tag:theconversation.com,2011:/us/topics/qualite-46094/articlesqualité – The Conversation2024-03-17T15:34:05Ztag:theconversation.com,2011:article/2212792024-03-17T15:34:05Z2024-03-17T15:34:05ZComment le Guide Michelin rebat les cartes des restaurants qu’il récompense<p>Le 6 mars 2023, quelques minutes après 10 heures du matin, les lumières du Palais de la musique et des congrès de Strasbourg s’éteignent. Un compte à rebours, sur un air très martial, annonce l’ouverture officielle de la cérémonie des étoiles. Plus de 600 chefs, vêtus de leurs uniformes immaculés, remplissent l’amphithéâtre, attendant avec impatience l’annonce des nouvelles <a href="https://theconversation.com/topics/etoiles-21189">étoiles</a> <a href="https://theconversation.com/topics/michelin-78362">Michelin</a>.</p>
<p>Après une brève allocution du président du Conseil général d’Alsace, Gwendal Poullenec, directeur international du Guide Michelin, entre en scène. Il annonce qu’un message très spécial va être diffusé. Le président de la République Emmanuel Macron apparaît sur un écran géant. Il fait l’<a href="https://www.bfmtv.com/politique/ceremonie-du-guide-michelin-emmanuel-macron-affirme-se-tenir-aux-cotes-de-ceux-qui-nourrissent-la-france_VN-202303060238.html">éloge du Guide Michelin</a>, « bible de notre <a href="https://theconversation.com/topics/gastronomie-32489">gastronomie</a> », et félicite les chefs pour leur contribution au monde culinaire et à la société dans son ensemble :</p>
<blockquote>
<p>« Les restaurants, qu’ils soient grands ou petits, créent de la vie. »</p>
</blockquote>
<p>Malgré la longueur du discours et l’impatience croissante de l’auditoire, l’excitation est palpable, car ces professionnels attendent le dévoilement des prestigieux prix.</p>
<p>Ce moment fort se rejoue ce <a href="https://www.lefigaro.fr/gastronomie/guide-michelin-2024-ou-et-quand-aura-lieu-la-ceremonie-des-etoiles-20230911">lundi 18 mars à Tours</a>, date à laquelle le destin de quelques établissements pourra radicalement changer, les catapultant vers de nouveaux sommets de prestige et de succès. Toutefois, un tel succès peut également s’accompagner d’une pression et d’une insécurité immenses, comme le montre l’histoire de <a href="https://foodandsens.com/made-by-f-and-s/chefs-on-parle-de-vous/marco-pierre-white-le-rebelle-de-la-cuisine-le-bad-boy-genial-la-rock-star-des-fourneaux/">Marco Pierre White</a> qui, en 1999, rend ses trois étoiles, suivi par d’autres chefs, en invoquant la pression insupportable subie pour maintenir le statut d’élite que tant s’efforcent d’obtenir.</p>
<h2>Des menus qui se transforment</h2>
<p>Le statut est une force puissante dans le monde des affaires, promesse d’une visibilité accrue, d’un accès facilité à des ressources et d’avantages en termes de performances. La nature instable et très visible des hiérarchies de statut peut cependant également être une source d’insécurité pour ceux qui se retrouvent au sommet. Elle peut conduire à des actions compensatoires et à des tentatives de se conformer aux attentes associées à une position élevée. Dans une <a href="https://pubsonline.informs.org/doi/abs/10.1287/mnsc.2021.4210">étude récente</a>, nous avons examiné comment les organisations qui subissent un choc de statut positif réagissent à leur nouvelle position. Nous nous sommes plus particulièrement concentrés sur la sortie de la première édition du Guide Michelin pour la ville de Washington, à l’automne 2016.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"785087938774245377"}"></div></p>
<p>Le nouveau guide avait pour but de positionner la capitale américaine comme une destination gastronomique de premier plan. Avant sa publication, la ville souffrait de la réputation d’être avant tout le temple de <em>steakhouses</em> démodés. Grâce à la publication du guide le 13 octobre 2016, Washington est devenu à l’époque la quatrième ville américaine, après New York, San Francisco et Chicago, à la carte du prestigieux guide, club qui s’est élargi depuis. Cette inclusion s’est accompagnée d’une augmentation soudaine et positive du statut des restaurants sélectionnés, les propulsant dans l’élite de l’industrie au niveau mondial.</p>
<p>Nous avons analysé les menus des restaurants et leur évolution avant et après la publication du Guide Michelin. Leurs cartes fournissent en effet des informations riches et précieuses sur la façon dont se conçoivent les établissements. Ils constituent le principal outil de communication entre le professionnel et ses clients : ils présentent ses offres culinaires, ses prix et ses arguments de vente différenciants. Les menus reflètent les choix effectués par les gérants et les chefs, choix qui peuvent être influencés par la perception qu’ils ont de leur position dans le secteur.</p>
<p>Nous avons comparé les 106 restaurants récompensés à Washington en comparant leurs trajectoires à celles de deux autres groupes : les non récompensés de la ville qui remplissaient les conditions minimales pour entrer dans le guide (143 restaurants) et ceux d’une ville comparable (Boston) où Michelin n’est pas présent sélectionnés sur la base du type de cuisine, du niveau de prix et de l’évaluation Yelp moyenne (106 restaurants).</p>
<p>Trois changements principaux ont été observés dans les menus des néo-récompensés. Premièrement, ils ont modifié les caractéristiques descriptives de leurs menus afin de les aligner sur les attentes associées aux restaurants de haut niveau. La longueur des descriptions des plats a augmenté de 10 % et la moitié des références à la taille des portions avaient disparu. Deuxièmement, ces restaurants ont mis l’accent sur l’authenticité, caractéristique des restaurants d’élite : les références aux techniques de cuisson ont augmenté de 20 % et l’utilisation d’ingrédients biologiques, d’origine locale ou produits par de petits producteurs a été mise en avant. Enfin, les restaurants ont adapté leur stratégie de prix, principalement en augmentant les prix de leurs menus d’environ 5 %, ce qui témoigne d’une prise de conscience de la valeur qu’ils créent pour leurs clients.</p>
<h2>Justifier son statut</h2>
<p>La tendance à effectuer ces changements, fait notable, était plus marquée dans les restaurants qui figuraient dans le guide sans pour autant avoir reçu d’étoiles. Comme si ceux qui n’étaient pas en tête du classement ressentaient un plus grand besoin de justifier leur statut élevé. Nous avons aussi examiné comment la position d’un établissement (établie à partir des évaluations des critiques locaux) avant le choc de statut influençait les modifications des attributs de l’autoprésentation. Contrairement aux attentes, les restaurants jouissant d’un statut antérieur élevé, qui auraient dû être moins soucieux de montrer leur valeur, ont aussi mis l’accent sur les attributs liés à l’authenticité et à la valeur.</p>
<p>L’étude suggère également que les changements ne concernaient pas que la présentation de soi mais également des modifications matérielles dans les activités : changements dans les techniques de cuisson ou dans l’approvisionnement en ingrédients par exemple. Toutefois, les données disponibles ne nous ont pas permis de confirmer avec certitude l’ampleur des changements opérationnels.</p>
<p>On voit ici combien il est complexe de naviguer dans des positions de haut rang. Dans le contexte de l’industrie de la gastronomie, l’insécurité liée au fait de conserver son étoile d’année en année peut conduire à des changements dans la présentation de soi et, éventuellement, à des ajustements opérationnels.</p>
<p>D’autres de nos recherches soulignent l’impact de l’évolution des hiérarchies et des évaluations de statut dans d’autres secteurs à la fois sur les organisations et sur les individus. Toutes soulignent l’importance de bien appréhender, pour des dirigeants d’entreprises, les implications des chocs de statut afin d’en tirer le positif pour naviguer dans un paysage commercial dynamique et compétitif.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/221279/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Saverio Favaron ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Recevoir une étoile au Michelin est-il une si bonne nouvelle pour un chef ?Saverio Favaron, Assistant Professor of Strategy, SKEMA Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2143302023-10-19T20:37:08Z2023-10-19T20:37:08ZLes appellations géographiques, un gage de qualité ? Le cas – ambigu – du whisky écossais<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/550080/original/file-20230925-24-o561bp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=137%2C106%2C1779%2C1161&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comme dans le vin, l’influence du terroir sur les comportements de consommation est avérée dans le monde du whisky.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.rawpixel.com/image/5911843/photo-image-public-domain-shape-wooden">Rawpixel</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Bruichladdich, une distillerie écossaise de whisky renommée, arbore fièrement son slogan :</p>
<blockquote>
<p><a href="https://www.remy-cointreau.com/fr/nos-marques/bruichladdich-portcharlotte-octomore/">« We believe terroir matters »</a> (« Nous croyons en l’importance du terroir »).</p>
</blockquote>
<p>La marque suggère ainsi que sa situation géographique joue un rôle déterminant sur la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/qualite-46094">qualité</a> de son whisky.</p>
<p>Cette philosophie rappelle celle du monde du vin, où l’influence du <a href="https://theconversation.com/fr/topics/terroir-30486">terroir</a> est avérée et reconnue : la qualité du vin est dépendante de la vigne dont il est issu
et les conditions de développement de la vigne sont intimement liées à la population microbienne de la terre du vignoble. Ce lien entre terre, vigne et vin explique la volonté des acteurs de la filière viticole de protéger la réputation de leur terroir via des réglementations et systèmes d’indications géographiques divers.</p>
<p>À l’instar du vin, le whisky écossais est soumis à plusieurs réglementations, notamment le <a href="https://www.legislation.gov.uk/ukpga/1988/22/enacted">Scotch Whisky Act</a> et les <a href="https://www.legislation.gov.uk/uksi/2009/2890/contents/made">Scotch Whisky Regulations</a>. Ces textes de loi définissent cinq appellations géographiques distinctes : Campbeltown, Highland, Islay, Lowland, et Speyside. Chacune de ces régions est réputée pour produire des styles de whisky uniques, se distinguant par des variations de saveur, de caractère et de méthode de production.</p>
<p>Par exemple, les whiskies de Speyside sont reconnus pour leur élégance, leur complexité et leur vaste palette de saveurs. Quant aux distilleries d’Islay, dont certaines comptent parmi les plus anciennes d’<a href="https://theconversation.com/fr/topics/ecosse-28868">Écosse</a>, elles sont réputées pour des whiskies aux arômes marins, iodés et tourbés.</p>
<p>Ce type d’argument, qui ne manquera pas d’être mis en avant par les distilleries lors du <a href="https://www.whiskylive.fr/">Whisky Live Paris</a>, rendez-vous qui se déroulera cette année du 21 au 23 octobre à Paris, fait globalement mouche auprès des consommateurs.</p>
<p>En effet, nos recherches récentes sur la réputation collective des appellations géographiques, reposant sur l’analyse de plus de 80 000 ventes aux enchères de bouteilles de Scotch single malt, indiquent que les acheteurs attribuent une <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0264999323001438">importance significative à l’origine géographique</a> du whisky, et ce même après avoir pris en compte d’autres facteurs que nous avons identifiés dans de <a href="https://www.cambridge.org/core/journals/journal-of-wine-economics/article/abs/should-you-invest-in-an-old-bottle-of-whisky-or-in-a-bottle-of-old-whisky-a-hedonic-analysis-of-vintage-single-malt-scotch-whisky-prices/6DC8DE57878E49FC2849C6F84E224877">précédentes recherches</a> : l’âge du whisky, le titrage alcoolique, la distillerie, l’embouteilleur, etc. </p>
<p>En l’occurrence, les whiskies en provenance d’Islay sont généralement échangés à des niveaux de prix plus élevés que les whiskies originaires des autres appellations, toutes choses égales par ailleurs.</p>
<h2>Garantie qualité</h2>
<p>Les appellations géographiques regroupent des systèmes de protection et de certification visant notamment à prévenir la contrefaçon et à promouvoir des produits spécifiques liés à une région géographique particulière. En garantissant l’origine du produit, une appellation géographique permet au producteur de garantir à ses acheteurs un certain niveau de qualité, qui dépend étroitement des caractéristiques géographiques du territoire de production que du respect de certaines règles de production.</p>
<p>En effet, les producteurs bénéficiant de la reconnaissance d’une appellation géographique s’engagent à respecter un cahier des charges strict, que ce soit en termes d’étapes de production que d’origines géographiques des matières premières. Les produits bénéficiant d’une appellation sont alors souvent perçus comme uniques et de haute qualité, ce qui permet de les différencier et justifier des prix plus élevés tout en renforçant la confiance des consommateurs.</p>
<p>Dans l’industrie française du vin, les appellations d’origine contrôlée (AOC) imposent aux producteurs-récoltants de cultiver des variétés de raisin particulières sur le terroir de l’appellation et garantissent que les raisins ont été cultivés sur ce terroir. Les AOC permettent ainsi de différencier les vins en termes de caractéristiques gustatives, du fait des propriétés inhérentes au terroir (sol, climat, population microbienne) ainsi que des variétés de raisin utilisées.</p>
<p>[<em>Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://memberservices.theconversation.com/newsletters/?nl=france&region=fr">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Carte des appellations écossaises" src="https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=567&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=567&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=567&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=712&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=712&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/550544/original/file-20230927-21-uowpqo.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=712&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les cinq appellations géographiques des whiskies écossais : Campbeltown, Highland, Islay, Lowland, et Speyside. La zone « Island » est officiellement rattachée à la région du Highland mais certains considèrent qu’il s’agit d’une appellation à part.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Scotch_regions_blank.svg#/media/File:Scotch_regions.svg">Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>En ce qui concerne le whisky écossais, la réglementation stipule que la seule et unique condition pour pouvoir utiliser une appellation géographique est de distiller et vieillir le whisky sur le territoire correspondant. En revanche, il n’existe aucune règle concernant le type de céréales pouvant être utilisé, l’origine géographique de ces céréales, ou encore des tonneaux, et il est fréquent que les distilleries importent ces intrants. Si les céréales proviennent du continent européen et que les tonneaux viennent de Bordeaux, on peut, <a href="https://thewhiskylady.net/2016/05/20/scotch-whisky-regions-classification-still-relevant/">à l’image de certains professionnels du secteur</a>, s’interroger sur l’impact de la géographie du territoire écossais sur la qualité des whiskies et sur le bien-fondé de leurs appellations géographiques.</p>
<p>Ces appellations garantiraient-elles des conditions de vieillissement spécifiques, en exposant les tonneaux à des conditions climatiques propres à chaque territoire d’appellation ? Une simple visualisation de la carte des appellations permet d’écarter cette piste. L’appellation Highland regroupe par exemple des distilleries s’étalant sur plusieurs latitudes, certaines bénéficiant d’un air iodé du fait de leur localisation sur une île ou en bord de mer tandis que d’autres sont situées en plein cœur des terres, bien loin de toute influence marine !</p>
<h2>L’enjeu des labels</h2>
<p>Nos recherches permettent déjà de montrer que les consommateurs peuvent accorder une valeur plus élevée à certaines appellations même lorsque celles-ci ne permettent finalement pas de différencier la qualité des produits. Au-delà de ce simple constat, nos résultats invitent à s’interroger sur le contenu informationnel des appellations géographiques et sur leur lisibilité pour l’acheteur.</p>
<p>Ces interrogations sont légitimes tant pour le secteur du whisky que pour d’autres produits bénéficiant de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/labels-33624">labels</a> de qualité mettant en avant le lien entre la qualité du produit et son territoire de production : vin, fromage, viande, etc.</p>
<p>Nous pouvons notamment déduire de l’analyse du cas du whisky écossais que des producteurs peuvent bénéficier de la réputation favorable d’une appellation, même lorsque celle-ci ne fournit que peu d’indications sur la qualité réelle des produits. En montrant que les consommateurs peuvent être sensibles à des labels ou signaux de qualité au contenu informationnel particulièrement limité, nos travaux corroborent <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0264999317315468">d’autres recherches</a> qui appellent à réduire le niveau de complexité de certains systèmes d’appellations.</p>
<hr>
<p><em>L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. L’alcool ne doit pas être consommé par des femmes enceintes</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/214330/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Selon une étude, le consommateur se montre particulièrement sensible à la localisation de la distillerie, bien que cette information donne peu d'indications sur la qualité réelle des produits.Bruno Pecchioli, Professeur associé, ICN Business SchoolDavid Moroz, Associate professor, EM NormandieLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2017412023-03-23T17:53:03Z2023-03-23T17:53:03ZLe packaging du champagne, ou comment concilier les codes du luxe et le respect de l’environnement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/514970/original/file-20230313-16-yuwo9e.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C16%2C982%2C645&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La recherche a démontré l’influence du packaging dans les décisions d’achat du consommateur en magasin.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/6/65/Lin%C3%A9aire_de_champagnes_en_grande_surface.jpg/1024px-Lin%C3%A9aire_de_champagnes_en_grande_surface.jpg">Wikimedia commons</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>La recherche en <a href="https://theconversation.com/fr/topics/marketing-21665">marketing</a> nous apprend que le packaging est un élément essentiel du produit. Combinant une fonction de protection et d’information, il permet de faciliter la reconnaissance de la marque par le consommateur et <a href="https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/076737010902400203">d’influencer ses choix</a>. Ainsi, le packaging fait partie intégrante de la stratégie des entreprises qui peuvent, grâce à lui, cultiver l’identité de leurs marques et mettre en avant à la fois la qualité de leurs produits et leur positionnement.</p>
<p>Dans le cas de produits traditionnels liés à une origine régionale ou à une appellation, le packaging revêt une <a href="https://www.jstor.org/stable/44816094">dimension encore plus particulière</a>. C’est notamment vrai pour le <a href="https://theconversation.com/fr/topics/champagne-97931">champagne</a>, régulièrement associé au <a href="https://theconversation.com/fr/topics/luxe-34482">luxe</a> et dont la dimension iconique en fait un <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10253866.2016.1177990">marqueur social</a>.</p>
<p>Partant de l’analyse de la composition de plus de 100 bouteilles de champagne brut sans année (catégorie très largement majoritaire en volumes) complétée par des entretiens auprès d’experts (institutionnels, producteurs, imprimeurs et infographistes, influenceurs), nous avons identifié dans une récente <a href="https://www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2021-3-page-161.htm">recherche</a> des « codes champagne ».</p>
<h2>« Roi des vins et le vin des rois »</h2>
<p>En résumé, il s’agit de la présence systématique d’une coiffe, une bouteille verte de forme classique champenoise, une étiquette rectangulaire horizontale, l’utilisation de dorures (sur la coiffe, la collerette et/ou l’étiquette) et le recours à des illustrations (arabesques, blasons, logos, etc.). Les combinaisons entre ces différents éléments sont très variées, avec plus ou moins de dorures et/ou d’illustrations, par exemple.</p>
<p>On retrouve également un bloc marque composé de l’appellation « champagne » écrite en majuscules et située au-dessus du nom de marque, lui-même inscrit dans une taille de police supérieure. Selon les experts interrogés, ces différents éléments, et notamment la couleur dorée, représentent « cette petite touche de luxe qui fait que le champagne est le champagne, que le champagne est le roi des vins et le vin des rois ». Elle semble donc essentielle.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/or-et-argent-ces-couleurs-qui-nuisent-a-la-vente-en-ligne-du-vin-133460">Or et argent… ces couleurs qui nuisent à la vente en ligne du vin</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Outre la bouteille elle-même, les maisons de champagne multiplient souvent les emballages et suremballages pour affirmer leur positionnement haut de gamme. On imagine difficilement une bouteille de Dom Pérignon vendue sans son coffret !</p>
<p>De même, certaines bouteilles de champagne blanc de blancs ou rosé sont transparentes afin que le consommateur puisse apprécier la jolie couleur du vin. Or, le verre transparent n’est pas recyclé et, comme il ne protège pas son contenu de la lumière, ces bouteilles sont souvent vendues emballées dans un plastique protecteur. À l’heure où le champagne réalise une transition environnementale dynamique au niveau de la viticulture, quid de l’impact des « matières sèches » liées au packaging sur l’environnement ? Et quid de l’effet de leur potentielle réduction sur la perception du produit par les consommateurs ?</p>
<h2>Une innovation dans une filière traditionnelle</h2>
<p>Derrière ces questions, c’est à la fois l’identité et la capacité de la filière à créer de la valeur qui sont en jeu. L’innovation est souvent présentée comme un <a href="https://www.cairn.info/revue-gestion-2011-4-page-44.htm">facteur de compétitivité</a>, voire de survie des entreprises, dans un environnement en perpétuelle évolution. Or, pour les produits régionaux à appellation d’origine tels que le vin, symbole par excellence de produit de terroir, il semblerait que les consommateurs soient friands d’authenticité, ce qui peut <a href="https://www.cairn.info/revue-market-management-2008-1-page-6.htm">freiner l’introduction d’innovations</a>, notamment au niveau du packaging. C’est sans doute encore plus vrai pour le champagne, dont le packaging doit en plus traduire un positionnement haut de gamme/luxe au sein des vins effervescents.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd'hui</a>]</p>
<p>Notre étude montre pourtant que les producteurs ont recours à différents leviers pour moderniser leurs packagings. Par exemple : les logos et dessins remplacent les anciens blasons génériques (et donc impersonnels) ; le nombre d’éléments graphiques sur les étiquettes diminue pour une lisibilité et une personnalisation accrues ; l’or reste présent mais il est utilisé en moins grandes quantités ; la coiffe est raccourcie ; la collerette disparaît ; la typographie devient plus lisible ; les encadrements et les arabesques diminuent ; certaines étiquettes sont désormais positionnées verticalement.</p>
<p>De manière générale, la modernisation des étiquettes <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0969698918304235">passe souvent par leur simplification</a>, ce qui est généralement bien perçu par les consommateurs.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/514965/original/file-20230313-18-8z8iwm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514965/original/file-20230313-18-8z8iwm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514965/original/file-20230313-18-8z8iwm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514965/original/file-20230313-18-8z8iwm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514965/original/file-20230313-18-8z8iwm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514965/original/file-20230313-18-8z8iwm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514965/original/file-20230313-18-8z8iwm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514965/original/file-20230313-18-8z8iwm.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les quatre stratégies principales d’innovation packaging dans le champagne.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Sur la base de l’opposition entre tradition et modernité, nous avons pu identifier quatre stratégies principales d’innovation packaging en Champagne. Délibérément complexes, les <strong>packagings traditionnels</strong> multiplient les codes champagne afin d’attirer le consommateur, se substituant à toute action publicitaire ou promotionnelle. Affichant un degré de modernisation limité, les <strong>packagings patrimoniaux</strong> permettent de mieux communiquer sur la marque, tout en conservant de nombreux codes champagne.</p>
<p>Dans le cas des <strong>packagings transitionnels</strong>, l’innovation est plus évidente, avec un design résolument contemporain qui privilégie une esthétique minimaliste et améliore la lisibilité et l’élégance du produit, qui reste pourtant ancré dans son univers de référence. Enfin, les <strong>packagings disruptifs</strong> affichent une volonté marquée de différenciation en « cassant » les codes du champagne.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/514966/original/file-20230313-20-ewjx1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/514966/original/file-20230313-20-ewjx1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/514966/original/file-20230313-20-ewjx1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=313&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/514966/original/file-20230313-20-ewjx1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=313&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/514966/original/file-20230313-20-ewjx1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=313&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/514966/original/file-20230313-20-ewjx1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=393&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/514966/original/file-20230313-20-ewjx1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=393&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/514966/original/file-20230313-20-ewjx1i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=393&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Exemples de packagings de champagne.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ainsi, malgré la difficulté apparente, il est possible d’introduire de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/innovation-21577">l’innovation</a> dans le packaging du champagne, à des degrés divers selon la sensibilité du producteur. Reste l’épineuse question du respect de l’environnement, qui peut sembler incompatible avec certains éléments évoqués, tels que les dorures, collerettes métalliques, coffrets, étuis, etc.</p>
<h2><strong>Packaging, luxe et environnement</strong></h2>
<p>Selon les experts interrogés, même les producteurs bénéficiant d’une certification environnementale sont encore souvent réticents à adapter certains de ces éléments afin que le contenant soit aussi vertueux que le contenu. Ils auraient peur que l’utilisation de matériaux recyclés (papiers, encres), par exemple, ne déprécie l’image de qualité du produit. Ainsi perdurent encore aujourd’hui les étiquettes plastifiées qui seules résistent à l’épreuve du seau à glace.</p>
<p>Le Champagne Telmont fait figure de contre-exemple, avec son ambitieuse stratégie de transition environnementale qui va de la vigne au packaging, incluant l’arrêt des bouteilles transparentes ainsi que des étuis et coffrets, ce qui aurait permis de réduire de 8 % leur empreinte carbone selon Ludovic du Plessis, président de la maison. Leur campagne publicitaire « <a href="https://www.cciframoz.fr/actualites/n/news/champagne-telmont-receives-a-packaging-gold-medal-for-its-no-packaging.html">The best packaging is no packaging</a> » leur a d’ailleurs valu la médaille d’or du magazine professionnel The Drinks Business pour la catégorie « Design et Packaging ».</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1628318609054244864"}"></div></p>
<p>Pour autant, leurs ventes sont en croissance et les cavistes et consommateurs se sont montrés très réceptifs à cette nouvelle stratégie. Selon Ludovic du Plessis :</p>
