tag:theconversation.com,2011:/us/topics/saint-valentin-82142/articlesSaint-Valentin – The Conversation2024-02-12T16:31:13Ztag:theconversation.com,2011:article/2232102024-02-12T16:31:13Z2024-02-12T16:31:13ZLa rose rouge, objet de la mondialisation : des serres kenyanes aux plateformes de Hollande<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/574937/original/file-20240212-30-qkfc89.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=16%2C0%2C5590%2C3741&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">La rose que vous offrirez ou recevrez le 14 février a toutes les chances de provenir de serres situées sous les tropiques voire sur l’équateur.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.shutterstock.com/fr/image-photo/natural-red-roses-background-127002347">PhotoHouse/Shutterstock</a></span></figcaption></figure><p>Une rose rouge peut symboliser bien des choses. Le jour de la Saint-Valentin, elle devient, pour beaucoup, une marque d’amour, une preuve de tendresse. C’est la fleur des amoureux par excellence. En Russie, elle est aussi offerte le 8 mars, aux mères de famille comme un gage de reconnaissance de leur travail domestique. Mais pour le géographe, la rose rouge est aussi un <a href="https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/afrique-dynamiques-regionales/articles-scientifiques/roses-afrique-mondialisation">marqueur de la mondialisation</a>. Car la rose que vous offrirez ou recevrez le 14 février a toutes les chances de provenir de serres situées sous les tropiques voire sur l’équateur, plus précisément au Kenya, en Éthiopie, ou peut-être en Équateur si sa tige est très longue et qu’elle coûte plus cher. </p>
<p>Dans les serres, les chefs de culture ont travaillé d’arrache-pied depuis 6 mois pour que leurs rosiers (6 par m<sup>2</sup> soit 60000 environ par hectare) fleurissent précisément la semaine qui précède le 14 février, ni trop tôt, ni surtout trop tard, jouant pour cela avec les capacités techniques des serres pour moduler la lumière, l’irrigation, les apports en CO<sup>2</sup> ou en oxygène, le taux d’humidité de façon à accélérer ou ralentir la floraison des rosiers.</p>
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<span class="caption">Ouvrier dans une serre kenyane.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Bernard Calas</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Quand on sait que l’écart entre deux floraisons varie selon la lumière, la nébulosité, la température, l’humidité de l’air, les apports en eau, en engrais, etc., et qu’à cela on ajoute les toujours possibles attaques d’insectes ou de champignons, catastrophiques dans ces contextes de monoculture, on mesure l’incertitude et le stress qui règnent dans les fermes à mesure de s’approche le jour fatidique. </p>
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<span class="caption">Cargo de la compagnie KLM qui entretient des liens privilégiés avec FloraHolland.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Bernard Calas</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>De ces bassins de production intertropicaux, après un voyage de quelques heures dans les soutes fraîches d’un avion-cargo, par exemple un Boeing 747-Cargo qui peut transporter jusqu’à 120 tonnes de roses, votre fleur transitera par la coopérative Royal Flora Holland à Aalsmeer, à quelques encablures de l’aéroport Amsterdam-Schipol. Là, le jour même, elle sera chargée dans un de ces camions réfrigérés qui sillonnent l’Europe et sera livrée à votre fleuriste qui, en prévision du 14 février, a, avant Noël, multiplié ses commandes par quatre ou cinq et ses prix par deux ou trois, juste à cause de l’augmentation brutale de la demande. La fête des amoureux est aussi le jour où votre fleuriste réalise près de 15 % de son chiffre d’affaire annuel. </p>
<h2>Des facteurs climatiques et politiques favorables à une production kenyane</h2>
<p>Faire voyager des roses sur milliers de kilomètres n’est pas un phénomène nouveau. Alors que jusque-là l’Europe était autosuffisante en roses coupées, à la fin des années 1970, imitant leurs collègues américains qui avaient commencé quelques années plus tôt à installer des fermes en Équateur, autour de Quito, des Hollandais commencent à installer certaines unités de production au Kenya. Mais alors, Pourquoi en est-on venu à mondialiser ainsi la production de roses coupées ? </p>
<p>Des <a href="https://journals.openedition.org/belgeo/45011">facteurs répulsifs et des facteurs attractifs</a> ont en fait motivé ce mouvement vers l’Afrique. Il a d’abord s’agit de quitter l’Europe, ses coûts de main-d’œuvre et de chauffage et ses réglementations phytosanitaires émergentes. Les hautes terres kenyanes sont alors apparues comme particulièrement attrayantes du fait d’un certain nombre d’avantages climatiques : d’abord, l’écosystème équatorial d’altitude (entre 1600 et 2300 m. selon les bassins de production kenyans) offre, sans chauffage, des températures (entre 12 °C la nuit et 30 °C le jour), toute l’année idéales pour le rosier, sa croissance et sa productivité. Ensuite, ces régions garantissent une luminosité qui donne aux fleurs leurs couleurs éclatantes, et à la tige la solidité nécessaire pour voyager, ainsi qu’une taille (entre 40 cm-1 m.) idéale pour conquérir les marchés. </p>
<p>En outre, l’écosystème géoéconomique du Kenya postcolonial a permis de valoriser cette situation équatoriale. Ancienne colonie de peuplement britannique, le Kenya disposait d’une part de diasporas blanches et indiennes rompues à l’encadrement du travail en Afrique comme aux contraintes du capitalisme international, et, d’autre part d’une main-d’œuvre noire nombreuse, bon marché, éduquée, et peu revendicatrice. De plus, moteur économique de l’Afrique orientale, le Kenya possédait déjà des facilités logistiques, notamment l’aéroport de Nairobi rodé aux flux touristiques mettant l’Europe à 8 heures de vol. Enfin, le régime kenyan libéral, pragmatique et stable offrait aux investisseurs sécurité et liberté. </p>
<p>Ces entrepreneurs pionniers ont fait exemple et, au cours des années 1990, 2000 et 2010, ont été imités par des investisseurs kenyans d’origine indienne, blancs mais aussi des hommes politiques kenyans. Les superficies mises en serre se sont donc étendues et, progressivement, un véritable cluster rosicole s’est formé au Kenya puisque la production y a attiré un ensemble d’entreprises induites, à amont et à l’aval. Aujourd’hui, si les serres emploient directement 100000 personnes, 500 000 employés travaillent de près ou de loin autour de la fleur. Au total, 2 millions de personnes dépendent de la rose pour vivre. </p>
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<span class="caption">Serres de roses devant le lac Naivasha. À 1800 mètre, c'est la région de prédilection de la culture de la rose au Kenya.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Bernard Calas</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>D’un point de vue macroéconomique, les exportations des roses contribuent de manière décisive à la balance commerciale du pays (700 millions de $, seconde derrière le thé 1400 millions de $). Dans les années 2000, après avoir conquis les hauts plateaux kenyans, la rose rouge a également été introduite en Éthiopie, pays limitrophe présentant des caractéristiques proches. 50 000 emplois y ont été créés par des rosiculteurs, parfois venus du Kenya à l’instigation des autorités éthiopiennes plus interventionnistes. Cependant, la chaîne de valeur n’y a pas atteint la même maturité et beaucoup moins d’emplois induits y sont associés, aussi le bassin de production éthiopien reste-t-il dans l’orbite de son voisin du Sud. Si l’on dézoome maintenant, on observe un boom rosicole africain qui a accompagné la croissance de la consommation mondiale et tué la production européenne.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/saint-valentin-pourquoi-quelques-mots-valent-mieux-quune-rose-rouge-199749">Saint-Valentin : pourquoi quelques mots valent mieux qu’une rose rouge</a>
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<h2>FloraHolland : le Wall Street des fleurs</h2>
<p>Mais l’Europe, beaucoup de fleurs y reviennent lorsqu’elles quittent les serres africaines. Elles sont pour cela conditionnées en bottes, et commercialisées selon trois modalités. </p>
<ul>
<li><p>soit dans le cadre des marchés au cadran (système d’enchères électroniques censées garantir une fixation des prix rapide et transparente)</p></li>
<li><p>soit dans le cadre d’un contrat, le plus souvent annuel, entre un producteur et une centrale d’achat ou un grossiste européens</p></li>
<li><p>soit, enfin, à l’occasion d’une vente spéciale, ponctuelle, entre un producteur et un acheteur. </p></li>
</ul>
<p>Quelle que soit la façon dont elles sont vendues, depuis Nairobi ou Addis, les roses, dans leur majorité, transitent par Aalsmeer – dans la banlieue d’Amsterdam – où se situe la plus grande plate-forme logistique de végétaux du monde : la très lucrative coopérative FloraHolland. Historiquement, celle-ci s’est imposée comme le Wall Street des fleurs, là où se fixe le cours des roses. Ces dernières années, soutenu par la croissance non démentie de la demande des classes moyennes des pays émergents et du renchérissement des prix de facteurs de production, le prix des roses a augmenté plus que l’inflation. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/574959/original/file-20240212-19-mz6yzd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574959/original/file-20240212-19-mz6yzd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574959/original/file-20240212-19-mz6yzd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574959/original/file-20240212-19-mz6yzd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574959/original/file-20240212-19-mz6yzd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574959/original/file-20240212-19-mz6yzd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574959/original/file-20240212-19-mz6yzd.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Plateforme logistique de FloraHolland.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Bernard Calas</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Aujourd’hui, même si la part des fleurs mises aux enchères a diminué (ce ne sont plus que 40 % des roses coupées qui sont vendues aux enchères) les marchés au cadran conservent ce rôle primordial de fixer les prix du produit. Ce recul relatif des enchères s’explique par la montée en puissance d’opérateurs européens – notamment les chaines de supermarchés britanniques et allemands – désireux et capables de négocier avec les producteurs des volumes d’achat importants, réguliers, tout au long de l’année. Ces volumes importants réguliers font l’objet de contrats qui, fixant quantités et prix sur une base annuelle, affranchissent vendeurs et acheteurs des enchères, plus aléatoires. </p>
