tag:theconversation.com,2011:/us/topics/open-spaces-86767/articlesopen spaces – The Conversation2023-09-18T10:24:52Ztag:theconversation.com,2011:article/2136232023-09-18T10:24:52Z2023-09-18T10:24:52Z« C’est mon bureau ! » : comment le bruit au travail nous conduit à vouloir défendre notre territoire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/548500/original/file-20230915-23-gwy97g.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C19%2C1145%2C831&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les liens entre niveaux de bruit et stress ont été largement documentés.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.pexels.com/photo/businessman-man-person-people-7640829/">Pexels/Yan Krukau</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Qu’il s’agisse de collègues discutant de leur week-end ou de conversations téléphoniques intenses, d’alertes par courrier électronique ou de tapotements bruyants sur les claviers, les preuves que les bureaux en « <a href="https://theconversation.com/topics/open-spaces-86767"><em>open-space</em></a> » nuisent à notre bien-être ne cessent de s’accumuler. La relation entre les niveaux de <a href="https://theconversation.com/topics/bruit-29162">bruit</a> et les signes physiologiques de <a href="https://theconversation.com/topics/stress-20136">stress</a>, tels que le <a href="https://theconversation.com/open-plan-office-noise-increases-stress-and-worsens-mood-weve-measured-the-effects-162843">rythme cardiaque</a>, a été bien documentée.</p>
<p>Ce stress peut également se manifester par des actions inconscientes visant à reprendre le contrôle. Et si certains de ces comportements sont thérapeutiques et bénins, d’autres sont plus toxiques.</p>
<p>Nos <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0148296322009109">recherches</a> montrent notamment que le bruit dans les bureaux augmente la probabilité que les gens veuillent récupérer leur espace personnel par des comportements territoriaux. Il peut s’agir de créer une « frontière » psychologique et physique autour de leur espace de travail à l’aide de plantes en pot, ou de chercher à marquer l’espace comme étant le leur à l’aide de photos et d’autres objets personnels.</p>
<iframe width="100%" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/L_-9kqbijig?si=JLyOqOIvEohr5TE_&start=83" title="YouTube video player" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture; web-share" allowfullscreen=""></iframe>
<p>L’encombrement de votre table dans l’open-space peut ainsi être un signe de stress dû au bruit. Celui-ci est également associé à des sentiments négatifs tels que la frustration et la colère, ainsi qu’à des comportements antisociaux tels que le retrait social et (dans une moindre mesure) le désaccord avec les collègues.</p>
<h2>Une analyse de journaux personnels</h2>
<p>Notre étude a impliqué 71 participants, travaillant dans des bureaux avec différents niveaux d’intimité dans quatre zones différentes d’une université. Pendant dix jours ouvrables, chaque participant a tenu un journal dans lequel il a consigné sa perception des niveaux de bruit et son ressenti deux fois par jour (en milieu de matinée et en milieu d’après-midi). On parle de « méthodes du journal personnel » dans le monde de la recherche (« diary methods »). Elles sont utilisées par les chercheurs en psychologie, en comportement organisationnel et en marketing pour étudier et comprendre les changements d’attitude et de comportement à long terme.</p>
<p>Pour mesurer la perception du bruit au bureau, nous avons demandé aux participants de noter, sur une échelle de 1 à 7, leur adéquation à des affirmations telles que « Je suis dérangé par les bruits du téléphone » et « Je suis dérangé par les machines de bureau » (1 équivalant à « pas du tout d’accord » et 7 à « tout à fait d’accord »). Pour mesurer leur humeur et leur comportement, les participants ont ensuite évalué également sur une échelle de sept points des affirmations telles que :</p>
<ul>
<li><p>Ce qui se passe autour de moi en ce moment est une expérience frustrante ;</p></li>
<li><p>Je me sens en colère à cause de ce qui se passe autour de moi ;</p></li>
<li><p>J’ai envie de m’isoler de mes collègues de travail ;</p></li>
<li><p>Je veux être laissé seul sur mon lieu de travail ;</p></li>
<li><p>J’ai des désaccords d’idées avec un collègue ;</p></li>
<li><p>Je crée une frontière autour de mon espace de travail ;</p></li>
<li><p>Je décore mon espace comme je le souhaite.</p></li>
</ul>
<h2>Marquer son territoire</h2>
<p>Nous avons ensuite utilisé des techniques statistiques pour évaluer la force du lien entre le bruit, les sentiments négatifs et les comportements mentionnés ci-dessus. Un lien modérément significatif apparaît entre le bruit au bureau et les sentiments de frustration, de colère et d’anxiété. Nous avons également constaté que les personnes travaillant dans des bureaux bruyants sont plus susceptibles de se retirer psychologiquement de leur travail, par exemple en prenant des pauses plus longues que celles autorisées, en consacrant leur temps de travail à des questions personnelles ou en surfant sur Internet. Nous avons également constaté un lien, néanmoins plus faible, entre le bruit des bureaux et les conflits ou les désaccords entre collègues, qu’ils soient liés ou non au travail.</p>
<p>Le lien entre le bruit au bureau et les comportements territoriaux apparaît plus nuancé, car si les sentiments de colère ou d’agacement peuvent être fugaces, il faut du temps et de la planification pour ajouter une plante en pot ou une photo encadrée à son bureau afin de délimiter son territoire. En d’autres termes, le fait que votre collègue parle fort de football au téléphone peut vous agacer, mais cela ne vous incitera pas à décorer immédiatement votre bureau avec des photos de votre chat.</p>
<p>Cependant, nous avons constaté que pour chaque augmentation d’un point (sur une échelle de sept points) de la colère, de la frustration ou de l’anxiété subie par les participants à notre enquête, la probabilité qu’ils adoptent des comportements territoriaux sur leur lieu de travail était multipliée par plus de trois.</p>
<p>En résumé, nous avons constaté que les lieux de travail plus bruyants sont plus susceptibles de mettre les travailleurs de mauvaise humeur et qu’au fil du temps, ces émotions négatives sont associées à une plus grande territorialité. Il n’est sans doute pas surprenant de constater que ces effets sont plus marqués dans les espaces à faible confidentialité, tels que les bureaux en open-space, et moins perceptibles dans les environnements plus petits et plus privés, tels que les bureaux occupés par une seule personne.</p>
