente au long de l’histoire humaine. En contexte religieux, le jeûne est présent dans le christianisme (carême), la religion islamique (ramadan), mais également le judaïsme, l’hindouisme ou encore le bouddhisme.</p>
<p>En médecine, il est pratiqué depuis l’Antiquité puisqu’Hippocrate et Galien déjà le prescrivent aux malades. Il est <a href="https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02861193/document">aussi retrouvé au Moyen Âge</a> dans les écrits du médecin perse Avicenne ou du Suisse Paracelse, pour améliorer la santé.</p>
<p>Plus récemment, c’est au XIX<sup>e</sup> siècle que cette pratique redevient populaire aux États-Unis, plus particulièrement grâce au Dr Edward Hooker Dewey qui propose de manger moins en sautant le petit-déjeuner. Avec son ouvrage « No-Breakfast Plan and the Fasting-cure » (« Le plan Sans petit-déjeuner et la cure par le jeûne »), il est <a href="https://www.gutenberg.org/files/27128/27128-h/27128-h.htm">l’un des inventeurs du jeûne intermittent</a>.</p>
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<h2>Jeûne intermittent… oui, mais lequel ?</h2>
<p>Désormais très populaire, le terme de « jeûne intermittent » regroupe en réalité plusieurs approches, dont les principes diffèrent légèrement. Il est important de noter que peu importe la méthode utilisée, les restrictions ne touchent que la nourriture – jamais la prise d’eau.</p>
<ul>
<li><p><strong>Le « eat-stop-eat »</strong>. Proposé par <a href="https://bradpilon.com/meet-brad/">Brad Pilon dans son livre « Eat Stop Eat »</a>, le principe est d’alterner des jours où l’on mange normalement, et des journées sans manger, à raison de deux jours de jeûne non consécutifs dans la semaine.</p></li>
<li><p><strong>La méthode 5:2</strong>. Développée dans les années 2000 par les médecins Michelle Harvie et Tony Howell, elle <a href="https://preventbreastcancer.org.uk/2_day_diet/">alterne en semaine entre des journées où l’on mange normalement et deux jours</a> (qui peuvent être consécutifs) où l’on réduit son apport calorique de 70 à 75 %.</p></li>
<li><p><strong>L’alimentation limitée dans le temps</strong> (ou « Time-restricted fasting »). Cette méthode est la plus populaire, et la plus étudiée actuellement. Elle consiste à <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33921979/">réduire sa fenêtre de prise alimentaire entre 6 et 10h par jour, et donc de jeûner entre 14 et 18h dans la journée</a>.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/501944/original/file-20221219-24-678shf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Eat-Stop-Eat, 5 :2 et Limitation dans le temps sont les trois méthodes de jeûnes intermittents les plus populaires" src="https://images.theconversation.com/files/501944/original/file-20221219-24-678shf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/501944/original/file-20221219-24-678shf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/501944/original/file-20221219-24-678shf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/501944/original/file-20221219-24-678shf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=337&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/501944/original/file-20221219-24-678shf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/501944/original/file-20221219-24-678shf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/501944/original/file-20221219-24-678shf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Résumé des différentes méthodes de jeûne intermittent.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Anouk Charlot</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Et qu’en dit la science ?</h2>
<p>Les résultats varient en fonction de la stratégie adoptée.</p>
<p>Pour les approches « eat-stop-eat » et 5:2, assez peu d’études scientifiques ont été menées. Les rares données disponibles ont montré qu’elles pouvaient être <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8766278/">efficaces pour perdre du poids</a> et <a href="https://www.annualreviews.org/doi/10.1146/annurev-nutr-071816-064634">améliorer certains paramètres métaboliques</a> comme la glycémie à jeun. Par exemple, Surabhi Bhutani (université de l’Illinois) a montré que l’utilisation de la méthode 5:2 pendant trois mois avait permis une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/oby.20353">perte de poids de 3 à 6 kg chez les participants</a>.</p>
<p>Cependant, ces deux méthodes étant très restrictives, elles peuvent entraîner des <a href="https://academic.oup.com/ajcn/article/81/1/69/4607679?login=false">effets secondaires</a> lors des jours de jeûne total ou de forte restriction calorique – faim, effets négatifs sur l’humeur, risque d’hypoglycémie, etc.</p>
<p>Sur un plus long terme, la restriction augmente également le risque de développer ou d’aggraver des troubles du comportement alimentaire, et favorise le risque d’adopter des <a href="https://theconversation.com/lillusion-perdue-des-regimes-amaigrissants-180807">comportements de « type yo-yo »</a>. Ce phénomène est fréquent lorsque l’on essaye de perdre du poids en se restreignant : au départ, il y a bien perte de poids, mais les restrictions peuvent générer des frustrations… qui risquent de favoriser le retour des anciennes habitudes alimentaires, elles-mêmes associées <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27773644/">à la reprise de poids</a>.</p>
<p>La méthode la plus étudiée est celle avec une prise alimentaire chaque jour mais limitée dans le temps. Deux « créneaux horaires » sont souvent observés :</p>
<ul>
<li><p>Lorsque la prise alimentaire commence avec le petit-déjeuner et se finit en fin d’après-midi. On parle en anglais de « early time-restricted feeding », ou « alimentation limitée dans le temps à partir du matin » ;</p></li>
<li><p>Lorsque la prise de repas commence par le déjeuner de midi. On parle cette fois de « late time-restricted feeding », ou « alimentation limitée dans le temps à partir de midi ».</p></li>
</ul>
<p>Cette approche semble utile pour améliorer la régulation de son métabolisme et réduire le risque de maladies métaboliques… Cependant, ces résultats bénéfiques ne semblent pas être équivalents selon le créneau horaire choisi. Lorsque la prise alimentaire débute le matin, des études ont constaté une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1550413118302535">perte de poids</a> et des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6893547/">améliorations de la sensibilité à l’insuline</a>.</p>
<p>À l’inverse, lorsque les repas débutent à midi et finissent en soirée, les <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8387818/">effets bénéfiques seraient moins importants, voire absents</a>. Par exemple, l’équipe de Ram Babu Singh (du Halberg Hospital and Research Institute, Inde) a montré des <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/07420528.2019.1701817">résultats positifs uniquement dans le groupe où les participants mangeaient le matin</a>, et pas chez les participants qui mangeaient à partir de midi et avec la dernière prise alimentaire après 20h.</p>
<h2>Pourquoi une telle différence ?</h2>
<p>Notre horloge interne et les rythmes circadiens semblent être en cause. En effet, l’avantage de l’alimentation limitée dans le temps commençant le matin est de faire coïncider les périodes de prise alimentaire et de jeûne avec notre horloge biologique.</p>
<p><a href="https://theconversation.com/mieux-respecter-son-horloge-interne-pour-une-meilleure-sante-194196">Dans notre précédent article</a>, nous expliquions qu’en réponse aux cycles de lumière, notre corps produit des hormones de façon cyclique pour adapter notre prise alimentaire aux besoins énergétiques du corps : la période optimale pour manger s’étire du matin vers 8-9h (au lever du soleil) jusqu’à 19h (lorsque le soleil commence à se coucher, en fonction des saisons).</p>
<p>Ne pas prendre de petit-déjeuner et manger après 19h favorisent une dérégulation des rythmes circadiens, et <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28877894/">augmentent le risque de développer des maladies métaboliques</a>.</p>
<p>Attention toutefois : si l’alimentation limitée dans le temps semble être une bonne approche pour ce qui concerne la santé métabolique, <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8387818/">beaucoup reste à comprendre sur son fonctionnement</a> et optimiser ses effets… <strong>Des travaux de 2022 n’ont ainsi <a href="https://www.cell.com/cell-metabolism/fulltext/S1550-4131(22)00344-8">pas montré de différences en termes de perte de poids</a> entre le fait d’opter pour une prise alimentaire matinale ou tardive… Il jouait par contre sur l’appétit ressenti en cours de journée – à l’avantage cette fois du premier.</strong></p>
<p>Et au-delà du moment de la journée où il semble préférable de s’alimenter, d’autres paramètres peuvent être importants et qui ne sont pas toujours mesurés dans les études réalisées : qualité et quantité des aliments absorbés, durée de la période de jeûne (qui peut s’étendre de 12 à 20h par jour), etc.</p>
<p>De plus, chaque individu possède son propre métabolisme, et peut répondre différemment au jeûne. De nouvelles études, mieux contrôlées et plus complètes, sont donc nécessaires pour confirmer les bénéfices potentiels de ces méthodes et comprendre les mécanismes impliqués dans leurs effets. Cela seulement permettra de développer les approches adaptées aux besoins de chacun.</p>
<h2>En pratique, que faire ?</h2>
<p>La méthode la plus adaptée pour au moins éviter de dérégler son horloge circadienne (et limiter le risque de frustration ou de troubles du comportement alimentaire) semble être la prise alimentaire limitée dans le temps en synchronisant ses repas avec les rythmes circadiens.</p>
<p>Ainsi, une journée type pourrait s’organiser avec un petit-déjeuner copieux le matin, entre 6h et 8h, un déjeuner vers midi et enfin avancer son dîner pour qu’il ait lieu entre 16h et 18h en fonction des saisons.</p>
<p>Ce qui n’est pas forcément simple à accorder avec sa vie sociale… Il peut être compliqué de pratiquer le jeûne intermittent pour une famille, lorsque l’on pratique une activité sportive en début de soirée ou lorsqu’on travaille le soir jusque 19h ou 20h.</p>
<p>Une solution serait d’opter pour un petit-déjeuner copieux et un repas pas trop calorique le soir – de préférence sans féculents ni sucres, pour ne pas risquer de décaler son horloge biologique.</p>
<p>Autres points importants à surveiller, au-delà du bon moment pour manger :</p>
<ul>
<li><p>La qualité nutritionnelle des produits que l’on mange. Il faut privilégier la consommation de glucides complexes, comme les céréales complètes, des <a href="https://www.anses.fr/fr/content/les-lipides">bonnes graisses riches en acides gras essentiels</a>, et avoir un <a href="https://www.inrae.fr/alimentation-sante-globale/proteines-vegetales">apport suffisant en protéines</a>, qui peuvent provenir des œufs, de poissons, de produits animaux non transformés mais aussi de protéines végétales.</p></li>
<li><p>La mise en place de bonnes habitudes alimentaires,</p></li>