<p>Mais FloraHolland, de par sa fluidité, ses performances logistiques, son lobbying actif, ses stratégies de promotion reste, malgré ces changements, le hub hégémonique par où passent la majeure partie des roses coupées destinées aux marchés européens. La coopérative rétribue ses membres et payent ses salariés grâce aux commissions qu’elle touche tant sur les volumes vendus aux enchères, que sur ceux qui ont fait l’objet de ventes contractuelles ou spéciales mais qui sont passés dans ses murs. </p>
<h2>Une mondialisation de la rose de plus en plus questionnée</h2>
<p>Ces roses qui traversent le monde ne sont cependant pas indemnes de critiques dont les médias, <a href="https://www.lexpress.fr/economie/la-rose-kenyane-deferle-en-europe_1433814.html">depuis le début des années 2000</a> se font régulièrement l’écho. </p>
<p>Dans les années 2000-2005, les questionnements ont d’abord porté sur les conditions de travail et de rétribution des salarié(e) s, puis, dans les années 2005-2010, sur la surconsommation d’eau nécessaire aux rosiers (entre 3 et 9 litres d’eau par jour et par m<sup>2</sup>) et la pollution de l’eau induite par les rejets de cette production. </p>
<p>Dans les années 2010-2015, c’est ensuite <a href="https://www.capital.fr/economie-politique/bilan-carbone-pour-la-saint-valentin-noffrez-surtout-pas-de-roses-1361938">l’empreinte carbone</a> des fleurs, induite par le nécessaire recours à l’avion qui a été scruté. Plus récemment, enfin, dans les années 2015-2020 ce sont la charge chimique de ces fleurs et les stratégies d’évitement fiscal des entrepreneurs qui localisent leurs profits en Hollande où le taux d’imposition est de 12,5 % contre 35 % au Kenya, qui sont devenues des problématiques émergentes. </p>
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<span class="caption">Ouvrières chargées du tri des fleur en fonction de la taille des tiges.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Bernard Calas</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Conscients des risques que leur faisait courir cette menace médiatique, les entrepreneurs ont, dans une certaine mesure, répondu aux critiques, en augmentant les salaires et en proposant de meilleures conditions de travail aux ouvriers, en réduisant leur empreinte hydrique grâce au recyclage et au <em>rainharvesting</em>, en réduisant les épandages de pesticides grâce aux traitements ciblés et à la lutte biologique intégrée. </p>
<p>Autre phénomène inédit, en réaction à cette production mondialisée des fleurs et aux critiques sur les coûts environnementaux de la production tropicale, émerge, très lentement, l’idée de « re-saisonnaliser » la consommation de fleurs coupées et de relocaliser la production de fleurs coupées en France. Dans les pays anglo-saxons, le mouvement <em>slow flower</em> prône cette idée, et l’on voit timidement fleurir, autour des grandes métropoles, des micro-exploitations, souvent en reconversion, ou en temps partiel. En France en 2017, une fleuriste du nord et une journaliste ont créé le <a href="https://www.collectifdelafleurfrancaise.com/">Collectif de la fleur française</a> – une association d’environ 600 membres fleuristes écoresponsables ou floriculteurs – dont l’objectif est de promouvoir la production et la commercialisation de fleurs produites en France et ainsi de participer à une agriculture écoresponsable. </p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/slow-flowers-un-nouveau-concept-pour-relancer-la-production-de-fleurs-francaises-142548">Slow flowers : un nouveau concept pour relancer la production de fleurs françaises ?</a>
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<h2>La rose rouge : une épine dans le pied de nos sociétés mondialisées ?</h2>
<p>La rose rouge est ainsi devenue un objet de plus en plus ambigu : si elle fait l’objet de critiques de plus en plus nombreuses, sa production elle, ne cesse de s’étendre, soutenue par la demande croissante des classes moyennes des pays émergents. Les professionnels parlent d’une croissance d’environ 5/6 % par an depuis une dizaine d’années. </p>
<p>L’industrie a même relativement bien vécu la pandémie mondiale de Covid-19. Passée les premières semaines du confinement qui a stoppé net les vols aériens et les achats, forçant les horticulteurs à jeter leur production, la pandémie de Covid a été relativement bien négociée par le secteur pour la simple raison que les gens ont continué à acheter des fleurs, en ligne évidemment, et même avec plus de régularité, habitude qui s’est prolongée depuis ! La consommation futile, esthétique a en fait été accrue pendant la pandémie, à la grande surprise et au plus grand bonheur des acteurs de la filière.</p>
<p>Comme tout objet mondialisé, la rose cristallise de ce fait des tensions entre, d’un côté, l’évidente insoutenabilité environnementale d’une culture de contresaison, de ses procédés de production et surtout de commercialisation et, d’un autre côté, une réalité économique : la rose fait vivre plusieurs millions de personnes et participe – au-delà de l’enrichissement de quelques-uns – au développement de plusieurs régions. Cette fleur nous invite ainsi à se poser des questions délicates : dans quelle mesure l’indéniable développement induit au Kenya justifie-t-il le maintien de notre consommation insoutenable – moteur du secteur – en ces temps de changement climatique ? Doit-on céder au chantage à l’emploi mis en place par cette filière qui vit d’une consommation autant ostentatoire que superfétatoire ?</p>
<p>Au-delà des roses ce sont, en fait l’ensemble des consommations tropicales qui pourraient, ou même devraient être ainsi interrogées. Car si le fort sens symbolique que génère l’achat d’une rose est propice peut-être aux questionnements quant à son mode de production, les remises en question environnementales et économiques peuvent s’étendre à bien d’autres produits : café, chocolat, thé, avocat, mangues, bananes…</p>
<h2>Du côté kenyan, des remises en cause inexistantes</h2>
<p>Au Kenya, jusqu’à ce jour, au-delà des polémiques médiatiques sur les modalités de la production, aucun changement de paradigme ne semble envisagé ou envisageable : l’industrie n’a aucun problème de recrutement et ses travailleurs se disent heureux de profiter de la manne rosicole qui garantit un salaire fixe supérieur au revenu moyen, et la possibilité d’ouvrir un compte en banque même s’ils ne se font aucun doute sur l’asymétrie des profits et l’inégalité du partage de la valeur.</p>
<p>Le respect viscéral de la figure de l’entrepreneur, l’adhésion universel à l’ethos du capitalisme, plus prosaïquement les avantages matériels et symboliques à émarger pour une entreprise prospère et reconnue, tout cela participe à faire de la rosiculture un secteur très peu remis en question. Que les entreprises ouvertes dans les années 1990 aient à gérer les problèmes de santé de leurs employées cinquantenaires montre d’ailleurs le faible <em>turn over</em> d’une main-d’œuvre enviée et attachée à son emploi. En outre, dans un pays où la figure de l’homme politique est valorisée, le fait que certaines entreprises soient détenues par des femmes/hommes politiques contribue sans aucun doute à l’aura des serres et des fleurs. </p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/574962/original/file-20240212-26-ex7r9g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/574962/original/file-20240212-26-ex7r9g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/574962/original/file-20240212-26-ex7r9g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/574962/original/file-20240212-26-ex7r9g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/574962/original/file-20240212-26-ex7r9g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/574962/original/file-20240212-26-ex7r9g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/574962/original/file-20240212-26-ex7r9g.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Bottes de roses kenyanes prêtes à être expédiées en Hollande. La couleur de l'autocollant correspond à un jour de la semaine. Ce code couleur permet de prioriser les fleurs à expédier en premier.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Bernard Calas</span>, <span class="license">Fourni par l'auteur</span></span>
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<p>Du côté européen, conscients des interrogations des consommateurs, les grossistes, les détaillants commencent à répondre par la transparence et la traçabilité. Démarche intéressante qui consiste à pointer du doigt l’origine géographique de chacune des variétés vendues et qui dévoile explicitement la valeur politique de la consommation. Quel sens le consommateur donne-t-il à son achat ? Écologique ou développemental ? Local ou tropical ? Ce réinvestissement de sens au cœur de la consommation participe sans aucun doute à la segmentation du marché. </p>
<p>Au final, donc, si la rose est un marqueur convenu d’amour, un objet passionnant d’étude de la mondialisation pour le géographe, elle condense les tensions comme les contradictions du capitalisme actuel.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/223210/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Bernard Calas ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Des mois avant le 14 février, dans des serres kenyanes, luminosité, taux d’humidité et engrais ont été modulé avec soin pour que les roses rouges arrivent à temps en Europe pour la Saint Valentin.Bernard Calas, Professeur en Économie et Géographie Politique, Université Bordeaux MontaigneLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1986852023-02-12T17:24:43Z2023-02-12T17:24:43ZSaint-Valentin : la face cachée du diamant de synthèse<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/506785/original/file-20230127-20-1b0tbb.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=126%2C4%2C1398%2C766&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Les techniques de fabrication des diamants de synthèse exigent un chauffage à 5500&nbsp;°C pendant plusieurs semaines.