<h2>Pourquoi en priver les salariés ?</h2>
<p>Les travailleurs personnalisent leur espace de travail en y ajoutant des photos certes parce qu’elles sont agréables, mais aussi car elles sont reflet de leur identité. Ils apportent ainsi leur « moi complet » au travail, ce qui est censé accroître leur satisfaction et leur bien-être et, par-delà, <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0272494499901664">celui de l’organisation</a>.</p>
<p>La personnalisation semble revêtir un caractère <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0272494499901664">plus important pour les femmes</a> que pour les hommes, qui s’approprient leur espace avec des éléments différents. Celles-ci sont plus enclines à exposer des objets tels que des photos et des lettres d’amis et de membres de la famille, tandis que les hommes ont tendance à personnaliser leur espace avec des bibelots liés au sport et aux divertissements.</p>
<hr>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/521343/original/file-20230417-974-5x3idt.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<p>Nous sommes des créatures émotionnelles qui ont besoin de se distinguer, de s’identifier, de contrôler et d’appartenir à un groupe. Ce besoin ne disparaît pas lorsque nous allons au travail. Le sentiment d’appropriation psychologique de son lieu de travail et de son travail est associé à une <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/job.249">plus grande satisfaction au travail</a> et à un engagement organisationnel accru. Cela explique pourquoi, dans un bureau où les postes ne sont pas attribués ( <a href="https://www.wework.com/fr-FR/ideas/workspace-solutions/what-is-hot-desking">« hot-desk »</a>), la plupart des salariés ont tendance à revenir quotidiennement au même espace de travail.</p>
<p>Les entreprises qui imposent des règles strictes concernant les objets personnels dans les open-spaces, ou qui demandent aux travailleurs de laisser l’espace libre à la fin de la journée, risquent fort de les priver d’un moyen simple de se mettre à l’aise. Ce faisant, ils peuvent même nuire au bien-être et à la productivité de leur organisation. Les employeurs qui insistent pour que les travailleurs retournent au bureau semblent ainsi devoir mettre en balance les gains de productivité perçus et les preuves que des bureaux bruyants rendent les employés plus grincheux, plus frustrés et plus susceptibles d’ériger des murs – au sens propre comme au sens figuré.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/213623/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Oluremi (Remi) Ayoko a reçu des financements du Australian Research Council. </span></em></p>Marquer qu’un espace de travail est le sien avec une plante ou des photos est un moyen de composer avec le stress généré par le bruit d’un open-space. Pourquoi donc vouloir en priver ses salariés ?Oluremi (Remi) Ayoko, Associate Professor of Management, The University of QueenslandLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1638372021-07-05T18:11:32Z2021-07-05T18:11:32ZLes tiers-lieux, une solution au télétravail subi ?<p>Les périodes de déconfinement rappellent les salariés aux bureaux, parfois selon des formules hybrides, de façon un peu expérimentale. Un mélange entre télétravail et instauration du <em>flex office</em> a pour l’heure les faveurs des entreprises, qui optimisent par là même leur charge immobilière. Dans un <em>flex office</em>, personne n’a de bureau attitré : chacun s’installe, comme à la bibliothèque, là où il trouve de la place. Cette pratique déplaît à la majorité des salariés et se montre inadaptée au contexte sanitaire.</p>
<p>L’avenir du bureau peut alors se chercher du côté des tiers-lieux, qui se posent comme une alternative aux déçus du télétravail. Répondant à des enjeux territoriaux, environnementaux et sociaux, ils suscitent l’intérêt des promoteurs immobiliers et des décideurs politiques.</p>
<p>Les sénateurs de la majorité ont d’ailleurs proposé en février dernier <a href="https://www.usine-digitale.fr/article/le-senat-veut-creer-des-titres-bureau-sur-le-modele-du-titre-restaurant-pour-perenniser-le-recours-au-teletravail.N1060599">l’instauration d’un « ticket-bureau »</a> susceptible d’accompagner l’essor de la fréquentation des tiers-lieux sous le parrainage des employeurs. Il s’agirait de reprendre le modèle du ticket-restaurant déjà en place.</p>
<p>Dans le cadre de sa troisième enquête « Mon bureau post-confinement », la <a href="http://workplace-management.essec.edu/">Chaire Workplace Management de l’ESSEC Business School</a> a enquêté sur les rapports recomposés aux espaces de travail à l’aune de l’expérience désormais bien plus répandue du télétravail, parfois subi, parfois souhaité.</p>
<p>Cette enquête sur les représentations liées à l’immobilier de bureau fait le point sur l’appréhension des tiers-lieux par les salariés selon les facteurs sociologiques susceptibles d’influencer leur expérience.</p>
<p>Elle a été réalisée entre le 21 et le 30 avril 2021 en ligne, auprès d’un échantillon de 1868 employés et utilisateurs de bureaux. Parmi eux, 58 % de femmes et 42 % d’hommes, âgés en moyenne de 39 ans. 75 % appartiennent à la génération Y (<a href="https://hbr.org/2017/08/a-survey-of-19-countries-shows-how-generations-x-y-and-z-are-and-arent-different">nés entre 1984 et 1996</a>). </p>
<h2>Quel bureau idéal ?</h2>
<p>Interrogée sur sa vision d’un bureau idéal et adapté à ses besoins post-confinement, une très nette majorité (près de 80 %) de l’échantillon s’accorde sur une préférence pour le bureau attitré, qu’il soit fermé (63 %) ou en open space (16 %). Les espaces de travail non attribués ne reçoivent, eux, que 9 % des suffrages, autant que le télétravail exclusif à domicile.</p>
<p>Comme pour ce qui est du <a href="https://theconversation.com/le-teletravail-moins-bien-vecu-par-les-jeunes-les-femmes-et-les-employes-163190">vécu du télétravail</a>, des distinctions apparaissent cependant entre individus selon leur âge ou leur position hiérarchique. Alors que le bureau fermé séduit plus de la moitié de l’échantillon et accorde toutes catégories sociales, les avis divergent sur les autres espaces de travail.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/409499/original/file-20210702-19-12xcnvv.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Les <em>flex office</em> ne sont pas forcément populaires auprès des salariés qui apprécient d’avoir un poste attitré.</span>
