tag:theconversation.com,2011:/us/topics/principe-responsabilite-21837/articlesprincipe responsabilité – The Conversation2020-10-15T19:53:56Ztag:theconversation.com,2011:article/1476322020-10-15T19:53:56Z2020-10-15T19:53:56ZResponsable ? Vous avez dit responsable ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/362695/original/file-20201009-19-1fb2y8f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=161%2C253%2C3628%2C4349&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Tous responsables.</span> <span class="attribution"><span class="source">Anna Shvets/Pexels</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>En parodiant la célèbre réplique de Jacques Prévert dans le film « Drôle de drame » (1937), nous voulons attirer l’attention sur la soudaine célébrité de cet adjectif qui surgit de toute part pour qualifier l’évolution souhaitable de notre société mais qui est assez mal défini.</p>
<h2>Un État responsable ?</h2>
<p>Au sommet de l’État tout d’abord. Il était courant que le gouvernement comprenne un Secrétaire d’État à l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) mais, depuis juillet 2020, le gouvernement Castex comporte une Secrétaire d’État à l’économie sociale, solidaire et responsable, Mme Olivia Grégoire.</p>
<p>Or, si <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000042237955/#:%7E:text=Pour%20l%E2%80%99exercice%20de%20ses,relance%2C%20ou%20dont%20il%20dispose.">l’ESS</a> est bien définie, c’est le monde des associations, des mutuelles, des coopératives et des fondations, en revanche l’économie « responsable » ne l’est pas.</p>
<p>Ce qui est connu, c’est la RSE, la « responsabilité sociale de l’entreprise », qui exige ou parfois suggère aux entreprises de limiter leur impact environnemental et de ne pas causer de dommages sociaux ou sociétaux. Mais la RSE concerne toutes les entreprises et même toutes les organisations quel que soit leur statut. C’est très différent de l’ESS. Il convient donc d’attendre pour savoir ce que recouvre « l’économie responsable » et son nouveau Secrétariat d’État.</p>
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<figcaption><span class="caption">C’est quoi la RSE ? par Réseau Alliances.</span></figcaption>
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<h2>Le capitalisme responsable</h2>
<p>Si l’économie responsable n’est pas définie, le capitalisme responsable vient de l’être à travers un rapport de l’Institut Montaigne intitulé, <a href="https://www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/le-capitalisme-responsable-une-chance-pour-leurope-rapport_0.pdf">« Le capitalisme responsable, une chance pour l’Europe »</a></p>
<p>Comme le précisent Yves Perrier (directeur général d’Amundi) et Jean‑Dominique Sénard (président du conseil d’administration de Renault), il ne s’agit pas d’évoquer simplement la RSE mais de penser le capitalisme dans son ensemble. Nous vivons actuellement sous la domination d’un capitalisme financier, par nature court-termiste, tourné essentiellement vers l’intérêt des actionnaires et il s’agit pour les auteurs d’envisager un autre type de capitalisme qui penserait la prospérité économique à long terme et prendrait en compte la société dans son ensemble. Ils voient poindre à travers la notion de « raison d’être » les prémisses du capitalisme responsable.</p>
<p>Jean‑Dominique Sénard a été l’un des deux rédacteurs du rapport <a href="https://minefi.hosting.augure.com/Augure_Minefi/r/ContenuEnLigne/Download?id=FAA5CFBA-6EF5-4FDF-82D8-B46443BDB61B&filename=entreprise_objet_interet_collectif.pdf">« Sénard/Notat »</a> remis au gouvernement en mars 2018 qui visait à « redonner de la substance à l’entreprise et l’amener à réfléchir à sa raison d’être ». Les recommandations de ce rapport ont été partiellement reprises dans la <a href="https://www.economie.gouv.fr/loi-pacte-croissance-transformation-entreprises">loi Pacte</a> qui a donné lieu à des évolutions législatives notables notamment sur la définition même de l’entreprise. Or la notion de « raison d’être » était déjà le pilier essentiel du rapport « Sénard/Notat » et, depuis la loi Pacte, plus de la moitié des entreprises du CAC 40 s’en sont dotées.</p>
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<figcaption><span class="caption">Comprendre la loi Pacte.</span></figcaption>
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<p>Le capitalisme responsable serait donc le capitalisme de la raison d’être mais pour les auteurs il ne suffit pas que les entreprises fassent leur mue en se dotant d’une « raison d’être », il faut aussi que les investisseurs les accompagnent voire les précèdent et l’essentiel des 17 recommandations que contient le rapport a trait au financement des entreprises. La première recommandation donne le ton, il s’agit de dégager des ressources financières européennes pour de l’investissement de long terme.</p>
<p>Ces recommandations ne surprennent pas car les conditions de financement des entreprises constituent effectivement une question centrale du capitalisme : sans capitaux pas de capitalisme…</p>
<p>En revanche, ce qui est plus surprenant est de limiter le capitalisme au financement des entreprises car le capitalisme est aussi lié à un mode de représentation et d’exercice du pouvoir que le rapport n’aborde pas.</p>
<p>La notion de « partie prenante » est présente dans le rapport mais leur place et leur rôle dans la gouvernance de l’entreprise responsable ne sont pas abordés. Or, ce point fait aujourd’hui débat entre ceux qui optent pour l’intégration des parties prenantes au sein des Conseils d’Administration (CA) et ceux qui pensent qu’à côté du CA et du Conseil de Surveillance il convient de créer un Conseil (ou Comité) des Parties Prenantes dont les fonctions et pouvoirs doivent être clairement précisés comme l’expriment Jacques Igalens, et Sébastien Point dans leur <a href="https://www.dunod.com/entreprise-economie/vers-une-nouvelle-gouvernance-entreprises-entreprise-face-ses-parties-prenantes">livre</a> <em>Vers une nouvelle gouvernance des entreprises. L’entreprise face à ses parties prenantes</em>. Chacune des deux solutions présente des avantages et des inconvénients. Mettre les parties prenantes dans le conseil d’administration c’est courir le risque de diminuer l’efficacité d’un organe essentiel du capitalisme car le CA est un organe de direction qui a pour mission de définir la stratégie. S’il représente des intérêts divergents, il risque de ne pas trouver de consensus et de sombrer dans la vaine palabre.</p>
<p>Constituer un comité des parties prenantes c’est souvent un coup d’épée dans l’eau car ce comité devient rapidement une chambre d’enregistrement. Le capitalisme responsable reste donc encore à préciser, notamment en ce qui concerne sa gouvernance.</p>
