tag:theconversation.com,2011:/us/topics/pessimisme-44772/articlespessimisme – The Conversation2023-11-07T17:29:17Ztag:theconversation.com,2011:article/2171062023-11-07T17:29:17Z2023-11-07T17:29:17ZSi la société française déprime, est-ce vraiment « la faute aux vieux » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/557696/original/file-20231106-25-sbc2pc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C62%2C1180%2C727&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Selon une étude de l’Ipsos, 72&nbsp;% des plus de 60&nbsp;ans mais aussi 70&nbsp;% des moins de 35&nbsp;ans estiment que «&nbsp;c’était mieux avant&nbsp;».
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/wili/3559309194">Ville Miettinen/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La France a tendance à regarder dans le rétro. Selon la dernière livraison de l’enquête annuelle <a href="https://www.ipsos.com/fr-fr/fractures-francaises-2023-tableau-dune-france-en-colere">« Fractures françaises »</a> de l’Institut Ipsos en octobre 2023, 73 % des Français disent que « c’était mieux avant ». Ils n’étaient « que » 69 % l’année précédente. Est-ce en raison du vieillissement de la population ? Pas forcément. En effet, l’âge ne semble pas être la variable explicative dominante puisque 70 % des moins de 35 ans et 72 % des plus de 60 ans sont d’accord avec cette affirmation. Deux points d’écart seulement. Les 35-59 ans sont les plus nostalgiques avec un score de 75 %.</p>
<p>Concernant le regard sur l’avenir du pays, 44 % de la population estiment qu’il « est plein d’opportunités et de nouvelles possibilités ». Sur ce point, les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/seniors-38909">seniors</a> sont franchement les plus pessimistes, ce qui est le plus souvent le cas depuis 2013. Ils sont 39 % à se déclarer de cet avis, alors que les moins de 35 ans sont 55 % à se déclarer optimistes. On peut donc former l’hypothèse que les seniors comparent plus facilement que les plus jeunes la situation d’aujourd’hui à celle d’hier.</p>
<iframe src="https://www.slideshare.net/slideshow/embed_code/key/vGQNhx964UvT9F" width="100%" height="485" frameborder="0" marginwidth="0" marginheight="0" scrolling="no" style="border:1px solid #CCC; border-width:1px; margin-bottom:5px; max-width: 100%;" allowfullscreen=""> </iframe>
<p></p><div style="margin-bottom:5px"> <strong> <a href="//www.slideshare.net/IpsosFrance/fractures-franaises-dition-2023" title="Fractures françaises - Édition 2023" target="_blank">Fractures françaises - Édition 2023</a> </strong> de <strong><a href="//www.slideshare.net/IpsosFrance" target="_blank">Ipsos France</a></strong> </div><p></p>
<p>Une autre <a href="https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2023-10/Ipsos-Cese-%C3%89tat-de-la-France-septembre-2023%201.pdf">étude</a>, également menée par l’Ipsos avec le Conseil économique social et environnemental (CESE) et publiée en septembre 2023, montre que cette forte nostalgie sociale s’appuie sur le pessimisme des Français quant à l’avenir du pays ou de la planète. Concernant la France, en moyenne seulement 29 % des Français se disent optimistes. Le vieillissement démographique viendrait-il renforcer ce pessimisme ? Là encore, la réponse est non : les plus de 60 ans sont les plus optimistes (37 %) tandis qu’ils ne sont que 26 % chez les moins de 35 ans et 25 % chez les 35-59 ans. Un écart de 11 et 12 points.</p>
<p><iframe id="bIQ43" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/bIQ43/1/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>De même, les seniors sont les plus optimistes (ou les moins pessimistes) concernant l’avenir de la planète et de la nature : 28 % d’optimistes contre 23 % chez les plus jeunes. Une différence de 5 points qui est moindre que l’écart selon les catégories socioprofessionnelles : les CSP – sont 28 % à être optimistes pour la planète contre 21 % chez les CSP+. Soit une différence de 7 points. Une <a href="https://www.institut-viavoice.com/dereglement-climatique-et-societe-enquete-viavoice-septembre-2023/">étude</a> récente de l’institut ViaVoice, confirme le poids de la situation sociale : 76 % des CSP – s’inquiètent du dérèglement climatique mais 89 % chez les cadres.</p>
<p>La différence entre les sexes est aussi à prendre en compte. Selon Ipsos, concernant l’avenir de la planète, les femmes, sont optimistes à seulement 21 %, et les hommes à 30 %. Un écart de 9 points. Aucun écart en revanche en ce qui concerne le sentiment concernant l’avenir de la France (29 % d’optimistes). Bref, concernant la planète, les plus pessimistes sont les femmes de moins de 50 ans issues des catégories les plus favorisées… Et les plus âgés se distinguent par (un peu) plus d’optimisme.</p>
<h2>La confiance, une question d’âge ?</h2>
<p>L’une des caractéristiques majeures de la société française concerne le manque de confiance entre les gens et envers les institutions. Chaque année, l’étude Fractures françaises montre la puissance de cette défiance.</p>
<p>À la question « peut-on faire confiance à la plupart des gens ? », depuis 2013, le score reste en effet significativement faible. En 2023, seulement 26 % de la population répond par l’affirmative. Notons que c’est le point le plus haut depuis 10 ans. Contrairement aux dix années précédentes, cette année, les retraités sont les plus négatifs avec seulement 22 % de réponses positives. Généralement, seuls les cadres se disaient plus confiants que les retraités. Cette fois, même les ouvriers sont plus confiants. La crise sociale autour de la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/reforme-des-retraites-82342">réforme des retraites</a>, la hausse de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/inflation-28219">l’inflation</a> et le retour de la guerre en Europe constituent autant d’éléments qui ont pu jouer sur le moral des seniors.</p>
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<p>L’une des questions les plus passionnantes de l’étude Fractures françaises concerne l’autoévaluation par les Français de leur satisfaction à propos de leur vie. La moyenne des Français se situe à un médiocre 6/10. Les retraités s’autoévaluent à 6,2, alors que les ouvriers sont à 5,3 et les cadres à 6,8. Sur ce point, la question sociale joue un rôle plus important que l’âge. Les très satisfaits sont 11 % chez les cadres et 1 % chez les ouvriers… On en compte 8 % chez les retraités. En termes d’âge, les moins de 35 ans et les plus de 60 ans se situent au même niveau de 6,2. Les 35-59 ans étant encore un peu moins satisfaits, à 5,8. Le fait d’être en plein dans l’activité professionnelle et dans la vie de famille explique sans doute ce résultat très moyen.</p>
<h2>Comment ça va ?</h2>
<p>On retrouve dans L’état de la France, des chiffres assez proches : si 78 % des Français se disent satisfait de leur « état de bien-être » (physique, moral, social), les « très satisfaits » sont que 19 %. Il n’y a guère d’écart entre les moins de 35 ans (81 % de satisfaits) et les plus de 60 ans (83 %). En revanche, les 35-59 ans ne sont que 73 % à se dire satisfaits. Les CSP – étant 9 points en dessous en termes de satisfaction que les CSP+. Et les <a href="https://theconversation.com/fr/topics/femmes-27381">femmes</a> se situent 4 points en dessous des hommes. À gros traits, les femmes de catégories modestes et ayant 35 – 59 ans, affichent donc, en moyenne un bien-être bien moindre que les autres types de population.</p>
<p>Ce bien être dépend d’abord des « relations avec (sa) famille » pour 57 % des Français, puis de sa santé, et, bien après, de son cadre de vie. Pour l’importance de la famille, l’écart reste peu significatif selon l’âge et à peine plus en terme social, mais très conséquent selon le sexe : les femmes le situent dans les trois critères les plus essentiels, à 64 %, contre seulement 50 % pour les hommes.</p>
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<p>Le deuxième item, l’état de santé, est mis en avant par 51 % des Français. Assez logiquement, l’écart le plus net se réalise entre les « jeunes » et les « seniors » : 30 points de différences ! De 35 % pour les moins de 35 ans à 65 % pour les plus de 60 ans. L’écart est de 8 points entre femmes et hommes comme entre CSP – et CSP+. Les hommes issus des classes populaires sont donc les moins enclins à prendre en considération leur santé et donc la prévention. Ce sont, en même temps, ceux dont l’espérance de vie reste la plus faible.</p>