</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/jsjgeology/50813037593">James St. John/Flickr</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/">CC BY-SA</a></span></figcaption></figure><p>En cette <a href="https://theconversation.com/fr/topics/saint-valentin-82142">Saint-Valentin</a>, vous avez peut-être pour projet d’acheter un diamant… et il se pourrait bien que votre bijoutier vous propose un diamant de synthèse. C’est le symbole de l’amour éternel depuis le judicieux slogan du diamantaire De Beers en 1947, <a href="https://www.debeersgroup.com/about-us/a-diamond-is-forever">« A diamond is forever »</a>. Et quand on aime, <a href="https://theconversation.com/le-prix-des-noces-jamais-assez-cher-et-pourtant-toujours-trop-cher-96085">on ne compte pas</a>…</p>
<p>Mais il se trouve qu’aujourd’hui le « solitaire » en diamant naturel n’est plus « seul » sur son marché. Depuis sa mise au point en 1954 par le chimiste américain <a href="https://www.invent.org/inductees/h-tracy-hall">Tracy Hall</a>, le diamant de synthèse constitue en effet un concurrent sérieux. Si séduisant, qu’en 2018, l’entreprise De Beers elle-même a succombé. Après des années de dédain pour ces pierres artificielles qu’elle réservait à l’industrie… elle se mit à en proposer en joaillerie !</p>
<p><div data-react-class="Tweet" data-react-props="{"tweetId":"1001389887025766403"}"></div></p>
<h2>Deux frères jumeaux</h2>
<p>Chimiquement, comme le diamant naturel, le diamant de synthèse se forme grâce à la cristallisation du carbone, soumis à des conditions de chaleur et de pression extrêmes. Seuls l’origine et le lieu de ce phénomène diffèrent. Le diamant naturel est né il y a 2,5 milliards d’années, dans les entrailles de la Terre. Son rival, obtenu en laboratoire en quelques semaines, est le pur produit de la main de l’homme.</p>
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À lire aussi :
<a href="https://theconversation.com/lucas-8-ans-que-contiennent-les-diamants-et-comment-sont-ils-formes-113885">Lucas, 8 ans : « Que contiennent les diamants et comment sont-ils formés ? »</a>
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<p>Sémantiquement, une bataille de <a href="https://www.senat.fr/questions/base/2022/qSEQ220902857.html">terminologie</a> s’est engagée et deux storytellings s’affrontent aujourd’hui. Le diamant naturel impose le respect en s’appuyant sur des valeurs d’infini et de rareté ; le diamant de synthèse offre un récit alternatif, qui convoque une forme d’alchimie verte. Vanter <a href="https://www.jem-paris.com/diamant-de-synthese?gclid=CjwKCAiA_vKeBhAdEiwAFb_nrcVYLUjxxOTPe94_Y_svNvjXZT86IH1sK5Sqr2WkR-SLR79nZvdsIRoCuyQQAvD_BwE">« la magie alliant science et nature »</a>, comme peuvent le faire certaines marques, semble judicieux. Porté par des valeurs écologiques et éthiques, ce récit réconforte les acheteurs qui culpabilisent à l’idée d’acheter un diamant naturel.</p>
<h2>Un duel aux enjeux actuels</h2>
<p>Économiquement, il faut dire que l’enjeu est de taille… En 2020, une <a href="https://www.collectif-diamant.fr/uploads/5fc682c2a1d88_Opinionway_CollectifDiamant.pdf">étude quantitative</a> a estimé que 42 % des Français déclaraient vouloir acheter un diamant « au moins une fois dans leur vie ». Cette proportion grimpe même à 65 % chez les 25-34 ans.</p>
<p>Lors de ma recherche doctorale portant sur les phénomènes de <a href="https://theconversation.com/fr/topics/storytelling-56621">storytelling</a>, j’ai investigué ce secteur qui semblait ne pas échapper aux accusations de « <a href="https://theconversation.com/fr/topics/greenwashing-27714">greenwashing</a> ». Ces nouveaux enjeux sur la consommation responsable constituent un des axes majeurs traités par le <a href="https://lifestyle.em-lyon.com/news/">Lifestyle Research Center</a> de emlyon qui étudie les nouveaux phénomènes de consommation grâce à des recherches auprès des acteurs de terrain.</p>
<h2>Le diamant synthétique esquive les critiques</h2>
<p>Lors de mon enquête, j’ai compris que le succès du diamant de synthèse s’est notamment bâti en contrepoint des dérives persistantes du diamant naturel.</p>
<p>Tout d’abord, il ne semble pas réservé à une élite, affichant des prix de <a href="https://www.marieclaire.fr/difference-diamant-naturel-diamant-de-synthese,1422185.asp">30 à 40 % moins chers</a>. Une responsable marketing d’une des maisons de haute joaillerie les plus réputées me précise :</p>
<blockquote>
<p>« C’est normal, cette filière bénéficie d’une réduction du nombre d’intermédiaires, et d’une facilité de production en laboratoire. La concurrence actuelle entre les laboratoires fait même pression sur les prix ».</p>
</blockquote>
<p>Ensuite, le diamant de synthèse ne provient pas de mines à ciel ouvert qui génèrent de véritables scandales écologiques. Pour trouver quelques carats de diamants naturels, il faut extraire des millions de tonnes de minerai dans des zones fragiles, ce qui détériore considérablement les écosystèmes naturels. Les sols, les baies et les berges qui ont été fouillés restent perturbés pendant des décennies avant que la faune et la flore ne retrouvent leur équilibre.</p>
<h2>Trop jeune pour être coupable</h2>
<p>Contrairement à son grand frère, le diamant de synthèse n’est pas entaché par l’échec du <a href="https://www.kimberleyprocess.com/fr/kimberley-process-kp">processus de Kimberley</a> (forum de négociation international réunissant les représentants des États, de l’industrie et de la société civile) mis en place il y a une vingtaine d’années pour encadrer la traçabilité de la filière diamantaire. Renié en 2011 par l’organisation non gouvernementale (ONG) <a href="https://www.globalwitness.org/en/press-releases/diamond-industry-fails-clean-its-act/">Global Witness</a> qui en était pourtant à l’origine, le PK est désormais dans le viseur des associations humanitaires comme <a href="https://www.amnesty.fr/focus/le-processus-de-kimberley">Amnesty International</a>.</p>
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<p>Le mouvement Unita en Angola, les deux guerres au Congo, et la spirale mafieuse du Liberia et de la Sierra Leone ont en effet terni la filière historique. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, le plus gros extracteur de diamants naturels, en <a href="https://nationaljeweler.com/articles/10701-us-bans-import-of-russian-diamonds">réactive aujourd’hui la critique</a>.</p>
<p>En conséquence, le diamant de synthèse ne souffre pas d’une mauvaise image dans l’opinion publique alors que celle du diamant naturel est fissurée. Certes, il y a exactement un demi-siècle, Hollywood servait d’écrin au diamant naturel : en 1953, Marilyn Monroe chantait <a href="https://www.youtube.com/watch?v=hEyWqVfY4vo">« Diamonds are a girl’s best friend »</a>. Mais les temps ont changé. En 2006, le film <a href="https://www.youtube.com/watch?v=oACSq5w8xtk"><em>Blood Diamonds</em></a> révélait l’horreur des conditions de travail dans les mines diamantifères. Très marqué par son rôle, <a href="https://www.lefigaro.fr/conso/2015/11/21/05007-20151121ARTFIG00007-quand-leonardo-dicaprio-sponsorise-des-diamants-fabriques-en-usine.php">Leonardo Di Caprio</a> est aujourd’hui un porte-parole virulent contre les diamants naturels. Depuis 2014, il est même actionnaire de <a href="https://diamondfoundry.com/">Diamond Foundry</a>, important producteur de diamants de synthèse aux États-Unis.</p>
<figure class="align-center zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/508327/original/file-20230206-23-cd47hi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/508327/original/file-20230206-23-cd47hi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/508327/original/file-20230206-23-cd47hi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/508327/original/file-20230206-23-cd47hi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/508327/original/file-20230206-23-cd47hi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=450&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/508327/original/file-20230206-23-cd47hi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/508327/original/file-20230206-23-cd47hi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/508327/original/file-20230206-23-cd47hi.JPG?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=566&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Campagne d’Amnesty International « Quel prix pour ces diamants ? » (2003).</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.adforum.com/creative-work/ad/player/30119">Adforum</a></span>
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<p>Alors, face au risque du désamour du public, la filière traditionnelle entend bien montrer qu’une fois observé à la loupe, le diamant de synthèse, lui non plus, n’offre pas que des facettes reluisantes.</p>
<h2>Le diamant naturel contre-attaque</h2>
<p>Au niveau mondial, le <a href="https://www.naturaldiamonds.com/fr/">Natural Diamond Council</a> utilise son slogan pour afficher ses ambitions de reconquête : « Only natural diamonds » (« seulement des diamants naturels »). En France, le <a href="https://www.collectif-diamant.fr/a-propos">Collectif Diamant</a>, qui regroupe les organisations référentes de la filière, relaie <a href="https://www.union-bjop.com/trucost-retrouvez-le-rapport/">l’étude</a> de la société Trucost, leader mondial en matière d’évaluation des risques environnementaux.</p>
<p>Ces campagnes visent à braquer les projecteurs sur la face cachée du diamant de synthèse.</p>
<p>Ces groupements précisent ainsi qu’il est issu de techniques de production très énergivores. Une des techniques, dite HPHT (Haute Pression, Haute Température) requiert une pression équivalente à 58 000 fois celle observée en moyenne au niveau de la mer et un chauffage à plus de 1400 °C pendant plusieurs semaines. Ainsi, les estimations d’émissions de CO<sub>2</sub> associé à la consommation d’énergie dans la production synthétique seraient près de trois fois supérieures à celle des diamants naturels.</p>
<p>Les détracteurs du diamant de synthèse rappellent aussi que sa production, récente, reste peu encadrée. La plupart des centres se situent en <a href="https://www.francetvinfo.fr/economie/bijoux-le-diamant-synthetique-prend-son-essor_5563527.html">Chine et en Inde</a> avec impossibilité de surveiller ce qui s’y fait, tant d’un point de vue écologique qu’éthique.</p>