<h2>Responsabilité individuelle</h2>
<p>Après l’économie et le capitalisme, l’adjectif responsable apparait également avec force dans la recherche actuelle pour qualifier le comportement individuel du salarié, du client, du demandeur d’emploi ou du citoyen de manière générale.</p>
<p>Le concept support de ces recherches est celui de la « micro RSE ». Dans une <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2017.00520/full">récente analyse</a> David Jones, Chelsea Wilness et Ante Glavas, évoquent même à son sujet « une explosion de la recherche en micro-RSE ». Les résultats permettent de mieux comprendre les raisons qui président à des comportements tels que le bénévolat, la consommation responsable, les pratiques écologiques. Ils mettent en évidence la dimension altruiste et l’alignement entre les valeurs de la personne et celles des organisations.</p>
<p>Ainsi, on a pu mettre en évidence, en appliquant la <a href="https://www.persee.fr/doc/sotra_0038-0296_1967_num_9_1_1294_t1_0101_0000_3">théorie de l’échange social</a> de Peter Blau dans son étude <em>Exchange and Power in Social Life</em>, que les salariés des entreprises qui se comportent de façon responsable se sentent redevables et s’engagent à leur tour dans des causes environnementales ou sociales.</p>
<p>Le qualificatif « responsable » est donc devenu un nouvel horizon pour l’économie et le capitalisme mais cet horizon n’est pas encore très précis. En revanche si l’économie et le capitalisme responsables devaient reposer demain sur les comportements responsables des individus la recherche serait en mesure de nous donner quelques pistes de réflexion.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/147632/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Comment l’instauration d’une responsabilité sociétale et environnementale se traduit-elle ?Najoua Tahri, Maître de conférences en Sciences de Gestion, IAE Montpellier et MRM., Université de MontpellierJacques Igalens, Professeur Sciences de Gestion, IAE Toulouse et CRM-CNRS, Université Toulouse 1 CapitoleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1431142020-07-26T17:19:03Z2020-07-26T17:19:03ZPour répondre aux difficultés de la responsabilité sociale et environnementale, l’État choisit de déléguer<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/348600/original/file-20200721-25-15zms8p.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5760%2C3828&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’État doit également s’assurer que sa délégation ne passe pas d’acteur en acteur, par exemple des collectivités locales à des prestataires extérieurs puis à des sous-traitants.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://image.shutterstock.com/image-photo/hands-holding-plant-sprouting-handful-600w-435338782.jpg">Africa Studio / Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>La question de la responsabilité sociale et environnementale est aujourd’hui <a href="https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/07/13/transport-logement-alimentation-les-principales-propositions-de-la-convention-pour-le-climat-passees-au-crible_6046071_4355770.html">au cœur du débat public</a>, de la législation (droit sur le devoir de vigilance, reporting social et environnemental, législation relative aux achats publics responsables…), et de la recherche académique.</p>
<p>Plus spécifiquement, les travaux relatifs à la responsabilité de l’acteur public posent question. Dans son essence, l’acteur public tire sa légitimité de l’ensemble de ses actions et activités qui sont <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-d-administration-publique-2018-2-page-239.htm">au service du bien commun</a>.</p>
<p>Cependant, il existe des activités publiques aujourd’hui qualifiées de responsables. Par exemple, les pratiques d’achat public responsable comme nouvelle pratique de l’acteur public se développent et sont inscrites dans le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000037703460&cidTexte=LEGITEXT000037701019&dateTexte=20190401">code de la commande publique</a>.</p>
<p>Mais attacher le vocable de « responsable » aux achats publics responsables (APR) suppose nécessairement, par opposition, que les pratiques d’achat antérieures puissent être, si ce n’est irresponsables, non responsables.</p>
<p>L’existence de ces nouvelles pratiques publiques de responsabilité sociale pousse alors à se poser la question de ce qu’est la « responsabilité », en tant que concept intrinsèquement lié à la notion de responsabilité sociale.</p>
<h2>Dilution de la responsabilité</h2>
<p>Le philosophe français Paul Ricœur, en 1994, s’intéresse à l’utilisation courante du terme de « responsabilité », et de ses effets sur le <a href="https://esprit.presse.fr/article/ricoeur-paul/le-concept-de-responsabilite-essai-d-analyse-semantique-11196">concept même de responsabilité</a>. Il met en lumière les deux notions du concept de « responsabilité », les concepts étant constitués d’un système de notions cohérentes.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/348612/original/file-20200721-25-bpv001.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/348612/original/file-20200721-25-bpv001.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/348612/original/file-20200721-25-bpv001.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=988&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/348612/original/file-20200721-25-bpv001.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=988&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/348612/original/file-20200721-25-bpv001.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=988&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/348612/original/file-20200721-25-bpv001.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1241&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/348612/original/file-20200721-25-bpv001.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1241&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/348612/original/file-20200721-25-bpv001.gif?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1241&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Numéro 206 de la revue Esprit au sein duquel parait le texte de Paul Ricœur « Le concept de responsabilité en 1994. Essai d’analyse sémantique. ».</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://esprit.presse.fr/tous-les-numeros/les-equivoques-de-la-responsabilite/661">Site de la revue Esprit</a></span>
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<p>La première notion est la responsabilité morale, issue de la philosophie morale, qui repose principalement sur des maximes et des obligations (accomplissement de certaines tâches, morale religieuse, tenir ses engagements, de rendre compte de ses actions).</p>