<li><p>Et un niveau d’activité physique adapté – par exemple <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/preserver-sa-sante/article/activite-physique-et-sante">au minimum 30 minutes de marche rapide par jour</a>.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/501947/original/file-20221219-12-c4uco5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Rappel des pratiques à privilégier et éviter" src="https://images.theconversation.com/files/501947/original/file-20221219-12-c4uco5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/501947/original/file-20221219-12-c4uco5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/501947/original/file-20221219-12-c4uco5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/501947/original/file-20221219-12-c4uco5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=305&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/501947/original/file-20221219-12-c4uco5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/501947/original/file-20221219-12-c4uco5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/501947/original/file-20221219-12-c4uco5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=384&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Journée type et aliments à privilégier pour pratiquer l’alimentation limitée dans le temps.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Anouk Charlot</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<h2>Qu’en conclure ?</h2>
<p>La « chrono-nutrition » a le vent en poupe et le jeûne intermittent semble être efficace pour améliorer sa santé métabolique… mais on l’a vu, ce n’est pas une panacée. Et il faut veiller à ce que les périodes de jeûne et de prise alimentaire soient en cohérence avec notre horloge biologique.</p>
<p>Face aux diverses méthodes existantes, et aux risques potentiels, les informations sont encore lacunaires. Il est essentiel de poursuivre les recherches pour mieux décrypter leurs effets. Actuellement, il n’y a <strong>pas encore de consensus général sur le moment idéal pour manger/jeûner, ou sur la durée optimale de chaque période</strong>. D’ailleurs ces paramètres sont peut-être différents d’une personne à l’autre, notamment en fonction de leur patrimoine génétique, histoire et mode de vie. Il est donc important d’envisager l’utilisation de cette stratégie alimentaire avec des professionnels de santé qualifiés, afin de mettre en place une alimentation saine et équilibrée qui limitera le risque de carences et de complications.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196846/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Anouk Charlot a reçu des financements de l'Université de Strasbourg (Bourse de thèse). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Joffrey Zoll ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Ils font régulièrement la une des magazines, mais que valent vraiment les jeûnes intermittents ? Quels sont les risques associés ? Voici ce que disent les (encore trop rares) études sur le sujet…Anouk Charlot, Doctorante, Université de StrasbourgJoffrey Zoll, MCU-PH en physiologie, faculté de médecine, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1962012022-12-14T14:41:41Z2022-12-14T14:41:41ZDiabète de type II chez les jeunes : gare aux yeux !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/500779/original/file-20221213-18128-7a7zlr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C0%2C986%2C666&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Au plan oculaire, une visite régulière chez l'optométriste ou l'ophtalmologiste permet de dépister les signes précoces des atteintes diabétiques.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span></figcaption></figure><p>Karl, 16 ans, est mon patient depuis peu. Quand nous nous sommes rencontrés, il m’était référé pour vision fluctuante. Après examen, j’ai identifié des signes qui évoquent la présence du diabète, ce qui pouvait expliquer son problème de vision variable. Ce soupçon s’est transformé en réalité lorsque son médecin de famille a confirmé le diagnostic de cette maladie. Le monde de Karl venait alors de changer.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/developpement-de-la-vision-pas-decran-avant-lage-de-deux-ans-191568">Développement de la vision : pas d'écran avant l'âge de deux ans</a>
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<p>Comme <a href="https://www.optometrie-aof.com/index.php/l-optometrie/qu-est-ce-qu-un-optometriste">optométriste</a>, je vous invite à plonger dans cette réalité qui doit tous nous préoccuper.</p>
<h2>Le diabète, c’est quoi ?</h2>
<p>Le diabète est une maladie insidieuse. Ses symptômes <a href="https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/type-2-diabetes-in-children/symptoms-causes/syc-20355318">(soif, besoin d’uriner souvent, fatigue, perte de poids, zones de peau plus foncées au cou et aisselles)</a> passent souvent inaperçus, du moins aux étapes précoces de la maladie.</p>
<p>Le diabète affecte la vie d’une <a href="https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SH.STA.DIAB.ZS?locations=XU">personne sur 14 au Canada (7 %) et une sur dix en Amérique du Nord (10 %)</a>.</p>
<p>Deux types de diabète peuvent être diagnostiqués :</p>
<ul>
<li><p>Le <a href="https://www.diabete.qc.ca/fr/comprendre-le-diabete/tout-sur-le-diabete/types-de-diabete/le-diabete-de-type-1/">type 1</a>, dit insulinodépendant, qui se développe lorsque le corps ne peut pas produire l’insuline nécessaire à métaboliser les sucres que l’on ingère et qui nourrissent nos tissus ;</p></li>
<li><p>Le <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/diabete-type-2.html">type 2</a>, qui apparaît lorsque l’insuline est bien produite, mais en quantité insuffisante. Il arrive également que l’insuline produite soit inefficace à remplir son rôle.</p></li>
</ul>
<p>Le diabète de type 1 est habituellement associé au développement de la maladie durant l’enfance et l’adolescence. Le type 2, soit le plus fréquent, se manifeste quant à lui généralement plus tard dans la vie, <a href="https://www.diabete.qc.ca/fr/comprendre-le-diabete/tout-sur-le-diabete/types-de-diabete/">souvent après 50 ans</a>.</p>
<h2>Un diagnostic contre-intuitif, mais pas si rare</h2>
<p>Suivant cette définition, il serait logique de penser que Karl présente un diabète de type 1, dont l’évolution et le traitement sont bien maîtrisés par les médecins. Or, dans son cas, et après les examens requis, le médecin a identifié un type 2. Ce diagnostic, contre-intuitif, pose des défis importants. La rapidité d’apparition, la sévérité initiale de l’atteinte et les mécanismes de résistance ou de sécrétion réduite de l’insuline pourraient être différents chez les patients qui développent la maladie à un âge plus jeunes <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15735201/">par rapport aux adultes</a>.</p>
<p>De plus, les traitements envisagés deviennent plus complexes, avec des essais et erreurs, en raison de la durée beaucoup plus longue de ce type de maladie lorsqu’elle débute en bas âge. Les changements mineurs et majeurs <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12090830/">qui affectent les vaisseaux sanguins chez le patient diabétique de type 2</a> peuvent générer des conséquences graves qui sont difficiles à prévoir, considérant une évolution se poursuivant durant 40 à 60 ans.</p>
<p>La situation de Karl n’est pourtant pas exceptionnelle. <a href="https://www.thelancet.com/pdfs/journals/landia/PIIS2213-8587(17)30186-9.pdf">De plus en plus de jeunes et d’adolescents</a>, notamment ceux qui présentent un <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12241736/">surpoids, une obésité, et un niveau de sédentarité élevés</a>, sont affectés par le type 2. Près de 75 % d’entre eux ont des <a href="https://www.cdc.gov/diabetes/basics/type2.html">parents, ou des frères et sœurs également diabétiques</a>.</p>
<p>Si, à première vue, cela confirme la génétique comme facteur de risque pour développer la maladie, il s’agit plutôt, dans ce cas précis, d’une conséquence de <a href="https://www.cdc.gov/diabetes/basics/type2.html">mauvaises habitudes de vie, notamment alimentaires, et d’une absence d’activités physiques</a> souvent communes à toute la famille.</p>
<h2>Des conséquences sur la vision</h2>
<p>Le fait que Karl développe son diabète de type 2, plus tôt que tard dans la vie, le place également à plus haut risque de développer des complications oculaires. A cet égard, un <a href="https://jamanetwork.com/journals/jamaophthalmology/fullarticle/2786928">article</a> m’a récemment interpellé. Cette étude a examiné les dossiers de 1 362 personnes diabétiques, vivant au Minnesota, donc en Amérique du Nord. Les données ont été compilées entre 1970 et 2019, ce qui permet également de mesurer l’évolution de la situation au cours des dernières décennies.</p>
<p>Les résultats étonnent : les jeunes diabétiques de type 2 (en comparaison à ceux type 1 du même âge) ont 88 fois plus de risque de développer une rétinopathie (vaisseaux sanguins anormaux et/ou hémorragies dans la rétine). Par ailleurs, le risque que cette dernière devienne « proliférative », et donc menaçante pour la vision, est augmenté de 230 fois. On observe également une augmentation de 49 fois le risque d’accumulation de liquide dans la rétine (oedème maculaire) et 243 fois le risque de développer une cataracte mature à un âge encore jeune. Cette dernière nécessite une chirurgie davantage risquée chez les jeunes que dans le cas de cataractes séniles liées à l’âge.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/500479/original/file-20221212-113662-60amw4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="photographie d’un fond d’œil" src="https://images.theconversation.com/files/500479/original/file-20221212-113662-60amw4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/500479/original/file-20221212-113662-60amw4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/500479/original/file-20221212-113662-60amw4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/500479/original/file-20221212-113662-60amw4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/500479/original/file-20221212-113662-60amw4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/500479/original/file-20221212-113662-60amw4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/500479/original/file-20221212-113662-60amw4.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Complications vasculaires et métaboliques du diabète visibles au fond d’œil (hémorragies, exsudats).</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Langis Michaud)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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</figure>
<p>Que faut-il retenir ? Que les problèmes majeurs, et qui nécessitent souvent des interventions chirurgicales pour sauver la vision, surviennent beaucoup plus rapidement chez les jeunes diabétiques de type 2 que ceux affectés du type 1. Il faut donc suivre ces patients de plus près. En effet, près d’un patient sur deux souffrant de type 2 présentera une forme ou l’autre de rétinopathie, de 1 à 8 ans suivant le diagnostic de sa condition. En comparaison, chez les diabétiques de type 1, c’est 1 patient sur 3 qui sera aux prises avec une rétinopathie, de 6 à 10 ans suivant le diagnostic.</p>
<h2>Des répercussions non négligeables</h2>
<p>Déjà en fulgurante progression durant les 10 dernières années, on prévoit que la prévalence (nombre de cas) de diabète de type 2 chez les jeunes <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23173134/">sera quadruplée d’ici 2050</a>. Cette prévision est des plus alarmantes pour les professionnels de la santé, mais aussi pour les décideurs et les gestionnaires des agences de santé publique. Le coût à vie des soins médicaux directs engendrés pour un seul patient diabétique âgé de 25 à 44 ans était de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23953350/">125 000 dollars américains en 2013</a>. Ces coûts ont depuis augmenté ; et il faut y ajouter de nombreux dollars pour couvrir la période entre 15 et 25 ans, qui n’est pas prise en compte. Si 20 % de la population juvénile développe le diabète en 2050, ce sont des millions (milliards ?) de dollars en soins de santé qui devront être consacrés à leurs soins par nos gouvernements.</p>