<p>Les politiques de prévention doivent ainsi mieux prendre en compte les différences de perceptions et de représentation des catégories populaires, en inscrivant aussi la question de l’âge et du sexe.</p>
<h2>Le fait social est têtu</h2>
<p>Toujours selon l’étude de l’Ipsos sur l’état de la France, le sujet qui préoccupe le plus la population à titre personnel reste le pouvoir d’achat (40 %). Là encore la question sociale est prédominante même si les écarts sont aussi élevés selon les âges. C’est un sujet majeur pour 58 % des familles monoparentales, 52 % des CSP – et 46 % des moins de 35 ans.</p>
<p>On terminera en signalant la grande différence de « manque » majeur selon les classes sociales. Pour les CSP+, le manque de temps présente à 50 % le premier frein pour vivre bien, alors que c’est le manque d’argent, qui arrive, avec 48 %, en premier chez les CSP-. La comparaison à front renversé peut se poursuivre car en deuxième position les CSP+ situent le manque d’argent, à 35 %, et les catégories populaires, le manque de temps, à 36 %. Le fait social est têtu…</p>
<p>Est-il surprenant que la société continue dans sa majorité à mal vivre l’évolution économique, culturelle et sociale du pays ? L’âge des répondants n’est pas nécessairement le premier facteur explicatif de cet imaginaire négatif, les questions sociales et culturelles restent prédominantes. Dans d’autres cas, comme la représentation de l’avenir ou l’importance des relations avec la famille, le sexe apparait comme une variable forte de la différenciation.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/217106/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Serge Guérin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’analyse d’études récentes sur la perception des Français concernant l’état de pays permet de nuancer l’importance de la fracture générationnelle comme facteur explicatif de la grande déprime.Serge Guérin, Professeur INSEEC GE. Sociologue, directeur de MSc « Directeur des établissements de santé », INSEEC Grande ÉcoleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/930422018-03-14T23:38:36Z2018-03-14T23:38:36ZSondage : les Français sans illusion face aux effets de la mondialisation<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/209966/original/file-20180312-30958-1flnjpf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=46%2C28%2C3709%2C2492&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Globalisation…</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/44699/">MarcelaPalma/VisualHunt</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>Pour sa 6<sup>e</sup> édition, le Printemps de l’économie a fait réaliser un sondage exclusif OpinionWay auprès de 1 000 personnes sur le thème « Les Français et la mondialisation »</em>.</p>
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<p>Ce sondage révèle assez nettement la perception négative et la désillusion que la mondialisation nourrit. Mauvaise opinion pour 60 % des Français interrogés, inquiétude pour l’avenir des prochaines générations à 71 %… la mondialisation est pour les sondés synomyme de pauvreté, de chômage, d’inégalités et d’uniformisation culturelle, selon le sondage que vient de publier OpinionWay pour le printemps de l’économie. Décryptage.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/209960/original/file-20180312-30989-168m51a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/209960/original/file-20180312-30989-168m51a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/209960/original/file-20180312-30989-168m51a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/209960/original/file-20180312-30989-168m51a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/209960/original/file-20180312-30989-168m51a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=371&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/209960/original/file-20180312-30989-168m51a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/209960/original/file-20180312-30989-168m51a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/209960/original/file-20180312-30989-168m51a.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=466&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Sondage OpinionWay pour Le Printemps de l’économie.</span>
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<p>Argent, commerce, économie, uniformisation et pauvreté arrivent en tête des mots que la mondialisation évoque et les termes négatifs (complot, arnaque, conflit, destruction…) l’emportent très largement sur ceux positifs (développement, chance, opportunité). 60 % des personnes interrogées ont une « mauvaise opinion de la mondialisation », fortement exprimée par les hommes (63 %), mais par une majorité de femmes aussi (58 %). C’est chez les 50-54 ans que cette opinion négative est la plus fortement exprimée (71 %) et chez les inactifs (63 %), contre 58 % pour les CSP+.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/209962/original/file-20180312-30965-1kylfsx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/209962/original/file-20180312-30965-1kylfsx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/209962/original/file-20180312-30965-1kylfsx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/209962/original/file-20180312-30965-1kylfsx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/209962/original/file-20180312-30965-1kylfsx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=388&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/209962/original/file-20180312-30965-1kylfsx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/209962/original/file-20180312-30965-1kylfsx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/209962/original/file-20180312-30965-1kylfsx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=488&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Sondage OpinionWay pour Le Printemps de l’économie.</span>
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<p>Les « perdants » de la mondialisation ne sont pas les seuls à exprimer leur défiance. Par exemple, CSP+ et inactifs perçoivent de la même manière la puissance des multinationales, qu’ils placent devant les États et les banques comme étant les acteurs qui fixent les règles des échanges internationaux. Si les plus jeunes semblent croire un peu plus au pouvoir citoyen que les plus âgés, globalement tout le monde ou presque s’accorde à reconnaître que les citoyens ne sont guère en mesure de fixer les règles de la mondialisation.</p>
<p>Si l’Asie et l’Amérique du Nord sont perçues par une petite majorité comme les régions gagnantes de la mondialisation, pour l’Europe la perception des effets négatifs (47 %) l’emporte sur celle des effets positifs (39 %), surtout parmi les hommes et les plus âgés.</p>
<p>La mondialisation a beau être perçue comme un vecteur d’innovation, aucune majorité d’ensemble ne se dégage pour y voir un moyen d’élever le niveau d’éducation, d’améliorer la santé, de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes, d’éradiquer la faim. Seule exception, les moins de 35 ans qui, en matière d’éducation et de santé, ont une perception nettement plus positive.</p>
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<span class="caption">Sondage OpinionWay pour Le Printemps de l’économie.</span>
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<p>Au niveau de la France, un tiers seulement des sondés perçoivent des effets positifs sur la croissance. Pour la majorité d’entre eux, la mondialisation a eu des effets négatifs sur le pouvoir d’achat, la préservation de l’environnement, l’emploi et les salaires. C’est d’ailleurs à ce niveau (salaire et emploi) que la différence d’appréciation entre hommes et femmes est la plus forte : les hommes sont les plus enclins à percevoir des effets négatifs (d’autant plus qu’ils sont âgés).</p>
<p>La majorité des sondés associent également la mondialisation à une uniformisation des pratiques culturelles (61 %), vestimentaires (60 %), alimentaires (53 %).</p>
<p>66 % des personnes interrogées seraient favorables à des règles plus strictes en matière d’échanges commerciaux, exprimant par là même une tentation protectionniste, très prononcée chez les plus âgés.</p>
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<span class="caption">Sondage OpinionWay pour Le Printemps de l’économie.</span>
