tag:theconversation.com,2011:/us/topics/rougeole-58998/articlesrougeole – The Conversation2024-03-05T16:08:16Ztag:theconversation.com,2011:article/2251252024-03-05T16:08:16Z2024-03-05T16:08:16ZLa rougeole est l’une des maladies infectieuses les plus mortelles et les plus contagieuses. Elle est aussi l’une des plus faciles à prévenir<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/579897/original/file-20240228-16-96qj3k.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C0%2C2119%2C1414&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées sont parmi les plus vulnérables à la rougeole.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/photo/measles-royalty-free-image/534079149">(CHBD/E+ via Getty Images)</a></span></figcaption></figure><p>« On ne compte pas ses enfants tant que la rougeole n’est pas passée. »</p>
<p>Le <a href="https://www.nytimes.com/2022/11/05/health/samuel-katz-dead.html">Dr Samuel Katz</a>, l’un des pionniers du premier vaccin contre la rougeole à la fin des années 1950 et au début des années 1960, entendait régulièrement cette déclaration tragique de la part de parents vivant dans des pays où le vaccin contre la rougeole n’était pas encore disponible. Ils étaient en effet habitués à voir des enfants mourir à cause de cette maladie.</p>
<p>Je suis <a href="https://som.cuanschutz.edu/Profiles/Faculty/Profile/25677">pédiatre et expert en médecine préventive</a> et j’observe avec inquiétude l’augmentation du nombre de cas de rougeole dans le monde. <a href="https://www.cdc.gov/media/releases/2023/p1116-global-measles.html">Les taux de vaccination ont chuté</a> depuis les premiers jours de la pandémie de Covid-19 en raison des perturbations de l’accès aux vaccins, et de la diffusion d’informations erronées sur eux.</p>
<p>Rien qu’en 2022, il y a eu <a href="http://dx.doi.org/10.15585/mmwr.mm7246a3">plus de 9 millions de cas de rougeole et 136 000 décès dans le monde</a>, soit une augmentation de 18 % et 43 % par rapport à l’année précédente, respectivement. L’Organisation mondiale de la santé a averti que <a href="https://www.reuters.com/business/healthcare-pharmaceuticals/more-than-half-world-faces-high-measles-risk-who-says-2024-02-20/">plus de la moitié des pays du monde</a> courent un risque élevé d’épidémies de rougeole cette année.</p>
<p>Les États-Unis sont en voie de connaître l’une des pires années de rougeole depuis 2019, année où les Américains ont connu la <a href="https://www.cdc.gov/measles/cases-outbreaks.html">plus grande épidémie de rougeole en 30 ans</a>. À la mi-février 2024, <a href="https://www.cdc.gov/measles/cases-outbreaks.html">au moins 15 États</a> ont signalé des cas de rougeole et de multiples flambées en cours, non maîtrisées.</p>
<p>Au Québec, une <a href="https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2054053/huit-cas-rougeole-quebec-vaccination#:%7E:text=Cas%20de%20rougeole%20au%20Canada&text=L%27Enqu%C3%AAte%20nationale%20sur%20la,ans%20ont%20re%C3%A7u%20deux%20doses.">dizaine de cas ont été confirmés ces derniers jours</a>, et la Santé publique est sur un pied d’alerte. </p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/QUFqJwcKlh0?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">La rougeole est à nouveau en augmentation aux États-Unis, bien qu’elle ait été éliminée en 2000.</span></figcaption>
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<p>Tandis que les foyers d’épidémie se multiplient, les taux de vaccination aux États-Unis sont à leur <a href="http://dx.doi.org/10.15585/mmwr.mm7245a2">plus bas niveau depuis 10 ans</a>. Au Canada, les taux demeurent élevés, mais <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/rougeole/surveillance-rougeole.html">ils sont inférieurs au niveau requis pour atteindre l’immunité communautaire dans certaines régions</a>, dont Montréal. </p>
<p>La diffusion de <a href="https://www.nbcnews.com/health/health-news/measles-outbreaks-anti-vaccine-misinformation-rcna136994">fausses informations et de désinformation</a> par des militants anti-vaccins, notamment sur les réseaux sociaux, renforce l’idée erronée que la rougeole n’est pas une menace sérieuse pour la santé et que la vaccination n’est pas essentielle. </p>
<p>Pourtant, les faits sont clairs : la rougeole est <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/rougeole.html">extrêmement dangereuse</a> pour tout le monde, en particulier pour les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Mais il existe des outils simples et efficaces pour la prévenir.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/le-tiers-des-parents-hesitent-a-faire-vacciner-leurs-enfants-trois-pistes-pour-les-convaincre-116879">Le tiers des parents hésitent à faire vacciner leurs enfants : trois pistes pour les convaincre</a>
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<h2>La rougeole est une maladie grave</h2>
<p>La rougeole est l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité. Avant qu’un vaccin ne soit disponible en 1963, environ 30 millions de personnes étaient infectées par la rougeole et <a href="https://doi.org/10.1016/j.eclinm.2024.102502">2,6 millions de personnes mouraient de la maladie</a> chaque année dans le monde. Aux États-Unis, la rougeole a été responsable d’environ 3 à 4 millions d’infections. Parmi les cas déclarés, on compte 48 000 hospitalisations, 1 000 cas d’encéphalite (gonflement du cerveau) et 500 décès <a href="https://www.cdc.gov/measles/about/history.html">chaque année</a>.</p>
<p>La rougeole est également l’une des maladies infectieuses les plus contagieuses. Selon les Centers for Disease Control and Prevention, <a href="https://www.cdc.gov/measles/about/parents-top4.html">jusqu’à 9 personnes sur 10</a> exposées à une personne infectée le deviendront si elles ne sont pas protégées par les vaccins. Le virus de la rougeole peut rester dans l’air et infecter d’autres personnes jusqu’à deux heures après qu’une personne contagieuse a quitté la pièce. La rougeole peut également demeurer silencieuse chez une personne pendant une <a href="https://www.cdc.gov/vaccines/pubs/surv-manual/chpt07-measles.html">à deux semaines et parfois jusqu’à 21 jours</a> avant que les symptômes ne se manifestent. Les personnes infectées peuvent <a href="https://www.cdc.gov/measles/transmission.html">propager la rougeole</a> jusqu’à quatre jours avant l’apparition de l’éruption cutanée caractéristique, et jusqu’à quatre jours après.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Gros plan de l’abdomen avec éruption rouge de la rougeole" src="https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578749/original/file-20240228-20-nsp7wf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">L’un des symptômes caractéristiques de la rougeole est une éruption cutanée qui s’étend du visage au reste du corps.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://phil.cdc.gov/details.aspx?pid=3168">(CDC/Heinz F. Eichenwald, MD)</a></span>
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<p>Les <a href="https://www.cdc.gov/measles/symptoms/signs-symptoms.html">premiers symptômes</a> de la rougeole sont similaires à ceux de nombreuses autres maladies virales courantes : fièvre, toux, écoulement nasal et yeux rouges. Plusieurs jours après le début des symptômes, de minuscules taches blanches caractéristiques se développent à l’intérieur de la bouche et une éruption cutanée, qui débute au niveau du visage, s’étend au reste du corps. </p>
<p>Bien que les symptômes s’atténuent dans la plupart des cas, un enfant non vacciné sur cinq sera hospitalisé, un sur mille développera un gonflement du cerveau pouvant entraîner des lésions cérébrales, et <a href="https://www.cdc.gov/measles/symptoms/complications.html">jusqu’à 3 sur mille en mourront</a>. Pour les femmes enceintes non vaccinées, l’infection par la rougeole peut entraîner une fausse couche, une mortinaissance, une naissance prématurée et un faible poids à la naissance.</p>
<p>Le risque de complications graves dues à la rougeole persiste même après la guérison. Dans de rares cas, les personnes atteintes peuvent souffrir d’une maladie cérébrale appelée <a href="https://www.ninds.nih.gov/health-information/disorders/subacute-sclerosing-panencephalitis#">panencéphalite sclérosante subaiguë</a> qui se développe sept à dix ans après l’infection. Elle entraîne des pertes de mémoire, des mouvements involontaires, des crises d’épilepsie, la cécité et, finalement, la mort.</p>
<p>Au-delà de ces effets individuels sur la santé, le <a href="https://www.idsociety.org/science-speaks-blog/2022/estimating-the-impact-how-much-does-a-measles-outbreak-cost/#/+/0/publishedDate_na_dt/desc/">coût financier</a> pour la société, lorsqu’elle doit endiguer des flambées de rougeole, est important. Par exemple, on estime qu’une épidémie de rougeole survenue en 2019 dans l’État de Washington a coûté <a href="https://doi.org/10.1542/peds.2020-027037">3,4 millions de dollars</a>. Les efforts nécessaires pour lutter contre les épidémies de rougeole mobilisent des millions de dollars de ressources qui ne sont pas consacrées à d’autres fonctions essentielles de la santé publique, telles que la sécurité alimentaire, la prévention des blessures et des maladies chroniques, et la réponse aux catastrophes.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/comment-les-biais-cognitifs-influencent-lhesitation-vaccinale-172374">Comment les biais cognitifs influencent l'hésitation vaccinale</a>
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<h2>Les vaccins protègent contre la rougeole</h2>
<p>Pourquoi mettre les communautés en danger et provoquer de tels coûts alors que des outils efficaces et sûrs sont disponibles pour protéger tout le monde ?</p>
<p>Les vaccins contre la rougeole ont été si efficaces, offrant une protection à vie à <a href="https://www.cdc.gov/measles/vaccination.html">plus de 97 % des personnes</a> qui ont reçu deux doses de vaccin, qu’ils sont victimes de leur propre succès. La vaccination généralisée contre la rougeole a permis de réduire de 99 % le nombre de cas par rapport à la période précédant la mise à disposition du vaccin. Par conséquent, la plupart des Nord-Américains ne sont pas conscients de la gravité de cette maladie.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Personne regardant la fiche d’information de Florida Health sur la rougeole et le vaccin ROR" src="https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=454&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/578753/original/file-20240228-7861-io367m.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=570&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La rougeole est une maladie hautement évitable.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.gettyimages.com/detail/news-photo/measles-information-sheet-is-seen-posted-at-the-orange-news-photo/1141724959">(Paul Hennessy/NurPhoto via Getty Images)</a></span>
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<p>Malgré le succès des programmes de vaccination très efficaces en Amérique du Nord, n’importe qui peut encore entrer en contact avec la rougeole dans sa communauté. La rougeole est le plus souvent introduite en Amérique du Nord par des <a href="https://www.cdc.gov/measles/about/parents-top4.html">voyageurs non vaccinés</a> qui rentrent chez eux, et parfois par des visiteurs étrangers. Pour les personnes qui voyagent à l’étranger, le risque d’exposition à la rougeole est encore plus grand, des flambées épidémiques se produisant dans de <a href="https://wwwnc.cdc.gov/travel/notices/level1/measles-globe">nombreuses destinations de voyage</a>.</p>
