tag:theconversation.com,2011:/us/topics/ouragan-75854/articlesouragan – The Conversation2022-10-26T13:50:39Ztag:theconversation.com,2011:article/1923812022-10-26T13:50:39Z2022-10-26T13:50:39ZLa tempête Fiona a dévasté les communautés côtières, mais aussi perturbé le fleuve en profondeur<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/490456/original/file-20221018-8262-xkol0u.JPG?ixlib=rb-1.1.0&rect=21%2C0%2C3549%2C2396&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Des vagues déferlant sur le rivage de l'Étang-du-Nord, aux Îles-de-la-Madeleine, lors de la tempête post-tropicale Fiona, le samedi 24 septembre 2022.</span> <span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Nigel Quinn</span></span></figcaption></figure><p>La <a href="https://ici.radio-canada.ca/info/en-direct/1008905/direct-tempete-fiona-ouragan-maritimes-iles-madeleine-degats">tempête Fiona</a> a causé bien des dégâts matériels ainsi que de l’érosion sur les côtes de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard et des Îles-de-la-Madeleine.</p>
<p>Mais saviez-vous que ses effets se répercutent dans les eaux du golfe du Saint-Laurent jusqu’à une cinquantaine de mètres de profondeur et même plus ?</p>
<p>Après avoir touché le sol canadien à l’île du Cap-Breton avec des vents violents, l'oeil du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyclone">cyclone</a> a repris la mer dans le golfe du Saint-Laurent et a passé tout près de deux bouées océanographiques, opérées par Pêches et Océans Canada. Ces bouées sont équipées de senseurs qui permettent de mesurer la vitesse et direction du vent, la pression atmosphérique, la température de l’air et l’humidité de l’air, à l’image d’une station météorologique terrestre. Mais elles comportent également des senseurs qui mesurent la température et la salinité à la surface de la mer, ainsi que la hauteur des vagues. Elles peuvent également être munies d’une sonde qui descend jusqu’au fond de l’eau pour mesurer la température et la salinité sur toute la profondeur.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468898/original/file-20220615-19-9zk4uk.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong><em>Cet article fait partie de notre série <a href="https://theconversation.com/ca-fr/topics/fleuve-saint-laurent-116908">Le Saint-Laurent en profondeur</a></em></strong>
<br><em>Ne manquez pas les nouveaux articles sur ce fleuve mythique, d'une remarquable beauté. Nos experts se penchent sur sa faune, sa flore, son histoire et les enjeux auxquels il fait face. Cette série vous est proposée par La Conversation.</em></p>
<hr>
<p>Ces bouées nous transmettent leurs mesures toutes les 30 minutes, via le réseau cellulaire ou par communication satellitaire, même au travers d’une tempête intense comme Fiona.</p>
<p>Chercheur en océanographie physique avec Pêches et Océans Canada à l’Institut Maurice-Lamontagne (IML) et l’un des responsables de ces bouées et utilisateur de leurs données, je propose d’apporter un éclairage sur les effets des tempêtes sur les eaux du golfe du Saint-Laurent tels qu’observés par ces bouées océanographiques.</p>
<h2>Des bouées au rôle précieux</h2>
<p>La première bouée sur le parcours de la tempête était la AZMP-ESG, pour « <a href="https://www.dfo-mpo.gc.ca/science/data-donnees/azmp-pmza/index-fra.html">Atlantic Zone Monitoring Program</a> East Southern Gulf », qui est située entre l’Île-du-Prince-Édouard et les Îles-de-la-Madeleine. Le 24 septembre 2022 à 11h30 UTC, l'oeil du cyclone passe près de la bouée et la pression atmosphérique atteint brièvement une dépression de 949 millibars (unité de mesure pour la pression), alors qu’elle était de 1 000 millibars le jour précédent et déjà sous la pression normale de 1 010 millibars.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="bouée qui flotte dans l’eau" src="https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/490717/original/file-20221019-19-ar7nh0.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Bouée AZMP-ESG, située entre l’Île-du-Prince-Édouard et les Îles-de-la-Madeleine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Roger Pigeon et Michel Rousseau)</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>L’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C5%92il_(cyclone)">oeil d’un cyclone</a> est la pression atmosphérique la plus faible, située en son centre. Dans l’hémisphère Nord, les vents tournent en sens antihoraire autour de celle-ci, en raison de la rotation de la Terre.</p>
<p>La mesure d’un minimum de pression atmosphérique à une bouée fait plus que nous indiquer le passage le plus près de l'oeil de la tempête de la bouée. La pression atmosphérique représente le poids de l’atmosphère au-dessus de l’instrument de mesure. Or, une différence d’un seul millibar correspond à la pression exercée par 1 cm de hauteur d’eau. Alors que la pression atmosphérique à la bouée AZMP-ESG a chuté de 51 millibars, la pression dans toute la colonne d’eau chuterait d’autant sans rajustement de la part de l’océan.</p>
<p>La faible pression dans l’eau crée un appel d’eau pour rééquilibrer la pression océanique et ce mouvement peut ainsi faire monter la surface de l’eau jusqu’à 51 cm pour retrouver l’équilibre ! Ce rajustement de la mer face à une basse pression atmosphérique est responsable d’une bonne partie des surcotes du niveau de la mer associées aux ondes de tempêtes qui inondent les terres côtières. Une surcote est l’excédent du niveau de la mer en comparaison aux prévisions de marées.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="maison au bord de la mer avec fortes pluies" src="https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/490711/original/file-20221019-14-ve7gfe.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’auberge de jeunesse Paradis Bleu, aux Îles-de-la-Madeleine, est entourée de hautes eaux causées par la tempête post-tropicale Fiona, le 24 septembre 2022.</span>
<span class="attribution"><span class="source">LA PRESSE CANADIENNE/Nigel Quinn</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Vagues records et chute de température</h2>
<p>La hauteur maximale de vague, mesurée à la bouée AZMP-ESG, a atteint 9,9 m pendant la tempête et les rafales ont atteint 126 km/h. Il faut savoir que les vagues ne dépassent une hauteur de 3 m que très rarement dans le golfe.</p>
<p>Quelques heures plus tard, à 20h30, la pression atmosphérique atteint 953,9 millibars à la bouée IML-10 située au nord-est des Îles-de-la-Madeleine. Les rafales y ont atteint 124 km/h et les vagues ont atteint le record de 15,9 m enregistré sur notre réseau de bouées, surpassant le précédent record de 13,1 m mesuré au même endroit en septembre 2019 lors de la <a href="https://www.ledevoir.com/societe/562221/dorian-dans-les-maritimes">tempête Dorian</a>.</p>
<p>Ces effets dramatiques ne sont par contre pas les seuls sur l’océan. À la bouée AZMP-ESG, la température de surface de la mer a chuté de 6,5 °C au passage de la tempête Fiona, passant de 16,4 °C le 23 septembre à 9,9 °C le 25 septembre. En temps normal, la température des eaux de surface du golfe décroît d’environ 1 °C par semaine en automne, alors qu’une couche mélangée se forme pour finalement englober près de la moitié du volume de toutes les eaux du golfe en hiver.</p>
<p>Le refroidissement de 6,5 °C en deux jours représente donc l’équivalent de plus de six semaines de changement saisonnier. Mais de façon plus importante, elle est compensée par un réchauffement inhabituel en profondeur due à une redistribution de la chaleur en profondeur par le mélange vertical occasionnée par le vent et les vagues.</p>
<h2>Les impacts en profondeur</h2>
<p>Prenons l’exemple <a href="https://www.dfo-mpo.gc.ca/csas-sccs/Publications/ResDocs-DocRech/2020/2020_030-fra.html">mieux documenté survenu durant la tempête Dorian en septembre 2019</a>, alors que la température de surface a chuté de 7 °C à la bouée AZMP-ESG à son passage.</p>
<p>Un profil de température fait avec la sonde descendue d’un treuil sur la bouée avant la tempête montre une colonne d’eau très stratifiée (c.-à-d. l’eau de mer moins dense qui flotte par-dessus des eaux plus denses) avec une température de 21 °C à la surface et de 1,5 °C à 35 m de profondeur. À 35 m de profondeur, les eaux sont habituellement très froides.</p>
<p>Sur près de 200 profils pris par la bouée entre juin et août, la température moyenne à cette profondeur était de 1,1 °C avec peu de variations. C’est donc habituellement une profondeur où les températures demeurent froides, constituant un habitat thermique favorable au crabe des neiges.</p>
<p>Le profil fait le 10 septembre, deux jours après la tempête, indique 12 °C à la surface (donc plus froid qu’avant la tempête) et 8,6 °C à 35 m (donc plus chaud). Ainsi, le refroidissement à la surface a été compensé par un réchauffement équivalent à 35 m et la température moyenne sur les 45 premiers mètres est presque identique entre les deux profils, indiquant une redistribution de la chaleur vers les profondeurs.</p>
<p>Dans l’habitat thermique habituellement stable et froid à 35 m de profondeur, un saut de température à 8,6 °C constitue donc un choc thermique important qui peut perdurer plusieurs semaines, car la couche mélangée a une grande inertie thermique et conservera sa température. Au bout de plusieurs semaines, la température de l’air descend sous la température de l’eau et le refroidissement et l’épaississement de la couche mélangée se produisent jusqu’à la fin de l’hiver.</p>
<p>Sans aucunement minimiser les effets dévastateurs que des tempêtes comme Fiona et Dorian ont sur les communautés côtières, elles ont aussi des effets marquants en profondeur dans l’océan.</p>
<p>Même le crabe des neiges sur le fond en ressent les effets !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/192381/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Peter Galbraith dirige le Programme de monitorage de la zone atlantique de Pêches et Océans Canada, donc ce programme est financé par ce Ministère. Le réseau de bouée est opéré par Pêches et Océans Canada.</span></em></p>La tempête Fiona a causé bien des dégâts matériels ainsi que de l’érosion sur les côtes canadiennes. Mais ses effets se répercutent également dans les profondeurs du golfe du Saint-Laurent.Peter Galbraith, Chercheur scientifique avec Pêches et Océans Canada et Professeur-associé, Université du Québec à Rimouski (UQAR)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1836752022-06-12T18:42:13Z2022-06-12T18:42:13ZSéisme au Maroc : les satellites peuvent aider les secours à réagir au plus vite<p>Un séisme de magnitude 6,8 a frappé le Maroc à 11km d’Adassil le vendredi 8 Septembre 2023 à 23h11 heure locale. On déplore plus de 2 000 décès et autant de blessés avec un bilan qui pourrait encore s'alourdir. </p>
<p>Depuis l’espace, on peut obtenir des informations cruciales pour guider les secours et l’aide humanitaire qui convoie eau et vivres, mais qui sont inaccessibles depuis le sol, en particulier en cas de catastrophes. Il s’agit de cartographier l’état des routes, des ponts, des bâtiments, et aussi – et c’est crucial ici – de repérer les populations qui tentent d’échapper aux effets de potentielles répliques en se regroupant dans des stades ou d’autres espaces ouverts.</p>
<p>Afin de tourner rapidement les yeux des satellites vers les régions concernées, les Nations Unies (UNITAR) ont demandé l’activation de la <a href="https://disasterscharter.org/fr/web/guest/home">charte internationale « Espace et Catastrophes majeures »</a> le samedi matin à 7h04 heure locale pour le compte de l’organisation humanitaire internationale FICR (Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge).</p>
<p>Dans la foulée, les satellites optiques et radar les plus appropriés de huit agences spatiales ont été programmés. Pour la France, il s’agit des satellites optiques <a href="https://pleiades.cnes.fr/fr">Pléiades</a> et <a href="https://earth.esa.int/eogateway/missions/pleiades-neo">Pléiades Neo</a> (de haute et très haute résolution), qui fourniront de premières images dès demain matin, lors de leur passage au-dessus de la zone, le temps de charger le plan de vol. Des satellites radar viendront compléter les informations des satellites optiques, car ils fonctionnent aussi la nuit et à travers les nuages, et peuvent imager les glissements de terrain et les <a href="https://theconversation.com/seisme-en-mer-egee-que-savent-les-scientifiques-apres-quelques-jours-de-travail-149246">changements d’altitude, même très faibles</a>.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/alertes-aux-seismes-et-tsunamis-comment-gagner-de-precieuses-secondes-139913">Alertes aux séismes et tsunamis : comment gagner de précieuses secondes</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Chaque année, des millions de personnes partout dans le monde sont touchées par des catastrophes, qu’elles soient d’origine naturelle (cyclone, tornade, typhon, tremblement de terre, glissement de terrain, éruption volcanique, tsunami, inondation, feu de forêt, etc.) ou humaine (pollution par hydrocarbures, explosion industrielle). L’intensité et la fréquence de ces évènements s’intensifient malheureusement avec le changement climatique, créant chaque jour un peu plus de sinistrés ou d’habitats précaires.</p>
