tag:theconversation.com,2011:/us/topics/polytechnique-63497/articlesPolytechnique – The Conversation2021-04-29T19:40:40Ztag:theconversation.com,2011:article/1598242021-04-29T19:40:40Z2021-04-29T19:40:40ZX, ENA… La puissance du réseau, un obstacle au contrôle du dirigeant aux effets délétères<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/397372/original/file-20210427-13-11k7e75.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=141%2C22%2C863%2C659&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Un tiers des patrons du CAC&nbsp;40 sont aujourd’hui issus de deux écoles seulement, l’X et l’ENA (photo).
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Les_élèves_de_l%27Ecole_polytechnique_(26855463710).jpg">J. Barande/École Polytechnique</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Chacun sait l’importance des réseaux dans le monde des affaires. La puissance de celui des anciens élèves de l’X (École Polytechnique) ou de l’ENA (École Nationale d’Administration) n’est plus à démontrer. Rigoureusement sélectionnés et formés aux frais du contribuable pour servir l’intérêt public, ces diplômés ont largement envahi la direction des grandes entreprises privées.</p>
<p>L’implication de l’État dans les secteurs clés de l’économie n’y est pas étrangère. Elle crée des passerelles permettant à ceux qui le souhaitent de monnayer une expérience dans la haute administration, et notamment au sein de cabinets ministériels, en même temps qu’un carnet d’adresses fort utile.</p>
<p>Le résultat est une surreprésentation des diplômés de l’X ou de l’ENA à la tête des grandes entreprises françaises. Cette situation est quasiment sans égal dans le monde. À titre de comparaison, seules <a href="https://www.forbes.com/sites/kimberlywhitler/2019/09/07/a-new-study-on-fortune-100-ceos-what-undergraduate-institutions-did-they-attend/?sh=1d8f577c3308">11 des 100 plus grandes sociétés cotées américaines</a> sont dirigées par un diplômé de la Ivy League, ce groupe de huit universités prestigieuses qui compte Harvard, Yale et Princeton parmi ses membres.</p>
<p>Pour rappel, <a href="https://www.usinenouvelle.com/article/quelle-formation-faut-il-suivre-pour-devenir-un-patron-du-cac-40.N723539">13 des patrons du CAC 40</a> (soit un tiers) sont issus de deux écoles seulement, l’X et l’ENA. Comme la plupart des administrateurs sont aussi des dirigeants, les conseils d’administration comportent souvent des membres partageant la même formation que le dirigeant et qui font donc partie de son réseau.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Quel diplôme pour devenir un grand patron ? » (Xerfi Canal, 2019).</span></figcaption>
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<p>A priori, on pourrait penser que cette concentration de talent est un atout pour l’entreprise. Mais en y réfléchissant bien, l’équipe des meilleurs est-elle vraiment la meilleure des équipes ? En sport, on sait que ce n’est pas toujours vrai.</p>
<p>Le Réal Madrid en a donné la preuve en 2004 avec une équipe de stars mondiales rassemblée à grands frais qui n’a pourtant remporté aucun trophée au terme de la saison. Au-delà du talent individuel, il s’agit de ne pas négliger l’importance du collectif. La qualité du groupe ne se résume pas à l’addition des qualités de chacun de ses membres.</p>
<h2>Effets pervers</h2>
<p>L’arithmétique des équipes recèle une autre surprise. Des chercheurs de Harvard ont ainsi analysé la <a href="https://doi.org/10.1016/j.jfineco.2016.01.013">performance des co-investissements en capital-risque</a>. Comme on pouvait s’y attendre, les gérants diplômés des meilleures universités sont associés à de meilleures performances. C’est plutôt rassurant pour les universités en question.</p>
<p>Mais fait plus curieux, lorsque les deux co-gérants sont issus de la même université, aussi prestigieuse soit-elle, la performance est beaucoup moins bonne. Les auteurs ne s’étendent pas sur les raisons de cette contre-performance, mais il est probable que l’absence de regard critique à l’égard de celui qui nous ressemble joue un rôle primordial.</p>
<p>Partant de là, on peut se demander si la présence d’administrateurs ayant la même formation que le dirigeant ne conduit pas à des résultats tout aussi dommageables. Le risque qui guette l’entreprise est que le conseil d’administration ne pousse pas assez le dirigeant à questionner, voire à remettre en cause, le bien-fondé de sa stratégie. Le danger est alors que l’entreprise fasse fausse route et finisse dans une impasse.</p>
<p>Les déboires de certaines entreprises hexagonales peuvent être mis sur le compte d’erreurs qui auraient pu être évitées si les administrateurs avaient été plus critiques par rapport aux décisions prises par le dirigeant. Parmi les plus grosses pertes essuyées par des sociétés françaises, plusieurs proviennent d’entreprises dont le conseil d’administration était composé de membres faisant partie du même réseau d’anciens élèves que le dirigeant.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/397305/original/file-20210427-19-tbfx3b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/397305/original/file-20210427-19-tbfx3b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/397305/original/file-20210427-19-tbfx3b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/397305/original/file-20210427-19-tbfx3b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/397305/original/file-20210427-19-tbfx3b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/397305/original/file-20210427-19-tbfx3b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/397305/original/file-20210427-19-tbfx3b.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des administrateurs provenant de la même école que leur dirigeant semblent être moins aptes à contrôler ce dernier.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/successful-group-business-people-working-on-144231154">Shutterstock</a></span>