<p>Les responsables de la santé publique qui adoptent et encouragent la vaccination et appliquent des mesures simples et éprouvées d’endiguement des maladies infectieuses peuvent contribuer à prévenir la propagation de la rougeole. Chaque maladie, complication, hospitalisation ou décès évitable dû à la rougeole est un cas de trop.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/225125/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David Higgins est affilié à Immunize Colorado, une organisation à but non lucratif qui s'efforce de protéger les familles, les écoles et les communautés du Colorado contre les maladies évitables par la vaccination (membre bénévole non rémunéré du conseil d'administration) et à l'American Academy of Pediatrics (représentant bénévole non rémunéré de la section du Colorado chargée de l'immunisation).</span></em></p>Un pédiatre explique comment les vaccins contre la rougeole sont devenus les victimes de leur propre succès, et le risque que l’augmentation des épidémies représente pour tous et toutes.David Higgins, Research Fellow and Instructor in Pediatrics, University of Colorado Anschutz Medical CampusLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1985292023-01-29T16:58:34Z2023-01-29T16:58:34ZRougeole, coqueluche, tétanos… Les vaccins restent la meilleure arme mondiale pour protéger les enfants<p><em>Population mondiale ayant franchi les 8 milliards en novembre 2022, impact du vieillissement mondial, du Covid et des maladies (ré)émergentes, des migrations… La démographie à l’échelle de la planète pose de nombreuses questions, dont certaines sont inédites. L’une des plus importantes concerne la santé des enfants, qui a connu des améliorations mais reste en deçà de ce qu’elle pourrait être. En raison, notamment, d’un niveau de vaccination malheureusement insuffisant.</em></p>
<p><em>Gilles Pison, professeur émérite au Muséum national d’histoire naturelle et conseiller de la direction de l’Institut national d’études démographiques, est spécialiste des grands changements démographiques mondiaux. Nous vous proposons ici un extrait de son dernier ouvrage <a href="https://www.autrement.com/atlas-de-la-population-mondiale/9782746763074">« Atlas de la population mondiale »</a> (chapitre « Les vaccinations, une arme peu coûteuse contre les infections »), paru le 25 janvier aux Éditions Autrement, qui fait le point sur ce sujet.</em></p>
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<p>Si la mortalité des enfants a diminué, c’est d’abord grâce au progrès sanitaire. Les vaccinations, interventions peu coûteuses et d’une grande efficacité, ont <a href="https://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0016/84310/Seven_Key_ReasonsF.pdf">beaucoup contribué au recul des infections, principales causes de décès des enfants</a>. Si tous les enfants de la planète ne sont pas vaccinés, cela tient à un intérêt insuffisant pour la prévention et à une mauvaise organisation.</p>
<p>La proportion d’enfants vaccinés, très corrélée à la mortalité des enfants, reflète bien l’organisation sanitaire d’un pays.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/506337/original/file-20230125-16-s1jqfx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Les vaccins ont des effets bénéfiques non spécifiques : en stimulant l’immunité, ils diminuent aussi la mortalité due aux autres maladies (diarrhée, paludisme) contre lesquelles les enfants ne peuvent pas être vaccinés pour l’instant faute de vaccin" src="https://images.theconversation.com/files/506337/original/file-20230125-16-s1jqfx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/506337/original/file-20230125-16-s1jqfx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=1171&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/506337/original/file-20230125-16-s1jqfx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=1171&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/506337/original/file-20230125-16-s1jqfx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=1171&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/506337/original/file-20230125-16-s1jqfx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1471&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/506337/original/file-20230125-16-s1jqfx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1471&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/506337/original/file-20230125-16-s1jqfx.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1471&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">LES DÉCÈS D’ENFANTS : RÉPARTITION ET CAUSES.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gilles Pison, Atlas de la population mondiale, ed. Autrement/d’après les données OMS</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p><a href="https://www.who.int/fr/news/item/19-10-2017-7-000-newborns-die-every-day-despite-steady-decrease-in-under-five-mortality-new-report-says">Une partie des enfants qui décèdent meurent de maladies infectieuses évitables par la vaccination</a>. La rougeole et le tétanos néonatal, pour lesquels il existe des vaccins, causent ensemble près de <a href="https://www.who.int/fr/news/item/05-12-2019-more-than-140-000-die-from-measles-as-cases-surge-worldwide">200 000 morts chaque année</a> (en 2019).</p>
<p>Chaque jour, dans le monde, 14 000 enfants de moins de 5 ans meurent, dont : 2500 de pneumonie, 1500 de diarrhée, 1000 de paludisme, 300 de rougeole, 150 de coqueluche et 100 de tétanos néonatal.</p>
<p>Les enfants qui attrapent ces maladies tout en en réchappant en sortent souvent affaiblis, avec un risque accru de succomber d’une autre maladie ensuite.</p>
<p>La vaccination est pourtant l’un des actes médicaux les plus simples et les plus rentables en termes de prévention des maladies et de réduction de la mortalité. Cela fait près de cent ans que le premier vaccin contre le tétanos a été inventé, et 60 ans qu’il en existe un pour la rougeole (le premier vaccin a été inventé en 1963).</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/8-milliards-dhumains-sommes-nous-trop-nombreux-sur-terre-81225">8 milliards d’humains : sommes-nous trop nombreux sur Terre ?</a>
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<p>Si tous les enfants de la planète ne sont pas vaccinés contre ces maladies, cela ne vient pas d’un coût élevé des vaccins. Au contraire, il est souvent faible, et pris en charge par des organisations internationales dans le cas des pays les plus pauvres. La raison tient plutôt à un intérêt insuffisant pour la prévention et à une mauvaise organisation sanitaire.</p>
<p>De nouveaux vaccins devraient voir le jour dans le futur, permettant de prévenir directement les infections entraînant diarrhées et pneumonies, principales causes de décès chez les enfants aujourd’hui.</p>
<p>Grâce aux vaccins, plusieurs maladies infectieuses devraient pouvoir être éradiquées de la planète, comme l’a été la variole en 1979. La poliomyélite est sur le point d’être éradiquée, la rougeole pourrait suivre dans quelques années ou décennies.</p>
<h2>L’exemple de la vaccination contre la rougeole</h2>
<p>En 2021, dans le monde, 81 % des enfants de 1 an ont été vaccinés contre la rougeole. La proportion a certes beaucoup progressé depuis 1980, où elle n’était que de 17 %, mais elle est encore loin de l’objectif de 90 %, voire de 100 %.</p>
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<a href="https://images.theconversation.com/files/506335/original/file-20230125-3027-95y6eq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="En 2021, dans le monde, 81 % des enfants de 1 an ont été vaccinés contre la rougeole" src="https://images.theconversation.com/files/506335/original/file-20230125-3027-95y6eq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/506335/original/file-20230125-3027-95y6eq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/506335/original/file-20230125-3027-95y6eq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/506335/original/file-20230125-3027-95y6eq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=404&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/506335/original/file-20230125-3027-95y6eq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=508&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/506335/original/file-20230125-3027-95y6eq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=508&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/506335/original/file-20230125-3027-95y6eq.png?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=508&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">CARTE MONDIALE DE LA COUVERTURE VACCINALE DES ENFANTS POUR LA ROUGEOLE EN 2021.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Gilles Pison, Atlas de la population mondiale, ed. Autrement/d’après les données OMS -- Cartographe : Guillaume Balavoine</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>C’est dans les pays les plus riches que les enfants sont les mieux vaccinés. La couverture vaccinale dépasse 80 % dans des régions en développement où l’offre de soins de base a beaucoup progressé récemment, comme en Afrique du Nord et en Amérique latine, et aussi en Europe de l’Est et dans les pays de l’ex-URSS, qui ont su maintenir les niveaux élevés de couverture vaccinale atteints sous les régimes communistes.</p>
<p>La couverture vaccinale se situe en dessous de 80 % dans les régions les plus pauvres de la planète, en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. Les pays les plus en retard sont l’Angola, Madagascar, la République centrafricaine, la Somalie, et la Guinée, où moins de la moitié des enfants sont vaccinés. La pandémie de Covid-19 a désorganisé les programmes de vaccination des enfants, entraînant une diminution de la couverture vaccinale dans le monde, et en particulier dans les pays les plus pauvres.</p>
<h2>L’exemple de la rougeole au Sénégal</h2>
<p>La vaccination contre la rougeole a pourtant beaucoup fait reculer la mortalité des enfants dans le monde. Dans la région de Bandafassi, au Sénégal, cette maladie était la cause d’un décès sur cinq chez les enfants au-delà du premier mois avant que ceux-ci ne soient vaccinés.</p>
<p>L’introduction des vaccinations à la fin des années 1980 a fait reculer la part de la rougeole à moins de 3 %, avec pourtant seulement la moitié des enfants vaccinés. La mortalité des enfants quelle qu’en soit la cause a baissé immédiatement de 40 %, soit plus que ce qu’on attendait de la simple suppression des décès liés directement aux maladies ciblées par les vaccins – la rougeole, la coqueluche, le tétanos, etc.</p>
<p>Les vaccins ont des effets bénéfiques non spécifiques : en stimulant l’immunité, ils diminuent aussi la mortalité due aux autres maladies (diarrhée, paludisme) contre lesquelles les enfants ne peuvent être vaccinés pour l’instant faute de vaccins.</p>
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<h2>Malnutrition et maladies infectieuses</h2>
<p>On a longtemps pensé que la forte mortalité des enfants dans les pays du Sud était liée à la malnutrition, ceux-ci succombant aux maladies de la petite enfance comme la rougeole ou la coqueluche parce qu’ils étaient malnutris, et non en raison des maladies elles-mêmes. Au point que la mortalité infantile était proposée comme indicateur de la <a href="https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/malnutrition">malnutrition</a>, et des programmes de distribution de compléments alimentaires comme la solution pour faire reculer leur mortalité.</p>
<p>On sait aujourd’hui que la malnutrition – repérée par un poids ou une taille inférieurs à la norme – résulte autant sinon plus d’infections, notamment intestinales, occasionnant des diarrhées entraînant perte de poids et retard de croissance lorsqu’elles ne sont pas traitées, que d’une mauvaise alimentation.</p>
<p>La prévention des infections grâce aux vaccinations est ainsi d’autant plus prioritaire qu’elle contribue également à prévenir la malnutrition.</p>
<p>Au-delà de la protection des enfants, les vaccinations sont précieuses pour combattre les épidémies touchant l’ensemble de la population, comme l’illustre l’exemple du Covid-19. Comme pour les enfants, l’efficacité des campagnes vaccinales visant à stopper ou ralentir les épidémies dépend d’une bonne organisation et de l’adhésion de tous aux vaccins.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198529/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gilles Pison a reçu des financements de l'Agence nationale de la recherche française et des National Institutes of Health américains.</span></em></p>Une meilleure couverture vaccinale mondiale, insuffisante par manque de volonté politique, pourrait sauver plusieurs centaines de milliers d’enfants. Démonstration par des chiffres concrets.Gilles Pison, Anthropologue et démographe, professeur émérite au Muséum national d’histoire naturelle et conseiller de la direction de l'INED, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1924782022-11-07T19:53:06Z2022-11-07T19:53:06ZL’essor de l’élevage intensif augmente-t-il le risque de pandémies humaines ?<p>La pandémie mondiale de Covid-19 a remis en lumière un débat plus ancien sur le rôle des transformations opérées par notre espèce sur son environnement naturel dans les <a href="https://theconversation.com/retour-sur-comment-expliquer-lemergence-accrue-des-nouvelles-maladies-156525">émergences de maladies infectieuses</a>. L’impact de l’élevage dit intensif est, en particulier, l’objet d’une vive controverse. Celle-ci rejoint une remise en cause plus large de ce mode d’élevage, en raison de son atteinte au bien-être animal et de la <a href="https://theconversation.com/elevage-intensif-entre-militants-animalistes-et-industriels-qui-croire-172227">pollution environnementale qu’il génère</a>.</p>