<p>La qualité de vie des personnes diabétiques, à long terme, est également réduite. Une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30345893/">autre étude</a>, menée auprès de jeunes diabétiques de type 1 cette fois, révèle qu’ils démontrent un grand mécontentement face à leur maladie. Ils doivent consacrer beaucoup de temps à leurs soins. Et le poids de leur maladie sur leur entourage pèse lourdement sur leurs épaules. La peur de tomber en hypoglycémie (manque de sucre pouvant entraîner un coma) ou de développer des complications graves de la maladie les affecte également. L’atteinte de l’autonomie est plus difficile pour ces adolescents, et leur qualité de vie est proportionnelle à cette liberté qu’ils peuvent ou non exercer.</p>
<h2>Bien manger, faire de l’exercice et visiter son optométriste !</h2>
<p>Le diabète de type 1 est difficilement évitable, principalement parce qu’on ne connaît pas toutes les raisons de son apparition. Or, il la situation est différence pour celui de type 2, qui, chez les jeunes, est fortement associé au mode de vie. Se nourrir sainement, faire de l’exercice physique régulièrement, combattre la sédentarité, notamment en limitant le temps d’écran (à moins de deux heures par jour), sont de bonnes manières d’éviter ou de retarder l’apparition du diabète chez les jeunes. Le temps d’écran est d’ailleurs associé à la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28288985/">résistance à l’insuline</a> et à <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31270831/">l’obésité</a> chez ces derniers. En d’autres termes, les saines habitudes de vie doivent être encouragées et surtout partagées au sein du noyau familial.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/500780/original/file-20221213-16037-bsk51g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="jeunes enfants font du vélo" src="https://images.theconversation.com/files/500780/original/file-20221213-16037-bsk51g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/500780/original/file-20221213-16037-bsk51g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/500780/original/file-20221213-16037-bsk51g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/500780/original/file-20221213-16037-bsk51g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/500780/original/file-20221213-16037-bsk51g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/500780/original/file-20221213-16037-bsk51g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/500780/original/file-20221213-16037-bsk51g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les saines habitudes sont de bonnes manières d’éviter ou de retarder l’apparition du diabète chez les jeunes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Au plan oculaire, une visite régulière chez l’optométriste ou l’ophtalmologiste permet de dépister les signes précoces des atteintes diabétiques <a href="https://guidelines.diabetes.ca/cpg/chapter30">(des signes sont visibles dans près de 30 % des patients, peu après le diagnostic)</a>. Ces professionnels de la santé peuvent également détecter d’autres problèmes découlant de la maladie, comme la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2518369/">perte de capacité à faire le focus au près (accommodation), la paralysie partielle de certains muscles de l’œil entraînant une vision double, le retard dans la guérison des altérations de surface de la cornée la sécheresse oculaire ou le glaucome</a>. Des tests doivent être effectués <a href="https://guidelines.diabetes.ca/cpg/chapter30">au moment du diagnostic médical du diabète</a>, ou chez toute personne qui présente un profil à risque (hérédité, obésité, sédentarité).</p>
<p>Les saines habitudes de vie faisant partie intégrante du traitement de la maladie, il n’est pas trop tard pour que l’avenir de Karl soit des plus heureux. Mais il ne faut surtout pas oublier un suivi régulier par son médecin et les visites fréquentes chez son optométriste de famille !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/196201/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Langis Michaud ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le risque de développer des complications oculaires est élevé chez les jeunes souffrant de diabète de type II, qui affecte de plus en plus d'enfants et d’adolescents, notamment les plus sédentaires.Langis Michaud, Professeur Titulaire. École d'optométrie. Expertise en santé oculaire et usage des lentilles cornéennes spécialisées, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1899992022-10-03T17:31:02Z2022-10-03T17:31:02ZLe sucre, un facteur de risque de cancer ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/578888/original/file-20240229-30-9930qe.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nombreux sont ceux qui adorent le sucre au point d’en manger trop. Cet excès peut-il accroître le risque de cancer ? Voici ce qu’en disent les scientifiques.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/beignets-a-saveur-assortie-6SMF42-JTAc">Rod Long/Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Consommer trop de sucre est mauvais pour la santé, c’est un fait désormais bien documenté. L’excès de sucre, et notamment de boissons sucrées, <a href="http://public.eblib.com/choice/publicfullrecord.aspx?p=2033879">augmente le risque de carie dentaire</a>, de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23321486/">surpoids</a> et <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2012SA0186Ra.pdf">d’obésité</a>. L’abus de sucre serait aussi associé à une augmentation du risque de <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2012SA0186Ra.pdf">diabète de type 2</a> et de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12135957/">maladies cardiovasculaires</a>.</p>
<p>Mais qu’en est-il des liens entre consommation de sucre et cancer ? Si cette relation est moins claire, de nombreux travaux de recherche <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6835610/">sont en cours pour l’explorer</a>, et leurs premiers résultats donnent à réfléchir. Que sait-on pour l’instant ? Que reste-t-il à découvrir ? Quels sucres sont concernés ? Les édulcorants artificiels pourraient-ils constituer une alternative ?</p>
<h2>Glucides complexes ou sucres simples ?</h2>
<p>Les protéines, les lipides (les « graisses ») et les glucides (« les sucres ») constituent la majeure partie de nos apports énergétiques. Avec l’eau, ces trois familles d’éléments nutritifs <a href="https://books.openedition.org/pum/5945?lang=fr">représentent 98 % du poids des aliments que nous consommons</a>, d’où leur appellation de « macronutriments ».</p>
<p>Le terme <em>glucides</em> recouvre non seulement les glucides complexes, apportés notamment sous forme d’amidon par les féculents tels que les pommes de terre, le riz ou les pâtes, mais aussi les sucres simples, plus couramment désignés sous le vocable de « sucres ». Ces sucres simples sont naturellement présents dans certains aliments, comme les fruits, principalement sous forme de fructose et les produits laitiers, sous forme de lactose et galactose. Ils peuvent aussi être ajoutés par le consommateur, le cuisinier ou l’industriel, sous forme de saccharose.</p>
<p>Pour déterminer l’impact d’un aliment sur le taux de sucre dans le sang, appelé glycémie, deux spécialistes en sciences nutritionnelles, David Jenkins et Tom Wolever, ont développé dans les années 1980 <a href="https://theconversation.com/sucre-et-alimentation-que-sait-on-vraiment-des-liens-entre-index-glycemique-et-sante-160411">l’index glycémique</a>. Il traduit la capacité d’un aliment à faire évoluer la glycémie dans les deux heures qui suivent son ingestion.</p>
<p>À partir de son index glycémique, on peut calculer la charge glycémique d’un aliment. Ce concept, élaboré à la fin des années 1990, correspond à l’impact qu’il aura sur le taux de sucre dans le sang, en fonction de la portion ingérée. Depuis, plusieurs études se sont intéressées <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29801420/">au lien entre l’apport en sucres</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31184513/">ou la charge glycémique</a> <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30837012/">et le risque de cancer</a>.</p>
<p>En 2024, une<a href="https://www.thelancet.com/journals/landia/article/PIIS2213-8587(23)00344-3/abstract"> méta-analyse des méga cohortes de plus de 100 000 participants</a> a montré que la consommation d'aliments à index glycémique élevé était associée à une incidence accrue de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires, de cancers liés au diabète et de mortalité toutes causes confondues.</p>
<h2>Sucre, prise de poids, insuline et cancer</h2>
<p>Certaines hypothèses soutiennent que le rôle des sucres simples dans l’apparition de certains cancers passerait par la prise de poids. En effet, des études ont permis d’établir des niveaux de preuve élevés entre la consommation de boissons sucrées, sources importantes de sucres simples et l’augmentation du risque de surpoids et d’obésité, le <a href="https://www.wcrf.org/wp-content/uploads/2021/01/Recommendations.pdf">surpoids et l’obésité étant eux-mêmes des facteurs de risque connus pour différents cancers</a> : cancers de l’œsophage, du pancréas, du foie, du sein après la ménopause, de l’endomètre, du rein et du cancer colorectal.</p>
<p>D’autres mécanismes pourraient toutefois également intervenir, même en l’absence de prise de poids. En effet, avoir une alimentation riche en sucres simples induit une production d’insuline importante, l’hormone régulatrice de la glycémie. Or l’insuline est un agent qui est dit « mitogène », c’est-à-dire qu’il peut favoriser la prolifération des cellules tumorales.</p>
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<p>En 2018, le dernier rapport conjoint du World Cancer Research Fund et de l’American Institute for Cancer Research indiquait qu’une charge glycémique élevée de l’alimentation serait un <a href="https://www.wcrf.org/wp-content/uploads/2021/01/Recommendations.pdf">facteur de risque probable pour le cancer de l’endomètre</a>, la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus à l’endroit où se déroule la grossesse.</p>
<p>Enfin, des études réalisées au sein de la cohorte <a href="https://etude-nutrinet-sante.fr/">NutriNet-Santé</a>, sur + de 100,000 personnes, ont suggéré des associations entre la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32936868/">consommation de sucre simple</a>, celle de <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31292122/">boissons sucrées</a> et produits sucrés ainsi que la <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34491326/">charge glycémique</a> et un risque accru de cancers, notamment de cancers du sein. Et ce, indépendamment de la prise de poids.</p>
<p>D’autres études sont néanmoins nécessaires pour approfondir ces résultats. Il est notamment nécessaire de déterminer les différences entre les types ou les sources de sucres et le risque de cancer. On peut en effet se demander si les sucres des fruits, des boissons sucrées, des produits laitiers ont tous le même effet sur la santé.</p>
<h2>Limiter les apports en sucres simples</h2>
<p>Étant donné ces potentiels effets délétères sur la santé, les organismes de santé publique recommandent de limiter ses apports en sucres simples. En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2012SA0186Ra.pdf">préconise d’en consommer moins de 100 grammes par jour</a> (hors lactose et galactose, qui sont présents dans le lait et les produits laitiers).</p>
<p>Il est également recommandé de limiter sa consommation de boissons sucrées, incluant les sodas et les jus de fruits, qui sont aussi riches en sucres que les sodas en moyenne, <a href="https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/pnns4_2019-2023.pdf">à une par jour au maximum</a>.</p>