<span class="attribution"><a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Les plus jeunes se montrent plus attirés que leurs aînés par le coworking (6,4 % contre 3 % environ parmi le reste de la population). En revanche, ils se montrent moins enclins au télétravail exclusif à domicile (4 % chez les Z, environ 10 % pour les X et les Y, et 7 % pour les baby-boomers).</p>
<p>Leur appétence relative pour le coworking souligne que ce n’est pas tant la fréquentation du bureau en tant que telle, que l’émulation et la concentration qu’on y trouve auprès d’éventuels collègues ou partenaires de travail qui les motive à retrouver des conditions matérielles plus encadrées.</p>
<p>Cela est confirmé d’ailleurs par leur réponse à la question suivante : « selon vous, quel sera l’intérêt principal de retourner au bureau dans le monde post-Covid-19 ? ». À cette question, les plus jeunes choisissent davantage que la moyenne les arguments de la concentration (15 %) et de la créativité (12 %), arguments qu’il attribuent également aux tiers-lieux.</p>
<p>La grande majorité de l’échantillon, toutes tranches d’âge confondues, sélectionne en premier lieu l’argument de la sociabilité : « c’est un lieu de rencontre, d’échange, de convivialité avec les collègues », ce qui marque, loin d’un engouement supposément massif pour le télétravail, l’expression d’un manque de tissu social associé à l’espace de travail.</p>
<h2>Le télétravail, de moins en moins populaire</h2>
<p>En 2020, les premières semaines de confinement ont donné lieu à des spéculations sur l’avenir radieux du télétravail, sur la solution miracle que représenterait le flex office, ou encore sur la mort prédite du bureau traditionnel.</p>
<p>Aujourd’hui, la tendance que l’on mesure s’avère défavorable aux alternatives les plus impersonnelles et favorable au bureau fermé et attribué. La popularité du télétravail chute fortement et passe en dessous des 10 %, alors qu’elle avoisinait les 25 % lors du premier confinement.</p>
<iframe title="L’engouement pour le télétravail du printemps 2020 s’essouffle." aria-label="Graphique à barres groupées" id="datawrapper-chart-JD1us" src="https://datawrapper.dwcdn.net/JD1us/1/" scrolling="no" frameborder="0" style="width : 0 ; min-width : 100 % !important ; border : none ;" height="400" width="100%"></iframe>
<p>L’alternative du coworking reste de son côté très peu envisagée par les répondants de cette enquête et ne dépasse jamais 5 %. Très peu d’entre eux déclarent toutefois avoir expérimenté cette solution auparavant (1,4 % de l’échantillon). 30 % de ceux qui l’ont testée la désignent comme idéale, ce qui en fait, à leurs yeux, le meilleur type d’espace de travail, devant tous les autres. Cette portion de l’échantillon reste principalement composée d’indépendants et de prestataires ou de cadres.</p>
<p>Pourtant, entre le domicile et le lieu de travail, le tiers-lieu se place en contrepoids de la relocalisation domestique du travail qu’ont occasionnée les épisodes de confinements. Les réticences et les motivations exprimées à l’égard de ce type de lieux trouvent un écho dans les expériences positives et négatives que cette année de confinements a permis d’acquérir.</p>
<p>Entre la créativité qu’y trouveraient les plus jeunes, l’espace qu’y trouveraient les moins bien logés, les ressources matérielles et numériques qu’y trouveraient les plus âgés, et la proximité qu’il permettrait, le tiers-lieu est en mesure de s’intégrer pleinement aux habitudes des travailleurs, quelle que soit leur profession. Encore faut-il qu’il prenne la forme adaptée aux publics qu’il vise.</p>
<h2>Nécessaire démocratisation</h2>
<p>À l’heure actuelle, si les tiers-lieux restent méconnus et si peu investis par les employés, c’est probablement en raison de l’homogénéité sociologique qui y est associée et qui s’avère même performative, comme le montre l’enquête. Les tiers-lieux ont pris principalement la forme d’espaces de coworking concernant dans un premier temps les indépendants, les autoentrepreneurs ou les start-up, et dans un second temps les salariés des entreprises du numérique.</p>
<p>La méconnaissance de ce paysage ralentit son expansion. L’appellation recoupe en effet <a href="https://francetierslieux.fr/">plusieurs réalités</a> et ne se résume <a href="https://hyperliens.societenumerique.gouv.fr/">plus</a> à l’espace de coworking, s’adressant à une cible jeune, créative, free-lance et urbaine. Aujourd’hui, la constellation des formes que prennent les tiers-lieux répond à des besoins identifiés et distincts, tant en termes de métiers que de réalités sociales.</p>
<p>Pour se déployer dans les meilleurs termes, la solution du tiers-lieu doit être plébiscitée notamment par les salariés et donc se démocratiser. Il faudra pour cela qu’elle dépasse l’image dominante du coworking et révèle ses autres facettes. À cette fin, elle devra d’une part faire l’objet d’une campagne de familiarisation auprès des publics visés, et d’autre part s’adapter à la diversité de ce public et à la diversité de ses attentes.</p>
<h2>Une journée en tiers-lieu</h2>
<p>Puisque les modes d’organisation du travail deviennent mixtes, nous proposions par ailleurs aux enquêtés d’établir la répartition d’une semaine idéale selon eux, en choisissant la distribution de leurs jours de travail sur un éventail de trois lieux (domicile, bureau, tiers-lieu). Les résultats obtenus confirment un besoin d’équilibre entre les formes de bureaux et les vertus professionnelles qui leur sont prêtées.</p>
<iframe title="Les plus jeunes souhaiteraient, dans l’idéal, passer une journée hebdomadaire dans un tiers lieu." aria-label="Barres empilées" id="datawrapper-chart-nI81R" src="https://datawrapper.dwcdn.net/nI81R/1/" scrolling="no" frameborder="0" style="width : 0 ; min-width : 100 % !important ; border : none ;" height="256" width="100%"></iframe>
<p>Toutes catégories confondues, les répondants à l’enquête optent majoritairement pour une partition relativement équilibrée entre travail au bureau (plus de 2 jours et demi) et travail à domicile (2 jours), additionnée d’environ une demi-journée en tiers-lieu.</p>
<p>Quelques variations apparaissent néanmoins selon les catégories d’âge. Les plus jeunes, par exemple, accorderaient dans l’idéal une place bien plus importante à la fréquentation d’un tiers-lieu, presque une journée complète hebdomadaire en moyenne. Si la fréquentation des tiers-lieux aurait tendance à décroître avec l’âge, celle des bureaux suit une direction inverse.</p>
<h2>Tiers-lieux et inégalités</h2>
<p>Le prisme générationnel ne doit cependant pas faire oublier l’influence du facteur hiérarchique sur la perception de l’espace de travail. La position hiérarchique que l’on occupe dans une entreprise conditionne de façon inégale la propension de chacun à fréquenter de tels espaces de travail et à organiser sa semaine à sa convenance.</p>
