tag:theconversation.com,2011:/us/topics/qualite-de-lair-22270/articlesqualité de l’air – The Conversation2023-11-20T17:09:50Ztag:theconversation.com,2011:article/2165692023-11-20T17:09:50Z2023-11-20T17:09:50ZLa pollution de l’air intérieur, un danger négligé ? Voici comment améliorer la qualité de l’air chez soi<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/558764/original/file-20231110-21-l7bqjx.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=31%2C31%2C2964%2C1935&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Si aérer son domicile le matin est une pratique bien ancrée, la seconde aération quotidienne l’est beaucoup moins.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/fenetre-a-guillotine-blanche-ouverte-g5CUmZHUp48">Alistair MacRobert / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/">CC BY-NC-SA</a></span></figcaption></figure><p>Au cours de la pandémie de Covid-19, l’aération de nos espaces intérieurs a conquis le statut de <a href="https://twitter.com/Sante_Gouv/status/1443108286933307392">geste barrière</a> et des appareils comme les détecteurs de CO<sub>2</sub> et les purificateurs d’air ont fait une <a href="https://theconversation.com/Covid-comment-se-proteger-simplement-de-la-transmission-aerienne-du-virus-167222">entrée polémique</a> dans les salles de classe.</p>
<p>Depuis une vingtaine d’années, la <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/DP-AIR-ET-SANTE.pdf">recherche scientifique</a> a avancé sur le sujet de la qualité de l’air intérieur en cernant mieux les <a href="https://theconversation.com/comment-respirer-un-air-sain-a-linterieur-160402">différentes sources de pollution</a>. Elles se cumulent à celles de la pollution atmosphérique et se concentrent à l’intérieur des bâtiments, dans lesquels nous passons 80 % de notre temps.</p>
<p>Mais la qualité de l’air intérieur reste aujourd’hui un sujet d’experts, qui ne fait pas encore l’objet <a href="https://theconversation.com/etude-la-pollution-de-lair-interieur-un-probleme-meconnu-par-un-francais-sur-deux-118279">d’une appropriation citoyenne</a>. Pourtant, chacun dispose chez lui de marges de manœuvre pour respirer un sain plus sain.</p>
<h2>Une recherche pour mobiliser le public</h2>
<p>Une <a href="https://www.leroymerlinsource.fr/sante-bien-etre/ethnographie-de-la-qualite-de-lair-interieur/">recherche</a> à laquelle j’ai participé, soutenue par l’Ademe et <a href="https://www.leroymerlinsource.fr/qui-sommes-nous/">Leroy Merlin Source</a>, a souhaité approcher la qualité de l’air intérieur des logements du point de vue des habitants, pour comprendre comment mobiliser le grand public sur ce sujet. Associant une équipe de sociologues (<a href="https://gbrisepierre.fr/">cabinet GBS</a>) et d’expertes techniques (<a href="https://www.medieco.fr/">Médiéco</a>), cette recherche a adopté une approche inédite mêlant ethnographie et accompagnement des habitants.</p>
<p>Douze familles ont ainsi participé en ouvrant la porte de leur domicile aux chercheurs pour une demi-journée, partagée entre un temps d’observation (entretien, visite commentée) et une séquence de conseils personnalisée, ludique et engageante.</p>
<p>Durant les trois mois suivants, ces familles ont expérimenté la mise en place des conseils d’amélioration de la qualité de l’air, encouragées par leur participation à un groupe WhatsApp animé par les expertes.</p>
<p>Un entretien final a permis <a href="https://www.leroymerlinsource.fr/sante-bien-etre/qualite-de-lair-interieur-accompagner-les-habitants/?idU=1">d’évaluer la démarche et les changements</a> mis en œuvre grâce à cet accompagnement.</p>
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<h2>Déni autour de la pollution intérieure</h2>
<p>Nous avons qualifié de <em>déni ordinaire</em> le rapport que les Français entretiennent à la qualité de l’air intérieur de leur logement. Elle ne fait pas partie de leurs préoccupations, contrairement aux économies d’énergie par exemple.</p>
<p>Les habitants se focalisent sur la pollution atmosphérique qui bénéficie d’une forte exposition médiatique depuis plusieurs années maintenant.</p>
<p>Surtout, reconnaître que l’air chez soi est plus pollué que l’air du dehors revient à mettre en danger l’une des principales fonctions anthropologiques du chez soi – la protection : s’il est contaminé, il ne peut plus être un « <em>cocon</em> ».</p>
<p>La perception de la qualité de l’air intérieur au quotidien passe par des signes sensibles rarement cohérents avec la détection des polluants. « L’odeur de propre », par exemple, est en fait celle de polluants chimiques dans l’air.</p>
<h2>L’aération, une pratique bien ancrée</h2>
<p>Du côté des pratiques, la situation paraît plus encourageante au premier abord car le rituel d’aération matinale est une routine bien intégrée, même en hiver.</p>
<p>En revanche, la seconde aération quotidienne recommandée est beaucoup plus aléatoire, elle entre en tension avec la préoccupation pour le confort et les économies d’énergie.</p>
<p>Le constat le plus frappant de l’étude est la distance que les ménages entretiennent avec leur système de ventilation. Ils n’ont souvent même pas les mots pour le décrire et n’en comprennent pas le fonctionnement : plusieurs habitants ont ainsi découvert l’existence d’entrées d’air dans leurs fenêtres.</p>
<p>Il n’est pas étonnant alors que son entretien – par le dépoussiérage – soit irrégulier voire inexistant, et que les habitants mettent en œuvre des pratiques contre-productives – comme l’obstruction des bouches – quand ils sont gênés par le bruit ou le froid.</p>
<h2>Changer ses habitudes de consommation</h2>
<p>L’accompagnement proposé a permis d’élargir le champ de vision et d’action des ménages sur la qualité de l’air de leur logement.</p>
<p>En plus de la discipline d’aération et le maintien d’une ventilation en bon fonctionnement, l’amélioration de l’air chez soi implique une révolution des <a href="https://theconversation.com/notre-air-interieur-est-pollue-mais-de-nouveaux-materiaux-pourraient-apporter-des-solutions-161016">habitudes de consommation</a> courante, afin de réduire à la base les émissions de polluants : choisir des produits ménagers et cosmétiques sains, se détacher des parfums d’ambiance (bougies, diffuseur…), bannir le tabac en intérieur, limiter l’utilisation de la cheminée, adapter ses choix d’aménagements (éviter les tapis, privilégier les meubles en bois brut)…</p>
<p>Si une partie des habitants avaient déjà entamé ces changements, de fortes marges de progression existent afin d’adopter ces réflexes préventifs. Même les plus renseignés jugent ainsi la javel comme un produit inoffensif, ce qui est loin d’être le cas.</p>
<h2>Gare aux solutions technologiques</h2>
<p>Au-delà de ces habitudes quotidiennes, que faire pour améliorer durablement la qualité de l’air de son logement ? En premier lieu, ne pas tomber dans le piège des baguettes magiques technologiques que représentent les purificateurs d’air et les capteurs.</p>
<p>La pression marketing suscite la tentation d’achat de purificateur, alors que leurs <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2012SA0236Ra.pdf">effets assainissants</a> en situation réelle sont limités, et dans certains cas, <a href="https://www.quechoisir.org/actualite-purificateurs-d-air-des-resultats-mitiges-n79363/">controversés</a>.</p>
<p>Quant aux capteurs de qualité de l’air, leur possession n’est pas suffisante pour enclencher une posture réflexive chez la plupart des ménages.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=900&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/558766/original/file-20231110-27-cjdzs4.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1131&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Plantes dépolluantes, purificateurs… le marketing nous pousse parfois à adopter de fausses solutions en matière d’amélioration de l’air intérieur.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/fr/photos/feuilles-blanches-et-vertes-pendant-la-journee-dxXIImOQwF4">Diana Polekhina/Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/">CC BY-ND</a></span>
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<p>Tout comme le <a href="https://gbrisepierre.fr/wp-content/uploads/2019/11/GBS-Blog-articles-20.pdf">suivi des consommations d’énergie</a>, ces outils de mesure ont un effet dans le cadre de dispositifs d’accompagnement. Or ceux-ci n’existent que de manière très marginale sur la qualité de l’air ou s’adressent à des populations spécifiques (malades, précaires énergétiques).</p>
<h2>Des rénovations nécessaires</h2>
<p>Les stratégies d’amélioration de la qualité de l’air les plus efficaces s’inscrivent en réalité dans le cadre de travaux. Elles paraissent néanmoins encore bien laborieuses aux habitants et leurs résultats assez incertains.</p>
<p>Utiliser une peinture non toxique (« naturelle », bio, écolabellisée…), par exemple, est une aspiration de plus en plus courante : mais la choisir reste difficile et son coût plus élevé aboutit à une utilisation partielle – souvent les chambres.</p>
<p>L’amélioration de la ventilation devrait être intégrée à toute rénovation, mais elle est trop souvent repoussée. En maison, son installation est hasardeuse : de nombreux dysfonctionnements sont constatés, y compris quand elle est <a href="https://www.cerema.fr/fr/actualites/ventilation-enjeu-cle-batiments-performants-protocole">réalisée par un professionnel</a>.</p>
<p>En immeuble, les efforts requièrent des décisions collectives trop difficiles à obtenir, par exemple lors de l’assemblée générale de copropriété.</p>
<h2>Accompagner la prise de conscience</h2>
<p>La démarche d’accompagnement expérimenté fait la preuve que des changements sont possibles du côté des habitants, à condition de dépasser une approche normative des comportements (comme les guides de bonnes pratiques) et de s’adapter à leur situation et à leurs préoccupations (propreté, cohabitation, copropriété, travaux…).</p>
<p>Chez les plus novices, l’accompagnement a produit une prise de conscience, « un choc » conduisant à l’abandon immédiat de nombreux produits nocifs. Chez les mieux renseignés, il a renforcé les dynamiques d’amélioration déjà à l’œuvre, et les a légitimés dans une position de porte-parole au sein de leur foyer, auprès de leur entourage voire au travail, conduisant à une diffusion des conseils.</p>
<p>Gageons que cette expérience, dont les outils sont librement accessibles, inspirera de nouvelles démarches portées par des professionnels au contact des habitants, qui n’identifient pour le moment aucun interlocuteur légitime sur le sujet.</p>
<h2>Outiller les professionnels</h2>
<p>La lutte pour un air plus sain dans les logements ne peut toutefois pas reposer exclusivement sur les habitants.</p>
<p>L’<a href="https://www.leroymerlinsource.fr/sante-bien-etre/qualite-de-lair-interieur-des-logements-francais/">état de l’art</a> dressé au démarrage du projet a révélé qu’elle requiert une approche globale associant des politiques publiques plus ambitieuses, une offre de produits sains mieux développée et davantage de prescriptions par les professionnels.</p>
<p>Il serait utile de mettre en situation de conseil les professionnels présents tout au long du parcours des ménages : artisans, agents immobiliers, conseillers France Renov’, magasins de bricolage, travailleurs sociaux, sages-femmes…</p>
<p>Des projets travaillent déjà sur la posture des professionnels et tentent de mieux les outiller (<a href="https://librairie.ademe.fr/urbanisme-et-batiment/5649-ecrains-engagement-a-construire-pour-un-air-interieur-sain.html">ECRAINS</a>, <a href="https://www.renovation-doremi.com/fr/blog/justair-qualite-d-air-interieur/">Just’Air</a>, <a href="https://unice-my.sharepoint.com/personal/vincent_meyer_unice_fr/_layouts/15/stream.aspx?id=%2Fpersonal%2Fvincent%5Fmeyer%5Funice%5Ffr%2FDocuments%2FFLARE%20V3%20DEF%2Emp4&ga=1&referrer=StreamWebApp%2EWeb&referrerScenario=AddressBarCopied%2Eview">FLARE</a>).</p>
<p>Ces changements deviennent urgents à l’heure de l’intensification de la politique de rénovation énergétique des logements, si l’on ne veut pas transformer un progrès dans la lutte contre le réchauffement climatique en scandale sanitaire de l’air intérieur.</p>
<hr>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=292&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/487264/original/file-20220929-18-btga69.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=367&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du <a href="https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr">ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/216569/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gaëtan Brisepierre a reçu des financements pour cette étude de l’Ademe et de Leroy Merlin Source.</span></em></p>Trop souvent négligée, la pollution de l’air intérieur est pourtant un enjeu majeur. Certaines pratiques, travaux et changements d’habitude peuvent être nécessaires pour l’améliorer.Gaëtan Brisepierre, Sociologue indépendant, École des Ponts ParisTech (ENPC)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/2099232023-07-26T14:59:35Z2023-07-26T14:59:35ZLa qualité de l'air diminue à Dakar : que faire pour l'améliorer?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/539218/original/file-20230725-28-xh4xpa.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’accroissement du parc automobile a un impact négatif sur la qualité de l’air à Dakar.</span> <span class="attribution"><span class="source">Photo : SEYLLOU/AFP via Getty Images</span></span></figcaption></figure><p>En Afrique, la pollution de l'air a causé <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34627472/">1,1 million de décès en 2019</a>, dont près de 400 000 attribuables à la pollution de l'air ambiant, selon <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34627472">une étude</a> publiée en 2021 par la revue Lancet Planet Health. À l’instar de beaucoup d’autres métropoles en croissance, les problèmes liés à la dégradation de la qualité de l’air à Dakar sont de plus en plus perceptibles. La vétusté du parc automobile, les rejets industriels, les combustibles à usage domestique, l’incinération des déchets au milieu des lieux d’habitation et l’intensité du trafic routier sont <a href="https://www.researchgate.net/publication/358620867_Pollution_atmospherique_dans_la_ville_de_Dakar_Senegal">les principaux facteurs de pollution atmosphérique dans la capitale sénégalaise</a>. </p>
<p>À cette pollution atmosphérique d’origine anthropique s’ajoute une pollution naturelle engendrée par les couches de poussière provenant du désert du Sahara. En effet, le désert du Sahara est considéré comme <a href="https://www.corse.ars.sante.fr/sites/default/files/2017-02/Etude_InVS_CIRE_vents_de_sable.pdf">la plus grande source de poussières au monde</a>. Il contribue à la moitié des émissions globales de poussières minérales dans l’atmosphère. Ces poussières sont émises dans l’atmosphère lors de tempêtes qui sont des vents forts peuvent soulever de grandes quantités de sable et de poussières. Elles sont ensuite transportées sur de longues distances par les vents jusqu’aux régions côtières d’Afrique de l’Ouest. </p>
<p>Ce texte se fonde sur mes <a href="https://lameteorologie.fr/issues/2022/116/meteo_2022_116_48">recherches</a>. Il met l'accent sur la problématique de la pollution de l'air à Dakar en identifiant les principales sources de pollution, en évaluant l'efficacité du dispositif de surveillance de la qualité de l'air et en explorant des solutions potentielles pour atténuer ce problème.</p>
<h2>Les sources majeures de pollution de l’air à Dakar</h2>
<p><strong>Le secteur du transport routier</strong></p>
<p>La croissance démographique rapide et l’urbanisation incontrôlée à Dakar ont exercé une pression considérable sur les besoins de mobilité, notamment sur la demande en transport. De 1976 à 2013, la population dakaroise est passée de 892 127 habitants à 3 137 196 habitants, soit une augmentation d'un facteur 3,5. Ce chiffre atteint aujourd'hui plus de 4 millions d’habitants. Dakar <a href="https://www.ansd.sn/sites/default/files/2023-04/SES-Dakar-2019.pdf">concentre</a> plus de la moitié du parc automobile national. Ce parc, qui augmente rapidement, est surtout dominé par les véhicules intégrant les moteurs diesel. Étant donné la nature polluante des véhicules automobiles, l’accroissement du parc a forcément un impact négatif sur la qualité de l’air. Il entraîne une consommation accrue des produits pétroliers et donc des émissions de polluants.</p>
<p>De plus, le manque de rigueur dans le contrôle technique des véhicules automobiles, les congestions fréquentes de la circulation dans la capitale sénégalaise sont des facteurs aggravant les émissions de polluants. Les rejets d’oxydes d’azote issus du secteur des transports au Sénégal dans la période 2010-2015 représentaient ainsi environ <a href="https://lameteorologie.fr/issues/2022/116/meteo_2022_116_48">32 % des émissions anthropiques</a>. </p>
<p><strong>Le secteur industriel</strong></p>
<p>Dakar <a href="https://aquadocs.org/bitstream/handle/1834/6974/BaiedeHann_ndao.pdf?sequence=1&isAllowed=y">regroupe</a> 80 % du tissu industriel sénégalais, lequel se concentre majoritairement autour de la <a href="https://www.afd.fr/fr/carte-des-projets/depolluer-baie-hann">baie de Hann</a>. Ces industries génèrent des déchets liquides et solides, des rejets atmosphériques et des nuisances sonores ou olfactives. Ne disposant pour la plupart d’aucun système de filtrage des polluants atmosphériques, elles les rejettent, après leurs activités, directement dans l’atmosphère. </p>
<p>Le secteur de l’énergie est ainsi responsable de <a href="https://lameteorologie.fr/issues/2022/116/meteo_2022_116_48">63 % des émissions de dioxyde de soufre</a> et de 7 % des émissions d’oxyde d’azote.</p>
<p><strong>L'incinération à l’air libre des déchets solides</strong></p>
<p>La gestion des déchets municipaux pose un véritable problème à l’environnement en Afrique subsaharienne où le taux de <a href="https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/17388">collecte des déchets solides</a> dans les villes n’excède pas 46 %. Le système de collecte des ordures reste défaillant. Ce qui pousse les populations à adopter des alternatives telles que l’utilisation des charrettes à traction animale ou le rejet des déchets dans des zones non habitées. Cela entraîne une prolifération des décharges sauvages. Ces dernières, qui se multiplient dans la capitale sénégalaise, ont d’énormes conséquences sur l’environnement, notamment sur la qualité de l’air. L'incinération à l’air libre des déchets solides par les ménages, mais aussi dans les décharges, est une pratique très fréquente et contribue clairement à la détérioration de la qualité de l’air. </p>
<h2>L'impact des vents secs</h2>
<p>L’harmattan est un vent de secteur nord-est, chaud et sec, qui souffle en provenance du Sahara. Au cours de son passage, il transporte d’importantes quantités de poussières du Sahara et des régions désertiques du Sahel. Des <a href="https://journals.ametsoc.org/view/journals/apme/25/7/1520-0450_1986_025_0903_amfsdt_2_0_co_2.xml">études</a> <a href="https://journals.ametsoc.org/view/journals/apme/25/7/1520-0450_1986_025_0903_amfsdt_2_0_co_2.xml">ont montré</a> que 60 % des flux de poussières du nord de l’Afrique se dirigent vers le Golfe de Guinée. En saison sèche, entre novembre et mars, la plupart des villes situées en zone sahélienne sont ainsi confrontées aux vents secs du Nord-Est, chargés de poussières minérales d’origine désertique. </p>
<p>Durant cette période, plusieurs villes de la région connaissent des niveaux de concentration en particules de poussières très élevés. A Dakar les niveaux de concentration en particules dépassent largement les seuils fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).</p>
<p>Les poussières en provenance du désert du Sahara viennent s’ajouter à la pollution atmosphérique d’origine anthropique que nous venons d'évoquer. Ces poussières désertiques peuvent avoir un impact sur l’environnement (réduction de l’intensité du rayonnement solaire, de la visibilité), sur les activités quotidiennes (suspension des vols) et sur la santé humaine. Par exemple, l'inhalation de particules de poussière peut aggraver les problèmes respiratoires existants, tels que l'asthme et les allergies.</p>
<h2>Efficacité du dispositif de surveillance</h2>
<p>La surveillance et la gestion de la qualité de l’air permettent de disposer de bons indicateurs en termes de risque sanitaire. Dakar fait partie des rares villes d’Afrique subsaharienne à bénéficier d’un réseau de surveillance de la qualité de l’air. Le réseau est constitué de 6 stations fixes (5 réparties dans la ville de Dakar et une autre à Guédiawaye, en banlieue). </p>
<p>En 2009, le gouvernement sénégalais a mis en place le Centre de gestion de la qualité de l’air (CGQA) pour évaluer la qualité de l’air à Dakar. La création du CGQA a été possible grâce à un financement du Fonds nordique de développement (NILU). </p>
<p>Les instruments de surveillance de la qualité de l’air sont très coûteux, ils nécessitent un personnel qualifié et une maintenance régulière. Par ailleurs, ces équipements sont installés le plus souvent loin des sources ponctuelles de pollution qui peuvent changer au fil du temps. Les concentrations des polluants atmosphériques peuvent en effet présenter une forte variabilité spatio-temporelle, difficile à mesurer par les stations de référence. </p>
<h2>Les solutions possibles</h2>
<p>La lutte contre les effets néfastes de la pollution constitue un véritable enjeu et une série de défis complexes pour les gouvernants. Nous allons énumérer quelques mesures possibles visant à atténuer les effets néfastes de la pollution de l’air comme :</p>
<ul>
<li><p>le renouvellement du parc automobile avec des véhicules moins polluants; </p></li>
<li><p>la promotion des transports en collectifs tels que le TER (Train Express Régional) et le BRT (Bus Rapid Transit); </p></li>
<li><p>la mise en place d'un système d’alertes précoces qui permettra aux populations de prendre rapidement des mesures de protection appropriées. </p></li>
</ul>
<p>Entre autres mesures individuelles, chaque personne à son niveau peut participer à la réduction des effets néfastes de la pollution de l'air en respectant les recommandations suivantes en périodes de pic de pollution : </p>
<ul>
<li><p>se protéger en utilisant des masques faciaux appropriés; </p></li>
<li><p>limiter les déplacements et éviter une exposition longue à l’air ambiant; </p></li>
<li><p>réduire et reporter les activités physiques intenses en plein air;</p></li>
<li><p>consulter un médecin en cas de gêne inhabituelle.</p></li>
</ul>
<p>Les politiques de lutte contre la pollution de l’air nécessitent des actions ambitieuses dans tous les secteurs d’activité, ainsi que des financements colossaux qui impactent le budget de l'Etat. </p>
