tag:theconversation.com,2011:/us/topics/politique-scientifique-36868/articlespolitique scientifique – The Conversation2023-05-31T16:20:57Ztag:theconversation.com,2011:article/2040712023-05-31T16:20:57Z2023-05-31T16:20:57ZComprendre l’essor de la diplomatie scientifique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/529310/original/file-20230531-27-5nd0xx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=307%2C9%2C2619%2C2235&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Double Brain</span></span></figcaption></figure><p>La complexité croissante des défis environnementaux (dérèglement climatique, <a href="https://theconversation.com/fr/topics/transition-ecologique-66536">transition écologique</a>), sanitaires (pandémie inédite) et des changements sociétaux induits par l’évolution de technologies disruptives (<a href="https://theconversation.com/fr/topics/intelligence-artificielle-ia-22176">intelligence artificielle</a>, réalité augmentée) implique toujours plus la sphère scientifique dans la gouvernance internationale, en fournissant de l’expertise basée sur des preuves scientifiques pour instruire les décisions de politiques publiques.</p>
<p>L’idée de développer une « diplomatie scientifique » a ainsi fait son chemin. <a href="https://royalsociety.org/topics-policy/publications/2010/new-frontiers-science-diplomacy/">Une définition</a> consensuelle de ce concept émerge en 2010 à la Conférence de la <a href="https://royalsociety.org/">Royal Society</a> britannique et de <a href="https://www.aaas.org/sites/default/files/New_Frontiers.pdf">l’American Association for the Advancement of Science</a> (AAAS). Elle met en avant le principe de coopération internationale : « La diplomatie scientifique est l’utilisation des interactions scientifiques entre les États pour résoudre les problèmes communs auxquels l’humanité est confrontée et pour établir des partenariats internationaux constructifs, fondés sur la connaissance. »</p>
<p>Cette définition, très large, donne lieu à deux acceptions de ce concept.</p>
<h2>Deux idées de la diplomatie scientifique</h2>
<p>La première de ces deux visions se construit dans un <a href="https://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2014-2-page-9.htm">« nationalisme méthodologique »</a>. De ce point de vue, la diplomatie scientifique est, pour chaque État, avant tout une projection de son « soft power », un élément qui participe à promouvoir l’intérêt national et un moyen de favoriser la participation de sa communauté scientifique aux <a href="https://journals.openedition.org/philosophiascientiae/2064">coopérations transnationales</a>.</p>
<p>Lorsqu’un pays utilise la diplomatie scientifique en mettant en avant ses propres avancées scientifiques, il considère la coopération scientifique internationale comme un moyen de renforcer son pouvoir d’attractivité et de promouvoir ses intérêts nationaux tout en contribuant au progrès scientifique mondial. Cela lui confère une influence accrue sur la scène internationale et renforce sa réputation de leader technologique.</p>
<p>La seconde acception de la notion de diplomatie scientifique conçoit la science et la recherche comme <a href="https://www.sciencediplomacy.org/sites/default/files/global_science_diplomacy_for_multilateralism_2.0_0.pdf">« nouveaux acteurs de la gouvernance globale »</a>. Cette vision a donné lieu à la création de différents <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52021JC0003">partenariats</a> entre les gouvernements, le secteur privé, la société civile, le monde universitaire et la communauté scientifique. Tous ces partenariats sont essentiels pour un multilatéralisme inclusif et fonctionnel. Ainsi, dans le contexte de la crise sanitaire du Covid-19, les États ont démontré une volonté de coopérer par-delà les frontières nationales malgré certaines tendances isolationnistes.</p>
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<p>Il est important de considérer que ces deux visions peuvent coexister et être mises en pratique en même temps, mais la reconnaissance du rôle croissant de la science dans la gouvernance mondiale, émerge comme un nouveau paradigme considéré comme une évolution plus récente de la diplomatie scientifique.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-pandemie-de-covid-19-eclairee-par-lhistoire-de-la-cooperation-sanitaire-internationale-137461">La pandémie de Covid-19 éclairée par l’histoire de la coopération sanitaire internationale</a>
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<p>Le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/covax-92564">mécanisme COVAX</a> en est une illustration. Ce système, <a href="https://www.who.int/fr/initiatives/act-accelerator/covax">qui vise à accélérer la mise au point et la fabrication de vaccins contre le Covid-19</a> et d’assurer un accès juste et équitable à ces vaccins à l’échelle mondiale, atteste de la pertinence de la mutualisation des ressources pour faire face aux crises.</p>
<h2>Les initiatives internationales de diplomatie scientifique</h2>
<p>Entre 2018 et 2021, l’Union européenne, dans le cadre d’<a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/horizon-2020-le-programme-de-l-union-europeenne-pour-la-recherche-et-l-innovation-46458">Horizon 2020</a> (programme européen pour la recherche et le développement), met en place et finance une stratégie pour une diplomatie scientifique régionale avec le projet <a href="https://www.insscide.eu/about/about-us/">InsSciDE</a>, premier consortium interdisciplinaire européen. Il engage des réseaux de diplomates et de scientifiques, des experts en stratégie et des décideurs politiques pour mettre la diplomatie scientifique au premier plan et mieux l’utiliser. Le second projet européen <a href="https://www.s4d4c.eu/about/">S4D4C</a> déploie la diplomatie scientifique dans un cadre transnational. En effet, les défis globaux requièrent des actions collaboratives entre les gouvernements, par-delà des frontières nationales et des <a href="https://www.s4d4c.eu/time-for-a-new-era-of-science-diplomacy">intérêts étatiques</a>.</p>
<p>Par ailleurs, afin de soutenir les dynamiques développées au sein de ces projets, la <a href="https://www.science-diplomacy.eu/about/eu-science-diplomacy-alliance/">EU Science Diplomacy Alliance</a>, dont fait partie la représentation de <a href="https://www.auf.org/europe-ouest/">l’Agence universitaire de la Francophonie en Europe occidentale</a>, a été créée en 2021.</p>
<p>Plusieurs plates-formes comme le <a href="https://gesda.global/how-it-all-started/">GESDA</a> (<em>Geneva Science and Diplomacy Anticipator</em>) ou le <a href="https://gspi.ch/">GSPI</a> (<em>Geneva Sciences Policy Interface</em>) ont été mises en place à partir de 2018 à Genève, et relayées par l’organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN). Le GSPI contribue à la construction d’une synergie entre les multiples acteurs menant des travaux et appels à projets sur l’interface entre la science et la diplomatie. Dans ce cadre sont mises en place des formations à destination des professionnels de la politique et autres parties prenantes désireuses de contribuer à l’élaboration de politiques éclairées par la science.</p>
<p>En 2021, <a href="https://ufmsecretariat.org/fr/">l’Union pour la Méditerranée</a> (UpM) a développé des actions placées sous le signe de la diplomatie scientifique pour faire face aux problèmes tels que la pénurie d’eau, les inondations, la fonte des glaciers, la salinisation et l’érosion côtière. Ces actions permettent d’aligner les agendas scientifiques et diplomatiques et favorisent des partenariats entre les <a href="https://ufmsecretariat.org/wp-content/uploads/2021/12/Report_Science_Innovation_Diplomacy_Mediterranean_ALTA.pdf">rives sud-est et nord.</a> et entre les <a href="https://auforg.sharepoint.com/:w:/r/sites/fichiers/_layouts/15/Doc.aspx?sourcedoc=%7B26CAD922-96BC-48A6-BBDF-3483FD3471F2%7D&file=Compte-rendu%20UFM-Science%20Diplomacy%20Conference.docx&action=default&mobileredirect=true">Suds de cette région</a>. En juillet 2021, l’UpM a adopté un <a href="https://ufmsecretariat.org/mediterraneanpavilion/?event=science-diplomacy-and-climate-change-the-mediterranean-as-a-global-testbed">nouvel agenda</a> pour la coopération en matière de recherche et d’innovation dans la région, mettant l’accent sur les énergies renouvelables, la santé et le <a href="https://www.researchgate.net/publication/352153770_Challenges_in_strategies_for_socioeconomic_democratization_Assessing_solidarity_economy_policies_in_Barcelona">changement climatique</a>.</p>
<p>Autre initiative notable, pendant l’été 2022, l’American Association for the Advancement of Science (AAAS) et The World Academy of Sciences (TWAS), (deux associations qui ont notamment pour objectif de promouvoir la science, de défendre la liberté académique et d’encourager la responsabilité scientifique) ont proposé une <a href="https://twas.org/opportunity/aaas-twas-course-science-diplomacy">formation professionnelle en diplomatie scientifique</a> destinée aux scientifiques, décideurs politiques et diplomates. Les parties prenantes ont pu explorer les principales questions de politique internationale contemporaines liées à la science, à la technologie, à l’environnement et à la santé, et élaborer un socle de compétences visant à aider les participants à mener par la suite des carrières à l’intersection de la science et de la diplomatie.</p>
<p>Les rapports du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat – <a href="https://www.unep.org/fr/resources/rapport/sixieme-rapport-devaluation-du-giec-changement-climatique-2022">GIEC</a> sont des exemples éminents de la production scientifique au cœur des négociations internationales. Le dernier rapport du GIEC fait le point sur l’état des connaissances, à partir de l’évaluation critique des éléments issus des publications scientifiques, et plaide pour des politiques publiques associées à l’investissement dans la recherche et le développement. Le rapport souligne, sur la base de preuves scientifiques (<em>evidence-based policy</em>), les risques associés au changement climatique.</p>
<h2>Perspectives d’une diplomatie scientifique pour l’espace francophone</h2>
<p>Dans le même temps, on observe une sous-représentation des pratiques de diplomatie scientifique au sein de la francophonie.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/pV4vpUb-MZs?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Organisée, promue et diffusée, la diplomatie scientifique peut pourtant être le fer de lance du réseau francophone. Les pays membres de la Francophonie entretiennent des liens privilégiés susceptibles de <a href="https://www.francophonie.org/sites/default/files/2020-02/passeport_2020.pdf">favoriser la coopération politique, éducative, économique et culturelle</a>.</p>
<p>Divers outils, initiatives et réseaux sont dédiés à l’encouragement de ces pratiques au sein de la francophonie. <a href="https://ingsa.org/ingsa-news/franco-secretariat-2022/">Un réseau francophone</a> a été mis en place au sein de l’International Network for Governmental Science Advice (INGSA), afin de soutenir la formation en conseil scientifique, de documenter et encourager les pratiques y relatives, et de <a href="https://ingsa.org/divisions/francophonie/fr/">favoriser les maillages entre les différents milieux</a>.</p>
<p>Initié par l’Agence universitaire de la Francophonie, le <a href="https://www.auf.org/nouvelles/actualites/le-manifeste-pour-une-diplomatie-scientifique-francophone-est-disponible/">« Manifeste pour une Diplomatie scientifique francophone »</a> a été signé en octobre 2022, lors de la Conférence ministérielle francophone des ministres en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche. Cette déclaration insiste sur le développement d’actions autour de la formation, de la production, de la valorisation et de la circulation des savoirs au service d’une gouvernance multilatérale – façon, pour la Francophonie, de contribuer à l’élaboration de réponses aux défis globaux.</p>