<p>Il reste ainsi à l’entreprise d’assurer à ses salariés les meilleures conditions matérielles relatives à leurs espaces de travail et d’assumer sa responsabilité à les leur fournir quel que soit leur statut et leurs préférences. En effet, le déferrement aux salariés du choix de leur espace de travail – comme pourrait le proposer l’instauration d’un « ticket-bureau » – est susceptible d’occasionner un dégagement de l’entreprise de ses responsabilités matérielles, immobilières et sociales envers eux.</p>
<p>Aujourd’hui, ce sont les employés, les salariés les plus isolés et les moins autonomes qui manifestent le plus le souhait de retrouver un espace de travail délimité et attitré. Ils souhaitent y retrouver un lien social mis à mal par la crise sanitaire. C’est de leurs attentes qu’il faudra tenir compte dans la détermination des futures politiques d’organisation du travail.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/163837/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Entre le télétravail de moins en moins populaire et les inconvénients du bureau révélés par les confinements, les tiers-lieux pourraient s’avérer un bon compromis. Ils restent néanmoins méconnus.Ingrid Nappi, Professeur, titulaire de la Chaire « Immobilier & Développement Durable » et de la Chaire « Workplace Management », ESSEC Diane Le Luyer, Ingénieur de Recherche, Chaire Workplace Management, ESSEC Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1396762020-06-02T17:36:52Z2020-06-02T17:36:52ZLe bureau a encore de beaux jours devant lui…<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/338513/original/file-20200529-96736-qs8qaj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C4839%2C3219&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">74 % des répondants souhaitent retourner sur le lieu de travail pour des raisons telles que la socialisation avec les collègues ou la nécessité de séparer vie privée et vie professionnelle.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/manager-discussion-coworker-open-plan-office-314862320">Monkey Business Images / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Si les lieux de travail sont désormais pensés afin de s’adapter aux besoins des occupants, avec une <a href="https://www.lalibrairie.com/livres/revolutions-de-bureaux_0-5848386_9782378190088.html">notion de bien-être</a> essentielle, les nouveaux besoins post-confinement vont incontestablement modifier la valeur d’usage du bureau des années 2020.</p>
<p>Au-delà de la nécessité de retrouver en partie certains usages, une nouvelle révolution de bureau est sans doute en train de se préparer. C’est bien ce que nous révèle la nouvelle <a href="https://sites.google.com/a/essec.edu/chaire-workplace-management/nos-enquetes/espaces-de-travail-et-post-confinement">enquête</a> de la <a href="http://workplace-management.essec.edu/">Chaire Workplace Management</a> de ESSEC Business School, réalisée en ligne auprès de plus de 800 employés de bureau.</p>
<p>Elle permet d’appréhender les besoins post-confinement des employés de bureau, et en particulier leur perception de leur espace de travail et leur nouvelle façon d’occuper l’espace tertiaire de bureau. Sans surprise, la crise sanitaire et le confinement ont fait évoluer les besoins des employés de bureau.</p>
<p>Ainsi, 53 % d’entre eux affirment que leurs besoins professionnels post-confinement ont changé, avec notamment la nécessité de prendre en compte plus d’hygiène et de sécurité dans l’espace de travail (32 %), le besoin de revoir le temps consacré au télétravail par l’entreprise (27 %) et le besoin de plus d’autonomie (18 %).</p>
<h2>Télétravailler, oui, mais à temps partiel</h2>
<p>En France, lors de la période de confinement un actif sur cinq était en télétravail à temps plein. Cette expérience semble être bien appréciée par l’ensemble des répondants de notre enquête, car ils sont 69 % à affirmer qu’ils aimeraient continuer à faire du télétravail post-confinement.</p>
<p>Certaines entreprises, motivées par la maîtrise des coûts immobiliers mais également dans le but de respecter des normes gouvernementales établies dans le <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/protocole-national-de-deconfinement.pdf">protocole national de déconfinement</a> pour les entreprises – notamment la règle de 4 mètres carrés par employé afin de garantir une distance minimale d’un mètre autour d’une personne dans toutes les directions – pourraient être tentées par la pérennisation du télétravail à temps plein.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1260374132358815744"}"></div></p>
<p>Cependant, ce souhait de télétravail à plein temps n’est pas partagé par les employés de bureau qui ont répondu à notre enquête. En effet, post-confinement, ils sont seulement 12 % à vouloir faire du télétravail à temps plein, et cela varie selon la catégorie professionnelle. Ainsi, les cadres sont 86 % à vouloir continuer à faire du télétravail, cependant seulement 5 % d’entre eux aimeraient le faire tous les jours ouvrables. Les employés sont, quant à eux, 57 % à vouloir continuer à faire du télétravail, et 21 % d’entre eux aimeraient le faire à plein temps.</p>
<p>Cependant, les entreprises attirées par l’idée de généraliser le télétravail à plein temps doivent aussi prendre en compte l’impact positif de l’espace de travail sur la créativité et la productivité des employés.</p>
<p>Plusieurs <a href="https://www-emerald-com.ezp.essec.fr/insight/content/doi/10.1108/JCRE-06-2019-0028/full/html">études</a> ont montré que le nombre de personnes qu’un employé croise pendant sa journée de travail au bureau (ou ses interactions face à face) est positivement corrélé à des mesures de productivité et de satisfaction au travail.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-bureau-un-espace-pas-comme-les-autres-83059">Le bureau, un espace pas comme les autres</a>
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<p>Aussi, les répondants ont exprimé un certain nombre d’attentes en ce qui concerne la poursuite du télétravail dans la période de post-confinement. Ils ont exprimé le besoin de bien délimiter leur vie personnelle et leur vie professionnelle, ils veulent pouvoir disposer d’outils informatiques plus performants pour le travail à distance. Enfin, ils souhaitent avoir plus d’autonomie dans l’exécution de leurs activités.</p>
<h2>Un espace de travail à soi</h2>