<p>Nos résultats de <a href="https://lameteorologie.fr/issues/2022/116/meteo_2022_116_48">recherche</a> ont montré que la qualité de l’air dans la ville de Dakar est mauvaise et se détériore surtout pendant la saison sèche où les pics de pollution sont assez fréquents. Les particules en suspension sont les polluants les plus importants observés à Dakar et leurs concentrations dépassent les seuils annuels fixés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Des efforts sont entrepris par le gouvernement pour contrôler et endiguer le phénomène mais sont encore insuffisants.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/209923/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Baïdy SOW does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.</span></em></p>La surveillance et la gestion de la qualité de l’air permettent de disposer de bons indicateurs en termes de risque sanitaire. Dakar bénéficie d’un réseau de surveillance de la qualité de l’air.Baïdy SOW, Doctorant en physique, Université Alioune Diop de BambeyLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1909432022-11-04T14:36:45Z2022-11-04T14:36:45ZChangements climatiques : quel avenir pour le soccer ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/495129/original/file-20221114-26-yqdh7o.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C5028%2C3360&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Y aura-t-il encore une Coupe du monde de soccer en 2100 ? Quel impact la pollution a-t-elle sur la performance des joueurs ?</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Ces dernières années, de nombreux rassemblements sportifs majeurs ont été bousculés par des événements météorologiques extrêmes : un <a href="https://www.rugbyworldcup.com/2019/news/505639/typhon-hagibis-les-matches-affectes">typhon qui force le report de plusieurs rencontres</a> lors de la Coupe du monde de rugby 2019 au Japon, <a href="https://www.nytimes.com/2020/01/06/sports/Australian-Open-fire.html">air irrespirable lors de l’Open de tennis d’Australie 2020</a> à cause des feux de brousse, <a href="https://www.lapresse.ca/sports/jeux-olympiques/2019-11-01/jo-2020-tokyo-ne-bloquera-pas-la-delocalisation-du-marathon">délocalisation du marathon olympique</a> plus au nord pour fuir la chaleur accablante de Tokyo. Le constat est similaire pour les <a href="https://theconversation.com/changement-climatique-les-jeux-olympiques-dhiver-sont-ils-amenes-a-disparaitre-175964">Jeux olympiques d’hiver, dont l’avenir est incertain</a>.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/changement-climatique-les-jeux-olympiques-dhiver-sont-ils-amenes-a-disparaitre-175964">Changement climatique : les Jeux olympiques d’hiver sont-ils amenés à disparaître ?</a>
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<p>Et le soccer n’est, lui, pas épargné.</p>
<p>Le 20 novembre prochain, les meilleures sélections nationales, dont le Canada, se rassembleront au Qatar pour s’affronter lors de la 22<sup>e</sup> édition de la Coupe du monde de soccer. Pour la première fois de son histoire, l’événement, qui, par ailleurs, fait l’objet de plusieurs <a href="https://reporterre.net/Football-Coupe-du-monde-au-Qatar-un-desastre-humain-et-ecologique">critiques sociales et environnementales</a>, se tiendra à la fin de l’automne en raison des fortes chaleurs qui affectent le pays pendant l’été et qui pourraient affecter la santé des spectateurs et des athlètes.</p>
<p>Y aura-t-il encore une Coupe du monde de soccer en 2100 ? Quel impact la pollution a-t-elle sur la performance des joueurs ? Devons-nous faire un choix entre l’amour du ballon rond et la lutte contre les changements climatiques ?</p>
<p>Chercheurs en sciences de l’activité physique, nous proposons d’apporter un éclairage sur les impacts des changements climatiques sur le soccer de demain.</p>
<h2>Le soccer : victime ou bourreau des changements climatiques ?</h2>
<p>La combinaison des données historiques et des scénarios d’émission actuels révèle que l’élévation du niveau des océans, l’intensification des vagues de chaleur, l’augmentation des risques de <a href="https://www.geo.fr/environnement/incendies-en-foret-quest-ce-que-les-megafeux-211041">mégafeux</a> et d’inondations et la détérioration de la qualité de l’air <a href="https://www.rapidtransition.org/resources/playing-against-the-clock/">constituent des menaces majeures pour la pratique du soccer amateur et professionnel</a>. Cependant, le soccer n’est pas qu’une simple victime des changements climatiques. En effet, il y contribue largement, comme en témoigne l’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0959652619312181?via%3Dihub">empreinte carbone annuelle des joueurs du Premier League (Championnat d’Angleterre de football), estimée à 29 tonnes d’équivalent CO₂</a>, et ce, seulement pour les déplacements.</p>
<p>Cela représente près de 3 fois l’empreinte carbone annuelle des citoyens britanniques, et dépasse largement l’<a href="https://www.2tonnes.org">objectif global de 2 tonnes par personne</a>, fixé pour atteindre les engagements de l’Accord de Paris (COP21).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/485611/original/file-20220920-3560-c12wfn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Interruption d’un match au Brésil en raison d’un incendie, en 2019.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Capture d’écran YouTube</span></span>
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<h2>Chaleur, intempéries, inondations : quels impacts sur la pratique ?</h2>
<p>À court terme, les préoccupations concernent surtout la <a href="https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/17430437.2021.1984426">faible qualité de l’air et la chaleur</a>, ce qui serait à même d’<a href="https://wires.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/wcc.760">affecter la santé des spectateurs, des travailleurs du milieu sportif et des athlètes, ainsi que leurs performances</a>. Certaines associations sportives comme la <a href="https://www.mlssoccer.com/">Major League Soccer (MLS)</a> ou <a href="https://albertasoccer.com/">Alberta Soccer</a> au Canada imposent déjà des seuils de sécurité afin d’encadrer la tenue des événements <a href="https://www.mlssoccer.com/news/how-mls-measures-and-manages-extreme-heat-conditions-matches#:%7E:text=If%20the%20WBGT%20temperature%20reads,is%20safe%20to%20do%20so.">lors des épisodes de forte chaleur</a> et de <a href="https://albertasoccer.com/wp-content/uploads/2016/11/Alberta-Soccer-Air-Quality-Monitoring-Guidelines-November-2016.pdf">pics de pollution</a>.</p>
<p>Puisqu’il est estimé que ces conditions seront de plus en plus fréquentes dans un avenir rapproché (le <a href="https://atlasclimatique.ca/map/canada/plus30_2060_85#lat=50.48&lng=-110.77&z=7">mercure devrait dépasser les 30 °C</a> plus de 50 jours par année dans plusieurs villes canadiennes, dont Montréal et Toronto, d’ici 2050-2080), il est possible d’estimer une plus grande émergence des reports et d’annulations d’entraînements et de matchs. À cela s’ajoutent l’impact potentiel des incendies sur les infrastructures ainsi que la détérioration des terrains en gazon naturel en raison des vagues de sécheresse et des restrictions d’arrosage l’été. Ces terrains pourraient aussi être affectés par des conditions de plus en plus difficiles en hiver.</p>
<p>En Angleterre, en 2013, une étude rapportait déjà une <a href="https://www.sportandrecreation.org.uk/news/industry/alliance-survey-bad-weather-and-lack-of-facil">perte de 3 à 13 semaines d’utilisation de certains terrains naturels à cause de précipitations plus intenses</a>. À plus long terme, la montée des océans et les inondations plus fréquentes seraient susceptibles de représenter une menace opérationnelle temporaire ou définitive pour les activités des clubs et donc compromettre l’avenir du soccer dans certaines régions du monde si les émissions de gaz à effet de serre <a href="https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2022-04-04/nouveau-rapport-du-giec/trois-ans-pour-agir.php">poursuivent leurs tendances actuelles</a>.</p>
<p>Selon un rapport qui se base sur des modélisations, les <a href="https://www.rapidtransition.org/resources/playing-against-the-clock/">stades de 23 équipes professionnelles d’Angleterre pourraient être confrontés à des inondations partielles ou totales lors de chaque saison d’ici 2050</a>. De tels événements sont déjà survenus à <a href="https://www.lemonde.fr/football/article/2014/10/07/ligue-1-le-stade-de-montpellier-ravage-par-les-inondations_4501921_1616938.html">Montpellier en France (2014)</a> et <a href="https://www.theguardian.com/football/2015/dec/09/carlisle-united-community-rallies-round-flood-hit-football-club">Carlisle en Angleterre (2015)</a>, rendant les terrains inutilisables pendant plusieurs mois.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Des hommes portant des planches pataugent sur un terrain de soccer inondé" src="https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/491937/original/file-20221026-4274-y3g6d9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=565&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Des hommes portant des planches pataugent sur un terrain de soccer inondé dans le quartier de Jukyty, à Asuncion, au Paraguay, le 4 avril 2019. Plus de 20 000 personnes ont été évacuées après que des pluies torrentielles ont provoqué d’importantes inondations.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Jorge Saenz)</span></span>
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</figure>
<p>Dans certains contextes, les terrains synthétiques offrent une alternative intéressante lorsqu’un terrain naturel est indisponible ou trop dégradé ; de plus, ils peuvent être utilisés sur une plus longue période de l’année. Toutefois, les données démontrent que ces terrains sont sujets à générer des îlots de chaleur, avec une <a href="https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1754337114553692">température de surface qui peut être de 12 à 22 °C plus élevée que la température d’un gazon naturel</a>. Ce niveau de température augmente le stress thermique vécu par les athlètes et, par le fait même, les risques pour leur santé et leurs performances. Il en est de même pour la santé des arbitres, des entraîneurs et des spectateurs.</p>
<h2>Impacts sur la santé et la performance des joueurs</h2>
<p>La pollution de l’air impacte négativement la <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/18/24/12928">quantité et la qualité des passes</a>, la <a href="https://www.mdpi.com/1660-4601/18/24/12928">distance parcourue et les efforts à haute intensité</a> réalisés par les joueurs professionnels. Les pics de pollution pourraient même drastiquement réduire le nombre de buts marqués au cours des matchs.</p>
<p>Il existe des évidences empiriques, observées depuis plusieurs décennies, que les <a href="https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/1612197X.2014.888245">chances de gagner sont plus élevées lorsqu’on joue à domicile</a>. Dans une ville polluée, cette augmentation est <a href="https://ideas.repec.org/a/sae/jospec/v23y2022i3p277-300.html">accentuée lorsque l’équipe adverse provient d’une ville moins polluée</a>. Pourquoi ? Parce que l’équipe d’accueil est habituée à une pollution de l’air moyenne plus importante, et sa performance en est donc moins affectée.</p>
<p>La chaleur et la déshydratation peuvent également affecter les performances des athlètes et, en conséquence, la qualité des matchs et du spectacle offert. Or, des <a href="https://bjsm.bmj.com/content/49/9/609">analyses effectuées sur les matchs de la Coupe du monde 2014 au Brésil semblent indiquer</a> que la qualité du jeu n’était pas affectée par la chaleur accablante. Cependant, ces résultats doivent être interprétés prudemment, puisque les <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19807723/">athlètes de haut niveau tolèrent généralement mieux la chaleur et la déshydratation que les individus non entraînés</a>.</p>
<p>Il est donc possible de penser que les effets néfastes sur la santé et la performance seraient plus importants chez des athlètes amateurs, ou alors chez des joueurs plus âgés ayant des conditions de santé particulières.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="équipe de soccer féminine au japon -- joueuses boivent de l’eau" src="https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=398&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/491752/original/file-20221025-14-pypzme.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=500&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Les joueuses de l’équipe du Japon s’hydratent pendant leur entraînement, à la veille du match entre le Japon et la Nouvelle-Zélande lors de la Coupe du monde de football féminin à Bochum, en Allemagne, le 26 juin 2011.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(AP Photo/Martin Meissner)</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Besoin urgent de changement : d’une approche réactive à une approche proactive</h2>
<p><a href="https://www.football-ecology.org/fr/">Le soccer, par son envergure et sa capacité à toucher un large public, peut jouer un rôle majeur dans la transition écologique actuelle</a>, notamment par des stratégies d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.</p>
<p>La Fédération internationale de football association (FIFA) a été l’une des premières fédérations sportives internationales à s’engager dans la <a href="https://unfccc.int/sites/default/files/resource/Sports_for_Climate_Action_Declaration_and_Framework.pdf">Convention-Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques – Le sport au service de l’action climatique</a>, en développant <a href="https://digitalhub.fifa.com/m/a6e93d3f1e33b09/original/FIFA-Climate-Strategy.pdf">sa propre stratégie pour le climat</a>. Concrètement, la FIFA a établi plusieurs initiatives qui s’articulent autour de trois objectifs principaux : (1) rendre le soccer prêt pour l’action climatique ; (2) protéger les tournois emblématiques des impacts négatifs des changements climatiques et (3) assurer le développement d’un soccer résilient.</p>
<p>Dans la foulée, afin d’atténuer les impacts des changements climatiques sur son fonctionnement, le monde du soccer va très rapidement devoir passer d’une approche réactive à une approche proactive, en mettant des actions en place :</p>
<ul>
<li><p><a href="https://www.rapidtransition.org/resources/sweat-not-oil-why-sports-should-drop-advertising-and-sponsorship-from-high-carbon-polluters/">Interdire les commanditaires issus des énergies fossiles</a> ;</p></li>
<li><p><a href="https://pubs.acs.org/doi/pdf/10.1021/acs.est.1c03422">Réorganiser les compétitions</a> pour diminuer les déplacements des athlètes et partisans, en obligeant les ligues professionnelles nationales à recommander les <a href="https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-vrai-du-faux/le-vrai-du-faux-football-existe-t-il-des-clubs-europeens-qui-contrairement-au-psg-prennent-le-train-plutot-que-l-avion-pour-leurs-deplacements-sportifs_5320999.html">déplacements en train</a>pour les courts trajets ;</p></li>
<li><p>Favoriser les <a href="https://doi.org/10.1016/j.erss.2019.02.016">transports en commun ou partagés</a> pour les partisans, et les athlètes amateurs ;</p></li>
<li><p>Réduire la vulnérabilité des pratiquants et des spectateurs en adaptant la réglementation et les activités : pauses-fraîcheur plus fréquentes, possibilité de faire plus de changements pendant les matchs, révision des règles concernant la durée des matchs en cas d’égalité, déplacement des matchs à des moments plus frais dans la journée.</p></li>
</ul>
<p>Puisque le soccer n’est pas le seul sport à être à la fois victime et bourreau des changements climatiques, une action urgente du monde sportif dans son ensemble est nécessaire pour continuer de pratiquer de manière plaisante et sécuritaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/190943/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Thomas Deshayes a reçu des financements des Fonds de Recherche du Québec - Santé dans le cadre de son doctorat.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Bernard Paquito a reçu des financements des Fonds de Recherche du Québec - Santé et de la Fondation cancer du sein du Québec.</span></em></p>Y aura-t-il encore une Coupe du monde de soccer en 2100 ? Quel impact la pollution a-t-elle sur la performance des joueurs ? Éclairage sur les impacts des changements climatiques sur le soccer de demain.Thomas Deshayes, Chercheur postdoctoral en sciences de l'activité physique, Université de Sherbrooke Paquito Bernard, Professeur, Université du Québec à Montréal (UQAM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1820732022-05-15T16:00:16Z2022-05-15T16:00:16ZPollution de l’air : diviser par trois la mortalité tout en étant économiquement rentable, c’est possible !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/462285/original/file-20220510-10405-8t3is2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C7360%2C4792&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans la métropole grenobloise comme ailleurs, l’amélioration de la qualité de l’air passe notamment par le vélo et les transports en commun. Mais le jeu en vaut la chandelle.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/diqJhQtHHNk">Fabe collage / Unsplash</a></span></figcaption></figure><p>Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), <a href="https://www.who.int/fr/news/item/02-05-2018-9-out-of-10-people-worldwide-breathe-polluted-air-but-more-countries-are-taking-action#:%7E:text=Les%20recommandations%20de%20l%E2%80%99OMS,les%20PM2%2C5">dans le monde 9 personnes sur 10 respirent un air contenant des niveaux élevés de polluants</a>. Les conséquences en matière de santé sont dramatiques, puisque l’OMS estime que l’exposition aux <a href="https://theconversation.com/pollution-de-lair-toutes-les-particules-fines-nont-pas-les-memes-effets-sur-la-sante-161261">particules fines</a> dans l’air extérieur est responsable de plus de 4 millions de décès par an. L’organisation a d’ailleurs significativement durci, fin 2021, <a href="https://www.who.int/fr/news/item/22-09-2021-new-who-global-air-quality-guidelines-aim-to-save-millions-of-lives-from-air-pollution">ses valeurs guides en matière de pollution de l’air</a>.</p>
<p>Les pays les plus touchés sont les pays à revenu faible ou intermédiaire, qui totalisent 90 % des décès dus à la pollution de l’air, mais les autres pays sont également concernés. Ainsi, <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2021/pollution-de-l-air-l-oms-revise-ses-seuils-de-reference-pour-les-principaux-polluants-atmospheriques#:%7E:text=La%20pollution%20atmosph%C3%A9rique%20constitue%20un,lien%20avec%20l%E2%80%99air%20ambiant.">selon Santé publique France</a>, dans notre pays la pollution de l’air par les particules fines (PM<sub>2,5</sub>) serait en moyenne responsable d’une perte d’espérance de vie de près de 8 mois pour les personnes âgées de 30 ans et plus. Chaque année, près de 40 000 décès peuvent lui être attribués. </p>
<p>Ces impacts sanitaires se traduisent en impacts économiques conséquents. Ainsi, les coûts économiques de la pollution atmosphérique sur la santé étaient estimés en 2010 à environ 1 700 milliards de dollars dans les pays de l’OCDE, et rien qu’en France, les coûts directs et indirects, <a href="http://www.senat.fr/rap/r14-610-1/r14-610-11.pdf">à 100 milliards d’euros par an</a>. Pourtant, l’argument économique est parfois évoqué pour justifier de la faible ambition des politiques visant à réduire la pollution atmosphérique, alors même que les mesures de lutte contre la pollution ne donnent, en France, jamais lieu à une évaluation économique de leurs coûts et bénéfices.</p>
<p>Pour combler ces lacunes, nous avons développé le projet interdisciplinaire <a href="https://mobilair.univ-grenoble-alpes.fr/">MobilAir</a>. Son ambition était notamment de répondre à deux questions majeures : quelles mesures adopter pour atteindre un objectif prédéterminé de réduction de l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique en ville ? Quels en seraient les coûts et les bénéfices ? </p>
<p>Voici la démarche qui a été appliquée à l’échelle de l’agglomération grenobloise, ainsi que les résultats obtenus. Une approche qui est, en principe, transposable à toute agglomération…</p>
<h2>Évaluer l’impact économique de la pollution de l’air</h2>
<p>Si, en France, aucune évaluation économique n’est menée pour comparer les coûts et les bénéfices liés à la mise en place d’actions de réduction de la pollution, ce n’est pas le cas partout : aux États-Unis, par exemple, le <em>Clean Air Act</em> rend obligatoires de telles évaluations. Ces dernières ont démontré que les coûts de réduction de la pollution sont entre <a href="https://www.epa.gov/clean-air-act-overview/benefits-and-costs-clean-air-act-1990-2020-second-prospective-study">3 et 90 fois</a> moins importants que les bénéfices que ces mesures génèrent. </p>
<p>La première étape du projet MobilAir a donc consisté à estimer le coût humain et économique de la pollution de l’air dans la métropole grenobloise par le biais d’une évaluation quantitative de l’impact sanitaire (EQIS) complétée d’une analyse économique. Ces <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412019300157">travaux</a> ont été publiés dans la revue scientifique <em>Environment International</em> en août 2019.</p>
<p>Les <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412019300157">résultats</a> indiquent que l’exposition moyenne annuelle aux particules fines (PM<sub>2,5</sub>), estimée à 13,9 μg/m<sup>3</sup> en 2016, y était responsable de 145 décès chaque année. Les coûts associés à ces impacts sanitaires ont été quant à eux évalués à 495 millions d’euros par an.</p>
<h2>Réduire des deux tiers les émissions, c’est possible</h2>
<p>Face à ce constat, une démarche a été mise en place avec les décideurs locaux pour définir des objectifs de réduction de cette surmortalité. En collaboration avec les chercheurs, trois objectifs contrastés, mais chacun d’ampleur significative ont alors été définis : diminuer de 33 %, 50 % et 67 % la mortalité attribuable aux PM<sub>2,5</sub> en 2021, 2025 et 2030, respectivement, par rapport au bilan établi pour 2016.</p>
<p>Le travail de modélisation interdisciplinaire, qui s’est déployé sur trois années, a regroupé des spécialistes de la pollution de l’air d’<a href="https://www.atmo-auvergnerhonealpes.fr/">Atmo Auvergne-Rhône-Alpes</a>, des épidémiologistes de l’<a href="https://www.inserm.fr/">Inserm</a>, des économistes de l’environnement du <a href="https://www.cnrs.fr/fr/page-daccueil">CNRS</a>, ainsi que des spécialistes des transports de l’<a href="https://www.inrae.fr/">Inrae</a>. Cette chaîne de modélisation est basée sur diverses sources de données : données de pollution directement produites par Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, données issues de la surveillance sanitaire, données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), données provenant d’enquêtes de mobilité ainsi que de la littérature scientifique, spécialisée en santé et en économie.</p>
<p>Cette approche a permis d’identifier les politiques à appliquer dans les deux secteurs contribuant le plus à la pollution afin d’atteindre les objectifs fixés.</p>
<h2>Chauffage au bois et trafic routier : d’importants émetteurs de particules fines</h2>
<p>Le chauffage au bois et le trafic routier sont les principaux émetteurs de PM<sub>2,5</sub> dans l’agglomération grenobloise. À l’échelle de la métropole grenobloise, ces deux secteurs représentent respectivement 63 % et 17 % des émissions (données Atmo AuRA). </p>
<p>Les PM<sub>2,5</sub> produites par le trafic routier proviennent non seulement de la combustion du diesel (émissions à l’échappement), mais aussi de l’abrasion des freins et de la resuspension des particules lors du frottement des roues sur le bitume. Alors que le renouvellement du parc de véhicules diesel permet de réduire les émissions à l’échappement (notamment pour les véhicules diesel correspondants aux <a href="https://www.ecologie.gouv.fr/normes-euros-demissions-polluants-vehicules-lourds-vehicules-propres#:%7E:text=Par%20rapport%20%C3%A0%20la%20norme%20Euro%20V%2C%20la%20norme%20Euro,et%20les%20particules%20par%2035.">normes Euro 5 et 6</a>, qui sont postérieurs à 2011), la technologie n’a aucun impact sur les émissions dues à l’abrasion et à la resuspension. De ce fait, un véhicule électrique émet lui aussi des PM<sub>2,5</sub>. </p>
<p>Pour ce qui concerne le chauffage au bois, ce sont principalement les équipements de type cheminée à foyer ouvert et poêles non performants qui participent majoritairement aux émissions du secteur.</p>
<p>Les travaux indiquaient que l’objectif le plus ambitieux, soit une diminution de 67 % des 145 décès liés aux PM<sub>2,5</sub>, est effectivement <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412021006553?via%3Dihub">atteignable</a>. Il faut pour cela agir de manière combinée et ambitieuse sur le chauffage au bois et le transport.</p>
<h2>Comment procéder ?</h2>