<p>On pourrait penser qu’une alternative serait de remplacer le sucre par des édulcorants artificiels. Mais cela pourrait ne pas être une solution idéale, car plusieurs études expérimentales et épidémiologiques suggèrent en effet de <a href="https://www.who.int/publications/i/item/9789240046429">potentiels effets adverses de ces additifs alimentaires sur la santé</a>.</p>
<h2>Les édulcorants artificiels, une fausse bonne solution ?</h2>
<p>Les édulcorants artificiels sont des produits sucrants qui ne sont pas des glucides. Ils permettent de réduire la teneur en sucres ajoutés dans les aliments et boissons – ainsi que les calories qui y sont associées – tout en maintenant une saveur sucrée. L’aspartame (E951) ou l’acésulfame potassium (E950) comptent probablement parmi les plus connus de ces additifs alimentaires, qui sont aujourd’hui consommés chaque jour par des millions de consommateurs.</p>
<p>Présents dans des milliers de produits fabriqués par les industries agro-alimentaires, les édulcorants artificiels peuvent également être ajoutés ultérieurement dans les aliments, sous forme de « sucrettes » ou de poudres, par exemple.</p>
<p>Or, depuis quelques années, des données semblent indiquer que la consommation de ces produits pourrait ne pas être anodine. Ainsi, des études récentes menées dans le cadre de l’étude NutriNet-Santé (une étude de santé publique lancée en 2009 dans l’objectif de faire progresser les connaissances entre alimentation et santé) montrent une association entre la consommation d’édulcorants et un risque accru de cancers.</p>
<p>Il s’agit, au global, <a href="https://journals.plos.org/plosmedicine/article?id=10.1371/journal.pmed.1003950">du cancer du sein, et de cancers « liés à l’obésité »</a>, autrement dit pour lesquels l’obésité est un des facteurs de risque : cancer du pancréas, du foie, du côlon-rectum, du sein après la ménopause, de l’endomètre, du rein, de l’œsophage, de la bouche, du larynx, du pharynx, de l’estomac, de la vésicule biliaire, des ovaires et de la prostate. <a href="https://www.bmj.com/content/378/bmj-2022-071204">Un risque accru de maladies cardiovasculaires</a> a également été mis en évidence.</p>
<p>En 2023, le Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a conduit une vaste expertise et <a href="https://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(23)00341-8/abstract">classé l'aspartame comme « cancérigène possible pour l'homme »</a>.</p>
<p>Au-delà de ces liens, il faut souligner que les autorités de santé ne recommandent pas les édulcorants, qui maintiennent l’appétence pour le goût sucré, comme une alternative sûre au sucre… Elles préconisent plutôt l’inverse, à savoir de <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2011sa0161Ra.pdf">tendre globalement vers une diminution du goût sucré dans notre alimentation</a>. Du sucré, oui, mais avec modération, en somme…</p>
<hr>
<p><em>Pour en savoir plus :<br>
● Cet article est adapté de la collection <a href="https://www6.inrae.fr/nacre/Le-reseau-NACRe/Outils-tous-publics/Depliants-decrypter-comprendre-NACRe-2019">« Décrypter & Comprendre » du réseau NACRe</a>. Retrouvez sur le site dédié le dépliant <a href="https://bit.ly/3y26zcg">« Sucres et cancer »</a>, ainsi que la <a href="https://www6.inrae.fr/nacre/Zoom-sur/Decrypter-comprendre-Sucre-et-prevention-du-cancer">bibliographie en lien avec ces travaux</a>.<br>
● Coordonnée par l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren, Inserm/INRAE/CNAM/Université Sorbonne Paris Nord), l’étude NutriNet-Santé a déjà donné lieu à plus de 250 publications scientifiques internationales. Si vous voulez rejoindre les 170 000 Nutrinautes qui se sont engagés en consacrant quelques minutes par mois à répondre, via Internet, à des questionnaires relatifs à l’alimentation, à l’activité physique et à la santé, <a href="http://etude-nutrinet-sante.fr">rendez-vous sur la plate-forme sécurisée etude-nutrinet-sante.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/189999/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mathilde Touvier a reçu des financements (uniquement publics ou associatifs à but non lucratif) de l'INCa, l'ERC, l'ANR, la FRM... </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Charlotte Debras a reçu des financements de l'Institut National du Cancer (Allocation doctorale n°2019-158). </span></em></p>Si les gens qui détestent le sucre sont rares, nombreux sont ceux qui l’adorent au point d’en manger trop. Cet excès peut-il accroître le risque de cancer ? Voici ce qu’en savent les scientifiques.Mathilde Touvier, Directrice de l'Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle, U1153 Inserm,Inra,Cnam, Université Sorbonne Paris Nord, InsermCharlotte Debras, Doctorante au sein de l'Equipe de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (EREN), unité mixte de recherche (Inserm 1153/Inra 1125/Cnam/Université de Paris - Paris 13), InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1819062022-04-28T21:11:35Z2022-04-28T21:11:35ZLa mondialisation est-elle bonne pour la santé ?<p>Souvent décriée pour ses effets sur les inégalités, la mondialisation a également joué un rôle central dans la pandémie de Covid-19. En effet, cette dernière a fait émerger aux yeux de chacun comment la mondialisation pouvait également être un vecteur de diffusion des maladies.</p>
<p>Néanmoins, les conséquences de la mondialisation sur la santé des populations ne se résument pas à cet unique effet. Les économistes se sont penchés depuis plusieurs décennies sur la question du lien entre ouverture au commerce et aux capitaux étrangers et santé des populations, notamment des travailleurs. Dans une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277953622001848">étude</a> récemment publiée dans la revue <em>Social Science and Medicine</em>, nous montrons que cette relation est loin d’être linéaire et monotone.</p>
<p>Ainsi, il semble que l’ouverture internationale soit bénéfique pour les pays émergents et en développement. L’argument principal derrière cet effet positif réside dans le lien sous-jacent entre ouverture internationale et croissance des revenus. En effet, l’ouverture au commerce international et aux capitaux étrangers permet d’améliorer le niveau technologique et de capital humain des pays en raison des transferts de technologie ; deux moteurs de l’amélioration des services de santé.</p>
<h2>Pollution et obésité</h2>
<p>De plus, l’accès à de nouvelles technologies <em>via</em> le processus de mondialisation permet un accès plus facile aux services de santé, alors que l’ouverture au commerce international, elle, permet d’avoir un accès privilégié aux équipements médicaux et aux médicaments. Ainsi, les transferts de connaissances en matière de santé, de meilleures infrastructures, un accès aux soins facilité ou permis par l’augmentation des revenus plaident à première vue en faveur d’un lien positif entre mondialisation et santé.</p>
<p>En outre, au niveau politique, l’ouverture internationale permet d’améliorer la qualité des institutions et donc des mesures effectives de santé publique. Un pays comme la Corée du Sud illustre très bien ce processus. L’espérance de vie du pays qui était seulement de 55 ans en 1960 a connu une progression fulgurante et a atteint 83 ans en 2020. Dans le même temps, la Corée du Sud s’est progressivement ouverte au commerce et aux capitaux étrangers.</p>
<p>Néanmoins, sur ces différents points, les travaux de Samuel H. Preston datant de 1975 apportent une première nuance : le démographe américain montrait que l’augmentation du produit intérieur brut (PIB) par tête est, certes, associée à une meilleure espérance de vie, mais <a href="https://www.jstor.org/stable/2173509?origin=crossref">uniquement jusqu’à un certain niveau de développement</a> à partir duquel l’effet est neutre.</p>
<p>D’autres études plus récentes exposent, en outre, les externalités négatives du processus de mondialisation : outre la pandémie récente de Covid-19, la santé des populations se détériore du fait de la diffusion de maladies comme le VIH et l’obésité.</p>
<p>Les conséquences environnementales sont aussi à prendre en considération. L’intégration commerciale et financière a favorisé la pollution de l’eau dans les pays en voie de développement et plusieurs études montrent les effets désastreux de certaines formes de production sur la mortalité infantile. Par exemple, la délocalisation des productions de textile et de papier fut une source importante de pollution des écosystèmes. Malgré ces externalités négatives, la plupart des études concluent en faveur d’un effet net positif dans les pays à bas et moyens revenus.</p>
<h2>Hausse du stress</h2>
<p>Pour les pays à plus haut revenu, la mondialisation semble avoir des effets plus néfastes sur la santé des populations. Deux mécanismes sont intéressants à analyser concernant cette singularité. Le premier s’appuie sur le phénomène d’inégalités accrues, qui en plus d’entraîner un accès aux soins différencié, génère des difficultés d’ordre psychosocial qui affectent la santé. Le second est l’insécurité économique qui est associée à un plus grand risque de stress psychosocial dont les effets sur la santé physique et mentale ne sont plus à démontrer.</p>
<p>Les travailleurs du secteur manufacturier des pays développés sont en première ligne, car subissant les effets de la concurrence internationale à la fois <em>via</em> l’accroissement des inégalités salariales et de l’insécurité en matière d’emploi. Au Royaume-Uni par exemple, l’accroissement de la concurrence des importations a entraîné une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0022199619300418">hausse du stress des travailleurs</a>, notamment en raison d’un accroissement de la probabilité de délocalisation de leur emploi, d’une croissance plus faible des salaires, d’une réduction de leur satisfaction au travail et d’une vision du futur plus pessimiste en termes d’évolution de carrière ou de salaire.</p>
<p>Ces résultats ont également été <a href="https://academic.oup.com/ej/article/130/630/1501/5835713?login=true">démontrés sur les États-Unis</a>. En effet, la concurrence des importations a engendré une détérioration significative de la santé dans les zones géographiques où les emplois sont routiniers (facilement délocalisables). La concurrence des importations à engendré non seulement une hausse des suicides et de la toxicomanie dans ces zones, mais aussi une hausse des problèmes cardiovasculaires et des maladies endocriniennes qui peuvent être liés au stress et à de mauvaises habitudes de santé.</p>
<p>En clair, ces études mettent en évidence les conséquences de l’intégration commerciale accrue des économies sur la santé et le bien-être de la population par le biais des effets sur le marché du travail.</p>
<h2>L’arme de la protection de l’emploi</h2>
<p>Il semble donc que la mondialisation ait toujours un impact positif sur les pays à bas et moyens revenus, même si celui-ci est nuancé par les effets sur certaines populations, comme les enfants et par l’existence d’un seuil au-delà duquel le principal argument, le niveau de revenu permis par la croissance économique, n’est plus efficace. En conséquence, pour ces pays il convient de continuer à attirer les capitaux étrangers tout en mettant en place des mesures pour favoriser le transfert de technologie.</p>
<p>En revanche, dans les pays plus riches, les développements économiques passés ont permis d’atteindre des niveaux de santé publique relativement élevés, notamment en termes de mortalité infantile qui n’est plus un problème majeur de santé publique. Au contraire, la mondialisation semble être dorénavant néfaste pour les travailleurs de ces pays.</p>
<p>Cependant, certaines mesures de politique économique peuvent venir atténuer cet effet négatif. En effet, dans notre étude, nous montrons que la protection de l’emploi permet de réduire les effets négatifs de la mondialisation sur la santé des populations, en diminuant le stress lié à la perte d’emploi. D’autres mesures d’accompagnement doivent également être mises en place pour soutenir les travailleurs au niveau de leur santé mentale.</p>