<h2>Anatomie d’une catastrophe</h2>
<p>Dans le cadre de la charte internationale « Espace et catastrophes majeures », on définit une catastrophe comme un événement de grande ampleur, soudain, unique et incontrôlé, entraînant la perte de vies humaines ou des dommages aux biens et à l’environnement et nécessitant une action urgente d’acquisition et de fourniture de données.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466030/original/file-20220530-20-a1wa4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466030/original/file-20220530-20-a1wa4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466030/original/file-20220530-20-a1wa4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466030/original/file-20220530-20-a1wa4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466030/original/file-20220530-20-a1wa4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466030/original/file-20220530-20-a1wa4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466030/original/file-20220530-20-a1wa4d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Glissement de terrain à Munnar, en Inde. L’accès aux zones touchées est souvent difficile.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/rakesh/1933161414/">Rakesh Pai/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cette charte a été créée par le Centre National d’Études Spatiales et l’Agence spatiale européenne en 1999, rejoints rapidement par l’Agence spatiale canadienne. Aujourd’hui, <a href="https://disasterscharter.org/fr/web/guest/home">17 agences spatiales membres</a> s’unissent pour offrir gratuitement des images satellites le plus rapidement possible sur la zone sinistrée. Depuis 2000, la charte a été activée 837 fois dans plus de 134 pays. Elle est depuis complétée par des initiatives similaires (<a href="https://emergency.copernicus.eu/">Copernicus Emergency</a> ou <a href="https://sentinel-asia.org/">Sentinel Asia</a>).</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/seisme-en-mer-egee-que-savent-les-scientifiques-apres-quelques-jours-de-travail-149246">Séisme en mer Égée : que savent les scientifiques après quelques jours de travail ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Près des trois-quarts des activations de la charte sont dues à des phénomènes hydrométéorologiques : tempêtes, ouragans et surtout inondations qui représentent à elles seules la moitié des activations. Dans ces situations de crise imprévues, quand les sols sont endommagés ou inondés et les routes impraticables, les moyens terrestres ne permettent pas toujours d’analyser l’étendue du désastre et d’organiser au mieux les secours et l’aide humanitaire. En capturant la situation vue de l’espace, avec des satellites très haute résolution, le spatial apporte rapidement des informations cruciales.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466035/original/file-20220530-20-mecx69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466035/original/file-20220530-20-mecx69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=289&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466035/original/file-20220530-20-mecx69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=289&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466035/original/file-20220530-20-mecx69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=289&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466035/original/file-20220530-20-mecx69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=363&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466035/original/file-20220530-20-mecx69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=363&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466035/original/file-20220530-20-mecx69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=363&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’ouragan Harvey a provoqué des inondations au Texas en 2018, déplaçant 30000 personnes, et nécessitant le sauvetage de 17000 personnes.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/sentinelhub/46200452394/in/album-72157704784948961/">Sentinel Hub/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Dans certains cas, la charte ne peut pas être activée. Soit parce que l’objet est hors cadre de la charte (guerres et conflits armés), soit parce que l’imagerie spatiale n’est parfois pas d’un grand intérêt (canicules, épidémies), soit car les phénomènes ont une évolution lente (sècheresses) qui est incompatible avec la notion d’urgence au cœur de la mission de la charte.</p>
<h2>Les données satellites en réponse aux crises dans le monde</h2>
<p>Dès la survenue d’une catastrophe, les satellites sont programmés pour acquérir dans un délai très court des images au-dessus des zones impactées. Plus d’une soixantaine de satellites, optiques ou radars, sont mobilisables à toute heure.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/sismo-citoyens-et-chercheurs-du-monde-entier-sallient-pour-comprendre-le-recent-seisme-dha-ti-166787">« Sismo-citoyens » et chercheurs du monde entier s’allient pour comprendre le récent séisme d’Haïti</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Selon le type de catastrophes, on mobilisera différents satellites, en se basant sur des scénarii de crise préétablis – parmi eux : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/TanDEM-X">TerraSAR-X/Tandem-X</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/QuickBird">QuickBird-2</a>, <a href="https://www.asc-csa.gc.ca/fra/satellites/radarsat/default.asp">Radarsat</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_Landsat">Landsat-7/8</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/SPOT_(satellite)">SPOT</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pl%C3%A9iades_(satellite)">Pléiades</a>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sentinel-2">Sentinel-2</a> notamment.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466033/original/file-20220530-16-b4snga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466033/original/file-20220530-16-b4snga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=289&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466033/original/file-20220530-16-b4snga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=289&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466033/original/file-20220530-16-b4snga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=289&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466033/original/file-20220530-16-b4snga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=363&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466033/original/file-20220530-16-b4snga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=363&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466033/original/file-20220530-16-b4snga.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=363&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Feux de forêt en Russie dans la région d’Irkutsk en 2017, causés par des éclairs.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/sentinelhub/46200453044/in/photostream/">Sentinel Hub/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les images optiques sont semblables à des photos vues de l’espace, mais les <a href="https://theconversation.com/sismo-citoyens-et-chercheurs-du-monde-entier-sallient-pour-comprendre-le-recent-seisme-dha-ti-166787">images radar</a> par exemple sont plus difficilement interprétables par les non-initiés. Ainsi, suite à la catastrophe, les informations satellites sont retravaillées pour les rendre intelligibles et y apporter de la valeur ajoutée. Elles sont par exemple transformées en cartes d’impacts ou de changements pour les secouristes, en cartes de vigilance inondations pour les populations, en cartographie des zones brûlées ou inondées avec estimation des dégâts pour les décideurs.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Le travail collaboratif entre les utilisateurs de terrain et les opérateurs satellitaires est primordial. Des progrès ont été faits grâce aux innovations des technologies d’observation de la Terre (notamment la performance des résolutions optiques – passant de 50 à 20 mètres puis à 30 centimètres actuellement) et des logiciels de traitement des données 3D, mais également grâce au développement d’outils numériques pouvant coupler données satellites et in situ. De plus, les besoins de terrain ont contribué à l’évolution des processus d’intervention de la charte en termes de délai de livraison et de qualité des produits délivrés.</p>
<h2>La reconstruction après les catastrophes</h2>
<p>La gestion de l’urgence est bien sûr primordiale mais il est important pour tous les pays affectés d’envisager une reconstruction et l’avenir. En effet, dans le <a href="https://centredecrise.be/fr/que-font-les-autorites/le-cycle-du-risque">« cycle du risque »</a>, après le sinistre et l’urgence humanitaire, le retour à la normale va ouvrir le temps de la reconstruction, de la résilience, de la prévention et de l’alerte. On ne peut prévoir les catastrophes mais on peut mieux s’y préparer, surtout dans les pays où le malheur est récurrent, avec par exemple la construction antisismique, le déplacement des zones d’habitation en lieu sûr, la sensibilisation aux gestes de survie, la création de lieux de rassemblements sécurisés, entre autres.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/466034/original/file-20220530-14-np1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/466034/original/file-20220530-14-np1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/466034/original/file-20220530-14-np1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/466034/original/file-20220530-14-np1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/466034/original/file-20220530-14-np1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/466034/original/file-20220530-14-np1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/466034/original/file-20220530-14-np1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Inondations à Gan dans le Béarn en 2018.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/pezon64/42709789225/">Bernard Pez/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Plusieurs initiatives, appelées <a href="https://www.recovery-observatory.org/drupal/en/node/811">« Observatoires de la Reconstruction »</a>, ont été menées après des catastrophes d’envergure, par exemple à Haïti en 2021, ou suite à l’explosion de Beyrouth en 2019. Le but : planifier des acquisitions d’images satellites coordonnées pour permettre une évaluation détaillée et dynamique des dommages aux zones les plus touchées (bâti, routes, agriculture, forêts, etc.), suivre la planification des reconstructions, réduire les risques et enfin réaliser un suivi des changements à l’horizon de 3-4 ans.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/183675/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Emilie Bronner ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Utiliser l'imagerie spatiale permet de guider les secours vers les zones critiques lors d'une catastrophe naturelle.Emilie Bronner, Représentante CNES au Secrétariat Exécutif de la Charte Internationale Espace et Catastrophes Majeures, Centre national d’études spatiales (CNES)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1700442021-10-26T18:28:24Z2021-10-26T18:28:24ZLire les secrets des ouragans depuis le ciel<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/426709/original/file-20211015-26-1sp6rre.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C1%2C1303%2C824&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le cyclone tropical Ida, le 30 août 2021.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://appliedsciences.nasa.gov/what-we-do/disasters/disasters-activations/hurricane-ida-2021">NASA</a></span></figcaption></figure><p>Cette image a été prise le matin du 30 août 2021 par l’instrument <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Visible_Infrared_Imaging_Radiometer_Suite">VIIRS</a> du satellite américain Suomi-NPP depuis son orbite à 824 kilomètres d’altitude, deux fois plus loin de la Terre que la station spatiale internationale. Une image magnifique, exceptionnelle à plus d’un titre. </p>