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<p>En outre, sa qualité est restreinte en taille et en couleur. Le plus gros diamant de synthèse pèse seulement 9 carats alors que le plus gros diamant brut extrait d’une mine au Botswana en 2021, pèse <a href="https://www.lemonde.fr/afrique/article/2021/07/08/un-diamant-hors-norme-troisieme-plus-gros-au-monde-trouve-au-botswana_6087507_3212.html">1174 carats</a>. Les diamants naturels offrent également une <a href="https://theconversation.com/pourquoi-existe-t-il-des-diamants-de-toutes-les-couleurs-114787">palette de teintes</a> bien plus large. Évalué selon les 4C institués par De Beers, à savoir, <em>cut</em> (taille), <em>colour</em> (couleur), <em>clarity</em> (pureté) et <em>carat</em> (poids), le diamant de synthèse ne rivalise pas encore.</p>
<p>Enfin, le concurrent du diamant naturel ne concerne que des scientifiques en laboratoires et de la main-d’œuvre qualifiée en usine, alors que l’exploitation minière peut se targuer d’employer plus de <a href="https://www.lofficielhb.com/bijouterie-joaillerie/ethique-diamant-naturel-donnees-sociales-environnementales/">77 000 personnes pauvres</a>, principalement en Australie, au Botswana, au Canada, au Lesotho, en Namibie, en Russie, en Afrique du Sud et en Tanzanie. Vouloir éradiquer un écosystème économique réel dans des pays particulièrement pauvres reste un discours difficile à tenir.</p>
<h2>Un face-à-face fratricide ?</h2>
<p>Aujourd’hui, le diamant naturel résiste encore à la concurrence… décidément, c’est un matériau robuste ! Une <a href="https://nationaljeweler.com/articles/10624-measuring-the-lab-grown-diamond-market-size-growth-and-future-opportunities">étude</a> du National Jeweler estime que la part de marché volume du diamant synthétique reste inférieure à 10 %. Elle a quintuplé en cinq ans, dépassant les 6 milliards de dollars… Mais les diamants de synthèse sont désormais eux aussi au cœur d’une controverse et pourraient bien vaciller.</p>
<p>En conclusion, même consciente des progrès à réaliser, la filière diamantaire peine à trouver une alternative. Pas évident de séduire les nouvelles générations d’amoureux avec deux filières ni éthiques ni écologiques qui ternissent l’image l’une de l’autre… au risque de se décrédibiliser toutes les deux.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/198685/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Alice Riou ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Le marché du diamant naturel se trouve aujourd’hui déstabilisé par la promesse éthique du diamant de synthèse… qui se révèle pourtant tout aussi controversée !Alice Riou, Professeur Associé - Marketing et Innovation, EM Lyon Business SchoolLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1533462021-02-11T20:31:32Z2021-02-11T20:31:32ZGeoffrey Chaucer et les origines littéraires de la Saint-Valentin<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/381070/original/file-20210128-15-vwi4o1.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=35%2C612%2C1122%2C811&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Codex Manesse, UB Heidelberg.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/28433765@N07/8253593377/in/photolist-dzkPL6-KpNSFT-cp8gks-9zvBHW-8DgAUF-2hDu11x-KGsa4M-h41Zdp-zrczHj-2hDrdgx-KDhFvW-KoaLkj-K96jma-VbK93u-8DgAU6-pAbKco-K8SaE9-Kob4wo-dozmDZ-PRtVYC-9zvBKL-97PSKj-dACwMT-97LKxe-8DgATt-L5wxmM-9zsCVP-U5euzS-25yHJdT-9zvBMJ-L2GAAb-KXLt36-LAKNcR-27XZ8Rj-5EdLSe-8DjGRC-9tBuBx-2hDukHP-2hDumbs-8DjH15-8DjH9h-8DgB6g-8DgB1M-5eqj5n-4KRYhZ-t5mqbP-7p2bFf-8DgAZM-7p1Y2W-bpwJUb">Peter/Flickr</a></span></figcaption></figure><p>La Saint-Valentin approche et avec elle les éternelles questions relatives à ses origines. Tout le monde y va de sa théorie mais semble s’accorder sur le fait qu’à un moment donné un prêtre du nom de Valentin a violemment été mis à mort, cruelle augure pour une fête de l’amour !</p>
<p>Remontons donc ensemble le temps de quelques siècles. La Saint-Valentin appartient depuis le Moyen Âge à une tradition poétique dite « valentine », tradition où se mêlent les conventions héritées de l’amour courtois articulées autour d’une date bien précise, le 14 février. Avant d’être un <a href="https://www.jckaufmann.fr/ouvrages/saint-valentin-mon-amour/">phénomène sociologique fixe</a>, la Saint Valentin a vu ses codes se formaliser progressivement, notamment grâce à l’œuvre d’un poète médiéval anglais, fort (mé)connu en France, Geoffrey Chaucer.</p>
<h2>Le printemps… en février ?</h2>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/379562/original/file-20210119-26-1tjv9vt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Les Très Riches Heures du Duc de Berry" src="https://images.theconversation.com/files/379562/original/file-20210119-26-1tjv9vt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/379562/original/file-20210119-26-1tjv9vt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=998&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/379562/original/file-20210119-26-1tjv9vt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=998&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/379562/original/file-20210119-26-1tjv9vt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=998&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/379562/original/file-20210119-26-1tjv9vt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1254&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/379562/original/file-20210119-26-1tjv9vt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1254&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/379562/original/file-20210119-26-1tjv9vt.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1254&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
<figcaption>
<span class="caption"><em>Les Très Riches Heures du duc de Berry</em>.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Les_Très_Riches_Heures_du_duc_de_Berry_février.jpg">R.-G. Ojéda/RMN</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Inutile de s’attarder plus longtemps sur l’association de la <a href="https://theconversation.com/la-saint-valentin-et-les-divinites-de-lamour-109978">Saint Valentin avec les divinités de l’amour</a> ou sur le fait qu’on ne sache pas précisément de quel Valentin nous parlons (il en existe au moins deux, un prêtre de Rome, un évêque de Terni, tous deux mis à mort). Contentons-nous de noter qu’au début des années 1380, Chaucer composa un poème narratif intitulé « Le Parlement des oiseaux » dans lequel des oiseaux justement se réunissent lors d’un parlement présidé par Nature le jour de la Saint-Valentin afin de choisir leur partenaire dans une douce ambiance printanière.</p>
<p>Je vous vois d’ici penser : « Le printemps en février ? » Et bien oui ! La <a href="https://books.google.fr/books?id=_bqdZbKPztMC&pg=PA15">date du début du printemps</a> n’était alors pas aussi clairement établie qu’elle ne l’est aujourd’hui et la tradition antique, notamment sous la plume de <a href="http://evene.lefigaro.fr/celebre/biographie/pline-l-ancien-431.php">Pline l’Ancien</a>, <a href="https://www.persee.fr/doc/licla_0992-5279_1993_num_19_1_1739">Ovide et Ptolémée</a>, plaçait même son arrivée début février. La Rome et Grèce antique marquaient d’ailleurs les saisons à mi-chemin entre équinoxe et solstice, ce qui nous donnait alors le retour du printemps aux alentours du 6-9 février. De nombreux calendriers, en particulier ceux écrits en Angleterre dans les villes de Winchester et Durham entre les IX<sup>e</sup> au XIV<sup>e</sup> siècles, notaient d’ailleurs que février marquait la reprise de l’activité agricole et le retour du chant des oiseaux, et ce même si les livres d’heures associent très souvent février à un mois d’hiver (comme le montre l’illustration ci-contre).</p>
<h2>Les oiseaux et l’amour valentin</h2>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/381078/original/file-20210128-15-1afn9li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="La Conférence des oiseaux peinte par Habib Allah" src="https://images.theconversation.com/files/381078/original/file-20210128-15-1afn9li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/381078/original/file-20210128-15-1afn9li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=942&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/381078/original/file-20210128-15-1afn9li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=942&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/381078/original/file-20210128-15-1afn9li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=942&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/381078/original/file-20210128-15-1afn9li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1184&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/381078/original/file-20210128-15-1afn9li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1184&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/381078/original/file-20210128-15-1afn9li.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1184&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">La Conférence des oiseaux peinte par Habib Allah.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Conf%C3%A9rence_des_oiseaux#/media/Fichier:Conference_of_the_birds.jpg">Wikimedia</a></span>
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<p>Chaucer s’inspira donc d’une tradition calendaire particulière et en regardant un calendrier en février, il n’aurait pas eu de mal à voir en Valentin un choix de patron idéal pour cette saison : retour du printemps, du chant des <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-dislam/des-oiseaux-qui-parlent">oiseaux</a> et début de l’accouplement d’un grand nombre d’espèces (comme la grive draine, la corneille), tout semblait coller.</p>