<p>Si les trois quarts (74 %) des répondants de notre enquête confirment souhaiter retourner au bureau pour des raisons diverses liées à la socialisation avec les collègues, au besoin de sortir de chez eux, à la nécessité de séparer vie privée et vie professionnelle, ils sont néanmoins près de la moitié (47 %) à penser que l’espace de travail qu’ils avaient avant la crise sanitaire du Covid-19 n’est plus du tout adapté à leurs nouveaux besoins post-confinement.</p>
<p>En ce qui concerne l’espace physique, les principales raisons alléguées par les répondants sont notamment la forte densité des personnes et la difficulté d’adapter leurs espaces de travail aux règles d’hygiène et aux distances de sécurité.</p>
<p>Le type d’espace de bureau influence considérablement cette perception. En effet, les employés occupant avant le confinement des espaces ouverts de bureaux (en flex office, voire également en coworking) sont à plus de 58 % convaincus que ces espaces de travail ne correspondent plus à leurs nouveaux besoins post-confinement.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/338786/original/file-20200601-95018-fgfh4u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338786/original/file-20200601-95018-fgfh4u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338786/original/file-20200601-95018-fgfh4u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=150&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338786/original/file-20200601-95018-fgfh4u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=150&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338786/original/file-20200601-95018-fgfh4u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=150&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338786/original/file-20200601-95018-fgfh4u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=189&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338786/original/file-20200601-95018-fgfh4u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=189&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338786/original/file-20200601-95018-fgfh4u.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=189&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://sites.google.com/a/essec.edu/chaire-workplace-management/nos-enquetes/espaces-de-travail-et-post-confinement">Extrait de l’étude « Mon bureau post-confinement » de la Chaire « Workplace management » de l’ESSEC Busines School (mai 2020)</a></span>
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<p>Aujourd’hui, la plupart d’entre eux manifeste une préférence pour des espaces de travail avec des postes de travail attribués tels que l’open space, le bureau partagé et le bureau individuel.</p>
<p>C’est en particulier le cas des utilisateurs du flex office qui, post-confinement, sont 61 % à préférer des espaces de travail avec postes de travail attribués, ou des occupants des espaces de coworking, qui choisiraient de préférence à 43 % des espaces partagés ou individuels.</p>
<p>Ainsi, pour un tiers des répondants, le bureau post-confinement idéal est incontestablement le bureau individuel. Le télétravail vient en seconde position avec 25 % de préférences. L’open space avec poste de travail attribué reste une option retenue et arrive en troisième position avec 17 % des préférences.</p>
<p>Autre élément à noter dans notre enquête, les répondants ne sont qu’une minorité à considérer le flex office (6 %) et le coworking (3 %) comme l’espace de travail idéal post-confinement.</p>
<h2>Quelques disparités</h2>
<p>Ainsi avec la crise sanitaire, la notion même de partage d’un poste de travail par plusieurs salariés est remise en question. En effet, 71 % des répondants n’y sont pas favorables. C’est en particulier le cas pour ceux qui n’y sont pas habitués et disposent d’un poste de travail attribué (tels que les usagers d’open space avec 78 %). Ils seraient toutefois prêts à l’accepter pour un horaire de travail plus flexible (46 %) ou un bureau plus proche du domicile (33 %).</p>
<p>Au contraire, ceux qui sont habitués au partage d’un même poste de travail dans des espaces de flex office ou de coworking, sont moins réticents : ceux qui avant le confinement travaillaient en flex office sont favorables au bureau partagé à 51 % et ceux qui travaillaient dans des espaces de coworking le sont à 33 %.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/338787/original/file-20200601-95049-6nzk8c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338787/original/file-20200601-95049-6nzk8c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338787/original/file-20200601-95049-6nzk8c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338787/original/file-20200601-95049-6nzk8c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338787/original/file-20200601-95049-6nzk8c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=236&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338787/original/file-20200601-95049-6nzk8c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338787/original/file-20200601-95049-6nzk8c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338787/original/file-20200601-95049-6nzk8c.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="attribution"><a class="source" href="https://sites.google.com/a/essec.edu/chaire-workplace-management/nos-enquetes/espaces-de-travail-et-post-confinement">Extrait de l’étude « Mon bureau post-confinement » de la Chaire « Workplace management » de l’ESSEC Business School (mai 2020)</a></span>
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<p>Contrairement aux idées reçues et largement véhiculées, il n’y a aucun effet générationnel sur le choix du bureau idéal. Nos résultats montrent qu’il n’y a pas d’association significative entre la génération à laquelle appartient le répondant et le type d’espace de travail idéal post-confinement.</p>
<p>En revanche, il existe une association statistique significative entre le genre du répondant et son choix de l’espace de travail idéal post-confinement. Les femmes ont une préférence plus marquée que les hommes pour le télétravail et les hommes une préférence supérieure pour les espaces en flex office et le bureau partagé.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/338517/original/file-20200529-96705-a0onzy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/338517/original/file-20200529-96705-a0onzy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/338517/original/file-20200529-96705-a0onzy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/338517/original/file-20200529-96705-a0onzy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/338517/original/file-20200529-96705-a0onzy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/338517/original/file-20200529-96705-a0onzy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/338517/original/file-20200529-96705-a0onzy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Espace de coworking géré par l’entreprise WeWork présente dans le monde entier (ici, à New York).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/new-york-city-usa-august-2017-714802558">NYCStock/Shutterstock</a></span>