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<p>Au premier rang, Vivendi se distingue par une perte de 23,3 milliards d’euros en 2002. L’entreprise était alors dirigée par Jean‑Marie Messier dont le parcourt scolaire brillant mêle l’X et l’ENA. Le seul problème est que le conseil d’administration de Vivendi comptait également 3 diplômés de l’X et 4 anciens élèves de l’ENA, qui plus est, inspecteurs des finances comme Messier lui-même. Il est ainsi vraisemblable que <a href="https://www.lemonde.fr/economie/article/2002/06/25/vivendi-universal-la-chute_282306_3234.html">l’indulgence des administrateurs à l’égard du plus brillant d’entre eux</a> n’a pas permis de détecter les problèmes suffisamment tôt et de corriger le tir avant qu’il ne soit trop tard.</p>
<h2>Des conséquences préjudiciables</h2>
<p>Lorsque des administrateurs entretiennent des liens étroits avec le dirigeant, la capacité du conseil d’administration à demander des comptes au dirigeant est nécessairement compromise. Cette réalité est admise dans le <a href="http://afep.com/themes/gouvernance/">code de gouvernance Afep-Medef</a>, dans le cas des liens financiers ou familiaux, pour définir l’indépendance des administrateurs. En revanche, les liens sociaux, comme ceux qui résultent du passage par la même école, sont totalement ignorés. Or ces liens affectent tout autant la capacité des administrateurs à contrôler le dirigeant.</p>
<p>En l’absence d’un contrôle approprié, le dirigeant peut se contenter de gérer tranquillement les affaires de la société <a href="https://www.journals.uchicago.edu/doi/abs/10.1086/376950">sans avoir à faire trop d’efforts</a> ou à <a href="https://doi.org/10.1016/j.jfineco.2016.08.002">prendre trop de risques</a>. Cette conclusion qu’on pourrait croire exagérée a en fait été démontrée de manière convaincante dans le cas des sociétés américaines. Dès lors, il faut s’attendre à une moins bonne performance de l’entreprise. Francis Kramarz (directeur de recherche ENSAE-ENSAI) et David Thesmar (professeur d’économie au MIT) le <a href="https://academic.oup.com/jeea/article-abstract/11/4/780/2300849">prouvent dans le cadre français</a>.</p>
<p>À plus long terme, il en résulte une perte de compétitivité de l’entreprise. Un indicateur de cette fragilité est la plus grande sensibilité de l’entreprise aux fluctuations de la conjoncture. Notre article à paraître ce mois-ci dans la <a href="https://www.cairn.info/revue-d-economie-politique.htm"><em>Revue d’Économie Politique</em></a> montre plus précisément que les entreprises dont le conseil d’administration comporte des membres liés au dirigeant par leur formation ont des rendements boursiers plus fortement corrélés au marché. Quand l’économie va moins bien, le marché recule et la valeur de ces entreprises baisse encore plus.</p>
<p>Les études montrent aussi que lorsque le dirigeant est enraciné, autrement dit lorsqu’il n’a pas à craindre de perdre son poste, l’entreprise a tendance à moins investir en recherche et développement dont on sait que l’issue est très incertaine. Elle est ainsi moins innovante. Les résultats que nous obtenons vont dans le même sens, ce qui suggère que la présence de réseaux au sein du conseil d’administration participe à l’enracinement du dirigeant.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/397311/original/file-20210427-21-wxqz7l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/397311/original/file-20210427-21-wxqz7l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=490&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/397311/original/file-20210427-21-wxqz7l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=490&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/397311/original/file-20210427-21-wxqz7l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=490&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/397311/original/file-20210427-21-wxqz7l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=616&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/397311/original/file-20210427-21-wxqz7l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=616&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/397311/original/file-20210427-21-wxqz7l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=616&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Lorsque les administrateurs proviennent de la même école que le dirigeant, ce dernier tend à s’enraciner à ce poste.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/image-photo/relaxed-businessman-sitting-office-154366205">Shutterstock</a></span>
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<p>Deux autres conséquences découlent de cette situation. La première est que l’entreprise a tendance à être moins transparente. Elle divulgue moins d’informations pertinentes. Jean‑Marie Messier ne déclara-t-il pas <a href="https://www.liberation.fr/futurs/2002/03/06/un-vrai-compte-de-fees_396037/">« Vivendi va mieux que bien »</a> avant d’annoncer des pertes fracassantes ? Les investisseurs ont ainsi des raisons d’être méfiants et d’exiger une prime de risque plus importante.</p>
<p>Nous avons ainsi pu mettre en évidence dans un <a href="https://www.cairn.info/revue-comptabilite-controle-audit-2021-1-page-111.htm">article</a> publié cette année dans la revue <em>Comptabilité Contrôle Audit</em> que les liens sociaux entre le dirigeant et les administrateurs se traduisent par un coût des fonds propres plus élevé. Le taux de croissance de l’entreprise est également plus faible.</p>
<h2>Facteurs aggravants et remèdes possibles</h2>