<p>La seconde notion est la responsabilité juridique, dont l’enjeu principal est l’imputation (ou l’ascription) c’est-à-dire l’attribution morale d’une action à une personne qui permet juridiquement de mettre en place un système de réparation des dommages causés par l’action de cette personne.</p>
<p>C’est à partir des responsabilités morales et juridiques que Ricœur analyse les utilisations courantes du terme de responsabilité, et notamment celui de la responsabilité sociale. La notion de responsabilité sociale, qui correspondrait à l’émergence d’une responsabilité commune à toute la société, pose une difficulté majeure.</p>
<p>Cette difficulté est la dilution de la responsabilité. Par exemple, si une action menée au sein d’une entreprise cause des dommages, il est particulièrement difficile d’imputer l’action à une personne particulière, physique ou morale (surtout lorsque l’on comprend que l’entreprise ne constitue toujours pas aujourd’hui un <a href="https://www.collegedesbernardins.fr/publications/entreprises-la-grande-deformation">statut juridique à proprement parler</a>).</p>
<p>Cette dilution entraîne deux réponses : l’inaction ou le déclaratif. La responsabilité sociale implique que chacun serait responsable de tous, pour tous, et tout le temps. En d’autres termes, soit les enjeux de l’action seraient tels que personne n’oserait agir tant les répercussions de l’action deviendraient inestimables, soit la responsabilité sociale reposerait uniquement sur des discours, ou du déclaratif, ce qui représente un risque de mauvaise foi.</p>
<p>L’unique possibilité pour éviter la dilution de la responsabilité est l’arbitrage : cet arbitrage permettrait de délimiter les contours d’une responsabilité sociale qui serait alors contingente (située dans l’espace et le temps).</p>
<p>L’une des traductions de cet arbitrage, dans les pratiques, est la délégation de responsabilité (qu’il ne faut pas confondre avec le report de responsabilité). Cette délégation de responsabilité peut prendre deux formes : la première forme consiste à attribuer à quelqu’un la responsabilité de l’action de quelqu’un d’autre. C’est le cas où, juridiquement, une personne est considérée comme n’étant pas dans la capacité de prendre pleinement conscience de l’impact de son action. Moralement, cela revient à se porter garant de quelqu’un.</p>
<p>La seconde forme consiste à étendre la responsabilité d’un acteur vers un autre. C’est le cas par exemple des délégations de service public (DSP). Les prestataires des DSP doivent assurer un service dont la qualité doit être équivalente à celle qui aurait été proposée par la collectivité ou l’État si ce service n’était pas délégué.</p>
<h2>Les collectivités locales aux commandes</h2>
<p>Il est important de préciser ici que la délégation de responsabilité sociale (et environnementale) de l’État vers les collectivités ne relève pas d’une politique de désengagement de l’État ou d’un report de responsabilité de l’État vers les collectivités locales.</p>
<p>Par exemple, en ce qui concerne les APR, une enquête ministérielle a été menée en 2007 au sein de l’administration de l’État à la suite d’une demande aux collectivités territoriales d’<a href="https://journals.openedition.org/developpementdurable/13666?lang=fr">inclure des clauses sociales ou environnementales</a> dans leurs marchés.</p>
<p>Cette dynamique d’exemplarité s’est même traduite très concrètement par la création d’un <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-d-administration-publique-2010-2-page-335.htm">service des achats de l’État</a> (aujourd’hui devenue la direction des achats de l’État).</p>
<p>De plus, l’utilisation du marché comme modalité d’action publique afin de résoudre des problèmes d’ordre public, qualifiée de <a href="https://www.cairn.info/revue-gouvernement-et-action-publique-2017-4-page-9.htm">mimétisme marchand de l’État</a>, préexistait au tournant libéral de l’État dans les années 1990. Il s’agit donc d’une modalité d’action publique spécifique sous-tendue par une conception idéalisée de l’<a href="https://www.erudit.org/fr/revues/mi/2015-v20-n1-mi03638/1045357ar.pdf">efficacité du marché</a> pour réguler certains problèmes spécifiques.</p>
<p>La délégation de responsabilité dans le cadre des APR se traduit par deux modalités, menées à deux niveaux. La première, menée au niveau national, consiste en la mise en place d’objectifs chiffrés relatifs à l’<a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/achats-publics-durables">introduction des clauses</a> sociales ou environnementales dans les marchés publics.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1278196457854701569"}"></div></p>
<p>La seconde se traduit par une <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000037703460&cidTexte=LEGITEXT000037701019&dateTexte=20190401">dynamique législative</a> particulièrement active entre 2014 et 2019 relative aux achats publics responsables dans les collectivités.</p>
<p>Cette dynamique se traduit par le lissage des pratiques et l’imposition de nouvelles dimensions responsables relatives aux politiques soutenues par l’État (liaison des APR avec l’économie circulaire, obligation de mise en place d’objectifs relatifs aux schémas promotionnels des achats publics socialement et écologiquement responsables et d’outils permettant l’évaluation de ces objectifs).</p>
<h2>Points de vigilance</h2>
<p>La délégation de responsabilité de l’État vers les collectivités locales permet donc de résoudre l’impossibilité de la responsabilité sociale. Elle permet de situer cette responsabilité dans l’espace et le temps, ce qui résout le problème de la responsabilité illimité (être responsable de tous, pour tous, tout le temps).</p>
<p>Elle permet également, par l’utilisation de la législation, de s’assurer à la fois de la possibilité d’imputation de l’action, mais également que la responsabilité ne puisse pas être uniquement déclarative (en imposant des pratiques, des outils d’évaluation…).</p>
<p>La délégation de responsabilité comporte néanmoins des risques, ou des points d’attention. Le premier est qu’elle ne résout pas intégralement les problèmes liés à la dilution de la responsabilité. Il faut s’assurer que la délégation ne passe pas d’acteur en acteur (par exemple de l’État vers les collectivités locales, puis des collectivités locales vers des prestataires extérieurs, puis des prestataires extérieurs vers des sous-traitants…) jusqu’à dilution complète et impossibilité d’imputation.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1254495778690785281"}"></div></p>
<p>Le second risque inhérent à la délégation de la responsabilité est la délégation du poids (économique, humain, social…) de cette responsabilité d’un acteur à un autre.</p>