<blockquote>
<p>« Ils comprennent tout à fait que la durée de vie d’une boîte cadeau, elle est de 30 secondes. Et nous, on fait du champagne, on ne fait pas des boîtes ».</p>
</blockquote>
<p>La maison Telmont prouve ainsi qu’il est possible d’aller plus loin dans la stratégie d’innovation packaging en Champagne, en faisant du respect de l’environnement une priorité sans pour autant ternir l’image du produit.</p>
<hr>
<p><em>L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. L’alcool ne doit pas être consommé par des femmes enceintes</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/201741/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Aurélie Ringeval-Deluze ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les bouteilles et les emballages utilisent des codes pour montrer que les vignerons répondent aux attentes des consommateurs, y compris en matière d’environnement.Aurélie Ringeval-Deluze, MCF en sciences de gestion, Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2001052023-02-21T17:46:05Z2023-02-21T17:46:05ZRéparabilité des produits : durabilité versus fiabilité, quels enjeux de communication ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/510540/original/file-20230216-22-u9lbjw.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C1200%2C716&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À peine un appareil électronique en panne sur deux est aujourd’hui réparé en France.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/30478819@N08/43576848495">Marco Verch/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Chaque Français produit environ <a href="https://librairie.ademe.fr/cadic/5576/flux_de_dechets_en_un_coup_doeil_010694.pdf">5 tonnes de déchets par an</a>, notamment des produits tombés en panne que l’on jette afin de les remplacer. En 2020, <a href="https://longuevieauxobjets.gouv.fr/entreprise/appliquer-lindice-de-reparabilite-sur-vos-produits-et-tendre-vers-un-indice-de">seuls 40 % des appareils électriques et électroniques en panne étaient réparés</a>. Sèche-cheveux, smartphone, lave-vaisselle, machine à laver… La plupart de nos objets du quotidien sont concernés.</p>
<p>C’est en premier lieu pour des raisons environnementales que la réparabilité des produits devient un enjeu majeur. Un indice de réparabilité est d’ailleurs devenu <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/indice-reparabilite">obligatoire en France depuis 2021</a> pour certaines catégories de produits, afin d’informer le consommateur sur le caractère réparable ou non d’un produit au moment de son achat et ainsi allonger sa durée de vie.</p>
<p>Cependant, les marques ont-elles réellement intérêt à communiquer sur la réparabilité de leurs produits ? Les réactions des consommateurs restent incertaines et pourraient même être contradictoires. C’est ce que nous essayons de mieux cerner dans un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0148296322009225">article</a> récemment publié dans le Journal of Business Research.</p>
<h2>Fiable ou pas fiable, telle est la question</h2>
<p>Cette contradiction s’explique par les deux dimensions de la perception de qualité du produit : sa durabilité, c’est-à-dire la période de temps pendant laquelle le produit va remplir ses fonctions de manière performante, et sa fiabilité, c’est-à-dire sa probabilité de panne.</p>
<p>D’un côté, la réparabilité d’un produit peut être perçue de manière positive par le consommateur pour des raisons environnementales et économiques, car elle fait la promesse d’une plus grande durabilité.</p>
<p>D’un autre côté, la <a href="https://theconversation.com/fr/topics/communication-21313">communication</a> sur la réparabilité peut porter préjudice au produit si elle accentue son risque de défaillance dans l’esprit du consommateur et lui fait évoquer sa nécessité de réparation. En raison de ce deuxième effet possible, les communications au sujet de la réparabilité du produit peuvent engendrer des effets moins positifs, voire négatifs.</p>
<p>Cela pourrait décourager les marques de communiquer sur la réparabilité. D’autant plus que proposer un produit réparable a un coût non négligeable, que ce soit pour la marque qui doit prendre en compte sa réparation dès sa conception, ou pour le consommateur qui devra payer les pièces de rechange et la main-d’œuvre pour le réparer.</p>
<h2>Une dimension responsable</h2>
<p>Pour mieux comprendre, nous avons, dans un premier temps, mené trois expérimentations sur 1 269 personnes en France, suivies d’une méta-analyse. Cette première phase quantitative montre que les marques qui communiquent au sujet de la réparabilité de leurs produits sont perçues plus positivement par les consommateurs. Cela s’explique, d’une part, par leur perception que le produit aura une durabilité accrue et, d’autre part, par leur perception que la marque se comporte de manière socialement responsable.</p>
<p>[<em>Près de 80 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Ces effets positifs sont surtout observables pour les marques que les consommateurs perçoivent comme moins fiables, que cela soit dû au produit en lui-même ou à une expérience antérieure que ces derniers ont eue avec ce type de produits. Point non négligeable, l’effet de la communication sur la réparabilité ne s’est jamais avéré négatif, comme certaines marques pouvaient le craindre.</p>
<p>Cette phase quantitative montre ainsi, empiriquement, que les marques peuvent communiquer sereinement sur la réparabilité de leurs produits, et, ce faisant, signaler que leurs produits sont durables et qu’elles mettent en place des mesures socialement responsables.</p>
<h2>Des motivations stratégiques ou altruistes ?</h2>
<p>Pour mieux comprendre les perceptions du consommateur et identifier d’autres facteurs pouvant influencer l’efficacité de la communication sur la réparabilité, nous avons ensuite mené une analyse qualitative des commentaires postés sur les réseaux sociaux.</p>
<p>Si la deuxième partie de l’étude confirme que la communication sur la réparabilité est globalement perçue positivement, elle met également en évidence l’importance de considérer d’autres éléments, tels que le scepticisme des consommateurs sur les vraies motivations des marques quand il s’agit de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/responsabilite-societale-des-entreprises-rse-21111">responsabilité sociétale des entreprises (RSE)</a>. Leurs arguments peuvent en effet soit être interprétés comme altruistes et authentiques, soit au contraire comme stratégiques, teintés d’ultra-consommation, d’obsolescence programmée et de profit, comme ces deux commentaires postés sur les réseaux sociaux en attestent :</p>
<blockquote>
<p>« Attendre des industriels qui nous vendent de l’obsolescence programmée de fabriquer du réparable, il n’y a que moi qui m’interroge ? »</p>
<p>« Quelles raisons aurait un constructeur d’adopter ça ? La bienveillance ? La philanthropie ? Si ça marchait comme ça, ça se saurait… Je ne veux pas être défaitiste mais s’il n’y a pas de projet de loi, rien n’obligera les constructeurs à faire ça. Sans compter l’aspect économique. Ils seraient capables de multiplier les prix par deux ou trois ? »</p>
</blockquote>
<p>Selon que le consommateur attribue le premier ou second type de motivations, l’effet de la communication sur la réparabilité aura alors un effet plus ou moins positif.</p>
<p>Au bilan, cette étude montre clairement que la communication sur la réparabilité des produits reste bénéfique pour les marques, et que l’argument de la durabilité l’emporte sur les craintes quant à la fiabilité. Les entreprises ont donc intérêt à sauter le pas, tout en veillant à la crédibilité de leur communication matière de RSE. Espérons que ces recherches pourront les aider à franchir ce cap, espérons aussi que les consommateurs feront le choix de faire réparer leurs produits plutôt que de les jeter.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/200105/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les marques ont-elles intérêt réellement à proposer des produits aisément réparables et communiquer à ce sujet ? Le consommateur risque en effet de l’interpréter comme un manque de fiabilité.Joëlle Vanhamme, Professeur de marketing, EDHEC Business SchoolPauline Munten, Researcher and Teaching Assistant in Marketing, Université catholique de Louvain (UCLouvain)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1878142023-02-16T16:44:54Z2023-02-16T16:44:54ZLa révolution artisanale a contribué à développer le marché du café de spécialité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/477513/original/file-20220803-21966-8e4f6d.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=7%2C7%2C4852%2C3246&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'industrie du café de spécialité privilégie le travail manuel et l'authenticité à la recherche du profit.</span> <span class="attribution"><span class="source">(Austin Park/Unsplash)</span></span></figcaption></figure><p><a href="https://blog.bham.ac.uk/business-school/2018/03/19/the-rise-and-rise-of-craft-business-the-craft-takeover/">La révolution artisanale est partout</a> : bière artisanale, café de spécialité, savon fait main, glace artisanale… Si certains croient que cette tendance <a href="https://ideas.time.com/2012/09/19/the-perils-of-coffee-snobbery/">est d’un snobisme ridicule</a>, d’autres s’émerveillent de l’esthétique des expériences artisanales.</p>
<p>La révolution artisanale est généralement vue comme une réaction à l’industrialisation à outrance ou comme une façon de <a href="https://doi.org/10.1177/0001839218817520">garder des traditions et des cultures vivantes</a> dans un monde homogène dominé par les affaires. <a href="https://doi.org/10.1016/j.ccs.2011.01.004">Les entreprises artisanales et les professionnels du milieu participent à l’essor de professions créatives</a>, au lieu de privilégier la course au profit. Ils sont animés par <a href="https://doi.org/10.1177/00222429221093624">l’expression créative, l’affirmation esthétique et la qualité</a>.</p>
<p>L’artisanat donne aux professionnels la possibilité de créer des produits uniques qui correspondent à leur vision profonde. Les fabricants peuvent ainsi se démarquer en exprimant leur identité dans leur travail.</p>
<p>L’artisanat témoigne du désir toujours plus marqué des producteurs et des professionnels de privilégier l’affirmation esthétique, d’exprimer leur créativité et de créer des produits de qualité. Le marché du café propose une gamme de ressources culturelles et d’expressions telles que « fait main », « connaisseur », « artisanal » et « snob du café ».</p>
<h2>Créer un marché</h2>
<p>Les valeurs et les convictions qui sous-tendent le travail artisanal de même que <a href="https://doi.org/10.1002/nvsm.1525">l’affirmation esthétique</a>, la créativité et la qualité se sont infiltrées dans de nombreux marchés, notamment ceux de la coiffure pour hommes, de la bière, de la boucherie, du chocolat, des cocktails, des tatouages, de la cuisine, du jean, de la mode, de la moto et du café.</p>
<p>Entre 1991 et 1998, le nombre de cafés proposant des cafés de spécialité est passé de 1 650 à environ 10 000 aux États-Unis. En 2015, il y avait quelque <a href="https://www.statista.com/statistics/196590/total-number-of-snack-and-coffee-shops-in-the-us-since-2002">31 490 cafés offrant des cafés de spécialité</a>. Le café de spécialité représente aujourd’hui <a href="http://www.scaa.org/?page=resources&d=facts-and-figures">plus de la moitié de la valeur du marché de détail américain, établie à 48 milliards de dollars</a>.</p>
<p>Cette augmentation de la demande et de la popularité de biens de consommation conçus selon une approche artisanale a fait basculer une grande partie du marché vers les valeurs et les convictions liées à l’artisanat.</p>
<h2>Valeurs et convictions</h2>
<p>Les entreprises fondent leurs activités sur des valeurs et des convictions clés. Les entreprises artisanales mènent leurs activités dans un souci d’affirmation esthétique, d’expression créative et de qualité. À l’inverse, les sociétés commerciales telles que McDonald’s et Tim Hortons privilégient la maximisation des profits.</p>
<p>Chaque type d’entreprise (commerciale ou artisanale) innove donc à sa façon. Dans le domaine du café, les entreprises artisanales ont adopté des méthodes de culture, de traitement, de torréfaction et d’infusion du café faisant ressortir les saveurs distinctives du grain selon ses origines, <a href="https://perfectdailygrind.com/2018/03/what-is-terroir-and-how-does-it-affect-your-coffee/">son terroir</a> (la manière dont le contexte de sa culture influe sur son goût) et sa <a href="https://dailycoffeenews.com/2019/02/07/the-coffee-roasters-complete-guide-to-coffee-varieties-and-cultivars/">variété</a>.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="un homme vêtu d’une chemise bleue observe la préparation d’un café à la louche" src="https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=750&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/475626/original/file-20220722-18-855z6w.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=943&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les produits utilisés pour faire le café sont conçus pour rehausser l’expérience du consommateur et du barista.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Oak & Bond Coffee/Unsplash)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Des produits novateurs, tels que le <a href="https://www.kruveinc.com/pages/kruve-sifter">tamis à café Kruve</a>, la <a href="https://decentespresso.com/de1plus">machine à espresso Decent DE1+</a> ou le <a href="https://weberworkshops.com/products/eg-1">moulin à café Weber EG-1</a>, présentent tous la même caractéristique essentielle : offrir aux baristas et aux consommateurs un meilleur contrôle des variables de la préparation du café afin qu’ils puissent en parfaire l’expérience esthétique.</p>
<p>Les entreprises commerciales introduisent des produits présentant un potentiel de profit. Le fameux <a href="https://www.starbucks.com/menu/product/418/hot?parent=%2Fdrinks%2Fhot-coffees%2Flattes">latte à la citrouille épicée de Starbucks</a>, le <a href="https://www.nespresso.com/ca/fr/order/machines/vertuo/vertuo-vertuoline-black">Vertuo de Nespresso</a> et la <a href="https://www.newswire.ca/news-releases/tim-hortons-launches-new-lineup-of-richer-bolder-handcrafted-espresso-beverages-and-invites-canadians-to-sample-them-with-2-any-size-promotion-857321965.html">gamme de boissons à base d’espresso récemment lancée par Tim Hortons</a> ne tiennent pas compte de l’expérience du café ou de la mise en valeur des saveurs distinctives d’un grain. Ils offrent plutôt aux consommateurs des produits et des services sympathiques, abordables ou pratiques qui contribuent à augmenter leurs marges bénéficiaires.</p>
<h2>Créer un langage</h2>
<p>Quelles que soient les valeurs et les convictions des entreprises commerciales et artisanales, ce sont les interactions entre elles qui poussent les marchés comme celui du café à prendre une direction plus artisanale. Les sociétés commerciales s’inspirent ainsi des aspirations créatives et esthétiques des entreprises artisanales.</p>
<p>Elles empruntent le vocabulaire que ces dernières ont apporté au marché du café, comme les <a href="https://news.dunkindonuts.com/news/sipping-is-believing-dunkin-takes-aim-at-winning-over-espresso-drinkers-with-an-entirely-new-handcrafted-espresso-experience">boissons au café « artisanales » de Dunkin’ Donuts</a> ou les <a href="https://nestle-nespresso.com/news/introducing_barista_creations">capsules de café Nespresso « inspirées » des baristas de Brooklyn et de Melbourne</a>.</p>
<p>Elles automatisent les procédés complexes et rituels de préparation du café des baristas artisanaux, augmentant ainsi la rentabilité tout en faisant découvrir aux consommateurs ordinaires certains aspects de la préparation artisanale du café.</p>
<p>Les entreprises artisanales s’engagent sur le plan esthétique dans l’innovation commerciale. Elles transforment le latte à la citrouille épicée en utilisant un <a href="https://www.baltimoremagazine.com/section/fooddrink/the-best-places-to-get-your-pumpkin-spice-fix-this-fall/">sirop artisanal et une sélection d’épices</a> qui se marient parfaitement aux caractéristiques gustatives d’un grain de café précis. Certaines entreprises artisanales ont également profité de l’aspect pratique des machines à capsule et ont <a href="https://mtpak.coffee/exploring-rise-specialty-coffee-capsules/">développé leurs propres versions</a> pour offrir aux consommateurs la possibilité de déguster un café haut de gamme à la maison.</p>
<p>Avec le temps, ces interactions font évoluer le marché tout entier, en y introduisant des valeurs artisanales qui transforment l’expérience de tous les consommateurs.</p>
<p><div data-react-class="InstagramEmbed" data-react-props="{"url":"https://www.instagram.com/p/CfGS_6BoIak","accessToken":"127105130696839|b4b75090c9688d81dfd245afe6052f20"}"></div></p>
<h2>Engagement, expression et authenticité</h2>
<p>Les complexités associées aux produits artisanaux ont également permis aux gens de <a href="https://doi.org/10.1093/jcr/ucw054">se former et de se distinguer par leurs goûts</a>. Les ressources et l’expertise culturelles sont essentielles dans notre façon de nous exprimer et de définir qui nous sommes.</p>
<p>La révolution artisanale a <a href="https://www.doi.org/10.23943/princeton/9780691165493.001.0001">soutenu la professionnalisation de nombreux domaines</a>. Des professions comme celles de barbier, de boucher, de barista et de créateur de cocktails ont désormais un cachet culturel élevé. Elle a également favorisé l’émergence de nouvelles identités, des <a href="https://www.taylorlane.com/blogs/read/coffee-connoisseur">connaisseurs de café</a> aux <a href="https://www.beardedvillains.com/">méchants barbus</a> en passant par les <a href="https://www.thealchemistmagazine.ca/2022/03/16/vancouver-cocktail-week-nerd-edition/">accros du cocktail</a>.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1177/0022242921997081">Certains estiment que l’artisanat offre des produits plus authentiques</a>, sans doute parce qu’il crée une sorte de relation directe entre le producteur et le consommateur, s’éloignant de la production normalisée du marché de masse qui domine en grande partie notre économie. Mais alors que l’expression créative des artisans peut se trouver dans leurs produits et leur présentation, les entreprises commerciales sont devenues habiles pour imiter l’art des professionnels de l’artisanat, <a href="https://www.mensjournal.com/food-drink/is-that-really-craft-beer-21-surprising-corporate-brewers-20150923/">ce qui rend difficile la distinction entre les deux</a>.</p>
<p><a href="https://doi.org/10.1177/00222429221087987">L’authenticité est un concept ambigu</a> ; ce que certains considèrent comme authentique peut être perçu comme élitiste par d’autres. Le succès de l’artisanat réside peut-être dans sa capacité à exploiter nos idéaux nostalgiques du travail et notre désir toujours plus vif de connaître les origines des produits, leur histoire et les personnes qui les fabriquent.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187814/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre-Yann Dolbec a reçu des financements du Conseil de recherches en sciences humaines. </span></em></p>La demande des consommateurs pour des produits et des expériences authentiques fabriqués à la main a permis d’élever le cachet culturel de professions telles que les baristas et créateurs de cocktails.Pierre-Yann Dolbec, Associate professor in marketing and Research Chair in Complexity and Markets, Concordia UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1874932022-08-07T20:51:16Z2022-08-07T20:51:16ZD’où vient l’eau du robinet ? Comment sa qualité est-elle assurée ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/476300/original/file-20220727-23-6wferr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C25%2C5732%2C3801&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une petite soif&nbsp;? Les fontaines fournissent de l’eau potable de qualité. Ici, à Lyon.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/Y10FXNqFdvk">Nicolas Compte, Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>En France, ouvrir un robinet afin d’obtenir de l’eau potable est un geste du quotidien particulièrement facile, qui nous donne accès à une eau d’une très bonne qualité microbiologique — ce qui peut s'avérer bien utile, surtout avec les chaleurs estivales…</p>
<p>Pourtant, un <a href="https://www.cieau.com/lobservatoire-de-leau/c-i-eau-infographies/eau-du-robinet-eau-en-bouteille-que-boivent-les-francais/">Français sur trois en 2020 continuait de boire de l’eau en bouteille plutôt qu’au robinet</a>, alors que les déchets plastiques nuisent à la santé et à l’environnement, que l’eau en bouteille est plus coûteuse… et que sa qualité n’est pas toujours irréprochable.</p>
<p>Voyons ici d’où vient l’eau du robinet et ce qui la rend propre à la consommation.</p>
<h2>D’où vient l’eau courante et comment devient-elle potable ?</h2>
<p>Deux tiers de l’<a href="https://www.eaufrance.fr/publications/eau-et-milieux-aquatiques-les-chiffres-cles-edition-2020">eau potable produite</a> sont captés dans les eaux souterraines (nappes phréatiques), le tiers restant provient des eaux superficielles, appelées également eaux de surface (rivières, fleuves, lacs, barrages). Les nappes et rivières sont alimentées grâce aux précipitations sous forme de neige et de pluie puis aux ruissellements et infiltrations engendrés.</p>
<p>Les activités humaines telles que l’agriculture et l’élevage et leurs conséquences comme la déforestation, la destruction de zones humides ou encore les changements climatiques engendrent des <a href="https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/">modifications significatives dans ce cycle</a>, et notamment <a href="https://www.nature.com/articles/s41561-019-0374-y">dans les flux d’eau transportés</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=279&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476102/original/file-20220726-18-59yh51.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=350&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">L’eau potable en France vient de ressources souterraines et de surface, est traitée puis distribuée.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Alice Schmitt et Julie Mendret</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une fois captée, l’eau est acheminée jusqu’à une usine de potabilisation pour être traitée. Le traitement appliqué dépend de la qualité initiale de l’eau captée. Pour les eaux souterraines, dans trois quarts des cas, un traitement physique simple (filtration et décantation) et une désinfection suffisent.</p>
<p>Pour les eaux de surface, des <a href="https://www.eaufrance.fr/publications/eau-et-milieux-aquatiques-les-chiffres-cles-edition-2020">traitements physiques et chimiques plus poussés sont nécessaires</a> – ceux-ci étant déterminés en <a href="https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/environnement-securite-th5/procedes-de-traitement-des-eaux-potables-industrielles-et-urbaines-42318210/eaux-de-distribution-w5510/filieres-de-traitement-pour-eaux-superficielles-w5510niv10005.html">fonction de la qualité de l’eau à traiter</a>. Dans certains cas, un traitement d’affinage par ozonation, charbons actifs et/ou filtration membranaire est appliqué en supplément afin d’éliminer au maximum la matière organique dissoute restante ainsi que les <a href="https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/42318210-procedes-de-traitement-des-eaux-potables-industrielles-et-urbaines/download/w5510/eaux-de-distribution.html">micropolluants</a> (pesticides, etc.).</p>
<p>Une désinfection a ensuite toujours lieu lors de la dernière étape de traitement, le plus souvent par ajout de chlore, celui-ci ayant un effet désinfectant durable permettant de maintenir une eau d’excellente qualité lors de son stockage dans des réservoirs et jusqu’à sa distribution.</p>
<p>En France, la consommation moyenne d’eau potable par habitant est estimée à <a href="http://www.cieau.com/le-metier-de-leau/ressource-en-eau-eau-potable-eaux-usees/quels-sont-les-usages-domestiques-de-leau/">environ 150 litres par jour et par habitant</a> dont 93 % pour l’hygiène (comprenant 20 % pour les sanitaires) et 7 % pour l’alimentation. Cet usage domestique représente 20 % de la consommation globale : <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/leau-en-france-ressource-et-utilisation-synthese-des-connaissances-en-2021#:%7E:text=Eau%20pr%C3%A9lev%C3%A9e%20et%20eau%20consomm%C3%A9e,-L%27eau%20consomm%C3%A9e&text=En%20moyenne%2C%20entre%202008%20et,repr%C3%A9sente%2082%20m3%2Fhabitant.">35 % de l’eau potable étant utilisée pour l’industrie et l’électricité et 45 % pour l’agriculture</a>, bien qu’il ne soit pas forcément nécessaire d’utiliser de l’eau potable. La réutilisation des eaux usées traitées est encore très limitée en France du fait d’une réglementation stricte et reste minoritaire pour ces usages.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/reutilisation-des-eaux-usees-que-va-changer-le-nouveau-reglement-europeen-179208">Réutilisation des eaux usées : que va changer le nouveau règlement européen ?</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<h2>Une eau distribuée très réglementée</h2>
<p>Une fois traitée, l’eau distribuée doit répondre à certaines normes sanitaires définies selon le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006909457">code de la santé publique</a> et sa qualité fait l’objet d’un suivi régulier à partir de la sortie des stations de potabilisation, au niveau des châteaux d’eau permettant son stockage et tout le long du réseau de distribution.</p>
<p>[<em>Près de 70 000 lecteurs font confiance à la newsletter de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du monde</em>. <a href="https://theconversation.com/fr/newsletters/la-newsletter-quotidienne-5?utm_source=inline-70ksignup">Abonnez-vous aujourd’hui</a>]</p>
<p>Au total, une soixantaine de paramètres sont contrôlés via des limites et références de qualités bactériologiques, physico-chimiques, organoleptiques, ou encore radiologiques, faisant de l’eau du robinet l’<a href="http://www.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/2020_synthese_eau_du_robinet_vf.pdf">aliment le plus contrôlé en France</a>.</p>
<p>Globalement, la qualité de l’eau courante en ville est excellente en France où presque 100 % des communes de plus de 50 000 habitants et 98 % de la population totale ont consommé une eau de <a href="http://www.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/2020_synthese_eau_du_robinet_vf.pdf">très bonne qualité microbiologique</a> toute l’année en 2020.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="mains avec de l’eau qui coule" src="https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=516&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476302/original/file-20220727-15-rafmlq.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=648&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">L’eau courante est la plupart du temps de très bonne qualité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">mrjn Photography/Unsplash</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Concernant les pesticides, principalement issus du ruissellement et de l’infiltration dans les sols, 94 % de la population française a consommé une eau respectant les limites réglementaires toute l’année en 2020. Cependant, les dépassements détectés ayant été limités en concentration et dans le temps, il n’a presque jamais été nécessaire de mettre en place une <a href="http://www.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/2020_synthese_eau_du_robinet_vf.pdf">restriction de consommation de l’eau du robinet</a>.</p>
<p>Le risque de la consommation de pesticides à faibles doses sur la santé à long terme est <a href="http://www.inserm.fr/expertise-collective/pesticides-et-sante-nouvelles-donnees-2021/">encore mal connu mais très probable</a>, notamment sur la population sensible comme les enfants et les femmes enceintes.</p>
<p>Des problèmes ponctuels peuvent apparaître du côté des <a href="http://www.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/2020_synthese_eau_du_robinet_vf.pdf">très petites communes</a> (moins de 500 habitants) ; dans les zones rurales présentant une agriculture intensive de type monoculture ou viticole utilisant des <a href="https://www.nouvelle-quitaine.ars.sante.fr/media/77911/download?inline">pesticides</a> ; dans les zones situées à proximité d’élevages, où des <a href="https://bretagne-environnement.fr/nitrates-cours-eau-bretons-article">nitrates peuvent être présents en quantité importante</a> ; ou encore dans les zones situées <a href="https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pollution/arkema-la-ville-de-pierre-benite-pres-de-lyon-contaminee-aux-polluants-eternels_163439">à proximité de certaines industries</a>.</p>
<p>En cas de dépassement des normes, il revient au responsable de la production ou de la distribution de prendre les <a href="https://aida.ineris.fr/reglementation/instruction-ndeg-dgsea4201879-210318-relative-modalites-gestion-non-conformites-eaux">mesures correctives nécessaires</a> afin de rétablir la qualité de l’eau.</p>