<p>Cependant, peu d’arguments scientifiques sont disponibles pour étayer l’hypothèse d’une contribution de l’intensification de l’élevage aux <a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsos.211573">émergences de pandémies</a>.</p>
<h2>Maladies émergentes et zoonoses</h2>
<p>Il convient d’abord de clarifier ce que nous appelons « maladie émergente » et « élevage intensif ». S’il est communément admis que plus de 60 % des maladies dans ce cas de figure depuis le milieu du XX<sup>e</sup> siècle <a href="https://www.nature.com/articles/nature06536">sont d’origine animale</a>, la grande majorité des pathogènes concernés ont pour réservoir naturel une population animale, c’est-à-dire qu’ils se transmettent principalement chez les animaux et engendrent sporadiquement des foyers d’infection chez les humains qui ne donnent pas lieu à une circulation durable dans la population humaine.</p>
<p>Ces maladies sont qualifiées de « zoonoses », terme qui englobe, à la base, toutes les maladies transmises de l’animal à l’Homme. L’influenza aviaire hautement pathogène est probablement l’exemple le plus médiatisé. Cette zoonose émergente s’est établie durablement dans des populations d’animaux d’élevage, en l’occurrence les volailles de plusieurs pays d’Asie et d’Afrique, et menace maintenant l’Europe et l’Amérique du Nord. Ces virus grippaux causent des maladies sévères, mais ne se transmettent pas de façon pérenne chez nous.</p>
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<img alt="Vue d’un élevage de canards avec une densité élevée de volailles" src="https://images.theconversation.com/files/492099/original/file-20221027-19202-1g5d7n.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/492099/original/file-20221027-19202-1g5d7n.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/492099/original/file-20221027-19202-1g5d7n.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/492099/original/file-20221027-19202-1g5d7n.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=429&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/492099/original/file-20221027-19202-1g5d7n.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/492099/original/file-20221027-19202-1g5d7n.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/492099/original/file-20221027-19202-1g5d7n.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=539&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les élevages de volailles d’Asie (ici de canards, au Viet Nam) sont désormais durablement touchés par les épidémies d’influenza aviaire, zoonose émergente particulièrement pathogène pour ces animaux.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Nguyen Van Bo-Alexis Delabouglise</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>A contrario, l’émergence d’une maladie humaine implique un véritable saut d’espèce : le pathogène doit s’adapter à ce nouvel hôte de telle sorte que sa circulation soit assurée en dehors de son réservoir animal initial. C’est le cas des coronavirus SARS-CoV-1 et SARS-CoV-2, respectivement à l’origine de la pandémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SARS), et du Covid-19, qui ont émergé respectivement en 2002 et 2019 vraisemblablement à partir d’un <a href="https://www.science.org/content/article/evidence-suggests-pandemic-came-nature-not-lab-panel-says">réservoir animal sauvage</a>. C’est également le cas du virus de l’immunodéficience humaine (HIV), initialement une <a href="https://www.pnas.org/doi/pdf/10.1073/pnas.1502022112">zoonose transmise par les grands singes</a>.</p>
<p>Si plusieurs maladies humaines anciennes résultent bien de sauts d’espèce à partir d’un réservoir animal domestique – c’est le cas de la rougeole et de la coqueluche notamment –, ce phénomène reste rarissime si on le replace à l'échelle de la domestication animale, qui s’étale sur des dizaines de milliers d’années.</p>
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<h2>La difficulté de caractériser l’élevage intensif</h2>
<p>La notion d’intensification de l’élevage n’est pas moins complexe. Si aucune définition officielle de l’élevage intensif n’existe, il est communément admis qu’elle renvoie à un ensemble d’évolutions des pratiques d’élevage ayant eu lieu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, d’abord dans les pays industrialisés ensuite dans les pays émergents et à faible revenu, visant à diminuer le coût de production des denrées d’origine animale.</p>
<p>Plus spécifiquement, l’intensification a réduit le besoin en surface agricole et en main-d’œuvre nécessaire pour produire une quantité donnée de produits animaux. Ce gain de productivité a été obtenu de plusieurs façons, notamment grâce à l’amélioration génétique et la mécanisation.</p>
<p>L’intensification s’accompagne généralement d’une augmentation du nombre d’animaux par exploitation, d’une spécialisation des élevages dans une étape donnée de la production (sélection génétique, reproduction, engraissement), et de leur intégration croissante à des circuits commerciaux complexes et globalisés.</p>
<p>L’intensification n’est toutefois pas un processus uniforme et a pris des modalités différentes en fonction des contextes socio-économiques et institutionnels dans lesquels elle s’est développée. La maîtrise des risques sanitaires dans les élevages commerciaux de moyenne à grande échelle semble ainsi très influencée par le degré d’accompagnement des pratiques d’élevage par l’État, l’accès des éleveurs aux crédits et aux services vétérinaires, et par les mesures de transparence mises en place dans les filières animales.</p>
<h2>Le lien complexe entre ces deux notions</h2>
<p>Une fois les définitions posées, reste la question essentielle du lien causal entre l’intensification de l’élevage et l’apparition de nouvelles maladies humaines. On voit bien qu’une démonstration semble impossible, au vu de la rareté des émergences de maladies humaines à partir de réservoirs animaux domestiques et de la relative nouveauté du processus d’intensification de l’élevage.</p>
<p>Deux exemples de zoonoses virales nous éclairent cependant sur la manière dont l’élevage intensif pourrait, à l’avenir, contribuer aux émergences :</p>
<p>● Le premier exemple est celui de l’<a href="https://theconversation.com/grippe-aviaire-quelles-consequences-pour-les-humains-2-53646">influenza aviaire hautement pathogène due à H5N1</a>, identifiée en Chine en 1997 avant sa propagation mondiale à partir de 2003. Les <a href="https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fvets.2018.00084/full">zones d’apparition du sous-type H5N1</a> combinent de fortes densités de volailles domestiques et des caractéristiques paysagères (zones humides) propices aux interfaces avec les oiseaux sauvages aquatiques. Les études réalisées dans différents pays d’Asie du Sud-Est montrent le rôle des élevages commerciaux et des réseaux de commerce des volailles comme accélérateurs de la propagation du virus dans les populations animales, à différentes échelles.</p>
<p>● Un autre exemple éloquent est celui de l’<a href="https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsif.2011.0223">encéphalite à Nipah, transmise par le porc domestique</a>, qui a émergé en Malaisie en 1998. La combinaison d’élevages de porcs et de cultures de mangue à grande échelle a favorisé les contacts entre chauves-souris frugivores, réservoir sauvage du virus, et porcs domestiques, puis la transmission du virus a été favorisée par la concentration des porcs en grand nombre dans les élevages et le transport de porcs vivants via les réseaux commerciaux.</p>
<p>Un lien entre les pratiques liées à l’élevage intensif et l’accroissement de la virulence – c’est-à-dire la dangerosité des infections – de certains pathogène a également été documenté, notamment pour le virus de la maladie de Marek qui touche les poulets et n’est pas zoonotique.</p>
<p>Les mécanismes de cette sélection adverse pour des formes plus virulentes de pathogènes sont complexes. Ils sont liés notamment au regroupement des animaux en grande densité, à leur durée de vie plus courte et à la sélection des reproducteurs sur la base de leur productivité et non de leur résistance aux maladies – contrairement aux mécanismes de sélection à l’œuvre dans les formes d’élevages plus extensives.</p>
<p>Des pathogènes plus virulents chez les animaux seraient, en cas de transmission humaine, plus susceptible de causer des symptômes prononcés chez notre espèce également. C’est une hypothèse proposée pour expliquer la sévérité des infections dues au sous-type H5N1 de l’influenza aviaire hautement pathogène, mais qui n’a pas été étayée à ce jour.</p>
<p>Enfin, les échanges commerciaux d’animaux vivants à large échelle favorisent l’échange de matériel génétique entre souches virales éloignées, favorisant ainsi l’apparition de nouvelles souches capables de transmission à l’homme. Ces phénomènes, appelés « recombinaison virale », sont <a href="https://theconversation.com/de-leurope-a-lasie-le-role-cle-des-elevages-de-porcs-dans-lemergence-des-pandemies-155617">particulièrement fréquents et redoutés dans le cas de l’influenza aviaire et porcine</a>.</p>
<h2>Prévoir pour éviter une catastrophe</h2>
<p>On le voit, l’absence de preuve définitive d’un lien entre intensification de l’élevage et risque pandémique ne nous dispense pas d’anticiper et prévenir les risques potentiels futurs.</p>
<p>Pays industrialisés et pays émergents font cependant face à des situations contrastées. Dans les premiers, les pratiques de l’élevage intensif, implantées depuis longtemps, sont associées à des dispositifs visant à <a href="https://www.ecdc.europa.eu/en/avian-influenza-humans/threats-and-outbreaks/risk-assessments">surveiller de très près les émergences</a> et à <a href="https://www.woah.org/fr/biosecurite-et-prevention-des-maladies/">limiter la diffusion des maladies</a>.</p>
<p>Les deuxièmes font face à une expansion rapide de l’élevage de grande échelle, pour répondre à l’urbanisation accélérée de la population et à une demande croissante en protéines animales. Cette expansion doit faire l’objet d’un accompagnement des services de l’État et de mesures de transparence et de surveillance sanitaire acceptables pour les populations rurales.</p>
<p>Ces efforts garantiront, à terme, que la satisfaction des besoins croissants des populations en protéines animales ne se fasse <a href="https://www.cahiersagricultures.fr/articles/cagri/full_html/2022/01/cagri210105/cagri210105.html">pas aux dépens de la santé publique</a>.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/192478/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alexis Delabouglise a reçu des financements de l'Union Européenne, de l'Agence Française de Développement et de la fondation Bill and Melinda Gates.</span></em></p><p class="fine-print"><em><span>François Roger, Marisa Peyre et Mathilde Paul ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur poste universitaire.</span></em></p>Élevage intensif et transmission de maladies animales à l’Homme sont souvent associés, mais le lien est-il vraiment établi ? Cas documentés, mécanismes… Les éléments à connaître sur ce sujet complexe.Alexis Delabouglise, Researcher, socio-economist of animal health, CiradFrançois Roger, Directeur régional Asie du Sud-Est, vétérinaire et épidémiologiste, CiradMarisa Peyre, Deputy head of ASTRE research unit, epidemiologist, CiradMathilde Paul, Professeur en épidémiologie, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, InraeLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1850002022-06-16T20:57:35Z2022-06-16T20:57:35ZLa rougeole est en augmentation dans le monde : pourquoi… et pourquoi c’est un problème<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/468535/original/file-20220613-26-rnqbsv.jpeg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C12%2C4264%2C2534&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les taches caractéristiques de la rougeole apparaissent 3 à 4 jours après l'infection et vont couvrir tout le corps.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/hand-newborn-baby-measles-rash-on-1391758751">Shutterstock / Prostock-studio</a></span></figcaption></figure><p>Nous avons souvent tendance à penser que la <a href="https://www.vidal.fr/maladies/chez-les-enfants/rougeole.html">rougeole est une maladie d’enfant</a> certes gênante avec ces plaques rouges qui recouvrent progressivement tout le corps, mais inoffensive et qui a été vaincue. À tort : il s’agit d’une maladie virale grave, <a href="https://vaccination-info-service.fr/Les-maladies-et-leurs-vaccins/Rougeole">très contagieuse (une personne contaminée peut en infecter de 15 à 20 autres ; elle est contagieuse avant l’éruption cutanée et cinq jours après en moyenne)</a> et facilement transmissible. Elle peut être contractée à tout âge et peut entraîner de graves complications – parfois mortelles.</p>