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<p>Les personnes interrogées ne croient guère en la possibilité d’une mondialisation plus harmonieuse et perçoivent avec pessimisme les effets de la mondialisation sur l’avenir.</p>
<p>Aux gouvernants de prendre la mesure d’une telle désillusion, et d’œuvrer au maintien d’un monde ouvert où les gains de la mondialisation puissent être mieux partagés. Car, à n’en pas douter, la mondialisation en intensifiant les échanges produit des gains. Le problème est que ces gains sont fortement concentrés quand, au contraire, nombreux sont les perdants pour qui la mondialisation rime avec perte d’emploi, concurrence des bas salaires, effacement du local, perte d’identité culturelle.</p>
<p>Pour les gagnants de la mondialisation, le monde n’a pas de frontière et les opportunités sont vastes. Pour les perdants, l’espace se réduit à un territoire en berne, la mobilité est impossible et l’horizon bouché. C’est ce fossé que l’action publique doit combler en favorisant la mobilité des personnes au moins autant que celle des marchandises et en faisant vivre le local autant que le global. Sans cela continueront de fermenter les velléités de fermeture et de repli d’où viennent les heures les plus sombres de l’histoire.</p>
<hr>
<p><em>Methodologie : Sondage OpinionWay pour Le Printemps de l’économie. L’étude « Les Français et la mondialisation » a été réalisée auprès d’un échantillon de 1 002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. Les interviews ont été réalisées par questionnaire autoadministré en ligne sur système CAWI (« computer assisted web interview ») du 14 au 16 février 2018. Marges d’incertitude : 1,5 à 3 points au plus pour un échantillon de 1 000 répondants.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/93042/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jézabel Couppey-Soubeyran ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Ce sondage révèle assez nettement la perception négative et la désillusion que la mondialisation nourrit.Jézabel Couppey-Soubeyran, Maître de conférences en économie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et conseillère éditoriale, CEPIILicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/844922017-10-18T21:26:09Z2017-10-18T21:26:09ZRéintroduire de la confiance dans l’économie : bienveillance et pacification des relations inter‑organisationnelles<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/190610/original/file-20171017-30417-un1hyq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Changer les relations entre les organisations.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/177164/"> Visual Hunt</a></span></figcaption></figure><p>Dans ce quatrième et dernier article, nous développons l’idée selon laquelle une part essentielle des difficultés rencontrées au sein des entreprises, difficultés de nature à entretenir le pessimisme, prennent naissance dans les relations que les entreprises entretiennent entre elles.</p>
<h2>Le pessimisme lié aux relations inter‑entreprises et inter‑organisationnelles</h2>
<p>Les <a href="http://bit.ly/2yPvfb5">vagues successives d’externalisation</a> ont rendu les entreprises de plus en plus dépendantes de leurs fournisseurs et sous-traitants.</p>
<p>Ces derniers assurent désormais des tâches <a href="http://bit.ly/2yo6nGI">autrefois réalisées par leurs clients</a> et il n’est pas rare de constater qu’une même chaîne de valeur, il y a peu portée par une seule ou deux entreprises, se trouve désormais éclatée entre dix entreprises ou plus ; une majorité de ces dernières se trouvant à l’étranger.</p>
<p>Cet <a href="http://bit.ly/2zsE87v">éclatement des chaînes de valeur</a> est, au sein des entreprises, synonyme de tensions nouvelles. Les fournisseurs sont mis sous pression de temps, de marge et de trésorerie et les clients risquent gros à être livrés en retard ou à des conditions moins favorables que leurs concurrents. La tension s’est donc généralisée tout le long de la chaîne de valeur, à mesure que celle-ci s’éclatait.</p>
<p>Au-delà, les acheteurs sont de plus en plus vus comme les principaux responsables des <a href="http://www.theses.fr/2009PEST3010">délocalisations</a> et partant, de la <a href="http://www.cae-eco.fr/IMG/pdf/055.pdf">désindustrialisation</a> du pays. Le péril pour l’industrie française viendrait de ces multiples décisions individuelles réalisées par des acheteurs se comportant en <em>Homo œconomicus</em>.</p>
<p>Heureusement, comme l’écrivait le poète allemand Friedrich Hölderlin, « là où croit le péril… croît aussi ce qui sauve ». Et c’est bien des achats que semble émerger les solutions les plus porteuses d’espoir.</p>
<h2>La dégradation des relations inter‑organisationnelles…</h2>
<p>Confrontées à des difficultés en termes d’insuffisance de résultat, mais aussi de trésorerie, nombreuses sont les entreprises qui voient dans la pression mise sur leurs fournisseurs une porte de salut.</p>
<p>Au-delà de la négociation de contrats particulièrement défavorables à leurs fournisseurs en termes de prix, un certain nombre d’abus se sont développés dans les années récentes au détriment des fournisseurs.</p>
<p>Parmi <a href="http://bit.ly/2zgpxLd">ces abus de pouvoir</a>, citons : le non-respect des délais de paiement, la rupture brutale de contrat, le détournement de propriété intellectuelle, les conditions contractuelles imposées, les modifications unilatérales des contrats, le contrat à prix ferme sans prise en compte des fluctuations des matières premières, les activités non rémunérées, l’absence de visibilité sur les commandes, l’autofacturation par le client ou même le racket au crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi.</p>
<p>Les fournisseurs, à leur tour clients, reportent sur leurs propres fournisseurs et partant sur toute l’économie, des pratiques renforçant les antagonismes alors même que la survie de nos entreprises dépend en grande partie de la capacité à travailler ensemble.</p>
<p>En effet, après plusieurs <a href="http://bit.ly/2kSXzmF">vagues importantes d’externalisation</a>, très rares sont devenues les entreprises capables d’innover et de créer de la valeur seulement par elle-même. Des briques technologiques et savoir-faire importants se trouvent chez les fournisseurs sans lesquels il est devenu tout simplement impossible d’innover.</p>
<p>En oubliant ou en ignorant ce changement fondamental dans le fonctionnement des chaînes de valeur, nos entreprises deviennent moins performantes et créent elles-mêmes un contexte particulièrement difficile pour la reprise de leur activité.</p>
<p>Ceci est particulièrement vrai en France où il a été nécessaire de légiférer (avec la <a href="http://bit.ly/2zgpxLd">loi LME</a> qui avait entre autres pour objectif de réduire les tensions fortes particulièrement dans le contexte des relations clients-fournisseurs)) pour réduire les délais de paiement et contribuer à la pacification des relations client-fournisseur.</p>
<p>Depuis, la <a href="https://www.mieist.bercy.gouv.fr/">Médiation des Relations Inter-Entreprises</a> joue un rôle essentiel dans la prévention des abus de pouvoir des clients sur leurs fournisseurs. Si son action est à saluer, elle est symptomatique des relations « à couteaux tirés » qui caractérisent notre industrie et qui donnent des acheteurs une image de <em>cost killer</em> plutôt que de managers de ressources externes.</p>
<p>À l’inverse, l’un des facteurs des succès allemands, garant de la qualité des produits, comme de la capacité d’innovation, réside à n’en pas douter dans les relations collaboratives développées entre clients et fournisseurs de l’autre côté du Rhin.</p>
<h2>… à l’origine de tensions et de pessimisme au sein des entreprises</h2>
<p>Le <a href="http://bit.ly/2yPtSsG">crédit inter-entreprises</a> représente aujourd’hui 600 milliards d’euros en France. Ces chiffres témoignent de la responsabilité des acheteurs – mais aussi et surtout des directeurs financiers – dans la fragilité de la reprise économique actuelle. En maintenant des relations de concurrence avec leurs partenaires fournisseurs, les acheteurs ne permettent pas que la nécessaire confiance se développe.</p>
<p>Les effets dévastateurs de la défiance qui caractérise les relations entre partenaires économiques sont notamment mesurables au travers des <a href="http://bit.ly/2ysxEW5">frais d’hétéronomie</a> : c’est-à-dire des coûts de dépendance à autrui.</p>