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<p>Incontestablement, l’immeuble de bureaux des années 2020 sera autre, privilégiant certainement des postes de travail peu ou moins partagés, répondant aux nouveaux besoins des collaborateurs, plus souvent en télétravail quand ils le pourront. Dire que le flex office et le coworking seront dépassés est pour le moment encore trop hâtif. Dire qu’ils seront repensés semble dès aujourd’hui une évidence.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139676/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>D’après les résultats d’une enquête menée par l’ESSEC, les Français se déclarent en grande majorité opposés au télétravail à temps plein et souhaiteraient retrouver un espace de travail attitré.Ingrid Nappi, Professeur, titulaire de la Chaire « Immobilier & Développement Durable » et de la Chaire « Workplace Management », ESSEC Gisele de Campos Ribeiro, Ingénieure de recherche, la Chaire « Workplace Management », ESSEC Hajar Eddial, Chercheuse postdoctorale à la Chaire « Workplace Management », ESSEC Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1393352020-05-27T18:16:18Z2020-05-27T18:16:18ZCovid-19 : après l’open space, l’ère du « clean desk » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/337335/original/file-20200525-106832-9d2z8.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=491%2C202%2C4001%2C2492&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour assurer la propreté des locaux et la rotation des équipes, le recours aux « bureaux propres » apparaît comme la solution idéale.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/lady-formal-clothes-looking-out-window-328569950">ImageFlow / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>De grandes entreprises ont déjà déclaré faire le choix du télétravail à long terme (<a href="https://blog.twitter.com/en_us/topics/company/2020/keeping-our-employees-and-partners-safe-during-coronavirus.html">Twitter</a>, <a href="https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/teletravail-jusqu-en-2021-pour-les-salaries-de-google-et-facebook-6829374">Google</a>, <a href="https://www.lefigaro.fr/societes/coronavirus-psa-compte-adopter-le-teletravail-comme-regle-generale-20200506">PSA</a>), y compris lorsque la crise que nous connaissons actuellement sera passée.</p>
<p>Quelles incidences ces choix peuvent-ils avoir sur la spatialité des organisations ? Quelles dispositions les employeurs vont-ils mettre en place pour s’assurer que leurs locaux ne présentent aucun danger pour leurs employés ? Même si, pour beaucoup, ce contexte était particulièrement favorable à la fin de l’open space, plusieurs arguments pointent au contraire vers la solution du « clean desk ».</p>
<h2>La flexibilité à tout prix</h2>
<p>L’expression « clean desk » – littéralement « bureau propre » – date de bien avant la crise sanitaire, et vise une pratique qui consiste à ne pas attribuer de bureau personnel à ses collaborateurs. De fait, ces derniers disposent de casiers individuels dans lequel ils entreposent leur ordinateur et dossiers personnels lorsqu’ils ne sont pas présents dans l’organisation.</p>
<p>Ainsi, à la fin de leur journée, ils laissent derrière eux des surfaces de travail vides de tout objet, « propres » donc. C’est le même phénomène que nous retrouvons derrière d’autres expressions telles que le <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/09/12/les-sans-bureau-fixe-se-rebiffent_5353726_3234.html">« flex office »</a> ou encore le « nomadisme ».</p>
<p>Cette solution d’organisation spatiale du travail est <a href="https://www.cairn.info/revue-rimhe-2017-2-page-73.htm?contenu=resume">rarement plébiscitée</a> par ses utilisateurs. Brouillage de la localisation des collègues, impossibilité de s’approprier un espace à soi, sentiment de mise à distance vis-à-vis de son entreprise sont autant de raisons mises en avant contre cet usage.</p>
<p>Il est d’autant moins populaire que du côté des organisations, la raison qui les conduit à opérer ce choix est avant tout économique, car elle permet de réduire le nombre de postes de travail à gérer. Toutefois, dans le contexte actuel, le clean desk permet aussi de garantir un meilleur nettoyage des bureaux.</p>
<h2>Plus de propreté, moins de convivialité ?</h2>
<p>Aujourd’hui, la plupart des entreprises externalisent les activités estimées non essentielles, c’est notamment le cas de la propreté qui est généralement déléguée à une entreprise qui en a fait son cœur de métier.</p>
<p>De fait, le nettoyage des bureaux est effectué par des prestataires de service aux gestes strictement encadrés et réglementés, or ces derniers n’ont pas le droit de toucher aux effets personnels des occupants des locaux.</p>
<p>Ainsi, un bureau où demeuraient constamment documents, photos de famille ou pot à crayons poserait un vrai problème de sécurité sanitaire, ce qui ne saurait être le cas du bureau dépersonnalisé puisqu’il doit être vidé systématiquement.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/337336/original/file-20200525-106828-hkcxt2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/337336/original/file-20200525-106828-hkcxt2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/337336/original/file-20200525-106828-hkcxt2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/337336/original/file-20200525-106828-hkcxt2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/337336/original/file-20200525-106828-hkcxt2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/337336/original/file-20200525-106828-hkcxt2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/337336/original/file-20200525-106828-hkcxt2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Avec la politique de clean desk, les salariés deviennent nomades et s’installent sur un bureau vide pour la journée.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/streaming-media-concept-on-example-mature-492205105">GaudiLab/Shutterstock</a></span>
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<p>Par ailleurs, comme il est impératif de conserver des distances de sécurité entre les postes de travail, il va de soi que le télétravail sera amené à se développer pour organiser une plus grande rotation du personnel présent sur site.</p>