<p>Si la mondialisation n’est plus une aubaine pour la santé des travailleurs dans les pays développés, un repli sur soi ne peut pas être une réponse adaptée. Les échanges internationaux de produits médicaux et les transferts de technologie sont nécessaires pour favoriser l’accès à la santé. En effet, la pandémie de Covid-19 a non seulement mis en avant les effets de contagion des maladies, mais aussi et surtout comment la coopération internationale permettait de lutter contre les effets de la propagation de la maladie.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181906/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Un travail de recherche confirme que l’ouverture internationale génère des effets positifs sur la santé des populations jusqu’à un certain degré à partir duquel la tendance s’inverse.Raphaël Chiappini, Maître de conférences en économie, Université de BordeauxFrançois Viaud, Professeur assistant d'économie, ESSCA School of ManagementMarine Coupaud, Professeure associée en économie, ESSCA School of ManagementLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1751982022-02-24T18:52:10Z2022-02-24T18:52:10ZLes six chantiers prioritaires pour l’avenir de l’agriculture française<p>Avec 77 milliards d’euros de production en valeur pour 2019, la France est la première puissance productrice agricole européenne. Sur 48,5 % du territoire métropolitain, les <a href="https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/download/publication/publie/Pri2105/Primeur%202021-5_Recensement-Agricole-2020.pdf">390 000 exploitations agricoles recensées en 2020</a> façonnent les paysages.</p>
<p>En 2022 et dans les années qui viennent, les défis à relever demeurent toutefois nombreux.</p>
<p>L’agriculture française a d’une part un impact négatif sur l’environnement et le climat, étant source d’émissions brutes de gaz à effet de serre non compensées par le carbone stocké dans les sols et les biomasses. Elle ne réussit pas d’autre part à générer un revenu décent à de nombreux agriculteurs, en dépit de soutiens publics importants. Le fossé se creuse également entre agriculteurs et consommateurs, exigeants, mais souvent peu enclins à dépenser davantage pour leur alimentation.</p>
<p>Dans un tel contexte, l’agriculture française doit résolument s’engager sur une autre voie en répondant à six grands défis.</p>
<h2>1. Réduire (enfin) l’usage des pesticides</h2>
<p>Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture « intensive » s’est construite sur la mécanisation et la chimie. Ses impacts négatifs sur la <a href="https://theconversation.com/pesticides-a-quoi-sexposent-ceux-qui-habitent-pres-des-champs-83994">santé des hommes</a> et des écosystèmes sont établis.</p>
<p>Depuis 2008, le gouvernement français porte un plan de réduction massive des produits phytosanitaires, traduction de la directive européenne 2009/128/CE, ambition reprise à l’échelle européenne dans le cadre du Pacte vert. Mais si elle a permis d’accélérer le retrait de certaines molécules parmi les plus préoccupantes et en particulier les CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques), <a href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2020-01/20200204-refere-S2019-2659-bilan-plans-ecophyto.pdf">cette initiative n’a pas produit la baisse escomptée</a>.</p>
<p>Les différents plans Ecophyto auront néanmoins permis d’identifier de nombreux axes de progrès :<br>
- les pratiques agroécologiques pour gérer la fertilité des sols et contenir les ravageurs ;<br>
- l’agriculture de précision portée par la géolocalisation et le numérique de façon à augmenter l’efficacité des usages de pesticides (<a href="https://www.inrae.fr/actualites/agriculture-optimiser-doses-dintrants-grace-aux-technologies-numeriques">avec un gain espéré d’environ 10 %</a>) ;<br>
- la sélection variétale orientée sur la résistance génétique des cultures aux maladies, avec de réels progrès déjà enregistrés sur le blé et la <a href="https://www.inrae.fr/actualites/cepages-innovants-ressourcer-vignobles">vigne</a> notamment ;</p>
<ul>
<li>le développement du biocontrôle.</li>
</ul>
<p>Le réseau des <a href="https://ecophytopic.fr/dephy/le-dispositif-dephy-ferme">fermes Dephy</a> mis en place dans le cadre d’Ecophyto montre que de telles évolutions sont possibles. D’autre part, le dispositif du conseil en agriculture, réellement séparé de la vente de produits phytosanitaires, doit être mis au service de la généralisation de ces expérimentations.</p>
<p>Les politiques publiques, notamment la politique agricole commune (PAC), doivent être mobilisées en renforçant la redevance pour pollutions diffuses appliquée aux achats de pesticides, en obligeant les vendeurs de ces produits à participer à l’effort de réduction (par l’offre d’alternatives dans le cadre du dispositif des certificats d’économie de produits phytosanitaires), en rémunérant les agriculteurs pour les efforts importants de réduction (y compris en couvrant la prise de risque) et en soutenant les investissements de matériels permettant de réduire les usages de pesticides.</p>
<h2>2. Diminuer les émissions de gaz à effet de serre agricoles</h2>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/448038/original/file-20220223-25-13f86rr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/448038/original/file-20220223-25-13f86rr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448038/original/file-20220223-25-13f86rr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1172&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448038/original/file-20220223-25-13f86rr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1172&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448038/original/file-20220223-25-13f86rr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1172&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448038/original/file-20220223-25-13f86rr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1473&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448038/original/file-20220223-25-13f86rr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1473&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448038/original/file-20220223-25-13f86rr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1473&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les émissions de gaz à effet de serre agricoles.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://agriculture.gouv.fr/infographie-le-secteur-agricole-et-forestier-la-fois-emetteur-et-capteur-de-gaz-effet-de-serre">Ministère de l’Agriculture (à partir des données CITEPA)</a></span>
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<p><a href="https://www.citepa.org/fr/secten/">D’après le CITEPA</a>, l’agriculture représentait, en 2020, 21 % des émissions françaises de gaz à effet de serre sous forme de méthane CH<sub>4</sub> (45 %), protoxyde d’azote N<sub>2</sub>0 (42 %) et dioxyde de carbone CO<sub>2</sub> (13 %). Ces émissions sont stables (-0,1 % entre 2015 et 2018).</p>
<p>Les émissions de méthane sont directement liées à la taille du cheptel, notamment de bovins chez qui elles sont essentiellement <a href="https://librairie.ademe.fr/produire-autrement/574-greencow-quantification-des-emissions-individuelles-de-methane-des-bovins.html">produites lors de la digestion de la cellulose des fourrages</a>.</p>
<p>Elles peuvent être légèrement diminuées en modifiant l’alimentation des animaux – grâce notamment à l’incorporation de tourteaux de lin et <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2405654521001694">d’additifs</a>, dont les effets sont prometteurs, mais restent à confirmer –, en augmentant la productivité des animaux, ce qui permet de réduire leur nombre à production constante, et en réduisant la taille du cheptel dans le cadre de régimes alimentaires des humains moins riches en viande rouge.</p>
<p>Les émissions de N<sub>2</sub>O et de CO<sub>2</sub> seront diminuées en jouant sur les formes et les modalités d’application des engrais, et surtout en utilisant moins d’engrais azotés minéraux et organiques grâce à un <a href="https://theconversation.com/les-legumineuses-une-source-dazote-plus-durable-pour-la-culture-du-ma-s-147096">recours accru aux légumineuses</a> et à une meilleure <a href="https://hal.inrae.fr/hal-03217087/document">articulation des productions végétales et animales</a> dans les territoires.</p>
<p>Le stockage de carbone dans les sols, promu avec l’<a href="https://www.4p1000.org/fr">initiative 4/1000</a>, a l’avantage additionnel d’améliorer leur fertilité et leur structure. L’agriculture peut aussi contribuer à la <a href="https://theconversation.com/agriculture-et-transition-energetique-les-atouts-du-biogaz-et-de-lagroforesterie-93842">production d’énergie renouvelable</a> sous diverses formes (méthanisation, photovoltaïque, etc.)… à condition qu’il n’y ait pas concurrence avec la production alimentaire et la restitution du carbone au sol.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/linitiative-4-pour-1-000-quest-ce-que-cest-54425">L’initiative « 4 pour 1 000 », qu’est-ce que c’est ?</a>
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<p>Ces voies de progrès sont au cœur de nombreuses démarches : agriculture de conservation des sols, agriculture du vivant ou régénératrice, permaculture, etc. Ces pratiques sont à encourager par les politiques publiques, selon la même logique que celle appliquée aux pesticides, soit en mobilisant plus strictement les principes émetteur-payeur et stockeur-bénéficiaire.</p>
<h2>3. Assurer le développement de l’agriculture biologique à grande échelle</h2>
<p>Le cahier des charges de l’agriculture biologique (AB) garantit une production sans intrants chimiques, avec des bénéfices sur la qualité des sols, de l’eau et de l’air, la préservation de la biodiversité, et la santé des agriculteurs, des habitants et des consommateurs du fait d’une moindre exposition aux contaminants.</p>
<p>Ses bénéfices nutritionnels comme son impact sur le climat <a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/12/17/7012">font toujours l’objet de débats</a>. Si les pratiques de l’AB permettent bien de réduire les émissions de gaz à effet de serre rapportées à l’hectare, ce n’est pas toujours le cas quand elles sont mesurées par unité de produit du fait d’une moindre productivité. Pour la même raison, l’agriculture bio nécessitera davantage de terres pour produire les mêmes quantités de biens.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/448040/original/file-20220223-23-h6z4rv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/448040/original/file-20220223-23-h6z4rv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/448040/original/file-20220223-23-h6z4rv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/448040/original/file-20220223-23-h6z4rv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/448040/original/file-20220223-23-h6z4rv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=434&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/448040/original/file-20220223-23-h6z4rv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/448040/original/file-20220223-23-h6z4rv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/448040/original/file-20220223-23-h6z4rv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=545&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Évolution des surfaces cultivées en bio en France.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.agencebio.org/vos-outils/les-chiffres-cles/">Agence Bio</a></span>