<p>Tous ces problèmes sont amplifiés par la concentration des pouvoirs entre les mains du dirigeant comme c’est le cas lorsque ce dernier est en poste depuis un certain nombre d’années et qu’il cumule les fonctions de directeur général et de président du conseil d’administration. L’exemple typique est celui de Carlos Ghosn dont les décisions n’ont <a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/renault-nissan-les-trois-erreurs-strategiques-qui-expliquent-la-chute-de-carlos-ghosn-837612.html">jamais été remises en cause</a> par les administrateurs de Renault jusqu’à son arrestation spectaculaire par la police japonaise.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/397312/original/file-20210427-17-12shyvd.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/397312/original/file-20210427-17-12shyvd.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/397312/original/file-20210427-17-12shyvd.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/397312/original/file-20210427-17-12shyvd.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/397312/original/file-20210427-17-12shyvd.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/397312/original/file-20210427-17-12shyvd.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/397312/original/file-20210427-17-12shyvd.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Conférence de Carlos Ghosn en tant que président-directeur général de l’alliance Renault-Nissan à l’école Polytechnique.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Conf%C3%A9rence_de_Carlos_Ghosn_(X_1974),Pr%C3%A9sident-Directeur_G%C3%A9n%C3%A9ral_de_l%E2%80%99alliance_Renault-Nissan_%C3%A0_l%27Ecole_polytechnique_(18739078575).jpg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
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<p>Plusieurs mécanismes de gouvernance externes peuvent toutefois pallier la faiblesse du contrôle exercé par le conseil d’administration. Les détenteurs de blocs d’actions ont les moyens de se faire entendre et devraient se manifester d’autant plus bruyamment qu’ils ont des intérêts financiers à défendre. Ils peuvent aussi menacer de vendre leurs actions, ce qui constituerait un désaveu cinglant du dirigeant à même de ternir durablement sa réputation.</p>
<p>Le suivi par les analystes financiers permet également d’empêcher que des administrateurs proches du dirigeant n’apportent à ce dernier un soutien trop complaisant. En mettant en relief la stratégie de l’entreprise et en soulignant ses implications financières, les analystes atténuent le risque d’un dysfonctionnement du conseil d’administration. Les effets pernicieux des liens sociaux évoqués plus haut sont ainsi mieux maîtrisés.</p>
<p>D’autres facteurs pourraient jouer un rôle bénéfique. On peut supposer que la poursuite de <a href="https://start.lesechos.fr/apprendre/universites-ecoles/la-domination-du-trio-x-hec-ena-sur-les-postes-de-direction-du-cac-40-menacee-par-linternationalisation-1259115">l’internationalisation des entreprises françaises</a> favorisera une plus grande mixité des profils ce qui devrait réduire l’influence des réseaux. De grandes entreprises nationales comme Axa ou Air France-KLM sont désormais dirigées par des hommes (Thomas Buberl et Ben Smith) qui ont fait toutes leurs études et l’essentiel de leur carrière à l’étranger.</p>
<p>La part plus importante de femmes depuis la loi Copé-Zimmermann est un autre élément susceptible de conduire à un meilleur fonctionnement des conseils d’administration. On sait par exemple que la présence d’administratrices réduit sensiblement le <a href="https://hbr.org/2021/05/banks-with-more-women-on-their-boards-commit-less-fraud">risque de fraude</a> et de manipulations comptables.</p>
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<figcaption><span class="caption">« Féminisation des conseils d’administration : où en est-on vraiment ? » (Xerfi Canal, 2018).</span></figcaption>
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<p>Enfin, l’intensification de la concurrence avec l’ouverture des marchés, comme celui du transport ferroviaire ou de la fourniture de gaz et d’électricité, pourrait également imposer une plus grande discipline et atténuer ainsi l’attrait des entreprises pour les anciens hauts fonctionnaires et le réseau qui leur est associé.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/159824/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Lorsque les administrateurs d’une entreprise sont diplômés de la même école que le dirigeant, leur capacité à demander des comptes sur ses décisions devient compromise.Pascal Nguyen, Professeur de finance, Université de MontpellierCédric Van Appelghem, Maître de conférences en sciences de gestion - Chercheur au LITEM, Université d’Evry – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1282892019-12-05T19:05:22Z2019-12-05T19:05:22ZFemmes en génie : il reste encore des barrières 30 ans après Polytechnique<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/305485/original/file-20191205-39005-1mhcivt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Trente ans après le massacre des étudiantes de Polytechnique, les femmes restent minoritaires dans les facultés de génie, notamment en informatique.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Le 30e anniversaire de la <a href="https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/tragedie-de-polytechnique">tuerie de Polytechnique</a> est l’occasion de réfléchir à ce qui a changé après trois décennies de militantisme contre la violence faite aux femmes, pour le contrôle des armes à feu et en faveur des femmes en sciences, en technologie, en génie et en mathématiques (STGM).</p>
<p>Trois ans après le massacre, le Comité canadien des femmes en ingénierie a publié <a href="https://projectccwe.files.wordpress.com/2011/03/rapport-du-comitc3a9-canadien-des-femmes-en-ingc3a9nierie-avril-1992.pdf"><em>Elles font une différence</em></a>. Le rapport décrit en détail les obstacles auxquels se heurtent les femmes dans le domaine du génie et lance un appel national à l’action.</p>
<p>Nous voilà 27 ans plus tard. La proportion de femmes inscrites à des programmes de premier cycle en génie a légèrement augmenté, <a href="https://engineerscanada.ca/fr/publications/des-ingenieurs-canadiens-pour-lavenir-2017">ayant passé de 16 pour cent à 22 pour cent</a>. Mais le Canada accuse toujours un retard par rapport aux autres pays industrialisés. Et malgré l’essor du secteur de la technologie, les <a href="https://www.nserc-crsng.gc.ca/_doc/Reports-Rapports/WISE2017_f.pdf">femmes représentent aujourd’hui une plus petite proportion des étudiants en informatique (16 pour cent) qu’en 1989</a>.</p>