<p>En effet, elle pousse les entreprises comme les salariés qui les composent, à toujours avoir comme référentiel les actions de leurs concurrents avérés ou potentiels – soit pour les imiter, soit pour s’en distinguer.</p>
<p>Cette hétéronomie conduit à la fois à constamment devoir surveiller autrui, s’en protéger ou encore s’en détacher. La surveillance se traduit par l’investissement dans l’intelligence économique, la veille concurrentielle et plus largement dans des coûts de maintenance d’un réseau de relations qui permet de rester informé.</p>
<p>Quant au besoin de protection, il s’illustre particulièrement dans les secteurs de pointe où la course aux brevets, le respect des droits d’auteurs et les frais juridiques liés, constituent une part croissante du budget des entreprises.</p>
<p>La démarcation par rapport aux concurrents demande en outre elle aussi de plus en plus d’efforts : personnalisation des produits et services poussée à l’extrême, politiques de qualité drastiques malgré la réduction permanente des coûts, plans marketing et campagne de communication qui, pour certains produits de grande consommation, représentent l’essentiel des coûts de mise sur le marché.</p>
<p>La concurrence a également d’autres effets inattendus. La mise en concurrence des individus ou des organisations par leur donneur d’ordres les conduit à devoir constamment rendre des comptes sur leurs performances au risque d’être évincés par leurs rivaux, qui, eux, auront su mettre en scène leur efficacité supposée. C’est l’entrée dans <a href="http://bit.ly/2xKrHBV">« la société de l’audit » que décrit bien Michael Power</a>.</p>
<p>Les relations contractuelles de marché y remplacent des liens autrefois fondés sur d’autres critères comme l’histoire commune, la proximité géographique, la famille… La mise en compétition par le marché a ainsi conduit à la fragmentation et à la dispersion progressive des <a href="http://bit.ly/2gLNkvK">chaînes de valeur</a> (<a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2010-2-p-89.htm">Palpacuer et Balas, 2010</a>). Et c’est alors le seul récit sur la performance qui constitue le principal lien entre les acteurs de ces réseaux économiques. La compétition généralisée a donc pour conséquence d’éloigner les donneurs d’ordres de leurs réseaux d’exécutants, fournisseurs, sous-traitants… Les relations historiques sont remplacées par des relations contractuelles où seule l’information sur la performance est systématiquement analysée.</p>
<p>La régulation par la transparence impose également un certain nombre de coûts aux acteurs économiques. C’est particulièrement le cas pour la communication vers les partenaires financiers. Elle s’organise et demande un véritable savoir-faire dans la mise en scène de l’information. La création et la diffusion de ces savoir-faire dans les entreprises correspondent d’ailleurs à la constitution des départements de communication externe.</p>
<p>Et le coût est d’autant plus élevé qu’aujourd’hui s’ajoute à la performance économique une pression à la diffusion d’informations sur les performances sociales et environnementales. Les relations contractuelles s’enrichissent ainsi de toute une palette de nouveaux indicateurs qui complexifient le contrôle à distance.</p>
<p>On aboutit alors au paradoxe selon lequel la mise en concurrence des prestataires et des fournisseurs qui devait aboutir à des gains de productivité conduit en fin de compte à une augmentation des coûts de transaction lorsque la richesse des informations à contrôler ne cesse de croître.</p>
<p>Et cette nécessité de donner à voir ou à lire ses performances vaut aussi bien pour l’organisation que pour les individus qui la composent. Cet impératif de communication des performances individuelles et collectives a pris une telle importance dans la société contemporaine que certains observateurs s’interrogent quant au coût de cette reddition d’information.</p>
<p>Le besoin de transparence exigée par la compétition généralisée pourrait ainsi avoir une face sombre, celle du coût même de sa production (<a href="http://bit.ly/2yQp7iD">Gomez, 2008</a>). Cette thèse prend ainsi le contrepied de la théorie de la diminution tendancielle des coûts de transaction proposée par Williamson, prix Nobel d’économie <a href="http://bit.ly/2ztR1Op">(Williamson, 1979)</a>.</p>
<p>Au-delà du coût de la reddition permanente de comptes sur la performance, nous voulons également souligner ici un de ses effets indirects. Dans un système où la compétition repose sur la mise en transparence des performances, la réputation publique et donc sa préservation prennent une place prépondérante. Par peur du scandale, de la différence qui peut conduire à la stigmatisation, les acteurs sociaux peuvent faire le choix de l’imitation plutôt que celui de la singularité. On arrive donc au paradoxe suivant : alors que, selon la théorie économique, la compétition est sensée engendrer l’innovation maximale, elle peut dans certains cas conduire au mimétisme généralisé <a href="http://bit.ly/2xLwOli">(DiMaggio et Powell, 1983)</a>.</p>
<p>Et dans un tel contexte favorisant le mimétisme, on peut s’attendre à l’apparition d’un cercle vicieux : la compétition conduit à l’imitation, qui renforce à son tour la compétition ; chacun luttant pour les mêmes positions. Cette intensification de la concurrence conduit in fine à l’augmentation du niveau général de violence contenue dans le système économique. Certains auteurs ne voient alors qu’une seule échappatoire pour sortir de l’engrenage : le sacrifice d’un bouc-émissaire. Inutile de préciser l’inefficacité d’un tel système.</p>
<h2>Cultiver des relations inter-organisationnelles bienveillantes</h2>
<p>S’il est possible de constater aujourd’hui un développement des collaborations, tant au sein des relations verticales (entre clients et fournisseurs) que dans les relations horizontales (entre entreprises concurrentes ou de même rang dans la chaîne globale de valeur), force est de reconnaître qu’en la matière de nombreuses entreprises partent de loin. Le potentiel de création de valeur par la collaboration n’en est que renforcé.</p>
<p>C’est bien ce potentiel qui justifie un <a href="http://www.jstor.org/stable/43150207?seq=1#page_scan_tab_contents">recours accru à la collaboration</a>. A l’heure où les achats représentent fréquemment jusqu’à 80 % du chiffre d’affaires suite aux vagues d’externalisation de ces dernières années, une part essentielle de la valeur proposée aux clients finaux est créée chez les fournisseurs. Ce sont ces derniers qui, bien souvent, détiennent les clés de l’innovation qui contribuera au succès des produits à moyen, voire à court terme.</p>
<p>Forts de ce constat, nombreux sont aujourd’hui les dirigeants et directeurs achats qui ont compris que les achats étaient devenus une fonction stratégique. Cette reconnaissance nouvelle ne découle pas uniquement du potentiel de réduction des coûts des achats mais également de leur capacité à créer de la valeur.</p>
<p>En achetant ou produisant grâce aux achats des produits plus innovants et de meilleure qualité technique mais aussi sociale et environnementale, il est possible d’augmenter la marge par le haut, c’est-à-dire en augmentant ce que les Américains appellent le <a href="http://bit.ly/2yvrbLW"><em>pricing power</em></a>, et donc le prix de vente.</p>
<p>Le recours à ce levier bien plus créateur de marge que le trop traditionnel levier de la baisse des coûts (qui vise plutôt l’augmentation de la marge par le bas) permet de passer de la logique des achats <em>low cost</em> à celle des achats <em>high value</em>. Au-delà de la pertinence économique, les conséquences sociales de ces stratégies et pratiques seraient sans doute de nature à redonner confiance et optimisme au sein des entreprises françaises.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/84492/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une source de difficulté ignorée dans les entreprises vient des relations inter-entreprises empreintes de rivalité. Souvent, davantage de bienveillance permettrait un fonctionnement plus optimal.Hugues Poissonnier, Professeur d'économie et de management, Directeur de la Recherche de l’IRIMA, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-Etre au travail et Paix Economique, Grenoble École de Management (GEM)Pierre-Yves Sanséau, Professeur de Gestion des Ressources Humaines, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-être au travail et Paix Economique à Grenoble Ecole de Management, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/844912017-10-17T19:46:45Z2017-10-17T19:46:45ZSortir d’un pessimisme ancré au cœur des pratiques managériales<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/190473/original/file-20171016-30979-1qufpsq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Remettre de l'optimisme dans l'entreprise.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/1665/colleagues-working-in-modern-office/">Visual hunt</a></span></figcaption></figure><p>En suivant notre <a href="http://bit.ly/2gmLQLy">précédente chronique consacrée au travail</a> et à un certain pessimisme professionnel à la française, allons un peu plus loin et intéressons-nous aux actes de management et plus particulièrement ceux liés à la gestion des ressources humaines.</p>