<p>Pour le chauffage, il s’agirait de remplacer tous les équipements de chauffage au bois non performants par des poêles à granulés. Ces derniers permettent de limiter considérablement les émissions de PM<sub>2,5</sub>.</p>
<p>Dans le secteur des transports, il est nécessaire de viser une réduction d’un tiers du trafic des voitures et deux-roues dans l’agglomération. Ceci pourrait être atteint par une zone à faibles émissions (zone urbaine dont l’accès est réservé aux véhicules les moins polluants) pour le transport de marchandises et les véhicules particuliers, interdisant l’accès aux véhicules<a href="https://www.ecologie.gouv.fr/certificats-qualite-lair-critair#e5"> « Crit’air 2 » </a> et plus. </p>
<p>Irréaliste ? Non, car les données de déplacement sur l’agglomération grenobloise montrent qu’une telle diminution est atteignable en augmentant l’usage des modes de transport actifs comme alternative à la voiture. Autrement dit, pour améliorer la qualité de l’air, les nombreux trajets courts parcourus aujourd’hui en voiture devront se reporter vers la marche ou le vélo. Cerise sur le gâteau : ces reports, qui permettront de réduire la pollution, auront aussi des répercussions positives sur la santé de celles et ceux qui en feront le choix.</p>
<h2>Lutter contre la pollution de l’air : d’importants co-bénéfices sanitaires liés à l’activité physique</h2>
<p>La marche - y compris pour se rendre aux arrêts de transports en commun - et le vélo, qu’il soit classique ou à assistance électrique augmentent l’activité physique. Soulignons que la démocratisation du vélo à assistance électrique rend envisageable le remplacement de la voiture pour des trajets plus longs. Or on sait aujourd’hui tous les bénéfices pour la santé qui découlent d’une activité physique régulière.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-savoir-si-vous-etes-sedentaire-86422">Comment savoir si vous êtes sédentaire ?</a>
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<p>Les estimations des épidémiologistes montrent qu’au-delà des 96 décès par an (soit 67 % des 145 décès attribuables à la pollution atmosphérique) évités par la baisse de la pollution atmosphérique, entre 60 et 180 décès supplémentaires pourraient être évités par augmentation de l’activité physique. Ces chiffres dépendent bien entendu des modes de transport utilisés en alternative à la voiture : les scénarios avec le plus fort développement de la marche et du vélo sont ceux conduisant aux gains sanitaires les plus importants comparativement aux scénarios davantage axés sur les transports en commun. Précisons que ces chiffres tiennent compte également de l’accidentologie spécifique à chaque mode de transport.</p>
<p>Au total, avec les hypothèses les plus favorables à l’activité physique, jusqu’à 270 décès pourraient être évités chaque année dans la population grenobloise (sur une mortalité annuelle toutes causes confondues d’environ 2 600 décès).</p>
<h2>Un rapport coût-bénéfice conséquent</h2>
<p>Au-delà de ces bénéfices sanitaires considérables, ces mesures sont également très favorables d’un point de vue économique. L’analyse coût-bénéfice menée dans le cadre de ce projet a permis de comparer l’ensemble des coûts et l’ensemble des bénéfices sur les 30 prochaines années. </p>
<p>Les coûts pour la collectivité en matière de financement des mesures et des infrastructures nécessaires ont été évalués, tout comme l’impact sur les dépenses des ménages (achats d’un nouvel équipement de chauffage, impact du report modal sur les dépenses). Les bénéfices économiques liés aux impacts sanitaires (diminution de la pollution et augmentation de l’activité physique), au bruit, à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et au temps passé dans les transports ont également été estimés. </p>
<p>Ces évaluations indiquent que les scénarios avec le plus fort développement des modes actifs sont ceux conduisant au bénéfice économique net total le plus élevé, générant 6,7 à 8,7 milliards d’euros sur la période de 30 ans considérée (selon que l’on intègre ou non le vélo à assistance électrique dans les options de report modal). Cela représente un bénéfice annuel net se situant entre 480 et 630 euros par habitant et par an. </p>
<p>Une hypothèse de report modal favorisant plutôt les transports en commun se traduit également par un bilan positif, quoique plus faible, d’environ 2 milliards d’euros sur la période 2016-2045 (soit 160 euros par an et par habitant). Sur l’ensemble des scénarios évalués, chaque euro investi par la collectivité sous forme d’infrastructures de transport et de subvention à l’achat de poêles à granulés générerait entre 1,1 et 4,7 euros de bénéfices.</p>
<p>Il est donc possible de mettre en place dans les collectivités des mesures permettant de réduire considérablement la pollution et ses impacts. Reste à trouver comment convaincre : impulser les changements de comportement de mobilité dans le cadre des politiques environnementales demeure aujourd’hui encore difficile. Espérons que la perspective d’améliorer considérablement leur bien-être et leur santé - en luttant contre la pollution de l’air et en pratiquant une activité physique régulière - encouragera les urbains à enfourcher plus souvent leur vélo…</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/182073/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>On invoque parfois l’économie pour justifier l’ambition limitée de la lutte contre la pollution de l’air. Pourtant, plus celle-ci vise haut, plus le bénéfice pour le budget - et la santé - est grand.Sandrine Mathy, Directrice de Recherche CNRS - économiste de l'environnement - Laboratoire GAEL, Université Grenoble Alpes (UGA)Hélène Bouscasse, Chercheuse INRAE, spécialisée en économie spatiale et des transport, InraeRémy Slama, Directeur de recherche en épidémiologie environnementale,, InsermStephan Gabet, Attaché temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) en Santé publique, Université de LilleLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1755452022-01-30T19:08:37Z2022-01-30T19:08:37ZNormes de qualité de l’air : quels bénéfices pour la santé en attendre en Europe ?<p>Dès le début du XX<sup>e</sup> siècle, des épisodes de pollution atmosphérique ont marqué les esprits et révélé des impacts sanitaires gravissimes. En 1930, le <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/ps/2007-v26-n2-3-ps2113/017664ar/">pic de pollution aux oxydes de soufre et d’azote dans la vallée de la Meuse</a> (Belgique) entraîna ainsi une augmentation massive des décès (multipliés par six). Mais c’est bien l’épisode du <a href="https://dictionary.cambridge.org/fr/dictionnaire/anglais/smog">grand smog de Londres</a> 20 ans plus tard qui constitue le marqueur d’une prise de conscience internationale sur le lien entre qualité de l’air et santé.</p>
<p>Caractérisé par une accumulation inédite entre le 5 et le 9 décembre 1952 des fumées émanant des installations de combustion industrielles et du chauffage résidentiel, cet épisode est suivi d’un <a href="https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/ehp.6539">excès de plus de 4 000 décès en deux semaines</a>, et de <a href="https://www.researchgate.net/publication/10992016_Counting_the_Cost_of_London%E2%80%99s_Killer_Smog">12 000 jusqu’à février 1953</a>.</p>
<p>Dans ce contexte, des dispositifs législatifs visant à évaluer et gérer la qualité de l’air ont été mis en œuvre : le <em>Clean Air Act</em> au Royaume-Uni en 1956, le <em>Clean Air Act</em> aux États-Unis en 1963, en Italie et en Suisse en 1966, et la <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000684032/">loi sur l’air française de 1961</a>.</p>
<p>Toutefois, dans tous ces dispositifs, les aspects sanitaires demeuraient marginaux. Leur couverture spatiale et temporelle était également limitée. Par exemple, <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/ps/2007-v26-n2-3-ps2113/017664ar/">cette première loi française prévoyait essentiellement des plans d’alerte en cas de crise et la mise en place des systèmes de mesure de la composition de l’air, mais uniquement dans les zones fortement industrialisées</a>.</p>
<h2>Des normes pour réduire la pollution</h2>
<p>Depuis, les dispositifs ont bien évolué. Le <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000381337/">dispositif national actuel</a> couvre l’ensemble du territoire, avec une surveillance et prévision en continu. Ce dispositif, <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000018984836/">régi par des directives européennes</a>, fixe des normes de qualité de l’air pour la concentration atmosphérique de certains polluants avec objectifs de qualité de l’air, seuils d’alerte, d’information/recommandation et valeurs limites.</p>
<p>Au niveau mondial, l’Organisation mondiale de la Santé a recommandé en 2021 des <a href="https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/346555/9789240035423-fre.pdf">valeurs guides de qualité de l’air</a> pour la concentration de six polluants : particules fines en suspension (PM<sub>2,5</sub> et PM<sub>10</sub>, PM pour <em>Particles Matter</em>, dont les <a href="https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c2196">diamètres sont inférieurs à 2,5 et 10µm</a>), ozone (O<sub>3</sub>), dioxyde d’azote (NO<sub>2</sub>), dioxyde de soufre (SO<sub>2</sub>) et monoxyde de carbone (CO).</p>
<p>En France, comme dans d’autres pays industrialisés, ces dispositifs de surveillance et normes ont permis de réduire les niveaux de pollution. En métropole, sur ces 20 dernières années, les concentrations atmosphériques ont ainsi diminué de plus de 80 % pour le SO<sub>2</sub> et d’environ 50 % pour les PM<sub>2,5</sub>, PM<sub>10fPM10</sub> et NO<sub>2</sub>. Les concentrations en O<sub>3</sub> sont, elles, restées stables voire ont légèrement augmenté <a href="https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2021-10/datalab_95_bilan_qualite_air_exterieur_france_octobre2021.pdf">d’après le Bilan de la qualité de l’air extérieur en France du CGDD (2021)</a>.</p>
<h2>Les bénéfices sanitaires attendus du renforcement des normes actuelles</h2>
<p>Compte tenu des progrès technologiques et d’une perception des enjeux sanitaires de la qualité de l’air accrue au sein de la société, il est improbable d’observer à nouveau en Europe des conditions extrêmes comme celles du smog londonien.</p>
<p>Il n’en reste pas moins que les concentrations relativement faibles en Europe occidentale et en Amérique du Nord restent <a href="https://www.healtheffects.org/research/funding/rfa/14-3-assessing-health-effects-long-term-exposure-low-levels-ambient-air-pollution">associées à des augmentations significatives de la mortalité et de la morbidité cardio-vasculaires et respiratoires</a>. De nombreux exemples recensés sur ces continents montrent qu’une <a href="https://www.atsjournals.org/doi/10.1513/AnnalsATS.201907-538CME">réduction de la pollution est associée à des bénéfices sur la santé</a>.</p>
<p>Les particules fines (PM<sub>2,5</sub>), polluant le plus documenté avec des enjeux de santé quantifiables majeurs, sont un cas d’école. Une analyse poolée de huit cohortes européennes montrent ainsi une <a href="https://www.bmj.com/content/374/bmj.n1904">augmentation de 30 % de la mortalité pour une augmentation de 5 µg/m³</a>, chez les participants exposés à des concentrations inférieures à 12 µg/m<sup>3</sup>. Des bénéfices pour la santé sont donc possibles à ces concentrations très inférieures aux normes françaises et européennes (voir le tableau ci-dessous).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Tableau des valeurs attendues en Europe et en France" src="https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=165&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=165&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=165&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=207&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=207&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442198/original/file-20220124-19-1rj4jjf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=207&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Normes UE/FR pour les particules fines PM₂.₅.</span>
<span class="attribution"><span class="source">D’après ANSES 2017</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Or en France en 2019, 28 % de la population métropolitaine était exposée à une concentration moyenne supérieure à l’objectif de 10 µg/m<sup>3</sup> (INERIS 2022), ce qui laisse là aussi entrevoir une marge de progrès. Cette marge semble d’autant plus importante vu l’objectif le plus ambitieux de l’OMS, qui se situe à 5 µg/m<sup>3</sup> (voir le second tableau ci-dessous).</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Tableau des valeurs journalière et annuelle et excès de mortalité associé" src="https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=332&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442199/original/file-20220124-13-1rrum7x.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=417&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Valeurs guides de l’OMS pour les particules fines PM₂.₅.</span>
<span class="attribution"><span class="source">D’après OMS 2021b</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Des estimations récentes ont quantifié l’impact potentiel des normes et valeurs guides sur la santé des populations, incluant des estimations nationales (publiées fin 2021 par <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/documents/enquetes-etudes/impact-de-pollution-de-l-air-ambiant-sur-la-mortalite-en-france-metropolitaine.-reduction-en-lien-avec-le-confinement-du-printemps-2020-et-nouvelle#:%7E:text=R%C3%A9sultats%20%3A%20La%20limitation%20des%20activit%C3%A9s,juin%202019%20%C3%A0%20juillet%202020.">Santé Publique France</a> et l’<a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2020SA0110.pdf">Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES)</a>), <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2021/health-impacts-of-air-pollution">européennes (par l’Agence européenne de l’environnement (AEE)</a> et <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33057794/">mondiales</a>.</p>
<p>En France métropolitaine, 39 541 (14 160–61 690) décès par an seraient évitables avec une réduction de l’exposition à long terme aux PM<sub>2,5</sub> jusqu’à 5 µg/m<sup>3</sup>, représentant un <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/pollution-et-sante/air/documents/enquetes-etudes/impact-de-pollution-de-l-air-ambiant-sur-la-mortalite-en-france-metropolitaine.-reduction-en-lien-avec-le-confinement-du-printemps-2020-et-nouvelle#:%7E:text=R%C3%A9sultats%20%3A%20La%20limitation%20des%20activit%C3%A9s,juin%202019%20%C3%A0%20juillet%202020.">gain moyen d’espérance de vie dans la population âgée de 30 ans et plus de 7,6 (2,6-12,1) mois</a>. Ce gain moyen s’étend de 5,9 mois dans les zones rurales à 8,7 mois dans les zones urbaines.</p>
<p>Durant les pics de pollution, conserver des niveaux d’exposition à court terme aux PM<sub>2,5</sub> sous les nouveaux seuils d’information/recommandation et d’alerte permettrait de <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2020SA0110.pdf">réduire de 19 % le nombre annuel de passages aux urgences pour asthme chez l’enfant (< 18 ans) attribuables aux PM<sub>2,5</sub></a>. Ce bénéfice sanitaire apparaît relativement homogène sur le territoire national avec 37 des 44 <a href="https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1501">agglomérations urbaines</a> étudiées où la réduction se situe entre 15 % et 24 %.</p>
<p>Au niveau européen (UE-27), l’AEE vient de chiffrer à 307 000 le nombre annuel de <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2021/health-impacts-of-air-pollution">décès prématurés attribuables à l’exposition chronique aux PM<sub>2,5</sub> (concentrations mesurées en 2019)</a>. Dans un scénario théorique, l’atteinte en 2019 des valeurs guides OMS IT-4 (10 µg/m<sup>3</sup>) et AQG (<em>Air quality guidelines</em>, 5 µg/m<sup>3</sup>) aurait permis de réduire d’au moins 21 % et 58 % le nombre de décès prématurés attribuables à la pollution PM<sub>2,5</sub>. La norme européenne actuelle (25 µg/m<sup>3</sup>) n’apporte <a href="https://www.eionet.europa.eu/etcs/etc-atni/products/etc-atni-reports/etc-atni-report-10-2021-health-risk-assessments-of-air-pollution-estimations-of-the-2019-hra-benefit-analysis-of-reaching-specific-air-quality-standards-and-more">pas de bénéfice</a>.</p>
<p>Au sein du continent, les bénéfices potentiellement les plus importants en nombre d’années de vie sauvegardées sont observés pour les pays avec le plus grand nombre d’habitants : l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, le Royaume-Uni et la France (voir la figure 1A ci-dessous). Rapportés au nombre d’habitants, les bénéfices les plus significatifs sont attendus dans les pays les plus pollués d’Europe centrale et d’Europe de l’Est : Bosnie-Herzégovine, Serbie, Kosovo, Macédoine du Nord et Bulgarie (voir la figure 1B).</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=418&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=525&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=525&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442201/original/file-20220124-13-6q5kr0.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=525&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Figure 1 : Nombre d’années de vie perdues attribuables à l’exposition aux PM₂.₅ en 2019 dans 41 pays européen (A), rapporté aux nombres d’habitants (B).</span>
<span class="attribution"><span class="source">AEE 2021a ; Traitement graphique : M. Redaelli</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Des estimations à manier avec précautions</h2>
<p>Ces estimations, qui quantifient les bénéfices d’une diminution de la pollution, doivent cependant être interprétées avec précaution, sachant que :</p>
<ul>
<li><p>Il s’agit d’estimations théoriques supposant que les normes ou valeurs guides seraient respectées, ce ne sont pas des observations ;</p></li>
<li><p>Les estimations telles que présentées par pays ont une propension à être utilisées pour comparer, voire hiérarchiser, les différents pays. Or, elles masquent l’influence connue de facteurs non anthropiques (ex : conditions météorologiques et topographiques) sur les gradients spatiaux de pollution. Aussi, des objectifs de réduction dans le temps sur une même zone géographique (voir figure 2 ci-après) sont probablement des outils normatifs plus pertinents ;</p></li>
<li><p>Le <a href="https://www.osti.gov/etdeweb/servlets/purl/418257">choix de la fonction exposition-risque</a> dans la méthode de calcul est un <a href="https://link.springer.com/article/10.1007/s40572-018-0175-2">paramètre sensible</a>. La fonction utilisée pour les estimations de l’AEE correspond à une <a href="https://www.euro.who.int/en/health-topics/environment-and-health/air-quality/publications/2013/health-risks-of-air-pollution-in-europe-hrapie-project.-recommendations-for-concentrationresponse-functions-for-costbenefit-analysis-of-particulate-matter,-ozone-and-nitrogen-dioxide">augmentation linéaire du risque de mortalité de 3 % pour une augmentation de 5 µg/m³ de PM<sub>2,5</sub></a>. Publiées plus récemment, une <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32703584/">méta-analyse</a> et une <a href="https://www.bmj.com/content/374/bmj.n1904">analyse poolée de huit cohortes européennes</a> observent respectivement des augmentations de 4 % et 13 %. Les bénéfices d’une réduction de pollution pourraient donc être sous-estimés ;</p></li>
<li><p>Les estimations prospectives n’intègrent pas les évolutions démographiques telles que l’<a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/4806684">urbanisation croissante</a> et le <a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1377211?sommaire=1377217">vieillissement de la population</a> qui augmentent les effectifs de population plus exposés et plus sensibles à la pollution.</p></li>
<li><p>Enfin, ces estimations n’intègrent pas non plus les co-bénéfices associés à la réduction concomitante des gaz à effet de serre (tel le CO<sub>2</sub>) et de certains forceurs climatiques (comme le carbone suie), ni les bénéfices et coûts économiques des mesures de réduction de la pollution.</p></li>
</ul>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=433&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=433&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=433&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=544&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=544&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/442202/original/file-20220124-19-1tq3qgf.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=544&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Figure 2 : Nombre de décès prématurés attribuables aux PM₂.₅ en Europe (UE-27) sur la période 2005-2019 et distance jusqu’à la cible de 55 % de réduction depuis 2005.</span>
<span class="attribution"><span class="source">AEE 2021a</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Améliorer la santé en réduisant la pollution : à quel prix ?</h2>
<p>Plusieurs analyses ont monétarisé les bénéfices sanitaires et les coûts des politiques de lutte contre la pollution de l’air ambiant.</p>
<p>Aux États-Unis, les <a href="https://www.epa.gov/clean-air-act-overview/benefits-and-costs-clean-air-act-1990-2020-report-documents-and-graphics">ratios bénéfices:coûts ont été estimés entre 3:1 et 90:1 en vertu de la loi Clean Air Act</a>, avec une estimation centrale à 30:1. Autrement dit, pour 1 € injecté dans la lutte contre la pollution, la communauté récupérerait 30 €.</p>
<p>En Europe, pour la révision des plafonds d’émission, le <a href="https://ec.europa.eu/environment/air/pdf/clean_air_outlook_economic_impact_report.pdf">ratio bénéfices:coûts était compris entre 14:1 et plus de 50:1</a> selon des hypothèses plus ou moins conservatrices de l’évaluation économique de la mortalité.</p>
<p>Au niveau de l’<a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412021006553">agglomération grenobloise</a>, des ratios de 30:1 pour les politiques ciblant le chauffage au bois, et compris ente 1:1 et 68:1 pour celles sur le trafic routier, ont été estimés en incluant les bénéfices sanitaires indirects (diminution des accidents du trafic, activité physique) et certains bénéfices économiques liés à la réduction des émissions de CO<sub>2</sub> et du bruit.</p>
<p>Au <a href="http://www.senat.fr/commission/enquete/cout_economique_et_financier_de_la_pollution_de_lair.html">niveau national</a>, le bénéfice net de la lutte contre la pollution de l’air associé au respect des plafonds d’émission nationaux a été estimé en 2015 à 11 Md€ par an.</p>
<p>Ces analyses suggèrent ainsi des gains largement supérieurs aux coûts, bien qu’elles soient sensibles aux paramètres socio-économiques contextuels et aux hypothèses retenues, notamment sur la valorisation monétaire de la vie humaine et sur les <a href="https://lexeco.wordpress.com/c/cout-tangible-et-cout-intangible/">coûts intangibles</a>.</p>
<h2>En conclusion</h2>
<p>La pollution atmosphérique constitue un des facteurs de risques environnementaux les mieux documentés, et ce depuis les années 1950 et l’épisode tragique du grand smog de Londres. Par la suite, les normes de qualité de l’air ont permis de grandement réduire les niveaux de pollution.</p>
<p>Les réductions supplémentaires que pourraient apporter le renforcement des normes actuelles représentent des bénéfices non négligeables, sous-estimés et possiblement coût-efficaces pour la santé des populations. Ce renforcement implique des objectifs gradués dans le temps afin de viser un rapprochement avec les valeurs guides de l’OMS plus protectrices.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/175545/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Liens avec des organisations mentionnées dans l'article :
- Coordination de l'expertise scientifique et contribution aux travaux portant sur l'avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) du 30 septembre 2021 relatif à la modification des seuils de déclenchement des procédures.