<p>Dans le cadre des APR de l’État vers les collectivités locales ce risque se vérifie, en partie, par le fait <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-d-administration-publique-2010-2-page-335.htm">d’imposer les APR aux collectivités</a> sans mettre en place ni les formations dédiées à la pratique de ces nouveaux achats ni les structures que l’État a instituées pour réaliser ces achats.</p>
<p>Il convient alors de s’assurer que la délégation de la responsabilité ne soit pas dévoyée en outil stratégique d’<a href="http://journals.openedition.org/ei/5738">ajustement des coûts</a> que l’on applique que lorsque la situation économique est florissante.</p>
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<p><em>Cet article a été rédigé par Olivier Gayot, doctorant en économie au Clersé (UMR 8019) à l’Université de Lille, sous la direction de Bruno Boidin, professeur d’économie (Université de Lille)</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/143114/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Olivier Gayot réalise une thèse dans le cadre d'un contrat doctoral financé en partie par la Région Hauts-de-France. </span></em></p>L’impossibilité d’assumer une responsabilité commune à toute la société contraint l’État à l’étendre à d’autres acteurs comme les collectivités publiques. Ce qui n’est pas sans risques.Olivier Gayot, doctorant en sciences économiques, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1063082018-11-04T19:48:26Z2018-11-04T19:48:26ZLast, but not least : « Essai sur la coaction », conversation avec Dominique Allix<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/243748/original/file-20181103-83641-1m3qgd1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dominique Allix dans l'émission "Fenêtres Ouvertes sur la Gestion" pour évoquer son ouvrage "Essai sur la coaction", publié en 1976.</span> </figcaption></figure><p>The Conversation France a fêté ses trois ans en septembre. La <em>Revue Française de Gestion</em> a fêté les trois ans de son partenariat avec The Conversation France, en septembre. L’heure du bilan a sonné. Il est mitigé.</p>
<p>D’un côté bien sûr, il est plus que satisfaisant. Cette chronique est la 66<sup>e</sup> de la catégorie « Hip-Hop Management » et 30 articles ont été publiés sous label <a href="https://theconversation.com/fr/search?utf8=%E2%9C%93&q=revue+fran%C3%A7aise+de+gestion">« Revue Française de Gestion en partenariat avec The Conversation France »</a>. L’audience et l’influence de la recherche en management n’a jamais été aussi importante qu’elle l’est aujourd’hui, grâce aux partenariats développés avec <a href="https://www.xerficanal.com/fog/">Xerfi Canal Productions</a> et The Conversation France. Un modèle que le monde entier désormais nous envie.</p>
<p>Logiquement, nombreux ont été ceux qui ont tenté de singer cette stratégie, ce qui était somme toute prévisible. Comme il était parfaitement évident qu’ils s’auto-condamneraient ainsi à la médiocrité autant qu’au déshonneur : la conquête du respect ne s’improvise pas ; elle résulte d’une gestion acharnée, construite patiemment, au jour le jour. Espérons que leurs échecs deviennent au moins des leçons, ce qui n’est hélas jamais certain.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/pnl-music-ou-la-strategie-du-jeu-video-80729">PNL music, ou la stratégie du jeu vidéo</a>
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<p>D’un autre côté, soyons lucides, ce bilan éditorial est insatisfaisant. Les trois thématiques sur lesquelles The Conversation France a soutenu la visibilité de la recherche en management n’ont rien donné de convaincant. Ainsi, ni la question d’un management qui pourrait être à repenser à partir des expériences Hip-Hop ; ni la nécessité de réinstruire l’affaire des « pertes de la Société Générale » dites « pertes Kerviel » ; ni plus généralement la façon dont la recherche en management doit conduire à repenser les responsabilités dans la conduite des affaires privées, comme publiques ; sur ces trois points, le résultat aura été au mieux un succès mercatique d’estime, au pire une indifférence générale aux thèmes traités.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1057912841183870976"}"></div></p>
<p>Cette chronique écrite après le repos des congés de Toussaint est donc d’abord l’occasion de vous inviter le 14 novembre prochain à la conférence-débat qui se tiendra au Collège des Bernardins.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-responsabilite-du-point-de-vue-des-sciences-de-gestion-et-lattribution-des-responsabilites-de-la-crise-financiere-selon-wall-street-91214">La responsabilité du point de vue des sciences de gestion et l’attribution des responsabilités de la crise financière selon Wall Street</a>
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<p>Mon indépendance étant – pour combien de temps encore ? – garantie par principe à valeur constitutionnelle, j’y parlerai sans les anonymiser des nombreuses affaires traitées ici au fil des semaines, des mois, des années : EADS, Société Générale, Tapie, Lafarge, Jawad, etc. Et, bien sûr, de la crise politique qui ébranle le monde, et qui pouvait être anticipée… il y a 15 ans au moins. Du moins pour les chercheurs qui savaient choisir les bons ouvrages, comme le <a href="https://www.albin-michel.fr/ouvrages/derives-du-capitalisme-financier-9782226246325"><em>Aglietta et Réberioux</em></a> ou encore le <a href="https://www.amazon.fr/vont-tuer-capitalisme-Philippe-Mani%C3%A8re/dp/2259198317"><em>Bébéar/Manière</em></a>. Durant cette intervention, j’irai jusqu’à évoquer le cas d’un président de la République en exercice, dont la référence (calculatoire et mimétique) aux années 30 fait frémir tant elle est d’abord le symptôme de l’incompétence managériale générale de nos « leaders » en culotte (scientifique) courte.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1058694851343065088"}"></div></p>
<p>Je proposerai que pour un exemple réellement inspirant, il vaut mieux regarder du côté de cette thèse de Doctorat délicieusement surgie du passé, publiée en 1976 par Dominique Allix (ancien professeur de droit à la faculté Jean Monnet de l’Université Paris-Sud, ancien avocat général près la Cour de cassation (2003-2011) nommé en service extraordinaire). Une interview qui éclaire d’un œil neuf le présent de notre débat démocratique. Et qui dessine aussi ce qu’aurait pu être un autre avenir que celui dont nous sommes aujourd’hui collectivement prisonniers, si un débat démocratique informé était possible. Mais le défi épistémologique était sans doute, entre 2015 et 2018, trop immense. Pour The Conversation France, comme pour la <em>Revue Française de Gestion</em>, comme pour moi.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-possibilite-dune-issue-51331">La possibilité d’une issue</a>