<p>Pendant ce temps, les écoles de commerce, de droit et de médecine ont doublé le nombre d’inscriptions de femmes. Et les programmes de mathématiques comptent <a href="https://www.yorku.ca/steeleje/research/PDF/Steele_Ambady_JESP_2006.pdf">plus de 40 pour cent de femmes</a>, ce qui va à l’encontre du mythe selon lequel « les maths, c’est dur » pour les femmes. Malgré les bonnes intentions et les investissements massifs dans les programmes – camps d’ingénierie, affiches montrant des filles qui travaillant en robotique, astronautes parlant des joies de la science et de la technologie dans les écoles –, on avance à pas de tortue.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/polytechnique-30-ans-plus-tard-un-premier-attentat-antifeministe-enfin-nomme-comme-tel-107584">Polytechnique, 30 ans plus tard : un premier attentat antiféministe, enfin nommé comme tel</a>
</strong>
</em>
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<h2>Influences culturelles</h2>
<p>Réfléchissez à ceci :</p>
<blockquote>
<p>« Les influences culturelles qui empêchent les jeunes filles et les jeunes femmes d’occuper des rôles non traditionnels sont exercées par leurs parents et d’autres personnes qui s’en occupent dès leur plus jeune âge. À l’école, des enseignants et des conseillers pédagogiques, qui ne sont pas conscients des stéréotypes culturels, continuent à dissuader une bonne part d’entre elles de s’intéresser aux mathématiques et aux sciences et d’envisager de faire carrière dans l’ingénierie. […] Dans leur milieu de travail, les ingénieures se heurtent à des attitudes et à des activités systématiquement discriminatoires à l’égard des femmes. Beaucoup d’entre elles sont exposées à du sexisme en matière d’embauche, de promotion, d’affectation et de salaire, et subissent du harcèlement sexuel dans leur milieu de travail. Certaines doivent surmonter l’isolement dû au fait qu’elles sont la seule ingénieure dans l’entreprise ou sur le chantier. »</p>
</blockquote>
<p>Cette description tirée du rapport <em>Elles font une différence</em> demeure actuelle. Des rapports plus récents – comme celui de 2017 de la Banque TD intitulé <a href="https://economics.td.com/domains/economics.td.com/documents/reports/bc/wistem/Women-and-STEM.pdf"><em>Women and STEM : Bridging the Divide</em></a> ou celui du gouvernement canadien intitulé <a href="https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/75-006-x/2019001/article/00006-fra.htm"><em>Persévérance et représentation des femmes dans les programmes d’études en STGM</em></a> – vont dans le même sens. L’étude de la TD souligne également que les femmes qui travaillent dans les domaines des STGM gagnent moins que leurs homologues masculins, même si leur salaire demeure plus élevé que dans bien d’autres professions.</p>
<h2>Des changements nécessaires</h2>
<p>Il est important d’appliquer nos connaissances en matière d’innovation pour encourager la diversité et l’inclusion. L’éducation est l’un des moyens les moins efficaces pour modifier les comportements : il ne suffit pas de savoir qu’une présence accrue des femmes dans les STIM serait bonne pour l’économie, la conception de systèmes inclusifs et les innovations.</p>
<p>Si on examine la proportion de femmes inscrites dans les écoles d’ingénierie au Canada, nous constatons des écarts considérables entre les établissements. L’Université Queen’s, l’Université de Waterloo et l’Université de la Colombie-Britannique ont approché ou dépassé les 30 pour cent. L’Université de Toronto rapporte que <a href="https://www.engineering.utoronto.ca/about/">40 pour cent de la nouvelle cohorte de 2019 était composée de femmes</a>. Dans d’autres écoles, la proportion de femmes se situe plus près de 10 pour cent.</p>
<p>Les données sont difficiles à trouver. Ingénieurs Canada ne publie pas de données selon les sexes par école et son objectif de <a href="https://engineerscanada.ca/fr/diversite/les-femmes-en-genie/30-en-30">30 en 30</a> – faire passer à 30 pour cent d’ici 2030 le pourcentage de femmes parmi les ingénieurs qui recevront leur diplôme – semble modeste étant donné que bon nombre d’écoles ont déjà atteint cette cible.</p>
<p>Bien sûr, il y a aussi le problème de manque de main-d’œuvre ainsi que des défis structurels – les femmes sont mieux représentées dans des disciplines comme le génie biomédical, chimique et environnemental que dans le génie civil, mécanique ou aérospatial. Mais il faut se pencher sur la conception des programmes, la pédagogie, le recrutement et le soutien. Il faut remettre en question les systèmes qui comportent des obstacles structurels.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/304767/original/file-20191202-66990-e5vc21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/304767/original/file-20191202-66990-e5vc21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/304767/original/file-20191202-66990-e5vc21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/304767/original/file-20191202-66990-e5vc21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/304767/original/file-20191202-66990-e5vc21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/304767/original/file-20191202-66990-e5vc21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/304767/original/file-20191202-66990-e5vc21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/304767/original/file-20191202-66990-e5vc21.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Attirer les femmes dans les professions des STGM, c’est s’engager à offrir plus que des programmes inclusifs pour les filles.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<h2>Des programmes pour le changement</h2>