préfectorales en cas d’épisodes de pollution de l’air ambiant
- Membre de l'External Review Group de l'OMS chargé de fournir des informations sur des sujets spécifiques, d'évaluer et traduire des articles scientifiques, de procéder à un examen par les pairs des données probantes et de commenter le projet de document sur les lignes directrices de qualité de l'air de l'OMS publiées en septembre 2021.</span></em></p>307 000 décès prématurés par an seraient liés aux particules fines en Europe. Un chiffre en baisse que les normes actuelles ne vont plus améliorer. Quels bénéfices sanitaires tirer de leur révision ?Matteo Redaelli, Chef de projets scientifiques, coordinateur d’expertise, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1696542021-12-09T18:28:46Z2021-12-09T18:28:46ZSortons nos données du placard pour les valoriser<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/436394/original/file-20211208-136652-1w6xq3m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=5%2C0%2C1911%2C1273&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Comment mieux valoriser les données ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/documents-fichiers-enrag%c3%a9-fichier-3816835/">fulopszokemariann/Pixabay</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>En 2014, dans un contexte de plus en plus favorable à la science ouverte, Sylvie Damy (Informatique) et Bernard Debray (Astrophysique/Informatique) décident de mener un travail d’inventaire et d’exposition des données de la recherche de l’Observatoire des sciences de l’Univers terre homme environnement temps astronomie de Franche-Comté (OSU THETA). Une équipe « données de la recherche » se mobilise alors autour du projet et, en avril 2016, le <a href="https://dataosu.obs-besancon.fr/">portail dat@OSU</a> est inauguré.</p>
<p>Pluridisciplinaire et interopérable avec les principales plates-formes de gestion et de partage de données nationales et internationales, il permet aux chercheurs de l’OSU THETA de décrire et d’exposer largement leurs données.</p>
<p>Très rapidement, l’équipe, de plus en plus sollicitée pour accompagner les chercheurs dès la création de leurs données puis tout au long de leur cycle de vie, propose des actions de formation et de sensibilisation. Émerge alors une véritable structure de soutien à la communauté scientifique de l’OSU.</p>
<p>En 2019, à la demande de l’Université Bourgogne Franche-Comté, le projet change d’échelle. dat@UBFC démarre ! Héritier des infrastructures et de l’expertise de l’équipe dat@OSU, le <a href="https://data.ubfc.fr/">service dat@UBFC</a> en a étendu les activités et les services. Aujourd’hui, il est un point d’entrée unique, à l’échelle de la région Bourgogne-Franche-Comté, pour toutes les questions relatives à la gestion et à la valorisation des données de la recherche.</p>
<p>Cela fait sept ans maintenant que le projet a été lancé. Et aujourd’hui, nous pouvons considérer que c’est un succès ! Il amène une réelle plus-value à la communauté scientifique d’UBFC : les services proposés permettent de répondre aux exigences des institutions pour la diffusion sans entrave des publications et des données issues de recherches financées sur des fonds publics. De plus, grâce à une meilleure gestion et à l’exposition des données, la visibilité et l’efficacité de la recherche locale sont renforcées. Enfin, le portail dat@UBFC est un formidable vecteur de transmission du savoir et du patrimoine scientifique régional.</p>
<h2>Ouvir ses données, c’est aussi les valoriser</h2>
<p>En 2014, des chercheurs du laboratoire Biogéosciences Dijon s’intéressent au problème des îlots de chaleur urbains qui sont, en quelque sorte, des « microclimats artificiels ». Il s’agit d’un phénomène climatique peu connu mais important, car il influence les températures, les précipitations, les taux et la répartition des polluants, le confort des citadins, etc. Il s’agit donc d’une donnée à prendre en considération, si possible lors de la conception de la ville, au minimum, dans la gestion de cette dernière.</p>
<p>C’est pourquoi le Centre de recherche en climatologie (CRC) du laboratoire Biogéosciences a mis en place le réseau météorologique météorologique <a href="https://dataosu.obs-besancon.fr/FR-18008901306731-2015-07-02-21_Mesures-urbaines-de-la-temperature-dans.html">MUSTARDijon</a> : une quarantaine de sondes hygro-thermométriques qui permettent de mesurer la température de l’air estival, toutes les vingt minutes dans l’agglomération dijonnaise et, de produire des données brutes d’observation sur un laps de temps suffisamment significatif pour obtenir des résultats de longue durée, fiables et publiables.</p>
<p>Après une rencontre avec l’équipe dat@OSU et à défaut de pouvoir publier immédiatement, les chercheurs responsables du projet (Benjamin Pohl et Yves Richard) décident de jouer le jeu de l’ouverture en remplissant, dès 2015, une fiche de métadonnées sur le portail.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/436396/original/file-20211208-19-x2o214.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/436396/original/file-20211208-19-x2o214.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/436396/original/file-20211208-19-x2o214.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/436396/original/file-20211208-19-x2o214.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/436396/original/file-20211208-19-x2o214.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=204&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/436396/original/file-20211208-19-x2o214.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/436396/original/file-20211208-19-x2o214.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/436396/original/file-20211208-19-x2o214.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=256&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Exemple de Métadonnées du projet MUSTARDijon.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Une métadonnée est une information qui renseigne, notamment, l’origine et la nature d’autres données permettant ainsi une (ré)utilisation pertinente de ces dernières. Très rapidement, cet affichage porte ses fruits. En effet l’environnement et le climat urbains sont alors des sujets en pleine expansion. Une dynamique est lancée et un réseau de chercheurs impliqués dans ces thématiques se met en place. Le CRC du laboratoire Biogéosciences et son travail sur les îlots urbains sont alors identifiés, non pas de manière « classique », grâce à la publication de leurs résultats – la quantité de données recueillies étant alors insuffisante pour une analyse et une publication –, mais bien grâce à la découverte de leurs données via le portail dat@OSU.</p>
<p>C’est ainsi que le réseau MUSTARDijon a intégré un service national d’observation (SNO) du CNRS, sous le nom d’<a href="https://osuna.univ-nantes.fr/services-dobservation/sno-observil-1">OBSERVIL</a>. Ce réseau, enrichi d’une trentaine de nouveaux capteurs, implique la mutualisation des données récoltées par onze observatoires des environnements urbains situés dans toute la France. Le SNO doit ouvrir l’accès aux données à toute la communauté scientifique et, à terme, à l’ensemble de la société. De plus, les recherches sur le climat urbain menées à Biogéosciences ont reçu, pour 5 ans, un financement européen. La boucle est bouclée !</p>
<h2>Des données en héritage</h2>
<p>Notre second exemple présente la transmission de l’ensemble des données d’une carrière : celle d’Hervé Richard, palynologue au laboratoire Chrono-environnement de Besançon. La palynologie est l’étude des grains de pollen et des spores, actuels ou fossiles. Cette discipline permet de décrire l’histoire d’un environnement végétal et de comprendre ses variations qui résultent de phénomènes naturels (ex : les changements climatiques) et/ou de l’activité humaine (ex : la déforestation, l’agriculture, l’élevage).</p>
<p>Cette démarche de transmission est l’aboutissement d’une réflexion qui a débuté dès le milieu des années 90. En effet la palynologie n’était pas encore une discipline très « connue », contrairement à aujourd’hui. Une première base des données de datations au carbone 14 effectuées sur des pollens récoltés depuis la fin des années soixante-dix, avait alors été compilée afin, notamment, de mettre en avant des évolutions, de pouvoir réaliser des comparaisons spatiales et temporelles.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/436398/original/file-20211208-140267-sp8tsb.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/436398/original/file-20211208-140267-sp8tsb.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/436398/original/file-20211208-140267-sp8tsb.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/436398/original/file-20211208-140267-sp8tsb.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/436398/original/file-20211208-140267-sp8tsb.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=448&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/436398/original/file-20211208-140267-sp8tsb.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/436398/original/file-20211208-140267-sp8tsb.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/436398/original/file-20211208-140267-sp8tsb.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=564&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Diagramme pollinique de la mardelle d’Assenoncourt – Bois des Capenottes.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Analyse pollinique de la mardelle d’Assenoncourt (Moselle, France) : Impact des pratiques agricoles sur la biodiversité végétale en milieu forestier</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Malheureusement, ce projet n’avait pas pu aboutir, mais l’idée de transmettre et de valoriser l’ensemble des données brutes, publiées ou non, récoltées au fil du temps est restée une préoccupation importante pour H. Richard. En 2017, il demande donc à une étudiante, dans le cadre de son Master d’archéologie, de classer, par sites étudiés, toutes les données récoltées et produites au cours de ses années d’exercice. Des dizaines de cartons de documents, en partie manuscrits, sont triés et un ensemble d’informations est extrait sous la forme de métadonnées.</p>
<p>Après avoir rencontré l’équipe dat@OSU, H. Richard décide de mettre en valeur ce travail d’inventaire en le décrivant sur le portail. L’ensemble représente aujourd’hui une collection de 357 fiches.</p>
<p>Ensuite, toujours dans un souci de transmission et de conservation, H. Richard souhaite aller plus loin en proposant, pour la quasi-totalité de ses fiches, un accès aux données originales. Ainsi, les documents associés à chaque site ont été numérisés et rendus accessibles via dat@OSU grâce à leur dépôt sur le serveur de données dédié du laboratoire <a href="https://chrono-environnement.univ-fcomte.fr/">Chrono-environnement</a> (data-Chrono). Toutes les données compilées pendant la carrière d’Hervé Richard sont donc exposées sur le portail et rendues accessibles pour une grande partie d’entre elles. Il s’agit d’une collection très importante et d’une avancée considérable dans la manière de transmettre des résultats de recherche, en plus des publications réalisées tout au long d’un parcours professionnel.</p>
<p>Cette aventure, démarrée il y a sept ans, suite à la rencontre de deux personnes intéressées par les données de la recherche, a pris de l’ampleur. Désormais, dans le contexte très dynamique de la science ouverte, sept personnes travaillent sur ce projet, sensibilisent et accompagnent l’ensemble de la communauté UBFC, lui permettant ainsi de s’inscrire activement dans le mouvement de l’open data.</p>
<hr>
<p><em>Cet article a été écrit avec la participation de l’équipe dat@UBFC : Hélène Tisserand, Rachel Prost, Bernard Debray, Raphaël Melior et Nadir Tabbou et un grand merci à Benjamin Pohl et Hervé Richard pour leur belle histoire.</em></p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=484&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=484&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=484&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=609&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=609&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/328409/original/file-20200416-192725-wmbl1n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=609&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<p><em>Cet article fait partie de la série « Les belles histoires de la science ouverte », publiée avec le soutien du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Pour en savoir plus, veuillez consulter la page <a href="https://www.ouvrirlascience.fr/">Ouvrirlascience.fr</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/169654/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Sylvie Damy a reçu des financements de la région Bourgogne-Franche-Comté pour le projet dat@UBFC et des financements de l'OSU THETA, de l'Université de Franche-Comté, du CNRS et de la région Franche-Comté pour le projet dat@OSU</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Albane Rossi ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Ouvrir ses données permet des avancées concrètes tant d’un point de vue de la valorisation d’un projet que scientifique.Albane Rossi, Ingénieure d'études Chargée de valorisation du projet dat@UBFC, Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC)Sylvie Damy, Maître de conférences en informatique au laboratoire Chrono-environnement, Université de Franche-Comté – UBFCLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1610162021-05-21T11:09:51Z2021-05-21T11:09:51ZNotre air intérieur est pollué, mais de nouveaux matériaux pourraient apporter des solutions<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/401903/original/file-20210520-23-rms2di.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=53%2C8%2C6000%2C3979&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Notre air intérieur est souvent pollué, que faire ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://unsplash.com/photos/3w8eCQgX_4c">Sam Marx / Unsplash</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>Nous passons <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/15-05_7360_air_sain_chez_soi.pdf">80 % de notre temps de vie</a> à dans des espaces clos entre notre habitat, notre lieu de travail et les transports. Nous sommes donc très exposés à cet air, souvent plus pollué que l’air extérieur. La problématique de santé dans les environnements intérieurs est donc plutôt associée à une exposition chronique aux polluants, et notamment aux composés organiques volatils (COV). Ces espèces peuvent provoquer des irritations des voies respiratoires ou des maux de tête. Ces symptômes sont regroupés sous le nom de « syndrome du bâtiment malsain ». Parmi les COV, un fait l’objet d’une attention particulière : le formaldéhyde. Ce composé gazeux à pression et température ambiante est <a href="https://www.cancer-environnement.fr/Portals/0/Documents%20PDF/Rapport/OQAI/2006_campagne%20logements_oqai.PDF">très fréquemment présent dans nos environnements intérieurs</a>. Or le formaldéhyde est classé comme composé CMR (<a href="https://www.anses.fr/fr/content/substances-canc%C3%A9rog%C3%A8nes-mutag%C3%A8nes-et-toxiques-pour-la-reproduction-cmr">cancérigène, mutagène, reprotoxique</a>) de catégorie 1B.. Il est donc soumis à une <a href="https://www.anses.fr/fr/content/valeurs-guides-de-qualit%C3%A9-d%E2%80%99air-int%C3%A9rieur-vgai">valeur guide en air intérieur</a> revue de <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2017SA0041Ra.pdf">façon plus restrictive depuis 2018</a></p>
<h2>Les sources des composés organiques volatils</h2>
<p>Les COV peuvent être émis dans les espaces intérieurs par des sources directes, ou sources primaires. Les matériaux sont souvent identifiés comme des sources majeures, qu’ils soient associés au bâti (matériaux de construction, bois agglomérés, parquets, dalles de plafond), à l’ameublement (mobiliers constitués de panneaux de particules, mousses), ou à la décoration (peintures, revêtements). Les colles, les résines et les liants contenus dans ces matériaux sont des sources clairement identifiées et bien renseignées.</p>
<p>Pour régler cette problématique, depuis 2012, il existe un étiquetage obligatoire de ces produits : ils sont classés en termes d’émission. Si ces sources primaires associées au bâti sont aujourd’hui bien renseignées, celles liées aux activités et aux choix des habitants en termes de produits de consommation sont plus délicates à caractériser (activités de ménage, cuisine, tabagisme…). Par exemple, quel produit utilise-t-on pour faire le ménage, est-ce qu’on se sert de désodorisants, de parfum d’intérieur, aère-t-on régulièrement son logement ? Des travaux sont en cours, dans notre laboratoire pour mieux caractériser les contributions de ces produits à la pollution intérieure. <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S138589471931928X">Nous avons travaillé récemment</a> sur les émissions de produits d’entretien ainsi que sur leur élimination. Dernièrement <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1352231020305975">l’impact des huiles essentielles</a> sur la qualité de l’air intérieur (QAI) a fait l’objet de travaux dans notre laboratoire (à l’IMT Lille Douai) en partenariat avec le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) en coordination avec l’ADEME.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/401918/original/file-20210520-13-13s7338.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/401918/original/file-20210520-13-13s7338.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=183&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/401918/original/file-20210520-13-13s7338.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=183&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/401918/original/file-20210520-13-13s7338.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=183&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/401918/original/file-20210520-13-13s7338.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=231&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/401918/original/file-20210520-13-13s7338.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=231&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/401918/original/file-20210520-13-13s7338.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=231&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Emission, dépôt et réactivité des huiles essentielles en air intérieur (Shadia ANGULO-MILHEM, IMT Lille Douai)</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Au-delà des sources primaires des COV, il existe également des sources secondaires qui résultent de la transformation de COV primaires. Généralement ces transformations sont associées à des processus oxydants. Par ces réactions, d’autres types de COV sont également formés, entre autres, du formaldéhyde. </p>
<h2>Quelles solutions face aux COV en air intérieur ?</h2>
<p>Il y a une vingtaine d’années, on envisageait une approche dite « procédé destructif ». L’idée consistait à faire passer l’air à traiter dans un dispositif de purification afin de détruire les COV. Ces dispositifs peuvent être autonomes, et donc placés directement dans une pièce afin d’en épurer l’air, ou bien intégrés sur une centrale de traitement d’air pour traiter l’air neuf entrant ou l’air recirculé.</p>
<p>La photocatalyse a été largement étudiée pour le traitement des COV en air intérieur, ainsi que les plasmas froids. Ces deux procédés ont en commun de viser l’oxydation des COV, idéalement leur transformation en CO<sub>2</sub> et H<sub>2</sub>O. La photocatalyse est un procédé qui s’appuie sur la capacité d’un matériau, généralement le dioxyde de titane (TiO<sub>2</sub>), à adsorber et oxyder les COV sous irradiation aux rayons ultra-violets. Le plasma froid est un procédé où, sous l’effet d’un champ électrique intense, des électrons viennent ioniser une fraction de l’air qui circule dans le dispositif, et former des espèces oxydantes.</p>
<p>Les limitations techniques de ces dispositifs résident dans le fait qu’il faut canaliser l’air à traiter, le faire circuler dans un système et surtout alimenter en énergie les dispositifs de traitement. Par ailleurs, en fonction de la conception des dispositifs et de la nature de l’effluent à traiter (nature des COV, concentration, taux d’humidité…) il s’est avéré que certains dispositifs pouvaient conduire à la formation de sous-produits <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/avis-technique-epuration-air-interieur-par-photocatalyse-2020.pdf">entre autres, du formaldéhyde</a>… Actuellement des normes sont disponibles pour cadrer l’évaluation des performances de ce type de dispositifs, elles évoluent avec les avancées technologiques.</p>
<p>Depuis une dizaine d’années se développent les solutions de remédiation en air intérieur orientées sur l’adsorption des COV, c’est-à-dire leur piégeage. L’idée est d’intégrer dans les environnements intérieurs des matériaux avec des propriétés adsorbantes, afin de capter les COV. On a alors vu apparaître des matériaux de construction, des peintures, des dallages, des textiles intégrant dans leurs compositions des adsorbants et revendiquant ces propriétés.</p>
<p>Parmi ces matériaux adsorbants, on peut distinguer deux approches. Certains piègent les COV, et ne les réémettent pas, c’est un processus définitif, irréversible. Le « piège à COV » peut donc totalement se remplir après un certain temps et devenir inopérant, parce que saturé. Aujourd’hui, il apparaît plus judicieux de développer des matériaux dont les propriétés de piégeage sont « réversibles » : lors d’un pic de pollution, le matériau adsorbe le polluant, et quand la pollution diminue, comme lorsqu’on aère la pièce, par exemple, il le relâche, le polluant étant évacué lors de l’aération.</p>
<p>Ces matériaux sont actuellement en cours de développement par différents acteurs du domaine, académiques comme industriels. Il est intéressant de constater que si les matériaux étaient considérés il y a 20 ans comme des sources de polluants en air intérieur, aujourd’hui on peut les envisager <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0360132320308003">comme des puits de polluants</a>.</p>
<h2>Comment tester les fonctions dépolluantes de ces nouveaux matériaux</h2>
<p>Il existe encore plusieurs verrous techniques et scientifiques, quelle que soit la stratégie de remédiation adoptée. Le plus grand étant de savoir si on est capable de tester ces nouveaux matériaux à l’échelle 1 :1, tels qu’ils seront utilisés par le consommateur final, c’est-à-dire dans la « vraie vie ».</p>
<p>Il faut donc être capable de tester ces matériaux dans une pièce de taille réelle, et avec des conditions représentatives d’atmosphères intérieures réelles, tout en ayant une parfaite maîtrise des paramètres environnementaux. Cet aspect technique est un des enjeux majeurs en recherche actuellement en QAI puisqu’il détermine la représentativité et donc la validité des résultats que nous obtenons.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/401921/original/file-20210520-21-joiruv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/401921/original/file-20210520-21-joiruv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/401921/original/file-20210520-21-joiruv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/401921/original/file-20210520-21-joiruv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/401921/original/file-20210520-21-joiruv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/401921/original/file-20210520-21-joiruv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/401921/original/file-20210520-21-joiruv.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pièce expérimentale IRINA (Innovative Room for Indoor Air studies), IMT Lille Douai.</span>
<span class="attribution"><span class="license">Author provided</span></span>
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<p>Justement, <a href="https://imt-lille-douai.fr/recherche-et-innovation/energie-environnement/sciences-de-latmosphere/">dans notre laboratoire</a>, nous avons développé il y a quelques années une enceinte de grand volume. Avec ses 40 m<sup>3</sup>, c’est une véritable pièce, dans laquelle on peut entrer, elle s’appelle IRINA (Innotive Room For Indoor Air Studies). Elle fut, il y a 7 ans, la première pièce expérimentale à échelle 1 :1 complètement contrôlée et instrumentée en France. Depuis son développement et sa validation, elle a accueilli de nombreux projets de recherche et nous la faisons évoluer et progresser techniquement chaque année. Elle permet de recréer la composition de l’air intérieur d’une maison à ossature bois, d’un appartement au-dessus du périphérique parisien, d’un bloc d’opération, et même d’une cabine d’avion moyen courrier !</p>
<p>Grâce à elle, il est donc possible d’étudier la qualité de l’air intérieur et les dispositifs de traitement dans des conditions réelles.</p>
<p>Connectés à cette pièce, nous disposons d’une multitude d’instruments de mesure, par exemple pour mesurer les COV en général, ou pour suivre la concentration d’un en particulier, comme le formaldéhyde.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161016/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Frédéric THEVENET a reçu des financements de : Institut Mines Télécom (IMT), Agence Nationale de la Recherche (ANR) , Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (ADEME), Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS), Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), Saint Gobain Recherche (SGR), Fond Unique Interministériel (FUI), Banque Publique d'Investissement (BPI France). </span></em></p>Améliorer la qualité de l’air intérieur est indispensable. Beaucoup de recherches sont en cours pour développer des matériaux qui pourraient piéger les polluants, et nous aider à mieux respirer.Frédéric Thévenet, Professeur de l'Institut Mines Télécom [physico-chimie hétérogène / atmosphère / qualité de l'air intérieur, IMT Nord Europe – Institut Mines-TélécomLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1604022021-05-21T11:09:49Z2021-05-21T11:09:49ZComment respirer un air sain à l’intérieur ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/399016/original/file-20210505-19-1av5bcr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=41%2C32%2C5436%2C3802&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L’air intérieur est souvent de plus piètre qualité que l’air extérieur.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/young-woman-stand-room-opening-curtain-599415935">izf, shutterstock</a></span></figcaption></figure><p><em><strong>Retour sur</strong>… un podcast pour décrypter l’actualité avec les expert·e·s.</em></p>
<hr>
<p>Aérons, aérons ! La consigne est claire : entre diverses molécules néfastes pour la santé, particules, moisissures et virus, l’air à l’intérieur est en général de plus piètre qualité que l’air extérieur.</p>
<p>Face à ce problème, on peut aussi mieux comprendre les sources de pollution à l’intérieur, pour mieux les éviter. On fait le point avec Souad Bouallala-Selmi, référente qualité de l’air intérieur à l’ADEME (Agence de la Transition Écologique).</p>
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<p><iframe id="tc-infographic-568" class="tc-infographic" height="100" src="https://cdn.theconversation.com/infographics/568/ac06534b333315ddae980998d5cd8263464b2501/site/index.html" width="100%" style="border: none" frameborder="0"></iframe></p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=440&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=553&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=553&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/398996/original/file-20210505-13-1yso0m2.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=553&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Des sources de pollution de l’air intérieur. Les matériaux, en vert ; les occupants et leurs activités en bleu et les équipements mal entretenus en rose.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/1806-air-sain-chez-soi-un-9791029709296.html">ADEME, guide « Un air sain chez soi »</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour aller plus loin, vous pourrez consulter :</p>
<ul>
<li><p>le guide de l’ADEME <a href="https://librairie.ademe.fr/air-et-bruit/1806-air-sain-chez-soi-un-9791029709296.html">« Un air sain chez soi »</a>,</p></li>
<li><p>l’étude sur l’<a href="https://www.primequal.fr/fr/exposition-des-citadins-aux-polluants-atmospheriques-au-cours-de-leurs-deplacements-dans">« Exposition des citadins aux polluants atmosphériques au cours de leurs déplacements dans l’agglomération parisienne – nouvelle évaluation dix ans »</a> publiée par Primequal, un programme de recherche auquel l’ADEME prend part.</p></li>
</ul>
<hr>