<p>En conclusion, la diplomatie scientifique est devenue essentielle pour la formulation de politiques fondées sur des preuves scientifiques et le partage de connaissances pour relever les défis mondiaux cruciaux. Les initiatives concrètes de diplomatie scientifique démontrent la pertinence des interactions scientifiques entre les États pour faire face aux crises et promouvoir des politiques éclairées par la science. Au sein de la francophonie, des réseaux et initiatives se développent pour encourager la diplomatie scientifique, ou elle émerge comme un concept visant à placer la science au cœur des décisions politiques dans une gouvernance multilatérale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/204071/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>La gestion de crises impliquant une connaissance toujours plus précise des enjeux scientifiques, la diplomatie s’est dernièrement mise à accorder davantage d’importance aux experts.Marielle Payaud, Professeur des Universités, Agence Universitaire de la Francophonie (AUF)Olfa Zéribi, Professeur des Universités, Directrice Régionale Europe Occidentale, Agence Universitaire de la Francophonie (AUF)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1667702021-09-06T19:36:41Z2021-09-06T19:36:41ZL’aide internationale peut-elle participer à l’ancrage de la recherche africaine ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/419592/original/file-20210906-19-1edvkwr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C7348%2C4319&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Projet PAEBCA pour l’analyse des pratiques enseignantes, Académie de Sédhiou, 28&nbsp;novembre 2017.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Emmanuelle Andrianjafy</span>, <span class="license">Author provided</span></span></figcaption></figure><p>Tout comme les pays développés, voire avec une urgence plus grande, les pays africains ont besoin de s’appuyer sur de l’expertise et de l’innovation développées localement pour répondre aux défis économiques, technologiques, environnementaux et sociaux auxquels ils sont confrontés.</p>
<p>Développer la recherche au niveau national, c’est aussi reprendre le contrôle sur les savoirs locaux et inventer sa propre trajectoire de développement. Or l’aide internationale joue un rôle central tant dans l’identification que dans le financement et la mise en œuvre des recherches africaines – un rôle qu’il convient d’interroger.</p>
<h2>Une situation encore difficile pour la recherche africaine</h2>
<p>Construits en partie pendant la colonisation, développés pendant les indépendances et partiellement déconstruits par les programmes d’ajustement structurel, les systèmes africains de recherche connaissent actuellement une phase de réinvestissement, dans une dynamique conceptualisée sous le vocable de <a href="https://www.ceped.org/IMG/pdf/wp43.pdf">« ré-institutionnalisation »</a>.</p>
<p>De nombreuses institutions de recherche, encore actives aujourd’hui, ont vu le jour durant la colonisation et peuvent donc être vues comme l’héritage continu de la science coloniale. Si des systèmes de recherche nationaux se sont progressivement mis en place à partir des indépendances, ils ont dû faire face aux enjeux concomitants de massification de l’enseignement supérieur et de fuite des cerveaux, à la faiblesse des investissements nationaux, aux effets déstabilisateurs de certains événements politiques et conflits et à la forte influence des agences internationales dans l’orientation des sciences africaines.</p>
<p>Actuellement, la production scientifique africaine ne représente qu’une part infime de la recherche mondiale. Si cette part a chuté à moins de 1 % dans les années 1990, elle a rattrapé une partie de son retard dans les années 2000 pour dépasser 3 % en 2016. La part mondiale des dépenses intérieures brutes en R&D de l’Afrique étant de 1,3 % en 2013, on peut cependant souligner la capacité de la recherche africaine à publier relativement beaucoup avec peu de moyens.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419089/original/file-20210902-17-u7r6a2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419089/original/file-20210902-17-u7r6a2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419089/original/file-20210902-17-u7r6a2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419089/original/file-20210902-17-u7r6a2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419089/original/file-20210902-17-u7r6a2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419089/original/file-20210902-17-u7r6a2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419089/original/file-20210902-17-u7r6a2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Répartition mondiale de la production d’articles scientifiques.</span>
<span class="attribution"><span class="source">World Mapper, 2016 d’après des données issues de la National Science Foundation</span></span>
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<p>Le <a href="https://youtu.be/PFbWqnhhesc">panorama de la recherche africaine</a> est contrasté. D’ailleurs, la « recherche africaine » ne constitue en rien une catégorie homogène : les pays d’Afrique du Nord, de l’Est et du Sud sont, en effet, dans des situations plus favorables que les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre qui s’avèrent, quant à eux, particulièrement en retard. Les pays francophones sont ainsi largement distancés par les pays anglophones. En termes de <a href="https://www.mdpi.com/2076-0760/8/6/188/htm">genre</a>, les disparités hommes/femmes restent fortes à l’échelle du continent, comme en atteste la carte ci-dessous.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/419090/original/file-20210902-27-hqlntr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/419090/original/file-20210902-27-hqlntr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=713&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/419090/original/file-20210902-27-hqlntr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=713&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/419090/original/file-20210902-27-hqlntr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=713&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/419090/original/file-20210902-27-hqlntr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=896&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/419090/original/file-20210902-27-hqlntr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=896&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/419090/original/file-20210902-27-hqlntr.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=896&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Proportion de femmes en pourcentage du total des chercheurs.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Unesco</span></span>
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<p>En termes de disciplines, on note également un décrochage plus marqué pour les <a href="https://www.afd.fr/fr/ressources/notes-techniques-ndeg52-recherches-africaines-et-roles-de-laide-internationale-le-cas-des-sciences-sociales">sciences sociales</a>. Les <a href="https://books.openedition.org/irdeditions/32897?lang=fr">financements nationaux</a> de la recherche sont encore faibles et la <a href="https://youtu.be/JTCGy2xoDJw">recherche africaine dépend beaucoup d’une aide internationale</a> qui cible assez peu ce domaine, et qui laisse donc une place de plus en plus importante à la <a href="https://read.oecd-ilibrary.org/development/private-philanthropy-for-development_9789264085190-en">philanthropie</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quelle-est-linfluence-des-fondations-americaines-sur-les-universites-en-afrique-92219">Quelle est l’influence des fondations américaines sur les universités en Afrique ?</a>
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<h2>Le rôle ambigu de l’aide internationale dans la construction de la recherche africaine</h2>
<p>Dans la plupart des pays africains, des capacités nationales de recherche existent tant en termes de personnel-chercheurs que d’espaces de recherche et de production de connaissances.</p>
<p>Ces capacités et travaux apparaissent peu valorisés aux niveaux national et international, y compris par les partenaires internationaux du développement qui préfèrent généralement s’appuyer sur des structures de recherche des pays développés pour piloter les programmes de recherche. Lorsque les acteurs académiques africains sont impliqués, c’est souvent en appui aux travaux commandités et pilotés de l’extérieur au gré des thématiques privilégiées au niveau international.</p>
<p>Cette situation fragilise considérablement les structures d’enseignement supérieur et recherche en affaiblissant leurs capacités, et les empêche de développer des programmes de recherche définis de manière endogène, sur la base des priorités ou des compétences propres. Elle les empêche aussi de contribuer à la construction d’un agenda national de recherche sur le long terme connecté aux grands enjeux nationaux du développement identifiés localement, et par conséquent au débat public.</p>
<p>Par ailleurs, ces financements n’offrent que peu d’espace et de visibilité aux savoirs locaux, voire aux modèles et méthodes de recherche développés localement ; ces derniers ne sont pas plus valorisés par les bailleurs que par les revues internationales.</p>
<p>Le sous-financement de ce secteur et l’absence de politique nationale entraînent souvent les chercheurs africains à exercer une activité de consultant ou à quitter les équipes locales pour partir dans des structures de recherche des pays développés, ou encore à renoncer définitivement au métier de la recherche. Les bailleurs internationaux contribuent eux-mêmes, du moins en partie, à cette « fuite des cerveaux »…</p>
<p>Les structures de recherche africaines dépendent en grande partie de financements extérieurs issus d’une multitude d’acteurs. De ce fait, elles perdent énormément de temps et de ressources en activités de coordination afin de garantir le respect d’une multitude d’exigences. Même si de bons exemples sont à souligner, comme ceux du <a href="https://www.idrc.ca/fr">CRDI</a> ou du <a href="https://www.gdn.int/">GDN</a>, la construction de capacités nationales de recherche relève très rarement d’une stratégie spécifique inscrite dans la durée par les organisations internationales qui appuient le domaine. Ces institutions privilégient souvent leurs propres urgences opérationnelles voire leurs politiques de communication. En outre, peu de pays africains disposent de stratégies nationales de recherche et celles-ci sont de toute façon assez peu respectées par les financeurs internationaux.</p>
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<figcaption><span class="caption">Dans le cadre du Sommet Union africaine – Union européenne organisé à Abidjan (Côte d’Ivoire) les 29 et 30 novembre, les chercheurs africains viennent de lancer « L’Appel d’Abidjan 2017 ».</span></figcaption>
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<p>Si le financement pur et simple d’activités de recherche peut donner lieu à des effets pervers (entrave à la construction d’agendas de recherche endogènes et de long terme, affaiblissement des capacités…), il existe toutefois une multitude d’actions visant à accompagner et appuyer les recherches africaines. Selon le type de bénéficiaire, la localisation et la nature du soutien, plusieurs de ces appuis peuvent coexister simultanément, sans généralement qu’on en évalue les effets ou qu’on en interroge les contradictions.</p>