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<p>Pour conclure, que l’équipe de The Conversation France reçoive mes très sincères remerciements d’avoir cru en la possibilité même d’une telle aventure (techno-)scientifique nouvelle. Et de l’avoir accompagnée durant plus de trois ans.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/106308/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Pour célébrer trois ans de partenariat entre le Revue Française de Gestion et The Conversation, entretien avec un éminent juriste que un concept au cœur de nombreuses chroniques Hip-Hop Management : la coaction.Jean-Philippe Denis, Professeur de gestion, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/912142018-02-04T19:19:23Z2018-02-04T19:19:23ZLa responsabilité du point de vue des sciences de gestion et l’attribution des responsabilités de la crise financière selon Wall Street<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/204683/original/file-20180203-19929-1ovredh.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C533%2C282&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Jean-Pierre Mustier, ancien n+8 de M. Jérôme Kerviel, aujourd'hui Président du groupe bancaire Unicredit (janvier 2008).</span> <span class="attribution"><a class="source" href="http://www.lepoint.fr/actualites-economie/2008-01-28/societe-generale-portrait-de-l-enigmatique-jean-pierre-mustier/916/0/220883">Le Point</a></span></figcaption></figure><p><em>Le texte ci-après, inédit, est un extrait d’un <a href="https://media.collegedesbernardins.fr/content/pdf/Recherche/2/recherche12-14/2013_06_13_ehs_cr_entreprise_2.pdf">compte-rendu</a> élaboré par Kevin Levillain (CGS Mines ParisTech). Il fait la synthèse d’une intervention tenue <strong>le 13 juin 2013</strong> à l’occasion d’une séance du séminaire « L’entreprise : propriété, création collective, monde commun » (Collège des Bernardins, département <a href="https://www.collegedesbernardins.fr/recherche/economie-et-societe">Économie et Société</a>). Alain Loute, Olivia Nicol et moi-même étions intervenus pour proposer trois points de vue complémentaires sur la question de la responsabilité, des points de vue successivement philosophique, sociologique et gestionnaire.</em></p>
<p><em>Je ne reproduis ci-dessous que la partie concernant ma propre intervention, laquelle reprenait les grandes lignes d’une communication qui n’a pas fait l’objet de publication : Denis J.-Ph., Lavoisier L.-M., 2012, <a href="http://www.airmap.fr/fr/ressources/actes-des-colloques/">« De la dépendance du juge à l’indépendance du gestionnaire : quelques leçons du procès (dit) Kerviel »</a>, Colloque de l’<a href="http://www.airmap.fr/fr/accueil/">Association Internationale de Recherche en Management Public</a> (AIRMAP), 7 décembre. Ce texte, ancien, doit être lu en conservant en mémoire que la situation n’est plus, en 2018, ce qu’elle était en décembre 2012 et juin 2013. Le débat général suite à l’ensemble des interventions lors du séminaire est disponible dans le compte-rendu de la séance élaboré par Kevin Levillain (p. 14-18)</em>.</p>
<hr>
<h2>Introduction</h2>
<p>L’affaire Kerviel est une affaire complexe qui est difficile à théoriser et à mettre en mots. En témoigne un article qui à la veille du rendu du dernier verdict le <a href="http://lemde.fr/2FHlwmq">24 octobre 2012</a>, alors qu’il allait être envoyé pour publication, a complètement changé de nature avec le résultat annoncé par la première chambre de la cour d’appel du tribunal de grande instance de Paris. La modification en urgence du texte montre la complexité des enjeux et la difficulté de les saisir.</p>
<p>L’Affaire Kerviel ressemblerait à ce débat fictif orchestré sur Internet entre Keynes et Hayek mais ne porterait non pas sur la théorie économique mais sur l’opposition de deux visions gestionnaires du monde. Ce qu’on cherchera à démontrer ici, à travers plusieurs éléments de preuve, c’est que Jérôme Kerviel était non responsable et non coupable de la perte des 4 milliards 900 millions d’euros.</p>
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<h2>La Société Générale ne peut pas se prétendre victime d’abus de confiance</h2>
<p>Le sujet ici n’est pas de retrouver la vérité de ce qui s’est réellement passé, mais de suivre l’argumentation développée dans le procès contre Jérôme Kerviel. Dans le cas de l’affaire Kerviel il y a trois chefs d’accusation :</p>
<ul>
<li><p>Introduction frauduleuse de données dans un système informatisé </p></li>
<li><p>Faux et usage de faux </p></li>
<li><p>Abus de confiance</p></li>
</ul>
<p>Jérôme Kerviel a reconnu les deux premiers chefs devant le juge Van Ruymbeke qui a constitué sur cette base une ordonnance de renvoi de 67 pages. Cette ordonnance qualifie ainsi la nature de l’infraction reconnue par l’accusé. <strong>Le débat porte donc sur le troisième chef d’inculpation, celui d’abus de confiance</strong>, et ce point est central car c’est celui qui permet de faire basculer la responsabilité pénale à la responsabilité civile, et donc d’exiger un dédommagement à hauteur du préjudice commis.</p>
<p>Du point de vue du chercheur ce cas est extrêmement marquant, car plutôt que de données quantitatives, ou qu’une irresponsabilité organisée diluée, on parle ici d’un cas de responsabilité qui touche une personne physique seule et bien identifiée, qui concentre l’intégralité de la perte. Or juridiquement, l’abus de confiance se caractérise en deux points :</p>
<ul>
<li><p><strong>La matérialité de l’abus de confiance</strong> : il faut pouvoir démontrer matériellement qu’il y a eu abus de confiance, ce qui est le cas à travers la reconnaissance des deux premiers chefs d’inculpation (faux et usage de faux et introduction de données frauduleuses) ;</p></li>
<li><p><strong>Et l’intentionnalité de l’abus de confiance</strong>, point ici problématique car il faudrait démontrer que Kerviel a réalisé les deux premiers points dans l’optique de nuire à la Société Générale, or il ne cesse de répéter « j’ai fait ça pour faire gagner de l’argent à la banque, je n’ai pas cherché à commettre un abus de confiance vis-à-vis de mon employeur ».</p></li>
</ul>
<p>La thèse de Société Générale est évidemment inverse et va comme suit : « comme nous ne savions pas qu’il faisait cela, il a outrepassé les termes de son mandat et a abusé la confiance de sa hiérarchie ». On voit apparaître au passage la transformation du contrat de travail en un « mandat », référant en sciences de gestion à la théorie de l’agence, point qui sera développé par la suite.</p>