<p>Des dérogations exceptionnelles peuvent être mises en place (en cas d’absence de risque sanitaire et avec obligation de remise en conformité rapide) ou des mesures strictes peuvent être très rapidement appliquées si nécessaire <a href="https://aida.ineris.fr/reglementation/instruction-ndeg-dgsea4201879-210318-relative-modalites-gestion-non-conformites-eaux">par le préfet</a> et suite à l’<a href="https://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=526">avis de l’Agence Régionale de Santé correspondante</a> – par exemple une <a href="https://www.francebleu.fr/infos/environnement/chateauroux-eau-contaminee-la-ville-declenche-son-plan-de-sauvegarde-communal-1655481424">restriction d’usage, voire une interdiction momentanée de consommation</a>, comme à Châteauroux au mois de juin.</p>
<p>La présence d’un <a href="https://aida.ineris.fr/reglementation/directive-ue-ndeg-20202184-161220-relative-a-qualite-eaux-destinees-a-consommation">plan de gestion de la sécurité sanitaire des eaux</a>, indiquant les mesures à prendre en cas de problème, sera obligatoire d’ici 2027 grâce à la refonte de la directive « Eau potable » du 16 décembre 2020.</p>
<h2>Pourquoi utiliser l’eau du robinet plutôt que l’eau en bouteille ?</h2>
<p>La France est très consommatrice de bouteilles d’eau, conséquence d’un lobbying de la part des marques qui ont convaincu les Français que l’eau embouteillée <a href="https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/environnement-la-france-championne-de-la-consommation-de-bouteilles-en-plastique_2790815.html">était meilleure que l’eau du robinet</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/476304/original/file-20220727-7170-6h118q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Pourquoi boire de l’eau en bouteille ?</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/iamericat/8262320384/">Erica Ashleson, Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Il s’agit d’abord de préserver l’environnement, car l’eau dite minérale implique l’utilisation de bouteilles et bouchons en plastique comme contenants. La majorité de ces déchets (87 %) se retrouve dans la nature et devient de la pollution plastique, ayant notamment un <a href="https://awsassets.panda.org/downloads/plastic_ingestion_press_singles.pdf">impact important sur la faune et la flore aquatique</a>. Le tri de ces déchets dans des centres appropriés ne résout pas tout puisque <a href="https://awsassets.panda.org/downloads/plastic_ingestion_press_singles.pdf">seul un quart des déchets plastiques est effectivement recyclé à l’échelle de la planète</a>. Une étude sur l’analyse du cycle de vie de l’eau minérale a ainsi montré que celle-ci avait un <a href="http://esu-services.ch/fr/projects/lcafood/eau/">impact environnemental parfois 1000 fois supérieur à celui de l’eau du robinet</a>.</p>
<p>Mais il s’agit aussi d’un enjeu de santé publique lié à la présence de microplastiques dans les eaux. Ils sont <a href="https://www.europarl.europa.eu/news/fr/headlines/society/20181116STO19217/microplastiques-sources-impact-et-solutions">majoritairement dus à la dégradation</a> d’objets en plastique plus imposants tels que les bouteilles. Chaque semaine, nous ingérons l’équivalent d’une carte de crédit en plastique, principalement via l’eau que nous buvons – au robinet <a href="https://partage.agirpourlenvironnement.org/s/rapport-nous-buvons-du-plastique/">et en bouteille</a> – mais également dans une moindre mesure via la nourriture consommée, notamment les crustacés, ou encore l’air que nous respirons (il s’agit d’une moyenne estimée mondialement et non uniquement en France).</p>
<p>Réduire voire supprimer l’utilisation du plastique, notamment en ne consommant plus d’eau en bouteille, permettrait de diminuer la présence de microplastiques dans les océans.</p>
<p>De plus, certaines eaux en bouteille fortement minéralisées sont à consommer ponctuellement et leur usage quotidien <a href="http://www.theconversation.com/jules-vaut-il-mieux-boire-de-leau-en-bouteille-ou-de-leau-du-robinet-178186">reste déconseillé</a>. Pour neutraliser le goût potentiellement désagréable de l’eau du robinet dû au chlore, qui n’affecte en rien la qualité sanitaire de celle-ci, une solution très simple est de la faire respirer en la laissant au frigo durant les heures précédant sa consommation.</p>
<p>Il est également important de souligner que l’eau en bouteille, prélevée dans les ressources souterraines, <a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/03/25/des-traces-de-pesticides-et-de-medicaments-retrouvees-dans-des-eaux-en-bouteille_1853519_3244.html">contient également d’infimes quantités de polluants de type pesticides ou médicaments</a>.</p>
<p>Pour finir, la consommation d’eau en bouteille pour la boisson (soit 1,5 litre par jour et par personne) revient minimum <a href="https://www.eaufrance.fr/sites/default/files/2019-02/plaquette-fnccr-prix-de-l-eau-2019.pdf">100 fois plus chère que celle de l’eau du robinet</a>.</p>
<p>Nous avons la chance en France d’avoir une eau du robinet de qualité alors consommons-là, que ce soit pour la planète ou pour notre santé ! Vous pouvez retrouver la qualité moyenne de l’eau de votre commune sur votre facture annuelle ou la <a href="http://www.solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau">consulter en ligne</a> à tout moment.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/187493/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L’eau du robinet est généralement de très bonne qualité en France ; voici pourquoi.Alice Schmitt, Post-doctorante en Génie des Procédés, Institut Européen des Membranes, Université de MontpellierJulie Mendret, Maître de conférences, HDR, Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1813592022-04-19T16:40:39Z2022-04-19T16:40:39ZCrises alimentaires chez Buitoni, Lactalis et Ferrero : le cadre réglementaire est-il insuffisant ?<p>Pizzas, fromages et chocolats : ceci n’est pas le menu de votre prochain repas, mais les produits Buitoni, Lactalis, Ferrero à l’origine d’une série de crises sanitaires récentes. Malheureusement, elles touchent en premier lieu la santé de personnes fragiles en particulier les enfants : selon le bilan de Santé publique France, <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2022/investigation-de-cas-groupes-de-syndrome-hemolytique-et-uremique-shu-et-d-infections-a-e.-coli-producteurs-de-shiga-toxine-stec-en-lien-avec-l">48 enfants</a> et deux adultes de plus de 90 ans ont été contaminés par les pizzas contenant la bactérie <em>E. coli</em>, qui a fait deux morts.</p>
<p>Ces affaires sont d’autant plus retentissantes qu’elles impliquent des géants de l’agroalimentaire, la production de masse amplifiant les effets d’un problème sanitaire et tout comme leur distribution en France, puisque les victimes se situent dans presque toutes les régions, et à l’international : pour les chocolats Kinder contaminés aux salmonelles, des rappels ont eu lieu non seulement en Europe, <a href="https://www.foodsafetynews.com/2022/04/kinder-chocolate-recall-hits-u-s-as-belgian-officials-close-plant-linked-to-outbreak/">mais aussi en Asie, en Amérique et en Océanie</a>.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/eEDhpHJcapc?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Deux enfants décèdent après le rappel massif de pizzas Buitoni (RMC, 28 mars 2022).</span></figcaption>
</figure>
<p>Peut-on pour autant parler de fraudes des entreprises en question ? Ou alors les contrôles officiels ont-ils été insuffisants ? Il faudra attendre l’avis de la justice dans chaque cas pour déterminer les responsabilités de chacun, entreprises et autorités publiques. En attendant, un point sur la législation en vigueur dans ce domaine nous permettra de mieux comprendre si les causes de ces crises sont à chercher du côté de la faiblesse du cadre réglementaire, ou encore de celles des sanctions.</p>
<h2>Obligation d’autocontrôle</h2>
<p>L’avènement de la libre circulation des marchandises entre les pays de l’Union européenne a facilité les échanges commerciaux, mais aussi la diffusion de denrées alimentaires potentiellement dangereuses pour la santé humaine et animale. Les crises sanitaires des années 1990, en particulier celle dite de la vache folle, ont eu l’effet d’un électrochoc qui a mené les institutions européennes à réformer en profondeur le droit européen de la sécurité sanitaire des aliments.</p>
<p>Depuis 2005, au sein de l'Union européenne, toutes les entreprises du secteur alimentaire, de la fourche à la fourchette, de la plus grande multinationale à l’épicerie de quartier, sont soumises à une série d’obligations qui visent à protéger les consommateurs et assurer un bon fonctionnement du marché. Ces <a href="https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/ALL/?uri=CELEX:32002R0178">obligations</a> portent en particulier sur l’autocontrôle et la coopération des entreprises, la sécurité et la traçabilité des produits alimentaires et l’information des consommateurs. L’obligation d’autocontrôle est souvent pointée comme étant la <a href="https://www.ccomptes.fr/system/files/2019-02/09-controle-securite-sanitaire-alimentation-Tome-2.pdf">faiblesse</a> de ce nouveau système.</p>
<p>Elle participe à un changement de paradigme dans la logique de surveillance de la sécurité sanitaire de la chaîne alimentaire, en déportant la responsabilité des contrôles des autorités publiques vers les entreprises. On parle désormais de responsabilité primaire des exploitants du secteur alimentaire, les autorités publiques assurant un contrôle de seconde ligne.</p>
<p><iframe id="B4rAX" class="tc-infographic-datawrapper" src="https://datawrapper.dwcdn.net/B4rAX/2/" height="400px" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<p>De manière générale, la législation impose donc un devoir de prudence des entreprises à l’égard des risques sanitaires en sus de l’obligation de mettre sur le marché un produit sûr et non dangereux.</p>
<p>Les procédures d’autocontrôles varient suivant la sensibilité sanitaire de l’aliment (la viande fraîche par rapport à des grains de café) et le volume de production. Ces procédures sont fondées sur le respect des bonnes pratiques d’hygiène applicables aux locaux, matériels, personnels, denrées alimentaires et au fonctionnement général de l’exploitation.</p>
<p>Les exploitants sont également tenus de mettre en place un système de traçabilité des produits en amont par rapport à leurs fournisseurs et en aval par rapport à leurs clients. En cas de crise sanitaire, comme actuellement, cette obligation va permettre d’identifier le plus rapidement possible l’origine de la contamination.</p>
<h2>La gestion du risque renforcée</h2>
<p>Ces obligations sont-elles pertinentes au vu de l’objectif de sécurité sanitaire ? Selon la Commission européenne qui a réalisé un <a href="https://ec.europa.eu/food/system/files/2018-01/gfl_fitc_executive_summary_2018_fr.pdf">bilan</a> de la législation alimentaire générale en 2018, la réponse est positive.</p>
<p>Aucune incohérence systémique n’a été relevée, mise à part la transparence de l’évaluation scientifique des risques qui a fait l’objet d’une réforme. Des imperfections ont été également relevées concernant la variabilité des mesures de gestion de risque suivant les États membres.</p>
<p>Ainsi, en France, les obligations d’autocontrôle et de coopération ont été précisées dans le cadre de <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000037547946/">loi du 30 novembre 2018 dite Egalim</a>. Cette réforme fait suite à l’affaire dite « Lactalis » de 2017 concernant des laits infantiles contaminés pendant laquelle des manquements avaient été identifiés. Le Code rural <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000044233198">impose désormais d’informer les autorités publiques</a>, lorsque l’entreprise :</p>
<blockquote>
<p>« Considère ou a des raisons de penser, au regard de tout résultat d’autocontrôle, qu’une denrée alimentaire ou un aliment pour animaux qu’il a importé, produit, transformé, fabriqué ou distribué présente ou est susceptible de présenter un risque pour la santé humaine ou animale. »</p>
</blockquote>
<p>Les modalités d’application de ces dispositions ont été précisées par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, qui propose notamment un <a href="https://info.agriculture.gouv.fr/gedei/site/bo-agri/instruction-2019-555">diagramme</a> de la procédure à suivre en cas de résultat d’autocontrôle défavorable.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/458135/original/file-20220414-18-b1b57r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/458135/original/file-20220414-18-b1b57r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/458135/original/file-20220414-18-b1b57r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=493&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/458135/original/file-20220414-18-b1b57r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=493&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/458135/original/file-20220414-18-b1b57r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=493&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/458135/original/file-20220414-18-b1b57r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=620&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/458135/original/file-20220414-18-b1b57r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=620&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/458135/original/file-20220414-18-b1b57r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=620&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">https://info.agriculture.gouv.fr/gedei/site/bo-agri/instruction-2019-555.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://info.agriculture.gouv.fr/gedei/site/bo-agri/instruction-2019-555">Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>« Présence de rongeurs au niveau de l’atelier boulangerie », « absence de moyens de protection contre l’entrée des nuisibles et de lutte contre les nuisibles adaptés à une activité alimentaire », « manque d’entretien et de nettoyage », « absence de revêtement facilement nettoyable », tel sont les constats de la direction départementale de protection des populations qui ont mené à la fermeture administrative de l’usine de production des pizzas contaminées à Caudry (Nord), le 6 avril dernier. Au vu de ces faits, les obligations de la législation alimentaire semblent bien violées. Elles feront sûrement l’objet de poursuites, voire de sanctions.</p>
<h2>Mêmes règles, sanctions différentes</h2>
<p>En cas de manquement à ces obligations, les entreprises s’exposent à des sanctions. À la différence des obligations qui sont harmonisées au niveau européen, les infractions aux règles relatives à la sécurité sanitaire des aliments relèvent de la compétence des États membres. Autrement dit, si les entreprises françaises, espagnoles, allemandes ou encore polonaises ont les mêmes devoirs en matière d’hygiène, elles seront sanctionnées différemment en cas de violation de ces règles.</p>
<p>En France, les infractions aux règles d’hygiène sont principalement de l’ordre contraventionnel ou délictuel. Dans le premier ordre, la détention d’une denrée alimentaire impropre à la consommation est passible d’une <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000032808074">amende de 1 500 euros par infraction</a> (maximum). Par exemple, une société d’aquaculture a pu être condamnée à <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/juri/id/JURITEXT000042579651?init=true&page=1&query=19-87.252&searchField=ALL&tab_selection=all">136 amendes de 5 euros</a> du fait d’un défaut concernant la traçabilité de 136 lots de mollusques.</p>
<p>S’agissant de violations plus graves, le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006069565/LEGISCTA000032222835/">délit de tromperie</a> peut être retenu. Il est passible d’une peine maximale de deux ans d’emprisonnement et de 300 000 euros d’amende, voire sept ans et 750 000 euros d’amendes, si le délit ou sa tentative a eu pour conséquence de rendre l’utilisation de la marchandise dangereuse pour la santé de l’homme ou de l’animal ce qui peut être rapidement le cas dans le domaine alimentaire (<a href="https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006069565/LEGISCTA000032222925/">tromperie aggravée</a>).</p>
<p>Pour les personnes morales, les peines d’amende peuvent être portées, de manière proportionnée aux avantages tirés du délit, à 10 % du chiffre d’affaires moyen annuel. Ces peines sont-elles suffisamment dissuasives ? Une chose est sûre, elles le sont davantage qu’auparavant. Avant 2014, la tromperie était passible d’une amende maximale de 37 500 euros (et 187 000 euros pour une personne morale), seulement.</p>
<p>S’agissant des pizzas Buitoni, au vu des premiers éléments constatés, on peut aussi envisager le délit d’<a href="https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F35148">homicide involontaire</a>. En mars 2020, dans un cas de contamination par une bactérie E.Coli comparable, mais qui n’avait pas causé de décès, la Cour de cassation avait <a href="https://www.courdecassation.fr/decision/5fca591e3ed1312d7d6c9c07?search_api_fulltext=19-82.171&sort=&items_per_page=&judilibre_chambre=&judilibre_type=&judilibre_matiere=&judilibre_publication=&judilibre_solution=&op=&date_du=&date_au=&previousdecisionpage=&previousdecisionindex=&nextdecisionpage=&nextdecisionindex=">validé la condamnation pour blessures volontaires</a> du gérant d’une entreprise de production de steak haché qui n’avait pas respecté les obligations de prudence et de sécurité prévues par la législation alimentaire européenne.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/181359/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre-Étienne Bouillot ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Ces dernières années, les procédures de gestion des risques et les sanctions ont été renforcées, mais la logique d’autocontrôle des entreprises reste la base de la sécurité alimentaire.Pierre-Étienne Bouillot, Maître de conférences en Droit de l'alimentation, AgroParisTech – Université Paris-SaclayLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1626282021-06-16T17:33:56Z2021-06-16T17:33:56ZAmateurs de Bordeaux, les cuvées 2020 ne devraient pas être beaucoup plus chères que les cuvées 2019<p>À Bordeaux, chaque année se déroule suivant un rythme immuable, ou presque. Récolte du dernier millésime à la fin de l’été, et mise sur le marché au printemps suivant lors de la campagne des primeurs constituent deux temps forts incontournables.</p>
<p>La campagne des primeurs constitue un système finement organisé, qui reste néanmoins soumis à d’importantes sources d’incertitude car le produit n’est pas fini et sa qualité ne peut qu’être estimée. Les conditions économiques et la situation sur le marché du vin peuvent notamment changer entre le moment de la vente en primeur et celui de la livraison. Ainsi la question du juste prix auquel un vin doit être vendu sur le marché primeur semble-t-elle autant fondamentale que complexe.</p>
<p>Pour y répondre, nous avons proposé dans une <a href="https://doi.org/10.1111/ecin.12997">étude récente</a> un modèle permettant d’estimer le juste prix de 69 vins prestigieux de Bordeaux au moment de leur mise en vente.</p>
<h2>Confinement et paradoxe des prix</h2>
<p>Ces dernières années témoignent de la variabilité des prix, de la demande et du succès des vins de Bordeaux vendus en primeur. Après une période de baisse des prix entre 2011 et 2016, le marché bordelais a ensuite rebondi sous l’impulsion d’un grand millésime, celui de 2015, suivi d’un 2016 encore meilleur. Pour ce dernier, les prix ont augmenté sensiblement mais sans excès. L’année 2017 a été marquée par le gel et une récolte restreinte qui a encouragé les châteaux à maintenir des prix proches de ceux de 2016 malgré une qualité moindre.</p>
<p>À Bordeaux, la demande dépend principalement de la qualité et moins de la quantité. De mauvaises ventes ont ainsi, sans surprise, caractérisé la campagne primeur 2017. Le millésime 2018, vendu comme exceptionnel, a connu des hausses de prix importantes, alors que les niveaux de prix sur le marché étaient déjà très élevés. La qualité aurait dû générer une demande solide, ce ne fut pas le cas, la faute à des châteaux trop gourmands.</p>
<p>L’an dernier, les confinements ont failli entraîner l’annulation de la campagne primeur. Celle-ci a finalement eu lieu, mais reportée et raccourcie. Grâce à une qualité remarquable et des prix raisonnables, elle s’est avérée un succès. La pandémie a obligé les châteaux à faire un effort sur les prix tout en leur donnant une excellente excuse pour le faire.</p>
<p>C’est là que réside le paradoxe : il fallait baisser les prix pour assurer le succès de la campagne, tout en veillant à ne pas envoyer un signal trop fort au marché au risque de rendre invendables les nombreux vins de 2017 et 2018 encore disponibles à des prix élevés.</p>
<h2>Une phase de rééquilibrage</h2>
<p>Le millésime 2020 bénéficie, lui, de conditions externes plus favorables que 2019. Il reste cependant difficile de parler de normalité, puisque les dégustations ont eu lieu à distance avec des échantillons envoyés à des experts du monde entier. La qualité du vin s’annonce à nouveau excellente mais sans doute hétérogène, avec quelques très grands vins qui focaliseront l’attention du marché lors de leur sortie.</p>
<p>Il est difficile d’anticiper comment les acheteurs vont réagir à cette succession de trois excellents millésimes d’affilée. Cette situation sans précédent pose la question de la capacité du marché à absorber un volume considérable de grands crus de façon rapide.</p>
<p>Il ne faut pas non plus négliger l’équilibre interrégional au sein du marché. Après une longue période de contraction des prix à Bordeaux, alors même que la Bourgogne et les vins italiens (Piémont et Toscane) s’inscrivaient en forte hausse, nous sommes dans une phase de rééquilibrage et on est en droit de se demander si le phénomène de « <a href="https://www.ouest-france.fr/le-mag/vin/vin-pourquoi-le-bordeaux-bashing-7130229">Bordeaux bashing</a> » est terminé.</p>
<h2>Déterminer le juste prix</h2>
<p>Devant ces incertitudes, notre modèle tente de mettre en évidence l’effet de différentes variables sur le prix d’un vin. Divers indices concernant la qualité du vin de l’année ou celui de la précédente, la variabilité historique de son prix ou encore les dynamiques sur les marchés secondaires (qui concernent des vins plus anciens que les marchés primeurs) et le contexte général nous permettent d’expliquer environ 80 % des prix des vins sur les millésimes 2004 à 2019.</p>
<p>Nous observons par exemple que, selon les châteaux, un millésime meilleur que le précédent entraîne une hausse comprise entre 3 et 17 % des prix. Certains vins, généralement les plus chers, ont tendance à être plus sensibles aux variables du modèle.</p>
<p>Outre l’explication des prix passés, la solidité statistique des estimations nous permet d’envisager avec fiabilité les prix à attendre pour cette année.</p>
<h2>Rattraper les baisses de l’an dernier ?</h2>
<p>Il semble raisonnable d’anticiper une stabilisation des prix par rapport au millésime 2019. De manière générale, notre modèle montre que sauf pour quelques rares vins de Pomerol, certains premiers crus et les grandes réussites du millésime, les prix des primeurs 2020 ne devraient pas excéder 10 % de hausse par rapport au millésime 2019.</p>
<p>Le tableau ci-dessous indique les prix prédits par le modèle et les oppose aux prix effectifs des vins sortis avant le 7 juin 2021. Tous les vins, sauf un, ont été mis en vente à des prix supérieurs, ce qui peut s’expliquer par des conditions de mise en vente particulière avec la crise sanitaire.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=343&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/405906/original/file-20210611-27-1bnuvix.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=431&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les différences restent en général raisonnables, mais certaines hausses semblent néanmoins excessives. Cela peut parfois s’expliquer par une volonté de rattrapage, notamment dans le cas de La Mondotte dont le prix avait fortement baissé l’année dernière. Les premiers retours du marché suggèrent cependant que ces augmentations ont réduit la demande, sachant qu’il est encore possible de trouver le 2019 à un prix inférieur à celui de 2020.</p>
<p>Certains, d’ailleurs, qui avaient drastiquement diminué leurs prix l’année dernière n’ont pas beaucoup augmenté cette année. C’est le cas de Malartic-Lagravière qui, après une baisse de plus de 20 % se contente d’une augmentation de 9 % cette année.</p>
<p>Avec l’afflux de grands millésimes à Bordeaux et ailleurs en Europe, il serait judicieux pour les châteaux n’ayant pas encore mis leurs vins en vente de ne pas être trop gourmands et de maintenir des prix attractifs pour assurer le succès de la campagne. Ce serait le meilleur moyen de ramener l’intérêt du marché du vin à Bordeaux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/162628/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Un modèle testé sur plus de quinze ans prédit des hausses de prix ne dépassant pas 10 % alors que la qualité semble au rendez-vous. De plus fortes augmentations apparaîtraient d’ailleurs excessives.Jean-Philippe Weisskopf, Associate Professor of Finance, École hôtelière de Lausanne, Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO)Philippe Masset, Professeur associé, Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1541172021-02-01T19:40:42Z2021-02-01T19:40:42ZMode : du cachemire abordable… oui, mais à quel prix ?<p>Dans son rapport publié en 2019, la <a href="https://www.grandviewresearch.com/industry-analysis/cashmere-clothing-market">société d’études de marché et de conseil Grand View Research</a>, prévoyait que le marché mondial du cachemire pour le secteur de l’habillement, évalué à 2,66 milliards de dollars en 2018, progresserait d’environ 3,96 % par an entre 2019 et 2025.</p>
<p>Cet accroissement de la demande est lié d’une part aux propriétés intrinsèques de la laine de cachemire, produite à l’origine au XV<sup>e</sup> siècle dans la <a href="https://www.universalis.fr/encyclopedie/cachemire-kashmir/">région du sous-continent indien</a>, que se partagent actuellement le Pakistan, l’Inde et la Chine : douceur, finesse, résistance, chaleur ; et d’autre part à l’augmentation de la classe moyenne dans de nombreux pays à la recherche de <a href="https://laluxedesclasses.wordpress.com/2016/12/05/luxe-definition/">« luxe accessible »</a>.</p>
<p>C’est ainsi que des enseignes comme Uniqlo, H&M ou Zara proposent désormais des articles en cachemire, certes de moins belle qualité mais à des prix abordables alors que les maisons italiennes, françaises ou écossaises telles Loro Piana, Bunello Cuccinelli, Éric Bompard ou encore Pringle proposent toujours des produits de luxe avec les plus belles qualités.</p>
<p>Cette démocratisation représente un tournant pour l’industrie du cachemire qui se retrouve désormais confrontée à des enjeux économiques, géopolitiques et écologiques. La crise liée à la Covid-19 a en outre frappé de plein fouet les éleveurs de chèvres et les usines de filage, entre annulation des commandes et interruptions des exportations, si bien que l’on peut désormais s’interroger sur une disparition du cachemire dans les prochaines années.</p>
<h2>La Covid fait chuter les prix</h2>
<p>Aujourd’hui, l’élevage des chèvres de cachemire provient essentiellement de la Chine (Chine du Nord), de la Mongolie, et dans une moindre mesure de l’Iran et de l’Afghanistan ; <a href="https://www.hircus.fr/blog/2015/11/11/origine-du-cachemire/">90 % de la production vient de Chine et de Mongolie</a>.</p>
<p>The Schneider Group, qui détaille les impacts et les interventions étatiques dans son <a href="https://www.gschneider.com/2020/10/05/cashmere-market-report-8/">analyse du marché du cachemire entre avril et septembre 2020</a>, souligne que la Mongolie a été le territoire le plus affecté. Avec la fermeture des frontières entraînant la disparition des clients chinois, les prix des fils de cachemire ont chuté de presque 50 %, dégringolant de 38 dollars le kilo en 2019 à 24-27 dollars le kilo en 2020. Selon leur rapport, le PIB de la Mongolie se serait contracté de 6,1 % suite à la chute des exportations.</p>
<p>Pour le pays, le marché du cachemire reste une activité stratégique (selon le rapport il concernerait 230 000 familles d’éleveurs). Le gouvernement mongol avait promis 38 dollars/kg pour le cachemire brut mais en l’absence de demande sur le marché international, ces prix n’ont pu être atteints. Le gouvernement a donc été contraint d’accorder des subventions aux éleveurs d’environ 7 dollars par chèvre.</p>
<p>Du côté de l’Iran, les négociants chinois, afghans et pakistanais ont voulu profiter de la faiblesse de la monnaie locale et ont recommencé leurs achats à partir de juillet. Néanmoins, afin de freiner l’exportation de cachemire vers la Chine, qui a de son côté accordé des prêts et consenti des baisses de taxes à ses usines de filature à l’arrêt, le gouvernement iranien a instauré des droits de douane bloquant d’importantes quantités achetées qui ne peuvent être livrées pour l’instant.</p>