<p>Parmi les grandes catégories d’actions, il faut citer les bourses (mobilité jeunes chercheurs, chercheurs invités, etc.), les programmes de recherche, les rencontres scientifiques (séminaires, conférences, colloques, etc.) et autres activités de valorisation des recherches (publications académiques mais aussi grand public, tribunes, etc.), le renforcement de capacités des ressources humaines (au niveau scientifique mais également administratif et gestionnaire), le renforcement matériel et pédagogique (achat de matériel, équipements, bibliothèques, <a href="https://www.dictionnaire-juridique.com/definition/ntic-nouvelles-technologies-de-l-information-et-de-la-communication.php">NTIC</a>, etc.), le soutien à des structures de recherche multi-pays et à des réseaux de chercheurs (dispositifs de laboratoires mixtes internationaux, etc.), les aides budgétaires (appui global aux politiques publiques de recherche et d’enseignement supérieur)…</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/renforcer-et-connecter-la-recherche-en-afrique-la-reponse-du-burkina-faso-sur-leducation-87947">Renforcer et connecter la recherche en Afrique, la réponse du Burkina Faso sur l’éducation</a>
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<p>Si toutes ces actions devraient être utilisées en synergie et pensées comme un système intégré, voire priorisées en fonction de besoins spécifiques, c’est encore très rarement le cas et un certain nombre de dilemmes apparaissent pour les acteurs de l’aide internationale qui appuient la recherche africaine.</p>
<p>À l’occasion d’un <a href="https://www.afd.fr/fr/pp03-financement-international-recherches-africaines-daiglepierre-botton">récent travail d’analyse</a> sur la question, nous avons relevé les principales tensions auxquelles ils sont confrontés : appuyer des individus <em>vs.</em> appuyer des institutions ; cibler l’excellence <em>vs.</em> appuyer le système ; se concentrer sur des objectifs académiques <em>vs</em> des objectifs de développement ; utiliser les langues internationales <em>vs</em> les langues locales ; privilégier l’agenda de recherche du bailleur <em>vs</em> les priorités locales ; affirmer une volonté d’appui aux capacités administratives locales_ vs. privilégier l’efficacité de court terme (en acceptant toutefois de contractualiser avec des structures <em>ad hoc</em>) ; inclure les objectifs d’enseignement par rapport aux objectifs de recherche ; se concentrer sur l’efficacité de court terme <em>vs</em> sur le long terme.</p>
<h2>La nécessité d’un nouveau paradigme de l’aide internationale pour la recherche africaine</h2>
<p>Sur la base des entretiens menés auprès des acteurs africains comme des pays développés, du travail d’analyse effectué, de la revue de littérature ainsi que des consultations, un certain nombre d’objectifs peuvent être avancés pour agir simultanément auprès des différents acteurs.</p>
<p>Le premier des objectifs est tout d’abord que les organisations internationales de développement soient davantage sensibles voire actives collectivement dans le renforcement des capacités africaines de recherche ; ensuite, que les chercheurs africains puissent davantage se consacrer au développement de leurs compétences, qu’ils soient mieux équipés et organisés en communautés scientifiques ; que les institutions de recherche soient ancrées dans leurs territoires, qu’elles se consolident et soient mieux connectées à la recherche internationale ; que des écosystèmes nationaux de recherche soient organisés, avec une vision de long terme et connectée aux enjeux de développement ; que des stratégies et des réseaux régionaux puissent davantage fédérer les initiatives locales et diffuser l’information ; enfin, que des recherches spécifiques sur la construction de capacités nationales de recherche et l’efficacité des actions d’appuis puissent être menées.</p>
<p>En travaillant à mieux comprendre les avantages et inconvénients des différents types d’actions internationales visant à appuyer les recherches africaines, il est possible d’en améliorer l’efficacité dans une <a href="https://www.youtube.com/watch?v=2F1Nr2jgpn8">logique de construction des capacités nationales et d’amélioration des politiques de développement</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/166770/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>En Afrique, la recherche dépend en large partie des financements internationaux. Les effets de cette aide ne sont pas nécessairement tous positifs, loin de là, même.Sarah Botton, Sociologue PhD, chargée de recherche, Agence française de développement (AFD)Linda Zanfini, Chargée de recherches éducation, formation, emploi, Agence française de développement (AFD)Rohen d’Aiglepierre, PhD, chargé de recherche « Développement Humain » / "Human Development" reseacher, Agence française de développement (AFD)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1502202020-11-16T18:19:18Z2020-11-16T18:19:18ZJoe Biden et l’espace : les plans américains d’exploration spatiale pourraient-ils changer ?<p>Donald Trump a fixé des objectifs audacieux en matière d’exploration spatiale pendant son mandat – des missions habitées <a href="https://theconversation.com/a-qui-appartiennent-mars-la-lune-et-leurs-ressources-naturelles-141406">vers la Lune</a> et <a href="https://theconversation.com/mars-2020-lance-la-formidable-quete-dechantillons-martiens-143585">vers Mars</a>, ainsi qu’une <a href="https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/defense-le-projet-space-force-de-trump-avance-992731">« Space Force »</a>. En revanche, son successeur Joe Biden a été <a href="https://joebiden.com/joes-vision/">relativement discret sur la politique spatiale</a>. Comment l’exploration spatiale est-elle susceptible de changer à l’avenir ?</p>
<p>Il est clair qu’il y aura des changements. Le chef actuel de la NASA, Jim Bridenstine, <a href="https://www.cieletespace.fr/actualites/sous-la-presidence-biden-jim-bridenstine-demissionnera-de-la-tete-de-la-nasa">a déjà annoncé son départ</a>. Et nous savons que la politique américaine en matière de vols spatiaux habités survit rarement à un changement à la présidence.</p>
<p>Cela dit, l’incroyable succès de la <a href="https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/08/02/spacex-amerissage-attendu-de-la-capsule-transportant-deux-astronautes-americains_6047971_1650684.html">mission de démonstration de SpaceX</a> vers la Station spatiale internationale (ou « ISS ») signifie que le programme d’équipages commerciaux va probablement se poursuivre, soulageant ainsi la NASA de ce fardeau. De fait, le premier vol opérationnel du « Crew Dragon » de la société commerciale SpaceX est parti le <a href="https://www.ouest-france.fr/sciences/espace/nasa/decollage-d-une-fusee-spacex-avec-quatre-astronautes-en-direction-de-la-station-spatiale-7052445">16 novembre</a> à destination de l’ISS, avec quatre astronautes à bord.</p>
<h2>Des hommes à nouveau sur la Lune</h2>
<p>Pendant l’administration Trump, la NASA s’est également engagée à ce que des astronautes retournent sur la Lune en 2024 dans le cadre du <a href="https://www.nasa.gov/specials/artemis/">« programme Artemis »</a>. Le premier lancement d’essai – sans équipage – est prévu dès l’année prochaine, avec <a href="https://www.nasa.gov/artemis-1/">Artemis-1</a>. Le programme Artemis s’appuie sur le <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_Constellation">« programme Constellation »</a>, d’abord mis en œuvre par le président républicain George W. Bush en 2005, puis annulé par le président démocrate Barack Obama en raison de son coût élevé et de sa difficulté.</p>
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<img alt="Concept d’artiste d’Artemis-1" src="https://images.theconversation.com/files/368834/original/file-20201111-21-p3osk2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368834/original/file-20201111-21-p3osk2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368834/original/file-20201111-21-p3osk2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368834/original/file-20201111-21-p3osk2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=360&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368834/original/file-20201111-21-p3osk2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368834/original/file-20201111-21-p3osk2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368834/original/file-20201111-21-p3osk2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=452&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Concept d’artiste d’Artemis-1.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nasaspaceflight.com/2019/07/waiting-artemis-1-schedule-decision-sls-green-run/">NASA</a></span>
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<p>Le seul indice substantiel sur l’orientation de la présidence Biden en ce qui concerne les vols d’astronautes vers la Lune se trouve dans un document du Parti démocrate intitulé <a href="https://democrats.org/where-we-stand/party-platform/building-a-stronger-fairer-economy/">« Construire une économie plus forte et plus juste »</a>. Dans un paragraphe, les démocrates déclarent qu’ils « soutiennent le travail de la NASA pour ramener les Américains sur la Lune et aller au-delà, sur Mars, une nouvelle étape dans l’exploration de notre système solaire ».</p>
<p>Il n’y a pas de détails sûrs quand cela pourrait arriver. Mais étant donné que la <a href="https://www.nasa.gov/press-release/nasa-international-partners-advance-cooperation-with-first-signings-of-artemis-accords">coopération internationale</a> est désormais une caractéristique majeure du <a href="https://theconversation.com/a-qui-appartiennent-mars-la-lune-et-leurs-ressources-naturelles-141406">programme Artemis</a>, il serait difficile pour une jeune administration Biden de se retirer unilatéralement du projet. Par exemple, le Canada, l’Agence spatiale européenne (ESA) et le Japon sont tous des partenaires officiels dans la construction du <a href="https://www.numerama.com/sciences/611409-lunar-gateway-le-projet-de-future-station-spatiale-lunaire-pourrait-etre-repousse-par-la-nasa.html"><em>Lunar Gateway</em></a> – une station en orbite autour de la Lune (comme l’ISS l’est autour de la Terre), conçue comme un avant-poste de multiples expéditions sur le sol lunaire.</p>
<p>Le programme fait également avancer les recherches rapidement, notamment en ce qui concerne les matériaux de construction, l’alimentation électrique et la production alimentaire. Cette semaine, l’Agence spatiale européenne a <a href="https://www.theguardian.com/science/2020/nov/09/uk-firm-to-turn-moon-rock-into-oxygen-and-building-materials">attribué un contrat</a> à la société britannique Metalysis pour développer des techniques permettant d’extraire simultanément de l’oxygène et des métaux du sol lunaire.</p>
<h2>La longue route vers Mars</h2>
<p>L’administration Trump a également fait pression pour une <a href="https://theconversation.com/us-wants-a-crewed-mission-to-the-moon-in-five-years-but-can-and-should-that-be-done-114951">première mission vers Mars avec équipage</a> dans les années 2030, une expédition bien plus délicate en raison des distances à parcourir. En effet, un tel voyage exposerait encore davantage les astronautes aux radiations et à des difficultés psychologiques. D’autres défis importants sont les restrictions de poids et les temps de communication limités.</p>
<p>Dans un rapport indépendant de 2019, le <a href="https://www.ida.org/en/ida-ffrdcs/science-and-technology-policy-institute"><em>Science and Technology Policy Institute</em></a> a déclaré qu’une mission habitée vers Mars dans les années 2030 est <a href="https://spacenews.com/independent-report-concludes-2033-human-mars-mission-is-not-feasible/">actuellement impossible</a>. Il est peu probable que Biden réitère cette proposition d’échéance dans un avenir proche.</p>