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<h2>Du bureau du personnel à la GRH</h2>
<p>Tout d’abord, faisons un constat : la GRH n’est pas connotée positivement dans le discours de l’entreprise et des salariés français. Il semble tout d’abord qu’elle soit restée associée à une certaine idée de la <a href="http://bit.ly/2kSl3Ix">« gestion du personnel »</a>, du « bureau du personnel » qui ont connu leurs heures de gloire dans les années 1960 et 1970. Embauche, paye, licenciement, voilà à quoi se résumaient des actes bien plus administratifs que managériaux.</p>
<p>Héritée d’une conception industrielle taylorienne-fordienne, la vision du personnel était celle d’un mal nécessaire, un prolongement de la machine qu’il convenait de traiter comme un coût, une charge et non une ressource. Les ressources étaient alors le capital, les matières premières, les équipements et les machines. D’ailleurs, l’individu au travail était avant tout considéré comme le prolongement de la machine, pour effectuer ce que la machine ne pouvait pas encore faire. Et pourtant… nous sommes passés d’une gestion du « personnel » à une gestion des « ressources humaines », positionnant ainsi l’humain comme une ressource première pour l’entreprise.</p>
<p>Cette approche, visible depuis les années 1990, part du présupposé, que si l’individu au travail est une ressource, il convient d’une part de la considérer comme telle, mais également de la développer, de la renforcer et qu’elle se trouve à l’équilibre dans un contexte professionnel. On en arrive même à parler aujourd’hui de bien-être au travail, ce qui est un brin optimiste pour certains, pointant du doigt le fait que chacun est maître de son équilibre, à la croisée entre vies familiale, professionnelle et sociale.</p>
<p>Pourtant, malgré ces changements a priori très positifs dans le désormais « Management » des RH, le pessimisme est souvent au rendez-vous.</p>
<p>Du côté des managers et encadrants des grandes organisations, ce nouveau rôle attribué de <a href="http://bit.ly/2v7plvk">« Premier RH »</a>, s’il est valorisant peut être mal perçu et mal vécu. En effet, ces managers ont parfois le sentiment que désormais tout leur incombe : déclinaison de la stratégie d’entreprise, fixation des objectifs, responsabilité par rapport à l’atteinte des objectifs, fourniture des moyens, organisation du travail et maintenant attribution de nombreuses prérogatives de GRH. Le manager doit piloter les recrutements, les entretiens de progrès, les évaluations, gérer la formation, développer l’employabilité des membres de son équipe, etc.</p>
<p>La charge de travail et les responsabilités qui lui incombent ne cessent de grossir. Certes la fonction managériale est enrichie, plus proche de l’humain mais les moyens et le contexte n’y seraient pas. Et puis, ils se rendent vite compte que cette nouvelle approche des RH doit rendre des comptes, dont ils sont également porteurs et responsables. Cartographie des actions, suivi des processus, calculs des retours sur investissement, la dimension contrôle revient au pas de charge dans des entreprises marquées historiquement au fer de la domination et du contrôle.</p>
<p>Du côté des salariés, ces nouvelles approches de management des RH comportent des aspects positifs et des bénéfices potentiels.</p>
<p>Pourtant, les baromètres sociaux des entreprises sont au rouge-orange. Peur du lendemain, plafond de verre auquel on se heurte car on est une femme ou parce que les diplômes obtenus ne sont plus suffisants, compétences détenues non valorisées, moral en berne des salariés aux cadres… les unes des revues spécialisées en management et en RH ne cessent d’égrener une litanie bien connue désormais.</p>
<p>L’entreprise est un lieu de plus en plus contraignant, le travail s’accélère, s’intensifie et se densifie, les objectifs ne cessent de croître sans moyens ni ressources complémentaires. Les nouvelles approches managériales et les nouveaux outils RH sont considérés par certains comme un piège, car avançant masqués sous couvert de dimension humaine, mais bien plus destructeurs à terme. En témoignent les <a href="http://bit.ly/2gnuyxX">vagues de suicide en entreprise, la souffrance au travail</a>, l’épuisement professionnel et les <em>burn out</em> de plus en plus nombreux.</p>
<h2>Pour les bases d’un management suscitant l’optimisme</h2>
<p>Dans la réalité et le quotidien de l’entreprise française, management et optimisme <a href="http://bit.ly/2zeuTXo">vont trop rarement de pair</a>. Pourtant les exemples des entreprises qui cultivent l’optimisme sont probants : cela est possible et cela marche ! L’exemple de Techné en est un, d’autres nous montrent la voie…</p>
<p>L’environnement professionnel joue incontestablement un rôle essentiel vis-à-vis de l’optimisme des salariés. De nombreuses études se sont focalisées sur les relations entre cet environnement et le sentiment de bonheur ou de bien-être au travail. <a href="http://bit.ly/2hK9I8H">L’institut Gallup</a> identifie cinq facteurs essentiels et propose même un questionnaire permettant à chacun de faire sa propre évaluation. Ces cinq facteurs sont les suivants :</p>
<ul>
<li><p>L’ambiance de travail (qui reflète essentiellement la qualité des échanges avec les collègues et les supérieurs hiérarchiques)</p></li>
<li><p>Le sentiment d’utilité et d’efficacité personnelles dans son métier</p></li>
<li><p>L’intérêt porté à son travail (qui intègre le sentiment de progresser et d’apprendre au quotidien)</p></li>
<li><p>L’autonomie (sans doute l’élément le plus discutable, les attentes pouvant être bien diverses sur ce point en fonction des cultures)</p></li>
<li><p>Le sentiment de justice et la reconnaissance reçue.</p></li>
</ul>
<p><a href="http://bit.ly/2x0gltW">Le modèle PERMA de Seligman</a> souligne l’importance de la dimension relationnelle (ambiance, reconnaissance, etc.). Il insiste sur les éléments suivants :</p>
<ul>
<li><p>Le P de émotions positives</p></li>
<li><p>Le E de engagement</p></li>
<li><p>Le R de relations positives</p></li>
<li><p>Le M de <em>meaning</em> en anglais, témoignant de l’importance du sens</p></li>
<li><p>Le A de accomplissement.</p></li>
</ul>
<p>Conscients des impacts sur les performances de leurs salariés, de nombreux dirigeants investissent dans des programmes destinés à favoriser le bien-être de leurs salariés. La démarche est souvent utilitariste et prend alors racine dans les études témoignant de l’existence d’une relation de cause à effet entre bien-être au travail et performance. Elle dépasse parfois cette vision pour permettre au dirigeant de déployer un management plus cohérent avec ses propres valeurs. Quoi qu’il en soit, une clé importante de succès de ces démarches réside dans les véritables changements organisationnels qui sont opérés. Trop souvent, des mesures ponctuelles sont prises comme la mise à disposition d’une salle de relaxation qui risque d’être peu fréquentée si le management ne change pas véritablement. Une constante de ce point de vue : consacrer moins de temps au contrôle et à l’application des règles et procédures mais davantage au véritable accompagnement <a href="http://boutique.arte.tv/f10216-bonheur_travail">des salariés</a>.</p>
<p>L’optimisme au travail semble également directement lié à l’utilisation des bons leviers de motivation. Dépassons bien sûr ici la conception de l’<em>Homo œconomicus</em> qui fait de l’individu au travail quelqu’un qui serait mû uniquement par la rétribution financière perçue à la fin du mois. À côté de cette motivation extrinsèque, une réelle motivation intrinsèque existe.</p>