<p>C’est pourquoi nous devons nous inquiéter du fait qu’entre 2016 et 2019, le nombre de cas de rougeole signalés dans le monde a augmenté de 556 % pour atteindre 869 770, soit le nombre le plus élevé depuis 1996. Plus de 140 000 personnes en sont mortes en 2018, principalement des enfants de moins de 5 ans. Une tragédie d’autant plus décourageante qu’elle aurait pu être en bonne partie évitée.</p>
<p>Qui plus est, entre 2018 et 2020, une épidémie de rougeole en République démocratique du Congo a infecté plus de 460 000 enfants et causé près de 8 000 décès.</p>
<p>La hausse se poursuit et l’ONU a déjà prévenu que, sur les deux premiers mois de 2022, les <a href="https://www.unicef.org/stories/measles-cases-spiking-globally">cas de rougeole allaient augmenter de 79 % dans le monde</a>. Entre septembre 2021 et février 2022, la Somalie a déclaré 5 760 cas de rougeole, le Nigeria 5 613 cas, l’Inde 4 178 cas, l’Éthiopie 1 979 cas, le Pakistan 1 861 cas et ainsi de suite. <a href="https://www.cdc.gov/globalhealth/measles/data/global-measles-outbreaks.html">On pourrait continuer ainsi à énumérer les pays touchés par des milliers d’infections</a>. Ce sont de très mauvaises nouvelles.</p>
<h2>On la croyait éradiquée… mais elle revient</h2>
<p>Certains pays occidentaux suivent également cette tendance. En 2000, les États-Unis d’Amérique ont ainsi déclaré la rougeole éliminée de leur territoire. Cependant, en 2019, près de 1 300 cas de rougeole ont été signalés dans 31 États du pays, soit le nombre le plus élevé depuis 1992. Que se passe-t-il ?</p>
<p>L’analyse de l’épidémie de rougeole de 2018-2019 à New York, la plus importante du pays depuis près de trois décennies, a permis d’identifier les facteurs derrière cette ampleur inattendue : il s’agissait en l’occurrence d’une vaccination tardive des jeunes enfants combinée à des contacts accrus entre eux… probablement lors de « fêtes de la rougeole » <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32548250/">organisées pour infecter délibérément les enfants</a>.</p>
<p>Les infections se sont produites principalement chez des petits âgés de 1 à 4 ans et des nourrissons de moins d’un an. Pour contenir l’épidémie, le département de la santé et de l’hygiène mentale de la ville de New York a lancé de vastes campagnes de vaccination et a ordonné la vaccination obligatoire de toute personne vivant, travaillant ou fréquentant l’école dans les codes postaux concernés.</p>
<p>À la suite de cette politique volontaire, entre octobre 2018 et juillet 2019, plus de 32 000 personnes de moins de 19 ans ont été vaccinées contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR). Et l’épidémie a diminué.</p>
<p>Une analyse plus poussée suggère que sans les campagnes de vaccination, l’épidémie aurait pu infecter entre 6 500 et 8 100 personnes par rapport aux 649 cas réels.</p>
<p>Soulignons-le clairement : ces « fêtes de la rougeole » sont une pratique insensée et dangereuse, qui doit être éradiquée.</p>
<h2>Les Français ne font pas confiance aux vaccins</h2>
<p>Avant l’introduction du vaccin contre la rougeole en 1963 et la généralisation de la vaccination, de grandes épidémies mondiales survenaient tous les 2 à 3 ans environ et causaient quelque 2,6 millions de décès par an. Entre 2000 et 2018, la vaccination <a href="https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31805033/">a permis d’éviter environ 23,2 millions de décès</a>.</p>
<p>Malgré les preuves, une enquête mondiale portant sur 67 pays et publiée en 2016 a révélé que la confiance dans la sécurité des vaccins en France était la plus faible au monde. Et cela <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S235239641630398X">augmente le risque d’épidémies infectieuses, dont la rougeole</a>. Peut-être à cause de cette problématique, les <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-prevention-vaccinale/rougeole/donnees/#tabs">cas de rougeole en France</a> se sont élevés à 2 637 en 2019. (<em>Entre 2008 et 2020, sur les plus de 30 000 cas déclarés en <a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-prevention-vaccinale/rougeole/articles/points-d-actualites-sur-la-rougeole">France</a>, 1 700 personnes ont développé une pneumopathie grave, 42 une complication neurologique (39 encéphalites, 1 myélite, 2 Guillain-Barré) et 26 sont décédés, ndlr</em>.)</p>
<p>Heureusement, selon les données de 2020, la confiance dans l’intérêt et la sécurité du vaccin contre la rougeole a nettement augmenté dans un grand nombre de pays. De façon générale, dans l’Union européenne, elle <a href="https://ec.europa.eu/health/vaccination/state-vaccine-confidence_en">est considérée comme élevée</a>.</p>
<p>En Espagne, la confiance dans les vaccins est bonne. Le programme de vaccination ROR (rougeole, rubéole et oreillons) a été introduit en 1981. Le vaccin ROR contient des virus vivants atténués de la rougeole et des oreillons préparés dans des cultures cellulaires d’embryons de poulet. Il contient également du virus vivant atténué de la rubéole préparé dans des cellules pulmonaires humaines (plus précisément des fibroblastes).</p>
<p>Sa couverture vaccinale toujours restée élevée a permis à l’Espagne d’être déclarée exempte de transmission endémique de la rougeole en 2014. En 2017, l’Organisation mondiale de la santé pour l’Europe a déclaré la <a href="https://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0013/401107/ESP.pdf">rougeole éliminée du pays</a> suite à l’absence de transmission endémique pendant une période d’au moins 36 mois. Depuis lors, les cas et les épidémies de rougeole signalés ont toujours été importés ou liés à l’importation.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Vue du dos couvert de boutons dus à la rougeole d’un bébé" src="https://images.theconversation.com/files/468177/original/file-20220610-16487-8lsi1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/468177/original/file-20220610-16487-8lsi1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/468177/original/file-20220610-16487-8lsi1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/468177/original/file-20220610-16487-8lsi1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/468177/original/file-20220610-16487-8lsi1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/468177/original/file-20220610-16487-8lsi1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/468177/original/file-20220610-16487-8lsi1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les risques de complications ne sont jamais négligeables y compris pour les nourrissons, particulièrement vulnérables.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/es/image-photo/measles-rash-408024511">Phichet Chaiyabin/Shutterstock</a></span>
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<h2>Diversité du virus de la rougeole</h2>
<p>L’OMS reconnaît 24 génotypes du virus de la rougeole (A, B1, B2, B3, C1, C2, D1, D2, D3, D4, D5, D6, D7, D8, D9, D10, D11, E, F, G1, G2, G3, H1 et H2), <a href="https://www.cdc.gov/measles/lab-tools/genetic-analysis.html">divisés en huit clades (A-H)</a>. Malgré cette hétérogénéité, tous sont considérés comme appartenant à un seul grand type. La plupart des souches servant à l’élaboration des vaccins sont dérivées de la souche Edmonston (génotype A) isolée en 1954 et sont efficaces contre toutes les autres.</p>
<p>Actuellement, seuls trois de ces 24 génotypes connus sont responsables des épidémies dans le monde : le génotype H1, qui est endémique en Chine ; le B3, principalement présent dans les pays africains (dont il est originaire) ; et le génotype D8, qui est apparu en Asie dans les années 1980 mais est maintenant répandu dans le monde entier.</p>
<p>Les génotypes D8 et B3 sont responsables des épidémies survenues ces dernières années en Europe, en Asie et en Amérique du Nord.</p>
<h2>L’impact de la pandémie de Covid-19</h2>
<p>Malheureusement, les mesures prises pour juguler une épidémie peuvent avoir des conséquences néfastes sur une autre. Ainsi, la pandémie de Covid-19 a eu un impact sérieux sur les programmes de vaccination et les systèmes de surveillance de la rougeole dans de nombreux pays.</p>
<p>En mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publiait des directives indiquant que les campagnes de vaccination de masse devraient être suspendues afin de <a href="https://apps.who.int/iris/handle/10665/331590">maintenir la distance physique et de minimiser la transmission du coronavirus</a>.</p>
<p>Or, l’interruption des services de vaccination, même pour de courtes périodes, a eu pour effet d’augmenter le nombre de personnes sensibles et de communautés où la couverture protectrice est inférieure à 95 % (taux à atteindre pour obtenir une immunité collective contre ce virus). Le résultat a été une augmentation mondiale des épidémies de rougeole.</p>
<p>On estime qu’une diminution de 15 % des vaccinations systématiques contre la rougeole pourrait augmenter le nombre de décès d’enfants de <a href="https://www.science.org/doi/10.1126/science.abc8637">près de 250 000 dans les pays les plus pauvres</a>. La suspension de ces campagnes de vaccination de masse est particulièrement pernicieuse dans les pays pris dans un conflit. Entre autres parce que la malnutrition des enfants et des mères est alors plus fréquente, ce qui augmente la mortalité en cas d’infection.</p>
<h2>Une maladie qui n’est pas sans danger</h2>
<p>Bien que la vaccination et de bons soins médicaux puissent réduire la probabilité des complications graves, les décès et les hospitalisations liés à la rougeole en raison de complications surviennent même dans les pays européens développés et industrialisés. (<em><a href="https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-prevention-vaccinale/rougeole/articles/points-d-actualites-sur-la-rougeole">Les complications se produisent dans 30 % des cas</a> et sont plus lourdes chez les personnes immunodéprimées, les nourrissons et les adultes de plus de vingt ans. Elles vont de l’otite et la diarrhée à des atteintes du foie, des reins, des poumons ou des yeux. Dans un cas sur mille, on observe des complications neurologiques, une encéphalite par exemple, ndlr</em>.)</p>
<p>C’est pourquoi l’OMS recommande la vaccination des enfants et adultes sensibles pour lesquels elle n’est pas contre-indiquée.</p>
<p>À l’heure actuelle, il ne fait aucun doute que le vaccin contre la rougeole est sûr, efficace et peu coûteux. Il devrait donc être inclus dans tous les programmes nationaux de vaccination.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/185000/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Raúl Rivas González no recibe salario, ni ejerce labores de consultoría, ni posee acciones, ni recibe financiación de ninguna compañía u organización que pueda obtener beneficio de este artículo, y ha declarado carecer de vínculos relevantes más allá del cargo académico citado.</span></em></p>Les cas de rougeole remontent en flèche depuis quelques années. Pourquoi ? Le manque de confiance dans les vaccins et la pandémie de Covid-19 y sont pour beaucoup, et les conséquences sont graves.Raúl Rivas González, Catedrático de Microbiología, Universidad de SalamancaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1171482019-05-16T15:46:13Z2019-05-16T15:46:13ZPourquoi les anti-vaccins prennent-ils un tel risque de déclencher une crise de santé publique ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/274465/original/file-20190514-60563-kcsy1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Avec plus de 200 000 enfants non vaccinés de moins de cinq ans, et certaines régions bien en deçà du taux de vaccination cible de 95 pour cent, le Canada n'est pas à l'abri d'une épidémie de rougeole.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>L'éclosion actuelle de rougeole a surpris les professionnels de la santé publique. Ils <a href="https://www.cdc.gov/measles/about/history.html">avaient déclaré la rougeole contrôlée il y a plus de deux décennies</a>. </p>