<h2>La « Space Force », sixième branche des forces armées américaines… dans l’espace</h2>
<p>L’administration Trump a créé la « Space Force » au sein de l’<em>Air Force</em>, l’armée de l’air américaine. Cette initiative souligne le fait que les États-Unis considèrent l’espace comme une <a href="https://theconversation.com/space-may-soon-become-a-war-zone-heres-how-that-would-work-125460">zone de guerre potentielle</a> plutôt que comme une zone d’exploration purement scientifique. Mais nombre de citoyens américains ne sont pas convaincus. Le programme bénéficie d’un <a href="https://medium.com/westeastspace/nasa-space-exploration-and-american-public-opinion-139cbc1c6cce">taux d’approbation du public de 31 % seulement</a> et son <a href="https://www.washingtonpost.com/national-security/2020/01/25/space-force-logo/">logo</a> comme ses <a href="https://www.bbc.co.uk/news/world-us-canada-51160547">uniformes</a> sont l’objet de moqueries.</p>
<p>La <em>Space Force</em> survivra-t-elle ? Le démantèlement d’une branche des forces armées n’a jamais été effectué aux États-Unis auparavant et la réintégration de cette branche dans l’armée de l’air américaine pose sans aucun doute de nombreuses difficultés. Il est donc probable qu’elle restera, peut-être avec une attention réduite.</p>
<h2>Un nouveau départ pour la NASA ?</h2>
<p>Peut-on s’attendre à quelque chose de nouveau ? Biden s’est déjà engagé à signer des décrets qui annuleront la plupart des travaux de l’administration Trump – de la même manière que <a href="https://science.thewire.in/environment/climate-action-trump-undid-obamas-work-now-biden-plans-to-undo-trumps/">Trump a annulé la plupart des initiatives d’Obama</a>.</p>
<p>Le plus grand signe de changement est le départ de Bridenstine. Lorsqu’il a été nommé en 2018, <a href="https://www.vox.com/2018/4/18/17253560/nasa-administrator-jim-bridenstine-confirmation">ce fut une surprise pour la communauté scientifique</a> – il n’a pas de qualification scientifique, et avait déjà indiqué qu’il avait des doutes sur le changement climatique (ce sur quoi il a changé d’avis, en acceptant le poste). Pourtant, il a prouvé qu’il était un <a href="https://www.forbes.com/sites/jonathanocallaghan/2020/10/30/the-one-thing-trump-got-right-is-nasa-chief-jim-bridenstine-should-he-stay-if-biden-wins/?sh=777257c122ba">leader compétent</a> de la NASA.</p>
<p>Lorsqu’il a quitté ses fonctions, il a déclaré qu’il voulait laisser la place à quelqu’un ayant une <a href="https://www.space.com/nasa-chief-bridenstine-step-aside-president-biden">« relation étroite avec le président »</a>. La question de savoir qui cela pourrait être est toujours d’actualité et dépendra en grande partie du nouveau président lui-même. La plupart des dirigeants de la NASA ont au moins un diplôme en ingénierie ou en physique et, dans le passé, ont dirigé un centre spatial. Dans les candidats potentiels, nous comptons <a href="https://www.nasa.gov/centers/marshall/jody-singer-bio.html">Jody Singer</a>, directrice du <em>Marshall Space Flight Center</em>, <a href="https://www.nasa.gov/centers/johnson/about/people/orgs/bios/geyer.html">Mark Geyer</a>, directeur du <em>Johnson Space Center</em>, ou <a href="https://www.nasa.gov/content/goddard/2020/center-director-dennis-andrucyk">Dennis Andrucyk</a>, directeur du <em>Goddard Space Flight Center</em>, et l’actuel administrateur adjoint de la NASA, <a href="https://www.nasa.gov/about/highlights/morhard_bio.html">James Morhard</a> – mais le champ des possibles reste grand ouvert.</p>
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<img alt="Image de Joe Biden" src="https://images.theconversation.com/files/368835/original/file-20201111-13-1suntlr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/368835/original/file-20201111-13-1suntlr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/368835/original/file-20201111-13-1suntlr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/368835/original/file-20201111-13-1suntlr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/368835/original/file-20201111-13-1suntlr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/368835/original/file-20201111-13-1suntlr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/368835/original/file-20201111-13-1suntlr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Biden veut s’attaquer au changement climatique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gage Skidmore/Flickr</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Joe Biden a clairement dit que l’urgence climatique est une priorité. Il est probable que la lutte se concentre sur la limitation de la pollution industrielle et le développement de sources d’énergie renouvelables, mais cela suggère peut – être aussi une politique spatiale davantage axée sur les missions d’observation de la Terre, comme le programme de satellites géostationnaires pour l’environnement <a href="https://www.nasa.gov/content/goes">« GOES »</a>. D’autres satellites pour surveiller les marées noires, la déforestation ou encore les émissions de carbone sont envisageables.</p>
<p>Toutes ces possibilités sont bien sûr éclipsées par la crise financière provoquée par la Covid-19. Les projets à long terme comme le programme Artemis ont besoin d’un financement régulier et stable – il faudra probablement juger une fois les engagements pris.</p>
<p>Quels que soient les changements, il semble probable que le financement des missions spatiales sera moins important. Malgré cela, de nombreux scientifiques <a href="https://www.nature.com/articles/d41586-020-03158-8">pousseront un soupir de soulagement</a> de ne plus avoir à lutter contre les tweets anti-science de <a href="https://www.sciencemag.org/news/2020/10/trump-has-shown-little-respect-us-science-so-why-are-some-parts-thriving">Trump</a>, sur des sujets allant de la Covid-19 aux vaccins en passant par le changement climatique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/150220/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Un nouveau président va arriver à la Maison Blanche et un nouvel administrateur à la NASA. Quels changements peut-on anticiper dans la politique spatiale américaine ?Ian Whittaker, Senior Lecturer in Physics, Nottingham Trent UniversityGareth Dorrian, Post Doctoral Research Fellow in Space Science, University of BirminghamLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1324062020-02-26T20:29:12Z2020-02-26T20:29:12ZChercheurs : quels services rendus à la cité ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/317107/original/file-20200225-24659-o2xnh3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C1%2C1180%2C591&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Conférence biennale de la Fire Island aux Etats-Unis. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nps.gov/fiis/images/Science-and-Research-Top-Photo.jpg?maxwidth=1200&maxheight=1200&autorotate=false">National Park Service</a></span></figcaption></figure><p>Nos collègues suisses possèdent une très belle expression pour identifier ce que les universitaires doivent concevoir comme un prolongement naturel de leur activité d’enseignants-chercheurs au-delà des murs de nos universités : « service à la cité ».</p>
<p>En effet, dans l’évaluation des activités annuelles, ils sont interrogés sur la façon dont ils s’emploient à diffuser, au-delà d’un public d’étudiants et de confrères et consœurs, leurs savoirs et les fruits de leur réflexion. C’est loin d’être injustifié, surtout si on est salarié de l’État. Comment en effet imaginer que le haut niveau d’expertise acquis par les académiques ne contribue pas aussi au débat public ? Et la question vaut aussi pour la France.</p>
<p>C’est dans ce cadre que le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation s’est associé à The Conversation pour élaborer un <a href="http://www.areyounet.com/runet/client/profilReponse?d=669717&kd=DKOsk&ID=TCF">questionnaire</a> afin d’appréhender les modalités d’interventions des chercheurs dans la cité et les formes de démocratisation du savoir, tout en comprenant mieux les pratiques, les motivations et les freins de chacun.</p>
<p>Les modalités possibles sont si nombreuses que chacun, selon son tempérament, sa discipline, ses objets précis d’étude, peut trouver matière à intervention dans la cité.</p>
<p>Nous tenterons ici d’en dresser les contours et les motivations possibles.</p>
<h2>La science hors les murs</h2>
<p>Un chercheur, par sa soif de connaissance, est forcément animé aussi de la soif de la transmettre – par des publications, des participations à des colloques, séminaires, etc. – à plus forte raison lorsqu’il est aussi enseignant et que la transmission du savoir est une obligation de service.</p>
<p>Ce désir de transmettre peut donc trouver un prolongement naturel dans l’extériorisation du savoir vers d’autres lieux, auprès d’une population de plus en plus diplômée et qui aspire à continuer à apprendre durant sa vie professionnelle ou sa retraite. On a vu ainsi se multiplier ces lieux de curiosité intellectuelle que sont les « cafés scientifiques », les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Universit%C3%A9_populaire">« universités populaires »</a> (dont les racines historiques sont anciennes), les « universités inter-âges ». Ce sont des lieux d’une science ouverte, où des citoyens viennent écouter mais aussi débattre avec les intervenants. Débats souvent riches, parfois passionnés et engagés. Les académiques sont souvent sollicités pour ces tiers lieux de la transmission des connaissances et rendent la science plus vivante et accessible au grand public en acceptant d’y participer.</p>
<p>L’étape suivante est d’organiser une participation des citoyens motivés à la collecte collective de données, via des sciences dites participatives.</p>
<h2>La science autrement</h2>
<p>L’accès au savoir peut emprunter des voies buissonnières, en comparaison aux usages académiques. Les <a href="https://theconversation.com/je-tremble-donc-je-tweete-quand-les-citoyens-aident-a-mesurer-les-catastrophes-naturelles-127048">nouvelles technologies</a>, le <a href="https://theconversation.com/scientific-game-jam-comment-mettre-la-science-en-jeu-81698">jeu vidéo</a>, la <a href="https://theconversation.com/bd-la-guerre-des-fourmis-episode-1-95695">bande dessinée</a>, l’<a href="https://theconversation.com/quand-arts-et-sciences-des-plasmas-se-rencontrent-au-musee-enjeux-dune-mediation-croisee-98281">art</a> peuvent sembler des chemins de traverse, mais qui s’ajoutent pourtant aux explorations du chercheur.</p>
<p>Le désir de trouver de nouveaux publics, de faire passer des connaissances de façon ludique, dans un contexte d’éveil culturel (expositions) est un autre moyen de jouer la carte de l’extériorisation des savoirs. <a href="http://www.universcience.fr/fr/accueil/">Universcience</a>, à Paris, a acquis un véritable savoir-faire en la matière, mobilisant des savants pour inventer des dispositifs pédagogiques pour intéresser, pour éveiller les consciences, pour titiller la curiosité des petits mais aussi des grands.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/quand-chercheurs-et-citoyens-cooperent-109892">Quand chercheurs et citoyens coopèrent</a>
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<p>Et n’est-ce pas aussi une des missions du chercheur d’élever le niveau global de curiosité, de surprendre et de transmettre un désir de science, une vocation ? Certaines formes d’extériorisation répondent à une salvatrice logique de long terme, en entretenant la flamme du plaisir de la découverte auprès de celles et ceux qui prendront ainsi le chemin d’une formation académique les conduisant un jour à prendre la relève. Dans un monde académique où la rentabilité immédiate et court-termiste l’emporte de plus en plus, le contexte n’est hélas pas favorable à ce genre d’engagement pour le long terme, très mal reconnu dans l’évaluation des carrières. Heureusement, la passion de sa discipline, l’envie d’y croire et de convaincre contrebalancent encore, pour certains chercheurs, le contexte désincitatif.</p>