<p>C’est d’abord une image satellite prise de nuit, par un capteur nyctalope capable de voir la terre et son atmosphère de nuit avec une précision de quelques centaines de mètres seulement, une véritable prouesse technologique. Aux lumières nocturnes des villes soulignant les côtes américaines se superpose un amas de nuages, en forme de spirale : c’est l’ouragan Ida quelques heures après qu’il a touché la Louisiane. Il s’agit d’un monstre météorologique, d’un événement extrême et exceptionnel dont les chercheurs n’ont pas encore percé tous les secrets.</p>
<p>Chaque année, à la fin du mois d’août, la saison des ouragans bat son plein : en cette fin d’été boréal, les océans atteignent leurs températures les plus chaudes de l’année, une manne pour les ouragans qui puisent leur énergie destructrice dans les eaux chaudes de surface. Le golfe du Mexique et ses eaux pouvant atteindre les 30 °C sont particulièrement propices à l’intensification des ouragans. Le tristement célèbre ouragan Katrina en 2005 et l’ouragan Ida se sont tous deux violemment intensifiés grâce à la chaleur et à l’humidité des eaux du golfe : après s’être engouffrés par le détroit de Floride (Katrina) ou par la mer des Caraïbes (Ida), ils sont devenus en quelques heures des ouragans majeurs. Katrina a atteint la catégorie 5 sur l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chelle_de_Saffir-Simpson">échelle de Saffir-Simpson</a> avec des vents soufflant à 280 km/h – soit seulement 40 km/h de plus que les vents de l’ouragan Ida, affublé de la catégorie 4.</p>
<h2>Que voit l’œil d’un chercheur sur cette image ?</h2>
<p>Sur cette image, l’enroulement nuageux est le seul témoin de la présence de l’ouragan Ida proprement dit. Il s’étend sur plusieurs centaines de kilomètres et son épaisseur est d’une quinzaine de kilomètres. Sur l’image, les nuages les plus épais et sous lesquels les pluies sont les plus intenses correspondent aux zones les plus blanches. L’enroulement dans le sens inverse des aiguilles d’une montre est caractéristique des cyclones de l’hémisphère Nord ; son sens change avec l’hémisphère.</p>
<p>On ne distingue pas ici de région centrale dénuée de nuages, signature du fameux « œil du cyclone » souvent visible sur les images satellites de cyclone. L’absence d’œil est le signe du déclin de l’ouragan. Son arrivée sur les côtes de Louisiane a signé en quelque sorte son arrêt de mort. Une fois à l’intérieur des terres, sans source d’énergie, les vents ralentissent et les pluies faiblissent. Il est alors rétrogradé au rang de tempête tropicale puis de simple dépression ; <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/09/03/ouragan-ida-joe-biden-declare-l-etat-d-urgence-dans-les-etats-du-new-jersey-et-de-new-york_6093230_3244.html">il achèvera sa route</a> quelques jours plus tard, après avoir parcouru quelques milliers de kilomètres vers le Nord.</p>
<p>L’arrivée d’Ida sur les terres de Louisiane a provoqué des dégâts considérables. Très peu d’infrastructures résistent aux vents violents et surtout aux inondations provoquées par les vagues soulevées par l’ouragan et par ses pluies torrentielles. Sur cette image nocturne, les seuls dégâts visibles sont les <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/08/29/l-ouragan-ida-se-renforce-et-s-approche-dangereusement-des-cotes-de-la-louisiane_6092672_3244.html">coupures d’électricité</a> provoquées par le passage d’Ida ; une comparaison avec une photo prise quelques jours plus tôt suffirait à identifier les pannes électriques. On comprend ici comment ce type d’images satellite peut constituer un support logistique de taille face aux catastrophes naturelles qui nous menacent.</p>
<h2>Des informations pour les chercheurs</h2>
<p>Au-delà de ces considérations logistiques, <a href="http://rammb-data.cira.colostate.edu/tc_realtime/">ces images satellite</a> constituent également une mine d’informations pour les chercheurs puisqu’elles leur donnent accès à tous les cyclones tropicaux de la planète en temps quasi réel. Leur géométrie, leurs dimensions, la vitesse de leurs vents (des algorithmes permettent en effet de déduire la vitesse des vents à partir d’images satellites) sont autant de données précieuses pour les chercheurs qui travaillent à mieux comprendre les cyclones.</p>
<p>Ces données viennent compléter les données dites <em>in situ</em>, plus rares et plus disparates, acquises par exemple lors des vols de reconnaissance par des avions de la NASA. À l’instar de l’imagerie satellitaire de nuit, la technologie des drones est en train de <a href="https://journals.ametsoc.org/view/journals/bams/101/7/bamsD190119.xml">révolutionner les mesures</a> <em>in situ</em> : il y a quelques semaines, un drone flottant (Saildrone) a pour la première fois filmé la mer déchaînée à l’intérieur d’un ouragan dans l’Atlantique.</p>
<figure>
<iframe src="https://player.vimeo.com/video/619693771" width="500" height="281" frameborder="0" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Un drone flottant filme l’intérieur du cyclone Sam, dans l’océan Atlantique le 30 septembre 2021 (Saildrone).</span></figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/170044/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Ludivine Oruba ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Cette image est exceptionnelle, notamment car elle est prise de nuit. On peut y voir l’ouragan IDA quelques heures après qu’il a touché la Louisiane en 2021.Ludivine Oruba, Maître de conférences, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1653712021-10-26T13:50:43Z2021-10-26T13:50:43ZCinq facteurs qui rendent les effets des changements climatiques sur les océans dangereux pour notre santé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/415736/original/file-20210811-23-1nwe2nj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=8%2C323%2C2986%2C1859&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les eaux océaniques se sont réchauffées, acidifiées et appauvries en oxygène. De plus, la surpêche et la pollution les affectent. </span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Andrew Vaughan</span></span></figcaption></figure><p>Les humains entretiennent une <a href="https://oceanpanel.org/sites/default/files/2020-10/Human%20Relationship%20with%20the%20Ocean%20Full%20Paper.pdf">relation profonde et complexe avec la mer</a>. Elle leur fournit de <a href="https://doi.org/10.1016/j.worlddev.2015.11.007">la nourriture</a> et des <a href="https://fishbase.ca/Nutrients/NutrientSearch.php">nutriments essentiels</a>, des <a href="https://dx.doi.org/10.4062%2Fbiomolther.2016.181">médicaments</a> et de <a href="https://doi.org/10.1016/S0308-597X(02)00045-3">l’énergie renouvelable</a>. Les gens <a href="https://doi.org/10.1016/j.healthplace.2019.102212">nagent</a>, <a href="https://doi.org/10.1177%2F1049732314549477">surfent</a> et font de <a href="https://doi.org/10.3390/ijerph17197238">la plongée sous-marine</a> dans ce <a href="http://dx.doi.org/10.1016/j.marpolbul.2009.04.019">« gym bleu »</a>. Les océans constituent même un élément important des loisirs thérapeutiques, comme la <a href="https://doi.org/10.1080/07303084.2014.884424">thérapie par le surf</a> pour les <a href="https://www.nytimes.com/2019/08/08/well/mind/catching-waves-for-well-being.html">anciens combattants et les enfants autistes</a>.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1016/j.marpol.2009.08.006">L’économie est également liée à la mer</a>. La pêche, le tourisme, la navigation et le transport maritime génèrent des emplois, des revenus et de la sécurité alimentaire, tout en soutenant la culture et d’autres <a href="https://www.who.int/health-topics/social-determinants-of-health#tab=tab_1">déterminants sociaux de la santé</a>.</p>
<p>Pour <a href="https://www.facebook.com/Littoral.Ulaval/photos/a.1954500618111079/3066356660258797/">nos ancêtres comme pour nos enfants</a>, diverses cultures humaines ainsi que de nombreux moyens de subsistance et modes de vie sont liés à la mer. Mais l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre modifie l’océan et met notre santé en péril.</p>
<p>Les eaux océaniques <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/3/2019/11/03_SROCC_SPM_FINAL.pdf">se réchauffent, s’acidifient et s’appauvrissent en oxygène</a>. Les écosystèmes océaniques, déjà <a href="http://www.fao.org/state-of-fisheries-aquaculture">mis à mal par la surpêche et la pollution</a>, risquent de voir leur état empirer. Avec la fonte de la banquise, l’élévation du niveau des mers et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, la santé et le bien-être des humains <a href="https://doi.org/10.1139/facets-2020-0035">sont désormais confrontés à de nombreuses menaces</a>, qui visent principalement les <a href="https://www.un.org/esa/sustdev/natlinfo/indicators/methodology_sheets/oceans_seas_coasts/pop_coastal_areas.pdf">populations côtières</a>.</p>
<h2>1. Désastre écologique</h2>
<p>Avec les changements climatiques, les <a href="https://www.ipcc.ch/report/managing-the-risks-of-extreme-events-and-disasters-to-advance-climate-change-adaptation/">catastrophes naturelles</a> deviennent de plus en plus extrêmes et de plus en plus fréquentes.</p>
<p>Les <a href="https://oceanservice.noaa.gov/facts/cyclone.html">cyclones tropicaux</a> (comme les ouragans et les typhons), <a href="https://doi.org/10.1371/currents.dis.2664354a5571512063ed29d25ffbce74">qui ont tué environ 1,33 million de personnes</a> depuis le début du XX<sup>e</sup> siècle, <a href="https://doi.org/10.5281/zenodo.4570334">gagnent en intensité avec le réchauffement des eaux océaniques</a>. <a href="https://time.com/4946730/hurricane-categories/">Le nombre d’ouragans de catégorie 4 et 5</a> a augmenté de <a href="https://doi.org/10.1007/s00382-013-1713-0">25 à 30 % pour chaque degré Celsius</a> de réchauffement climatique d’origine humaine depuis le milieu des années 1970.</p>
<p>Les <a href="https://www.who.int/health-topics/floods#tab=tab_1">ondes de tempête, les inondations</a> et les traumatismes physiques sont à l’origine de la plupart des décès et des blessures. Mais au lendemain d’une catastrophe, les conditions environnementales et sociales constituent également une menace pour la santé publique.</p>
<p>Les eaux stagnantes et les systèmes de collecte des eaux usées endommagés peuvent exposer les gens <a href="https://doi.org/10.1080/10937404.2019.1654422">à des toxines, à des bactéries et à des virus</a>. Une interruption des <a href="https://doi.org/10.1017/dmp.2016.3">soins de santé</a> et des effets négatifs sur le logement, l’emploi et d’autres déterminants sociaux de la santé placent les gens dans des <a href="https://doi.org/10.5670/oceanog.2006.62">conditions difficiles</a> (comme des abris surpeuplés et l’obligation de se déplacer) au-delà <a href="https://doi.org/10.1017/S0144686X1600115X">du traumatisme causé par l’événement</a>.</p>
<p>Cela peut aggraver un <a href="https://doi.org/10.1093/epirev/mxi011">large éventail de problèmes de santé publique</a> – tant des <a href="https://doi.org/10.1016/j.emc.2018.07.002">maladies infectieuses</a> (comme le <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4438646/">choléra</a>, la <a href="https://doi.org/10.3201/eid1707.101050">leptospirose</a> et les <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0131423">maladies diarrhéiques</a>), des <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/noncommunicable-diseases">maladies non transmissibles</a> (comme les <a href="https://doi.org/10.1097/EDE.0000000000001337">affections cardiovasculaires</a> et <a href="https://doi.org/10.1017/dmp.2020.424">respiratoires</a>) que des <a href="https://www.ncei.noaa.gov/news/hurricanes-take-heavy-toll-mental-health-survivors">troubles de santé mentale</a>.</p>
<p>Une <a href="https://doi.org/10.1038/s41467-021-21777-1">hausse des hospitalisations</a> a été observée <a href="https://doi.org/10.1289/EHP6976">chez les populations touchées</a> par une catastrophe des semaines, des mois, voire des années après celle-ci.</p>
<p>Un cas très étudié est celui de l’ouragan Katrina, qui a causé plus de 1 800 décès <a href="https://doi.org/10.1097/DMP.0b013e31818aaf55">par noyade, blessures et traumatismes physiques</a> en août 2005, mais qui a également provoqué une <a href="https://doi.org/10.3390/ijerph16010074">brusque augmentation des problèmes cardiaques</a> et des <a href="https://doi.org/10.1111/j.1939-0025.2010.01027.x">troubles mentaux graves</a>. Dix ans plus tard, les problèmes persistants de <a href="https://doi.org/10.1016/j.socscimed.2019.112610">santé mentale</a> et <a href="https://doi.org/10.1017/dmp.2018.22">cardiovasculaire</a> font partie des séquelles de la tempête.</p>