<p><em>Conception, Elsa Couderc. Production, Romain Pollet</em>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/160402/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Mieux comprendre les sources de pollution à l’intérieur, pour mieux les éviterSouad Bouallala-Selmi, Ingénieur, référente Qualité de l'air intérieur, Ademe (Agence de la transition écologique)Elsa Couderc, Cheffe de rubrique Science + Technologie, The Conversation FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1612252021-05-21T11:09:45Z2021-05-21T11:09:45ZRécit animé : la qualité de l’air, 10 dates pour raconter une histoire de l’environnement<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/401650/original/file-20210519-17-1i488n2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=21%2C42%2C2023%2C1486&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Coucher de soleil sur la ville de Lyon.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/natascham/148950627/in/photostream/">Natascha M, Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/">CC BY-NC</a></span></figcaption></figure><p>La pollution de l’air, à l’extérieur comme à l’intérieur, a évolué au fil des âges – tout comme la perception qu’en ont nos sociétés, et les moyens mis en place pour la traiter.</p>
<iframe src="https://cdn.knightlab.com/libs/timeline3/latest/embed/index.html?source=1iD3R8JC6061JzhmFxcf66whWuApMu2ZBofA7ewowahg&font=Default&lang=en&initial_zoom=2&height=650" width="100%" height="650" webkitallowfullscreen="" mozallowfullscreen="" allowfullscreen="" frameborder="0"></iframe>
<p><em>Crédits images :</em></p>
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<li><p><a href="https://live.staticflickr.com/56/148950627_7d832161e8_k.jpg"><em>Natascha M, Flickr, CC-By-NC</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pompe_%C3%A0_feu_de_Chaillot-1781.jpg"><em>Auteur inconnu, 1781</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://www.paris-treizieme.fr/P13-images/Tw-moret-720x720-delamotte.jpg"><em>Delamotte, CC0 Paris Musées/Musée Carnavalet</em></a></p></li>
<li><p><a href="http://www.verre-histoire.org/colloques/innovations/pages/p302_01_chopinet.html"><em>Figuier</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8c/Widnes_Smoke.jpg"><em>Hardie, domaine public</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/aa/LA_smog_masks.jpg"><em>Los Angeles Times photographic archive, UCLA Library, domaine public</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0c/Acid_rain_woods1.JPG"><em>Lovecz, domaine public</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://live.staticflickr.com/1488/25041261356_12f3578d9c_n.jpg"><em>flickr_apur</em>, CC-By-NC-ND</a></p></li>
<li><p><a href="https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e6/Fanhe_Town_10_day_interval_contrast.png/1024px-Fanhe_Town_10_day_interval_contrast.png"><em>Tomskyhaha, CC-By-SA</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://www.flickr.com/photos/ultimaslair/61421329/"><em>Jeffy Can, Flickr, CC-By-NC</em></a></p></li>
<li><p><a href="https://www.who.int/fr/news/item/27-09-2016-who-releases-country-estimates-on-air-pollution-exposure-and-health-impact"><em>OMS</em></a> </p></li>
</ul>
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<p><em>La Région Île-de-France finance des projets de recherche relevant de Domaines d’intérêt majeur et s’engage à travers le dispositif Paris Région Phd pour le développement du doctorat et de la formation par la recherche en cofinançant 100 contrats doctoraux d’ici 2022. Pour en savoir plus, visitez <a href="http://www.iledefrance.fr/education-recherche">iledefrance.fr/education-recherche</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/161225/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>À la fin du XVIIIᵉ siècle, l’air était un bien commun, protégé par la police.Gilles Foret, Maître de conférence en physico-chimie de l'atmosphère, DIM Qi², Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Régis Briday, Historien, Sorbonne UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1237942019-09-27T02:18:39Z2019-09-27T02:18:39ZCirculation, vitesse, accès : comment sauver le périph ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/294181/original/file-20190925-51434-lh2h0r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Le périph s’invite dans la campagne des municipales 2020. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://search.creativecommons.org/photos/6daa80f6-392d-40ca-802d-3a5bc6bdd519">Frédérique Voisin-Demery/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span></figcaption></figure><p>Plus d’un million d’automobilistes empruntent chaque jour le périphérique parisien. Combien seront-ils demain ? Beaucoup moins s’il est transformé en boulevard avec feux tricolores et plates-bandes. Plus un seul s’il est détruit et remplacé par des logements, des bureaux, des arbres… L’approche des élections municipales en mars 2020 libère l’imagination. Si elle est nécessaire, il faut aussi savoir garder les pieds sur l’asphalte.</p>
<p>Faire un tour d’analyse économique du périphérique et de sa transformation future est moins amusant mais sûrement pas inutile !</p>
<h2>Tourner sur le périph</h2>
<p>Quelques éléments d’abord pour les lecteurs qui n’auraient jamais roulé sur cette simili-autoroute urbaine.</p>
<p>Vous pouvez parcourir les 35 km de cette voie communale un peu spéciale d’une seule traite. Ni feux rouges ni ronds-points, mais un trajet d’une demi-heure tout de même car la vitesse y est limitée à 70km/h. Vous y entrez et en sortez par une de ses 38 portes, dont les noms du Point du Jour à la Villette <a href="https://www.actes-sud.fr/catalogue/romans-nouvelles-et-recits/le-boulevard-peripherique">« s’égrènent comme les grains d’un chapelet »</a>.</p>
<p>Attention de ne pas vous tromper de sens, le périphérique se dédouble : le périphérique intérieur tourne dans le sens des aiguilles d’une montre ; le périphérique extérieur dans le sens inverse. Les deux chaussées sont séparées par un terre-plein central fréquemment colonisé par l’Ailante glanduleux (un arbuste qui résiste bien à la pollution et à la sécheresse)… et par divers déchets apportés par le vent ou jetés par des automobilistes indélicats.</p>
<p>Sachez enfin que vous circulerez le plus souvent sur quatre voies, mais parfois sur trois, voire sur deux et la moitié du temps en tranchée ouverte ou couverte, vous empêchant de profiter d’une vue imprenable sur Paris et sa Petite Couronne.</p>
<p>Que reproche-t-on à cet ouvrage à peine cinquantenaire ?</p>
<p>À son inauguration en 1973, il était synonyme de vitesse et de décongestion de la voirie parisienne. Et tout le monde, ou presque, ignorait alors que l’automobile polluait. Le bruit et les accidents entraînant morts et blessés étaient ses seuls méfaits.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/VZ0sI4YFtD8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">En 1973, la construction du périphérique s’achève. (Ina Société, 2012).</span></figcaption>
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<h2>Bouchons et pollution</h2>
<p>Aujourd’hui, le périphérique est très souvent embouteillé et il est solidement établi que les émissions des véhicules entraînent maladies et décès prématurés.</p>
<p>En 1996, la vitesse moyenne s’y élevait à <a href="http://afitl.ish-lyon.cnrs.fr/tl_files/documents/CST/N37/PRUDHO37.PDF">66km/h</a>. Elle est tombée, l’an dernier, à un peu moins de <a href="https://presse.paris.fr/wp-content/uploads/2019/05/RAPPORT-MIE-p%C3%A9riph%C3%A9rique-21-mai-2019.pdf">40 km/h</a>. Et encore ce chiffre inclut-il la circulation nocturne, plus rapide. Si vous êtes francilien, vous savez que vous n’avancerez guère en début de matinée ni en fin d’après-midi.</p>
<p>Cette congestion est doublement néfaste. Elle augmente les temps de trajet, ce qui se traduit par des pertes économiques en euros (voir à ce propos <a href="http://www.cerna.mines-paristech.fr/Donnees/data16/1645-PeI-riphConversationAppendice.pdf">ma note sur la congestion</a> du périphérique). Elle aggrave également la pollution. En effet, pour minimiser les émissions dans l’atmosphère, il faudrait idéalement rouler entre 60 km/h et 80 km/h. Au-delà, cela ne vous surprendra pas, les rejets dans l’atmosphère augmentent. Mais en deçà, c’est pareil ! <a href="https://presse.paris.fr/wp-content/uploads/2019/05/RAPPORT-MIE-p%C3%A9riph%C3%A9rique-21-mai-2019.pdf">À 20km/h</a>, la pollution double par rapport à 70km/h et elle quadruple à 15km/h !</p>
<p>Les moteurs thermiques n’ont pas été conçus pour rouler à des vitesses basses. Ils n’ont pas été non plus été conçus pour jouer de l’accordéon : les arrêts-redémarrages des bouchons sont la pire des choses pour les poumons. D’où l’importance d’un trafic le plus fluide possible pour réduire les émissions.</p>
<p>Même si nos bronches semblent d’avis contraire, la qualité de l’air à Paris s’améliore. En tendance longue, les niveaux mesurés de dioxyde d’azote, de microparticules et de benzène <a href="http://temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/document.html?id=Temis-0033289">diminuent</a>. En est-il de même pour la pollution circonscrite au périphérique ? On ne sait pas.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/ozone-et-particules-fines-dans-les-poumons-des-petits-parisiens-51284">Ozone et particules fines dans les poumons des petits Parisiens</a>
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<p>Aucun doute en revanche sur le fait que le million de véhicules qui le parcourent quotidiennement contribue significativement à détériorer la qualité de l’air de Paris et de ses alentours, qualité désormais jugée <a href="https://www.apur.org/fr/nos-travaux/boulevard-peripherique-parisien-coeur-metropole-enjeux-perspectives">unanimement alarmante</a> car entraînant de graves dommage pour la <a href="https://www.airparif.asso.fr/pollution/effets-de-la-pollution-sante">santé des habitants</a>.</p>
<p>Il existe ainsi aujourd’hui un large consensus pour réduire la pollution et la congestion du périphérique. Mais comment s’y prendre ? En ces temps de précampagne pour conquérir (ou reconquérir) la Mairie de Paris, deux propositions ont jusqu’ici retenu l’attention.</p>
<h2>Supprimer le périph ?</h2>
<p>Un candidat déclaré, Gaspard Gantzer, propose tout simplement de <a href="https://www.parisiennes-parisiens.fr/actualites/et-si-on-revait-paris-en-grand-sans-peripherique">rayer le périph de la carte</a>. Pas du jour au lendemain, bien sûr. Il est prévu que le projet s’étale sur une durée de 15 ans, les fermetures se réalisant tronçon par tronçon. Plusieurs centaines d’hectares pourraient être ainsi récupérés pour des logements, des commerces, des bureaux et des espaces verts. Le procédé est radical.</p>
<p>Mais comment effacer de l’asphalte en si peu de temps les automobilistes qui empruntent le périph ? Son trafic est supérieur au cumul de celui des deux autres rocades, l’A86 et la Francilienne. De plus, son volume en passagers est impossible à absorber par les transports en commun, même en incluant le futur <a href="https://www.societedugrandparis.fr/gpe/le-grand-paris-express-en-resume">Grand Paris Express</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1131455788520755200"}"></div></p>
<p>Sa destruction devrait dès lors entraîner un phénomène massif de report de la circulation sur d’autres voies… et donc un transfert de grande ampleur de la pollution et de la congestion ailleurs. Le problème est en grande partie simplement déplacé. Reconnaissons toutefois à cette proposition le mérite d’avoir relancé le débat et les réflexions sur le futur du périphérique.</p>
<p>Les élus de la Ville de Paris n’ont en effet pas tardé à s’emparer du sujet. Un <a href="https://presse.paris.fr/wp-content/uploads/2019/05/RAPPORT-MIE-P%C3%A9riph%C3%A9rique-21-mai-2019.pdf">rapport</a> débouchant sur une série de propositions a été publié en mai dernier. Il prévoit de transmuter le périphérique en boulevard avec feux rouges et zones vertes pour le milieu du siècle. S’y croiseraient, dans un climat apaisé et un air pur, piétons, sportifs, cyclistes et véhicules propres venant de Paris et de sa banlieue.</p>
<p>En attendant que cette transformation idyllique se concrétise, la majorité des élus, <a href="http://www.leparisien.fr/paris-75/conseil-de-paris-anne-hidalgo-veut-experimenter-le-perif-a-50-km-h-des-2020-11-06-2019-8091057.php">dont la maire Anne Hidalgo</a>, proposent de réduire le nombre de voies de circulation, de limiter la vitesse et de créer des voies dédiées… Autant de bonnes idées ? Examinons-les de plus près.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1133597153836843008"}"></div></p>
<h2>Réduire le nombre de voies, surtout pas</h2>
<p>Le passage du périphérique à deux fois trois voies, au lieu de deux fois quatre voies, est une mesure en droite ligne de la politique menée dans Paris intra-muros depuis des lustres. Elle consiste à réduire la surface viaire pour dissuader les automobilistes, confrontés à des embouteillages croissants, d’emprunter leur voiture pour se déplacer.</p>
<p>C’est un pari risqué car il engage une course de vitesse entre la détérioration de la circulation et l’amélioration du confort des habitacles et des possibilités d’y travailler ou de s’y distraire. Connexion et commande vocale permettent dans les bouchons de traiter messages électroniques et téléphoniques ou d’échanger en continu sur les réseaux sociaux.</p>
<p>Par ailleurs, la réduction de la vitesse entraînée par celle de la voirie aggrave très probablement la pollution. En dix ans, la vitesse moyenne dans Paris intra-muros est passée de <a href="http://temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/document.html?id=Temis-003328">16 km/h à 14km/h</a>. Outre son inefficacité probable dans l’amélioration de la qualité de l’air, la restriction de la surface pour la circulation des véhicules légers affecte indifféremment toutes les voitures, des moins polluantes aux plus polluantes, et tous les types de déplacement, ceux du médecin ou de l’artisan comme ceux qui permettent se rendre au magasin ou au cinéma.</p>
<p>Or le bon réflexe économique lorsqu’une ressource devient rare est de sélectionner les utilisateurs et les usages. Cela reviendrait ici à favoriser l’accès de la voirie aux véhicules légers les moins émetteurs et aux déplacements les plus utiles. Des voies dédiées sont bien prévues sur le périphérique. Cette mesure est discutée plus bas. Mais pourquoi, en plus, restreindre le nombre total de voies au risque d’augmenter les émissions ?</p>
<h2>Baisser la vitesse à 50km/h, mauvaise idée</h2>
<p>Abaisser la limite de vitesse sur le périphérique de 70km/h à 50km/h présente également une efficacité douteuse pour réduire la pollution. Attention ici aux conclusions à l’emporte-pièce : « Cela ne sert à rien car de toute façon on roule déjà à moins de 40km/h dans la journée » ; ou encore : « Le seul effet sera que les voitures qui roulaient entre 50 et 70 km/h rouleront désormais à 49-50km/h ».</p>
<p>Certes la vitesse en journée est de <a href="http://temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/document.html?id=Temis-0033289">35,5 km/h</a> mais il s’agit d’une moyenne, pas d’une borne supérieure ! L’abaissement de la limite de vitesse, radars aidant, va bien écrêter la circulation entre 50 km/h et 70 km/h ; mais les véhicules circulant auparavant dans cet intervalle ne vont pas tous se retrouver à rouler juste en dessous de la nouvelle limite de vitesse. Ils sont beaucoup trop nombreux ! L’écrêtement va se diffuser à l’ensemble des classes de vitesses. Il y aura en particulier davantage de pics de circulation lente à moins de 20km/h. La vitesse moyenne va donc chuter très en deçà du niveau actuel.</p>
<p>La mauvaise nouvelle est que cette diminution des vitesses va augmenter la pollution ; la bonne est que le ralentissement généralisé réduit le débit et donc le nombre total de kilomètres parcourus dans une journée par l’ensemble des véhicules (voir la <a href="http://www.cerna.mines-paristech.fr/Donnees/data16/1645-PeI-riphConversationAppendice.pdf">note sur la congestion</a>) et donc les quantités d’émissions. Bref, davantage d’émissions polluantes par kilomètre, mais moins de kilomètre parcourus.</p>
<p>Seuls les travaux de modélisation des ingénieurs du trafic permettraient de connaître la résultante de ces deux effets opposés. Il est dommage que l’abaissement de la limite de vitesse ait été proposé et présenté comme favorable à la qualité de l’air sans de tels travaux préalables. De même, il est regrettable que la précédente baisse de la limite de vitesse, le <a href="http://www.leparisien.fr/archives/70-km-h-sur-le-periph-parisien-un-cout-de-100-meur-par-an-09-01-2014-3477621.php">passage contesté</a> de 80km/h à 70km/h en 2014, n’ait toujours pas fait l’objet d’une évaluation de ses conséquences sur la congestion et la pollution.</p>
<h2>L’option des voies dédiées</h2>
<p>L’ouverture de voies sur le périphérique réservées aux véhicules propres – voitures partagées, taxis, minibus, et véhicules prioritaires (ambulances, pompiers, services de secours) – est en principe une bonne idée. Les voies dédiées présentent en effet un double intérêt : primo, elles offrent une circulation fluide et fiable pour des déplacements socialement utiles. Secundo, elles délivrent une incitation à l’acquisition de véhicules propres et au covoiturage dès lors qu’ils sont autorisés à l’emprunter.</p>
<p>Ces bénéfices ne seront pourtant vraisemblablement pas au rendez-vous avec la proposition actuelle des élus qui prévoit une file réservée sur chaque chaussée du périphérique. Pourquoi ? Pour une bête histoire de cisaillement. Supposons que la voie dédiée soit celle de gauche, au plus près du terre-plein central donc. Pour l’atteindre ou la quitter, les véhicules autorisés devront couper les deux fils de droite. Si la voie dédiée est celle de droite, ce sont les véhicules non autorisés qui devront cette fois la couper à l’entrée comme à la sortie.</p>
<p>Or le périph compte 38 points d’accès comportant chacun une entrée et une sortie, soit environ un cisaillement tous les 400 mètres pour chaque sens. Ces cisaillements incessants conduiront à augmenter les ralentissements, y compris sur la voie réservée, ainsi que la congestion des voies d’accès, dont souffriront aussi les véhicules autorisés. Sans parler des problèmes de sécurité. Rien à voir avec des voies dédiées sur autoroute urbaine à entrées-sorties espacées où de tels aménagements ont déjà été réalisés et donnent satisfaction.</p>
<p>Bref, un chaos quasi-assuré et des émissions de gaz d’échappement très élevées car, répétons-le, les vitesses basses et les arrêts-départs sont ce qu’il y a de pire pour la qualité de l’air.</p>
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<figcaption><span class="caption">Pas de soute, c’est bien bouché sur le périph. (gaumet75013/Youtube, 2015)</span></figcaption>
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<h2>Soyons constructif !</h2>
<p>En résumé, aucune de ces propositions ne trouve grâce à mes yeux d’économiste. La critique est aisée et l’art est difficile, pourriez-vous à juste titre me rétorquer. Laissez-moi donc conclure avec une autre proposition. Et, rassurez-vous, je ne vais pas ressortir le péage urbain – même si je crois en ses vertus. Vilipendée lors des manifestations des « gilets jaunes », plus aucune agglomération n’envisage d’ailleurs <a href="https://www.lepoint.fr/politique/loi-sur-les-mobilites-le-gouvernement-exclut-les-peages-urbains-25-11-2018-2274308_20.php">ce type de mesure</a>.</p>
<p>La proposition est la suivante : réserver la <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/15/et-si-toute-une-moitie-du-peripherique-etait-reservee-aux-vehicules-propres_5510671_3232.html">totalité d’une des deux chaussées</a> – le périphérique intérieur ou extérieur – aux déplacements vertueux (véhicules propres, covoiturage, services de secours et de sécurité, trajets de professionnels, etc.), et ce en maintenant la limite de vitesse à 70 km/h, voire en la rehaussant à 80 km/h, si les études de trafic la montrent plus judicieuse.</p>
<p>Cette solution réduirait considérablement les cisaillements car les véhicules seraient beaucoup moins nombreux ; et les vitesses sur les voies seraient plus uniformes, permettant des temps de trajet plus fiables car non soumis aux aléas de la congestion. En outre, les entrées-sorties seraient plus faciles.</p>
<p>Elles seraient en effet plus espacées car la circulation en chaussée dédiée ne sera possible que dans un seul sens. Pour le comprendre, supposons que le périphérique intérieur et sa circulation dans le sens des aiguilles d’une montre soient retenus pour accueillir les véhicules autorisés. Ces derniers pourront alors se rendre directement, comme aujourd’hui, de la Porte d’Italie à la Porte d’Auteuil en parcourant le quart sud-ouest du périphérique. Mais pour le chemin inverse, ces véhicules autorisés devront faire un trois quarts de tour en passant au nord par la Porte de La Chapelle.</p>
<p>À moins, bien sûr, de se mélanger aux autres véhicules en empruntant le périphérique extérieur tournant, lui, dans l’autre sens. Le choix de l’automobiliste sera entre rouler plus vite et avec une fiabilité accrue sur une plus grande distance ou plus lentement sur une plus courte distance où il sera soumis aux aléas de la congestion. Pour le périphérique extérieur ouvert à tous, même contrainte du sens unique sauf que ces véhicules ne pourront évidemment pas se reporter pour éviter le circuit long sur le périphérique intérieur puisqu’il est réservé. Ce sens unique et le détour qu’il impose devraient ainsi limiter l’usage du périph pour des trajets courts. Ce qui n’est pas un mal car ils présentent une moindre utilité sociale et rendent le trafic moins fluide.</p>
<p>En outre, une chaussée dédiée, en lieu et place de deux voies réservées aux véhicules propres de chaque côté du terre-plein central (comme dans le projet actuel de la Mairie de Paris) simplifierait grandement le contrôle des véhicules. Il suffit en effet d’équiper en caméras de surveillance, portiques, capteurs et autres instruments électroniques une moitié seulement du périphérique. Même chose pour le stationnement de la maréchaussée. De plus, le contrôle n’est nécessaire qu’aux entrées-sorties. Nul besoin de surveillance tout le long du périph pour détecter les incursions sur quelques dizaines ou centaines de mètres des voies dédiées par des véhicules non autorisés.</p>
<p>À votre tour maintenant de tirer à boulet rouge sur cette proposition. Mais attention si vous réagissez par texto de votre voiture encalminée sur le périph, gardez tout de même votre calme…</p>
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<p><em>François Lévêque a publié <a href="https://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences-humaines/management-entreprise/habits-neufs-de-la-concurrence_9782738139177.php">« Les Habits neufs de la concurrence »</a> (éditions Odile Jacob, 2017).</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/123794/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>François Lévêque ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Les idées pleuvent pour transformer cette institution parisienne en voie moins polluante et plus fluide… mais tiennent-elles la route ?François Lévêque, Professeur d’économie, Mines ParisLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1182792019-06-05T04:31:58Z2019-06-05T04:31:58ZÉtude : la pollution de l’air intérieur, un problème méconnu par un Français sur deux<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/277908/original/file-20190604-69075-1tnzixc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Aérer quotidiennement son logement, une action essentielle pour lutter contre la pollution de l’air intérieur. </span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/man-opening-window-home-refresh-room-621144887?src=Y0tvhg_oFAvShqEio_g9hw-1-7">Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>La pollution de l’air intérieur est restée relativement méconnue jusqu’au début des années 2000, contrairement à <a href="https://theconversation.com/la-pollution-de-lair-un-probleme-pour-92-de-la-population-urbaine-mondiale-70855">celle de l’air extérieur</a>, réglementée depuis des décennies et davantage médiatisée. Or, dans les climats tempérés, nous passons en moyenne 85 % du temps dans des environnements clos – logements, écoles, bureaux, transports… –, où nous pouvons être exposés à de nombreux polluants.</p>
<p>La question de la qualité de l’air intérieur est ainsi devenue une préoccupation majeure de santé publique partout dans le monde.</p>
<p>L’air – intérieur ou extérieur – est estimé pollué lorsqu’un agent chimique, physique ou biologique vient modifier les caractéristiques naturelles de l’atmosphère. Parmi les polluants les plus nocifs pour la santé, les matières particulaires (elles sont formées d’un mélange complexe de particules solides et liquides de substances organiques et minérales en suspension dans l’air : sulfates, nitrates, ammoniac, chlorure de sodium, carbone, matières minérales et eau), le monoxyde de carbone, l’ozone, le dioxyde d’azote et le dioxyde de soufre.</p>
<p>Outre les apports de l’air extérieur, les sources potentielles de pollution dans les bâtiments sont nombreuses : appareils à combustion, matériaux de construction, produits d’entretien, peintures, tabagisme, acariens, etc.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/h24-confines-a-la-maison-quatre-conseils-pour-limiter-la-pollution-de-lair-chez-soi-75237">H24 confinés à la maison, quatre conseils pour limiter la pollution de l’air chez soi</a>
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<h2>Un coût sanitaire et socio-économique exorbitant</h2>
<p>La pollution de l’air est l’un des principaux risques environnementaux mondiaux et le 4<sup>e</sup> plus gros facteur de <a href="https://www.oecd.org/fr/environnement/indicateurs-modelisation-perspectives/Consequences-economiques-de-la-pollution-air-exterieur-essentiel-strategique-web.pdf">risque de mortalité dans le monde</a>. Elle est à l’origine de maladies respiratoires et cardiovasculaires, de cancers, d’allergies et d’asthme, mais aussi indirectement de baisses de la productivité (confort, bien-être au travail…).</p>
<p>Jusqu’à 8 fois <a href="http://www.oqai.fr/userdata/documents/521_Guide_Qualitel.pdf">plus pollué que l’air extérieur</a>, l’air intérieur a entraîné 3,8 millions de décès prématurés dans le monde en 2016. En France, l’<a href="http://www.oqai.fr/ModernHomePage.aspx">OQAI</a> juge sa qualité mauvaise dans 60 % des logements et note que 34 % des locaux tertiaires (soit un bureau sur deux et trois salles de classe sur cinq) ne sont pas équipés d’un dispositif de ventilation et de traitement de l’air.</p>
<p>Les conséquences peuvent être lourdes pour la collectivité qui doit supporter un coût de quelque <a href="http://www.oqai.fr/userdata/documents/449_Rapport_Cout_economique_PAI_Avril2014.pdf">19 milliards d’euros</a> entre les décès prématurés, la prise en charge des soins, les pertes de productivité au travail… Parmi les publics les plus exposés, les <a href="http://www.oqai.fr/userdata/documents/527_PPT_Atelier_OQAI_Juin_2018_ECOLES.pdf">enfants</a> et leurs 40 respirations/minute (contre 16 pour un adulte) motivent à traiter en priorité la qualité de l’air intérieur des espaces clos <a href="https://www.eyrolles.com/BTP/Livre/batir-pour-la-sante-des-enfants-9789992017760/">accueillant un jeune public</a>.</p>
<p><a href="https://www.veolia.com/fr/newsroom/dossiers-thematiques/ameliorer-qualite-air">Une étude</a>, réalisée par Elabe pour le groupe Veolia et publiée ce 5 juin à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement portant cette année sur la pollution de l’air, a été conduite auprès de milliers de citoyens en France, en Belgique et à Shanghai. Il s’agit d’évaluer l’état des connaissances du grand public sur la question de la pollution de l’air intérieur. Voici les principaux enseignements de cette enquête.</p>
<h2>Prise de conscience et manque d’informations</h2>
<p>Si 90 % des Français considèrent que leur état de santé est impacté par la qualité de l’air qu’ils respirent à leur domicile, dans les transports et les bâtiments publics, la plupart évaluent mal le risque sanitaire et sous-estiment la pollution de l’air intérieur, notamment dans les lieux privés.</p>
<p>Ainsi, 52 % sont « surpris » (dont 14 % « très surpris ») d’apprendre que nous sommes davantage exposés à la pollution de l’air à l’intérieur de notre logement et des bâtiments que nous fréquentons qu’à l’extérieur. Voire même trois sur quatre estiment que l’air qu’ils respirent à l’intérieur de leur logement est de bonne qualité. A contrario, la qualité de l’air intérieur des lieux ouverts au public ou de passage divise ou interroge : moins d’un Français sur deux y juge l’air de bonne qualité.</p>