<h2>La science dans les médias</h2>
<p>Le chercheur peut aussi être sollicité pour son expertise par les médias. Le débat sur l’acceptation de ce type de sollicitation est ancien. D’un côté celles et ceux qui trouvent cela évident, prolongement logique d’une conviction que leurs compétences peuvent éclairer le débat public. De l’autre, celles et ceux qui se méfient d’une parole experte mal digérée par la machine médiatique, d’un temps de parole insuffisant pour expliquer la complexité des choses, d’une interview téléphonique qui deviendrait un répertoire de trahison au moment de sa maigre et médiocre restitution écrite.</p>
<p>Reconnaissons néanmoins que si un expert reconnu d’un sujet refuse les sollicitations médiatiques, il aura mauvaise grâce à se plaindre après coup que les médias donnent la parole à d’autres bien moins experts que lui et qui diront selon lui des « âneries ».</p>
<p>L’ambition d’un site d’information comme The Conversation est justement d’abattre ces murs entre la recherche et le journalisme, en proposant un dispositif maîtrisé d’une prise de parole experte qui a l’espace pour exposer la complexité des choses et chasser les « âneries » des colonnes des journaux.</p>
<h2>Le scientifique dans l’espace numérique</h2>
<p>D’autres dispositifs similaires peuvent exister et offrir un point de réassurance aux chercheurs qui craignent une déformation de leur parole, une mauvaise vulgarisation. Certains profitent du développement des blogs et des réseaux sociaux pour en faire leur propre média et maîtriser ainsi de bout en bout le processus de fabrication et de diffusion des informations qu’ils ont envie de transmettre au grand public.</p>
<p>Il n’y a aucune raison pour considérer les académiques comme enfermés dans une bulle professionnelle hors du temps. Si l’ère numérique permet une démocratisation de la parole par de nouveaux outils, il y a forcément des chercheurs et chercheuses qui se sentent attirés par le même désir d’exploiter ces dispositifs au profit d’une insertion personnelle dans l’espace public numérique.</p>
<p>Mais on peut aller plus loin, et se dire que c’est justement parce qu’il y a une démocratisation de la prise de parole que les chercheurs doivent être vigilants et actifs. Dans un monde où cette démocratisation vaut égalisation apparente des points de vue et vaut même, aux yeux de certains internautes, écrasement des niveaux de compétences, une parole mal assurée et mal informée peut être perçue comme ayant la même valeur qu’un discours reposant sur des faits et des preuves et non sur de simples convictions déclamées haut et fort, dans une scénographie aussi alléchante que captieuse.</p>
<p>Face à ce défi, difficile d’imaginer les savants se réfugier avec dédain dans une tour d’ivoire du savoir, laissant le terrain numérique à celles et ceux qu’ils jugent sots et crédules. L’immersion, le plongeon dans le grand bain numérique, semblent devenir une impérieuse exigence collective. Et c’est jugé d’autant plus nécessaire s’il s’agit de lutter contre les fake news et les théories complotistes, où souvent les faits et les données scientifiques sont mobilisés de façon tordue, déformée, mensongère et manipulatrice.</p>
<h2>Le scientifique dans les mondes politiques et économiques</h2>
<p>Impossible de conclure ce panorama des lieux et enjeux possibles de l’intervention du chercheur dans la vie de la cité, sans aborder le sujet qui fâche le plus : les relations avec les milieux politiques et économiques. Pas celles imposées par un contexte de quête de financements qui place le chercheur en posture de possible domination, mais celles d’une ouverture à un autre univers professionnel sur des bases réellement collaboratives.</p>
<p>Souvent par conviction idéologique, parfois à cause de mauvaises expériences passées vécues ou racontées, de nombreux chercheurs se méfient instinctivement de tout ce qui peut ressembler à une collaboration trop poussée avec des mondes aux rationalités différentes, vécues dès lors comme divergentes. La crainte d’être instrumentalisé par un pouvoir politique, la crainte d’être exploité et économiquement pillé par un univers industriel font partie de l’imaginaire de chercheurs qui privilégient le retrait prudent sur leur Aventin. Crainte liée aussi à la perception (parfois très justifiée) d’une asymétrie de pouvoirs et de moyens.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-dialogue-entre-scientifiques-et-politiques-difficile-mais-indispensable-89324">Le dialogue entre scientifiques et politiques : difficile mais indispensable</a>
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<p>Pour autant, la participation à la formation d’élus autour de ses thématiques de recherche, la participation à des comités de définition des priorités scientifiques d’une instance politique, l’acceptation d’être auditionné pour l’élaboration d’une loi ou la redéfinition d’une politique publique, peuvent être des moments d’échanges instructifs (fut-ce pour se rendre compte parfois hélas que le fossé mental n’est pas que dans l’imaginaire du chercheur mais bien réel). C’est aussi le moyen, sans franchir le seuil du franc engagement militant (ce qui relève de la conscience politique individuelle de chacun), de pouvoir partager ses convictions scientifiques avec un monde politique souvent généraliste dans ses approches et qui peut rater pour cela des détails pourtant fort signifiants.</p>
<p>Le dialogue avec le monde de l’entreprise oblige aussi le chercheur à décentrer son propre regard, à sortir de sa zone de confort pour accepter de voir les choses autrement, de façon plus appliquée, moins théorique souvent. De façon générale, le dialogue avec des interlocuteurs possédant un autre agenda, une autre vision du monde (on sait bien le dire pour la collaboration scientifique internationale) peut toujours être une contribution au schéma intellectuel qui sous-tend les convictions du chercheur. Et ce n’est pas fatalement signer un pacte faustien que de contribuer par sa réflexion de chercheur au développement économique et industriel d’une idée à laquelle on croit.</p>
<p>La personnalité de chacun et chacune, son expérience de vie, son parcours professionnel, l’étape où on se trouve dans sa carrière, sa discipline et ses thématiques de recherche, sont autant de motifs à se saisir de l’une ou l’autre de ses modalités d’extériorisation de la science. Choix de se rendre utile à la cité qui reste un acte de liberté académique et qui ne peut s’exiger de tous, un pistolet évaluateur sur la tempe, si l’on veut qu’il conserve sa force et sa grandeur, porté par le désir de conviction que toutes celles et ceux qui sont en quête de vérité ont chevillé au corps.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/132406/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Arnaud Mercier ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>À l’occasion du lancement d’une grande enquête sur les pratiques de communication scientifique des chercheurs, revenons sur les différents types d’implication dans la sphère publique.Arnaud Mercier, Professeur en Information-Communication à l’Institut Français de presse (Université Paris 2 Panthéon-Assas), Auteurs historiques The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1064782018-11-11T23:14:44Z2018-11-11T23:14:44ZL’Europe a besoin de science et d’innovations, dépensons plus pour elles !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/244143/original/file-20181106-74766-1eekxhi.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Earthlights</span> </figcaption></figure><p>L’Union européenne élabore en ce moment son <a href="https://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/commission/affaires_europeennes/Actualites/Actualites_europeennes_n_60__FCP-6-2.pdf">cadre budgétaire pour la période 2021-2027</a>, donc son budget pour la recherche et l’innovation. Pour celui-ci, la proposition de la Commission, qui date de juin, n’est pas mauvaise : le budget proposé, presque 100 milliards d’euros sur sept ans, est en augmentation, bien que sans contribution du Royaume-Uni. Il est cependant bien en retrait de ce que proposait le rapport du groupe présidé par Pascal Lamy chargé de proposer un cap par la Commission. Et cela reste encore une proposition : restent à venir la délibération du Parlement européen, et surtout les discussions budgétaires avec les États membres. Et là, il n’y pas lieu d’être optimiste : le budget final pourrait faire les frais de ces négociations de marchands de tapis auxquelles donnent lieu traditionnellement les arbitrages européens.</p>
<p>Mais même si le budget initial était accepté, serait-il à la hauteur des enjeux ?</p>
<p>À l’heure du Brexit, de la montée des partis de l’extrême droite populiste, de la crise des réfugiés, des <em>fake news</em>… se préoccuper de politique de recherche et d’innovation n’est pas hors de propos. Certes, la recherche ne va pas résoudre, d’un coup de baguette magique, les graves problèmes de nos sociétés. Mais y contribuer, oui ! Changement climatique, qualité des aliments, santé, nouvelles énergies, cybersécurité, question migratoire… qui imagine un instant que l’on pourra progresser sans l’apport de la recherche, dans tous les domaines, des sciences « dures » aux sciences humaines et sociales ?</p>
<h2>L’Europe doit continuer à innover</h2>
<p>Il y va aussi de la place de l’Europe dans le monde : les <a href="https://data.oecd.org/fr/rd/depenses-interieures-brutes-de-r-d.htm">dépenses de l’Europe en recherche et développement</a> (2 % du PIB) sont loin derrière celles d’Israël (4,3 %), de la Corée (4,2 %), du Japon (3,1 %), des États-Unis (2,8 %). Fait nouveau : la Chine a maintenant dépassé l’Union européenne en pourcentage et en volume. L’illusion d’une nouvelle division du travail où les États occidentaux resteraient dominants dans les industries innovantes, à forte plus-value, bénéficiant des apports de la recherche, tandis que les pays émergents se contenteraient de la production de masse a fait long feu.</p>
<p>Le projet 2021-2027 de la Commission, intitulé « Horizon Europe » n’est pas qu’affaire de finances. Il propose une politique où la compétitivité économique a une très large place, s’articulant en trois « piliers » : la recherche fondamentale, les grands défis sociétaux et la compétitivité industrielle et enfin l’innovation. Si la communauté scientifique est en accord avec la Commission pour que soit renforcée la capacité européenne à développer ses capacités industrielles et à innover, elle estime que les mécanismes proposés méritent d’être améliorés.</p>
<p>Le plus important pour la communauté des chercheur·es est le financement de la recherche fondamentale dont la part prévue est de 25 %. <a href="https://erc.europa.eu/">L’European Research Council</a>, qui a fêté ses dix ans, est une réussite remarquable, en particulier parce que ses procédures d’attribution de ses financements sont basées sur le seul critère de la qualité scientifique. Le <a href="https://ec.europa.eu/programmes/horizon2020/en/h2020-section/marie-sklodowska-curie-actions">programme Marie-Sklodowska-Curie</a> finance quant à lui la circulation de milliers de chercheur·es, doctorant·es et post-doctorant·es mais aussi professionnel-les expérimenté·es ; outre favoriser la recherche de façon générale, il permet de diffuser largement la qualité scientifique en Europe et fait émerger un véritable esprit européen.</p>
<h2>Augmenter les dépenses de recherche-développement</h2>