<hr>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/369797/original/file-20201117-13-180ibt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/369797/original/file-20201117-13-180ibt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/369797/original/file-20201117-13-180ibt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/369797/original/file-20201117-13-180ibt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/369797/original/file-20201117-13-180ibt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/369797/original/file-20201117-13-180ibt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/369797/original/file-20201117-13-180ibt9.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong>Cet article fait partie de notre série Océans 21</strong><br><em>Notre série a été lancée avec <a href="https://oceans21.netlify.app/">cinq articles</a>. Ne manquez pas les nouveaux articles sur l’état de nos océans à l’approche de la prochaine conférence des Nations unies sur le climat, COP26. Cette série vous est proposée par le réseau international de The Conversation.</em></p>
<hr>
<h2>2. Migration et déplacements</h2>
<p>Avec <a href="https://www.ipcc.ch/srocc/chapter/chapter-4-sea-level-rise-and-implications-for-low-lying-islands-coasts-and-communities/">l’élévation du niveau moyen des mers</a>, les <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-017-01362-7">inondations côtières</a> deviennent plus fréquentes et plus graves. Selon les prévisions, <a href="https://doi.org/10.1038/s41598-020-67736-6">250 000 kilomètres carrés de terres côtières seront inondés</a> d’ici la fin du siècle, ce qui exposera des dizaines de millions de personnes à des risques pour leur santé.</p>
<p>L’avancée des eaux océaniques, l’érosion et le dégel du pergélisol peuvent faire en sorte qu’il soit <a href="https://www.ilo.org/dyn/migpractice/docs/261/Pacific.pdf">difficile, voire impossible, de vivre dans certains lieux côtiers</a>. Ainsi, le <a href="https://www.nationalgeographic.fr/environnement/2019/10/un-petit-village-dalaska-contraint-de-demenager-cause-de-la-fonte-du">village yup’ik de Newtok</a> (Niugtaq) a entamé la première phase d’une relocalisation planifiée en 2019, après que les tempêtes côtières et le dégel du pergélisol ont commencé à le détruire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une maison de plain-pied tombant d’un rivage enneigé dans l’océan" src="https://images.theconversation.com/files/413607/original/file-20210728-15-1y7bdms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413607/original/file-20210728-15-1y7bdms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413607/original/file-20210728-15-1y7bdms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413607/original/file-20210728-15-1y7bdms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413607/original/file-20210728-15-1y7bdms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413607/original/file-20210728-15-1y7bdms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413607/original/file-20210728-15-1y7bdms.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Une maison abandonnée se retrouve sur la plage après une tempête à Shishmaref, en Alaska, en 2005. Les résidents ont voté en faveur d’une relocalisation en 2016 en raison de la forte érosion côtière.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Diana Haecker)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Si les résidents nouvellement relogés <a href="https://www.kyuk.org/post/after-moving-new-village-mertarvik-residents-say-they-are-healthier">ont déclaré se sentir en meilleure santé</a>, les réponses proactives peuvent néanmoins <a href="https://www.alaskapublic.org/2020/07/29/mertarviks-lack-of-a-commercial-airport-may-have-already-cost-lives/">engendrer des risques</a> <a href="https://doi.org/10.1007/s10584-019-02382-0">pour la santé et le bien-être</a>. Les déménagements peuvent être <a href="https://doi.org/10.1089/eco.2018.0021">source de détresse et de traumatisme</a> lorsque les gens sont très attachés à leur lieu de résidence.</p>
<p>Les <a href="https://doi.org/10.1186/s12916-017-0981-7">dimensions sanitaires des migrations liées au climat</a>, en particulier <a href="https://theconversation.com/how-many-people-will-migrate-due-to-rising-sea-levels-why-our-best-guesses-arent-good-enough-145776">chez ceux qui restent ou sont laissés sur place</a>, n’ont pas reçu suffisamment d’attention dans le monde de la recherche et de la politique.</p>
<h2>3. Le déclin des glaces de mer</h2>
<p>Au cours des 40 dernières années, la glace de mer arctique est devenue plus petite et plus mince. <a href="https://climate.nasa.gov/vital-signs/arctic-sea-ice/">Son étendue globale</a> a régressé d’environ 13 % par décennie, et <a href="https://doi.org/10.1029/2009GL039035">son épaisseur a perdu</a> au moins 1,75 mètre.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/413384/original/file-20210727-14-6b1ps1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Un graphique montrant la tendance à la baisse de l’étendue de la banquise arctique" src="https://images.theconversation.com/files/413384/original/file-20210727-14-6b1ps1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413384/original/file-20210727-14-6b1ps1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413384/original/file-20210727-14-6b1ps1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413384/original/file-20210727-14-6b1ps1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=285&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413384/original/file-20210727-14-6b1ps1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=358&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413384/original/file-20210727-14-6b1ps1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=358&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413384/original/file-20210727-14-6b1ps1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=358&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">La couverture de glace de mer arctique atteint son minimum chaque année en septembre. La glace de mer arctique de septembre diminue maintenant à un taux de 13,1 % par décennie, par rapport à la moyenne de 1981 à 2010.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://climate.nasa.gov/vital-signs/arctic-sea-ice/">(NSIDC/NASA)</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La glace de mer est une <a href="https://doi.org/10.1098/rsbl.2016.0198">composante essentielle de la vie dans l’Arctique</a>. Elle fournit une plate-forme <a href="https://doi.org/10.1002/9781118778371.ch25">pour les déplacements et les activités de chasse et de pêche</a>, et permet les processus écologiques qui sont à la base des <a href="https://www.nirb.ca/publications/strategic %20environmental %20assessment/190125-17SN034-QIA %20Report %20Re %20Marine %20Based %20Harvesting-IEDE.pdf">cultures, de l’économie, des connaissances et des systèmes alimentaires</a>.</p>
<p>La réduction de la glace de mer rend la navigation <a href="https://sikuatlas.ca/index.html">plus dangereuse et moins prévisible</a>. Cela peut modifier le <a href="https://doi.org/10.1007/s10113-008-0060-x">moment et le lieu où l’on peut se procurer de la nourriture, augmenter les coûts qui y sont associés et réduire la quantité récoltée</a>.</p>
<p>Cette situation peut conduire à une <a href="https://www.jstor.org/stable/41758937">diminution de la nourriture et de l’argent,</a> à une <a href="https://doi.org/10.1017/S1368980020000117">hausse de l’anxiété concernant l’accès à la nourriture</a> et de <a href="https://doi.org/10.1017/S1368980020002402">la dépendance à l’égard des aliments importés</a> qui sont moins sains, ce qui a une influence négative sur la sécurité alimentaire et la santé mentale.</p>
<h2>4. Déclin des produits de la mer</h2>
<p>Les produits de la mer sont une source importante de protéines et de nutriments essentiels, surtout s’il y en a peu dans les <a href="https://doi.org/10.3390/ijerph17238818">autres aliments offerts localement.</a></p>
<p>Mais les changements climatiques déplacent les espèces <a href="https://doi.org/10.1111/j.1365-2486.2009.01995.x">vers les pôles</a>. Cela pourrait entraîner une <a href="https://doi.org/10.1038/534317a">grave diminution des captures de produits de la mer</a> d’ici 2050 et avoir des conséquences négatives sur des millions de personnes dans le monde. Les effets les plus graves devraient se faire sentir dans les pays en développement et chez les <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0166681">populations autochtones côtières</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Un saumon rouge et or qui nage" src="https://images.theconversation.com/files/413614/original/file-20210728-17-1xna163.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/413614/original/file-20210728-17-1xna163.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/413614/original/file-20210728-17-1xna163.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/413614/original/file-20210728-17-1xna163.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=379&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/413614/original/file-20210728-17-1xna163.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=476&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/413614/original/file-20210728-17-1xna163.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=476&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/413614/original/file-20210728-17-1xna163.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=476&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le réchauffement de l’eau rend les saumons plus vulnérables aux prédateurs, aux parasites et aux maladies, et réduit leur taille.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse canadienne/Jonathan Hayward</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Le <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0145285">déclin projeté des captures de saumon et de hareng</a> en Colombie-Britannique, notamment, pourrait causer un manque en plusieurs vitamines, minéraux et acides gras chez les <a href="https://doi.org/10.1371/journal.pone.0211473">Premières Nations des côtes.</a> Lorsque les régimes alimentaires comprennent davantage de nourriture transformée, riche en calories et en sodium, le <a href="https://doi.org/10.1111/j.1753-4887.2011.00456.x">risque de développer un diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires augmente</a>.</p>
<h2>5. Menaces dans les eaux océaniques, l’air et les produits de la mer</h2>
<p><a href="http://doi.org/10.5334/aogh.2831">L’océan est pollué</a> par le mercure, des produits chimiques industriels, des produits pharmaceutiques, des microplastiques et d’autres substances. Il abrite également de nombreux micro-organismes d’origine naturelle, comme la <a href="https://dx.doi.org/10.1128 %2FMMBR.68.3.403-431.2004">bactérie mangeuse de chair et celle du choléra</a>, ainsi que des <a href="https://doi.org/10.1289/ehp.00108s1133">toxines</a>.</p>
<p>Lorsque la composition chimique et la température de l’océan, ainsi que d’autres dynamiques de l’écosystème marin, sont modifiées, cela peut engendrer des risques pour la santé humaine en causant des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5016795/pdf/nihms-681151.pdf">intoxications par les coquillages</a>, une <a href="https://theconversation.com/climate-change-and-overfishing-are-boosting-toxic-mercury-levels-in-fish-122748">exposition au mercure</a> et diverses maladies.</p>
<p>Les changements climatiques modifient la <a href="https://doi.org/10.1111/gcb.13667">distribution des polluants et les risques qui y sont associés</a>. Ainsi, les infections liées à <a href="https://doi.org/10.1016/j.tim.2016.09.008">certaines souches de bactéries Vibrio</a> pourraient <a href="https://www.contagionlive.com/view/cluster-of-v-vulnificus-pops-up-in-previously-nonendemic-area">devenir plus fréquentes et plus répandues</a> avec le réchauffement des eaux. L’augmentation de la température des eaux peut également entraîner une <a href="https://doi.org/10.1038/s41586-019-1468-9">hausse des concentrations de méthylmercure dans le thon</a>.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’on fait</h2>
<p>Malgré les nombreux liens entre la <a href="https://doi.org/10.1016/j.oneear.2020.05.013">santé des océans</a> et la santé humaine, la <a href="https://www.doi.org/10.1002/pan3.10038">gouvernance mondiale des océans</a> n’a que peu tenu compte de cette dernière. Des politiques comme la <a href="https://uscode.house.gov/view.xhtml ?path=/prelim@title33/chapter44&edition=prelim">loi américaine sur la santé humaine et des océans</a>, ainsi que les <a href="https://doi.org/doi :10.1186/1476-069X-7-S2-S1">centres de recherche et de formation</a> qui y sont associés, peuvent renforcer la collaboration et la coordination entre les divers organismes, secteurs et disciplines pour promouvoir la santé des océans et des populations.</p>