<p>Le sentiment de manquer d’informations prévaut en matière de prévention, de mesure de la qualité de l’air intérieur, de solutions et d’impact sanitaire : moins d’un Français sur deux considère être bien informé sur les gestes à adopter. Sur le terrain des solutions de mesure et de traitement, 67 % se disent mal informés sur les moyens disponibles et près de deux sur cinq ignorent purement et simplement l’existence des capteurs de mesure et des appareils de ventilation et de filtration qui se déclenchent automatiquement en fonction de la qualité de l’air intérieur.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/278040/original/file-20190605-40738-r8xwh2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/278040/original/file-20190605-40738-r8xwh2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/278040/original/file-20190605-40738-r8xwh2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/278040/original/file-20190605-40738-r8xwh2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/278040/original/file-20190605-40738-r8xwh2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=352&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/278040/original/file-20190605-40738-r8xwh2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/278040/original/file-20190605-40738-r8xwh2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/278040/original/file-20190605-40738-r8xwh2.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=443&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Étude Elabe/Veolia 2019</span>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/">CC BY-NC-ND</a></span>
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<p>Des résultats assez comparables à ceux de la Belgique, où 60 % des sondés sont surpris (dont 16 % très surpris) d’apprendre que l’exposition à la pollution de l’air intérieur est plus importante. Ainsi, trois Belges sur quatre estiment que l’air qu’ils respirent à l’intérieur de leur logement est de bonne qualité. Une évaluation significativement plus positive que pour l’air extérieur, jugé de mauvaise qualité par un sur deux au niveau du pays et par plus d’un sur trois pour leur quartier ou leur commune (contre deux Français sur cinq au niveau du pays et moins de trois sur dix au niveau de la commune).</p>
<p>À Shanghai, les résidents établissent majoritairement un lien entre leur santé et la qualité de l’air qu’ils respirent, à l’extérieur comme à l’intérieur de leur domicile ou des bâtiments qu’ils fréquentent. Ils sont 95 % à considérer que leur état de santé est impacté par la qualité de l’air qu’ils respirent chez eux, dans les transports et les bâtiments ouverts au public.</p>
<p>Pourtant, de la conscience de l’enjeu à la bonne information, il y a un pas qui n’est pas encore franchi. S’ils déclarent en majorité avoir connaissance des gestes de prévention (76 %), de la qualité de l’air intérieur des lieux qu’ils fréquentent (55 %) et des moyens disponibles pour l’améliorer (64 %), la plupart des sondés évaluent mal le risque sanitaire et sous-estiment la pollution de l’air intérieur, dans les lieux privés comme dans les bâtiments publics.</p>
<h2>Comment améliorer la situation ?</h2>
<p>L’OMS estime que le coût de la pollution de l’air pourrait s’élever à plus de <a href="http://www.oecd.org/fr/env/la-pollution-de-l-air-pourrait-causer-entre-6-et-9-millions-de-deces-prematures-et-couter-1-du-pib-d-ici-2060.htm">1 % du PIB mondial en 2060</a>. Un défi sanitaire qui requiert l’implication de tous les acteurs de la qualité de l’air intérieur – de la régulation, de l’information et des solutions – comme le confirme une grande majorité des sondés dans les pays couverts par l’étude Elabe/Veolia.</p>
<p>En France, les ministères de l’Environnement et de la Santé ont lancé en 2013 le <a href="https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/qualite-lair-interieur">plan d’actions sur la qualité de l’air intérieur</a>. Avec, entre autres temps forts, la mise en œuvre d’une surveillance dans certains établissements publics, dont les écoles et les crèches. Depuis le 1<sup>er</sup> janvier 2018, elle est devenue obligatoire dans les crèches et les écoles maternelles et élémentaires. Elle sera généralisée à tous les établissements de ce type à partir du 1<sup>er</sup> janvier 2023.</p>
<p>Si l’ensemble des acteurs, publics et privés, à tous les niveaux jusqu’au plus local ont un rôle à jouer en matière d’amélioration de la qualité de l’air intérieur, les Français considèrent à 45 % (selon l’étude Elabe/Veolia) que l’État a un rôle « très important » à jouer et que la réglementation est, pour 85 % d’entre eux, un levier « important » ou « très important ».</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/118279/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Pierre Victoria est directeur du développement durable de l’entreprise Veolia. </span></em></p>Si les dangers de la pollution de l’air extérieur sont aujourd’hui bien connus, ceux relatifs à l’air que l’on respire dans les espaces clos le sont beaucoup moins, révèle une étude internationale.Pierre Victoria, Professeur associé en développement durable, Sciences Po RennesLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1163872019-05-01T23:12:34Z2019-05-01T23:12:34ZAllergies aux graminées : le type de pollen compterait plus que la quantité<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/272078/original/file-20190501-113858-1wleye.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C7%2C2504%2C1659&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les pollens de graminées comptent parmi les plus allergènes.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/fr/photos/plantes-pollen-pollinisation-fleur-692141/">Pixabay</a></span></figcaption></figure><p>Lorsque le froid hivernal cède la place à des températures plus élevées, que les journées s’allongent et que la vie végétale renaît, près de 400 millions de personnes dans le monde sont victimes de réactions allergiques provoquées par les pollens en suspension dans l’air, qu’il s’agisse de ceux des arbres ou des plantes herbacées. Les symptômes vont des démangeaisons oculaires accompagnées de congestion et d’éternuements à l’aggravation de l’asthme, avec un coût pour la société <a href="http://www.globalasthmanetwork.org/publications/Global_Asthma_Report_2014.pdf">qui se chiffre en milliards</a>.</p>
<p>Depuis les années 1950, de nombreux pays partout dans le monde tiennent des comptes concernant les quantités de pollen, afin d’établir des prévisions à destination des personnes allergiques. Au Royaume-Uni, ces prévisions sont fournies par le <a href="https://www.metoffice.gov.uk/public/weather/pollen-forecast/# ?tab=map&map=Pollen&fcTime=1554375600&zoom=5&lon=-4.00&lat=55.71">Met Office</a> en collaboration avec l’University of Worcester. (En France, le <a href="https://www.pollens.fr/">Réseau national de surveillance aérobiologique</a>, association de loi 1901, est chargé d’étudier le contenu de l’air en particules biologiques pouvant avoir une incidence sur le risque allergique. Ses bulletins sont <a href="https://www.pollens.fr/les-risques/risques-par-ville#">accessibles en ligne</a>.)</p>
<p>Jusqu’à présent, les prévisions liées au pollen se basaient sur le comptage du nombre total de grains de pollen présents dans l’air : ceux-ci sont recueillis à l’aide d’échantillonneurs d’air qui capturent les particules <a href="https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00335207/document#page=14">sur un tambour collant à rotation lente</a> (2 mm/heure).</p>
<p>Le problème est que ces prévisions portent sur le niveau de tous les pollens présents dans l’air, or les gens souffrent de réactions allergiques différentes selon le type de pollen rencontré. Le <a href="https://www.pollens.fr/le-reseau/les-pollens/graminees">pollen de graminées</a>, par exemple, est l’aéroallergène le plus nocif – le nombre de personnes qui y sont allergiques dépasse celui de <a href="https://erj.ersjournals.com/content/24/5/758">tout autre allergène atmosphérique</a>. Par ailleurs, les données préliminaires que nous avons recueillies suggèrent <a href="http://dx.doi.org/10.1038/s41559-019-0849-7">que les allergies à ce pollen varient au cours de la saison de floraison</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"985782805912260608"}"></div></p>
<h2>Repérer le pollen</h2>
<p>Le pollen d’un grand nombre d’espèces d’arbres et de plantes allergènes peut être identifié grâce au microscope. Malheureusement, ce n’est pas faisable pour les pollens des graminées, car leurs grains ont une apparence très similaire. Cela signifie qu’il est presque impossible de déterminer à quelles espèces ils appartiennent grâce à un simple examen visuel, en routine.</p>
<p>Dans le but d’améliorer la précision des comptages et des prévisions, nous avons monté un <a href="http://pollergen.bangor.ac.uk/">nouveau projet</a> visant à mettre au point des méthodes pour distinguer les différents types de pollen de graminées au Royaume-Uni. L’objectif est de savoir quelles espèces de pollen sont présentes en Grande-Bretagne tout au long de la saison de floraison de ces herbes.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/CEXN7yqvel8?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
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<p>Au cours des dernières années, notre équipe de recherche a exploré plusieurs approches pour identifier les pollens de graminées, parmi lesquelles la génétique moléculaire. L’une des méthodes employées par notre équipe repose sur l’utilisation du séquençage de l’ADN. Il s’agit d’examiner des millions de courtes sections d’ADN (ou marqueurs de codes-barres à ADN). Ces marqueurs sont spécifiques à chaque espèce ou genre de pollen de graminées.</p>
<p>Cette approche est appelée « metabarcoding » et peut être utilisée pour analyser l’ADN provenant de communautés mixtes d’organismes, ainsi que l’ADN provenant de différents types de sources environnementales (par exemple, le sol, les sources aquatiques, le miel et l’air). Cela signifie que nous pouvons de cette façon évaluer la biodiversité de centaines ou de milliers d’échantillons. Il nous a ainsi été possible d’analyser l’ADN des pollens prélevés par des échantillonneurs aériens disposés sur les toits en Grande-Bretagne, à 14 endroits différents.</p>
<h2>Saison de floraison</h2>
<p>En comparant le pollen que nous avons capturé à des échantillons de la <a href="https://botanicgarden.wales/science/collections/barcode-uk/">bibliothèque de codes-barres ADN des plantes du Royaume-Uni</a> (une base de données ADN de référence, établie à partir d’espèces de graminées correctement identifiées), nous avons été en mesure d’identifier différents types de pollen de graminées à partir de mélanges complexes de pollen en suspension. Cela nous a permis de visualiser comment les différents types de pollens de graminées sont répartis dans toute la Grande-Bretagne au cours de la saison de floraison. Jusqu’à présent, on ne savait pas si la mixture de de pollens présents dans l’air changeait au fil du temps, reflétant la floraison terrestre, ou si le mélange s’enrichissait de nouvelles espèces, par accumulation régulière au fil de la saison pollinique. </p>
<p>On aurait pu légitimement s’attendre à ce que les mélanges de pollens présents dans l’air aient une composition très variée et hétérogène – en raison de la mobilité des grains de pollen et du fait que différentes espèces fleurissent à divers moments de la saison. Pourtant, nos travaux ont révélé que <a href="http://dx.doi.org/10.1038/s41559-019-0849-7">ce n’est pas le cas</a>. En effet, nous avons constaté que la composition du pollen en suspension dans l’air reproduit la progression saisonnière de la diversité des graminées : d’abord des espèces à floraison précoce, puis floraison de mi- et fin de saison.</p>
<p>Grâce à des données complémentaires, contemporaines et historiques, nous avons également constaté qu’au fur et à mesure que la saison de floraison des graminées progresse, le pollen présent en suspension dans l’air reproduit sensiblement, mais avec un délai, les floraisons observées au sol. Autrement dit, au cours de la saison de floraison, les différents types de pollens ne persistent pas dans l’environnement, mais disparaissent.</p>
<p>L’importance de ces travaux va au-delà de la simple compréhension des plantes. En effet, nous avons accumulé des preuves montrant que les ventes de médicaments antiallergiques ne sont pas, elles non plus, uniformes durant la saison de floraison des graminées. On sait que certains types de pollens peuvent contribuer plus que d’autres aux allergies. On peut donc supposer que lorsque les symptômes allergiques sont particulièrement graves, ils résultent davantage de la présence d’un type de pollen donné dans l’air que d’une augmentation des quantités globales de pollens.</p>
<p>Au cours des prochains mois, nous examinerons différents types de pollens et les données de santé associées, afin d’analyser les liens entre la biodiversité du pollen présent dans l’air et les symptômes allergiques. L’objectif principal de notre travail est d’améliorer à terme les prévisions, la planification et les mesures de prévention afin limiter les allergies aux graminées.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116387/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Simon Creer a reçu des financements du Natural Environment Research Council.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Georgina Brennan a reçu des financements du Natural Environment Research Council.</span></em></p>En terme d’allergie, le suivi des pollens se concentre sur la quantité de grains présents dans l’air. Mais connaître le type d’espèces présentes pourrait être le plus important.Simon Creer, Professor in Molecular Ecology, Bangor UniversityGeorgina Brennan, Postdoctoral Research Officer, Bangor UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1137982019-03-29T00:58:47Z2019-03-29T00:58:47ZLes Français de plus en plus préoccupés par la qualité de l’air<p>Le 16 mars dernier, entre 100 et 350 000 personnes défilaient dans les rues des grandes villes françaises pour réclamer une action gouvernementale plus franche dans la lutte contre le changement climatique. La veille, des dizaines de milliers de jeunes étaient en grève scolaire, pour interpeller les dirigeants sur cette urgence. L’ampleur des mobilisations dans le pays au cours des derniers mois l’illustre, l’environnement est devenu chez les Français une réelle source de préoccupation.</p>
<p>Certes, il demeure à leurs yeux encore <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/rapport-analyse-representations-sociales-changement-climatique-19-vague-2018.pdf">secondaire</a> au regard d’autres thématiques, comme l’emploi (sujet principal pour 22 %), l’immigration (pour 18 %) ; il serait cependant faux d’en conclure qu’ils ne s’y intéressent pas.</p>
<p>Différents baromètres, réalisés ou soutenus par l’Ademe tout au long de 2018, permettent de dresser un état des lieux du rapport qu’entretiennent les Français à la question environnementale ; les <a href="https://presse.ademe.fr/2019/03/barometre-francais-et-environnement-vers-un-contrat-social-pour-la-te.html">plus récents résultats</a> soulignant une préoccupation grandissante vis-à-vis de la pollution de l’air.</p>
<h2>Climat et biodiversité en tête</h2>
<p>Entre 8 et 9 Français sur 10 se déclarent sensibles ou très sensibles à l’environnement, et ce depuis 1995. La première préoccupation environnementale reste, en 2018, le changement climatique (22 %), à égalité pour la première fois avec la dégradation de la faune et de la flore, sujet qui n’a jamais été aussi <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/rapport-analyse-representations-sociales-changement-climatique-19-vague-2018.pdf">présent dans l’opinion depuis 2001</a>. Ils sont 18 % à considérer la pollution de l’air comme leur première inquiétude vis-à-vis de l’environnement, largement devant la contamination de l’eau (11 %) ou les risques du nucléaire (7 %).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/264458/original/file-20190318-28499-135a47o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/264458/original/file-20190318-28499-135a47o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/264458/original/file-20190318-28499-135a47o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/264458/original/file-20190318-28499-135a47o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/264458/original/file-20190318-28499-135a47o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/264458/original/file-20190318-28499-135a47o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/264458/original/file-20190318-28499-135a47o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/264458/original/file-20190318-28499-135a47o.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Ademe, « Les représentations sociales du changement climatique », Opinion Way, Daniel Boy (2018).</span>
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<p>Si les Français se sentent très largement concernés par le changement climatique, c’est non seulement pour les générations futures mais aussi pour eux-mêmes : 82 % de nos concitoyens estiment ainsi que leur territoire devra prendre des mesures importantes dans les décennies à venir pour s’adapter au nouveau contexte climatique. Ils sont aussi inquiets. 63 % considèrent en effet que les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles si le réchauffement continue en France d’ici une cinquantaine d’années.</p>
<p>Ils affichent enfin un certain pessimisme face aux dérèglements en cours, puisque 58 % d’entre eux estiment que le changement climatique ne sera pas limité à des niveaux acceptables d’ici à la fin du siècle.</p>
<h2>La qualité de l’air, préoccupation croissante</h2>
<p>Les préoccupations touchent également la qualité de l’air, envers laquelle les Français s’avèrent beaucoup plus critiques cette année. S’ils sont toujours 59 % en 2018 à juger que la qualité de l’air est bonne en France, c’est <a href="https://www.ademe.fr/enquete-francais-lenvironnement-vague-4">10 points de moins</a> qu’en 2017.</p>
<p>Par ailleurs, quasiment un répondant sur deux déclare avoir, lui-même ou un de ses proches, subi des troubles liés à la pollution de l’air extérieur et plus d’un sur quatre des troubles liés à la pollution de l’air intérieur.</p>
<p>Les risques relatifs à l’air intérieur inquiètent les Français principalement dans les transports (voiture, bus, métro…) (64 %), dans les crèches et les écoles (58 %) et, dans une moindre mesure mais à des niveaux significatifs, sur le lieu de travail (48 %) et dans le logement (45 %).</p>
<p>En matière de pollution l’air extérieur, seuls 40 % des habitants de la région parisienne considèrent que l’air est de bonne qualité là où ils habitent, contre 86 % des personnes des communes de moins de 2000 habitants et 80 % de celles comprises entre 2000 et 19 999 résidents.</p>
<p>Sans surprise, les urbains et les ruraux ne sont pas préoccupés par les mêmes sources de pollution. La circulation routière et les activités industrielles sont pointées du doigt par 80 % des habitants des grandes agglomérations (plus de 100 000 habitants) contre 54 % des ruraux (moins de 2 000 habitants). En revanche, ces derniers sont bien plus nombreux à citer les activités agricoles (50 % contre 13 % des urbains) et le chauffage au bois domestique (17 % contre 9 %).</p>
<h2>Des attentes environnementales fortes</h2>
<p>Ces préoccupations environnementales, bien réelles, s’inscrivent dans un contexte de <a href="https://www.sciencespo.fr/cevipof/sites/sciencespo.fr.cevipof/files/Barometre_confiance_vague9.pdf">malaise</a> et de défiance envers les <a href="https://www.goodfuture.greenflex.com/fr/consommation-responsable/infographie-les-francais-et-la-consommation-responsable-2017">grandes entreprises</a> et les institutions.</p>
<p>Pourtant, les attentes envers les pouvoirs publics demeurent fortes en matière de régulation. Ainsi, 88,9 % des Français estiment que l’État devrait contraindre davantage les entreprises à produire de manière durable et responsable.</p>
<p>Plus globalement, lorsqu’on leur demande qui serait le plus efficace pour résoudre le problème du réchauffement climatique, la <a href="https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/enquete-representations-sociales-changement-climatique-19-vague.pdf">moitié des répondants</a>
évoque les États, les instances internationales ou les collectivités locales, c’est-à-dire les autorités publiques aux différents niveaux de gouvernance. À titre de comparaison, la réponse « chacun d’entre nous » n’est choisie qu’une fois sur quatre et « les entreprises » une fois sur huit.</p>
<h2>Acceptation de mesures à géométrie variable</h2>
<p>Pour autant, toutes les mesures ne sont pas plébiscitées. Les formes de régulation visant à faciliter les choix vertueux sont toujours mieux acceptées que les mesures coûteuses ou contraignantes, surtout lorsqu’elles concernent le citoyen lui-même et non les acteurs publics ou économiques.</p>
<p>Ainsi, pour lutter contre le réchauffement climatique, les Français plébiscitent à 90 % la réduction du gaspillage alimentaire de moitié, mais à seulement 37 % la limitation de la vitesse à 110 km/h sur autoroute. On observe également cette année une nette inflexion à la baisse dans l’acceptation des différentes mesures de lutte contre le changement climatique qui, pour quasiment toutes, régressent significativement (entre moins 7 et moins 15 points).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/264456/original/file-20190318-28471-28jcg1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/264456/original/file-20190318-28471-28jcg1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/264456/original/file-20190318-28471-28jcg1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/264456/original/file-20190318-28471-28jcg1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/264456/original/file-20190318-28471-28jcg1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=336&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/264456/original/file-20190318-28471-28jcg1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/264456/original/file-20190318-28471-28jcg1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/264456/original/file-20190318-28471-28jcg1.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=422&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Ademe, « Les représentations sociales du changement climatique », Opinion Way, Daniel Boy (2018).</span>
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<p>On observe la même hiérarchie des mesures en matière de lutte contre la pollution de l’air mais non la même évolution généralisée à la baisse. En effet, certaines mesures, pourtant contraignantes, sont devenues majoritaires en un an. Ainsi, l’interdiction de la circulation des véhicules les plus polluants en fonction de leur vignette CRIT’Air est désormais acceptée par 54 % des Français tout comme que la mise en place de la circulation différenciée en cas de pic de pollution (53 %).</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/265349/original/file-20190322-36248-3d1ryt.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/265349/original/file-20190322-36248-3d1ryt.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/265349/original/file-20190322-36248-3d1ryt.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/265349/original/file-20190322-36248-3d1ryt.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/265349/original/file-20190322-36248-3d1ryt.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=349&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/265349/original/file-20190322-36248-3d1ryt.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=439&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/265349/original/file-20190322-36248-3d1ryt.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=439&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/265349/original/file-20190322-36248-3d1ryt.PNG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=439&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Ademe, « Les Français et l’environnement », Opinion Way (2018).</span>
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<p>Les facteurs d’évolution de l’opinion sont multiples. Ils peuvent dépendre d’un contexte global plus ou moins favorable ou de changements de perception des thématiques abordées. Si l’année 2018 marque une moindre acceptation des mesures de lutte contre le changement climatique, la situation est plus contrastée en matière de qualité de l’air. Sur cette question, les seules mesures à voir leur acceptation progresser sont les plus contraignantes ou potentiellement les plus coûteuses pour les individus eux-mêmes. Des évolutions récentes liées à la vision plus critique qu’ont nos concitoyens de la qualité de l’air et avec les conséquences sanitaires qu’ils perçoivent.</p>
<h2>Le contexte politique et social</h2>
<p>Si des changements importants s’avéraient nécessaires, la première condition pour que les Français les acceptent, réside dans le partage juste de leur coût entre tous les membres de la société. Cette aspect, très stable depuis 2016, est deux fois plus cité (à 77 %) que celui de la participation démocratique consistant à vouloir que ces changements soient décidés collectivement et que l’on puisse avoir son mot à dire sur le sujet. L’exigence démocratique (39 %) n’en reste pas moins la deuxième condition exprimée.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/265685/original/file-20190325-36256-1c091xl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/265685/original/file-20190325-36256-1c091xl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/265685/original/file-20190325-36256-1c091xl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/265685/original/file-20190325-36256-1c091xl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/265685/original/file-20190325-36256-1c091xl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=347&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/265685/original/file-20190325-36256-1c091xl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/265685/original/file-20190325-36256-1c091xl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/265685/original/file-20190325-36256-1c091xl.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=436&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Ademe, « Les représentations sociales du changement climatique », Opinion Way, Daniel Boy (2018).</span>
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<p>Les Français ne s’opposent donc pas à des changements de leurs modes de vie, ni à des changements majeurs a priori. Ce sont bien les conditions dans lesquelles ces transformations s’opèrent qui sont susceptibles de générer de fortes crispations. Il reste donc, toujours, à fédérer autour d’une transition énergétique et environnementale qui soit reconnue non seulement comme nécessaire mais aussi comme acceptable si ce n’est désirable par le plus grand nombre.</p>
<p>Engager une dynamique collective en faveur de la transition, malgré ou avec la défiance, implique certainement d’aller au-delà des questions énergétiques et environnementales. Les évènements récents ont bien montré que la transition énergétique et écologique n’était pas indépendante de son contexte politique, économique et social. Il se pourrait qu’elle soit en grande partie subordonnée à la réalité d’un contrat social partagé et d’un fort sentiment de cohésion.</p>
<p>C’est à cette condition que les citoyens sont susceptibles d’entrer dans une logique de « don contre don » et de « soin » envers les autres et l’environnement.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/113798/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Solange Martin ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’environnement tient une place importante dans les préoccupations des Français, et la dégradation de la qualité de l’air les inquiète particulièrement.Solange Martin, Sociologue, service « Économie et prospective », Ademe (Agence de la transition écologique)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1006932018-08-31T00:24:36Z2018-08-31T00:24:36ZQualité de l’air et luminosité : quels enjeux pour la classe du futur ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/232922/original/file-20180821-149481-1yjzssn.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=4%2C14%2C994%2C597&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La lumière et la température de l'air influencent les performances des élèves.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>En France, il est encore assez rare de considérer les espaces scolaires en fonction de leurs qualités environnementales. C’est pourtant une question essentielle, avec des répercussions possibles sur la réussite éducative comme la santé des enfants. Dès 2005, plusieurs études européennes présentées au colloque du réseau <a href="https://rsein.ineris.fr/">Recherche santé environnement intérieur</a> (RSEIN) convergeaient vers le constat suivant : les écoles sont mal aérées.</p>