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<p>Ces rendements plus faibles requièrent des prix des produits finaux plus élevés. L’équilibre économique des exploitations en AB a été assuré jusqu’à aujourd’hui par un marché tendanciellement porteur et par des aides, notamment lors de la période de conversion vers l’AB pendant laquelle les produits ne sont pas labellisés.</p>
<p>La poursuite du développement de l’AB nécessite des innovations (sélection variétale, pratiques agronomiques, etc.) pour accroître et stabiliser les rendements. Elle exige aussi que le marché reste dynamique et soit accessible à tous.</p>
<p>Les politiques publiques doivent ainsi favoriser l’accès des plus précaires à l’alimentation biologique, par exemple par un système de chèques alimentaires. L’AB gagnera aussi à ce que les services négatifs de l’agriculture soient plus explicitement pénalisés, et les services positifs récompensés.</p>
<p>Enfin, des changements de régimes alimentaires et la réduction des pertes et gaspillages seront nécessaires, notamment pour limiter les besoins en terres du fait des moindres rendements de l’AB, comme le soulignait en 2018 le <a href="https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/etude/une-europe-agroecologique-en-2050-une-agriculture">scénario TYFA de l’IDDRI</a>.</p>
<h2>4. Adapter l’offre agricole aux nécessaires évolutions des régimes alimentaires</h2>
<p>Des régimes alimentaires trop caloriques et trop déséquilibrés (trop de sucres, de graisses, de sel, de charcuteries et de viandes rouges ; pas assez de protéines et de fibres végétales, de fruits et de légumes) ont des effets négatifs sur la santé, entraînant surpoids, obésité et maladies chroniques.</p>
<p>En France, en 2016, le coût social annuel du surpoids et de l’obésité s’élevait à <a href="https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/90846524-d27e-4d18-a4fe-e871c146beba/files/1f8ca101-0cdb-4ccb-95ec-0a01434e1f34">20,4 milliards d’euros</a>, comparable à celui du tabac et supérieur à celui de l’alcool. Pourtant, les politiques nutritionnelles, essentiellement basées sur la norme, les recommandations, l’information et l’étiquetage (Nutri-Score), et très peu sur des mesures fiscales incitatives (taxes ou subventions), restent très modestes.</p>
<iframe width="100%" height="100" src="https://embed.acast.com/anses-zootopique/episode2-toujourscarnivoresdemain-" scrolling="no" frameborder="0" style="border:none;overflow:hidden;"></iframe>
<p>Les changements de régimes alimentaires ne seront pas sans conséquence sur l’offre agricole (et agroalimentaire). Ils impacteront négativement les consommations de produits animaux, baisse à laquelle les producteurs doivent se préparer en compensant la réduction des volumes par une augmentation de la qualité.</p>
<p>Cette perspective est aussi l’occasion de revoir la spécialisation marquée des troupeaux de bovins lait et viande en favorisant des races mixtes, comme la Normande ou l’Aubrac qui valorisent à la fois la production de lait et de viande, et peuvent permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre des bovins.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comprendre-la-carte-de-la-france-agricole-168029">Comprendre la carte de la France agricole</a>
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<p>Il convient simultanément d’encourager le développement de filières structurées et compétitives de fruits, de légumes et de protéines végétales. Ces dernières requièrent de travailler la production, la collecte, la transformation (nouvelles recettes), et les habitudes de consommation grâce à l’éducation et à l’information. Plusieurs expérimentations, à l’image de celle du territoire d’innovation <a href="https://www.metropole-dijon.fr/Grands-projets/Un-systeme-alimentaire-durable-pour-2030">« Alimentation durable 2030 » à Dijon</a>, sont prometteuses.</p>
<h2>5. Concilier protection de l’environnement et revenus agricoles</h2>
<p>Les revenus des exploitations agricoles françaises sont très dépendants des soutiens budgétaires de la PAC qui, en 2019, représentaient en moyenne les trois quarts du revenu courant avant impôt.</p>
<p>Cette dépendance est encore plus grande, <a href="https://hal.inrae.fr/hal-03514845/document">supérieure à 100 %</a>, pour certaines catégories d’exploitations (250 % pour les bovins viande, 136 % pour les bovins viande et lait, 128 % pour les céréales et oléo-protéagineux). Elle rend très difficile toute modification des modalités d’octroi des aides, notamment pour satisfaire des objectifs écologiques, qui mettrait en péril la viabilité économique de nombre d’exploitations.</p>
<p>Le statu quo écologique n’est toutefois plus une option.</p>
<p>Sortir de ce dilemme requiert de renforcer le pouvoir de négociation des agriculteurs pour mieux répartir la valeur (regroupement de l’offre, biens adaptés aux attentes des consommateurs, développement de circuits courts).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"929359899515064320"}"></div></p>
<p>Il exige aussi de développer des sources complémentaires de revenu, en mobilisant ces différents axes : réduire les coûts de production en mobilisant toutes les sources de progrès (génétique, numérique, optimisation de l’usage de la biomasse, innovation ouverte…) ; exploiter le consentement à payer des consommateurs pour des produits issus de systèmes plus respectueux du climat et de l’environnement, et accorder parallèlement aux ménages les plus pauvres des aides leur permettant d’accéder à ces produits ; développer les paiements pour services environnementaux financés par le contribuable, mais aussi l’usager ; limiter les distorsions de concurrence entre agriculteurs de l’espace européen et ceux des pays tiers grâce à l’introduction de mécanismes d’ajustement aux frontières européennes au titre du climat, de l’environnement et de la santé.</p>
<p>Une réflexion plus globale devra d’autre part être engagée quant à l’utilisation des économies réalisées grâce aux dépenses de santé et de dépollution en baisse. Ce seraient plus de <a href="http://temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/docs/Temis/0070/Temis-0070550/19342.pdf">50 milliards d’euros</a> qui seraient dépensés chaque année en France pour la seule dépollution des eaux en pesticides et nitrates…</p>
<h2>6. Rendre le métier d’agriculteur plus attractif</h2>
<p>En 2019, <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4806717">55 % des agriculteurs français</a> avaient plus de 50 ans. Et quand 10 d’entre eux partent en retraite, <a href="https://agriculture.gouv.fr/actifagri-de-lemploi-lactivite-agricole-determinants-dynamiques-et-trajectoires">7 seulement s’installent</a>. Au vieillissement de cette population s’ajoute donc le non-renouvellement des générations.</p>
<p>Le paradoxe actuel étant qu’une agriculture plus agroécologique <a href="https://theconversation.com/pour-en-finir-avec-les-pesticides-il-faut-aussi-des-agriculteurs-dans-les-champs-106978?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Twitter#Echobox=1547514523">nécessite davantage de main-d’œuvre</a> (pour surveiller plantes et animaux, assurer le désherbage mécanique des cultures, développer des activités de transformation et de vente, etc.), avec des qualifications plus étendues et plus élevées. Ces difficultés ne sont pas propres à la France et se retrouvent, avec des spécificités nationales, dans les différents pays européens.</p>
<p>Selon le <a href="https://www.eesc.europa.eu/en/our-work/opinions-information-reports/information-reports/evaluation-impact-cap-generational-renewal">Comité économique et social européen</a>, plusieurs facteurs défavorables expliquent cette double spirale négative : les écarts de revenu entre l’agriculture et les autres secteurs d’activité ; la charge administrative d’accès aux aides de la PAC ; des normes européennes plus contraignantes que dans la plupart des autres pays ; des difficultés de trésorerie, de financement des investissements et d’accès au foncier ; la faiblesse des retraites agricoles ; et des contraintes liées à la vie en milieu rural (accès plus difficile aux services publics et privés).</p>
<p>Les leviers d’action devront combiner politiques sociale, foncière, agricole et territoriale. La revalorisation des retraites et leur conditionnement à la transmission du foncier à des entrants limitera la rétention des terres par les plus âgés.</p>
<p>Une politique foncière efficace ciblera deux objectifs : la protection vis-à-vis de l’artificialisation des terres et leur accès en priorité aux actifs agricoles.</p>
<p>Au-delà de sa mission productive, une refonte du métier pourrait être menée en inscrivant l’exploitation agricole dans une dynamique d’entreprise à mission qui redéfinirait le contrat social qui lie la société à ses agriculteurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175198/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hervé Guyomard a reçu des financements de la Caisse des Dépôts - Banque des Territoires, des Conseils régionaux de Bretagne, de Normandie et des Pays de la Loire, d'InVivo, du Parlement européen et de la Commission européenne. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Xavier Reboud a reçu des financements de l'OFB dans le cadre de travaux conduits sur Ecophyto</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Christian Huyghe et Cécile Détang-Dessendre ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Réduire les pesticides et les gaz à effet de serre, développer l’offre bio et une alimentation saine, soutenir les revenus et carrières des agriculteurs et agricultrices, les défis sont nombreux.Cécile Détang-Dessendre, Directrice de recherche en économie, InraeChristian Huyghe, Directeur scientifique pour l’agriculture, InraeHervé Guyomard, Chercheur, InraeXavier Reboud, Chercheur en agroécologie, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1773862022-02-23T18:37:12Z2022-02-23T18:37:12ZL’alimentation : un atout de taille négligé dans la guerre contre le Covid-19<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/447493/original/file-20220221-15803-1kg1jcg.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=81%2C29%2C4832%2C3223&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La pandémie aurait été une bonne occasion de rappeler les bienfaits d'une alimentation saine pour notre système immunitaire. </span> <span class="attribution"><span class="source">Pearl PhotoPix / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Y a-t-il un angle mort dans les politiques publiques de lutte contre le Covid-19 ? Depuis deux ans, des mesures pour freiner la circulation du virus et limiter son impact sanitaire (confinement, gestes barrières et vaccins) ont été mises en avant. Par contre, malgré une abondante littérature scientifique, le rôle de l’alimentation a été sous-médiatisé.</p>
<p>C’est sans doute une occasion manquée. Sensibiliser le grand public à cette problématique permettrait non seulement de réduire les risques de maladies chroniques à moyen terme, mais aussi les risques à plus long terme de formes graves de certaines maladies infectieuses associées à ces comorbidités.</p>
<p>Dès mai 2020, nous rappelions l’intérêt de <a href="https://theconversation.com/mieux-salimenter-pour-prevenir-les-maladies-chroniques-et-infectieuses-136811">mieux s’alimenter pour prévenir certains risques d’infection et de complications</a>. Nous indiquions que plusieurs facteurs de comorbidité du Covid (obésité, diabète, hypertension…) avaient souvent comme origine une dysbiose intestinale, un déséquilibre dans la biodiversité de notre flore, liée à la « malbouffe ».</p>
<p>Un problème ancien. Malgré des politiques sanitaires dédiées, le nombre de personnes atteintes de ces dérégulations métaboliques a presque doublé entre 1997 et 2015 pour atteindre respectivement 17, 7,1, et 30,9 % de la population adulte française.</p>
<h2>De l’infection à la maladie</h2>