<p>Elle tient au plaisir de réaliser le travail en lui-même. Longtemps les managers, après avoir reconnu l’existence de ces deux formes de motivation au travail, ont considéré que ces derniers étaient cumulables. Les derniers travaux sur le sujet montrent que, dans bien des cas, la motivation extrinsèque peut, si elle n’est pas adaptée, détruire la motivation intrinsèque et dégrader durablement l’optimisme des salariés.</p>
<h2>Le sens, nouvelle clé de motivation</h2>
<p>Au-delà des conclusions des dernières recherches sur la motivation, le principe de réalité est le premier à plaider en faveur d’un management qui serait davantage <a href="http://bit.ly/2zr55bv">porteur de sens</a>. L’argent ou les perspectives de carrière étant plus difficiles à offrir (compte tenu de leur rareté), la motivation doit reposer sur d’autres leviers.</p>
<p>Les salariés eux-mêmes formulent d’ailleurs de nouvelles attentes, ou plus précisément des attentes à la hiérarchie bouleversée. L’argent n’arrive plus en tête. La justice, l’autonomie ou le <a href="http://bit.ly/2sORdqy">bien-être au travail</a> deviennent les priorités des salariés et les meilleurs leviers de motivation pour les managers.</p>
<h2>La bienveillance dans le management</h2>
<p>La <a href="http://ch.optimistan.org/">Ligue des optimistes de Suisse</a> témoigne de l’importance de la <a href="http://bit.ly/2ytIxc8">bienveillance du management</a> pour renforcer l’optimisme au travail. Plusieurs entreprises ont su reprendre cette idée à leur compte en mettant en place des actions très concrètes :</p>
<ul>
<li><p>Participation des salariés à l’aménagement de leurs nouveaux bureaux comme chez <a href="http://bdm-communication.com/">Bord de mer Communication</a> ;</p></li>
<li><p>Mise à disposition de salles de repos, d’espaces de fitness et proposition de cours de gym et de massages chez Générali ou <a href="http://bit.ly/2gKraKm">Voyageurs du Monde</a> ;</p></li>
<li><p>Organisation de conférences sur le sommeil par <a href="http://bit.ly/2zdMq2b">Malakoff Mederic</a></p></li>
<li><p>Formations à la cohérence cardiaque et négociation de remboursement par la mutuelle de séances chez le nutritionniste <a href="http://bit.ly/2go7Q90">chez Pepsico</a>.</p></li>
<li><p>Formation en e-learning à repérer les seuils d’alerte du stress chez Malakoff Mederic</p></li>
<li><p>Redistribution de 25 % du résultat net sur un plan d’épargne salariale, quel que soit le niveau d’ancienneté du salarié chez Human & Partners…</p></li>
</ul><img src="https://counter.theconversation.com/content/84491/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>En complément aux analyses déjà réalisées, qu’en est-il du rôle des pratiques managériales dans la diffusion et la persistance du niveau élevé de pessimisme au sein de nos entreprises.Pierre-Yves Sanséau, Professeur de Gestion des Ressources Humaines, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-être au travail et Paix Economique à Grenoble Ecole de Management, Grenoble École de Management (GEM)Hugues Poissonnier, Professeur d'économie et de management, Directeur de la Recherche de l’IRIMA, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-Etre au travail et Paix Economique, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/844902017-10-16T20:52:49Z2017-10-16T20:52:49ZLe pessimisme français au travail, une situation sans retour ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/190441/original/file-20171016-31002-t5u0or.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Trop de tensions dans le travail en France ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.buynothingnew.org/2017/06/sole-treadmill-reviews.html">Hamza Butt</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Notre <a href="http://bit.ly/2kSHXQe">précédent article</a> soulignait que le pessimisme en France pourrait prendre ses racines dans des valeurs sociétales intégrées dès l’enfance et cultivées par le système d’éducation à la française. Le monde de l’entreprise n’est cependant pas en reste. Les plus pessimistes diront que le monde du travail est un lieu de domination voire d’asservissement naturel étant donnés les rapports dominants-dominé entre un hiérarchique (dirigeant-manager-contremaître, etc.) et un subordonné (employé, ouvrier, etc.).</p>
<p>Les plus réalistes parleront d’organisation du travail et de structuration des rapports entre les différentes fonctions d’une entreprise, les deux étant nécessaires afin que chacun sache quelles sont ses tâches et prérogatives et que l’ensemble soit régulé et optimisé.</p>
<h2>Un pessimisme aux racines profondes</h2>
<p>La France demeure, dans l’univers du travail, un modèle de <a href="http://bit.ly/1YVfp1K">culture hiérarchique</a>. Les appellations « mon patron », « mon chef » restent les qualificatifs les plus courants pour désigner la <a href="http://bit.ly/2xGiwCz">représentation collective du hiérarchique</a>. Elles ne sont pas neutres car elles font clairement référence à un sentiment conscient et inconscient de domination paternaliste, d’autorité à laquelle on se soumet, voire de peur. Entendues dès l’enfance dans la bouche de nos parents, elles sont ensuite intégrées et renforcées, certains diraient même cultivées au niveau sociétal.</p>
<p>Ce sentiment de <a href="http://bit.ly/2xGPozO">peur latent</a> n’est pas ensuite le meilleur des atouts pour libérer les énergies positives, la créativité, l’envie de travailler et de s’investir dans un projet ou des tâches. Il confère davantage au suivi des ordres et des directives, à la non-prise d’initiative et à la subordination. Des deux côtés de la hiérarchie, « chef » et employé déploient leurs gammes dans un contexte contraint et subit. Un jeu de dupes ? Est-ce vraiment la réalité ou un mauvais schéma que les Français cultivent entre eux ?</p>
<p>D’autres repèrent des explications du côté des valeurs. La <a href="http://bit.ly/2yj8iwf">religion catholique</a>, historiquement dominante en France, aurait largement contribué à façonner les valeurs travail selon une approche de domination. Régulation stricte des temps de travail (l’angélus), temps du travail opposé au temps du sacré, hiérarchie (hiérarchie catholique clairement établie du Pape aux prêtres), accès à la connaissance pour les plus aisés et cultivés (usage du Latin !), soutien du pouvoir dominant et d’un certain obscurantisme, constituent autant d’éléments qui ont façonné un inconscient collectif français si spécifique.</p>
<p><a href="http://bit.ly/2ylYhMn">Max Weber</a>, à travers son étude des liens entre protestantisme et capitalisme souligne bien la différence des valeurs sous-jacentes au protestantisme et au catholicisme. Il analyse comment, selon lui, le travail est pour les puritains une fin en soi de la vie humaine. Dans cette perspective, une heure de travail perdue serait une heure de perdue dans les louanges de Dieu. De plus, le travail rationalisé vaut plus qu’un travail de main-d’œuvre. Le travail est le signe d’être dans la grâce de Dieu, il constitue surtout le but même de la vie, tel que Dieu l’a fixé. Dans l’approche protestante, le salut se gagnerait sur terre et le travail (plus que l’accumulation de richesses) serait associé positivement à des valeurs de développement et d’épanouissement. Le catholicisme, a contrario, associe davantage le travail au dur labeur, à la peine. Le bonheur n’est pas ici-bas sur terre, il se situe au ciel.</p>
<p>Mais rappelons que nous venons de loin. En français le mot travail <a href="http://bit.ly/2xGUZ9l">serait dérivé</a> du bas latin <em>tripalium</em>, hérité du latin <em>tripaliare</em> signifiant contraindre. Le _tripalium _(petit pieu) était un instrument de contrainte et de torture. Cette étymologie, vraie ou fausse, présuppose le travail comme étant effectué de force, telle l’activité de l’esclave.</p>
<h2>Optimisme et travail en France : quelle compatibilité ?</h2>
<p>Dans l’entreprise en France, parler d’optimisme pourrait relever de l’utopie, voire de la provocation pour certains. Le travail étant associé le plus souvent à la pénibilité, à l’asservissement et à la contrainte, l’optimisme n’est pas de mise sauf si une promesse de contrat peut sauver l’entreprise ou si un projet révolutionnaire émerge.</p>