<p>Nous sommes maintenant aux prises avec <a href="https://www.meteomedia.com/ca/nouvelles/article/e-u-la-pire-epidemie-de-rougeole-depuis-2000-est-en-cours">une épidémie de faible intensité au Canada</a>, et beaucoup plus forte aux États-Unis, qui pourrait devenir endémique. Les professionnels de la santé <a href="https://www.hopitalpourenfants.com/infos-sante/pathologies-et-maladies/la-rougeole-ce-que-vous-devez-savoir">s'appuient sur la science pour appeler à la vaccination</a>. Ils désapprouvent fortement les parents qui ne font pas vacciner leurs enfants, les qualifiant d'ignorants et <a href="https://blogs.scientificamerican.com/observations/opting-out-of-vaccines-should-opt-you-out-of-american-society/">d'irresponsables</a>.</p>
<p>La rougeole a causé 110 000 décès dans le monde en 2018, mais jusqu'à présent, seulement 65 sont survenus dans les Amériques (principalement au Vénézuela et au Brésil) et aucun en <a href="https://www.cdc.gov/measles/cases-outbreaks.html">Amérique du Nord</a>. Au Canada, <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/rougeole/surveillance-rougeole/rapports-hebdomadaires-surveillance-rougeole-et-rubeole.html">le petit nombre de cas - mais en augmentation rapide- nous situe loin du stade épidémique</a>. </p>
<p>Cependant, avec plus de 200 000 enfants non vaccinés <a href="https://www.ctvnews.ca/health/287-000-young-children-in-canada-don-t-have-the-measles-vaccine-unicef-1.4393929">de moins de cinq ans</a> et certaines régions bien en deçà du taux de vaccination cible de <a href="https://www.winnipegfreepress.com/opinion/editorials/low-vaccination-rates-troubling-508967462.html">95 pour cent</a>, la situation pourrait changer rapidement.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/272521/original/file-20190503-103085-d6l40z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/272521/original/file-20190503-103085-d6l40z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=477&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/272521/original/file-20190503-103085-d6l40z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=477&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/272521/original/file-20190503-103085-d6l40z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=477&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/272521/original/file-20190503-103085-d6l40z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=599&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/272521/original/file-20190503-103085-d6l40z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=599&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/272521/original/file-20190503-103085-d6l40z.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=599&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les vaccins protègent les enfants contre la rougeole, une maladie hautement contagieuse.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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<p>La rougeole est une maladie très contagieuse qui se transmet dans l'air et qui présente <a href="https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/rougeole.html?utm_source=google&utm_medium=cpc_fr&utm_content=meas_2&utm_campaign=vaccines-19&utm_term=Rougeole%20complications">un taux relativement faible de complications graves</a>. Avec la double dose recommandée, le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) est efficace à <a href="https://www.cdc.gov/measles/vaccination.html">97 pour cent</a>. </p>
<p>Les anti-vaccins invoquent cependant les <a href="https://www.nvic.org/vaccines-and-diseases/measles/measles-vaccine-injury-death.aspx">complications de la vaccination</a> -extrêmement rares- comme une raison de douter de la valeur du vaccin ROR. </p>
<p>Ainsi, évaluer la probabilité de complications au vaccin versus celle s'attraper la rougeole est au cœur de l'analyse de risque faite par tous les parents.</p>
<h2>Appliquer l'analyse des risques à une crise de santé publique</h2>
<p>Je suis économiste et <a href="https://medecine.umontreal.ca/2019/04/15/mouvement-anti-vaccin-une-epine-dans-le-pied-des-professionnels-de-la-sante/">le mouvement anti-vaccin</a> me fait réfléchir sur la manière dont une analyse des risques peut influencer la décision de certains parents de ne pas faire vacciner leurs enfants.</p>
<p>L'analyse des risques utilise la probabilité de prédire l'impact ultime d'une <a href="https://www.investopedia.com/terms/r/risk-analysis.asp">décision</a>. Nous utilisons l'analyse des risques tous les jours, qu'il s'agisse de simples problèmes comme celui de prendre ou pas un parapluie en fonction d'une probabilité X de pluie, ou d'évaluer quand il est sécuritaire de dépasser une voiture dans une voie à deux sens. Bien sûr, être détrempé parce qu'on oublie un parapluie a moins de conséquences que d'effectuer une manoeuvre périlleuse en voiture. </p>
<p>Comment combiner la probabilité d'un résultat avec l'impact de ce résultat pour prendre la meilleure décision ? </p>
<p>Le plus souvent, l'expérience quotidienne est notre guide. Nous nous nous faisons mouiller par la pluie une fois parce que nous laissons le parapluie à la maison, puis nous commençons à regarder les prévisions météorologiques chaque matin. Ceux qui craignent que leur coiffure ne soit anéantie par la pluie apporteront un parapluie avec eux même si les probabilités de précipitation ne sont que de 10 pour cent. D'autres ne prendront aucune mesure préventive tant que ce même taux ne frôle les 75 pour cent. Nous évaluons ainsi les coûts ou les avantages perçus.</p>
<p>Le problème essentiel de l'analyse des risques liés aux vaccins est que les parents ont de moins en moins de temps pour évaluer des questions médicales complexes.</p>
<h2>Les anti-vaccins</h2>
<p>Normalement, lorsqu'il est question de santé, nous nous fions à des experts tels que des médecins de famille, à de l'information sur la santé publique offerte par les gouvernements et à des personnes de confiance. </p>
<p>Mais les conseils médicaux ne viennent plus seulement des médecins ou des communiqués officiels. Un nombre croissant de praticiens du mieux-être donnent leurs conseils. Bien que qu'une <a href="https://ajph.aphapublications.org/doi/pdf/10.2105/AJPH.49.6.786">définition holistique de la santé</a> ait du sens, à mes yeux, elle a aussi eu pour conséquence involontaire de créer une <a href="https://vancouversun.com/opinion/op-ed/timothy-caulfield-are-we-enabling-harmful-wellness-woo">une armée de soi-disant « experts » qui s'expriment sur les questions de santé</a>. Ils relèguent ainsi à l'arrière-plan les informations émanant de sources médicales traditionnelles. </p>
<p>De plus, si je me souviens bien, <a href="https://naitreetgrandir.com/fr/dossier/mieux-comprendre-le-sommeil/en-manque-de-sommeil/">les parents de jeunes enfants manquent de sommeil</a>, et ont peu de temps pour vérifier certains faits. Plusieurs comptent sur les conseils d'amis. <a href="https://www.lapresse.ca/techno/reseaux-sociaux/201903/07/01-5217436-a-son-tour-facebook-veut-mettre-fin-aux-messages-anti-vaccins.php">Les médias sociaux ont également créé des distorsions et de la désinformation</a>. </p>
<p>L'évaluation du risque de rougeole se complique ainsi par de nombreux plaidoyers contre la vaccination qui sèment la peur, l'incertitude et le doute. </p>
<p>Par exemple, bien que le lien direct entre le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) et l'autisme <a href="https://www.lapresse.ca/sciences/medecine/201903/05/01-5217094-aucun-lien-vaccin-autisme-dit-une-autre-etude.php">ait été démenti à maintes reprises et plus récemment, à la suite d'une recherche exhaustive</a>, les anti-vaccins continuent de faire circuler le lien entre aluminium et autisme, et le fait que certains vaccins contiennent des sels d'aluminium. Ces informations partielles conduisent à une conclusion erronée selon laquelle le vaccin anti-rougeole peut conduire à l'autisme. </p>
<p>En fait, le vaccin ROR ne contient pas de sels d'aluminium. L'aluminium est le <a href="https://www.chop.edu/centers-programs/vaccine-education-center/vaccine-ingredients/aluminum">troisième élément en importance</a> après l'oxygène et le silicium, et tout vaccin en contient. Mais il est absolument faux de dire que la vaccination des enfants contre la rougeole les expose à des niveaux élevés d'aluminium et augmente donc le <a href="https://vaccinechoicecanada.com/in-the-news/measles-how-about-autism/">risque d'autisme</a>. </p>
<p>De nombreux parents n'ont ni le temps ni la capacité d'entreprendre des recherches afin de vérifier ce type d'informations véhiculées par les anti-vaccins. Leur analyse des risques associés à la non-vaccination est donc erronée. </p>
<h2>Combattre la désinformation</h2>
<p>Essayons de comprendre pourquoi des parents prennent des décisions dangereuses pour la santé. Je crois que c'est une question d'information. </p>
<p>S'attaquer directement aux « mythes » des anti-vaccins dans des messages concis et percutants sera plus efficace que l'information générale diffusée sur les sites web.</p>
<p>Les parents doivent devenir de meilleurs consommateurs d'information et vérifier l'identité des commanditaires derrière les sites qui offrent des conseils médicaux.</p>
<p>Mais ce n'est peut-être pas suffisant. J'ai tendance à suivre les conseils médicaux sur les vaccinations. Lorsque mon médecin m'a suggéré de me faire vacciner contre le zona, je l'ai fait. Mais j'étais prêt à le faire de toute façon, car je connais trois personnes qui ont développé cette maladie: l'une de manière légère, l'autre modérée, quoique qu'avec une douleur persistante jusqu'à ce jour, et une autre qui a eu un zona tellement sévère qu'elle a dû prendre une retraite anticipée. </p>
<p>Mon expérience directe de la maladie m'a vraiment incité à me faire vacciner.</p>
<p>Je crains que ce ne soit que lorsque certains enfants mourront ou seront gravement affectés par la rougeole, comme c'était le cas avant la vaccination, que le risque deviendra réel pour les parents hésitants. Nous assisterons alors à une ruée vers les vaccins.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/117148/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Gregory C Mason a reçu des financements de la Thorlakson Family Foundation pour la recherche sur l'impact de la télémédecine et des dossiers de santé électroniques sur les résultats de santé. Il a également été financé par la Commission des accidents du travail du Manitoba pour la recherche sur les coûts intangibles des accidents du travail, ainsi que par le gouvernement du Manitoba pour examiner l'optimisation des ressources pour le dépistage du cancer.</span></em></p>L'analyse de risque d'un économiste afin de comprendre le mouvement anti-vaccin moderne.Gregory C Mason, Associate Professor of Economics, University of ManitobaLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1168792019-05-16T15:46:12Z2019-05-16T15:46:12ZLe tiers des parents hésitent à faire vacciner leurs enfants : trois pistes pour les convaincre<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/274193/original/file-20190513-183083-1a1dh38.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'hésitation face à la vaccination relève d’enjeux sociaux, voire identitaires. Il faut donc proposer de nouvelles pistes d'interventions, comme par exemple, former des influenceurs.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Un <a href="https://ici.radio-canada.ca/info/videos/media-8075851/vaccination-tiers-parents-hesitent">récent reportage de Radio-Canada</a> rapportait qu’au Québec, seulement 2% des parents sont résolument opposés à la vaccination, mais que 33% sont tout de même « hésitants ». </p>
<p>Comment convaincre ces parents bienveillants, exposés à de l'information de qualité variable, de faire vacciner leurs enfants ? </p>
<p>Les efforts actuels consistent à diffuser de l'information fiable sur la vaccination. Ainsi, l'Agence de la santé publique du Canada dédie une <a href="https://www.canada.ca/fr/services/sante/campagnes/vaccins-enfance.html">page internet au sujet</a>, tandis que le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec organise des <a href="http://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/vaccination/programme-d-entretien-motivationnel-en-maternite-pour-l-immunisation-des-enfants-emmie/">rencontres personnalisées avec des infirmières</a>. </p>