<h2>Des poils moins longs</h2>
<p>Au-delà de la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, le réchauffement climatique menace également cette industrie.</p>
<p>En effet, plus les températures sont basses, plus les poils de la sous-couche des pelages des chèvres à partir de laquelle ils sont extraits, hautement protecteurs contre le froid, sont longs et soyeux. C’est ce qu’explique le consultant spécialisé Robert R. Franck dans son <a href="https://www.elsevier.com/books/silk-mohair-cashmere-and-other-luxury-fibres/franck/978-1-85573-540-8">ouvrage</a> <em>Silk, Mohair, Cashmere and other luxury fibres</em>.</p>
<p>L’auteur indique en outre qu’un poil de cachemire a un diamètre d’environ 12,5 à 19 <a href="https://www.cnrtl.fr/lexicographie/micron">microns</a> (soit environ 1/5<sup>e</sup> du diamètre d’un cheveu d’homme) et qu’une chèvre peut fournir de 100 à 160g de duvet utilisable par an. Comme il faut de 4 à 6 chèvres pour pouvoir fabriquer un simple pull et environ <a href="https://www.britannica.com/topic/cashmere">30 à 40 chèvres pour un manteau</a>, cette matière première reste rare et les chèvres ne peuvent être élevées que dans des régions inhospitalières de montagne et de toundra.</p>
<p>La hausse des températures pèse donc lourdement sur la qualité et le niveau de production, car les poils deviennent moins longs et il en faut plus pour obtenir la quantité requise.</p>
<h2>Tempêtes de poussière en Chine</h2>
<p>Pour faire face à la hausse de la consommation et au changement climatique, les éleveurs croisent des races (hybridations), ce qui réduit la qualité de la laine mais permet d’en produire de plus grandes quantités. En parallèle, ils sont contraints d’augmenter la taille de leurs cheptels. Or, l’accroissement des troupeaux a un impact irréversible sur les sols.</p>
<p>Pour ne citer que quelques points indiqués par le <a href="https://www.nrdc.org/sites/default/files/CBD_FiberFacts_Cashmere.pdf">National Resources Defense Council</a>, les chèvres à cachemire consomment quotidiennement plus de 10 % de leur poids corporel en fourrage grossier. En mangeant de très près les racines, elles détruisent les plantes. Enfin, elles endommagent la couche arable et les racines des herbes avec leurs sabots. Il en résulte, par exemple, une désertification de la région de Mongolie intérieure, causant des problèmes de plus en plus graves, comme de fréquentes tempêtes de poussière en Chine.</p>
<p>Au-delà de l’impact sur les sols, l’augmentation de la taille des cheptels risque d’avoir de multiples effets négatifs : raréfaction de la nourriture pour le troupeau, absence de soins portés aux chèvres, mode de tonte mécanique privilégié plutôt que collecte des poils au peigne à la main, etc.</p>
<h2>Au consommateur de jouer</h2>
<p>Pour éviter une disparition de la filière, les entreprises utilisant la laine de cachemire loin des régions de production doivent donc apporter leur soutien et innover. Quelques initiatives sont déjà à relever, comme que celles de la start-up américaine <a href="https://naadam.co/pages/aboutus">NAADAM</a>, lancée en 2013 par deux amis d’université après un voyage dans le désert de Gobi. Leur modèle permet de supprimer les intermédiaires afin que les éleveurs puissent vendre directement aux transformateurs aux meilleurs prix.</p>
<p>Par ailleurs, les groupes de luxe acheteurs de fibres de cachemire comme <a href="https://www.lvmh.fr/les-maisons/mode-maroquinerie/loro-piana/">Loro Piana</a> se mobilisent également. Kering, de son côté, s’est ainsi associé dès 2014 à la Wildlife Conservation Society pour lancer son <a href="https://www.kering.com/fr/actualites/projet-cachemire-un-modele-durable-fonde-sur-la-qualite">South Gobi Project</a>. Objectif affiché : « Aider les éleveurs à réduire l’impact de la production de cachemire par l’adoption de nouveaux modèles plus responsables pour améliorer la qualité des fibres, la gestion des pâturages et la préservation de la biodiversité ».</p>
<p>Cependant, si ces actions restent isolées, elles ne suffiront pas. Des mesures plus importantes doivent être prises en amont ou en aval, à l’image de la décision de Stella McCartney de <a href="https://www.stellamccartney.com/experience/fr/sustainability/themes/materials-and-innovation/cashmere/">ne plus utiliser de cachemire vierge, mais du cachemire régénéré</a>.</p>
<p>La filière du cachemire apparaît aujourd’hui comme véritablement en danger, et sa démocratisation y aura fortement contribué. Les communautés mongoles restent notamment particulièrement vulnérables, et il est temps que le consommateur en prenne conscience s’il veut éviter un désastre humain, économique et écologique.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/154117/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Isabelle Chaboud ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La démocratisation de cette fibre rare a notamment eu pour conséquences une dégradation de la qualité, une fragilisation économique des éleveurs et des impacts irréversibles sur les sols.Isabelle Chaboud, Professeur associé d’analyse financière, d’audit et de risk management - Directrice de Programme pour le MSc in Fashion Design & Luxury Management- Responsable de la spécialisation MBA "Brand & Luxury Management", Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1530052021-01-13T18:14:29Z2021-01-13T18:14:29ZAcheter des vins trop âgés : une question de goût (du risque)<p>Contrairement aux idées reçues, la grande majorité des vins produits ne sont pas destinés à être vieillis : selon Kevin Zraly, l’un des plus célèbres professeurs de vins au monde, 99 % de la production mondiale de vin est destinée à être consommée dans les 5 années qui suivent sa production.</p>
<p>Malgré tout, il est de notoriété commune que la qualité du vin est susceptible de s’améliorer avec l’âge. Les nombreux facteurs susceptibles d’influencer le vieillissement d’un vin concernent autant les caractéristiques intrinsèques du vin (cépage, région d’origine, processus de vinification…) que d’autres caractéristiques extrinsèques (conditions de stockage, type de liège et de bouteille…).</p>
<h2>558 000 dollars pour un Romanée-Conti 1945</h2>
<p>En dépit des nombreuses études menées sur le sujet, la détérioration ou la bonification d’un vin avec l’âge reste un sujet mal compris et les réactions chimiques qui interviennent au fil du temps et modifient l’arôme ou la sensation en bouche d’un vin sont loin d’être toutes identifiées. Pour l’heure, le mystère autour du vieillissement du vin reste donc intact… ce qui n’empêche pas certaines vieilles bouteilles de se vendre à prix d’or.</p>
<p>Certains vins, riches de leur histoire ou de leur réputation, suscitent en effet la fascination des amateurs du monde entier. Pour l’heure, la bouteille de vin la plus chère au monde a été vendue lors d’une vente aux enchères à New York en 2018. Il s’agit d’une bouteille de Romanée-Conti millésime 1945 acquise pour la somme de 558 000 dollars.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1051217714327343104"}"></div></p>
<p>Bien qu’il s’agisse là d’un prix extraordinaire, de nombreuses bouteilles de luxe sont vendues chaque année pour des sommes importantes. Par exemple, en 2020, une bouteille de Musigny 2001 du domaine Leroy ainsi qu’une bouteille de Romanée-Conti 2009 ont été vendues aux <a href="https://www.lepoint.fr/vin/vins-et-spiritueux-les-bouteilles-les-plus-cheres-de-l-annee-22-12-2020-2406794_581.php">prix respectifs de 17 499 et 16 578 euros</a>. Il s’agit des deux ventes aux enchères les plus importantes enregistrées sur la plate-forme iDealwine l’année passée.</p>
<p>Quel est le profil de ces acheteurs qui, sans savoir si la qualité du vin sera bonifiée ou détériorée, sont prêts à ouvrir leur portefeuille ? Pour tenter de répondre à cette question, nous avons mené un <a href="https://www.researchgate.net/publication/337799635_The_Role_of_Individual_Risk_Attitudes_on_Old_Wine_Valuations">travail de recherche</a> à partir d’une série d’études expérimentales (encore en cours pour affiner les résultats) dont il ressort que la disposition à payer dépend de l’aversion au risque financier des sujets.</p>
<h2>Loteries</h2>
<p>« Tous les vins qui vous sont présentés sont âgés et ont vieilli dans des conditions non optimales. Certains de ces vins peuvent donc être encore bons et même meilleurs qu’ils l’étaient au départ, et d’autres peuvent avoir tourné au vinaigre ». C’est ainsi que nous introduisons ces expériences, réalisées dans le Wine & Spirits Business Lab de Burgundy School of Business, le laboratoire de recherche comportementale dédié au monde des vins et spiritueux.</p>
<p>Devant les sujets se trouvent entre 20 et 30 bouteilles de vins très variés, rouges et blancs, français et étrangers, qui présentent un seul point commun : la date de consommation optimale a été dépassée.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=399&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/377985/original/file-20210111-15-pw9b3u.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=501&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le professeur Nikos Georgantzis prévient avant l’expérience que certaines bouteilles peuvent avoir tourné au vinaigre.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Romain Lafabrègue/AFP</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Avant de passer à l’étude des bouteilles, les sujets participent à un jeu dans lequel ils doivent choisir entre plusieurs loteries. Certaines de ces loteries permettent au sujet d’être certain de gagner 1 euro, tandis que d’autres leur offrent la possibilité de gagner jusqu’à 100 euros avec une probabilité décroissante en fonction de la somme à gagner. Cette tâche a pour objectif de mesurer l’aversion au risque monétaire des sujets.</p>
<p>Ensuite, chaque participant étudie chaque bouteille pendant deux ou trois minutes. Après avoir étudié l’étiquette, la couleur du liquide ou encore l’état du bouchon, il note le prix qu’il serait prêt à payer pour son acquisition. Il peut miser jusqu’à 20 euros. Dans la phase suivante, on tire au sort des groupes de 5 participants, puis une bouteille pour chaque groupe. Celui des 5 participants qui a misé le plus pour cette bouteille la remporte.</p>
<h2>Les connaisseurs sont plus méfiants</h2>
<p>À la fin de l’expérience, on s’aperçoit que les sujets qui prennent davantage de risques dans leur choix de loterie sont également ceux qui présentent la disposition à payer la plus forte pour les bouteilles qui leur ont été présentées. Ce résultat suggère donc qu’il existe bien une relation positive entre l’appétit pour le risque financier et la disposition à payer pour les vins âgés.</p>
<p>Par ailleurs, les résultats montrent également que les sujets les plus connaisseurs ayant validé leur diplôme d’œnologie (WSET) présentent en moyenne une disposition à payer plus faible pour ces vins. Ce second résultat suggère que les consommateurs les moins informés tendent certainement à surestimer l’impact positif du vieillissement du vin sur sa qualité.</p>
<p>Ces conclusions apportent un nouvel éclairage sur le comportement des consommateurs de vins, particulièrement sur les vins âgés qui connaissent un succès croissant au fil des années. Cette expérience met en évidence que les consommateurs les mieux informés sont conscients que le vieillissement d’un vin n’est pas forcément un gage de qualité. Par ailleurs, la relation positive entre le goût du risque des acheteurs et leur disposition à payer pour des vins âgés suggère qu’en ce qui concerne la fixation du prix de ces vins, la passion et la pulsion peuvent l’emporter sur la raison.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/153005/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Une expérience montre que les individus les plus joueurs sont aussi les plus enclins à dépenser pour une bouteille dont la date de consommation optimale est dépassée.Jean-Christian Tisserand, Professeur permanent en économie, Burgundy School of Business Nikos Georgantzis, Professor, Director of the Wine and Spirits Business Lab, Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1520942020-12-21T19:52:55Z2020-12-21T19:52:55ZLe prix n’est pas forcément un signal de qualité des produits<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/375080/original/file-20201215-13-8crc2f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=12%2C10%2C1010%2C630&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Avant le scandale de 2015, les moteurs diesel du constructeur Volkswagen émettaient 40&nbsp;fois plus d’oxydes d’azote que le taux autorisé aux États-Unis alors que les véhicules étaient vendus dans les mêmes gammes de prix que ceux de ses concurrents.
</span> <span class="attribution"><span class="source">Jeff Kowalsky / AFP</span></span></figcaption></figure><p>Les prix nous renseignent-ils convenablement sur la qualité des marchandises ou des services achetés ? La question reste en suspens pour une catégorie de biens que les économistes appellent <em>credence goods</em>, que l’on peut traduire par « biens fiduciaires », pour indiquer que la valeur de ces biens est fondée sur la confiance que l’acheteur accorde au vendeur.</p>
<p>La qualité d’un bien fiduciaire comprend une composante qui répond à une préoccupation publique d’ordre environnemental, éthique ou sanitaire. Un affichage écologique ou encore équitable rehausse la valeur du bien fiduciaire en proclamant que sa production et/ou sa distribution se plient à des normes plus ou moins précises.</p>
<p>Il n’est pas facile de vérifier que l’entreprise respecte ces normes : seul un expert peut certifier – souvent avec une marge d’erreur – que l’entreprise est digne de confiance. Par conséquent, l’acheteur n’est jamais certain d’être correctement informé sur la qualité d’un bien fiduciaire même après l’avoir consommé. Des entrepreneurs peuvent alors être tentés d’abuser de sa confiance.</p>
<p>Pour dissiper l’incertitude des acheteurs, producteurs et distributeurs d’un bien fiduciaire doivent trouver un moyen crédible de signaler sa qualité, <a href="https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/jel.39.2.432">comme le prix</a>.</p>
<p>Il arrive ainsi qu’une entreprise vende un produit à un prix singulier – fort ou faible – pour signaler qu’il est de bonne qualité, comme nous l’avions montré dans un <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s10640-007-9084-9">article</a> de recherche publié en 2007. Il arrive cependant que le prix d’un bien fiduciaire ne parvienne pas à envoyer un signal crédible, ainsi que l’illustrent les trois exemples suivants dans le vin, l’automobile ou la santé.</p>
<h2>En 1907, les viticulteurs victimes des fraudeurs</h2>
<p>Avant que la loi du 29 juin 1907 protège le vin naturel contre le vin frelaté, le marché du vin en France était perturbé par l’approvisionnement en piquette. Suivant cette loi, le vin doit provenir exclusivement de la fermentation alcoolique du jus de raisin frais. En l’absence de définition officielle, le vin était un bien fiduciaire.</p>
<p>Pour fabriquer la piquette, on pressait le marc de raisin, on le diluait avec de l’eau, ou bien on améliorait la couleur et le goût d’un mauvais jus de raisin avec des adjuvants chimiques. Les négociants et les vignerons qui pratiquaient cette concurrence déloyale représentaient <a href="https://www.lhistoire.fr/1907-le-mill%C3%A9sime-de-la-col%C3%A8re">environ 5 % du marché</a>.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/375075/original/file-20201215-19-1816orz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/375075/original/file-20201215-19-1816orz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/375075/original/file-20201215-19-1816orz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/375075/original/file-20201215-19-1816orz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/375075/original/file-20201215-19-1816orz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/375075/original/file-20201215-19-1816orz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/375075/original/file-20201215-19-1816orz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/375075/original/file-20201215-19-1816orz.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=563&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Manifestation des vignerons en 1907.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volte_des_vignerons_de_1907#/media/Fichier:Ferroul_et_Albert_en_meeting.jpg">Wikimedia</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Lorsque le prix du vin s’effondra en France après 1900, les vignerons du Midi en attribuèrent la cause au vin frelaté. Les petits vignerons du Languedoc et des Pyrénées-Orientales se retrouvèrent ruinés par la <a href="https://www.persee.fr/doc/litts_0563-9751_1984_num_11_1_1312_t1_0136_0000_2">mévente des vendanges de 1906</a>. La crise du vin provoqua un mouvement spontané de révolte en 1907 qui fut réprimé dans le sang par le gouvernement.</p>
<p>Dans ce cas, le marché affichait le même prix, quelle que soit la qualité, de sorte qu’il était impossible de distinguer le vin naturel de la piquette. Dans ces conditions, il n’était pas absurde de penser que le mauvais vin entraînait le bon dans sa chute.</p>
<p>Par la suite, la loi du 29 juin et les décrets associés permirent d’organiser la prévention et le <a href="https://www.jstor.org/stable/650250?seq=1">contrôle de la fraude</a>. Ils donnèrent l’autorité et les moyens de veiller au respect des normes à une entité représentant l’intérêt des vignerons, la Confédération générale des vignerons.</p>
<h2>L’opportunisme de Volkswagen</h2>
<p>Plus récemment, des comportements opportunistes sont apparus sur le marché européen des véhicules diesel. À grand renfort d’annonces commerciales mensongères, des constructeurs automobiles prétendaient que leurs moteurs diesel, estampillés « Clean Diesel », <a href="https://www.ftc.gov/news-events/press-releases/2016/06/volkswagen-spend-147-billion-settle-allegations-cheating">respectaient l’environnement</a>.</p>
<p>En 2015, l’Environmental Protection Agency aux États-Unis a <a href="https://19january2017snapshot.epa.gov/newsreleases/epa-california-notify-volkswagen-clean-air-act-violations-carmaker-allegedly-used">accusé</a> le groupe Volkswagen d’enfreindre la loi sur la qualité de l’air inscrite dans le Clean Air Act, en se fondant sur un rapport de l’International Council on Clean Transportation. Cette organisation mettait en évidence des <a href="https://theicct.org/news/epas-notice-violation-clean-air-act-volkswagen-press-statement">écarts dans les émissions d’oxydes d’azote</a> (NO<sub>x</sub>) entre les modèles de véhicules américains et européens.</p>
<hr>
<p>
<em>
<strong>
À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/la-concurrence-irreguliere-de-volkswagen-51709">La concurrence irrégulière de Volkswagen</a>
</strong>
</em>
</p>
<hr>
<p>Il fut ainsi prouvé que Volkswagen avait équipé ses automobiles diesel avec des logiciels programmés pour frauder les contrôles de pollution. Après avoir passé avec succès les tests en laboratoire, les véhicules émettaient sur la route jusqu’à 40 fois plus de NO<sub>x</sub> que le taux autorisé par la norme américaine. <a href="https://www.theguardian.com/business/2017/mar/10/volkswagen-vw-pleads-guilty-criminal-charges-emissions-cheating">Volkswagen a plaidé coupable</a> en 2017.</p>
<p>D’autres contrôles indépendants effectués par le club automobile allemand ADAC ont montré qu’en conditions de conduite réelle, des moteurs diesel concurrents de Volkswagen dépassaient de plus de <a href="https://www.independent.co.uk/news/business/news/volkswagen-emissions-scandal-more-carmakers-implicated-tests-reveal-pollution-levels-popular-diesels-a6674386.html">10 fois le seuil légal</a> d’émissions de NO<sub>x</sub> en Europe.</p>
<p>Entre véhicules de mêmes caractéristiques techniques, s’il en est un qui se distingue du lot par la propriété d’être moins polluant, son prix doit le signaler par une singularité. Selon les perspectives de ventes, cette singularité prend la forme d’un rabais ou d’une hausse que ne pourrait afficher un constructeur malhonnête. Le signal crédibilise ainsi la publicité faite au modèle.</p>
<h2>Les laboratoires coupables de communication malhonnête</h2>
<p>Le troisième exemple de comportement opportuniste est donné par trois compagnies pharmaceutiques, Genentech, Novartis et Roche (GNR). Le trio commercialise deux médicaments contre la cécité, le Lucentis et l’Avastin, <a href="https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/communiques-de-presse/traitement-de-la-dmla-lautorite-sanctionne-3-laboratoires-pour-des-pratiques">qui ne ciblent pas les mêmes symptômes</a>. Le Lucentis soigne la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) tandis que l’Avastin traite un cancer dû à un œdème maculaire diabétique.</p>
<p>Contrairement au Lucentis, l’Avastin ne bénéficie pas d’une autorisation de mise en marché pour des soins ophtalmologiques. Il est quand même prescrit pour ralentir les effets de la DMLA par un grand nombre de médecins convaincus que le <a href="https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/communiques-de-presse/traitement-de-la-dmla-lautorite-sanctionne-3-laboratoires-pour-des-pratiques">traitement est aussi efficace</a> que le Lucentis. Le National Health Security du Royaume-Uni est parvenu <a href="https://www.theguardian.com/society/2018/sep/21/nhs-beats-drug-companies-in-100m-avastin-battle-wet-macular-degeneration">à la même conclusion</a> en 2018.</p>
<p>Par ailleurs, l’Avastin a un avantage économique déterminant sur le Lucentis : il est vendu <a href="https://www.washingtonpost.com/business/economy/an-effective-eye-drug-is-available-for-50-but-many-doctors-choose-a-2000-alternative/2013/12/07/1a96628e-55e7-11e3-8304-caf30787c0a9_story.html?hpid=z1">30 à 40 fois moins cher</a> à travers le monde. Par un tel écart de prix, GNR envoie des signaux plutôt troublants.</p>
<p>En 2013, le Groupe d’étude français Avastin versus Lucentis a lui aussi mis en évidence <a href="https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/communiques-de-presse/traitement-de-la-dmla-lautorite-sanctionne-3-laboratoires-pour-des-pratiques">l’équivalence</a> d’Avastin et de Lucentis en termes d’efficacité, sans qu’aucune différence en termes de sécurité n’ait pu être identifiée.</p>
<p>En réaction, GNR a mené une campagne de communication basée sur une présentation sélective et biaisée de résultats scientifiques dans le but de tromper les ophtalmologistes sur les risques liés à l’utilisation de l’Avastin. Finalement, en septembre 2020, l’Autorité de la concurrence a sanctionné Genentech, Novartis et Roche pour avoir abusé de leur position dominante collective sur le marché français du traitement de la DMLA. Parmi les griefs, c’est surtout la <a href="https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/communiques-de-presse/traitement-de-la-dmla-lautorite-sanctionne-3-laboratoires-pour-des-pratiques">malhonnêteté des méthodes de communication</a> qui est reprochée au trio.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1303632554596106240"}"></div></p>
<p>Dans ces trois exemples, les prix n’ont pas révélé d’information sur la qualité réelle de biens fiduciaires. Ils ont soutenu des comportements opportunistes au lieu de les dissuader. Certes, les prix ont envoyé des signaux, mais ces signaux n’étaient pas crédibles puisqu’ils n’ont pas permis de distinguer la bonne qualité.</p>
<h2>Envoyer des signaux crédibles</h2>
<p>Comme nous le montrions dans un article de recherche publié en 2017, il est donc nécessaire que les signaux transmis par les prix soient <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/jems.12195">crédibles</a> pour garantir la fiabilité de la certification.</p>
<p>On peut facilement expliquer pourquoi les prix n’envoyèrent pas de signaux crédibles dans le cas des vignerons français. Ceux-ci étaient de taille trop modeste pour décider de prix qui leur étaient imposés par la pression concurrentielle.</p>
<p>En revanche, les constructeurs automobiles ou les compagnies pharmaceutiques jouissent d’un pouvoir de marché suffisant pour choisir leurs prix de manière stratégique. Ils fixent alors le prix d’un produit à un niveau d’autant plus élevé qu’ils s’attendent à ce que des concurrents, s’il en existe, agissent de la même façon. Lorsque les produits sont fiduciaires, les industriels peuvent aussi se servir des prix pour en signaler la qualité. Comme on l’a vu, ils préfèrent parfois mystifier les acheteurs.</p>
<p>L’existence de telles stratégies donne matière à réflexion au moment où les laboratoires pharmaceutiques affichent l’efficacité de divers vaccins contre le Covid-19 pour segmenter le marché et préparer la concurrence en prix. On peut en conséquence s’interroger : les prix proposés aux États acheteurs signalent-ils réellement l’efficacité des vaccins ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/152094/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Philippe Mahenc a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche pour le projet "GREENGO -- New Tools for Environmental Governance: the role of NGOs -- ANR-15-CE05-0008" au titre de chercheur rattaché au CEE-M (Center for Environmental Economics – Montpellier) de l'Université de Montpellier. </span></em></p>Trois exemples l’illustrent : la fraude au vin en France avant 1907, le scandale des moteurs diesel en 2015 et la communication trompeuse sur les médicaments Avastin et Lucentis.Philippe Mahenc, Professeur en sciences économiques (économie de l'environnement/organisation industrielle/économie agricole), Université de MontpellierLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1403882020-06-15T20:28:12Z2020-06-15T20:28:12ZVTC : comment mieux harmoniser la qualité de service ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/340598/original/file-20200609-21214-19n5akd.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=17%2C26%2C5973%2C3341&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les chauffeurs n’ont pas le statut de salarié et travaillent parfois pour plusieurs entreprises de VTC en parallèle.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/kARZuSYMfrA">Dan Gold / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Il y a dix ans à San Francisco, UberCab (soit SuperTaxi), devenu Uber, lançait la première application de mise en relation d’utilisateurs avec des conducteurs réalisant des services de transport. Depuis, les services concurrents de voiture de transport avec chauffeur (VTC) prolifèrent à travers le monde.</p>
<p>Que ce soient Lyft aux États-Unis et en Europe, Didi Chunxing en Chine, Bolt, Kapten, Caocao, Marcel ou le luxueux Wheely qui ne propose que des Mercedes-Benz en France, TemTem en Algérie, OTO en Tunisie, Careem au Maroc ainsi que Snapp en Iran, ces services de transport de porte à porte ont transformé l’expérience et les comportements des consommateurs dans leurs déplacements quotidiens.</p>
<p>Afin de comprendre l’engouement pour ce type de service en France notamment en comparaison d’autres services de transports relativement semblables (taxis ou voiture personnelle) ou plus éloignés (transports publics), nous avons entrepris un travail de recherche qui vise à identifier les raisons de la satisfaction ou de l’insatisfaction des consommateurs à l’égard des services de VTC.</p>
<p>Si les répondants évoquent des avantages comme le confort, le coût modéré par rapport au plaisir d’être servi, ou encore le gain de temps permis par la simplification de la commande et du paiement, nous souhaitons nous attarder sur deux facteurs qui affectent particulièrement le niveau de satisfaction : d’une part la performance de l’interface permettant de commander une course, et d’autre part la qualité de service, de l’aspect des équipements à la manière d’être du conducteur qui, rappelons-le, n’est en aucun cas salarié de l’entreprise de VTC. Ainsi, la qualité globale du service dépend, pour chaque course, de deux « fournisseurs ».</p>
<p>Dès lors, la question de l’harmonisation de la qualité de service de bout en bout se pose.</p>
<h2>Le design de l’interface au cœur du service</h2>
<p>La véritable innovation proposée par les services de VTC repose avant tout dans la capacité à fournir une plate-forme ergonomique de mise en contact immédiate et géolocalisée de l’offre et la demande de mobilité.</p>
<p>Les réponses des personnes interrogées reflètent ainsi l’importance du rôle de l’interface de l’application dans l’expérience des utilisateurs et la valeur perçue du service. Certains répondants décrivent les sites Web ou applications des VTC comme « ergonomiques » (répondant 7), « riches en informations » (répondant 1), « assez faciles à utiliser » (répondant 3).</p>