<p>Une partie du défi tient au fait que les bonnes intentions ne se traduisent pas par des mesures concrètes. Peu d’intervenants – associations, universités, gouvernements, organismes de certification – utilisent les leviers à leur disposition, comme le financement, l’approvisionnement, la reconnaissance, les rapports et la transparence, pour effectuer des transformations. L’argent a le dernier mot, et s’ils avaient accordé la priorité à la représentation des femmes en génie et dans d’autres disciplines des STGM – et qu’ils l’avaient corroborée avec des conséquences réelles –, nous aurions vu des changements s’opérer plus rapidement.</p>
<p>Il existe de fabuleux exemples de programmes visant à accroître le nombre de femmes en informatique. L’Université Carnegie Mellon et le Harvey Mudd College ont répertorié des stratégies <a href="https://economics.td.com/domains/economics.td.com/documents/reports/bc/wistem/Women-and-STEM.pdf">qui ont permis d’atteindre de 30 à 40 pour cent d’inscriptions féminines</a>. Mais la plupart des universités sont lentes à faire bouger les choses, et sans un leadership engagé et une stratégie en plusieurs volets axée sur les résultats, les paroles ne se traduisent que rarement par des actions.</p>
<p>Il est évident qu’il faut aussi commencer plus en amont. Les choix des filles sont influencés par de nombreux facteurs : les <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2017.00329/full">stéréotypes sociétaux et les attentes des enseignants, des pairs, de la famille et des amis</a>. Des programmes peuvent accroître considérablement l’intérêt des filles pour les mathématiques, les sciences, le génie et la technologie à un jeune âge, mais ils sont fragmentés et dépendent souvent d’un soutien et d’un financement incohérents.</p>
<p>Pour réaliser des gains, il faut des cibles claires, un soutien et une reddition de comptes liés au financement.</p>
<p>Les employeurs ont également un rôle essentiel à jouer. Les femmes se disent couramment confrontées à de la discrimination et à du harcèlement et parlent de la culture de la <a href="https://www.economist.com/open-future/2019/05/03/the-vile-experiences-of-women-in-tech">brotopia</a>, du nom du livre de la journaliste de Bloomberg Emily Chang, <em>Brotopia : Breaking up the Boys » Club of Silicon Valley</em>, qui y décrit la culture machiste de la Silicon Valley.</p>
<p><a href="https://wbecanada.ca/i2-strategy/">Certaines entreprises font des progrès</a>. Des organismes ont fixé des objectifs assortis de stratégies intentionnelles et liés à la rémunération de la direction. D’autres ont utilisé des approches novatrices pour attirer les femmes en réformant la culture d’entreprise.</p>
<p>Par exemple, l’une d’elles a atteint 30 pour cent de participation féminine en ayant recours à des <a href="https://ppforum.ca/publications/developing-canadas-digital-ready-public-service/">hackathons socialement progressistes dans le cadre de sa stratégie de recrutement</a>. D’autres entreprises tentent de s’attaquer au problème pernicieux du « tuyau qui fuit » (<em>leaky pipeline</em> en anglais)– les femmes qui quittent plus vite la profession que les hommes – en employant <a href="https://www.wct-fct.com/sites/default/files/documents/blueprint.pdf">diverses tactiques</a>.</p>
<p>Pour finir, on doit faire plus de place aux programmes mixtes novateurs qui combinent la technologie et les sciences sociales et humaines. Il est bon de savoir que la moitié des femmes cadres des plus grandes entreprises des technologies de l’information et des communications (Xerox, Twitter, HP, IBM, Facebook) ne détiennent pas de diplôme dans les STGM.</p>
<p>On devrait encourager les filles et les femmes à poursuivre des études en génie et en informatique, mais on devrait aussi reconnaître qu’il existe d’autres moyens de jouer un rôle dans le monde de la technologie. Avec cette double perspective, il devrait être possible de promouvoir la participation des femmes à la technologie.</p>
<p>L’élaboration de stratégies collaboratives à plusieurs niveaux avec des cibles précises nous permettra de ne pas prendre part à la même discussion bien intentionnée, mais inefficace, pendant encore 30 ans.</p>
<p>[<em>Vous aimez ce que vous avez lu ? Vous en voulez plus ?</em> <a href="https://theconversation.com/ca-fr/newsletters">Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire</a>. ]</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/128289/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Wendy Cukier reçoit des fonds du CRSH, du gouvernement du Canada, du gouvernement de l'Ontario et de plusieurs autres organismes: ACTI, Metrolinx, Services Financiers TD. Elle est affiliée à la Coalition pour le contrôle des armes à feu. Elle est professeure à l'Université Ryerson.</span></em></p>Trente ans après le massacre des étudiantes de Polytechnique, les femmes restent minoritaires dans les facultés de génie, notamment en informatique.Wendy Cukier, Professor, Ted Rogers School of Management, Toronto Metropolitan UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1075842018-12-05T22:20:54Z2018-12-05T22:20:54ZPolytechnique, 30 ans plus tard : un premier attentat antiféministe, enfin nommé comme tel<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/305667/original/file-20191206-90562-kd3rxy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C0%2C2989%2C1815&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une nouvelle enseigne a été dévoilée au parc du 6 décembre pour commémorer le 30e anniversaire du massacre de l'École Polytechnique en 1989, jeudi le 5 décembre 2019 à Montréal. Le nouveau panneau mentionne maintenant qu'il s'agissait d'une attaque contre les femmes et les féministes.</span> <span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Ryan Remiorz</span></span></figcaption></figure><p>En fin d’après-midi le 6 décembre 1989, Marc Lépine, âgé de 25 ans, se présente à l’École polytechnique de Montréal armé d’un semi-automatique. Il entre dans une classe et ordonne aux hommes de sortir. Seul avec les étudiantes, il déclare « J’haïs les féministes », avant d’ouvrir le feu. Six femmes ne se relèveront jamais.</p>