<p>Cette infrastructure et cette compétence interdisciplinaires sont nécessaires pour établir les informations (tels les <a href="https://doi.org/10.3389/fmars.2021.631732">systèmes d’alerte précoce</a>), les politiques, les plans et les systèmes de gestion qui permettront d’atténuer les nouvelles menaces que l’océan fait peser sur la santé publique et d’y répondre. Nous devons élargir le cadre de l’évolution des océans pour passer <a href="https://bcgreencare.ca/climate-change-and-role-of-HA">d’un enjeu environnemental</a> à un enjeu qui inclut la santé humaine et <a href="https://www.oceanpanel.org/sites/default/files/2020-04/towards-ocean-equity.pdf">l’équité sociale</a>.</p>
<p>Au moment où le monde se tourne vers l’océan pour créer une <a href="https://www.worldbank.org/en/news/infographic/2017/06/06/blue-economy">« économie bleue »</a>, des <a href="https://thewalrus.ca/blue-space-is-the-new-green-space/">« espaces bleus »</a>, des <a href="https://doi.org/10.1093/heapro/day103">« soins de santé bleus »</a> et des <a href="https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm ?abstract_id=3854678">« ordonnances bleues »</a>, il est important de se souvenir que l’océan est un lieu d’oppression, <a href="https://doi.org/10.1080/02614367.2019.1640774">d’exclusion</a>, de <a href="https://ore.exeter.ac.uk/repository/bitstream/handle/10871/39233/Hydrophilia_Bell %20et %20al_accepted_CH10_2019.pdf">racisme</a> et d’autres violations historiques et persistantes des <a href="https://e360.yale.edu/features/lawless-ocean-the-link-between-human-rights-abuses-and-overfishing">droits de la personne</a>.</p>
<p>Pour sa santé et celle de ses populations, <a href="https://oceannexus.uw.edu/our-community/un-decade-of-ocean-science-for-sustainable-development/">l’océan doit devenir plus équitable</a>. Pour ce faire, il faut réconcilier et réparer les histoires et les relations entre les cultures, les valeurs et les systèmes de connaissances qui ont la mer en commun.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/165371/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Tiff-Annie Kenny a reçu des fonds des Instituts de recherche en santé du Canada, d'ArcticNet, de Sentinelle Nord (Apogee Canada) et de Génome Canada.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Malaya Bishop ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Mélanie Lemire reçoit des fonds de Services aux Autochtones Canada, Santé Canada, Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada (CIRNAC), Sentinelle Nord (Apogée Canada), Meopar, Génome Canada et l'Institut canadien de recherche sur la santé.</span></em></p>Les eaux océaniques se réchauffent, s’acidifient et s’appauvrissent en oxygène. Cinq facteurs peuvent être associés aux effets des changements climatiques sur les océans.Tiff-Annie Kenny, Professeure associé, Faculté de médecine, Département de médecine sociale et préventive, Université LavalMalaya Bishop, Research Assistant, Department of Biology - Food Security, Climate Change, and Indigenous Health, L’Université d’Ottawa/University of OttawaMélanie Lemire, Associate professor, Department of Social and Preventive Medicine, Université LavalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1628922021-06-18T09:01:45Z2021-06-18T09:01:45ZEn 20 ans, les risques de submersions marines des côtes ont augmenté de 50 %<p>Entre 1993 et 2015, les risques de submersion marine ont augmenté de près de 50 % à l’échelle mondiale : c’est ce que révèle l’étude internationale – coordonnée par l’IRD avec des chercheurs du CNES et de Mercator Océan – que nous venons de publier ce vendredi 18 juin 2021 dans la revue <em>Nature Communications</em>.</p>
<p>En combinant données satellitaires et modèles numériques, nous montrons que ces risques de submersion sont amenés à s’accélérer, notamment dans la zone intertropicale.</p>
<p>Cette situation s’explique par une combinaison de facteurs, dont l’élévation globale du niveau de la mer, mais aussi le déferlement des vagues sur les côtes, un phénomène majeur peu pris en compte jusqu’à présent dans les prévisions climatiques à cause de sa complexité.</p>
<p>La mer monte actuellement de 3 millimètres en moyenne environ par an ; selon les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre retenus, ce niveau pourrait les 80 cm à la fin du XXI<sup>e</sup> siècle !</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1405308439589535748"}"></div></p>
<h2>Le rôle du changement climatique</h2>
<p>Les régions côtières situées à faible altitude – à l’image des côtes basses et sableuses d’Afrique de l’Ouest et des grands deltas comme la région du Gange Brahmapoutre – abritent près de <a href="https://www.ipcc.ch/srocc/">10 % de la population mondiale</a>.</p>
<p>Ces zones aux écosystèmes uniques et sensibles – à l’image des lagunes côtières qui abritent une riche biodiversité ou aux sols d’alluvions fertiles utilisés pour l’agriculture dans le delta du Mékong (Vietnam) – subissent l’érosion du littoral, phénomène est imputable aux activités humaines : déficit de sable sur le littoral à cause des barrages sur les rivières qui bloquent les apports, extraction de sable non contrôlée, affaissement du sol lié au pompage des nappes phréatiques et à l’urbanisation… Elles sont aussi exposées à l’élévation du niveau de la mer.</p>
<p>Et elles font également face à des aléas dévastateurs, que ce soit des épisodes de submersion et/ou d’inondation. On se souvient des tempêtes Katrina et Xynthia, qui ont frappé les États-Unis en 2005 et l’Europe en 2010 ; ou encore du Typhon Haiyan, plus gros cyclone tropical jamais mesuré, qui toucha l’Asie en 2013.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/1UgiTlzEphA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Le super-typhon Haiyan s’abat sur les Philippines (Euronews/Youtube, novembre 2013)</span></figcaption>
</figure>
<p>Ces phénomènes épisodiques sont exacerbés par le réchauffement climatique et les pressions d’origine humaine – aménagements urbains et côtiers, développement des infrastructures touristiques et portuaires, urbanisation galopante et densification urbaine.</p>
<p>La ville de Miami (États-Unis) devrait ainsi devenir l’une des métropoles les plus exposées aux événements de submersion marine dans les années à venir.</p>
<p>Si l’ampleur et la fréquence de ces aléas restent incertaines, les scientifiques estiment que les pays de la zone intertropicale – comme ceux d’Afrique de l’Ouest et d’Asie du Sud-Est – seront particulièrement vulnérables, notamment car ils abritent des métropoles très peuplées sur des côtes basses, pas ou peu protégées – à l’inverse des Pays-Bas où un système de digues et dunes de protection pour faire face aux aléas climatiques extrêmes a été mis en place.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/YZXPdQSu3yA?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’érosion littorale depuis l’espace (IRD/Youtube, 2021).</span></figcaption>
</figure>
<h2>Les grandes vagues à la manœuvre</h2>
<p>Ces épisodes de submersion marine surviennent lorsque le niveau extrême des eaux côtières dépasse l’élévation maximale de la côte (dune, falaise, digue).</p>
<p>Leurs conséquences sont importantes : rupture des protections (brèches) et inondations de zones jusque-là épargnées, comme ce fut le cas lors de la tempête Xynthia en 2010 en France, ou lors du passage de Katrina aux États-Unis.</p>
<p>Les scientifiques ont observé que ce niveau extrême résulte d’une combinaison de plusieurs processus : le niveau régional de la mer, la circulation océanique, le transfert de masse des continents vers l’océan (calottes glaciaires, eaux terrestres, glaciers), la « surcote » (c’est-à-dire la surélévation du niveau d’eau par rapport au niveau de repos) durant les tempêtes due à la pression atmosphérique et aux vents, la marée et, enfin, les effets du déferlement des vagues.</p>
<p>Malgré le <a href="https://lemag.ird.fr/fr/les-vagues-chahutent-le-niveau-de-la-mer">rôle important que jouent les vagues océaniques</a> dans la détermination du niveau de la mer au niveau de la côte, leur contribution était jusqu’à présent largement négligée dans les modèles de prévision des risques de submersion, faute d’une précision suffisante de la topographie des côtes.</p>
<h2>Identifier les « points chauds »</h2>
<p>Dans notre étude, nous avons combiné l’utilisation d’un modèle numérique mondial inédit de niveau de la mer à la côte, incluant l’effet transitoire des vagues d’élévation de surface avec une nouvelle estimation des niveaux extrêmes atteints ; cela a pu être réalisé grâce à des données d’altimétrie satellitaire radar qui permettent de surveiller la hausse du niveau des mers et en tenant compte des ondes de marées, d’analyses du déferlement des vagues et des mesures de protection naturelles et artificielles des côtes.</p>
<p>Nous avons procédé à la quantification de l’augmentation mondiale des évènements de submersion marine pour la période de 1993 à 2015. Pour cela, nous avons précisé, grâce aux données satellitaires, deux paramètres clés de la topographie des côtes : la pente et l’élévation maximale subaérienne de ces espaces.</p>
<p>Le niveau extrême des eaux côtières a été calculé selon une résolution horaire, de façon à identifier le nombre potentiel d’heures de franchissement des protections littorales dans chaque zone sur une base annuelle.</p>
<p>Résultat : en 23 ans, le nombre d’heures par an de submersion marine agrégé au niveau mondial a augmenté de près de 50 %. Nous sommes passés de 10 000 heures par an à plus de 15 000 heures.</p>
<p>La combinaison des marées et des épisodes de grandes vagues (d’une dizaine de mètres au maximum) est le principal contributeur au franchissement épisodique des côtes.</p>
<p>Plusieurs « points chauds » ont été identifiés : le golfe du Mexique, le sud de la Méditerranée, l’Afrique de l’Ouest, Madagascar et la mer Baltique. Ici, l’augmentation des risques de submersion marine est plus élevée en raison des côtes basses et/ou non protégées (naturellement ou artificiellement).</p>
<h2>Une accélération dans les décennies futures</h2>
<p>Nos travaux comportent également un volet de prévision pour le XXI<sup>e</sup> siècle, qui s’appuie sur différents scénarios de hausse du niveau de la mer.</p>
<p>Le nombre d’heures de submersion potentiel pourrait augmenter fortement d’ici à la fin du siècle, avec un rythme plus rapide que l’élévation moyenne du niveau de la mer : c’est-à-dire que le poids de chaque millimètre de hausse n’est pas constant et augmente, et que le risque de franchissement des protections côtières s’accentue.</p>
<p>Cette accélération de la submersion marine est exponentielle et sera clairement perceptible dès 2050, quel que soit le scénario climatique.</p>
<p>À la fin du siècle, l’intensité de l’accélération dépendra des trajectoires d’émissions de gaz à effet de serre, et donc de la hausse du niveau de la mer. En cas de fortes émissions, le nombre d’heures de submersions marines pourrait être multiplié par 50 fois par rapport à ce que nous connaissons actuellement.</p>
<p>Ces chiffres soulignent l’ampleur du défi à relever par la communauté internationale : les besoins de protection sont sans précédent ; il s’agit aussi de changer nos modes d’utilisation des zones littorales fortement exposées à ces aléas marins.</p>
<p>De plus en plus de régions seront exposées à ce risque, tout particulièrement ceux de la zone intertropicale, ainsi que le Nord-Ouest des États-Unis, la Scandinavie ou l’extrême-Est de la Russie.</p>
<p>Des études complémentaires devront être conduites, à des échelles locales et régionales, pour détailler ces projections mondiales. Ces dernières constituent une base solide pour proposer des mesures efficaces d’adaptation, tout principalement dans les points chauds identifiés.</p>
<hr>
<p><em><a href="https://www.linkedin.com/in/cristelle-duos-98283681/?originalSubdomain=fr">Cristelle Duos (IRD)</a> est co-autrice de cet article</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162892/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Rafael Almar ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Cette accélération de la submersion marine est exponentielle et sera clairement perceptible dès 2050, quel que soit le scénario climatique.Rafael Almar, Chercheur en dynamique littorale, Institut de recherche pour le développement (IRD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1563472021-03-15T13:38:53Z2021-03-15T13:38:53ZPourquoi il faut se méfier des dépressions polaires<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/389149/original/file-20210311-13-4g84zi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C52%2C4386%2C3156&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pendant des siècles, les marins des mers nordiques ont raconté des rencontres inattendues avec des tempêtes violentes sortant de nulle part et qui semaient le chaos sur les mers.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Bien connues des populations côtières de la Norvège, les dépressions polaires passent souvent inaperçues au Canada. Courtes, mais intenses et difficiles à prévoir, elles n’en sont pas moins dangereuses et peuvent causer des dégâts importants. Il est impératif de savoir mieux les prévoir.</p>