<p>Lors de l’infection virale, le SARS-CoV-2 vient se fixer sur nos cellules (notamment pulmonaires et intestinales) via leur récepteur ACE-2. Cela a pour effet de suractiver le système hormonal dit « rénine-angiotensine » (SRA), qui contrôle d’une part l’immunité « innée » correspondant à la réponse immunitaire non spécifique « immédiate » aux agents pathogènes, et d’autre part le microbiote intestinal.</p>
<p>Une telle suractivation du SRA est délétère pour notre santé car elle induit un stress oxydatif, voire l’orage cytokinique observé lors des formes graves de Covid-19.</p>
<p>La vitamine D est, entre autres, connue pour renforcer la production de cytokines spécifiques, des protéines messagères en l’occurrence dédiées à l’inhibition de l’hyperinflammation systémique aiguë. Elle induit aussi la production de molécules antimicrobiennes actives sur les virus. Or il est estimé que 80 % des Français présentent des carences en hiver.</p>
<h2>Quel rôle du microbiote ?</h2>
<p>Notre microbiote est un facteur clé de notre santé. En effet, humains et microbes ont établi une association symbiotique au fil du temps, dont les perturbations sont à l’origine de maladies inflammatoires à médiation immunitaire (maladies cardiovasculaires, diabètes, certains cancers…).</p>
<p><a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1756284820974914">Le microbiote intestinal, en participant à la régulation des récepteurs ACE-2</a> peut jouer un rôle dans la gravité du SARS-CoV-2. Il peut influencer la progression des infections virales respiratoires <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1359610122000077?via%3Dihub">par le biais des métabolites et de la réponse immunitaire</a>.</p>
<p>Lorsque l’on développe un Covid, il s’avère que les bactéries à fonction pro-inflammatoire vont prendre le pas sur celles ayant une fonction anti-inflammatoire. Un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1471491421002574?via%3Dihub">microbiote intestinal sain et équilibré pourrait aider à prévenir les réactions immunitaires pro-inflammatoires</a> dans les poumons et autres organes vitaux infectés. Et ainsi permettre de lutter plus efficacement contre les attaques virales.</p>
<p>Dans le cadre de cette maladie, certains facteurs sont apparus comme majeurs pour le développement des complications : l’âge mais aussi, nous l’avons déjà indiqué, la présence de certaines maladies chroniques et, plus généralement, d’une <a href="https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2020.05.06.20092999v1">dysbiose intestinale quel que soit l’âge</a>.</p>
<p>Ainsi, l’obésité et ses comorbidités induisent une inflammation chronique de bas grade et une augmentation des récepteurs de l’enzyme ACE-2 présents dans les poumons, l’intestin et les reins. Ces altérations et inflammations qui se chevauchent, associées à la tempête de cytokines induite par le Covid, augmentent le risque de complications chez ces patients : <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/nutrition-research-reviews/article/obesity-and-the-increased-risk-for-covid19-mechanisms-and-nutritional-management/5E2F04556408D9F7CD4E9DF5D74E9958">insuffisance respiratoire, choc septique et finalement mortalité accrue</a>.</p>
<h2>Les effets anti-inflammatoires de l’alimentation</h2>
<p>L’alimentation de type occidental est pauvre en fibres, et riche en <a href="https://theconversation.com/aliments-ultratransformes-de-quoi-parle-t-on-117065">aliments ultra-transformés</a> et en produits animaux issus d’une alimentation à base de céréales et tourteaux de soja. Ces caractéristiques favorisent l’inflammation qui <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1074761319304169?via%3Dihub">augmente les risques de maladies chroniques et de sensibilité aux maladies infectieuses</a>. Un mauvais état nutritionnel est associé à une inflammation et à un stress oxydatif, qui à leur tour peuvent avoir un impact sur le système immunitaire.</p>
<p>Mais on connaît des constituants alimentaires à capacité anti-inflammatoire et antioxydante : la vitamine D précédemment citée, les vitamines C et E et des composés phytochimiques tels que les caroténoïdes et les polyphénols. Il en est de même d’une insuffisance en vitamines A, B6, B12, en oligo-éléments, dont le zinc, le fer, le sélénium, le magnésium et cuivre, et tout particulièrement en acides gras oméga-3 <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/12/4/1181">qui jouent un rôle important sur le système immunitaire</a>.</p>
<p>Il a également été démontré que les fibres alimentaires fermentées par le microbiote intestinal en acides gras à chaîne courte <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/12/4/1181">produisent des effets anti-inflammatoires</a>. Enfin une consommation trop importante de produits ultra-transformés (<a href="https://www.mdpi.com/2071-1050/13/13/7433">35 % des calories en France</a>) <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0899900721002811?via%3Dihub">accroît le stress oxydant</a>.</p>
<h2>L’impact sur l’infection</h2>
<p>Des études épidémiologiques ont mis en évidence les composantes de l’alimentation qui réduisent ou amplifient les risques d’infection et de formes graves du Covid.</p>
<p>Chez 2884 agents de santé de première ligne de six pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis), des personnes ayant des régimes à base de plantes (plus riches en légumes, légumineuses et noix), et plus faibles en viandes rouges et transformées, avaient <a href="https://nutrition.bmj.com/content/4/1/257">respectivement 73 % et 59 % de risques en moins de Covid-19 modérée à grave</a>.</p>
<p>De même, les personnes ayant une alimentation équilibrée et une consommation quotidienne moyenne de 500 g (et plus) de légumes et de fruits et 10 g de noix (et plus) avaient un risque de Covid-19 <a href="https://www.mdpi.com/2072-6643/14/2/350">inférieur de 86 % à celles qui en consommaient de plus faibles quantités</a>. Des apports alimentaires plus élevés en fruits et légumes et, systématiquement, en vitamine C, en folate, en vitamine K et en fibres <a href="https://bmcmedicine.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12916-021-02168-1">ont été associés à une sensibilité plus faible</a> à l’infection par le SARS-CoV-2. La sévérité de la maladie est aussi réduite avec la <a href="https://nutrition.bmj.com/content/4/2/469">consommation de légumineuses, de céréales complètes</a>.</p>
<p>Plus généralement, l’adhésion à un régime méditerranéen (<a href="https://www.cambridge.org/core/journals/public-health-nutrition/article/adherence-to-mediterranean-diet-is-inversely-associated-with-the-consumption-of-ultraprocessed-foods-among-spanish-children-the-sendo-project/87FE84C1C812BBA1180D615CF718E75C">dont une caractéristique est une faible consommation de calories provenant d’aliments ultra-transformés</a>) était négativement associée à la fois au pourcentage de personnes infectées et décédées de Covid-19. <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnut.2021.591964/full">Tel a été le cas dans 17 régions d’Espagne et dans 23 pays</a> après ajustement des facteurs de bien-être et d’inactivité physique.</p>
<p>Ainsi, au-delà de son rôle établi dans la prévention des maladies non transmissibles, l’alimentation pourrait donc aussi contribuer à prévenir certaines maladies infectieuses comme le Covid. Or, par rapport aux composantes les plus citées à cette fin, les Français ont un régime déficitaire en fruits et légumes, en fibres et oméga-3 (pour 95 % des Français), et comprenant une part trop importante d’aliments ultra-transformés.</p>
<h2>Un nécessaire changement de paradigme</h2>
<p>Un régime favorable à la santé du microbiote nécessite de consommer plus de légumineuses et de céréales complètes, ainsi qu’une grande variété de fruits et légumes. Réduire la consommation d’aliments ultra-transformés, tout en privilégiant des produits à teneur résiduelle réduite en pesticides, est complémentaire.</p>
<p>En résumé, il s’agit d’une <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/public-health-nutrition/article/how-to-protect-both-health-and-food-system-sustainability-a-holistic-global-healthbased-approach-via-the-3v-rule-proposal/EF3A140579D97540507085F82523DF5C">alimentation respectant la règle des « 3V »</a> : <a href="https://theconversation.com/alimentation-protegez-votre-sante-et-la-planete-grace-a-la-regle-des-3v-117033">plus Vrai (moins de produits ultra-transformés), plus Végétalisé et plus Varié</a>.</p>
<p>Il convient donc de sensibiliser tous les acteurs du système alimentaire au fait que la diète moyenne actuelle ne permet pas à notre microbiote de jouer un rôle optimal en santé. Les politiques publiques devraient ainsi davantage inciter les consommateurs à changer leurs préférences. Ce changement de paradigme <a href="https://www.em-consulte.com/article/1487034/figures/microbiote-intestinal-et-sante%C2%A0-une-necessaire-ref">implique également un changement dans l’agriculture et les procédés de transformation des aliments</a>.</p>
<h2>Les bénéfices d’une vision holistique de la santé</h2>
<p>Le régime alimentaire courant dans les pays occidentaux accroît le risque de développer des maladies chroniques (comorbidités) et nous rend plus vulnérables aux maladies infectieuses, on l’a dit. C’est pourquoi le traitement de la pandémie, tant dans les politiques publiques que dans l’espace médiatique, est tronqué, <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10408398.2020.1858751">se focalisant essentiellement sur les effets en aval avec une approche trop réductionniste plutôt que sur les causes multifactorielles en amont avec une approche plus holistique</a>.</p>
<p>D’une part, il empêche la responsabilisation des acteurs du système alimentaire et des consommateurs, qui pourraient participer à la mise en place d’une alimentation préventive plus durable. Ce qui permettrait pourtant de lutter contre l’échec des politiques visant à réduire les risques de maladies chroniques.</p>
<p>D’autre part, il nous prépare mal aux risques futurs. En effet, selon l’OMS, l’apparition de maladies infectieuses, qui était de l’ordre d’une tous les 15 ans dans les années 1970, est désormais d’une à cinq par an, en <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.abl4183">intégrant les maladies issues de la résistance aux antibiotiques</a>.</p>
<p>Ne sensibiliser le public ni aux principaux facteurs de ces zoonoses (l’effondrement de la biodiversité en lien avec la déforestation notamment) ni aux conséquences de nos modes de vie (via la « malbouffe » comme nous le développons) nous rend plus vulnérables. Cela génère en outre des coûts cachés payés par les finances publiques d’aujourd’hui – dont le <a href="https://www.research-collection.ethz.ch/handle/20.500.11850/473289">niveau peut atteindre 85 et 100 % du coût de l’alimentation en Europe</a> – mais aussi de demain.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/177386/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Michel Duru est membre de plusieurs comités scientifiques (Ecophyto, Pour une agriculture du vivant (PADV), Siga et Ecosert en cuisine) et de l'association française d'agronomie (AFA); il est aussi au conseil d'administration de Solagro et participe à l'Atelier dEcologie Politique de Toulouse (Atecopol). </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Anthony Fardet est membre des comités scientifiques de Siga, Wuji & co, MiamNutrition, Complexus Care, Regenerative Society Foundation, Centre européen d'excellence ERASME Jean Monnet pour la durabilité et du Projet Alimentaire Territorial Grand Clermont-PNR Livradois Forez. Il est aussi adhérent et membre des associations auvergnates GREFFE, AuSI et ANIS Etoilé. </span></em></p>Obésité ou hypertension sont des facteurs de risque en cas de Covid. Or on sait le rôle de l’alimentation dans leur développement. Bien se nourrir n’a pourtant pas été mis en avant lors de l’épidémie.Michel Duru, Directeur de recherche, UMR AGIR (Agroécologie, innovations et territoires), InraeAnthony Fardet, Chargé de recherche, UMR 1019 - Unité de Nutrition humaine, Université de Clermont-Auvergne, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1724682022-02-07T14:48:59Z2022-02-07T14:48:59ZMaladie du foie gras : décoder nos gènes pour mieux la prévenir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/444110/original/file-20220202-25-ha0z8m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C989%2C561&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Étudier les aspects génétiques de la maladie du foie gras aidera à en identifier les causes et conséquences ainsi qu'à trouver de nouveaux traitements .</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Depuis une quarantaine d’années, les changements associés à notre environnement urbain et alimentaire ont eu un impact majeur sur nos habitudes de vie.</p>