<p>En outre, la satisfaction à l’égard du service augmente de 19 % lorsque l’accessibilité de celui-ci progresse et elle atteint 52 % lorsque la perception de la qualité de l’application présente une amélioration.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=415&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=522&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=522&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340600/original/file-20200609-21238-12tddkx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=522&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Trois exemples d’interfaces d’application VTC (de gauche à droite : Uber, Heetch, Caocao) lors de la commande d’une course allant de la place de la Bastille à la place de la République à Paris.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capture d’écran des applications</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Parmi les aspects fréquemment mentionnés par les répondants, on trouve : une « conception simple » qui permet aux clients de naviguer sur le site Web ou sur l’application et de connaître sa localisation ; qui présente « suffisamment d’informations » sur les services offerts par l’entreprise (répondant 23) ; ou encore une application « facile à charger » qui s’affiche dans les zones où la 4G n’est pas accessible.</p>
<p>Au contraire, si l’application est conçue comme un labyrinthe et que ses options pour choisir ou modifier la destination ne sont pas faciles à identifier, les consommateurs peuvent se sentir frustrés et subir une sorte de fardeau psychologique supplémentaire lors de l’utilisation de l’application.</p>
<p>Lorsqu’on leur a demandé quelle était leur source de satisfaction et d’insatisfaction avant la course, les répondants ont répondu : « L’application est très claire et bien structurée. On ne s’y perd pas… » (répondant 24) ; ou encore, a contrario, « parfois, nous ne pouvons pas réserver le voyage à l’avance, car le service est temporairement indisponible » (répondant 19).</p>
<p>Les résultats montrent en outre qu’une augmentation de la satisfaction, notamment liée au gain de temps permis par la facilité d’utilisation de l’interface, accélère la fidélité de 71 % et augmente le bouche-à-oreille, notamment électronique (<em>electronic word of mouth</em> ou eWOM) jusqu’à 68 %.</p>
<p>Ainsi, dans un environnement de plus en plus <a href="https://www.journaldunet.com/economie/transport/1423222-vtc-qui-a-la-plus-grosse-audience-en-france/">concurrentiel</a>, les entreprises de VTC ont tout intérêt à perfectionner le design de leur interface et à en simplifier l’utilisation au maximum.</p>
<h2>Quelle marge de manœuvre réelle sur la qualité ?</h2>
<p>Mais le service VTC ne s’arrête pas là. L’expérience des consommateurs au cours de la course impacte directement leur satisfaction à l’égard des services de VTC. La qualité des équipements tels que des voitures bien entretenues ainsi que la compétence des chauffeurs en matière de conduite, mais aussi de relationnel client (serviabilité, politesse, empathie, attention personnalisée) jouent un grand rôle.</p>
<p>Les clients ont tendance à juger l’entreprise de VTC globalement fiable s’ils vivent une bonne expérience avec le chauffeur lors de leur course. L’accessibilité du chauffeur fait partie des facteurs qui peuvent consolider ou au contraire rompre la relation du consommateur avec l’entreprise de VTC.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/340602/original/file-20200609-21178-gtyk6l.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le chauffeur est aussi considéré comme un fournisseur de service devant adopter un bon relationnel pour satisfaire ses clients..</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/transport-business-trip-destination-people-concept-595935458">F8 studio/Shutterstock</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Cela se traduit notamment par la formulation de bons ou mauvais commentaires pour l’entreprise ou par une notation plus ou moins sévère du conducteur. En effet, les plates-formes de VTC sont construites sur un système d’<a href="https://www.capital.fr/entreprises-marches/surveillez-votre-note-uber-peut-desormais-vous-bloquer-1360584">évaluation croisée</a> : le client évalue le service reçu et le prestataire évalue le client.</p>
<p>À noter que les clients attendent beaucoup d’une course réalisée dans un contexte sensible à savoir lorsque le temps est contraint : trajet pour se rendre à l’aéroport, un concert, une réunion, une salle de classe ou un rendez-vous avec un médecin. Ainsi, la ponctualité, la paix et le confort que les consommateurs ressentent lors d’un voyage constituent une priorité.</p>
<h2>Une harmonisation possible ?</h2>
<p>Les services de VTC fonctionnent sur la base de modèles économiques de <a href="https://www.huffingtonpost.fr/joffrey-ouafqa/economie-collaborative-et-service-a-la-personne_b_8049506.html">pair à pair</a>. Les plates-formes jouent donc uniquement un rôle d’intermédiaire. En effet, malgré des procédures en cours de requalification des travailleurs indépendants en salariés, les chauffeurs ne sont ni employés ni véritablement formés par les entreprises qui gèrent les plates-formes.</p>
<p>Il est même très fréquent que les chauffeurs travaillent en parallèle pour plusieurs plates-formes sans pour autant modifier leur comportement vis-à-vis d’un client, quelle que soit sa provenance.</p>
<p>De plus, les conducteurs utilisent leurs propres voitures privées pour fournir la prestation de service (ou en <a href="https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/ile-de-france-600-chauffeurs-vtc-obliges-de-rendre-les-cles-de-leur-voiture-25-03-2019-8039505.php">louent une</a> auprès d’une entreprise spécialisée par le biais de l’entreprise de VTC).</p>
<p>La qualité et l’entretien des voitures ne sont donc pas strictement contrôlés par l’entreprise de VTC comme peuvent l’être les voitures constituant une flotte de location par exemple. Pourtant, les consommateurs attribuent l’état des voitures et le comportement des chauffeurs à la plate-forme VTC.</p>
<p>Les gestionnaires de service ont toujours la possibilité d’imposer des réglementations aux chauffeurs pour l’entretien de leurs voitures et l’utilisation de climatiseurs pour les zones et la période de l’année où le climat le demande par exemple.</p>
<p>Il reste également possible de prêter une attention stricte au recrutement des chauffeurs de services de VTC ou d’organiser des cours pour les conducteurs et leur enseigner l'éthique, les codes vestimentaires et les codes pour l’entretien des véhicules.</p>
<p>Mais, rien ne garantit un niveau élevé ni une harmonisation de la qualité de service dans les faits.</p>
<p>Ainsi, le modèle d’affaires de pair à pair, devenu une référence en matière d’optimisation des coûts possèdent quelques limites quand il s’agit de délivrer une expérience de qualité. Effectivement, celle-ci ne s’arrête pas au moment de la commande de la course.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1071900613280231424"}"></div></p>
<p>Si en dépit du système de notation des chauffeurs, il reste compliqué pour les entreprises de VTC de garantir un niveau de service optimal lors des courses, il leur est cependant possible d’agir sur le rapport qualité/prix en diminuant le coût du trajet.</p>
<p>Ce coût est principalement déterminé automatiquement en fonction de l’itinéraire et des conditions de demande des services de VTC. Ainsi les gestionnaires de plate-forme gagneraient à accorder une attention toute particulière aux algorithmes de calcul des coûts de voyage ou aux programmes récompensant la fidélité des clients pour améliorer leur image.</p>
<p>Cela permettrait notamment de gagner la confiance des consommateurs. Ces derniers ont souvent l’impression d’être « arnaqués » par un système qui <a href="https://www.numerama.com/vroom/478932-uber-comment-est-calcule-le-prix-dune-course.html">tire parti</a> de l’évolution de la demande ou des conditions de circulation et qui ne tient compte des « erreurs » de calcul de prix qu’a posteriori après une demande auprès du service clients.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/140388/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Ce service de transport est fourni par la plate-forme (commande) et par le chauffeur (livraison). Il reste donc difficile de garantir une expérience optimale de bout en bout et lors de chaque course.Jean-Eric Pelet, Enseignant chercheur en marketing et systèmes di'information, ESCE International Business SchoolSomayeh Zamani, Associate professor, faculty member at the Isfahan Hasht Behesht Higher Education Institute, University of IsfahanLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1384632020-05-14T18:41:43Z2020-05-14T18:41:43ZAgents d’entretien : la crise sanitaire révèle l'absurdité des stratégies d'externalisation<p>La crise sanitaire a placé les agents d’entretien parmi les fonctions essentielles dans les hôpitaux, les supermarchés et l’ensemble des lieux publics ou commerciaux nécessaires à la continuité de la vie sociale. La reprise du travail, après le déconfinement, fait mieux apparaître encore la dépendance de toutes les professions vis-à-vis de ces salariés. Elle les expose, dans le même temps, à de nouveaux risques non seulement sanitaires mais également en termes d’intensification du travail.</p>
<p>Les besoins induits par les nouvelles <a href="https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/covid19_obligations_employeurs.pdf">exigences</a> de désinfection et de nettoyage requises en temps de pandémie révèlent les ambiguïtés des logiques socio-économiques antérieures. C’est notamment le cas de la croissance de l’externalisation qui impacte profondément les conditions d’emploi des agents d’entretien et la qualité du service qu’ils peuvent atteindre sans forcément apporter les gains monétaires espérés.</p>
<h2>Invisibilisés à force d’être extériorisés</h2>
<p>Les salariés du nettoyage pris de manière large représentent plus de <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/dares_analyses-metiers_du_nettoyage.pdf">2 millions de salariés</a> (8 % de l’emploi et près de 15 % des femmes en emploi). Et si une partie d’entre eux travaillent auprès des particuliers, 800 000 personnes environ travaillent dans la fonction publique pour nettoyer les écoles, les hôpitaux ou les autres bâtiments publics et 450 000 sont salariés d’entreprises privées, dont près de la moitié relève de la branche de la propreté.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=562&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=562&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=562&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/334407/original/file-20200512-82375-1vijjfg.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=706&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Ces emplois occupent une place disproportionnée parmi les travailleurs pauvres : selon l’<a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/enquetes/article/conditions-de-travail-edition-2013">enquête</a> conditions de travail 2013 réalisée par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), un travailleur pauvre sur six est agent d’entretien (un sur quatre si on inclut ceux qui interviennent dans les domiciles privés).</p>
<p>Leurs conditions de travail sont aujourd’hui bien documentées dans la <a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-socio-economie-2019-2-page-5.htm">littérature économique</a>, en <a href="https://www.researchgate.net/publication/7698345_World_at_work_Cleaners">santé du travail</a> et <a href="https://journals.openedition.org/nrt/2888">sociologique</a> et largement soulignées par la presse notamment depuis l’<a href="https://blogs.mediapart.fr/edition/bookclub/article/020310/florence-aubenas-le-quai-de-ouistreham">enquête</a> de la journaliste Florence Aubenas et plus encore depuis quelques semaines (par exemple le journal télévisé de 12h de France 3 le 7 avril ou l’<a href="https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-01-mai-2020">émission <em>Grand bien vous fasse</em></a> de France Inter du 1 mai).</p>
<p>Pourtant, dans les entreprises et les administrations, leur invisibilité risque de perdurer car elle est le produit d’une double extériorisation : horaire (ils et elles travaillent le plus souvent en dehors des heures de présence des autres usagers des bâtiments) et juridique (ils et elles ne sont plus inclus dans la communauté de travail du donneur d’ordre sans pour autant être réellement intégrés dans celle de leur employeur formel).</p>
<h2>Une dégradation des conditions d’emploi</h2>
<p>Les salariés qui ont en charge le nettoyage occupent plusieurs professions qui se distinguent selon les bâtiments nettoyés (établissements scolaires, hôpitaux, bureaux, hôtels, etc.) mais aussi le type d’employeurs (État, collectivités territoriales pour la fonction publique, entreprises privées du secteur de la propreté mais aussi de tous les autres secteurs lorsque le service n’est pas externalisé).</p>
<p>Selon <a href="https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/operation/s1449/presentation">l’enquête emploi en continu 2018</a> de l’Insee, les salaires annuels des agents publics en charge de l’entretien et des nettoyeurs internalisés dans les entreprises sont ainsi sensiblement meilleurs que ceux des salariés externalisés (respectivement 1308 euros, 998 euros et 857 euros nets) en raison de taux horaires parfois légèrement plus élevés mais surtout d’une bien plus faible prévalence du temps partiel (durée moyenne respectivement de 32h30, 26h15 et 25h10).</p>
<p>Mais c’est également la nature même du travail qui est moins marquée par une spécialisation sur les seules fonctions d’entretien et permet à ces salariés d’afficher des niveaux de satisfaction au travail bien meilleurs : 25 % des agents de services du secteur public seraient heureux que leur enfant s’engage dans la même voie contre 18 % des nettoyeurs « en interne » et 6 % des nettoyeurs externalisés, selon <a href="https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/enquetes/article/risques-psycho-sociaux-rps-edition-2015-2016">l’enquête risques psychosociaux 2015-2016</a> de la Dares.</p>
<h2>Un quasi rôle d’agence d’intérim</h2>
<p>La logique même de l’externalisation et l’intensité de la concurrence au sein du secteur de la propreté concourent à la dégradation des conditions de travail comme unique voie d’abaissement des prix d’une prestation pour laquelle le coût du travail représente environ <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/3601076?sommaire=3554439">70 % du coût total</a>, et où le salaire horaire est peu éloigné du salaire minimum de croissance (smic).</p>
<p>Or, cette transformation d’une relation d’emploi en achat d’une prestation est difficilement porteuse d’économie pour les entreprises ou les administrations qui en ont fait le choix car la comparaison coûts/bénéfices de cette décision est souvent mal posée. Elle se limite à l’analyse des différentiels de coût du travail : l’externalisation permet de réserver à un plus petit nombre de salariés l’ensemble des avantages acquis dans l’entreprise (primes, mutuelle, participation, etc.).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1254495778690785281"}"></div></p>
<p>Mais ce différentiel est compensé par les autres éléments qui entrent dans la détermination du prix de la prestation : les salaires des commerciaux qui prospectent et finalisent les contrats, les diverses fonctions supports de l’organisation de l’activité et, bien sûr, les marges.</p>
<p>Or, le fonctionnement même de ces marchés très concurrentiels pousse aussi bien les prestataires que les donneurs d’ordres à dénaturer l’activité professionnelle des agents d’entretien. En effet, la recherche d’économies va passer par le renouvellement fréquent des prestataires et dissoudre encore un peu plus le lien salarial en le transformant en une forme de prêt de main-d’œuvre.</p>
<p>Ce rôle de « quasi-agence d’intérim » est d’ailleurs assumé par la branche de la propreté via l’<a href="https://journals.openedition.org/sdt/1748">article 7 de sa convention collective</a> qui rappelle la supériorité de la dépendance au site sur le rapport salarial lui-même.</p>
<h2>Les pouvoirs publics entretiennent la tendance</h2>
<p>Le mouvement d’externalisation commence dès les années 1970 mais s’accélère dans les années 1980 et touche plus encore la fonction publique une décennie plus tard. Selon l’enquête emploi, alors que 7 % des agents d’entretien étaient externalisés au début des années 80, plus de 26 % le sont aujourd’hui (hors fonction publique ces taux passent de 16 % à 42 %).</p>
<p>Cette tendance est aujourd’hui renforcée par des décisions des collectivités territoriales qui peuvent dans le même mouvement déplorer la hausse du nombre de travailleurs pauvres et son cortège de conséquences y compris financières en matière de prestations sociales à financer par les départements, et externaliser par exemple l’entretien des établissements scolaires (collèges et écoles).</p>
<p>Cette tendance est tirée par la croyance dans la possibilité de réduire les déficits publics par des économies majeures, en partie diffusées par des <a href="https://www.webhelp.com/app/uploads/2019/03/Rapport-Webhelp-VDef.pdf">lobbyistes</a> qui promettent, par des calculs de coins de tables, jusqu’à des économies de 25 à 50 % des coûts liés à l’entretien des bâtiments.</p>
<p>Dans les exemples d’externalisation que nous avons pu étudier, les réductions de temps de travail jouent un rôle majeur. Ainsi, un département confiant l’entretien de ses collèges à une entreprise privée provoque la transformation de contrat de 1 590 heures en contrats de 950 heures annuelles. Un établissement d’enseignement consommait 21h de nettoyage chaque jour en 2006, il n’en paie plus que 14h30 aujourd’hui…</p>
<p>Si un peu de productivité est gagnable avec une mécanisation accrue et une intensification du travail, l’essentiel des gains est obtenu par une diminution de la qualité du service. Là où l’on passait chaque jour, le nettoyage ne sera plus effectué qu’une à deux fois par semaine par exemple. Ces pertes de qualité pèsent sur les salariés qui ne peuvent plus faire « du bon boulot » et sur le confort des usagers des bâtiments mais elles comportent aussi des enjeux en matière de santé publique.</p>
<p>Les recherches portant sur les <a href="https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/1467-9566.12296">hôpitaux</a> ont ainsi montré un lien entre la survenance de maladies nosocomiales et le recours à l’externalisation du nettoyage. Les effets de la réduction des fréquences de nettoyage induit par l’externalisation pourraient bien se généraliser hors de l’hôpital avec la pandémie.</p>
<h2>La revalorisation passe par la réinternalisation</h2>
<p>La crise plaide ainsi en faveur d’une revalorisation importante du travail des agents d’entretien : ils ne sont pas à la base d’une consommation intermédiaire dont le coût doit être réduit par la mise en concurrence de leurs fournisseurs. Ils sont en charge d’un service au cœur de l’activité des entreprises et des administrations.</p>
<p>Ce service a un prix et cela ne peut être aux salariés de participer à son rabais en subissant salaires indignes et conditions de travail encore dégradées.</p>
<p>Or, si des mesures partielles peuvent améliorer les conditions d’emplois (hausse des minima conventionnels, redéfinition des temps de travail pour en réduire l’éclatement et la sous-évaluation, intégration des salariés dans la communauté de travail du donneur d’ordres, etc.) seule une remise en cause du processus d’externalisation semble à même de renverser la tendance à la délégation du « sale boulot » aux plus précaires.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/138463/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François-Xavier Devetter a reçu des financements de l'Agence Nationale de la Recherche et de la Direction de l'Animation de la Recherche et des Etudes Statistiques du Ministère du Travail. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Julie Valentin a reçu des financements de la Direction de l'Animation de la Recherche et des Etudes Statistiques, Ministère du travail</span></em></p>Confier le nettoyage à des sociétés tiers impacte aussi bien les conditions d’emploi des agents que la qualité du service, sans pour autant assurer les économies attendues.François-Xavier Devetter, Professeur de Sciences économiques, IMT Nord Europe – Institut Mines-TélécomJulie Valentin, Maître de conférences en Sciences Economiques, Université Paris 1 Panthéon-SorbonneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1290342019-12-20T20:10:13Z2019-12-20T20:10:13ZPodcast : Foie gras et chapons, le parcours industriel de tous les risques<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/307466/original/file-20191217-58315-zfflni.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C491%2C3988%2C4017&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">En cas d'épizootie comme la grippe aviaire, les éleveurs peuvent perdre leur production.</span> <span class="attribution"><span class="source">Hagen Simon / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Que seraient les repas de fêtes sans les produits typiques comme le foie gras ou encore les volailles dodues ? Ces produits, aujourd'hui accessibles à tous les prix, ont toutes les chances d'être sur vos tables fin décembre sans que vous ne vous soyez émus du sort des éleveurs, nombreux à produire la même chose pour un petit nombre d'entreprises de transformation et de distribution. Une configuration de marché que les économistes désignent par le terme barbare d'oligopsone et dans laquelle les producteurs ont de sérieuses chances d'y laisser des plumes…</p>
<h2>Pour aller plus loin</h2>
<p><strong>(Re)lisez l'article de François Lévêque « Saumon, foie gras et chapon » publié en décembre 2016</strong></p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"811112687077851136"}"></div></p>
<hr>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/308103/original/file-20191220-11904-rpbaqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/308103/original/file-20191220-11904-rpbaqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/308103/original/file-20191220-11904-rpbaqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/308103/original/file-20191220-11904-rpbaqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/308103/original/file-20191220-11904-rpbaqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/308103/original/file-20191220-11904-rpbaqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/308103/original/file-20191220-11904-rpbaqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/308103/original/file-20191220-11904-rpbaqx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p><em>Sapin de Noël, saumon fumé et volailles : trois produits phares des fêtes de fin d'année sur lesquels les consommateurs devraient une nouvelle fois se ruer pour le réveillon 2019. Mais aussi trois produits particulièrement révélateurs des dynamiques de l'industrie et du commerce mondial de ces dernières décennies, comme vous l'explique François Lévêque, professeur d'économie à Mines ParisTech-PSL, dans cette série exceptionnelle de podcasts signés The Conversation France… Interviews menées par Thibault Lieurade, chef de rubrique Économie + Entreprise.</em></p>
<hr>
<p><em>Un grand merci à toute l'équipe du <a href="https://www.scandleparis.com">Scandle</a>, 68 rue Blanche dans le IX<sup>e</sup> arrondissement de Paris, pour l'accueil dans son studio, et à Julian Octz pour le visuel du podcast.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/129034/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Dans ce secteur, le rapport de force face aux distributeurs reste très défavorable aux éleveurs, déjà exposés aux risques d'épizooties et aux frondes des défenseurs du bien-être animal.François Lévêque, Professeur d’économie, Mines Paris - PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1220752019-08-21T05:41:33Z2019-08-21T05:41:33ZPourquoi les millennials aiment tant le rosé<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/288548/original/file-20190819-123741-1wpu5c7.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=26%2C13%2C967%2C651&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Sans prétention œnologique, le rosé séduit une clientèle plus jeune.</span> <span class="attribution"><span class="source">Herrndorff / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L’été rime de plus en plus avec rosé. Entre 2002 et 2016, la consommation mondiale de ce vin est passée de 18,3 millions d’hectolitres à 24 millions, ce qui représente une hausse de <a href="https://www.franceagrimer.fr/Actualite/Observatoire-economique-mondial-des-vins-roses-2017">près de 30 %</a>. On retrouve cette tendance mondiale à l’échelle de la France, où une bouteille de vin vendue sur trois est une bouteille de rosé, et où <a href="https://www.vinsdeprovence.com/le-rose/le-b-a-ba-du-rose">9 consommateurs de vin sur 10</a> déclarent en boire.</p>
<p>Cette dynamique est notamment entretenue par l’explosion de la demande de millennials, qui représentent une <a href="https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2019/07/02/le-rose-vin-prefere-des-millennials_5484360_4497540.html">clientèle de plus en plus nombreuse</a>. Selon des chiffres cités par le journal Le Monde, ils seraient aujourd’hui près de 16 millions en France, soit la moitié des actifs. Aux États-Unis, les 80 millions de jeunes adultes nés après 1982 ont fait progresser les exportations de rosé français de 30 % en dix ans. Même tendance en Chine, où l’on compte près de 365 millions de millennials et où l’on importe deux fois plus de rosé français qu’il y a une décennie.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/288535/original/file-20190819-123716-168fz2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/288535/original/file-20190819-123716-168fz2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/288535/original/file-20190819-123716-168fz2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=239&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/288535/original/file-20190819-123716-168fz2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=239&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/288535/original/file-20190819-123716-168fz2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=239&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/288535/original/file-20190819-123716-168fz2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=301&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/288535/original/file-20190819-123716-168fz2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=301&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/288535/original/file-20190819-123716-168fz2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=301&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Évolution de la consommation mondiale des vins rosés tranquilles (en millions d’hectolitres).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.franceagrimer.fr/Actualite/Observatoire-economique-mondial-des-vins-roses-2017">Observatoire du Rosé CIVP/FranceAgriMer -- Abso Conseil, 2017</a></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Sans prétention</h2>
<p>Comment expliquer cet engouement ? Pour le comprendre, une double étude a été menée auprès de millennials au Salon International de l’Agriculture en février 2019 (65 millennials) et lors d’entretiens semi-directifs. Réalisés par Jeanne Flechon, chargée de mission en marketing chez Smartbottle, ces travaux ont permis de mettre en lumière des comportements de consommation en partie révélés par les éléments suivants :</p>
<ul>
<li><p>En quête de simplicité d’achat et de dégustation, les millennials se tournent de plus en plus vers le vin rosé. Facile à boire, léger et aromatique, le rosé ne requiert pas de connaissances œnologiques particulières pour être apprécié. Or, la plupart des millennials affirment manquer de connaissances en matière de vin. Souvent jugé comme un produit « élitiste » ou « inaccessible », les jeunes ne sont pas à l’aise lorsqu’il s’agit de choisir ou de déguster du vin. Le rosé semble donc sortir du lot en n’arborant aucune prétention œnologique, ce qui facilite l’achat et la dégustation.</p></li>
<li><p>L’innovation, et la joie de l’instant sont autant de valeurs qui caractérisent la génération des millennials. Par chance, le vin rosé se prête aisément aux innovations en termes de marketing. 64 % des nouveaux consommateurs peuvent se tourner vers un produit plutôt qu’un autre en fonction de son design et 41 % des consommateurs seraient prêts à racheter une bouteille <a href="https://larvi.com/le-design-un-atout-pour-soutenir-la-croissance-du-marche-des-vins-roses/">pour son packaging</a>. Le marketing peut donc jouer un rôle essentiel dans l’aide à l’achat de vin pour les consommateurs.</p></li>
</ul>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1144542823963922433"}"></div></p>
<ul>
<li>En outre, le rosé fait preuve d’une grande buvabilité. Autrement dit, le rosé est facile à boire, car souvent consommé en extérieur et lors de moments entre amis, sans forcément être accompagné d’un repas. Enfin, la notion de simplicité se retrouve dans les endroits où l’on peut consommer du rosé. Ces lieux sont diversifiés et accessibles. Il s’agit des bars, des parcs, de la plage pour des pique-niques, etc. Des évènements festifs français et étrangers tels que les « pinknics » à New York ou le festival « Just’rosé » à Sanary-sur-Mer (Var) dopent également la diffusion du phénomène rosé en proposant des moments conviviaux.</li>
</ul>