<p>La dépense totale de recherche et développement en Europe devrait augmenter, et cela dépend surtout des budgets nationaux, car la part communautaire est encore inférieure à 10 %. Les États membres, dont la France, devraient dépenser plus. Mais l’UE doit donner un signal fort, en donnant à la recherche et à l’innovation les moyens nécessaires. Dans la négociation, les pays comme la France et l’Allemagne ont un rôle décisif à jouer pour affirmer ce cap de façon déterminée.</p>
<p>La communauté scientifique, et plus largement tous ceux qui sont concernés par le développement du savoir, se mobilisent, tant sur le budget total que sur sa répartition et les programmes qui seront financés. L’association « Initiative pour la science en Europe », qui regroupe un certain nombre d’institutions et de sociétés savantes européennes, a lancé, avec Euroscience et ses autres membres, une <a href="http://double-ri.eu">pétition demandant que le budget soit augmenté à 160 milliards</a> contre les 100 milliards proposés par la Commission.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1042338168819916800"}"></div></p>
<p>Cette pétition a déjà été signée par des milliers de chercheur·es dont plusieurs grandes personnalités scientifiques européennes, au nombre desquels figurent plusieurs Français : Claude Cohen-Tannoudji, Serge Haroche, Jules Hoffmann, Jean‑Marie Lehn, Jean‑Pierre Sauvage (prix Nobel), Yves Meyer (prix Abel), Alain Connes (médaille Fields). D’autres prises de position, comme celles de la Ligue des universités de recherche (LERU) et de l’Association des universités européennes (UEA) vont dans le même sens. Alors que les valeurs qui fondent l’Europe sont menacées à l’extérieur, comme aux États-Unis ou en Chine, et même en son sein, nous ne nous résignons pas à ce que l’Europe joue en deuxième division.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/106478/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Martin Andler est président d’Initiative for science in Europe</span></em></p>Des chercheurs européens ont lancé une pétition demandant que le budget pour la recherche et l’innovation soit augmenté à 160 milliards d’euros. Un effort essentiel pour l’avenir.Martin Andler, Professeur émérite au département et laboratoire de mathématiques (UMR CNRS 8100), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/995762018-07-08T21:24:14Z2018-07-08T21:24:14ZVive l’Europe des scientifiques !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/226599/original/file-20180708-122262-dur0at.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C16%2C5355%2C3543&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Apprentis Chercheurs dans les laboratoires de recherche de l'Ecole polytechnique</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/117994717@N06/34182879580">Ecole polytechnique / Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>A l'occasion des élections européennes, nous republions cet article du président du Conseil européen de la Recherche.</em></p>
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<p>Depuis sa mise en place, le projet européen a bénéficié aux citoyens aux quatre coins du continent de beaucoup de façons. L’une d’entre elles est la contribution qu’il a apportée au développement de la recherche sur notre territoire commun, organisé par étapes marquées par l’ambition et la variété croissantes des programmes-cadres de recherche et d’innovation de la Commission européenne. Le programme actuel, Horizon 2020, est bâti sur trois piliers : science d’excellence, compétitivité industrielle et défis sociétaux. Le prochain, Horizon Europe, qui couvrira la période 2021-2027, est en cours de négociation entre la Commission européenne, le Parlement et le Conseil de l’Union européenne.</p>
<p>Actuellement les scientifiques travaillant en Europe produisent environ un tiers de tous les résultats obtenus à l’échelle mondiale. Cela est souvent le résultat de collaborations entre chercheurs du continent ou d’ailleurs. Collaborer tout en étant en compétition est naturel pour des scientifiques de haut niveau. Il faut noter que, dans les 30 dernières années, un changement significatif s’est produit en Europe dans la mesure où les échanges entre les scientifiques qui y travaillent ont été encouragés. De même, il s’agit pour eux de travailler de façon plus étroite dans le cadre des programmes mis en place par la Commission européenne et au travers de la mise en place, depuis 2000, de l’Espace de la Recherche européenne (ERA).</p>
<h2>Science ouverte</h2>
<p>Le succès d'ESOF, dont la dernière édition s'est tenue à Toulouse à l'été 2018, témoigne de la vitalité de l'Europe de la science. L’intensité accrue des échanges entre scientifiques en Europe se reflète dans le succès au fil des ans du Forum Ouvert pour la Science en Europe (EuroScience Open Forum). Cet évènement bisannuel attire de plus en plus de scientifiques qui souhaitent interagir avec la société tandis que les journalistes viennent en grand nombre. Dans le cadre de mon association depuis sa naissance avec EuroScience, j’ai eu le privilège d’être témoin du développement du forum depuis sa création en 2004 jusqu’à ce que je devienne président du Conseil européen de la Recherche (ERC) en 2014.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/226600/original/file-20180708-122274-l21wah.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/226600/original/file-20180708-122274-l21wah.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=237&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/226600/original/file-20180708-122274-l21wah.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=237&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/226600/original/file-20180708-122274-l21wah.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=237&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/226600/original/file-20180708-122274-l21wah.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/226600/original/file-20180708-122274-l21wah.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/226600/original/file-20180708-122274-l21wah.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=297&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Affiche ESOF 2018.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.google.fr/search?q=ESOF&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwianuTwxY_cAhXG6xQKHS7GAPQQ_AUICygC&biw=1152&bih=691#imgrc=_lrYNHNX_sSq_M:">ESOF</a></span>
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</figure>
<p>Beaucoup de projets scientifiques ambitieux apportant des résultats vraiment nouveaux sont dévoilés lors des éditions de ce forum. Bon nombre d’entre eux sont financés par l’Union européenne, notamment via l’ERC qui fait partie du premier pilier d’Horizon 2020. Recevoir un contrat ERC donne de la visibilité et de la reconnaissance. Les contrats ERC sont accessibles aux chercheur·es du monde entier. L’ERC a augmenté le niveau d’ambition des chercheur·es travaillant en Europe, en particulier des plus jeunes en leur garantissant la liberté scientifique et un financement substantiel pour cinq ans.</p>
<h2>Curiosité scientifique</h2>
<p>L’ERC est un programme qui s’appuie strictement sur les initiatives des chercheur·es. Ils ou elles peuvent poursuivre leur curiosité scientifique et se projeter dans des projets très innovants. Et cela marche ! Une évaluation récente du programme par un auditeur indépendant a positionné l’ERC comme le programme de recherche ayant la meilleure performance à l’échelle mondiale si l’on se réfère aux publications les 1 % les plus cités. Il est maintenant bien connu qu’investir dans ce type de libre recherche de pointe engendre des résultats tangibles profitant à la société tout entière.</p>
<p>Cela permet de formuler de façon pertinente les défis auxquels la société doit faire face : par exemple, cela facilite la compréhension des maladies ouvrant la voie à des traitements. Cela rend possible de suivre et d’agir sur des problèmes environnementaux. Cela n’est pas seulement au bénéfice des citoyen·nes européen·nes, mais des personnes du monde entier, car le produit de la science est un bien collectif qui appartient à la société dans son ensemble.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/273932/original/file-20190512-183077-mcs7dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/273932/original/file-20190512-183077-mcs7dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/273932/original/file-20190512-183077-mcs7dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/273932/original/file-20190512-183077-mcs7dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/273932/original/file-20190512-183077-mcs7dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/273932/original/file-20190512-183077-mcs7dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/273932/original/file-20190512-183077-mcs7dx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Accélérateur de particules DESY, Allemagne.</span>
<span class="attribution"><span class="source">yulia buchatskaya unsplash</span></span>
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<p>Les efforts de l’Union européenne pour soutenir les scientifiques dans leurs entreprises les plus audacieuses ont aussi pour résultat de placer l’Europe à la pointe de l’expertise scientifique et de la formation avancée. Ce sont des éléments-clés pour la compétitivité de notre continent dans l’environnement concurrentiel dans lequel nous vivons, face à des pays, par exemple asiatiques, qui investissent massivement pour développer une économie basée sur la connaissance à laquelle ils contribuent maintenant de façon très significative. C’est pourquoi l’Europe, à la fois au niveau national et européen, a besoin de continuer à investir et à développer le talent au plus haut niveau en attirant plus d’esprits brillants venant d’ailleurs.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99576/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Pierre Bourguignon préside l'ERC et est à ce titre en lien avec l'organisation d'ESOF.</span></em></p>L'Europe des chercheurs, c'est un tiers des résultats publiés dans le monde. Notre continent doit continuer à investir.Jean-Pierre Bourguignon, Président, European Research CouncilLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/877332017-11-28T19:18:08Z2017-11-28T19:18:08ZDébat. Instituts hospitalo-universitaires : fausses querelles, vrais enjeux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/196497/original/file-20171127-2004-1bsq9nl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Instituts hospitalo-universitaires au microscope.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’émotion d’une partie du monde de la recherche en France a été forte à la suite des annonces des ministères de la Santé et de la Recherche concernant l’évolution du financement et de l’organisation des <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Institut_hospitalo-universitaire">Instituts hospitalo-universitaires</a> (IHU).</p>
<p>La forme de ces décisions ministérielles – à savoir l’arrêt brusque d’un appel d’offres à quelques jours de la date de clôture annoncée –, ont pu choquer légitimement la communauté scientifique française, au premier rang desquels les porteurs de projets concernés. Plus globalement, il est utile de replacer cette question dans son contexte et de prendre un peu de recul sur les succès et les enjeux de la recherche biomédicale en France.</p>
<h2>Six instituts</h2>
<p>Les six IHU actuels sont des structures créées à partir de 2009 dans le cadre du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Investissements_d%27avenir">programme d’investissement d’avenir</a> (PIA). Elles ont été dotées d’un financement supplémentaire de l’ordre de 850 millions d’euros sur 10 ans, ce qui est important, et peu commun pour la recherche française. Ces IHU sont issus de laboratoires déjà existants, pour la plupart unités mixtes de recherche associant l’Inserm, le CNRS, les universités et l’hôpital.</p>