<p>Le tueur circule ensuite dans l’établissement, tirant sur des femmes, puis entre dans une seconde classe où il vise encore des femmes. Il retourne finalement son arme contre lui. Quand la police intervient, il est trop tard. Quatorze femmes sont mortes, soit 13 étudiantes et une adjointe administrative : Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie St-Arneault, Annie Turcotte, Barbara Klucznik-Widajewicz.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/305503/original/file-20191205-39018-18kbbqk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/305503/original/file-20191205-39018-18kbbqk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=477&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/305503/original/file-20191205-39018-18kbbqk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=477&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/305503/original/file-20191205-39018-18kbbqk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=477&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/305503/original/file-20191205-39018-18kbbqk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=600&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/305503/original/file-20191205-39018-18kbbqk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=600&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/305503/original/file-20191205-39018-18kbbqk.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=600&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des gens assistent, le 5 décembre, à l'inauguration d'une nouvelle enseigne au parc du 6 décembre commémorant le 30e anniversaire de l'attaque de l'École Polytechnique en 1989 où 14 étudiantes ont été tuées. Le nouveau panneau mentionne maintenant qu'il s'agissait d'une attaque contre les femmes et les féministes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">La Presse Canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<p>Trente ans plus tard, de jeunes hommes commettent des meurtres de masse contre des femmes, <a href="https://www.miamiherald.com/news/local/crime/article221086465.html">cette fois sous prétexte d’être privés des rapports sexuels</a>. Ces « célibataires involontaires » (Incels) sont célébrés sur des médias sociaux <a href="https://theconversation.com/la-crise-de-la-masculinite-ou-la-revanche-du-male-96194">où se croisent des appels au meurtre et au viol de femmes</a>, ainsi que des propos racistes.</p>
<p><a href="https://www.theglobeandmail.com/canada/article-facebook-post-connected-to-suspect-in-van-rampage-cites-incel/">Alek Minassian, le présumé auteur du carnage à la voiture bélier</a>, survenu en avril 2018, à Toronto, s’est réclamé des Incels. La très grande majorité des victimes étaient des femmes.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/248563/original/file-20181203-194950-oira03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/248563/original/file-20181203-194950-oira03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=614&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/248563/original/file-20181203-194950-oira03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=614&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/248563/original/file-20181203-194950-oira03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=614&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/248563/original/file-20181203-194950-oira03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=771&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/248563/original/file-20181203-194950-oira03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=771&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/248563/original/file-20181203-194950-oira03.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=771&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Des membres de la famille d’une des 10 victimes de l’attaque au camion-bélier assiste à une vigile en mémoire des victimes, au Mel Lastman Square, à Toronto, dimanche le 29 avril 2018.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Presse Canadienne/Frank Gunn</span></span>
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</figure>
<p>Marc Lépine visait des femmes qui se destinaient à un métier non traditionnel, sous prétexte qu’elles prenaient la place des hommes. Ces nouveaux terroristes veulent punir et terroriser les femmes parce qu’elles leur refuseraient des rapports sexuels auxquels ils prétendent avoir droit. Tous ces meurtres de masse constituent, en définitive, du terrorisme contre les femmes et les féministes.</p>
<p>Mais cela a pris 30 ans avant d’oser utiliser ces termes, en dehors des milieux féministes, pour décrire et analyser le massacre de Polytechnique. En effet, la Ville de Montréal <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/201911/03/01-5248202-polytechnique-montreal-reconnait-un-attentat-antifeministe.php">vient tout juste de le reconnaître comme un « acte antiféministe »</a>.</p>
<h2>Bataille d’interprétation</h2>
<p>Le soir même de la tuerie de Polytechnique, Radio-Canada révèle au public que le « tireur fou » n’a tué que des femmes, alors que des hommes expliquent sur les lignes ouvertes radiophoniques qu’ils comprennent le tueur et rêvent de l’imiter.</p>
<p>De leur côté, les féministes organisent une marche à la chandelle. La semaine suivante, une foule se recueille devant 13 cercueils exposés dans le Hall d’honneur de l’Université de Montréal (une famille a opté pour des cérémonies privées). Les murs des couloirs sont couverts de messages envoyés par télécopieur par les écoles et les firmes de génie du monde entier.</p>
<p>Des funérailles sont célébrées à la Basilique Notre-Dame de Montréal, malgré des voix qui dénoncent cette récupération par l’Église catholique, une institution contrôlée par des hommes.</p>