<p>Pourtant, comme le travail occupe la plus grande partie de nos vies, il serait judicieux de pouvoir conjuguer travail et optimisme. Le travail changerait de sens et serait alors un facteur d’épanouissement. L’optimisme présent pourrait transformer le sens du travail ainsi que les rapports humains au travail et même être contagieux.</p>
<p>Point d’utopie, l’optimisme au travail existe et certains l’ont rencontré. D’autres l’incarnent. Pour tenter de percevoir ce à quoi il peut ressembler, encore une fois, sortons du contexte franco-français sans doute trop formaté et restrictif.</p>
<p>Il est toujours étonnant pour un français, de culture latine de découvrir le rapport qu’ont les <a href="http://bit.ly/2zpHw2Y">« Anglo-saxons » au travail</a>.</p>
<p>Tout d’abord, le travail possède dans des sociétés comme les États-Unis ou le Canada une <a href="http://bit.ly/2ieqr7L">valeur sociétale, sociale et individuelle positive</a>, beaucoup plus dans l’accomplissement individuel et collectif que dans la contrainte. Travailler est certes un impératif pour gagner un salaire et avoir un niveau de vie confortable et pouvoir jouir des opportunités et des tentations de la société de consommation.</p>
<p>Les questions d’argent sont importantes en Amérique du Nord, particulièrement aux États-Unis où l’argent constitue un élément central de la société. Les Américains apparaissent souvent comme de grands consommateurs de tout ce qu’il est possible d’acheter, et plus c’est gros (voiture, alimentation, objets de la maison, etc.) mieux c’est. Si le salaire ne le permet pas, les cartes de crédit sauront offrir toutes les opportunités.</p>
<p>Mais au-delà de cela et en creusant un peu, il est intéressant de découvrir que la valeur travail est extrêmement <a href="https://nrt.revues.org/79">structurante</a> en Amérique du nord. En faisant une comparaison finalement pas si hasardeuse que cela, on peut dire que le travail est aux Américains ce que le <a href="http://bit.ly/2yiwUVH">loisir est aux Français</a> : central, indispensable, structurant. Car les Nord-Américains sont heureux de retrouver leur entreprise, leurs collègues et leur activité professionnelle. Ils aiment souvent beaucoup plus leur entreprise que les Français, ont des rapports beaucoup moins distants et effrayés avec leur supérieur, sont parfois très attachés aux valeurs de leur entreprise, parfois leur deuxième, voire leur première famille.</p>
<p>Le travail y est bien souvent associé à l’équilibre de façon positive. Mais cela ne veut pas dire que le travail y est facile. La pression est comme dans beaucoup d’endroits dans le monde forte, les <a href="http://amr.aom.org/content/18/4/621.short"><em>burn-out</em></a> se multiplient, la violence psychologique au travail est aussi présente. C’est avant tout le rapport à la valeur travail qui est différent.</p>
<p>La France semble contrainte à regarder ces approches organisationnelles et managériales de loin, en considérant que tout ceci n’est que piégeant pour un employé condamné à souffrir au travail, même si le décor est doré. Les modèles et les pratiques des autres cultures et pays ne seraient que des pièges qu’il faudrait surtout éviter, voire ignorer. Or, en France, les exemples d’entreprises ou l’optimisme est de mise sont nombreux, même s’ils ne défraient pas l’actualité car suspects ou ne rentrant pas dans les standards du pessimisme national.</p>
<h2>Le cas de l’entreprise Techné</h2>
<p><a href="http://bit.ly/2xGsaoB">L'entreprise Techné</a>, ayant son siège en région Lyonnaise compte 400 salariés en France et dans le monde et produit des joints d’étanchéité et des soupapes de sécurité. Les fils conducteurs de l’entreprise : le bonheur et l’optimisme. Cette entreprise repose sur quelques principes managériaux simples mais qui semblent faire merveille : la liberté, la rentabilité, l’innovation et le sens.</p>
<p>Concrètement, cette liberté se traduit par une grande flexibilité dans la gestion du temps : pas de pointeuse, pas de contraintes horaires, souplesse et encouragement du temps partiel et du télétravail. Elle se traduit également par une grande autonomie des employés. Il s’agit de gagner ses droits et de développer ses compétences sur le terrain, en montrant ses apports dans le travail. Les signes hiérarchiques sont absents, un management du « pourquoi » a été instauré : on essaie de ne pas dire ce qu’il faut faire, mais que les opérateurs trouvent leur solution. La liberté se traduit également sur des relations basées sur la confiance en considérant que l’homme est naturellement bon et altruiste.</p>
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<figcaption><span class="caption">Témoignage de Georges Fontaines, PDG de l'entreprise Techné.</span></figcaption>
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<p>Chez Techné, sans complexe aucun, la rentabilité est centrale. Le chiffre d’affaires est calculé quotidiennement et communiqué à tous. 75 % du salaire est fixe, 25 % est variable et est distribué à chaque fin de mois. Il n’y a pas nécessité de licencier car, en cas de problème, les salaires diminuent d’eux-mêmes avec la part variable. Les économies sont encouragées partout, les bénéfices de fin d’année sont partagés, l’échelle de salaire va de 1 à 5, les salariés sont incités à mettre de l’argent dans l’entreprise. Chacun est responsable de la marge de l’entreprise, mais tout le monde doit aussi se rendre compte de la nécessité de partager les bénéfices.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/84490/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Faisant suite à un premier article, nous montrons ici, exemple à l’appui, qu’en dépit de son fort ancrage culturel, le pessimisme qui prévaut dans les entreprises françaises n’est pas inéluctable.Pierre-Yves Sanséau, Professeur de Gestion des Ressources Humaines, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-être au travail et Paix Economique à Grenoble Ecole de Management, Grenoble École de Management (GEM)Hugues Poissonnier, Professeur d'économie et de management, Directeur de la Recherche de l’IRIMA, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-Etre au travail et Paix Economique, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/844892017-10-15T19:53:00Z2017-10-15T19:53:00ZLes fondements culturels du pessimisme français au travail, entre histoire et école<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/190056/original/file-20171012-31386-h3aiys.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une certaine vision de la France.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/thesoundoviolence/2712104438/in/photolist-58Efam-6ZpaQ8-6ZtbRm-ej2xyL-j5z2JG-j38ua2-6ZtcA3-fe6r8G-j41QPB-6Zp8az-UrCmt8-bXfDe4-tfTy3-UYZhVG-EVATxH-UTJZ6x-rPiUHb-j6D4j-dPiyrg-bzNeYx-pTtVVc-4vfx6V-b6Z98-bmTpno-DvW4zo-WywFbw-aWmqEi-UDoYxj-FjYWRy-ajyzre-cPbcYE-62cZcE-ajyzav-rKfiq5-r625Fp-s2KUsr-s2Pypg-j6BVt-rKeaF7-r625K2-s2Pyki-WAqqbm-s2KUqH-F46Evs-W6ngmN-4LRRGU-79wKfS-VTmbmq-ftMMMa-8yiR51">Gilles François / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Parfois victimes de critiques venant de l’étranger sur leurs attitudes négatives et leur manque de confiance en l’avenir, les Français sont souvent les premiers à pratiquer le <em>French bashing</em>. Plusieurs raisons se trouvent à l’origine de ce que <a href="http://bit.ly/2fEpWmC">Claudia Senik</a> qualifie de « malheur français paradoxal » : système social hiérarchique, insatisfaction à l’égard de la situation économique, rigidité de l’éducation scolaire, remise en cause de la démocratie, référence à un passé glorieux, déclin national irréversible…</p>
<p>Pourtant, nous dit Elie Cohen (« La France va nous étonner », <a href="http://www.madeinpresse.fr/cles-n93-709154.html"><em>Clés</em>, février 2015</a>), la France dispose de</p>
<blockquote>
<p>« [Tous] les potentiels d’une économie créative. C’est-à-dire un portefeuille d’activités variées, futuristes et sophistiquées qui peuvent nous permettre de ressusciter au XXI<sup>e</sup> siècle […] »</p>
</blockquote>
<p>Et l’économiste de surenchérir :</p>
<blockquote>
<p>« Donc si nous réfléchissons en termes de verdissement de l’économie, de nouvelles énergies, de mondialisation des consommations haut standing, de demande de loisirs culturels et naturels… la France peut se retrouver au centre de toutes les grandes évolutions dans les 20 ans qui viennent. »</p>
</blockquote>