<p>Le 28 février dernier, l’Institut météorologique norvégien a émis un <a href="https://twitter.com/Meteorologene/status/1365998630356873221/photo/1">avertissement de dépression polaire</a>, prévenant la population de s’attendre à des changements abrupts de la météo. Une semaine plus tard, une <a href="https://twitter.com/Meteorologene/status/1368170775182778371/photo/1">autre dépression polaire menaçait la Norvège</a>.</p>
<p>Plus près de nous, le phénomène serait sans doute passé inaperçu. À titre d’exemple, le 7 mars 2019, une majestueuse dépression polaire s’est formée au-dessus de la mer du Labrador, sans que les communautés côtières en aient connaissance. Si les dépressions polaires sont bien connues des Norvégiens et fréquentes là-bas chaque hiver, elles le sont moins dans <a href="https://www.grida.no/resources/13337">cette région peu peuplée</a>.</p>
<p>Mes recherches en tant que doctorante en sciences de l’atmosphère se concentrent sur ces phénomènes météorologiques, pour lesquels il reste encore beaucoup de questions à répondre. Je réalise des simulations de dépressions polaires avec le Modèle régional canadien du climat au sein du <a href="https://escer.uqam.ca/">Centre pour l’étude et la simulation du climat à l’échelle régionale</a> (ESCER), et je constate que ces phénomènes sont particulièrement difficiles à prévoir du fait de leur petite taille et de leur courte durée.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387940/original/file-20210305-21-1y5hp6p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Image infrarouge acquise par l’instrument AVHRR à bord du satellite NOAA-18 le 7 mars 2019. On peut voir la signature nuageuse (en blanc) d’une dépression polaire qui se trouve à l’est de la région du Labrador.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Environnement et Changements climatiques Canada</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Plusieurs questions vont probablement vous venir à l’esprit : qu’est-ce qu’une dépression polaire ? Pourquoi n’ai-je jamais entendu parler d’elles alors qu’elles se développent parfois près du Canada ? Après avoir fait une <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/16000870.2021.1890412">révision exhaustive de la littérature sur les dépressions polaires</a>, je crois être en mesure de répondre à la majorité de ces questions sur ces mystérieux systèmes météorologiques.</p>
<h2>Petites, mais intenses !</h2>
<p>Les dépressions polaires sont des tempêtes maritimes intenses qui se développent près des pôles pendant la saison froide. Avec un diamètre de moins de 1000 km et une durée de vie qui normalement ne dépasse pas 48 heures, les dépressions polaires sont des tempêtes plus petites et de plus courte durée que les tempêtes hivernales qui frappent souvent le Québec.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387941/original/file-20210305-19-1vghpjh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Images infrarouge acquises par les instruments (a) AVHRR et (b) MODIS. En fonction de la forme de leur signature nuageuse, on peut diviser les dépressions polaires en deux types principaux : (a) nuage en forme de virgule et (b) nuage spiraliforme. Image tirée de Tellus A : 2021, 73, 1890412. Article sous licence CC BY-NC 4.0.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Taylor & Francis Group</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les dépressions polaires sont associées à des conditions météorologiques sévères, notamment des vents forts (atteignant parfois la force d’un ouragan !) et des chutes de neige importantes. Les <a href="https://www.barentswatch.no/en/services/polar-lows-explained/">changements de météo</a> associés aux dépressions polaires sont abrupts.</p>
<p>Par conséquent, elles posent un risque pour les populations côtières, le transport maritime et aérien, et les plates-formes pétrolières et gazières. À tel point qu’il y a quelques cas documentés de dépressions polaires qui ont causé la perte de vies humaines. Par exemple, en octobre 2001, la <a href="https://projects.met.no/polarlow/polar_lows/torsvaag/">dépression polaire Torsvåg</a>, qui s’est développée près de la Norvège, a provoqué le chavirage d’une embarcation et le décès d’un de ses deux membres d’équipage.</p>
<h2>Plus près qu’on pense</h2>
<p>Les dépressions polaires se développent <a href="https://rmets.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/qj.3309">dans les hémisphères nord et sud</a>, entre les pôles et une latitude d’environ 40°N et 50°S, respectivement. Elles se forment près de la lisière des glaces (démarcation entre la glace marine – la glace qui se forme sur les océans – et l’eau libre de glace) et près des continents enneigés, quand l’air très froid situé au-dessus de la surface se déplace au-dessus de l’océan, qui est relativement chaud.</p>
<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=H5VNPfHIgpE">L’océan fournit de la chaleur et de l’humidité à cet air froid</a>, ce qui constitue une source d’énergie pour le développement des dépressions polaires. Les dépressions polaires se dissipent quand elles arrivent sur terre ou sur la glace marine, car cette source d’énergie disparaît.</p>
<p>Près du Canada, on observe des dépressions polaires qui se développent au-dessus de la mer de Labrador, du détroit de Davis et de la baie d’Hudson. Ces régions étant de faible densité démographique, le risque d’impact sur la population est faible. Cependant, dans d’autres parties du globe, les dépressions polaires peuvent vite s’avérer dangereuses. Par exemple, la Norvège et le Japon sont les principaux pays qui subissent les impacts de ces tempêtes, car ils ont d’importants bassins de population situés dans les zones côtières affectées par ces tempêtes.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=424&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387944/original/file-20210305-19-ilbm99.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Image infrarouge acquise par l’instrument AVHRR à bord du satellite NOAA-19, le 1ᵉʳ mars 2021. L’image montre la dépression polaire qui s’est développée à l’ouest de la Norvège (en blanc).</span>
<span class="attribution"><span class="source">Meteorologisk institutt</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Avec les changements climatiques, on peut s’attendre à ce que la distribution spatiale des dépressions polaires et leur fréquence soient modifiées. Les résultats de quelques études indiquent que dans l’Atlantique Nord, les régions de formation de dépressions polaires se déplaceront vers le nord avec le retrait de la lisière des glaces, et la <a href="https://doi.org/10.1175/JCLI-D-16-0255.1">fréquence des dépressions polaires diminuera</a>. Cependant, il reste encore beaucoup de questions à répondre sur l’impact des changements climatiques sur la fréquence et la distribution spatiale des dépressions polaires.</p>
<h2>Des tempêtes difficiles à prévoir</h2>
<p>Bien prévoir les dépressions polaires est indispensable afin d’éviter, dans la mesure du possible, les dommages et les dégâts. Malheureusement, la prévision des dépressions polaires est un vrai défi du fait de leur petite taille et de leur courte durée.</p>
<p>Comme pour toute prévision météorologique, les <a href="https://theconversation.com/la-pandemie-a-un-impact-sur-les-previsions-meteo-137046">ingrédients essentiels pour la prévision correcte</a> des dépressions polaires sont un modèle atmosphérique performant et de bonnes conditions initiales. Or le manque d’observations conventionnelles (comme les observations des stations de surface) au-dessus des océans et près des pôles fait en sorte que les conditions initiales ne sont pas toujours assez bonnes.</p>
<p>Grâce au développement des modèles atmosphériques à haute résolution, les dépressions polaires sont mieux capturées qu’auparavant. Cependant, ces modèles doivent être améliorés afin de mieux représenter certains processus clés pour la formation des dépressions polaires, tels que les échanges de chaleur entre l’océan et l’atmosphère.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=527&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=663&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=663&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/387943/original/file-20210305-19-8z9r7j.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=663&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Carte d’analyse du Centre météorologique canadien (CMC) correspondante au 1ᵉʳ mars 2021 à 06:00 UTC. Les flèches montrent la direction et l’intensité du vent, et les couleurs montrent l’intensité du vent en km/h. Les lignes noires continues sont des isobares, qui rejoignent des points de pression égaux. Les cercles concentriques avec un « L » au centre représentent des cyclones. La dépression polaire est représentée par le petit cercle à l’ouest de la côte nord de la Norvège.</span>
<span class="attribution"><span class="source">MétéoCentre</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malgré le fait que les modèles à haute résolution nous permettent de prévoir correctement certaines dépressions polaires, il reste du travail à faire pour réussir à prévoir correctement tous ces systèmes météorologiques. D’ici là, restez à l’affût : la saison des dépressions polaires dans l’hémisphère nord n’est toujours pas finie !</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/156347/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Marta Moreno Ibáñez est membre individuel du Conseil de l'Association of Polar Early Career Scientists (APECS) et membre de la Société canadienne de météorologie et d'océanographie (SCMO). Elle a reçu une bourse d'excellence de la Fondation familiale Trottier.</span></em></p>Les dépressions polaires, qui sont des tempêtes maritimes intenses et parfois dangereuses, se forment près du Canada sans que personne ne s’en rende compte. Comment les prévoir ?Marta Moreno Ibáñez, PhD candidate in Earth and atmospheric sciences, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1248242019-10-20T19:40:30Z2019-10-20T19:40:30ZLe changement climatique va-t-il nous priver d’assurance ?<p>181 catastrophes naturelles ont été recensées dans le monde en 2018, selon le <a href="https://www.swissre.com/dam/jcr:d1b2d5f7-c37e-41c2-b084-21648612d7a9/sigma2_2019_fr.pdf">réassureur Swiss Re</a>. Par catastrophe naturelle, on considère tous les événements d’origine naturelle, survenant brutalement et générant d’importants dommages matériels et humains. Pour cette même année 2018, les dommages économiques qui leur sont imputables sont estimés à 155 milliards USD (soit 0,19 % du PIB mondial) dont 76 milliards étaient assurés contre ces catastrophes.</p>
<p>L’année 2017 avait été largement plus dévastatrice – du fait des ravages causés par les ouragans Harvey et Irma – avec un record historique de pertes à 337 milliards de dollars.</p>
<p>De manière générale, les pertes économiques liées aux désastres naturels ne cessent de croître depuis 1970. Parmi les raisons, il faut tenir compte de l’amélioration du recensement de ces évènements, ainsi que de l’augmentation du capital installé, c’est-à-dire des bâtiments, des infrastructures (de transport, d’énergie, etc.), des entreprises, des industries, etc.</p>