<p>Dès les premiers jours s’engage une bataille mémorielle pour déterminer comment expliquer cette attaque, déjà qualifiée d’« historique » par plusieurs journalistes. On s’interroge à savoir si le tueur était simplement fou ou plutôt misogyne.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/249063/original/file-20181205-186079-9o0u5r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/249063/original/file-20181205-186079-9o0u5r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/249063/original/file-20181205-186079-9o0u5r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/249063/original/file-20181205-186079-9o0u5r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=414&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/249063/original/file-20181205-186079-9o0u5r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/249063/original/file-20181205-186079-9o0u5r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/249063/original/file-20181205-186079-9o0u5r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=520&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Deux femmes assistent à une manifestation dénonçant la violence faite aux femmes, le 6 décembre 2013, à Montréal. Au fil des années, la journée commémorative de l’attentat de Polytechnique a pris des dimensions différentes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Presse Canadienne/Graham Hughes</span></span>
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<p><a href="http://www.editions-rm.ca/livres/jhais-les-feministes/">Une étude de trois quotidiens</a> (<em>Le Devoir</em>, <em>La Presse</em>, <em>Globe & Mail</em>), portant sur les années 1989-1990, 1999-2000 et 2009, a permis de distinguer plusieurs discours mémoriels qui se complètent ou se confrontent.</p>
<p>Du côté féministe, il s’agit d’un crime misogyne et antiféministe, puisque le tueur ciblait des étudiantes en génie. Cet attentat s’inscrit aussi dans le continuum des violences contre les femmes. Enfin, <a href="http://www.editions-rm.ca/livres/polytechnique-6-decembre/">quelques hommes proféministes en appellent à une autocritique</a>. D’autres voix rendent responsables soit la violence à la télévision ou le protocole d’intervention de la police (ce protocole sera revu complètement par la suite, <a href="https://www.journaldemontreal.com/2016/09/13/les-policiers-applaudis-pour-leur-intervention-a-dawson">comme on l’a vu lors de la fusillade du collège Dawson, en 2006</a>).</p>
<p>Un groupe de pression, formé de survivantes et de parents de victimes, demande que l’on interdise le type d’arme utilisé par le tueur, tout en exigeant un meilleur contrôle des armes à feu. <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Registre_canadien_des_armes_%C3%A0_feu">Un « registre des armes à feu » sera instauré en 1995</a> par le gouvernement fédéral (le Parti conservateur l’abolit en 2012).</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/249062/original/file-20181205-186079-4t5mo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/249062/original/file-20181205-186079-4t5mo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/249062/original/file-20181205-186079-4t5mo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/249062/original/file-20181205-186079-4t5mo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=423&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/249062/original/file-20181205-186079-4t5mo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/249062/original/file-20181205-186079-4t5mo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/249062/original/file-20181205-186079-4t5mo3.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=532&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">L’activiste Heidi Rathjen, lors d’une conférence presse prônant un meilleur contrôle des armes à feu, à Montréal, le 28 novembre, 2014.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Presse Canadienne/Graham Hughes</span></span>
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Read more:
<a href="https://theconversation.com/voici-comment-larme-preferee-des-tueurs-de-masse-est-arrivee-au-canada-124055">Voici comment l'arme préférée des tueurs de masse est arrivée au Canada</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>L’événement stimulera aussi l’expression d’un antiféminisme plus ou moins virulent. Des catholiques demandent aux féministes de garder le silence pour respecter les proches des victimes.</p>
<p>Sans jamais avoir consulté le tueur ni son dossier médical, des psychologues prétendent qu’il souffrait de troubles de la personnalité. Cette <a href="https://www.syllepse.net/un-silence-de-mortes-_r_62_i_330.html">psychologisation du meurtre</a> avait pour effet de le dépolitiser.</p>
<p><a href="https://www.ledevoir.com/societe/518073/la-feministe-melissa-blais-etablit-des-rapprochements-entre-la-tuerie-de-polytechnique-et-le-massacre-de-la-mosquee-de-quebec">Un processus similaire a été observé</a> à la suite de l’attentat contre la Mosquée de Québec, en janvier 2017, où six musulmans ont été assassinés. Ici aussi, la parole des victimes est réduite à leur seule souffrance, tandis que leur expertise sur le racisme et l’islamophobie est le plus souvent déniée au profit d’expertises qui s’élaborent sur le dos des principaux concernés.</p>
<p>Dans le cadre des commémorations des 30 ans de la tuerie, des féministes ont renouvelé les analyses de cette violence institutionnelle et épistémique, dont les femmes racisées font particulièrement les frais.</p>
<p>D’autres voix – dont celle du psychologue Guy Corneau – ont prétendu que le massacre de Polytechnique était la conséquence de « l’absence du père » et l’expression d’une « crise de la masculinité ». Pour certains, il s’agissait même d’une réaction masculine normale, après tant d’avancées des femmes grâce au féminisme.</p>
<p>Les médias ont aussi relayé l’information (fausse) que l’École polytechnique aurait refusé la demande d’admission de Marc Lépine (il y avait alors moins de 20 pour cent d’étudiantes).</p>