<p>À côté de la multitude d’ouvrages témoignant du déclin français, de plus en plus nombreux sont ceux qui présentent un avenir radieux. L’idée du déclin conserve néanmoins la vie dure. Le rapport des Français au travail n’y est sans doute pas étranger. Cet article est le premier d’une série de quatre textes visant à explorer la véritable nature du pessimisme souvent à l’œuvre dans les entreprises françaises, l’objectif visant à identifier des pistes de solutions actionnables.</p>
<h2>Le pessimisme français par rapport au travail : ancrage culturel ou déni de réalité ?</h2>
<p>Les rapports au travail et à la valeur travail diffèrent d’une société à l’autre. Chaque culture nationale, voire même régionale ou locale attribut au travail un sens et une place variables. Pour un citoyen ancré dans sa culture propre, la question du sens du travail ne se pose souvent pas, elle est ce qu’elle est, elle tient la place qu’elle doit tenir en fonction de valeurs forgées au gré de l’histoire, des événements, de choix historiques ou politiques.</p>
<p>L’histoire d’Adam et Ève présente le travail comme une malédiction douloureuse puisque l’obligation de travailler « à force de peines, tu tireras subsistance tous les jours de ta vie » est-il écrit dans la Bible) apparaît comme une conséquence directe de la faute originelle et du bannissement du Paradis des fautifs. Cette vision du travail punition demeure longtemps valide dans nos sociétés, en particulier en France.</p>
<p>Seuls les pauvres travaillent réellement durant l’Antiquité et l’Ancien Régime. Ce n’est qu’avec les philosophes des Lumières que le travail est revalorisé au XVIII<sup>e</sup> siècle, Voltaire écrivant dans Candide sa célèbre formule, témoignant des vertus du travail : « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin ».</p>
<p>Plus proche de nous, l’exemple de l’instauration de la semaine de travail de 35 heures en France est frappant. Partant d’une logique historique régulière de diminution des temps travaillés (passage aux 48 heures en 1919, instauration des congés payés en 1936 et passage aux 40 heures hebdomadaires, instauration des 39 heures et de la 5<sup>e</sup> semaine de congés payés en 1982, passage aux 35 heures entre 2000 et 2002), le travail apparaît manifestement comme une matière à réduire car il constitue avant tout une contrainte.</p>
<h2>Un pessimisme trouvant ses racines dès le plus jeune âge : le rôle de l’école</h2>
<p>Pour les jeunes écoliers français, la découverte de la valeur travail, semble s’effectuer dans la souffrance. Certains analystes étrangers portant leur regard sur l’école française la considèrent comme un broyeur (Ilona Boniwell, <a href="https://boutique.psychologies.com/psychologies-hs-29-mai-juin.html">« Le paradoxe français »</a>). L’école, c’est le début de l’apprentissage de la vie en communauté, la découverte de la connaissance, le lieu d’initiation des savoir-faire et de l’approfondissement de la découverte de soi. Pourtant les écoliers français sortent des cycles successifs (maternelle, primaire, secondaire) avec un double sentiment : la peur et un manque de confiance en eux.</p>
<p>La peur tout d’abord, est sans doute liée, et ce, dès le très jeune âge, à la peur de la sanction et de la note, peur de l’enseignant tout puissant et du système qui rend anonyme. Car tout est le plus souvent centré sur le savoir pur et théorique, et son application trop décontextualisée. L’exemple des mathématiques pures et de leurs équations sans lien avec l’applicatif de la vie réelle, qui en ont fait souffrir plus d’un, est probant. C’est juste ou c’est faux. Les corrections tombent, brutales, toujours en rouge et les commentaires écrits ou oraux lors de la remise des copies sont le plus souvent vifs, voire violents.</p>
<p>Les écoliers venant d’autres systèmes éducatifs en sont toujours très surpris, voire choqués. La distribution des copies en partant de la plus haute note vers la plus basse est vécue comme une humiliation particulièrement douloureuse et humiliante par les moins performants et exacerbe ensuite les rivalités. Est-ce donc cela la sanction d’un travail « mal fait » ? La peur s’installe, les frayeurs se multiplient dès la maternelle et les angoisses par rapport au « travail scolaire » se développent, comme en témoigne bien Céline Alvarez dans son ouvrage <a href="https://www.celinealvarez.org/notre-demarche"><em>Les lois naturelles de l'enfant, relayant les plus récentes conclusions des recherches en neurosciences</em></a>.</p>
<p>De cela résulte un manque de confiance par rapport au travail qui poursuivra le jeune français le plus souvent tout au long de sa vie. Les « de toutes façons, je n’y arriverai pas » ; « trop difficile pour moi » ; « trop compliqué pour moi » font partie de l’inconscient collectif français et se transmettent de génération en génération, alimentés par notre système éducatif.</p>
<p>À l’opposé, d’autres systèmes éducatifs montrent qu’il est possible de créer un climat d’optimisme et de confiance dès le plus jeune âge à travers la responsabilisation et l’encouragement. Les pays scandinaves, le Canada, parmi d’autres, nous montrent l’exemple depuis des années. Positionner l’apprenant au centre et non le professeur, être exemplaire, offrir des choix et opter pour une démarche pédagogique active en lien avec toutes les dimensions de l’être humain. Encourager et tirer vers le haut. Raisonner en contexte également.</p>
<p>Prenons l’apprentissage des langues en France. Un jeune français fraîchement diplômé du baccalauréat se retrouvant avec d’autres jeunes de son âge venant d’autres pays européens est sidéré par deux choses : la capacité d’expression orale de ses camarades et son manque de confiance interne qui le paralyse pour s’exprimer.</p>
<p>Et effectivement, demandez autour de vous, regardez les classements européens, les Français sont considérés comme les bons derniers en anglais, entre autres. Tout cela après sept ans d’anglais, si ce n’est plus… Des programmes et des méthodes d’apprentissage de l’anglais conçus par des professeurs français, selon des méthodes françaises avec peu de regard sur les méthodes pratiquées à l’étranger qui pour certaines produisent des résultats pourtant enviables.</p>
<p>Le plus souvent en France, on stoppe l’apprenant à la première faute de grammaire ou de concordance des temps, on privilégie la loi de la perfection (les sacro-saints verbes irréguliers à débiter mais sans savoir les utiliser en conversation), des classes de 30 à 40 élèves qui plus est, avec des élèves alignés en rangées d’oignon… La « langue vivante » se transforme en langue écrite, presque morte. La confiance n’est jamais instaurée, la peur et la non-confiance en soi s’installent autour de l’anglais…</p>
<p>Au-delà des impacts dévastateurs sur la confiance, de réelles conséquences existent sur le niveau d’optimisme, comme l’explique bien Ilona Boniwell (2015) :</p>
<blockquote>
<p>« Quand des immigrants débarquent en France, ils arrivent avec leur niveau de satisfaction initiale et le gardent pendant plusieurs années : s’ils arrivent heureux, ils le restent longtemps. Mais pas leurs enfants. Dès que ceux-ci entrent dans le système scolaire français, ils adoptent le niveau d’optimisme – de pessimisme, en fait – de leurs petits concitoyens. Il se passe, derrière les portes closes des écoles françaises, quelque chose de l’ordre du broyage, un saccage systématique de l’espoir ».</p>
</blockquote>
<p>Exagéré ? Pas forcément au regard d’une étude récente (<a href="http://lemde.fr/LKuNxS">Pisa 2014</a>) selon laquelle 75 % des élèves français tremblent avant de recevoir leurs notes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/84489/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Le pessimisme demeure trop souvent associé au travail en France. Avant d’affiner l’analyse dans trois futures chroniques, nous proposons ici un retour sur les fondements culturels de ce pessimisme.Hugues Poissonnier, Professeur d'économie et de management, Directeur de la Recherche de l’IRIMA, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-Etre au travail et Paix Economique, Grenoble École de Management (GEM)Pierre-Yves Sanséau, Professeur de Gestion des Ressources Humaines, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-être au travail et Paix Economique à Grenoble Ecole de Management, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.