<p>Le tribunal a jugé à deux reprises que cette thèse était effectivement juste, parvenant ainsi à l’exigence du dédommagement de presque 5 milliards d’euros. Mais un point n’a pas été soulevé sur cette question de l’abus de confiance : quel est le degré de connaissance que l’on estime suffisant pour accuser ?</p>
<p>Une comparaison avec les débats aux États-Unis sur les cas d’accusation de viol permet de comprendre cette interrogation : comment la personne violée peut-elle se prévaloir du fait qu’elle n’était pas responsable du fait d’avoir été violée ? Autrement dit n’a-t-elle pas participé à son propre viol ?</p>
<p>Ici, l’équivalent du problème se pose concernant <strong>le défaut de contrôle interne à la Société Générale</strong>. Il y a bel et bien eu abus de confiance car certes il y a eu défaut de contrôle interne, mais « ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de radar qu’on est autorisé à rouler à 200 » ! Ou « ce n’est pas parce que la maison était mal fermée que le cambrioleur était autorisé à la cambrioler ». Le défaut du système de contrôle interne est bien constaté, par la commission des sanctions qui va condamner la Société Générale à 4 millions d’euros d’amende, mais ce n’est pas ce défaut qui justifie que les responsables hiérarchiques n’ont pas été abusés.</p>
<h2>Un problème logique : la Société Générale, reconnue pour ses pratiques de gouvernance</h2>
<p>Mais dans le cas de la Société Générale, il y a un problème logique. Le problème logique c’est que c’est cette entreprise qui a, par l’entreprise de ses deux présidents Marc Viénot et Daniel Bouton, introduit en France les codes de bonnes pratiques en termes de gouvernance de l’entreprise (cf. les rapports <a href="http://bit.ly/2s3Ptv1">Viénot I en 1995, Viénot II en 1998</a>, et <a href="http://www.paris-europlace.net/files/a_09-23-02_rapport-bouton.pdf">Bouton en 2002</a>).</p>
<p>Autrement dit, cette entreprise popularise en France la <a href="http://bit.ly/2FJmLS5">théorie de l’agence</a> qui s’appuie sur le marché des dirigeants, pour lequel l’élément de réputation du dirigeant est crucial, et est même un élément de régulation qui incite le dirigeant à se comporter dans le sens de l’intérêt de l’actionnaire.</p>
<p>Au moment où la Société Générale décide d’introduire ces codes de bonnes pratiques, il émerge de plus la spéculation que cette société est la meilleure banque au monde en matière de gestion des risques, et qu’elle est particulièrement soucieuse de l’intérêt des actionnaires. Et enfin, <a href="http://hbs.me/2DYokPI">Michael Jensen</a>, à l’origine avec William Meckling de la théorie de l’agence en 1976, avait conclu son adresse présidentielle devant l’association américaine de finance en 1993 en posant que « faire en sorte que les systèmes de contrôle interne fonctionnent constitue le défi majeur pour les chercheurs, tant en économie qu’en management », intitulant son papier <a href="http://bit.ly/2DZbNHy">« la faillite des systèmes de contrôle interne »</a>.</p>
<p>La thèse défendue ici est donc très simple : puisque la Société Générale a les moyens de dépenser 100 millions d’euros de communication dans le cadre de l’affaire Kerviel en employant les consultants adéquats, et puisque la Société Générale prend le rôle de tête de pont dans la diffusion des codes de bonnes pratiques en matière de gouvernance d’entreprise, incluant dans l’esprit le contrôle des systèmes prôné par Jensen, il n’est pas possible pour la société de privatiser les bénéfices liés à son capital réputationnel en matière de gouvernance sans être tenue responsable des échecs de sa propre gouvernance y compris de son système de contrôle interne !</p>
<p>Autrement dit, comment peut-on juger qu’il y a un abus de confiance, intentionnel de J. Kerviel vis-à-vis de la Société Générale, alors que l’entreprise est censée être mieux informée que l’auteur lui-même de l’abus, des systèmes de gouvernance et de contrôle qui permettent de limiter ces abus ?</p>
<p>Notons d’ailleurs que suite à l’affaire Kerviel, dont on a pu maintes fois répéter le caractère isolé, les systèmes de contrôle ont été tellement modifiés et renforcés qu’ils sont allés jusqu’à modifier le modèle d’affaires même de la banque ! Fallait-il un Kerviel pour que les business models deviennent soutenables ? Se poser la question revient quasiment directement à poser la question de la responsabilité dans le cadre de l’affaire Kerviel : à qui donc profite le crime ?</p>
<h2>Quel intérêt de s’arrêter sur le cas dit « Kerviel » ?</h2>
<p>La théorie de la gouvernance d’entreprise prône l’utilisation de stock options, qui trouvent leur légitimité dans leur fonction d’aligner les intérêts des actionnaires et des dirigeants, en rendant le dirigeant propriétaire d’une part du capital de la société. Ainsi, sur la période 1998-2008, les bonus distribués sont considérables… Suffisamment d’ailleurs pour que dans d’autres pays que la France, les actionnaires votent des <a href="http://bit.ly/2GLTVBR">« clawbacks »</a>, clauses qui permettent d’exiger au mandataire social le remboursement des bonus perçus comme indûment versés au vu de la performance réelle.</p>
<p><a href="http://hbs.me/2GJN3ov">Jensen et Meckling développent en 1992</a>, repris en 1998, l’idée que la gouvernance d’entreprise doit prendre pour modèle le marché. Sur un marché il y a un alignement naturel des intérêts. Cela va théoriquement de pair avec une logique de responsabilité, les institutions garantissant les engagements pris de part et d’autre. Sur un marché, cet alignement se produit car il co-localise la connaissance spécifique et les droits décisionnels. Dans l’organisation, il n’y a plus de co-localisation spontanée des droits à prendre des décisions et de ceux qui ont la connaissance spécifique pour prendre ces décisions. C’est tout le problème de la délégation de responsabilité, et du mandat.</p>
<p>Il faudrait donc selon eux concevoir une architecture organisationnelle qui prenne en référence le marché mais impulse à l’intérieur de l’organisation de manière artificielle la logique du marché : c’est-à-dire concrètement un système d’incitation- sanction, et des mécanismes de contrôle. Jensen et Meckling font ainsi de l’équipe de direction les architectes de cette architecture organisationnelle.</p>
<p>Mais en réalité, en prenant ce rôle d’architecte, les responsabilités qui portent sur les dirigeants ne sont plus les mêmes : si le système « architecturé » s’effondre, on doit pouvoir se retourner contre ce concepteur, et non contre celui qui a ponctuellement fait s’effondrer l’ensemble…</p>
<h2>Une conclusion sur la théorie de l’agence : le cas Enron</h2>