<p>Un confinement qui favorise les concentrations de polluants et le développement du <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_du_b%C3%A2timent_malsain">« syndrome du bâtiment malsain »</a> (se manifestant notamment par des toux, démangeaisons ou encore des étourdissements). En effet, il est établi qu’une atmosphère chargée en CO<sub>2</sub> et polluants altère les capacités cognitives, perturbant l’analyse des informations et la prise de décision.</p>
<h2>Des enjeux à anticiper</h2>
<p>Suffirait-il de sensibiliser la communauté scolaire à l’importance d’une bonne ventilation pour remédier à ces problèmes ? En réalité, les variations des conditions météorologiques et des saisons sont trop complexes pour que les usagers s’en chargent. Ces questions sont à prendre en compte dès la conception des bâtiments.</p>
<p>D’après une <a href="https://www.airparif.asso.fr/pollution/air-interieur-ecole">étude d’Airparif</a> publiée en 2009, les établissements situés à moins de 40 m d’un axe routier important dépassent l’ensemble des règles en vigueur – ce qui représente 125 écoles, soit près de 28 000 élèves des maternelles et primaires, et 85 crèches, soit 3 250 places.</p>
<p>L’indice <a href="http://lodel.irevues.inist.fr/pollution-atmospherique/index.php?id=5466">ICONE</a> élaboré en 2007 par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) propose une métrique du confinement de l’air pour les salles de classe, fondé sur la mesure de la concentration en dioxyde de carbone (CO<sub>2</sub>). Sur une échelle de 0 à 5, cet indice, reflète l’adéquation du renouvellement d’air d’une pièce à sa densité d’occupation. D’après le rapport rendu le 25 juin 2018, par l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) sur la qualité de l’air dans 600 classes, « 41 % des écoles ont au moins une classe avec un indice ICONE très élevé, supérieur ou égal à 4 ».</p>
<p>Mais l’intégration de ces enjeux dans les normes de construction n’est pas encore réalité, comme le montre l’exemple de l’éclairage. Des seuils minimums obligatoires sont bel et bien définis – ainsi, l’<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89clairement_lumineux">éclairement</a> moyen d’une salle de classe doit se situer entre 300 et 500 lux, avec une température de couleur de 4 000 K et < 3 500 K pour une salle de repos. Cependant, rien n’est établi en ce qui concerne l’adaptation des lumières aux publics et aux activités, alors que de multiples études en soulignent l’importance.</p>
<h2>Privilégier une approche globale</h2>
<p>En effet, on sait que la lumière chaude augmente l’humeur négative chez les moins de 23 ans, tandis que c’est la lumière froide qui impacte négativement les plus de 65 ans. Des études révèlent l’importance de prendre en considération non seulement la température de couleur de la lumière intérieure, mais également le niveau d’exposition des individus à la lumière avant de suivre une conférence en amphithéâtre. L’exposition à une lumière froide améliore l’humeur, les performances, la concentration et réduit la fatigue, l’irritabilité et l’inconfort visuel.</p>
<p>Voilà qui invite à promouvoir une approche plus systémique, intégrant plusieurs critères de qualité environnementale des espaces d’apprentissage. C’est d’ailleurs ce que met en avant le rapport <a href="http://www.salford.ac.uk/cleverclassrooms">« Clever Classrooms »</a> paru en 2016. En se basant sur plus de 100 classes britanniques, l’équipe de chercheurs a conclu que la qualité de l’air et la température combinées représentent 28 % des critères significatifs influençant les performances scolaires. De même, la lumière et la couleur représentent 33 % des critères.</p>
<p>Il faut toutefois mettre en perspective ces résultats avec les pratiques en vigueur. En effet, ces études ont été faites en présence d’un enseignement simultané « classique », où les élèves ne sont pas amenés à se déplacer dans la classe. Dans ces conditions, la sensation de froid ou de bruit peut être différente de celle émanant d’une situation d’apprentissage plus « actif », sous forme d’ateliers ou de conduite de projets.</p>
<h2>Une dynamique à imaginer</h2>
<p>De façon complémentaire, nous proposons, dans une approche holistique, de prendre en compte d’autres facteurs que physiques, et dépendant plus largement des modes de vie. Ceux-ci doivent être à l’origine des choix de conception des environnements dynamiques sains, car les élèves et les enseignants passent 30 à 45 % de leur temps dans des établissements scolaires.</p>
<p>Quel bâtiment pour le futur ? Considérons que le cycle de vie de 40 ans d’un bâtiment peut se décomposer en trois parties. Le premier est celui qui est le plus en phase avec la commande initiale, à savoir un espace d’apprentissage ; le second envisage d’autres communautés ou usages en son sein, et enfin le troisième résulte d’un déplacement ou vieillissement de la population, avec une vente du lieu en perspective. Mais l’évolution des usages ne se cale pas toujours sur ce rythme, d’autant que le numérique bouscule aujourd’hui les modes de transmission.</p>
<p>Combien de temps définir pour chaque cycle ? Comment optimiser les transformations en les pensant dès la conception du bâtiment ? Pour répondre à ces questions, nous travaillons à un concept d’établissement scolaire livré non terminé, en ce sens que sa philosophie réside dans sa capacité de mutation au fil des usages. Conceptuellement, l’idée peut être séduisante, mais comment l’intégrer à la technostructure administrative ? Et au regard des lois et obligations ? Pour innover, il faut compter aussi avec les marchés publics et les règles de sécurité de l’œuvre architecturale.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/100693/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Jeannin a reçu des financements du Groupe Caisse des Dépôts, du Numérilab de la DNE et de la fondation Architecture et Patrimoine du Groupe Caisse des Dépôts dans le cadre de la chaire de recherche Transition2 : Des espaces en transition à la transition des espaces éducatifs.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Alain Jaillet et Séverine Colinet ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>On considère assez peu les salles de classe sous l’angle de leurs qualités environnementales. Or celles-ci sont essentielles pour la réussite et la santé des élèves.Laurent Jeannin, Maitre de conférences, CY Cergy Paris UniversitéAlain Jaillet, Professeur des Universités (spécialiste des technologies de l'éducation), CY Cergy Paris UniversitéSéverine Colinet, Maître de conférences en sciences de l'éducation, CY Cergy Paris UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/992462018-08-23T21:49:35Z2018-08-23T21:49:35ZLe concours du plus mauvais polluant de l’air<p>Dans un rapport publié le 28 juin 2018, l’<a href="https://www.anses.fr/fr/content/qualit%C3%A9-de-l%E2%80%99air-ambiant-l%E2%80%99anses-pr%C3%A9conise-la-surveillance-du-13-butadi%C3%A8ne-et-un-suivi">Agence nationale de sécurité sanitaire</a> (Anses) a présenté une liste de 13 nouveaux polluants de l’air à surveiller en priorité.</p>
<p>Une série de polluants de l’air, nocifs pour la santé humaine, est déjà réglementée et placée sous étroite surveillance au niveau européen (selon les directives de <a href="https://www.airparif.asso.fr/_pdf/directive15122004.pdf">2004</a> et de <a href="https://www.airparif.asso.fr/_pdf/directive21042008.pdf">2008</a>) : NO<sub>2</sub>, NO, SO<sub>2</sub>, PM<sub>10</sub>, PM<sub>2,5</sub>, CO, benzène, ozone, benzo(a)pyrène, plomb, arsenic, cadmium, nickel, mercure gazeux, benzo(a)anthracène, benzo(b)fluoranthène, benzo(j)fluoranthène, benzo(k)fluoranthène, indéno(1,2,3,c,d)pyrène et dibenzo(a,h)anthracène.</p>
<p>Si certains sont bien connus et souvent cités dans la presse, comme l’ozone ou les particules PM<sub>10</sub> et PM<sub>2,5</sub>, d’autres demeurent beaucoup plus confidentiels. Il faut également souligner que cette liste demeure limitée au regard du nombre important de substances émises dans l’atmosphère.</p>
<p>Comment ces 13 nouveaux polluants identifiés par l’Anses ont-ils été choisis ? Sur quels critères ? C’est ce que nous proposons d’expliquer ici.</p>
<h2>La sélection des candidats</h2>
<p>Identifier de nouvelles substances présentes dans l’air ambiant, à surveiller en priorité, constitue un travail long mais passionnant. C’est un peu comme choisir le bon candidat dans un concours de beauté ! Il faut tout d’abord sélectionner des juges indépendants et des experts du domaine, puis définir les règles qui permettront de repérer les meilleurs candidats parmi les concurrents.</p>
<p>Le groupe de travail réunissant les experts a développé, au cours des deux dernières années, une méthode spécifique afin de tenir compte de la diversité physique et chimique des candidats rencontrés dans l’air ambiant.</p>
<p>Pour rassembler tous les participants à ce « concours de beauté », les experts ont d’abord créé une liste de base des polluants chimiques d’intérêt non encore réglementés. Les experts n’ont pas retenu certains candidats tels que les pesticides, les pollens et moisissures, les gaz à effet de serre ou les radioéléments, car ils font l’objet d’autres évaluations ou sortent du champ de l’expertise.</p>
<p>Cette liste de base repose sur les informations fournies par des associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air (<a href="http://www.atmo-france.org/fr/">AASQA</a>) et des laboratoires de recherche nationaux tels que le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) et le Laboratoire interuniversitaire des systèmes atmosphériques (LISA), sur la consultation d’experts d’organismes nationaux et internationaux tels que l’Agence européenne de l’environnement (AEE), du Canada et des États-Unis (US-EPA), ainsi que le recensement établi par des organismes internationaux comme l’OMS.</p>
<p>Cette liste a enfin été complétée par une étude approfondie des publications scientifiques internationales et nationales récentes portant sur des polluants considérés comme « émergents ».</p>
<p>Au final, la liste comporte 557 candidats ! Imaginez un peu la bousculade…</p>
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<figcaption><span class="caption">Les principaux polluants de l’air. (AFP/YouTube, 2018).</span></figcaption>
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<h2>Le classement des finalistes</h2>
<p>Les candidats sont ensuite répartis en <a href="https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2015SA0216Ra.pdf">quatre catégories</a>, selon les données disponibles concernant la mesure dans l’atmosphère et leur danger intrinsèque.</p>
<p>La catégorie 1 regroupe les substances ayant un risque potentiel pour la santé. Viennent ensuite les catégories 2a et 2b qui rassemblent les candidats pour lesquels l’acquisition de nouvelles données de mesures dans l’air ou sanitaires est nécessaire. Les substances non prioritaires – dont les concentrations dans l’air ambiant et les effets sanitaires ne mettent pas en évidence de risque pour la santé – rejoignent la catégorie 3.</p>
<p>Une recatégorisation de certains polluants a été réalisée par la suite pour certains candidats d’exception, comme les particules ultrafines (dont le diamètre est inférieur à 0,1 µm) et le carbone suie, compte tenu de leurs enjeux potentiels en termes d’impacts sanitaires pour la population.</p>
<p>Les experts ont enfin hiérarchisé les polluants identifiés comme prioritaires au sein de la catégorie 1 pour sélectionner le lauréat incontestable de ce concours de beauté hors norme.</p>
<h2>Et le gagnant est…</h2>
<p>Le gaz 1,3-butadiène figure en tête des 13 nouveaux polluants de l’air à surveiller selon l’Anses. Il est suivi par les particules ultrafines et le <a href="https://www.airparif.asso.fr/_pdf/publications/NUMERO42.pdf">carbone suie</a>, pour lesquels un suivi renforcé est recommandé.</p>
<p>Le 1,3-butadiène est un gaz toxique provenant de différentes sources de combustion telles que les pots d’échappement des véhicules, le chauffage ou les activités industrielles (plastique et caoutchouc). Plusieurs campagnes de mesures ponctuelles en France ont montré des dépassements fréquents de sa valeur toxicologique de référence (<a href="https://www.anses.fr/fr/content/valeurs-toxicologiques-de-r%C3%A9f%C3%A9rence-vtr">VTR</a>) – valeur qui établit une relation entre une dose et un effet.</p>
<p>Sa première place sur le podium n’est pas surprenante : il avait déjà remporté un trophée au Royaume-Uni et en Hongrie, deux pays où il existe des valeurs de référence de sa concentration dans l’air. De plus, le <a href="https://monographs.iarc.fr/wp-content/uploads/2018/06/mono100F-26.pdf">Centre international de recherche sur le cancer</a> (CIRC) a classé le 1,3-butadiène comme cancérogène certain pour l’homme dès 2012.</p>
<p>Pour les dix autres polluants de la liste de l’Anses, une surveillance accrue des émissions est conseillée. Ces dix polluants, dont les dépassements des VTR sont plutôt observés dans des contextes particuliers (industriels notamment) sont, par ordre de risque décroissant, le manganèse, le sulfure d’hydrogène, l’acrylonitrile, le 1,1,2-trichloroéthane, le cuivre, le trichloroéthylène, le vanadium, le cobalt, l’antimoine et le naphtalène.</p>
<p>Cette sélection constitue un premier pas vers l’ajout du 1,3-butadiène à la liste des substances <a href="https://www.airparif.asso.fr/pollution/differents-polluants">actuellement réglementées en France</a>. Et si cette proposition est transmise par le gouvernement français à la Commission européenne, elle pourrait être incluse dans la révision en cours de la directive de 2008 sur la surveillance de la qualité de l’air, d’ici fin 2019.</p>
<p>La méthode de classification développée étant évolutive, on peut penser que de nouveaux concours seront organisés dans les années à venir afin d’identifier d’autres candidats.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/99246/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Alleman a reçu des financements de l'ANSES, de l'INCA-INSERM et la région Haut de France</span></em></p>Le nombre de substances émises dans l’atmosphère est très important mais certaines sont plus particulièrement nocives pour la santé et font l’objet d’une surveillance accrue.Laurent Alleman, Associate professor, IMT Nord Europe – Institut Mines-TélécomLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/964862018-06-28T22:00:22Z2018-06-28T22:00:22ZAir toxique : un cocktail de molécules encore largement méconnu<p>La pollution de l’air demeure l’un des principaux fléaux des temps modernes. Selon un <a href="http://www.who.int/phe/publications/air-pollution-global-assessment/en/">rapport de l’OMS</a> publié en 2016, 92 % des populations urbaines ne respirent pas un air sain ; un chiffre alarmant à l’heure où 53 % de la population mondiale vit désormais en ville (une part qui devrait être portée à 65 % en 2050).</p>
<p>Face noire de la révolution industrielle puis des « trente glorieuses », la pollution atmosphérique urbaine tend – en valeur absolue – à <a href="https://www.eea.europa.eu/publications/air-quality-in-europe-2017">diminuer</a> dans les pays occidentaux ; mais ses conséquences demeurent extrêmement sensibles sous l’effet de l’<a href="https://www.insee.fr/fr/statistiques/1906693?sommaire=1906743">évolution</a> des principales autres causes de mortalités (diminution des morts violentes, augmentation des décès dus au cancer, aux maladies du système nerveux et stagnation des décès liés aux maladies respiratoires dans un contexte de diminution du tabagisme).</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1010915966878912512"}"></div></p>
<p>Dans les pays émergents, où suivre la même trajectoire que les pays industrialisés – fut-elle funeste – est parfois <a href="https://youtu.be/lBCaEpF0MB8?t=2952">revendiqué</a> comme un des droits à l’émancipation, la destruction de l’environnement atmosphérique est considérée comme une conséquence inévitable du développement industriel, de la compétitivité et de l’autonomie énergétique. En Chine, par exemple, la quasi-inexistence des normes environnementales a permis ces 20 dernières années un intense développement de l’industrie des biens manufacturés. La fréquence et l’importance des événements de pollution sont telles que la dégradation de la qualité de l’air devient problématique tant d’un point de vue <a href="http://aeaa.journals.ac.za/pub/article/view/91">politique</a> qu’économique.</p>
<p>Enfin, dans les pays les moins avancés sur le plan économique, une production énergétique rudimentaire et décentralisée à l’extrême conduit parfois à des enfers atmosphériques. À Singrauli (dans l’État indien du Madhya Pradesh), par exemple, le développement rapide de centrales électriques rudimentaires au charbon, combiné à des émissions industrielles hors de contrôle, provoquent des niveaux records de pollution de l’air aux terribles conséquences. Cette situation a d’ailleurs conduit le tribunal vert indien a <a href="http://cpcb.nic.in/cpcbold/NGT_Report_300915.pdf">déclarer</a> la région « zone de pollution critique ».</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/222155/original/file-20180607-137301-g5yv22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222155/original/file-20180607-137301-g5yv22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222155/original/file-20180607-137301-g5yv22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222155/original/file-20180607-137301-g5yv22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222155/original/file-20180607-137301-g5yv22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=300&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222155/original/file-20180607-137301-g5yv22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222155/original/file-20180607-137301-g5yv22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222155/original/file-20180607-137301-g5yv22.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=377&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">À l’échelle globale de notre planète, la pollution de l’air conduit annuellement à la perte de près de 4,5 millions de vies et de 120 millions d’années de vie.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.nature.com/articles/d41586-017-05906-9">D’après Lelieveld et Poeschl, _Nature_ (2017)</a>, <span class="license">Author provided</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Les causes structurelles de la dégradation de la qualité de l’air semblent si prégnantes, et les avancées scientifiques quant à la compréhension de ses déterminants si significatives, que l’on pourrait croire que seule manquent les volontés économique et politique de l’éradiquer.</p>
<p>Ce n’est que partiellement vrai. Si ces volontés demeurent réelles, la recherche scientifique n’a pas encore produit toute la connaissance dont nous avons besoin pour inverser la tendance, et donc limiter l’importance de la dégradation de la qualité de l’air dans les facteurs de risques environnementaux sur la santé humaine.</p>
<h2>La pollution « secondaire »</h2>
<p>Ces trente dernières années, les chimistes de l’atmosphère ont sans nul doute fait des progrès considérables quant à la compréhension de l’origine de la pollution atmosphérique et de ses processus physico-chimiques. Ils ont bâti des modèles numériques qui servent aujourd’hui à la <a href="http://www2.prevair.org/">prévision de la qualité de l’air</a>.</p>
<p>Ils ont, en particulier, <a href="https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/ie50510a045">parfaitement identifié</a> qu’en aval de la pollution directement émise dans l’atmosphère (dite « primaire ») se développe celle, plus pernicieuse, que l’on appelle « secondaire ». À l’origine des pics d’ozone que nous connaissons chaque été et de la majorité des épisodes de particules fines, ce type de pollution est le résultat des réactions chimiques multiples qui se déroulent dans l’environnement atmosphérique.</p>
<p>Cette pollution « secondaire » possède deux caractéristiques qui font de sa résorption un défi scientifique et sociétal.</p>
<p>Elle est, d’une part, beaucoup plus diffuse et donc beaucoup plus difficile à réguler. En effet, contrairement à ce qui a été réussi en Europe dans les années 1970-1980, avec la mise en place de technologies de réduction à la source (filtration des émissions industrielles, révision des procédés, desulfuration des carburants, etc.), la source de la pollution « secondaire » est géographiquement peu définie.</p>
<p>Elle est ensuite extrêmement complexe de par ses mécanismes : ce sont des milliers de composés chimiques différents qui sont émis dans l’atmosphère urbaine. Chacun d’entre eux se transforme selon des processus à la fois multiples et variables en fonction des conditions atmosphériques et météorologiques, donnant à leur tour des milliers d’espèces secondaires présentant toutes des propriétés physiques, chimiques et toxicologiques qui leur sont propres.</p>
<h2>Des avancées scientifiques indéniables</h2>
<p>Il faut toutefois saluer, malgré cette problématique complexe, les très importants progrès accomplis ces dernières années dans la description de la pollution atmosphérique.</p>
<p>L’émergence de nouveaux instruments « en ligne », tels que les spectromètres de masse pour aérosol permettant de caractériser cette pollution en temps réel. Ces instruments sont combinés à des techniques de chimie analytique de pointe qui permettent aux chercheurs d’identifier de nouvelles familles de molécules, de nouvelles fonctions chimiques, ainsi que de nouveaux types d’associations de molécules présentes dans l’air que nous respirons.</p>
<p>Mais, alors même que les impacts sanitaires sont la principale motivation de ces recherches, les chimistes de l’atmosphère peinent à observer les molécules responsables de ces effets. En effet, à part quelques-unes comme l’ozone, le formaldéhyde ou les <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nitrate_de_peroxyac%C3%A9tyle">PANs</a>, ils manquent de cibles pour lesquels les effets délétères sur la santé humaine auraient été clairement identifiés.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/222643/original/file-20180611-191954-27t0sv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/222643/original/file-20180611-191954-27t0sv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=466&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/222643/original/file-20180611-191954-27t0sv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=466&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/222643/original/file-20180611-191954-27t0sv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=466&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/222643/original/file-20180611-191954-27t0sv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=586&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/222643/original/file-20180611-191954-27t0sv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=586&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/222643/original/file-20180611-191954-27t0sv.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=586&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Analyse d’un échantillon d’aérosol atmosphérique collecté en 2002 à Londres : chaque tache correspond à un ou plusieurs composés chimiques. Plus de 10 000 espèces distinctes extraites d’environ 10µg d’aérosol.</span>
<span class="attribution"><span class="source">_Atmos. Chem. Phys._, 4, 1279-1290, 2004</span></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Parallèlement, les épidémiologistes ont eux aussi fait des progrès substantiels. Mené sur la santé de 39 millions d’habitants de 25 villes européennes, le <a href="http://aphekom.org/web/aphekom.org/home;jsessionid=2C77450EDD653AAE815DCAEBE515A056">programme APHEKOM</a> a en particulier estimé que, si les niveaux moyens annuels de particules fines étaient ramenés à la valeur guide préconisée par l’OMS (soit 10 µg/m<sup>3</sup>), le gain d’espérance de vie à l’âge de 30 ans pourrait atteindre 22 mois.</p>
<p>Ce chiffre indique donc que le dépassement de la valeur préconisée par l’OMS pour les PM<sub>2,5</sub> se traduit par près de 19 000 décès prématurés chaque année, dont 15 000 causés par des maladies cardio-vasculaires correspondant à un surcoût de dépenses de santé et d’absentéismes estimé à 31,5 milliards d’euros par an. Au-delà de l’aspect sanitaire, ce type de pollution impacte directement le régime de la sécurité sociale en France : entre 1 et 2 milliards d’euros par an, <a href="http://www.jle.com/fr/revues/ers/e-docs/evaluation_a_minima_du_cout_de_la_pollution_atmospherique_pour_le_systeme_de_soin_francais_304378/article.phtml">selon une récente étude</a>.</p>
<h2>Risques sanitaires multiples</h2>
<p>La pollution atmosphérique dans son ensemble a été déclarée cancérigène en <a href="https://www.iarc.fr/en/media-centre/iarcnews/pdf/pr221_E.pdf">octobre 2013</a> par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Là encore, les espèces chimiques responsables ne sont identifiées qu’approximativement.</p>
<p>Les particules fines – à savoir celles de taille inférieure à 10 µm pour les PM<sub>10</sub> et à 2,5 µm pour les PM<sub>2,5</sub> – ne sont qu’un état de la matière. Il est pourtant évident pour les chimistes et toxicologues que leur composition chimique est en lien direct avec leurs effets sur la santé, tant ces catégories peuvent recouvrir aussi bien des sels de mer, des poussières minérales mais aussi d’infâmes mélanges de composés organiques connus pour être toxiques a des concentrations sans rapport avec celles trouvées dans l’atmosphère, voire même contenant des métaux lourds.</p>
<p>Du coté des toxicologues, il apparaît que les <a href="http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(17)32345-0">patients présentant un état morbide</a> (asthme, BPCO, obésité), ou à certains âges de la vie (enfants, patients âgés) ont une susceptibilité particulière à cette pollution. Des études récentes suggèrent en outre qu’une exposition à la pollution pendant la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4642206/">période intra-utérine</a>, pourrait avoir des <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26089661">conséquences délétères</a> sur la croissance fœtale et le développement (diminution du poids à la naissance, risque accru de naissance prématurée, etc.).</p>
<p>Confrontés aux mêmes limitations que leurs collègues épidémiologistes pour établir des mécanismes biologiques qui pointeraient vers des molécules responsables, ils se tournent aujourd’hui vers des <a href="http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(17)32345-0">études en laboratoire</a> mais sont alors confrontés à la complexité de l’environnement atmosphérique, complexité que connaissent bien les chimistes de l’atmosphère.</p>
<p>Cinquante ans après la découverte du <a href="https://www.novethic.fr/lexique/detail/smog.html"><em>smog</em> photochimique</a>, l’élucidation de ses mécanismes et la mise en évidence de ses effets sont insatisfaisants : nous ne savons toujours pas quelles molécules sont responsables des effets sur la santé de la pollution atmosphérique. Même si nous découvrons l’incroyable multitude des polluants atmosphériques, nous ignorons toujours s’il y a des effets « cocktails » ou bien, à l’inverse, si certaines molécules particulièrement adaptées à certains récepteurs sont immensément plus toxiques que d’autres…</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"806565930218176512"}"></div></p>
<h2>Élan transdisciplinaire</h2>
<p>Une nouvelle ère peut aujourd’hui s’ouvrir du côté de la recherche. Il s’agit de combiner la compréhension du milieu atmosphérique dans lequel nous vivons – et les capacités de reproduire ce milieu en laboratoire qu’ont développées les chimistes de l’atmosphère – avec la méthodologie et la connaissance de la biologie humaine, développées par les toxicologues.</p>
<p>L’objectif commun est d’identifier de nouveaux descripteurs moléculaires à destination des épidémiologistes, et de nouveaux objectifs de calculs pour les modélisateurs de la qualité de l’air.</p>