<p>Pour toutes ces raisons (non exclusives), le rosé plaît aux millennials qui n’ont aucune peine à se l’approprier. C’est ainsi qu’ils lui ont permis de dépasser son statut de « petit vin » dans l’ombre des blancs et des rouges.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été co-écrit par Jeanne Fléchon, chargée de mission en marketing chez Smartbottle et future diplômée de Kedge Business School Marseille.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/122075/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexandra Couston ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les jeunes générations apprécient la simplicité d’un vin qui apparaît moins « élitiste » ou « inaccessible » que les rouges ou les blancs.Alexandra Couston, Professeur Assistant en Marketing, Kedge Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1186562019-06-20T21:24:03Z2019-06-20T21:24:03ZLa hausse des températures rendra-t-elle le vin meilleur ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/279122/original/file-20190612-32327-9l9x7q.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=760%2C253%2C6346%2C4319&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/GibvqWh_OcE">Amos Bar-Zeev/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span></figcaption></figure><p>Si les dérèglements climatiques apparaissent catastrophiques à de nombreux égards, il est un domaine où ses effets pourraient au contraire se révéler positifs : sous certaines conditions, la viticulture bénéficierait, selon les principales recherches sur les sujets, d’une amélioration de la qualité de ses vins.</p>
<p>Plusieurs éléments sont réputés avoir de l’influence sur la qualité d’un vin – « la météo », « l’année de production » et « l’âge » nous viennent souvent à l’esprit. Mais dans quelle mesure ces paramètres jouent-ils un rôle réellement déterminant ?</p>
<h2>L’équation bordelaise</h2>
<p>Parmi les nombreux chercheurs qui ont étudié la question, les <a href="http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.607.3562&rep=rep1&type=pdf">travaux d’Orley Ashenfelter</a> restent de loin les plus connus. Le chercheur américain a utilisé une base de données contenant les prix de vente de vins de Bordeaux, produits entre 1952 et 1980, pour établir une relation chiffrée entre la météo et l’âge d’un vin avec son prix de vente aux enchères.</p>
<p>Le modèle statistique utilisé, plus connu sous le nom de « l’équation bordelaise » dans le monde académique, montre que le temps est le critère essentiel pour produire un vin de grande qualité. Bien que la pluie soit particulièrement bienvenue avant la saison de croissance (d’octobre à mars), la chaleur et la sécheresse ont une influence positive sur le prix du vin pendant la saison de croissance (d’avril à septembre).</p>
<p>Tandis que la température moyenne au cours de la saison de croissance a varié de 15 °C à 17,7 °C à Bordeaux entre 1952 et 1980, on constate qu’une augmentation de 1 degré de la température moyenne au cours de la saison de croissance entraîne une augmentation des prix des grands crus de Bordeaux de 61,6 %. Il est également intéressant de noter que ce modèle statistique ne tient compte que de la météo et de l’âge du vin, et permet pourtant d’expliquer plus de 80 % de la variation des prix de la base de données !</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"970960865829801984"}"></div></p>
<h2>Une hausse des températures opportune ?</h2>
<p>Une équipe de <a href="https://www.researchgate.net/profile/Gregory_Jones3/publication/226578343_Climate_Change_and_Global_Wine_Quality/links/02e7e51a95fc606ceb000000/Climate-Change-and-Global-Wine-Quality.pdf">chercheurs américains</a> s’est appuyée sur des données de 1950 à 1999 du <a href="https://www.ncdc.noaa.gov/ghcnd-data-access">Global Historical Climatology Network</a> pour étudier l’effet du changement climatique sur la qualité de 30 vins différents. Les résultats montrent en particulier que toutes les régions de l’étude ont connu un réchauffement, et plus particulièrement les régions viticoles américaines et européennes.</p>
<p>Parmi les 30 vins analysés, 25 présentent des tendances significatives d’amélioration de la qualité avec des variations importantes d’un pays ou d’une région à une autre – la qualité des vins est mesurée chaque année par une note attribuée par un ou plusieurs experts pouvant aller de 0 à 20 ou de 0 à 100. En effet, tous les pays ne semblent pas faire jeu égal devant le réchauffement climatique. Si la France et l’Australie semblent avoir été particulièrement avantagées par cette tendance à la croissance des températures, le Chili, l’Afrique du Sud et la Californie ont connu une amélioration de la qualité qui ne semble pas liée au changement climatique mais davantage aux avancées technologiques et à l’évolution des méthodes de production.</p>
<p>Les résultats montrent que certaines régions connaissent actuellement des températures très proches de leur optimum – calculées par les auteurs à l’aide d’un modèle économétrique supposant une relation quadratique entre la température et la qualité des vins – pourraient donc être affectées négativement si les températures continuent d’augmenter. L’évolution des températures produira donc probablement des gagnants et des perdants.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1060413129711120392"}"></div></p>
<h2>De nouveaux risques de maladies</h2>
<p>Les régions à fortes chaleurs telles que le sud de la Californie ou le sud du Portugal, par exemple, pourraient dépasser leur seuil de température optimal et s’orienter vers une diminution de la qualité du vin produit. A contrario, les régions aux températures plus douces telles que la Bourgogne, la Champagne ou l’Alsace semblent toujours disposer d’une marge d’amélioration dans les années à venir.</p>
<p>Aussi, il est important de noter qu’au-delà de la qualité des vins produits, les conditions climatiques jouent également un rôle important dans le développement des maladies de la vigne. L’ensemble des producteurs doit donc être préparé à faire face à une probable évolution des maladies en raison du changement climatique. Certaines d’entre elles pourraient disparaître tandis que d’autres pourraient s’aggraver ou même <a href="https://bit.ly/2x7pCSF">émerger</a> notamment par l’apparition de nouveaux micro-organismes.</p>
<p>Une équipe de chercheurs européens, dont les membres de la School of Wine & Spirits Business de Dijon font partie, s’intéressent actuellement de près à ce sujet et travaillent ensemble sur la création d’un outil automatisé visant à accompagner les producteurs dans la gestion des maladies de la vigne.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/118656/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Christian Tisserand ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Sous certaines conditions, la qualité du vin pourrait bénéficier d’une amélioration de sa qualité à l’aune du changement climatique. Mais les vignes risquent de souffrir de nouvelles maladies.Jean-Christian Tisserand, Professeur permanent en économie, Burgundy School of Business Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1179502019-06-13T23:48:16Z2019-06-13T23:48:16ZLa fonction achats, nouvel acteur incontournable de l’innovation !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/279086/original/file-20190612-32327-lapj53.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=80%2C25%2C862%2C444&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Certains dispositifs embarqués à bord des automobiles sont nés de rapprochement entre la fonction achats et ses fournisseurs. </span> <span class="attribution"><span class="source">Production Perig / Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Depuis le <a href="http://www.lefigaro.fr/societes/2012/01/19/04015-20120119ARTFIG00434-kodak-se-declare-en-faillite.php">dépôt de bilan de Kodak</a> et les déboires de la <a href="https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-nokia-abandonne-ses-mobiles-a-microsoft-54878.html">division terminaux mobiles de Nokia</a>, les entreprises ont bien compris le changement de paradigme : jusque-là condition pour être leader, l’innovation s’est peu à peu transformée en une condition d’existence. Sur le web, tous les sites vantent les résultats de leur entreprise en matière d’innovation ; tous les processus de créativité, particulièrement performants puisqu’issus des sciences de la cognition, sont systématiquement cités, depuis l’<a href="https://changethework.com/open-innovation-definition/">open innovation</a> jusqu’au <a href="https://theconversation.com/reapprendre-a-setonner-et-a-innover-avec-le-design-thinking-83164">design thinking</a>, en passant par le <a href="https://www.slidepro.fr/blog/le-storytelling-cest-quoi-pour-quel-but-et-utilisation/">storytelling</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, la fonction achats n’est que très rarement mise en avant, alors qu’elle est devenue un acteur de premier plan dans ce nécessaire management des processus d’innovation. Il est vrai qu’il y a 30 ans les achats étaient l’enfant bâtard de la finance, avant de s’anoblir à partir du début des années 2000, et d’être aujourd’hui directement rattachés à la direction générale, dans une écrasante majorité des cas. Rien de plus naturel au fond, quand on sait qu’en moyenne les dépenses d’achats représentent <a href="https://www.decision-achats.fr/Thematique/strategie-achats-1236/Dossiers/Panorama-fonction-achats-313312/les-origines-metier-acheteur-313313.htm#ogpO3rK6qKSumPLA.97">60 % du chiffre d’affaires</a> des entreprises en Europe. La performance achats a donc été progressivement réévaluée en prenant en compte cette dimension d’innovation.</p>
<h2>L’étiquette « cost killer » persiste</h2>
<p>Pourtant, les médias ne ratent jamais une occasion de fustiger le <a href="https://www.lextenso.fr/gazette-du-palais/GPL216y4">comportement des centrales d’achat</a> de certains groupes de la grande distribution, entretenant l’image de « cost killer » dans l’esprit du grand public. Si cette dénonciation d’écrasement des « petits fournisseurs » du secteur alimentaire est très souvent justifiée, il n’en est pas moins vrai que lorsque les puissances d’achats de Darty et de la Fnac s’additionnent, tous les clients sont bien satisfaits de payer leur téléviseur moins cher qu’auparavant.</p>
<p>Pour comprendre la persistance de cette image, remontons un peu le temps. Avant les années 1980, la part recherche et innovation de la R&D était assez voisine de la part développement. Lorsque l’industrie européenne a importé du Japon le concept de <a href="https://qualite.ooreka.fr/comprendre/qualite-totale">qualité « totale »</a>, elle a considérablement progressé dans la rigueur de ses modes de fonctionnement ainsi que dans la robustesse de sa production. En parallèle, les achats ont donc développé des méthodes de réduction des coûts plus classiques que stratégiques, ce qu’on a appelé le « cost killing ». Une contrepartie malheureuse de cet apport de la qualité « totale » a été, pour nombre d’entreprises, le recul considérable du poids de l’innovation dans le total R&D. Les conséquences ont été l’appauvrissement de l’innovation, une forte tendance à la standardisation des produits et des services, y compris dans leur design, et quelles que soient les marques.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/278943/original/file-20190611-32366-1m9g9l6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/278943/original/file-20190611-32366-1m9g9l6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/278943/original/file-20190611-32366-1m9g9l6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/278943/original/file-20190611-32366-1m9g9l6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/278943/original/file-20190611-32366-1m9g9l6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/278943/original/file-20190611-32366-1m9g9l6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/278943/original/file-20190611-32366-1m9g9l6.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=502&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans les faits, la fonction achats a bien changé… .</span>
<span class="attribution"><span class="source">Larry1235/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Bien heureusement, le concept d’<a href="https://flexjob.fr/Blog/GUIDES/qu-est-ce-que-l-entreprise-etendue">entreprise étendue</a>, qui s’est développé dans les années 1990, a permis aux achats d’implémenter deux approches issues de la nouvelle génération des opérations de réduction des coûts :</p>
<ul>
<li><p>les synergies d’initiative fournisseurs concernent les fournisseurs considérés comme étant de confiance. Les gains sont partagés à 50/50 entre entreprises clientes et fournisseurs, sur la base d’optimisations proposées par le fournisseur ;</p></li>
<li><p>le passage progressif d’achats de jours x homme, dits achats « en régie », à des achats de prestations, aux résultats contractualisés.</p></li>
</ul>
<h2>Rapprochement avec les start-up</h2>
<p>Le deuxième effet bénéfique du développement de l’entreprise étendue, et de son écosystème associé, a consisté en l’apparition d’un « sous-écosystème » formé par l’ensemble des activités de conception innovante des entreprises. Était ainsi offert aux marchés un potentiel total d’innovations qui reprenait une place importante dans la globalité de l’écosystème.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/277059/original/file-20190529-192416-1a5w08d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/277059/original/file-20190529-192416-1a5w08d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/277059/original/file-20190529-192416-1a5w08d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/277059/original/file-20190529-192416-1a5w08d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/277059/original/file-20190529-192416-1a5w08d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/277059/original/file-20190529-192416-1a5w08d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/277059/original/file-20190529-192416-1a5w08d.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">R. Stasia</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Deux animations parmi les plus fécondes sont ainsi apparues :</p>
<ul>
<li><p>l’open innovation, avec l’ouverture des portes, jusque-là très fermées, aux start-up soigneusement sélectionnées en fonction des intérêts des deux parties. Les start-up ont longtemps été boudées par les achats car la fonction doit, entre autres objectifs, protéger l’entreprise contre le risque fournisseur. Les progrès en la matière restent encore en demi-teinte, si on en croit les propos rapportés chaque année lors de la cérémonie de remise des trophées IE-Club aux meilleurs rapprochements entre start-up et grandes entreprises. En 2015, encore 44 % des start-up considéraient les achats comme une barrière à l’entrée des grands groupes, même si, dès 2016, <a href="https://ie-club.com/wp-content/uploads/2016/09/deroule-observatoire-2016.pdf">100 % du CAC 40 avait des partenariats</a> avec les jeunes entreprises. Dans ce contexte d’open innovation, il semble donc que nous soyons désormais passés à l’heure de l’« open purchasing », grâce à un changement progressif de comportement des directions d’achats.</p></li>
<li><p>la co-innovation, sur laquelle nous reviendrons juste après pour détailler son processus.</p></li>
</ul>
<p>C’est grâce à cette nouvelle façon d’innover dans les relations B2B, que de très nombreuses premières mondiales sont intervenues : le premier <a href="https://www.autoplus.fr/renault/actualite/GPS-integre-1-million-Systeme-de-navigation-Renault-Carminat-TomTom-1442284.html">TomTom intégré</a> à une planche de bord chez Renault il y a quelques années, le nouveau <a href="https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/comment-dyson-veut-revolutionner-le-seche-cheveux-970247.html">sèche-cheveux</a> révolutionnaire de Dyson, leader au Royaume-Uni malgré ses quelque 400 euros l’unité, le système d’aide au stationnement de Valeo sur les véhicules de PSA, etc.</p>
<h2>Un nouveau triangle d’or</h2>
<p>Cette évolution favorable du contexte, conjuguée avec la créativité de certaines directions d’achats, nous a fait passer d’une micro-économie matérialisée par le triangle de la qualité « totale » à une micro-économie que l’on peut matérialiser par un triangle de la « P.A.I. » (performance, achat, innovation) ci-dessous représenté.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/277033/original/file-20190529-192451-z6s1rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/277033/original/file-20190529-192451-z6s1rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/277033/original/file-20190529-192451-z6s1rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/277033/original/file-20190529-192451-z6s1rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/277033/original/file-20190529-192451-z6s1rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/277033/original/file-20190529-192451-z6s1rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/277033/original/file-20190529-192451-z6s1rf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">R.Stasia</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>C’est dans ce nouveau triangle d’or que les directions d’achats les plus imaginatives et performantes ont pu développer ce nouveau processus de co-innovation. Il ne s’agit pas du tout de co-développement, processus très ancien de partage des coûts de développement d’un produit ou d’un service déjà imaginé, entre deux partenaires, afin de générer des synergies entre eux, et de réaliser des économies d’échelle. Ce processus, qui n’a donc rien d’innovant, ne doit pas être confondu avec la co-innovation qui se situe, quant à elle, en amont de l’amont de tout le processus R&D de l’entreprise.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/277037/original/file-20190529-192416-1v1lk6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/277037/original/file-20190529-192416-1v1lk6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/277037/original/file-20190529-192416-1v1lk6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/277037/original/file-20190529-192416-1v1lk6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/277037/original/file-20190529-192416-1v1lk6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/277037/original/file-20190529-192416-1v1lk6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/277037/original/file-20190529-192416-1v1lk6s.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">R.Stasia</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Elle consiste en la rencontre de deux organisations B2B – le client et son fournisseur – qui mettent en commun une partie de leurs ressources pour étudier une idée émanant du fournisseur. Ces idées sont sélectionnées lors de rencontres discrètes, managées par la direction des achats, en collaboration avec la direction de la R&D, grâce à des connexions entre la stratégie technique et la stratégie achats. De la sélection de l’idée à son entrée éventuelle dans le processus d’innovation, il ne s’écoule que quelques mois, à l’issue desquels soit on abandonne – sans aucune facturation croisée de quoi que ce soit, qui est un principe extrêmement important à préserver – soit on contractualise un accord <em>win-win</em>.</p>
<p>Le premier <em>win</em> est celui du fournisseur, qui a ainsi une garantie de business sur le long terme et qui dispose d’une vitrine pour exposer son innovation. Le deuxième <em>win</em> est celui de l’entreprise cliente, qui disposera d’une exclusivité temporaire, mais suffisamment longue pour le bien de son compte de résultat !</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/277066/original/file-20190529-192451-1ixpj3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/277066/original/file-20190529-192451-1ixpj3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/277066/original/file-20190529-192451-1ixpj3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/277066/original/file-20190529-192451-1ixpj3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=338&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/277066/original/file-20190529-192451-1ixpj3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/277066/original/file-20190529-192451-1ixpj3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/277066/original/file-20190529-192451-1ixpj3f.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=424&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">R. Stasia.</span>
</figcaption>
</figure><img src="https://counter.theconversation.com/content/117950/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Roland Stasia est membre du COMEX de l'IE-Club, think tank qui favorise le rapprochement entre startups et grands groupes. Il préside également hèRès conSulting, cabinet de conseil en management de la performance. </span></em></p>Missionnés pendant plusieurs décennies sur des opérations de « cost-killing », les acheteurs sont devenus un vecteur de l’innovation collaborative et ouverte sur leurs fournisseurs de confiance.Roland Stasia, Professeur des universités associé à Paris Dauphine, en mesure et management de la performance, Université Paris Dauphine – PSLLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1150912019-04-23T21:41:11Z2019-04-23T21:41:11ZLa qualité, nouvelle idéologie des « temps modernes » ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/268119/original/file-20190408-2898-1vxrm7j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=89%2C224%2C4872%2C3023&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les démarches qualité, autrefois réservées aux domaines industriel et militaire, sont aujourd'hui courantes dans tous les secteurs d'activité. </span> <span class="attribution"><span class="source">Vso/Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Qui n’aurait pas encore entendu parler de la qualité et de ses démarches, de ses nombreux bienfaits et de son cercle vertueux qui nous emmènerait toujours plus haut ? On assiste en effet depuis quelques décennies au développement des <a href="https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/directions_services/services-a-la-personne/Pour_les_pros/SE_DEVELOPPER/etape_pour_demarche_qualite.pdf">démarches qualité</a> dans tous les domaines d’activité et champs de notre société (industries, agriculture, tourisme, santé, éducation, culture, etc.). Aujourd’hui, tout le monde serait donc concerné de près ou de loin par cette qualité qui nous voudrait du bien. Grâce à elle, les professionnels seraient plus performants, les consommateurs plus satisfaits et les dirigeants plus compétitifs.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/He_l6lcpQYM?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Exemple de présentation de ce qu’est une démarche qualité.</span></figcaption>
</figure>
<h2>Nouvelle idéologie ?</h2>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268106/original/file-20190408-2909-r3i85i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268106/original/file-20190408-2909-r3i85i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1064&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268106/original/file-20190408-2909-r3i85i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1064&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268106/original/file-20190408-2909-r3i85i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1064&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268106/original/file-20190408-2909-r3i85i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1337&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268106/original/file-20190408-2909-r3i85i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1337&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268106/original/file-20190408-2909-r3i85i.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1337&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Du point de vue historique, les démarches qualité sont relativement récentes et apparaissent avec la production de masse de l’ère industrielle. Comme le rappelle le sociologue Frederik Mispelblom Beyer dans son ouvrage « Au-delà de la qualité : démarches qualité, conditions de travail et politiques du bonheur », elles naissent dans un moment de rupture avec les modalités de production artisanale, à partir du moment où l’ouvrier devant la fabrication de série ne se sent plus propriétaire et fier de l’objet produit. À partir de là, contrôler la qualité de la production devient le moyen de compenser d’une certaine façon, le manque d’implication des ouvriers dans la production de masse.</p>
<p>Mais c’est d’abord en dehors du secteur de production d’objets de consommation courante que la qualité va émerger. C’est en effet par rapport à l’interchangeabilité des pièces dans l’industrie de l’armement que vont apparaître les premiers problèmes de qualité. Ensuite, cette expérience acquise grâce à la production des armes s’est répandue dans d’autres secteurs, surtout celui de l’automobile à partir du début du XX<sup>e</sup> siècle, pour concerner aujourd’hui les services (soins, éducation, tourisme, etc.), y compris publics. Nous passons ainsi d’une logique institutionnelle (celle de l’armée) à une logique de marché et où la standardisation rendue possible par l’organisation scientifique du travail <a href="https://www.journaldunet.fr/business/dictionnaire-economique-et-financier/1198997-ost-organisation-scientifique-du-travail-definition/">(OST)</a> devient la forme de production dominante.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268115/original/file-20190408-2921-1915dh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268115/original/file-20190408-2921-1915dh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268115/original/file-20190408-2921-1915dh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268115/original/file-20190408-2921-1915dh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268115/original/file-20190408-2921-1915dh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268115/original/file-20190408-2921-1915dh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268115/original/file-20190408-2921-1915dh5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Dans l’Antiquité, le terme <em>qualitas</em> n’était pas connoté aussi positivement que le mot « qualité » actuellement.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/saigneurdeguerre/7993154586">Antonio Ponte/Flickr</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>À s’y pencher de plus près pour mieux saisir la particularité des discours faits autour de ces démarches, il apparaît que le mot qualité est leur porte-drapeau. À l’origine, ce mot est emprunté au latin <em>qualitas</em>, terme employé dès l’Antiquité par le consul romain <a href="https://mythologica.fr/rome/bio/ciceron.htm">Cicéron</a> et signifiant « manière d’être plus au moins caractéristique ». Il existerait ainsi plusieurs sortes de qualités (caractéristiques) en même temps, selon l’aspect examiné : goût, poids, couleur, prix, etc. Mais au fil des siècles, et comme précisé par Frederik Mispelblom Beyer, le mot « qualité » va acquérir une valeur positive en désignant une manière d’être de quelqu’un jugée heureuse, bonne ou une perception d’un objet/un fait considéré comme satisfaisant. Le contraire de cette signification serait alors imperfection. Le mot (le signifiant) a donc aujourd’hui des connotations (significations) presque exclusivement positives, puisque la « qualité » désigne le meilleur, le sans défaut, voire le parfait !</p>
<p>Pourtant, en voulant se saisir de la réalité de ces démarches telles qu’elles se déploient dans les entreprises et les organisations, il apparaît que celles-ci ne sont pas si « idéales » que ce que le discours fait autour d’elles cherche à laisser penser. Dans cette réalité contraignante, les professionnels sont appelés à travailler avec moins de moyens et plus de résultats. Ils doivent également rendre régulièrement compte de ce qu’ils font (contrôle, procédures, prédominance de l’écrit, etc.). C’est précisément ce paradoxe entre, d’un côté, une réalité organisationnelle assez contraignante et de l’autre, un discours/une image largement favorable, voire idéalisé, de la qualité qui nous interpelle et nous pousse ici à interroger les raisons du succès de ces démarches qualité. Et si, finalement, la qualité était devenue une nouvelle idéologie des « temps modernes » (de notre époque contemporaine) ?</p>
<h2>La qualité viserait d’abord la rentabilité</h2>