<p>Jensen va cependant être très perturbé par le cas Enron, le faisant parvenir à la <a href="http://bit.ly/2Ed2qDZ">théorie de l’<em>overvalued equity</em></a> : il reconnaît qu’il n’avait pas prévu que le cours de bourse déclenchait des dynamiques d’ivresse, agissait comme une drogue, comme une « héroïne managériale ». Un dirigeant qui est en situation de prendre des décisions qui influencent sa propre rémunération, va être naturellement incité à faire augmenter le plus possible le cours de bourse. Que se passe- t-il alors si les entreprises deviennent surévaluées ? Par un facteur 100 ? Par un facteur 1 000 ?</p>
<p>Jensen explique ainsi la logique du dirigeant d’Enron, qui a dû se séparer de ses actions avant que la réévaluation ne se produise : au mois de septembre, il indique qu’Enron tiendra ses objectifs pour l’année, l’action est à 100 dollars ; en novembre, le cours s’effondre, et le cours atteint 10 cents.</p>
<p>Ainsi, Jensen reconnaît que l’alignement des intérêts du dirigeant sur le cours de Bourse incite le dirigeant à prendre des décisions maximisant le cours de bourse dans son propre intérêt, et non dans celui des actionnaires. N’est-ce pas là la conclusion de <a href="http://bit.ly/2E0LNzS">Berle & Means</a>, expliquant que la séparation entre l’actionnaire et le gestionnaire était une bonne chose, ce dernier pouvant se projeter à long terme alors que le premier était coincé dans une logique de court terme… ?</p>
<p>Ce cas Enron est intéressant : l’évolution du cours de bourse est très proche de celle de la Société Générale, elle-même <a href="http://bit.ly/2Eai4Ui">proche de celle de Vivendi Universal</a>, etc. Au procès de première instance, Jean‑Marie Messier a défendu qu’il s’agît d’une faillite de son projet stratégique. Le parquet a soutenu dans son réquisitoire contre JMM « Vivendi n’est pas Enron », contredisant l’attaque des petits porteurs arguant que Messier avait transformé la Générale des Eaux en Enron. La justice française a cependant condamné Jean Marie Messier pour des faits similaires…</p>
<h2>La Société Générale était-elle Enron ?</h2>
<p>La Société Générale était-elle Enron ? La question n’a jamais été soulevée… on ne mesure pas la taille du pavé dans la mare que cela susciterait. Mais est-on si sûr que ce n’était pour autant pas le cas ? <a href="http://bit.ly/2nDuGdh">Sayan Chatterjee</a> a proposé une analyse sur les antécédents stratégiques de la faillite Enron avant que cela ne devienne le plus grand scandale financier de l’histoire, et on y trouve une proximité incroyable avec l’évolution stratégique de la Société Générale sur la période 1998-2007. Notamment, là où Enron faisait de la stratégie sans actif, la Société Générale faisait de la banque d’investissement par LBO : n’est-ce pas également de la stratégie sans actif ?</p>
<p>L’intérêt de soulever ce cas est de se souvenir que le cours de bourse n’est qu’une projection sur des revenus futurs. Or quand un dirigeant projette des cash flow futurs au cœur d’un mandat de trois ans, la réalisation effective de ces cash flows ne le concerne pas : en quelque sorte il n’y a jamais de responsabilité rétrospective. La question devient a posteriori « Est-ce que je peux prouver que je n’étais pas au courant qu’ils n’allaient pas suivre la trajectoire annoncée »…</p>
<h2>Crise de confiance, crise de responsabilité</h2>
<p>La Société Générale n’était pas n’importe quelle banque, et ce débat-là n’a jamais été porté. Quel est l’intérêt que ce débat n’ait pas pu émerger ? Le parallèle avec le cas Enron est instructif : doit-on considérer, à l’instar du nuage radioactif de Tchernobyl, que la crise financière n’a pas touché la France ? Aux États-Unis, les porteurs passent leur temps à assigner les banques, et en obtiennent des dédommagements en série, alors qu’en France elles ne sont jamais inquiétées…</p>
<p>Le débat est difficile à porter pour le chercheur, mais comment peut-on l’éviter lorsqu’on recherche un peu de vérité ? Le cas Enron était un abus de confiance, mais il a été commis par l’ensemble des équipes de direction vis-à-vis des actionnaires de l’entreprise, et en particulier des retraités et des salariés de l’entreprise… C’est une lecture très différente que l’on peut avoir du cas de la Société Générale : les petits porteurs et les salariés de la banque ne demandaient pas la condamnation de Kerviel à verser les 4,9 milliards : ils demandaient une peine de prison et un travail d’intérêt général ! C’est la personne morale qui a réclamé le dédommagement du préjudice subi.</p>
<p>En conclusion, il semble que ce cas soit représentatif d’une crise de confiance, d’une crise de la responsabilité, provoquée par le décalage entre l’accusation d’un jeune homme isolé pour abus de confiance et le fait d’épargner la principale banque européenne à la fois juge et victime : comment demander à ceux qui ont le moins d’être responsables, quand, au plus au niveau, on organise son irresponsabilité, et on dénie toutes formes de fautes ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/91214/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Analyse de la question de la responsabilité, d’un point de vue des sciences de Gestion, dans le cas Société Générale–Kerviel.Jean-Philippe Denis, Professeur de gestion, Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/488442015-10-21T04:41:15Z2015-10-21T04:41:15ZL’écospiritualité, qu’est-ce que c’est ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/98725/original/image-20151017-25107-rrqiji.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">DR</span></span></figcaption></figure><p>Parallèlement au mouvement d’écologisation du religieux, on assiste depuis les années 1980 à une spiritualisation croissante de l’écologie. De nombreuses voix s’élèvent pour dépasser le dualisme nature/culture, l’idée d’une nature-objet-ressource et le paradigme dominant de l’anthropocentrisme ; il s’agit de reconnaître une valeur intrinsèque, et donc des droits, à la nature, qui devient désormais sujet. En invitant l’homme à renouer avec son milieu de vie non-humain et à réhabiter la Terre, en communion avec elle et non contre elle, un certain nombre d’intellectuels et d’écologistes militants semblent vouloir intégrer une dimension spirituelle dans l’écologie.</p>
<p>L’hypothèse Gaïa, selon laquelle la Terre serait un être vivant, un vaste système naturel, dynamique et autorégulé, incluant la biosphère et favorisant la vie, témoigne – comme l’indique la référence à « Gaïa », le nom de la déesse de la mythologie grecque personnifiant la Terre – de l’influence des religions de la terre. Plusieurs universitaires ont souligné la teneur religieuse de cette théorie. Certains considèrent que <a href="http://archives.lesechos.fr/archives/2007/Enjeux/00235-055-ENJ.htm">James Lovelock</a> cherche à retrouver dans cette vision de la nature (d’ailleurs contestée sur le plan scientifique) une union mystique avec la Terre-Mère (voir Anne Primavesi, <em>Gaïa’s Gift</em>, 2003). D’autres rapprochent les théories Gaïa (ainsi que l’écologie radicale dans son ensemble) du néopaganisme, dont l’une des caractéristiques serait le panthéisme, à savoir l’idée d’une communion avec la nature, avec la Terre en tant qu’entité spirituelle (voir Yannick Cahuzac et Stéphane François, « Panthéisme, néopaganisme et antichristianisme dans l’écologie radicale »,_ Politica Hermetica_, 2013).</p>