<p>Il n’inventa pas à proprement parler la tradition amoureuse associée à la Saint-Valentin (qui remonte au moins à l’Antiquité), mais il fixa en revanche sa date et l’articula, via son utilisation des oiseaux, avec les traditions populaires liées au printemps. Mais pourquoi le 14 ? Et bien, d’une part, parce que la date correspond aux estimations du début du printemps en Angleterre de son vivant. Et d’autre part, il faut avouer que les autres noms que l’on retrouve dans les calendriers anglais et les martyrologies entre le 7 et le 14 février ne se prêtaient pas vraiment à la poésie. Pourriez-vous imaginer offrir des chocolats à l’élu·e de votre cœur pour la <a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01709204/document">Saint Austreberte le 10, Eulalia le 12 ou Eormenhilde le 13</a> ? Pas vraiment. Qui plus est, la Saint Valentin était alors suffisamment récente pour représenter aux yeux d’un poète un canevas blanc. Aucune légende populaire n’était véritablement attachée à ce jour précis (si ce n’est les récits des martyrologies sur la mort du Saint), ce qui en faisait la date et le patron idéal pour ce que Chaucer avait en tête.</p>
<p>Même s’il n’invente pas complètement la totalité de cette fête, Chaucer semble bien être le premier avec « Le Parlement des oiseaux » à concentrer son attention sur <a href="https://interestingliterature.com/2014/02/the-literary-origins-of-valentines-day/">cette tradition</a>, à la rendre annuelle et à définir Saint Valentin comme patron des amoureux. Il insiste d’ailleurs sur l’importance de la cérémonie visant à unir les oiseaux, cérémonie qu’il décrit comme étant annuelle. Nature « pleine de grâce, invita chaque oiseau à prendre place, la même qu’ils occupent chaque année, se tenant là pour la Saint-Valentin » (v. 319-22). Chaucer définit de même les règles de cette célébration lorsqu’il fait dire à Nature : « Vous savez bien qu’à la Saint-Valentin, par mon statut et sous ma gouvernance, vous choisissez tous vos partenaires – et vous vous envolez suivant vos voies » (v. 386-9). Puis enfin, une fois la journée finie, Chaucer nous invite à célébrer le retour prochain de l’été : « Saint Valentin, toi si haut dans le ciel, ainsi les oiseaux ont pour toi chanté : bienvenu, été, dont le doux soleil, a le froid de l’hiver secoué » (v. 683-5).</p>
<p>Chaucer définit donc clairement l’aspect traditionnel de cette cérémonie annuelle. Il y est explicite, et définit subtilement chaque aspect de la fête, ce qui tend à nous faire penser que la tradition n’avait alors rien de bien traditionnel. Ce poème nous donne l’impression que Chaucer définit et explique à son public ce qu’est la Saint-Valentin. La suite de détails fait donc du « Parlement » le premier poème valentin, ce qui a permis aux poèmes suivant (de Chaucer ou de ses continuateurs) d’être bien plus concis quant aux spécificités de cette fête.</p>
<h2>Chaucer et la suite des festivités</h2>
<figure class="align-left zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/381074/original/file-20210128-15-ovikic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="Geoffrey Chaucer tel que représenté dans Les Contes de Canterbury" src="https://images.theconversation.com/files/381074/original/file-20210128-15-ovikic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/381074/original/file-20210128-15-ovikic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=914&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/381074/original/file-20210128-15-ovikic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=914&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/381074/original/file-20210128-15-ovikic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=914&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/381074/original/file-20210128-15-ovikic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=1149&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/381074/original/file-20210128-15-ovikic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=1149&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/381074/original/file-20210128-15-ovikic.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=1149&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Geoffrey Chaucer tel que représenté dans Les Contes de Canterbury.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://www.flickr.com/photos/britishlibrary/12458838675/in/photolist-jYWNFn-Ma1tRa-c3K8e5-xKNyHZ-qjsGpu-914iPt-bA6F8M-H3fGu4-9isup9-23iEmgD-8TgNQc-aaz4NT-LhCQj3-2hHuh4G-23rUdyo-51CSt9-fcW7BD-2f73tGZ-ptvNbr-qjhnNX-s6PspM-k4UTSr-Ngf99a-24MoHjb-bUB2hS-258qRME-Dvo7Z5-tsJAjj-9qaN1-7fJHp8-5TSZGH-bsJ6iP-cPeiUQ-7Mknxr-29X9EbB-2jgtkqD-RN2FAP-5ZsTLB-dWhirL-22JuRfL-2b34GKq-G3pLrF-JSikHy-uE3Hat-Q4sGMk-68NtsK-k54wBd-owim26-9fPuaN-pXN7V1">British Library/Flickr</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pour résumer donc, la relation entre Valentin et la fertilité n’est, en quelque sorte, que le résultat d’une coïncidence et résulterait essentiellement de la proximité de sa fête avec des pratiques agricoles ancestrales propres à février et visant à préparer la terre au retour de l’été.</p>
<p>Chaucer fut néanmoins le premier à associer définitivement ces spécificités calendaires avec <a href="https://www.jstor.org/stable/2847741">l’amour, les oiseaux à la date du 14 février</a>. « Le Parlement des oiseaux » lui permit de définir les aspects de cette cérémonie. Une fois la chose faite, il put se permettre, en 1385 dans le prologue d’une « Complainte de Mars », d’entrer directement dans le vif du sujet en invitant les oiseaux à chanter à « l’aube grise » (v. 1) avant d’ajouter : « Saint Valentin, un chant d’oiseau j’ouïs/en ce jour, avant le lever du soleil » (v. 13-4).</p>
<p>Ce positionnement de la fête le 14 février, cet enthousiasme et cette célébration de l’été vient nuancer la dureté de l’hiver, qui touche bientôt à sa fin. Dans sa « Complainte », Chaucer développe une histoire d’amour malheureuse entre Mars et Vénus, équilibrée par l’imagerie printanière du début du poème. Cet hiver du cœur au printemps est révélateur du génie de Chaucer. Dans le « Parlement des oiseaux » et la « Complainte de Mars » il déplaça purement et simplement une imagerie poétique printanière habituellement associée à avril ou mai en février, un choix d’autant plus percutant qu’il permit un contraste entre les deux saisons et donc entre leurs émotions respectives.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/153346/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Jonathan Fruoco ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>Redécouvrons les origines de la Saint-Valentin au travers de l’œuvre de Geoffrey Chaucer. Le Parlement des oiseaux, une ode au printemps et à la fertilité, Chaucer un poète en quête de festivités.Jonathan Fruoco, Chercheur associé au CEMA, Sorbonne Université, Université Paris Nanterre – Université Paris LumièresLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1550822021-02-10T19:11:46Z2021-02-10T19:11:46ZVoyez-vous le meilleur ou le pire chez votre partenaire ? Tout dépend de la couleur de vos lunettes !<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/383579/original/file-20210210-23-wwbo49.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=75%2C21%2C7065%2C5247&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Nos perceptions de notre partenaire agissent comme une paire de lunettes teintées qui colorent notre relation de couple.</span> <span class="attribution"><span class="source">shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Pour certains, la pandémie de Covid-19 est l’occasion de passer plus de temps ou de renouer avec son conjoint ou sa conjointe. Pour d’autres couples, le confinement a amplifié des difficultés relationnelles déjà présentes avant la pandémie, entraînant plus de stress et d’insatisfaction dans la relation.</p>
<p>Les ruptures, les divorces et même la violence domestique <a href="https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/tout-un-matin/segments/entrevue/339369/separation-couple-divorce-covid-confinement">ont augmenté</a> depuis le début de la pandémie.</p>
<p>Étant donné qu’avoir des relations stables et satisfaisantes <a href="http://dx.doi.org/10.1177/1745691614568352">est essentiel au maintien d’une bonne santé</a>, il est nécessaire de comprendre les causes de la détresse relationnelle et comment y remédier. C’est l’un des objectifs du laboratoire <em>Breaking Sad</em> de la <a href="http://dozoislab.com/#">Western University</a>. Les recherches menées dans ce laboratoire se concentrent sur la façon dont les pensées négatives contribuent à la dépression et influencent nos relations.</p>
<p>Nos études récentes suggèrent que les croyances que nous avons au sujet de nos partenaires peuvent être particulièrement déterminantes pour comprendre ce qui cause les relations dysfonctionnelles.</p>
<h2>L’importance des perceptions</h2>
<p>Lors d’une <a href="https://doi.org/10.1521/jscp.2018.37.5.356">étude récente</a>, nous avons constaté que les individus engagés dans une relation intime se créent une image mentale sophistiquée de leur partenaire. De plus, ces représentations sont stockées dans notre mémoire et <a href="https://doi.org/10.1016/j.cpr.2019.03.003">influencent la façon dont nous comprenons, interprétons et réagissons</a> aux paroles et actions de nos partenaires. Dans un sens, elles agissent comme une paire de lunettes aux verres teintés qui colorent l’expérience que nous vivons avec notre partenaire.</p>
<p>Lorsque l’image que vous avez de votre partenaire est positive (par exemple, vous la percevez comme une personne attentionnée, réfléchie et bien intentionnée), c’est comme si vous portiez une paire de lunettes roses. Vous serez plus enclin à interpréter ce que votre partenaire fait de manière plus positive ou à excuser plus facilement certains comportements : « Il n’a pas répondu à mon message texte parce qu’il était occupé en réunion. Je sais qu’il ne m’ignore pas et qu’il répondra dès qu’il en aura l’occasion ».</p>
<p>En revanche, si la représentation que vous vous faites de votre partenaire est en général négative (« Elle est égoïste et ne se soucie pas de mes besoins »), vous aurez peut-être tendance à voir ses actions à travers une paire de lunettes beaucoup moins roses. Vous pouvez penser : « Elle n’a pas répondu à mon message texte parce qu’elle m’ignore et ne se soucie pas de ce que j’ai à dire ».</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Homme regardant son téléphone" src="https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/382353/original/file-20210203-17-gnskyl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Les pensées négatives à propos d’un partenaire affectent notre interprétation de ses gestes. Un message texte sans réponse sera perçu comme un manque de considération, par exemple.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span>