<p>Ce dernier point va également dans le sens du développement de la politique du clean desk, car il met à mal la logique qui veut qu’un employé dispose d’un bureau dédié du fait de sa présence cinq jours sur sept.</p>
<p>Du reste, les prévisions économiques étant particulièrement négatives, toute réduction des coûts de fonctionnement sera nécessairement la bienvenue pour les entreprises.</p>
<p>Si le clean desk paraît offrir un cadre capable de répondre aux préoccupations actuelles, il peut aussi faire naître quelques inquiétudes quant à la cohésion des équipes, ou vis-à-vis de la vie sociale au travail que nous souhaitons tous retrouver. Sur ce point, la littérature académique offre des éclairages intéressants.</p>
<p>En premier lieu, il faut admettre l’idée que <a href="https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1974_num_31_1_1855">l’espace ne peut pas tout</a> : ce n’est pas parce qu’un <a href="http://cafe-geo.net/wp-content/uploads/l-homme-spatial.pdf">lieu aura été conçu</a> pour des moments conviviaux (ou créatifs) que pour autant il le sera.</p>
<p>En revanche, la <a href="https://www.researchgate.net/publication/269729829_Affordances_for_practice">culture de l’organisation</a> – et entendons par là ce qu’elle admet ou non comme comportements – doit être davantage interrogée pour répondre à ces préoccupations.</p>
<p>Si, comme cela paraît être le cas, nous allons vers du télétravail accru, une grande rotation du personnel et des postes de travail dépersonnalisés, l’entreprise cesse alors d’être un lieu de production pour devenir un lieu de rencontres et de partage pour les individus d’une même organisation.</p>
<p>Dans cette perspective, il est nécessaire que la spatialité organisationnelle s’adapte à ce changement de paradigme majeur et offre d’autres cadres qui se prêtent davantage à ces moments fondamentaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/139335/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Delphine Minchella ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Ces dernières années, la recherche d’économies a conduit à une plus grande flexibilité des postes de travail. La crise sanitaire pourrait bien installer cette politique dans la durée.Delphine Minchella, Enseignant-chercheur en Management stratégique - Laboratoire Métis EM Normandie, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1383202020-05-11T19:29:59Z2020-05-11T19:29:59ZLe Covid-19 sonnera-t-il le glas du travail tel que nous le connaissons ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/334007/original/file-20200511-49584-io9gxz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C62%2C919%2C603&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La présence physique au travail restera-t-elle autant assimilée à de la fiabilité qu'avant la crise sanitaire ?</span> <span class="attribution"><span class="source">Fizkes / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Pas une semaine ne se passe sans que les médias ne prédisent la disparition des open spaces : <a href="https://usbeketrica.com/article/covid-19-open-space-va-t-il-enfin-disparaitre">« Covid-19 : l’open space va-t-il (enfin) disparaître ? »</a> (Usbek et Rica, le 7 mai) ; <a href="https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2020/05/01/materiaux-teletravail-espaces-modulables-le-bureau-a-l-heure-du-covid-19_6038358_4497916.html">« Haro sur les open spaces, ruée sur le plexiglas… le bureau à l’heure du Covid-19 »</a> (<em>Le Monde</em>, le 1<sup>er</sup> mai) ; <a href="https://www.lejdd.fr/Economie/voici-pourquoi-le-covid-19-va-tuer-les-open-spaces-3964531">« Voici pourquoi le Covid-10 va tuer les open spaces »</a> (le <em>JDD</em>, le 27 avril). Faut-il en conclure que la crise sanitaire sera l’occasion d’éliminer définitivement ces espaces de travail décriés <a href="https://www.alternatives-economiques.fr/lopen-space-tuer/00037515">depuis fort longtemps</a> ?</p>
<p>Or, la véritable interrogation semble être d’un autre ordre. La question n’est pas de savoir si l’open space va survivre ou disparaître : la question est de savoir si cette crise va nous donner – ou pas – une occasion unique de réinterroger notre <a href="https://www.pearson.fr/fr/book/?GCOI=27440100127590">rapport à l’espace et au temps de travail</a>, de repenser nos organisations et nos manières de travailler.</p>
<p>Nous pouvons identifier cinq transformations essentielles dans notre rapport à l’espace, au travail et au management.</p>
<h2>La présence remise en question</h2>
<p>D’une certaine manière, la crise du Covid-19 aura fait évoluer les référentiels dans nombre d’entreprises. Le monde industriel, dont l’entité emblématique est l’usine, s’est construit sur le respect du temps passé dans un lieu. Unité de temps, unité de lieu et unité d’action (la chaîne de montage) sont restées pour beaucoup les référentiels du « travail ». Ceci explique en partie les réticences à adopter le télétravail car, si un salarié échappe au temps et au lieu, il échappe, peu ou prou, à la discipline salariale.</p>
<p>Les chercheurs Kimberly Elsbach et Daniel Cable démontrent que la présence physique au travail est encore <a href="https://sloanreview.mit.edu/article/why-showing-your-face-at-work-matters/">assimilée à de la fiabilité</a>, et que la présence au-delà des heures de travail est perçue comme un signe d’engagement. Il est grand temps de distinguer présence et travail ! Le fait d’être à distance n’aura pas empêché nombre de salariés d’être productifs. Et tout un chacun sait que le fait d’être physiquement au bureau n’est pas toujours synonyme de travail et d’efficacité…</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/334009/original/file-20200511-49584-baajlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/334009/original/file-20200511-49584-baajlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/334009/original/file-20200511-49584-baajlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/334009/original/file-20200511-49584-baajlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=402&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/334009/original/file-20200511-49584-baajlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/334009/original/file-20200511-49584-baajlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/334009/original/file-20200511-49584-baajlv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=505&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Unité de temps, unité de lieu et unité d’action sont restées pour beaucoup les référentiels du « travail ».</span>
<span class="attribution"><span class="source">Mike Dotta/Shutterstock</span></span>