<p>Or, il devient évident que l’hésitation face à la vaccination relève d’enjeux sociaux, voire identitaires. Nous proposons qu’en considérant sérieusement ces dynamiques, il est possible de dégager des pistes d’intervention additionnelles qui tiennent compte des échanges que les nouveaux parents ont avec leur entourage lors de leur prise de décision.</p>
<h2>La validation des pairs</h2>
<p>Contrairement à l’adage « penser d’abord, agir ensuite », les gens construisent leur compréhension de la réalité en agissant d’abord, puis en sélectionnant l'action la plus adéquate. Ainsi, ils testent différentes options.</p>
<p>C’est ce qu’explique le psychologue social Karl E. Weick dans son ouvrage <a href="https://au.sagepub.com/en-gb/oce/sensemaking-in-organizations/book4988"><em>Sensemaking in Organizations</em></a>. La validation de l’action appropriée est un phénomène social : c’est l’assentiment des pairs qui confirme la sélection du « bon » comportement à adopter dans une situation donnée. En réitérant les mêmes actions d’une fois à l’autre et en obtenant encore une validation de son milieu social, la personne construit son identité.</p>
<p>Par exemple, un parent inquiet d'un changement chez son enfant est encouragé à se renseigner : il cherche de l’information sur son groupe de parents sur Facebook, se renseigne auprès de sa famille et de ses amis et consulte des livres sur la parentalité. </p>
<p>Il a un comportement prudent de parent qui questionne l’information qu’il trouve et la valide ensuite avec d'autres parents qui sont passés par là. Ce comportement est encouragé et renforcé par ses pairs, tant sur internet qu’autour de lui. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/274979/original/file-20190516-69204-1pzn7ng.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/274979/original/file-20190516-69204-1pzn7ng.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/274979/original/file-20190516-69204-1pzn7ng.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/274979/original/file-20190516-69204-1pzn7ng.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/274979/original/file-20190516-69204-1pzn7ng.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/274979/original/file-20190516-69204-1pzn7ng.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/274979/original/file-20190516-69204-1pzn7ng.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Un parent inquiet d'un changement chez son enfant est encouragé à se renseigner : il cherche de l’information sur son groupe de parents sur Facebook, se renseigne auprès de sa famille et de ses amis et consulte des livres sur la parentalité.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Cela dit, lorsque vient le temps de faire vacciner ses enfants, ce même comportement prudent et méfiant peut devenir de l’ « hésitation ». Car le parent cherche à valider l’information médicale qu’il reçoit auprès des autres parents certes expérimentés, mais qui n’ont pas l’expérience des maladies infantiles graves comme la rougeole, la coqueluche ou la polio. Ils ont plutôt à offrir des anecdotes d’enfants ayant fait un peu de fièvre ou eu des rougeurs à la suite des vaccins. </p>
<p>Ces parents sont eux aussi animés par le désir de faire les meilleurs choix pour leurs enfants. Ils se renforceront mutuellement dans cette identité de parent prévoyant et relaieront les informations qu’ils jugent pertinentes pour prendre leur décision de vacciner ou non.</p>
<p>Toute intervention devra s’insérer dans ces dynamiques sociales et identitaires entourant la prise de décision. Voici trois pistes d'intervention possibles :</p>
<p>1) <strong>Former des influenceurs</strong></p>
<p>Une première manière d’insérer les connaissances scientifiques dans le processus décisionnel des parents serait d’élargir les programmes existants de sensibilisation sur la vaccination à leur entourage. Puisque leur prise de décision est sociale, le renforcement de leurs comportements vient également de leur famille et de leurs amis. Ceux-ci doivent donc être informés afin de ne pas contrecarrer les efforts des professionnels de la santé en validant l’hésitation des nouveaux parents.</p>
<p>La recherche en communication montre que les gens prennent souvent leur information auprès de personnes-relais, ce que les gens de marketing ont bien compris en faisant affaire <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Influenceur">avec des « influenceurs »</a>. </p>
<p>Ces personnes jouent un rôle important dans l’opinion que les gens se font de sujets d’actualité, notamment en discréditant les informations allant contre l’opinion dominante de leur groupe. C’est la théorie de la communication par étage, ou <a href="https://www.britannica.com/topic/two-step-flow-model-of-communication"><em>two-step flow</em></a>, d’Elihu Katz et Paul Lazarsfeld, développée dans leur ouvrage <em>Personal Influence</em>, publié en 1955. </p>
<p>Les établissements de santé doivent donc non seulement viser les parents, mais s’assurer de rejoindre les personnes susceptibles d’influencer ceux-ci, à commencer par leurs proches. Ce genre de démarche existe aux États-Unis où l'on forme l’entourage des toxicomanes à l<a href="https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/dependance-aux-drogues/consommation-problematique-medicaments-ordonnance/opioides/naloxone.html">’utilisation du Naloxone</a>, produit qui peut sauver la vie de ceux qui font une surdose d’opioïdes. </p>
<p>Une telle approche pourrait contrecarrer le renforcement négatif et ainsi intervenir dans les processus entourant les décisions prises pour l’enfant. Ceci pourrait passer par plus d’éducation de la population sur les vaccins, mais aussi en invitant plus de membres de l'entourage aux rencontres d’information avec des infirmières qualifiées.</p>
<p>2) <strong>Raconter les histoires à succès</strong></p>
<p>Les parents valident l'information concernant la vaccination auprès de leur réseau, qui n'est toutefois que rarement exposé aux maladies infantiles graves et n’a pas toujours conscience du succès de la vaccination. Autrement dit, les bienfaits de la vaccination n’ont pas d’histoire. Il manque de récits positifs pour contrebalancer la multitude d’anecdotes alléguant les échecs et effets secondaires graves des vaccins. Une deuxième suggestion serait donc de rendre visibles des anecdotes favorables aux vaccins et auxquelles les gens pourront se rattacher.</p>
<p>Pour reprendre l’idée des influenceurs, il pourrait s’agir de demander à des personnes en qui les nouveaux parents ont confiance, notamment des membres du milieu culturel, des blogueuses ou des politiciennes, de raconter leur histoire et les raisons pour lesquelles ces personnes ont décidé de faire vacciner leurs enfants. Ainsi, ces récits donneront aux nouveaux parents accès à des expériences de première main qui pourront être intégrées au processus décisionnel, au côté d’informations médicales fiables.</p>
<p>3) <strong>Éduquer à la science et aux médias</strong></p>
<p>Le comportement méfiant de plusieurs parents illustre l'effet contre-productif d'une mauvaise application de la pensée critique valorisée - avec raison - par le système d’éducation. Ils se méfient d’institutions pourtant crédibles qui travaillent pour le bien commun en s’appuyant sur la science. Un esprit critique, tout à fait approprié face aux dérives mercantiles de plusieurs industries, peut devenir nocif lorsque généralisé à l’ensemble de la communauté médicale et scientifique.</p>
<p>Sensibiliser la population à <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thode_scientifique">la méthode scientifique </a> permettrait aux gens d'exercer leur esprit critique de manière plus judicieuse, d'interpréter les résultats des recherches sérieuses et se prémunir contre celles qui le sont moins. </p>
<p>Cela pourrait se faire, d’une part, en améliorant <a href="https://theconversation.com/avenir-du-journalisme-scientifique-il-y-a-de-lespoir-113017">la formation des journalistes en matière de communication scientifique</a>. D’autre part, les chercheurs pourraient être davantage présents dans les médias pour mieux expliquer comment certains résultats de recherche ont été obtenus.</p>
<p>Le point commun de ces trois propositions est de tenir compte des modes de compréhension des gens, afin d'y glisser les informations et outils nécessaires pour qu'ils prennent les meilleures décisions. Cela ouvre un dialogue, puisqu’il ne s’agit pas d’opposer la science à l’irrationnel, ou de dénigrer ceux qui ne parviennent pas aux « bonnes » conclusions. Il s’agit plutôt de travailler avec les gens, en considérant leurs intérêts, identités et objectifs, afin de leur montrer que la science est leur alliée.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/116879/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.</span></em></p>L'hésitation face à la vaccination relève d’enjeux sociaux, voire identitaires. Il faut donc proposer de nouvelles pistes d'interventions, comme par exemple, former des influenceurs.Joelle Basque, Assistant Professor, Université TÉLUQ Nicolas Bencherki, Associate Professor, Université TÉLUQ Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1124352019-02-25T21:16:03Z2019-02-25T21:16:03ZLa rougeole, une maladie mortelle contre laquelle la vaccination est indispensable<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/260797/original/file-20190225-26168-mhat0r.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=0%2C15%2C5176%2C3414&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Dans nos contrées, nous avons oublié à quoi ressemble la rougeole, et quels en sont les effets.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>21 décembre 2018, jour du solstice d’hiver, le plus sombre de l’année. Au Center for Vaccine Research de l’Université de Pittsburgh, nous envoyons un tweet plein de désespoir : un article du célèbre quotidien britannique The Guardian rapporte en effet que le <a href="https://www.theguardian.com/world/2018/dec/21/measles-cases-at-highest-for-20-years-in-europe-as-anti-vaccine-movement-grows">nombre de cas de rougeole en Europe a atteint son niveau le plus élevé en 20 ans</a>.</p>
<p>Pourquoi étions-nous à ce point préoccupés ? L’Europe est bien loin des États-Unis et à en croire certains, la rougeole ne serait rien de plus qu’une bénigne maladie infantile, qui provoque simplement une légère éruption cutanée, un nez qui coule et quelques boutons. Alors à quoi bon tout ce tapage ?</p>
<p>Pour reprendre les mots de <a href="https://www.iupui.edu/%7Esantedit/sant/about-santayana/santayana/santayana-quotations/">George Santayana</a></p>
<blockquote>
<p>« Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter. »</p>
</blockquote>
<p>Une amnésie collective s’est emparée de nous à propos de la virulence de cette maladie. Nous avons oublié que le virus de la rougeole a tué des dizaines de millions de nourrissons au cours de l’histoire. Désormais, alors que <a href="https://www.npr.org/2019/01/28/689549375/washington-state-officials-declare-state-of-emergency-as-measles-outbreak-contin">plusieurs flambées sont en cours</a> dans notre propre pays, cette menace fort dispensable est de retour.</p>
<p>La <a href="https://www.inserm.fr/actualites-et-evenements/actualites/dans-actu-rougeole">rougeole</a> est une maladie très contagieuse et parfois mortelle, qui se propage comme un feu de forêt au sein des populations n’ayant jamais été exposées au virus. Ce dernier a été impliqué dans la décimation des populations amérindiennes, à l’époque des grandes découvertes. Ces groupes humains n’avaient en effet aucune immunité naturelle contre les maladies introduites par les Européens dans le Nouveau Monde. Certaines estimations suggèrent que la variole, la rougeole et d’autres maladies infectieuses ont tué jusqu’à <a href="https://www.latimes.com/local/california/la-na-measles-timeline-20150205-story.html">95 % de la population amérindienne</a>.</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1076170545723523073"}"></div></p>