<p>Mais un troisième facteur entre en jeu. Sous l’effet du changement climatique, ces catastrophes s’intensifient et <a href="https://theconversation.com/ue-des-catastrophes-naturelles-en-augmentation-depuis-les-annees-1980-48610">leur fréquence est accrue</a>. Elles étaient jusqu’ici couvertes par des contrats d’assurance et de réassurance – qui consiste à assurer les assureurs – mais leur coût est en hausse constante et croissante : cela s’explique par l’augmentation du capital installé, mais aussi par une probabilité plus forte des évènements extrêmes à dommages graves associés. Le marché de l’assurance est-il donc prêt à faire face à ces aléas ?</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/295831/original/file-20191007-121071-1vtiw94.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/295831/original/file-20191007-121071-1vtiw94.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/295831/original/file-20191007-121071-1vtiw94.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/295831/original/file-20191007-121071-1vtiw94.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/295831/original/file-20191007-121071-1vtiw94.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/295831/original/file-20191007-121071-1vtiw94.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/295831/original/file-20191007-121071-1vtiw94.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/295831/original/file-20191007-121071-1vtiw94.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Pertes assurées vs. non-assurées (1970-2017) en milliards de dollars US (prix de 2017).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.artemis.bm/news/insured-disaster-losses-hit-record-144bn-in-2017-swiss-re/">Swiss Re</a></span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/295832/original/file-20191007-121075-1etbxdu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/295832/original/file-20191007-121075-1etbxdu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/295832/original/file-20191007-121075-1etbxdu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/295832/original/file-20191007-121075-1etbxdu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/295832/original/file-20191007-121075-1etbxdu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=284&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/295832/original/file-20191007-121075-1etbxdu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=357&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/295832/original/file-20191007-121075-1etbxdu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=357&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/295832/original/file-20191007-121075-1etbxdu.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=357&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Indemnisations versées par les assureurs suite à des aléas naturels en France métropolitaine.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Fédération française de l’assurance, synthèse de l’étude changement climatique et assurance (2016).</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des assureurs de plus en plus frileux</h2>
<p>Aux États-Unis, certains assureurs, déjà, montrent des réticences à assurer certains types de menaces. Dans des zones où le <a href="https://www.nytimes.com/2019/08/20/climate/fire-insurance-renewal.html">risque incendie</a> est de plus en plus important, comme en Californie ou dans le Colorado par exemple, des contrats d’assurance habitation ne sont pas renouvelés. De même en Australie, où le risque d’<a href="https://coastadapt.com.au/role-of-insurance">élévation progressive du niveau de la mer</a> ne cesse de s’accentuer, aucune compagnie ne propose dans les contrats d’assurance de biens immobiliers résidentiels, de couvrir ce type d’aléa.</p>
<p>En France, un Plan de prévention des risques naturels (PPRn) définit les zones vulnérables, et notamment les zones non constructibles. Selon la loi, l’assureur n’est pas contraint d’accorder la garantie catastrophes naturelles pour les biens ou activités implantés dans des zones jugées inconstructibles par le PPRn. Depuis le début des années 2000, les assureurs de la forêt – Groupama, Crédit Agricole, Sylvassur – ne couvrent plus certaines zones jugées trop risquées, notamment sur le pourtour méditerranéen.</p>
<p>Dans de nombreux pays européens, les habitations situées dans des zones à haut risque (principalement d’inondation) sont exclues du marché de l’assurance. Et certaines menaces naturelles, par exemple sismiques, sont considérées comme non assurables pour <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2212420918311610">des habitations vulnérables</a> en Italie ou en Hongrie.</p>
<p>Dans les pays en développement, enfin, l’assurance indicielle – assurance pour laquelle l’indemnisation se déclenche dès lors qu’un indice, généralement météorologique, dépasse un certain seuil – est largement développée, et le <a href="https://www.giz.de/en/downloads/giz-2016-en-innovations_and_emerging_trends-agricultural_insurance.pdf">marché en pleine expansion</a>.</p>
<p>Les primes y sont subventionnées par l’État pour soutenir les producteurs en cas de chocs météorologiques. Face à des risques plus fréquents et plus intenses, notamment la sécheresse, la survie de ces assurances est toutefois menacée et des difficultés peuvent apparaître pour les populations qui en dépendent.</p>
<h2>Les critères de couverture mis à mal</h2>
<p>Cette réticence croissante des assureurs s’explique lorsque l’on se penche sur les cinq critères principaux qui conditionnent la couverture d’un risque – critères que la plupart des catastrophes naturelles ne satisfont pas.</p>
<p>Le premier requiert l’existence de nombreux risques homogènes et indépendants afin de pouvoir les mutualiser : il est mis à mal dans un contexte de changement climatique où l’indépendance des risques <a href="https://www.puf.com/content/Le_climat_apr%C3%A8s_la_fin_du_mois">n’est plus respectée</a>. En effet, auparavant, de nombreux aléas pouvaient être considérés comme indépendants (tempête et incendie en forêt, par exemple) alors que le changement climatique crée dorénavant un lien entre eux.</p>
<p>Ensuite, les menaces ne doivent pas affecter une grande partie de la population en même temps : or l’accroissement démographique à l’échelle planétaire, l’étalement des villes ainsi que l’urbanisation galopante laissent présager une <a href="https://www.nat-hazards-earth-syst-sci.net/16/2403/2016/nhess-16-2403-2016.pdf">concentration des populations et des capitaux</a>.</p>
<p>Par ailleurs, la survenance du sinistre doit être imprévisible et indépendante de la volonté de l’assuré : si les individus n’ont pas un impact direct sur la fréquence d’occurrence d’une catastrophe naturelle de type tempête ou inondation, le rôle de l’homme dans le réchauffement climatique qui les influence <a href="https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/02/WG1AR5_SPM_FINAL.pdf">n’est toutefois plus à prouver</a>.</p>
<p>Le quatrième critère impose que le risque soit quantifiable, en termes de fréquence et d’intensité. Or l’incertitude quant à ces mesures apparaît de plus en plus forte.</p>
<p>Enfin, la prime d’assurance doit être économiquement acceptable, or les coûts associés à l’occurrence d’événements extrêmes <a href="https://www.cairn.info/revue-journal-international-de-bioethique-et-d-ethique-des-sciences-2019-2-page-147.htm">sont de plus en plus importants</a>. Ce qui pose d’importants problèmes de capitalisation aux assureurs, avec comme risque l’insolvabilité. Jusqu’alors, les décalages entre le versement des primes, l’occurrence du sinistre et le versement des indemnités permettaient aux assureurs de capitaliser. Or, les sinistres étant plus fréquents et plus intenses, cette capitalisation pourrait être rendue impossible.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1154006221227220993"}"></div></p>
<h2>Des contrats plus exigeants</h2>
<p>Pour faire face à ce nouveau contexte climatique sans se retirer systématiquement du marché, les assureurs risquent à terme de <a href="https://dice.univ-amu.fr/sites/dice.univ-amu.fr/files/public/222_knetsch.pdf">faire évoluer de manière drastique les contrats</a> en jouant sur le montant de la prime, le niveau de franchise, ou encore le seuil de déclenchement… Bien sûr, ces changements auront tendance à accroître les inégalités, en accablant les habitants des zones les plus vulnérables.</p>
<p>Un moyen de contrecarrer cet effet pervers est de considérer les efforts de prévention individuels dans le contrat d’assurance. C’est-à-dire les outils de gestion des risques mobilisés par les individus en amont des événements extrêmes ; par exemple, construire ou renforcer son logement dans le respect des règles parasismiques pour réduire sa vulnérabilité au séisme.</p>
<p>Ces efforts de prévention sont coûteux pour les individus et pourtant peu pris en compte lors de la signature d’un contrat d’assurance. Ils contribuent cependant à réduire la fréquence et l’intensité du sinistre, et devraient donc logiquement faire baisser la prime d’assurance.</p>
<h2>Une évaluation des risques de plus en plus adaptée</h2>
<p>Dès lors que l’on adapte ces contrats, sur quelles informations se fonder pour évaluer les risques ? Le recul temporel et la précision accrue des observations météorologiques (images satellites, données de réseaux sociaux) ainsi que le développement des systèmes numériques fournissent des informations de plus en plus fiables.</p>
<p>Parallèlement, les améliorations apportées par le progrès technique et l’innovation laissent présager des avancées notables dans le domaine de la construction, du transport ou encore de l’énergie. En effet, ces différents secteurs vont s’adapter à la croissance des chocs climatiques et seront ainsi moins vulnérables que par le passé.</p>
<p>Enfin, de plus en plus, les assureurs s’associent à des groupes non liés à l’assurance pour améliorer la <a href="https://link.springer.com/article/10.1057/gpp.2009.14">compréhension des risques</a> liés au changement climatique. L’Earth Institute de l’Université de Columbia collabore ainsi avec Swiss Re pour mettre en œuvre une télédétection par satellite afin de soutenir la micro-assurance – mécanisme de protection des personnes défavorisées exclues des systèmes d’assurance formels – pour les <a href="https://link.springer.com/article/10.1057/gpp.2009.14">petits agriculteurs en Afrique</a>. Une problématique de terrain portée par l’assureur est ainsi résolue par un institut de recherche.</p>
<h2>Des secteurs bien préparés</h2>
<p>Par ailleurs, on peut considérer que les systèmes bancaire, assurantiel et les marchés financiers sont suffisamment résilients.</p>
<p>Étroitement encadrés par l’État, les établissements d’assurance sont ainsi tenus de détenir un montant minimum de fonds propres. Cette somme est fonction des actifs qu’ils détiennent et des risques encourus, information par ailleurs obligatoirement communiquée aux autorités. Ces secteurs sont donc relativement bien préparés à l’occurrence d’événements extrêmes et à la gestion de leurs dommages, grâce à une forte capitalisation.</p>
<p>La réassurance a par ailleurs toujours permis de lisser les conséquences de désastres naturels. Elle détient un accès à des capitaux divers et une faculté d’adaptation et d’amélioration permanente.</p>
<p>La tendance à l’internationalisation et à la globalisation des marchés de l’assurance et de la réassurance améliorent également la <a href="https://www.cairn.info/revue-d-economie-financiere-2017-1-page-119.html">mutualisation et la diversification des risques</a>. En effet, les événements extrêmes ont souvent une portée locale, de sorte que des compensations peuvent s’effectuer entre les différentes zones du globe.</p>
<h2>De nouvelles perspectives</h2>
<p>Enfin, le recours accru à des outils de partage du risque tels que la titrisation ouvre de nouvelles perspectives aux assureurs et aux réassureurs, et donne accès à <a href="https://www.cairn.info/revue-journal-international-de-bioethique-et-d-ethique-des-sciences-2019-2-page-147.html">d’autres sources de liquidités</a>. Ainsi, les obligations catastrophes « Cat-bonds », qui sont apparues en réaction au cyclone Andrew en 1992, sont des produits financiers liés aux catastrophes naturelles émis par des assureurs, des réassureurs ou des banques.</p>
<p>Ces produits financiers ont actuellement le vent en poupe, en particulier parce qu’ils offrent un rendement attractif et sont peu corrélés aux autres actifs financiers : ils représentent donc une source de diversification des risques intéressante pour les émetteurs). De la même façon, les assurances indicielles ou les dérivés climatiques (contrats fondés sur des indices objectifs et transparents comme le HDD, <em>heating degree day</em>, ou le CDD, <em>cooling degree day</em>) voient le jour et permettent de contrer le problème d’aléa moral inhérent aux contrats d’assurance traditionnelle.</p>
<p>Assureurs comme assurés doivent se montrer proactifs dans ce contexte. Les uns en développant des solutions de prévention, les autres en évitant les comportements à risque et en adoptant ces mesures de prévention.</p>
<p>L’État a également un rôle à jouer dans la gestion des risques et son indemnisation : il a pour cela la possibilité d’influencer le comportement des deux parties concernées, l’assureur, via le cadre juridique et réglementaire, et l’assuré, principalement par l’éducation, mais aussi par d’éventuelles obligations d’assurance.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/124824/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’augmentation et l’intensification des chocs climatiques extrêmes entraînent déjà le retrait des assureurs dans certaines zones.Marielle Brunette, Chargé de recherche, InraeAntoine Leblois, Chargé de recherches, économie du développement, InraeStéphane Couture, Chercheur, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1230472019-09-06T14:12:27Z2019-09-06T14:12:27ZChangements climatiques: les plus pauvres seront les plus affectés<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/291177/original/file-20190905-175668-1xg6foj.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Julia Aylen se promène dans l'eau jusqu'à la taille en transportant son chien pendant qu'elle est secourue pendant l'ouragan Dorian à Freeport, aux Bahamas. </span> <span class="attribution"><span class="source">AP Photo/Tim Aylen</span></span></figcaption></figure><p>L'ouragan Dorian a dévasté les Bahamas, <a href="https://www.tvanouvelles.ca/2019/09/04/les-secours-sactivent-dans-les-bahamas-ravagees-par-louragan-dorian">faisant une vingtaine de morts,</a> et plaçant la dimension humaine des changements climatiques au premier plan des nouvelles. Cette catastrophe naturelle survient alors qu'on assiste à l'échec continu de nombreux gouvernements à réduire efficacement leurs émissions de gaz à effet de serre. </p>