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</figure>
<p>Plus nous percevons les gestes d’un partenaire sous un jour défavorable, plus nos représentations négatives se consolident – et plus nos « verres teintés » s’assombrissent.</p>
<p>Ainsi, entretenir des pensées négatives à l’égard de notre partenaire peut nous mettre en colère, nous déprimer et nous amener à mal interagir avec lui ou avec elle, par exemple en critiquant ou en nous éloignant. En fin de compte, les deux partenaires se sentent insatisfaits et moins soutenus dans la relation.</p>
<p>Malheureusement, pour plusieurs personnes, les convictions positives à l’égard d’un partenaire, qui sont prédominantes au début d’une relation, <a href="https://books.google.ca/books/about/Love_Is_Never_Enough.html?id=-okmCV9PfKoC&redir_esc=y">ont tendance à devenir plus négatives avec le temps</a>. Le trait de caractère qui nous attirait autrefois devient souvent l’élément qui nous irrite le plus. Au début, nous trouvons sa spontanéité excitante, mais après un certain temps, nous pouvons aussi interpréter cette qualité comme un manque de planification et de fiabilité de sa part.</p>
<h2>Changer les pensées négatives</h2>
<p>Que faire si vous avez une image trop négative de votre partenaire de vie ? Comment pouvez-vous voir un peu plus clairement à travers les lunettes de votre couple ?</p>
<p>Vous pouvez d’abord faire l’effort conscient de vous appuyer davantage sur les faits lorsque vous réfléchissez à votre relation de couple.</p>
<p>Les recherches montrent que la <a href="https://books.google.ca/books/about/Mind_Over_Mood.html?id=omJwsphImoYC&redir_esc=y">réflexion fondée sur des faits</a> contribue de manière importante au bien-être psychologique. Ainsi, lorsque vous tentez de comprendre une situation, basez votre réflexion sur des preuves tangibles en constatant les faits plutôt que de vous fier aux pensées négatives qui surgissent immédiatement dans votre esprit.</p>
<p>Au lieu de tirer des conclusions hâtives et croire que votre partenaire est égoïste et ne se soucie pas de vous parce qu’il n’a pas rapporté de lait comme vous lui aviez demandé, faites une pause et posez-vous la question : qu’est-ce qui me prouve que mon partenaire est égoïste et ne se soucie pas de moi ? Sur quels faits puis-je m’appuyer pour soutenir cette idée ?</p>
<p>Non seulement cet exercice peut vous aider à vous sentir mieux sur le moment, mais il vous permettra de voir les choses un peu plus clairement et de réagir de manière plus appropriée aux gestes ou paroles de votre partenaire.</p>
<figure class="align-center ">
<img alt="Une femme souriante avec sa tête sur l’épaule d’un homme" src="https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/382354/original/file-20210203-15-4ya1cc.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Donner un câlin à son partenaire au lieu de le critiquer peut changer la façon dont vous le percevez.</span>
<span class="attribution"><span class="source">Unsplash</span></span>
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<p>En plus de changer la façon dont vous percevez votre partenaire, <a href="https://doi.org/10.1037/a0033823">il est important de changer les interactions que vous avez avec elle ou lui</a>.</p>
<p>Et, aussi difficile à croire que cela puisse paraître, changer la façon dont vous réagissez, en faisant un câlin à votre partenaire, par exemple, au lieu de le critiquer lorsqu’il arrive à la maison sans pinte de lait, peut modifier vos sentiments et vos pensées à son sujet. S’efforcer de créer des interactions positives avec son partenaire peut contribuer à changer les perceptions négatives que vous avez développées à son sujet au fil du temps ou à les empêcher de se développer.</p>
<p>Aujourd’hui, plus que jamais, alors que le stress est élevé et que les relations amoureuses sont sous tension en raison de la pandémie, il est important de faire tout le nécessaire pour entretenir nos relations les plus intimes.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/155082/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>David J. A. Dozois a reçu un financement du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada pour les travaux liés à cet article. Il est membre du Comité consultatif médical et scientifique d'Otsuka Pharmaceutical. Le Dr. Dozois a également publié des livres sur la thérapie cognitivo-comportementale. </span></em></p><p class="fine-print"><em><span>David J. A. Dozois ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>L’image que l’on se fait de notre partenaire influence nos interactions et la façon dont nous interprétons ses comportements. La relation dépend de nos lunettes, qui sont sombres ou teintées de rose.Jesse Lee Wilde, PhD Student, Clinical Psychology, Western UniversityDavid J. A. Dozois, Professor of Clinical Psychology, Western UniversityLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/1312712020-02-07T14:19:01Z2020-02-07T14:19:01ZLes cartes de Saint-Valentin : pourquoi elles sont si importantes!<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/313827/original/file-20200205-149778-1xj639n.jpg?ixlib=rb-1.1.0&rect=13%2C0%2C4479%2C2991&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">L'écriture de cartes, de notes et de lettres d'amour contribue au bien-être et au bonheur.</span> <span class="attribution"><span class="source">Shutterstock</span></span></figcaption></figure><p>Selon certains anthropologues, l'amour romantique naîtrait <a href="https://www.wired.co.uk/article/what-is-love">d'une pulsion amenant l'être humain à concentrer son attention sur un ou une seul(e) partenaire</a> dans le but d'assurer sa descendance, puisant ainsi ses sources dans l'histoire de l'humanité. </p>
<p>La passion amoureuse est célébrée depuis toujours par des chansons, des poèmes, des journaux intimes, des carnets de bord, des cartes et des œuvres d'art, que les sentiments entre les amants soient durables ou aussi éphémères <a href="https://www.youtube.com/watch?v=GcENbgyn_ic">que des lettres d'amour écrites dans le sable</a>. </p>
<p>Mais l'envoi de messages de Saint-Valentin n’<a href="https://time.com/5134173/valentine-card-heart-book/">a commencé que vers la fin du 18e siècle</a>. En fait, c'est en 1913 que <a href="https://www.historyextra.com/period/modern/a-brief-history-of-valentines-day-cards/">Hallmark a produit les premières cartes de Saint-Valentin commerciales</a>. </p>
<p>Depuis, la Saint-Valentin est le moment privilégié pour s'échanger des messages d'amour entre partenaires, parents, enfants et amis proches. Les recherches en neurosciences et en psychologie ont démontré la valeur et les bienfaits de ces messages tant pour leur expéditeur que pour leur destinataire <a href="https://time.com/5383208/thank-you-notes-gratitude/">surtout s'ils sont manuscrits</a>. </p>
<figure class="align-right zoomable">
<a href="https://images.theconversation.com/files/312985/original/file-20200131-41541-75bhr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=1000&fit=clip"><img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/312985/original/file-20200131-41541-75bhr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/312985/original/file-20200131-41541-75bhr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/312985/original/file-20200131-41541-75bhr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/312985/original/file-20200131-41541-75bhr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/312985/original/file-20200131-41541-75bhr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/312985/original/file-20200131-41541-75bhr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/312985/original/file-20200131-41541-75bhr9.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px"></a>
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<span class="caption">Cartes postales envoyées par la famille de l'auteur.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Hetty Roessingh)</span>, <span class="license">Author provided</span></span>
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<p>La personne qui envoie un message écrit de sa main a tendance à en <a href="https://doi.org/10.1177/0956797618772506">sous-estimer la valeur</a>. Non seulement ces messages manuscrits permettent-ils d'améliorer les relations entre personnes de tous âges <a href="https://doi.org/10.1177/0956797618772506">ils aident aussi les enfants</a> qui les écrivent à gagner en autonomie, à jouer avec le langage, à développer leur vocabulaire et à redécouvrir le pouvoir créateur du crayon. </p>
<h2>Le bonheur des uns…</h2>
<p>Une étude publiée en 2018 dans le journal Psychological Science a montré que le bonheur <a href="https://www.psychologytoday.com/ca/blog/the-athletes-way/201808/handwritten-thank-you-notes-have-surprising-consequences">d'exprimer sa gratitude est plus grand chez ceux et celles qui écrivent à la main</a>. [L'écriture manuelle crée de nouveaux circuits dans le cerveau],(https://www.penguinrandomhouse.com/books/191866/the-hand-by-frank-r-wilson/) ce que la dactylographie ne fait pas.</p>
<p>L'écriture de mots d'amour et de remerciements libère de la dopamine dans le cerveau, procurant ainsi une sensation de bien-être. <a href="https://www.theguardian.com/science/2014/dec/16/cognitive-benefits-handwriting-decline-typing">Lorsque l'on écrit des messages à ceux qui nous sont chers</a>, la coordination entre la main et le cerveau établi de nouvelles voies neuronales qui améliore la compréhension et la mémoire.</p>
<p>Au fil du temps, l'écriture <a href="https://www.nytimes.com/2018/10/08/smarter-living/we-could-all-use-a-little-snail-mail-right-now.html">de cartes, de notes et de lettres d'amour augmente l'efficacité de ces connexions neuronales</a>, ce qui engendre un phénomène <a href="https://doi.org/10.1016/j.sbspro.2014.03.156">de cognition incarnée</a> et contribue progressivement à un sentiment de bien-être et de bonheur. </p>