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<h2>Sacralisation de la nature</h2>
<p>L’approche écospirituelle imprègne également l’éthique environnementale, qui devient une discipline académique aux États-Unis au début des années 1970. D’aucuns se demandent si, en accordant une valeur en soi – intrinsèque ou morale – à la nature, elle ne contribue pas à la sacraliser (voir Bérengère Hurand et Catherine Larrère, <em>Y-a-t-il du sacré dans la nature ?</em>, 2014). Elle semble en tout cas marquée par la recherche d’une sagesse, d’une écosophie, et comme toute éthique vécue, elle interpelle chaque personne dans l’intimité de son rapport au monde. En ceci, elle serait sans doute incomplète sans un horizon spirituel.</p>
<p>D’après le philosophe américain <a href="http://www.nonfiction.fr/article-1196-entretien_avec_holmes_rolston_iii.htm">Holmes Rolston</a>, « la vue de la Terre depuis l’espace délivre en tant que telle un impératif éthique, et elle est apparentée, en ce sens, à une expérience épiphanique, c’est-à-dire la révélation d’une transcendance qui inspire un sentiment de crainte respectueuse mêlée d’admiration – ce sentiment paralysant d’être dépassé par une puissance créatrice supérieure, qui nous enveloppe en nous assignant une position au sein de la création ». Cette révélation « donne l’impulsion au mouvement de conversion intérieure qui conduit, selon les mots de Saint Paul, à “se dépouiller du vieil homme” (les oripeaux du maître et possesseur) et à “revêtir l’homme nouveau” (la figure du protecteur et du gardien bienveillant de la création » (Hicham-Stéphane Afeissa, <em>Écosophies. La philosophie à l’épreuve de l’écologie</em>, 2009).</p>
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<p>Différente de l’éthique environnementale, l’écologie profonde du norvégien <a href="http://www.franceculture.fr/emission-l-essai-et-la-revue-du-jour-arne-naess-revue-le-rouge-le-blanc-2013-04-12">Arne Naess</a> est une écosophie holiste et biocentrique, développée à la fin des années 1970, notamment à partir de l’éthique spinoziste et de l’éthique non violente de Gandhi (<em>ahimsa</em>) ; elle pose que toutes les espèces sont dotées d’un droit à l’existence égal et que l’existence de chaque espèce est une fin en soi : « Le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non humain pour nos intérêts humains » (Arne Naess, <em>Écologie, communauté et style de vie</em>, 2012 [1976]).</p>
<p>Pour certains intellectuels, l’écologie profonde s’apparente à la religion en ce qu’elle repose sur un « culte de la vie » et « en vient à considérer la biosphère comme une entité quasi divine, infiniment plus élevée que toute réalité individuelle, humaine ou non humaine » (Luc Ferry, <em>Le nouvel ordre écologique. L’arbre, l’animal et l’homme</em>, 1992). D’autres la considèrent comme une religion de type gnostique accordant une grande importance à l’« auto-réalisation » et imprégnée d’un sacré ésotérique (voir Giovanni Filoramo in <em>Religion et écologie</em>, 1992), voire comme une forme de néopaganisme fondée sur la sacralisation de la nature.</p>
<h2>À la recherche d’une relation symbiotique</h2>
<p>Sujet, et même sujet de droit, la nature doit aussi l’être pour le philosophe Michel Serres, qui estime nécessaire « la passation d’un contrat naturel de symbiose et de réciprocité » (<em>Le contrat naturel</em>, 1992). La terre a, selon lui, besoin de la sagesse de l’homme, et il est urgent, face à la menace de mort collective, que l’humanité passe, à l’instar du contrat social, <a href="http://www.lefigaro.fr/debats/2007/11/16/01005-20071116ARTFIG00321-environnement-pour-un-retour-au-contrat-naturel.php">un contrat tacite</a> avec les objets inertes et les êtres vivants (en bref, tout ce qu’on appelle la nature) pour les déclarer sujets de droit ; ainsi seulement pourrait être fait justice à la nature. C’est que la terre, par ses limites et sa vulnérabilité, devient l’horizon commun aux êtres humains ; elle est ce qui les relie. Cette perspective d’une relation symbiotique inédite entre l’humanité et la planète Terre semble bien relever d’un projet spirituel.</p>
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<p>Dix ans plus tard, un autre penseur français, le philosophe des sciences Jean-Pierre Dupuy, constate notre incapacité à penser la catastrophe (<em>Pour un catastrophisme éclairé</em>, 2002) et met au jour l’illusion de la gestion optimale des risques. Influencé à la fois par <a href="http://www.liberation.fr/portrait/2003/01/04/book-emissaire_426772">la théorie mimétique</a> du philosophe français René Girard (<em>La violence et le sacré</em>, 1972) et par l’éthique de la responsabilité du philosophe allemand Hans Jonas, pour lequel seule une ascèse de la modération peut permettre à l’humanité d’éviter les catastrophes environnementales <a href="http://www2.ac-toulouse.fr/philosophie/forma/jonas_principe_responsabilite1.html">rendues possibles par la technique</a> (<em>Le principe responsabilité</em>, 1979), Jean-Pierre Dupuy juge indispensable que les sociétés humaines anticipent ces catastrophes afin qu’elles ne se produisent pas, en fixant des limites à l’extérieur d’elles-mêmes grâce à leur capacité d’« auto-transcendance ». Pour cela, le sacré – que pourtant nos sociétés modernes refoulent – serait indispensable en ce qu’il n’est pas discutable, venant d’un au-delà du social (<em>La marque du sacré</em>, 2009).</p>
<p><em>Retrouvez ce texte dans son intégralité en consultant l’ouvrage collectif <a href="http://www.septentrion.com/fr/livre/?GCOI=27574100453190">« Guide des humanités environnementales »</a> (édité par Aurélie Choné, Isabelle Hajek et Philippe Hamman, Presses universitaires du Septentrion, 640 p., 40 €).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/48844/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurélie Choné ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>De l’hypothèse Gaïa de James Lovelock aux thèses du philosophe des sciences Jean-Pierre Dupuy, on assiste depuis les années 1980 à un rapprochement entre écologie et spiritualité.Aurélie Choné, Maître de conférences en études germaniques, Université de StrasbourgLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.