<p>Deux rapports sur le climat récemment publiés <a href="https://www.ohchr.org/FR/Pages/Home.aspx">par le Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies </a> donnent un aperçu des défis futurs. </p>
<p>Un précédent <a href="https://www.ohchr.org/Documents/Issues/Poverty/A_HRC_41_39.pdf">rapport sur les changements climatiques et la pauvreté</a>, publié en juin 2019, a été rédigé par Philip Alston, le rapporteur spécial sur l'extrême pauvreté et les droits humains. Ce rapport attire l'attention sur l'impact disproportionné et dévastateur du changement climatique sur les personnes vivant dans la pauvreté.</p>
<p>Les deux rapports soulignent que les gouvernements doivent agir d'urgence. Nos recherches suggèrent que le droit international relatif aux droits humains peut déjà offrir des outils utiles pour prévenir et réparer les injustices climatiques, y compris les responsabilités des entreprises, telles que renforcées dans le rapport Boyd.</p>
<p>Le rapport Alston classe les impacts du changement climatique sur les droits de l'humain comme un apartheid climatique dans lequel les riches « <a href="https://news.un.org/en/story/2019/06/1041261">paieraient pour échapper à la surchauffe, à la faim et aux conflits pendant que le reste du monde souffrirait</a> ». L'ampleur de cette urgence climatique dépend dans une large mesure des efforts déployés par la communauté internationale pour en atténuer les effets. </p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/290765/original/file-20190903-175673-1bbg3oc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/290765/original/file-20190903-175673-1bbg3oc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/290765/original/file-20190903-175673-1bbg3oc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/290765/original/file-20190903-175673-1bbg3oc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/290765/original/file-20190903-175673-1bbg3oc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/290765/original/file-20190903-175673-1bbg3oc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/290765/original/file-20190903-175673-1bbg3oc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/290765/original/file-20190903-175673-1bbg3oc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Un réfugié syrien marche dans la neige dans un camp de peuplement informel au Liban, qui a connu son hiver le plus rigoureux depuis des années.</span>
<span class="attribution"><span class="source">UNHCR/Diego Ibarra Sánchez</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une augmentation de 1,5 degré par rapport aux niveaux préindustriels <a href="https://www.ohchr.org/Documents/Issues/Poverty/A_HRC_41_39.pdf">pourrait exposer 457 millions de personnes supplémentaires à des risques liés au climat</a>, notamment l'élévation du niveau de la mer, les inondations, les sécheresses, les incendies de forêt, les dommages aux écosystèmes, la production alimentaire et la disponibilité de l'eau potable.</p>
<p>Une augmentation de deux degrés mettrait 100 à 400 millions de personnes supplémentaires en danger de souffrir de la faim, et un milliard à deux milliards de personnes n'auraient peut-être pas accès à suffisamment d'eau. Au total, 140 millions de personnes dans les régions les plus pauvres d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine pourraient être déplacées par les changements climatiques d'ici 2050. </p>
<p>Les deux rapports font état de pertes et de dommages permanents qui dépassent nos capacités financières et technologiques. Notre recherche récente documente des incidents existants dans <a href="https://doi.org/10.1080/14693062.2019.1640105">les petits pays vulnérables</a>. Comme nous l'avons conclu dans une autre contribution récente à <em>Politique climatique</em>, les personnes touchées par <a href="https://doi.org/10.1080/14693062.2019.1630353">les changements climatiques provoqués par l'humain chercheront de plus en plus à être dédommagées par ceux qui ont contribué aux dommages subis</a>. </p>
<h2>Échelle d'impact</h2>
<p><a href="https://www4.unfccc.int/sites/NDCStaging/Pages/All.aspx">Les engagements actuels en matière d'atténuation</a> entraîneront toujours une hausse de trois degrés ou plus des températures mondiales. <a href="https://unfccc.int/fr/process-and-meetings/the-paris-agreement/l-accord-de-paris">Les Contributions Déterminées au Niveau national (CDN) à l'Accord de Paris</a> laissent un vide important. <a href="https://climateactiontracker.org/">De nombreux pays n'ont pas encore atteint l'objectif qu'ils s'étaient fixé</a> de respecter les engagements qu'ils avaient pris à l'égard des CDN.</p>
<p>L'ampleur de l'impact global, même à 1,5 degré, est sans précédent. Les changements climatiques exacerberont la pauvreté et les inégalités entre pays développés et pays en développement, ainsi qu'à l'intérieur des pays. </p>
<p>L'inégalité de cet impact disproportionné est exacerbée par le fait que ceux qui vivent dans la pauvreté ont contribué - et continueront de contribuer - le moins au problème. La moitié la plus pauvre de la population mondiale n'est responsable que de 10 pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre. D'autre part, une personne qui se situe dans le haut de l'échelle d'un pour cent (ce qui inclut la plupart des citoyens de la classe moyenne dans les pays développés) est en moyenne responsable de <a href="https://www.oxfam.org/en/research/extreme-carbon-inequality">175 fois plus d'émissions qu'une personne dans les 10 pour cent inférieurs</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/285799/original/file-20190726-43126-1n2emtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=39%2C0%2C4368%2C2909&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/285799/original/file-20190726-43126-1n2emtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=39%2C0%2C4368%2C2909&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/285799/original/file-20190726-43126-1n2emtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/285799/original/file-20190726-43126-1n2emtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/285799/original/file-20190726-43126-1n2emtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/285799/original/file-20190726-43126-1n2emtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/285799/original/file-20190726-43126-1n2emtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/285799/original/file-20190726-43126-1n2emtz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Des sacs de sable au bord de la mer au Bangladesh afin de protéger les maisons de l'élévation du niveau de la mer due au changement climatique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>En quête de justice climatique</h2>
<p>La justice climatique a été <a href="https://sdg.iisd.org/news/aosis-chair-urges-increased-focus-on-loss-and-damage-at-cop-24/">un refrain constant de nombreux pays en développement vulnérables</a> pendant les négociations sur le climat. Cependant, à mesure que les pays développés s'enrichissaient en <a href="https://www.ohchr.org/Documents/Issues/Poverty/A_HRC_41_39.pdf">brûlant une quantité irresponsable de combustibles fossiles</a>, le droit international n'a pas réussi à déterminer la responsabilité des pays riches de fournir une aide aux pays en développement. Entre-temps, presque aucune attention n'a été accordée à la compréhension de la manière dont <a href="https://dx.doi.org/10.2139/ssrn.2974768">les responsabilités indépendantes des entreprises en matière de respect des droits humains s'appliquent dans le contexte climatique</a>. </p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/LdSzRLJt0TU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Benjamin Schachter, Responsable des droits humains, parle de la façon dont les catastrophes liées au changement climatique affectent la vie des gens.</span></figcaption>
</figure>
<p>Cependant, s'il est clair que les pays développés sont largement responsables des émissions historiques, certains des principaux émetteurs énumérés dans le rapport novateur de Richard Heede sont <a href="http://climateaccountability.org/pdf/MRR%209.1%20Apr14R.pdf">au Sud</a> comme l'Arabie saoudite, l'Iran, la Chine, l'Inde, le Venezuela, le Koweit, Abou Dhabi et l'Algérie. Leurs activités ont permis d'accumuler une grande richesse pour leurs industries et leur pays (ou du moins pour leurs gouvernements), <a href="https://www.ipcc.ch/">mais elle a contribué à des impacts dévastateurs sur le climat pour d'autres </a>.</p>
<p>Le rapport Alston suggère que la seule façon d'aborder les dimensions des droits humains de la crise climatique est que les États réglementent efficacement les entreprises. Ceux qui sont lésés par les changement climatiques pourront poursuivre les entreprises responsables devant les tribunaux. Cela signifie qu'en l'absence de réglementation, les entreprises n'ont pas la responsabilité de réduire leurs émissions.</p>
<p>Pourtant, les « <a href="https://www.ohchr.org/Documents/Issues/ClimateChange/KeyMessages_on_HR_CC.pdf">Messages clés sur le changement climatique et les droits de l'Homme</a> » de l'ONU stipulent que « les entreprises sont aussi soumises à des devoirs et doivent être responsables de leurs propres impacts climatiques ». </p>
<p>De même, la déclaration de 2018 du Comité des droits économiques, sociaux et culturels sur les changements climatiques note expressément que « <a href="https://www.ohchr.org/en/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=23691&LangID=E">les personnes morales sont tenues de respecter les droits énoncés dans le Pacte, que les lois nationales existent ou soient pleinement appliquées dans la pratique</a> ».</p>
<p>Diverses autres initiatives se sont attaquées aux responsabilités des entreprises, notamment les <a href="https://climateprinciplesforenterprises.org">Principes de 2018 sur les obligations des entreprises en matière de climat</a>. </p>
<p>Les effets dévastateurs des changements climatiques sur ceux qui vivent déjà dans la pauvreté sont de plus en plus difficiles ou impossibles à éviter. Étant donné que de nombreux États ne respectent pas leurs propres obligations, il est crucial que la responsabilité des entreprises de respecter les droits humains soit prise au sérieux par ceux qui plaident pour une action climatique. Les entreprises, <a href="https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=23930&LangID=E">en tant que partie prenante de la société</a>, doivent assumer leurs responsabilités afin d'atténuer les impacts climatiques croissants sur ceux qui peuvent le moins se permettre de les supporter. </p>
<p><em>Ne manquez aucun de nos articles écrits par nos experts universitaires.</em> <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters?utm_source=TCCA-FR&utm_medium=inline-link&utm_campaign=newsletter-text&utm_content=expert">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/123047/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Lisa Benjamin reçoit une bourse postdoctorale Killam. Elle est membre du Comité d'application de la CCNUCC (Service de la facilitation) et du Réseau mondial pour l'étude des droits humains et de l'environnement.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sara L Seck a reçu des des fonds du Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale pour la recherche sur les responsabilités des entreprises en matière de droits de la personne et de changements climatiques, et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour la recherche sur les responsabilités des entreprises en matière de droits de la personne. Elle est membre du Réseau mondial pour l'étude des droits humains et de l'environnement.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Meinhard Doelle ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les effets du changement climatique affecteront de manière disproportionnée les plus pauvres de la planète, mettant en danger la vie et la santé de millions de personnes, surtout dans les pays du Sud.Lisa Benjamin, Assistant Professor Lewis & Clark Law School (Fall 2019), Lewis & Clark Meinhard Doelle, Professor, Dalhousie UniversitySara L Seck, Associate Professor, Dalhousie UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.