<p>Les recherches en psychologie soulignent sans cesse l'importance des <a href="https://www.health.harvard.edu/healthbeat/giving-thanks-can-make-you-happier">liens entre le bonheur, la gratitude, un sentiment général de bien-être et le développement de relations solides avec les autres</a>. </p>
<p>La technologie moderne peut écrire à votre place et <a href="https://www.youtube.com/watch?v=XhSciWzgR1I">envoyer instantanément des messages personnalisés en votre nom</a>. Mais même si le destinataire peut apprécier le message, vous vous privez des effets bénéfiques de l'écriture manuscrite en n'engageant pas la coordination main-cerveau. Les courriels ne comptent pas non plus.</p>
<h2>Faire participer les enfants</h2>
<p>Ce que les éducateurs appellent la fluidité d'écriture se <a href="https://theconversation.com/why-cursive-handwriting-needs-to-make-a-school-comeback-121645">construit avec l'écriture cursive</a>. Celle-ci doit être enseignée dès le plus jeune âge, en offrant l'occasion de la pratiquer le plus souvent possible. </p>
<p>Le cerveau ne peut jongler qu'avec un nombre limité de demandes concurrentes. En automatisant la fonction d'écriture, on l'allège des exigences cognitives que pose cette action sur la mémoire à long terme. En retour, cela libère la capacité de créer le contenu des messages que nous voulons transmettre. </p>
<p>L'exemple de la danse sur glace illustre bien l'importance de développer la fluidité. Sans cette fluidité des mouvements et la perfection dans leur exécution, les médaillés d'or aux Jeux olympiques Tessa Virtue et Scott Moir n'auraient pas pu interpréter leur chorégraphie avec autant de créativité et d'intensité.</p>
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<iframe width="440" height="260" src="https://www.youtube.com/embed/hmjsZLyn4aI?wmode=transparent&start=0" frameborder="0" allowfullscreen=""></iframe>
<figcaption><span class="caption">Scott Moir et Tessa Virtue : la fluidité du mouvement et l'émotion brute.</span></figcaption>
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<p>Comme les habiletés en patinage ou en danse, l'écriture cursive n'est pas une fin en soi, mais plutôt un outil d'expression qui permet aux enfants de se construire une identité, dès leur plus jeune âge. Les messages d'amour et d'amitié, écrits dans leurs mots et inspirés de leurs propres expériences, transmettent quelque chose d'eux-mêmes au monde qui les entoure. </p>
<h2>Des valentins faits à la main</h2>
<p>Les parents peuvent profiter de la Saint-Valentin pour demander aux enfants, petits et grands, d'écrire des lettres ou de fabriquer des cartes qui feront plaisir aux membres de leur famille, à leurs amis proches ou à leurs grands-parents.</p>
<figure class="align-right ">
<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/312988/original/file-20200131-41476-vkg0nl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=237&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/312988/original/file-20200131-41476-vkg0nl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/312988/original/file-20200131-41476-vkg0nl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/312988/original/file-20200131-41476-vkg0nl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=400&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/312988/original/file-20200131-41476-vkg0nl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/312988/original/file-20200131-41476-vkg0nl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/312988/original/file-20200131-41476-vkg0nl.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=503&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pour les plus jeunes, la fabrication de cartes de Saint-Valentin permet de développer une série de compétences en matière de motricité fine et d'alphabétisation.</span>
<span class="attribution"><span class="source">(Shutterstock)</span></span>
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<p>Le pliage du papier, le découpage aux ciseaux, le dessin et le coloriage, ainsi que l'utilisation de bâtons de colle et de paillettes pour orner le message sont de bons exercices pour la motricité fine. Grâce à ces activités, les enfants apprennent également la lecture, le calcul et la géométrie : un cœur déplié, utilisé comme symbole de l'amour, illustre l'idée de symétrie.</p>
<h2>L'héritage de l'écriture</h2>
<p>Les paroles s'envolent, mais les écrits restent. Aussi <a href="https://www.yadvashem.org/yv/en/exhibitions/last-letters/1944/cohn_leo.asp">en laissant des traces écrites</a>, nous souhaitons laisser derrière nous le meilleur de nous-mêmes et ainsi contribuer au bien-être de tous, tout en améliorant le nôtre. </p>
<p>Pour nos proches, et peut-être surtout pour nos enfants, les notes et les lettres écrites et laissées sous forme d'héritage sont des rappels tangibles d'un lien profond qui peut être <a href="https://www.verywellfamily.com/writing-letters-as-a-family-tradition-2997387">revisité chaque fois qu'on a besoin de réconfort</a>.</p>
<p>Les histoires de défi, d'aventure, d'amour, d'espoir ou de foi traversent <a href="https://eric.ed.gov/?id=EJ931219">le temps, l'espace, la langue et la culture et peuvent continuer à façonner notre identité</a>. Nous perdons quelque chose de nous-mêmes si nous oublions ces histoires. </p>
<p>La puissance de la plume, le don du langage et la permanence de l'écrit, ainsi que le désir de coucher sur le papier nos pensées nous permettent de ne pas perdre de vue l'essentiel que représente l'amour dans nos vies de même que la joie d'aimer et d'être aimés.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/131271/count.gif" alt="La Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Hetty Roessingh reçoit un financement du CRSH.</span></em></p>La Saint-Valentin est un moment privilégié pour s'échanger des messages d'amour. Les recherches en neurosciences ont démontré les bienfaits de ces messages surtout s'ils sont manuscrits.Hetty Roessingh, Professor, Werklund School of Education, University of CalgaryLicensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.tag:theconversation.com,2011:article/915902018-02-12T21:24:25Z2018-02-12T21:24:25ZLes roses équatoriennes à la conquête de la planète<figure><img src="https://images.theconversation.com/files/206075/original/file-20180212-58315-y96h06.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=496&fit=clip" /><figcaption><span class="caption">Une grande partie des roses de qualité sont aujourd'hui produites en Équateur.</span> <span class="attribution"><a class="source" href="https://pixabay.com/en/rose-roses-flowers-red-valentine-374318/">DrCarl/Pixabay</a></span></figcaption></figure><p><em>Cet article a été co-écrit avec Maria Mercédès Prado, professeur d’économie à la <a href="https://www.puce.edu.ec">PUCE</a>, université de Quito</em>.</p>
<hr>
<p>La Saint Valentin est un moment privilégié pour signifier à la personne aimée son importance. Chaque année voit refleurir une valeur sûre de l’expression des sentiments : le bouquet de roses. Rouges de préférence, et de qualité supérieure, si on en a les moyens. Les amoureux ignorent probablement que la plupart de ces roses haut de gamme proviennent d’un seul endroit : l’Équateur, qui est devenu en quelques années l’un des leaders mondiaux de la fleur coupée.</p>
<p>Comment le David équatorien a-t-il fait pour résister à la concurrence du Goliath colombien, bien mieux armé pour pénétrer les marchés du Nord ? Grâce à un modèle économique audacieux et original, mais qui demeure fragile.</p>
<h2>Une situation géographique favorable</h2>
<p>Au début des années 1980, lorsque les premières plantations de fleurs sont apparues, rien ne prédisposait l’Équateur au succès. Pourtant, aujourd’hui, les quelque 630 entreprises du secteur exportent désormais chaque année pour environ 800 millions de dollars de fleurs coupées, dont plus des deux tiers sont des roses. De ce fait, l’Équateur occupe actuellement le 3<sup>e</sup> rang avec 9 % du commerce mondial de fleurs coupées, certes loin derrière les Pays-Bas, qui s’arrogeaient 52 % du marché en 2013, mais près de la Colombie (15 %).</p>
<p>Au départ, rien ne garantissait la compétitivité des exportations équatoriennes de roses, même si le pays possédait des atouts certains pour la culture de fleurs. L’Équateur combine en effet une altitude et un ensoleillement favorables à une hydrométrie parfaite. Ses réseaux d’irrigation, issus notamment des cultures précolombiennes, sont performants, et des investissements massifs dans des serres modernes ont été accomplis. Tous ces facteurs garantissent des roses d’une qualité exceptionnelle. Néanmoins, le pays cumule également de nombreux handicaps.</p>
<h2>Pétrole et dollars, deux problèmes épineux</h2>
<p>La double dépendance de l’Équateur vis-à-vis du pétrole est la première faiblesse du pays. Celui-ci est d’une part quasiment mono-exportateur de pétrole : cette matière première représente une part importante de ses recettes, ce qui rend le budget de l’État très fortement dépendant des <a href="http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2017/07/18/97002-20170718FILWWW00336-petrole-l-equateur-augmente-sa-production.php">rentrées de pétrodollars</a>). Mais d’un autre côté, l’Équateur n’est pas capable de raffiner l’or noir. Le pays est donc dépendant des importations en hydrocarbures indispensables à l’alimentation de son système énergétique. Quand les cours du pétrole plongent, comme depuis 2015, les difficultés économiques s’accumulent et l’État doit soutenir le secteur pétrolier.</p>
<p>Autre talon d’Achille : l’Équateur est <a href="http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08911916.2003.11042889?journalCode=mijp20">dollarisé</a>. Depuis 2 000, le dollar américain est utilisé dans les transactions domestiques. Cette perte de souveraineté monétaire a trois effets fortement dommageables. Premièrement, elle rend indispensable l’accumulation d’excédents commerciaux permettant de financer les importations. Deuxièmement, elle a coupé les entreprises locales de tout financement de la part des banques du pays. Et troisièmement, elle augmente le risque de déflation lorsque les rentrées de devises se font rares. Or, avec l’appréciation du taux de change du dollar de 30 % par rapport à l’euro entre janvier 2014 et décembre 2016, combinée à la dépréciation de près de 70 % de la devise colombienne, la compétitivité prix des exportations de roses a été mise à très rude épreuve.</p>