<p>À partir de là, nous allons émettre trois hypothèses ou raisons possibles afin d’expliquer le succès de ces démarches. La première de ces raisons consiste à penser que l’idéologie qualité est à l’image de la société (une société où la performance, la compétition et l’évaluation sont des valeurs à défendre), qu’elle en est à la fois le produit (un produit en cohérence avec les valeurs dominantes), mais aussi un des socles qui contribue à la maintenir et lui permet de perdurer (la logique qualité participerait ainsi à la légitimation du système en place). Les sociologues Ève Chiapello et Luc Boltanski expliquent comment, dès les années 1970, le capitalisme a su se réinventer en renonçant aux principes d’organisation hiérarchiques et en parvenant à « neutraliser » ses deux principales critiques, <a href="https://www.persee.fr/doc/rfsoc_0035-2969_2001_num_42_1_5341">artistique et sociale</a>.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/268117/original/file-20190408-2912-x2j6qp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/268117/original/file-20190408-2912-x2j6qp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/268117/original/file-20190408-2912-x2j6qp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/268117/original/file-20190408-2912-x2j6qp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=401&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/268117/original/file-20190408-2912-x2j6qp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/268117/original/file-20190408-2912-x2j6qp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/268117/original/file-20190408-2912-x2j6qp.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=504&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Le respect des démarches qualité oblige les professionnels à rendre régulièrement compte de ce qu’ils font.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Avatar_023/Shutterstock</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La qualité vise d’abord la rentabilité en chassant la non-qualité et en optimisant l’organisation mais vise également et paradoxalement la quantité. C’est-à-dire que la qualité d’un produit (sa certification, sa labellisation, etc.) contribue à le rendre singulier dans un contexte d’abondance et de saturation (produits de masse et en masse) et en maintenant ainsi le mode de production standardisé (produire en quantité).</p>
<p>La deuxième raison expliquant ce succès serait et comme analysé plus haut, en lien avec la communication faite autour de ses démarches. Autrement dit, l’argument qualité semble aujourd’hui difficilement réfutable de par les connotations positives qu’il revêt, et tant il participe à diffuser un idéal et des promesses de réussite et de bonheur qui nous feraient du bien dans un monde « hostile ». Il serait ici important de remarquer que la qualité nous maintient dans un rapport paradoxal entre promesses d’épanouissement d’un côté (viser le meilleur de nous-mêmes) et risques d’usure et d’exclusion de l’autre (« mettre la barre [toujours] plus haut » pour y arriver, et se sentir exclu en cas d’échec).</p>
<p>Le troisième argument explicatif pour ce succès serait, selon nous, la grande « mutabilité » des démarches qualité. Autrement dit, le fait qu’elles ont su évoluer et changer de modalités d’application allant des plus strictes aux plus souples (des démarches moins contraignantes et centrées sur l’autoévaluation pour les services par exemple) selon les contextes et les particularités des organisations dans lesquelles elles se mettent en place.</p>
<p>Il apparaît donc que la qualité joue un rôle dans les transformations de notre société. Elle en est à la fois le produit et l’un des socles qui permet son maintien. Elle transforme l’organisation, modifie les rapports au travail, mais se laisse en même temps influencer et évolue au gré des contextes et des aspirations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/115091/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Mouna El Gaied ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>La réalité des démarches qualité, dont l’essor est relativement récent, reste souvent éloignée de l’image que les entreprises cherchent à renvoyer en les mobilisant.Mouna El Gaied, Maître de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication, CREM, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1092322019-01-01T23:29:50Z2019-01-01T23:29:50ZLa qualité du travail, clé de la santé et de la performance des travailleurs<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/252169/original/file-20181230-47298-1f5f98k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C0%2C3190%2C2117&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le travail bien fait.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/photo/152892/">Photo on Foter.com</a></span></figcaption></figure><p>« Comme c’est l’usage à cette période, nous vous souhaitons une bonne santé pour l’année qui vient, que favorisera un travail de qualité permettant d’être performant. Car rien n’est plus pathogène que la « performance empêchée » ou une organisation qui n’est pas à l’écoute de ses collaborateurs ».</p>
<p>Du 13 au 20 septembre 2018 a eu lieu à <a href="http://www.ccic-cerisy.asso.fr/travail18.html">Cerisy</a> un colloque consacré au <a href="https://www.la-fabrique.fr/fr/projet/colloque-le-travail-en-mouvement/">Travail en mouvement</a>. Une <a href="https://www.la-fabrique.fr/fr/blog/colloque-cerisy-autonomie-responsabilisation-participation/">table ronde</a> a réuni Yves Clot, professeur émérite de psychologie du travail au CNAM, Jean‑Yves Bonnefond, chercheur dans son équipe, et Bertrand Ballarin, ancien responsable des relations sociales de Michelin et initiateur de la démarche « responsabilisation » du groupe, pour parler d’autonomie et de participation des salariés au sein de nouvelles formes d’organisation du travail.</p>
<p>Les enquêtes de la DARES sont formelles : 35 % des salariés de l’industrie et 36 % de ceux de la fonction publique déclarent ne pas ressentir de fierté dans leur travail et ne se reconnaissent pas dans le travail qu’ils effectuent. La notion de travail « bien fait » et son contraire, l’<a href="https://journals.openedition.org/lectures/1064">impossibilité d’y parvenir</a>, représentent, selon Yves Clot, l’une des questions centrales du travail aujourd’hui. Elles impactent significativement la santé des travailleurs et la perception de leurs conditions de travail. Les salariés réclament de plus en plus d’être parties prenantes des décisions qui concernent leur travail. Lorsque ce « pouvoir d’agir » est empêché, les pathologies apparaissent.</p>
<h2>Qu’est-ce qu’un travail « bien fait » ?</h2>
<p>Or, il n’existe pas dans les entreprises de cadre institutionnalisé pour discuter de ce qu’est un travail « bien fait » ; cela reste le privilège de l’employeur qui détient un pouvoir discrétionnaire sur l’activité de travail dans le cadre du contrat de subordination qu’est le salariat. C’est pourquoi Yves Clot milite depuis longtemps pour la création d’instances de délibération où l’on puisse discuter de la qualité du travail – un concept radicalement différent et autrement plus fondamental que la « qualité de vie au travail » (baby-foot, masseurs, crèches et <em>chief happiness officer</em>) dont il est tant question.</p>
<p>Ces espaces de « dispute professionnelle », comme il aime à les appeler, présupposent une acceptation des « conflits de critères » sur ce qu’est un travail bien fait. La discussion sur la qualité du travail devient alors le chaînon manquant entre santé psycho-physique des travailleurs et performance au sein d’une entreprise « délibérée » bien plus que « libérée ». Car comme le rappelle Yves Clot, « l’autonomie, ce n’est pas la liberté de faire ce que l’on veut, mais celle de co-construire la prescription ».</p>
<h2>Renault Flins institutionnalise la « coopération conflictuelle »</h2>
<p>Comment construire de telles instances de « coopération conflictuelle » dans l’entreprise ? Une expérimentation a été menée à l’usine Renault de Flins par l’équipe de psychologie du travail du CNAM. En deux ans, le dispositif « DQT » – pour Dialogue sur la Qualité du Travail – a été généralisé au sein de cette usine. À la demande de Patrick Pélata, alors directeur général de Renault, l’aventure commence en 2012 à l’unité d’habillage des portes de Flins, raconte Jean‑Yves Bonnefond qui fut au cœur de cette expérimentation. Des situations de travail sur chaîne sont filmées, puis discutées entre les opérateurs, discussions qui sont à leur tour filmées.</p>
<p>Ce matériau filmé est alors présenté et discuté au sein d’un comité de suivi, composé de la direction de l’usine, direction générale et représentants des salariés. Une prise de conscience s’opère : le comité de suivi constate que le renoncement à parler des opérateurs est source de performance gâchée, d’atteinte à la santé, d’absentéisme et de sentiment de défiance. Mandat est alors donné par la direction générale de poursuivre l’expérimentation par un dialogue entre opérateurs et encadrement. Aujourd’hui, 120 opérateurs référents ont été élus par leurs pairs dans toute l’usine. Ils peuvent sortir de la ligne pour remonter aux chefs d’ateliers les problèmes rencontrés dans le travail quotidien et proposer les solutions qu’ils ont imaginées pour y faire face.</p>
<h2>Michelin : « pas de bien-être sans bien-faire »</h2>
<p>Autre exemple : Michelin. À partir de 2004, Michelin déploie son nouveau système <em>lean</em>, le Michelin Manufacturing Way (MMW). C’est une grande réussite avec une standardisation complète des routines, tableaux visuels, chantiers de progrès entre toutes les usines du monde, et 30 % de gains de productivité à la clé. Mais cinq ans plus tard, un constat s’impose : l’état psychologique de la population ouvrière et des agents de maîtrise s’est dégradé, et ces derniers le font bruyamment savoir. « L’âme Michelin s’en est trouvée désagréablement chatouillée » explique Bertrand Ballarin qui fut à l’origine de la démarche de changement. Sans renoncer au MMW, décision est prise de tester immédiatement un nouveau système de responsabilisation des opérateurs et un changement du mode de management sur 38 îlots de fabrication dans plusieurs usines – un îlot, dirigé par un agent de maîtrise, comprend environ 45 personnes divisées en plusieurs équipes de 8 à 12 opérateurs qui se relaient dans l’usine.</p>
<p>Pour Michelin, il s’agit de « travailler » sur la qualité du travail pour redonner aux opérateurs la maîtrise de ce qu’ils font et in fine de fusionner performance et autonomie. Entre les termes autonomie, responsabilité et liberté, l’entreprise a cependant choisi « responsabilisation », ce qui indique que la montée en responsabilité est un processus « accompagné ». Comme l’indique Bertrand Ballarin, la responsabilité, c’est la combinaison de l’<em>empowerment</em> (pouvoir d’agir) et de l’<em>accountability</em> (le fait de rendre des comptes). Si la responsabilité est par nature individuelle car elle ne se dilue pas, le collectif est mobilisé de façon à ne pas laisser l’individu isolé face à sa responsabilité. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles Michelin n’a pas renoncé au management intermédiaire dont le rôle a cependant évolué. L’opérateur se réapproprie de la liberté dans la mise en œuvre des règles et dans la résolution des problèmes via un transfert de compétences, par exemple en maintenance, réglage, sécurité ou qualité. Aux compétences nécessaires pour tenir le poste vient s’ajouter un nouveau domaine d’expertise dont l’opérateur devient référent, ce qui permet aussi de lutter contre la déqualification des métiers.</p>
<p>En définitive, conclut Bertrand Ballarin avec beaucoup d’honnêteté, il ne s’agit pas de renoncer à l’organisation scientifique du travail, ni au principe d’autorité, mais de tempérer et « détartrer » les règles et processus. Une fois la démarche généralisée, le taux d’engagement des cols bleus est passé chez Michelin de 67 à 82 % entre 2013 et 2016, dépassant celui des cols blancs, ce qui est inédit dans une entreprise manufacturière.</p>
<h2>Il ne suffit pas d’écouter, il faut instituer le conflit</h2>
<p>Il ne faudrait cependant pas croire que ces nouvelles formes d’organisation du travail se limitent à « libérer la parole des salariés » ou « à développer les capacités d’écoute des managers ». Conditions sans doute nécessaires, mais certainement insuffisantes. « Il ne suffit pas d’écouter, insiste Yves Clot, il faut instituer le conflit ; il faut former les managers à promouvoir la qualité du travail plutôt qu’à écouter. Les managers sous-estiment souvent les objectifs de performance souhaités par les salariés. Il y a un problème d’efficacité plus que d’écoute ou alors d’écoute pour l’efficacité. C’est parce que les managers ne permettent pas le meilleur fonctionnement de l’organisation que les opérateurs ont du mal-être au travail ».</p>
<hr>
<p><em>L’original de cet article, préparé avec <a href="https://www.cahierandco.com/">Marie-Laure Cahier</a>, a été publié dans le numéro d’octobre de la revue <a href="https://www.andrh.fr/revue-personnel/1/la-revue-personnel-de-landrh"><em>Personnel</em></a> de l’<a href="https://www.andrh.fr/presentation/1/presentation">ANDRH</a>, qui nous a aimablement autorisé à le reproduire ici.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/109232/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<h4 class="border">Disclosure</h4><p class="fine-print"><em><span>Thierry Weil reçoit des financements de la Fondation Mines Paristech, reconnue d'utilité publique, qui soutient la recherche et l'enseignement de l'Ecole des mines de Paris, membre de l'Université Paris Sciences et Lettres. Thierry Weil conseille La Fabrique de l'industrie, laboratoire d'idée laboratoire d'idées destiné à susciter et à enrichir le débat sur l'industrie.</span></em></p>Nous vous souhaitons une bonne santé pour 2019. Une bonne dispute sur que ce qu'est “un travail bien” fait pourra y contribuer !Thierry Weil, Chaire Futurs de l'industrie et du travail (CERNA, I3, CNRS), Membre de l’Académie des technologies, Mines ParisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/980472018-06-11T21:37:58Z2018-06-11T21:37:58ZTravaillez moins, gagnez plus<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/222400/original/file-20180608-191978-1lneibt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C879%2C4415%2C2901&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">
</span> <span class="attribution"><span class="source">Andre Benz/Unsplash</span></span></figcaption></figure><p><em>Cette chronique est dans la droite ligne et se nourrit des recherches et rencontres publiées sur mon site <a href="http://www.cahiersdelimaginaire.com/votrelaboratoirecreatif-sylviegendreau/">Les cahiers de l’imaginaire</a>.</em></p>
<hr>
<p>Je sais. Le titre de ma chronique est suspect. Certains d’entre vous se demanderont si je ne suis pas influencée par l’essai de Didier Pourquery, <a href="https://bit.ly/2kYOIgj"><em>En finir avec l’ironie ?</em></a> Ce qui pourrait être possible. Si on pouvait travailler moins et gagner plus, dites-moi alors pourquoi cette pratique n’est pas plus répandue ?</p>
<p>J’ai beaucoup appris sur le second degré en lisant <a href="https://bit.ly/2LFVpiT">cet essai</a>. Il faut un talent particulier et beaucoup d’esprit pour manier l’art de l’ironie. C’est un jeu qui stimule la créativité et l’auteur nous donne vraiment envie d’essayer. Mais je dois vous avouer que malgré mon désir d’entrer dans le club des pince-sans-rire, je suis plutôt du genre à vendre la mèche en pouffant de rire avant la fin de ma tentative. Bref, je ne suis pas très douée. C’est qu’il faut le contrôle de soi pour pratiquer cet art !</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222402/original/file-20180608-191962-nnq98m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222402/original/file-20180608-191962-nnq98m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=258&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222402/original/file-20180608-191962-nnq98m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=258&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222402/original/file-20180608-191962-nnq98m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=258&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222402/original/file-20180608-191962-nnq98m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=324&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222402/original/file-20180608-191962-nnq98m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=324&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222402/original/file-20180608-191962-nnq98m.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=324&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Or le contrôle de soi est aussi une qualité nécessaire pour pratiquer l’art auquel je souhaite vous convier aujourd’hui : <strong>la paresse stratégique qui rapporte des bénéfices !</strong></p>
<p>Si je vous disais que vous pourriez obtenir plus de résultats en travaillant moins (avec des pratiques honnêtes, bien sûr !), seriez-vous curieux de connaître les tactiques qui permettent d’atteindre un tel résultat ? Si oui, tenez bon jusqu’à la fin de cet article, vous serez récompensés. Vous connaîtrez le secret d’une stratégie contre-intuitive qui a fait ses preuves dans plusieurs domaines, stratégie que nous devons à deux ingénieurs particulièrement doués en mathématiques…</p>
<h2>La loi de Pareto</h2>
<p>Au XIX<sup>e</sup> siècle, <a href="https://www.economie.gouv.fr/facileco/vilfredo-pareto">Vilfredo Pareto</a> (1848 – 1923), né en France, mais d’origine italienne (il a entamé des études d’ingénieur à l’École Polytechnique de Turin), s’intéressa plus particulièrement à l’économie et la sociologie et enseigna l’économie politique à l’École de Lausanne jusqu’à la fin de sa vie. Peu connu de son vivant, jamais il n’aurait pu deviner que son modèle mathématique sur la distribution des revenus en Italie – indiquant que 80 % de la terre appartenait à 20 % de la population – le rendrait à ce point célèbre aux 20<sup>e</sup> et XXI<sup>e</sup> siècles.</p>
<p>Son modèle mathématique, illustrant que la richesse n’est pas répartie également et que c’est hautement prévisible, a inspiré un ingénieur américain, d’origine roumaine (1903-2008), <a href="https://www.isixsigma.com/press-releases/dr-joseph-m-juran-father-quality-has-passed-away/">Joseph M. Juran</a>, reconnu comme le père de la démarche de qualité totale, aujourd’hui appelée la méthode <a href="https://www.juran.com/">Six Sigma</a>.</p>
<h2>Juran casse le code</h2>
<p>L’histoire commence à la fin des années 30 lorsqu’un groupe de gestionnaires de General Motors fait une découverte intrigante. Un de leurs lecteurs de cartes (périphériques d’entrée pour les premiers ordinateurs) génère un code incompréhensible. En enquêtant sur la machine défectueuse, ils trouvent un moyen d’encoder des messages secrets.</p>
<p>À l’époque, ce sujet est sensible et d’actualité. Les machines de codage allemandes Enigma ont attiré l’attention pendant la Deuxième Guerre mondiale. Des reportages ont été publiés sur les efforts des Polonais, des Français et finalement sur le succès du Britannique <a href="https://bit.ly/2sKVXNc">Alan Turing</a> et son équipe à <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/alan-turing-genie-au-destin-brise">décrypter</a> les codes nazis, ce qui permit de sauver des millions de vies. Vous vous souvenez du film, <a href="https://lemde.fr/2Hzk2Lr"><em>Imitation Game</em></a> qui a contribué à faire connaître l’héroïsme de ce mathématicien-cryptologue ?</p>
<p>Je reviens à mon histoire… Les managers de GM sont convaincus que leur code accidentel est incassable. Juran, un consultant de la Western Electric de passage chez GM, n’est pas d’accord. Il travaille pendant la nuit et réussit à casser le code.</p>
<h2>Fertilisation croisée !</h2>
<p>Diplômé en génie électrique, Juran était très doué en mathématiques en plus d’être un excellent joueur d’échecs. Plus tard, il a cité cet incident comme étant le point de départ qui lui a permis de casser un code encore plus difficile et de faire l’une de ses plus grandes contributions à la science et aux affaires. À la suite de son succès de déchiffrage, un directeur de GM l’a invité à examiner la recherche sur la compensation de gestion. Pour son analyse, Juran s’est inspiré de la formule décrite par Pareto.</p>
<p>Pionnier de la gestion du contrôle de la qualité, Juran avait remarqué que seulement quelques défauts étaient généralement responsables de la majorité des problèmes. Il soupçonnait que cela pouvait être une loi universelle. Ce que Pareto avait observé pouvait être plus grand que ce que Pareto, lui-même, avait imaginé. En d’autres mots, un effort bien sélectionné rapporte tous les bénéfices.</p>
<p>En écrivant son livre <em>Quality Control Handbook</em>, Juran a eu l’élégance d’appeler son concept : « le principe de Pareto », une théorie qui s’est avérée, selon les experts, aussi fondamentale que la loi de la gravité. Celui qui a contribué à promouvoir ce concept auprès d’un large public, c’est le Britannique Richard Koch avec son best-seller, <a href="https://bit.ly/2HEANoy"><em>The 80/20 Principle : The Secret to Achieving More with Less</em></a> ou la version française, <a href="https://bit.ly/2McHMso"><em>Le principe de 80/20, faire plus avec moins</em></a>.</p>
<p>L’auteur définit la loi de Pareto ainsi : « Le principe 80/20 affirme qu’une minorité de causes, d’intrants ou d’efforts conduit généralement à la majorité des résultats, extrants ou récompenses. En résumé, dans le monde de la réussite les choses ne sont pas égales. Une petite quantité de causes crée la plupart des résultats. Juste le bon intrant crée la plus grande partie des retombées. »</p>
<p><strong>C’est un livre que j’aurais dû lire beaucoup plus tôt !</strong> Dans ma famille, j’ai vu mes grands-parents et mes parents travailler dur. Et pour tout vous dire, il ne me serait même pas venu à l’idée de faire autrement. À force de me faire répéter : « Si tu le veux, tu le peux. » Le message a fini par s’imprimer dans mon subconscient. Je n’avais plus qu’à le vouloir, être prête à y investir les efforts nécessaires, et le succès serait au rendez-vous ! Après une adolescence un peu houleuse, j’ai donc fini par me soumettre. Le dicton de ma mère a rythmé mes années d’études universitaires et le début de ma carrière. Au point où elle-même, un jour, a fini par trouver que je travaillais beaucoup trop. Si c’était cela le prix de la réussite, peut-être valait-il mieux travailler moins !</p>
<h2>Travailler toujours davantage, toujours plus rapidement</h2>
<p>Je n’étais pas une exception. Mes collègues qui occupaient, comme moi, des postes de direction travaillaient aussi des semaines de 70 heures. Et lorsque je suis devenue une entrepreneure, mes clients, des dirigeants de multinationales, faisaient de même. C’était la norme en Amérique du Nord.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222421/original/file-20180608-191971-1h2l7dy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222421/original/file-20180608-191971-1h2l7dy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222421/original/file-20180608-191971-1h2l7dy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222421/original/file-20180608-191971-1h2l7dy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=600&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222421/original/file-20180608-191971-1h2l7dy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222421/original/file-20180608-191971-1h2l7dy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222421/original/file-20180608-191971-1h2l7dy.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=754&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Arianna Huffington.</span>
</figcaption>
</figure>
<p>À cet égard, le témoignage d’Arianna Huffington, la co-fondatrice et ancienne éditrice du <a href="https://www.huffingtonpost.com/author/arianna-huffington">Huffington Post</a> (acquis depuis par AOL) dans son livre <a href="http://ariannahuffington.com/thrive"><em>Thrive</em></a> est éloquent. C’est d’ailleurs cette prise de conscience, après un manque de sommeil (à répétition) qui a affecté ses capacités cognitives et sa santé, qu’elle a décidé de lancer sa start-up <a href="https://www.thriveglobal.com/">Thrive Global</a>.</p>
<p><strong>Qu’est-ce qu’une <a href="https://bit.ly/2sThAKH">vie</a> réussie pour Arianna Huffington ?</strong> « C’est mener la vie qu’on désire et non pas se contenter de la vie qu’on mène. Or, si on veut atteindre ce but, les deux critères actuels du succès – l’argent et le pouvoir – ne suffisent pas. Il faut en ajouter un troisième : le bien-être que nous procurent l’émerveillement, la générosité et la sagesse. »</p>
<p>À l’époque, si on voulait jouer un rôle stratégique, on devait y investir le temps demandé. La mode des petits déjeuners d’affaires, de plus en plus tôt, faisait fureur. La course contre la montre était engagée pour trouver les meilleures stratégies de productivité. Toujours faire plus en moins de temps. Cela est devenu tellement tendance qu’une personne ayant des horaires différents était regardée presque avec condescendance. Un air très occupé et très stressé faisait plutôt bon chic bon genre. Vous me direz que pour certains cette manière de vivre est encore la seule imaginable. Mais les choses commencent à changer… à tout le moins pour un certain nombre de personnes.</p>
<h2>La société des loisirs</h2>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222409/original/file-20180608-191940-xs95qs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222409/original/file-20180608-191940-xs95qs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222409/original/file-20180608-191940-xs95qs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222409/original/file-20180608-191940-xs95qs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222409/original/file-20180608-191940-xs95qs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222409/original/file-20180608-191940-xs95qs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222409/original/file-20180608-191940-xs95qs.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Jessica/Unsplash.</span>
</figcaption>
</figure>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222412/original/file-20180608-191971-5cgura.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222412/original/file-20180608-191971-5cgura.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1208&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222412/original/file-20180608-191971-5cgura.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1208&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222412/original/file-20180608-191971-5cgura.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1208&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222412/original/file-20180608-191971-5cgura.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1518&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222412/original/file-20180608-191971-5cgura.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1518&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222412/original/file-20180608-191971-5cgura.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1518&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Au début de ma carrière, les travaux des chercheurs dans mon équipe à l’Institut National de Productivité du Québec portaient sur la société des loisirs. Quelques années plus tard, je souriais en y repensant. Je me disais que nous avions été de doux idéalistes, nous nous étions vraiment fourvoyés. Plus les technologies permettaient, en principe de nous libérer du temps, plus la cadence du travail s’accélérait, plus les heures de travail se prolongeaient et le temps de vacances s’abrégeait. Certains doivent se dire, mais pourquoi, parle-t-elle au passé, c’est toujours la norme ! Décidément… elle ironise ou quoi ?</p>
<p>Oui, je conjugue les verbes au passé, car je pense que Taylor Pearson avance une hypothèse tout à fait plausible dans son livre <a href="https://www.amazon.ca/gp/product/B01B98QAHI/ref=as_li_tl?ie=UTF8&tag=lescahideli0f-20&camp=15121&creative=330641&linkCode=as2&creativeASIN=B01B98QAHI&linkId=b0257a6dcb18a879b3bc999e3a4ccc55"><em>The End of Jobs</em></a>, nous serions en transition vers l’âge entrepreneurial (dans une de mes prochaines chroniques, je vous parlerai des scénarios que nous pourrions imaginer et des conseils que Taylor nous donne).</p>
<p>Pour revenir à l’âge de l’information, avec du recul, on s’aperçoit à quel point les sociétés du savoir ont fait fi des rythmes biologiques humains. Après tant d’abus, les scientifiques ont commencé à publier des études pour nous alerter et nous rappeler à l’ordre. La plupart d’entre nous ont besoin de huit heures de sommeil toutes les nuits, de trois repas par jour et nos heures les plus productives de la journée pour nous concentrer et créer un travail de qualité sont les heures du matin. D’ailleurs, les dirigeants d’<a href="http://www.ycombinator.com/">Y combinator</a>, l’incubateur californien qui aide les start-up à réussir leurs projets, ont désormais imposé la règle que toutes leurs réunions se tiennent en fin de journée pour laisser le temps à chacun d’accomplir ses tâches prioritaires avant une baisse d’énergie.</p>
<h2>Ne pas déranger, svp</h2>
<p>Dans son ouvrage, <a href="https://www.amazon.ca/gp/product/1885167776/ref=as_li_tl?ie=UTF8&tag=lescahideli0f-20&camp=15121&creative=330641&linkCode=as2&creativeASIN=1885167776&linkId=03865c65f5146150c5f6c03a32ad0266"><em>The One Thing : The Surprisingly Simple Truth behind Extraordinary Results</em></a>, Garry Keller raconte qu’à une certaine époque où il voulait vraiment réussir, il arrivait au bureau avant tout le monde, organisait les réunions à 7h30 et verrouillait la porte dès 7h35 pour que tous soient à l’heure. Il s’habillait en costume-cravate (image de la réussite). Il écrit qu’il jouait au succès jusqu’au jour où il a été fatigué du succès, fatigué de jouer. À partir du moment où il a décidé de changer de vie, de prendre soin de sa santé en faisant du sport, de rester avec les membres de sa famille pour le petit-déjeuner avant de commencer sa journée de travail, il a réussi, écrit-il, comme jamais il n’avait imaginé réussir un jour.</p>