<p>Onze mois après la tuerie, la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Francine_Pelletier_(journaliste)">journaliste Francine Pelletier a reçu une copie de la lettre de suicide</a> retrouvée sur le corps du tueur. Il y expliquait ses motivations politiques et fournissait une liste de 18 femmes (et d’un groupe d’hommes antisexistes) qu’il désirait tuer, soit des personnalités féministes, ainsi que la première policière, la première pompière, etc. Se qualifiant d’« érudit rationnel », le tueur avait même anticipé qu’on le qualifierait de « tueur fou », alors qu’il exprimait très clairement ses motivations politiques.</p>
<p>Enfin, le <a href="http://www.editions-rm.ca/livres/le-mouvement-masculiniste-au-quebec/">courant antiféministe « masculiniste »</a> a reproché aux féministes d’avoir « récupéré » et même tiré profit de l’attentat. Quelques individus se sont même identifiés au tueur, par exemple dans des menaces adressées à des femmes. Cette référence au tueur se retrouve encore aujourd’hui dans plusieurs cyberattaques <a href="https://www.ledevoir.com/societe/522246/sandrine-ricci-et-les-trolls">par exemple contre des féministes travaillant à l’UQAM</a>. <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/455225/polytech-lepine-masculinistes">Un site Web ouvertement antiféministe</a> a même été dédié au tueur, qualifié de « héros et martyr ».</p>
<h2>Terrorisme</h2>
<p>En décembre 2009, des féministes ont alors proposé de penser la tuerie de 1989 comme un « attentat terroriste » antiféministe, puisque le tueur ne visait pas seulement les étudiantes (victimes directes), mais cherchait aussi à terroriser toutes les féministes (cibles ultimes).</p>
<p>Il aura donc fallu vingt ans pour parvenir à parler d’un « attentat terroriste antiféministe ».</p>
<p>À l’UQAM, l’évènement <a href="https://www.tvanouvelles.ca/2009/12/05/se-souvenir-pour-agir">« Se souvenir pour agir »</a>, proposait à la fois une colloque international, une pièce de théâtre de Pol Pelletier, un spectacle de musique, une <a href="https://galerie.uqam.ca/publications/66-guerrilla-girls-troubler-le-repos.html">exposition d’art des Guerrilla Girls</a>, une exposition thématique et un rassemblement organisé par la Fédération des femmes du Québec (voir le DVD du livre <a href="http://www.editions-rm.ca/livres/retour-sur-un-attentat-antifeministe/"><em>Retour sur un attentat antiféministe</em></a>.</p>
<p>En 2014, la 25e commémoration a été l’occasion d’organiser une grande cérémonie à laquelle assistaient nombre de dignitaires, et le collectif Moment Factory a créé une œuvre lumineuse composée de 14 faisceaux s’élevant à la verticale du belvédère du mont Royal.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/248564/original/file-20181203-194947-z86mpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/248564/original/file-20181203-194947-z86mpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=815&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/248564/original/file-20181203-194947-z86mpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=815&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/248564/original/file-20181203-194947-z86mpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=815&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/248564/original/file-20181203-194947-z86mpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1024&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/248564/original/file-20181203-194947-z86mpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1024&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/248564/original/file-20181203-194947-z86mpr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1024&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Quatorze faisceaux lumineux scintillent dans le ciel de Montréal, le 6 décembre 2017, lors du 28e anniversaire du massacre de Polytechnique.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Presse Canadienne/Ryan Remiorz</span></span>
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<p>Comme on l’a vu, la lutte pour imposer une interprétation de l’événement du 6 décembre 1989 se poursuit au fil des décennies, mais la distance qui se creuse semble permettre aux féministes d’être mieux entendues dans l’espace public.</p>
<p>Trente ans après, <a href="https://reqef.uqam.ca/non-classe/devoir-de-memoire/">plusieurs évènements commémoratifs sont organisés</a> afin de garder vivante la mémoire des 14 femmes tuées. Grâce au Réseau québécois en études féministes, l’UQAM, l’Université de Montréal et l’Université Laval se sont unies aux groupes communautaires (dont l’<a href="https://rcentres.qc.ca">R des centres de femmes</a> et le <a href="https://ffq.qc.ca/participer-actions/12-jours-action-contre-la-violence/">Comité 12 jour d’action contre la violence envers les femmes</a>) pour questionner, mais aussi dénoncer, les attaques antiféministes et les diverses expressions de violence contre les femmes.</p>
<p>En bref, l’ampleur de ces commémorations révèle la détermination des féministes à faire cesser les violences contre les femmes sous toutes ses formes.</p>
<p>À une époque comme la nôtre, obsédée par le terrorisme, il semble cependant qu’il soit encore difficile de considérer l’importance de la haine antiféministe qui déferle sur le Web. Et ce, même si celle-ci relève bien d’une logique antiféministe promue par le tueur de Polytechnique.</p>
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<p class="fine-print"><em><span>Mélissa Blais a reçu une bourse postdoctorale du Fonds de Recherches du Québec -Société et culture (FRQSC).</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Francis Dupuis-Déri a reçu des fonds du Réseau québécois en études féministes (RéQEF). </span></em></p>Cela aura pris trente ans avant que l'on nomme officiellement le massacre de Polytechnique pour ce qu'il était: un attentat anti-féministe.Mélissa Blais, Postdoctorante INRS et Institut d'études de la citoyenneté, Université de Genève, Université du Québec à Montréal (UQAM)Francis Dupuis-Déri, Professeur, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.