<p>Qui plus est, avec la crise de 2008–2010, le pays a aussi connu une crise migratoire aiguë. De nombreux travailleurs sont partis, le vidant de sa jeunesse qualifiée. Cette situation a certes eu pour effet d’augmenter à 3 milliards de dollars les flux de revenus du travail à partir de 2007, mais la source s’est assez vite tarie.</p>
<p>Enfin, si le terrible tremblement de terre côtier du 16 avril 2016 a très fortement perturbé la croissance économique en 2017, c’est surtout l’expiration de l’accord de commerce avec les États-Unis en 2013 (<a href="https://help.cbp.gov/app/answers/detail/a_id/325/%7E/andean-trade-preference-act-%28atpa%29---expiration-of-duty-free-treatment">« Andean Trade Promotion and Drug Eradication Act »</a>), sur fond de relations diplomatiques dégradées, qui a porté un coup décisif au secteur : le droit de douane sur la rose y est depuis à 6,8 %, alors que les roses colombiennes sont exemptes de tout tarif douanier vers ce grand marché naturel.</p>
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<img alt="" src="https://images.theconversation.com/files/205982/original/file-20180212-58344-iel40j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&fit=clip" srcset="https://images.theconversation.com/files/205982/original/file-20180212-58344-iel40j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=1 600w, https://images.theconversation.com/files/205982/original/file-20180212-58344-iel40j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=2 1200w, https://images.theconversation.com/files/205982/original/file-20180212-58344-iel40j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=600&h=427&fit=crop&dpr=3 1800w, https://images.theconversation.com/files/205982/original/file-20180212-58344-iel40j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=45&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=1 754w, https://images.theconversation.com/files/205982/original/file-20180212-58344-iel40j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=30&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=2 1508w, https://images.theconversation.com/files/205982/original/file-20180212-58344-iel40j.jpg?ixlib=rb-1.1.0&q=15&auto=format&w=754&h=537&fit=crop&dpr=3 2262w" sizes="(min-width: 1466px) 754px, (max-width: 599px) 100vw, (min-width: 600px) 600px, 237px">
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<span class="caption">Pour surmonter leurs handicaps, les producteurs équatoriens ont su innover.</span>
<span class="attribution"><a class="source" href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Rose_plantation_ecuador.jpg">Myskoxen/Wikimedia</a>, <a class="license" href="http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/">CC BY</a></span>
</figcaption>
</figure>
<p>Pourtant, contre toute attente, les entreprises du secteur ont su s’adapter à ces conditions difficiles. Elles ont pu s’appuyer sur un État interventionniste durant les deux mandats présidentiels de Rafael Correa, notamment en matière d’infrastructures. Résultat : un aéroport flambant neuf à Quito et un système autoroutier qui fait pâlir d’envie beaucoup de pays sud-américains. Ainsi, quand on compare la situation du secteur avec celle des entreprises concurrentes, notamment colombiennes, on remarque des différences décisives à tous les niveaux.</p>
<h2>Des roses « sur mesure » et « à la commande »</h2>
<p>Tout d’abord, la taille des entreprises équatoriennes reste assez modeste. Le chiffre d’affaires moyen est d’un peu plus de 7 millions de dollars, même s’il existe un grand groupe dont la production excède les 50 millions de dollars. Or, contrairement à la prédiction théorique standard, toutes ces entreprises, même les plus petites, exportent leur production. On a ainsi affaire à une agriculture <a href="https://journals.openedition.org/economierurale/4506">entrepreneuriale</a> d’exportation, confiée à des communautés dans des régions où beaucoup d’indigènes vivent et tentent de maintenir leur mode de vie traditionnel. Le côté symbolique de cette activité est alors politiquement très fort, car elle permet de lutter contre la pauvreté en valorisant un savoir-faire spécifique, même si là aussi <a href="http://www.liberation.fr/planete/2012/08/30/equateur-les-roses-du-mal_842933">tout n’est pas rose</a>.</p>
<p>Ensuite, contrairement aux concurrents, les entreprises équatoriennes sont certes intégrées dans des <a href="http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/diae2013d1_en.pdf">chaînes de valeur globales</a> pilotées par de grands donneurs d’ordres de pays riches, mais elles demeurent encore largement autonomes dans des segments majeurs de ces chaînes. Elles ont ainsi accès depuis peu à des semences élaborées et produites dans le pays, qui dispose de quatre hybrideurs chargés de sélectionner des variétés adaptées aux conditions climatiques particulières de l’Équateur. En somme, une partie désormais importante de la R&D est effectuée dans le pays, ce qui lui confère un atout décisif.</p>
<p>Enfin, les entreprises équatoriennes ont ces dernières années développé un modèle économique combinant « sur mesure » et « à la commande ». Cette innovation a fait suite à la perte brutale du marché russe, en 2014, centré sur le très haut de gamme. Elle assure aux producteurs des marges importantes sur un produit devenu au niveau mondial une véritable <a href="https://www.alternatives-economiques.fr/matieres-premieres-fonctionnent-marches-de-commodites/00030853">commodité</a>, avec un prix fixé en Hollande.</p>
<p>Cette mutation a impliqué l’acquisition d’une grande maîtrise technique. Les entreprises équatoriennes ont appris à produire moins en se concentrant sur la nutrition des plants, avec des rendements très inférieurs aux rendements colombiens (65 000 tiges à l’hectare contre 90 000 pour la Colombie). Le taux de rotation des cultures y est de 10 % par an contre 3 % en Colombie, une ferme ayant en moyenne 57 variétés de roses contre à peine 20 en Colombie. Ces caractéristiques permettent aux producteurs équatoriens de proposer des plants en très petites quantités, répondant parfaitement aux exigences du client final : roses bi- ou tricolores, aux pétales plus ou moins longs, etc. Exportées par avion, elles lui parviennent en un temps record. Moyennant, bien sûr, un prix supérieur au prix mondial…</p>
<p>La conséquence de cette étonnante spécialisation est une très forte diversification des exportations de roses du pays. Alors que la Colombie exporte 87 % de ses roses vers les États-Unis et le Kenya 83 % vers l’Union européenne, l’Équateur n’exporte que 44 % de sa production de roses vers les États-Unis, et 21 % vers l’Union européenne. Le tout par avion. Cette spécialisation vers le marché du haut de gamme lui garantit une moindre dépendance vis-à-vis du cycle économique des pays de destination des roses.</p>
<h2>Les risques de la dépendance numérique</h2>
<p>Original, ce modèle luxueux et de grande technicité demeure malgré tout très fragile. Il repose en effet sur la capacité des entreprises à maintenir leur rentabilité en différenciant leur offre et en l’orientant vers des roses haut de gamme. Or, ladite rentabilité s’essouffle actuellement, alors qu’elle était à deux chiffres dans les années 2000. Les producteurs indiquent d’ailleurs souvent qu’ils restent dans le secteur non pas parce qu’il est rentable, mais parce qu’ils n’ont pas d’autre alternative.</p>
<p>Au-delà de la question des <a href="https://www.researchgate.net/publication/296623073_Food_or_flowers_Contested_transformations_of_community_food_security_and_water_use_priorities_under_new_legal_and_market_regimes_in_Ecuador%E2%80%99s_highlands">conflits liés au partage de l’eau avec l’agriculture vivrière</a> ou de celle de la récente hausse du salaire minimum qui pèse sur les marges, on remarque ainsi que les entreprises du secteur sont dans une grande incertitude sur plusieurs éléments clés.</p>
<p>En premier lieu, les producteurs ne respectent pas toujours les droits de propriété intellectuelle. Ils ne s’acquittent pas forcément des redevances liées aux semences, ce qui a tendance à générer une surproduction dommageable pour le maintien des prix à l’exportation.</p>
<p>Ensuite, les coûts de transport aérien dépendent du taux de change du dollar. Quand celui-ci s’apprécie, les avions transportent moins souvent des marchandises vers l’Amérique du sud. Ils ont donc moins tendance à prendre des marchandises en provenance d’Équateur à leur retour vers les États-Unis. En quelque sorte, malgré la dollarisation de l’économie équatorienne, le taux de change n’a pas pour autant disparu… Les producteurs se plaignent souvent de cette situation, qui pèse d’autant plus sur leurs marges que les volumes sont souvent très faibles dans les avions (il n’est pas rare de voir la production de plusieurs dizaines de producteurs dans une même soute).</p>
<p>Enfin, l’usage de plus en plus fréquent de plates-formes numériques de vente en ligne, qui tirent les prix (et donc les marges des producteurs) vers le bas, risque de faire disparaître davantage encore la valeur ajoutée produite en Équateur. Il ne faudrait pas que les producteurs, pour trouver de nouveaux débouchés sur un marché en perte de vitesse, s’orientent vers une reconnexion périphérique en se plaçant sous le joug d’une nouvelle dépendance. Il serait dommage de laisser ainsi faner un secteur qui a su, malgré les difficultés, développer un modèle original de production agricole.</p><img src="https://counter.theconversation.com/content/91590/count.gif" alt="The Conversation" width="1" height="1" />
<p class="fine-print"><em><span>Grégory Vanel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.</span></em></p>En quelques décennies, l’Équateur est devenu un acteur majeur du marché mondial de la rose, grâce à un mélange d’audace, d’innovation et de maîtrise technique. Histoire d’un succès florissant.Grégory Vanel, Professeur d'économie, Grenoble École de Management (GEM)Licensed as Creative Commons – attribution, no derivatives.