<figure class="align-left ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222417/original/file-20180608-191971-19gsel2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222417/original/file-20180608-191971-19gsel2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=684&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222417/original/file-20180608-191971-19gsel2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=684&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222417/original/file-20180608-191971-19gsel2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=684&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222417/original/file-20180608-191971-19gsel2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=860&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222417/original/file-20180608-191971-19gsel2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=860&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222417/original/file-20180608-191971-19gsel2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=860&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">IMG.</span>
</figcaption>
</figure>
<p><strong>Sa routine ?</strong> Le matin, il évite de lire les journaux et d’écouter les infos, il évite également la machine à café, il se rend directement à son bureau, met son affichette <strong>Ne pas déranger</strong> bien en vue et se concentre sur la chose la plus importante qu’il doit accomplir ce jour-là. C’est seulement une fois qu’il a terminé qu’il s’informe des nouvelles et échange avec ses collègues.</p>
<p>Les personnes les plus productives se réservent un bloc d’heures dans la journée pour accomplir leur travail important : réfléchir, écrire, programmer, créer… Dans les sociétés du savoir, les horaires, explique Gary Keller, ont été organisés par les gestionnaires pour des gestionnaires. Cela coûte très cher sur le plan de la productivité, car la grande majorité des personnes qui créent de la valeur pour les organisations gaspillent un temps précieux en réunions à des heures où elles pourraient coder, créer ou simplement réfléchir à la prochaine stratégie (comme celle de la sélection de l’effort qui rapportera 80 % des résultats, par exemple).</p>
<p>Dans ma <a href="https://theconversation.com/apprendre-a-choisir-97306">chronique</a> précédente, je vous parlais de la difficulté de faire les bons choix à une époque où un nombre incalculable de possibilités s’offre à nous. Je vous proposais un exercice pour analyser vos façons de faire des choix éclairés en n’y perdant pas trop de temps. Cette semaine, je vous invite à réfléchir à la planification de votre temps et à ce que vous inscrivez sur vos listes de choses à faire.</p>
<h2>Un liste de succès plutôt qu’une liste de tâches</h2>
<p>L’offre de planificateurs et d’applications pour mieux gérer notre temps se multiplie. Nous sommes encouragés à faire des listes – et bien que les listes soient utiles, elles peuvent aussi nous faire perdre un temps précieux avec des choses sans importance que nous nous sentons obligées de faire parce qu’elles sont sur notre liste.</p>
<p>Ceux qui sont les plus productifs ont une autre attitude, ils ont appris à aller à l’essentiel. Ils établissent leurs priorités et s’y tiennent. Ils sont stratégiques.</p>
<p>Gary Keller affirme que c’est le tremplin pour préparer sa prochaine réussite.</p>
<blockquote>
<p>« Au lieu d’une liste de tâches, vous avez besoin d’une liste de succès, une liste créée délibérément autour des résultats extraordinaires que vous souhaitez obtenir. Les listes de tâches ont tendance à être longues ; les listes de réussites sont courtes. Soit vous partez dans toutes les directions ; soit vous visez une direction spécifique. L’un est un répertoire désorganisé, l’autre est une directive organisée. Si une liste n’est pas construite autour du succès, alors il est peu probable que le succès sera au rendez-vous. Si votre liste de choses à faire contient tout, alors elle vous mènera probablement partout, mais où voulez-vous aller ? »</p>
</blockquote>
<h2>Comment transformer une liste de tâches en liste de réussites ?</h2>
<p>En vous posant la question : <strong>« Quelle est la seule chose que je peux faire maintenant et qui rendra le reste plus facile et moins nécessaire. »</strong></p>
<p>C’est la question qui vous aide à avoir un aperçu général de ce que vous voulez accomplir et qui vous permet de commencer, tout de suite, avec une première étape concrète qui vous permet d’atteindre votre objectif quotidien, hebdomadaire, mensuel, trimestriel, annuel… pour réaliser la chose la plus importante que vous devez accomplir.</p>
<blockquote>
<p>« La loi de Pareto est très claire : la majorité de ce que vous voulez proviendra de la minorité de vos actions. Les résultats extraordinaires sont créés de manière disproportionnée par moins d’actions que la plupart d’entre nous le réalisent. La vérité de Pareto est l’inégalité, et même si on parle de 80/20, il peut prendre une variété de proportions : 90/20 où 90 % de votre succès provient de 20 % de vos efforts ou 70/10 ou 65/5. L’important est de comprendre que tout cela repose fondamentalement sur le même principe. La grande perspicacité de Juran », nous rappelle Gary Keller, « est que tout ne compte pas également ; certaines choses comptent plus que d’autres. Une liste de choses à faire devient une liste de succès lorsque vous appliquez le Principe de Pareto. »</p>
</blockquote>
<p>Dans son cas, il pousse le principe 80/20 à l’extrême en nous conseillant de nous concentrer sur une seule chose à la fois et de voir grand. J.K.Rowling a pu écrire Harry Potter parce que, dès le départ, elle connaissait la fin de sa saga, elle visait une série et non seulement un seul livre.</p>
<p>Si vous ne savez pas encore quelle est cette chose importante que vous devez faire, cette semaine, je propose un exercice inspiré par l’auteur de l’ouvrage <em>The Principle 80/20</em>, Richard Koch. <a href="http://www.cahiersdelimaginaire.com/cahier-d-exercices/de-sylvie-gendreau-exercice-no-84">C’est ici</a> !</p>
<p>Rassurez-vous si cela représente un défi pour vous, c’est normal ! Il faut prendre du recul et se donner le temps de l’analyse, c’est une méthode que j’enseigne dans le programme en ligne <a href="https://theconversation.com/apprendre-a-choisir-97306">Dessinez votre futur</a> où le participant établit un système pour atteindre ses objectifs de la manière qui lui correspond le mieux possible.</p>
<p>Tiens ! Quand j’y pense… c’est peut-être un balbutiement de second degré, il faut que je demande à <a href="https://bit.ly/2JJZN2X">Didier Pourquery</a> : parler d’un cours de productivité en faisant l’éloge de la paresse stratégique, est-ce un premier pas vers la pratique de l’art ironique ?</p>
<p>Et vous, chers lecteurs, qu’en pensez-vous ? Avez-vous envie de travailler moins et de gagner plus ? Le principe de Pareto vous inspire-t-il de nouvelles stratégies ? Ou, mieux encore, si vous le pratiquez déjà et que cela fonctionne, merci de nous raconter.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/98047/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
Les personnes les plus productives se réservent un bloc d’heures dans la journée pour accomplir leur travail important : réfléchir, écrire, programmer, créer…Sylvie Gendreau, Chargé de cours en créativité et innovation, Polytechnique MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/863812017-11-22T21:35:21Z2017-11-22T21:35:21ZAccréditations internationales et écoles de management : inertie ou apprentissage organisationnel ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/195478/original/file-20171120-18547-7dj4yn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La triple couronne, Graal des écoles de gestion.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.cursuspro.com/actualites/actualites-a-la-une/les-business-school-francaises-qui-ont-les-trois-accreditations-aacsb-amba-equis">CursusPro</a></span></figcaption></figure><p>Les écoles de management françaises se sont engagées depuis plusieurs années dans la course aux accréditations internationales sur un marché particulièrement concurrentiel. Cette recherche de reconnaissance institutionnelle a pour principale vocation de rassurer les parties prenantes (étudiants, parents, financeurs, etc.), nationales et internationales, sur la qualité de l’enseignement délivré.</p>
<p>Cette qualité est mesurée à travers différents indicateurs tels que la professionnalisation des cursus, leur robustesse académique, leur internationalisation ainsi que leur dimension innovante dans un contexte accru de digitalisation des contenus et des processus pédagogiques.</p>
<h2>Coûts et avantages de la quête des labels</h2>
<p>Cette quête de la « triple couronne » (AACSB, EQUIS, AMBA) est parfois décriée en raison des lourds investissements qu’elle nécessite : recrutement de chercheurs productifs, internationalisation des programmes de formation, dépenses de communication externe pour se démarquer des concurrents, innovations pédagogiques, etc. D’aucuns soulignent encore le risque de mimétisme stratégique qu’elle induirait.</p>
<p>Pourtant, cette stratégie volontariste de labellisation a aussi permis aux écoles de management de rattraper leur retard en matière de standards académiques internationaux par le développement de nouvelles compétences : capacité à produire des connaissances scientifiques permettant de délivrer des savoirs à la pointe grâce à l’activité de recherche, capacité à s’internationaliser et à être reconnues par des médias internationaux (exemple des classements du <em>Financial Times</em>), capacité à faire preuve de réflexion et de cohérence stratégiques <em>via</em> la définition d’une mission précise qui doit structurer l’ensemble des décisions et des actions, etc.</p>
<p>Cette évolution, à l’origine d’une modification profonde des pratiques, atteste, de notre point de vue, de la capacité d’<a href="https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2006-1-page-293.htm">apprentissage organisationnel</a> incontestable de nos écoles de management françaises. Ainsi, d’un corps professoral restreint coordonnant des diplômes et des vacataires extérieurs, en somme d’un enseignement quasi sous-traité, elles ont investi massivement dans le cœur de métier quitte à perturber grandement leur équation économique : la production de connaissances contemporaines, articulées avec expertise et déployées dans des cursus de formation.</p>
<h2>Les écoles de management françaises : inertie ou agilité organisationnelle ?</h2>
<p>Peut-on alors raisonnablement parler d’inertie pour des institutions qui sont parvenues, en un temps record, à prendre le <a href="http://blog.educpros.fr/fiorina/2017/10/26/grandes-ecoles-clap-de-fin-ou-expansion/">cap de l’international</a> et à professionnaliser leurs pratiques de management de l’activité d’enseignement et de recherche ? Est-ce être inerte que d’accroître rapidement ses résultats en matière de publications académiques relativement à d’autres établissements partageant la même vocation mais sans une réelle contrainte de l’obligation de résultats ?</p>
<p>L’inertie est bien souvent le résultat d’insuffisances ou de rigidités managériales… Si inertie il y a, l’imputer aux accréditations internationales nous semble constituer un raccourci particulièrement rapide car la recherche de l’excellence, à travers l’obtention d’accréditations, a favorisé le changement stratégique et organisationnel des établissements.</p>
<p>Nombre de leurs dirigeants en témoignent (voir le dernier dossier de l’Essentiel du Sup-Prépas intitulé <a href="https://headway-advisory.com/fr/essentiel-du-sup-prepas">« Comment les écoles de management sont accréditées »</a>). Les accréditations internationales entraînent un changement identitaire qu’il faut <a href="https://archives-rfg.revuesonline.com/article.jsp?articleId=16229">accompagner en interne</a>.</p>
<p>Par l’obtention et le renouvellement de ces accréditations, les écoles de management françaises ont développé une culture du reporting et du résultat bénéfique à une meilleure optimisation de leurs ressources dans un contexte de réduction des financements publics et de faibles marges de manœuvre en matière de frais de scolarité.</p>
<p>Ce qui en apparence relève du mimétisme stratégique peut aussi s’interpréter comme une source d’agilité organisationnelle et de performance pour des institutions qui, nous l’acquiesçons, <a href="https://theconversation.com/debat-les-ecoles-de-commerce-doivent-elles-devenir-des-entreprises-comme-les-autres-84985?utm_source=twitter&utm_medium=twitterbutton">sont devenues de véritables entreprises</a> confrontées à la gestion d’<a href="https://rfg.revuesonline.com/articles/lvrfg/abs/2016/08/rfg00098/rfg00098.html">injonctions paradoxales</a> : développement international et contribution à la compétitivité du territoire, gestion optimale du temps et de l’activité de l’enseignant-chercheur qui doit faire face aux multiples dimensions d’un métier qui s’est considérablement complexifié et étendu depuis la recherche à l’enseignement, à la valorisation et jusqu’aux activités parapédagogiques, etc.</p>
<p>Elles ont aussi diffusé en leur sein un management de projets intensif et volontariste, à l’origine du développement professionnel et des carrières des membres des facultés et d’articulation des différentes dimensions de la chaîne de valeur académique.</p>
<p>L’arrimage à des normes internationales stimulant l’atteinte de résultats n’exclut pas pour autant la différenciation stratégique, même si cela suppose d’apprendre et d’être capable de gérer des injonctions paradoxales par l’identification de synergies entre les différentes activités du cœur de métier. <a href="https://theconversation.com/in-vino-veritas-reinventer-la-strategie-dans-les-ecoles-de-management-54378">La construction d’expertises de recherche adaptées aux besoins d’un territoire et irriguant les enseignements constitue une réponse possible parmi d’autres</a>. L’ambition globale peut en être une autre.</p>
<h2>Les accréditations internationales : vers un équilibre entre production de connaissances et impact</h2>
<p>L’<a href="http://www.aacsb.edu">accréditation américaine AACSB</a> est particulièrement attachée à la cohérence stratégique des décisions des business schools. Ces dernières doivent définir de façon précise une mission pour structurer l’ensemble de leurs actions. Elle accorde également beaucoup d’importance au maintien dans le temps de la qualification du professeur permanent ou de l’intervenant extérieur qui peut être fortement impliqué institutionnellement.</p>
<p>Pour le corps professoral permanent, l’activité de recherche, qui doit se matérialiser par des publications scientifiques (mais pas seulement…), est primordiale car elle contribue au maintien d’une expertise par l’accès et le test des toutes dernières connaissances. Elle incite enfin à la dissémination des résultats de recherche en valorisant un grand nombre de contributions intellectuelles (articles scientifiques, études de cas pédagogiques, tribunes de presse, etc.).</p>
<p>De son côté, l’<a href="http://www.efmd.org/accreditation-main/equis">accréditation européenne EQUIS</a> se révèle très exigeante et sélective quant au niveau d’internationalisation de l’activité des business schools. Chaque maillon de la chaîne de valeur est évalué au regard de sa contribution au développement international de l’école : internationalisation des programmes d’enseignement et portefeuille de partenaires étrangers, internationalisation des publications scientifiques, relations entreprises à l’international, internationalisation de la gouvernance qui permet de stimuler la réflexion en terme de business model et de s’affranchir de perceptions parfois « trop locales » car déconnectées des challenges que doivent relever des écoles au leadership international, etc.</p>
<p>Mais toutes deux, elles-mêmes organisations apprenantes face aux discours critiques qui ont émergé pour dénoncer les limites du « tout recherche », ont su faire évoluer leurs critères d’évaluation en intégrant l’exigence de l’impact non seulement sur la communauté académique, mais également sur le praticien et sur l’étudiant.</p>
<p>Cela implique d’encourager la <a href="https://theconversation.com/debat-les-ecoles-de-management-francaises-vont-se-reinventer-et-voici-comment-85160">production de contributions intellectuelles variées</a> (articles scientifiques, études de cas pédagogiques, tribunes de presse, etc.) et probablement à l’avenir, d’assurer une vérification encore plus approfondie du transfert des connaissances scientifiques produites par les business schools à leurs salles de classe. <a href="https://theconversation.com/enseignement-numerique-et-formation-par-la-recherche-un-binome-pour-innover-en-ecole-de-management-86014">Car oui, la recherche est bien transférable en salle de classe et même à distance</a> !</p>
<p>Si leurs études coûtent plus cher qu’hier, c’est pour une recherche qui enrichit la robustesse globale des enseignements suivis par les étudiants, leur soutenabilité dans le temps et leur reconnaissance internationale.</p>
<p>La création du label <a href="http://www.efmdglobal.org/index.php/bsis">BSIS</a>, centré sur l’impact de la business school sur son environnement local, procède de la mise en œuvre de ces nouveaux standards. Cette évolution favorise le recentrage de l’audit d’accréditation sur la capacité de l’institution à mettre en place des synergies entre enseignement et recherche ou bien entre recherche académique et recherche contractuelle (contrats de recherche, chaires, missions d’expertise, etc.) menée en collaboration avec des entreprises partenaires.</p>
<p>Au total, tout porte à croire que le développement des accréditations et leur adoption certes massive par la très concurrentielle filière des écoles de management françaises, les a rendues plus apprenantes et très agiles, au service de leur stratégie et maintenant de leur impact.</p>
<p>Les accréditations constituent à cet égard un amplificateur des stratégies, en aucun cas une stratégie en elle-même. Si on les applique comme une stratégie en soi, alors elles sont sources de mimétisme mais comme on dirait des universités qu’elles sont mimétiques quand elles délivrent toutes le diplôme national de master (DNM).</p>
<p>Si en revanche, on les considère comme un levier et au service d’une stratégie et de l’exercice distinctif et cohérent d’une mission, alors elles sont une source continue d’apprentissage de par les compétences seuil et les compétences stratégiques qu’elles permettent d’identifier et de développer durablement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/86381/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Parfois décriée en raison de son coût, la quête des accréditations a permis aux écoles de gestion de rattraper leur retard en matière de standards académiques internationaux.Pascale Bueno Merino, Directrice de la Recherche, Enseignant-Chercheur en Management Stratégique, Laboratoire Métis, EM NormandieSamuel Grandval, Maître de conférences HDR en sciences de gestion, Université Le Havre NormandieTamym Abdessemed, Directeur Général Adjoint académique et recherche, ISC Paris Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/872902017-11-13T20:14:31Z2017-11-13T20:14:31ZRéfléchir aux démarches qualité dans l’enseignement supérieur : partage d’expériences<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/194335/original/file-20171113-27607-olxk0t.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Pour améliorer leur qualité, institutions de recherche, écoles et laboratoires sont encouragés à se faire accréditer par des experts indépendants.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/en/lab-laboratory-research-scientific-385348/">felixioncool/Pixabay</a></span></figcaption></figure><p><em>À l’occasion du colloque annuel de l’Agence Universitaire de la Francophonie, tenu à Beyrouth les 7 et 8 novembre autour du thème <a href="https://theconversation.com/quand-les-forces-francophones-se-rapprochent-face-au-defi-de-la-qualite-87313">« la Francophonie universitaire face au défi de la qualité : pour un rapprochement des forces »</a>, plusieurs participants francophones réagissent sur la question de la démarche-qualité. Vue de l’Université de Genève, membre du G3.</em></p>
<hr>
<p>Partout dans le monde, l’assurance qualité des institutions de l’enseignement supérieur, et notamment des programmes d’études universitaires, est largement reconnue comme une composante essentielle du système d’éducation. En Europe tout comme en Amérique du Nord, il existe des lieux d’échange dans ce domaine. Toutefois, la très grande majorité des activités se tient généralement en langue anglaise.</p>
<p>Or, l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) avait déjà, en 2013, exprimé le besoin de développer des dispositifs qualité dans le monde de la francophonie (<a href="https://ag2013.auf.org/media/uploads/d%C3%A9claration_finale_16e_ag_auf-1.pdf">Déclaration AUF 2013 de Sao Paulo</a>).</p>
<p>Dès 2012, de part leur communauté d’esprit et d’intérêts sur ces questions d’assurance qualité les universités du G3, Université de Genève, Université de Montréal et l’Université libre de Bruxelles, s’étaient lancées dans des réflexions sur cette thématique, menées notamment par leurs trois responsables qualité – Claude Mailhot (UdM,) Laurence Rosier (ULB) et Stéphane Berthet (UNIGE).</p>
<p>Ces universités sont unies par une communauté d’intérêts et d’objectifs dans les domaines de l’enseignement, de la recherche et des services à la société. Elles entretiennent entre elles des liens particulièrement féconds, et sont soucieuses de leur positionnement international. Ce partenariat donne lieu au développement d’actions conjointes dans plusieurs domaines comme l’archéologie, la chimie, la biologie, le droit, les études internationales, la médecine, la santé publique, les neurosciences, les sciences de l’éducation, les sciences politiques, etc.</p>
<figure>
<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">L’importance des collaborations internationales francophones.</span></figcaption>
</figure>
<p>Le G3 s’est ainsi engagé dans l’organisation de colloques sur les démarches qualité avec l’objectif de créer un espace de réflexion et d’échanges au sein du monde francophile sur la qualité dans les institutions d’enseignement supérieur, en traitant notamment les évaluations des programmes d’études et les démarches d’amélioration des services. Le G3 cherche également à promouvoir le développement de politiques et pratiques qualité innovantes, et de les partager grâce à une collaboration renforcée entre les différents acteurs tels que les enseignants, les étudiants, les directions d’université, les spécialistes « qualité » des universités ou les agences d’assurance qualité.</p>
<p>Avec le premier colloque du G3 sur <a href="http://colloquequalite2014.g3univ.org/wp-content/uploads/sites/5/2014/10/programme-col-qual-g3.pdf"><em>La qualité dans tous ses états</em></a>, qui s’est déroulé à Bruxelles en octobre 2014, quatre thématiques ont été particulièrement traitées : perception et représentation de la qualité, appropriation des démarches qualité, méthodes, mesures et mise en œuvre d’une politique ou d’une culture qualité au sein d’une institution et enfin, gestion et organisation de la qualité.</p>
<h2>S’approprier la démarche qualité</h2>
<p>Il est ainsi apparu que tous les « systèmes qualité » sont des systèmes en tension entre les objectifs de contrôle (« redevabilité », reddition de compte) et ceux d’amélioration continue des programmes et des apprentissages qui s’inscrivent plutôt dans une démarche d’évaluation formative.</p>
<p>Les participants ont également débattu de l’intérêt, pour une institution d’enseignement supérieur, de disposer d’une politique qualité clairement définie et pleinement portée par la direction, afin qu’elle puisse s’améliorer en permanence dans ses missions de formation, de recherche et de service à la collectivité, mais également dans sa gestion.</p>
<p>Pour qu’une politique qualité soit efficace, il est important que les résultats acquis notamment par les procédures d’évaluation soient valorisés par une communication auprès de la communauté universitaire.</p>
<h2>Utiliser les bonnes techniques</h2>
<p>En 2016, le G3 a souhaité aller plus loin dans la réflexion, et dans un colloque à Genève, nous avons abordé la thématique centrale des outils de la démarche qualité, à savoir les outils mis en œuvre au sein des institutions de l’enseignement supérieur et leur intégration dans différentes approches qualité.</p>
<p>Parmi ces dernières on compte : l’accréditation d’institution, de systèmes qualité ou encore de programmes de formation (incluant la formation continue) ; l’accréditation de laboratoires de recherche ou de services administratifs ; l’audit de système qualité ; l’évaluation d’enseignement, de programmes de formation de base ou continue, d’entités académiques ou administratives, ou encore d’institutions.</p>
<p>Les outils (procédures pour l’accréditation, l’audit ou l’évaluation) peuvent être utilisés et définis par des experts externes aux institutions (agences, cabinets d’audit) ou par des experts internes (personnel dédié aux questions d’assurance qualité). Parmi les outils on trouve les documents explicitant au sein de chaque institution les démarches d’évaluation, les critères d’évaluation pris en compte qui peuvent varier selon le type d’évaluation, les tableaux de bord qui permettent de suivre l’état des évaluations ou encore les documents qui précisent les responsabilités des différents acteurs du processus qualité activé.</p>
<h2>Vu de Genève</h2>
<p>Ainsi, à l’Université de Genève, nous développons nos propres procédures et outils d’évaluation et ce que nous essayons de faire c’est de simplifier au maximum la procédure d’évaluation de programme afin d’alléger le travail d’auto-évaluation parfois assez lourd pour le directeur ou la directrice de programme. Cela nous a permis de faire adhérer plus facilement les professeurs soumis à cet exercice d’évaluation de programme systématique.</p>
<p>C’est une expérience que nous partageons lors des colloques. L’objectif poursuivi dans l’évaluation de programmes est généralement d’analyser le positionnement du programme dans le paysage régional, national et international, d’identifier les forces, faiblesses, opportunités et menaces du programme, de dégager des éléments permettant de soutenir le développement et l’amélioration continus du programme et par conséquent de l’institution.</p>
<p>Ces outils sont évolutifs, ils sont amenés à être enrichis constamment par l’évolution de l’environnement de l’enseignement supérieur, par les nouvelles tendances de l’assurance qualité et par le retour des personnes engagées dans les démarches qualité.</p>
<h2>Indicateurs de qualité</h2>
<p>Ces outils s’appuient le plus souvent sur des valeurs, des critères et des indicateurs de qualité. Ils permettent de traduire une vision de la qualité et une démarche propre à chaque établissement, mais aussi d’améliorer l’organisation et la gestion de l’institution et de mieux répartir le partage des responsabilités dans le cadre d’une démarche qualité.</p>
<p>Les nombreux participants <a href="https://g3-qualite2016.sciencesconf.org/data/pages/G3_2016_Resumes_2016_10_04.pdf">au colloque de Genève</a> ont ainsi pu comparer différentes approches et des différents contextes dans lesquels se déploient ces outils d’évaluation, faire une collecte d’idées ou de méthodologies à mettre en pratique et acquérir des pistes de développements d’outils ou même des outils pour leur propre environnement.</p>
<p>En organisant ces colloques, c’est plus de 180 personnes en provenance de tout le monde francophile, y compris des participants du Brésil, de l’Ukraine et du Vietnam qui sont venues échanger sur ces questions d’assurance qualité. Soutenu par l’AUF, dans l’organisation de ses événements, le G3 a pu montré, grâce à ces colloques, le dynamisme et la richesse des expertises et des mécanismes disponibles au sein de la francophonie pour développer et faire évoluer les démarches qualité dans l’enseignement supérieur.</p>
<p>En 2018, il organisera, toujours avec le soutien de l’AUF, un 3<sup>e</sup> colloque qui se déroulera du <a href="https://g3-qualite2018.sciencesconf.org/">24 au 26 octobre à Montréal</a> sur le thème : « Les démarches qualité en enseignement supérieur : quels en sont les effets ? »</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/87290/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Stéphane Berthet ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le G3, groupement d’universités francophones, s’est particulièrement investi dans la manière démarche qualité afin de promouvoir des expériences et pratiques innovantes.Stéphane Berthet, Secrétaire général, Université de GenèveLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.