<p>D’emblée, ces partenaires institutionnels ont accompagné les IHU afin d’améliorer l’attractivité, la visibilité et le financement de la recherche biomédicale dans une optique de continuité : des laboratoires de la recherche fondamentale jusqu’au lit du malade (une démarche proche de ce que l’on appelle la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9decine_translationnelle">médecine translationelle</a>). Grâce aux partenaires institutionnels, les laboratoires fondateurs des IHU disposent de moyens en personnel permanent qu’il soit scientifique ou technique, de plates-formes technologiques de pointe ainsi que d’un soutien direct récurrent. Les IHU ne pourraient donc pas exister sans les grands établissements de recherche dont ils ont hérité la volonté d’excellence et dont ils confortent les performances.</p>
<p>Le bilan d’activité des IHU (en publications internationales de haut niveau et dépôts de brevets notamment) est très bon, comme l’a montré leur <a href="http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/29-03-2016-rapport_comite_pia_1.pdf">évaluation à mi-parcours</a>. Ce bilan reflète l’excellence des équipes de recherche qui ont donné naissance aux IHU et qui a été amplifié par les financements supplémentaires apportés par le soutien spécifique du PIA. L’ensemble de la recherche biomédicale française doit s’en féliciter !</p>
<p>Si l’on considère, plus largement, l’ensemble des structures de recherche biomédicale soutenues par l’Inserm, le CNRS, les universités ou d’autres établissements, il faut éviter le malentendu selon lequel l’IHU serait désormais le modèle unique ou principal de la réussite de la recherche biomédicale en France.</p>
<p>La plupart des grands centres de recherche français, tout comme les IHU, affichent une excellente qualité de recherche, avec environ 6 % de leurs publications dans le top (1 %) des publications mondiales les plus citées et 25 à 30 % dans le top 10. On peut aussi mentionner l’attribution de trois prix Nobel de physiologie ou médecine au cours des 10 dernières années, ce qui place la France 2<sup>e</sup> ex aequo avec le Royaume-Uni et le Japon durant cette période.</p>
<p>Dans un autre ordre d’idée, les <a href="http://oceans.taraexpeditions.org/">expéditions Tara océan</a> co-pilotées par la France ont apporté une moisson de résultats importants dans les domaines du climat, de la biodiversité et de la santé. En médecine, des entreprises innovantes se sont créées, résultant des recherches effectuées dans des laboratoires français, par exemple dans l’imagerie par ultrasons ou encore dans l’immunothérapie des cancers.</p>
<h2>Place à l’international</h2>
<p>Dans une compétition internationale forte, les IHU ont permis d’enrichir le paysage de la recherche française et la panoplie de ses outils accroissant ainsi son attractivité. <em>A contrario</em>, ils ne sont pas exempts de risque, notamment en ce qui concerne la croissance du nombre de personnels contractuels et la complexification du « millefeuille » administratif dont le poids pénalise la recherche française.</p>
<p>Il ne s’agit pas d’opposer dans une polémique stérile telle structuration des équipes à telle autre, mais d’assurer aux laboratoires publics qui font la preuve de leur excellence, qu’ils soient ou non situés dans des IHU, les moyens suffisants pour être au meilleur niveau international. Cela passe par le renforcement des établissements nationaux comme l’Inserm et le CNRS, ainsi que par l’amplification des dotations attribuées par l’<a href="http://www.agence-nationale-recherche.fr/">ANR</a> et la possibilité de diversifier les modes de financement par des partenariats avec le monde associatif ou industriel.</p>
<p>La capacité à déployer des projets de recherche ambitieux et innovants est un enjeu majeur à un moment où les biotechnologies associées aux progrès des technologies de l’information sont en train de révolutionner la biologie et la santé. La France a la capacité d’être parmi les pays les plus performants dans ce domaine et de créer un écosystème favorable à la connaissance, la découverte et l’innovation. C’est un enjeu pour la santé et l’économie qui concerne tous les citoyens.</p>
<p><em>Ce texte est signé par 11 personnalités :<br>
Sebastian AMIGORENA (Directeur de recherche CNRS, Institut Curie, Paris, Membre de l’Académie des sciences).<br>
Daniel CHOQUET (Directeur de recherche CNRS, Institut interdisciplinaire de Neurosciences, Bordeaux, Membre de l’Académie des sciences).<br>
Anne DEJEAN (Directrice de Recherche Inserm, Institut Pasteur, Paris, Membre de l’Académie des sciences).<br>
Pierre-Olivier COURAUD (Directeur de recherche Inserm, Institut Cochin, Paris).<br>
Jean‑Philippe GIRARD (Directeur de recherche CNRS, Institut de Pharmacologie et de Biologie Structurale, Toulouse).<br>
Jean‑Antoine GIRAULT (Directeur de recherche Inserm, Institut du Fer à Moulin, Paris).<br>
Bernard JÉGOU (Directeur de recherche Inserm, Institut de Recherche en Santé, Environnement et Travail, Rennes).<br>
Jean‑Philippe PIN (Directeur de recherche CNRS, Institut de Génomique Fonctionnelle, Montpellier).<br>
Alain TEDGUI (Directeur de recherche Inserm, Paris-Centre de recherche cardiovasculaire, Paris).<br>
Antoine TRILLER (Directeur de recherche Inserm, Institut de Biologie de l’ENS, Paris, Membre de l’Académie des sciences).<br>
Eric VIVIER (Professeur Aix-Marseille Université, Centre d’immunologie de Marseille-Luminy, Membre de l’Académie de médecine).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87733/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alain Tedgui a reçu des financements de la Fondation pour la recherche Médicale,l'ANR, la Fondation de France </span></em></p>Un texte d’analyse à la suite des annonces des ministères de la santé et de la recherche concernant l’évolution du financement et de l’organisation des Instituts hospitalo-universitaires (IHU).Alain Tedgui, Directeur de recherche Inserm, Cardiovasculaire, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/807082017-07-10T18:59:30Z2017-07-10T18:59:30ZIntégrité scientifique : les universités françaises renforcent leur dispositif<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/177351/original/file-20170707-28795-m4al1m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1200%2C686&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">integrity</span> </figcaption></figure><p>En application de recommandations internationales qui se sont multipliées ces dernières années, une vingtaine d’universités françaises se sont déjà dotées d’un référent ou d’un chargé de mission à l’intégrité scientifique. Dans la foulée du <a href="http://www.cpu.fr/wp-content/uploads/2017/02/CP_commun_Integrite_scientifique_23fevrier2017-003.pdf">2ᵉ Colloque national sur l’Intégrité scientifique</a> et de la création de l’Office français d’intégrité scientifique, le mouvement devrait s’accélérer dans les prochains mois afin d’apporter toutes les garanties nécessaires quant à l’honnêteté et la rigueur de la recherche, au regard des attentes légitimes de la société.</p>
<p>En France comme ailleurs, l’immense majorité des chercheurs exercent leur activité de façon intègre et responsable, en respectant les fondements éthiques et déontologiques de leur discipline. La compétition exacerbée par les modalités de recrutement et d’évaluation peut expliquer certains manquements, d’où l’importance d’accompagner leur évolution tout développant la formation à l’intégrité scientifique dès les premières années d’études supérieures.</p>
<h2>Au-delà de l’éthique, la déontologie</h2>
<p>Le terme <em>intégrité scientifique</em> est la traduction directe de l’anglais <em>Scientific integrity</em>. Il s’agit avant tout de déontologie, l’éthique recouvrant pour sa part les questions posées par les progrès de la science et leur impact sur la société.</p>
<p>Toutes les disciplines confondues, on distingue plusieurs formes de manquement à l’intégrité scientifique :</p>
<ul>
<li><p>La fraude scientifique : fabrication ou falsification de données, plagiats (dont la détection est facilitée par des logiciels de traitement de textes mis en place dans de nombreux établissements).</p></li>
<li><p>Les pratiques douteuses : position d’auteurs dans les publications, embellissement de données et de résultats.</p></li>
<li><p>Les conflits d’intérêt (omission de déclaration de liens d’intérêt).</p></li>
</ul>
<p>L’intégrité scientifique régit l’activité du chercheur par des règles et des valeurs à même de garantir son caractère honnête et rigoureuse. Elle fonde le contrat entre la science et la société.</p>
<h2>Une dynamique récente dans le paysage universitaire</h2>
<p>Voici une chronologie des avancées dans le domaine, dans le monde.</p>
<ul>
<li><p>1974 : la Conférence générale de l’Unesco adopte une recommandation concernant la responsabilité sociale du chercheur. Cette recommandation fait l’objet d’une révision en cours.</p></li>
<li><p>1992 : les États-Unis publient un rapport intitulé « Responsible Science : Ensuring the Integrity of the Research Process » précisant un ensemble de recommandations pour une recherche responsable.</p></li>
<li><p>1999 : en France, l’Inserm est le premier établissement public à caractère scientifique et technique à être actif sur cette question.</p></li>
<li><p>2005 : la <a href="http://www.horizon2020.gouv.fr/cid96323/charte-europeenne-chercheur-code-conduite-pour-recrutement-des-chercheurs.html">Charte européenne du chercheur</a> est publiée</p></li>
<li><p>2007 : l’OCDE publie un rapport sur les meilleures pratiques de la recherche</p></li>
</ul>
<p>Ces différentes initiatives avaient eu peu d’effets, tout comme un premier rapport sur l’intégrité scientifique rédigé en 2010 par Jean‑Pierre Alix, secrétaire du Mouvement université de la responsabilité scientifique.</p>
<p>Cette même année 2010, le Singapore Statement on research integrity est publié, et en 2011, The European code of conduct for research integrity.</p>
<p>Enfin, en 2015, le Comité d’éthique du CNRS (COMETS) publie une Charte nationale de déontologie des métiers de la recherche. Cette charte constitue une sorte de déclinaison nationale des textes internationaux mentionnés ci-dessus.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/177355/original/file-20170707-3066-o7r4sy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/177355/original/file-20170707-3066-o7r4sy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/177355/original/file-20170707-3066-o7r4sy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/177355/original/file-20170707-3066-o7r4sy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=302&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/177355/original/file-20170707-3066-o7r4sy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/177355/original/file-20170707-3066-o7r4sy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/177355/original/file-20170707-3066-o7r4sy.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=380&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Chartre de 2015.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://unice.fr/recherche/contenus-riches/documents-telechargeables/charte-nationale-de-deontologie-des-metiers-de-la-recherche">Unice</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<h2>Le rapport Corvol marque un tournant décisif</h2>
<figure class="align-left ">
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<span class="caption">Pierre Corvol.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid97968/mission-relative-a-l-integrite-scientifique-confiee-au-professeur-pierre-%20corvol.html">Ministère de l’Enseignement supérieur</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
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</figure>