<p>Nous sommes davantage sédentaires, et la qualité de notre alimentation et celle de notre sommeil sont à leur plus bas depuis des décennies. Couplés à une augmentation de notre espérance de vie, ces changements sont inévitablement associés à une augmentation du nombre d’individus vivant avec des maladies « cardiométaboliques » telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, certains cancers et même certaines maladies neurodégénératives.</p>
<p>Une autre maladie cardiométabolique qui passe fréquemment sous le radar est la stéatose hépatique non alcoolique (SHNA) ou la « maladie du foie gras ». Le foie est un organe clé qui est impliqué dans la digestion des aliments, le métabolisme énergétique et la gestion des nutriments. Cet organe est en communication directe avec l’intestin et le tissu adipeux (la composante principale de notre graisse corporelle). La SHNA est une maladie plutôt silencieuse, car peu ou pas de symptômes sont associées à cette maladie.</p>
<p>Étudiante à la maîtrise à l’Université Laval, l’objectif de mon projet de recherche est d’identifier des cibles thérapeutiques pour prévenir la SHNA et ses complications en utilisant la génétique humaine.</p>
<h2>La maladie du foie gras et ses conséquences</h2>
<p>Dans la population générale, la SHNA est une maladie qui touche, en moyenne, un <a href="https://doi.org/10.1002/hep.29367">adulte sur quatre et près d’un enfant sur 10 à travers le monde</a>. Cette maladie progresse de stades réversibles vers des stades irréversibles. Le premier stade est défini par la présence de stéatose (<a href="https://doi.org/10.1001/jama.2015.5370">accumulation excessive de lipides dans le foie qui représente au moins 5 % de la masse totale du foie</a>). Le stade suivant, également réversible, est caractérisé par une inflammation des cellules du foie (appelées hépatocytes). À cette inflammation peut s’ajouter la présence de fibrose (tissu cicatriciel).</p>
<p>Le développement de la maladie vers des stades irréversibles, chez les cas plus sévères, peut mener à une cirrhose et/ou à un cancer du foie. On prévoit que d’ici 2025, la <a href="https://doi.org/10.1016/j.cgh.2020.05.064">SHNA sera la principale cause d’insuffisance et de transplantation hépatique</a>. Ses complications ne se limitent toutefois pas uniquement aux maladies du foie. Elle est fortement associée à plusieurs autres maladies cardiométaboliques « extrahépatiques » (à l’extérieur du foie) telles que le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires (la principale cause de décès des patients touchés par la SHNA).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/443900/original/file-20220201-17-ac5uvt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443900/original/file-20220201-17-ac5uvt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443900/original/file-20220201-17-ac5uvt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443900/original/file-20220201-17-ac5uvt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443900/original/file-20220201-17-ac5uvt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443900/original/file-20220201-17-ac5uvt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443900/original/file-20220201-17-ac5uvt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Évolution de la stéatose hépatique non alcoolique et caractéristiques histologiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Émilie Gobeil, adapté sur BioRender.com)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<h2>Quels sont les facteurs de risque de la SHNA ?</h2>
<p>La SHNA se développe progressivement et peut évoluer différemment d’un individu à l’autre en fonction de facteurs génétiques et de certains facteurs de risque.</p>
<p>Parmi les facteurs associés à l’alimentation, la consommation de sucre ajouté, par exemple le fructose présent dans les boissons sucrées, pourrait y contribuer, notamment en <a href="https://doi.org/10.3390/nu9090981">activant un processus métabolique appelé la lipogenèse de novo</a> (production d’acides gras à partir du sucre). Aussi, les produits ultra-transformés, très présents dans notre alimentation nord-américaine, <a href="https://doi.org/10.1007/s13679-021-00460-y">ont une haute densité énergétique et fournissent aussi un apport important en sucre, en gras et en sel</a>. Par ailleurs, la consommation d’alcool, même en l’absence d’alcoolisme, pourrait avoir un effet synergique sur le métabolisme hépatique et accélérer la progression de la SHNA.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/443901/original/file-20220201-19-jgvogr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/443901/original/file-20220201-19-jgvogr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/443901/original/file-20220201-19-jgvogr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/443901/original/file-20220201-19-jgvogr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=420&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/443901/original/file-20220201-19-jgvogr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/443901/original/file-20220201-19-jgvogr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/443901/original/file-20220201-19-jgvogr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=528&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Facteurs de risque contribuant à la stéatose hépatique non alcoolique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Émilie Gobeil, créé sur BioRender.com)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Il est aussi bien reconnu qu’un poids élevé est un facteur de risque de la SHNA : <a href="https://doi.org/10.1002/hep.29367">environ la moitié des individus atteints d’obésité (les individus avec un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 30 kg/m²) pourraient développer la maladie</a>. Mais la SHNA peut être fréquemment observée chez des gens qui ont un « poids santé ». Bien qu’un outil comme l’IMC puisse avoir une certaine utilité pour mesurer les conséquences d’un poids élevé, son utilité clinique est de plus en plus contestée. L’IMC ne donne en effet que peu ou pas d’information sur la localisation du tissu adipeux : il aurait des conséquences beaucoup plus néfastes lorsque localisés dans l’abdomen qu’au niveau des bras, des hanches ou des cuisses.</p>
<h2>Comment la génétique contribue-t-elle à la maladie du foie gras ?</h2>
<p>Dans notre équipe de recherche, nous sommes convaincus que l’identification des facteurs génétiques qui contribuent aux maladies chroniques telles que la SHNA <a href="https://theconversation.com/voici-comment-les-lois-de-la-genetique-nous-aident-a-prevenir-les-maladies-chroniques-144153">nous permettra de mieux comprendre, prévenir et traiter celles-ci</a>.</p>
<p>À cette fin, nous avons effectué la plus grande étude génétique sur cette maladie à ce jour. Nous avons comparé les <a href="https://doi.org/10.1016/j.xcrm.2021.100437">variations du génome de 8 434 personnes atteintes de la SHNA provenant de quatre pays (Estonie, États-Unis, Finlande et Royaume-Uni) à celles de 770 180 personnes sans SHNA</a>. Nous avons pu identifier une association entre un gène appelé LPL et la SHNA. Ce gène (qui code pour une enzyme appelée lipoprotéine lipase) joue un rôle important dans l’entreposage des lipides sanguins dans notre tissu adipeux. Ainsi, une perturbation de l’activité du gène LPL pourrait augmenter les chances que les lipides se déposent ailleurs dans l’organisme, par exemple dans le foie.</p>
<p>Cette étude génétique nous a également permis de clarifier le rôle de la distribution ou de la localisation du tissu adipeux et de l’obésité dans le développement de la SHNA. Dans une récente étude génétique, nous avons déterminé la <a href="https://doi.org/10.1101/2021.09.28.21264201">contribution de l’IMC et du tour de taille sur la présence de la SHNA</a>. Selon les résultats de cette étude, <a href="https://doi.org/10.1001/jamanetworkopen.2020.0129">indépendamment de l’IMC, le tour de taille avait un effet significatif sur le risque de SHNA</a>. À l’inverse, l’IMC seul n’avait pas d’effet sur le risque après avoir considéré le tour de taille.</p>
<p>Ainsi, faut-il absolument perdre du poids pour prévenir la maladie du foie gras ?</p>
<h2>Peut-on prévenir ou guérir la SHNA ?</h2>
<p>Bien que certains médicaments utilisés, par exemple pour le traitement du diabète de type 2, pourraient diminuer l’inflammation dans le foie des patients atteints de la SHNA, pour le moment, il n’existe ni traitement spécifique ni suppléments ciblant cette maladie.</p>
<p>Nous pensons que la découverte des gènes de la SHNA permettra d’accélérer le traitement de celle-ci. Pour l’instant, l’idée de cibler les facteurs de risque modifiables associés à la SHNA semble la plus prometteuse. Fait intéressant, plusieurs études ont démontré que l’amélioration de la qualité nutritionnelle et l’augmentation des niveaux d’activité physique pouvaient réduire l’accumulation de graisse hépatique, <a href="https://doi.org/10.1016/j.isci.2021.102995">même si ces interventions étaient associées à une perte de poids relativement modeste</a>.</p>
<p>Tout comme d’autres maladies chroniques sociétales telles que les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2, il est possible dans une certaine mesure de prévenir la maladie du foie gras, et ce, sans faire de « régime miracle ». En demeurant actif au quotidien, en cuisinant une bonne variété d’aliments, en améliorant notre sommeil et en limitant nos temps d’écran, notre consommation de produits ultra-transformés ainsi que notre exposition au stress, on peut assurément prévenir ou retarder le développement de telles maladies.</p>
<p>Nous sommes d’avis qu’en démocratisant l’accès à une alimentation santé et en transformant l’aménagement urbain pour favoriser les déplacements actifs, il deviendra possible de freiner la progression de telles maladies dans l’ensemble de la population.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/172468/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Benoit Arsenault a reçu des financements des Instituts de recherche en santé du Canada et de la Fondation de l'Institut Universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Émilie Gobeil a reçu des financements des Fonds de recherche du Québec - Santé. </span></em></p>La stéatose hépatique non alcoolique (SHNA ou maladie du foie gras) est une maladie très répandue qui toucherait environ un adulte sur quatre.Benoit Arsenault, Épidémiologiste moléculaire, chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec et Professeur agrégé au Département de médecine, Université LavalÉmilie Gobeil, Étudiante à la maîtrise en sciences cliniques et biomédicales, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.