<p>Aux États-Unis, dans les années 1960, le virus de la rougeole infectait 3 à 4 millions de personnes chaque année. Plus de 48 000 malades ont été hospitalisés et environ 4 000 ont développé une <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4121461/">encéphalite aiguë</a>, une inflammation des tissus cérébraux potentiellement mortelle. On estime que le nombre de décès a pu atteindre les 500, principalement des victimes de complications telles que pneumonie et encéphalite. Cette situation a motivé les pionniers de la vaccination anti-rougeole, <a href="https://www.nobelprize.org/prizes/medicine/1954/enders/biographical/">John Enders</a> et <a href="https://www.historyofvaccines.org/content/blog/thomas-peebles-doctor-who-isolated-measles-virus-dies-89">Thomas Peebles</a>, à isoler le virus, l’affaiblir et l’utiliser pour mettre au point un vaccin capable de véritablement transformer la santé humaine. Les parents qui connaissaient la réalité de la maladie ont rapidement fait vacciner leurs enfants. Le nombre de personnes vaccinées a explosé, entraînant une chute des cas de rougeole et des décès associés dans les pays industrialisés.</p>
<p>Dans le monde, en 1985, année de la mort de John Enders, plus d’un million d’enfants mouraient néanmoins toujours des suites de cette infection. Mais la rougeole était désormais devenue une maladie évitable grâce à la vaccination, et l’Organisation mondiale de la santé impulsa fortement l’élan visant à en finir avec cette tragédie.</p>
<p>Lorsque j’ai moi-même commencé à travailler sur le virus en 1996, plus de 500 000 enfants mouraient encore de la rougeole chaque année dans le monde. Il est difficile de se représenter de tels chiffres. Mettons les choses en perspective : si vous avez déjà voyagé à bord d’un avion de ligne gros porteur (du type Boeing 747), ou si vous en avez ne serait-ce qu’aperçu un, vous conviendrez sans peine qu’il s’agit d’un appareil plutôt gros. Imaginez maintenant que, chaque jour de l’année, plus de trois de ces avions remplis d’enfants en bas âge s’écrasent, tuant tous leurs occupants. Janvier, février, mars… le solstice d’été en juin, l’équinoxe d’automne en septembre… octobre, novembre, retour au solstice d’hiver, en décembre… une année complète. Vous avez désormais une idée de la réalité de la rougeole. Durant les années 1990, plus d’un demi-million de vies ont été annuellement perdues dans le monde à cause d’elle.</p>
<p>Grâce à la vaccination, cependant, entre 2000 et 2016, la mortalité due à la rougeole a diminué de <a href="https://www.cdc.gov/measles/downloads/measlesdataandstatsslideset.pdf">84 %</a>. Plus de 20 millions de décès ont ainsi été évités. Quelle réussite, n’est-ce pas !</p>
<p>Suite à l’adoption quasi totale du vaccin dans les pays en développement, les infections dues à la rougeole et les décès concomitants sont devenus très rares. En 2000, la rougeole a été éliminée des États-Unis. La <a href="https://www.cdc.gov/measles/downloads/measlesdataandstatsslideset.pdf">dernière personne qui y est morte de la maladie</a> est décédée en 2015.</p>
<h2>Efficacité et ironie de la vaccination</h2>
<p>Ces succès ne signifient pas que la rougeole a disparu ou que le virus s’est affaibli. Loin de là. Pour l’avoir observé de près pendant toutes ces années, et savoir ce qui se passe quand il sévit chez un hôte infecté, je ne peux qu’être empli de respect envers ce minuscule « sac de destruction », dont le matériel génétique est 190 000 fois plus petit que le nôtre. Il est ironique de constater à quel point le fait d’avoir perdu de vue la rougeole, en raison du succès de la vaccination, a fait émerger de nouveaux défis sociétaux.</p>
<p>Ce qu’il est important de comprendre, c’est que les millions d’enfants qui sont morts de la rougeole durant les années de la dernière décennie du XX<sup>e</sup> siècle vivaient, pour la plupart, ailleurs que dans les pays développés. À l’époque, que ce soit ici aux États-Unis ou en Europe, on appréciait que les vaccins fonctionnent (<a href="https://twitter.com/hashtag/vaccineswork">#VaccinesWork</a>) et que le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) soit administré à la grande majorité des gens, les protégeant de façon efficace et réelle. Deux doses dudit vaccin permettent en effet de stopper l’infection dans <a href="https://www.cdc.gov/measles/vaccination.html">97 % des cas</a>.</p>
<p>Ce que le virus de la rougeole, l’un des agents pathogènes les plus infectieux de la planète, peut faire à une personne non vaccinée est, biologiquement parlant, incroyable. Même en 2019. Répétons-le : ce que le virus peut faire à un être humain <em>non vacciné</em>. Mais pourquoi quiconque déciderait de ne pas se faire vacciner, ou de s’abstenir de protéger ses enfants ?</p>
<p>Parce que notre psychisme post-rougeoleux est frappé d’amnésie sélective. Nous avons oublié le passé. Tragiquement, l’ignorance des faits scientifiques nous a mené jusqu’ici, en un lieu où des individus ne prennent plus la mesure de la valeur et de l’utilité des armes les plus formidables que nous ayons été capables de forger au cours de la guerre immémoriale qui nous oppose aux maladies infectieuses. Les programmes de vaccination ont subi les ravages des déclarations de célébrités mal informées ainsi que d’allégations non fondées, selon lesquelles des vaccins comme le ROR (<a href="https://www.ameli.fr/assure/sante/assurance-maladie/campagnes-vaccination/vaccination-ror-rougeole-oreillons-rubeole">Rougeole-Oreillons-Rubéole</a>) seraient associés à l’autisme, à la sclérose en plaques, à la maladie de Crohn, etc. Des parents véritablement attentionnés, inconscients de la réalité de maladies qu’ils n’avaient jamais vues de leurs propres yeux, ont décrété que, puisque les virus avaient disparu de leur partie du monde, les injections faisaient désormais « tellement dernier millénaire ». Bref, certains ont purement et simplement renoncé aux vaccins.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/vaccination-pourquoi-tant-de-defiances-107317">Vaccination : pourquoi tant de défiances ?</a>
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<p>Les conditions d’une véritable tempête sont réunies. Les vols long-courriers ont raccourci les distances entre l’Europe, l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Asie du Sud-Est, et le virus de la rougeole est si infectieux… Un cas qui se déclare quelque part peut déclencher une infection <a href="https://www.lemonde.fr/international/article/2019/02/25/une-famille-de-francais-soupconnee-d-avoir-reintroduit-la-rougeole-au-costa-rica_5428034_3210.html">en n’importe quel endroit du globe</a>. S'avérer incapable de vacciner de larges pans de population favorise la réemergence du virus. De la Californie à New York, de l’État de Washington au Minnesota et à la Géorgie, la rougeole fait un retour en force. Désormais, nous ne pouvons qu’espérer que le dernier décès causé par cette maladie mortelle sur le sol des États-Unis demeurera celui de 2015. Mais rien n’est moins sûr.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/112435/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Paul Duprex a reçu des financements de Zoetis LLC, des National Institutes of Health (NIH) de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA).</span></em></p>La rougeole fait son retour dans les pays où elle avait disparu. Fin janvier, un comté de Washington où seuls 22 % des enfants sont vaccinés déclarait l’état d’urgence. Comment en est-on arrivé là ?Paul Duprex, Professor of Microbiology and Molecular Genetics, University of PittsburghLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1020032018-08-31T00:22:39Z2018-08-31T00:22:39ZLe retour de la rougeole, et de ses mythes ?<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/234246/original/file-20180830-195319-1scjylf.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=2%2C0%2C1994%2C1328&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">À quoi est due la résurgence de la rougeole ?</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/minnellium/3480352546">Dave Haygarth/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>41 000. C’est le <a href="http://www.euro.who.int/en/media-centre/sections/press-releases/2018/measles-cases-hit-record-high-in-the-european-region">nombre de cas de rougeole répertoriés par l’OMS</a> en Europe, au cours des six premiers mois de l’année 2018. La presse internationale tire la sonnette d’alarme : la maladie effectuerait un retour retentissant – on parle de deux fois plus d’infectés qu’en 2017, sept fois plus qu’en 2016. Ces dernières semaines encore, <a href="http://www.slate.fr/story/169776/rougeole-apparition-communaute-juive-orthodoxe-new-york">à New-York</a> ou <a href="http://www.leparisien.fr/societe/sante/les-cas-de-rougeole-en-hausse-en-ile-de-france-14-11-2018-7942650.php">en Île-de-France</a>, des dizaines de nouveaux cas ont été recensés. </p>
<p>Le <a href="https://www.theguardian.com/society/2018/aug/20/low-mmr-uptake-blamed-for-surge-in-measles-cases-across-europe">sentiment anti-vaccin</a>, qui s’est développé depuis la mise en relation, <a href="https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/vaccins-et-autisme-l-histoire-d-une-fraude-scientifique_2299629.html">frauduleuse</a>, du <a href="https://www.bmj.com/content/342/bmj.c5347">vaccin anti-rougeoleux avec l’autisme</a>, par le gastroentérologue britannique Andrew Wakefield en 1998, aurait été aggravée par l’essor concomitant d’un monde branché et saturé de <a href="https://theconversation.com/autism-and-vaccines-more-than-half-of-people-in-britain-france-italy-still-think-there-may-be-a-link-101930">« fake news »</a>. Cette conjonction aurait conduit à cette impressionnante résurgence. </p>
<p>Une analyse qui mérite d’être interrogée, car la situation est plus complexe qu’il n’y paraît.</p>
<h2>La rougeole, quelques rappels</h2>
<p>La rougeole, infection respiratoire virale, est la <a href="http://www.europe1.fr/emissions/linterview-de-raphaelle-duchemin/la-rougeole-est-la-maladie-infectieuse-la-plus-contagieuse-3695528">plus contagieuse des pathologies infectieuses</a> : un primo-infecté contaminerait jusqu’à 20 individus. Son diagnostic précoce est délicat. D’autant plus que la pathologie infectieuse se rencontre de moins en moins dans les cabinets médicaux des pays développés depuis les années 1950-1960. Les éclosions restent néanmoins légion et la maladie un problème de santé publique majeur dans les pays du Sud, ce qui révèle le caractère globalisé de la maladie.</p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/234291/original/file-20180830-195313-1s8p6ir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/234291/original/file-20180830-195313-1s8p6ir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/234291/original/file-20180830-195313-1s8p6ir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=469&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/234291/original/file-20180830-195313-1s8p6ir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=469&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/234291/original/file-20180830-195313-1s8p6ir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=469&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/234291/original/file-20180830-195313-1s8p6ir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=589&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/234291/original/file-20180830-195313-1s8p6ir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=589&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/234291/original/file-20180830-195313-1s8p6ir.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=589&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption">Représentation en 3D du virus de la rougeole.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://phil.cdc.gov/details.aspx?pid=21074">CDC/Allison M. Maiuri, MPH, CHES</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>La rougeole a évolué dans un complexe processus de co-production avec son vaccin, ou plutôt avec ses vaccins – on recense des dizaines de produits et de marques de commerce depuis 1963, monovalents et combinés dont plusieurs versions de ROR/MMR (pour rougeole, rubéole et oreillons). Ceux-ci ont assurément fait fléchir davantage les courbes d’incidence tout en transformant la « première maladie », celle que l’on attrapait avant toutes les autres, en maladie d’adolescents et d’adultes qui n’ont pas eu l’occasion de rencontrer le virus à l’état sauvage.</p>
<h2>L’importance de l’immunité de groupe</h2>
<p>Pourquoi tant d’options vaccinales ? Une partie de la réponse se trouve dans le fait que, pour contrer une maladie comme la rougeole tout à la fois ultra-contagieuse et discrète, il faut disposer d’une arme biologique particulièrement efficace. Pour atteindre l’immunité de groupe (la « protection du troupeau »), un minimum de 95 % de vaccinés au sein d’une communauté donnée serait requis – contre <a href="https://www.quantamagazine.org/flu-vaccines-and-the-math-of-herd-immunity-20180205/">50 % lors d’une menace grippale par exemple</a>.</p>