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<p>La crise aura été, de ce point de vue là, un formidable accélérateur de la transformation vers le monde post-industriel, où les référentiels de temps et d’espace de travail sont <a href="https://books.google.fr/books/about/R%C3%A9inventer_le_management_des_ressources.html?id=CVbWoAEACAAJ&redir_esc=y">à réinventer</a>.</p>
<h2>Un télétravail décomplexé</h2>
<p>Nous venons de vivre une période étrange, où nous sommes tous devenus, en l’espace de 24h, des télétravailleurs à temps complet. Peut-on vraiment parler de télétravail d’ailleurs ? Il me semble qu’il s’agit davantage de la poursuite de l’activité à distance, car on est bien loin de projets de télétravail prévus, organisés et pilotés !</p>
<p>Pour autant, au fil des semaines, chacun a trouvé des ressources pour travailler à distance. Bien évidemment, être éloigné à temps complet de son lieu de travail, de sa hiérarchie et de ses collègues n’est pas bénéfique à long terme et les recherches sur le télétravail prônent de limiter ce dernier à <a href="https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1529100615593273">deux ou trois jours semaine</a>, pour éviter les risques d’isolement et maintenir la cohésion au sein des équipes.</p>
<p>Il n’empêche que c’est sous la contrainte que s’opèrent le plus rapidement des changements aussi fondamentaux. Réaliser un véritable retour d’expérience sur ce travail à distance imposé, subi, à temps complet, est une belle opportunité pour construire les fondations d’un télétravail efficace à l’avenir.</p>
<h2>Une mise à distance du management</h2>
<p>Le travail à distance a eu pour corollaire le développement du management à distance. Longtemps réservé à certains niveaux hiérarchiques ou à certaines fonctions, ce dernier a été expérimenté par tous ceux qui avaient des équipes à gérer. Cependant, le management à distance exige des compétences spécifiques.</p>
<p>La distance ne tolère pas l’improvisation, la distance ne laisse que peu de place au charisme, la distance exige des <a href="https://www.agrh.fr/assets/actes/2008leon.pdf">postures adaptées</a> de la part des managers pour éviter que le management à distance ne se transforme en mise à distance du management. Imaginer que l’on peut faire à distance la même chose qu’à proximité, essayer coûte que coûte de reproduire la même organisation, le même nombre de réunions, le même type de reporting que dans un contexte de proximité sont autant de pièges à éviter.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1130235461774057473"}"></div></p>
<p>Aujourd’hui, la question qui va se poser aux managers est d’utiliser cette expérience pour embrasser et améliorer le télétravail au sein de leurs équipes. Il faut se saisir de cette expérience pour définir les normes de comportements (en présentiel et à distance), les modes de communication, le reporting, etc.</p>
<p>Cette crise aura permis à tous d’expérimenter le management à distance : espérons qu’elle aura aussi facilité l’identification des facteurs clés de succès, notamment en ce qui concerne les notions de confiance et de contrôle.</p>
<h2>Une segmentation différente des espaces</h2>
<p>Alors que l’open space visait à lisser les différences puisque tout le monde était logé à la même enseigne quelle que soit son statut, la nature de son activité, ou la taille de son équipe la crise a mis en exergue la nécessité de segmenter davantage les populations et leurs besoins en matière d’espaces de travail. Cette tendance, qui émergeait déjà dans certains projets immobiliers, va être accentuée par l’impossibilité de ramener tout le monde au bureau en même temps.</p>
<p>Il va falloir faire des choix, il va falloir évaluer les risques, et identifier quels sont les points de rassemblement critiques, pour quelles équipes, de quelle manière. En cela, la crise va nous conduire à repenser les espaces non pas uniquement en fonction des situations de travail (trop individuelles, trop fluctuantes) mais probablement en fonction des activités qui s’y opèrent, et ce au niveau des collectifs de travails.</p>
<p>Réflexion d’autant plus cruciale que nombre de salariés comprendraient mal, dans un tel contexte, qu’on leur impose de venir au bureau, pour y réaliser un travail qu’ils auraient pu faire en toute sécurité depuis leur domicile. Le télétravail deviendra-t-il de ce point de vue là la norme et le bureau l’exception ? C’est l’hypothèse posée par le <a href="https://www.lesechos.fr/industrie-services/automobile/psa-fait-du-teletravail-la-regle-pas-lexception-1201054">constructeur automobile PSA</a>, qui en a décidé ainsi début mai.</p>
<h2>Réinventer la notion d’intimité</h2>
<p>La crise que nous venons de vivre a mis à mal la segmentation entre vie privée et vie professionnelle. Volontairement ou pas, nos collègues, nos managers ont eu accès à nos domiciles, même virtuellement. Nos logements se sont parfois retrouvés transformés en open spaces, pour peu que conjoints et enfants aient dû y travailler également. Or l’être humain a <a href="https://www.let.archi.fr/ressources/spip.php?article281">besoin d’intimité acoustique, verbale et visuelle</a>, comme le soulignent les psychologues de l’environnement.</p>
<p>Par intimité acoustique, il faut entendre le fait de pouvoir travailler dans un niveau de bruit acceptable (ni trop faible, ni trop élevé). L’open space était souvent jugé soit trop bruyant, empêchant toute concentration, soit trop silencieux, et générateur d’angoisse… L’intimité verbale consiste à pouvoir s’exprimer sur des sujets confidentiels sans être entendu par les autres. Et l’intimité visuelle consiste à pouvoir réaliser des tâches sans être vu.</p>
<p>L’open space avait mis à mal ces besoins d’intimité mais ces derniers sont également présents dans le cadre du travail à domicile. Et ce besoin d’intimité ne se limite pas à l’environnement physique : il est également présent dans le monde digital où nous évoluons.</p>
<p>Réfléchir à ces différentes questions et identifier des solutions acceptables par le corps social feront partie des défis à relever. Alors, et seulement alors, sera-t-il possible de statuer sur l’avenir des open spaces…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138320/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emmanuelle Léon ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les débats liés à la disparition potentielle de l’open space dissimulent les véritables mutations en cours dans le monde du travail.Emmanuelle Léon, Professeur asssocié, Directrice scientifique de la Chaire Reinventing Work, ESCP Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.