<p>De cet élan transdisciplinaire devraient émerger de nouvelles cibles pour les agences de surveillance de la qualité de l’air, ainsi qu’une réglementation renouvelée pour de futures politiques publiques enfin éclairées quant à ce qui, dans l’air, empoisonne les populations.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/96486/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jean-Francois Doussin a reçu des financements de la Commission Européenne, l'Institut National des Sciences de l'Univers du CNRS et l'ADEME</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Jorge Boczkowski a reçu des financements de l'Inserm, de l'Agence Nationale de la Recherche, de l'ANSES, de la Société de Pneumologie de Langue Française et de la Commission Européenne. Il fait partie d'un groupe de travail au sein de l'initiative "EASI Paris Region Ile de France" portée par le laboratoire Sanofi.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Patrice COLL a reçu des financements de l'Université Paris Est Créteil, de l'Institut National des Sciences de l'Univers du CNRS, de la Région Ile de France, de l'ADEME, de la Fondation du Crédit Agricole,.. et également du CNES dans le cadre d'autres programmes thématiques.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>Sophie Lanone a reçu des financements de l'Inserm, de l'Agence nationale de la recherche, de l'ANSES, et de la Société de pneumologie de langue française. </span></em></p>En aval de la pollution directement émise dans l’atmosphère, se développe celle que l’on appelle « secondaire ». Résultat de réactions chimiques multiples, elle est très complexe à appréhender.Jean-Francois Doussin, Professeur de chimie atmosphérique, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Jorge Boczkowski, Professeur de pneumologie, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)Patrice Coll, Professor of Chemistry and Universe Sciences, Université Paris CitéSophie Lanone, Directrice de recherche, InsermLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/881442017-11-28T19:18:45Z2017-11-28T19:18:45ZPenser la qualité des espaces comme facteur de réussite scolaire<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/196401/original/file-20171126-21838-13d2nmu.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'environnement est un facteur important de l'apprentissage.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://visualhunt.com/f2/photo/5403845871/018e6a9820/">Marragem/VisualHunt</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p><em>Cet article est publié en partenariat avec la revue <a href="http://bit.ly/2Azhkqa">« Le magazine de l’Education »</a> du laboratoire <a href="http://bit.ly/2oSnGbJ">EMA-TechEduLab de l’Université de Cergy-Pontoise</a>.</em></p>
<hr>
<p>Pour les spécialistes de la relation entre l’enseignement, la formation et l’apprentissage, de <a href="http://bit.ly/2iTg6vD">Brousseau</a> à <a href="http://bit.ly/2A8eIyA">Altet</a>, de <a href="http://bit.ly/2k09pvd">Lieury</a> à <a href="http://bit.ly/2zpZrpQ">Houdé</a>, la réussite scolaire est affaire de situations, d’environnement d’apprentissage (milieu didactique) et de métacapacités à gérer les interactions en classes pour les pédagogues ou encore de mémoire de connaissances ou de capacité du cerveau à inhiber les automatismes de pensée pour permettre de réfléchir, de résoudre des problèmes, apprendre et répondre au contrat didactique imposé par le système éducatif pour les psychologues cognitivistes.</p>
<p>Et si l’acoustique, la qualité de l’air, la lumière, l’espace, la lutte contre la sédentarité étaient aussi corrélés à la réussite scolaire ? La chaire de recherche Transition2 « Des espaces en transition à la transition à des espaces éducatifs » a pour projet d’objectiver l’effet « des environnements dynamiques sains », rarement envisagés en synergie sur la réussite scolaire.</p>
<h2>Des résultats de recherche à intégrer</h2>
<p>Dans le cadre de la chaire de recherche Transition2, sont pris en compte d’autres facteurs environnementaux qui concourent à un « environnement dynamique sain » propice à la réussite scolaire dont voici quelques résultats de recherche :</p>
<ul>
<li><p>Une étude portant sur 100 classes anglaises menée par une équipe de l’<a href="http://bit.ly/2lvehER">Université de Salford à Manchester</a> a conclu que les <strong>paramètres de qualité de l’air, de température, de lumière et de couleurs</strong> représentaient une grande majorité des critères significatifs influençant les performances scolaires.</p></li>
<li><p>La question de la <strong>qualité de l’air</strong> est statistiquement significative sur la productivité des usagers (<a href="http://bit.ly/2jY0bPY">Antikainen et coll., 2008</a> ; <a href="http://bit.ly/2Bf8kTM">Allen et coll., 2016</a> ; <a href="http://bit.ly/2A7xgPR">Fisk, 2002</a>).</p></li>
<li><p>L’étude de <em>Environment Health Perspectives</em> (EHP) de l’Université de Harvard indique qu’à <strong>un taux de CO<sub>2</sub> inférieur</strong>, les performances cognitives des employés de bureau sont meilleures, en particulier la capacité à traiter des problèmes complexes, à comprendre une information ou encore <a href="http://bit.ly/2Bf8kTM">à se concentrer</a>.</p></li>
<li><p><a href="http://bit.ly/2hW9fRr">Des chercheurs italiens</a> ont montré que la <strong>pollution intérieure dans des classes</strong> de primaire était liée à l’évolution de la pollution extérieure, mais également aux activités et aux rythmes scolaires (Fuoco et coll., 2015). Ainsi des paramètres d’usages ont la possibilité d’influer les conditions nominales d’exploitation des espaces scolaires.</p></li>
<li><p><strong>La lumière est un autre critère influant</strong> dans les établissements scolaires (<a href="http://bit.ly/2lvehER">Barrett et coll., 2015</a>). Elle aurait un impact sur la concentration et l’attention des élèves (<a href="http://bit.ly/2n62L7M">Sleegers et coll., 2012</a>) et par conséquent sur les performances scolaires (<a href="http://bit.ly/2AbFjcf">Mott et coll., 2012</a>). En 1981, un chercheur américain montre dans une expérience que <strong>la lumière et l’usage de la couleur</strong> ont un effet sur l’humeur des élèves et le niveau de bruit dans la classe (<a href="https://eric.ed.gov/?id=ED272312">Wohlfarth, 1986</a>).</p></li>
<li><p>Une autre expérience, en 1992, s’appuie sur les comportements de 12 enfants de 6 ans, soumis à deux environnements différents : leur classe habituelle, et leur classe avec <strong>des murs bleus et une lumière particulière</strong>. L’étude indique alors une réduction de 22 % des comportements de dispersion dans la classe bleue, par rapport à la classe d’origine (<a href="https://eric.ed.gov/?id=ED382381">Grangaard, 1995</a>).</p></li>
</ul>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/196400/original/file-20171126-21858-rouhrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/196400/original/file-20171126-21858-rouhrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/196400/original/file-20171126-21858-rouhrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/196400/original/file-20171126-21858-rouhrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/196400/original/file-20171126-21858-rouhrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=340&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/196400/original/file-20171126-21858-rouhrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/196400/original/file-20171126-21858-rouhrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/196400/original/file-20171126-21858-rouhrr.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=427&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"></span>
</figcaption>
</figure>
<h2>Bien-être et performance scolaire</h2>
<p>L’ensemble de ces études d’abord issues de la médecine, des épidémiologistes et de la santé, doivent être intégrées aux recherches sur la construction architecturale et sur les sciences de l’éducation (<a href="http://bit.ly/2AakG2i">Torres, Sanders et Corsi, 2002</a>) dans l’objectif de questionner les impacts des « environnements dynamiques sains » et l’évolution de la forme scolaire.</p>
<p>Dans cette perspective, tous ces travaux montrent qu’il peut être aussi nécessaire de travailler les pédagogies, les rapports aux savoirs ou les typologies de tâches à résoudre pour les élèves en formant les enseignants à des pédagogies inversées que de pouvoir travailler dans un espace dynamique, qui encourager la mobilité, confortable et sain. D’après la dernière synthèse du <a href="http://www.cnesco.fr/fr/qualite-vie-ecole/">Cnesco sur la qualité de vie à l’école</a>, il existe un lien entre le bien-être et la performance scolaire, ce qui se retrouve dans d’autres études, dont le bien-être est caractérisé par des conditions techniques minimales nécessaires à l’expression de son métier : d’enseignant et d’apprenant (<a href="http://bit.ly/2lvehER">Barrett, 2015</a>).</p>
<p>Les repenser, c’est redéfinir les espaces et donc travailler de concert avec ceux qui en ont la responsabilité à savoir les collectivités territoriales.</p>
<p>La réussite scolaire est donc de plus en plus une affaire de tous les acteurs du système éducatif et des « environnements dynamiques sains » qui concourent à l’évolution de la forme scolaire.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/88144/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurent Jeannin est titulaire de la Chaire de Recherche : « Transition2 : Des espaces en transition à la transition des espaces éducatifs.»</span></em></p>Et si l’acoustique, la lumière, l’espace, la lutte contre la sédentarité étaient aussi corrélés à la réussite scolaire ? De nombreux travaux de recherche vont dans ce sens.Laurent Jeannin, Maitre de conférences, CY Cergy Paris UniversitéLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/687092016-12-08T11:28:30Z2016-12-08T11:28:30ZPollution de l’air, encore pire avec le changement climatique ?<p>Selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) rendu public le 23 novembre 2016, la pollution de l’air provoque près de <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/11/23/pres-de-500-000-europeens-tues-chaque-annee-par-la-pollution-de-l-air_5036841_3244.html">500 000 morts prématurées</a> en Europe chaque année. Quelques semaines plus tôt, l’Unicef révélait qu’un enfant sur sept dans le monde (soit <a href="https://www.unicef.fr/contenu/espace-medias/pollution-300-millions-d-enfants-respirent-de-l-air-toxique">300 millions</a> d’individus) vivait dans un endroit où la pollution excède jusqu’à six fois les normes internationales.</p>
<p>La pollution de l’air, et plus généralement la « qualité de l’air », est un <a href="http://www.eea.europa.eu/fr/themes/air/intro">enjeu de santé publique</a> très important et des <a href="http://www.airparif.asso.fr/reglementation/normes-europeennes">réglementations sur les émissions de gaz et particules nocifs</a> ont été mises en place dans de nombreux pays depuis plusieurs décennies.</p>
<p>Ces mesures visent à faire décroître le nombre de pics de pollution autant que les niveaux de fond, les deux ayant un effet néfaste reconnu.</p>
<h2>L’effet des réglementations et du changement climatique</h2>
<p>Les principaux polluants à considérer pour la qualité de l’air sont le dioxyde d’azote (NO<sub>2</sub>), l’ozone (O<sub>3</sub>), qui se présentent sous forme de gaz, et les particules fines.</p>
<p>Les particules fines correspondent à l’ensemble des particules liquides ou solides (hormis les gouttelettes et cristaux d’eau) résidant dans l’atmosphère plusieurs heures au moins. Au regard de la réglementation sur la qualité de l’air, les deux quantités qui importent le plus sont les PM10 et PM2,5 qui correspondent à l’ensemble des particules de toute nature de taille respectivement inférieure à 10 micromètres et 2,5 micromètres (μm) de diamètre.</p>
<p>Au-delà de la situation présente, quelle sera la qualité de l’air dans le futur, à 10, 50, 100 ans ?</p>
<p>Pour y répondre, deux éléments doivent être pris en compte : l’évolution des réglementations portant sur les émissions de polluants et l’évolution du changement climatique en cours. Ce dernier est principalement dû à l’accroissement des quantités de gaz à effets de serre présents dans l’atmosphère du fait des activités humaines.</p>
<p>Ce changement climatique se traduit par une augmentation de la température moyenne de l’atmosphère estimée à ~0,85 °C pour la période 1880-2012. Il induit également des variations des autres paramètres météorologiques tels que le vent, l’humidité, les nuages ou les précipitations. Tous ces paramètres influent sur la qualité de l’air. On sait, par exemple, que les vents, en transportant les gaz et les particules d’un endroit à un autre, les mélangent.</p>
<h2>Que se passerait-il avec un réchauffement à +2 °C en Europe ?</h2>
<p>Plusieurs projets de recherche récents financés par la Commission Européenne étudient ces questions, en travaillant sur la base d’un réchauffement global limité à +2 °C par rapport au niveau préindustriel (vers 1850). Parmi ces projets, citons <a href="http://impact2c.hzg.de/">IMPACT2C</a> dont l’objectif est de quantifier une large variété d’impacts d’une augmentation de +2 °C, dont celui sur la qualité de l’air.</p>
<p>Ces travaux sur la qualité de l’air ont été menés à partir d’une approche mobilisant quatre modèles numériques de chimie atmosphérique (l’utilisation simultanée de plusieurs modèles permettant d’évaluer les incertitudes des résultats obtenus). Chaque modèle de chimie a eu recours à un modèle numérique de climat qui lui est propre pour déterminer l’évolution des conditions climatiques ; cette étude se basait sur une projection d’augmentation des gaz à effet de serre selon le scénario dit « intermédiaire » – ni très optimiste, ni très pessimiste – utilisé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat <a href="https://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.shtml">(GIEC)</a>.</p>
<p>L’autre élément essentiel pour simuler numériquement la qualité de l’air dans le futur concerne les projections, ou « scénarios », des émissions de polluants. Ceux-ci ont été fournis par le projet de recherche <a href="http://eclipse.nilu.no/">Éclipse</a>. Deux scénarios ont ainsi été utilisés : le scénario CLE (« Current Legislation ») qui se base sur les réglementations actuellement prévues ; le scénario MFR (« Maximum Feasible Reduction ») qui suppose le maximum de diminution des émissions.</p>
<h2>Ce que disent les scénarios étudiés</h2>
<p><a href="http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1352231016305714">Pour les espèces gazeuses</a>, les simulations menées selon le scénario CLE montrent une diminution de 33 % à 51 % (en fonction du modèle adopté et/ou de la saison considérée) pour le dioxyde d’azote. Cette diminution est en grande partie liée aux hypothèses de réductions des émissions de NO<sub>2</sub> grâce aux réglementations, et ce tout particulièrement en hiver.</p>
<p>L’impact sur l’ozone présente une baisse des concentrations moyennes annuelles (voir la figure ci-dessous), avec une différenciation saisonnière. Pour l’été, les concentrations baissent de 11 % et 16 % par rapport à aujourd’hui, elles augmentent modérément, de 3 % à 13 %, en hiver. Il a été montré que ces résultats étaient significatifs du point de vue statistique sur presque toute l’Europe.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/149234/original/image-20161208-31364-12ic8n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/149234/original/image-20161208-31364-12ic8n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/149234/original/image-20161208-31364-12ic8n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/149234/original/image-20161208-31364-12ic8n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/149234/original/image-20161208-31364-12ic8n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=426&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/149234/original/image-20161208-31364-12ic8n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/149234/original/image-20161208-31364-12ic8n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/149234/original/image-20161208-31364-12ic8n.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=535&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption"></span>
<span class="attribution"><span class="source">Atlas public du projet IMPACT2C.</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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</figure>
<p>D’autres simulations numériques – conduites avec le scénario d’émissions de polluants le plus optimiste possible, le scénario MFR – montrent, par rapport au scénario CLE, une réduction supplémentaire en moyenne du dioxyde d’azote d’environ 60 % et de l’ozone (en été) d’environ 15 %.</p>
<p>Pour les particules fines, les projections futures avec le scénario CLE donnent une forte réduction des concentrations de PM10 et PM2,5 sur tout le continent européen. Ces résultats sont très robustes du point de vue statistique. La concentration annuelle de PM10 pourrait diminuer de l’ordre de 15 à 20 %.</p>
<p>L’effet du climat seul, sans changement de réglementations sur les polluants par rapport à l’actuel, est faible quels que soient les polluants. Pour l’ozone, cet impact est neutre en hiver et de +0 à +3 % en été selon les modèles. Pour les particules fines, l’effet du changement climatique seul est statistiquement significatif seulement sur le sud-ouest de l’Europe, où se produirait une légère augmentation. Le manque de robustesse sur les autres régions d’Europe s’explique par le fait que le changement climatique joue de manière très diverse et complexe sur les particules, ce qui rend les incertitudes sur la modélisation plus importante.</p>
<p>À la lumière de ces simulations, on peut donc conclure que même dans un monde futur à +2 °C, il est encore possible d’améliorer significativement la qualité de l’air en Europe par rapport à aujourd’hui. La condition nécessaire est que les réglementations visant à la réduction d’émissions des polluants nocifs, prévues jusqu’à 2050, soient effectivemeappliquées.</p>
<hr>
<p><em>Vous pourrez retrouver une partie de ces résultats (en anglais) sur le site de l’<a href="https://www.atlas.impact2c.eu/en/">Atlas public du projet IMPACT2C</a>, dans la rubrique « Health ». Le site met à disposition gratuitement cartes et explications sur l’<a href="https://www.atlas.impact2c.eu/en/health/ozone-pollution/?parent_id=324">ozone</a> et les <a href="https://www.atlas.impact2c.eu/en/health/particulate-matter-pollution/?parent_id=324">particules fines</a>.</em></p><img src="https://counter.theconversation.com/content/68709/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Des pics de pollution intenses touchent régulièrement les grandes villes françaises. Quel sera l’effet du changement climatique dans les années à venir sur ce phénomène ?Virginie Marecal, Directrice de recherche au Centre national de recherches météorologiques, Météo FranceBéatrice Josse, Ingénieure au Centre national de recherches météorologiques, Météo FranceLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/497572015-11-03T05:41:16Z2015-11-03T05:41:16ZUn an après : les nuages font-ils le ménage dans la pollution atmosphérique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/142872/original/image-20161024-28405-d6ens5.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La santé du climat mondial vue par le dessinateur Rémi Malingrëy.</span> </figcaption></figure><blockquote>
<p>Un an après, <a href="http://www.remimalingrey.com/">Rémi Malingrëy</a> a porté un regard graphique et personnel sur cet article. Après la conférence sur le climat de Paris en novembre 2015 (COP21), dont la principale ambition aura été de stabiliser le réchauffement climatique en dessous de 2 °C d’ici 2100, les expectatives se centrent désormais sur celle de Marrakech en novembre 2016 (COP22). Dans ce contexte, l’article ci-dessous avait tiré l’attention sur l’importance de prendre en compte le rôle des gouttelettes dans les nuages pour mieux comprendre les changements chimiques qui se produisent dans l’atmosphère. Ces phénomènes restent encore assez mal connus aujourd’hui et d’autres travaux seront nécessaires dans les années à venir. Mais le principal intérêt des chercheurs aura été de rappeler, si besoin était, la grande complexité de la chimie de l’atmosphère. Cette discipline, malheureusement, mais aussi étonnamment, n’est pas encore suffisamment présente dans les discussions scientifiques qui entourent la préparation des conférences sur le climat.</p>
</blockquote>
<p>La pollution de l’air constitue un danger pour la santé humaine, notamment celle des personnes sensibles, enfants, personnes âgées, malades du cœur ou des poumons. Elle a de même potentiellement des effets néfastes sur l’environnement : le dépérissement des forêts ou l’acidification des océans provoqués par les pluies acides constituent des exemples aujourd’hui bien connus. La lutte contre la pollution atmosphérique représente donc un enjeu majeur pour nos sociétés.</p>
<p>Cette lutte suppose, bien sûr, l’engagement de politiques de réduction des émissions liées aux activités humaines, surtout celles des gaz à effet de serre, des particules fines ou des composés organiques volatiles. Mais pour être efficace, la décision politique doit prendre en compte les estimations des modèles atmosphériques et analyser différents scénarios possibles. Quel est le devenir de tel ou tel contaminant secondaire lorsque l’on réduit l’émission d’un gaz donné ? Comment cela affecte-t-il d’autres variables, comme l’effet de serre par exemple ?</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/j_ZFzm1--DU?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Hervé Le Treut, directeur de recherche au CNRS, explique l’impact des gaz à effet de serre et des aérosols.</span></figcaption>
</figure>
<p>Les modèles actuels permettent de répondre à ce type de questions, mais leur précision est limitée parce que notre compréhension du fonctionnement physico-chimique de l’atmosphère est encore imparfaite. Cela est dû, d’une part, à la complexité de sa composition chimique. En effet, au-delà des trois gaz principaux (azote, dioxygène, argon), l’atmosphère contient de nombreux autres gaz qui, même s’ils sont à l’état de trace, jouent un rôle essentiel dans les équilibres chimiques et se caractérisent par des durées de vie extrêmement variées (de quelques fractions de seconde à des centaines d’années). D’autre part, la température, le taux d’humidité ou encore l’ensoleillement influent sur la concentration des polluants, et inversement. En fait, on peut dire que dans l’atmosphère, tous les phénomènes sont plus ou moins fortement corrélés.</p>
<h2>L’influence des nuages sur les polluants</h2>
<p>Dans ces conditions, que sait-on sur le rôle des nuages ? Participent-ils ou non aux transformations atmosphériques ? Cette question fait actuellement objet de nombreux <a href="http://www.upmc.fr/fr/recherche/actualites_de_la_recherche/dossiers_thematiques/les_sciences_du_climat_a_l_upmc/dans_les_airs/les_nuages_quel_role_jouent_ils_dans_le_climat.html">travaux de recherche</a>. Le rôle des nuages dans la régulation de la température est désormais bien établi. On peut dire schématiquement que les nuages bas – tels que les cumulus – ont plutôt un effet refroidissant, car ils reflètent la lumière qui arrive du soleil (« effet parasol »), tandis que les nuages hauts – tels que le cirrus – contribuent au réchauffement (« effet de serre »), car ils absorbent le rayonnement infrarouge émis par le sol. En revanche, l’influence des polluants sur la formation des nuages, et surtout, l’influence des nuages sur la chimie des polluants, restent assez mal connues.</p>
<p>Les nuages sont composés principalement de gouttelettes d’eau et de cristaux de glace. Les particules fines de l’air et certains polluants peuvent être « dissous » dans les gouttelettes et éliminés lors des précipitations sous forme de pluie ou de brouillard. Par ce mécanisme de dissolution, qui n’implique pas la destruction des polluants, on peut considérer que les nuages contribuent à « lessiver » l’atmosphère. C’est bon pour la qualité de l’air… mais cela peut aussi avoir des conséquences préjudiciables au niveau du sol, on pense ici aux pluies acides.</p>
<p><a href="http://www.pnas.org/content/111/32/11618.abstract">Une récente étude de simulation par ordinateur</a> a toutefois montré que les gouttelettes d’eau dans les nuages pourraient atténuer les effets de la pollution atmosphérique par un mécanisme différent, un mécanisme « chimique » cette fois, puisqu’il mènerait vers la destruction des espèces indésirables. La surface des gouttelettes agirait comme une source additionnelle de radicaux hydroxyles, des espèces hautement oxydantes qui jouent le rôle de « détergent » de l’atmosphère en dégradant les polluants jusqu’au retour à des molécules simples peu ou pas nocives pour la santé. Le travail des chercheurs est basé sur l’utilisation d’une méthodologie originale qui a permis de modéliser le monde microscopique de la chimie en incorporant les concepts de la mécanique quantique et de la mécanique statistique. L’étude suggère ainsi que les nuages pourraient contribuer à modérer les effets de la pollution.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/100184/original/image-20151029-15318-1jjubc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/100184/original/image-20151029-15318-1jjubc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/100184/original/image-20151029-15318-1jjubc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/100184/original/image-20151029-15318-1jjubc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/100184/original/image-20151029-15318-1jjubc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/100184/original/image-20151029-15318-1jjubc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/100184/original/image-20151029-15318-1jjubc8.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Instantané de la simulation par ordinateur de l’ozone à la surface d’une gouttelette d’eau.</span>
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</figure>
<h2>La simulation, un outil indispensable</h2>
<p>Pour mieux comprendre le rôle « chimique » des nuages, il faut se rappeler que <a href="https://www.ipsl.fr/Pour-tous/Les-dossiers-thematiques/La-couche-d-ozone-et-le-trou-d-ozone/La-couche-d-ozone-et-son-role">l’ozone</a> est un constituant minoritaire, mais essentiel, de l’atmosphère terrestre. Dans la haute atmosphère – la stratosphère – la couche d’ozone forme un écran moléculaire qui protège les êtres vivants contre les rayonnements ultraviolets de haute énergie. L’ozone est également un constituant fondamental de la basse atmosphère, la troposphère, où il est formé à partir d’un cycle de processus au cours desquels interviennent les composés organiques émis par les plantes et par les activités humaines, mais aussi la lumière du soleil. Une petite quantité de l’ozone troposphérique est donc d’origine naturelle. Mais la pollution liée aux activités humaines peut conduire à une augmentation significative de sa concentration et l’ozone devient alors un polluant toxique qui peut provoquer des maladies respiratoires et cardiovasculaires, et avoir des effets délétères sur la végétation, les forêts et le rendement des récoltes.</p>
<p>L’ozone est relativement peu stable et le rayonnement ultraviolet et la lumière visible provoquent sa photolyse qui <em>in fine</em> conduit à la formation des radicaux hydroxyles. Or, les simulations par ordinateur prédisent que la vitesse de formation des radicaux hydroxyles à la surface de l’eau serait environ dix mille fois plus rapide qu’en phase gazeuse ! Les radicaux ainsi formés sont susceptibles de détruire les autres polluants également absorbés sur les gouttelettes, ou éventuellement ils peuvent être désorbés et intégrer la machinerie chimique dans l’air environnant. Trois facteurs semblent s’additionner pour produire cet effet remarquable : une grande affinité de l’ozone pour la surface aqueuse, une nette augmentation de l’absorbance de lumière par l’ozone sous l’effet de l’interaction avec les molécules d’eau, et enfin une plus grande efficacité du processus de photolyse.</p>
<p>Le fait que les nuages et les aérosols de diverses origines puissent avoir une influence directe sur la composition chimique de l’atmosphère est une hypothèse de plus en plus souvent évoquée, avec à l’appui un certain nombre de <a href="http://www.colorado.edu/atoc/research/atmospheric-chemistry-physics">mesures de terrain</a> et de <a href="http://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/ar500431g">données théoriques</a>. Il s’agit d’un sujet capital, car les prévisions des modèles atmosphériques actuels sont principalement basées sur une chimie en phase gazeuse. Malheureusement, les études expérimentales dans ce domaine sont délicates et l’état de connaissances encore très insuffisant. La simulation par ordinateur apparaît donc comme un outil indispensable pour progresser dans notre connaissance de l’atmosphère.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/49757/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>Les gouttelettes d’eau contenues dans les nuages permettraient d’atténuer les effets des polluants présents dans l’atmosphère.Manuel Ruiz-Lopez, Directeur de recherche en Chimie Théorique, Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), Université de LorraineMarilia Martins-Costa, Ingénieur de recherche au CNRS, Université de LorraineLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.