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<p><br></p>
<p>Ce taux est difficile à atteindre. Il faut en effet composer non seulement avec l’efficacité théorique d’un produit – en conditions idéales de test – mais aussi pratique, à savoir mettre au point un protocole et un calendrier vaccinal optimaux et stables dans le temps.</p>
<p>En l’occurrence, si les premiers vaccins polyvalents utilisés à partir des années 1970 étaient jugés très efficaces, il a fallu se rendre à l’évidence dès la décennie suivante : une seule dose ne suffirait pas pour faire disparaître la maladie. Un apprentissage douloureux de la distance entre vaccination (l’acte qui consiste à injecter le produit) et immunisation (le fait d’être protégé contre une maladie), auquel l’industrie pharmaceutique et les gouvernements n’étaient pas forcément prêts… La première avait vendu l’évitement de la maladie à une injection ; les seconds envisageaient avec angoisse le coût supplémentaire d’une seconde dose, reculant le moment de l’introduire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/233344/original/file-20180823-149478-10vog58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/233344/original/file-20180823-149478-10vog58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/233344/original/file-20180823-149478-10vog58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/233344/original/file-20180823-149478-10vog58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/233344/original/file-20180823-149478-10vog58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/233344/original/file-20180823-149478-10vog58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/233344/original/file-20180823-149478-10vog58.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
<figcaption>
<span class="caption">Cas de rougeole dans le monde et taux de vaccination, 1980-2009 (WHO Vaccine Preventable Diseases : Monitoring System. 2010 Global Summary, Geneva : WHO, p. 16.</span>
</figcaption>
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<h2>Une efficacité dépendante de multiples facteurs</h2>
<p>L’efficacité pratique de la vaccination anti-rougeoleuse dépend en outre de la mise en place de politiques vaccinales adéquates et, là encore, soutenues. Il est à cet égard indéniable que la pandémie de 1989-1991, responsable de plus de <a href="http://www.jle.com/download/vir-287415-la_rougeole_et_son_virus--W4fbFH8AAQEAAF0kWTEAAAAO-a.pdf#page=6">55 000 cas notifiés</a> aux États-Unis seulement, surtout chez des enfants non vaccinés issus des communautés urbaines défavorisées et migrantes, est en partie due à la suppression des subventions pour les programmes publics de prévention vaccinale voulue par le président Républicain Ronald Reagan. Dans le même temps, de l’autre côté de l’Atlantique, l’Albanie subissait le contrecoup du délitement de l’URSS en matière de services essentiels de santé : le pays avait alors été touché de plein fouet, avec <a href="https://academic.oup.com/jid/article/187/Supplement_1/S223/2044310">130 000 personnes infectées</a> (chiffre pour l'année 1989).</p>
<p>Les problèmes d’accessibilité géographique et économique à un vaccin de qualité diffèrent, mais ils s’additionnent pour laisser passer la rougeole entre les mailles d’un filet vaccinal imparfait. C’est encore le cas aujourd’hui : plus de la moitié des 41 000 touchés (23 000) se concentre dans une Ukraine aux taux de vaccination – à deux doses – alarmants (30 %) et <a href="https://krytyka.com/en/ukraines-public-health-challenge/articles/vaccination-crisis-ukraine-its-origins-and-consequences">au système de santé déliquescent</a>.</p>
<p>Tout comme vaccination et immunisation peuvent, <a href="https://www.mesvaccins.net/textes/rorquestions2014.pdf#page=4">parfois</a>, ne pas être synonymes, non-vaccination ne signifie pas forcément rejet actif, ostensible, de l’acte préventif…</p>
<h2>Le refus de la vaccination existe bel et bien</h2>
<p>Il n’est pas question de dire ici que le refus de la vaccination n’existe pas. Celui-ci a pris une <a href="http://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/VOISIN-2018.pdf">grande variété de formes</a> depuis les premiers usages du vaccin antivariolique, au tournant du XIX<sup>e</sup> siècle. Mais en aucun cas ce rejet de la vaccination ne constitue un <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0277953605003047?via%3Dihub">mouvement uniforme et structuré</a>.</p>
<p>Un chiffre mérite d’être rappelé : le refus de la totalité des vaccins concernerait probablement moins de 2 % de la population des pays industrialisés, une <a href="https://theconversation.com/vaccination-objection-rates-arent-skyrocketing-57820">proportion stable depuis des décennies</a>. Les tenants du rejet de la vaccination auraient plutôt tendance à faire des choix parmi les vaccins existants. Ces sélections vaccinales et leurs impacts sont plus difficiles à chiffrer et à établir, mais elles concernent assurément le vaccin anti-rougeoleux. </p>
<h2>La rougeole a l’image d’une maladie bénigne</h2>
<p>En 1998, au moment où Wakefield jette son pavé dans la mare, la rougeole est considérée par de nombreux parents comme une maladie bénigne. Et il en est ainsi depuis longtemps : on se plaint déjà de « l’apathie parentale » à son endroit au début du XX<sup>e</sup> siècle. À l’heure de la transformation de l’infection virale en maladie évitable par la vaccination (MEV) dans les années 1960, cette étiquette d’inoffensivité convainc également un certain nombre de médecins dont les connaissances en vaccinologie et en immunologie <a href="http://www.cmaj.ca/content/190/13/E399">ne sont pas toujours au rendez-vous</a>.</p>
<p>Elle se fera plus saillante encore à mesure qu’émergeront de nouveaux risques pathologiques susceptibles d’être jugés plus sérieux par les parents : asthme, allergies avant trouble de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) et <a href="http://www.cmaj.ca/content/190/13/E399">autisme</a>. Le désintérêt de la population pour la vaccination anti-rougeoleuse contraste dès lors avec certaines postures de santé publique qui visent l’éradication de la maladie.</p>
<h2>L’éradication de la rougeole, une arme politique</h2>
<p>L’épidémiologue Alexander Langmuir, fondateur de l’<a href="https://www.cdc.gov/eis/">Epidemic Intelligence Service</a> (EIS) auprès des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains, avouait lui-même en 1962 que la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1522578/">maladie n’était plus un tueur d’enfants en Occident</a>. En revanche, elle <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2605051/pdf/yjbm00613-0088.pdf">grevait le dynamisme économique américain</a> : les mères, qui commençaient à rejoindre le marché du travail, ne pouvaient plus se permettre de rester à la maison avec leur progéniture souffrante, d’où la nécessité de la faire disparaître. Promise pour 1967, l’éradication de la rougeole servait également de vitrine au triomphalisme scientifique américain, en pleine Guerre Froide.</p>
<p>Cette posture idéologique, discutable, a été contestée par l’OMS et plusieurs pays européens dont la <a href="https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4007870/">Grande-Bretagne</a>, la <a href="https://www.jstor.org/stable/4453052?seq=1#page_scan_tab_contents">France</a> et <a href="https://www.jstor.org/stable/3520802?seq=1#page_scan_tab_contents">l’Italie</a> où la vaccination anti-rougeoleuse oscillait dans les années 1980 entre 20 et 30 % des jeunes enfants.</p>
<p>À l’époque, en Grande-Bretagne puis aux États-Unis, les soupçons de toxicité du vaccin contre la coqueluche (composante du DTP) <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00397364/document#page=55">entraînent une judiciarisation des accidents vaccinaux</a> alimentée par <a href="http://www.premierparallele.fr/livre/vaccins-immunises">la vision d’une industrie pharmaceutique avide et dissimulatrice</a>. Les réticences à l’endroit du vaccin contre l’hépatite B surviendront quant à elles au cours de la décennie suivante, après le scandale du sang contaminé, qui font douter, en France ou au Canada, de la bienveillance de l’État et de la <a href="https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00581650/">probité de ses experts</a>.</p>
<p>S’il est impossible de quantifier les refus de la vaccination qui découlent de ce genre de crise sanitaire, dans le cas précis de la rougeole, l’innocuité perçue de la maladie rencontre la dangerosité potentielle (dissimulée, diraient ses détracteurs) du produit biologique. Il ne s’agit pas forcément d’un manque de confiance en la science, mais plutôt en <a href="https://www.thestar.com/opinion/commentary/2017/11/09/a-lack-of-trust-not-of-science-behind-vaccine-resistance.html">la façon dont elle est faite</a>. Les autorités de santé publique ne sont alors plus capables de contrer ce scepticisme grandissant.</p>
<h2>La nouvelle santé publique est plus sociale</h2>
<p>Depuis les années 1970-1980 s’est peu à peu imposé un nouveau modèle préventif dans les sociétés bénéficiant des largesses de l’État Providence : la <a href="https://books.google.ca/books/about/The_New_Public_Health.html?id=RofiHHQddx0C&redir_esc=y">« nouvelle santé publique »</a>. Celle-ci enjoint à une attention plus marquée envers les déterminants sociaux de la santé. On se penche désormais sur les méfaits du tabac et d’une mauvaise alimentation ; on valorise une promotion individualisée, voire internalisée, par tout un chacun, de la santé et de la prévention, censée soulager des systèmes publics de santé déjà sous pression budgétaire.</p>
<p>La rencontre entre la vaccination, une pratique presque désuète aux yeux de certains et forcément imposée d’en haut, le devoir d’observance citoyen et des parents davantage responsabilisés et éclairés, qui insistent sur leurs droits et ceux de leurs enfants, ne peut dès lors qu’être explosive. Ce conflit est le signe d’une inaudibilité croissante entre le pourvoyeur et le récepteur de bonne santé. Posture politique polymorphe, le refus de la vaccination est peut-être déjà le symptôme d’un contrat sanitaire en rupture imminente.</p>
<p>Wakefield serait ainsi moins l’initiateur d’une tendance postmoderne au relativisme et à l’individualisme que le cristallisateur d’une transformation des repères en matière de santé, à la fois à l’endroit des vaccins, des risques infectieux, de la prévention mais aussi de l’État et de la science. Les parents sceptiques, qui sélectionnent certains vaccins, ne sont pas forcément ces idiots égoïstes attirés par quelque forme de populisme sanitaire <a href="https://www.ibtimes.co.uk/alarming-measles-outbreak-italy-blamed-anti-vaccination-populist-movement-1614778">que l’on dépeint parfois</a>.</p>
<h2>Resensibiliser aux bienfaits de la vaccination : une stratégie encore à inventer</h2>
<p>Globalisation des pathogènes, décennie de la vaccination <a href="http://www.who.int/immunization/global_vaccine_action_plan/fr/">décrétée par l’OMS</a>, crainte de pandémies dévastatrices… Les politiques de préparation réclament à la fois une réactivation de l’objectif d’éradication, une hypercomptabilisation des cas de maladie infectieuses et une attention spécifique aux phénomènes de refus ou d’<a href="http://www.who.int/immunization/programmes_systems/vaccine_hesitancy/en/">hésitation à la vaccination</a>, dans toute leurs complexités.</p>
<p>Les conditions sont assurément réunies pour transformer le « retour de la rougeole » en un discours destiné à resensibiliser aux bienfaits de la vaccination, soutenu par le <a href="https://theconversation.com/enseignants-chercheurs-en-medecine-generale-lobligation-vaccinale-est-une-mauvaise-solution-80733">retour à l’obligation vaccinale</a> s’il le faut. Mais est-ce la bonne stratégie ?</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/102003/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Laurence Monnais a reçu le soutien financier des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) pour un projet sur les refus de la vaccination.</span></em></p>Avec 41 000 cas répertoriés durant la première moitié de 2018, la rougeole est de retour. Une recrudescence qui n’est pas seulement liée aux refus de vaccination. Décryptage d’une situation complexe.Laurence Monnais, Professeur titulaire - histoire, Université de MontréalLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.