<p>Le 29 juin 2016, Pierre Corvol remettait à Thierry Mandon, Secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la recherche, un <a href="http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid110990/mise-en-oeuvre-du-rapport-de-pierre-corvol-sur-l-integrite-scientifique.html">rapport</a> intitulé Bilan et propositions de mise en œuvre de la charte nationale d’intégrité scientifique. Le texte comporte seize propositions destinées à sensibiliser la communauté scientifique et à renforcer les dispositifs de protection de l’intégrité scientifique. Contrairement à de nombreux autres rapports, il a été rapidement pris en compte et a largement contribué à faire évoluer la situation en France. Thierry Mandon a ainsi déclaré le 14 décembre 2016 que l’intégrité scientifique était « au cœur de l’engagement durable de la nation à soutenir sa recherche » et annoncé plusieurs mesures.</p>
<p>Ainsi, une conséquence directe du rapport Corvol est la création de l’Office français d’intégrité scientifique (OFIS).</p>
<h2>Création de l’Office français d’intégrité scientifique</h2>
<p>Le 20 mars 2017, le Collège du Haut-conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (<a href="http://www.hceres.fr/">Hceres</a>) a voté à l’unanimité la création de l’Office français d’intégrité scientifique. Ce nouveau département de l’Hceres devrait être opérationnel à l’automne. Ses missions sont triples :</p>
<ul>
<li><p>Expertise dans le domaine de l’intégrité scientifique pour accompagner les universités et les EPST dans la mise en œuvre de leurs obligations en la matière.</p></li>
<li><p>Observation : création d’un observatoire pour recenser les cas et comptabiliser les actions menées au niveau français.</p></li>
<li><p>Animation de la politique nationale en matière d’intégrité scientifique (permettant notamment d’éviter une dispersion entre établissements en matière de traitement des manquements à l’intégrité scientifique) et contribution de notre pays au niveau international.</p></li>
</ul>
<p>L’intégrité scientifique est d’ores et déjà un critère pris en compte dans l’évaluation des unités de recherche par l’Hceres.</p>
<h2>Les référents Intégrité scientifique</h2>
<p>Actuellement, une vingtaine d’universités françaises se sont dotées d’un référent ou d’un chargé de mission à l’intégrité scientifique et le mouvement devrait s’accélérer en 2017.</p>
<p>Ces personnes doivent remplir un certain nombre de critères : compétences scientifiques, objectivité, indépendance, respect de la confidentialité.</p>
<p>Ils sont nommés par le chef d’établissement et leur identité ainsi que leurs coordonnées sont publiques.</p>
<p>À la suite du rapport Corvol, un groupe d’experts a produit un vademecum des référents intégrité scientifique précisant la notion d’intégrité scientifique et la mission des référents. Ils doivent assumer les missions suivantes : la vigilance et la veille ; la prévention et le traitement des manquements ; la promotion de l’intégrité scientifique au sein de leurs établissements ; un rapport au chef d’établissement sur les dossiers traités. Les référents sont organisés en un réseau national, et interagissent également avec leurs homologues européens via le réseau ENRIO (European Network of Research Integrity Officers).</p>
<h2>Priorité à la formation</h2>
<p>La compétition pour obtenir un poste et les critères d’évaluation des chercheurs tout au long de leur carrière peuvent expliquer (sans les admettre pour autant) certains manquements à l’intégrité : plagiats, réplications de publications…</p>
<p>La formation est essentielle pour prévenir ces manquements. Depuis le 25 mai 2016, un arrêté national prévoit expressément que les écoles doctorales « veillent à ce que chaque doctorant reçoive une formation à l’éthique de la recherche et à l’intégrité scientifique ». En pratique, quelques universités seulement proposent pour l’instant une telle formation mais cela doit évoluer rapidement.</p>
<p>L’intégrité scientifique est désormais prise en compte de façon sérieuse dans les universités et les établissements publics de recherche français, comme l’attestent la mise en place de référents ou chargés de mission et la création de l’OFIS.</p>
<p>La situation en France est comparable à celle des autres pays. Une formation à l’intégrité scientifique intégrée dans les études supérieures est indispensable pour améliorer encore la situation. Il est raisonnable d’espérer que la formation contribuera à réduire le nombre des manquements constatés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/80708/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Paul Haton ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’Office français d’intégrité scientifique devrait être opérationnel à l’automne. Panorama de ses missions.Jean-Paul Haton, Professeur émérite en informatique à l’Université de Lorraine, membre senior de l’Institut Universitaire de France (IUF), Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/746332017-03-15T21:28:38Z2017-03-15T21:28:38ZLes présidentielles et la science : nous interpellons les candidats<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/160894/original/image-20170315-5344-17bxn3d.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Elections de 2007.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Election_MG_3455.JPG">Rama/Wiokimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Tous les candidats à l’élection présidentielle qui s’approche déroulent à l’heure présente leurs programmes et leurs propositions. Néanmoins, une fois encore, comme dans toutes les élections dont j’ai souvenir, les questions de science et de technologie restent quasi-absentes des débats, comme si jamais les candidats ne s’étaient avisés qu’elles puissent nous concerner, comme si elles n’étaient destinées qu’aux spécialistes et qu’il leur appartiendrait d’y répondre, ou comme si elles n’intéressaient pas nos concitoyens.</p>
<h1>Que pensent les candidats ?</h1>
<p>Or si le monde de la science peut et doit être consultée par les décideurs, il leur appartient bien de choisir entre de multiples options de cette nature qui concernent notre avenir immédiat et le long terme. Quelques exemples parmi bien d’autres :</p>
<ul>
<li><p>Que pensent les candidats à l’élection présidentielle de l’influence des activités humaines sur le climat ?</p></li>
<li><p>Quel est leur avis sur la taxe carbone ?</p></li>
<li><p>Comment comptent-ils nous protéger des cyberattaques, à visées économiques et même politiques, qui ne sont plus simplement le fait de quelques pirates puisqu’elles sont aujourd’hui organisées au sommet même de l’État par des pays puissants ?</p></li>
<li><p>Le 30 novembre dernier, un rapport a été remis au Gouvernement préconisant un élargissement temporaire du caractère obligatoire des vaccins recommandés de l’enfant. Or, un article de la revue américaine <em>Science</em> de septembre 2016 a pour titre <a href="http://www.sciencemag.org/news/2016/09/france-most-skeptical-country-about-vaccine-safety">« La France est le pays le plus sceptique au sujet de la sécurité des vaccins »</a>. Il serait sans doute intéressant de comprendre pourquoi nous sommes les champions du monde du doute, mais nous demandons simplement aux candidats s’ils souhaitent étendre à d’autres maladies l’obligation présente de vacciner.</p></li>
<li><p>Comment les candidats pensent-ils qu’il faut faire face à l’intermittence des sources d’énergie photovoltaïques et éoliennes sans augmenter corrélativement le recours aux combustibles fossiles ?</p></li>
<li><p>Que pensent-ils des OGM ?</p></li>
<li><p>Le rapport du <a href="http://www.cnesco.fr/fr/accueil/">Conseil National d’Évaluation du Système scolaire</a> montre que plus de 40 % des enfants ont des grandes difficultés à la sortie de la scolarité obligatoire, particulièrement dans les matières scientifiques. Comment réagir face à ce péril pour notre avenir ?</p></li>
<li><p>Comment satisfaire aux engagements pris à Lisbonne en mars 2000 d’affecter 3 % du PIB à la recherche pour construire en Europe « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde » ? Nous en sommes loin.</p></li>
</ul>
<p>Nous n’allons pas poursuivre cette liste d’interrogations : le site <a href="http://science-et-technologie.ens.fr/">http://science-et-technologie.ens.fr</a> égrène une liste de questions déclinées en cinq thèmes : santé et environnement, énergie et climat, informatique et technologies numériques, éducation scientifique, recherche et innovation.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/160896/original/image-20170315-5364-4fgrds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/160896/original/image-20170315-5364-4fgrds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=258&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/160896/original/image-20170315-5364-4fgrds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=258&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/160896/original/image-20170315-5364-4fgrds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=258&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/160896/original/image-20170315-5364-4fgrds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=324&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/160896/original/image-20170315-5364-4fgrds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=324&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/160896/original/image-20170315-5364-4fgrds.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=324&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Science-et-technologie.ens.fr.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Convaincus que la réponse à ces questions intéresse tous nos concitoyens, et pas simplement les professionnels de la science et de la technologie, nous, c’est-à-dire près d’une centaine de personnes représentant des disciplines diverses, avons formulé un questionnaire destiné aux candidats. Leurs réponses seront publiquement disponibles sur le site cité ci-dessus.</p>
<p>Ce questionnaire n’est pas une pétition : il est le résultat d’une consultation élargie où sont intervenus des membres des Académies des Sciences et de Technologie, et notamment cinq prix Nobel, des professeurs au Collège de France, des économistes réputés et bien d’autres chercheurs compétents dont l’avis nous importait (la liste des signataires est disponible sur le même site).</p>
<p>Ces questions ont été rédigées sans présumer des réponses que nous aimerions recevoir. Sur nombre d’entre elles, les rédacteurs eux-mêmes apporteraient probablement des réponses différentes voire contradictoires, même si nous pensons tous que bien des problèmes de notre société exigent plus de science pour leur résolution. Nous avons évité des questions trop générales qui auraient entraîné des réponses convenues. Bien d’autres questions ont été soulevées lors de l’élaboration, en particulier sur l’éducation à tous les niveaux, mais il nous a semblé qu’elles auraient demandé un questionnaire spécifique, et nous avons dû faire un tri.</p>
<p>Certes lorsque nous déposons nos bulletins de vote dans l’urne notre choix résulte d’un ensemble de considérations sociales, économiques, internationales, etc., qui vont bien au-delà des questions que nous soulevons. Néanmoins nous sommes convaincus que les réponses des candidats éclaireront les choix de nos concitoyens.</p>
<hr>
<p><em>Edouard Brézin a écrit ce texte au nom de l’ensemble des chercheurs signataires.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/74633/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Edouard Brezin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La science est-elle à l’agenda des candidats à l’élection présidentielle ? Des chercheurs ont décidé de leur poser la question…Edouard Brezin, Professeur émérite à l’Ecole Normale Supérieure, ancien Président de l’Académie des Sciences, École normale supérieure (ENS) – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.